LE TOURISME DURABLE

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LE TOURISME DURABLE

Le tourisme durable est défini par l’Organisation mondiale du tourisme


(OMT) comme un tourisme « qui tient pleinement compte de ses impacts
économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant
aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des
communautés d’accueil ». En prenant en compte les injonctions
du développement durable, le tourisme durable se présente alors comme
une alternative aux pratiques touristiques traditionnelles de masse, et
regroupe les différentes formes de tourisme qui, inspirées par l’idéologie de
la conservation, mettent en valeur en les respectant voire en les préservant
les ressources patrimoniales (naturelles, culturelles, sociales) d’un territoire
à l’intention des touristes, accueillis de manière à minimiser
les effets négatifs qu’ils génèrent immanquablement sur les espaces
naturels comme sur les communautés locales.
La recherche de durabilité est une affaire de prise de conscience ; de
définition de principes à respecter en prenant soin de ne pas considérer la
ressource touristique comme une ressource qui s’épuise lorsqu’elle fait
l’objet d’une mise en valeur touristique ; de mise en œuvre de ces principes
de façon à entretenir le potentiel touristique du lieu en fonction de la
succession des pratiques et des sensibilités dominantes.
Il existe différentes appellations du tourisme durable selon l’aspect (social,
culturel, naturel) qui est le plus valorisé lors du voyage : écotourisme,
tourisme solidaire, slow tourism, etc. Le tourisme durable est un secteur en
forte croissance : d’après l’association ATR (Agir pour un tourisme
responsable), il progresse en moyenne de 20 % par an en France.
Le tourisme est aujourd’hui la première source de recettes d’exportations bien devant l’automobile,
la chimie, l’alimentation, l’informatique ou encore le pétrole. Il met en jeu des investissements
considérables de capitaux, génère des revenus substantiels et crée des emplois importants. Ainsi,
pour de nombreux pays, il est une source indispensable de devises ; il en est même la première
source pour 38 % des pays, selon un rapport de l’Organisation mondiale du tourisme sur le
développement du tourisme dans le monde, publié en 2003.

2Une des destinations touristiques principales de la rive sud de la Méditerranée, le Maroc, séduit
par ses merveilles naturelles, ses villes impériales, son climat, l’accueil et la générosité de ses
habitants… Autant d’atouts pour que le Maroc devienne l’une des destinations méditerranéennes
prisées des touristes étrangers.

3Le secteur touristique occupe une place importante dans l’économie marocaine. Une analyse du
rapport annuel de la Banque centrale du Maroc publié en 2004 montre que sa part est trois fois
supérieure à celle des produits de la mer, du textile ou de l’agriculture. Ainsi, un des secteurs les
plus importants pour ce qui est de la croissance économique, des devises, des investissements et
de la création d’emplois se révèle être le tourisme. En effet, en 2003, selon ce même rapport, le
tourisme a représenté 6,9 % du PIB, créé 600 000 emplois directs, généré 5,9 milliards de dirhams
de flux d’investissement, avec une capacité de 97 000 lits classés. Tout cela explique cette étroite
corrélation qu’on suppose souvent entre tourisme et développement.

4L’apport économique de l’activité touristique au Maroc est certes important. Il est de plus en plus
considéré par les hauts responsables comme un secteur stratégique pour accompagner le
développement économique. Mais qu’en est-il des coûts pour l’environnement et le social ainsi que
pour le développement durable ? L’objectif principal de cet article est d’explorer les aspects qui
feront du tourisme une activité motrice du développement durable au Maroc.

5Nous commençons par traiter du tourisme au Maroc et surtout de la vision 2010, pour nous arrêter
sur quelques problèmes qui handicapent sa réalisation. Comment conjuguer cette stratégie
ambitieuse de développer et d’accroître quantitativement l’activité touristique avec celle de vouloir
faire du tourisme une activité aux retombés durables et sans perte de son potentiel touristique
diversifié ? Telle sera la question dont nous traiterons par la suite.

Le tourisme au Maroc
6Le Maroc a accordé, dans sa politique de développement, une place de choix à l’activité
touristique dès la fin des années 1960. Pourtant, il n’a très souvent adopté que des politiques
ponctuelles pour développer le secteur du tourisme. En effet, depuis son indépendance, les
gouvernements successifs ont cherché à encourager le secteur sans y apporter la volonté politique
nécessaire. Ce n’est qu’à partir de l’année 2001 que la décision fut prise au plus haut niveau de
l’État de tracer une nouvelle stratégie impliquant les secteurs à la fois public et privé avec une
nouvelle vision appelée « Vision 2010 ».

7Conscients que les paysages attrayants et la richesse d’un patrimoine ne suffisent pas à assurer le
succès du secteur touristique, en l’absence d’une politique véritable et adaptée aux besoins du
marché, les professionnels insistaient sur l’importance de considérer ce secteur comme un «
secteur exportateur », une industrie motrice permettant de déclencher la profonde dynamique de
croissance économique et sociale que le Maroc recherche toujours après plusieurs années
d’ajustements et de réformes structurelles.

8En effet, les potentialités à conquérir des marchés touristiques ont poussé les responsables
marocains à élaborer, à l’intérieur d’un accord-cadre signé en janvier 2001 entre l’État et les
opérateurs du secteur, une stratégie touristique ambitieuse permettant, à l’horizon 2010 : l’accueil
de 10 millions de touristes, la réalisation de 160 000 nouveaux lits, la création de 600 000
nouveaux emplois, l’augmentation des recettes annuelles en devises de 20 à 80 milliards de
dirhams et une contribution au PIB de l’ordre de 2 à 3 points par an. Le Maroc ambitionne donc de
passer, en l’espace de dix ans, de la 39e à l’une des 20 premières destinations mondiales.

9Sous l’impulsion de cet accord-cadre le plan Azur a donc été lancé. Il s’agit de développer six
nouvelles zones à haut potentiel, situées à proximité des aéroports : Khmis Sahel à Larache,
Mogador à Essaouira, Saïda Ras El Ma dans la région d’Oujda, El Haouzia à El Jadida, Taghazout à
Agadir et enfin la Plage blanche à Guelmim. La réalisation de ces sites permettra de doubler la
capacité d’hébergement, pour aider à accueillir les 10 millions de touristes.

10Pourtant, et même si en effet le Maroc dispose d’atouts non négligeables qui peuvent favoriser la
réalisation de cette vision 2010, il est avéré que ce pays n’est pas encore doté des infrastructures à
la hauteur de ses ambitions et que ce secteur reste lourdement pénalisé par des problèmes tels
que le foncier, la fiscalité, le financement et la formation professionnelle.

11Cependant, si certains problèmes liés à l’investissement, à savoir les réglementations foncières


et fiscales, ont été résolus en grande partie au cours des trois dernières années, le financement en
fonds propres et la formation professionnelle devraient constituer des priorités de tous les
intervenants dans le secteur. Les professionnels s’interrogent surtout sur le côté financier
proprement dit et sur la sécurité et la rentabilité des fonds mis à disposition par les investisseurs et
les bailleurs de fonds.

12Pour passer du stade artisanal à l’intégration du monde du tourisme industriel, des


investissements massifs sont nécessaires. En effet, la promotion du tourisme au Maroc suppose des
investissements importants surtout sur les plans de l’hébergement et des infrastructures. Le plan
prévoit un investissement global qui exige une mise de fonds de plus de 100 milliards de dirhams.
Pour tranquilliser les bailleurs de fonds, il faudra que le Maroc puisse offrir un rendement interne de
12 % et un taux d’occupation de 60 % des hôtels.

13La problématique du financement des projets touristiques est complexe. Plusieurs volets restent
liés notamment à la complexité du secteur, au risque de surcapacité, au risque lié à
l’environnement, à l’intensité capitalistique, ainsi qu’au financement bancaire. Le principe de
développement de ces zones adopté par l’État marocain consiste à confier à un organisme privé la
charge d’aménager puis de vendre des zones foncières prêtes à l’emploi. L’État, pour sa part, se
charge des infrastructures hors site, par exemple l’eau, l’électricité…, pour que, par la suite, «
l’aménageur-développeur » se charge de la gestion de certains services communs. Pour le Maroc, «
l’aménageur- développeur » est donc une idée nouvelle. L’aménageur-développeur idéal est un
consortium qui réunit des investisseurs internationaux et un groupe local. Mais, apparemment, ce
n’est pas une condition sine qua non, car l’important est de trouver l’aménageur-développeur qui
doit investir, parfois, jusqu’à un milliard de dirhams pour préparer une zone selon un cahier de
charges précis. La sélection de ces aménageurs- développeurs a débuté au premier trimestre 2003.
Jusqu’à présent, l’effort du gouvernement marocain a surtout porté sur le soutien du plan Azur en
participant et en soutenant les acquisitions des 3000hectares indispensables aux implantations des
cités balnéaires et aux mesures d’accompagnement nécessaires.

14Le gouvernement marocain n’entend pas alourdir la charge de la dette extérieure du pays. En
conséquence de quoi, l’appel à des fonds privés locaux est indispensable. La mobilisation de
l’épargne et son orientation vers le secteur touristique par les institutions financières et le système
bancaire sont devenues la clé de la réussite de toute la vision 2010.

15Les Marocains sont ainsi appelés à investir dans le développement touristique de leur pays. Pour
mobiliser l’épargne publique, il faut d’abord modifier et adapter les réglementations locales en la
matière.

16En outre, il ne faut pas oublier la formation, la restructuration de l’offre culturelle, le


renforcement des budgets de promotion et de publicité, le financement de la restructuration du
secteur aérien, les investissements en infrastructures routières et sanitaires, en sécurité…

17Outre ces différents problèmes, le tourisme au Maroc pose fortement la question de ses effets
sur l’environnement et le social. En effet, au Maroc, pour plusieurs analystes, cette ambition
d’atteindre l’objectif de 10 millions de touristes en 2010 s’inscrit dans le développement d’un
tourisme de masse. Ils se demandent si le Maroc, avec son plan Azur, ne sera pas amené à
pratiquer avec un certain retard une politique déjà expérimentée ailleurs, laquelle aujourd’hui pose
de graves problèmes de toutes sortes, en particulier environnementaux et sociaux. Aujourd’hui, la
réalité impose de promouvoir un développement durable du tourisme.

18Aucun projet de développement véritable ne peut ignorer les caractéristiques essentielles du


milieu naturel et culturel, les besoins, les aspirations et les valeurs mobilisatrices des populations
concernées. Le Maroc possède des potentialités touristiques nombreuses qui restent à mettre en
valeur. Le tourisme durable dans son sens le plus large en est une. Il est aujourd’hui au stade
embryonnaire ; cela demande la mise en place d’une stratégie de développement d’un tourisme
durable pour répondre à une demande potentielle importante appréciée à l’horizon 2010.
19En effet, le développement du tourisme est une préoccupation bien légitime dans un pays qui
dispose de plusieurs atouts comme le Maroc, mais il doit être conduit avec précaution, dans le
cadre d’un tourisme durable, dans le temps et dans l’espace. Eu égard à l’importance de cette
activité, vu ses enjeux économiques, sociaux et environnementaux, la question de la durabilité de
l’activité touristique devrait donc constituer un sujet de préoccupation majeur.

20Le tourisme est-il un facteur de développement durable ? Cette activité n’en demeure pas moins
« à double visage, structurante et déstructurante, productive et dégradante, facteur de liberté et
instrument de différence » (Bensahel et Donsimoni, 2000). Que faut-il alors pour que le tourisme
joue le rôle essentiel qu’on lui accorde pour constituer un atout durable du développement au
Maroc ? Comment intégrer la question de durabilité dans la vision globale apportée par le contrat-
programme 2010 ? Tel sera l’objet de la deuxième partie de notre article.

Stratégie de développement du
tourisme durable au Maroc
21La notion de « développement durable » a été officiellement introduite en 1987 dans le rapport
Brundtland pour les Nations unies, lequel définit que, pour être durable, le développement doit «
répondre aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à
répondre à leurs propres besoins », une des plus célèbres définitions, publiée en 1987 dans le
rapport de la Commission des Nations unies sur l’Environnement et le Développement,
communément appelé « rapport Bruntland ».

22La recherche de la durabilité se place au carrefour d’une triple préoccupation, économique,


sociale et environnementale : la poursuite d’un développement économique sans lequel rien n’est
possible, la recherche d’une plus grande justice sociale, enfin, le souci de protection et de
renouvellement des ressources naturelles non indéfiniment extensibles… Le vingtième siècle s’est
donc achevé avec une prise de conscience planétaire où l’environnement et le social constituent
des thèmes majeurs des stratégies de développement. Le concept de développement durable
s’applique au tourisme. Ainsi, les différentes branches du tourisme international se mobilisent pour
respecter les principes du développement durable, introduire ainsi les notions de gestion et d’audits
environnementaux et sociaux, mettre en œuvre des codes de bonnes pratiques, travailler sur des
labels de qualité qui influent sur le choix des destinations, promouvoir le tourisme durable…

23Le tourisme durable désigne « toute forme de développement, d’aménagement ou d’activité


touristique qui respecte et préserve à long terme les ressources naturelles, culturelles et sociales,
et contribue de manière positive et équitable au développement économique et à
l’épanouissement des individus qui vivent, travaillent ou séjournent dans ces espaces ». Cette
définition de l’Organisation mondiale du tourisme, publiée sur son site Internet, reprend les grands
principes de la Déclaration de Rio de 1992 concernant le Développement durable, en les adaptant
au secteur du tourisme. Le concept de tourisme durable incite à placer l’homme et l’environnement
au centre de toute réflexion sur les stratégies de développement de l’activité touristique. Adopter
le tourisme durable, c’est aussi et d’abord affirmer la volonté politique de maîtriser son
développement en répondant aux différents besoins des acteurs qui vivent sur le territoire
concerné.

24Le Maroc peut fort probablement tirer profit du tourisme pour son développement pas
uniquement économique, mais durable. La prise de conscience de ce fait est un préalable
indispensable. Cependant, l’une des questions qui se posent fréquemment est de savoir comment
trouver des réponses au développement du tourisme durable.

25Cela suppose d’abord que les notions de développement et de progrès ne soient pas seulement
évaluées dans une logique économique et professionnelle ; elles méritent d’être redéfinies en
relativisant les indicateurs quantitatifs traditionnels de l’économie du tourisme. On pourrait
éventuellement introduire des éléments tels que : le nombre de visiteurs, le multiplicateur de
dépenses, les emplois créés, les recettes en devises, la rentabilité… en essayant de prendre en
compte l’ensemble des coûts (environnementaux, culturels et sociaux) de l’activité touristique sur
le long terme, la répartition des richesses induites, la qualité de vie des populations concernées…
un ensemble d’objectifs auxquels le tourisme n’a pas toujours l’habitude de se confronter.
26Une autre condition primordiale pour relever le défi du développement au Maroc est l’implication
de la majorité des acteurs, aux intérêts sûrement contradictoires, dans l’élaboration de stratégies
réalisables de développement durable du tourisme. Travailler avec la diversité des acteurs, c’est
reconnaître qu’il existe des logiques différentes. La prise en compte des logiques territoriales d’une
part, des logiques entreprenariales d’autre part, est également fondamentale. Le processus est
certes long, car il demande un important travail de mobilisation et d’animation des acteurs pris
dans leur diversité.

27Le tourisme, secteur générateur d’emplois et de devises, pourrait aussi offrir l’occasion au Maroc
de se doter d’une ressource clé pour son développement et pour la lutte contre la pauvreté.
Pourtant, les acteurs touristiques au Maroc semblent encore peu mobilisés sur des projets concrets
de tourisme durable. En effet, la durabilité économique l’emporte encore. Il est vrai qu’un certain
nombre de responsables et d’acteurs du tourisme s’efforcent de proposer des produits plus
respectueux de l’homme et de son environnement. Cependant, le fossé entre le discours et la
réalité reste énorme ; le combler est d’une importance fondamentale.

28Le tourisme, priorité nationale au Maroc, ne peut devenir « une stratégie gagnante » que si
l’option « Tourisme Durable » est choisie et poursuivie largement et par tous. Toute la stratégie qui
gère les investissements, les professions et la promotion doit se fonder sur une approche
systémique durable adaptée aux réalités. Les tarifications et la mise en place d’un label de qualité
doivent aboutir au meilleur rapport qualité/prix. Pour toutes les branches de l’activité touristique,
un suivi régulier, une surveillance et un contrôle doivent se mettre rapidement en place.

29Nous pensons qu’il faut tout d’abord que « l’environnement et le social » s’inscrivent parmi les
fondements de tous les produits touristiques «Maroc ». Il est urgent d’entreprendre une véritable
réflexion sur les produits pour introduire dans les produits « traditionnels » balnéaires et « culturels
» la touche « d’émotions » et « d’authenticité » qui leur manque très souvent. La recherche d’une
véritable adéquation entre l’offre et la demande est essentielle. Il faut savoir que le touriste
souhaite aujourd’hui se tourner vers de nouvelles formes de tourisme davantage interactives et
authentiques.

30Le Maroc dispose d’atouts touristiques très variés liés à la diversité de ses climats, de son relief,
de ses sols, de ses cultures… On remarque que, malgré cette diversité des possibilités, la
répartition est inégale ; la concentration de la fréquentation induit une concentration des impacts
sur des territoires dont il importe d’apprécier la fragilité ; la structure économique n’est pas
suffisamment diversifiée pour absorber les crises…

31Aujourd’hui, il y a un décalage important entre une demande forte qui émane tant de touristes
étrangers et de populations urbaines nationales que de marocains qui résident à l’étranger et, en
contrepartie, une offre inorganisée. Il s’agit donc de valoriser et de structurer cette offre pour
qu’elle réponde aux attentes, ce qui nécessite d’associer à la volonté nationale, déjà affirmée dans
le contrat-programme 2010, toutes les initiatives locales qui sont certes nombreuses, mais qui ne
sont pas bien mises en valeur. L’évaluation des effets positifs de l’existant dans les activités
touristiques, mais également la prévision et l’anticipation des effets négatifs et leur gestion
s’imposent. Le rôle de chaque intervenant, qu’il soit public, privé, collectivité locale, association,
université… se doit d’être clairement identifié et les synergies doivent se définir soigneusement et
rapidement. Nous pensons également que les filières de l’éducation doivent créer et renforcer les
formations liées aux métiers du tourisme durable.

32Au Maroc et lors des quatrièmes assises de tourisme tenues à Casablanca en février 2004, on a
envisagé d’ouvrir davantage les régions rurales au tourisme. Avant de le faire, il est indispensable
de se préoccuper de la capacité de charge des milieux, de la mise en place d’une réglementation
de zonage pour l’occupation des sols, de prévoir des campagnes de sensibilisation, de
réglementation et de surveillance, d’accepter l’éventuelle décision d’orienter les visiteurs vers
d’autres zones ou centres d’intérêts si les caractéristiques d’un espace exigent de trop forts
investissements par rapport aux retombées possibles de l’activité touristique…

33Au sein des organisations professionnelles, il est nécessaire d’envisager la mise en place de «
fonds spéciaux » destinés à garantir la pérennité des produits et à créer les moyens de protection
et de préservation des sites et du patrimoine naturel et culturel et ce, dans l’immédiat. Des
formules spéciales de financement pour la création des aménagements et des hébergements
spécifiques devront aussi être mises en oeuvre.

34Une des questions posées – surtout par les professionnels – est celle de la rentabilité. Le calcul
de rentabilité de toute activité économique ne peut se faire uniquement en termes monétaires et
financiers. Forcément, il prend en considération l’ensemble des gains et des coûts à long terme
(réduction de coûts liés aux économies d’énergie par exemple) et touche ainsi l’ensemble de la
société (impacts sur les autres secteurs économiques, sur la qualité de vie des habitants…). Le
tourisme durable pourrait probablement être surtout le gage d’une rentabilité durable, de
reproduction de l’activité elle-même, car il pourrait permettre de préserver l’attractivité et donc le
succès d’une destination.

35Dès lors, l’application des critères du tourisme durable constituerait vraisemblablement une
occasion de conserver une proportion accrue des recettes. Celles-ci pourraient être réinvesties
dans le tourisme et la protection des sites et l’amélioration de ceux-ci pour les générations futures,
facilitant ainsi la création de petites entreprises et d’emplois. Le tourisme durable peut également
constituer un levier pour la diffusion des techniques, l’artisanat, le développement du réseau
d’adduction et de traitement de l’eau, des communications, de l’agriculture et des services publics
de santé et d’éducation. De plus, il constitue une occasion de promotion d’un processus participatif
de la communauté dans son propre développement humain et d’une conscience collective du
respect.

36Quand on aborde la question de développement durable et, en ce qui nous intéresse ici, de
tourisme durable, un élément s’impose : l’innovation. Pour l’ensemble des acteurs du secteur
touristique et face à la nouvelle configuration de la demande touristique mondiale, l’innovation
apparaît en effet comme un des éléments moteurs du développement du tourisme durable. Cela
revient à innover, tout en maîtrisant le développement de nouvelles prestations par l’exploitation
de nouveaux marchés, en veillant au maintien du produit offert, au respect de l’environnement et
des populations… aux principes du développement durable du tourisme.

37« Dans les dix années à venir, le monde du tourisme changera plus qu’au cours des dernières
décennies. » Cette citation empruntée au président de Microsoft, Bill Gates, traduit parfaitement
l’ampleur des changements qui s’annoncent dans le secteur touristique. L’innovation est donc
l’unique et le plus important moteur de la compétitivité, de la croissance et de l’emploi à long
terme.

38En effet, dans un environnement de plus en plus difficile, les acteurs du secteur touristique, au
Maroc et ailleurs, sont contraints à innover sans cesse. Innover revient à proposer de nouvelles
idées, de nouvelles méthodes, de nouveaux produits, pour aider le secteur du tourisme à mieux
résister aux différentes crises économiques, politiques, socioculturelles… Les nouveaux
mécanismes de promotion de l’innovation et de coopération dans le domaine touristique devraient
s’appuyer sur une stratégie clairement définie et être encadrés par des lignes directrices adaptées
pour faire en sorte qu’ils favorisent un marché concurrentiel, qui laisse jouer librement les forces en
présence, dans le respect des principes du développement durable du tourisme.

39Ainsi, l’analyse et la compréhension du processus d’innovation touristique s’avèrent plus


urgentes que jamais. Au Maroc, et pour plusieurs professionnels et responsables, l’innovation se
limite aux nouvelles technologies de communication et à l’ouverture d’un site Internet, alors que
l’innovation concerne toutes les fonctions de l’entreprise : dont la conception globale du produit, le
management, l’ingénierie financière, le marketing, l’animation, la gestion du personnel… Bref, les
innovations immatérielles dans l’organisation et les services participent aussi largement à
l’évolution de l’offre… « L’innovation représente un processus et non pas un ‘effet’ direct et
immédiat d’une nouvelle donne sur le tissu économique et social d’un milieu donné. » (Alter, 2002)

40L’innovation, facteur clé du développement économique et social, est devenue un outil


incontournable des stratégies de développement, de croissance et de création d’emplois. Pour
réussir ce processus dans le secteur du tourisme, il faut bien évidemment prendre en considération
les nouvelles données de la mondialisation, les nouvelles exigences du développement durable du
tourisme, les nouveaux comportements des touristes qui déterminent des habitudes de
consommation nouvelles par rapport auxquelles l’offre touristique doit s’adapter. Mais, aussi,
l’apport des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC).

41En effet, le tourisme fait partie des activités de service par excellence qui requièrent, d’une part,
des structures des et infrastructures physiques adéquates (hôtels, restaurants, transporteurs…) et,
d’autre part, un traitement de l’information efficace. La place que doivent occuper les NTIC,
apparaît alors essentielle pour faire du tourisme un véritable levier de développement.

42Ces exemples d’actions doivent aussi susciter l’engouement et la prise de conscience


nécessaires pour atteindre les objectifs du contrat-programme à l’horizon 2010.
Conclusion
43Le développement d’un tourisme durable, qui offre des découvertes innovantes avec une
implication de la population locale et une préservation de l’environnement, semble être vraiment
judicieux et pouvoir répondre à des enjeux réels du développement durable au Maroc. Cependant, il
faut être conscient que le tourisme, même durable, n’est pas la « panacée universelle » aux
problèmes de développement. Il ne doit surtout pas devenir une « monoactivité » qui pourrait
conduire à une dépendance quasitotale, sachant que le tourisme du Sud a déjà beaucoup de mal à
s’affranchir de la domination des multinationales du Nord, notamment dans les domaines de la
diffusion de l’information et de la commercialisation des destinations.

44Le tourisme n’est pas forcément le secteur le plus porteur de développement au Maroc, mais la
durabilité est certes une nécessité pour le tourisme, comme pour ce pays, ses différentes richesses
et son développement.

2 - Le tourisme durable
A- Définition du concept

La notion de tourisme durable a émergé lors du Sommet de la Terre de Rio de 1992.


L’objectif fixé à cette époque était la réduction des impacts sur l’environnement pris
dans le sens large du terme ainsi que le respect et le développement économique et
culturel des populations locales. Il s’appuie donc sur les trois piliers du
développement durable, à savoir, l’environnement, le pilier socio-culturel ainsi que
celui portant sur l’économie.

L’organisation mondiale du tourisme évoque quant à elle la définition suivante : Un


tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et
environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des
professionnels, de l'environnement et des communautés d'accueil (Leroux, 2010).

Le développement d’un tourisme alternatif est devenu un enjeu majeur pour la


préservation de la planète mais également pour le développement économique des
acteurs locaux, lorsque les instances dirigeantes ont pris conscience à la fin du
XXème siècle, que notre monde était en danger et qu’il fallait y remédier. La notion
de développement durable, qui a pris naissance dans les années 70, et dont le but
est de créer une vie meilleure pour tous les êtres humains par des moyens qui soient
aussi viables dans l’avenir qu'aujourd'hui (OMT) doit donc s’appliquer à l’offre
touristique.

Les représentations que se font aujourd’hui les personnes du tourisme durable sont
quelque peu floutées. Cela est dû au fait que le tourisme durable n’est qu’un terme
générique dans lequel on retrouve différents types de tourisme :

- L’écotourisme qui est une forme de voyage responsable, dans les espaces
naturels, qui contribue, à la protection de l'environnement (Lequin, 2002). Bien
souvent, il s‘agit de voyages en pleine nature, des treks organisés, des randonnées
à la montagne, etc…
- Le tourisme solidaire qui vise à apporter son aide en marge d’un simple voyage aux
populations locales.
- Le tourisme responsable appelé également tourisme éthique qui consiste à être
vigilant aux effets de notre voyage sur l’environnement et à favoriser les échanges
avec les locaux ainsi que leur développement.
- Le tourisme participatif qui permet aux populations d’accueil de participer aux
activités touristiques ou à l’inverse qui permet aux visiteurs de participer à la vie
locale.

La prise de conscience dont résultent toutes ces nouvelles formes de tourisme


alternatif s’est faite aussi bien à l’échelle des états mais également à celle des
touristes. Quelque peu novateur, le concept de tourisme durable s'est construit peu à
peu sous 22 l'impulsion d'institutions telles que l’Organisation Mondiale du Tourisme
et de l’Union Européenne (François Lecompte et Prim Allaz, 2011).

Aujourd’hui, Le tourisme doit permettre le développement économique harmonieux


d'un territoire, dans le respect de l'environnement écologique du lieu et de la culture
et du bienêtre de ses habitants (Hamon, 2005).

Le tourisme durable s’est au fil des années structuré en diverses associations, en


clusters tels que « Association Ecotourisme Québec » ou en France avec « Acteurs
du Tourisme Durable ». Ces créations laissent supposer une demande accrue et une
tendance au changement dans notre façon de voyager. C’est d’ailleurs pour cela
qu’existent aujourd’hui de plus en plus d’agences spécialisées dans les voyages
alternatifs.

A la suite des différentes acceptions du tourisme durable évoquées ci-dessus, nous


proposons notre propre définition du tourisme durable : un tourisme qui se veut
préservateur de l’environnement et des écosystèmes et qui facilite l’échange avec
touristes et les autochtones ou locaux tout en favorisant le développement d’une
économie locale.

Néanmoins, ce concept touche-t-il réellement les voyageurs, y-a-t-il une demande


significative et surtout est-ce un marché de niche ou au contraire le tourisme de
demain ?

B- La demande en tourisme durable

Le XXIème siècle a vu en marge du tourisme de masse se développer


considérablement, l’offre alternative loin des clichés habituels à savoir le tourisme
durable.

En effet, l’offre s’est peu à peu développée, à travers la création d’agences


spécialisées, de sites internet, etc. Ce développement de l’offre ne s’est pas fait par
hasard, mais bien suite à l’émergence d’une demande. Comme l’indique (Lequin,
2003), l'écotourisme est le secteur de l'industrie du voyage présentant la croissance
la plus rapide. Si le secteur s’accroit rapidement, il sera peut-être demain la nouvelle
forme de tourisme la plus pratiquée comme on le prédit déjà (Ruiz, 2013) : le
tourisme durable sera la forme touristique pratiquée par les nouvelles générations de
touristes.

Cette croissance peut s’expliquer par une prise de conscience des personnes que
l’environnement ainsi que les écosystèmes sont fragiles. De ce fait, la demande est
plus profonde, plus respectueuse aussi bien de la planète mais aussi de ceux qui la
peuplent. La nouvelle demande touristique est une "demande existentielle" (Zaoual,
2007).

Aujourd’hui, on cherche une nouvelle façon de pratiquer le tourisme, on souhaite qu’il


soit plus doux et que notre voyage ne laisse pas de traces derrière nous. Le
développement du tourisme durable se traduit par la recherche de pratiques douces,
diffuses, non massives, limitant les fortes densités (Clarimont et Vles, 2007). Les
consommateurs sont intrinsèquement intéressés par la protection de l'environnement
et se comportent en conséquence dans une voie qui contribue à une plus faible
empreinte écologique (Dolnicar et Leisch, 2008).

Le critère « Durabilité » semble être de plus en plus un facteur déterminant dans le


choix des touristes. Aujourd’hui, consommer, voyager, se nourrir de façon durable
est un véritable engagement envers les générations futures, voire même une
profession de foi. Les touristes sont également plus engagés (les valeurs éthiques,
humanitaires, environnementales sont plus présentes dans le processus d'achat)
(Maunier, 2007).
L’aspect durabilité des produits de consommation est mis en avant tous les jours par
les médias, par notre entourage. On ne peut pas passer à côté des messages qui
nous incitent à consommer de façon responsable. L'idée de se préoccuper des
critères sociaux et environnementaux dans sa consommation quotidienne s'est
largement développée ces dernières années (François Lecompte et Prim Allaz,
2011). Il n’y a rien donc d’étonnant à ce que l’offre touristique suive le chemin tracé
et que les aspects durables décuplent dans la demande. La durabilité a augmenté
pour devenir un important aspect du développement touristique en général (Herr et
Larson, 2007).

La demande envers le tourisme durable est donc en pleine effervescence, loin d’être
une mode passagère, ce concept se veut le garant de la préservation de nos
ressources et des populations. Une étude (TNS SOFRES – SNCF – ROUTARD,
2009) a démontré qu’en France, sept personnes sur dix étaient prêtes à partir en
voyage responsable, ce qui laisse supposer qu’il y a un réel engouement pour les
pratiques alternatives de tourisme. Ces chiffres sont corroborés par ceux qui
résultent d’une autre étude (Harris Interactive, 2012) qui indique que 90% des
français déclarent de manière générale se montrer attentifs à respecter
l'environnement et la vie des populations lorsqu'ils partent en voyage.

Il y a donc une demande importante pour une pratique douce du tourisme, une
pratique à l’opposé de l’oppressant tourisme actuel, à savoir le tourisme de masse.
Cette demande est forte en France comme l’ont démontré certaines études. Ce
constat est plutôt une bonne chose étant donné que la France est en effet classée au
premier rang mondial par le nombre de touristes accueillis, en particulier pour les
destinations d'hiver (Boudiere et Marcelpoil, 2006).

C- Les raisons de cette demande

Si la demande envers une pratique plus douce du tourisme s’est accrue depuis
plusieurs années voire décennies, c’est avant tout grâce à une prise de conscience
collective. En effet, depuis les prémices de la préservation de l’environnement dont
les membres du Club de Rome furent les pionniers, jusqu’au sommet de la terre de
Rio +20, en passant par Johannesburg en 2002 et Rio en 1992, la question
environnementale prise dans le sens large du terme est devenue omniprésente.

Les associations écologistes et les spécialistes de la question, ont tiré à la fin de la


période des trente glorieuses la sonnette d’alarme qui trouva un écho auprès des
instances dirigeantes. Le message était clair, on ne peut plus continuer comme cela.
La croissance fut telle qu’elle a engendré des impacts sur notre planète et sur ceux
qui la peuplent. Il faut donc repenser notre façon de consommer, de produire afin de
permettre aux générations futures de profiter eux aussi des ressources qu’offre notre
environnement.

La durabilité a donc depuis les années 70 et surtout depuis la fin des années 90, pris
de plus en plus d’ampleur dans notre quotidien. Largement vantée par les médias, le
« consommer durable » est devenue bien plus qu’une mode éphémère. Aujourd’hui,
les notions de commerce équitable, d’efficacité énergétique sont connues de tous.
Transposée au tourisme, cette nouvelle manière de consommer a aussi connu son
écho. En effet, en parallèle de la croissance, s’était développé le tourisme de masse.
Ce tourisme, très peu soucieux de l’environnement a également provoqué de graves
préjudices aux populations et aux écosystèmes. L'essor fulgurant au niveau mondial
du tourisme dans les années 1970, a engendré des problèmes sociaux et
environnementaux et soulevé le problème du respect des communautés locales et
de l'environnement (Leroux, 2010).

De ce fait, aujourd’hui, on a réellement pris conscience que le tourisme de masse


malgré son aspect tarifaire particulièrement avantageux n’était pas gage de durabilité
et ne participait en rien à la préservation de la planète dont on entend
quotidiennement parler. Les produits qui couvrent le tourisme de masse marquent le
pas. Ces signes avant-coureurs traduisent un essoufflement progressif de ce type de
demande touristique (Zaoual, 2007). Aujourd'hui, ce modèle souvent critiqué se voit
opposer l'émergence d'un nouveau modèle : le tourisme durable (François, 2008).

A la vue de ces différents éléments, on peut en conclure qu’il y a une réelle demande
envers un tourisme alternatif, un tourisme qui serait gage de durabilité. Toutefois,
une demande engendre-t-elle une véritable pratique ? Quels pourraient être les
freins au développement de la pratique du tourisme durable ?

D - Les freins au développement du tourisme durable

Le tourisme durable bien qu’élu par la conjoncture actuelle, n’en demeure pas moins
une forme de tourisme bien distincte avec certains aspects qui peuvent freiner son
développement.

Tout d’abord, il existe de nombreux amalgames autour du concept du tourisme


durable. Les gens ne savent pas réellement de quoi il s‘agit, le confondant la plupart
du temps avec l’écotourisme. Les consommateurs sont généralement très peu
informés sur le tourisme durable, la plupart n'ont d'ailleurs que peu d'idées sur la
signification du concept (Brieu et al., 2011). Cette méconnaissance du concept peut
donc s’avérer pénalisante, car les personnes ne s’attendent peut-être pas à voyager
de telle façon lorsqu’ils voyagent de façon durable.

En second lieu, un manque d’informations vis-à-vis du concept freine également


l’attirance des voyageurs désireux d’opter pour une pratique douce du tourisme. Ces
faits sont corroborés par deux études. Le voyageur se considère toujours comme
très intéressé par le tourisme responsable, mais mal informé (TNS SOFRES – SNCF
– ROUTARD, 2009). L'accès à l'information empêche sans aucun doute de réaliser
ce type de voyages et il est difficile de trouver des informations pour organiser un
voyage responsable (Harris Interactive, 2012). Sans information relative, sans
visibilité de l’offre des professionnels, il parait peu concevable de s’orienter vers un
tourisme durable. En effet, la préparation d’un voyage durable prend plus de temps, il
ne suffit pas d’aller sur des sites spécialisés comme pour le tourisme de masse.
Ajouté à cette dépense de temps, un manque d’informations peut gravement nuire
au développement du tourisme durable.

Si le tourisme durable semble donc être de plus en plus plébiscité par les touristes, il
n’en reste pas moins que ce phénomène se heurte également au frein qu’est l’aspect
pécuniaire. En effet, cette pratique est en règle générale davantage coûteuse que le
tourisme classique le rendant ainsi peut être disponible seulement pour une certaine
élite sociale. Le prix à payer pour bénéficier des garanties d'un tourisme responsable
n'est-il l’affaire que des clients les plus aisés ? (Callot, 2010). Or, il est connu que le
prix est souvent décisif dans le choix du touriste (Maunier, 2007).

Pour contrecarrer ces freins, il convient d’analyser les motivations qu’auraient les
touristes pour une pratique durable durant leurs voyages. Une connaissance des
motivations, de la demande permettra sans doute de passer outre les freins et de
développer le tourisme durable.

3 - Les motivations envers un tourisme durable

Les motivations des personnes désirant effectuer du tourisme durable sont diverses
et variées. Certaines sont très sensibles à l’aspect nature, protection des ressources
naturelles et à l’inverse d’autres, espèrent avoir un impact positif sur l’économie
locale en favorisant

la création d’emplois. Enfin, il y a également des voyageurs qui recherchent avant


tout un dialogue avec les locaux et qui espèrent apprendre à les connaitre.

A- Les motivations liées au pilier environnemental

L’environnement étant donné son statut que l’on pourrait appeler de pilier
fondamental du développement durable dû notamment aux intenses campagnes de
greenwashing et des nombreux messages relayés par les médias est d’après
certains chercheurs la motivation principale des pratiquants du tourisme durable.

Il est possible de scinder la motivation environnementale en deux parties :

- La recherche de la nature.
- Le déplacement avec des moyens de transport peu polluants.

Les désirs de s’immerger dans la nature, de découvrir de nouveaux paysages et de


s’éloigner du stress urbain semblent être des facteurs de motivation particulièrement
importants pour une certaine catégorie de voyageurs. L'intérêt des voyageurs porte
principalement sur les espaces naturels, aussi bien terrestres que marins,
relativement peu perturbés et les plus "authentiques possibles" (Lequin, 2002). Cette
tendance à désirer retrouver ses racines, ses origines s’explique sans doute par
notre vie d’aujourd’hui qui est devenue ultra-citadine et de laquelle incombent toutes
les sortes de pollution (visuelle, olfactive, auditive, aérienne, etc.). Par ailleurs,
l’observation de la faune ainsi que de la flore voire l’exploration hors des sentiers
battus trouvent aussi leurs adeptes. Les régions naturelles, avec leur paysage, leur
faune, leur flore constituent des attraits majeurs pour les touristes et cet à travers le
monde entier (Lequin, 2003). En résumé, de nos jours, on recherche avant tout une
proximité avec l’environnement naturel (François Lecompte et Prim Allaz, 2011).

Le déplacement grâce à des modes de déplacement moins polluants et davantage


soucieux de l’environnement est également recherché par de nombreuses
personnes pour leurs déplacements durant les vacances ou même pour se rendre
sur l’endroit où ils logeront. On imagine notamment des déplacements en vélo, en
transport en commun (bus, train, etc.) ou tout simplement la marche à pied. Ces
modes de transport ne sont que faiblement émetteurs de CO2 et sont donc à
l’opposé de ce que peuvent aujourd’hui représenter les voyages effectués par voie
aérienne classique à savoir par les avions. Il y a une réelle nécessité de lutter contre
le réchauffement climatique (Ruiz, 2013). Les personnes voient le tourisme durable
comme un idéal vers lequel il faudrait tendre et cela englobe donc bien évidemment
le transport, pour lequel il faut abandonner l'avion au profit du train, du bus, du
bateau (Van de Walle, 2011).

B- Les motivations liées au pilier social

Les motivations sociales et économiques semblent être reléguées au second plan


des motivations. D’un point de vue social, le contact avec les populations locales et
la découverte de nouveaux us et coutumes sont recherchés dans une moindre
mesure : Découvrir et rencontrer d'autres gens, d'autres lieux, de s'enrichir de cette
rencontre en donnant un peu de soi (Vles et Clarimont, 2006).

Ce désir de rencontre et d’échange est sans doute lié à une volonté de renouer les
contacts sociaux qui ont été peu à peu délaissés du fait de l’éclatement de la bulle
internet et donc d‘un monde virtuel. Il y a une recherche d'authenticité, un retour aux
sources et aux valeurs familiales (Maunier, 2007). Certains citadins veulent sortir de
l’engrenage quotidien et retrouver des valeurs qui sont aux antipodes du célèbre «
Métro, Boulot, Dodo »

On recherche également à découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles coutumes.


Cette recherche peut même aller parfois jusqu’à une totale immersion au sein des
populations locales : manger et/ou dormir de la même façon, vivre les activités au
sein des communautés, etc. On peut donc constater une immersion du touriste dans
la culture locale (parcours à thème, festivals, découverte de lieux historiques, des
traditions, etc.) (Maunier, 2007). Il y a un désir d’échanger avec l'étranger se
traduisant par une immersion dans la culture locale (Van de Walle, 2011).

Ces volontés traduisent avant tout un regain prononcé pour les notions d’entraide et
de partage qui sont si chères aux générations précédentes. On retrouve de
véritables valeurs humaines que notre société capitalistique avait peut-être laissé de
côté à un moment. Aujourd’hui, les consommateurs se préoccupent davantage des
conséquences de leurs achats, ils veulent savoir à qui revient l’argent et si celui-ci
est utilisé à bon escient. Dans le secteur du tourisme, cela se traduit par une
recherche de la simplicité des échanges, de la proximité avec les locaux. Les
touristes veulent être acteurs, responsables et solidaires dans leurs échanges avec
d'autres mondes (Zaoual, 2007).

En parallèle, de cette recherche d’échange avec les populations locales, il y a aussi


une réelle quête envers l’authenticité de certains lieux historiques. On souhaite
s’imprégner de la culture locale en se rendant sur des lieux historiques qui y sont
liés. La quête d'authenticité au travers de produits porteurs de l'identité d'un lieu et
d'une culture locale, est légitime voire nécessaire pour certains individus (Perignon et
Salavador, 2012). Ce désir de découverte du patrimoine historique d’une culture est
corroboré par d’autres chercheurs : on peut observer que les ressources socio-
culturelles représentées par l'histoire régionale jouent un rôle important dans la
motivation potentielle des touristes pour sélectionner leur destination (Botos et al.,
2013). Le touriste durable cherche aujourd’hui à retrouver la terre de ses aïeux, il
veut visiter les terres ancestrales (De Vries et Lansing, 2007).

C- Les motivations liées au pilier économique

L’aspect économique est l’aspect du développement durable qui est le moins abordé
dans la revue de la littérature relative au tourisme durable. Cela s’explique sans
doute par le fait qu’il s’agit du pilier ayant le moins de communication à son égard.

Le principe du pilier économique dans le concept de tourisme durable est de


s’assurer une juste répartition des richesses entre les différents intermédiaires. La
majorité des recettes doit revenir aux populations locales, lesquelles s’en serviront
pour se développer économiquement. Le but recherché est la création d’une
économie locale qui serait viable sur le long terme.

Bien souvent, le pilier économique est associé au commerce équitable, à l’économie


circulaire. Ceux-ci ont pour objectif une diminution du nombre d’intermédiaires entre
le producteur et le consommateur mais également de tirer profit des déchets
engendrés par la production en les revalorisant. Ces concepts sont déjà devenus au
fil des années, coutumiers des consommateurs et s’adaptent dans la vie de tous les
jours.

La motivation qu’aurait les touristes durables et qui aurait attrait au pilier économique
est le souhait de faire travailler la population locale, faire travailler une famille (Van
de Walle, 2011).

Cela peut être exercé de différentes manières :

- Loger dans des hôtels traditionnels et non pas dans des chaines d’hôtels
multinationales dont les retombées économiques pour les locaux ne seraient que
minimes
- Acheter sa nourriture sur les marchés et ne pas passer par des réseaux de
distribution classique (supermarché, etc.)
- Utiliser les modes de transport locaux avec par exemple les pousse-pousse dans
les pays asiatiques
- Acheter des souvenirs à des artisans locaux dans les échoppes et non pas dans
des boutiques de souvenirs

La tendance serait donc à un retour vers les producteurs locaux, comme c’était le
cas auparavant. On s’éloignerait des grands circuits de distribution (supermarchés,
30 hypermarchés) avec leurs nombreux intermédiaires pour retrouver une certaine
proximité avec les producteurs.

Néanmoins, ce désir est à modérer au vue des résultats des différentes études,
notamment une dans laquelle seuls 4,15% des sondés affirme que la maximisation
des retombées économiques locales est pour eux le voyage durable par excellence
(François Lecompte et Prim Allaz, 2011).
Chapitre II : Les stratégies de développement
touristique au Maroc : visions « 2010 », « 2020 »
1. VISION « 2010 »

La vision 2010 est une stratégie touristique adopté par le Maroc qui vise à atteindre
des objectifs définit pour améliorer le secteur touristique au Maroc.

A - Une performance remarquable

Le nombre de touristes internationaux se rendant au Maroc est passé de 4.4 en 2001


à près de 9.3 millions en 2010, soit une croissance annuelle moyenne de 8.7%, très
supérieure à la moyenne mondiale.

Le Maroc a atteint de ce fait 93% de l’objectif qu’il s’était fixé en 2001 dans le cadre
de la Vision 2010, confirmant ainsi sa capacité à changer durablement de rythme de
croissance.

B - Une contribution décisive aux grands équilibres macro- économiques

a)1 er contributeur à la balance des paiements

Entre 2001 et 2010, les recettes touristiques (hors transfert des Marocains Résidents
à l’Etranger) sont passées de 29 à plus de 56 milliards de dirhams, soit un taux de
croissance de 7.5% par an. Les revenus issus du tourisme sont ainsi devenus la
première source de devises du pays, devant les transferts de MRE, et loin devant les
autres secteurs de l’économie (phosphate, textile, …)

Sur l’ensemble de la décennie, les recettes touristiques cumulées ont atteint 440
milliards de dirhams, soit 91% des montants programmés en 2001 par Vision 2010
(485 md).

b)Deuxième contributeur au PIB national

En termes de production de richesses, le Produit Intérieur Brut du secteur du


tourisme est passé de 31 à près de 60 milliards de dirhams entre 2001 et 2010, soit
une croissance annuelle moyenne de 7.6%, supérieure à celle de l’économie dans
son ensemble.

Ainsi, la part du Tourisme dans le PIB national gagne deux points à 8% environ
contre 6% au début de la décennie.

c)D eux ième créa teur d’emplois

Cette dynamique a eu un impact socio-économique important, puisque le secteur


représente désormais près de 450.000 emplois directs, avec une hausse de 40% du
nombre d’emplois durant la décennie.

C - Les ruptures de la Vision 2010


a) Un dispositif de promotion renforcé et professionnalisé

En premier lieu, conformément aux engagements pris en 2001, le budget de l’Office


National Marocain du Tourisme (ONMT) s’est inscrit en progression continue tout au
long de la décennie, atteignant 550 millions de dirhams en 2010.

Au fil de ces années, et à la faveur d’une professionnalisation croissante de ses


effectifs et de ses méthodes de travail, l’ONMT est devenu un outil efficace et
performant pour assurer le marketing et la promotion du tourisme marocain,
contribuant significativement aux performances réalisées.

b) Un ciel libéralisé (Open Sky)

En second lieu, conformément au programme 2010, le Maroc en 2005 a été le


premier pays à signer des accords d’«Open Sky» avec l’Europe. L’ouverture du ciel a
provoqué une explosion de la desserte aérienne (14% de croissance annuelle), et
par suite, une accessibilité accrue des principales régions touristiques du pays.

En particulier, l’entrée sur le marché de nouvelles compagnies aériennes nationales


et internationales, positionnées « low cost », a favorisé le décollage de Marrakech,
devenue depuis la première destination touristique africaine, et l’émergence de
nouvelles destinations comme Fès et Tanger.

c) Un système de formation dynamisé

En troisième lieu, pour accompagner la forte croissance du secteur dans son


ensemble, une politique volontariste de formation des ressources humaines,
impliquant le Ministère du Tourisme, l’Office de la formation professionnelle
(OFPPT), les acteurs privés de la formation, en coordination avec les professionnels
du secteur, a permis d’accroître notablement le nombre de lauréats : 12.300
personnes formées en 2010 contre 2.000 en 2001.

d) Forte dynami que dinvestissement

La croissance des capacités a été soutenue par une augmentation importante des
investissements nationaux et internationaux dans le secteur. En particulier, le
tourisme s’est hissé parmi les trois premiers secteurs en termes d’investissements
directs étrangers, preuve de l’attractivité du secteur touristique et de la confiance que
les grands opérateurs internationaux portent à son futur développement.

e) Premi ers jal ons d’une nouv ell e g ouv erna nce

Le développement touristique national réalisé au cours de la dernière décennie a


également permis de poser les premiers jalons d’une nouvelle gouvernance du
secteur dans le cadre de la concertation et du partenariat public-privé définis comme
principes fondateurs par la Vision 2010, même si certains résultats obtenus en la
matière restent assez éloignés des attentes initiales et n’ont pas dans l’ensemble
donné entière satisfaction aux différentes parties.
- Modernisation de l’ONMT, recentré sur son métier de promotion nationale et doté-
de moyens conséquents pour mener à bien sa mission.
- Création par le Ministère du Tourisme de la Société Marocaine d’Ingénierie
Touristique (SMIT) pour soutenir et orienter le développement de l’offre, assurer
également le suivi des grands projets de la Vision 2010, le plan Azur notamment.
- Création des Conseils Régionaux du Tourisme, instances regroupant les
professionnels privés, les élus et les autorités locales, pour poser les premières
bases d’une gouvernance locale.
- Création de l’Observatoire du Tourisme, pour professionnaliser la publication de
statistiques et d’études.
- Tenue annuelle des Assises du Tourisme pour effectuer le bilan des réalisations et
débattre des priorités à venir.

2. VISION « 2020 » EN BREF


A . Engagement

« Continuer à faire du tourisme l’un des moteurs du développement économique,


social et culturel du Maroc »

Les profondes et rapides transformations du pays dans son ensemble depuis dix
ans, les solides fondations posées par la Vision 2010 et les opportunités offertes par
les nouvelles tendances du tourisme mondial, permettent de nourrir de grandes
ambitions pour la nouvelle décennie, fondées sur nos valeurs fondamentales et nos
points de différentiation :

- L’authentici té : Le tourisme marocain consolide depuis plusieurs décennies son


développement et le positionnement de sa marque sur l’authenticité. Ce
positionnement, différent de celui de ses concurrents directs, engagés pour la plupart
dans un tourisme de masse, constitue aujourd’hui un réel avantage compétitif. La
Vision 2020 cultive ce choix historique à travers une démarche volontariste de
préservation, de conservation et de mise en valeur des patrimoines culturels et
naturels du Royaume.
- La diversité : En matière touristique, l’avantage comparatif le plus important du
Maroc est sa diversité : diversité des territoires et des paysages, diversité des
richesses naturelles et des écosystèmes, diversités des cultures et des influences
(africaines et européennes). La Vision 2020 valorise cette diversité à travers
une ambitieuse politique d’aménagement territorial.
- La qualité : Si le développement de nouvelles capacités reste un objectif
stratégique, la Vision 2020 ambitionne d’améliorer de manière significative la
compétitivité de tous les maillons de la chaîne touristique, et en
particulier : approfondir la culture du service et développer une offre convaincante
d’animations.
- La durabilité : Enfin, conformément aux orientations générales adoptées pour
l’ensemble du pays, la Vision 2020 met le développement durable au cœur de ses
ambitions. Le Maroc, dont les ressources ont été historiquement préservées, dispose
à cet égard d’un réel et considérable potentiel de différenciation dans un
environnement prospectif très concurrentiel.

B . Ambition
« En 2020, le Maroc fera partie des 20 plus grandes destinations mondiales et
s’imposera comme une référence du pourtour méditerranéen en matière de
développement durable »

C . Objectif

« Doubler la taille du secteur »

- Doubler la capacité d’hébergement, avec la construction de 200.000 nouveaux lits


dont 150.000 hôteliers et 50.000 assimilés, pour offrir aux visiteurs une expérience
touristique riche et dense.
- Doubler en conséquence les arrivées de touristes, en doublant les parts de marché
sur les principaux marchés européens traditionnels et en attirant 1 million de
touristes issus des marchés émergents.
- Tripler également le nombre de voyages domestiques, avec l’objectif de
démocratiser le tourisme dans le pays.
- Créer 470.000 nouveaux emplois directs sur l’ensemble du territoire national,
pour employer au terme de la décennie près d’un million de marocains.
- Accroître les recettes touristiques pour atteindre 140 milliards de dirhams en 2020,
soit une somme cumulée sur la décennie proche de 1 000 milliards de dirhams.
- Accroître de deux points la part du PIB touristique dans le PIB national
pour atteindre près de 150 milliards de dirhams contre 60 aujourd’hui.

3. LE TOURISME DURABLE DANS LA STRATÉGIE

L'industrie touristique est une puissante locomotive de l'économie nationale qui crée
une valeur ajoutée indéniable pour le Maroc. Les performances de ce secteur durant
la dernière décennie, ont permis à notre pays de s'imposer comme l'une des étoiles
montantes du paysage touristique mondial grâce à une politique volontariste et
ambitieuse qu'est la Vision 2010. Au terme de l'année 2010, le Maroc a été placé au
25e rang mondial des performances touristiques sur le plan international et le
tourisme a compté comme 1e contributeur à la balance des paiements, 2e
contributeur au PIB national et 2e créateur d'emplois. A fin 2011, le tourisme
représente environ 7,7 % du produit intérieur brut marocain, emploie plus de 460 000
personnes et enregistre des recettes de voyage de 59 milliards de dirhams,
confortant ainsi sa position de priorité nationale. Compte tenu de ces acquis d'une
part, et de la richesse du patrimoine naturel et culturel du pays et des opportunités
offertes par les nouvelles tendances du tourisme mondial d'autre part, le Maroc
nourrit aujourd'hui de nouvelles ambitions pour le développement du secteur
touristique qui se voient formalisées dans la nouvelle stratégie décennale Vision
2020. Ambitieuse et responsable, la Vision 2020 a été élaborée selon une démarche
analytique exhaustive et rigoureuse prenant en considération les divers enjeux
environnementaux, sociaux et économiques qui sous-tendent l'implémentation de ce
dispositif de pilotage et d'accompagnement du secteur.

Pour un tourisme propre et responsable

Au-delà des objectifs quantitatifs de croissance qu'elle se fixe (doubler la taille du


secteur, des arrivées de touristes et des parts de marché sur les principaux marchés
européens traditionnels et construire près de 200 000 nouveaux lits hôteliers), la
Vision 2020 est avant tout une ambition qualitative pour promouvoir un tourisme
authentique, propre et responsable, qui accélère le développement économique sans
dénaturer le patrimoine naturel et culturel, capital de croissance. La concrétisation de
cette ambition implique de s'inscrire dans un cadre stratégique repensé et renouvelé
permettant de prendre en compte les défis et enjeux qui sont fondés sur 3 axes
majeurs. Une politique d'aménagement territorial de l'offre touristique, garante de la
diffusion des bénéfices du tourisme et du développement socio-économique de
toutes les régions, un schéma institutionnel et une structure de gouvernance, à
même d'apporter la dynamique et le leadership nécessaire au développement
territorial touristique et enfin le développement durable comme défi et opportunité de
différenciation pour le tourisme marocain.

Ainsi, le contrat-programme de la Vision 2020, signé par les partenaires publics et


privés, nationaux et régionaux, matérialise une conception commune de l'avenir du
secteur touristique qui ambitionne d'adopter un modèle spécifiquement marocain,
faisant de la durabilité une opportunité stratégique pour différencier le Maroc vis-à-vis
de son environnement concurrentiel. Le développement durable est considéré
comme une opportunité et un défi à relever sur sa triple dimension de préservation
des ressources, de maintien de l'authenticité socioculturelle et de souci du
développement et bien-être des communautés d'accueil. Le Maroc, situé à l'orée de
son développement touristique, dispose de ce fait d'une fenêtre d'opportunité unique
pour promouvoir un modèle à rebours du tourisme de masse promu jusqu'à
récemment par la plupart des destinations méditerranéennes. Les principaux sites
marocains présentent en effet une densité touristique faible, qu'elle soit appréciée en
termes d'impact socioculturel ou d'impact sur l'environnement. En comparaison avec
les principales zones touristiques du pourtour méditerranéen, les destinations du
Maroc restent des lieux de qualité, contrairement aux destinations plus matures. Bien
entendu, le tourisme doit tenir compte des contraintes hydriques et énergétiques que
connaît le Maroc en mettant en place toutes les mesures et initiatives permettant de
préserver ses ressources et atouts naturels.

Des niveaux de densité acceptables au Maroc

L'analyse des niveaux de densité touristique de chacune des destinations de la


Vision 2020 a permis d'établir un niveau de densité touristique à ne pas dépasser
pour éviter la dégradation des écosystèmes et un impact négatif sur les
communautés locales. Ce niveau a été ajusté pour chaque destination, en fonction
d'un audit environnemental qui a permis d'évaluer le niveau de fragilité des
écosystèmes et la disponibilité en ressources et en infrastructures
environnementales. Ces niveaux de densité touristique ont ainsi à leur tour structuré
les objectifs de croissance pour chacune des destinations touristiques du Maroc,
intégrant la durabilité au cœur de la définition de la stratégie. Au-delà de la
planification stratégique, l'objectif est de pouvoir intégrer la durabilité à tous les
niveaux de la mise en œuvre de la stratégie et du cycle de vie du produit touristique.
Ainsi et en matière de pilotage et de planification stratégique, la Vision 2020 a prévu
de mettre en place un dispositif de suivi de la durabilité articulé autour d'un set
d'indicateurs prenant en considération le respect des seuils de densité touristique,
l'impact du développement touristique au niveau régional sur l'environnement,
l'impact socio-économique ainsi que la perception du touriste de la durabilité tout au
long de son expérience touristique. Ce dispositif, qui sera développé en partenariat
avec les observatoires national et régionaux de l'environnement, se voudra à la fois
comme un véritable outil de veille et de pilotage et comme un outil de promotion de
l'engagement du Maroc pour la durabilité.

Des mesures réglementaires et normatives prévues

Pour garantir l'intégration de la durabilité très en amont dans la conception des


projets touristiques, dans leur construction et dans leur gestion, une batterie de
mesures alliant dispositifs réglementaires et normatifs obligatoires et mécanismes
d'accompagnement techniques et financiers au profit des opérateurs et acteurs
touristiques ont été programmées. Il est ainsi prévu d'incorporer des critères liés à la
durabilité dans la réglementation touristique et en particulier le système de
classement hôtelier et de renforcer les exigences en matière de durabilité au niveau
des cahiers des charges des investissements touristiques conventionnés avec l'Etat
notamment au niveau de sites fragiles (stations d'épuration des eaux usées,
coefficient d'occupation au sol très bas, hauteurs limitées, respect des traits de côtes,
utilisation des matériaux locaux, emploi de la population locale, contribution au
développement économique et social de l'arrière-pays, etc.). De même, le chantier
durabilité de la vision intègre la mise en place de mécanismes de renforcement des
capacités des acteurs et opérateurs (partenaires institutionnels, opérateurs privés,
administration du tourisme, écoles de tourisme, etc.) ainsi que des incitatifs
financiers au profit des acteurs souhaitant investir dans l'optimisation des ressources
(eau, énergie, déchets, etc.) et dans la durabilité (compensation des surcoûts liés à
l'investissement durable, accompagnement à la certification, etc.). Cette démarche
ne manquera pas également de dynamiser tout un marché lié à l'économie verte du
fait de la demande générée sur les technologies propres, les équipements
spécifiques, les ressources humaines spécialisées, etc. Aussi, et afin de valoriser
l'engagement de la destination pour la durabilité et de faire participer le touriste à la
mise en œuvre des principes de durabilité que le Maroc a adoptés, la Vision 2020
prévoit aussi la mise en place d'une stratégie marketing ciblée ainsi qu'une batterie
d'outils de sensibilisation et de communication (charte/référentiels du tourisme
durable au Maroc, guides du voyageur responsable, encouragement des démarches
de labellisation, etc.).

Chapitre III : Etude de cas « TERRES d’AMANAR »


1. Présentation du Projet

Terres d’Amanar est un projet éco touristique unique en son genre, à 35 km de


Marrakech, tout près de Tahanaout. A la fois au niveau du concept, comme au
niveau de l’esprit de gestion et celui de la finalité, en tant qu’investissement
progressif qui s’intègre parfaitement dans son environnement et cadre ainsi avec un
développement durable quasi parfait. Son concepteur Jean Martin Herbercq, a voulu
dès le départ que le projet soit fait avec et pour les gens qui l’entourent. C’en est
vraiment le cas. Terres d’Amanar emplois les habitants de quatre douars avoisinants
et crée des activités qui font vivre la population locale environnante dans une
concertation et une dynamique de développement exceptionnelles.

Terres d’Amanar offrent un espace de grand air, entouré de montagnes, qui vient
renforcer le produit touristique de la destination Marrakech et lui apporter une plus-
value particulière. Terres d’Amanar abrite le plus grand parc de parcours aérien en
Afriques, avec 1085 mètres de Tyroliennes. L’ensemble se compose d’un pont de
singe de 165 m ; une passerelle de 105 m et quatre tyroliennes : 200 m, 185 m,
135m et la plus longue tyrolienne d’Afrique avec 310 m suspendue à 120 m de
hauteur. Un parcours aérien des plus sensationnels, dans un cadre super
écologique, agréable et vivement tonifiant avec son air pur des montagnes de l’Atlas.

L’Accro-Park est une autre attraction qui complète, peut même précéder les activités
des tyroliennes, dans la mesure où c’est plus physique alors que les tyroliennes sont
plus sensationnelles. L’accro-Park est composé de trois parcours allant du bleu,
réservé aux enfants de 7 ans, au rouge pour les plus d’1,20m et le noir, plus
physique de tous, plus dure aussi, réservé aux plus de 12 ans et qui mesure plus de
1,45 m. Le tout est fait avec grand professionnalisme, du côté des équipements
comme du côté encadrement. Tous les parcours sont toujours supervisés, contrôlés
par des moniteurs bien formés et diplômés qui assistent les visiteurs dans toutes les
étapes.

Ce côté formation, est l’autre point positif du projet Terres d’Amanar, car il a permis à
de jeunes marocains d’apprendre un nouveau métier qui renforce à la fois le
développement du tourisme rural, tourisme des loisirs de plein air et le tourisme au
Maroc. Avec les moniteurs formateurs : Rabii Akka, Taoufiq Mnoute et Rabii Arif,
diplômés CQP, (diplôme agréé par le ministère français compétent en la matière),
une vingtaine de jeunes ont été formés sur place, par des marocains et travaillent
avec la compétence requise en la matière. C’est à la fois un grand acquis pour
Terres d’Amanar mais également un acquis en matière de savoir-faire spécialisé
nécessaire au développement de ce genre d’activités au Maroc. Terres d’Amanar
aura l’honneur d’être la bonne école et le noyau dur, la pépinière dont le
développement de notre tourisme en matière de loisirs de plein air a grandement
besoin. On ne dira jamais assez, mille fois merci, Jean Martin de cette participation et
de celle belle réalisation unique en son genre et à tout point de vue.

L’esprit d’équipe à Terres d’Amanar est une vraie composante du projet lui-même. à
l’accueil, dans les cuisines, dans les restaurants, dans l’hébergement, en terminant
par les loisirs et sports, l’esprit d’équipe domine à tel point qui s’est développé dans
un cadre familial formidable, dans une ambiance de travail décontractée qui participe
au bon séjour des visiteurs. L’ambiance à Terres d’Amanar est une vraie ambiance
anti-stress, dans un environnement naturel exceptionnel, aussi bien le jour que la
nuit, avec un bon bain de nuages et de silence parfait. Les neuf chefs d’équipe de
terres d’Amanar conduisent tous à la même vitesse, le même sérieux et la même
conscience professionnelle qui ne fait que renforcer le bonheur des visiteurs. Tous
les ingrédients sont présents et font la réussite indiscutable du projet.

En famille, comme dans un Team building, en groupe réduit ou non, les activités se
font dans le grand air, avec des innovations bien particulières, genre bowling berbère
ou polo à dos d’âne. Les petits avec leur parc de loisirs trouvent leur bonheur, les
parents celui de voir leur progéniture heureuse, décontractée dans un environnement
où l’oxygène pur envahit vos poumons, vous tonifie et vous entoure là ou vous allez,
tout le long du séjour. Avec les différents types de randonnées, les activités dans les
ateliers, la visite chez l’habitant dans les douars avoisinants, c’est alors la rencontre,
en partie, du Maroc profond, avec toute sa diversité culturelle, ethnique,
civilisationnelle, qui enrichit à la fois le produit touristique marocain et qui fait du
marocain un citoyen des plus ouverts, des plus accueillants, des plus sympathiques,
ce qui participe grandement à la satisfaction profonde du visiteur.

Il est à savoir en effet, que 90% de la clientèle des terres d’Amanar, est marocaine,
dans le segment individuel. Pour ce qui est des entreprises, 70% sont marocaines et
30% internationales ; voyages d’entreprises, team building, concentration d’équipe
etc… La demande marocaine exprime le grand besoin que vit notre tourisme et sa
disponibilité à consommer marocain, lorsque cela vaut le coup ; La tendance
marocaine se renforce d’ailleurs avec l’évolution du projet notamment en matière
d’hébergement : bivouacs, lodges en dur, tentes lodges, mariée à des activités de
loisirs en perpétuelle développement. C’est l’essence même du projet qui vise le
développement de plusieurs niches à la fois, dans le tourisme rural et de loisirs. Très
bonne continuation à Terres d’Amanar, l’une des fiertés touristiques de la belle
destination Marrakech, composante première du produit touristique national.

2. Le concept de la durabilité dans ce projet

À 35 minutes de Marrakech, à quelques heures des capitales européennes, le


domaine des Terres d’Amanar offre aux Voyageurs en quête d’évasion un panorama
exceptionnel sur les villages et les sommets enneigés du Haut Atlas. Aux portes de
la réserve forestière du Toubkal, à 1200 mètres d’altitude, cet Eco lodge, totalement
intégré dans le paysage et la culture berbère, accueille les voyageurs, en individuel
ou en groupe, en couple ou en famille. Au cœur de ce refuge exceptionnel, loin du
tumulte urbain, chacun est invité à se ressourcer et à renouer avec la nature tout en
découvrant la richesse des paysages et des traditions.

En parfaite harmonie avec l’environnement, le domaine défend une architecture


durable et privilégie l’ouverture vers l’extérieur. Trois villages sont répartis sur ce site
de 120 hectares, correspondant chacun à un style de séjour et à un type
d’hébergement : Et nobles. Et le soir, lorsque le soleil a disparu derrière les douars et
les contreforts des montagnes alentours, l’éclairage à la bougie reste privilégié.

Dans la journée, les Terres d’Amanar offrent un large panel d’activités aux grands
comme aux petits : activités sportives, Culturelles ou tout simplement pauses
bienêtre. Tyroliennes, ponts suspendus, Accro-Park et parcours VTT permettent de
redécouvrir les éléments et de s’y confronter L'escalade, randonnées pédestres, à
dos d’âne ou à cheval offrent des moments de relaxation privilégiés tandis que les
ateliers de cuisine ou d’initiation à l’artisanat local permettent de dialoguer avec les
habitants et de partager des expériences fortes.

Les « Terres d’Amanar » ont remporté le Trophée du Tourisme Responsable du


Maroc et ont obtenu le label « La Clef verte » en 2011. Elles sont l’un des exemples
phare d’un tourisme marocain respectueux, « vert » et authentique. L’équipe,
composée En majeure partie d’habitants de la région et de professionnels de tous
horizons, motivés par les différentes facettes de ce concept ambitieux, accueille les
visiteurs avec chaleur et enthousiasme !

Les Terres d’Amanar offrent à leurs hôtes, qu’ils soient marocains ou étrangers, un
voyage au cœur de la culture marocaine, à la Découverte d’une nature généreuse et
préservée. Savourer un thé à l’ombre des amandiers face au sommet de
l’Oukaïmeden, rêver le temps d’une sieste, admirer les moutons qui paissent
tranquillement au loin et refaire le monde au coin du feu, avec en toile de fond les
mille et une lumières de Marrakech, les Terres d’Amanar invitent à l’essentiel.

3 . Le côté environnemental dans ce projet

L’ambition de ce concept touristique innovant : être une « réserve naturelle d’énergie


» pour les visiteurs et favoriser le retour sur soi, remettre l’humain et la nature au
cœur des projets, être un acteur d’un développement touristique respectueux et
durable pour tous, en priorité pour cette région rurale et ses habitants, totalement
associés au projet. Tout a été pensé et conçu en parfaite harmonie avec
l’environnement local, qu’il soit naturel, économique ou culturel. Les Terres d’Amanar
encouragent des valeurs simples : refus du gaspillage et économies d’énergie,
approvisionnement local et promotion des produits du terroir, organisation du
recyclage sur le site et la région, transmission des savoirs et des compétences.

Un séjour sur les Terres d’Amanar, c’est une envie de nature et de découverte,
l’occasion de faire un break, de profiter de l’air pur. C’est aussi prendre le temps de
découvrir ou de redécouvrir le Maroc différemment, que ce soit lors d’un séjour dans
cette région encore peu connue ou lors d’une escapade à partir de Marrakech.

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DES ESP ACES INTÉ GRÉS ET INSPI RÉS P AR L’EN VIRON NEM ENT BER
BÈRE

Les trois villages du site ont chacun leur identité propre et, grâce à la topographie
exceptionnelle des lieux, sont totalement indépendants les uns des autres.
L’hébergement est idéalement conçu pour des voyages en solo ou à plusieurs – en
famille, entre amis ou en groupes – il se décline en :

- Lodges – composés d’une ou deux chambres, d’un patio ou d’un jardin, et d’un
vaste salon qui peut être utilisé en chambre supplémentaire, ils offrent toutes les
prestations de l’hôtellerie haut de gamme pour les voyageurs individuels.
- Bivouacs – pour les inconditionnels de la tente et des nuits à la belle étoile, à
destination des groupes & incentives
- Tentes lodges – dans un esprit d’hôtellerie de plein air, idéal pour les familles,
les écoles & les groupes

Plusieurs espaces d’activités et de restauration, là encore sous tente ou en dur,


permettent à chacun de composer son séjour à la carte, au gré de ses envies et de
son budget, que ce soit sur la journée ou pour un séjour de plusieurs jours. Les
piscines, l’espace enfants entièrement en bois ou la roseraie sont quelques-uns des
points de rendez-vous qui rythment la vie du site.

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L’HÉBER GEME NT : NOBL ESSE DES MATÉ RIAUX TR ADITION NELS
ET CONFORT CONTEMPORAIN

Dans la pure tradition berbère, les Terres d’Amanar accueillent leurs hôtes dans des
espaces offrant le plus grand des conforts sans artifices, ni superflu. La structure de
l’habitat traditionnel berbère – avec ses patios et ses terrasses – a été conservée,
permettant ainsi à chacun de profiter pleinement d la vue et des paysages. La
décoration des bivouacs, des lodges et des espaces d’accueil ou de restauration,
inspirée de l’esthétique et des savoir- faire de la région, a été réalisée en
collaboration avec les artisans de la vallée pour la ferronnerie, le travail du bois ou du
cuir.

Les motifs des tissus, les tapis en lainage, les couleurs pastel – ocre, rouge, beige –
et les matériaux naturels, sobres et nobles – bois, pierre et pisé – dessinent une
atmosphère conviviale, favorisant la détente et l’évasion. Chaque lodge est décoré
différemment et une attention particulière a été apportée aux moindres détails :
robinetterie en cuivre, éléments de salle de bains sculptés en bois brut, objets
anciens, etc.

L’ARCHI TECTU RE DU SI TE : TE CHNIQ UES É COLO GIQUE S ET SAVO IRFAI


RE LOCAUX

Le lieu a été pensé en parfaite continuité avec le site naturel et les villages
avoisinants. L’architecture allie les méthodes de construction régionales – murs en
pisé, briques en terre comprimée – et les dernières méthodes de construction
écologiques, tout en favorisant l’utilisation de matériaux sains, issus de la région,
pour diminuer l’impact du transport. Dans chaque espace, les procédés de ventilation
traditionnelle, de chauffage et de climatisation passive ont été favorisés. Sur le site,
des moyens permettant d’économiser l’eau, de la stocker et de la canaliser ont été
mis en place. Un système de compost, de recyclage et de tri sélectif est en cours
d’installation.

Parallèlement, plusieurs systèmes sont expérimentés afin d’être généralisés a tout le


site et a la région : arrosage des plantations par capillarité, installation d’un bassin
d’épuration naturel, etc. Plusieurs experts internationaux sont intervenus et ont
participé à la formation du personnel sur ces questions. Au sein de l’équipe, un
responsable du développement et de l’environnement est chargé de former et
d’évaluer avec les employés les axes d’amélioration dans leur pratique quotidienne,
mais également de sensibiliser les touristes et les habitants de la région à ces
questions.

Une démarche de certification et de mise en place d’un label de qualité


environnementale et culturelle est actuellement élaborée et d’autres pistes
d’optimisation sur le long terme sont encore envisagées.

4. Les actions sociales dans ce projet

En langue Tamasheq, « Amanar » est le nom de la constellation d’Orion, qui indique


l’Est et l’Ouest et permet ainsi de trouver l’étoile Polaire qui guide les nomades et les
voyageurs. Ce concept touristique innovant, qui allie le plaisir du voyage et le respect
de l’environnement local a été conçu avec et pour les habitants de la région.

Plus qu’un projet touristique classique, Terres d’Amanar c’est une aventure et un état
d’esprit partagé porté par ses créateurs, les personnes qui y travaillent et des
actionnaires dont l’engagement financier et éthique a permis la faisabilité sur une
charte environnementale et sociale loin des projets touristiques habituels et sur le
long terme car le temps est une composante essentielle pour le développement d’un
tel projet. Entre 25 et 80 ouvriers des villages voisins ont construit pendant 4 ans
l’ensemble des structures sur des méthodes de construction régionales en terre et
travaillent aujourd’hui sur les projets en cours (village artisanal, centre équestre). 55
personnes travaillent sur l’exploitation (hébergement/restauration/entretien), 25
personnes sur le parc d’activité. Des experts venus de différents horizons
interviennent régulièrement sur des points précis (traitement des eaux, décorations,
formations diverses, etc.).

L’implication sociale de Terres d’Amanar, qui fait vivre plus de 200 familles de la
région, passe également par la mise en place de formations spécifiques avec des
intervenants extérieurs ou à l’interne, de cours d’alphabétisation ou la prise en
charge d’une mutuelle pour les employés. Si l’équilibre est parfois ténu entre respect
des traditions, le développement touristique et l’ouverture que représente –
notamment pour les femmes – l’opportunité de travailler sur le site, les Terres
d’Amanar ont su convaincre et ont permis la mise en place d’un réseau valorisant
toute l’activité de la région.

Conclusion
Parvenus au terme de notre analyse sur l’apport social d’une politique de tourisme
durable sur les populations du Maroc, force est de constater que notion de tourisme
durable est très importante, autrement dit, elle est la plus adéquate pour le Maroc
comme pour la majeur partie des pays africains, car le principe de tourisme durable
implique de préserver, en vue d’en tirer parti non seulement aujourd’hui, mais encore
demain, les ressources naturelles, historiques et culturelles auxquelles le tourisme à
recours. Ces ressources peuvent être d’ailleurs bonifiées grâce à lui. La préservation
des ressources est très importante, pour le Maroc car en tant que pays pauvre, elle
lui permet de mieux gérer et économiser ces ressources et de les conserver à long
terme. En outre, le terme « tourisme durable » signifie que : la mise en valeur du
tourisme n’induit pas de problèmes écologiques ou socioculturels ; que la qualité
générale de l’environnement des lieux touristiques est conservée, voire améliorée.
Les différents acteurs du tourisme au sein du pays doivent donc travailler à
l’élaboration et l’adoption d’une politique de tourisme durable qui pour développer le
tourisme et améliorer les rendements de cette activité (sur le territoire Marocain)
perçue comme l’un des piliers du commerce international. A ce niveau la planification
et la formulation d’une politique de tourisme durable adaptée aux réalités du pays est
très importante et décisive pour la mise en œuvre des plans et projets adoptés.
Cependant, la politique de tourisme durable reste une idée générale qui doit être
appliquée à tous les niveaux de décisions, de production de bien et service et même
de rentabilité répondant à un souci global de longévité, et de conservation.
Les ressources naturelles, culturelles et humaines étant les principaux atouts du
Maroc, le tourisme durable s’avère bénéfique pour la dynamisation de l’activité dans
le pays, en effet, cette forme de tourisme qui se donne pour objectif de répondre aux
besoins des touristes et plus encore à ceux des communautés locales par
l’aménagement de meilleures conditions de vie (aménagement d’infrastructures,
augmentation de revenus, création d’emplois), s’intègre parfaitement au riche
paysage naturel marocain regroupé dans les zones rurales, souvent désenclavées et
pauvres. Cette situation de pauvreté peut être changée si à toutes les formes
d’activités touristiques pratiquées dans les provinces du pays, on applique les
principes de la durabilité, en mettant l’accent sur la création d’emplois,
l’augmentation des revenus et l’aménagement des infrastructures que nécessite
chaque région. La clé du succès pour le développement du tourisme durable est
donc l’implication des collectivités rurales ou locales, dont la collaboration est
capitale pour l’implantation de tout projet écotouristique.

Par ailleurs le tourisme marocain souffre de plusieurs maux généralement basés sur
l’inadéquation des structures et activités touristiques aux réalités du pays lié à un
manque de compétences des cadres et employés du secteur. Le tourisme durable à
travers la formation et la sensibilisation des employés, des professionnels, des
populations et des touristes veut combler cette lacune, en inculquant à chacun des
notions de communication interculturelle qui amènent à mieux se comprendre, et à
se conformer aux besoins et exigences des uns et des autres, pour un bénéfice
global de la société, et une préservation du patrimoine local.

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