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Normes de sûreté de l’AIEA

pour la protection des personnes et de l’environnement

Évaluation prospective de
l’impact radiologique sur
l’environnement pour les
installations et les activités
Coparrainé par

Guide général de sûreté


Nº GSG-10

$
NORMES DE SÛRETÉ DE L’AIEA
ET PUBLICATIONS CONNEXES
NORMES DE SÛRETÉ
En vertu de l’article III de son Statut, l’AIEA a pour attributions d’établir ou d’adopter
des normes de sûreté destinées à protéger la santé et à réduire au minimum les dangers auxquels
sont exposés les personnes et les biens et de prendre des dispositions pour l’application de ces
normes.
Les publications par lesquelles l’AIEA établit des normes paraissent dans la
collection Normes de sûreté de l’AIEA. Cette collection couvre la sûreté nucléaire, la sûreté
radiologique, la sûreté du transport et la sûreté des déchets, et comporte les catégories suivantes :
fondements de sûreté, prescriptions de sûreté et guides de sûreté.
Des informations sur le programme de normes de sûreté de l’AIEA sont disponibles sur
le site web de l’AIEA :
www.iaea.org/fr/ressources/normes-de-surete
Le site donne accès aux textes en anglais des normes publiées et en projet. Les textes des
normes publiées en arabe, chinois, espagnol, français et russe, le Glossaire de sûreté de l’AIEA
et un rapport d’étape sur les normes de sûreté en préparation sont aussi disponibles. Pour d’autres
informations, il convient de contacter l’AIEA à l’adresse suivante : Centre international de
Vienne, B.P. 100, 1400 Vienne (Autriche).
Tous les utilisateurs des normes de sûreté sont invités à faire connaître à l’AIEA
l’expérience qu’ils ont de cette utilisation (c’est-à-dire comme base de la réglementation
nationale, pour des examens de la sûreté, pour des cours) afin que les normes continuent de
répondre aux besoins des utilisateurs. Les informations peuvent être données sur le site web de
l’AIEA, par courrier (à l’adresse ci-dessus) ou par courriel ([email protected]).
PUBLICATIONS CONNEXES
L’AIEA prend des dispositions pour l’application des normes et, en vertu des articles III
et VIII.C de son Statut, elle favorise l’échange d’informations sur les activités nucléaires
pacifiques et sert d’intermédiaire entre ses États Membres à cette fin.
Les rapports sur la sûreté dans le cadre des activités nucléaires sont publiés dans la
collection Rapports de sûreté. Ces rapports donnent des exemples concrets et proposent des
méthodes détaillées à l’appui des normes de sûreté.
Les autres publications de l’AIEA concernant la sûreté paraissent dans les collections
Préparation et conduite des interventions d’urgence, Radiological Assessment Reports,
INSAG Reports (Groupe international pour la sûreté nucléaire), Rapports techniques
et TECDOC. L’AIEA édite aussi des rapports sur les accidents radiologiques, des manuels de
formation et des manuels pratiques, ainsi que d’autres publications spéciales concernant la
sûreté.
Les publications ayant trait à la sécurité paraissent dans la collection Sécurité nucléaire
de l’AIEA.
La collection Énergie nucléaire de l’AIEA est constituée de publications informatives
dont le but est d’encourager et de faciliter le développement et l’utilisation pratique de l’énergie
nucléaire à des fins pacifiques, ainsi que la recherche dans ce domaine. Elle comprend des
rapports et des guides sur l’état de la technologie et sur ses avancées, ainsi que sur des données
d’expérience, des bonnes pratiques et des exemples concrets dans les domaines de
l’électronucléaire, du cycle du combustible nucléaire, de la gestion des déchets radioactifs et du
déclassement.
ÉVALUATION PROSPECTIVE DE
L’IMPACT RADIOLOGIQUE SUR
L’ENVIRONNEMENT POUR LES
INSTALLATIONS ET LES ACTIVITÉS
Les États ci-après sont Membres de l’Agence internationale de l’énergie atomique :
AFGHANISTAN GÉORGIE PAYS-BAS, ROYAUME DES
AFRIQUE DU SUD GHANA PÉROU
ALBANIE GRÈCE PHILIPPINES
ALGÉRIE GRENADE POLOGNE
ALLEMAGNE GUATEMALA PORTUGAL
ANGOLA GUINÉE
QATAR
ANTIGUA-ET-BARBUDA GUYANA
RÉPUBLIQUE ARABE SYRIENNE
ARABIE SAOUDITE HAÏTI
ARGENTINE HONDURAS RÉPUBLIQUE
ARMÉNIE HONGRIE CENTRAFRICAINE
AUSTRALIE ÎLES MARSHALL RÉPUBLIQUE DE MOLDOVA
AUTRICHE INDE RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
AZERBAÏDJAN INDONÉSIE DU CONGO
BAHAMAS IRAN, RÉP. ISLAMIQUE D’ RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
BAHREÏN IRAQ POPULAIRE LAO
BANGLADESH IRLANDE RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
BARBADE ISLANDE RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
BÉLARUS ISRAËL RÉPUBLIQUE-UNIE
BELGIQUE ITALIE
DE TANZANIE
BELIZE JAMAÏQUE
BÉNIN JAPON ROUMANIE
BOLIVIE, ÉTAT JORDANIE ROYAUME-UNI
PLURINATIONAL DE KAZAKHSTAN DE GRANDE-BRETAGNE
BOSNIE-HERZÉGOVINE KENYA ET D’IRLANDE DU NORD
BOTSWANA KIRGHIZISTAN RWANDA
BRÉSIL KOWEÏT SAINTE-LUCIE
BRUNÉI DARUSSALAM LESOTHO SAINT-KITTS-ET-NEVIS
BULGARIE LETTONIE SAINT-MARIN
BURKINA FASO LIBAN SAINT-SIÈGE
BURUNDI LIBÉRIA SAINT-VINCENT-ET-LES-
CABO VERDE LIBYE GRENADINES
CAMBODGE LIECHTENSTEIN
SAMOA
CAMEROUN LITUANIE
CANADA LUXEMBOURG SÉNÉGAL
CHILI MACÉDOINE DU NORD SERBIE
CHINE MADAGASCAR SEYCHELLES
CHYPRE MALAISIE SIERRA LEONE
COLOMBIE MALAWI SINGAPOUR
COMORES MALI SLOVAQUIE
CONGO MALTE SLOVÉNIE
CORÉE, RÉPUBLIQUE DE MAROC SOUDAN
COSTA RICA MAURICE SRI LANKA
CÔTE D’IVOIRE MAURITANIE SUÈDE
CROATIE MEXIQUE
SUISSE
CUBA MONACO
TADJIKISTAN
DANEMARK MONGOLIE
DJIBOUTI MONTÉNÉGRO TCHAD
DOMINIQUE MOZAMBIQUE THAÏLANDE
ÉGYPTE MYANMAR TOGO
EL SALVADOR NAMIBIE TONGA
ÉMIRATS ARABES UNIS NÉPAL TRINITÉ-ET-TOBAGO
ÉQUATEUR NICARAGUA TUNISIE
ÉRYTHRÉE NIGER TÜRKİYE
ESPAGNE NIGÉRIA TURKMÉNISTAN
ESTONIE NORVÈGE UKRAINE
ESWATINI NOUVELLE-ZÉLANDE URUGUAY
ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE OMAN
VANUATU
ÉTHIOPIE OUGANDA
FÉDÉRATION DE RUSSIE OUZBÉKISTAN VENEZUELA,
FIDJI PAKISTAN RÉP. BOLIVARIENNE DU
FINLANDE PALAOS VIET NAM
FRANCE PANAMA YÉMEN
GABON PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE ZAMBIE
GAMBIE PARAGUAY ZIMBABWE

Le Statut de l’Agence a été approuvé le 23 octobre 1956 par la Conférence sur le Statut de l’AIEA,
tenue au Siège de l’Organisation des Nations Unies, à New York ; il est entré en vigueur le 29 juillet 1957.
L’Agence a son Siège à Vienne. Son principal objectif est « de hâter et d’accroître la contribution de l’énergie
atomique à la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier ».
COLLECTION
NORMES DE SÛRETÉ DE L’AIEA Nº GSG-10

ÉVALUATION PROSPECTIVE DE
L’IMPACT RADIOLOGIQUE SUR
L’ENVIRONNEMENT POUR LES
INSTALLATIONS ET LES ACTIVITÉS
GUIDE GÉNÉRAL DE SÛRETÉ

COPARRAINÉ PAR :
AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE
ET PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT

AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE


VIENNE, 2024
DROIT D’AUTEUR

Toutes les publications scientifiques et techniques de l’AIEA sont protégées


par les dispositions de la Convention universelle sur le droit d’auteur adoptée
en 1952 (Genève) et révisée en 1971 (Paris). Depuis, l’Organisation mondiale
de la propriété intellectuelle (Genève) a étendu le droit d’auteur à la propriété
intellectuelle sous forme électronique et virtuelle. La reproduction totale
ou partielle des textes contenus dans les publications de l’AIEA sous forme
imprimée ou électronique peut être soumise à autorisation. Veuillez vous reporter
à la page www.iaea.org/fr/publications/droits-et-permissions pour en savoir plus.
Pour toute demande de renseignements, veuillez contacter l’adresse suivante :

Section d’édition
Agence internationale de l’énergie atomique
Centre international de Vienne
B.P. 100
1400 Vienne (Autriche)
Téléphone : +43 1 2600 22529 ou 22530
Courriel : [email protected]
www.iaea.org/publications

© AIEA, 2024

Imprimé par l’AIEA en Autriche


Juillet 2024
STI/PUB/1819

ÉVALUATION PROSPECTIVE DE L’IMPACT


RADIOLOGIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT POUR
LES INSTALLATIONS ET LES ACTIVITÉS
AIEA, VIENNE, 2024
STI/PUB/1819
ISBN 978-92-0-205524-7 (imprimé)
ISBN 978-92-0-205824-8 (pdf)
ISSN 1020-5829
AVANT-PROPOS

de Rafael Mariano Grossi


Directeur général

De par son Statut, l’AIEA est habilitée à établir des « normes de sûreté
destinées à protéger la santé et à réduire au minimum les dangers auxquels sont
exposés les personnes et les biens ». Il s’agit de normes qu’elle doit appliquer à
ses propres opérations et que les États peuvent mettre en œuvre par l’intermédiaire
de leurs règlements nationaux.
Depuis le lancement du programme de normes de sûreté en 1958 par
l’AIEA, de nombreux changements sont intervenus. En tant que Directeur
général, j’entends veiller à ce que l’AIEA entretienne et améliore cet ensemble
intégré, complet et cohérent de normes de grande qualité adaptées à l’utilisateur,
aux réalités de l’époque et aux besoins en matière de sûreté. Leur utilisation
adéquate dans le cadre des applications de la science et de la technologie
nucléaires devrait permettre d’assurer un niveau élevé de protection des
populations et de l’environnement à travers le monde et établir la confiance
nécessaire à l’utilisation continue de la technologie nucléaire pour le bien de tous.
C’est aux pays qu’il appartient de garantir la sûreté en s’appuyant sur un
certain nombre de conventions internationales. Les normes de l’AIEA dans ce
domaine constituent la base de ces instruments juridiques et servent de référence
mondiale pour aider les parties à s’acquitter de leurs obligations. Bien qu’elles
ne soient pas juridiquement contraignantes pour les États Membres, elles sont
largement appliquées. Elles sont devenues une référence indispensable et
un dénominateur commun pour la grande majorité des États Membres qui les
appliquent dans leur réglementation nationale pour améliorer la sûreté des
centrales nucléaires, des réacteurs de recherche et des installations du cycle du
combustible ainsi que des applications nucléaires en médecine, dans l’industrie,
l’agriculture et la recherche.
Les normes de sûreté de l’AIEA sont fondées sur l’expérience pratique des
États Membres et font l’objet d’un consensus international. La participation des
membres des comités des normes de sûreté, du Comité des orientations sur la
sécurité nucléaire et de la Commission des normes de sûreté est particulièrement
importante, et je suis reconnaissant à tous ceux qui, par leurs connaissances et
leurs compétences, contribuent à leur élaboration.
L’AIEA utilise également ces normes de sûreté lorsqu’elle apporte une
assistance aux États Membres dans le cadre de missions d’examen et de services
consultatifs, aidant ainsi ces derniers à les appliquer et facilitant l’échange de
données d’expérience et d’idées utiles. Les informations en retour sur ces
missions et services, de même que les enseignements tirés des événements et
l’expérience relative à l’utilisation et à l’application des normes de sûreté, sont
pris en compte lors de la révision périodique de ces dernières.
Je suis convaincu que les normes de sûreté de l’AIEA et leur application
contribuent de manière inestimable à assurer un niveau élevé de sûreté dans
le cadre de l’utilisation de la technologie nucléaire. J’encourage tous les États
Membres à les promouvoir et à les appliquer, et à collaborer avec l’AIEA pour en
maintenir la qualité, aujourd’hui comme demain.
PRÉFACE

Des prescriptions visant à protéger les personnes contre les effets nocifs
de l’exposition aux rayonnements ionisants, à assurer la sûreté des sources de
rayonnements et à protéger l’environnement sont définies dans la publication
de l’AIEA intitulée « Radioprotection et sûreté des sources de rayonnements :
Normes fondamentales internationales de sûreté » (collection Normes de sûreté
de l’AIEA no GSR Part 3). La publication no GSR Part 3 est coparrainée les
organismes suivants : Agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire, AIEA,
Commission européenne, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture, Organisation internationale du Travail, Organisation mondiale de
la Santé, Organisation panaméricaine de la Santé, Programme des Nations Unies
pour l’environnement.
Trois guides de sûreté connexes fournissent des orientations génériques sur
la mise en œuvre des prescriptions de la publication no GSR Part 3 concernant la
protection du public et de l’environnement :

— Le guide intitulé « Radioprotection du public et de l’environnement »


(collection Normes de sûreté de l’AIEA no GSG-8 ) fournit des orientations
sur le cadre de protection du public et de l’environnement ;
— Le guide intitulé « Contrôle réglementaire des rejets radioactifs dans
l’environnement » (collection Normes de sûreté de l’AIEA no GSG-9)
contient des orientations sur l’application des principes de radioprotection
et les objectifs de sûreté associés au contrôle des rejets ainsi que le
processus d’autorisation des rejets ;
— Le guide intitulé « Évaluation prospective de l’impact radiologique sur
l’environnement pour les installations et les activités » (collection Normes
de sûreté de l’AIEA no GSG-10) définit un cadre et des méthodes pour une
évaluation prospective de l’impact radiologique sur l’environnement.

Ces trois guides de sûreté sont coparrainés par l’AIEA et le PNUE,


principale autorité mondiale en matière d’environnement, qui fixe l’ordre
du jour international en la matière, promeut l’application cohérente du volet
environnemental du programme de développement durable au sein du système
des Nations Unies et défend avec autorité l’environnement mondial. Les
recommandations formulées dans ces trois guides de sûreté, combinées aux
prescriptions de la publication no GSR Part 3, posent les bases pour intégrer les
considérations environnementales dans l’évaluation et la gestion des rejets de
matières radioactives. Dans ce contexte, le PNUE encourage la mise en œuvre
de ces recommandations dans tous ses États membres, ainsi que leur utilisation
comme fondement de l’élaboration de règlements nationaux sur la protection de
l’environnement contre les effets nocifs des rayonnements ionisants.
LES NORMES DE SÛRETÉ DE L’AIEA

CONTEXTE

La radioactivité est un phénomène naturel et des sources naturelles de


rayonnements sont présentes dans l’environnement. Les rayonnements et les
substances radioactives ont de nombreuses applications utiles, allant de la
production d’électricité aux applications médicales, industrielles et agricoles. Les
risques radiologiques pour les travailleurs, le public et l’environnement pouvant
découler de ces applications doivent être évalués et, le cas échéant, contrôlés.
Des activités telles que les utilisations médicales des rayonnements,
l’exploitation des installations nucléaires, la production, le transport et
l’utilisation de matières radioactives, et la gestion de déchets radioactifs doivent
donc être soumises à des normes de sûreté.
La réglementation de la sûreté est une responsabilité nationale. Cependant,
les risques radiologiques peuvent dépasser les frontières nationales, et la
coopération internationale sert à promouvoir et à renforcer la sûreté au niveau
mondial par l’échange de données d’expérience et l’amélioration des capacités
de contrôle des risques afin de prévenir les accidents, d’intervenir dans les cas
d’urgence et d’atténuer toute conséquence dommageable.
Les États ont une obligation de diligence et un devoir de précaution, et
doivent en outre remplir leurs obligations et leurs engagements nationaux et
internationaux.
Les normes de sûreté internationales aident les États à s’acquitter de leurs
obligations en vertu de principes généraux du droit international, tels que ceux
ayant trait à la protection de l’environnement. Elles servent aussi à promouvoir
et à garantir la confiance dans la sûreté, ainsi qu’à faciliter le commerce
international.
Le régime mondial de sûreté nucléaire fait l’objet d’améliorations
continues. Les normes de sûreté de l’AIEA, qui soutiennent la mise en œuvre
des instruments internationaux contraignants et les infrastructures nationales de
sûreté, sont une pierre angulaire de ce régime mondial. Elles constituent un outil
que les parties contractantes peuvent utiliser pour évaluer leur performance dans
le cadre de ces conventions internationales.

LES NORMES DE SÛRETÉ DE L’AIEA

Le rôle des normes de sûreté de l’AIEA découle du Statut, qui autorise


l’AIEA à établir ou adopter, en consultation et, le cas échéant, en collaboration
avec les organes compétents des Nations Unies et avec les institutions spécialisées
intéressées, des normes de sûreté destinées à protéger la santé et à réduire au
minimum les dangers auxquels sont exposés les personnes et les biens, et à
prendre des dispositions pour l’application de ces normes.
Afin d’assurer la protection des personnes et de l’environnement contre
les effets dommageables des rayonnements ionisants, les normes de sûreté de
l’AIEA établissent des principes de sûreté fondamentaux, des prescriptions et
des mesures pour contrôler l’exposition des personnes et le rejet de matières
radioactives dans l’environnement, pour restreindre la probabilité d’événements
qui pourraient entraîner la perte du contrôle du cœur d’un réacteur nucléaire,
et pour atténuer les conséquences de tels événements s’ils se produisent. Les
normes s’appliquent aux installations et aux activités qui donnent lieu à des
risques radiologiques, y compris les installations nucléaires, à l’utilisation des
rayonnements et des sources radioactives, au transport des matières radioactives
et à la gestion des déchets radioactifs.
Les mesures de sûreté et les mesures de sécurité1 ont comme objectif
commun de protéger la vie et la santé humaines et l’environnement. Ces mesures
doivent être conçues et mises en œuvre de manière intégrée de sorte que les
mesures de sécurité ne portent pas préjudice à la sûreté et que les mesures de
sûreté ne portent pas préjudice à la sécurité.
Les normes de sûreté de l’AIEA sont l’expression d’un consensus
international sur ce qui constitue un degré élevé de sûreté pour la protection
des personnes et de l’environnement contre les effets dommageables des
rayonnements ionisants. Elles sont publiées dans la collection Normes de sûreté
de l’AIEA, qui est constituée de trois catégories (voir la figure 1).

Fondements de sûreté
Les fondements de sûreté présentent les objectifs et les principes de
protection et de sûreté qui constituent la base des prescriptions de sûreté.

Prescriptions de sûreté
Un ensemble intégré et cohérent de prescriptions de sûreté établit les
prescriptions qui doivent être respectées pour assurer la protection des personnes
et de l’environnement, actuellement et à l’avenir. Les prescriptions sont régies
par l’objectif et les principes énoncés dans les Fondements de sûreté. S’il n’y
est pas satisfait, des mesures doivent être prises pour atteindre ou rétablir le
niveau de sûreté requis. La présentation et le style des prescriptions facilitent
leur utilisation pour l’établissement, de manière harmonisée, d’un cadre

1
Voir aussi les publications parues dans la collection Sécurité nucléaire de l’AIEA.
Fondements de sûreté
Principes fondamentaux de sûreté

Prescriptions de sûreté générales Prescriptions de sûreté particulières

Partie 1. Cadre gouvernemental, législatif 1. Évaluation des sites d’installations


et réglementaire pour la sûreté nucléaires

Partie 2. Direction et gestion pour la sûreté 2. Sûreté des centrales nucléaires


2/1. Conception
Partie 3. Radioprotection et sûreté des 2/2. Mise en service et exploitation
sources de rayonnements

Partie 4. Évaluation de la sûreté pour les


3. Sûreté des réacteurs de recherche
installations et les activités

Partie 5. Gestion des déchets radioactifs 4. Sûreté des installations du cycle du


avant stockage définitif combustible nucléaire

Partie 6. Déclassement et cessation des 5. Sûreté des installations de stockage de


activités déchets radioactifs

Partie 7. Préparation et conduite des 6. Sûreté du transport des matières


interventions d’urgence radioactives

Collection des guides de sûreté

FIG. 1. Structure à long terme de la collection Normes de sûreté de l’AIEA.

réglementaire national. Ces prescriptions, notamment les prescriptions globales


numérotées, sont énoncées au présent de l’indicatif. De nombreuses prescriptions
ne s’adressent pas à une partie en particulier, ce qui signifie que la responsabilité
de leur application revient à toutes les parties concernées.

Guides de sûreté
Les guides de sûreté contiennent des recommandations et des orientations
sur la façon de se conformer aux prescriptions de sûreté, traduisant un consensus
international selon lequel il est nécessaire de prendre les mesures recommandées
(ou des mesures équivalentes). Ils présentent les bonnes pratiques internationales
et reflètent de plus en plus les meilleures d’entre elles pour aider les utilisateurs à
atteindre des niveaux de sûreté élevés. Les recommandations qu’ils contiennent
sont énoncées au conditionnel.
APPLICATION DES NORMES DE SÛRETÉ DE L’AIEA

Les principaux utilisateurs des normes de sûreté dans les États Membres
de l’AIEA sont les organismes de réglementation et d’autres autorités
nationales pertinentes. Les normes de sûreté de l’AIEA sont aussi utilisées par
les organisations parrainantes et par de nombreux organismes qui conçoivent,
construisent et exploitent des installations nucléaires, ainsi que par les utilisateurs
de rayonnements et de sources radioactives.
Les normes de sûreté de l’AIEA sont applicables, selon que de besoin,
pendant la durée de vie de toutes les installations et activités, existantes et
nouvelles, utilisées à des fins pacifiques ainsi qu’aux mesures de protection
visant à réduire les risques radiologiques existants. Les États peuvent les utiliser
comme référence pour la réglementation nationale concernant les installations et
les activités.
En vertu de son Statut, l’AIEA est tenue d’appliquer les normes de sûreté
à ses propres opérations et les États doivent les appliquer aux opérations pour
lesquelles l’AIEA fournit une assistance.
Les normes de sûreté sont aussi utilisées par l’AIEA comme référence
pour ses services d’examen de la sûreté, ainsi que pour le développement des
compétences, y compris l’élaboration de programmes de formation théorique et
de cours pratiques.
Les conventions internationales contiennent des prescriptions semblables à
celles des normes de sûreté qui sont juridiquement contraignantes pour les parties
contractantes. Les normes de sûreté de l’AIEA, complétées par les conventions
internationales, les normes industrielles et les prescriptions nationales
détaillées, constituent une base cohérente pour la protection des personnes et
de l’environnement. Il y a aussi des aspects particuliers de la sûreté qui doivent
être évalués à l’échelle nationale. Par exemple, de nombreuses normes de sûreté
de l’AIEA, en particulier celles portant sur les aspects de la sûreté relatifs à la
planification ou à la conception, sont surtout applicables aux installations et
activités nouvelles. Les prescriptions établies dans les normes de sûreté de
l’AIEA peuvent n’être pas pleinement satisfaites par certaines installations
existantes construites selon des normes antérieures. Il revient à chaque État de
déterminer le mode d’application des normes de sûreté de l’AIEA dans le cas de
telles installations.
Les considérations scientifiques qui sous-tendent les normes de sûreté de
l’AIEA constituent une base objective pour les décisions concernant la sûreté ;
cependant, les décideurs doivent également juger en connaissance de cause et
déterminer la meilleure manière d’équilibrer les avantages d’une mesure ou
d’une activité par rapport aux risques radiologiques et autres qui y sont associés
ainsi qu’à tout autre impact négatif qui en découle.
PROCESSUS D’ÉLABORATION DES NORMES DE SÛRETÉ DE
L’AIEA

La préparation et l’examen des normes de sûreté sont l’œuvre commune du


Secrétariat de l’AIEA et de cinq comités – le Comité des normes de préparation
et de conduite des interventions d’urgence (EPReSC), le Comité des normes
de sûreté nucléaire (NUSSC), le Comité des normes de sûreté radiologique
(RASSC), le Comité des normes de sûreté des déchets (WASSC), le Comité des
normes de sûreté du transport (TRANSSC) – et de la Commission des normes
de sûreté (CSS), qui supervise tout le programme des normes de sûreté (voir la
figure 2).
Tous les États Membres de l’AIEA peuvent nommer des experts pour
siéger dans ces comités et présenter des observations sur les projets de normes.
Les membres de la Commission des normes de sûreté sont nommés par le

Grandes lignes et plan de travail


préparés par le Secrétariat ;
examen par les comités des
normes de sûreté et la CSS

Secrétariat et consultants :
rédaction de nouvelles
normes ou révision
des normes existantes

Projet

Examen par le(s) Projet


comité(s) des normes États Membres
de sûreté
Observations

Projet final

Approbation
par la CSS

FIG. 2. Processus d’élaboration d’une nouvelle norme de sûreté ou de révision d’une norme
existante.
Directeur général et comprennent des responsables de la normalisation au niveau
national.
Un système de gestion a été mis en place pour la planification,
l’élaboration, le réexamen, la révision et l’établissement des normes de sûreté
de l’AIEA. Il structure le mandat de l’AIEA, la vision de l’application future
des normes, politiques et stratégies de sûreté, et les fonctions et responsabilités
correspondantes.

INTERACTION AVEC D’AUTRES ORGANISATIONS


INTERNATIONALES

Les conclusions du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude


des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) et les recommandations
d’organismes internationaux spécialisés, notamment de la Commission
internationale de protection radiologique (CIPR), sont prises en compte lors
de l’élaboration des normes de sûreté de l’AIEA. Certaines normes de sûreté
sont élaborées en collaboration avec d’autres organismes des Nations Unies ou
d’autres organisations spécialisées, dont l’Agence de l’OCDE pour l’énergie
nucléaire, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture,
l’Organisation internationale du Travail, l’Organisation mondiale de la santé,
l’Organisation panaméricaine de la santé et le Programme des Nations Unies
pour l’environnement.

INTERPRÉTATION DU TEXTE

Les termes relatifs à la sûreté et à la sécurité nucléaires ont le sens donné


dans le glossaire de lʼAIEA sur la sûreté et la sécurité nucléaires (voir https://
www.iaea.org/resources/publications/iaea-nuclear-safety-and-security-glossary).
Lʼorthographe et le sens des autres mots sont conformes à la dernière édition du
Concise Oxford Dictionary. Pour les guides de sûreté, cʼest la version anglaise
qui fait foi.
Le contexte de chaque volume de la collection Normes de sûreté de l’AIEA
et son objectif, sa portée et sa structure sont expliqués dans le chapitre premier
(introduction) de chaque publication.
Les informations qui ne trouvent pas leur place dans le corps du texte (par
exemple celles qui sont subsidiaires ou séparées du corps du texte, sont incluses
pour compléter des passages du texte principal ou décrivent des méthodes de
calcul, des procédures ou des limites et conditions) peuvent être présentées dans
des appendices ou des annexes.
Lorsqu’une norme comporte un appendice, celui-ci est réputé faire partie
intégrante de la norme. Les informations données dans un appendice ont le même
statut que le corps du texte et l’AIEA en assume la paternité. Les annexes et
notes de bas de page du texte principal ont pour objet de donner des exemples
concrets ou des précisions ou explications. Elles ne sont pas considérées comme
faisant partie intégrante du texte principal. Les informations contenues dans les
annexes n’ont pas nécessairement l’AIEA pour auteur ; les informations publiées
par d’autres auteurs figurant dans des normes de sûreté peuvent être présentées
dans des annexes. Les informations provenant de sources extérieures présentées
dans les annexes sont adaptées pour être d’utilité générale.
TABLE DES MATIÈRES

1. INTRODUCTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

Contexte (1.1–1.6). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
Objectif (1.7–1.9) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Champ d’application (1.10–1.24). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Structure (1.25). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

2. EXPLICATION DES CONCEPTS ET EXPRESSIONS (2.1) . . . . . . 10

Situations d’exposition planifiée : Expositions prévues en


fonctionnement normal et expositions potentielles (2.2). . . . . . . . . . 10
Processus décisionnel à l’échelon gouvernemental (2.3, 2.4). . . . . . . . 10
Processus d’autorisation (2.5, 2.6). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Évaluation de l’impact environnemental (2.7–2.9). . . . . . . . . . . . . . . . 11
Environnement et protection de l’environnement (2.10–2.12). . . . . . . 12
Évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement (2.13). . . . . 13
Personnes du public (2.14) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

3. PRESCRIPTIONS DE SÛRETÉ RELATIVES À


L’ÉVALUATION PROSPECTIVE DE L’IMPACT
RADIOLOGIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT (3.1) . . . . . . . . . . . . 14

Limite de dose et contrainte de dose et de risque (3.2–3.5) . . . . . . . . . 14


Évaluation de la protection du public et de
l’environnement (3.6– 3.10). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Évaluation et contrôle de l’exposition potentielle (3.11–3.14). . . . . . . 16
Approche graduée (3.15–3.18) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Impacts transfrontières (3.19). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

4. CADRE D’ÉVALUATION PROSPECTIVE DE L’IMPACT


RADIOLOGIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT POUR LES
INSTALLATIONS ET ACTIVITÉS (4.1–4.3). . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Évaluation du processus d’autorisation (4.4–4.16). . . . . . . . . . . . . . . . 20


Évaluation dans le cadre d’un processus décisionnel à l’échelon
gouvernemental (4.17–4.21). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Évaluations à d’autres fins (4.22) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Communication des résultats (4.23–4.27). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
5. MÉTHODE D’ÉVALUATION PROSPECTIVE DE L’IMPACT
RADIOLOGIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT. . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Considérations générales (5.1–5.6). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29


Évaluation de la protection du public en fonctionnement
normal (5.7– 5.42) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Évaluation de la protection du public contre des expositions
potentielles (5.43–5.75) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Considérations relatives à l’évaluation de la protection de
l’environnement (5.76–5.81) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

6. PRISE EN CONSIDÉRATION DE LA VARIABILITÉ ET DE


L’INCERTITUDE DANS LES ÉVALUATIONS DE L’IMPACT
RADIOLOGIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT (6.1–6.9). . . . . . . . . 58

APPENDICE : CRITÈRES DE RISQUE POUR L’ÉVALUATION


DE L’EXPOSITION POTENTIELLE DU PUBLIC. . . . . . 61

RÉFÉRENCES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

ANNEXE I : EXEMPLE D’UNE MÉTHODE GÉNÉRIQUE


D’ÉVALUATION DES EXPOSITIONS DE
LA FLORE ET DE LA FAUNE PENDANT
L’EXPLOITATION NORMALE DES
INSTALLATIONS ET DES ACTIVITÉS. . . . . . . . . . . . . . 71

ANNEXE II : EXAMEN DU RISQUE D’EFFETS SUR


LA SANTÉ ET DE L’ÉVALUATION DES
EXPOSITIONS POTENTIELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

PERSONNES AYANT CONTRIBUÉ À LA RÉDACTION


ET À L’EXAMEN DU TEXTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
1. INTRODUCTION

CONTEXTE

1.1. En 2014, l’AIEA a fait paraître la publication n° GSR Part 3 de la collection


Normes de sûreté de l’AIEA, intitulée Radioprotection et sûreté des sources
de rayonnements : Normes fondamentales internationales de sûreté [1]. La
publication n° GSR Part 3 [1] a été établie à partir de la publication n° SF-1 de
la collection Normes de sûreté de l’AIEA intitulée Principes fondamentaux de
sûreté [2] et des recommandations de la Commission internationale de protection
radiologique (CIPR) [3]. Le système de radioprotection et de sûreté radiologique
présenté dans la publication n° GSR Part 3 [1] a pour but d’évaluer, de gérer et
de contrôler la radioexposition de façon que les risques radiologiques, y compris
les risques d’effets sur la santé et les risques pour l’environnement, soient réduits
autant qu’il est raisonnablement possible. La protection du public repose sur les
principes de justification, d’optimisation et de limitation des doses, qui ont été
spécifiés par la CIPR [3] et sont incorporés dans les normes de sûreté de l’AIEA
(voir les références [1, 2]).

1.2. La publication n° GSR Part 3 [1] prescrit une évaluation prospective des
impacts radiologiques sur l’environnement dus aux rejets de radionucléides par
les installations et activités1. Le présent guide de sûreté donne des indications
sur le respect des prescriptions énoncées dans la publication n° GSR Part 3 [1]
relatives à l’exécution de telles évaluations pour certaines installations et activités
si l’organisme de réglementation l’exige et, en particulier, de la prescription
établie au paragraphe 3.9 e) de la publication n° GSR Part 3 [1], aux termes
duquel :

« Toute personne ou organisation qui demande une autorisation...


[c]onformément à ce qui est prévu par l’organisme de réglementation, fait
procéder à une évaluation prospective appropriée des impacts radiologiques
sur l’environnement, proportionnée aux risques radiologiques associés à
l’installation ou à l’activité. »

1
L’expression « installations et activités » est définie dans la publication intitulée
Principes fondamentaux de sûreté n° SF-1 [2], et dans le Glossaire de sûreté de l’AIEA [4]. Il
s’agit d’une expression générale englobant toutes les installations nucléaires et les utilisations de
toutes les sources de rayonnements ionisants. Les recommandations formulées dans le présent
guide de sûreté s’appliquent à certaines installations et activités décrites aux paragraphes 1.10
à 1.24.

1
1.3. L’objectif d’une évaluation prospective de l’impact radiologique sur
l’environnement consiste à déterminer si l’installation ou l’activité prévue
est conforme aux prescriptions législatives et réglementaires en vigueur
en matière de protection du public et de l’environnement dans toutes les
circonstances raisonnablement prévisibles. Une telle évaluation prospective
comprend notamment l’examen des expositions susceptibles de se produire en
fonctionnement normal et des expositions potentielles dues à des accidents qui
sont identifiés et caractérisés au moyen d’une analyse de la sûreté. L’évaluation
de l’impact radiologique sur l’environnement devrait être aussi simple que
possible, mais aussi complexe que nécessaire pour atteindre cet objectif.

1.4. Dans le cadre des instruments juridiques internationaux ou de la législation


et de la réglementation nationales, les États peuvent également exiger que,
pour certaines installations et activités, un processus décisionnel à l’échelon
gouvernemental2, portant notamment sur une évaluation initiale détaillée des
incidences importantes que celles-ci pourraient avoir sur l’environnement,
soit engagé dès le début de l’implantation de l’installation ou le démarrage
de l’activité en question. En pareil cas, l’évaluation de l’impact radiologique
sur l’environnement s’inscrit généralement dans le cadre d’une évaluation
d’impact plus générale, communément désignée « évaluation de l’impact
environnemental » ou EIE. Une évaluation de l’impact environnemental sert
à évaluer dans une optique prospective les impacts biophysiques, notamment
radiologiques, et porte sur les impacts sociaux, économiques et autres d’une
activité ou installation proposée avant la prise de décisions majeures. Dans un tel
cadre, les résultats de l’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement
décrits dans le présent guide de sûreté peuvent être utilisés pour pouvoir en
connaissance de cause se forger une opinion au sujet de l’acceptabilité du risque
du point de vue de la radioprotection.

1.5. Le présent guide de sûreté est lié à d’autres publications de la collection


Normes de sûreté de l’AIEA, à savoir la publication n° GSR Part 4 (Rev. 1)
intitulée Évaluation de la sûreté des installations et activités [5] ; la publication
n° GSR Part 7 intitulée Préparation et conduite des interventions en cas de
situation d’urgence nucléaire ou radiologique [6] ; la publication no GSG-8
intitulée Radioprotection du public et de l’environnement [7] ; la publication
no GSG-2 intitulée Critères à utiliser pour la préparation et la conduite des
interventions en cas d’urgence nucléaire ou radiologique [8] ; et la publication
no GSG-9 intitulée Contrôle réglementaire des rejets radioactifs dans

2
Une explication de l’expression « processus décisionnel à l’échelon gouvernemental »
est donnée au paragraphe 2.3.

2
l’environnement [9]. Le présent guide de sûreté devrait être utilisé parallèlement
à ces autres normes de sûreté3.

1.6. On trouvera dans le présent guide de sûreté un cadre général qui est
conforme aux orientations fournies dans d’autres guides de sûreté et peut
compléter ces orientations qui encadrent l’évaluation de la sûreté des installations
et incluent le concept d’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement
(dans le cadre de l’évaluation de la sûreté), mais de manière moins détaillée que
ce qui est décrit dans le présent guide de sûreté. On peut citer à titre d’exemple
le guide no GSG-3 intitulé Argumentaire de sûreté et évaluation de la sûreté
pour la gestion des déchets radioactifs avant leur stockage définitif, paru dans la
collection Normes de sûreté de l’AIEA [13] et le guide intitulé Safety Assessment
for the Decommissioning of Facilities Using Radioactive Material (IAEA Safety
Standards Series No. WS-G-5.2) [14].

OBJECTIF

1.7. Le présent guide de sûreté contient des recommandations et des orientations


portant sur un cadre général d’évaluation prospective de l’impact radiologique
des installations et activités, afin d’estimer et de contrôler les effets radiologiques
sur le public et sur l’environnement. Cette évaluation de l’impact radiologique est
destinée à être utilisée pour les situations d’exposition planifiée dans le cadre du
processus d’autorisation et, s’il y a lieu, dans le cadre d’un processus décisionnel
à l’échelon gouvernemental (voir le paragraphe 2.3) pour les installations et
activités. Les situations visées comprennent à la fois les expositions susceptibles
de se produire en fonctionnement normal et les expositions potentielles (voir le
paragraphe 2.2).

1.8. Le présent guide de sûreté contient des orientations générales et des


recommandations concernant le contenu d’une évaluation prospective de l’impact
radiologique sur l’environnement, son utilisation et les procédures de sa mise en

3
L’AIEA a également publié un rapport de sûreté sur les méthodes et modèles qui peuvent
être utilisés pour évaluer l’impact des rejets de matières radioactives dans l’environnement [10]
et des rapports techniques sur les paramètres de transfert dans l’environnement [11, 12]. Une
version révisée de la publication n° 19 de la collection Rapports de sûreté [10] est en cours
d’élaboration et portera sur les évaluations préalables de l’exposition du public, les modèles et
paramètres génériques permettant d’évaluer les conséquences des rejets radioactifs, ainsi que
les modèles et paramètres génériques permettant d’évaluer les expositions de la flore et de la
faune dues aux rejets radioactifs des installations et activités.

3
œuvre, afin d’aider les organismes nationaux de réglementation, les personnes
ou organisations responsables des installations et activités et les autres parties
intéressées4, notamment, mais non exclusivement, les personnes ou organisations
qui font une demande d’autorisation pour l’exploitation d’installations et la
conduite d’activités ou qui sont chargées de l’exploitation ou des activités. Il est
reconnu dans le présent guide de sûreté que différents États utilisent des approches
différentes pour certains aspects de l’évaluation de l’impact radiologique sur
l’environnement. Cela s’explique par la complexité et la diversité des possibilités
offertes en matière de gestion des questions environnementales, qui dépend
des caractéristiques des installations et activités elles-mêmes, des conditions
environnementales particulières et de la réglementation et des circonstances
nationales.

1.9. Les figures 1 à 3 (sections 4 et 5) et I-1 et I-2 (annexe I) illustrent


des éléments de l’évaluation prospective de l’impact radiologique sur
l’environnement et facilitent leur description logique, mais ne représentent pas
des procédures détaillées. D’autres aspects importants dont il faudrait tenir
compte lors de ces évaluations (sélection des codes informatiques, analyse des
incertitudes, vérification, assurance et contrôle de la qualité, etc.), ne sont pas
décrits dans le présent guide de sûreté.

CHAMP D’APPLICATION

1.10. Le présent guide de sûreté s’applique aux installations et activités pour


lesquelles, en fonction de leurs caractéristiques et de la réglementation nationale
ou internationale applicable, il est obligatoire d’évaluer l’impact radiologique sur
l’environnement. On trouvera à la section 4 des indications sur la manière de
déterminer la nécessité et la complexité d’une évaluation de l’impact radiologique
sur l’environnement.

1.11. Le présent guide de sûreté contient des orientations sur la manière


d’évaluer dans une optique prospective les expositions aux rayonnements et les

4
Le guide n° GSR Part 3 [1] utilise l’expression « partie intéressée » dans un sens
large pour désigner une personne ou un groupe ayant un intérêt dans le fonctionnement
d’une organisation. En règle générale, les parties intéressées sont notamment les clients, les
propriétaires, les exploitants, les salariés, les fournisseurs, les partenaires et les syndicats, les
secteurs ou professions réglementés, les organismes scientifiques et les organismes publics ou
les organismes de réglementation. Cette expression pourrait également inclure d’autres États
(par exemple, les États voisins inquiets d’éventuels impacts transfrontières).

4
risques radiologiques dus aux rejets radioactifs dans l’environnement provenant
d’installations et activités nouvelles ou existantes qui risqueraient d’exposer le
public et l’environnement aux rayonnements5. Pour certaines installations et
activités, l’exposition aux rayonnements et le risque radiologique pour le public
dus à l’irradiation externe directe sont pris en compte. Le présent guide de sûreté
décrit une évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement à l’aide de
données et modèles génériques, de données et modèles propres au site et d’une
combinaison des deux, le cas échéant.

1.12. Les expositions aux rayonnements examinées peuvent être notamment les
expositions qui devraient se produire dans des conditions de fonctionnement
normal (c’est-à-dire en raison de rejets autorisés ou d’une irradiation externe
directe) et les expositions qui pourraient se produire mais ne sont pas certaines,
déterminées au moyen d’une analyse de la sûreté6 des événements et des
accidents7 définis dans le guide n° GSR Part 3 [1] (c’est-à-dire les expositions
potentielles).

1.13. Le présent guide de sûreté ne donne pas d’indications sur les évaluations
prospectives équivalentes des expositions « retardées » qui peuvent se produire
après la fermeture d’une installation de stockage définitif des déchets [15], des
expositions résultant du transport de matières radioactives et des expositions

5
Les installations et activités nécessitant une évaluation de l’impact radiologique sur
l’environnement sont celles dans lesquelles des matières radioactives sont produites, traitées,
utilisées, manipulées ou stockées sous une forme et à une échelle telles qu’il est nécessaire
d’examiner l’impact possible sur le public et l’environnement. Il s’agit par exemple d’installations
nucléaires (centrales nucléaires, réacteurs de recherche, installations de production de radio-
isotopes, installations de production de sources, installations d’entreposage du combustible
usé, installations de retraitement, installations d’enrichissement de l’uranium, installations
de fabrication de combustible nucléaire, installations de gestion des déchets radioactifs avant
stockage définitif, installations de stockage définitif pendant la durée de vie utile et installations
de recherche-développement liées au cycle du combustible nucléaire), de certaines installations
d’extraction minière et de traitement des matières premières, telles que les mines d’uranium à
ciel ouvert, et d’installations de préparation ou de traitement des minerais d’uranium. Parmi les
exemples d’activités, on peut citer l’utilisation de sources de rayonnement non scellées à des
fins industrielles, médicales et de recherche, ainsi que le déclassement de certaines installations.
6
L’« analyse de la sûreté » fait partie de l’évaluation de la sûreté des installations et
activités [5].
7
Le Glossaire de sûreté de l’AIEA définit un « accident » comme « Tout événement
involontaire, y compris les fausses manœuvres, les défaillances d’équipements ou d’autres
anomalies, dont les conséquences réelles ou potentielles ne sont pas négligeables du point de
vue de la protection et sûreté » (l’italique signale une entrée dans le Glossaire de sûreté de
l’AIEA) [4].

5
résultant de l’utilisation de sources radioactives mobiles. On trouvera des
orientations spécifiques sur l’évaluation des expositions pour le stockage définitif
et le transport, respectivement, dans la publication intitulée The Safety Case and
Safety Assessment for the Disposal of Radioactive Waste, IAEA Safety Standards
Series No. SSG-23 [16], et dans la publication intitulée Radiation Protection
Programmes for the Transport of Radioactive Material, IAEA Safety Standards
Series No. TS-G-1.3 [17].

1.14. L’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement décrite dans le


présent guide de sûreté se veut prospective. Par exemple, elle peut être réalisée
avant le choix du site, dans le cadre de la demande d’autorisation pendant
la construction et avant la phase d’exploitation, ou avant le déclassement.
Une évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement peut avoir de
multiples objectifs ; elle peut notamment servir de base à une autorisation en
ce qui concerne la protection du public et de l’environnement et constituer une
contribution importante au processus d’autorisation des rejets contrôlés. Le
processus d’autorisation des limites de rejet pour optimiser la protection des
travailleurs et du public et la sûreté est traité dans le cadre de la publication
n° GSG-9 [9].

1.15. Une évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement peut


également être réalisée pour les installations existantes pour lesquelles il est
prévu d’apporter des modifications à leurs processus opérationnels, avant la
mise en œuvre de toute modification notable du niveau des rejets ou des rejets
potentiels dans l’environnement ; si cela est jugé nécessaire, une évaluation de
l’impact radiologique sur l’environnement peut également être réalisée dans le
cadre d’un examen périodique de la sûreté.

1.16. L’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement décrite dans le


présent guide de sûreté n’a pas pour objet d’évaluer rétrospectivement l’impact
radiologique des rejets pendant l’exploitation ou les conséquences d’un accident
réel. Néanmoins, l’évaluation prospective des expositions potentielles pourrait
fournir des informations préliminaires pouvant être utilisées pour évaluer les
dangers et leurs conséquences afin de mettre en place un niveau adéquat de
préparation et de conduite des interventions d’urgence [6].

1.17. L’évaluation prospective des expositions potentielles pour les installations


et activités décrites dans le présent guide de sûreté peut nécessiter la prise en
considération d’accidents dont la probabilité est très faible et qui ont des
conséquences radiologiques pour le public et l’environnement, ainsi que le
respect des critères d’exposition potentielle. Cependant, même si une installation

6
ou activité répond à ces critères, cela n’exclut pas la nécessité d’une évaluation
des dangers en rapport avec la préparation et l’intervention en cas de situation
d’urgence nucléaire ou radiologique, conformément aux prescriptions énoncées
dans le guide no GSR Part 7 [6]. D’autres aspects des conséquences des rejets
accidentels importants dans l’environnement, tels que les effets sociétaux
et économiques et les effets non radiologiques sur l’environnement et les
écosystèmes, ne relèvent pas du champ d’application du présent guide de sûreté.

1.18. Le présent guide de sûreté ne décrit pas en détail les spécifications


et caractéristiques des événements et des accidents qui doivent être pris en
considération dans l’évaluation de l’exposition potentielle du public, ni la
méthode employée pour les sélectionner et les analyser ; ces spécifications et
caractérisations, qui doivent être déterminées par une analyse systématique,
doivent être effectuées dans le cadre d’une évaluation de la sûreté d’une
installation ou activité décrite dans le guide n° GSR Part 4 (Rev. 1) [5].

1.19. Le présent guide de sûreté définit un cadre général et décrit les aspects
généraux de la méthode d’évaluation prospective de l’impact radiologique
sur l’environnement ; il ne décrit pas en détail les modèles qui doivent être
utilisés ni le recueil et l’utilisation des données provenant des programmes de
contrôle radiologique de l’environnement, qui sont en principe entrepris lors
de la phase pré-opérationnelle et la phase opérationnelle8 d’une installation
ou activité. Aux fins du présent guide de sûreté, on suppose que le contrôle
radiologique de l’environnement et des sources est effectué, le cas échéant, lors
de la phase pré-opérationnelle et la phase opérationnelle, et qu’il fournit les
informations nécessaires pour estimer les doses adéquates et s’assurer que les
modèles et les hypothèses utilisés dans l’évaluation prospective sont appropriés.
L’évaluation prospective décrite dans le présent guide de sûreté peut également
servir à étayer la mise en place ou l’amélioration d’un programme de contrôle
radiologique de l’environnement propre au site. On trouvera dans la publication
intitulée Environmental and Source Monitoring for Purposes of Radiation
Protection [18] (IAEA Safety Standards Series No. RS-G-1.8) des orientations
concernant les programmes de contrôle radiologique de l’environnement

8
Les programmes de contrôle lors de la phase pré-opérationnelle sont définis,
par exemple, pour établir des concentrations d’activité « de référence » dans des milieux
environnementaux et pour fournir des informations et des données à des fins d’évaluation de la
dose [18]. Pendant l’exploitation de l’installation ou la conduite de l’activité, des programmes
de contrôle sont mis en place pour s’assurer du respect des limites de rejet, pour contrôler les
conditions d’exploitation, pour alerter en cas de conditions inhabituelles ou imprévues et pour
vérifier les prévisions des modèles environnementaux [18].

7
et des sources et d’autres informations dans la référence [19]. La nécessité et
les caractéristiques générales des programmes de contrôle radiologique de
l’environnement visant à démontrer le respect des limites de rejet autorisées sont
examinées dans la publication n° GSG-9 [9].

1.20. Le présent guide de sûreté ne couvre pas les expositions professionnelles ou


médicales. Les recommandations concernant ces catégories d’exposition et leur
inclusion dans le processus d’autorisation figurent dans les publications intitulées
Radioprotection professionnelle (no GSG-7 de la collection Normes de sûreté
de l’AIEA) [20] et Radioprotection et sûreté radiologique dans les applications
médicales des rayonnements ionisants (no SSG-46 de la collection Normes de
sûreté de l’AIEA) [21].

1.21. Le présent guide de sûreté couvre principalement l’évaluation du risque


d’impact radiologique pour la santé des personnes du public en raison de
l’exposition aux rayonnements pendant l’exploitation normale et de l’exposition
potentielle, conformément au guide no GSR Part 3 [1]. Dans de nombreux cas, il
est possible de conclure, en s’appuyant sur des données factuelles telles que des
données d’expérience ou une analyse simplifiée, qu’une évaluation spécifique
des effets sur l’environnement n’est pas nécessaire. Cela peut ne pas être le
cas dans toutes les situations et l’organisme de réglementation peut exiger que
la protection de l’environnement soit explicitement prise en considération.
Dans d’autres cas, la protection de l’environnement est explicitement prise en
considération dans la législation nationale. Une méthode d’évaluation explicite
de l’impact des rayonnements sur la flore et la faune, qui peut être employée
conformément aux cadres réglementaires nationaux ou internationaux pour la
protection de l’environnement, est présentée à titre d’exemple à l’annexe I.

1.22. Le présent guide de sûreté ne traite pas du processus d’« itération et


d’optimisation de la conception », qui est en principe mené dans le cadre
d’une évaluation de la sûreté pour la gestion des déchets radioactifs avant
stockage définitif [13] ; toutefois, une évaluation de l’impact radiologique sur
l’environnement décrite dans le présent guide de sûreté peut servir de contribution
à ce processus.

1.23. L’optimisation de la protection et de la sûreté est prescrite dans le guide


no GSR Part 3 [1] ; le processus d’optimisation tient compte non seulement de la
protection du public, mais aussi de la protection des travailleurs et de toutes les
caractéristiques de sûreté de l’installation ou l’activité, telles que celles qui sont
liées à la gestion des déchets radioactifs sur le site. Le présent guide de sûreté
porte seulement sur l’évaluation de l’exposition du public. Les aspects plus

8
larges de l’optimisation de la protection et de la sûreté sont traités dans d’autres
normes de sûreté de l’AIEA, par exemple le guide no GSG-3 [13] sur la gestion
des déchets radioactifs avant stockage définitif. L’optimisation de la protection
de la population dans le cadre de l’établissement des limites de rejet radioactif
pour les installations et activités est décrite dans la publication no GSG-9 [9]. Le
résultat d’une évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement décrite
dans le présent guide de sûreté est une contribution nécessaire pour le processus
d’optimisation qui doit être utilisé pour établir les limites de rejet.

1.24. Les impacts non radiologiques possibles des installations et activités, qui
sont généralement inclus dans une évaluation de l’impact sur l’environnement
dans le cadre d’un processus décisionnel à l’échelon gouvernemental, comme les
impacts sur les personnes et l’environnement dus aux rejets d’autres substances
dangereuses (c’est-à-dire les produits chimiques et l’eau chauffée), les impacts de
la construction d’une installation, les impacts sur les lieux ayant une importance
sociétale (c’est-à-dire les monuments historiques et les lieux culturels), les
impacts sur les espèces menacées et les impacts sur le paysage, ainsi que d’autres
facteurs sociétaux et économiques, ne sont pas pris en compte dans le présent
guide de sûreté, mais devraient être pris en compte par les États conformément
à la réglementation nationale ou internationale applicable au moment de prendre
les décisions pertinentes.

STRUCTURE

1.25. On trouve à la section 2 des explications concernant les principaux concepts


et termes utilisés dans le guide de sûreté. La section 3 présente les prescriptions
de sûreté à l’intention du gouvernement, de l’organisme de réglementation et des
titulaires de licence relatives à l’évaluation prospective de l’impact radiologique
sur l’environnement. La section 4 décrit le cadre d’évaluation. La section 5 décrit
la méthode qui doit être employée pour réaliser une évaluation prospective de
l’impact radiologique sur l’environnement aux fins de la protection du public en
fonctionnement normal et en cas d’exposition potentielle, et prend en compte la
protection de l’environnement. La section 6 présente les considérations touchant
à la variabilité et à l’incertitude dans les évaluations de l’impact radiologique
sur l’environnement. L’annexe présente les critères de risque établis par les
organisations internationales compétentes, qui pourraient servir de base pour
définir des critères nationaux en vue de la prise en considération des expositions
potentielles. L’annexe I présente un exemple de méthode d’évaluation et de
contrôle des expositions de la flore et de la faune. L’annexe II présente des

9
considérations touchant au risque d’effets sur la santé et à l’évaluation de
l’exposition potentielle du public.

2. EXPLICATION DES CONCEPTS ET EXPRESSIONS

2.1. On trouve à la présente section des explications concernant les principaux


concepts et expressions utilisés dans le présent guide de sûreté. Sauf indication
contraire, les concepts ou expressions employés dans la présente publication ont
le sens donné dans la publication no GSR Part 3 [1] et le Glossaire de sûreté
de l’AIEA [4].

SITUATIONS D’EXPOSITION PLANIFIÉE : EXPOSITIONS


PRÉVUES EN FONCTIONNEMENT NORMAL ET EXPOSITIONS
POTENTIELLES

2.2. Le paragraphe 1.20 a) de la publication no GSR Part 3 [1] définit une


« situation d’exposition planifiée » comme suit :

« situation d’exposition résultant de l’exploitation planifiée d’une source


ou d’une activité planifiée donnant lieu à une exposition due à une source...
Dans les situations d’exposition planifiée, on peut s’attendre à ce que
celles-ci donnent lieu à un certain niveau d’exposition. Si cette exposition
n’est pas certaine mais pourrait résulter d’un accident ou d’un événement
ou une séquence d’événements qui pourraient se produire mais n’est pas
certain, on parle d’"exposition potentielle" ».

L’ampleur et l’étendue de ces expositions sont généralement prévisibles. Les


expositions prévues et les expositions potentielles peuvent et doivent être prises
en compte au stade de la planification ou de la conception [7].

PROCESSUS DÉCISIONNEL À L’ÉCHELON GOUVERNEMENTAL

2.3. Dans le contexte du présent guide de sûreté, l’expression « processus


décisionnel à l’échelon gouvernemental » désigne les procédures que
le gouvernement ou les organismes publics, notamment l’organisme de
réglementation, mettent en œuvre au stade pré-opérationnel, opérationnel et

10
au stade de déclassement pour décider de l’opportunité d’entreprendre, de
poursuivre, de modifier ou d’arrêter un projet d’installation ou d’activité.
L’expression peut également s’appliquer à des domaines de la politique nationale,
tels que le lancement ou non d’un programme électronucléaire [22].

2.4. En principe, un processus décisionnel à l’échelon gouvernemental9 est


mené aux premiers stades d’un programme de développement et, principalement,
pour les installations et activités pour lesquelles il est prévu qu’une évaluation
approfondie de leur impact possible sur l’environnement doive être réalisée.
Pour certaines installations nucléaires, ce processus décisionnel est décrit dans
la réglementation nationale ou internationale par l’expression « évaluation de
l’impact sur l’environnement » (voir les paragraphes 2.7 à 2.9).

PROCESSUS D’AUTORISATION

2.5. La publication no GSR Part 3 [1] définit l’« autorisation » comme étant
la « Délivrance par un organisme de réglementation ou un autre organisme
gouvernemental d’un document écrit autorisant une personne ou un organisme
(l’exploitant) à exécuter des activités spécifiées ».

2.6. L’autorisation pour une installation ou activité, sous la forme d’un


enregistrement ou d’une licence [1], peut être accordée pour la conception,
le choix du site, la construction et l’exploitation de l’installation ou l’activité,
pour les activités de déclassement ou pour les modifications des conditions
d’exploitation de l’installation ou de la conduite de l’activité.

ÉVALUATION DE L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL

2.7. L’expression « évaluation de l’impact environnemental » (ou son équivalent)


figure dans de nombreux instruments internationaux et dans la législation et la
réglementation nationales [23–30]. Dans le contexte du présent guide de sûreté,
l’expression « évaluation de l’impact environnemental » désigne une procédure
dans le cadre d’un processus décisionnel à l’échelon gouvernemental visant à
identifier, décrire et évaluer de manière prospective les effets et le risque d’effets

9
L’expression « processus décisionnel à l’échelon gouvernemental » recouvre ou se
rapporte à différents termes utilisés dans certains États avec des significations similaires ou
équivalentes, comme « décision de principe », « déclaration d’impact environnemental » et,
dans certains cas, « justification ».

11
d’une activité ou installation particulière proposée sur des aspects de l’importance
environnementale10.

2.8. En règle générale, les effets des rejets de matières radioactives provenant
des installations et activités dans l’environnement susceptibles d’être pris en
compte dans une évaluation de l’impact environnemental sont notamment les
effets radiologiques sur la santé humaine et, si les États l’exigent, les effets
radiologiques sur la flore et la faune. Les impacts non radiologiques inclus dans
une évaluation de l’impact environnemental ne sont pas pris en compte dans
le présent guide de sûreté, mais sont soumis à la réglementation nationale ou
internationale applicable.

2.9. En général, une évaluation de l’impact environnemental nécessite la


participation du demandeur pour l’installation ou l’activité proposée, des
organismes publics concernés, de l’organisme de réglementation et d’un certain
nombre de parties intéressées, y compris, dans certains États, le public [22–30].

ENVIRONNEMENT ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

2.10. La publication no GSR Part 3 [1] définit l’« environnement » comme les
« Conditions dans lesquelles les êtres humains, les animaux et les plantes vivent
ou se développent et qui sont indispensables à toute vie et à tout développement ;
plus spécialement, ces conditions telles qu’elles sont affectées par les activités
humaines. » En général, l’environnement inclut les écosystèmes comprenant des
composantes biotiques et abiotiques.

2.11. La publication no GSR Part 3 [1] dispose en outre dans la définition de


l’environnement ce qui suit :

« La protection de l’environnement englobe la protection et la conservation


des espèces non humaines, tant animales que végétales, et de leur diversité
biologique ; des biens et services environnementaux tels que la production
d’aliments pour la consommation humaine et animale ; des ressources
utilisées pour l’agriculture, la foresterie, la pêche et le tourisme ; des
éléments utilisés dans les activités spirituelles, culturelles et récréatives ; de
milieux tels que le sol, l’eau et l’air ; et des processus naturels comme les
cycles du carbone, de l’azote et de l’eau. »

10
La référence [31] fournit des informations sur les évaluations de l’impact
environnemental dans le cadre du développement d’un nouveau programme électronucléaire.

12
2.12. De plus, le paragraphe 1.35 de la publication no GSR Part 3 [1] dispose ce
qui suit :

« La protection de l’environnement [est considérée] comme une question


appelant une évaluation, tout en ménageant une certaine souplesse dans
l’incorporation aux processus décisionnels des résultats des évaluations
environnementales qui sont proportionnées aux risques radiologiques. »

ÉVALUATION DE L’IMPACT RADIOLOGIQUE SUR


L’ENVIRONNEMENT

2.13. Aux fins du présent guide de sûreté, une évaluation de l’impact radiologique
sur l’environnement est une évaluation prospective des impacts radiologiques
attendus et analytiquement concevables, qui est quantifiée en termes de
dose efficace pour les personnes du public et qui est réalisée dans le cadre du
processus d’autorisation. Les résultats d’une évaluation de l’impact radiologique
sur l’environnement sont comparés aux critères radiologiques prédéfinis dans
la publication no GSR Part 3 [1]. Une évaluation de l’impact radiologique sur
l’environnement peut être considérée comme l’une des composantes d’une
évaluation de l’impact environnemental (décrite aux paragraphes 2.7 à 2.9) dans
le contexte de la planification pour une installation ou activité particulière.

PERSONNES DU PUBLIC

2.14. Dans la publication no GSR Part 3 [1], une « personne du public » est définie
comme « [d]ans un sens général,... tout individu de la population, sauf lorsqu’il
est soumis à une exposition professionnelle ou à une exposition médicale. » Le
paragraphe 3.27 de la publication SF-1 (Principe 7 : Protection des générations
actuelles et futures) [2] stipule que « [l]es normes de sûreté s’appliquent non
seulement aux populations locales, mais aussi aux populations vivant loin des
installations et activités » et que « [q]uand les effets peuvent concerner plusieurs
générations, les générations suivantes doivent être suffisamment bien protégées
pour ne pas avoir à mettre en œuvre des actions protectrices importantes ».

13
3. PRESCRIPTIONS DE SÛRETÉ RELATIVES À
L’ÉVALUATION PROSPECTIVE DE L’IMPACT
RADIOLOGIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT

3.1. La présente section contient des extraits des publications no SF-1 [2],
no GSR Part 3 [1] et no GSR Part 4 (Rev. 1) [5] qui énoncent les prescriptions
de sûreté pertinentes au regard de la protection du public et de l’environnement
qui doivent être prises en compte dans la conduite des évaluations radiologiques
prospectives de l’environnement pour les situations d’exposition planifiée. On
trouvera des recommandations sur la manière de satisfaire à ces prescriptions
dans les sections 4 et 5 et dans l’annexe du présent guide de sûreté.

LIMITE DE DOSE ET CONTRAINTE DE DOSE ET DE RISQUE

3.2. La publication no SF-1 [2] établit des principes pour assurer la protection
du public et de l’environnement, aujourd’hui et à l’avenir, contre les effets nocifs
des rayonnements ionisants et dispose au paragraphe 3.25 (Principe 6 : Limitation
des risques pour les personnes) ce qui suit :« les doses et les risques radiologiques
doivent être contrôlés dans des limites précises. » Ces principes s’appliquent aux
situations d’exposition aux rayonnements ionisants ou à l’exposition possible
aux rayonnements ionisants11.

3.3. La publication no GSR Part 3 [1] dispose que, pour les situations
d’exposition planifiée, les expositions et les risques pour les membres du
public doivent faire l’objet d’un contrôle [paragraphes 2.11, 3.26, 3.27, 3.120 c)
et 3.123 b)].

3.4. La Prescription 12 de la publication n° GSR Part 3 [1] dispose que « Le


gouvernement ou l’organisme de réglementation établit des limites de dose
pour les cas... d’exposition du public, et les titulaires d’enregistrements et de
licences les appliquent. »

3.5. Le paragraphe 3.120 de la publication n° GSR Part 3 [1], qui porte sur
les responsabilités particulières pour l’exposition du public dispose que « [l]
e gouvernement ou l’organisme de réglementation établit ou approuve des

11
Le principe de limite de dose et de limitation des risques ne s’applique pas aux
situations d’exposition d’urgence et aux situations d’exposition existante, pour lesquelles on
utilise des niveaux de référence.

14
contraintes de dose et de risque destinées à l’optimisation de la protection et de
la sûreté des personnes du public. » Aux termes du paragraphe 3.123 e) de la
publication no GSR Part 3 [1] :

« L’organisme de réglementation fixe ou approuve des limites et conditions


d’exploitation relatives à l’exposition du public, comme les limites
autorisées pour les rejets. Ces limites et conditions d’exploitation...
[t]iennent compte des résultats de l’évaluation prospective des impacts
radiologiques sur l’environnement effectuée conformément aux
prescriptions de l’organisme de réglementation. »

ÉVALUATION DE LA PROTECTION DU PUBLIC ET DE


L’ENVIRONNEMENT

3.6. Le principe 7 de la publication no SF-1 [2] dispose que « Les générations


et l’environnement actuels et futurs doivent être protégés contre les risques
radiologiques ».

3.7. Le paragraphe 3.28 de la publication no SF-1 [2] dispose ce qui suit :

« Le système actuel de radioprotection assure, en général, une protection


appropriée des écosystèmes de l’environnement humain contre les effets
nocifs de l’exposition aux rayonnements. L’objectif général des mesures
prises aux fins de la protection de l’environnement est de préserver
les écosystèmes d’une exposition aux rayonnements qui aurait des
conséquences néfastes pour une espèce (par opposition à un organisme) ».

3.8. Aux termes du paragraphe 3.9 e) de la publication no GSR Part 3 [1] :

« Toute personne ou organisation qui demande une autorisation...


[c]onformément à ce qui est prévu par l’organisme de réglementation, fait
procéder à une évaluation prospective appropriée des impacts radiologiques
sur l’environnement, proportionnée aux risques radiologiques associés à
l’installation ou à l’activité. »

La section 4 du présent guide de sûreté donne des indications sur le contexte dans
lequel une évaluation est effectuée, et la section 5 décrit la méthode permettant
d’évaluer le niveau de protection du public et de l’environnement.

15
3.9. Le paragraphe 3.15 d) de la publication no GSR Part 3 [1] énonce les
responsabilités des titulaires d’enregistrements et de licences dans les situations
d’exposition planifiée. Il dispose ce qui suit :

« Les titulaires d’enregistrements et de licences...[s]’agissant des sources


pour lesquelles ils ont reçu une autorisation et pour lesquelles l’organisme de
réglementation exige une évaluation prospective des impacts radiologiques
sur l’environnement... effectuent et tiennent à jour une telle évaluation ».

3.10. La prescription 31 de la publication no GSR Part 3 [1] concerne les déchets


et les rejets radioactifs. Le paragraphe 3.132 de la publication no GSR Part 3 [1]
dispose ce qui suit :

« Les titulaires d’enregistrements et de licences, en coopération avec les


fournisseurs, lorsqu’ils font une demande d’autorisation de rejet, s’il y
a lieu :

a) [d]éterminent les caractéristiques et l’activité des matières à rejeter,


ainsi que les points et les méthodes de rejet possibles ;
b) [d]éterminent, au moyen d’une étude préalable appropriée, toutes
les voies d’exposition importantes par lesquelles les radionucléides
rejetés pourraient entraîner une exposition des personnes du public ;
c) [é]valuent les doses à la personne représentative dues aux rejets
prévus ;
d) [e]nvisagent les impacts radiologiques sur l’environnement de
manière intégrée avec les caractéristiques du système de protection
et de sûreté, conformément aux prescriptions de l’organisme de
réglementation. »

ÉVALUATION ET CONTRÔLE DE L’EXPOSITION POTENTIELLE

3.11. Aux termes du paragraphe 3.15 e) de la publication no GSR Part 3 [1],


« Les titulaires d’enregistrements et de licences : ... Évaluent la probabilité et la
valeur des expositions potentielles, les conséquences qu’elles pourraient avoir et
le nombre de personnes qui pourraient être touchées par ces expositions » ;

3.12. Le paragraphe 3.24 de la publication no GSR Part 3 [1] dispose ce qui suit :

« les titulaires d’enregistrements et de licences veillent à ce que tous les


facteurs pertinents soient pris en compte de manière cohérente dans

16
l’optimisation de la protection et de la sûreté pour contribuer à atteindre les
objectifs suivants :

a) Définir des mesures de protection et de sûreté optimisées dans les


circonstances existantes, compte tenu des options de protection et de sûreté
disponibles ainsi que de la nature, de la probabilité et de la valeur des
expositions ;
b) Établir des critères fondés sur les résultats de l’optimisation en vue de
restreindre la probabilité et les valeurs des expositions au moyen de
mesures de prévention des accidents et d’atténuation des conséquences de
ceux qui se produisent. »

3.13. La prescription 6 de la publication no GSR Part 4 (Rev.1) [5] dispose


qu’« Ilconvient d’identifier et d’évaluer les risques radiologiques possibles
associés à l’installation ou à l’activité. » Le paragraphe 4.19 de la publication
no GSR Part 4 (Rev.1) [5] dispose que ces risques radiologiques incluent :

« le niveau et la probabilité d’une radio-exposition des travailleurs et du


public et le rejet éventuel de matières radioactives dans l’environnement
associés à des incidents de fonctionnement prévus ou à des accidents
entraînant la perte de contrôle du cœur d’un réacteur nucléaire, d’une
réaction nucléaire en chaîne, d’une source radioactive ou de toute autre
source de rayonnements. »

3.14. Le paragraphe 3.31 de la publication no GSR Part 3 [1] dispose ce qui suit :

« Des évaluations de la sûreté sont effectuées..., afin :

a) De déterminer comment des expositions pourraient être subies... ;


b) D’établir la probabilité et la valeur prévisibles des expositions en
fonctionnement normal et, dans la mesure où cela est raisonnablement
possible, d’évaluer les expositions potentielles. »

APPROCHE GRADUÉE

3.15. Le paragraphe 3.24 des Principes fondamentaux de sûreté (publication


no SF-1) [2] dispose que « Les ressources consacrées par le titulaire de licence
à la sûreté, de même que la portée et la rigueur des règlements et de leur
application, doivent être proportionnelles à l’ampleur des risques radiologiques
et à la possibilité de les contrôler. »

17
3.16. Le paragraphe 3.1 de la publication n° GSR Part 4 (Rev. 1) [5] dispose
que pour appliquer le principe 5 (optimisation de la protection) des Principes
fondamentaux de sûreté [2], « une approche graduée est adoptée pour l’exécution
des évaluations de la sûreté des installations et activités... en raison des niveaux
très différents des risques radiologiques possibles qui y sont associés. »

3.17. La Prescription 6 de la publication n° GSR Part 3 dispose que


« L’application des prescriptions des présentes Normes dans les situations
d’exposition planifiée est proportionnée aux caractéristiques de la pratique
ou de la source associée à une pratique ainsi qu’à la probabilité et à la valeur
des expositions. »

3.18. Le paragraphe 3.4 de la publication n° GSR Part 4 (Rev. 1) [5] dispose


que « La maturité ou la complexité de l’installation ou de l’activité sont, parmi
d’autres autres facteurs pertinents, pris également en compte dans une approche
graduée de l’évaluation de la sûreté. » Le paragraphe 3.6 de la publication
no GSR Part 4 (Rev. 1) [5] dispose par ailleurs que :

« L’application de l’approche graduée est réévaluée au fur et à mesure


que l’évaluation de la sûreté progresse et que l’on acquiert une meilleure
compréhension des risques radiologiques associés à l’installation ou à
l’activité. La portée et le niveau de détail de l’évaluation de la sûreté sont
alors modifiés selon les besoins et le montant des ressources à y consacrer
est ajusté en conséquence. »

IMPACTS TRANSFRONTIÈRES

3.19. Le paragraphe 3.124 de la publication n° GSR Part 3 [1] aborde la question


de l’exposition en dehors du territoire de l’État où se trouve la source12. Il dispose
ce qui suit :

« Lorsqu’une source associée à une pratique pourrait entraîner une


exposition du public hors du territoire ou de toute autre zone sous la

12
Il convient également d’examiner la protection du public et de l’environnement contre
d’éventuels impacts transfrontières et les obligations concernant l’évaluation des impacts et le
partage des informations entre les États dans le contexte plus large des conventions et accords
internationaux pertinents (par exemple la Convention Espoo de 1991 [23], la Convention sur
le droit de la mer de 1982 [24], la Convention d’Aarhus de 1998 [25] et l’article 37 du traité
EURATOM [32]).

18
juridiction ou le contrôle de l’État où se trouve la source, le gouvernement
ou l’organisme de réglementation :

a) Veille à ce que l’évaluation des impacts radiologiques englobe les impacts


hors du territoire ou de toute autre zone sous la juridiction ou le contrôle de
l’État ;
…….

c) Prévoit des dispositions avec l’État affecté pour ce qui est de l’échange
d’informations et des consultations, selon qu’il convient. »

4. CADRE D’ÉVALUATION PROSPECTIVE DE


L’IMPACT RADIOLOGIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT
POUR LES INSTALLATIONS ET ACTIVITÉS

4.1. Le gouvernement ou l’organisme de réglementation devrait indiquer à


l’avance les types d’installation et d’activité pour lesquels l’impact radiologique
sur l’environnement doit faire l’objet d’une évaluation ou devrait préciser les
critères permettant de décider, au cas par cas, si une telle évaluation doit être
réalisée. En général, une telle évaluation ne devrait pas être nécessaire pour les
générateurs de rayons X, les petits laboratoires, la radiologie diagnostique, les
applications industrielles utilisant des sources scellées, ou toute autre installation
ou activité où les sources de rayonnements ou les générateurs sont utilisés, traités
ou stockés sous une forme et à une échelle qui ne devraient pas avoir d’impacts
sur le public et l’environnement en fonctionnement normal ou en cas d’accident.

4.2. Le niveau de complexité requis pour l’évaluation de l’impact radiologique


sur l’environnement devrait également être défini par le gouvernement ou
l’organisme de réglementation dans le cadre juridique national ou de la
réglementation nationale. Il convient de tenir compte des caractéristiques
de l’activité ou de l’installation en fonction du risque pour le public et
l’environnement résultant des expositions prévisibles en fonctionnement
normal et des expositions potentielles. Pour les installations et activités qui sont
exemptées13 sans autre considération, il ne devrait pas être nécessaire d’évaluer
l’impact radiologique sur l’environnement pour obtenir une autorisation,

13
Le concept d’exemption et les critères généraux d’exemption des pratiques sont
énoncés dans l’appendice I de la publication n° GSR Part 3 [1].

19
même si une évaluation générique de l’impact sur le public et l’environnement
peut avoir été réalisée pour conclure que l’exemption a été accordée. Lorsque
l’exemption est accordée sous conditions, la nécessité d’une évaluation de
l’impact radiologique sur l’environnement devrait être envisagée.

4.3. Les méthodes employées pour évaluer l’impact radiologique sur


l’environnement (par exemple les hypothèses, les modèles conceptuels, les
modèles mathématiques, les données d’entrée) peuvent varier en fonction de la
complexité de l’installation ou de l’activité et des scénarios d’exposition associés,
et devraient être sélectionnées en tenant compte des prescriptions relatives à une
approche graduée. En général, il est souvent plus pratique de commencer par
une évaluation prudente simple, par exemple en utilisant des données d’entrée
génériques et en se fondant sur un scénario d’exposition prudent selon lequel
le public et l’environnement sont exposés aux rayonnements ionisants, puis
d’augmenter la complexité de l’évaluation si nécessaire, par exemple en utilisant
des données propres au site et des scénarios d’exposition plus détaillés et plus
réalistes, jusqu’à ce qu’on parvienne à une conclusion claire et défendable. Par
souci de clarté, les évaluations décrites dans le présent guide de sûreté sont
parfois classées comme simples ou complexes. Toutefois, ces termes ont pour
objet d’indiquer les deux extrémités d’une gamme d’évaluations possibles et,
pour un grand nombre d’activités et installations, une évaluation se situant entre
ces deux types sera appropriée.

ÉVALUATION DU PROCESSUS D’AUTORISATION

4.4. Les facteurs importants pour déterminer la nécessité et la complexité de


l’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement dans le cadre d’un
processus d’autorisation sont notamment les suivants : le terme source14, les
doses prévues, les caractéristiques de l’activité ou installation, les caractéristiques
de l’emplacement, la réglementation nationale en matière d’octroi d’autorisation
pour l’installation ou l’activité en question et l’étape du processus d’autorisation
(voir le tableau 1). Le demandeur devrait tenir compte de ces facteurs lorsqu’il
soumet sa demande à l’organisme de réglementation pour examen et accord.

14
Le « terme source » est « Le volume et la composition isotopique des rejets (ou rejets
postulés) de matière radioactive d’une installation » [4]. Ce concept est utilisé pour modéliser
les rejets de radionucléides dans l’environnement. Il est également applicable à certaines
activités et, parallèlement aux propriétés physiques et chimiques des rejets, il peut être utile
pour modéliser la dispersion dans l’environnement.

20
Pour certaines installations et activités, le niveau de détail de l’évaluation peut
être défini a priori par l’organisme de réglementation.

4.5. Les facteurs et les éléments présentés dans le tableau 1 devraient être
utilisés comme règles générales pour déterminer s’il est approprié de réaliser une
évaluation simple ou complexe de l’impact radiologique sur l’environnement.
En général, une évaluation à l’appui de l’autorisation d’une installation nucléaire
nécessitera un degré élevé de complexité, tandis que pour une activité ou
installation fonctionnant avec un faible stock de radionucléides, une analyse plus
simple peut être justifiée.

4.6. Pour les installations ou les activités dont les pratiques sont relativement
normalisées, de petits stocks de radionucléides et un faible potentiel de rejets
accidentels dans l’environnement, mais qui pourraient néanmoins avoir un
certain impact sur le public et l’environnement, par exemple un hôpital ayant
un service de médecine nucléaire, l’organisme de réglementation peut donner
des orientations génériques permettant d’identifier les éléments nécessaires
qui devraient être inclus dans l’évaluation de l’impact radiologique sur
l’environnement.

4.7. Pour les installations nucléaires, par exemple les centrales nucléaires
et les installations de retraitement du combustible nucléaire, il est probable
que le processus d’autorisation se déroule en plusieurs étapes [33]. Au cours
de ces étapes, l’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement peut
être actualisée au fur et à mesure de l’obtention de données plus spécifiques ;
le demandeur ou l’organisme d’exploitation de l’installation devrait veiller à
ce que les mises à jour des résultats de l’évaluation de l’impact radiologique
sur l’environnement soient communiquées à chaque étape, pour examen par
l’organisme de réglementation.

4.8. La figure 1 a été adaptée et modifiée à partir de la figure 1 de la publication


intitulée Licensing Process for Nuclear Installations, IAEA Safety Standards
Series No. SSG-12 [33], et présente de manière schématique les étapes de la
durée de vie d’une installation nucléaire. Les évaluations de l’impact radiologique
sur l’environnement réalisées avant et pendant l’exploitation d’une installation
nucléaire seront toutes très similaires, bien qu’elles incorporeront successivement
plus de détails et de données spécifiques pour réduire le niveau d’incertitude,
lorsque cela est possible, et un examen des modèles et des hypothèses
utilisés, lorsque cela sera jugé nécessaire. Les flèches verticales pleines de
la figure 1 indiquent les points auxquels l’évaluation de l’impact radiologique
sur l’environnement peut être soumise à l’organisme de réglementation pour

21
TABLEAU 1. EXEMPLES DE FACTEURS AYANT UNE INCIDENCE
SUR LE NIVEAU DE COMPLEXITÉ PRESCRIT POUR UNE
ÉVALUATION PROSPECTIVE DE L’IMPACT RADIOLOGIQUE SUR
L’ENVIRONNEMENT a

Facteur Élément

Caractéristiques Terme source


de l’installation — Radionucléides
ou de l’activité — Quantité (activité et masse/volume)
— Forme (composition chimique/physique)
— Géométrie (taille, forme, hauteur du rejet)
— Potentiel de rejet : le terme source diffère sensiblement
selon qu’il s’agit d’un fonctionnement normal ou d’un
accident
Doses attendues en fonctionnement normal ou doses projetées en
cas d’exposition potentielle
— Évaluations préliminaires ou évaluations antérieures pour
des installations similaires
Caractéristiques de sûreté de l’activité ou l’installation
— Types de barrière de sûreté et de caractéristique technique
présents dans la conception
— Risque d’accidents graves

Caractéristiques Caractéristiques du site de l’installation relatives à la dispersion


de l’emplacement des radionucléides dans l’environnement
(p. ex. géologie, hydrologie, météorologie, morphologie,
caractéristiques biophysiques)
Présence et caractéristiques des récepteurs (p. ex. démographie,
habitudes et conditions de vie, flore et faune)
Voies d’exposition
Utilisation des sols et autres activités (p. ex. agriculture,
transformation des aliments, autres industries)
Les caractéristiques des autres installations situées à proximité et
les éventuels événements externes d’origine naturelle ou humaine
(p. ex. tremblements de terre, inondations, accidents industriels,
accidents de transport)

Caractéristiques Prescriptions ou réglementations (prescriptions relatives à l’octroi


du processus d’autorisation d’autorisation)
pour l’activité ou Stade du processus d’autorisation
installation en question

a
La liste fournie ici n’est pas exhaustive et l’appréciation de l’importance de ces facteurs lors
de la sélection du type d’évaluation devra être faite par des experts en sûreté nucléaire et
radiologique de l’organisation du demandeur et par l’organisme national de réglementation.

22
discussion et, enfin, pour approbation, avant le début de l’exploitation de
l’installation ou le début du déclassement. Les flèches verticales en pointillé
indiquent quand une évaluation actualisée peut être soumise à l’organisme de
réglementation en cas de changements notables dans le niveau postulé des rejets
ou dans les scénarios d’exposition potentielle au cours de la phase opérationnelle.
La flèche horizontale indique l’évolution dans le temps.

4.9. Une première évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement


utilisant des données génériques devrait être réalisée au cours de la phase du choix
et de l’évaluation du site afin d’identifier les régions ou les sites potentiels pour
l’installation ou l’activité. Cette évaluation devrait porter sur les caractéristiques
du site et les caractéristiques régionales susceptibles d’avoir une incidence sur
la sûreté, l’exposition des personnes, l’utilisation actuelle et future des sols,
les considérations d’importance culturelle et économique et les considérations
démographiques. À ce stade, les différentes conceptions de l’installation peuvent
encore faire l’objet d’un examen minutieux et les informations disponibles sur
les systèmes et les analyses de la sûreté de la conception peuvent être limitées.

Choix du site et
évaluation du site

Conception
Construction
Mise en service
Exploitation
Déclassement

Levée du
contrôle
réglementaire

Évaluation initiale Évaluation préliminaire Évaluation finale Évaluation Évaluation précédant


actualisée le déclassement

FIG. 1. Étapes de la durée de vie d’une installation nucléaire au cours desquelles une
évaluation prospective de l’impact radiologique sur l’environnement pourrait contribuer au
processus d’autorisation (adapté de la publication n° SSG-12 [33]).

23
4.10. Une fois qu’un site ou un certain nombre de sites ont été retenus et que la
conception de l’installation est plus clairement définie, une évaluation préliminaire
de l’impact radiologique sur l’environnement pour le ou les emplacement(s)
particulier(s) devrait être réalisée à l’aide des données disponibles propres au site.
En général, pendant la période de construction, il convient de recueillir davantage
d’informations pertinentes au regard de l’évaluation, y compris, lorsque cela
est jugé nécessaire, les résultats des mesures environnementales et les résultats
des enquêtes sur les habitudes et les conditions de vie menées sur le site et aux
alentours. L’évaluation devrait être affinée au fur et à mesure que le projet évolue
et que de nouvelles informations sont disponibles, afin de pouvoir produire un
rapport final d’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement bien
étayé à un moment donné de la phase de mise en service, avant que l’organisme
d’exploitation ne soumette sa demande finale d’autorisation à l’organisme de
réglementation. La publication intitulée Mise en place de l’infrastructure de
sûreté pour un programme électronucléaire [no SSG­-16 (Rev. 1) de la collection
Normes de sûreté de l’AIEA] [22] contient des orientations sur la soumission
et l’actualisation d’une évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement
dans le cadre de la mise en place de l’infrastructure de sûreté d’un programme
électronucléaire.

4.11. L’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement réalisée avant le


début de l’exploitation d’une installation ou de la conduite d’une activité devrait
être utilisée comme l’un des éléments permettant de déterminer les limites de rejet
autorisées et toutes autres grandeurs opérationnelles relatives à la protection du
public. Les orientations relatives à l’établissement des limites de rejet autorisées
sont présentées dans la publication n° GSG-9 [9].

4.12. Pour les installations déjà en service et les activités en cours, l’évaluation
de la sûreté devrait faire l’objet d’un réexamen et d’une mise à jour périodiques
à des intervalles prédéfinis, conformément aux prescriptions réglementaires [5] ;
ce réexamen devrait tenir compte des modifications éventuelles des hypothèses
utilisées pour réaliser l’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement et
des résultats du contrôle radiologique des sources et des programmes de contrôle
radiologique de l’environnement exécutés pendant l’exploitation. L’évaluation
de l’impact radiologique sur l’environnement peut devoir être révisée en cas de
changements importants dans les caractéristiques de l’installation ou l’activité ou
dans les caractéristiques de l’emplacement (voir le tableau 1).

4.13. Une évaluation prospective de l’impact radiologique sur l’environnement


réalisée pour une nouvelle installation devrait tenir compte de la contribution à

24
l’exposition du public d’autres installations déjà en service ou dont la construction
est prévue sur le site considéré ou à proximité de celui-ci.

4.14. Avant le début des mesures de déclassement, pour certaines installations


et activités comme les installations nucléaires, les installations de gestion
des déchets radioactifs et les installations d’extraction et de préparation du
minerai d’uranium, une évaluation prospective de l’impact radiologique sur
l’environnement devrait être réalisée aux fins de la planification [34].

4.15. Avant que le contrôle réglementaire puisse être levé sur un site après
le déclassement, un réexamen de l’évaluation de l’impact radiologique sur
l’environnement pourrait être nécessaire, en fonction des conditions radiologiques
finales de l’ancienne installation. Toutefois, pour la plupart des installations
et activités après le déclassement, les expositions attendues et les expositions
potentielles seront négligeables ou inexistantes, et les méthodes employées pour
estimer ces expositions et déterminer les critères radiologiques associés seront
différentes. Par exemple, dans l’estimation des expositions, il conviendrait
d’accorder plus d’importance aux résultats d’une étude environnementale finale,
et les critères radiologiques pourraient être les critères de rejet pour une utilisation
inconditionnelle après le déclassement, tels qu’ils sont fixés par l’organisme de
réglementation [35].

4.16. Une situation particulière peut se produire après le déclassement de


certaines installations et activités qui s’étendent sur de vastes zones, telles que
les mines d’uranium et les usines de préparation du minerai d’uranium, où le
terme source résiduel peut ne pas être négligeable et où l’impact radiologique
sur le public et l’environnement est attendu après la fermeture de l’installation
ou l’activité. Les évaluations de l’impact radiologique sur l’environnement
pour de telles situations devraient être réalisées au cas par cas, tenir compte
des caractéristiques particulières du terme source et utiliser les résultats d’une
étude finale, y compris les données de contrôle radiologique de l’environnement.
L’organisme de réglementation devrait prendre en considération la nécessité
de définir des limites pour l’utilisation des sols, sur la base de critères de rejets
radiologiques pour une utilisation restreinte, d’identifier les entités responsables
et de préciser les dispositions relatives au contrôle institutionnel [35].

25
ÉVALUATION DANS LE CADRE D’UN PROCESSUS DÉCISIONNEL À
L’ÉCHELON GOUVERNEMENTAL

4.17. Une évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement doit être


réalisée dans le cadre d’un processus décisionnel à l’échelon gouvernemental
pour certaines installations et activités et peut être incluse, par exemple, dans
un processus d’évaluation de l’impact environnemental. Les installations
et activités pour lesquelles une évaluation de l’impact radiologique sur
l’environnement doit être réalisée dans le cadre d’un processus décisionnel à
l’échelon gouvernemental et le niveau de complexité de l’évaluation de l’impact
radiologique environnemental devraient être définis par le gouvernement
avec l’aide de l’organisme de réglementation, en fonction du niveau de risque
résultant des expositions attendues en fonctionnement normal et des expositions
potentielles, ainsi que d’autres facteurs indiqués dans le tableau 1. Une évaluation
de l’impact sur l’environnement devrait normalement être réalisée au cours de
la phase initiale de la mise en place d’un programme électronucléaire (voir la
publication n° SSG­-16 [22]).

4.18. Le gouvernement ou l’organisme de réglementation devrait définir les


seuils ou les critères d’exemption de l’obligation de réaliser une évaluation de
l’impact radiologique sur l’environnement à un niveau tel que tous les projets
concernant un certain type d’installation ou activité soient exemptés si aucun
impact radiologique n’est attendu, que ce soit en fonctionnement normal ou dans
des conditions accidentelles15. Par ailleurs, si la réglementation précise qu’une
évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement doit être réalisée dans
tous les cas, l’évaluation devrait commencer par une méthode prudente très
simple, suivie de niveaux de complexité croissants s’il y a lieu pour parvenir à une
conclusion défendable. Cette approche garantira un niveau élevé de transparence
et est conforme au concept d’approche graduée.

4.19. Une évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement réalisée dans


le cadre d’un processus décisionnel à l’échelon gouvernemental est en principe
effectuée aux premiers stades de la mise en place du projet et elle est en général
moins détaillée et utilise des données moins spécifiques qu’une évaluation de
l’impact radiologique sur l’environnement réalisée dans le cadre d’un processus

15
Certaines directives internationales, telles que la Convention sur l’évaluation de
l’impact sur l’environnement dans un contexte transfrontière [23] et la Directive 2011/92/UE
concernant l’évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l’environnement
[26], précisent les types d’installations et activités pour lesquels une évaluation de l’impact
environnemental est nécessaire.

26
d’autorisation ; cependant, les deux évaluations de l’impact radiologique sur
l’environnement doivent être cohérentes.

4.20. S’agissant de certains types d’installations ou activités, par exemple les


hôpitaux utilisant des radionucléides à des fins de diagnostic uniquement ou
les laboratoires de recherche utilisant de petites quantités de radionucléides,
rien n’oblige à réaliser une évaluation détaillée de l’impact radiologique
sur l’environnement dans le cadre d’un processus décisionnel à l’échelon
gouvernemental, car aucun impact notable sur l’environnement n’est attendu, que
ce soit pour les rejets en fonctionnement normal ou pour les rejets accidentels ;
toutefois, l’autorité nationale compétente peut établir ses propres prescriptions
concernant la nécessité de réaliser une évaluation de l’impact radiologique sur
l’environnement pour de telles activités et installations.

4.21. Une évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement dans le


cadre d’un processus décisionnel à l’échelon gouvernemental peut être réalisée
en une seule phase ou en plusieurs phases. L’évaluation initiale peut se vouloir
relativement descriptive et fondée sur des données génériques et des hypothèses
prudentes ; l’évaluation ultérieure peut inclure des modèles plus réalistes et des
informations propres au site. Les évaluations génériques d’installations similaires
déjà en exploitation sur d’autres sites peuvent fournir des informations utiles.

ÉVALUATIONS À D’AUTRES FINS

4.22. L’exploitant d’une installation ou activité peut réaliser une évaluation


de l’impact radiologique sur l’environnement dans le but d’apporter des
améliorations aux systèmes de sûreté de l’installation ou activité. Par exemple,
dans le cadre d’un processus d’évaluation de la performance d’une installation ou
activité en matière de sûreté, l’exploitant peut évaluer l’efficience des systèmes
de réduction des rejets radioactifs dans l’environnement (par exemple les filtres
d’aérosols ou les réservoirs de désactivation utilisés en fonctionnement normal)
ou des systèmes de réduction des rejets en cas d’accident (par exemple les filtres
d’urgence). Pour ces évaluations, il conviendrait d’appliquer les approches
décrites dans le présent guide de sûreté pour veiller à ce qu’il soit tenu compte de
tous les aspects de la protection du public et de l’environnement.

27
COMMUNICATION DES RÉSULTATS

4.23. La prescription 36 de la publication intitulée Cadre gouvernemental,


législatif et réglementaire de la sûreté [n° GSR Part 1 (Rev. 1) de la collection
Normes de sûreté de l’AIEA] [36] dispose que l’organisme de réglementation,
directement ou par l’intermédiaire de l’exploitant d’une installation ou activité,
doit établir des mécanismes efficaces de communication pour informer les
parties intéressées des risques radiologiques éventuels associés à l’installation
ou activité et des processus et décisions de l’organisme de réglementation.
Les facteurs figurant dans le tableau 1 devraient être pris en considération au
moment de déterminer le contenu et le niveau de détail des informations fournies
aux parties intéressées. En fonction de l’importance nationale de l’installation
ou activité, les autorités gouvernementales et l’organisme de réglementation
devraient jouer un rôle, en particulier lorsque cette communication est jugée
nécessaire pour informer efficacement le public. On trouvera dans la publication
intitulée Information et consultation des parties intéressées par l’organisme de
réglementation, no GSG-6 de la collection Normes de sûreté de l’AIEA [37]
des orientations sur l’information et la consultation des parties intéressées par
l’organisme de réglementation.

4.24. Une évaluation prospective de l’impact radiologique sur l’environnement


est généralement publiée dans des documents techniques censés être lus par
des personnes compétentes en la matière. En principe, ces personnes sont
des experts en sûreté nucléaire et en radioprotection au sein de l’organisme
de réglementation, des organismes d’appui technique, des organismes de
santé publique ou des agences de l’environnement. L’évaluation de l’impact
radiologique sur l’environnement devrait être bien documentée et transparente
afin d’être comprise par un public plus large, qui peut ne pas posséder des
compétences hautement spécialisées, comme le public et les administrations et
ministères qui ne s’occupent pas directement des questions relatives à la sûreté
et à la radioprotection. Les informations relatives à l’évaluation devraient être
communiquées dans un langage technique approprié. En outre, un résumé
non technique condensant les chapitres pertinents des rapports plus techniques
et présentant les principales conclusions de l’évaluation pourrait être utile à
certaines parties intéressées.

4.25. La communication des résultats est aussi importante que la réalisation


d’une étude d’impact radiologique sur l’environnement techniquement solide.
Afin de replacer les résultats dans une perspective appropriée, des informations
essentielles sur les effets des rayonnements et les aspects liés à la sûreté de la
conception, de l’exploitation, de l’entretien et de la surveillance des installations

28
et activités devraient être incluses, ainsi que les résultats spécifiques de
l’évaluation.

4.26. Lorsque les résultats d’une évaluation indiquent que les informations sont
pertinentes au-delà des frontières nationales, ces informations devraient être
partagées avec les États concernés. L’État dans lequel l’installation ou activité
est située devrait organiser avec les États concernés les moyens d’échange
d’informations et de consultation, le cas échéant.

4.27. Les informations servant de base pour l’évaluation de l’impact radiologique


sur l’environnement devraient, dans la mesure du possible, être mises à la
disposition de toutes les parties intéressées, afin de promouvoir la transparence
et d’instaurer la confiance. Cependant, certaines informations pourraient avoir
des incidences sur le plan commercial ou des conséquences pour la sûreté et
la sécurité nucléaires (p. ex. des plans de l’aménagement de l’installation, des
informations sur les séquences d’accidents de l’usine). Ces informations ne
devraient être mises à la disposition que de l’organisme de réglementation et
d’autres organismes publics et devraient être traitées de manière confidentielle.
En principe, le gouvernement, en consultation avec l’organisme national
de réglementation et d’autres organisations nationales compétentes, devrait
déterminer quelles sont les informations qui peuvent être mises à la disposition
du public. La raison de la restriction d’accès à certaines informations sensibles
devrait être clairement expliquée de manière à permettre aux parties intéressées
de ne pas percevoir cette restriction comme une dissimulation d’informations
pertinentes au regard de l’estimation et la compréhension des risques radiologique
pour les personnes et l’environnement. Les organismes publics remplissant des
fonctions liées à la sûreté et à la sécurité nucléaires devraient continuer de veiller
à ce que le bien-fondé technique de toute information restreinte serve de base à
l’évaluation.

5. MÉTHODE D’ÉVALUATION PROSPECTIVE DE


L’IMPACT RADIOLOGIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT

CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES

5.1. On trouvera dans la présente section une méthode d’évaluation de l’impact


radiologique sur le public résultant des expositions attendues en fonctionnement
normal des installations et activités et des expositions potentielles dues à des

29
scénarios d’accident ainsi qu’une réponse à la question de savoir si la protection
de l’environnement peut être prise en compte dans l’évaluation et de quelle
manière elle peut l’être.

5.2. L’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement décrite


dans le présent guide de sûreté se voulant prospective, il faudra se fonder sur
une modélisation mathématique pour évaluer, par exemple, la dispersion des
radionucléides dans l’environnement, le transfert des radionucléides à travers
les milieux de l’environnement16, l’absorption des radionucléides par les êtres
humains et le biote dans la chaîne alimentaire humaine et, enfin, les doses de
rayonnements à l’homme résultant d’expositions externes et internes. Les
modèles devraient être adaptés à la situation dans laquelle ils sont appliqués et
devraient être vérifiés17. Les hypothèses du modèle et les choix des paramètres
devraient être décrits de manière suffisamment détaillée et devraient être
référencés pour être transparents et permettre une vérification indépendante.

5.3. Lorsque cela est possible, les modèles retenus devraient être validés
en comparant les résultats des calculs effectués à l’aide des modèles avec les
données réelles résultant des mesures pour des scénarios d’exposition analogues
ou, si cela n’est pas possible, dans le cadre de procédures de référenciation par
rapport à d’autres modèles adéquats. Les programmes de contrôle radiologique
de l’environnement pendant la phase opérationnelle d’une installation ou activité
peuvent être utilisés non seulement pour s’assurer du respect des limites de rejet et
des limites de dose, mais aussi pour confirmer que les modèles environnementaux
utilisés dans l’évaluation prospective étaient adéquats.

5.4. Il est possible d’employer différentes méthodes, notamment différents


outils de calcul et différentes données d’entrée, pour effectuer une évaluation
de l’impact radiologique sur l’environnement. On trouvera des informations
sur les méthodes génériques prudentes dans la réf. [10]. Le demandeur devrait
déterminer le niveau de complexité et de détail des méthodes proposées, en

16
Les milieux environnementaux sont, par exemple, l’air, l’eau, les sédiments et le biote.
17
Il existe un certain nombre de modèles « de pointe » applicables à l’évaluation de
l’impact radiologique sur l’environnement qui ont été mis au point et utilisés par différents États
et, dans certains cas, fournis par des sociétés commerciales. L’AIEA exécute régulièrement des
projets internationaux pour la validation des modèles et des données, dans le cadre desquels
certains de ces modèles sont utilisés dans des tests et pour l’étalonnage. On trouvera dans la réf.
[38] des informations sur les modèles appliqués dans le cadre du programme de modélisation
de l’environnement pour la sûreté radiologique (EMRAS) de l’AIEA ; des rapports sur les
modèles appliqués dans le cadre des programmes EMRAS II et Modélisation et données pour
les évaluations de l’impact radiologique (MODARIA) sont en préparation.

30
fonction des caractéristiques de l’installation ou activité et de l’emplacement
(voir le tableau 1). Le demandeur est chargé de sélectionner les méthodes les
plus appropriées, conformément aux orientations fournies par l’organisme de
réglementation. L’organisme national de réglementation devrait déterminer, en
concertation avec le demandeur et les autres parties intéressées, la méthode la
mieux adaptée pour effectuer une évaluation particulière et devrait convenir que
la méthode adoptée est adéquate pour l’objectif proposé.

5.5. L’un des éléments à prendre en considération lors du choix des méthodes
d’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement est l’équilibre entre
le niveau d’effort réalisable et le niveau de détail requis. Par exemple, pour
une installation ou activité dont les niveaux de rejets sont faibles, entraînant
des doses proches des critères d’exemption, et dont le risque d’accident ayant
des conséquences pour le public et l’environnement est faible, il ne serait
généralement pas nécessaire d’employer des méthodes détaillées. Pour ces types
d’installations ou activités, l’organisme de réglementation, les vendeurs ou les
associations professionnelles peuvent élaborer des orientations génériques
définissant des méthodes simples et prudentes que les demandeurs peuvent
employer pour leurs évaluations. Ces méthodes devraient être adaptées à la tâche
et tenir compte de manière appropriée de tous les aspects liés au transfert dans
l’environnement, tels que la bioaccumulation.

5.6. Pour les installations pour lesquelles des évaluations complexes sont
justifiées, le niveau de détail des modèles et les données utilisées pour l’évaluation
peuvent évoluer au cours du processus décisionnel à l’échelon gouvernemental
ou du processus d’autorisation.

ÉVALUATION DE LA PROTECTION DU PUBLIC EN


FONCTIONNEMENT NORMAL

5.7. Les installations et activités qui utilisent ou traitent des sources ou des
matières radioactives sont conçues, construites, mises en service, exploitées
ou conduites, maintenues en état et déclassées et sont réglementées à toutes
ces étapes, afin de prévenir ou de réduire au minimum les rejets de matières
radioactives dans l’environnement. Toutefois, de très faibles quantités de résidus
de radionucléides peuvent être trouvées dans certains des effluents gazeux ou
liquides résultant du fonctionnement normal. En raison des volumes importants, il
pourrait être techniquement difficile d’entreposer toutes ces matières résiduelles
sur le site et, compte tenu des faibles concentrations d’activité, le coût d’un
tel entreposage serait probablement excessif et injustifié du point de vue de la

31
protection contre les rayonnements. Dans certains cas, une installation ou activité
peut également être à l’origine d’une exposition à une irradiation directe. Afin
de contrôler les doses au public, conformément aux prescriptions de sûreté de
la publication n° GSR Part 3 [1], il conviendrait de procéder à une évaluation
prospective de la dose qui pourrait être reçue par les personnes du public du fait
des rejets gazeux et liquides et de l’irradiation directe, et de comparer les résultats
à des critères définis.

Approche de l’évaluation

5.8. L’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement pour le public en


fonctionnement normal utilise des estimations de la dose au public due aux rejets
résultant du fonctionnement de l’installation ou de la conduite de l’activité. La
figure 2 résume les composantes d’une telle évaluation. D’une manière générale,

Sélection du terme source

Modélisation de l’irradiation
directe, de la dispersion et du
transfert dans l’environnement

Identification des voies d’exposition

Identification de la personne représentative


pour le fonctionnement normal

Évaluation de la dose à la
personne représentative

Comparaison des doses estimées avec


les contraintes et limites de dose

FIG. 2. Composantes d’une évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement pour


la protection du public en fonctionnement normal (cette figure n’est pas censée être une
procédure détaillée étape par étape et est présentée pour illustrer les éléments de l’évaluation
et faciliter sa description).

32
le premier élément de l’évaluation devrait consister à caractériser la source
de rayonnement par rapport à l’exposition du public. Ensuite, il conviendrait
d’examiner la dispersion dans l’environnement et le transfert des radionucléides
dans les milieux de l’environnement pertinents au regard des voies d’exposition
identifiées et de l’emplacement. Les concentrations d’activité estimées dans un
certain nombre de milieux environnementaux devraient ensuite être combinées
avec des données pertinentes sur les habitudes et conditions de vie (par exemple,
les taux de respiration, la consommation d’eau, la consommation alimentaire)
et les facteurs liés à la profession dans le temps (par exemple, le temps passé
dans un lieu particulier ou à l’intérieur ou à l’extérieur des bâtiments) pour
calculer l’incorporation de radionucléides (exposition interne) ou l’irradiation
externe (exposition externe) pour la personne représentative18. L’incorporation de
radionucléides et l’irradiation externe devraient être combinées avec des données
dosimétriques pour calculer les doses à la personne représentative, afin de les
comparer aux critères pertinents (par exemple, les contraintes de dose). Les
différentes composantes de l’évaluation présentée à la figure 2 sont décrites aux
paragraphes 5.9 à 5.42.

Sélection du terme source

5.9. Le terme source sélectionné pour une évaluation de l’impact radiologique


sur l’environnement devrait être représentatif du type d’installation ou activité
évalué. La composition et la quantité de radionucléides pertinents, du point de
vue de la radioprotection, devraient être sélectionnées, de même que la voie
d’évacuation et les propriétés physiques (c’est-à-dire gaz, aérosol ou liquide)
et chimiques pertinentes au regard des transferts environnementaux et de la
dosimétrie des radionucléides. Les rejets dans l’atmosphère et dans le milieu
aquatique ainsi que l’irradiation directe devraient être examinés séparément, le
cas échéant.

5.10. Dans certains cas, par exemple une évaluation de l’impact radiologique
sur l’environnement pour un processus décisionnel à l’échelon gouvernemental
ou les étapes initiales d’un processus d’autorisation, il serait possible d’utiliser
un terme source générique pour l’installation ou activité proposée, fondé sur des
estimations préliminaires, des données publiées ou des données d’expérience
provenant d’installations ou activités similaires. On trouvera des informations
sur les termes sources génériques pour le fonctionnement normal des centrales
nucléaires et d’autres installations et activités dans les rapports publiés par

18
Le concept et les caractéristiques de la personne représentative pour un fonctionnement
normal sont exposés aux paragraphes 5.32 à 5.35.

33
le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements
ionisants [39, 40]. Plus tard, lorsque l’on en saura plus sur la conception et
le fonctionnement de l’installation ou activité, le terme source devrait être
caractérisé avec plus de précision au moyen d’une analyse technique appropriée.

5.11. La quantité totale des rejets pour chaque radionucléide devrait être
intégrée au cours de la période requise par l’organisme de réglementation ;
les rejets sont généralement exprimés en termes d’activité libérée par année
d’exploitation. Pour la plupart des installations et activités, une évaluation de
l’impact radiologique sur l’environnement part généralement du principe que les
rejets sont continus et constants pendant la durée de vie utile, par exemple 30
à 50 ans. Cette hypothèse n’est pas toujours valable, car il faut s’attendre à des
variations importantes des rejets sur une courte période ; par exemple, dans le
cas de schémas de rejets pulsés provenant d’installations ou activités, tels que les
rejets de 131I dans le réseau d’égouts des hôpitaux et les rejets des installations
de retraitement et de traitement des matières, qui fonctionnent généralement par
lots. Si les effets de ces schémas de rejets pulsés sont importants, ils devraient
être pris en considération dans l’évaluation. Il conviendrait également de tenir
compte du fait que les rejets dans l’environnement pourraient continuer après
l’arrêt de l’exploitation en raison de la présence de radionucléides résiduels dans
l’installation.

Modélisation de l’irradiation directe, de la dispersion et du transfert dans


l’environnement

5.12. L’irradiation gamma directe provenant de l’installation ou activité et, dans


certains cas, les rayons gamma diffusés dans le ciel (effet de ciel), qui peuvent
contribuer à l’exposition externe du public se trouvant à proximité immédiate,
devraient être inclus dans l’évaluation et, s’il y a lieu, devraient être estimés à
l’aide de modèles ou de données d’expérience provenant d’installations ou
activités similaires (par exemple, les résultats des programmes de surveillance).
Pour les installations et activités utilisant uniquement des sources radioactives
scellées ou des générateurs de rayonnements, une telle irradiation directe
pourrait être la seule source de rayonnements ou la source la plus importante de
rayonnements pour déterminer l’exposition du public. Pour d’autres installations
et activités, l’irradiation directe pourrait contribuer à la dose externe au public se
trouvant à proximité immédiate de l’installation.

5.13. Divers modèles et données sont nécessaires pour prévoir la dispersion


et le transfert des radionucléides dans les milieux environnementaux et vers
la personne représentative. Les processus les plus pertinents au regard de

34
l’estimation de la dose devraient être identifiés et un modèle conceptuel devrait
être élaboré sous la forme d’une représentation qui prend en considération les
éléments ou composantes clefs d’un système complexe, tel que le comportement
des radionucléides rejetés dans l’environnement. Le modèle conceptuel devrait
représenter les voies de dispersion et de transfert pertinentes identifiées.

5.14. Les concentrations d’activité dans les compartiments de l’environnement


(p. ex. l’air, les sédiments, le sol, l’eau, le biote) résultant des rejets postulés
de matières radioactives devraient être estimées au moyen de modèles
mathématiques. Des modèles mathématiques permettant d’évaluer la dispersion
et les transferts de radionucléides à différents niveaux de complexité ont été mis
au point et sont décrits dans la réf. [10].

5.15. Il existe deux méthodes possibles pour utiliser les modèles et les données
en vue de l’évaluation, à savoir a) une méthode générique et plus simple,
qui tient compte de la dilution, de la dispersion et du transfert de matières
radioactives dans l’environnement, assortie d’hypothèses prudentes, et b) une
méthode spécifique et plus détaillée utilisant partiellement ou totalement des
données propres au site pour estimer les concentrations d’activité dans différents
milieux environnementaux, assorties d’hypothèses plus réalistes. Dans certaines
situations, une combinaison de modèles génériques et de données propres au
site pourrait également être appropriée pour l’évaluation. Dans tous les cas, les
modèles sélectionnés devraient permettre d’estimer la distribution spatiale et la
variation dans le temps des concentrations d’activité dans l’environnement. La
complexité du modèle utilisé devrait être proportionnelle au niveau probable
d’impact environnemental de l’installation ou activité et devait être proposée et
justifiée par le demandeur et agréée par l’organisme de réglementation.

5.16. Les modèles sélectionnés devraient être à même de simuler la dispersion,


la dilution, le transfert et l’accumulation des radionucléides, ainsi que leur
décroissance ou d’autres mécanismes d’élimination, le cas échéant, en tenant
compte des caractéristiques des rejets attendus lorsque l’installation ou activité
fonctionne normalement. Il s’agit notamment des processus suivants :

a) La dispersion atmosphérique des radionucléides ;


b) Le dépôt des radionucléides présents dans l’atmosphère sur le sol ou
d’autres surfaces et la remise en suspension ultérieure des radionucléides ;
c) La dispersion aquatique des radionucléides dans les eaux de surface (eaux
douces, saumâtres ou marines) et les eaux souterraines ;
d) L’accumulation et la remobilisation ultérieure des radionucléides dans les
sédiments aquatiques ;

35
e) Le transfert des radionucléides vers les plantes et les animaux de la chaîne
alimentaire humaine et leur accumulation dans les plantes et les animaux de
la chaîne alimentaire humaine.

5.17. Les modèles utilisés pour estimer les concentrations d’activité dans les
milieux naturels devraient tenir compte des propriétés physico-chimiques
des rejets. Par exemple, il conviendrait d’estimer la hauteur de rejet effective,
les effets des bâtiments voisins sur la dispersion des effluents ou les effets de
la bathymétrie locale (pour les masses d’eau). Les mécanismes d’élimination
ou d’accumulation, tels que la décroissance des radionucléides parents et
la croissance des descendants radioactifs, les dépôts humides et secs et la
sédimentation devraient également être pris en compte.

5.18. Pour les installations ou activités nécessitant des évaluations simples,


les données sur les conditions météorologiques et hydrologiques utilisées pour
alimenter les modèles pourraient être de nature générique et fondées sur des
données publiées ou des relevés nationaux. Les conditions météorologiques
et hydrologiques utilisées pour des évaluations plus complexes devraient
être appropriées et propres au site en question et devraient de préférence être
exprimées en moyennes calculées sur plusieurs années de données (au moins
trois à cinq ans). Ces données peuvent être disponibles pour le site lui-même
ou être obtenues auprès de stations météorologiques ou hydrologiques situées à
proximité.

5.19. En général, il est possible d’utiliser des modèles de dispersion atmosphérique


de type gaussien [10], en particulier lorsque les caractéristiques géographiques
des sites considérés permettent de supposer des scénarios de dispersion simples
(par exemple dans le cas d’un terrain relativement plat) et que les personnes ayant
le plus de risques de recevoir les doses les plus élevées vivent ou sont supposées
vivre dans un rayon de 10 ou 20 km autour du point de rejet. Cependant, pour
des conditions de dispersion plus complexes, par exemple des installations
situées à proximité de régions montagneuses ou de zones où des circulations
atmosphériques locales complexes sont attendues, il faudra peut-être utiliser
des modèles de dispersion plus complexes. En tout état de cause, les prévisions
devraient être fondées sur des hypothèses réalistes dans la mesure du possible
et sur des hypothèses prudentes lorsque les incertitudes ou la variabilité des
données empêchent l’application de ces hypothèses réalistes. Si l’emplacement
de l’installation est défini au moment de l’évaluation, les hypothèses devraient
tenir compte des conditions propres au site. Si l’emplacement de l’installation
n’est pas encore défini, il conviendrait d’utiliser des informations génériques au
niveau régional jusqu’à ce que l’on ait plus de détails sur l’emplacement exact.

36
5.20. Les radionucléides peuvent être rejetés en eau douce, dans les estuaires
ou en mer. Les radionucléides rejetés dans les masses d’eau sont dispersés ou
concentrés par des processus environnementaux tels que le mouvement de l’eau
et la sédimentation. Tout dépend des caractéristiques locales du milieu aquatique
et il n’est donc pas possible de disposer d’un modèle totalement générique pour
les rejets en milieu aquatique. Par exemple, les informations utilisées dans la
modélisation de la dispersion aquatique par une rivière devraient comprendre
au moins les dimensions de la rivière et son débit [10]. Les modèles devraient
permettre d’estimer les concentrations d’activité dans la colonne d’eau et
dans les sédiments. Ces estimations permettent de calculer les concentrations
d’activité dans les aliments aquatiques, tels que les poissons, les mollusques
et les crustacés, selon le cas, ainsi que l’irradiation externe due aux sédiments
présents sur le littoral ou sur les rives des rivières.

5.21. Pour certaines installations et activités, il peut y avoir des rejets d’effluents
liquides radioactifs dans le réseau d’égouts, les eaux usées étant ensuite
acheminées vers des stations d’épuration. Lors de l’évaluation des doses dues à ces
rejets, les modèles devraient permettre d’estimer le transfert des radionucléides
à travers le réseau d’égouts et leur rejet ultérieur dans l’environnement (p. ex.
à l’aide de modèles compartimentaux19). Les radionucléides pourraient être
rejetés avec les effluents traités dans les rivières ou les eaux côtières, auquel cas
il conviendrait d’utiliser les modèles présentant les caractéristiques indiquées au
paragraphe 5.20. En outre, les radionucléides peuvent être associés aux boues
d’épuration, qui sont gérées de diverses manières, y compris leur réutilisation
comme régénérateur du sol et engrais sur les terres agricoles, leur traitement ou
leur évacuation par incinération ou leur transfert vers une décharge accueillant
les déchets municipaux. Il conviendrait d’utiliser des modèles adéquats pour
estimer le transfert des radionucléides présents dans les boues d’épuration vers
les chaînes alimentaires terrestres et dans l’atmosphère à la suite de la remise
en suspension, le cas échéant. Il peut également être nécessaire d’évaluer
l’exposition des travailleurs jouant un rôle dans le fonctionnement des systèmes
d’assainissement et des stations d’épuration.

5.22. Lorsque les radionucléides sont rejetés en continu, ils s’accumulent


dans l’environnement jusqu’au point où l’on peut supposer que les conditions
d’équilibre sont réunies. Les estimations de doses devraient être calculées pour
le moment où l’on s’attend à la plus forte exposition aux rayonnements. Les

19
Les modèles compartimentaux sont des modèles utilisés pour représenter les différents
processus de transfert entre les compartiments d’un système, chaque compartiment étant
supposé être une entité homogène.

37
concentrations d’activité dans les milieux environnementaux qui sont utilisées
pour estimer les doses devraient être représentatives des conditions dans
lesquelles on peut supposer que l’accumulation est maximale. Par exemple, si une
installation est censée être opérationnelle pendant 30 ou 40 ans, la dose devrait
être évaluée pour la 30e ou la 40e année afin de tenir compte de l’accumulation
maximale dans l’environnement. Pour les installations ou activités qui rejettent
des radionucléides à longue période, les expositions maximales peuvent se
produire bien après l’arrêt de l’exploitation, par exemple en raison des processus
de migration lente des radionucléides dans l’environnement au-delà de la période
d’exploitation. L’évaluation devrait tenir compte de cette possibilité.

5.23. Il conviendrait de tenir compte de la contribution à la dose provenant des


produits de filiation radioactifs dans les chaînes de désintégration radioactive.
Dans certains cas, les produits de filiation peuvent avoir une plus grande
importance radiologique que le radionucléide précurseur, et il importe donc de
prendre en considération la croissance de ces produits de filiation. La famille
radioactive de l’uranium et le 241Pu, qui se désintègre en 241Am, sont des exemples
de produits de filiation dont l’importance radiologique est plus grande que leurs
radionucléides précurseurs. Les hypothèses et les approches utilisées pour traiter
les produits de filiation radioactifs, y compris l’exclusion des produits de filiation
de l’examen, le cas échéant, devraient être justifiées.

5.24. Le transfert des radionucléides présents dans les milieux environnementaux


vers les plantes et les animaux de la chaîne alimentaire humaine devrait être
estimé à l’aide de paramètres de transfert génériques, tels que les facteurs
de transfert pour les aliments dans les écosystèmes terrestres, marins et
dulçaquicoles fournis dans les références [10-12]. S’il est nécessaire d’affiner
l’évaluation, par exemple, lorsque les doses initialement estimées à l’aide de
facteurs de transfert génériques sont supérieures ou proches des critères de
dose sélectionnés, l’utilisation de facteurs de transfert fondés sur des mesures
propres au site peut s’avérer nécessaire ; toutefois, il se peut que ces facteurs de
transfert fondés sur des mesures propres au site soient difficiles à obtenir pour
une évaluation prospective. L’organisme de réglementation devrait décider si
des données propres au site fondées sur des mesures devraient être utilisées dans
une évaluation. Les incertitudes dans les paramètres de transfert résultant d’un
manque de données propres au site peuvent être compensées par l’utilisation de
données génériques avec des hypothèses prudentes, bien que ces hypothèses ne
devraient pas être grossièrement pessimistes.

5.25. Pour les installations nécessitant une évaluation complexe, une estimation
préliminaire de la dispersion et du transfert dans l’environnement lors des étapes

38
initiales d’une procédure d’autorisation peut être réalisée à l’aide de modèles
prudents simples et de données météorologiques et hydrologiques génériques
pour la région (p. ex. à partir de données publiées ou de relevés provenant des
stations météorologiques ou hydrologiques les plus proches, qui peuvent parfois
être situées à des dizaines, voire à quelques centaines de kilomètres des sites).
Aux stades ultérieurs du processus d’autorisation, il conviendrait d’utiliser les
données météorologiques et hydrologiques provenant de mesures effectuées sur
le site ou à proximité immédiate de l’emplacement de l’installation, à mesure
qu’elles deviendront disponibles. Ces mesures locales sont généralement
effectuées lors des étapes de l’étude de site et de la construction. On trouvera
les prescriptions et les recommandations sur le type et le détail des données qui
devraient être disponibles aux stades ultérieurs de la procédure d’autorisation
dans la publication intitulée Évaluation des sites d’installations nucléaires
[n° NS-R-3 (Rev. 1) de la collection Normes de sûreté de l’AIEA] [41] ; dans la
publication intitulée Meteorological and Hydrological Hazards in Site Evaluation
for Nuclear Installations (IAEA Safety Standards Series No. SSG-18) [42] et
dans la publication intitulée Dispersion of Radioactive Material in Air and Water
and Consideration of Population Distribution in Site Evaluation for Nuclear
Power Plants (IAEA Safety Standards Series No. NS-G-3.2) [43].

Identification des voies d’exposition

5.26. Les doses devraient être calculées pour un certain nombre de voies
d’exposition considérées comme pertinentes pour les rejets dans l’environnement
dans certains scénarios. Les voies d’exposition possibles, tant pour l’exposition
interne que pour l’exposition externe, qui pourraient être envisagées sont
indiquées dans les paragraphes suivants.

5.27. Les voies d’exposition possibles pour les rejets de radionucléides dans
l’atmosphère et les eaux de surface en fonctionnement normal (en règle générale,
pour les installations nucléaires telles que les centrales nucléaires) sont, par
exemple, les suivantes :

a) L’inhalation de matières en suspension dans l’air dans un panache


atmosphérique (gaz, vapeurs, aérosols) ;
b) L’inhalation de matières remises en suspension ;
c) L’ingestion de cultures ;
d) L’ingestion de produits alimentaires d’origine animale (lait, viande, œufs) ;
e) L’ingestion d’eau potable ;
f) L’ingestion d’aliments aquatiques (poissons d’eau douce ou d’eau de mer,
crustacés, mollusques) ;

39
g) L’ingestion de produits alimentaires issus de la forêt (champignons
sauvages, baies sauvages, gibier) ;
h) L’ingestion de lait maternel ou d’aliments préparés localement pour les
nourrissons ;
i) L’ingestion involontaire de sol et de sédiments ;
j) L’exposition externe aux radionucléides présents dans un panache
atmosphérique (rayonnement du nuage) ;
k) L’exposition externe aux radionucléides déposés sur le sol (rayonnement du
sol) et sur les surfaces ;
l) L’exposition externe aux radionucléides présents dans l’eau et les sédiments
(c’est-à-dire lors d’activités sur le littoral, de la baignade et de la pêche).

5.28. Les voies d’exposition possibles pour les rejets dans le réseau d’égouts en
fonctionnement normal (en règle générale, pour les hôpitaux dotés de services de
médecine nucléaire) sont les suivantes :

a) L’inhalation de boues d’épuration séchées remises en suspension ;


b) L’exposition externe aux radionucléides présents dans les boues d’épuration
séchées ou humides ;
c) L’ingestion d’aliments touchés par l’utilisation de boues d’épuration
traitées à des fins agricoles.

5.29. Pour certaines installations ou activités, les sources de rayonnement


pourraient contribuer aux doses externes reçues par les personnes du public
vivant à proximité immédiate de l’installation20. Les autres voies d’exposition
dont il faut tenir compte sont les suivantes :

a) L’exposition externe due à une irradiation directe à partir de sources de


rayonnement entreposées dans l’installation (par exemple, le combustible
usé ou les déchets radioactifs) ;
b) L’exposition externe due à l’irradiation directe à partir de sources utilisées
dans l’installation (par exemple, des irradiateurs industriels) ;
c) L’exposition externe due à une irradiation directe provenant de l’installation
(par exemple, des composants nucléaires ou radioactifs de l’installation ou

20
Les travailleurs exposés à des rayonnements émis par des sources qui ne sont pas
directement liées à leur travail doivent bénéficier du même niveau de protection que les personnes
du public (voir le paragraphe 3.78 de la publication GSR no Part 3 [1]). Par conséquent, aux fins
de l’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement, ces travailleurs sur le site sont
considérés comme des personnes du public.

40
des composants secondaires tels que les déchets entreposés, les systèmes de
refroidissement ou les systèmes de vapeur).

5.30. En fonction des scénarios d’exposition et des caractéristiques du site,


il ne sera peut-être pas nécessaire d’inclure dans l’évaluation toutes les voies
d’exposition énumérées dans les paragraphes ci-dessus. Dans certains cas,
des voies supplémentaires peuvent être identifiées. La contribution d’une voie
d’exposition à la dose globale dépend des radionucléides concernés, des données
sur les habitudes de vie, du temps passé à un emplacement donné et d’autres
caractéristiques de la population considérée. Par conséquent, certaines voies
d’exposition peuvent être exclues de l’évaluation au motif que les doses qui leur
sont associées sont jugées inexistantes ou négligeables. La décision d’exclure
certaines voies d’exposition devrait être justifiée.

5.31. Dans certaines circonstances, il peut être possible d’utiliser des valeurs
génériques pour calculer les doses par ingestion pour des catégories très générales
d’aliments uniquement. Par exemple, les doses ne peuvent généralement être
calculées que pour l’ingestion de cultures, sans qu’il soit possible de préciser
quels types de cultures sont susceptibles d’être consommés. Toutefois, si des
enquêtes ont été réalisées à proximité du site, il peut être judicieux d’utiliser des
valeurs propres au site pour ce qui est effectivement cultivé dans la région.

Identification de la personne représentative pour le fonctionnement normal

5.32. La dose à la personne représentative21 devrait être calculée à l’aide de


caractéristiques choisies dans un groupe de personnes représentatives des
personnes les plus exposées de la population. La publication 101 de la CIPR [44]
donne des indications sur les caractéristiques de la personne représentative.

5.33. Les caractéristiques de la personne représentative devraient être précisées


par le demandeur conformément à la réglementation nationale et en accord avec

21
La notion de personne représentative est définie par la CIPR à des fins de radioprotection.
Dans la publication no GSR Part 3 [1], une personne représentative est définie comme une
« [p]ersonne recevant une dose qui est représentative des doses aux personnes les plus exposées
au sein de la population ». La personne représentative n’est pas un membre réel de la population,
mais plutôt une personne de référence définie à l’aide de modèles dosimétriques et de données
sur les habitudes de vie qui caractérisent les personnes les plus exposées, et elle est utilisée
dans les déterminations de la conformité ou dans les évaluations prospectives. La personne
représentative à laquelle faire appel aux fins de l’évaluation et du contrôle des expositions
dues aux rejets en fonctionnement normal est définie dans la législation ou la réglementation
nationale de certains États.

41
l’organisme de réglementation. Par exemple, l’organisme de réglementation peut
exiger l’utilisation de données plus détaillées sur les habitudes de vie et propres
au site pour les évaluations réalisées pour certains types d’installations ou à des
stades ultérieurs du processus d’autorisation.

5.34. Les données sur les habitudes de vie de la personne représentative


devraient représenter les habitudes typiques de la population vivant dans la
région où l’installation est située ou dans l’ensemble de l’État. Les données
sur les habitudes de vie utilisées dans une évaluation peuvent être obtenues à
partir de statistiques recueillies au niveau national, régional ou international ou,
si possible, à partir d’enquêtes menées sur l’emplacement ou à proximité de
l’emplacement où l’installation sera exploitée. Les données sur les habitudes
de vie sont notamment les taux de consommation d’aliments et d’eau potable et
les taux d’inhalation. Les caractéristiques importantes lors de l’évaluation des
doses à la personne représentative sont le lieu supposé où se trouve la personne
représentative (par exemple, sa distance et sa direction par rapport au point de
rejet des radionucléides). Il est également important de connaître l’endroit où la
personne représentative se procure de la nourriture, la fraction de la nourriture
consommée qui est d’origine locale ou régionale, les durées d’occupation des
différents lieux et les fractions de temps passé à l’extérieur et à l’intérieur. Le lieu
où habite la personne représentative peut être basé sur une personne ou un groupe
de personnes réelles, ou sur une personne ou un groupe de personnes supposées
vivre à un endroit sélectionné sur la base d’hypothèses prudentes (par exemple,
à proximité de la clôture ou dans une région où l’on peut s’attendre à ce que le
dépôt de radionucléides dans le sol soit le plus élevé).

5.35. Il convient de tenir compte des facteurs qui réduisent le niveau d’exposition
aux rayonnements là où les gens vivent, tels que le degré de blindage ou de
filtrage offert par les bâtiments supposés habités.

Évaluation de la dose à la personne représentative

5.36. L’évaluation de l’impact radiologique sur le public devrait être estimée


en utilisant la dose efficace individuelle à la personne représentative, qui est la
somme de la dose efficace engagée résultant de l’incorporation de radionucléides22

22
La « dose engagée » est la dose-vie qui devrait résulter d’une incorporation. On
trouvera des informations supplémentaires dans les orientations antérieures de l’AIEA
intitulées : INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Principles for Limiting Releases
of Radioactive Effluents into the Environment, IAEA Safety Series No. 77, IAEA, Vienna
(1986).

42
(c’est-à-dire de l’exposition interne par ingestion et inhalation) et de la dose
efficace résultant de l’exposition externe [1, 3]. Les doses par exposition interne
sont calculées à l’aide de coefficients de dose résultant de l’incorporation de
radionucléides par ingestion et inhalation, qui fournissent la dose efficace
engagée par unité d’activité d’incorporation, exprimée en sieverts par becquerel
(Sv/Bq). Les valeurs tabulées des coefficients de dose applicables aux personnes
du public sont disponibles dans un certain nombre de publications [1, 45]. La
période d’engagement présumée par la CIPR pour calculer les coefficients de
dose présentés dans les références [1, 45] est de 50 ans pour les incorporations
par les adultes et de 70 ans pour les incorporations par les enfants. Il existe des
modèles standard pour calculer la dose effective résultant de l’exposition externe,
ainsi que des compilations de coefficients de dose [1, 46].

5.37. Des coefficients de dose pour l’exposition interne sont fournis pour
différents groupes d’âge [1, 45]. S’il existe des circonstances susceptibles
d’entraîner une exposition plus importante d’un groupe d’âge particulier,
ce groupe d’âge devrait alors être pris en considération dans l’évaluation.
L’application de coefficients de dose différents pour des groupes d’âge différents
devrait être évaluée en fonction de la capacité de prévoir les concentrations
de radionucléides dans l’environnement à partir d’une source et de la capacité
de tenir compte des incertitudes dans les données sur les habitudes de vie des
personnes exposées. Les incertitudes dans les estimations de dose, en particulier
pour les calculs prospectifs, ne sont généralement pas réduites de manière
notable en augmentant le nombre de groupes d’âge pour lesquels des coefficients
de dose sont fournis [44]. La spécification des groupes d’âge devrait être basée
sur les scénarios d’exposition pour l’installation et l’activité sur le site considéré.
Le calcul des doses pour deux à quatre groupes d’âge devrait suffire dans la
plupart des cas (par exemple, nourrissons de 1 an, enfants de 10 ans, adultes).
Les expositions de l’embryon ou du fœtus et des nourrissons allaités peuvent
devoir être examinées séparément, en particulier en cas de rejets d’iode radioactif
importants.

Comparaison des doses estimées avec les contraintes et les limites de dose

5.38. À des fins de comparaison avec les estimations de dose, le gouvernement


ou l’organisme de réglementation est tenu d’établir ou d’approuver une contrainte
de dose inférieure à la limite de dose pour les personnes du public [1]. La
publication n° GSG-8 [7] donne des indications sur la définition et l’utilisation
des contraintes de dose pour la protection des personnes du public dans des
situations d’exposition planifiée.

43
5.39. La publication n° GSR Part 3 [1] prévoit que la limite de dose efficace
annuelle soit fixée à 1 mSv pour les personnes du public dans des situations
d’exposition planifiée. Dans des circonstances particulières, une dose efficace
plus élevée pourrait être autorisée en une seule année, à condition que la dose
efficace moyenne sur cinq années consécutives ne dépasse pas 1 mSv. Les
contraintes de dose devraient être choisies pour se situer dans une fourchette
de 0,1 à <1 mSv par an et pourraient être différentes selon les installations, les
activités ou les scénarios d’exposition [7]. Le gouvernement ou l’organisme de
réglementation peut définir une valeur générique pour la contrainte de dose pour
certains types d’installations ou activités et une contrainte de dose spécifique
(supérieure ou inférieure à la contrainte générique) pour un cas particulier [9].

5.40. Étant donné que les contraintes de dose se rapportent à une source unique,
l’organisme de réglementation, lorsqu’il fixe la contrainte de dose spécifique
pour une installation ou activité, devrait tenir compte de la contribution possible
à la dose à la personne représentative d’autres installations ou activités situées à
proximité ou sur le même site.

5.41. Dans le cadre d’un processus décisionnel à l’échelon gouvernemental ou


à un stade précoce d’un processus d’autorisation, une valeur générique d’une
contrainte de dose pour différents types d’installations ou activités (par exemple
pour les installations du cycle du combustible nucléaire) [7, 9] pourrait être
utilisée à des fins de comparaison avec les résultats de l’évaluation initiale de
l’impact radiologique sur l’environnement. Ensuite, les résultats de l’évaluation
de l’impact radiologique sur l’environnement devraient être comparés à la
contrainte de dose spécifique pour l’installation ou activité considérée, définie
par l’organisme de réglementation.

5.42. Lors de l’examen des impacts transfrontières, les critères utilisés pour
l’évaluation du niveau de protection dans d’autres États devraient être conformes
aux critères énoncés dans le présent guide de sûreté et devraient être les mêmes
que ceux qui sont utilisés pour l’État dans lequel l’installation ou activité est
située.

ÉVALUATION DE LA PROTECTION DU PUBLIC CONTRE DES


EXPOSITIONS POTENTIELLES

5.43. Les installations et activités sont conçues, construites, mises en service,


exploitées ou conduites, maintenues en état et déclassées, et sont réglementées à
toutes ces étapes, afin de prévenir les accidents et d’atténuer leurs conséquences

44
et, partant, d’éviter ou de réduire au minimum le risque de conséquences
radiologiques importantes pour le public, telles que les effets déterministes
et l’augmentation des effets stochastiques, ainsi que les effets néfastes sur
l’environnement et sur les biens [1, 2, 47, 48].

5.44. Dans le cadre de l’évaluation de la sûreté qui doit être effectuée pour
les installations et activités [1, 5], on prend pour hypothèse différents types
d’accidents afin d’identifier les dispositifs de sauvegarde et les actions
opérationnelles visant à réduire leur probabilité et en cas d’accident d’en atténuer
les conséquences. Cette évaluation de la sûreté permet d’analyser si une défense
en profondeur adéquate a été mise en place et donne un aperçu de la probabilité
de divers accidents et des termes sources potentiels (le cas échéant) pour ces
scénarios d’accident, en tenant compte des mesures de sûreté en place et de leur
efficacité. Afin d’évaluer de manière prospective les expositions potentielles des
personnes du public, conformément aux prescriptions de la publication n° GSR
Part 3 [1], des Principes fondamentaux de sûreté SF-1 [2] et de la publication
intitulée Sûreté des centrales nucléaires : conception [47] [n° SSR-2/1 (Rev. 1)
de la collection de normes de sûreté de l’AIEA], ces scénarios d’accident, avec la
probabilité qu’ils se produisent, devraient être pris en considération.

Approche de l’évaluation

5.45. L’évaluation prospective des expositions potentielles devrait utiliser les


estimations de doses aux personnes du public résultant d’accidents hypothétiques
identifiés dans le cadre de l’analyse de la sûreté ou devrait déterminer une
mesure du risque d’effets sur la santé23 sur la base de l’estimation de ces doses.
On trouvera un résumé des éléments de cette évaluation dans la figure 3. D’une
manière générale, la première phase devrait consister à identifier les scénarios
d’exposition potentiels24 sur la base de l’évaluation de la sûreté. Ensuite,
le terme source correspondant à chaque scénario d’accident, y compris les
quantités et les caractéristiques physiques et chimiques pertinentes des rejets qui
détermineront le comportement des radionucléides rejetés dans l’environnement,
devrait être pris en considération dans les modèles de dispersion et de transfert
dans l’environnement. La dispersion et le transfert dans l’environnement

23
Le concept de « mesure du risque d’effets sur la santé » dû à l’exposition aux
rayonnements résultant d’accidents postulés est expliqué plus en détail à l’annexe II.
24
Dans le présent guide de sûreté, l’expression « scénarios d’exposition potentielle »
comprend les caractéristiques de tous les événements ou séquences d’événements susceptibles
d’être à l’origine d’un accident, y compris les caractéristiques de leur terme source et, le cas
échéant, leur fréquence ou leur probabilité.

45
Identification et sélection des scénarios
d’exposition potentielle

Sélection du terme source

Modélisation de l’irradiation directe,


de la dispersion et du transfert
dans l’environnement

Identification des voies d’exposition

Identification de la personne
représentative pour
les expositions potentielles

Évaluation de la dose à la
personne représentative pour
les expositions potentielles

Comparaison des doses et risques


estimés avec les critères

FIG. 3. Composantes d’une évaluation en vue de la prise en considération des expositions


potentielles (la figure n’entend pas être une procédure détaillée étape par étape et est présentée
pour illustrer les éléments de l’évaluation et faciliter sa description).

devraient ensuite être estimés à l’aide de modèles appropriés, en tenant


compte des conditions environnementales définies, sur la base d’informations
météorologiques et hydrologiques. Les voies d’exposition pertinentes et la
personne représentative devraient ensuite être identifiées. Enfin, la dose estimée,
ou une mesure du risque d’effets sur la santé basée sur la dose estimée, devrait
être calculée et comparée aux critères établis applicables.

46
Identification et sélection des scénarios d’exposition potentielle

5.46. En ce qui concerne les installations ou activités ne comportant dès la


phase de conception qu’un très petit nombre de dispositifs de sauvegarde,
l’identification et la sélection des scénarios d’exposition potentielle nécessitent
généralement de prendre en considération des accidents fréquemment observés,
tels que les accidents industriels typiques ou des événements similaires, comme
les incendies et les déversements accidentels.

5.47. S’agissant des installations dotées de nombreux dispositifs de sauvegarde,


pour lesquelles une analyse complexe doit être effectuée afin de déterminer la
probabilité et les caractéristiques des événements susceptibles d’être à l’origine
d’expositions potentielles, il peut être nécessaire de prendre en considération
et d’analyser en détail un plus grand nombre de scénarios d’accident. Pour ces
installations, il peut être nécessaire de faire appel à des techniques complexes
d’évaluation de la sûreté, combinant des méthodes déterministes et probabilistes
et, dans certains cas, l’avis d’un d’expert.

Sélection du terme source

5.48. Les types et les quantités de radionucléides ainsi que les caractéristiques
physiques et chimiques des radionucléides rejetés lors d’un accident peuvent être
très différents de ceux qui sont rejetés en fonctionnement normal. L’estimation du
terme source caractéristique d’un accident25 devrait tenir compte des événements
ou de la séquence d’événements entraînant l’accident et des mesures de sûreté de
l’installation ou activité visant à limiter l’ampleur du terme source.

5.49. S’agissant des installations ou activités ayant des stocks réduits et un


petit nombre de dispositifs de sauvegarde, tels que les hôpitaux utilisant
des radio-isotopes en médecine, les petits laboratoires de recherche et les
applications utilisant des sources radioactives dans l’industrie, la liste des
accidents fréquemment observés, telle que décrite au paragraphe 5.46, devrait

25
Les « termes sources caractéristiques d’un accident » sont des termes sources qui
peuvent être considérés comme une représentation complète des caractéristiques de l’installation
ou activité spécifique dans des conditions accidentelles. Les termes sources d’accidents
identifiés comme caractéristiques de l’installation ou de l’activité peuvent être divisés en
différentes catégories en fonction de leur fréquence annuelle ou de leur probabilité et de leur
ampleur. Les termes sources d’accidents caractéristiques n’incluent pas nécessairement le pire
des scénarios, qui est d’ordinaire une hypothèse très prudente prévoyant des estimations de
conséquences potentielles irréalistes. Des informations complémentaires figurent à l’annexe II.

47
être évaluée à l’aide de techniques d’analyse de la sûreté prudentes ou simples
afin de déterminer les termes sources associés.

5.50. En ce qui concerne les installations nucléaires ayant d’importants stocks de


matières radioactives et des dispositifs de sauvegarde complexes, et lorsque les
caractéristiques physiques, chimiques ou nucléaires des radionucléides présents
dans l’installation peuvent entraîner un rejet important en cas d’accident, des
techniques d’analyse de la sûreté détaillées devraient toujours être appliquées
pour estimer des termes sources potentiels plus réalistes. On trouvera des
orientations supplémentaires sur l’estimation du terme source en cas d’accident
dans les références [48, 49].

5.51. Lors de l’estimation du terme source, il convient d’accorder une attention


particulière aux processus physiques et chimiques qui se produisent pendant la
séquence accidentelle, au comportement de tout dispositif de sauvegarde ou aux
effets de toute mesure d’atténuation, ainsi qu’au comportement des radionucléides
à l’intérieur de l’installation avant qu’ils ne soient rejetés dans l’environnement.
Un profil temporel du rejet devrait être fourni si nécessaire. Par exemple, en
cas d’accident dans une centrale nucléaire, des radionucléides initialement sous
forme de gaz rares peuvent être rejetés dans l’atmosphère, suivis d’abord par
des matières radioactives volatiles, puis par d’autres matières radioactives sous
forme d’aérosols ou de particules. Le profil temporel du rejet peut être élaboré en
séparant le terme source en différentes phases temporelles.

5.52. En général, le terme source devrait inclure la composition et les quantités


de radionucléides, la forme physique (par exemple, gaz, aérosol) et la forme
chimique, ainsi que le point de rejet et sa hauteur (pour un rejet atmosphérique) ou
sa profondeur sous la surface (pour un rejet aquatique). La vitesse d’écoulement
et l’énergie thermique associée au rejet peuvent également être nécessaires pour
déterminer la hauteur effective du panache radioactif.

Modélisation de l’irradiation directe, de la dispersion et du transfert dans


l’environnement

5.53. Un accident dans une installation ou au cours d’une activité peut entraîner
une perte de blindage ou un blindage inadéquat et, dans certains cas, une
exposition externe importante des personnes vivant à proximité immédiate
des locaux. En général, les grandes installations sont situées à une distance
considérable des zones d’habitation et, par conséquent, la probabilité que les
personnes du public soient exposées à une irradiation directe, même en cas
d’accident, est faible. En revanche, les installations telles que les hôpitaux ou les

48
petites zones industrielles sont généralement plus proches des zones d’habitation
ou peuvent être occupées par des personnes du public de manière transitoire, bien
que les sources de rayonnement situées dans ces installations soient plus petites.
La contribution de l’irradiation directe aux expositions potentielles des personnes
du public dues à des scénarios d’accident dans toutes les installations concernées
devrait être prise en compte et analysée à l’aide de modèles d’évaluation de
l’exposition externe.

5.54. S’agissant des installations et activités pour lesquelles des évaluations


simples et prudentes de l’impact radiologique sont justifiées, des hypothèses
prudentes sur les conditions météorologiques et hydrologiques devraient être
formulées pour servir d’éléments d’entrée pour les modèles de dispersion.
Par exemple, on peut supposer que la direction du vent est uniforme pour la
dispersion atmosphérique, que les conditions de dilution atmosphérique sont
faibles et qu’il y a des précipitations au moment de l’accident postulé. De telles
hypothèses donneraient des résultats prudents et éviteraient la nécessité d’obtenir
des données propres au site. Toutefois, les hypothèses considérées comme
prudentes pour une voie d’exposition particulière peuvent ne pas l’être pour
d’autres voies d’exposition (par exemple, pour l’inhalation, on peut supposer que
tous les rejets de l’installation ou activité vont dans l’atmosphère et qu’aucun
radionucléide n’est rejeté dans les milieux aquatiques ; toutefois, cette hypothèse
peut ne pas être prudente pour des voies telles que l’ingestion d’aliments produits
à l’aide de l’irrigation). Lorsque différentes voies sont concernées, il n’est pas
toujours facile d’identifier a priori l’hypothèse la plus prudente, et un compromis
mûrement réfléchi devrait être évalué.

5.55. Si les doses ou les risques estimés sont supérieurs aux critères sélectionnés
en raison de l’utilisation d’hypothèses dans lesquelles la dose est largement
surestimée, l’évaluation devrait être affinée en utilisant, dans la mesure du
possible, des modèles et des données plus réalistes. Par exemple, les paramètres
météorologiques, hydrologiques et autres applicables devraient être basés
sur des mesures ou des études locales afin de réduire le niveau d’incertitude.
L’utilisation de données météorologiques et hydrologiques dans la modélisation
de l’environnement est décrite plus en détail aux paragraphes 5.18 à 5.25.

5.56. En ce qui concerne les installations ou activités nucléaires pour lesquelles


des évaluations complexes et réalistes sont justifiées, les données météorologiques
et hydrologiques recueillies localement, sur au moins 3 à 10 ans, devraient
être utilisées pour spécifier les conditions caractéristiques de dispersion en cas
d’accident [41, 43]. Les données météorologiques et hydrologiques propres au
site pour les installations nucléaires sont généralement recueillies au cours de la

49
phase d’évaluation du site ; on trouvera des orientations détaillées sur le type et les
caractéristiques de ces données dans la publication n° NS-G-3.2 [43]. Des données
météorologiques et hydrologiques peuvent également être recueillies afin d’être
utilisées pour une évaluation prospective des expositions en fonctionnement
normal. Toutefois, ces informations peuvent ne pas être suffisamment complètes
pour être utilisées pour l’analyse des accidents ; par exemple, les données sur
le transport à longue distance des radionucléides dans l’atmosphère ou dans les
milieux aquatiques peuvent être manquantes ou n’être disponibles que sous la
forme de relevés mensuels. Dans ce cas, des données plus détaillées, telles que
des données horaires s’il y a lieu, devraient être obtenues auprès des registres
régionaux ou des centres météorologiques compétents. Les données peuvent
également être établies à partir de modèles numériques dynamiques de prévision
atmosphérique ou aquatique.

5.57. Pour les installations nucléaires et autres installations nécessitant une


évaluation complexe, afin de réduire les efforts de calcul, le moment où l’accident
s’est produit pourrait être sélectionné au moyen de techniques d’échantillonnage
statistique, telles que l’échantillonnage cyclique ou l’échantillonnage stratifié.
À défaut, il conviendrait d’effectuer une évaluation à l’aide d’un ensemble
complet de données météorologiques horaires sur une année entière ; quoi qu’il
en soit, les conditions de dispersion sélectionnées qui en résultent devraient être
associées à une fréquence ou à une probabilité. Pour les installations nécessitant
des évaluations plus simples, il conviendrait de choisir un moment particulier ou
un petit ensemble de moments pour la survenue du rejet ; il faudrait veiller à ce
que les données météorologiques pour un moment choisi soient prudentes pour le
site considéré.

5.58. Les modèles de transfert dans l’environnement devraient permettre de


tenir compte des conditions de non-équilibre généralement associées aux
rejets accidentels des installations et activités. En outre, il peut aussi y avoir
d’importantes variations à court terme dans le terme source et dans les conditions
météorologiques supposées. S’il existe un risque de rejet important, il conviendrait
d’utiliser des modèles permettant d’estimer le transfert et la dispersion des
radionucléides dans l’environnement sur de plus longues distances. Les modèles
de dispersion applicables aux rejets à court terme et au transport à longue distance
des radionucléides devraient être utilisés si besoin est pour estimer la dispersion
et la distribution des radionucléides dans l’environnement.

50
Identification des voies d’exposition

5.59. Les voies d’exposition qui contribuent largement à la dose due aux rejets
accidentels peuvent être très différentes de celles pour un fonctionnement normal.
Par exemple, la consommation de lait ou de légumes frais immédiatement après
un accident dans une centrale nucléaire pourrait constituer une voie d’exposition
importante aux radionucléides iodés à courte période. Il conviendrait donc de
veiller à identifier et à représenter de manière adéquate les voies d’exposition
pertinentes à l’aide de modèles.

5.60. On trouvera ci-dessous une liste des voies d’exposition possibles pertinentes
au regard de l’estimation des expositions potentielles dues à des rejets accidentels
de radionucléides qui devraient être prises en compte dans l’évaluation :

a) L’exposition externe due au dépôt de radionucléides sur la peau ;


b) L’exposition externe due à l’irradiation directe à partir de la source ;
c) L’exposition externe due à l’irradiation directe à partir du panache
atmosphérique (rayonnement de nuage) ;
d) L’exposition externe due aux dépôts sur le sol (rayonnement du sol) et sur
les surfaces ;
e) L’inhalation de radionucléides provenant du panache atmosphérique ;
f) L’inhalation de matières remises en suspension provenant de dépôts ;
g) L’absorption de radionucléides due à l’ingestion accidentelle de matières
radioactives déposées sur le sol ou sur d’autres surfaces ;
h) l’absorption de radionucléides due à la consommation d’aliments et d’eau
contaminés.

5.61. En fonction des hypothèses adoptées pour l’évaluation des scénarios


d’accident, l’exposition due à l’ingestion d’aliments contaminés peut être
réduite ou évitée par la mise en œuvre rapide de mesures de protection. Les
doses estimées résultant d’autres voies d’exposition, telles que l’inhalation et
l’exposition externe, peuvent également être réduites de manière notable si les
mesures de protection d’urgence, telles que la mise à l’abri, l’évacuation et la
fourniture d’une prophylaxie à l’iode, sont supposées être mises en œuvre. Par
exemple, le blindage et le filtrage fournis par les habitations peuvent réduire
considérablement les doses aux personnes qui se mettent à l’abri lors d’un
accident. Les voies d’exposition, les taux de blindage et les hypothèses relatives
aux mesures de protection devraient être clairement indiqués et correctement
justifiés dans l’évaluation, en accord avec les mesures de protection hors du site
effectivement prévues pour l’installation ou activité considérée.

51
Identification de la personne représentative pour les expositions
potentielles

5.62. Sur la base des données provenant de personnes réelles ou hypothétiques


susceptibles d’être plus fortement exposées en cas d’accident, une personne
représentative26 devrait être identifiée pour l’évaluation des doses et des risques
associés aux expositions potentielles. La personne représentative identifiée pour
les expositions potentielles peut être différente de la personne représentative pour
les expositions en fonctionnement normal.

5.63. Différents groupes de population exposée peuvent être identifiés, en


fonction des caractéristiques de l’accident ou de l’événement et du moment
de la journée ou de l’année du rejet postulé, conformément, par exemple, aux
conditions météorologiques ou hydrologiques existantes, à une éventuelle
occupation temporaire (par exemple, occupation différente le jour et la nuit,
existence de camps de vacances et d’écoles, présence de travailleurs à proximité
de l’installation) et aux variations saisonnières des habitudes de vie et de la
consommation de produits alimentaires. Une autre approche pourrait consister à
tenir compte des taux d’occupation moyens, des habitudes de vie et des produits
alimentaires pour chaque saison.

5.64. Les paramètres ultimes27 de l’évaluation des expositions potentielles


peuvent varier en fonction du type d’évaluation et des critères spécifiés.
Par exemple, au lieu de spécifier la dose à la personne représentative comme
paramètre ultime, on pourrait utiliser comme paramètre ultime la dose à un
emplacement précis (par exemple la ville la plus proche dans la région), à une
distance fixe (par exemple 1 km, 5 km, 10 km) ou à une distance où une certaine
dose prévue pertinente est dépassée (p. ex. 100 mSv au cours des sept premiers
jours, si cette valeur est le niveau de référence pour les mesures de protection [8]).
Dans certains États, la distribution des doses ou des risques parmi les populations
touchées les plus importantes est utilisée comme paramètre ultime. Bien qu’il
existe une certaine souplesse dans la manière dont les expositions potentielles

26
La CIPR emploie l’expression « personne représentative » pour l’examen des rejets
normaux et des rejets accidentels [44]. Malgré l’emploi de la même expression et l’applicabilité
de la définition générale aux deux situations, les caractéristiques particulières de la personne
représentative dans chaque cas, telles que l’emplacement où elle se trouve, ses habitudes de vie
et son groupe d’âge, peuvent être différentes.
27
Le Glossaire de sûreté de l’AIEA [4] définit le « paramètre ultime » comme suit : « En
protection ou en sûreté, indicateur radiologique ou autre qui est le résultat calculé d’une analyse
ou d’une évaluation . » Les paramètres ultimes communs comprennent les estimations de la
dose ou du risque et les concentrations prévues de radionucléides dans l’environnement.

52
sont prises en considération et que les États adoptent des approches différentes,
l’utilisation de paramètres ultimes et critères particuliers devrait être clairement
définie et justifiée dans la réglementation pertinente ou dans l’évaluation, afin
d’éviter tout malentendu et toute interprétation erronée des résultats.

Évaluation de la dose à la personne représentative pour les expositions


potentielles

5.65. Lorsque l’on prend en considération les expositions potentielles, la dose


moyenne absorbée à l’organe ou au tissu, pondérée par une efficacité biologique
relative appropriée pour le paramètre biologique ultime préoccupant, devrait être
calculée pour les doses donnant lieu à toute la gamme des effets déterministes.
En ce qui concerne les doses donnant lieu à la gamme des effets stochastiques,
il conviendrait de calculer la dose efficace résultant de la somme de la dose
efficace engagée provenant des voies d’exposition internes et de la dose efficace
provenant de l’exposition externe. La dose équivalente à certains organes (p. ex.
la thyroïde) peut également être utilisée dans la prise en considération des
expositions potentielles.

5.66. Les doses devraient être calculées pour différents groupes d’âge en raison
des différentes conditions d’exposition et des différents effets des rayonnements
associés pour les différents groupes d’âge. L’expérience montre que les
nourrissons reçoivent des doses plus élevées par certaines voies d’exposition,
comme l’exposition de la glande thyroïde due à l’incorporation d’iode radioactif,
qui pourrait être rejeté lors d’un accident de réacteur nucléaire [50].

5.67. Il conviendrait de définir les délais pertinents durant lesquels des


expositions pourraient se produire et les voies d’exposition correspondantes
devant être utilisées dans l’évaluation. Par exemple, les doses estimées dues
à l’inhalation du panache radioactif dans les premières 24 heures suivant un
accident ou les doses estimées dues à l’ingestion de légumes verts au cours des
trois premiers mois pourraient être utilisées comme indicateurs du principal
impact radiologique potentiel. Dans d’autres cas, les doses pourraient être
estimées sur une durée plus longue, par exemple entre le moment de l’accident
et un an après. Lors de la comparaison des doses estimées avec les critères, il
conviendrait d’indiquer clairement les délais et les voies d’exposition pris en
considération dans l’évaluation.

53
Comparaison des doses et des risques estimés avec les critères

5.68. La publication n° GSR Part 3 [1] dispose que la probabilité et l’ampleur


des expositions potentielles doivent être évaluées et que des restrictions doivent
être établies par l’organisme de réglementation28. S’agissant de l’examen des
expositions potentielles qui utilise comme paramètre ultime une dose ou une
mesure du risque d’effets sur la santé, les restrictions établies par l’organisme
de réglementation devraient être un critère de dose de référence ou un critère de
risque, selon le cas.

5.69. En ce qui concerne les installations et activités nécessitant une évaluation


simple fondée sur des scénarios d’exposition potentielle définis de manière
prudente (par exemple, les installations ayant de petits stocks de matières
radioactives et des sources ayant une faible capacité de rejet radioactif en
cas d’accident), la dose à la personne représentative due à des accidents
caractéristiques est en règle générale estimée, et il conviendrait d’utiliser des
doses oscillant entre un et quelques millisieverts (mSv), le plus souvent 5 mSv,
comme critères de décision.

5.70. La dose estimée à la personne représentative, combinée à la probabilité


déterminée dans la spécification du terme source et à la probabilité déterminée
par les caractéristiques du transfert dans l’environnement (p. ex. par la fraction
de temps pendant l’année où les vents soufflent en direction du lieu où se trouve
la personne représentative), peut être convertie en une indication du risque
d’effets sur la santé au moyen de coefficients de risque fournis, par exemple, par
la CIPR [51]. L’utilisation d’une indication du risque d’effets sur la santé devrait
être appliquée conformément aux pratiques et à la réglementation nationales. Ces
indications concernant le risque d’effets sur la santé ne devraient être utilisées
que dans le cadre d’une évaluation prospective de l’impact radiologique sur
l’environnement décrite dans le présent guide de sûreté et non pour déterminer
si un effet manifeste sur la santé d’une personne peut être attribué à l’exposition
aux rayonnements. On trouvera à l’annexe II des informations supplémentaires
sur l’estimation du risque.

5.71. Le gouvernement ou l’organisme de réglementation est tenu d’établir


ou d’approuver des contraintes en matière de risque [1], selon le cas, aux fins

28
Le paragraphe 3.15 de la publication n° GSR Part 3 [1] dispose en outre que le
nombre de personnes qui pourraient être touchées par des expositions potentielles devrait être
évalué ; toutefois, le champ d’application du présent guide de sûreté se limite aux effets sur les
personnes.

54
d’examen des expositions potentielles. Les contraintes de risque pourraient
être établies en s’appuyant sur des recommandations formulées par le Groupe
consultatif international pour la sûreté nucléaire [52] ou la CIPR [3, 51]. On
trouvera dans l’appendice des orientations pour l’établissement de critères de
risque en vue de l’examen des expositions potentielles. On trouvera à l’annexe
II des informations supplémentaires sur la définition d’une mesure du risque
et l’utilisation des contraintes de risque et des orientations dans la publication
n° GSG-8 [7].

5.72. Lorsqu’une évaluation des expositions potentielles pour une installation


nucléaire est effectuée, et que cette évaluation utilise des scénarios d’accidents
caractéristiques définis, on estime en règle générale la dose correspondant à un
ensemble réduit d’accidents. Dans ce cas, les critères permettant de décider si le
risque des expositions potentielles est acceptable devraient être définis en termes
de dose (p. ex. une dose comprise entre 10 et 100 mSv pourrait être utilisée,
car il s’agit de valeurs qui déclenchent la mise en œuvre de certaines mesures
de protection [8]). Différentes valeurs pour les critères de dose pourraient être
définies à l’intérieur de cette fourchette, en fonction des différentes fréquences
annuelles de ces scénarios d’accident caractéristiques : pour les accidents dont
la fréquence est estimée plus élevée, les critères de dose devraient être plus bas
que pour les accidents dont la fréquence est très faible. Bien que les paramètres
ultimes et les critères pour ce type d’évaluation soient exprimés en termes de
doses, en raison de la fréquence des accidents intervenant dans l’établissement
des critères, il existe une notion implicite de risque et les résultats peuvent être
liés aux critères énoncés dans l’appendice.

5.73. Les installations nucléaires qui comportent de nombreux dispositifs de


sauvegarde peuvent également utiliser des techniques complexes d’évaluation
de la sûreté combinant des méthodes déterministes et probabilistes et l’avis
d’un expert pour évaluer la probabilité et l’ampleur des doses à la personne
représentative, qui peuvent être converties en une indication de risque et
comparées à un critère de risque. Les critères décrits dans l’appendice devraient
être pris en considération par l’organisme de réglementation afin de définir les
critères de risque pertinents pour cette approche. L’annexe II décrit les aspects
fondamentaux de ces types d’évaluation des expositions potentielles.

5.74. Une autre option pourrait consister à exprimer les critères de manière
qualitative, portant sur le point de savoir si une certaine conséquence pour
le public serait inacceptable. Par exemple, un critère pourrait être que des
mesures de protection qui engendrent de très graves perturbations (évacuation
ou relogement important et prolongé, par exemple) résultant d’un scénario

55
d’accident potentiel spécifié pour l’installation ou activité, ne seraient pas
acceptables29. Bien qu’il s’agisse en principe d’un critère qualitatif, la nécessité
de telles mesures de protection devrait être déterminée à l’aide d’estimations des
doses projetées (ou des grandeurs opérationnelles connexes) et en comparant
ces estimations aux critères de décision en matière d’intervention d’urgence,
par exemple les niveaux de référence fournis dans la publication n° GSG-2 [8].
Si cette approche est utilisée, l’organisme de réglementation devrait définir les
critères de décision pour la mise en œuvre des mesures de protection permettant
d’évaluer les expositions potentielles conformément aux prescriptions établies
dans la publication n° GSR Part 7 [6].

5.75. Lorsque l’on étudie les impacts transfrontières, les critères utilisés aux
fins d’examen des expositions potentielles dans d’autres États devraient être
conformes aux critères énoncés dans le présent guide de sûreté et devraient
être en principe les mêmes que ceux qui sont utilisés pour l’État dans lequel
l’installation ou activité est située.

CONSIDÉRATIONS RELATIVES À L’ÉVALUATION DE LA


PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

5.76. L’objectif de haut niveau de la protection de l’environnement défini


par la CIPR est d’assurer le maintien de la biodiversité et de garantir la
préservation des espèces et la santé des habitats naturels, des communautés et
des écosystèmes [3, 53]. Celui-ci est conforme au paragraphe 3.7 des Principes
fondamentaux de sûreté SF-1 [2]. Les considérations relatives à la protection de
l’environnement peuvent varier d’un État à l’autre et devraient être soumises à la
réglementation et aux lignes directrices des autorités nationales compétentes, y
compris des organismes de réglementation.

5.77. Les paragraphes 1.6 à 1.19 de la publication n° GSR Part 3 [1] décrivent
le système de protection et de sûreté qui a pour objet d’évaluer, de gérer et
de contrôler l’exposition des êtres humains aux rayonnements et qui assure
généralement une protection appropriée de l’environnement contre les effets
nocifs des rayonnements ionisants. Il est constaté dans les paragraphes 1.32 à
1.35 de la publication n° GSR Part 3 [1] sur la protection de l’environnement que

29
Cette approche est conforme aux prescriptions de l’AIEA relatives à la conception
des centrales nucléaires pour les accidents ayant des conséquences importantes hors du site,
pour lesquels seules des mesures de protection qui sont d’application restreinte dans le temps et
l’espace seraient acceptables et la contamination hors site serait évitée ou minimisée [47].

56
certaines réglementations nationales nécessitent de démontrer de façon explicite
(au lieu de supposer) que l’environnement est protégé. Le paragraphe 1.34 de la
publication n° GSR Part 3 [1] indique également qu’« il convient d’envisager
l’évaluation des impacts sur l’environnement de manière intégrée avec les autres
caractéristiques du système de protection et de sûreté » et que « l’approche de la
protection des personnes et de l’environnement ne se limite pas à la prévention
des effets radiologiques sur les humains et sur d’autres espèces ».

5.78. Certains États, s’appuyant sur des données d’expérience ou sur une
analyse simplifiée, peuvent estimer qu’une évaluation spécifique des effets sur
l’environnement n’est pas nécessaire. Dans ce cas, l’organisme de réglementation
peut décider que l’évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement ne
doit pas tenir compte explicitement de l’exposition de la flore et de la faune.

5.79. D’autres États peuvent estimer qu’il est nécessaire d’inclure dans les
évaluations de l’impact radiologique sur l’environnement pour certaines
installations et activités l’estimation et le contrôle des expositions de la flore et
de la faune. Quoi qu’il en soit, la prescription relative à l’approche graduée [1]
devrait être appliquée pour que l’effort consacré à l’évaluation soit proportionnel
au niveau de risque attendu.

5.80. Étant donné que le risque radiologique pour les populations de flore et de
faune dû au fonctionnement normal des installations et à la conduite des activités
devrait être faible, les méthodes employées pour l’évaluation de l’impact sur la
flore et la faune devraient être pratiques et simples, fondées sur les connaissances
scientifiques relatives aux effets des rayonnements et ne devraient pas imposer
une charge inutile à l’exploitant ou à l’organisme de réglementation. La CIPR [53,
54] propose une approche pratique de l’évaluation et de la gestion des effets sur
la flore et la faune dus aux rejets radioactifs dans l’environnement.

5.81. S’agissant des cadres nationaux ou internationaux dans lesquels il faut


tenir expressément compte de la protection de la flore et de la faune30, l’annexe I
du présent guide de sûreté présente un exemple de méthode d’évaluation
de l’impact sur la flore et la faune en fonctionnement normal31, fondée sur

30
Par exemple, la Convention sur la prévention de la pollution des mers résultant de
l’immersion de déchets et autres matières [55] nécessite l’évaluation explicite de l’impact
radiologique sur la flore et la faune marines résultant de l’immersion de matières contenant des
radionucléides. L’AIEA a mis au point une procédure d’évaluation radiologique à cette fin [56].
31
Il n’est pas tenu compte des expositions potentielles de la flore et de la faune, car elles
ne peuvent faire l’objet d’un contrôle réglementaire dans des conditions accidentelles.

57
l’approche de la CIPR pour la protection des différents écosystèmes dans
l’environnement [53, 54].

6. PRISE EN CONSIDÉRATION DE LA VARIABILITÉ


ET DE L’INCERTITUDE DANS LES ÉVALUATIONS DE
L’IMPACT RADIOLOGIQUE SUR L’ENVIRONNEMENT

6.1. L’incertitude reflète l’état des connaissances sur le système étudié. Dans une
évaluation de l’impact radiologique sur l’environnement, l’incertitude a trait à la
précision avec laquelle les doses ou le risque peuvent être estimés. Les principales
sources d’incertitude proviennent de la connaissance incomplète des conditions
d’exposition de la personne représentative et de la variabilité des paramètres
du modèle. On citera des variations à la fois dans les processus de transport
des radionucléides dues à la dispersion atmosphérique et aquatique et dans le
transfert des radionucléides entre les différents milieux de l’environnement et,
dans le cas des êtres humains, des variations dans le lieu et les habitudes de vie
des personnes au sein d’un groupe (par exemple, la ration alimentaire, le temps
passé à différents endroits). D’autres sources d’incertitude peuvent être dans le
terme source et dans la démographie. Pour définir la méthodologie, y compris les
critères de décision, l’organisme de réglementation ou le demandeur devrait tenir
compte des aspects de la variabilité et de l’incertitude, le cas échéant.

6.2. Le niveau d’incertitude d’une évaluation prospective de l’impact


radiologique sur l’environnement devrait encore permettre de tirer une conclusion
sur la possibilité que les doses réelles aux personnes du public dépassent ou non
les limites de dose ou les contraintes de dose fixées par l’organisme national
de réglementation. Lorsque les informations ou les données disponibles sont
insuffisantes, il conviendrait d’utiliser des hypothèses prudentes [44]. Toutefois,
l’utilisation d’un grand nombre d’hypothèses prudentes peut entraîner une
surestimation irréaliste des doses et devrait donc être évitée [44].

6.3. Les données relatives aux habitudes de vie et les caractéristiques de


l’environnement permettant d’estimer les doses à la personne représentative
devraient être choisies sur la base d’hypothèses raisonnablement prudentes et
plausibles. La CIPR examine dans sa publication 101 [44] les caractéristiques
d’une approche utilisant des valeurs uniques pour les paramètres et les données
sur les habitudes de vie pertinentes au regard de l’évaluation de la dose. Pour
ces évaluations, dans certains cas, des percentiles élevés de la distribution

58
des données sur les habitudes de vie pourraient être utilisés (par exemple, le
95e percentile), bien qu’il ne soit pas raisonnable de supposer qu’il existe des
données sur les habitudes de vie correspondant à un percentile élevé pour toutes
les voies d’exposition. Par défaut ou pour une évaluation initiale, des valeurs
uniques recommandées pour les paramètres de transfert dans l’environnement
peuvent être tirées des publications disponibles [10-12], ou des valeurs moyennes
mesurées, lorsqu’elles sont disponibles, peuvent être utilisées. La dose résultant
de l’application de cette approche devrait être comparée directement aux critères
radiologiques.

6.4. Une autre approche décrite dans la publication 101 de la CIPR [44]
consiste à utiliser des distributions de fréquences des paramètres du modèle
combinées à des méthodes statistiques, telles que la méthode de Monte Carlo,
comme données d’entrée pour l’évaluation de la dose, ce qui se traduira ensuite
par une distribution de la dose estimée. Pour les évaluations dans lesquelles
une distribution des données relatives aux habitudes de vie doit être utilisée,
l’approche devrait consister à comparer un percentile élevé (par exemple le 95e
percentile) de la distribution de dose résultante aux critères de dose établis par
l’organisme de réglementation. S’il n’y a pas de données sur la variabilité des
paramètres de transfert, l’utilisation de distributions de fréquences ne devrait pas
être systématique, car elle ne débouche pas toujours sur des résultats prudents.

6.5. L’existence d’une variabilité et d’une incertitude dans une évaluation de


l’impact radiologique sur l’environnement ne devrait pas nécessairement rendre
nécessaires des études très complexes et parfois peu concluantes. Le demandeur et
l’organisme de réglementation devraient être conscients des limites des résultats
de ce type d’évaluation et faire preuve d’une prudence raisonnable lorsqu’ils
sélectionnent les modèles et les paramètres et lorsqu’ils tirent des conclusions
des résultats, le cas échéant, en particulier lorsque les résultats sont très proches
des critères de décision.

6.6. Des programmes de contrôle radiologique des sources et de contrôle


radiologique de l’environnement doivent être mis en place une fois que
l’installation fonctionne ou que l’activité est menée [1]. Ces programmes sont
nécessaires pour vérifier si les rejets respectent les limites autorisées et si les
modèles et les données utilisés sont adéquats. Les programmes de contrôle
radiologique des sources et de contrôle radiologique de l’environnement aident
à réduire les incertitudes dans les évaluations de l’impact radiologique sur
l’environnement. Le document n° RS-G-1.8 [18] donne des indications sur les
programmes de contrôle radiologique de l’environnement et de contrôle des
sources aux fins de la radioprotection.

59
6.7. Des études de sensibilité devraient être réalisées pour identifier les sources
d’incertitude les plus importantes et les processus qui contribuent le plus à
l’incertitude. Sur cette base, il est possible d’effectuer d’autres recherches ou
d’autres modélisations ou de recueillir des données expérimentales s’il est jugé
nécessaire de réduire le niveau d’incertitude.

6.8. Il est plus complexe de tenir compte de la variabilité et de l’incertitude


dans l’évaluation des expositions potentielles. Les raisons en sont notamment les
suivantes :

a) Il se peut que les scénarios retenus pour l’évaluation, y compris les termes
sources et les conditions environnementales au moment de l’accident, ne
soient pas représentatifs de ce qui pourrait réellement se produire.
b) La probabilité ou la fréquence des scénarios d’accident supposés dans
l’évaluation peut être très incertaine. Une analyse déterministe prudente
s’efforce d’éviter ce problème en supposant que les événements
déclencheurs et les défaillances du système sont représentatifs de certaines
limites. Si, par exemple, des techniques d’analyse probabiliste de la sûreté
sont utilisées pour estimer les fréquences d’accidents, ces fréquences sont
déterminées en combinant de nombreux événements et/ou probabilités de
défaillance, chacun avec sa propre incertitude.
c) Contrairement aux estimations des expositions résultant des rejets en
fonctionnement normal, qui se produisent généralement de manière
plus ou moins continue et dont la moyenne peut être calculée sur une
année afin de lisser les fluctuations, les expositions potentielles seront
généralement variables dans le temps et l’impact dépendra des conditions
d’exposition effective au moment de l’accident (par exemple, les conditions
météorologiques et l’endroit où se trouvent les personnes du public).
d) Contrairement aux estimations des expositions résultant des rejets en
fonctionnement normal, qui peuvent être validées rétrospectivement au
moyen des programmes de contrôle radiologique de l’environnement
établis lors de la phase opérationnelle, il n’est pas possible d’évaluer
rétrospectivement les expositions potentielles.

6.9. Il conviendrait de tenir compte des incertitudes au moment de définir et


d’utiliser les critères pour prendre des décisions sur l’acceptabilité des expositions
potentielles provenant d’une installation ou activité. Les critères utilisés pour les
expositions potentielles devraient de préférence être exprimés en fourchettes ou
en ordres de grandeur (voir l’appendice).

60
APPENDICE

CRITÈRES DE RISQUE POUR L’ÉVALUATION


DE L’EXPOSITION POTENTIELLE DU PUBLIC

A.1. On trouvera dans le présent appendice des critères établis par les
organisations internationales concernées, qui devraient servir de base à
l’organisme de réglementation pour définir des critères nationaux. Les critères
énoncés dans le présent appendice concernent le risque d’effets sur la santé
pour différentes personnes du public dus aux expositions potentielles aux
rayonnements. Les autres types d’effets des accidents entraînant des rejets
importants dans l’environnement, tels que les effets sociaux, économiques et
environnementaux, n’entrent pas dans le champ d’application du présent guide
de sûreté. D’autres considérations et informations sur les définitions du risque et
l’évaluation des expositions potentielles sont présentées à l’annexe II.

GROUPE CONSULTATIF INTERNATIONAL POUR LA SÛRETÉ


NUCLÉAIRE

A.2. En 1995, le Groupe consultatif international pour la sûreté nucléaire


a examiné les objectifs de sûreté pour l’exposition potentielle [52]. Le
paragraphe 42 de la réf. [52] dispose que pour le risque individuel que court
une personne du public « Il conviendrait que pour les personnes du public un
risque d’exposition potentielle, exprimé comme la probabilité annuelle de décès
imputable à une seule installation, ne dépasse pas 10-5. » Le paragraphe 45 de
la réf. [52] dispose également « qu’il semble que l’on puisse raisonnablement
s’attendre à ce que les accidents qui nécessitent des contre-mesures simples
et locales aient une probabilité annuelle ne dépassant pas environ 10-4. » Ces
types d’accidents devraient engendrer des doses de l’ordre de 10 à 100 mSv
aux personnes du public les plus exposées. Pour les accidents plus graves
susceptibles d’engendrer une dose de 1 Sv pour les personnes du public les plus
exposées, le paragraphe 46 de la réf. [52] dispose qu’« une probabilité annuelle
d’un tel accident de 10-5 est probablement nécessaire en raison des conséquences
sociétales. »

A.3. En 1999, le Groupe consultatif international pour la sûreté nucléaire a


également défini des objectifs de risque pour les centrales nucléaires [57]. La
référence [57] recommande que la fréquence de l’endommagement grave du
cœur soit inférieure à 10-4 événements par année d’exploitation de la centrale
pour les centrales nucléaires existantes et suggère que l’application de tous les

61
principes de sûreté puisse conduire à un objectif amélioré ne dépassant pas 10-5
événements par an pour les nouvelles centrales nucléaires. La référence [57]
indique également que les mesures de gestion des accidents graves et les mesures
d’atténuation devraient réduire, par un facteur d’au moins dix, la probabilité de
rejets radioactifs importants hors du site nécessitant une intervention hors du site
à court terme. La référence [52] dispose que ces objectifs correspondraient à un
risque individuel de décès pour une personne du public nettement inférieur à 10-5
par année de fonctionnement de la centrale pour les centrales existantes ou à 10-6
par année de fonctionnement de la centrale pour les nouvelles centrales.

COMMISSION INTERNATIONALE DE PROTECTION


RADIOLOGIQUE

A.4. La CIPR recommande que, pour l’évaluation des expositions potentielles,


les contraintes de risque liées à une source soient du même ordre de grandeur que
le risque sanitaire que représentent les contraintes de dose pour la même source
(Publication 103 de la CIPR, parue en 2007 [3]). La publication 64 de la CIPR,
parue en 1993 [51], dispose ce qui suit :

« Une des procédures d’application des contraintes liées à la source aux


événements probabilistes consiste à exprimer la probabilité d’une séquence
d’événements en fonction de la dose qui sera engendrée si la séquence se
produit réellement. Une telle contrainte exprimerait la probabilité maximale
qui peut être autorisée à partir de séquences dépassant une valeur de dose
donnée. »

A.5. La publication 64 de la CIPR [51] fournit un éventail de probabilités


dans une année qui peut être utilisé pour définir les contraintes de risque ; la
probabilité maximale d’un accident grave ayant des conséquences déterministes
ou des effets graves sur la santé devrait être comprise entre 10-6 et 10-5 par an.
Le schéma complet est repris dans le tableau 2 ci-dessous. En ce qui concerne
les systèmes complexes, les séquences similaires d’événements devraient être
regroupées en combinant leurs probabilités et en prenant la pire conséquence de
chaque séquence pour représenter le groupe dans son ensemble. La référence [51]
dispose que les valeurs figurant dans le tableau 2 ont pour objet d’illustrer les
types de contrainte qui pourraient être imposées en fonction de l’expérience
passée, compte tenu des avantages de la pratique particulière. Elle ajoute que les
valeurs figurant dans le tableau 2 pourraient également être imposées comme des
contraintes provisoires en l’absence d’expérience d’exploitation, mais qu’elles
devraient être appelées à être révisées en fonction de l’expérience acquise, et dans

62
ce cas, les contraintes peuvent être considérées comme des limites supérieures.
La référence [51] souligne que ces contraintes renvoient à l’exposition potentielle
d’une personne, plutôt qu’à celle d’une population dans son ensemble.

TABLEAU 2. ÉVENTAIL DE PROBABILITÉS DANS UNE ANNÉE


PARMI LESQUELLES UNE CONTRAINTE DE RISQUE PEUT ÊTRE
SÉLECTIONNÉE [51]

Impact Fourchette de probabilité

Séquences d’événements traitées comme une exposition normale 10−1–10−2

Séquences d’événements conduisant à des effets stochastiques 10−2–10−5


uniquement, mais supérieurs aux limites de dose

Séquences d’événements conduisant à des doses pour lesquelles 10−5–10−6


certains effets des rayonnements sont déterministes

Séquences d’événements conduisant à des doses susceptibles <10−6


d’entraîner la mort

63
RÉFÉRENCES

[1] AGENCE DE L’OCDE POUR L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE, AGENCE


INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, COMMISSION EUROPÉENNE,
ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET
L’AGRICULTURE, ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL,
ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ, ORGANISATION
PANAMÉRICAINE DE LA SANTÉ, PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR
L’ENVIRONNEMENT, Radioprotection et sûreté des sources de rayonnements :
Normes fondamentales internationales de sûreté, n° GSR Part 3 de la collection Normes
de sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne (2016).
[2] AGENCE DE L’OCDE POUR L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE, AGENCE
INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, COMMUNAUTÉ
EUROPÉENNE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, ORGANISATION DES NATIONS
UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE, ORGANISATION
INTERNATIONALE DU TRAVAIL, ORGANISATION MARITIME
INTERNATIONALE, ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ,
ORGANISATION PANAMÉRICAINE DE LA SANTÉ, PROGRAMME DES
NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT, Principes fondamentaux de sûreté,
publication n° SF-1 de la collection Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne (2007).
[3] COMMISSION INTERNATIONALE DE PROTECTION RADIOLOGIQUE,
Recommandations 2007 de la Commission internationale de protection radiologique,
Publication 103, Lavoisier, Paris (2009).
[4] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, Glossaire de sûreté de
l’AIEA : terminologie employée en sûreté nucléaire et en radioprotection, Édition 2018,
AIEA, Vienne (2021).
[5] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, Évaluation de la sûreté
des installations et activités, no GSR Part 4 (Rev.1) de la collection Normes de sûreté de
l’AIEA, AIEA, Vienne (2017).
[6] AGENCE DE l’OCDE POUR L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE, AGENCE
INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, BUREAU DE LA
COORDINATION DES AFFAIRES HUMANITAIRES DE L’ONU, COMMISSION
PRÉPARATOIRE DE L’ORGANISATION DU TRAITÉ D’INTERDICTION
COMPLÈTE DES ESSAIS NUCLÉAIRES, INTERPOL, ORGANISATION DE
L’AVIATION CIVILE INTERNATIONALE, ORGANISATION DES NATIONS
UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE, ORGANISATION
INTERNATIONALE DU TRAVAIL, ORGANISATION MARITIME
INTERNATIONALE, ORGANISATION MÉTÉOROLOGIQUE MONDIALE,
ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ, ORGANISATION
PANAMÉRICAINE DE LA SANTÉ, PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR
L’ENVIRONNEMENT, Préparation et conduite des interventions en cas de situation
d’urgence nucléaire ou radiologique, no GSR Part 7 de la collection Normes de sûreté de
l’AIEA, AIEA, Vienne (2017).

65
[7] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, PROGRAMME DES
NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT, Radioprotection du public et de
l’environnement, no GSG-8 de la collection Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA,
Vienne (2023).
[8] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, BUREAU
INTERNATIONAL DU TRAVAIL, ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR
L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE, ORGANISATION MONDIALE DE LA
SANTÉ, ORGANISATION PANAMÉRICAINE DE LA SANTÉ, Critères à utiliser
pour la préparation et la conduite des interventions en cas d’urgence nucléaire ou
radiologique, no GSG-2 de la collection Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA,
Vienne (2012).
[9] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, PROGRAMME DES
NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT, Contrôle réglementaire des rejets
radioactifs dans l’environnement, no GSG-9 de la collection Normes de sûreté de
l’AIEA, AIEA, Vienne (2023).
[10] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Generic Models for Use in
Assessing the Impact of Discharges of Radioactive Substances to the Environment,
Safety Reports Series No. 19, IAEA, Vienna (2001) (une version révisée est en
préparation).
[11] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Handbook of Parameter Values for
the Prediction of Radionuclide Transfer in Terrestrial and Freshwater Environments,
Technical Reports Series No. 472, IAEA, Vienna (2010).
[12] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Sediment Distribution Coefficients
and Concentration Factors for Biota in the Marine Environment, Technical Reports
Series No. 422, IAEA, Vienna (2004).
[13] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, Argumentaire de sûreté
et évaluation de la sûreté pour la gestion des déchets radioactifs avant leur stockage
définitif, no GSG-3 de la collection Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne (2024).
[14] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Safety Assessment for the
Decommissioning of Facilities Using Radioactive Material, IAEA Safety Standards
Series No. WS-G-5.2, IAEA, Vienna (2008).
[15] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, Stockage définitif des
déchets radioactifs, n° SSR-5 de la collection Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA,
Vienne (2011).
[16] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, The Safety Case and Safety
Assessment for the Disposal of Radioactive Waste, IAEA Safety Standards Series
No. SSG-23, IAEA, Vienna (2012).
[17] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Radiation Protection Programmes
for the Transport of Radioactive Material, IAEA Safety Standards Series No. TS-G-1.3,
IAEA, Vienna (2007).
[18] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Environmental and Source
Monitoring for Purposes of Radiation Protection, IAEA Safety Standards Series
No. RS­G-1.8, IAEA, Vienna (2005).

66
[19] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Programmes and Systems for
Source and Environmental Radiation Monitoring, Safety Reports Series No. 64, IAEA,
Vienna (2010).
[20] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, BUREAU
INTERNATIONAL DU TRAVAIL, Radioprotection professionnelle, no GSG-7 de la
collection Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne (2022).
[21] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, BUREAU
INTERNATIONAL DU TRAVAIL, ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ,
ORGANISATION PANAMÉRICAINE DE LA SANTÉ, Radioprotection et sûreté
radiologique dans les applications médicales des rayonnements ionisants, no SSG-46 de
la collection Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne (2022).
[22] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Establishing the Safety
Infrastructure for a Nuclear Power Programme, IAEA Safety Standards Series
No. SSG­-16, IAEA, Vienna (2012) (une version révisée est en préparation).
[23] Convention sur l’évaluation de l’impact sur l’environnement dans un contexte
transfrontière (Convention d’Espoo), Commission économique pour l’Europe,
Genève (1991).
[24] Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982, ONU,
New York (1982).
[25] Convention sur l’accès à l’information, la participation du public au processus
décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement (convention d’Aarhus),
Commission économique des Nations Unies pour l’Europe, Genève (1998).
[26] Directive 2011/92/UE du Parlement européen et du Conseil du 13 décembre 2011
concernant l’évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur
l’environnement, Commission européenne, Bruxelles (2011).
[27] Loi sur la politique nationale de protection de l’environnement, 42 U.S.C. § 4321,
Gouvernement des États-Unis d’Amérique, Washington, DC (1969).
[28] Loi de la République populaire de Chine sur l’évaluation de l’impact sur
l’environnement, décret n° 77 du président de la République populaire de Chine,
gouvernement chinois, Pékin (2003).
[29] Loi générale sur l’environnement, loi n° 25 675, gouvernement argentin, Buenos
Aires (2002).
[30] ANZECC WORKING GROUP ON NATIONAL ENVIRONMENTAL IMPACT
ASSESSMENT, Guidelines and Criteria for Determining the Need for and Level of
Environmental Impact Assessment, Australian and New Zealand Environment and
Conservation Council, Canberra (1996).
[31] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Managing Environmental Impact
Assessment for Construction and Operation in New Nuclear Power Programmes, IAEA
Nuclear Energy Series No. NG-T-3.11, IAEA, Vienna (2014).
[32] Traité instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique (Traité Euratom)
Commission européenne, Bruxelles (1957).
[33] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Licensing Process for Nuclear
Installations, IAEA Safety Standards Series No. SSG-12, IAEA, Vienna (2010).

67
[34] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Decommissioning of Nuclear
Power Plants, Research Reactors and Other Nuclear Fuel Cycle Facilities, IAEA Safety
Standards Series No. SSG-47, IAEA, Vienna (2018).
[35] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Release of Sites from Regulatory
Control on Termination of Practices, IAEA Safety Standards Series No. WS­G-5.1,
IAEA, Vienna (2006).
[36] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, Cadre gouvernemental,
législatif et réglementaire de la sûreté, publication no GSR Part 1 (Rev.1) de la collection
Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne (2017).
[37] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, Information et
consultation des parties intéressées par l’organisme de réglementation, no GSG-6 de la
collection Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne (2023).
[38] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Environmental Modelling
for Radiation Safety (EMRAS) — A Summary Report of the Results of the EMRAS
Programme (2003–2007), IAEA-TECDOC-1678, IAEA, Vienna (2012).
[39] UNITED NATIONS SCIENTIFIC COMMITTEE ON THE EFFECTS OF ATOMIC
RADIATION, Sources and Effects of Ionizing Radiation, UNSCEAR 1993 Report to
the General Assembly, with Scientific Annexes, Vol. I: Sources, United Nations,
New York (2016).
[40] UNITED NATIONS SCIENTIFIC COMMITTEE ON THE EFFECTS OF ATOMIC
RADIATION, Sources and Effects of Ionizing Radiation, UNSCEAR 2000 Report to
the General Assembly, with Scientific Annexes, Vol. I: Sources, United Nations,
New York (2000).
[41] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, Évaluation des sites
d’installations nucléaires, no NS-R-3 (Rev. 1) de la collection Normes de sûreté de
l’AIEA, AIEA, Vienne (2016) (une version révisée est en préparation).
[42] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, WORLD METEOROLOGICAL
ORGANIZATION, Meteorological and Hydrological Hazards in Site Evaluation for
Nuclear Installations, IAEA Safety Standards Series No. SSG-18, IAEA, Vienna (2011).
[43] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Dispersion of Radioactive Material
in Air and Water and Consideration of Population Distribution in Site Evaluation for
Nuclear Power Plants, IAEA Safety Standards Series No. NS-G-3.2, IAEA,
Vienna (2002).
[44] INTERNATIONAL COMMISSION ON RADIOLOGICAL PROTECTION, Assessing
Dose of the Representative Person for the Purpose of Radiation Protection of the Public
and the Optimisation of Radiological Protection: Broadening the Process, Publication
101, Elsevier, Oxford (2006).
[45] INTERNATIONAL COMMISSION ON RADIOLOGICAL PROTECTION,
Compendium of Dose Coefficients based on ICRP Publication 60, Publication 119,
Elsevier, Oxford (2012).
[46] INTERNATIONAL COMMISSION ON RADIOLOGICAL PROTECTION,
Conversion Coefficients for Radiological Protection Quantities for External Radiation
Exposures, Publication 116, Elsevier, Oxford (2010).

68
[47] AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, Sûreté des centrales
nucléaires : conception, publication no SSR-2/1 (Rev. 1) de la collection Normes de
sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne (2017).
[48] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Derivation of the Source Term and
Analysis of the Radiological Consequences of Research Reactor Accidents, Safety
Reports Series No. 53, IAEA, Vienna (2008).
[49] NUCLEAR REGULATORY COMMISSION, Accident Source Terms for Light-Water
Nuclear Power Plants, Rep. NUREG-1465, NRC, Washington, DC (1995).
[50] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Environmental Consequences of
the Chernobyl Accident and Their Remediation : Twenty Years of Experience, Report of
the Chernobyl Forum Expert Group ‘Environment’, Radiological Assessment Report
Series No. 8, IAEA, Vienna (2006).
[51] INTERNATIONAL COMMISSION ON RADIOLOGICAL PROTECTION, Protection
from Potential Exposure — A Conceptual Framework, Publication 64, Pergamon Press,
Oxford (1993).
[52] INTERNATIONAL NUCLEAR SAFETY ADVISORY GROUP, Potential Exposure in
Nuclear Safety : A Report by the International Nuclear Safety Advisory Group,
INSAG­9, IAEA, Vienna (1995).
[53] INTERNATIONAL COMMISSION ON RADIOLOGICAL PROTECTION,
Environmental Protection: The Concept and Use of Reference Animals and Plants,
Publication 108, Elsevier, Oxford (2008).
[54] INTERNATIONAL COMMISSION ON RADIOLOGICAL PROTECTION, Protection
of the Environment under Different Exposure Situations, Publication 124, Sage
Publishing, London (2014).
[55] Convention sur la prévention de la pollution des mers résultant de l’immersion de
déchets et d’autres matières (Convention de Londres), Organisation maritime
internationale, Londres (1972).
[56] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Determining the Suitability of
Materials for Disposal at Sea under the London Convention 1972 and London Protocol
1996: A Radiological Assessment Procedure, IAEA-TECDOC-1759, IAEA,
Vienna (2015).
[57] INTERNATIONAL NUCLEAR SAFETY ADVISORY GROUP, Basic Safety
Principles for Nuclear Power Plants, 75-INSAG-3 Rev. 1, INSAG-12, IAEA, Vienna
(1999). A Report by the International Nuclear Safety Advisory Group, INSAG-12,
IAEA, Vienna (1999).

69
ANNEXE I

EXEMPLE D’UNE MÉTHODE GÉNÉRIQUE D’ÉVALUATION


DES EXPOSITIONS DE LA FLORE ET DE LA FAUNE
PENDANT L’EXPLOITATION NORMALE
DES INSTALLATIONS ET DES ACTIVITÉS

I-1. On trouvera dans la présente annexe, à titre d’exemple, une méthode


générique permettant d’évaluer et de contrôler la radioexposition de la flore et
de la faune due aux rejets pendant le fonctionnement normal des installations
et la conduite des activités. La méthode présentée sous ce point est fondée sur
l’approche adoptée par la CIPR pour protéger l’environnement [I-1, I-2] ; la
présente annexe décrit également les principaux aspects de l’approche de la CIPR
et le fondement de cette méthode.

I-2. La nécessité d’effectuer une évaluation explicite de la protection de la


flore et de la faune est soumise à la réglementation nationale ou internationale
applicable et dépend des caractéristiques de l’installation ou activité et des
conditions environnementales considérées. La méthode décrite dans la présente
annexe peut être employée, si cela est jugé nécessaire, en complément de
l’évaluation des expositions des êtres humains figurant à la section 5 du
présent guide de sûreté, dans le cadre d’une évaluation prospective de l’impact
radiologique sur l’environnement.

I-3. Souvent pour les activités ou installations nécessitant une simple évaluation
de l’impact radiologique sur l’environnement, la prise en compte explicite
des expositions de la flore et de la faune n’est pas jugée nécessaire, au motif
qu’un impact radiologique important sur l’environnement ayant des effets sur
les populations de flore et de faune n’est pas attendu, en raison, par exemple,
du stock limité de radionucléides dans l’installation ou des caractéristiques
intrinsèquement sûres de l’installation ou activité.

I-4. Pour les installations et activités nécessitant une évaluation plus complexe
de l’impact radiologique sur l’environnement, par exemple pour les installations
nucléaires et pour l’extraction et le traitement de l’uranium, la prise en
compte explicite de la radioexposition de la flore et de la faune peut être jugée
nécessaire par le gouvernement ou l’organisme de réglementation, en fonction
de la réglementation nationale ou internationale applicable. Dans ces cas, il est
possible d’utiliser l’approche adoptée par la CIPR pour évaluer et contrôler les
effets des rayonnements sur la flore et la faune [I-1, I-2] ; l’approche de la CIPR
est cohérente et compatible avec des approches similaires utilisées dans certains

71
États [I-3 à I-5]. L’approche de la CIPR utilise les concepts d’« animaux et
plantes de référence », d’« organisme représentatif » et de critères sous la forme
de « niveaux de référence dérivés à considérer ». Ces concepts et critères sont
décrits ci-dessous.

I-5. La méthode décrite dans la présente annexe a un caractère générique.


Pour la plupart des installations et activités en fonctionnement normal et pour la
plupart des conditions environnementales, une évaluation générique décrite dans
la présente annexe serait suffisante pour démontrer le niveau de radioprotection
de la flore et de la faune. Toutefois, une approche générique n’est pas forcément
adaptée pour évaluer l’impact sur la flore et la faune dans des circonstances
particulières, par exemple lorsqu’il s’agit d’espèces protégées ou d’espèces en
danger. Dans ces cas, une évaluation plus spécifique peut être nécessaire.

I-6. L’organisme de réglementation ou toute autre autorité compétente pourrait


identifier ces situations environnementales spécifiques qui justifient une attention
particulière, différentes des situations plus génériques figurant dans la présente
annexe. Les hypothèses et les types d’évaluation pour les situations nécessitant
une attention particulière seraient déterminés en accord avec le demandeur,
l’organisme de réglementation et d’autres autorités ayant des responsabilités en
matière de protection de l’environnement. En tout état de cause, les méthodes
décrites dans la présente annexe pourraient être utilisées comme outil de sélection
dans ces circonstances particulières.

PRINCIPAUX ASPECTS DE L’APPROCHE ADOPTÉE PAR LA CIPR


POUR PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT

I-7. Selon la recommandation de la CIPR, la protection de l’environnement


devrait avoir pour objectif d’empêcher les effets délétères des rayonnements sur
le biote ou de réduire leur fréquence à un niveau qui rendrait négligeable leur
impact sur le maintien de la diversité biologique, la préservation des espèces
ou la santé et l’état des habitats naturels, des communautés et des écosystèmes
[I–1, I–2, I–6]. Cette recommandation est conforme au paragraphe 3.28 de la
publication intitulée Principes fondamentaux de sûreté (n° SF-1 de la collection
Normes de sûreté de l’AIEA) [I–7], qui dispose ce qui suit :

« L’objectif général des mesures prises aux fins de la protection de


l’environnement est de préserver les écosystèmes d’une exposition aux
rayonnements qui aurait des conséquences néfastes pour une espèce
(par opposition à un organisme). »

72
I-8. En raison de la complexité des interactions entre les différentes espèces,
il est très difficile de modéliser et de prévoir les effets radiologiques sur les
écosystèmes exposés à de très faibles augmentations des niveaux de rayonnement
dans l’environnement. Cependant, les conclusions concernant les impacts
radiologiques sur les populations d’espèces et les écosystèmes, qui peuvent être
appliquées dans une optique prospective pour la gestion des sources radioactives
dans des situations d’exposition planifiée, pourraient être extrapolées à partir
de l’évaluation des expositions d’un nombre réduit d’organismes d’une espèce,
utilisés comme organismes de référence [I-6].

I-9. À cette fin, la CIPR a identifié des espèces qui peuvent être considérées
comme représentatives des écosystèmes marins, terrestres et dulçaquicoles32 et qui
présentent de grandes variations géographiques [I-1]. Ces espèces sont appelées
« animaux et plantes de référence »33. Pour sélectionner ces espèces, la CIPR
a adopté une approche pragmatique (par exemple, l’existence d’informations
suffisantes sur les espèces pour permettre leur utilisation comme animaux et
plantes de référence) et a examiné quelles espèces seraient les plus touchées
par l’exposition aux rayonnements présents dans les milieux environnementaux
[I-1]. L’approche adoptée par la CIPR pour protéger la flore et la faune tient
compte des effets des rayonnements au niveau individuel qui pourraient avoir un
impact sur la structure de la population d’une espèce (p. ex. mortalité précoce,
certaines formes de morbidité, effets sur la reproduction, induction de lésions
chromosomiques) [I-1, I-2].

I-10. La CIPR a défini des critères d’évaluation et de gestion de l’impact


radiologique sur la flore et la faune sous la forme de « niveaux de référence
dérivés à considérer » [I-1]. Les niveaux de référence dérivés à considérer sont un

32
En ce qui concerne la nécessité de disposer de modèles de référence pour représenter
les animaux d’élevage classiques, principalement les grands mammifères qui vivent
essentiellement dans l’environnement humain, aux fins de leur protection, la CIPR a estimé
que l’utilisation d’une évaluation de l’impact radiologique sur l’homme était suffisante pour de
telles situations environnementales ou écologiques gérées [I-1].
33
Un « animal ou plante de référence » est une entité hypothétique présentant les
caractéristiques biologiques de base supposées d’un type particulier d’animal ou de plante
décrit au niveau taxonomique à caractère général de la famille, avec des propriétés anatomiques,
physiologiques et biologiques définies, qui peuvent être utilisées pour établir une relation entre
l’exposition et la dose, et entre la dose et les effets, pour ce type d’organisme vivant [I-1, I-2].

73
ensemble de fourchettes pour le débit de dose34 à l’intérieur desquelles il n’existe
aucune preuve (pour la plupart des animaux et plantes de référence) ou seulement
quelques preuves d’effets délétères des rayonnements ionisants sur les individus
de l’espèce qui peuvent avoir des conséquences pour la structure de la population.
Les effets détectables chez certains individus d’une population n’auraient pas
nécessairement de conséquences pour l’ensemble de la population [I-1]. Pour les
très faibles augmentations de doses au niveau local, telles que celles qui résultent
du fonctionnement normal des installations et activités, il est difficile de pouvoir
observer les impacts au niveau de la population [I-1]. Les niveaux de référence
dérivés à considérer s’étendent sur un ordre de grandeur ; pour les débits de dose
inférieurs à la limite inférieure des fourchettes, aucun effet n’a été observé ou
aucune information sur les effets n’est disponible [I-1, I-2].

I-11. Les niveaux de référence dérivés à considérer ne représentent pas des


limites ; au contraire, conformément aux recommandations de la CIPR [I-2], ils
devraient être considérés comme des points de référence permettant de déterminer
le degré approprié d’effort que requiert la protection de l’environnement, en
fonction des objectifs généraux de gestion, de la faune et de la flore effectivement
présentes et du nombre d’individus ainsi exposés.

I-12. La CIPR a également introduit dans la publication 124 le concept


d’« organisme représentatif », qui est équivalent au concept de « personne
représentative » utilisé dans les évaluations des effets radiologiques sur
l’homme [I-2]. L’organisme représentatif est une espèce particulière ou un
groupe d’organismes sélectionnés pour être utilisés dans une évaluation de
l’impact radiologique sur l’environnement pour une installation ou activité
spécifique, en tenant compte de leur emplacement supposé par rapport à la source
de rayonnement [I-2]. Les organismes représentatifs sont ceux qui représentent
la flore et la faune les plus exposées [I-2]. Les niveaux de référence dérivés à
considérer s’appliquent aux organismes représentatifs.

34
La combinaison des facteurs de pondération radiologique et des facteurs de pondération
tissulaire pour estimer les doses efficaces à l’homme, exprimées en sieverts (Sv), n’est pas
appliquée pour évaluer le risque d’effets dus à l’exposition du biote ; la grandeur principale
utilisée pour l’évaluation des effets de l’exposition du biote est la dose absorbée, qui est définie
comme la quantité d’énergie absorbée par une unité de masse de tissu d’un organe ou d’un
organisme, exprimée en joules par kilogramme ou en grays (Gy), et qui dépend de la quantité et
du type de rayonnements [I-1]. En raison de la prise en considération de différentes espèces de
flore et de faune ayant des durées de vie différentes, il est commode d’exprimer les critères en
termes de débit de dose, en grays par jour (Gy/j) ou ses sous-unités, par exemple en milligrays
par jour (mGy/j) [I-1, I-8].

74
I-13. Étant donné que les niveaux de référence dérivés à considérer ne sont
pas des limites, lorsque les doses estimées aux organismes représentatifs se
situent à l’intérieur de la fourchette ou sont proches de la limite supérieure de
la fourchette, la situation radiologique peut encore être considérée comme
acceptable. Toutefois, un tel résultat justifierait probablement un examen
plus approfondi des impacts possibles sur l’environnement, qui devrait tenir
compte d’un certain nombre de facteurs. Les facteurs qui peuvent être pris en
considération au moment de prendre des décisions en fonction des impacts sur la
flore et la faune quand les doses estimées sont au-dessus de la limite supérieure
de la fourchette sont notamment les suivants : la taille de la zone où on estime
que les débits de dose auront lieu, la période prévue pour ces débits de dose, la
nécessité de se conformer à la législation spécifique, la possibilité pour la flore ou
la faune d’être considérée comme une ressource pour la consommation humaine,
etc. (p.ex. dans la gestion des pêches et la gestion des produits alimentaires issus
de la forêt), la présence d’autres agresseurs environnementaux, la question de
savoir si l’évaluation se rapporte à une espèce donnée présente dans la zone ou
à des types généralisés de plantes et d’animaux et le degré de précaution jugé
nécessaire [I–1].

MÉTHODE GÉNÉRIQUE D’ÉVALUATION DE L’EXPOSITION DE LA


FLORE ET DE LA FAUNE

I-14. S’agissant de la méthode générique décrite dans la présente annexe,


l’organisme représentatif est choisi directement parmi les animaux et plantes de
référence de la CIPR pertinents au regard du principal écosystème spécifique
(par exemple terrestre, marin, dulçaquicole) supposé se trouver dans la zone où
les conditions d’exposition entraînent les doses les plus élevées.

I-15. Conformément au concept d’organismes représentatifs, le débit de dose qui


doit être estimé dans l’évaluation de l’impact sur les populations de flore et de
faune ne serait pas le débit de dose de l’individu le plus exposé ; le débit de dose
serait plutôt caractéristique des débits de dose reçus par un groupe d’organismes
situés dans la zone où les expositions peuvent être les plus fortes.

I-16. Il faut tenir compte, au moment de sélectionner la zone où se trouve le


groupe d’individus représentatifs parmi ceux qui sont les plus exposés, de la
distribution spatiale typique des radionucléides rejetés dans l’environnement.
En général, les installations et activités peuvent être considérées comme des
sources ponctuelles et les concentrations d’activité les plus élevées dans les
milieux environnementaux résultant des rejets pendant le fonctionnement normal

75
sont en principe observées dans un rayon de quelques kilomètres autour de la
source. Ce comportement typique des matières rejetées dans l’environnement
atmosphérique et aquatique à partir d’une source ponctuelle est illustré à la figure
I-1. L’augmentation de la concentration d’activité dans l’environnement résultant
des rejets, indiquée par les courbes en trait plein de la figure I-1, diminue de
manière notable avec la distance par rapport à l’endroit où les concentrations les
plus élevées sont mesurées. Après une certaine distance, seules les concentrations
d’activité de fond peuvent être détectées (p. ex. l’activité due aux retombées
mondiales passées, la radioactivité naturelle).

I-17. En raison de la distribution annuelle des directions du vent et, pour la


dispersion aquatique, des directions des flux d’eau dans les rivières, les lacs et les
océans, il est raisonnable de supposer que les concentrations d’activité les plus
élevées seraient détectées dans n’importe quelle direction dans un rayon allant
jusqu’à 10 km. Par conséquent, une zone de référence d’environ 100 à 400 km2
située autour du point de rejet peut être utilisée pour les évaluations génériques
décrites dans la présente annexe. On peut supposer en toute confiance que c’est
dans cette zone que l’on trouve les concentrations d’activité environnementale les
plus élevées dues aux rejets en fonctionnement normal et que, par conséquent, les
animaux et plantes de référence dans cette zone recevront en principe les doses
de rayonnement supposées les plus élevées. La taille de cette zone de référence
recommandée est indicative ; des tailles différentes peuvent être adoptées pour
certaines installations ou activités, ainsi que pour différents lieux et situations
environnementales afin de tenir compte des conditions locales.

Dispersion atmosphérique Dispersion aquatique


Concentrations Concentrations
d’activité d’activité
[Bq/m3] [Bq/m3]

Contexte Contexte

10 Distance [km] Distance [km]

FIG. I-1. Modèles classiques de concentrations d’activité environnementale résultant de la


dispersion atmosphérique et aquatique des rejets provenant d’installations et activités en
fonctionnement normal.

76
I-18. La zone de référence autour de la source décrite au paragraphe I-17
est suffisamment grande pour que les effluents se mélangent aux milieux
environnementaux et que le nombre d’individus des espèces prises en compte
dans l’évaluation soit suffisamment important. Ces deux facteurs font en sorte
que les débits de dose estimés calculés dans les évaluations soient représentatifs
des débits de dose reçus par la fraction de la population la plus exposée, plutôt
que de ceux qui sont reçus par l’organisme le plus exposé de la population.

ÉVALUATION DE LA PROTECTION DE LA FLORE ET DE LA FAUNE


EN FONCTIONNEMENT NORMAL

Approche de l’évaluation

I-19. On trouvera dans la figure I-2 un résumé des composantes d’une évaluation
générique de l’impact radiologique sur l’environnement pour la protection de
la flore et de la faune en fonctionnement normal. Premièrement, on estime les
concentrations d’activité dans un certain nombre de milieux environnementaux
pertinents au regard de la flore et la faune à l’aide du terme source estimé pour
le fonctionnement normal et des modèles de dispersion et de transfert dans
l’environnement ; on estime ensuite les débits de dose provenant de l’exposition
interne et externe des animaux et plantes de référence pertinents au regard des
écosystèmes considérés en combinant les concentrations d’activité avec des
données dosimétriques ainsi que des informations sur le temps passé par les
différentes espèces dans différents habitats (p. ex. sur le sol ou au-dessus du sol,
dans l’eau, dans les sédiments aquatiques). Enfin, les débits de dose en résultant
sont comparés aux niveaux de référence dérivés à considérer.

Sélection du terme source et modélisation de la dispersion et du transfert


dans l’environnement

I-20. Les caractéristiques du terme source et les modèles de simulation de la


dispersion et du transfert des radionucléides dans l’environnement applicables
pour la flore et la faune (les deux premiers encadrés de la figure I-2) seraient
similaires ou identiques à ceux qui sont décrits dans l’évaluation des expositions
des êtres humains pour le fonctionnement normal à la section 5 du présent
guide de sûreté, ce qui permet de veiller à ce que les milieux environnementaux
considérés soient pertinents au regard de l’estimation des expositions de la
flore et de la faune. Par exemple, les modèles devraient permettre de prévoir
les concentrations d’activité dans certains milieux (air, eau douce, eau de mer,
sédiments aquatiques, sol, etc.) et les paramètres de transfert dans l’environnement

77
Sélection du terme source

Modélisation de la dispersion et du
transfert dans l’environnement

Identification des voies d’exposition

Sélection des animaux et plantes


de référence

Évaluation des débits de dose pour les


animaux et les plantes de référence

Comparaison des débits de dose


estimés avec les niveaux de
référence dérivés à considérer

FIG. I-2. Éléments d’une évaluation générique pour la protection de la flore et de la faune en
fonctionnement normal (la figure n’est pas censée être une procédure détaillée étape par étape
et est présentée pour illustrer les éléments de l’évaluation et faciliter sa description).

devraient être pertinents au regard de l’évaluation de l’exposition de la flore et


de la faune35. On trouvera dans la référence [I-9] des modèles et des données
permettant d’estimer la dispersion des radionucléides dans l’environnement.

35
Les paramètres de transfert utilisés pour estimer l’exposition des êtres humains due
à l’ingestion de biote dans le cadre de leur régime alimentaire, tels que les poissons, sont
différents des facteurs de transfert utilisés pour estimer l’exposition du biote, comme les
poissons eux-mêmes. Les premiers ne tiennent compte que de la concentration d’activité dans la
partie comestible du poisson, tandis que les seconds prennent en considération la concentration
d’activité dans le poisson entier, y compris dans les arêtes.

78
On trouvera dans les références [I-10, I-11] des paramètres de transfert pour les
radionucléides applicables pour la flore et la faune36.

Identification des voies d’exposition

I-21. Les voies d’exposition dont il convient de tenir compte lors de l’évaluation
des doses aux populations de flore et de faune sont les suivantes :

a) L’exposition externe due aux matières radioactives présentes dans


l’atmosphère, l’eau, le sol et les sédiments ;
b) L’exposition interne due à des matières radioactives absorbées par les
plantes ou ingérées ou inhalées par les animaux.

Sélection des animaux et plantes de référence

I-22. Les organismes représentatifs d’une évaluation générique sont sélectionnés


parmi les types d’animaux et de plantes pour les principaux écosystèmes
(terrestre, dulçaquicole et marin) qui sont pertinents au regard de l’emplacement
évalué. Ces types d’animaux et de plantes pour les différents écosystèmes et les
animaux et plantes de référence correspondants définis par la CIPR [I-1] sont
présentés dans le tableau I-137.

I-23. Afin d’évaluer leurs conditions d’exposition, les animaux et plantes de


référence sélectionnés doivent être situés dans une zone de référence autour de
la source, en principe autour du point de rejet, où l’on observe généralement
les concentrations d’activité environnementale les plus élevées. Les débits de
dose caractéristiques pour ce groupe sont estimés en utilisant, par exemple,
les concentrations moyennes d’activité dans cette zone de référence. Bien que
les caractéristiques écologiques puissent être différentes, en général, une zone
entourant le point de rejet des effluents de l’ordre de 100 à 400 km2 pourrait être

36
Une version révisée de la publication n° 19 de la collection Rapports de sûreté [I–9]
est en cours d’élaboration et portera sur les évaluations préalables de l’exposition du public, les
modèles génériques et les paramètres utilisés dans l’évaluation de l’impact des rejets radioactifs,
ainsi que sur les modèles génériques et les paramètres permettant d’évaluer les expositions de la
flore et de la faune dues aux rejets radioactifs des installations et activités.
37
Un ensemble différent mais équivalent d’organismes de référence est recommandé par
le projet intitulé Risque environnemental des contaminants ionisants : Gestion et évaluation
(ERICA) de la Commission européenne [I-4].

79
TABLEAU I-1. TYPES D’ANIMAUX ET DE PLANTES POUR TROIS
GRANDS ÉCOSYSTÈMES DEVANT ÊTRE UTILISÉS DANS LES
ÉVALUATIONS GÉNÉRIQUES DE L’IMPACT RADIOLOGIQUE SUR
LA FLORE ET LA FAUNE ET LES NIVEAUX DE RÉFÉRENCE
DÉRIVÉS PERTINENTS À CONSIDÉRER [I-1]

Écosystème Type d’animal Animal ou plante Niveau de référence


présentant ou de plante de référence CIPR dérivé à considérer
un intérêt (mGy/j)

Terrestre Plante de grande taille Pin de référence 0,1–1

Plante de petite taille Herbe sauvage 1–10


de référence

Insecte Abeille de référence 10–100

Annélide Ver de terre 10–100


de référence

Mammifère de grande Cerf de référence 0,1–1


taille

Mammifère de petite Rat de référence 0,1–1


taille

Eau douce Oiseau aquatique Canard de référence 0,1–1

Amphibien Grenouille de référence 1–10

Poisson Truite de référence 1–10

Marin Algues marines Algues brunes 1–10


de référence

Crustacés Crabe de référence 10–100

Poisson Poisson plat 1–10


de référence

80
utilisée pour la plupart des scénarios d’exposition liés au fonctionnement normal
des activités ou installations38.

Évaluation des débits de dose pour les animaux et plantes de référence

I-24. Les débits de dose dus à l’exposition par voie interne ou externe sont
calculés pour les animaux et plantes de référence sélectionnés situés dans la zone
de référence autour de la source décrite au paragraphe I-17. Le débit de dose
absorbée peut généralement être estimé à l’aide de modèles de transfert dans
l’environnement fondés sur des facteurs de concentration à partir d’un milieu
environnemental vers le biote et les facteurs dosimétriques correspondants pour
les expositions internes ou externes. On trouvera dans les références [I-10, I-11]
des taux de concentration des milieux environnementaux par rapport au biote
pour différentes espèces de flore et de faune et dans la réf. [I-1] des facteurs
dosimétriques pour l’estimation des débits de dose pour les animaux et plantes de
référence39.

Comparaison des débits de dose estimés avec les niveaux de référence


dérivés à considérer

I-25. Dans une évaluation générique prospective figurant dans la présente


annexe, si les débits de dose aux animaux et plantes représentatifs sélectionnés
sont inférieurs à la limite inférieure des niveaux de référence dérivés pertinents
à considérer, tels que ceux qui sont présentés dans le tableau I-140, l’impact sur
les populations de flore et de faune peut être considéré comme négligeable et
le niveau de protection de la flore et de la faune peut être considéré comme
adéquat. Si les débits de dose estimés se situent dans les limites inférieure et
supérieure des fourchettes, le niveau de protection peut encore être considéré
comme acceptable, mais l’organisme de réglementation pourrait décider si des
considérations supplémentaires (c’est-à-dire l’amélioration du niveau de détail de
l’évaluation) ou des mesures pratiques d’atténuation sont nécessaires, en gardant

38
Cette zone pourrait être soit un cercle d’environ 5 à 10 km de rayon, soit une boîte de
10 à 20 km de côté, tous deux centrés sur le point de rejet.
39
La version révisée en préparation de la réf. [I-9] proposera des méthodes pratiques
permettant d’estimer les débits de dose aux animaux et plantes représentatifs à l’aide de
scénarios génériques de dispersion dans l’environnement et les facteurs dosimétriques définis
dans la réf. [I-1].
40
Certains États ont défini et utilisé différentes approches pour évaluer l’impact
radiologique sur la flore et la faune, y compris leurs propres critères radiologiques, qui sont
généralement compatibles avec l’approche adoptée par la CIPR et les niveaux de référence
dérivés à considérer [I-3 à I-5].

81
à l’esprit que les niveaux de référence dérivés à considérer sont des points de
référence et non des limites. Si les débits de dose en résultant sont supérieurs à
la limite supérieure de la fourchette du niveau de référence dérivé à considérer,
l’organisme de réglementation devra décider s’il convient de renforcer le contrôle
de la source ou d’envisager d’autres mesures de protection.

RÉFÉRENCES POUR L’ANNEXE I

[I–1] INTERNATIONAL COMMISSION ON RADIOLOGICAL PROTECTION,


Environmental Protection: The Concept and Use of Reference Animals and Plants,
Publication 108, Elsevier, Oxford (2008).
[I–2] INTERNATIONAL COMMISSION ON RADIOLOGICAL PROTECTION,
Protection of the Environment under Different Exposure Situations, Publication 124,
Sage,London (2014).
[I-3] UNITED STATES DEPARTMENT OF ENERGY, A Graded Approach for Evaluating
Radiation Doses to Aquatic and Terrestrial Biota, DOE-STD-1153-2002, USDOE,
Washington, DC (2002).
[I-4] EUROPEAN COMMISSION, D-ERICA: An Integrated Approach to the Assessment
and Management of Environmental Risks from Ionising Radiation, EC,
Brussels (2007).
[I-5] CONSEIL CANADIEN DES NORMES, Évaluations des risques environnementaux
aux installations nucléaires de catégorie I et aux mines et usines de concentration
d’uranium, CSA N288.6 (R2017), Groupe CSA, Toronto (2017).
[I–6] COMMISSION INTERNATIONALE DE PROTECTION RADIOLOGIQUE,
Recommandations 2007 de la Commission internationale de protection radiologique,
Publication 103, Lavoisier, Paris (2009).
[I–7] AGENCE DE L’OCDE POUR L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE, AGENCE
INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, COMMUNAUTÉ
EUROPÉENNE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, ORGANISATION DES NATIONS
UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE, ORGANISATION
INTERNATIONALE DU TRAVAIL, ORGANISATION MARITIME
INTERNATIONALE, ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ,
ORGANISATION PANAMÉRICAINE DE LA SANTÉ, PROGRAMME DES
NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT, Principes fondamentaux de sûreté,
publication no SF-1 de la collection Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne
(2007).
[I-8] PROEHL, G., et al, Dosimetric Models and Data for Assessing Radiation Exposure to
Biota : Deliverable 3 to the Project « FASSET », Framework for the Assessment of
Environmental Impact, Contract No. FIGE-CT-2000-00102, Swedish Radiation
Protection Authority, Solna (2003).

82
[I–9] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Generic Models for Use in
Assessing the Impact of Discharges of Radioactive Substances to the Environment,
Safety Reports Series No. 19, IAEA, Vienna (2001) (une version révisée est en
préparation).
[I–10] INTERNATIONAL ATOMIC ENERGY AGENCY, Handbook of Parameter Values
for the Prediction of Radionuclide Transfer to Wildlife, Technical Reports Series
No. 479, IAEA, Vienna (2014).
[I–11] INTERNATIONAL COMMISSION ON RADIOLOGICAL PROTECTION,
Environmental Protection: Transfer Parameters for Reference Animals and Plants,
Publication 114, Elsevier, Oxford (2009).

83
ANNEXE II

EXAMEN DU RISQUE D’EFFETS SUR LA SANTÉ


ET DE L’ÉVALUATION DES EXPOSITIONS POTENTIELLES

II-1. Afin d’estimer les expositions potentielles, il est nécessaire d’évaluer et


de quantifier l’impact des accidents ou des événements dont la probabilité est
très faible. En règle générale, il existe un large éventail de scénarios d’exposition
possibles, allant de ceux dont l’impact potentiel est minime, voire nul, à ceux
dont l’impact potentiel est très élevé. Un grand nombre d’installations et
activités ne peuvent avoir que des conséquences radiologiques mineures ou
négligeables, même dans des scénarios d’accident, en raison de leurs stocks très
limités de matières radioactives ou des caractéristiques intrinsèquement sûres de
l’installation ou activité. Conformément au principe 8 de la publication intitulée
Principes fondamentaux de sûreté (n° SF-1 de la collection Normes de sûreté
de l’AIEA) [II-1], relatif à la prévention des accidents, des mesures doivent être
prises pour faire en sorte que la probabilité d’un accident ayant des conséquences
néfastes soit extrêmement faible. Par conséquent, les installations sont conçues
et exploitées et les activités sont conduites de manière que les accidents ayant un
impact potentiel élevé aient une probabilité plus faible que les événements ayant
un impact potentiel minime.

II-2. Une mesure du risque d’effets sur la santé dus au rejet non programmé
ou accidentel de radionucléides dans l’environnement par des installations et
activités est un indicateur utile dont il faut tenir compte lors de l’évaluation des
expositions potentielles. Le contrôle du risque d’effets sur la santé dus à des
expositions potentielles commence au stade de la conception des installations
et activités par l’adoption de dispositions concernant la protection et la sûreté
(par exemple, la défense en profondeur) qui sont proportionnelles à la probabilité
et à l’ampleur des expositions potentielles [II-2].

PROBABILITÉ D’EFFETS SUR LA SANTÉ À UTILISER DANS LES


ÉVALUATIONS PROSPECTIVES

II-3. L’estimation de la dose de rayonnement au public à la suite d’accidents


postulés, en termes de doses efficaces, combinée à un coefficient de risque pour
la santé, peut être interprétée, dans le cadre d’une évaluation prospective, comme
une indication du risque que des effets préjudiciables sur la santé se concrétisent.
Dans ce modèle, la probabilité d’apparition éventuelle d’un effet stochastique à
terme est supposée proportionnelle à la dose reçue, sans seuil. Un coefficient de

84
risque générique pour les effets stochastiques sur l’homme, qui peut être utilisé
dans les évaluations prospectives de l’impact radiologique sur l’environnement,
est de 5 × 10-2 Sv-1 [II-2].

DÉFINITION D’UNE MESURE DU RISQUE

II-4. Le terme « risque » est souvent introduit pour exprimer la combinaison de


l’impact d’un événement ou d’un scénario et de la probabilité de cet impact. La
publication n° GSR Part 3 de la collection Normes de sûreté de l’AIEA, intitulée
Radioprotection et sûreté des sources de rayonnements : Normes fondamentales
internationales de sûreté [II-2] définit le « risque » comme suit :

« Grandeur à attributs multiples, qui exprime le danger ou l’éventualité de


conséquences préjudiciables ou nocives associées à des expositions ou à
des expositions potentielles. Le risque est lié à des grandeurs telles que la
probabilité que se produisent des conséquences préjudiciables particulières,
ainsi qu’à l’ampleur et à la nature de ces conséquences. »

Une confusion peut naître entre ce terme avec un sens défini et une définition
mathématique et le sens courant du mot « risque », qui est parfois considéré
comme synonyme de danger. Divers systèmes ont été mis au point pour quantifier
le risque associé à un événement ou à un scénario et, par conséquent, pour
permettre de comparer directement les risques associés à divers événements.

II-5. Comme il est expliqué aux paragraphes 5.43 à 5.75 du présent guide de
sûreté, lorsqu’on utilise une méthode d’évaluation prospective de l’impact des
expositions potentielles, pour chaque scénario d’accident, une conséquence
(par exemple, une dose à la personne représentative) et la probabilité associée de
cette conséquence sont déterminées.

II-6. S’agissant de l’évaluation à des fins de radioprotection, il pourrait être utile


de définir une grandeur unique qui donne une mesure de chaque risque d’effets
sur la santé41. Étant donné que la conséquence d’une dose de rayonnement peut

41
Les définitions du terme « risque » figurant dans la présente annexe ne peuvent être
interprétées que comme une indication des risques, en raison des nombreuses incertitudes
liées à l’analyse probabiliste de la sûreté, à l’estimation des expositions possibles et à la
quantification des conséquences radiologiques associées. Voir également INTERNATIONAL
ATOMIC ENERGY AGENCY, Extension of the Principles of Radiation Protection to Sources
of Potential Exposure, Safety Series No. 104, IAEA, Vienna (1990).

85
être formulée comme une probabilité accrue d’effets sur la santé (p. ex. décès par
cancer)42, une indication du risque peut être obtenue en combinant la probabilité
pi d’un scénario d’accident i et la probabilité d’un effet sanitaire particulier en cas
de scénario d’accident i (Ci), à savoir

Ri = p i ´ C i (II–1)

tel que Ri est le risque d’un effet sanitaire particulier dû au scénario d’accident i.

II-7. Si plusieurs événements mutuellement indépendants doivent être examinés


et que les probabilités des événements sont faibles, les risques d’effets sur la santé
dus à tous les scénarios d’exposition potentielle examinés pourraient alors être
additionnés pour obtenir la probabilité globale d’effets sur la santé de la personne
représentative :

R= å p ´C
i
i i (II–2)

II-8. Comme il est indiqué dans les paragraphes précédents, le risque estimé
dans le cadre d’une évaluation prospective de l’impact radiologique sur
l’environnement décrite dans le présent guide de sûreté s’applique pour
une personne (c’est-à-dire la personne représentative pour les expositions
potentielles). En ce qui concerne les grandes installations, telles que les centrales
nucléaires, qui peuvent potentiellement toucher de nombreuses personnes et qui
pourraient avoir d’autres impacts non radiologiques, comme le stress social dû
à l’évacuation et à la restriction de l’utilisation des terres dans de vastes zones,
le risque sociétal éventuel pourrait également être quantifié et évalué sur la base
d’un critère. La prise en considération du risque sociétal n’est pas incluse dans
les présentes orientations et fait l’objet d’approches nationales.

42
Pour être plus précis, la probabilité de l’effet sur la santé peut être estimée à l’aide de
la fonction relation dose-effet, f(D), qui change avec le niveau de la dose. Le risque d’effets
sanitaires précoces peut également être calculé à l’aide des fonctions danger, en tenant compte
de la variation du risque en fonction du taux d’accumulation de la dose sur une certaine période
(p. ex. le premier jour ou les quelques jours suivant l’accident). Le risque d’effets tardifs sur la
santé peut tenir compte non seulement des cancers mortels mais aussi des cancers non mortels
dans différents organes, la leucémie et les effets héréditaires. Les détails de ces considérations
n’entrent pas dans le champ d’application de la présente annexe.

86
II-9. Les critères qui pourraient être utilisés pour la comparaison avec
l’estimation du risque d’effets sur la santé résultant d’expositions potentielles
sont présentés dans l’appendice du présent guide de sûreté.

ASPECTS FONDAMENTAUX DE L’ÉVALUATION PROBABILISTE


DES EXPOSITIONS POTENTIELLES DU PUBLIC

II-10. Comme il est indiqué dans la section 5 du présent guide de sûreté, pour
les installations qui comportent de nombreux dispositifs de sauvegarde et qui
nécessitent donc des évaluations complexes pour déterminer la probabilité
d’événements, l’ampleur des termes sources et les conséquences associées, des
techniques complexes d’évaluation de la sûreté peuvent être nécessaires, alliant
des méthodes déterministes et probabilistes et, dans certains cas, l’avis d’un
expert.

II-11. Dans une évaluation probabiliste des expositions potentielles, on estime


les fréquences des événements initiateurs postulés et on détermine les séquences
de défaillance possible ou un sous-ensemble représentatif qui englobe les
réponses de l’installation et des systèmes de sûreté, y compris les actions des
exploitants. La probabilité ou la fréquence globale de la séquence ou du scénario
de défaillance est calculée en combinant la fréquence des événements initiateurs
postulés et les probabilités de chaque défaillance du système. L’utilisation de
probabilités et de fréquences a pour corolaire la définition d’un laps de temps, qui
peut être choisi arbitrairement pour effectuer l’analyse. Une période d’un an est
généralement retenue.

II-12. Le terme source de chaque séquence est ensuite calculé. Dans certains
cas, il est possible d’utiliser un ensemble réduit de termes sources englobant des
termes sources similaires pour un ensemble de séquences de défaillance en vue
de réduire l’effort de calcul nécessaire.

II-13. On calcule ensuite la dose à la personne représentative pour des expositions


potentielles en utilisant un ensemble de conditions météorologiques et d’autres
conditions de transfert dans l’environnement, ainsi que les probabilités de voir
ces conditions apparaître et les facteurs propres au site qui peuvent avoir un effet
sur la dose et les probabilités de voir apparaître des conditions particulières, telles
que la probabilité que le vent souffle de la source vers la cible, la probabilité
d’autres conditions météorologiques, telles que la classe de stabilité de
Pasquill, la vitesse du vent et les précipitations et la probabilité que la personne
représentative se trouve à l’extérieur ou à l’intérieur.

87
RÉFÉRENCES POUR L’ANNEXE II

[II–1] AGENCE DE L’OCDE POUR L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE, AGENCE


INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, COMMUNAUTÉ
EUROPÉENNE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, ORGANISATION DES NATIONS
UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE, ORGANISATION
INTERNATIONALE DU TRAVAIL, ORGANISATION MARITIME
INTERNATIONALE, ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ,
ORGANISATION PANAMÉRICAINE DE LA SANTÉ, PROGRAMME DES
NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT, Principes fondamentaux de sûreté,
publication no SF-1 de la collection Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne
(2007).
[II–2] AGENCE DE L’OCDE POUR L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE, AGENCE
INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE, COMMISSION EUROPÉENNE,
ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET
L’AGRICULTURE, ORGANISATION INTERNATIONALE DU TRAVAIL,
ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ, ORGANISATION
PANAMÉRICAINE DE LA SANTÉ, PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR
L’ENVIRONNEMENT, Radioprotection et sûreté des sources de rayonnements :
Normes fondamentales internationales de sûreté, n° GSR Part 3 de la collection
Normes de sûreté de l’AIEA, AIEA, Vienne (2016).

88
PERSONNES AYANT CONTRIBUÉ À LA RÉDACTION
ET À L’EXAMEN DU TEXTE

Asfaw, K. Agence internationale de l’énergie atomique

Boal, T. Agence internationale de l’énergie atomique

Brownless, G. Babcock International Group (Royaume-Uni)

Cabianca, T. Public Health England (Royaume-Uni)

Cailes, C. Agence de l’environnement (Royaume-Uni)

Mueller, F. Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (Suisse)

Curti, A. Autorité de réglementation nucléaire (Argentine)

Daguse, T. Électricité de France (France)

Deguette, H. AREVA La Hague (France)

Dolinar, G. Énergie atomique du Canada (Canada)

Devol-Brown, I. Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire


(France)

Harman, N. Amec (Royaume-Uni)

Hemidy, P.-Y. Électricité de France (France)

Jones, K. Public Health England (Royaume-Uni)

Kliaus, V. Centre républicain scientifique et pratique d’hygiène


(Bélarus)

Lehmann, K.-H. Technischer Überwachungsverein Süddeutschland


(Allemagne)

Moore, J.- Commission de la réglementation nucléaire


(États-Unis d’Amérique)

Pinak, M. Agence internationale de l’énergie atomique

Proehl, G. Agence internationale de l’énergie atomique

Robinson, C. Programme des Nations Unies pour l’environnement

89
Rochedo, E. Commission nationale de l’énergie nucléaire (Brésil)

Saint-Pierre, S. Association nucléaire mondiale

Telleria, D. Agence internationale de l’énergie atomique

Van Graan, H. Autorité nationale de réglementation nucléaire


(Afrique du Sud)

Cabane, F. Électricité de France (France)

Vilkamo, O. Autorité de sûreté radiologique et nucléaire (Finlande)

Willrodt, C. Bundesamt für Strahlenschutz (Allemagne)

Yankovich, T. Ecometrix Inc (Canada)

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