Irrigation Isep 2024
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Un Peuple – Un But – Une Foi Institut Supérieur d’Enseignement Professionnel (ISEP) Bignona
Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de Tenghory Bande Villa No 93 – Bignona-Sénégal
l’innovation
COURS D’IRRIGATION
M. Sény SAMBOU
Ingénieur agronome
Formateur au CNFMETP de Guérina
Tel : 775164838
E-mail : [email protected]
Octobre 2023
Table des matières
Introduction.................................................................................................................................2
1. Clarification conceptuelle...................................................................................................3
1.1. Densité apparente.........................................................................................................3
3.1. Porosité.........................................................................................................................3
3.2. Perméabilité..................................................................................................................3
1.2. Les humidités remarquables d’un sol (humidités pondérales).....................................4
1.3. La réserve utile (RU)....................................................................................................4
2. Dose d’irrigation ou dose d’arrosage..................................................................................6
2.1. Définition.........................................................................................................................6
2.2. Détermination de la dose d’irrigation..............................................................................6
3. Détermination des besoins en eau des plantes....................................................................6
3.1. Besoins théoriques...........................................................................................................6
3.2. Besoins pratiques (BP) et dose pratique d’arrosage (DPA).............................................7
3.3. La périodicité de l’arrosage.............................................................................................7
3.4. Durée réelle d’arrosage....................................................................................................8
4. Méthodes d'irrigation..........................................................................................................8
4.1. Méthodes gravitaires....................................................................................................8
4.1.1. La submersion...........................................................................................................8
4.1.2. L’irrigation à la raie..................................................................................................9
4.2. Méthodes sous pression................................................................................................9
4.2.1. Irrigation par aspersion.............................................................................................9
4.2.2. Micro-irrigation......................................................................................................10
Introduction
L’irrigation est l’action humaine par laquelle on apporte de l’eau à une culture. Cet apport
vise essentiellement à prévenir les effets de la sécheresse. Dans la plupart des cas, l’irrigation
se présente comme un régulateur qui permet de pallier à l’inconstance de la production
agricole provoqué par l’irrégularité du régime des pluies. Elle regroupe toutes les techniques
et technologies pouvant assurer l’apport d’eau à la plante.
Cela nécessite des connaissances pratiques et théoriques des paramètres physiques du sol, du
climat, de la culture et du système d’irrigation. Il est aussi indispensable d’avoir des notions
sur les relations « eau-sol-plante ».
Ce cours a pour objectif général de contribuer à une utilisation rationnelle et efficace de l’eau
par les apprenants lors des irrigations.
Cet objectif se démultiplie en trois objectifs spécifiques :
1) Comprendre les bases de calcul des doses d’irrigation et l’estimation des besoins des
cultures ;
2) Caractériser les modes d’irrigation;
3) Comprendre le fonctionnement des systèmes d’irrigation.
4) Disposer de notion sur la planification d’un réseau d’irrigation.
1. Clarification conceptuelle
1.1. Densité apparente
La densité apparente (da) est le rapport entre le poids d’un volume de sol séché à 105°c
pendant 24H et le poids du même volume d’eau.
NB : Des principes complètement différents sont employés quand la densité apparente du sol
est déterminée avec la méthode ayant recourt aux radiations (densimètre nucléaire) ou estimée
par la méthode de la résistance du sol (pénétromètre). Ces méthodes impliquent la mesure des
radiations gamma transmises ou dispersées et la détermination de la résistance du sol à la
pénétration verticale d'une sonde ou d'un cône. Alors que les densimètres nucléaires
permettent la conversion directe des relevés en valeurs de densité apparente du sol sec (et de
sa teneur en humidité), les pénétromètres fournissent une mesure relative de la densité du sol
(index du cône de sol) qui ne peut être directement convertie en valeurs absolues de densité
du sol.
1.2. Porosité
La porosité correspond au volume relatif des vides présents dans la roche c'est-à-dire les
espaces lacunaires du sol remplis d’eau et d’air. On distingue la porosité totale
qui peut être décomposée en:
macroporosité (pores de grosse taille occupés par l’air lorsque le sol est ressuyé) ;
mésoporosité (pores de moindre taille retenant l’eau utilisable par les plantes) ;
microporosité (pores de petite taille retenant énergiquement l’eau du sol).
La porosité est une notion globale et ne peut renseigner sur la vitesse d’infiltration de l’eau.
Pour cela, on fait recourt à la perméabilité.
1.3. Perméabilité
La perméabilité mesure l’aptitude d’'une roche ou d’un sol à se laisser traverser par l’eau. Elle
correspond à la vitesse à laquelle l'eau circule dans le sol.
Très simplement il est possible de comparer la perméabilité de deux roches sédimentaires. Il
s'agit de mettre dans deux entonnoirs de mêmes volumes de roche et de verser le même
volume d'eau, enfin de comparer après un temps donné le volume d'eau ayant traversé ces
roches.
Tableau 2: Valeurs indicatives du coefficient de perméabilité selon le type de sol
Par exemple : Pour une journée semi- ensoleillée avec des vents moyens et une humidité
relative faible. La température moyenne est de 36°C et le pourcentage d’ensoleillement est de
30%. Quel est le taux d’évaporation ?
f= (0,46x36+8,13) 0,30 = 7,407mm/jour
a= - 2,05 b=1,55r
ETo=-2,05+1,55x7,407= 9,43mm/jour
Pour un coefficient cultural de 0,6 en culture maraîchères, nous avons :
ETc = 0,6x 9,43 = 5,66mm/ jour soit une consommation quotidienne de :
ETc = 56,58 m3 / ha
Actuellement les données météorologiques sur toutes les localités sont disponibles dans des
sites web. De même, les coefficients culturaux des différentes spéculations sont calculés. Ce
qui permet à chaque instant de pouvoir calculer l’ETc.
5.3. L’évapotranspiration réelle (ETR)
C’est l’évapotranspiration d’un couvert végétal dans les conditions réelles données.
L’alimentation en eau de la plante peut être limitée par différentes contraintes et la
transpiration alors diminue.
En principe on a ETR˂ETM˂ETP
5.4. Besoins théoriques
Pour le calcul de ces besoins théoriques d’une culture, il est nécessaire de connaître la
demande évaporative, les coefficients culturaux et la pluviométrie utile de la zone de culture.
On parle de pluie utile (PU) quand elle peut être disponible à la végétation. Cette PU est, en
général, inférieure à la pluie tombée car il faut éliminer les pluies inférieures à 5mm, perdues
par ruissellement et celles de longue durée dépassant la RU.
Le déficit pluviométrique (Dp) est : Dp=Bt=ETM-PU
5.5. Besoins pratiques (BP) et dose pratique d’arrosage (DPA)
Les systèmes d’irrigation ne sont pas efficients à 100%. Donc pour des besoins théoriques Q1,
il faut injecter une quantité d’eau Q2˃Q1 de façon à avoir Q1 au niveau de la plante. Ces
besoins sont déterminés par la formule BP=DP/efficience. L’efficience est fonction du
système d’irrigation mais aussi de la nature du sol pour les systèmes d’irrigation qui ne sont
pas sous conduites.
Pour l’irrigation goutte à goutte, on y inclut le coefficient d’uniformité.
Donc BP= DP / (efficience x coefficient d’uniformité).
La dose pratique d’arrosage sera donc DPA= RFU / efficience ou DPA= RFU / (eff. X CU).
Exercice d’application
Soit une culture d’oignon repiqué le 1er décembre 2019 à Ziguinchor.
Calculer les besoins théoriques et pratiques de cette culture pour février 2020.
On donne : efficience du système d’arrosage 80%.
Décades PU Ziguinchor (mm) Dp (mm)
1-10 0
11-20 0
21-30 0
5. Méthodes d'irrigation
Les méthodes d'arrosage sont nombreuses et diverses. Avec le développement de la science et
de la technologie, les méthodes d'arrosage se sont perfectionnées en termes de technique et de
matériel, et on assiste même à l'irrigation assistée par ordinateur.
Les méthodes d'arrosage peuvent être regroupées en 2 catégories : les méthodes gravitaires et
les méthodes sous pression.
Plusieurs facteurs entrent en jeu dans le choix d’un système d’irrigation :
- La pente de la parcelle à irriguer ;
- La nature du sol ;
- L’espèce ou la variété cultivée ;
- La superficie à irriguer ;
- La quantité d’eau disponible ;
- Le débit possible ;
- Le coût et la rentabilité.
5.1. Méthodes gravitaires
Elles sont souvent utilisés dans des sols limoneux, argilo-limoneux, argileux pour lesquels
l’infiltration est limitée. A l’intérieur de ce système, des sous-systèmes sont utilisés en
fonction de la spéculation.
5.1.1. La submersion
L’irrigation par submersion (cas des rizières), consiste à maintenir une lame d’eau plus ou
moins plane dans la parcelle. L’agriculteur connaît le point le plus haut et le plus bas de ses
parcelles et peut donc parfaitement surveiller l’état de la réserve en eau dans sa parcelle.
5.2.2. Micro-irrigation
Développée depuis plus d’une trentaine d'années, cette technique consiste à apporter de
l'eau sous faible pression dans le voisinage immédiat des racines, ce qui se réalise à l'aide
de fins tuyaux posés sur le sol ou enterrés.
Il existe plusieurs modèles choisies en fonction de la texture du sol, de l’écartement des
cultures, de la qualité de l’eau, etc.
Texture
- En sols filtrants ou battants, utiliser des gouteurs à faible débit (1l/h ou même moins)
car les goutteurs à débit élevés entrainent des risques de percolation (limitant la
diffusion latérale) de même que la lixiviation des nutriments;
- En sol limono-argileux il y’a une bonne diffusion latérale tandis qu’en sol sableux la
diffusion latérale est faible.
L’écartement des cultures permet de choisir des rampes à goutteurs incorporés plus ou
moins aux mêmes écartements que la culture ou des goutteurs externes
(arboriculture) ;
La qualité de l’eau : les goutteurs à débits élevés sont moins sensibles au colmatage
que les goutteurs à débits faibles ;
La pluviométrie horaire théorique (mm/h)= débit (l/h)/maillage
Maillage=écartement entre les rampes (lignes) x écartement entre 2 goutteurs
On doit commencer l’injection quand tout le système est en marche (c'est-à-dire quand l’eau
envoyée arrive au dernier goutteur). Après l’injection, fermer les vannes de l’injecteur et
arroser à l’eau claire pendant quelques minutes (5 à 10min) pour rincer le réseau et éviter
ainsi les colmatages des goutteurs.
Opération de contrôle, d’entretien et de nettoyage du réseau de goutte à goutte
Contrôler l’état des filtres. Dans le cas d’eau chargée, un entretien fréquent doit être réalisé.
Contrôler la pression à l’entrée et à la sortie de la station de tête. Cela permet d’apprécier la
qualité de l’équipement d’exhaure (motopompe, pompe immergée + groupe électrogène ou
panneaux solaires, etc.).
Contrôler la pression à l’entrée et à la sortie des filtres. Si la différence est supérieurs à 0,3
bar, procéder au nettoyage des filtres. Cela est plus fréquent quand l’eau est chargée
Contrôle du débit de l’installation
Le débit de l’installation sous une pression donnée pourra être mesuré régulièrement à l’aide
d’un compteur monté en station de tête. Le volume d’eau délivré au secteur d’irrigation par
heur pourra nous permettre de s’apercevoir de la baisse des débits due au colmatage
progressif des distributeurs. Ce débit de l’installation pourra être estimé en mesurant le débit
d’un échantillon de goutteurs qui fonctionnent bien et le multiplier par le nombre de goutteur
par secteur. Cette mesure pourra se faire une à deux fois par an.
Contrôle du bouchage des goutteurs et de l’homogénéité de leur débit
Il se fait quand on constate une hétérogénéité dans les irrigations ou obligatoirement en début
de campagne pour les goutteurs déjà utilisés.
Pour contrôler le débit des goutteurs ainsi que le coefficient d’uniformité de leurs débits, on
place un récipient sous le goutteur et à l’aide d’un chronomètre on pourra mesurer le volume
d’eau délivré par unité de temps. Ces mesures porteront sur 4 distributeurs par rampe sur au
moins 4 rampes. Les rampes choisies sont la 1 ère et la dernière rampe ainsi que les rampes
situées au 1/3 et au 2/3 de la longueur du porte-rampe. Sur une même rampe, on choisira le 1 er
et le dernier distributeur ainsi que les distributeurs situés au 1/3 et au 2/3 de la longueur de la
rampe. On calcule la moyenne (Qmin) des 4 mesures de débit les plus faibles et la moyenne
(Q) de l’ensemble des débits mesurés. Le coefficient d’uniformité (CU) : CU= Qmin/ Q x100
- Si CU > 90 il n’ya pas lieu d’intervenir ;
- Si 70 < CU < 90 on doit nettoyer le réseau ;
- Si CU < 70, on doit chercher les causes du colmatage et traiter.
Le risque de colmatage lié à la qualité de l’eau peut être déterminé par une analyse de l’eau. Il
existe trois types de colmatages : le colmatage biologique causé par les algues, les bactéries,
les champignons ; le colmatage physique dû à la présence de dépôt de particule fine, de sable,
de limon ou d’argile ainsi que des corps étrangers (plastiques,…) ; et le colmatage chimique
dû au problème de précipitation calcaire, ou cimentation de limon ou d’argile.
Traitement chimique de l’eau d’irrigation
Le traitement chimique prévoie une injection de l’eau de javel et de l’acide dans l’eau
d’irrigation. Pour lutter contre le colmatage biologique, on injecte de l’eau de javel (1 à 5 ppm
c'est-à-dire 1 à 5g/m3 d’eau). Pour le colmatage chimique, on injecte de l’acide. Au cours de
la culture, on injecte de l’acide nitrique à raison de 300ml/m 3 d’eau pour traiter les eaux riches
en ions bicarbonates. En fin de culture, juste avant la fin des irrigations, on traite à l’acide à 2
pour mille en vue de nettoyer le réseau et surtout les distributeurs.
Vidange et purge du réseau
Le vidange ou la purge du réseau doit se faire à son installation, en début et en fin de culture
et chaque fois qu’on intervient ou qu’on répare le réseau. A la première mise en eau et en fin
de saison, la purge du réseau se fait dans le but d’évacuer les sédiments qui se sont déposés.
En cours de campagne, la purge concerne le nettoyage des rampes et antennes en vue
d’assurer un bon fonctionnement des distributeurs. On doit purger les bouts de rampes 1 à 2
fois tous les deux mois.
Pour purger le réseau d’un secteur d’irrigation localisée, on ouvre les bouchons des porte-
rampes ainsi que les extrémités des rampes et ensuite la vanne. On augmente momentanément
la pression de l’eau dans le système lui-même ou à l’aide d’un compresseur (surpresseur). Le
mélange air-eau est efficace pour déboucher les goutteurs. On laisse couler l’eau jusqu’à ce
que celle-ci soit claire. Ce nettoyage du réseau se fait en vue d’éviter le bouchage des
distributeurs.
En cas de fuites dues à des perforations ou casses de conduites ou détérioration des vannes ou
autres pièces ou raccords, on doit les réparer ou remplacer les parties défectueuses pour éviter
les pertes d’eau et de pression et juste après purger le réseau.
A la fin de la campagne, après une première purge des antennes à l’eau claires ; on injecte
l’acide à forte dose (descendre jusqu’au ph=2) et on s’assure que le dernier goutteur du
secteur a bien reçu la solution acide. On laisse l’acide agir pendant 24 heures, on purge et on
rince avec une eau ramenée à ph=5,2.