reflexion sur l'avenir de l'Algerie 1830 1834 proto NA

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 23

Trois réactions “ algériennes ” sur l’avenir de l’Algérie,

1830-1834
Abla Gheziel

To cite this version:


Abla Gheziel. Trois réactions “ algériennes ” sur l’avenir de l’Algérie, 1830-1834. Insaniyat/��������
Revue algérienne d’anthropologie et de sciences sociales, 2014, 65-66, pp.187-210. �hal-02048757�

HAL Id: hal-02048757


https://hal.science/hal-02048757
Submitted on 25 Feb 2019

HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est


archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents
entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de
teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Trois réactions « algériennes » au début de la domination française sur
l’Algérie (1830-1834)

Même si la décision de conserver Alger avait été définitivement prise le 20


juillet 1830 ; aucune décision réfléchie n’avait été prise pour convenir de l’avenir de
la future Algérie : « Alger était tombée entre nos mains, il s’agissait maintenant de
décider ce que nous ferions de la Régence. Malgré le soin avec lequel il s’était
appliqué à réserver notre liberté d’action, M. Polignac était encore incertain sur ce
point1 ». Divers documents font référence à des projets étudiés et proposés au
cabinet de Polignac, tels que restituer la Régence à la Sublime Porte sous certaines
conditions, la partager entre les États européens ou la donner l’ordre de Malte, mais
rien dans l’immédiat ne laissait envisager une colonisation totale.
La politique de la France, pendant les quatre premières années de sa
présence, fut caractérisée par l’incertitude et l’inquiétude qui ne laissèrent pas
indifférente l’opinion française. Cette dernière fut scindée en deux camps : l’un était
pour une conquête totale du pays, l’autre était pour s’en défaire, d’où la politique
d’improvisation que menèrent les chefs militaires de cette époque. Ces derniers
administrèrent Alger selon leurs aspirations et priorités du moment : adaptant leurs
démarches et leur commandement en fonction des réalités du terrain, des chefs
indigènes influents, ainsi que des populations locales qui allaient devoir composer
avec l’arrivée des futurs colons.
La société de l’ex-Régence allait, une fois de plus, changer et devoir
composer avec de nouveaux schèmes de pensées venus d’un monde tout à fait
différent du sien, de sa langue, sa religion et de ses mœurs. Mais sur un plan
politique qui allait, parmi cette société et en ce début de la colonisation, s’imposer
pour défendre l’avenir de l’Algérie ?
La reddition signée, Bourmont fit évacuer la milice des janissaires, ne laissant
que ceux qui étaient mariés. Quant au dey Ḥuseïn, il lui laissa le choix de sa
destination, ce dernier opta pour Livourne, puis Alexandrie. Il aurait même, dit-on
avant de quitter la Régence, indiqué à Bourmont la conduite qu’il devait tenir face au
caractère des principaux chefs indigènes 2 s’il voulait achever sa conquête. Mais, cela

1
Edgar Le Marchand, L’Europe et la conquête d’Alger, Paris, Perrin et Cie, Librairie-Éditeurs 1913, p. 293.
2
Ibid. p. 287.

1
ne l’empêcha pas, deux années plus tard, d’être à l’origine de quelques intrigues à
partir de sa retraite.
Que firent les beys des autres beyliks ? Le bey Ḥasan d’Oran, vu son grand
âge se livra. Būmezrāg de Tittéry, dans un premier temps, prêta serment
d’allégeance, puis n’hésita pas à se rebeller, restait Ahmed bey de Constantine qui
préféra résister.
Quant aux populations, elles crurent que la situation allait s’apaiser d’elle-
même comme par le passé : à chaque fois qu’il y avait eu une expédition contre
Alger ou que celle-ci était bombardée, cela se terminait toujours par un traité de paix
et la vie reprenait son cours normal. De plus, les changements qui eurent lieu au sein
du gouvernement français, ainsi que les négociations engagées entre les Français
et les Turcs renforcèrent l’idée que leur présence n’était qu’une question de temps.
L’effet de surprise passé, l’heure était à l’organisation politique et à l’action
offensive : l’administration ottomane n’existant plus, il fallait trouver des
intermédiaires capables de représenter la Régence et les intérêts de ses populations.
C’est dans ce contexte que la politique algérienne allait faire ses premiers pas à
travers des hommes cherchant à s’imposer comme les nouveaux interlocuteurs : les
représentants d’un ordre nouveau. Malheureusement, le rôle politique qu’ils jouèrent,
reste peu connu ou n’a pas eu l’intérêt qu’il méritait ; il fut relégué au second plan, au
profit de la résistance armée et de ses figures : telles que l’émir Abdelkader, Ahmed
bey de Constantine, Mokrani et tant d’autres...
Ce travail est une étude qui cherche à mettre en avant les premiers acteurs de
la politique algérienne, et cela dès les premières années de la colonisation, de même
que leur ligne de conduite vis à vis de cette colonisation, ainsi que leur position
envers la société « algérienne » telle qu’elle était à l’époque.
Pour le besoin de cet article et afin d’illustrer notre analyse, nous avons choisi
trois figures : Hamdan Khodja, Ahmed Bouderba et Hadj Ali Sidi Saadi.
L’importance de ce choix réside dans le fait que chacun d’entre eux
appartenait à une communauté différente. Dans le cas de Hamdan Khodja,
Kouloughli3 d’origine, ses prises de positions restent plus au moins ambigües,
difficiles à cerner par moment : d’une part il était pour une indépendance du pays,
tout en souhaitant voir Alger restituée aux Ottomans, tout comme il n’était pas contre

3
Kouloughli : enfants nés d'unions entre les Turcs et les femmes autochtones.

2
un protectorat français où le pouvoir serait entre les mains d’un musulman. A
l’inverse, Ahmed Bouderba, Morisque4 d’origine, était pour collaborer et accepter la
colonisation, à condition que la Régence soit sous domination française, tout en
étant dirigée par un Arabe. Ce qui n’était pas le cas pour Hadj Ali Sidi Saadi, lequel
était prêt à se soumettre à condition que le trône d’Alger lui revienne. Afin de mieux
saisir leur prise de position et leur motivation, nous proposons dans ce qui suit de
mettre en lumière ces trois personnages à travers leur réaction respective et surtout
comment chacun envisageait l’avenir de l’Algérie.

1. Hamdan Khodja et sa politique libérale :


Kouloughli de naissance, proche de l’oligarchie turque, Hamdan Khodja serait né
à Alger en 1773. Il apprit le coran auprès de son père qui était enseignant théologien
à Alger, fonction qu’il reprit à la mort de ce dernier. Après ses études primaires, il fut
envoyé à Istanbul pour y poursuivre ses études de théologie. A son retour, il
enseigna quelque temps, fonction qu’il abandonna pour se lancer avec son oncle
dans le commerce. Ses nombreux voyages lui permirent d’apprendre le français et
l’anglais ; à ce sujet, nous devons être assez prudent quant à son niveau car lui-
même reconnaissait que son niveau de français était assez modeste : « Ce
consul(Deval) parlait aussi mal la langue turque que moi la langue française et n’en
connaissait ni les nuances ni la délicatesse5».
Après l’occupation d’Alger, il fut nommé membre de la municipalité que Bourmont
constitua. Selon lui, ce n’était qu’une mascarade, car : « Les délibérations étaient
silencieuses et pour la forme ; enfin notre participation était nulle au fond 6 ».
Face aux exactions commises par les troupes françaises, il rédigea en 1833 un
manuscrit qui se voulait à la fois historique et politique intitulé : Aperçu historique et
statistique sur la régence d’Alger, intitulé en arabe al Mir’āt’ (Le Miroir). Un
témoignage qui demeure avant tout et à la fois, un plaidoyer et un réquisitoire : un
plaidoyer en faveur de la Régence et un réquisitoire contre l’administration de
Bourmont et de Clauzel. Le manuscrit a été écrit par lui en arabe, et a été traduit en
français par H.D ORIENTAL7 et publié à Paris en 1834 aux éditons Goetchy fils et
Cie.

4
Morisque : terme qui désigne les musulmans venus d’Espagne
5
Hamdan Khodja, Le Miroir, op.cit., p.106.
6
Ibid., p.161.
7
Oriental est le seul indice qui laisse penser que l’auteur est musulman. En se référant au Dictionnaire de
l’Académie française, nous trouvons que le mot Oriental désignait aussi bien les Arabes et les Turcs musulmans
3
Les initiales H.D nous poussent à croire que le travail de traduction fut
l’œuvre du Tripolitain (Tripoli d’al Gharb) : Hassouna Daghiss8. Ce dernier, sur
l’initiative de son père reçut une éducation européenne. Il commença sa carrière
politique comme ambassadeur à Londres où il se lia d’amitié avec le philosophe
Jérémie Bentham9. Puis en 1826, après son retour à Tripoli, il fut nommé par
Youcef Karamanli ministre des Affaires étrangères. Avec Jérémy Bentham, il
complota dans le but de renverser le pacha, mais se ravisa au dernier moment,
Il prit la fuite et se réfugia à Istanbul 10 où il eut la direction du « Moniteur
ottoman11 », premier journal francophone destiné aux populations de l’Empire.
Ce qui est sûr est que Hassouna Daghiss, était un homme d’influence, sa
carrière a fait de lui un homme aguerri aux affaires politiques, et surtout qu’il
maitrisait le français et l’anglais.
Pourtant, nous ne pouvons ni affirmer ni infirmer si c’est bien lui l’auteur de
la traduction, car Hamdan Khodja, lui-même, ne le confirme pas. Ce dernier,
dans une lettre datée du 28 décembre 1833 qu’il adresse au général Voirol 12, il
écrit que l’ouvrage a été imprimé à Paris et, que son fils Hassan en aurait reçu
un exemplaire qu’il devait remettre à la Commission 13. Chose qui n’a pas pu se
faire car le livre arriva tardivement. Par contre il ordonne à son fils de le
remettre au général afin qu’il examine son travail : « J’ai donné ordre à mon fils
de vous le remettre et je réclame .de votre justice d’examiner ce travail sans
faire attention à son auteur, car chacun écrit d’après l’éducation qu’il a reçu et
de son propre jugement 14 ». D’ailleurs, ce qui est singulier c’est que dans le
« Miroir », il ne fait aucune allusion à l’aide que lui aurait apporté Daghiss : en
effet, la seule fois où il parle de lui, c’est quand il souligne la traduction que fit
ce dernier de l’œuvre de Vattel15 ; traduction qu’il a fait du français vers l’arabe.

Cf : Dictionnaire de l’Académie française, Paris, Imprimerie et librairie Firmin Didot frères imprimeurs de
l’institut de France, sixième édition,1835, p.314.
8
Hassuna D’ghies.
9
Jeremy Bentham né le 15 février 1748 à Londres et mort dans cette même ville le 6 juin 1832 était un
philosophe, jurisconsulte et réformateur britannique.
10
L. J. Hume « Preparations for Civil War in Tripoli in the 1820s: Ali Karamanli, Hassuna D'Ghies and Jeremy
Bentham », The Journal of African History, Vol. 21, No. 3 (1980), pp. 311-322.
11
Quotidien publié à partir du 5 novembre1831.
12
Général Voirol gouverneur général de l’Algérie du 29 avril au 27 juilleti 1834.
13
Commission envoyée pour faire par des suites qu’il conviendrait de donner à l’expédition et enquêter sur les
exactions commises par les troupes françaises dénoncées par Khodja avec son œuvre le Miroir.
14
ANOM, G.G.A, Série H, Registre n°1,sous série 1HH42, Correspondance générale avec les Arabe, copie
d’une lettre de Hamdan Khodja adressée au général Voirol le 28 décembre 1833.
15
Emer Vattel (Wattel) juriste suisse (1714-1767) auteur de « Le droit des gens ».
4
La question est : pourquoi ne l’a-t-il pas clairement spécifié, étant donné qu’il ne
manque pas de le féliciter pour son travail de traducteur : « Je ne lis pas le français,
cependant j’ai bien connaissance de la traduction fidèle en arabe, que M. le chérif
Hassuna Deguiz a faite du droit des gens de Wattel 16 ».
Le texte original en arabe du Miroir n’a jamais été retrouvé, seule la version en
français existe ; et c’est à partir de cette dernière, qu’il fut traduit, présenté et
commenté en langue arabe par Mohamed Larbi Z’biri 17. Non pas que nous voulions
mettre en doute l’authenticité ou réfuté l’ouvrage ,là n’est pas l’ objet de cette étude ,
mais nous sommes bien obligés d’admettre que l’original nous aurait mieux permis
d’appréhender toute la richesse du texte et d’en exploiter les idées et, surtout de
mettre fin aux doutes et aux rumeurs qui supposaient que le manuscrit avait été écrit
par un publiciste français, donc n’aurait jamais été traduit. D’autre part, il existe une
autre publication du « Miroir »" où le texte est suivi d’une réfutation des amis du
maréchal Clauzel ainsi que d’une réponse à la réfutation18.
En 2009, lors du symposium organisé à Alger, portant sur thème "L’Algérie,
durant la période ottomane : Les relations politiques, économiques et culturelles", les
Archives Nationales d’Alger(A.N.A) se sont vues offrir par le gouvernement turc, deux
manuscrits écrits en langue arabe. Le premier, intitulé Le miroir de l’Algérie, écrit en
1837 par Mohamed Redha, le fils de H. Khodja et le second est une copie d’un
deuxième livre de Hamdan Khodja dans lequel il traite et appuie les réformes
engagées par le sultan Ottoman, Abdelhamid II19 ».
Le Miroir se divise en deux parties. La première est répartie en douze
chapitres, les six premiers sont consacrés à décrire le pays, les habitants en faisant
d’eux des êtres attachants, respectueux de leurs traditions ancestrales. Nous
remarquons que pour désigner les habitants : Algérois, Kabyles, Arabes, Turcs ou
Kouloughlis, il utilise le mot ″Algériens″, cela signifierait que les notions d’État et de
nation avaient pris forme dans son esprit, et que de ce fait, il pouvait les appliquer à
la Régence en rassemblant les différentes communautés sous une même unité.

16
Georges Iver, «Mémoire de Hamdan Khodja» Revue africaine, N°57, Alger, Librairie-études Jourdan, 1913,
p138
17
Mohamed Larbi Z’biri, Al Mir‛āt Alger, SNED, 1985.
18
Hamdan Khodja, Le Miroir, Aperçu historique et statistique sur la Régence d’Alger. Introduction
d’A.Djeghloul. Paris, Ed. Sindbad, 1985.
19
Article paru le 14 octobre 2009 http://www.lemidi-dz.com/index.php?operation=accueil&date_article=2009-
10-14, consulter le 24 juin 2012.
5
Les chapitres restants sont consacrés au gouvernement, à ses lois et à sa
législation. Il insiste sur le fait que la Régence était un Etat fondé sur des principes
républicains, rien à voir avec un Etat corsaire sans foi ni loi comme le pense
l’Occident (Europe) Il écrit :
" Dans le cours de mon voyage en Europe, j’ai étudié les principes de la liberté
européenne qui fait la base d’un gouvernement représentatif et républicain. J’ai
trouvé que ces principes étaient semblables aux principes fondamentaux de notre
législation, si ce n’est qu’il existe une différence imperceptible dans l’application20 ».
Toutefois, il ne nie pas l’aspect négatif de certains deys, de leurs erreurs qui ont
entrainé le déclin de l’Etat algérien et l’occupation française 21.
La seconde partie relate le début de l’occupation française, de son
administration et des erreurs tactiques et des exactions commises envers la
population et ses biens. Il met l’accent sur les promesses non tenues de certains
généraux, il les accuse d’avoir déshonoré leur intégrité ; c’est la partie miroir ou la
partie négative de l’occupation, son but étant de faire passer un message libéral et
de toucher l’opinion publique sur la question de l’indépendance de l’Algérie.
Ce n’est plus le Turc ni le Kouloughli qui parle mais l’Algérien qui est attaché à sa
patrie : « […] chez nous nous n’étions pas hommes d’Etat, ce n’est que sur cette
terre que nous avons acquis nos titres, et nos dignités… ; ce pays est donc notre
patrie 22! ».
A défaut de pouvoir présenter un texte en arabe, nous proposons dans ce qui suit
une des correspondances de Hamdan Khodja que nous avons retrouvée aux
Archives Nationales d’Alger (A.N.A), laquelle a été traduite du turc vers l’arabe 23. La
lettre originale est écrite à la main, en osmanli et tient sur une page, pas de cachet
ou de signature apparente. La correspondance 24 est adressée à un ami très haut
placé du Serail dont le nom n’est pas cité. Nous n’avons utilisé et traduit que les
passages qui ont un rapport direct avec ses aspirations et motivations politiques.
Les points les plus importants concernent :

20
Hamdan Khodja, Le Miroir…, op.cit, p70.
21
Ibid. p 101.
22
Ibid. p 71. C’est nous qui soulignons
23
Quant à la traduction, elle comporte 12 pages dactylographiées en arabe et traduite par Fikri Touna..
Traduction sur laquelle nous nous sommes basée pour donner une version en français.
24
Archives Nationales d’Alger (A.N.A), Ḫaṭṭ Hümāyūn, Bt30, correspondance n° A37711. Correspondance de
Hamdan Khodja adressée à un ami, haut fonctionnaire de la Sublime Porte datée de 1250H ( avril 1835).

6
 son témoignage lors de la Commission d’Afrique.
 de la politique et de l’administration française.
 de son opposant Ahmed Bouderba, lequel fait tout pour saboter son travail.
 enfin sa position vis-à-vis de l’émir Abdelkader.
Dans un premier temps, il rend compte de la réunion de la Commission
d’Afrique, tenue début 1834, pour étudier la question algérienne. Il se veut confiant et
sous-entend que l’occupation française est une question de temps ; elle ne peut
avoir aucun bénéfice ou intérêt du fait de la différence de religion, de langue et de
mœurs. Il insiste sur l’opinion française, laquelle est excédée par ces dépenses de
guerre. Il ne fait aucun doute pour lui que : « … En gardant la Régence, la France
n’en sera que dans un grand embarras, bien plus que les bénéfices et avantages
qu’elle croit pouvoir réaliser25 ». Puis il se lance dans une analyse selon laquelle le
gouvernement français essaierait de s’en débarrasser au profil de la Sublime Porte,
sous réserve de garder quelques avantages pour les Français en conservant les
zones côtières. Il affirme que les avantages pécuniaires, jusqu’à ce jour, n’ont rien
donné, et quant à leur rendement dans l’avenir, cela reste incertain.
Bien qu’il pense fermement que la France va quitter Alger et la restituer aux
Ottomans, il avoue à demi-mot, que le roi est impuissant et ne peut prendre de
décisions seul, il est pieds et poings liés face à son gouvernement :
« …Même si en vérité le roi serait pour restituer Alger à l’empire ottoman, il
n’est pas libre de ses faits et gestes car il doit se plier à la volonté et aux décisions
du Conseil. C’est pour cette raison que le roi essaierait, en utilisant les affres de la
guerre et de ses dépenses, à pousser l’opinion publique, à le forcer ainsi que le
conseil à abandonner la Régence en la restituant aux Turcs 26 ».

Il dénonce la propagande faite autour de la fertilité des terres et des produits


qui pourraient être cultivés.Une propagnde qui avait « … pour but d’accélérer la
venue des colons. Cette dernière a eu des conséquences néfastes : elle a ancré
l’idée de colonisation et a su récupérer l’opinion publique en sa faveur27 ».

Le second point de la correspondance est consacré à son rival Ahmed


Bouderba : homme politique de la communauté mauresque, qu’il accuse d’user de

25
Archives Nationales d’Alger (A.N.A), Ḫaṭṭ Hümāyūn, Bt30, correspondance n° A37711. Correspondance de
Hamdan Khodja adressée à un ami, haut fonctionnaire de la Sublime Porte datée de 1250H (avril 1835).
26
A.N.A, Ḫatt Hümāyūn, Bt30, correspondance n° A37711. Correspondance de Hamdan Khodja adressée à un
ami, haut fonctionnaire de la Sublime Porte datée de 1250H (avril1835).
27
A.N.A, Ḫatt Hümāyūn, Bt30, correspondance n° A 37711. Correspondance de Hamdan Khodja adressée à un
ami, haut fonctionnaire de la Sublime Porte datée de 1250H (avril 1835)
7
son influence sur certains caïds afin de saborder ses tentatives de négociations et
pourparlers, aussi bien avec les Français qu’avec les autres communautés
(Morisques, Arabes et Khouloughlis). Pour Hamdan Khodja, Bouderba est un traitre
car il les encourage à se défaire de l’autorité ottomane en maintenant la paix avec
les troupes françaises, et il serait même prêt à accepter un infidèle comme roi :
« …Il aurait suggéré de faire monter le fils de Louis Philippe sur le trône de la
Régence ou sinon de désigner comme nouveau représentant des Français un Arabe
en contre partie d’un tribut… 28 ». Ce passage mérite toute notre attention : il ne peut
accepter de vivre sous une autorité autre que celle d’un musulman même si c’est un
Arabe ; en effet il vient contredire un autre passage du Miroir dans lequel il cite :
« …Que ce soit Pierre ou Paul qui nous gouverne, qu’importe, pourvu que nous
soyons bien gouvernés. 29 » .Cette pensée se confirme dans les paragraphes
suivants, où il rapporte une entrevue entre les deux hommes. Bouderba serait venu
lui demander son appui et son aide pour tenter de trouver une solution sur l’avenir
d’Alger. A partir de là, chacun des deux expose son point de vue.
Bouderba est pour une soumission et une pleine collaboration avec les
Français. Face à ce raisonnement, Hamdan Khoja répond : « Jamais cela ne pourra
se faire. En aucune façon, les sujets(…) n’accepteront l’idée que la Régence(…) soit
vassale des Français. Ahmed bey et ses partisans refuseront. De plus, l’aide
provenant de Tunis, du Maroc et de Fez vient du fait que la Régence soit vassale du
calife Mahmoud II, donc ce projet ne pourra jamais voir le jour. ».
Ce à quoi Bouderba réplique : « Les Arabes et les autres ne savent rien de ce
qui se passe entre les Français et nous. Il suffirait qu’un drapeau musulman ou un
étendard flotte pour qu’Ahmed bey se soumette et s’il refuse, ce seront ses hommes
qui le tueront ».
Hamdan Khodja : « Le problème n’est pas de connaitre l’attitude ou le destin
d’Ahmed bey ; la question n’est pas aussi simple que tu le crois ; elle dépasse la
frontière : assurer l’allégeance de Arabes de l’est et de l’ouest n’est pas une affaire
aisée. La soumission des Arabes à l’administration algérienne dépend du fait que
l’Algérie est la vassale du calife musulman, le sultan Mahmoud II ».

28
A. N. A, Ḫaṭṭ Hümāyūn, n°37711/A 1250H ( avril1835), lettre de Hamdan Khodja adressée à un ami intime au
Sérail.
29
Hamdan Khodja, Le Miroir…, op.cit, p. 121.
8
Une administration algérienne, laquelle ne doit pas être confondue, avec le
service administratif mais prise dans le sens de régence et d’autorité. Nous
remarquerons ici que, pour Hamdan, malgré la domination française, il considérait
toujours la Régence comme province ottomane, espérant son retour dans le giron
de l’Empire.
En comparant ses propos dans le Miroir et dans la correspondance, il est
question d’une Régence indépendante capable de rivaliser avec les pays européens
: « Ce n’est pas avec une administration française ni avec la violence que l’on a pu
réformer en Égypte et y rétablir l’influence française, ce n’est que par la présence du
vice-roi et son nom qu’on est parvenu à civiliser 30 ».
Nous devons aller au-delà de ces interprétations et y voir un parallèle entre
Alger et l’Égypte de Mehmet Ali, une manière détournée de dire que la réussite est
due au fait que le vice-roi est musulman , qu’il demeure avant tout sujet du Sultan et
son vassal, malgré le soutien des Européens. Il faut aussi y voir un rapprochement,
même s’il est implicite, avec Ahmed bey, sur lequel Hamdan Khodja fondait l’espoir
de le voir régner et être à l’origine du renouveau. Quitte à être dominé et occupé,
autant que cela soit par l’administration d’un musulman plutôt que celle d’un
infidèle. D’ailleurs, dans son mémoire adressé à la Commission d’Afrique, il dit bien
que si la France veut préserver ses intérêts au mieux, il lui serait judicieux :
« …d’élire un prince mahométan connu et capable auquel la France confierait le sort
de ce peuple avec le soin de le gouverner à l’aide des principes libéraux,
compatibles avec les lois et les mœurs de ces peuples 31 ».
Ici le terme « peuple » peut être interprété de deux manières : c'est-à-dire, une
première où l’on serait tenté de croire à une unité qui engloberait toutes les
communautés sans distinction d’ethnie, et, une seconde qui renvoie à la pluralité et à
la différence des sujets où le musulman serait l’élément dominant, quant à ceux qui
seraient en dehors de cette communauté ils auraient le statut de dhimmis.
Hamdan Khodja poursuit en ces termes : « je lui ai demandé, après cela,
comment est-ce qu’il comptait faire pour obtenir cet argent pour organiser l’armée et
pour payer le prix de la capitation. Bouderba me répondit. « Nous allons faire savoir
aux populations algériennes (d’Alger) que nous avons acheté l’Algérie. J’ai en ma

30
Hamdan Khodja, Le Miroir… op.cit, p.197
31
A. N. A, Ḫaṭṭ Hümāyūn, lettre de Hamdan Khodja adressée à un ami intime au Sérail, n°37711/A 1250H
(avril 1835).
9
procession des lettres de notables « d’al watan32 » disant : ″achetez l’Algérie33 et
nous nous chargeons de rassembler la somme et si cela ne suffit pas, nous
passerons un accord avec les Français pour nous laisser deux années sans rien
payer … ‫» ײ‬
Hamdan Khodja : « … le pays est une province ottomane, comment justifier
soustraire ce pays à l’autorité de ses maîtres légitimes et comment pouvons nous
promettre de payer un impôt (ḫarāğ) à des infidèles sans la permission de l’empire
ottoman ? Je lui dis que je ne pouvais cautionner une affaire aussi grave. Si cela
venait à se produire, je ne pourrais plus vivre en Algérie, sous une administration
autre que celle des Ottomans, de plus je ne pourrais jamais être d’accord sur le fait
de payer un tribut à des infidèles ».
La position de Hamdan Khodja est un paradoxe en soi : il parait être pour une
indépendance ou une autonomie de la Régence, il est conscient que des réformes
sont nécessaires pour la bonne marche du pays et sa sauvegarde, propos qu’il
réitère dans la correspondance qu’il adresse à la Commission d’Afrique :
«Non, les Algériens ne méritent pas qu’on les repousse de la société, ils font
partie de la famille humaine… Veuillez prendre en pitié leur position, un changement
de système peut seul rétablir l’ordre à Alger et faire renaitre la confiance. Le
concours de vos hautes lumières a été jugé nécessaire et les Algériens espèrent en
vous34 » .Il est pour qu’elle soit sous une tutelle ou un protectorat, Il va même à
solliciter et à interpeller les puissances européennes pour reconsidérer la question
algérienne et aider les Algériens, tout comme elles l’ont fait avec les Grecs, les
Belges et les Polonais35 et pourtant, dans sa correspondance avec le Sérail, il
espère le retour d’Alger dans le giron ottoman.
Face à ces enjeux économiques et politiques qui se jouent en cette partie de la
Méditerranée, Khodja était lucide sur le fait que ce rêve de faire d’Alger un État
moderne semblable à celui d’Égypte était une utopie. Ses choix et ses positions ne
diminuent en rien sa sincérité à vouloir défendre son pays, ses compatriotes : car

32
Dans la traduction en arabe le mot utilisé est « Watan ». Nous avons choisi de le transcrire tel quel car dans le
contexte de l’époque et par rapport à divers correspondances ce mot désignait, une province, une région sans
pour autant désigner l’ensemble de la régence d’Alger et de ses environs.
33
Nous pensons plutôt qu’il s’agit d’Alger et des ses environs et non pas l’ensemble de la Régence.
34
A.N.O.M , G.G.A, 18miom24 , Série E liasse 615, Copie de la lettre de Hamdan Khodja non signée adressée
aux membres de la commission le 26 octobre 1833.
35
Hamdan Khodja, Le Miroir…, op.cit, p.157.
10
pour lui : « Cet ouvrage n’est qu’un simple rapport […] car je ne suis que l’écho des
faits et l’organe de mes compatriotes 36 ».
Voyant ses actions sans effets, il retourne à Istanbul d’où il continua des suivre
l’évolution de la question algérienne. Il décède en 1842.
Comme nous pouvons le constater la démarche de Hamdan Khodja s’inscrit
avant tout dans un dialogue libéral en faveur de l’Algérie dont le but est d’amener les
puissance européennes à reconsidérer la question algérienne avec l’espoir de la voir
placé sous protectorat jusqu’à elle retrouve son autonomie mais tout en nourrissant
l’espoir de la voir réintégrer l’empire ottoman. Perspective, comme nous avons pu le
voir , que Bouderba ne partageait et qui était pour une tout autre démarche : une
politique de coopération et de collaboration en rejetant tout rattachement aux
Ottomans.
2-Ahmed Bouderba et sa politique de coopération :
Négociant, d’origine mauresque, il vécut à Marseille, marié à une française.
Étant donné qu’il vécut en France, il parlait français et l’écrivait, mais surtout il
connaissait ses lois et sa législation. Suite à une banqueroute, il retourna à Alger, et
c’est par lui, avec le fils de Hamdan Khodja, que fut négociée la reddition du dey
Ḥuseïn en 1830.
C’est à partir de ce moment qu’il s’imposa comme homme politique. Bourmont
constitua le conseil municipal et le nomma à sa tête, siégeaient également à ce
conseil des notables et des Juifs de la ville. Un conseil municipal qui aux dires de
Pellissier de Reynaud était plus une entité fantoche qu’un véritable conseil animé par
des intérêts communautaires, avis que partageait aussi Hamdan Khodja :
« On y fit figurer tous les Indigènes qui s’étaient les premiers jetés à notre tête,
c'est-à-dire les intrigants et quelques notabilités maures(…) Ahmed Bouderba en eut
la présidence. C’était un homme d’esprit fin et rusé mais sans le moindre principe de
moralité, et plus tracassier qu’habile, il avait longtemps habité Marseille, d’où une
banqueroute frauduleuse le força à s’en éloigner 37 ».
Abou Qacem Saadallah (historien algérien), reconnait en lui un personnage,
ambigu dont les motivations patriotiques et politiques restent difficiles à cerner,
surtout après son témoignage devant la Commission d’Afrique et le mémoire qu’il
rédigea à l’intention de l’administration française pour asseoir son autorité. Les

36
Hamdan Khodja, Le Miroir… op.cit ,p.198.
37
Pellissier De Reynaud, Annales algériennes, T1, Paris, Librairie militaire, 1854, p.77.
11
opinions à son sujet étaient partagées : pour les uns, il était un collaborateur, pour
les autres une victime des Français. Pour certains, il était un allié influent, et pour
d’autres un ennemi ; il est vrai que dans les premiers temps, il aida les Français en
servant d’intermédiaire, croyant leur action juste38, cela n’empêcha pas que l’on se
méfia de lui et qu’on le considéra comme un espion à la solde de l’émir Abdelkader 39.

Voyant ses approches politiques échouer et déçu par les Français et leurs
fausses promesses, il se consacra au commerce et se rallia à la cause de l’émir
Abdelkader : « … Ainsi, nous dirons que Ahmed Bouderba, faute d’avoir pu tirer
avantage de la présence française afin de réaliser ses ambitions personnelles et
patriotiques, et ayant perdu espoir en la France, il se rallia à l’émir Abdelkader.40».
Bouderba insiste sur le fait que les populations locales sont pour que les
Français restent pour les gouverner et que la différence de religion n’est qu’un détail
secondaire : « Nous ne serions musulmans que de nom mais administrativement
nous dépendrions de l’autorité française41 ».
Ses propos semblent intéressants, en effet à partir de 1834, la France décide
de garder l’Algérie, elle devient possession française. De ce fait Bouderba serait
pour une administration régis par les lois françaises , ce qui est , dans le contexte de
l’époque, en contradiction avec les fondements du statut personnel musulman. Et
d‘un autre côté, sa position , vis-à-vis de la question de l’islam serait de le reléguer
à un domaine spirituel sans pour autant y porter; chose sur laquelle il insiste dans
son mémoire où il conseille à l’administration française de respecter l’aspect
religieux, qui reste l’un des moyens les plus sûrs pour la paix :
« Il faut que l’autorité tâche de faire tout son possible de ne changer rien, ni
dans leurs mœurs, ni dans leurs usages ou habitudes surtout pour la religion, qui est
la première base qu’il faut établir solidement avec les musulmans 42 ».
Bouderba mit tout en œuvre pour s’opposer aux sympathisants et éléments
turcs ; il intrigua contre tous ceux qui manifestaient des sentiments pour le retour du

38
Abou Qacem Saadallah, Al Ḥaraka al waṭanyya, Alger, Dār al Baṣāʽir, 2009, 6ième édition, p184
39
Paul Azan, L’émir Abdelkader 1808- 1883, du fanatisme musulman au patriotisme français, Paris, Librairie
Hachette, 1930, p.67.
40
Abou Qacem Saadallah, Al Ḥaraka al waṭanyya, op.cit, p.105(traduction personnelle)
41
A. N. A. Document n° 37711/A1250 daté de (1834) correspondance de Hamdan Khodja adressée à un ami au
Sérail.
42
Georges Yver, « Mémoire Ahmed Bouderba », Revue Africaine, n°57, Alger, Librairie Jourdan, 1913.
12
régime ottoman. Même les Juifs eurent droit à ses intrigues car ils représentaient des
concurrents contre ses commerces. Toutes ses manœuvres lui valurent des plaintes,
Ce qui lui valu d’être exiler par deux fois : une première fois en févier 1832, mais ce
fut un exil volontaire qu’il sollicita de peur de représailles de la part de Rovigo, lequel
pensait qu’il complotait avec un comité Maure contre les intérêts de la France, mais
rien ne le prouvait réellement, et une seconde fois le 24 spetembre1836 fois par
Clauzel qui voyait en lui un espion à la solde de l’émir Abdelkader.
Il ressort, après la lecture de diverses correspondances, qu’il jouissait d’une
grande influence auprès des chefs arabes, beaucoup plus considérable que celle de
Hamdan Khodja. Les lettres qui lui sont adressées 43, par exemple, par Al hadj
Muhieddine as-Seghir ben Sidi Ali ben Moubarak, chef maraboutique de Kolehah, le
montrent clairement. Ce dernier lui fait le rapport des moindres faits et gestes de ce
qui se passe aux alentours des tribus arabes et kabyles, et que la sévérité la plus
implacable doit être appliquée envers les agitateurs ou les tribus récalcitrantes
: « Les tribus ont prêté serment sur le Coran de ne point attaquer les Français
parce qu’ils ne leur ont rien fait et aussi à cause de vous44 ».

Il n’était pas le seul à penser la même chose, comme l’atteste cette lettre,
datée de 1831, dans laquelle cheikh Zeïd ben Allal, autre chef arabe influent, laisse
entendre que les rebelles méritent la mort et que ce n’est que par ce moyen radical
que la paix sera possible :
« … Je vous apprends que les tribus qui méritent de périr entièrement sont
celles de Wād el Zitoun, car c’est le refuge de tous les malfaiteurs. Béni Misera et
Béni Saleh ont également beaucoup de mauvais sujets. Mais les plus méchants sont
les habitants de Blidah car ils sont la cause 45 ».

L’ascendant de Bouderba comparé à celle de Khodja parait beaucoup plus


important, et il mettait un point d’honneur, à travers ses relations, à garantir cette
paix, à tel point qu’il lui est demandé de conseiller à l’administration française un chef
pour les musulmans. Par ailleurs, dans une autre correspondance, l’agha Al hadj
Muhieddine as-Seghir ben Sidi Ali ben Moubarak recommande à Bouderba de
conseiller aux Français d’élire le plus vite possible un chef parmi eux, que cela serait

43
.A.N.O.M, GGA ,18Miom 14 /liasse 15 année 1831 : correspondance de Muhieddine as-Seghir ben Sidi Ali
ben Moubarak, agha des Arabes à Bouderba.
44
A.N.O.M, GGA ,18Miom 14 /liasse 15, année 1831 : correspondances de Muhieddine as-Seghir ben Sidi Ali
ben Moubarak, agha des Arabes à Bouderba.
45
A.N.O.M, GGA ,18Miom 14 /liasse 15, année 1831 : correspondances de Muhieddine as-Seghir ben Sidi Ali
ben Moubarak, agha des Arabes à Bouderba.
13
bénéfique pour les deux parties : «…de dire au général de nommer un gouverneur
pour les musulmans cela va de votre intérêt et du notre 46 ». Qui désigne-t-il en ces
termes : Les Arabes de la plaine ? Ou tous les musulmans sans distinction d’ethnie ?
Nous en doutons, vu les difficultés qui subsistaient entre Arabes et Kabyles et à titre
d’exemple, al Hadj Saadi et ses alliés refuseront de se soumettre à l’autorité de
Moubarak.
Henry Laurens souligne l’implication de Bouderba et celle de sa communauté
dans la régénération de la race arabe 47: Rôle que confirme Khodja lorsqu’il se
plaignait que Bouderba mettait tout en œuvre pour que les Français placent l’Émir
Abdelkader sur le trône d’Alger. Il ne faut pas oublier que Bouderba ne voulait pas
voir les Turcs reprendre le pouvoir. Choisir un chef parmi les Maures, n’était pas
possible ; jusqu’à présent, aucun ne pouvait relever le défi du leader charismatique
du schéma Khaldounien : un homme possédant à la fois les qualités d’un chef de
guerre mais aussi un chef religieux qui saurait réunir autour de lui des alliés au nom
de la religion. Donc le candidat archétype était, sans l’ombre d’un doute, Abdelkader,
donc il se rallie à lui, et entame sa propagande avec l’aide des autres Maures. Nous
savons que cette idée n’était pas du gout de Khodja, même s’il finit par accepter
l’idée par défaut après la chute d’Ahmed bey en 1837.
Bouderba retourna, à Marseille et de là à Paris, d’où il continua ses activités
politiques. En 1834, sur la demande de la Commission d’Afrique il témoigna en
faveur de la présence française.
A travers cet échange, il apparait que les termes de nation et de patrie chez
les deux hommes n’avaient pas le même sens. L’un est attaché au pouvoir ottoman
et souhaiterait le voir réinstaurer alors que le second est pour une paix entre Arabes
et Français. Là où Hamdan Khodja voit une patrie : « Mes enfants et toute ma famille
sont sous la domination des infidèles et moi je suis dans leur pays, combattant et
luttant de toutes mes forces pour ma patrie( waṭanî ) l’Algérie48. Bouderba, lui, y voit
une nation : « Si vous voulez que la nation algérienne vous obéisse, donnez un roi
français ou prenez le parmi les Arabes musulmans 49 ».

46
A.N.O.M, GGA ,18Miom 14 /liasse 15, année 1831 : correspondances de Muhieddine as-Seghir ben Sidi Ali
ben Moubarak, agha des Arabes à Bouderba.
47
Henry Laurens, Le royaume impossible, la France et la genèse du monde arabe, Paris, Amand Collin, 1990,
p.62.
48
A. N A. Document n°37711/A1250, Correspondance Hamdan Khodja, datée de (1835) correspondance de
Hamdan Khodja adressée à un ami au Sérail.
49
Ibid.
14
Même si Saadallah fait de Bouderba un leader national et l’insère dans un
parti politique arabo-musulman en disant de lui : « Il est Algérien d’origine
andalouse50 »... Cela est contradictoire ; en effet dans le contexte de l’époque, les
notions de parti national ou patriotisme ne sont pas clairement définis et se
contredisent. Où commence le patriotisme, concerne t-il l’ensemble de le Régence
ou seulement la province d’Alger et de ses environs (Blida, Kolea, Dellys, Cherchell).
Ce qui nous amène à notre troisième figure : Hadj Ali Sidi Saadi lequel dans un
premier temps opta pour démarche individuelle se reposant l’élément Kabyle pour
rejoindre l’émir Abdelkader dans la lutte armée.
3- Hadj Ali sidi Saadi et sa politique de communautarisme:
Les documents et sources le concernant laissent paraitre un personnage
complexe: tantôt d’origine modeste, tantôt chérif respecté, ou bien fervent résistant à
l’occupation française ou comme lui-même se qualifie : un héritier qui cherche à
reprendre un trône qui lui revient de droit. A partir des différentes versions : sources
écrites et témoignages contemporains, nous avons essayé de reconstituer quelques
bribes de la vie de ce personnage en mettant en évidence ses prises de position par
rapport au contexte de l’époque.
Abou Qacem Saadallah décrit Sidi Saadi comme un élément important de la
résistance et fervent opposant à la présence française 51 , qui refusa toutes tentatives
de négociation ou de cohabitation avec les Français, tout comme il était opposé
fermement au retour des Turcs. Il mena une guerre sans merci contre l’envahisseur,
appelant et haranguant les foules à la guerre sainte. Cependant, il s’avère que ses
aspirations politiques et religieuses dans le cadre de la résistance demeurent
mitigées. Sidi Saadi fut impliqué dans les attaques contre l’escorte de Bourmont à
Blida en juillet 1830, contre Clauzel en novembre 1830, et en dernier lieu contre la
ferme- modèle de Maison Carré52 (juillet 1831). Il subsiste des zones d’ombre quant
à la concordance des faits par rapport à son arrivée et ses prétendues entrevues
avec le dey Ḥuseïn. Si vraiment il était opposé aux Turcs, pourquoi cette entrevue ?
Le duc de Rovigo dans une lettre adressée au Ministre de la guerre Soult,
rapporte qu’au moment du débarquement français, Si Saadi revenait du Pèlerinage
et qu’avant d’arriver à Alger, il s’arrêta à Livourne où il aurait rencontré l’ancien dey

50
A.Q. Saadallah, Al Ḥaraka al waṭanyya…; op.cit, p.104.
51
A.Q Saadallah, Al Ḥaraka al watanyya, op.cit p.124
52
Al-Harrach banlieu d’Alger
15
Ḥuseïn53. La première chose qu’il fit, dès son retour, fut de prendre attache avec les
différentes tribus et il s’associa à Ben Za’mûm54 chef de la tribu des Flissa pour
mener la résistance. Dans une lettre adressée au duc de Rovigo, Si Saadi se
présente comme étant de noblesse chérifienne et membre d’une zaouïa de la
Grande mosquée d’Alger, dont ses ancêtres avaient eu la charge :
« Mes ayeux (sic) à moi, étaient empereurs à l’ouest, comme je vous l’ai dit.
Au temps du sultan Akhal, un de mes grands-pères, il est dit dans notre histoire qu’ils
gouvernaient depuis le Maroc jusqu’à Constantine. Mes ayeux (sic) ont construit la
grande Mosquée d’Alger […] Dieu a voulu que ce royaume fut perdu pour
nous…55 ».
Avant de poursuivre, les propos de Si Saadi sur sa généalogie méritent
réflexion et suscitent deux hypothèses. Il dit que ses aïeux auraient construit la
grande mosquée d’Alger, or la construction de celle-ci fut l’œuvre de la dynastie al
Moravide, du temps de Yūsef ibn Tašfīn, en 1097. Par contre, le minaret fut
construit, en 1324, par abū Tašfin (1318-1337), sultan zianide56. Le territoire de cette
dynastie s’étendait depuis la capitale Tlemcen, allant de la Moulouya et de
Sijilmassa, à l'ouest, jusqu’au sud de la Grande Kabylie et à la Soummam3, à l'est.
La capitale fut l’enjeu des rivalités avec les dynasties Mérinides, Hafsides et
Saadienne. Affaiblie par d’incessantes querelles et des guerres, le pouvoir des
ʽAbdalwādides prend fin définitivement avec l’arrivée des Turcs en 155057.
Quant à son grand-père « sultan Lakhal » ( le noir), l’histoire médiéval du
Maghreb fait référence à deux souverains possibles, il s'agit d'une part du calife Abū
Yūsuf al-Manṣūr (1184-1199) et du sultan mérinide Abū ʿInān (1348-1358). Ces deux
souverains passaient pour être des guerriers zélés de la guerre sainte. D'un point de
vue anthropologique, on peut remarquer qu'ils sont devenus des rois légendaires
puisque jusqu'à aujourd'hui des contes maghrébins se rapportent à eux 58. Par
ailleurs, dans la dynastie des Bendjellab (sultans de Touggourth), on trouve un

53
A.N.O.M, G.G.A, Série E- liasse 472, Correspondance générale des indigènes lettre adressée du duc de
Rovigo au ministre de la guerre le 22 février 1832.
54
Ben Za‛mûm ou Ben Zaamoum
55
A.N.O.M, 118miom4, Série E – 1HH42, Correspondance générale avec les Arabes, Registre n°1, lettre du
Hadj Ali Si Saadi au Duc de Rovigo, datée du 28 févier 1832.
56
La dynasties des Zianides également appelée (ʽAbdelwādid)
57
http://www.qantara-med.org article Les Abdelwâdides, consulté le 25septembre 2012.
58
Pour plus de détail voir Ferhat Helima., Le Maghreb aux XIIe-XIIIe siècles : les siècles de la foi, éd. Wallada,
Casablanca, 1992.
16
sultan : Mohammed 1ier (1729-1756) connu sous le nom de sultan Lakhal, et dont la
branche serait issue des Mérinides59
Il va sans dire que faute de sources beaucoup plus avérées, ces hypothèses
ne se sont que de simples spéculations, car cela nous pousserait aussi à remettre en
question son appartenance confrérique. Par rapport à ce point Saadallah affirme
qu’il appartenait à l’ordre de la Rahmanyya, contrairement à ce qu’écrit Rovigo, dans
un rapport60 envoyé au ministre de la guerre dans lequel il affirme qu’il était d’origine
turque et négociant très proche de l’ancien dey, d’où la rumeur qui disait que le
retour du dey était imminent et que Saadi l’aiderait à reconquérir la Régence.
L’agha Al hadj Muhieddine as-Seghir ben Sidi Ali ben Moubarak rapporte que Saadi
disait que Ḥuseïn pacha lui avait envoyé de la poudre en grande quantité ainsi que
de l’argent et c’est pour cela que les Kouloughlis et les Turcs l’auraient rejoint et qu’il
aurait même pris le titre de pacha61 .
Paul Azan62 nous dit que Si Saadi était le gendre de Ben Za’mûm, grand chef
kabyle mais que cette parenté ne lui donna aucune autorité, même, après avoir
rejoint les rangs de l’émir Abdelkader en 1834. Certaines tribus le rejetèrent du fait
de ses origines modestes. Information qui ne correspondait pas à la réalité du terrain
et du contexte. En effet dire qu’il fut rejeté semble chose assez rare, quand on
connait les rapports qu’entretenaient les populations avec les marabouts et hommes
de religion lesquels avaient un statut particulier.
Dans une autre lettre à Rovigo, datée du 30 janvier 1832, et signée de Sidi
Saadi, celle-ci suggère que les relations avec celui-ci avaient débuté fin décembre
1831 et que c’est Ben Za‛mûm qui, dans un premier temps, servit d’intermédiaire. Ce
dernier adressa une lettre à Rovigo, dans laquelle il demandait de considérer sidi
Saadi comme étant leur seul représentant : « … au sujet de hadj Ali Sidi : il est notre
chef et directeur de nos affaires ainsi que celles de notre pays. Nous acceptons tout
ce qu’il acceptera, car c’est un homme versé dans le secret du gouvernement et qui
saurait tout diriger. Lui seul peut être à la tête du peuple. Il vous demande par écrit
qu’elles sont vos conditions. Ses intentions sont bonnes et pacifiques. Confiez-vous

59
Cité par Charles Feraud dans Histoires des Sultans de Touggourt et du Sud Algérien, Origines et histoire
d’une dynastie saharienne T1, Alger, Éditions Grand Alger Livres, présentation CHEHRIT Kamal,2006, p.39.
60
A.N.O.M, 18miom22, Série E, liasse 472, Correspondance générale des indigènes, lettre adressée du duc de
Rovigo a ministre de la guerre le 22 février 1832,
61
A.N.O.M, 118miom4, Série E – 1HH42, Correspondance générale avec les Arabes, Registre n°1, lettre de
l’agha des Arabes Muhieddine as-Seghir ben Sidi Ali ben Moubarak adressée à Rovigo ,datée du 21 août 1832.
62
Paul Azan, L’émir Abdelkader 1808- 1883…, op.cit ,p.108.
17
à lui avec sécurité, il n’en résultera que le bien être du pays(…) il convient aussi que
vous reconnaissiez sa grandeur et sa puissance, puisque c’est lui de l’est à l’ouest
qui commande sur nous. Je vous demande pour lui de le laisser hisser un drapeau
rouge et loger à la Kassaba. Toutes les conditions que vous lui ferez, seront
acceptées car il est notre roi 63 ».
La lettre traduite par Zaccar (interprète français) semble apporter un tout autre
discours concernant les véritables motivations de ce personnage, à aucun moment il
n’est question de revendications fanatiques ; les propos laissent apparaitre un
discours cohérent, logique et surtout il est question, à la fois, d’une manœuvre
politique et économique : ses revendications étaient axées sur trois points :
 Etre établi à la Kassaba et d’y hisser un drapeau rouge : sachant que le
drapeau rouge étant la couleur de l’ancien gouvernement.
 lui livrer l’intérieur et l’extérieur de la ville
 Etablir des contrats commerciaux garantissant le libre commerce entre
les deux parties
En contre partie, les Français seraient les maîtres de toutes les tribus.
«…Car les Français seraient alors maîtres de toutes nos tribus. La ville serait
encombrée de nos produits et de nos minéraux. Nous nous arrangerons de manière
que le pays ressemblera à celui de l’Egypte. Nous pourrons dire que votre arrivée
nous aura fait du bien. Nous possédons chez nous des biens en abondance et un
peuple nombreux. Si anciennement nous n’étions pas riches, c’est que le
gouvernement d’alors était fourbe et nous n’y avons aucune confiance. Les Français
trouveraient leur intérêt à un pareil arrangement, j’ai particulièrement bon cœur et je
désire le bien être général sans distinction de religion. Je serai juste avec les
Français sans nul doute car j’aime l’esprit et les manières des Français. Le cœur de
toutes les tribus vous appartiendraient si vous écoutez leur demande 64 ».
Sidi Saadi envoya une lettre au duc de Rovigo, datée du 29 février 1832, dans
laquelle il réclamait le trône d’Alger, assurant que ce pouvoir lui revenait de droit.
Rovigo, ne lui accordant aucun intérêt politique ou militaire, par dépit, Sid Saadi se
rallia à l’émir Abdelkader qui en fera un de ses lieutenants à Mascara.

63
A.N.O.M, G.G.A, Correspondance générale des Arabes, 118MIOM 4, Série En sous-série 1HH42, Lettre de
Ben Zaamoum adressée au duc de Rovigo le 30 janvier 1832.
64
A.N.O.M, G.G.A, 118miom4, Série En sous-série 1HH42 « Correspondance générale des Arabes », lettre de
Hadj Ali Sidi Saadi adressée au Duc de Rovigo le 28 février1832.
18
Nous sommes bien loin du portrait épique qui présente Sidi Saadi comme
étant un patriote etun nationaliste sans faille. Au contraire, nous sommes en janvier
1832, soit après 19 mois d’occupation ; les propos que tient Si Saadi mettent en
avant certes, une envie de paix qui ne va pas au-delà de la province d’Alger. Si le
caractère du discours reste religieux, il est évident que l’intérêt politique et
économique n’est pas négligeable. Lorsqu’il utilise « nous » à qui renvoie ce
pronom ? A l’ensemble des populations : Arabes et Kabyles ?
Tout en reconnaissant Rovigo comme sultan, il glisse des menaces implicites
en traitant les Arabes de la Mitidja comme des traitres :
« …Ne croyez pas que je prenne pour appui les faibles habitants d’Alger. Les
Algériens sont tous sous vos ordres, ils n’ont aucune force et ne cherchent que vos
grâces. Vous êtes maître de les faire souffrir ou non, ils sont vos sujets soumis. Nous
ne comptons pas sur eux car ils sont trop faibles. Je ne ferai pas comme le général
votre prédécesseur, je ne m’appuierai pas sur les Arabes de la Mitidja pour attaquer
les Cabaïls. Je m’appuierai sur les forts(…) ce n’est que vous prouvez le ridicule de
votre prédécesseur qui voulait prendre le plus fort par le faible, nous avons ri de sa
combinaison et de sa politique 65».

Ces extraits de lettres remettent en cause ses motivations réelles ; sinon


comment expliquer qu’il était prêt à cohabiter et à reconnaitre la domination d’un non
musulman et à se soumettre ? Et, quant au rôle qu’il aurait joué dans l’unité nationale
cela reste encore à être défini. Une unité nationale exige une équité entre les
membres des différentes communautés où l’appartenance tribale de ses membres
ne serait que facultative : ce qui n’est pas le cas ; l’élément Kabyle est mis en avant
puis viennent les Arabes d’Alger et enfin les bédouins qui semble t-il « ne diffèrent en
rien des bêtes66 », ce qui est péjoratif. Et quant aux habitants d’Alger, les Algériens
(algérois) se sont des faibles : rancœur, sans doute, qui s’explique par le fait que
trois siècles plutôt, les habitants d’Alger livrèrent la ville aux Turcs, puis aux français
sans émettre aucune opposition.
Si Saadi, reste un personnage très controversé par ses propos et les
témoignages rapportés. Kabyle ? Turc ? Ou tout simplement un héritier déchu qui
tenta de reconquérir et de reconstruire un passé révolu ?

65
A.N.O.M, G.G.A, 118miom4, Série En sous-série 1HH42 « Correspondance générale des Arabes », lettre de
Hadj Ali Si Saadi adressée au Duc de Rovigo le 28février1832
66
A.N.O.M, G.G.A, 118miom4, Série En sous-série 1HH42 « Correspondance générale des Arabes », lettre de
Hadj Ali Si Saadi adressée au Duc de Rovigo le 28février1832
19
Après la défaite de l’émir Abdelkader, il se retira dans les montagnes dans
une zaouïa où il décède en 1844.
Conclusion :
Chaque protagoniste que nous avons cité tenta de préserver, comme dans le
cas de Hamdan Khodja, une politique déjà établie par les Ottomans, mais en y
apportant des réformes adéquates d’où le fait qu’il est tenté une approche avec
Ahmed bey qui échoua , ou d’accepter la domination comme le préconisait
Bouderba en collaborant pour faire prévaloir la nationalité arabe : c'est-à-dire une
collaboration qui aurait débouché , à long terme, sur une égalité de droits . Avec Si
Saadi, c’est un autre cas de figure qui se présente : c’est plus l’individualisme et le
communautarisme qui prévalent.
Hamdan Khodja, Ahmed Bouderba et Hadj Sidi Saadi croyaient, chacun à leur
manière, qu’ils étaient « l’homme de la situation », mais ils avaient aussi leur talon
d’Achille qui était de n’avoir pu dépasser les différences ethniques d’une part ainsi
que leurs querelles d’autre part. Au lieu de s’engager dans une politique d’unification,
c’est le contraire qui se produisit : une politique de division, laquelle servit la
régénérescence non pas d’un courant mais de trois courants : turc, arabo-andalou et
berbère. Leur démarche resta stérile, sans résultat, car ils oublièrent que l’idée d’un
État-nation reposait avant tout sur l’esprit d’unité qui faisait défaut aux différentes
communautés de la société de l’époque.

Abla GHEZIEL
Doctorante Histoire contemporaine.
Université Toulouse Jean Jaures, campus
le Mirail
Labo : FRAMESPA UMR 3651

20
Bibliographie
Sources et archives :
 A.N.A, Ḫatt Hümāyūn, Bt30, document n° A37711/A. Correspondance de
 A.N. A, Ḫaṭṭ Hümāyūn, lettre de Hamdan Khodja adressée à un ami intime au
Sérail, n°37711/A 1250H (avril 1835).
5
 A.N.O.M , G.G.A, 18miom24 , Série E liasse 61 , Copie (non signée) de la
lettre de Hamdan Khodja, datée du 26 octobre 1833, adressée aux membres
de la commission d’Afrique.
 A.N.O.M, 118miom4, Série E – 1HH42, Correspondance générale avec les
Arabes, Registre n°1, lettre de l’agha des Arabes, Muhieddine ben
Moubabarak, à Rovigo ,datée du 24 août 1832.
 A.N.O.M, 118miom4, Série E – 1HH42, Correspondance générale avec les
Arabes, Registre n°1, lettre du Hadj Ali Si Saadi au Duc de Rovigo, datée du
28févier 1832
2
 A.N.O.M, 18miom22, Série E, liasse 47 , Correspondance générale des
indigènes, lettre adressée du duc de Rovigo au ministre de la guerre le 22
février 1832,
 A.N.O.M, G.G.A, 118miom4, Série En sous-série 1HH42 « Correspondance
générale des Arabes », lettre de Hadj Ali Sidi Saadi adressée au Duc de
Rovigo le 28 février1832
 A.N.O.M, G.G.A, 118miom4, Série En sous-série 1HH42 « Correspondance
générale des Arabes », lettre de Hadj Ali Si Saadi adressée au Duc de Rovigo
le 28février1832
 A.N.O.M, G.G.A, Correspondance générale des Arabes, 118miom 4, Série E,
sous-série 1HH42, Lettre de Ben Zaamoum adressée au duc de Rovigo. le 30
janvier 1832
 A.N.O.M, GGA ,18Miom 14 /liasse 15, année 1831 : correspondances de
Muhieddine ben Moubabarak, agha des Arabes adressées à Bouderba.
1
 ANOM, G.G.A, Série H Registre n°1,sous série HH42, Correspondance
générale avec les Arabe, copie d’une lettre de Hamdan Khodja adressée au
général Voirol le 28 décembre 1833.

Ouvrages :

 AZAN (Paul), L’émir Abdelkader 1808- 1883, du fanatisme musulman au


patriotisme français, Paris, Librairie Hachette, 1930, p67
 DE REYNAUD (Pellissier), Annales algériennes, T1, Paris, Librairie militaire,
1854.
 FERAUD (Charles), Histoires des Sultans de Touggourt et du Sud Algérien,
Origines et histoire d’une dynastie saharienne T1, Alger, Éditions Grand Alger
Livres, présentation CHEHRIT Kamal,2006.
 HUME (Léonard. John). “ Preparations for Civil War in Tripoli in the 1820s:
Ali Karamanli, Hassuna D'Ghies and Jeremy Bentham”, The Journal of
African History,Vol. 21, No. 3 (1980), pp. 311-322.
 JULIEN (Charles –André), Histoire de l’Algérie contemporaine, la conquête
et les débuts de la colonisation (1827-1871), Alger, Éditions Casbah, 2005
 KHODJA (Hamdan), Le Miroir, Aperçu historique et statistique sur la
Régence d’Alger, Alger, OPU, 2006, préface président Bouteflika.
21
 LAURENS (Henry), Le royaume impossible, la France et la genèse du
monde arabe, Paris, Amand Collin, 1990.
 LE MARCHAND Edgar, L’Europe et la conquête d’Alger, Paris, Perrin et
Cie, Librairie-Éditeurs 1913.
 SAADALLAH (Abou Qacem), Al Ḥaraka al waṭanyya, Alger, Dār al Baṣāʽir,
2009, 6ième édition.
 YVER (Georges), « Mémoire Ahmed Bouderba », Revue Africaine n°57,
Alger, Librairie Jourdan, 1913.
 YVER (Georges), «Mémoire de Hamdan Khodja» Revue africaine, N°57,
Alger, Librairie-études Jourdan, 1913.

Sources électroniques :
 http://www.qantara-med.org article Les Abdelwâdides, consulté le 25
septembre 2012.
 http://www.lemidi-dz.com/index.php?operation=accueil&date_article=2009-
10-14, consulter le 24 juin2012

22

Vous aimerez peut-être aussi