LES ORQUES
«Transi d’effroi et de dégoût, Eru Lluvatar tâta de sa botte la misérable et tremblante
créature prostrée à ses pieds qui implorait son pardon… La créature qui venait de trancher la
gorge de son ange dans un moment de folie meurtrière. C’est alors que retentit sa voix
caverneuse : « Ainsi, immonde mécréant, seras-tu, laid, méchant et haï de tous, ainsi
mourras-tu sous l’opprobre et des chaînes aux pieds ! »
Selon les légendes les plus anciennes, l’orque serait une créature née de la main du Dieu
elfe Eru Lluvatar. Quelconque et grossier, cet être ne satisfaisait point le créateur qui
s’empressa d’en élaborer un autre qui était parfait. Fou de jalousie, le prototype trancha la
gorge à la perfection, déclencha par ce crime la terrible colère du créateur qui le renia et le
condamna à errer sans dieu, de par le monde, avec sa méchanceté latente et livré à toutes
les envies et à toutes les influences néfastes.
Le premier orque portait le nom de Gruumsh. Il est aujourd’hui vénéré comme le
fondateur et le protecteur de la race au sein de toutes les tribus orques. Les orques ne
connaissent pas d’autre dieu, si ce n’est des dieux maléfiques d’occasion au gré des grands
courants de l’histoire. Ces divinités sans scrupules, connaissent le peu de libre arbitre des
orques et attisent leurs penchants pour le mal afin de les utiliser en tant que troupes
régulières de leurs armées.
Les orques sont de taille humaine et peuvent atteindre, pour les plus imposant, deux
mètres vingt. Ils sont très musculeux et ont une charpente grossière et lourde. Leur front est
fuyant et leurs arcades sourcilières sont très proéminentes a la manière d’un homme
préhistorique, dans lesquelles sont sertis de petits yeux rouges et cruels. Un nez large et
écrasé surplombe une mâchoire proéminente et avancée garnie de canines qui dépassent
de babines baveuses. La couleur de peau des orques varie suivant les variantes. L’orque
commun possède une peau vert sombre, l’orque noir une peau cendrée, l’orque des glaces
une peau au reflet blanc et bleu.
La société orque est une anarchie qui ne connaît que le règne de la force brute, la
terreur et la loi du talion. Chaque tribu est commandée par un éphémère despote qui balaie
toute opposition avant d’être lui-même renversé et tué par plus puissant ou plus habile que
lui. A l’échelon supérieur, chaque tribu combat toute autre tribu qui chercherait à lui faire de
l’ombre. La guerre, le massacre, le pillage chez les orques sont des actes quotidiens qui
ponctuent invariablement leur histoire chaotique et qui empêche l’émergence d’un noyau de
nation ou de pouvoir centralisé. La division est la règle et c’est parce que les orques luttent
d’abord le plus souvent entre eux pour des peccadilles qu’ils sont aussi faibles politiquement
et repoussés vers les terres inhospitalières. Honnis par toutes les races neutres et bonnes
auprès desquelles ils ne peuvent s’empêcher de se livrer à d’horribles et endémiques
exactions, les orques ne s’entendent qu’avec des races mauvaises dans un simulacre de
société ordonnée par la force et la voie de fait. Les orques craignent l’odieuse brutalité des
trolls et des ogres, mais en revanche martyrisent et malmènent les plus faibles qu’eux,
comme les kobolds et les gobelins. Les orques réagissent impulsivement sans aucun
contrôle sur leurs actes si ce n’est la peur et l’instinct de conservation. Leur intelligence
limitée n’arrange pas leur comportement en la matière. Même s’ils ne sont pas
complètement stupides, leur esprit retors et primaire les prive de tout raisonnement à long
terme.
Seul le pouvoir d’attraction et de manipulation des divinités et autres entités
maléfiques puissantes et intelligentes met de l’ordre dans tout cet atroce tohu bohu. Une
armée orque, dirigée par une puissance supérieure, gagne tout de suite en efficacité et en
efficience tactique. Une telle armée tire tous les avantages de l’endurance et de la force
physique phénoménale des guerriers orques.
Repoussés par toutes les races érigeant des civilisations majeures, les orques ont
été contraints de fuir vers des terres lointaines dont personne ne voulait. Les Plateaux des
Orques sont un lieu de ralliement et de concentration pour les dizaines de tribus orques qui
n’ont pas été incorporées de force dans les armées du chaos. C’est sur ces plateaux
désertiques, hérissés de cactus, de forêts d’épines et de plantes carnivores que les orques
ont élu domicile, hantant la surface, alors que les redoutables trolls se protégent de la
lumière dans les profondeurs des nombreuses grottes du pays. Régulièrement, des
détachements sont envoyés dans toutes les directions afin de harceler les innocents
voyageurs sur les voix de communications ou de frapper des villages sans défense dans le
cadre d’opération de pillages. D’autres lieux de ralliement existent comme la plaine gelée de
Khurksargborg, où les orques des glaces exploitent du sel et des cristaux pour le compte de
la perfide sorcière Frostbyte.
Il existe trois variantes d’orques :
- Les orques communs sont le plus souvent de taille humaine et sont des guerriers
souvent malhabiles mais puissants. Ils connaissent l’art de la forge et façonnent en
grand nombre des épées et des armures grossières mais fonctionnelles. Ils ont pour
habitudes de couvrir leur corps de peintures rituelles. La plupart du temps ils
s’équipent directement sur le champ de bataille.
- Les orques noirs maîtrisent un peu mieux l’art de la forge et le travail du cuir.
Certaines de leurs cuirasses et cimeterres sont l’équivalent de la qualité de forge
humaine.
- Les orques des glaces sont les plus puissants et les plus endurants. Ils possèdent
une résistance naturelle au froid et utilisent nombreuses armes de jet et armes d’hast
de leur propre fabrication.
-
Au sein des tribus orques on distingue quatre niveaux de classes orques suivant l’utilité
militaire :
- Les Snaggas sont en général débiles, petits, frêles et inaptes au combat. Les orques
s’en servent en tant qu’esclaves pour les tâches de la vie quotidienne et les corvées.
En cas de nécessité, les Uruk-Aï s’en servent de bétail sur pied…
- Les Olog-Aï constituent la piétaille de base des orques roturiers.
- Les Uruk-Aï spécialement et exclusivement entraînés pour la guerre, sont des
guerriers « nobles » dont le rude entraînement a exacerbé leur férocité et leur goût
de la sauvagerie. Ils sont peu sensibles à la douleur et à la peur et sont souvent
fanatisés. On raconte qu’il n’est pas rare qu’après une bataille, les Uruks dévorent
leurs blessés.
- Les Sardaukhars1 sont les plus impitoyables et les plus violents de tous les guerriers
orques. Jetés depuis leur plus jeune enfance dans des fosses infestées de bêtes
sauvages, les survivants à ce traitement ignoble ne connaissent ni faim, soif, peur ou
douleur et ne se relâchent que pour se repaître du sang chaud de leur victime
débitée en morceaux…La plupart du temps recouvert d’une lourde armure complète
de plaque, ces guerriers possèdent une force supérieure à celle d’un Cimmérien et
privilégient l’assaut brutal. Leur endurance est surnaturelle dans la mesure où l’on a
vu certains d’entre eux continuer à combattre et à coordonner leurs coups avec la
boîte crânienne décalottée ou même la tête tranchée… Les sardaukhars sont des
seigneurs incontestés et peuvent massacrer ou torturer n’importe lequel des autres
individus orques en toute impunité.
1
Terme issu de Dune.