Dossier-MCO-Rafale

OW
S SH
Opérationnels
D
LA
CIA
SPÉ
Soutien Logistique Défense Sécurité
Un dossier dédié au MCO Rafale

avec les témoignages de :
Colonel Bellanger,
Commandant de la Base de Saint-Dizier
Capitaine de vaisseau Fabre,

Responsable flotte Rafale, SIMMAD
Marie-Astrid Vernier,
Directrice Soutien Militaire,
Dassault Aviation
MCO Aéronautique Reportage à l’AIA

3 782884 615002
Le rôle d’Aérocampus de Clermont-Ferrand

expliqué par son président, Par JM Tanguy
le Général Guignot (2S)
SP
ÉC
Opérationnels
Soutien Logistique Défense Sécurité
IA
LA
DS
« Chacun est responsable de tous. SH
Chacun est seul responsable. OW
www.operationnels.com / www.sldmag.com
Chacun est seul responsable de tous. »
SIÈGE SOCIAL : DIESL Antoine de Saint-Exupéry
Défense interarmées
éditorial
et soutien logistique
4, rue de Rémusat - 75016 Paris
Tél. : 06 89 74 24 31
Dépôt légal : septembre 2014 / ISSN : 2273-4201
Directeur de publication /
Rédacteur en chef
Murielle Delaporte
[email protected] MCO aéronautique :
Conseiller financier une harmonisation constante…
Christophe Le Cornec
Ainsi que le souligne le Colonel Bellanger, commandant de la base
sommaire
Direction artistique
Souris Graphique aérienne de Saint-Dizier, un aspect du Rafale que les pilotes appré-
cient particulièrement est « l’interface Homme-Machine (IHM), qui, basé sur des logiques
Communication et développement
Chantal Plessier-Dauvergne
identiques quel que soit le mode employé (air-air, reco, etc), s’avère très instinctif ».
[email protected] Mieux encore, au fil des modifications – il vient de passer le cap de la millième - qu’a connu
06 81 88 45 91 le chasseur depuis sa première mise en service voici quatorze ans, « tout est harmonisé de
Ont contribué à ce numéro : façon à ce qu’un pilote volant sur Rafale ne se pose pas la question de savoir dans quelle
Colonel Jérôme Bellanger architecture il évolue ». C’est ce qu’explique le Capitaine de vaisseau Fabre longtemps en EDITORIAL 02
Capitaine de vaisseau Sébastien Fabre charge de la flotte Rafale à la SIMMAD dans un entretien où il décrit la transformation du
Général de corps aérien (2S) Denis Guignot Rafale et de son soutien au fur et à mesure de la progression de ses différents standards. Si
DOSSIER SPÉCIAL « MCO RAFALE »
Jean-Marc Tanguy cette harmonisation existe ainsi au niveau technologique, la lutte constante de ce dernier, en
Marie-Astrid Vernier liaison avec ses homologues industriels, a été de parvenir à une harmonisation contractuelle Le Rafale : « un avion qui tient ses promesses » 05
Photographes :
Frederic Lafargue
Jean-Marc Tanguy
permettant d’optimiser le maintien en condition opérationnelle de la flotte. Faire en sorte
en d’autres termes que tout ce qui concourt à une meilleure disponibilité des avions corré-
lée au taux d’activité aérienne voulu, « tout ce grand bazar invisible » - selon l’expression
05 Entretien avec le Colonel Bellanger, Commandant de la BA 113, Saint-Dizier
Le Rafale : « un avion de rupture » 13

Conseil éditorial : parlante de Marie-Astrid Vernier, responsable soutien militaire chez Dassault Aviation - le
Général de corps d’armée (2S) Jean-Pierre Bansard demeure aux yeux des utilisateurs. Entretien avec le Capitaine de vaisseau Fabre, chargé de la flotte Rafale à la SIMMAD
Air Vice-Marshall John Blackburn
Général d’armée (2S) Gérard Desjardins Dans ce numéro Hors série consacré au MCO Rafale, chacun de ces trois acteurs raconte, du REPORTAGE
Général de division (2S) Alain Faupin point de vue de l’utilisateur opérationnel, du maître d’ouvrage et du constructeur, les défis, L’autre chaîne Rafale à... Clermont-Ferrand 21
Général de corps aérien (2S) Denis Guignot mais aussi les solutions apportées au cours des années pour qu’au final cet avion, considéré Par Jean-Marc Tanguy, journaliste
Général de corps aérien (2S) Pierre Niclot « bien-né » par nombre d’observateurs, tienne toutes ses promesses au service des opéra-
Contrôleur général des armées Louis-Alain Roche tions. Parmi les défis : Rafale Care : Un MCO Piloté 23
Vice-amiral (2S) Pierre Sabatié-Garat
Général de division (2S) Patrick Tanguy • celui de devoir s’approprier une transformation et une rupture technologiques allant Entretien avec Marie-Astrid Vernier, directrice soutien militaire, Dassault Aviation
Transcription / relecture
jusqu’aux outils, mais aussi aux procédures de maintenance ;
Julien Canin • celui de devoir optimiser toujours davantage face à deux tendances contradictoires – la L’ANALYSE DU CONSEIL ÉDITORIAL
Nicole Cointement croissance de la flotte à soutenir d’une part, la diminution de l’activité aérienne d’autre Aérocampus : anticiper les risques de vide capacitaire en maintenance
Impression part - ;
13
aéronautique 31
Imprimerie de Champagne • celui enfin d’intégrer les nouveaux standards pour faire face à la menace, mais aussi d’in-
Groupe Graphicom (Langres) Entretien avec le Général Guignot (2S), Président d’Aérocampus Aquitaine
tégrer la menace dans la conception de nouvelles configurations.
Distribution
Rosita Collin Les retours d’expérience dans ce numéro spécial ADS Show sont nombreux et concrets
Pubadresse (taverny) et illustrent le parcours accompli par le Rafale et la communauté qui s’est créée autour du
Publicité Chasseur. Une communauté transverse qui révolutionne chaque jour un peu plus ses modes
[email protected] opératoires - que ce soit au niveau tactique, de la formation des pilotes, du développement
Abonnement d’un soutien de proximité au plus près des forces, ou de l’organisation logistique – et dont
Par internet : www.operationnels.com les enseignements ne peuvent que profiter à l’avènement des nouvelles générations de ma-
www.sldmag.com tériel aéronautique, plateformes et outils de soutien confondus, ainsi qu’aux programmes
Par email : de formation - tels que celui développé par Aerocampus Aquitaine et que nous décrit, égale-
[email protected] ment dans ce numéro ciblé, le Général Denis Guignot.
Par téléphone : 06 89 74 24 31
Murielle Delaporte
Les opinions exprimées au sein de
cette publication n’engagent que leurs auteurs.
Les publicités insérées sont sous la
21 23 31
Photo de couverture : Un Rafale en mission au-dessus du Mali pendant Serval
responsabilité des annonceurs.
après un ravitaillement en vol, © 1st Lt. Christopher Mesnard, USAF, avril 2013
www.operationnels.com Photos page 3 : Frédéric Lafargue, Jean-Marc Tanguy, US Air Force, Murielle
Delaporte
2 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série Opérationnels SLDS # 21 - Hors série 3

Soutien Logistique Défense Sécurité Soutien Logistique Défense Sécurité
C’est de la base de Saint-Dizier que sont partis les premiers
Dossier Spécial
Rafale lors du déclanchement de l’opération Serval. Ici un
Rafale en mission au-dessus du territoire malien
MCO Rafale
© 1st Lt. Christopher Mesnard USAF, avril 2013

05 Côté Opérations :
la vision de
l’utilisateur
Le témoignage du Colonel
Bellanger, BA 113
Le Rafale :
13 Côté Maîtrise
d’œuvre :
« un avion qui tient ses
la vision SIMMAD
Le témoignage du Capitaine de
promesses » Entretien avec le Colonel
vaisseau Fabre Jérôme Bellanger, Commandant
Colonel, vous commandez depuis près d’un de la BA 113 « Commandant Antoine
an la base aérienne de Saint-Dizier : pou- de Saint-Exupéry », Saint-Dizier
21 Côté Maîtrise vez-vous en introduction de cet entretien dé-
d’ouvrage : crire votre parcours et présenter la BA113 ?
Exercice nucléaire Poker, © JM Tanguy, Saint-Dizier, 2013
En deux mots, j’ai en premier lieu un marqueur Dans cet article, le Colonel Bellanger offre une vision
reportage au cœur de pilote de chasse opérationnel, puisque j’ai opérationnelle du Rafale et de la « Communauté Rafale »
participé à différentes opérations - notamment d’autant plus enrichissante qu’il fait partie de cette
du SIAé en Irak et en Bosnie -, ainsi qu’à la posture génération de pilote ayant longtemps volé sur Mirage,
permanente de sûreté aérienne (PPS). Pilote une expérience vouée à disparaître puisque les premiers
Un photo-reportage à l’AIA de de chasse de défense aérienne, j’ai été basé à pilotes de Rafale ab initio commencent depuis peu à
Clermont-Ferrand par JM Tanguy Orange de 1993 à 2001. Ensuite j’ai commandé prendre la relève. Avec un recul comparatif, il explique
le 1/2 « Cigognes » de 2004 à 2007 sur Mirage ainsi l’évolution du chasseur au fil de l’entraînement et des
23 Côté Industriel : 2000-5. J’ai également un marqueur d’état-ma-
jor au sein du CDAOA (Commandement de la
missions qui ont pu lui être confiées toujours au service
de la « réactivité et de la permanence » et l’impact de
la vision du défense aérienne et des opérations aériennes), cette évolution sur une organisation du soutien aujourd’hui
tournée davantage vers « une logique d’activité et non plus
ensuite à l’inspection de l’armée de l’Air, puis
constructeur au cabinet du ministre de la Défense. Je faisais vers une logique de disponibilité ». La restructuration des
partie de la cellule Relations Internationales de ESTA (Escadrons de soutien technique et aéronautique) et
Le témoignage de Marie-Astrid 2010 à 2012, notamment avec le Général Mer- le développement d’un véritable « soutien de proximité »
Vernier, DGSM Dassault cier alors chef de cabinet militaire : ce fut une fondé sur l’amélioration des « liens technico-opérationnel
période assez intense, car j’ai eu la chance de et technico-logistique » et caractérisé notamment par
côtoyer plusieurs ministres de la défense avec une présence industrielle plus marquée sur les bases
une activité très chargée, puisque je m’occu- aériennes permettent d’accompagner au plus près la
pais plus particulièrement des questions liées « Transformation Rafale »
au Moyen-Orient et à l’ONU. Ce fut l’époque de

La vision opérationnelle
« Nous notre intervention en Libye, des otages au Ni- capacité ouvre des horizons même si nous la réparer. C’est aussi valable pour le soutien industrielle de maintenance des avions très « Le principe
ger, de la préparation pour le Mali, et déjà de avons un point de faiblesse au niveau ravi- de nos appareils en opérations extérieures. matricielle, au sein de laquelle des divisions de soutien de
bénéficions la Syrie. taillement en vol. Ce sont toujours les C135 se trouvaient en appui de divisions de pro-
Grâce à la mise en place de ces guichets, le proximité a très
d’un système A l’issue d’un an à l’inspection générale des qui assurent ce dernier (cinq fois sur le trajet lien s’est amélioré au fil des années, tandis duction et fournissaient au jour le jour le
d’arme comme armées Air, j’ai rejoint en septembre 2013 Saint-Dizier-La Réunion) de la même façon que parallèlement l’organisation de l’ESTA a personnel adéquat en fonction des besoins. bien évolué et
le Rafale, mais cette belle base de Saint-Dizier. La BA 113 qu’ils le faisaient en 1964 avec le Mirage-IV… changé. Ces deux aspects réformateurs cu- Cette organisation ne s’étant pas révélée fait ses preuves.
accueille 2100 personnes au service des trois - La réactivité dont nous sommes aujourd’hui mulés ont engendré un gain d’activité de 20 à assez réactive par rapport à l’activité des [...] C’est un
aussi d’une plateformes et des unités navigantes, nous
missions principales de l’armée de l’Air, à sa- capables est le fruit du travail de mes prédé- 30%, en raison d’une amélioration plus quali- peu comme
organisation voir la dissuasion nucléaire, la protection et cesseurs : pour agir à l’instant requis, il faut tative que quantitative de l’avion que l’on met avons remis un peu de verticalité et de com-
tournée vers l’intervention. Au-delà de la polyvalence du un outil sur la base, une possibilité de créer mandement à chaque niveau de régénération dans un stand
en ligne. Ce gain nous permet de répondre
cette réactivité système d’arme Rafale, c’est donc bien toute un PC de crise (poste de commandement) au mieux aux besoins des unités pour leur du potentiel Rafale, avec une maintenance de formule 1 :
la base qui est polyvalente : dans les plus brefs délais rassemblant autour entraînement. En effet, un avion polyvalent un peu éloignée et des chantiers plus longs dès que la
et cette d’un côté, et une maintenance plus courte et
• dissuasion nucléaire avec le 1/91 d’une table à la fois les unités de combat dont comme le Rafale a beaucoup de configura- machine arrive
permanence » l’escadron de soutien technique aéronau- tions (avec ou sans pod, bidons, missiles….). proche de la ligne avion de l’autre, la main-
« Gascogne » ; tenance la plus courte étant le changement en panne, on
tique (en l’occurrence l’ESTA 15/007 « Haute Alors qu’auparavant nous mettions sur les
• protection avec le 1/91, le 1/7 « Pro- de configuration pour le tour d’après. En se met tout de
Marne »), mais également tous les chefs de parkings des Rafale avec des configurations
vence » en charge de la posture perma- matière d’infrastructures, plus on s’éloigne
nente de sureté aérienne (ou protection
soutien en matière d’armement, de moyens plutôt génériques, ce qui simplifiait la prépa- suite en mesure
plateforme et du soutien de l’homme. Depuis de la ligne d’avion, plus les chantiers sont de
de l’espace aérien national) et le 5/950 ration de l’avion, désormais, nous reconfigu-
longue durée. Cette organisation verticale de pouvoir la
ma prise de commandement sur la BA113, rons si nécessaire et à tout moment des Ra-
« Barrois », l’un des escadrons de dé-
j’ai pu rapidement constater qu’un énorme sous le commandement d’un officier respon- réparer. [...]
fense sol-air, ainsi que les personnels fale de la façon dont le souhaitent les unités
travail a été réalisé pour parfaire le lien tech- navigantes.
sable de la sortie des avions se retrouve dans Nous sommes
participant à la mission Vigipirate ou tous les hangars : maintenance longue durée,
appartenant aux unités chargées de la
nico-opérationnel, c’est-à-dire en particulier L’amélioration que l’on constate aujourd’hui vraiment passés
le lien entre les exigences de l’entraînement maintenance moyenne durée et maintenance
surveillance aérienne générale et de la se situe donc à un double niveau : sur le plan courte durée. Elle fonctionne mieux, car elle d’une logique
pour mener à bien la mission et la prise en
surveillance spatiale ;
compte du côté technique des contraintes en
technico-opérationnel - avec une bonne coor- correspond mieux au monde militaire et à de disponibilité
• intervention enfin : on rappellera que dination entre le soutien opérationnel tech- sa hiérarchie, ainsi qu’à la logique NSO/NSI à une logique
matière de MCO (maintien en condition opé- nique et les unités navigantes qui consom-
c’est depuis Saint-Dizier qu’un certain rationnelle). (niveaux de soutiens opérationnel et indus- d’activité. »
19 mars 2011, les Rafale ont décollé ment un nombre d’heures de vol établi -, triel). Si l’on reprend la classification tradi-
pour intervenir aux portes de Bengazi Quelles sont les grandes évolutions orga- et sur le plan technico-logistique – avec un tionnelle par « niveau technique industriel »
pour stopper le massacre ; c’est égale- nisationnelles allant dans le sens du ren- soutien optimisé au plus près des avions qui (NTi), nous faisons aujourd’hui sur les bases
ment d’ici que les chasseurs sont partis forcement de ce lien technico-opération- sont en ligne, et ce, toujours dans une logique du NTi1 et du NTi2 longue durée avec retour
en 2013 pour le Mali et ont traité avec nel sur la BA 113 ? d’activité. S’il y a en effet un maître-mot à à l’industriel pour le NTi3, sur lequel nous ne
succès, au cours d’un vol d’une durée Le premier axe consiste à s’efforcer, via mettre en exergue, c’est bien l’activité. Nous disposons pas des compétences.
de 9h45, une vingtaine d’objectifs pour une meilleure coordination, d’optimiser le sommes vraiment passés d’une logique de Cette organisation au niveau de l’ESTA nous
prêter main forte aux forces spéciales et moindre moyen mis à notre disposition, de disponibilité à une logique d’activité. a permis d’être plus efficaces dans notre
marquer un coup d’arrêt contre le terro- façon à ce que les unités navigantes aient au Pour ce faire, nous avons réintroduit de la processus de régénération, car une fois de
risme qui commençait à envahir le Mali. bon moment et en toute sécurité le Rafale verticalité et de la hiérarchie au niveau de plus le maître mot, c’est la réactivité : nous
La BA 113 Saint-Dizier-Robinson est ainsi dans la bonne configuration pour leur entraî- l’ESTA en s’appuyant sur la bonne disposi- ne fonctionnons pas comme une compagnie
une base particulièrement intéressante, car nement. C’est ce sur quoi nous nous sommes tion de nos infrastructures. Nous fonction- aérienne civile de type Air France où les vols
elle dispose des trois missions qui ont été penchés autour du bureau opération-base nions ces dernières années selon une logique sont planifiés en avance dans des configura-
réaffirmées dans le dernier livre blanc et dont la transformation prochaine en struc-
confirmées par le Président. Cette base est ture escadre va encore davantage fluidifier
un instrument de puissance au service du nos modes d’action pour répondre aux sol-
politique avec les maîtres mots que sont à la licitations croissantes de nos unités (cam-
fois la réactivité et la permanence. Ceci est pagne de tir en Norvège en août ; exercice en
possible, car nous bénéficions d’un système septembre ; etc…).
d’arme comme le Rafale, mais aussi d’une Le deuxième axe est de nature technico-lo-
organisation tournée vers cette réactivité et gistique et consiste à raisonner en fonction
cette permanence. d’une logique d’activité à réaliser et pas for-
« L’armée - La permanence, nous la devons à nos pre- cément de disponibilité à avoir. Il s’agit donc
de l’Air s’est mières missions dans les années 60, car il d’être en mesure de disposer des bonnes
structurée convient de rappeler que l’armée de l’Air s’est pièces au bon moment dans les plus brefs
autour de structurée autour de deux missions princi- délais pour pouvoir réparer l’avion et le re-
pales : la dissuasion nucléaire et la protec- mettre en ligne de vol. Concrètement cela
deux missions tion du territoire national. Ce sont ces deux se traduit en particulier par la présence d’in-
principales : missions structurantes qui nous permettent dustriels sur la base aérienne : des guichets
la dissuasion aujourd’hui de réaliser nos objectifs opéra- industriels sont proches des avions en ligne
nucléaire et tionnels ou de constamment explorer grâce et fournissent en liaison directe avec les mai-
à l’entraînement les limites et l’étendue des sons mères les bonnes boites dès que le be-
la protection capacités dont nous disposons. C’est ainsi soin s’en fait sentir. Ce principe de soutien
du territoire qu’en mai dernier, nous avons réalisé un vol de proximité a très bien évolué et fait ses
national » de10h35 pour rejoindre la Réunion avec deux preuves, puisque Dassault vient de rejoindre
Rafale du 1/91 Gascogne. L’objectif visait à la Snecma et Thales au mois de juin dernier.
démontrer notre capacité à projeter en une C’est un peu comme dans un stand de for-
seule fois des Rafale sur une telle distance. mule 1 : dès que la machine arrive en panne,
Cet exercice fut un réel succès. Une telle on se met tout de suite en mesure de pouvoir
6 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série © M. Delaporte, Saint-Dizier, novembre 2013 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série 7
preuve de notre capacité à durer. Mission de démultiplier leurs aptitudes dans une mis- © M.Delaporte,
accomplie, puisque nous avons donc mené sion donnée. BA Saint-Dizier,
© JM Tanguy, Solenzara, mars 2011

d’emblée une mission de 9h45 au départ de novembre 2013
En matière de soutien, il existe encore
Saint-Dizier pour traiter environ 20 objectifs des axes de progrès et nous allons avec la
AASM (armement air-sol modulaire), pour structure Escadre pouvoir suivre et optimi-
redécoller avec les mêmes appareils et réa- ser encore davantage les moyens. C’est par
liser une nouvelle mission quelques heures exemple le cas en ce qui concerne la partie
après. armement et la partie entraînement au tir où
A chaque fois il y a eu un cran de plus dans des améliorations peuvent être apportées en
l’utilisation du système d’arme et un cran de liaison avec les commandements, le SIMu
plus dans la monographie de la mission. Le (service interarmées des munitions) et les
Mali fut en ce sens une mission extrêmement champs de tir. Idem pour le suivi très pré-
aboutie, où toute la puissance aérienne fut cis des heures de vol de telle ou telle unité :
Mission Rafale pendant Harmattan utilisée sous faible préavis pour aller frapper il est clair que l’on peut encore et toujours
des objectifs pré-déterminés, mais dont cer- améliorer certaines choses, mais nous avons
« Le standard tions bien déterminées. Les nôtres bougent d’expérience des OPEX récentes en étant tain on été replanifiés pendant le vol. fait à Saint-Dizier un réel bond en avant en
presque à chaque tour. Nous avons donc dé- entre autres doté du missile européen air-air Pour résumer, en termes d’emploi, nous créant ce bureau opération-base avec une
ayant évolué, partie haute - prise en compte des directives
pêché au niveau de l’ESTA un pilote qui coor- longue portée Meteor et du PDL-NG (pod avons pu au fil des années capitaliser sur les
l’utilisation donne l’activité en temps réel. Il est à côté des de désignation laser nouvelle génération qui missions qui ont structuré l’armée de l’Air - et une partie basse - pilotage de l’activité en
du Rafale mécaniciens et, en fonction des pannes et du remplacera le Damoclès). (dissuasion, protection), ce qui nous a per- conduite avec un personnel navigant présent
s’est avérée tour précédent, c’est lui qui va réajuster celui mis de développer notre capacité à planifier dans la cellule de coordination au niveau des
Inversement le standard ayant évolué, l’utili-
d’après en fonction des directives données et construire des opérations aériennes - des ESTA -. Cette évolution, qui va être formali-
différente selon sation du Rafale s’est avérée différente selon
sée avec l’Escadre, est assez spécifique de la
par les unités et le commandement et refaire les théâtres dans la mesure où le potentiel capacités dont peu de pays disposent encore
les théâtres la programmation des vols en conséquence à l’heure actuelle -, telles que la réalisation BA 113 en raison de la coexistence des trois
n’était pas le même. Ce qui est sûr est que
dans la mesure en fonction des moyens qui lui restent. nous l’avons utilisé au maximum de ses pos- sous faible préavis de missions longues et missions évoquées plus haut. Sur l’autre base
où le potentiel complexes avec un effet final recherché très Rafale, le contexte est différent. A Mont-de-
Quel bilan global faites-vous à ce stade de sibilités à chaque fois. Nous avons même été
large : au bout de 9h45 de vol, on peut faire Marsan, l’ESTA produit directement pour
n’était pas le l’évolution du Rafale et de son soutien ? au-delà de ce qui était prévu pour nous adap-
l’unique escadron Rafale, alors qu’ici, non
ter à certains théâtres : ce fut le cas en Afgha- tirer canon ou un ASMP-A au Rafale… Ce
même » On a toujours dit que le Rafale était un avion sont ces caractéristiques sur lesquelles nous seulement nous avons trois missions dif-
nistan grâce à des « crash programs ». Ce
avec un énorme potentiel. C’est une réali- avons su construire au fil des opérations ex- férentes, mais nous opérons trois types de
sont donc bien les opérations qui nourrissent
té. Le Rafale tient toutes ses promesses et térieures avec ce point d’orgue qu’a constitué flottes différentes, à savoir du Rafale Air bi-
l’évolution du système d’arme, tandis que les
il l’a démontré en opération. Ce n’est pas Serval. La mission de dissuasion a apporté place, du Rafale Air monoplace et du Rafale
missions et l’organisation requise pour les
de la langue de bois. C’est une réalité. C’est cette capacité à se projeter loin et vite, car Marine. Il existe de fait une très bonne en-
mener à bien ont beaucoup évolué :
un avion qui s’est constamment amélioré au les raids nucléaires programmés voici près tente, en ce sens que les Rafale Marine sont
fur et à mesure de ses standards successifs • En Afghanistan, il s’agissait de missions remis pour emploi au niveau de l’armée de
de cinquante ans sur Mirage IV l’ont forgée.
et n’a fait que tenir les promesses qu’on lui lativement classiques à partir d’une base : le l’Air, laquelle assure la formation des pilotes
Ce n’est donc pas une surprise pour le 1/91
prêtait depuis le début. Avec les premiers type de missions que tout pilote a connu dans de l’aéronavale. La Marine n’ayant pas d’es-
quand on lui demande de faire un vol de 10h35
standards F1, Marine, F2, on avait un peu sa carrière. cadron dédié à la formation de leur pilote, un
pour aller se projeter à la Réunion… La seule
d’air-sol. Aujourd’hui le standard F3-3’ offre • En ce qui concerne la Libye, nous avons différence c’est qu’avant, tout était très cloi- contrat lie les deux armées dans ce domaine.
en particulier « Reco » NG, ASMP-A (mis- décollé depuis Saint-Dizier pour faire des sonné : on trouvait d’un côté cette mission Autre facteur de réussite, l’instauration de
sile air-sol moyenne portée amélioré), tir missions avec pour particularité un temps de structurante de dissuasion, et de l’autre, la plateaux techniques avec les industriels : ce
laser, radar AESA RBE2 (« Active Electro- réaction extrêmement court. Nous avons su mission de défense aérienne et de protection fut un pari gagnant-gagnant, puisque, d’un
nically Scanned Array »). Avec ce radar à réagir avec seulement quelques jours de pré- de l’espace aérien national. Maintenant, ces côté nous avons pu nous approprier plus ra-
antenne active, il s’agit maintenant d’un sys- avis entre l’annonce de l’intervention par le deux missions se nourrissent l’une de l’autre pidement la mise en œuvre du Rafale grâce
tème réellement abouti, dont la force, au-de- Président de la république et le blanc-seing et les escadrons qui constituent « la com- à l’envoi d’industriels sur place nous aidant
là de la portée, agilité et tenue, est bien la des Nations Unies autorisant cette dernière munauté Rafale » - le 1/7 « Provence, le 2/30 dans les diagnostics de pannes à faible oc-
fusion des capteurs. Demain le standard F3- par le vote d’une résolution. « Normandie-Niemen » de Mont de Marsan, currence et la régénération, et de l’autre,
R, prévu pour une mise en service vers 2018, • Ce fut le même cas de figure pour le Mali, et surtout le 1/91 « Gascogne » sont encore ces mêmes industriels pouvaient mieux ap-
sera encore davantage enrichi des retours avec une difficulté supplémentaire : faire plus forts, car la polyvalence leur permette précier la façon dont l’avion évoluait quand
il était en situation d’activité. Le plateau

technique a ainsi constitué une réelle avan-
cée, en nous permettant de gagner en temps, « On parle de
mais aussi en expérience, et de bénéficier « Communauté
des progrès des outils des industriels. Das-
sault vient par exemple de mettre au point Rafale » aussi
un outil extraordinaire de modélisation du bien pour
Rafale en 3D, qui permet au mécanicien de l’échange de
voir concrètement ce qu’il est en train de savoir-faire
faire et de diagnostiquer avec précision l’en-
droit où il doit intervenir. Autre exemple, sur que pour
le M88, qui et offre beaucoup de capacités, l’optimisation
nous cherchons en permanence à nous adap- des moyens
ter à certaines contraintes OPEX. A titre techniques »
d’exemple, pour éviter que le sable ne se vi-
© M. Delaporte, Saint-Dizier, novembre 2013
trifie avec la chaleur et détériore les aubes

de turbine, Safran utilise un alliage spécial
© JM Tanguy, 2013
protégeant ces dernières. Ce type de perfor-
mances souligne bien la synergie que nous
avons avec les industriels et qui nous permet
in fine d’optimiser l’utilisation du système
d’arme Rafale.
« Nous ne Exercice nucléaire Poker
Globalement et pour conclure, nous ne ren-
faisons pas de controns pas de problèmes récurrents et
Un responsable
la maintenance, MCO Rafale (Hangar l’avion est depuis longtemps opérationnel. la compétence dans ce domaine d’emploi au puis ces dernières années, en ce sens qu’elle
mais du soutien maintenance BA 113) La preuve en est qu’un an après sa mise en profit des autres unités. permet d’utiliser toutes les potentialités du
opérationnel » service dans l’armée de l’Air, le Rafale est On parle ainsi de « Communauté Rafale » Rafale, dont certaines sont parfois difficiles à « Tous les
parti en Afghanistan et a fait la guerre. Les aussi bien pour l’échange de savoir-faire que expérimenter en l’air. On utilise ainsi le simu-
résultats parlent d’eux-mêmes... lateur pour le segment formation, mais éga- pilotes qui
pour l’optimisation des moyens techniques.
Si l’ESTA de Saint-Dizier a des difficultés pour lement pour le segment perfectionnement. sont amenés à
assurer une mission parce qu’il est pris par la Le segment formation est classique : on y être sur Rafale
La Transformation Rafale: permanence opérationnelle ou en soutien de
l’escadron de chasse 3/30 « Lorraine » à Al-
Dhafra, celui de Mont-de-Marsan sera sollici-
travaille les pannes, les automatismes de la
mission (combat air-air, reconnaissance, at-
taque au sol, utilisation du système d’arme).
transitent par
l’Escadron de
« On n’en est qu’au début…» té en renfort. Ce type d’échange, facilité par Le segment perfectionnement porte sur des Transformation
les avancées technologiques, peut s’opérer missions très complexes, avec des cadres Rafale (ETR), le
entre les deux bases tout simplement parce tactiques poussés à l’extrême, où on va par 2/92 Aquitaine »
qu’elles mettent en œuvre le même système. exemple s’entraîner en rejouant la mission
Par le Colonel Bellanger du Mali du 13 janvier 2013.
Une formation 1/3 « Simu » - 2/3 vol réel
Autre facteur positif, nous sommes en mesure
Tous les pilotes qui sont amenés à être sur
de faire de la simulation distribuée, laquelle
« Le Rafale, Une communauté Rafale de référence sière, AASM. Ainsi par exemple, si le 1/91 a Rafale transitent par l’Escadron de Transfor-
se fait en réseau avec le seul autre simulateur
de par sa « On parle maintenant de communauté Ra- besoin de faire une campagne air-air ou de mation Rafale (ETR), le 2/92 « Aquitaine ».
Cet escadron dispose de quatre pôles de Rafale existant qui est basé à Landivisiau.
fale. L’avion étant polyvalent, les escadrons s’améliorer en tactique air-air, son point de
polyvalence, a contact air-air prendra attache avec l’esca- simulation permettant de répondre aux ob- L’hiver dernier, nous nous sommes également
radicalement sont donc capables de faire toutes les mis- entraînés à des missions longue distance en
dron 1/7 afin de bénéficier de son expérience jectifs que s’est fixé l’armée de l’Air. Théori-
sions, avec la particularité du 1/91 qui est liaison avec le simulateur AWACS de la base
fait évoluer l’escadron de dissuasion nucléaire. Cette en tant qu’unité référente. Autre exemple quement pour être bien formé compte tenu
d’Avord et la cellule de commandement et
les modes concret récent, pour une étude de suivi de de la polyvalence de l’avion et du nombre
communauté s’est cependant organisée de conduite des opérations à Lyon. Ces vols
terrain au 1/7, celui-ci a pris attache auprès de missions, un pilote de Rafale devrait pou-
opératoires de avec une responsabilité donnée à chaque
du 1/91 dont c’est une des spécificités. Ce voir réaliser 250 heures aux commandes de simulés mettent en jeu des pilotes dans les
l’armée de l’Air » escadron : le 1/7 est le référent en matière l’appareil lesquelles, au regard des progrès simulateurs de Saint-Dizier et d’Avord, la cel-
brassage des savoir-faire est assez extraor-
de combat air-air, le 2/30 est référent recon- réalisés en matière de simulation, peuvent lule de commandement C2 et une structure « Pour un pilote
dinaire, car il permet d’arriver à un très bon
naissance, et le 1/91 est le référent missile extérieure qui injecte des incidents (pannes,
niveau de connaissance très rapidement. Le se partager selon un rapport 180 heures de Rafale ab initio,
de croisière/attaque au sol, ce qui est assez vol + 70 heures de simulateur. Nous sommes interceptions, décollage d’avions ennemis,
Rafale, de par sa polyvalence, a de fait radica- l’air-air est
naturel avec l’ASMP-A et la mission de dis- conjoncturellement dans un rapport 150 + site sol-air, changement de missions en vols,
lement fait évoluer les modes opératoires de plus difficile à
suasion nucléaire dont il est l’unique respon- 50. Ce ratio constitue un socle permettant de etc...) pour rendre l’exercice le plus complet
l’armée de l’Air. La standardisation entre les
sable sur Rafale. Dès réception des premiers unités était avant très mécanique. Pour une réaliser les missions qui nous sont confiées, possible et faire intervenir toute la chaîne de appréhender
exemplaires au standard F3-3’ dotés du radar mono-mission, ou une mission principale et mais avec un niveau de compétence requis a commandement. La « copie globale » s’en et s’ajoute
AESA, le 1/7 a ainsi eu la charge durant deux une mission secondaire, on essayait d’ame- minima par rapport à l’objectif idéal des 250 trouve améliorée à tous les niveaux depuis
mois de les éprouver. Cette phase de test a le C2 (JFAC à Lyon) jusqu’au niveau tactique
à toutes les
ner les escadrons identiques à peu près au heures de vol. Ces 50 heures de simulation
donné lieu à une documentation mettant en sont une nécessité, mais ne doivent pas excé- (équipages AWACS et Rafale). missions mises
même niveau. Les échanges se produisaient
avant des gains importants notamment en donc sur les mêmes sujets. Aujourd’hui on der le ratio un tiers-deux tiers. L’expérience La simulation est d’autant plus utile sur Ra- bout-à-bout »
portée, en agilité et en tenue de piste, dont ne peut plus se le permettre, car il faudrait prouve que pour acquérir et maintenir le sens fale, qu’il s’agit d’un système d’arme extrême-
les autres escadrons se sont inspirés pour 250 heures pour amener les unités à ces spé- de l’air, vous avez besoin de voler les deux ment performant avec plusieurs missions à
utiliser l’aéronef au mieux. cialisations. Un escadron spécifique a donc tiers du temps de votre formation ou de votre apprendre et non plus une seule. Nous avons
Chaque escadron a en revanche un spécia- une responsabilité sur une mission donnée et entraînement. bien sûr affaire à des « générations écrans »
liste air-air, reconnaissance, missile de croi- est en charge de « pousser » l’expérience et La simulation a en fait beaucoup évolué de- tout de suite attirées par le système d’arme,
mais parfois au détriment de l’apprentissage riorité aérienne. A un pilote de Rafale, vous

du vol. Nous avons ainsi parfois plus de mal demandez d’acquérir la supériorité aérienne,
à enseigner le vol et il faut rappeler qu’il n’y a puis, dans la même mission, d’aller tirer son
pas que le système d’arme à mettre en œuvre, armement, car l’objectif consiste à traiter les
que c’est un avion de chasse et qu’avant tout, cibles soit avec du missile de croisière, soit
il vole. D’où l’importance du vol réel pour avec de l’AASM/GBU-12, et pour finir il doit
« Le combat mettre en avant le fait qu’avant de maîtriser aussi faire des passes « Reco » pour vérifier
aérien est une le système d’arme, il faut maîtriser le pilotage si l’objectif a bien été traité. Il se retrouve à
musique où de base de l’avion. Il faut savoir aussi que dès faire toutes les missions en une seule grâce à
que le pilote quitte l’escadron de transforma- un système d’arme lui permettant de le faire.
les hommes tion Rafale, il est tout de suite mis en unité Les pilotes apprécient particulièrement l’in-
évoluent en 3D opérationnelle. Le rythme est donc extrême- terface homme-machine (IHM) du Rafale,
à un certain ment tendu et nous n’avons plus le temps de qui, basé sur des logiques identiques quel
rythme... » revenir sur les enseignements basiques. D’où que soit le mode employé (air-air, reco, etc),
l’importance de cette première marche qu’il s’avère très instinctif, ce qui permet de gagner
ne faut pas manquer. Il ne suffit plus d’être beaucoup de temps et d’accélérer le rythme
bon sur une seule mission que ce soit en at- si nécessaire. Lorsque l’on faisait du com-
taque au sol ou en combat aérien, il faut les bat en Mirage 2000-5, il y avait une musique,
maîtriser toutes et savoir les intégrer en une car le combat aérien est une musique où les
seule mission. C’est le principe de la polyva- hommes évoluent en 3D à un certain rythme. Le croisement de deux générations de chasseurs :
lence et cela va très vite. C’est un monomoteur d’une ancienne géné-
© M. Delaporte, 13 juin 2014

un Mirage F1CR passe derrière son successeur, le
Cela complexifie la formation, car il n’est ration et si vous voulez être efficace en com- Rafale, pour aller décoller lors de la cérémonie
pas possible de se focaliser sur une combat aérien, vous pouvez accélérer le rythme, d’Adieu réalisé en son honneur sur la BA 118 de
pétence spécifique. Les pilotes doivent être mais sans excès sous peine de dégrader trop Mont de Marsan
Le Rafale :
capables de tout, et à l’heure actuelle, c’est d’énergie potentielle. Avec le Rafale, vous
dans le domaine air-air que les jeunes pilotes pouvez multiplier ce rythme par deux ou
rencontrent le plus de difficultés. C’est en ef- trois, tout en ayant un système d’arme plus
fet la partie la moins « préparable » (au sens complexe à mettre en œuvre. Lorsque vous
de l’anticipation sur ce qui va se passer), vous retrouviez dos à la menace en Mirage
celle qui demande le plus de pilotage et de 2000, si vous n’aviez pas de liaison de don-
conduite, celle de l’instantané où il faut avoir nées, vous étiez plus calme pour reconfigurer
« un avion de rupture »
toutes ses facultés et toute sa compétence votre système d’arme ; vous aviez quelques
pour être efficace et faire face à l’imprévu secondes pour souffler et revenir dans le
avec une cadence très soutenue. L’air-air a combat. En Rafale ce n’est plus possible car,
toujours existé et nous avons toujours été dos à la menace, vous avez encore la liaison
vigilants, mais ce qui change par rapport de données et la fusion de capteurs qui vous
à avant est le fait que jusqu’à présent nous permettent d’avoir toute la situation aérienne Entretien avec le Capitaine de vaisseau Sébastien Fabre, chargé de la flotte
n’avions sur Rafale que des pilotes confir- en main et de refaire face à la menace dans
Rafale à la SIMMAD (Structure interarmées du maintien en condition opérationnelle des
més qui avaient une très belle expérience. les meilleures conditions. Non seulement le
Depuis quelques années, les pilotes sont nés système d’arme autorise beaucoup plus de matériels aéronautiques de la défense)1
sur Rafale et font leur expérience sur Rafale, choses, mais le vecteur accélère le rythme.
avec les premiers pilotes ab initio datant d’il Quand vous multipliez ces deux facteurs, Officier de Marine breveté énergie et des Etats-Majors, dont le a en charge la maintenance des
y a trois ans. Le 1/91, qui est l’escadron en vous avez une mission qui s’est sensiblement aéronautique, le Capitaine de nombre varie selon les armées avions stationnés sur une base,
charge en plus de la dissuasion nucléaire, a accélérée dans le cockpit. vaisseau Fabre « fait du Rafale » impliquées. Pour le Rafale, en l’occurrence le Rafale au
par ailleurs intégré ses premiers pilotes ab Nous avons découvert tout cela pas à pas depuis l’arrivée de l’avion de deux officiers et un directeur de standard F1, le Super Etendard
initio que l’année dernière. au contact des opérations – notamment en combat dans la Marine en 2001. programme constituent l’équipe et le Falcon 10, afin qu’ils soient
Pour un pilote Rafale ab initio, l’air-air est Afghanistan où nous l’avons beaucoup uti- Pendant les trois premières années, de programme intégrée (dite disponibles pour exécuter les
plus difficile à appréhender et s’ajoute à lisé -, mais surtout au contact de l’entraîne- il a fait partie de l’équipe de EDPI), laquelle traduit en termes missions confiées aux équipages.
toutes les missions mises bout-à-bout. Au ment. C’est intéressant, car c’est là où nous programme « Rafale Marine », techniques et contractuels les Il s’agissait pour le Commandant
« ...avec le niveau conduite de mission et à titre compa- prenons le temps de nous demander si nous chargée de réaliser les études fiches de caractéristiques militaires d’encadrer 300 techniciens de
Rafale, vous ratif, le Mirage 2000, tel que le « 2000-5 » qui avons atteint nos limites ou pas. Nous avons destinées à faciliter son intégration exprimées par les états-majors. maintenance en charge des
pouvez est complètement dans le combat aérien et beaucoup travaillé sur le facteur humain. dans les forces. Dépendant Leur sont associées des équipes visites et de la réparation des
a une excellente expertise dans la défense En étudiant le cognitif de l’équipage dans la de l’Etat-major de la Marine, il techniques chargées de toute équipements. Après l’Ecole de
multiplier ce encadrait ainsi une équipe d’une la partie soutien, rechanges, guerre et une année passée à
aérienne, est un avion qui ne fait que ça. machine, nous avons mis l’accent sur l’indis-
rythme par deux Donc vous ne demanderez pas aux pilotes de pensable sérénité que nous devions garder dizaine de personnes devant bancs de test, documentation la SIMMAD en tant qu’adjoint du
ou trois, tout « 2000-5 » d’aller tirer du missile de croisière, quelles que soient les phases de vol face à prévoir le soutien de l’avion, à avec pour objectif de calculer les responsable de la flotte Rafale,
en ayant un de quitter un combat aérien pour aller tirer de un système d’arme qui autorise beaucoup savoir le calcul des besoins en besoins et de définir les méthodes il devînt officier de programme
la GBU-12 ou de l’AASM, et ensuite de revenir et ouvre de nombreux horizons. Les pilotes rechanges, l’identification des de maintenance. Ma tâche a au sein de l’Etat-major de la
système d’arme moyens de soutien nécessaires à ainsi consisté de 2001 à 2004, à Marine. « C’était une nouveauté,
dans le combat aérien. Vous ne lui demande- doivent être en mesure de faire toutes les
plus complexe rez que d’acquérir la supériorité aérienne, ce missions et de les faire en toute sécurité. sa mise en œuvre, les impératifs de établir au nom de l’Etat-major car je suis officier mécanicien, or
à mettre en qui est déjà pas mal. Pour le pilote de Mirage Parce que le volet sécurité reste celui qui formation, ainsi que les bancs de de la Marine les besoins de la ce poste est traditionnellement
oeuvre » 2000-D, c’est pareil. Il va tirer de la GBU-12, coiffe tout le reste. test. « Dans l’organisation française Marine afin d’accueillir le Rafale tenu par un pilote. J’ai exercé
voire éventuellement s’auto-protéger pour se Le Rafale, à mon avis, on n’en est qu’au dé- des programmes d’armement », et le soutenir. ». Entre 2004 et ces fonctions pendant trois ans,
soustraire à une menace, mais en aucun cas, but… » explique-t-il, « il existe une 2006, le Capitaine de vaisseau au cours desquels j’ai participé
vous ne lui demanderez d’acquérir la supé- équipe constituée de plusieurs Fabre s’est ensuite occupé du au développement et à la
personnes issues de la Délégation groupement aéronautique de la mise en service du standard
générale de l’armement (DGA) base de Landivisiau. Ce service
La vision du maître d’œuvre
cela joue. La technique produisant un certain la tranche 2 en chantier de modifications sur « Tout est
nombre de combinaisons, les mécaniciens une chaîne de rétrofit spécialisée. L’ensemble harmonisé de
disposent de matrices de compatibilité afin des avions de la tranche 2 sera rétrofité fin façon à ce qu’un
de faire voler ensemble des équipements 2015. Enfin pour les avions des tranches 3
fabriqués pour des tranches d’avions diffé- et 4, leur mise à hauteur est assurée direc- pilote volant
rentes. Cela tend à complexifier le soutien de tement par les utilisateurs au fil de l’eau, les sur Rafale ne
l’avion de ce point de vue, mais cela permet modifications à appliquer concernant plutôt se pose pas
de mettre à jour toutes les tranches d’avions des équipements. la question
afin qu’elles disposent des capacités équiva-
lentes apportant ainsi une très grande trans- Une rupture technologique à absorber de savoir
parence pour le pilote dans la réalisation de Le standard F3 a fait l’objet de plusieurs dans quelle
ses missions, ce qui n’était pas le cas sur les évolutions pour adapter les capacités du Ra- architecture il
avions de génération plus ancienne. fale aux opérations extérieures ou du fait de
l’intégration de nouveaux équipements de
évolue »
Un processus de rétrofit concernant missions. Le standard actuel se nomme F3-
l’intégralité de la flotte 3. Il est prévu un déploiement d’une version
©JM Tanguy, Mali, février 2013

Avec le Rafale, nous avons la possibilité de F3-4 à compter du second semestre 2014 et la
rétrofiter tous les avions pour les porter au DGA a commandé un standard F3R qui sera
dernier standard en vigueur. Les modifica- livré vers 2018. L’avion à la base est bien né.
tions sont parfois mineures, tel le téléchar- Il portait en lui beaucoup de nouveautés :
gement d’un logiciel interne à un équipement commandes de vol avec génération hydrau-
au pied de l’avion, ou beaucoup plus com- lique de forte puissance, nouveau moteur
plexes, telle l’opération consistant à passer M88-2, un système d’armes et de navigation
un avion du standard F1 au standard F3. de grande précision, de nombreux nouveaux
Passer les premiers avions du standard F1 capteurs (Radar, systèmes d’auto protection,
Retour de mission pendant Serval au standard F3 nécessite en effet un rétrofit Optronique secteur frontal), des systèmes
bien plus long que les rétrofits au standard de visualisation à large écran, etc. Il a fallu
« La première F3 et la mise en œuvre d’un certain Un processus incrémental de rétrofit F3 réalisés sur les tranches de production mettre au point des nouveautés souvent en
nombre de configurations, en particulier suivantes, car il faut changer le cœur du sys- « Passer les
tranche au service de l’adaptation réactive rupture technologique avec les équipements
celles qui seront employées dans le tème d’armes pour passer d’une architecture premiers avions
comprenait 13 cadre des missions opérationnelles du Rafale des avions jusqu’alors en service. Le soutien
d’une douzaine de calculateurs interconnec- n’a pas été en reste avec un concept parti- du standard F1
avions livrés comme « Harmattan » en Libye ou tés à un seul ensemble modulaire de traite- culièrement innovant de maintenance selon au standard F3
« Agapanthe » en Afghanistan. » A Un processus de transformation ment de l’information (EMTI) contenant une
au standard transparente pour le pilote état, c’est-à-dire sans grande visite, s’ap- nécessite en
l’issue de ces trois ans, Sébastien vingtaine de cartes introduite au standard
F1, la seconde Fabre est revenu à la SIMMAD comme Les procédures d’acquisition en vigueur pour
puyant sur une maintenance intégrée très
effet un rétrofit
F2. C’est donc toute la « pieuvre », c’est-à- développée. Sur cet avion on attend la panne
48 livrés au responsable de la flotte Rafale, poste le Rafale font que l’on procède par achat de dire toute la distribution électrique de l’avion bien plus long
plutôt que de l’éviter par de la maintenance
standard F2, qu’il occupe en ce moment depuis tranches d’avions avec une approche incré- qu’il faut remettre en conformité avec cette préventive. que les rétrofits
la troisième 2011 avant de rejoindre l’Etat-major des mentale des capacités regroupées sous trois nouvelle architecture.
armées. standards2. La première tranche comprenait En quatorze ans, nous avons passé mille mo- au standard
60 livrés au C’est ce qui est en train de se passer sur les difications qu’elles soient importantes ou F3 réalisés sur
« Aujourd’hui, mon travail consiste à 13 avions livrés au standard F1, la seconde Rafale F1 en cours de rétrofit au standard F3
standard F3, et définir de quoi ont besoin les avions et 48 livrés au standard F2, la troisième 60 li- marginales. Il serait intéressant de comparer les tranches
au sein de l’atelier industriel aéronautique
la quatrième, vrés au standard F3, et la quatrième, actuel- avec les avions antérieurs, mais le suivi était
les mécaniciens pour faire les heures de (AIA) de Clermont Ferrand et chez Dassault de production
actuellement lement en cours de livraison, également 60 différent et nous n’avons pas d’ordre de gran-
vol », résume-t-il. « Je reçois une com- Aviation. Après préparation de la cellule par suivantes »
mande des états-majors pour réaliser livrés aussi au standard F3. Chaque tranche deur permettant de faire ce type d’analyse.
en cours de les techniciens de la Marine (dépose des de-
Ce que l’on peut dire c’est que parmi ces mo-
une activité aérienne. Je leur fais un est homogène en termes d’architecture maté- mi-voilures, de la dérive et d’équipements),
livraison, rielle, mais diffère d’une tranche à l’autre en difications, on trouve environ 150 modifica-
chiffrage en fonction des besoins en l’AIA de Clermont-Ferrand récupère le fuse-
également 60 termes de pièces de rechange, répara- raison de l’arrivée de nouveaux capteurs ou lage, enlève tout le câblage, crée des portes
tions dédiées à l’introduction de chaque nou-
livrés aussi au tions, soutien technique. Nous recevons des traitements d’obsolescence. Premier défi veau standard majeur. Ce qui fait qu’à l’heure
d’accès supplémentaires, ajoute un certain
standard F3 » des financements que nous devons spécifique au Rafale, contrairement à ses pré- nombre de supports, et renvoie le fuselage
Rafale Marine
optimiser, mon objectif étant qu’à la décesseurs, le Rafale utilise en grande partie modifié vers Dassault à Argenteuil où il re-
fin de l’année, l’armée de l’Air ou la des composants du commerce et non des çoit une nouvelle pieuvre électrique. A partir
Marine ait pu réaliser leurs heures sur composants produits spécifiquement pour la de ce moment-là, il est traité comme un avion
Rafale, tout en assurant une disponibili- défense. Soumis à la loi du marché (sachant neuf et suit le processus habituel en passant
© F. Lafargue pendant Héraclès 2002

té satisfaisante ainsi qu’une logistique et qu’il faut entre quatre et six ans pour livrer par Mérignac où il retrouve ses ailes et ses
un soutien technique à la hauteur. » une tranche), certains composants électro- équipements qui ont subi eux aussi des modi-
Fort de ces années d’expérience et niques disparaissent et doivent donc être fications en parallèle.
du recul octroyé par ces dernières, le remplacés d’une tranche à l’autre. L’indus- Pour le rétrofit au dernier standard des Ra-
Capitaine de vaisseau Fabre nous livre triel fournit alors un nouvel équipement et fale fabriqués dans les tranches 2, les modi-
au sein de l’entretien ci-dessous son en profite pour améliorer sa définition ou ses fications nécessite beaucoup d’opérations de
analyse de l’évolution du Rafale et de capacités. Pour autant, tout est harmonisé de câblage qui pèsent sur les unités opération-
son soutien tant au travers des amélio- façon à ce qu’un pilote volant sur Rafale ne nelles. Aussi l’atelier de Clermont-Ferrand
rations technologiques apportées au fil se pose pas la question de savoir dans quelle intervient-il également sur les avions en ser-
de cette dernière décennie que de la architecture il évolue : qu’il pilote un avion vice, lorsqu’il s’agit d’appliquer des modifica-
transformation des modes contractuels de la deuxième tranche de production ou tions importantes nécessitant plus de quatre
en matière de MCO vers des « méca- de la troisième, tout doit demeurer à l’iden- semaines de travail. Depuis maintenant deux
nismes vertueux ». tique. En revanche, au niveau maintenance, ans, nous avons constamment trois Rafale de
L’impact des modifications de intégrés par la société, le groupe Safran assez récents dans leur mode de contractua- « Aujourd’hui
M88 © JM Tanguy, Dassault Aviation, Mérignac, mars 2013
standard en termes de MCO (Snecma, Sagem, Microturbo) fournit les re- lisation, qui s’avèrent très prometteurs en nous sommes
Lorsque nous passons d’un stan- changes et l’entretien en sous-traitance de termes de gains de performance. Pour des
certains modules du M88 et gère le soutien petites pièces longues à produire, l’industriel
davantage
dard à un autre, nous n’avons pas dans la
de problème avec les logiciels, des centrales à inertie et du turbo-généra- ayant davantage de visibilité quant à l’activi-
mais plutôt au niveau du « hard- teur d’air (TGA), tandis que le groupe Thales té affichée par les Etats-majors va pouvoir construction de
ware » et de l’architecture du (TSA,TOSA, Thales Avioniques et Thales optimiser ses achats de consommable et né- l’optimisation
Communication) assure le MCO du Radar gocier des délais plus courts avec ses four-
matériel. Les logiciels s’avèrent
RBE-2, des radios, du système SPECTRA et nisseurs. Les industriels sont passés d’une du futur sur
non seulement bien aboutis, la base d’un
de l’Ensemble modulaire de traitement de logique d’attente de la commande de l’Etat à
mais aussi assez transparents,
en ce sens qu’ils sont souvent l’information. Enfin, le SIAé (Service indus- une logique où ils anticipent cette dernière système couplé
triel de l’aéronautique) et ses AIA assurent pour répondre à un besoin qui arrive. Pour entre heures
uniques et qu’ils s’adaptent au-
l’entretien NSI des modules du moteur et des mettre en place les prestations de ces nou-
tomatiquement à l’architecture
sièges éjectables, mais aussi les opérations veaux contrats, nous nous sommes appuyés de vols et des
matérielle de l’équipement dans mécanismes
de maintenance et de chantier d’application sur l’expérience des industriels comme
lequel ils sont chargés. En outre
l’opération de téléchargement
de modification sur les avions (rétrofit F1/ Dassault avec son concept de « door-to- de soutien qui
F3 et application de kits de modifications sur door » mis en place sur le Mirage 2000-9 aux commencent à
est souvent réalisable soit direc-
les avions de la tranche 2). En tout, ce sont Emirats Arabes Unis et le concept « Smart
tement sur avion, soit en atelier
27 contrats de maintenance qui sont passés Care » de Thales. Nous avons aussi transpo- être bien rodés »
de maintenance NSO. Ce sont les par la SIMMAD pour assurer le soutien des sé au monde militaire quelques bonnes pra-
retours des équipements pour ré- Rafale, de ses équipements et des moyens de tiques issues du soutien civil.
trofit au NSI qui pèse sur la dis- soutien. Le SIAé et les grands industriels re-
ponibilité. Pourtant ces retours Vers des mécanismes contractuels
présentent 85% des coûts du soutien.
sont nécessaires pour bénéficier vertueux
« En quatorze actuelle environ 550 modifications s’avèrent d’amélioration capacitaire ou renforcer la fia- Mon travail a consisté à œuvrer en vue d’une
La mise en place de ce type de marchés glo-
uniquement liées au développement des stan- bilité ou la maintenabilité. Après une décen- bonne harmonisation des contrats et des
ans, nous avons prestations, car la disponibilité du Rafale est
baux était nécessaire pour deux raisons : il
dards qui introduisaient les capacités succes- nie d’exploitation, les derniers avions livrés à fallait obtenir une bonne disponibilité sur le
passé mille l’état neuf sont très aboutis, car ils possèdent le résultat de la performance de chacun de
sives. Globalement on peut dire que 60% des Rafale tout en maîtrisant les coûts du MCO.
modifications la totalité des modifications offrant tout le ces contrats. Pour générer un cycle vertueux,
modifications sont relatives aux standards et Notre démarche à la SIMMAD était d’allon-
qu’elles soient panel des capacités opérationnelles et une la SIMMAD est entrée dans un mode de
servent à la traçabilité technique, tandis que ger la durée des contrats sur une dizaine
fiabilité satisfaisante sur l’ensemble des équi- contractualisation de forfaitisation à l’heure
importantes ou l’autre moitié relève de l’amélioration des de vol, qui a comme principal avantage de
d’années, afin de donner de la visibilité aux
équipements et/ou des moyens de soutien. pements. Ce qui est long, c’est de rattraper le industriels en échange d’une optimisation de
marginales. (…) passé et de monter en gamme les premiers corréler le besoin opérationnel aux capa-
Celles-ci interviennent en cas de découverte leurs coûts et donc d’une réduction du coût
Globalement cités de financement des états-majors sans
de faits techniques inattendus ou sont issues avions et équipements sortis de la chaîne. Si du MCO.
pour autant engager la disponibilité future en
on peut dire de la volonté de faire à terme des économies une modification n’est pas urgente ou indis-
cas de réduction des capacités financières. Le recul permet de constater que c’est bien
que 60% des pensable pour voler, il faut de manière géné- ce qui s’est passé. Le Rafale étant un avion
en matière de maintien en condition opéra- L’industriel doit de son côté s’organiser pour
rale compter deux ans et demi pour l’appli- très surveillé au niveau des coûts de soutien.
modifications tionnelle (MCO). Ainsi l’aube de turbine HP
quer sur la totalité du parc. Car les besoins
réparer les matériels et fournir les pièces
sont relatives du moteur M88 a déjà reçu trois définitions de rechange à hauteur du besoin qui lui est Nous avions des études nous cadrant quant à
opérationnels sont forts et les unités sont la cible à atteindre grâce aux travaux réalisés
différentes : la première ne durait pas long- demandé. Nous travaillons sur nos marchés
aux standards peu enclines à se séparer des avions ou des
avec des marges de fonctionnement de - 20% en coopération avec les industriels en 2007
temps ; la deuxième était plus compliquée à équipements à rétrofiter.
et servent à fabriquer, avait besoin de plus de points de à + 15% par rapport à une activité nominale par la MMAé (Mission de modernisation du
la traçabilité Grâce à un travail de fond réalisée en coordi- et tant que l’on est dans cette marge, l’indus- maintien en condition opérationnelle aéro-
refroidissement et était donc plus fragile ; la
nation entre la SIMMAD, les industriels et les triel doit répondre à l’exécution du contrat. nautique). En effet, sous l’impulsion du mi-
technique, troisième est un compromis entre les deux : unités de maintenance, et grâce à la mise en Les grands contrats sont globaux : aux pres- nistre de la défense, les Etats-majors et les « En tout ce
tandis que elle tient plus longtemps en utilisation et est place de la navigabilité qui de ce point de vue trois grands industriels (Dassault Aviation,
moins fragile.
tations de réparation et d’approvisionnement sont 27 contrats
l’autre moitié à un impact positif, nous avons aujourd’hui traditionnelles s’ajoutent les activités d’assis- Safran et Thales) avaient à l’époque conduit
des études visant à définir les trajectoires de
de maintenance
relève de Dès que l’on constate qu’il y a un intérêt et un état du parc Rafale qui est satisfaisant et tance technique, d’amélioration des moyens
un gain en fiabilité, en MCO ou en charge de nous arrivons à passer les heures commande maintenance, de formation et de soutien coûts de soutien sur une quinzaine d’années, qui sont passés
l’amélioration
maintenance, les modifications sont appli- dées par les états-majors, ce qui n’était pas logistique avec en particulier la mise en place ce qui nous a permis de négocier des mar- par la SIMMAD
des le cas ces dernières années, car nous n’arri- chés dans des marges financières conformes
quées sur l’ensemble de la flotte. Au fil de ces de cellules de prévisions du besoin. Avoir lié pour assurer
équipements développements technologiques, le soutien vions pas à dépanner les avions assez vite. dans un seul contrat toutes ces prestations aux prévisions, lesquelles faisaient appa-
raître des réductions de plusieurs dizaines
le soutien des
et/ou des bénéficie aussi du rétrofit des équipements. Aujourd’hui nous sommes davantage dans la nous donne une grande cohérence sur le sou-
construction de l’optimisation du futur sur tien, gage d’une amélioration continue de la de pourcents grâce à la visibilité que donnait Rafale, de ses
moyens de C’est le cas par exemple de l’achat de nou-
veaux systèmes pour équiper tous les avions, la base d’un système couplé entre heures de disponibilité. l’allongement des contrats de MCO. équipements et
soutien »
tels que le système d’enregistrement de la vols et des mécanismes de soutien qui com- Le premier contrat global de ce type a été Au-delà des réductions des coûts, nous nous des moyens de
vidéo de l’avion : nous sommes en train de mencent à être bien rodés. signé avec le groupe Thales : il s’agit du mar- sommes également attelés à l’amélioration soutien. Le SIAÉ
ché Maestro notifié en 2011 et qui commence de la performance globale. Il faut savoir que
passer de la cassette Hi8 à une technologie
les marchés de MCO incluent traditionnel- et les grands
numérique introduite avec les avions de la Une architecture contractuelle du à porter ses effets. Le marché Dassault de
2008 - << Rafale Care >> - a été amélioré fin lement des activités d’assistance technique, industriels
tranche 4 sur tous les avions des tranches MCO de plus en plus aboutie
antérieures. En plus d’une meilleure qualité 2013 afin d’introduire la fourniture forfaitaire entretien documentaire des données d’ap- représentent
de consommables sur 23 000 références. provisionnement, veille technique et de for- 85% des coûts
d’image pour les restitutions de vol, nous Vers une logique d’anticipation mation. Afin de gagner en réactivité, le sou-
Snecma fournit également forfaitairement du soutien »
évitons ainsi des problèmes de maintien de Dans l’architecture contractuelle du MCO tien technique aux utilisateurs a été accru
depuis 2010 l’ensemble des consommables
compétences sur de vieux équipements en que nous avons en place à la SIMMAD sur nécessaires à la maintenance du moteur M88, sous la forme de détachements de spécia-
homogénéisant le parc, ce qui réduit le coût le Rafale, Dassault Aviation s’occupe de ce qui représente environ 12 000 rechanges listes forfaitisés. Chaque industriel surveille
d’entretien et optimise le soutien. l’entretien de la cellule et des équipements livrés par mois. Il s’agit donc de marchés les données de vol de ses équipements pour

© JM Tanguy, BA 118 Mont de Marsan, 2013

« Si le flux de vérifier que leur comportement ou leur fiabi- « D’autres outils
réparation lité est conforme aux attentes. Cette analyse contribuent à
est importante, car les marchés prévoient un
excède le optimiser la
certain nombre de mécanismes permettant
nombre d’optimiser le soutien d’un équipement, en maintenance
d’équipements particulier s’il ne se révèle pas fiable. Des en guidant le
mis à clauses incitent l’industriel à présenter des technicien,
disposition, évolutions et des modifications pour limiter
tels que MARS
les retours des matériels au NSI ou améliorer
l’industriel la fiabilité ou la robustesse. Ces évolutions qui est un outil
est obligé peuvent également porter sur le banc de de diagnostic
d’accélérer ses test, s’il n’est pas suffisamment précis pour et d’aide à la
réparations, ou détecter les avaries. Le retour d’expérience localisation
est particulièrement positif, car les marchés
inversement, donnent beaucoup de souplesse dans ce do- d’avaries, ce
de tarir le flux maine. qui permet
de départ au Pour la réparation des équipements, nous de capitaliser
NTi3. Il dispose sommes passés d’une logique d’encours à le retour
pour ce faire de un engagement de disponibilité. L’industriel d’expérience
doit dorénavant être capable de nous fournir
plusieurs types sous moins de 24 heures ou 4 jours un maté- des dépannages
de leviers : faire riel en bon état en échange d’un matériel en sur l’avion et
évoluer le banc mauvais état ou en limite de fonctionnement. d’adapter les
de test pour Pour cela il s’appuie sur un stock de maté- consignes de
riels mis à disposition par l’Etat et doit gé-
qu’il discrimine rer ses cycles industriels pour respecter ses maintenance.
mieux les engagements. Si le flux de réparation excède Le Rafale est le
pannes, le nombre d’équipements mis à disposition, il premier avion
augmenter les est obligé d’accélérer ses réparations, ou inde combat à
versement, de tarir le flux de départ au NTi3.
capacités de Il dispose pour ce faire de plusieurs types de posséder ce
maintenance au leviers : faire évoluer le banc de test pour qu’il type d’outil qui
NSO, améliorer discrimine mieux les pannes, augmenter les est pourtant
la fiabilité de capacités de maintenance au NSO, améliorer couramment
la fiabilité de l’équipement, ou encore renfor-
l’équipement, cer la formation les techniciens pour éviter employé dans
ou encore tous ces flux qui le pénalisent. Avant il fallait le monde de
renforcer la passer des actes contractuels pour comman- l’aéronautique
formation les der ces prestations. Dans le cadre d’un mar- civile »
ché global, ces mécanismes sont intégrés et
techniciens vertueux, car ils font non seulement évoluer
pour éviter tous le produit dans le bon sens, mais également
ces flux qui le son soutien. Grâce aux marchés globaux, les
pénalisent » industriels analysent en continue la perfor-
mance du soutien, ce qui permet de révéler
que MARS qui est un outil de diagnostic et Le guichet sur base : un nouveau levier aux industriels qui savent faire du « point à
des pistes d’amélioration. Deux exemples
sont symptomatiques de la mise en œuvre de
d’aide à la localisation d’avaries, ce qui per- logistique point » pour envoyer directement l’équipe- « Après quatorze
met de capitaliser le retour d’expérience Il semble que nous ayons maintenant trou- ment chez leur sous-traitant, nous avions plu- ans d’utilisation
ces nouvelles pratiques. Nous nous sommes
des dépannages sur l’avion et d’adapter les sieurs nœuds logistiques et de points d’ac-
rendus compte à partir des données de sur- vé une forme de contrat satisfaisante, en ce
cumulation qui pénalisaient la performance
de cet avion,
veillance de la fiabilité des équipements que consignes de maintenance. Le Rafale est le sens qu’elle donne à la fois de la visibilité
premier avion de combat à posséder ce type globale de transport vers le NSI. Aujourd’hui il est clair que
nous déposions pour panne plus de calcula- aux industriels leur permettant d’optimiser
teurs au NSO que ce qui était prévu par les d’outil qui est pourtant couramment employé leur chaîne de réparation, leur approvision- un matériel quittant le guichet d’une base va le soutien du
dans le monde de l’aéronautique civile. nement de consommable, et le soutien tech- directement chez le sous-traitant. Rafale a bien
études du soutien logistique intégré ; ces
calculateurs étaient souvent déclarés en bon L’autre exemple concerne les travaux con- nique et logistique global de leur périmètre Grâce à cette optimisation, nous aurons à évolué et que
état par l’ATE Mermoz et dans près de 80% duits en coopération avec les industriels sur (avion, moteur, équipement). Nous leur don- terme moins besoin d’équipements pour ab-
sorber les réparations puisque nous enga-
l’on atteint
des cas, il s’agissait en fait d’un problème de les révisions générales (RG). En effet, la plu- nons différents leviers, y compris des leviers
part des équipements de la cellule possèdent logistiques, puisque nous installons doréna- geons l’industriel à réparer plus vite. Il met une nouvelle
capteur défectueux qui était resté sur l’avion.
Nous avions là une mauvaise habitude des des limites calendaires d’une quinzaine d’an- vant des guichets sur les bases au plus près moins de temps à récupérer les équipements, maturité avec
techniciens qui tendaient à déposer le cal- nées. Le pic de RG se profile et nous tra- des utilisateurs pour réduire le temps de et il a un flux mieux dimensionné, car il a des les mécanismes
culateur - une opération qui ne prend que vaillons avec les industriels pour définir les retour des équipements vers les usines. Tra- équipements qui sont vraiment en panne.
ditionnellement, il fallait compter 45 jours Tous ces mécanismes améliorent le soutien
intégrés dans
quelques minutes – et non le capteur – ce qui quantités de matériels devant retourner chez
eux afin de ne pas pénaliser la disponibilité en moyenne entre le moment où un équipe- de proximité et concourent à améliorer du- les contrats
prend plusieurs heures -. L’expérience a en-
seigné que sur Rafale, lorsqu’un calculateur des équipements dans les forces. Ce travail ment était déposé d’un avion et le moment rablement la disponibilité du Rafale. En té- globaux et la
est en panne, il vaut mieux changer le cap- collaboratif d’anticipation permet d’adapter où il rentrait dans l’usine pour sa réparation. moigne le recul offert par l’expérience ac- mise en place
teur ! D’autres outils contribuent à optimiser en douceur l’outil industriel et de lisser l’im- Avec les guichets, cette durée a été réduite à quise avec Thales et le contrat Maestro : il n’y
moins d’une dizaine de jours. Contrairement a plus d’équipement manquant du périmètre des guichets »
la maintenance en guidant le technicien, tels pact sur la disponibilité.
Thales sur les avions en ligne. Nous pensons 2

Pour résumer de façon synthétique, le Standard F1 com-
que demain ce sera pareil avec Dassault. portait les capacités de supériorité aérienne (missions
REPORTAGE
Air/air avec les missiles MICA et MAGIC). Le standard
Pour résumer, après quatorze ans d’utilisa- F2 complète le premier standard avec des capacités de
tion de cet avion, il est clair que le soutien du bombardement tactique et d’appui aérien rapproché Par Jean-Marc TANGUY,
Rafale a bien évolué et que l’on atteint une (AASM et GBU-12 et pod Damoclès), ainsi qu’une capa-
cité de bombardement stratégique (SCALP-EG). Enfin,
journaliste
nouvelle maturité avec les mécanismes inté-
le standard F3 continue de compléter les deux premiers
grés dans les contrats globaux et la mise en Jean-Marc Tanguy, journaliste
avec des capacités de frappe nucléaire (ASMP-A), de
place des guichets. lutte anti-navire (AM39 B2) et de frappe autonome (pod spécialisé sur les questions de
© JM Tanguy, Porte-avions Charles de Gaulle, mars 2014

Damoclès). défense, a effectué en avril dernier
Retrouvez la seconde partie de cet entretien sur notre un reportage au sein de l’Atelier
1
site www.operationnels.com
industriel aéronautique (AIA) de
Clermont Ferrand où sont rétrofités
DEVENIR « GUICHET- COMPATIBLES » : les Rafale. Il fait le récit de l’évolution
un effet de ricochet sur l’organisation des forces de cet AIA face aux besoins de
transformation et d’utilisation du
Les guichets ont beaucoup Nous avons effectué quelques d’assurer leur autonomie Rafale.
d’avantages, mais un aménagements pour nous caler avant la mise en place des
inconvénient, à savoir le fait sur l’arrivée du guichet. Il a fallu segments logistiques. D’où la
que leur instauration contourne aussi s’adapter aux évolutions nécessité de conserver des lots
L’autre chaîne
toutes les procédures de d’organisation des bases avec constitués en prévision des OPEX.
logistique traditionnelle. Il a notamment la création des DRSU Nous avons donc beaucoup
donc fallu repenser nos modes (Division de ravitaillement et de travaillé avec les industriels
de fonctionnement pour être soutien utilisateur), un service en sur le dimensionnement de
Rafale à...
en phase avec cette nouvelle charge de magasins à proximité chaque composante de volant
organisation, et mener un peu de des avions qui sont les abonnés de stock entre la partie que
conduite du changement dans privilégiés des guichets. Même nous leur avons confiée pour Rafale Marine
nos rangs. Si le guichet permet si nos personnels ont maintenant les prestations des marchés
CLERMONT-FERRAND
avant tout de réduire les délais l’habitude et si l’arrivée des et la partie que nous devions
d’acheminement des matériels guichets Dassault cette année conserver pour faire nos missions.
entre le NSI et le NSO, les sur les bases de Saint-Dizier, Dassault a par exemple accepté
procédures mises en place pour Mont de Marsan et Landivisiau d’accélérer la réparation
leur fonctionnement contribuent ne se fait pas sur du vide grâce de certains équipements,
par ailleurs à simplifier le suivi à l’expérience acquise avec passant de six à trois mois chez Un début de carrière guidage infrarouge Magic Ces avions resteront donc Les opérations
administratif par exemple en Thales et la Snecma, il s’agit là son sous-traitant et divisant marqué par l’Afghanistan 2 Mk2 – le missile MICA autant de temps sous cocon
s’affranchissant d’éditer certaines d’une révolution pour nous. Ces automatiquement par deux les IR n’existe pas encore - et qu’ils ont servi dans la Ma- en Lybie ont
Le SIAÉ – Service industriel
pièces comptables. C’est avec guichets ne sont présents que équipements que nous devions de l’aéronautique - a créé quatre missiles guidés ra- rine. ramené le porte-
le contrat Maestro de Thales sur les bases de métropole. On lui fournir. Ceci résulte d’une une ligne d’activités sur le dar MICA. En 2004, les ma- Entre temps, cette dernière avions au coeur
que nous avons défriché le aurait pu envisager d’en mettre bonne compréhension mutuelle Rafale, laquelle a commen- rins et le bureau d’études a perdu quatre de ses ap- des priorités
sujet en instaurant les premiers sur le porte-avions Charles de des besoins des uns et des cé par un chantier de rétro- de Dassault permettent pareils : deux lors d’une
guichets faisant à la fois de la Gaulle et sur la base 104 à Al- autres. fit de communications et de d’accrocher une autre mis- campagne d’essais de la
réparation et de la livraison de Dhafra, qui sont des lieux où sont fonctionnalités liées au sys- sion, celle de ravitaillement Délégation générale de l’ar-
La surveillance des niveaux de en vol, avec la nacelle In-
consommables. Snecma a lancé basés en quasi-permanence tème Rover pour l’armée de mement (DGA), un autre
stocks dans les guichets permet tertechnique déjà utilisée
le principe deux ans auparavant des avions. Mais nous avons l’Air, ainsi que la moderni- en Océan Indien sur une
aux industriels de détecter des par les Super Etendard
avec un guichet fonctionnant choisi de renforcer les bases sation des dix premiers Ra- mauvaise gestion du circuit
accumulations dans les ateliers, Modernisés (SEM). Cette carburant, et enfin, le qua-
dans un seul sens : des pièces de métropole qui supportent fale Marine.
de constater d’éventuelles capacité permet de contri- trième, lors d’un accident
de rechange étaient fournies, ces lieux de déploiement: dérives de fiabilité et d’intervenir Depuis l’arrivée des Ra- buer aux missions des SEM
mais pas échangées. Maestro pour Al-Dhafra, c’est Saint- fale Marine au standard F2 à l’occasion d’un entraîne-
rapidement pour traiter ces au-dessus du territoire ment avec l’US Navy. Ceci
a introduit le circuit retour, Dizier et pour le porte-avions, problèmes. En surveillant leurs (2006), la Marine avait pla- afghan, mais l’avionique de
cé sous cocon les Rafale alors même que la produc-
les équipements hors service c’est Landivisiau. Il a fallu aussi flux au plus près du guichet - ces appareils de première
F1, des avions de première tion n’a pas encore atteint
repartant vers l’industrie. trouver le nécessaire équilibre à et donc de l’utilisateur -, ces génération « décroche » les quarante avions.
conserver au niveau des stocks génération produits pour par rapport au standard F2,
Certaines problématiques à derniers disposent de leviers pouvoir disposer de chas-
traiter ont pu être identifiées et entre ce que l’on pouvait mettre d’anticipation supplémentaires, pleinement polyvalent, qui Le tournant d’Harmattan
à la disposition des industriels seurs modernes à bord du intègre les capacités air-sol,
une analyse a été faite chez nous tandis que les informations Les opérations en Lybie ra-
pour tenir son engagement de porte-avions Charles de et l’emploi d’une nacelle de
pour faire évoluer nos modes de sont relayées en boucle courte mènent le porte-avions au
Gaulle (PACDG) à sa mise désignation d’objectif Da-
fonctionnement pour que nous disponibilité de un à quatre jours grâce aux plateaux techniques. cœur des priorités. Posté à
en service. Mais en 2001, moclès. Le décrochage est
soyons « guichet-compatibles ». et la nécessité de préserver nos La présence de personnels quelques minutes de vol des
quand le PACDG quitte Tou- tel que la Marine décide de
Nous sommes donc dans cette lots de projection pour les OPEX. industriels sur les bases favorise côtes libyennes, le PACDG
lon pour l’Océan Indien afin tout bonnement les stocker
démarche de conduite du Quand on projette des avions ainsi un échange efficace avec permet une réactivité plus
de participer aux missions sous cocon à Landivisiau.
sur un théâtre d’opérations, ils forte, et les pilotes sont
changement pour montrer à les utilisateurs de terrain, ce en Afghanistan, ces pre-
partent toujours avec un lot Car elle estime ne pas avoir moins fatigués par leurs
chacun quels sont ses devoirs et qui permet de mieux cerner miers Rafale n’ont qu’une le choix, ni les ressources
de pièces de rechange et de vols que leurs collègues de
ses engagements pour arriver à les problèmes et de trouver capacité limitée aux mis- budgétaires pour les mo- l’armée de l’Air, même s’ils
un soutien optimisé des avions. consommables leur permettant rapidement des solutions. sions de défense aérienne. derniser sur le moment. sont amenés à voler plus
Ils portent deux missiles à
Reportage au cœur du SIAé
régulièrement. Le nombre des biplaces destinés aux Artec interviennent pour la
de pilotes et d’avions est à forces aériennes straté- dépose des équipements.
nouveau clairement posé. giques, et le Rafale Marine Entretien avec
Malgré son caractère ma-
« Quand nos Le projet de « rétrofiter » M40, le premier de la der- Marie-Astrid Vernier,
rin, l’avion a peu souffert.
fuselages les dix avions a entretemps nière tranche, portant à la « On a trouvé très peu de directrice soutien militaire des
rejoignent pris corps sur le plan bud- fois le radar AESA (antenne traces de corrosion, il a
gétaire. Et l’écheveau in- active) et le nouveau stan- programmes chez Dassault
la chaîne de bien vieilli, c’est un avion
dustriel s’est mis en place, dard du système d’autopro- bien né », explique le chef Aviation
Mérignac, il ne avec trois acteurs : la Ma- tection Spectra. de chantier. Au moment de
doit pas y avoir rine à Landivisiau se charge Sauf glissement du pro- ce reportage, trois avions
de démonter les voilures Ingénieur Centrale Paris,
de différence gramme, les derniers avaient déjà été livrés Marie-Astrid Vernier fait
et partie mobiles qui re- avions seront livrés à la Ma- au printemps 2014, et un
par rapport à des joignent l’usine de Das- partie de ces quelques
rine en 2016, et les premiers d’entre eux était déjà en
avions neufs.» sault Aviation à Martignas en 2014. pionniers ayant au fil des dix
chaîne d’assemblage à Mé-
(Gironde). Le fuselage part rignac. à quinze dernières années
lui pour l’atelier industriel La plus-value de
L’AIA effectue en parallèle « bâti le MCO Rafale ». Elle
Rétrofit à l’AIA de de l’aéronautique (AIA) de Clermont-Ferrand
un autre chantier Rafale, a mené toute sa carrière
Clermont-Ferrand Clermont-Ferrand (Puy-de- L’AIA est chargé d’inté-
Dôme). cette fois sur les appareils chez Dassault Aviation en
© JM Tanguy, avril 2014 grer à l’avion la nouvelle
pieuvre électrique et de de l’armée de l’Air. Tous les Démonstration en commençant par travailler
C’est la plongée dans le vol du Rafale lors
nouveaux équipements. avions reçoivent un patch pendant deux ans sur les
grand bain pour l’AIA, qui de la cérémonie
Au final, « quand nos fuse- de nouvelles communica- simulateurs pilote du CELAR
pour la première fois reçoit militaire honorant
lages rejoignent la chaîne tions et de liaisons issu des (Centre électronique de
les plans de l’avion de la le centenaire de la
de Mérignac, il ne doit retours d’expériences des
part de son concepteur. A
opérations en Afghanistan.
première mission de l’armement), puis pendant
charge pour les ingénieurs pas y avoir de différence reconnaissance et six ans dans le spatial sur les
par rapport à des avions Cela comprend une VHF- le retrait du Mirage
du SIAé, dont dépendent projets de navette Hermès
les AIA, de trouver les neufs », résume Hervé FM immune aux brouilleurs F1, BA 118 de Mont
Souchon, chef du chantier contre-IED et un module de Marsan, et de sonde sur Mars. Ses
bonnes solutions pratiques
pour préparer les fuse- Rafale à l’AIA. Deux mille Rover permettant à un débuts sur Rafale remontent
© M. Delaporte,
lages pour l’étape suivante, deux cent pièces quittent cibleur (JTAC) de recevoir 13 juin 2014 à 1994, lorsqu’elle réalisait
l’usine d’Argenteuil (Val le fuselage du Rafale F1, l’imagerie du pod Damoclès des études de sécurité,
d’Oise) de Dassault, ultime qui devient une cellule de du Rafale. Le chantier est puis, à partir de 1998, elle a
étape avant un réassem- F3 après avoir reçu... deux mené en trois semaines.
participé au développement
blage final, chez Dassault, mille deux cent nouvelles Ces deux chantiers ont du soutien jusqu’en 2003,
à Mérignac. Les cellules re- pièces. Chaque avion béné- été emblématiques pour le
SIAé, car c’est une recon- date à laquelle elle a
joignent alors la ligne déjà ficie de neuf mois de travail
fréquentée une première en Auvergne, soit un peu naissance de savoir-faire commencé à s’occuper
fois à la fin des années 90. plus de quinze mille heures que d’avoir pu travailler sur du maintien en condition
En 2014, on retrouve es- de travail cumulées. Des le dernier-né de la chasse opérationnelle (MCO) du
sentiellement, à Mérignac, sous-traitants de la société française. chasseur...
L’AIA de Clermont-Ferrand au cœur du MCO aéronautique ...Elle dirige depuis octobre 2013 une de nouvelles flottes, typiquement sur
entité d’une trentaine de personnes le Rafale en France ou sur les offres
dédiées aux programmes de soutien Rafale export, soit coordonnent l’éta-
Il mobilise 1250 personnels, auxquels le Rafale ne soit pas entretenu sur les militaire – Rafale, Mirage 2000, blissement des propositions de modifi-
s’ajoutent 150 sous-traitants. C’est un mêmes modes que les Mirage ont obli- Alphajet, Super-Etendard, Mirage F1 cations ou d’entretien (grandes visites
des trois AIA historiques, qui étaient au- gé la direction centrale parisienne à ra- et ATL2, et notamment Mirage Care et et visites périodiques) pour les avions
trefois gérés directement par la DGA, au patrier en Auvergne de la charge : les Rafale Care - au sein de la Direction en service. Une fois ces propositions
sein du service de la maintenance aéro- Tigre –autrefois entretenus par Cuers Générale du Soutien Militaire (DGSM), notifiées, ils suivent le bon déroule-
nautique. L’AIA de Cuers est très orienté ont été les premiers à migrer à Cler- une division de 400 personnes dirigée ment des prestations de soutien pour
sur les aéronefs – avions et hélicoptères mont-Ferrand en février 2013. L’AIA dis- par Alain Bonny1. La DGSM comprend livrer les produits en temps et en
– navals, tandis que Clermont-Ferrand pose de capacités de réparation de ma- différents métiers :
œuvre sur les Transall (Transall Gabriel heure sur les bases : tout avion livré
tériaux composites qui entrent en ligne • une partie bureau d’étude chargée des nécessite la mise en place de bancs de
compris) et petits avions à réaction de compte dans la cellule. Le site détient développements produits,
(chasseurs et Alpha Jet) de l’armée de tests, de rechanges, de documentation,
aussi une compétence de visites pério- • une partie service client chargée de
l’Air. Il dispose de deux antennes déloca- de moyens de simulation et de forma-
diques sur les Gazelle, et doit récupérer l’assistance technique auprès des mi-
lisées à Toul pour l’entretien des Puma tion », explique-t-elle. C’est précisé-
de Cuers les visites de Puma d’ici 2015. litaires des différents pays clients, de
Air et Terre (140 employés) et au sein du ment ce travail que Marie-Astrid Vernier
1er régiment d’hélicoptères de combat de Le troisième AIA historique est à Bor- leur instruction et de la chaîne logis- a fait pendant cinq ans pour le Rafale
Phalsbourg. Cette antenne a été créée deaux, et entretient les moteurs. Un AIA tique réparations et rechanges, avant même sa mise en service : « coor-
en 2010 pour expérimenter un service Bretagne, multi-sites, a été constitué au • une direction commerciale chargée donner les propositions de soutien
industriel au plus près du client, et vise début de la décennie pour rassembler les de l’établissement des prix de vente pour le Rafale - c’est-à-dire réaliser les
des chantiers de Gazelle et Puma sur une capacités issues de la Marine. soutien, de la vente soutien à l’État études de maintenance, la documenta-
quinzaine de jours. Il est passé en « lean management » à français et des relations « achat » avec tion, définir les produits du soutien,
La fin de vie du Mirage F1 et le fait que l’été 2013. les fournisseurs. et les moyens de soutien -, c’est ce que
« Ces coordinateurs de programmes j’appelle la délivrance du soutien ini-
proposent soit un soutien initial pour tial. C’était au tout début…»
La vision de l’industriel
Le principal défi du Soutien Rafale, pen- sous forme de forfait quantitatif de répara- La révolution « Rafale Care » système permettant d’enregistrer tous les pa- « Ce contrat de
dant toutes ces années, a été de prendre en tion d’URL (Unité Réparable en Ligne, soit Dassault Aviation a en effet signé à cette ramètres de l’avion pour réaliser des calculs 2008 s’est avéré
compte la gestion de la montée en puissance l’équipement) et d’URA (Unité Réparable époque-là un contrat novateur sur une durée de fatigue et visualiser les compte-rendus de
d’une flotte de 50 avions en 2008, passée à la maintenance intégrée, ou encore l’outil de
emblématique
en Atelier, soit le sous-ensemble de l’équipe- de dix ans avec la SIMMAD (Structure inté-
près de 130 avions à ce jour. ment). Ce contrat a duré quatre ans. Il était préparation des données géographiques ins- en raison
grée de maintien en condition opérationnelle
Dans l’entretien ci-dessous, Marie-Astrid Ver- assez peu engageant, en ce sens que nous des matériels aéronautiques de la défense). tallées dans l’avion pour chaque mission. de sa durée
nier relate, avec le recul offert par ces seize étions en phase d’expérimentation et que Ce contrat prévoyait en plus d’un forfait de Ce contrat de 2008 s’est avéré emblématique sur dix ans,
années d’expérience Rafale, la genèse du nous ne savions pas, en dehors des études de réparations à l’heure de vol, un forfait de Ré- en raison de sa durée sur dix ans, laquelle laquelle nous a
MCO du Rafale et la révolution culturelle que fiabilité initiale, comment les équipements se visions Générales (RG), de l’assistance tech- nous a permis de nous engager sur une ré-
ce dernier a générée au sein de Dassault Avia- comporteraient en utilisation. nique centrale sur les avions et les produits duction importante des montants à l’heure
permis de nous
tion, mais aussi au sein des forces armées. C’est sur la base de ce contrat relativement du soutien, la veille et le traitement des ob- de vol, grâce à la visibilité et à la stabilité of- engager sur
modeste que nous avons intégré les pre- solescences, l’exploitation du retour d’expé- ferte à nos sous-traitants. Avec la révision à une réduction
miers Rafale Air livrés à partir de décembre rience pour améliorer la fiabilité et la main- la baisse du format et de l’activité des flottes, importante
MCO RAFALE : L’HISTORIQUE 2004 : au forfait réparation et à l’assistance tenabilité, et des études de vieillissement la SIMMAD nous a cependant demandé, à l’is-
permettant d’espacer les pas de RG. sue de cinq ans du Rafale Care, de nous adap- des montants
technique, et à mesure que la flotte montait
Cette notion d’étude de vieillissement est ter à la baisse d’activité aérienne prévision- à l’heure de
La genèse du MCO Rafale en puissance, s’est ajouté l’entretien des pro-
duits du soutien, notamment les bancs de très importante. Chaque équipement se voit nelle. Nous en avons profité pour améliorer vol, grâce à la
Lors de la genèse du MCO Rafale, nous avons test ATE Mermoz, système automatique de attribuer une limite de fonctionnement, qui le service rendu en étant innovants en termes visibilité et à la
commencé tout petit puisque de 2001 à 2004 au début d’un programme est relativement de périmètre couvert et d’engagement.
la flotte ne comptait que dix avions. Avec la
test des équipements électroniques (ATE = stabilité offerte
« Automated Test Equipment »2). Les pre- faible, dans la mesure où tous les comporte- Rafale Care 2014 : un contrat « New Look »
livraison de la première tranche Rafale Ma- ments des matériels en utilisation ne sont pas
à nos sous-
mières études de vieillissement ont démarré, au plus près des forces
rine au standard F1 de 2000 à 2002 à Landi-
tandis que les engagements ont évolué vers parfaitement connus. Le but est de prélever traitants. »
« Lors de la visiau, notre contrat de MCO incluait, d’une quelques équipements par échantillonnage,
Un avenant au contrat « Rafale Care » de
de l’encours industriel. 2008 a donc été notifié en décembre dernier
genèse du MCO part, une assistance technique locale avec afin de voir s’il est possible de repousser pro-
des personnels aidant les utilisateurs à la En 2008, nous soutenions une flotte d’envi- à l’issue de dix-huit mois de travail avec la
Rafale, (…) de ron 50 avions, et c’est à partir de cette date
gressivement cette limite de fonctionnement,
SIMMAD.
mise en œuvre et au dépannage des avions pas à pas, d’espacer en conséquence les pas
2001 à 2004 sur la base et sur le porte-avions Charles de que nous sommes passés aux contrats forfai- Les deux avancées majeures, inspirées du
de maintenance programmée et, au final, de
la flotte ne Gaulle, et, d’autre part, une assistance tech- taires à l’heure de vol : nous ne raisonnions réduire les coûts de maintenance. Le pro- contrat Maestro de Thales déjà en vigueur,
comptait que nique centrale avec des personnels à même plus en nombre de réparations et avons com- gramme en cours est ambitieux et concerne sont d’une part la fourniture de consom-
dix avions. » de répondre à toutes les questions. La partie mencé à réparer sans distinction d’activité. une trentaine d’équipements. mables sous la forme d’un forfait à l’heure de
réparation était simplement contractualisée Ce fut une révolution… vol et sans limitation de quantités, et d’autre
part le passage d’un engagement de moyens
Hangars extérieurs Rafale à un engagement de résultats. Nous avons
sur la base de Saint Dizier choisi de nous rapprocher encore davantage
des forces et de raisonner en termes de dis-
ponibilité et non plus d’encours : « vous avez
besoin d’un matériel : nous vous le livrons
tout de suite. » « Trois guichets
Ainsi, l’amélioration tangible vient de l’in- sont mis en
clusion de tous les articles consommables oeuvre sur les
dans le forfait à l’heure de vol, soit 23 000 trois bases
références de responsabilité Dassault Avia-
tion. Cela va du mastic, au boulon, à la pièce Rafale de Mont-
de structure, aux petites boites électriques, de-Marsan,
etc…, mais n’inclut pas les ingrédients di- Saint-Dizier et
© M. Delaporte, 2013
vers, tels que l’huile. Il s’agit des consom- Landivisiau.
mables montés sur les avions, mais aussi sur
les optionnels et sur les moyens de soutien, Deux
tels que par exemple les moyens de levage. personnels
Quant à nos engagements, ils ont également « conseillers
fortement évolué. Au départ, c’était un dé- logistiques »
lai : il fallait réparer en un temps donné qui de Dassault
était mesuré entre l’arrivée chez nous et la
restitution de l’équipement en bon état à Aviation sont
Aviation, Mérignac, janvier 2014
En ce qui concerne l’entretien des produits l’utilisateur. Puis nous sommes effective- ainsi chargés
© JM Tanguy, Usine Dassault
de soutien, les mises à jour de documen- ment passés à la notion d’encours, que l’on depuis le 1er
tation sont transmises en flux au CDTAA pourrait décrire comme une photographie
(Centre de documentation technique de l’ar- quotidienne du nombre d’équipements en
juin de délivrer
mée de l’Air), qui intègre la documentation réparation chez nous, sachant que nous ne des pièces sur
électronique de tous les industriels du Ra- devions pas dépasser un certain seuil. Le di- chacune de
fale (Dassault Aviation, Thales, SNECMA,...) mensionnement a ainsi été réalisé pour que ces bases en
et renvoie les mises à jour aux bases et aux les forces disposent du nombre de rechanges
ateliers des deux armées utilisatrices. Das- suffisant pour tenir cette notion d’encours. Si
fonction des
sault Aviation assure également l’entretien on en a six en réparation, il faut qu’il y ait au demandes des
de nombreux outils tels qu’Harpagon, un moins six rechanges disponibles. L’encours utilisateurs. »

© JM Tanguy, 2013
LA CHAINE MCO, Par Marie-Astrid Vernier

mesure tous les flux d’entrée et
de sortie et lance les demandes coûtait moins cher d’avoir des (radar, visus, OSF – optronique
de réapprovisionnement. Nous rechanges de sous-ensembles secteur frontal -, contre-
disposerons une partie de nos que des rechanges complets, et mesures, …) et MBDA et SAGEM
stocks sur les bases et pour- que l’on gagnait en disponibilité pour les armements.
rons même effectuer des trans- et en flexibilité pour les utilisateurs.
3. Les équipements arrivant en
© JB Nadeau, APPA, 2009

ferts de stocks inter-bases. A titre informatif, ce concept
panne repartent directement
Nous avons par ailleurs défini varie entre l’armée de l’Air et la
chez le fournisseur, puis
avec la SIMMAD et les respon- Marine, la Marine ayant, pour
des raisons d’autonomie en mer, retournent en stock central pour
sables logistiques des bases le
une profondeur de maintenance être de nouveau dispatchés vers
besoin en infrastructure (bâti-
ments et hangars) mise à dis- un peu supérieure avec des les bases au même titre que les
position sur chacun des sites, moyens de réparation importants consommables.
MCO aéronautique réalisé à l’AIA
afin de stocker les équipements de Bordeaux à bord du porte-avions ayant la Il existe une scission naturelle
réparables. Nous avons de plus fonction de base flottante. entre la partie forces armées
Dépose de moteur réalisé
mis en place des protocoles Un rappel succinct de la chaîne 2. Si les forces armées n’ont pas et la partie industrielle. Nous
en une heure de temps sur
un Rafale de la BA 118 de
entre les forces armées, la SIM- MCO permet d’identifier les la capacité de réparer, elles intervenons relativement tard,
Mont de Marsan MAD et Dassault Aviation pour étapes principales suivantes : envoient l’équipement au NSI mais nous sommes très intéressés
définir les modalités pratiques
1. L’équipement est déposé de (Niveau de soutien industriel), par un rapprochement croissant
du « process » (qui fait quoi,
l’avion, puis va en atelier de c’est-à-dire soit vers les ateliers avec ces dernières. En étant
est l’envers de la disponibilité que nous nous comment reçoit-on l’équipe-
« Nous sommes réparation s’il existe sur place. du SIAé (Service industriel de alimentés par le système de
attachons aujourd’hui à assurer grâce à l’in- ment, avec quel papier, etc...). Enfin, nous l’aéronautique qui dépend du
vraiment troduction de nouveaux services : en plus procédons aux inventaires des matériels que Si les mécaniciens militaires gestion de maintenance et
ministère de la défense), soit en étant davantage présents
en pleine des conseillers techniques mis en place sur les forces nous mettent à disposition provi- (dit NSO : Niveau de soutien
directement chez l’industriel. sur les bases, nous sommes
révolution la base de Saint-Dizier depuis 2010 pour soirement pour nous permettre de tenir nos opérationnel) ont le moyen
Sur le Rafale, en plus de l’atelier
culturelle, car parfaire la formation des utilisateurs aux engagements et que nous leur restituerons de cibler le sous-ensemble qui en effet mieux à même de
industriel de Bordeaux (AIA)
analyses de diagnostic, nous avons adopté en fin de marché. Pour les articles consom- est en panne, ils le remplacent prévoir l’avenir et donc d’être
nous allons bien une logique de service de guichet logistique, mables il en est de même : en attendant la directement sur l’équipement,
qui répare les moteurs, l’AIA de
plus réactifs pour éviter les
au-delà de la à l’instar de Thales et aussi, mais sous une réception de ces articles lancés en approvi- Clermont-Ferrand est en train
afin que le matériel ne soit pas indisponibilités avion. En cas
sionnement dès le démarrage du marché, de monter en compétence au
réparation d’un forme différente, de SNECMA. immobilisé très longtemps. Le d’opération extérieure (OPEX),
nous avons demandé aux bases aériennes de niveau structure, car il participe
équipement ou Trois guichets sont mis en œuvre sur les trois sous-ensemble en panne est au chantier de rétrofit des Rafale les forces armées constituent des
de la fourniture bases Rafale de Mont-de-Marsan, Saint-Dizier mettre une partie de leurs stocks à disposi- alors envoyé chez l’industriel, stocks de déploiement et nous
et Landivisiau. Deux personnels « conseillers tion, le temps que nous puissions livrer au fur du standard F1 au standard
d’un rechange. où le cycle de réparation est F3, qui est très important. Les préviennent, avant qu’elles ne
logistiques » de Dassault Aviation sont ain- et à mesure. Cela nous permet de rentrer tout partent en mission, de façon à
beaucoup plus long. Les ateliers
Les retours si chargés depuis le 1er juin de délivrer des de suite dans l’engagement de disponibilité. industriels sont le pendant privé
sont de fait nés des conclusions du SIAé : notamment Dassault ce que nous puissions anticiper
d’expérience pièces sur chacune de ces bases en fonction La présence de nos conseillers permettra
des demandes des utilisateurs. En amont, de de fluidifier davantage la logistique. Notre d’études de dimensionnement Aviation, SNECMA pour les leurs besoins supplémentaires
croissants nous technico-logistique ayant moteurs, Thales et Sagem pour au travers de commandes de
nombreux personnels de Dassault Aviation objectif est la disponibilité et notre rôle est
permettent sont impliqués dans ce suivi. Jusqu’à présent, d’essayer de comprendre les points de ralen- mis en avant le fait que cela les équipements électroniques pièces.
de mieux l’État se chargeait du transport des matériels tissement : pourquoi y a-t-il plusieurs équipe-
analyser [...] en réparation jusqu’à notre dépôt central et ments identiques bloqués en ateliers ? Com-
et de proposer de leur récupération à l’issue. Aujourd’hui, ment peut-on aider à résoudre le problème le
Dassault Aviation transporte tous les maté- plus rapidement possible ? Par extension, le ser les pannes, les déposes, les problèmes forces. Ces flux d’information sont énormes
des solutions riels directement sur chacune des bases de- guichet logistique devient de facto une aide de maintenance et de proposer des solutions – on entre dans un système de gestion de
pour améliorer puis ses centres de réparation et a un engage- précieuse à l’anticipation du besoin pour pour améliorer la fiabilité des équipements, type Big Data – et exploités par une équipe
la fiabilité des ment de mise à disposition de l’équipement que les avions puissent voler. Car au final, la mais aussi pour simplifier les procédures de dédiée basée au siège de Dassault Aviation
réparé dans un délai de un à quatre jours seule chose qui importe est que les avions ne maintenance afin de mieux cibler les déposes à Saint Cloud pour calculer toutes les fiabi-
équipements... » et au final engendrer pour plus de disponibi-
selon la nature de l’équipement. Nous avons soient pas bloqués au sol : c’est la mission de lités, les taux d’utilisation de consommables
défini, équipement par équipement, le besoin tout ce « grand bazar invisible ». Derrière ce lité. C’est un cercle vertueux que nous avons et les prévisions de révisions générales. Cette
minimum de rechanges pour assurer cet en- que l’on voit, en effet, – un avion qui vole ou amorcé en 2008 et que nous poursuivons. activité est fondamentale, car elle permet
gagement de disponibilité. qui est bloqué au sol –, il ne faut pas oublier Une des nouveautés engendrées par cette notamment de suivre les stocks des forces
Nous avons mis en œuvre une chaîne logis- qu’il existe une multitude de facteurs s’ap- nouvelle répartition des tâches est une plus armées et de lancer les approvisionnements
tique efficace tournant autour d’un stock puyant sur un tissu industriel très important grande visibilité sur ATAMS3 grâce à la récep- nécessaires avant même que la demande soit
en central localisé chez Daher Lhotellier à et concourant à la disponibilité, mais qui ne tion des extractions mensuelles de données. parvenue au guichet logistique. De même, en
Montrichard, en vue de sa répartition sur les se voit pas. Le but est justement que tout cela Ces données sont techniques - localisation de visualisant les déposes équipements répa-
bases en fonction d’un seuil d’alerte que nous demeure invisible et c’est notre rôle en tant l’équipement, identification de l’avion, vieil- rables, elle permet d’accélérer si nécessaire
avons défini. Nous avons également conçu qu’avionneur... lissement – et permettent d’affiner la planifi- les réparations en cours en vue d’un meilleur
un service de transport adapté reliant les Nous sommes vraiment en pleine révolution cation de toute la maintenance programmée service au guichet. Enfin elle surveille tous
bases aériennes, les entrepôts de Dassault culturelle, car nous allons bien au-delà de la et des révisions générales. Elles sont égale- les flux et alerte en cas de consommations/
Aviation et les réparateurs. Il a été également réparation d’un équipement ou de la fourni- ment logistiques : niveau des stocks d’équi- taux de pannes anormaux, afin que des ac-
nécessaire de développer un nouveau sys- ture d’un rechange. Les retours d’expérience pements et de consommables par base, ce tions correctives soient prises, conjointe-
tème d’information spécifique et dédié qui croissants nous permettent de mieux analy- qui nous permet d’anticiper les besoins des ment avec la SIMMAD.

Générale de la Qualité pour le contrôle de

qualité, ou encore notre Direction Générale
du Soutien Militaire pour la conception de la
maintenance, mais aussi auprès des usines et
des sous-traitants : par exemple, une des pré-
occupations récurrentes concerne l’impact
des faits techniques sur la navigabilité et est
traitée en liaison avec les spécialistes de la
certification. En interne, notre service fait
donc travailler une centaine de personnes
devant assurer la réponse aux questions, les
aspects logistiques, les prévisions et les re-
tours d’expérience.
Optimiser l’aide au diagnostic
Système Aerosmart-R kit
© Wire Network
Monitoring Solution
(www.win-ms.com)
S’il faut retenir une chose quant à l’évolution

en cours, c’est l’amélioration des contrats en
termes d’engagement au plus près des utili-
sateurs et l’augmentation de couverture de
tout ce que l’on soutient à savoir les avions,
mais aussi tout le matériel d’environnement.
Notre engagement est basé sur la disponibi-
lité et s’inscrit dans la logique d’une couver-
© JM Tanguy, janvier 2014
ture la plus étendue possible. Nous n’évo-

Personnel Rafale de Dassault Aviation à Mérignac luons cependant pas en tant qu’industriel
français dans le cadre d’une externalisation
MCO RAFALE : LES DEFIS té adaptée. Certaines entreprises nous de- totale de la maintenance et nous ne sommes
mandent une visibilité à cinq ans, ce que nous pas responsables de tout : les passations de
sommes en mesure de faire grâce aux prévi- commandes ou le fait qu’il y ait suffisamment
Gérer la montée en puissance de la flotte
sions que nous donnent les forces sur leur de rechanges ou de personnel en ateliers ne
par l‘anticipation
activité, et grâce à l’exploitation des données sont pas de notre ressort. Notre compétence
Dans ce contexte d’optimisation de notre pose situe en fait dans les « hot line » mises en
litique de soutien du Rafale, cette remise à ATAMS faites par notre équipe de prévision-
nistes qui prévoient tous les flux de matériels place, également dans les outils de formation
plat de nos procédures d’anticipation s’avère et d’aide au diagnostic que nous pouvons
d’autant plus importante que nous sommes réparations/révisions générales. Ceci nous
permet également d’avoir une prévision des direction du service client qui suit les flux fournir.
parallèlement en pleine phase de montée en
indisponibilités d’avion et de discuter avec la de matériels avec un système informatique Au fil des années, nous poursuivons notre
puissance des Révisions Générales. Tout d’un
« Tout ceci SIMMAD sur la façon de les traiter (approvi- dédié. Elle fait appel à nos usines qui sont travail pour améliorer la maintenance et les
coup, lorsque vous avez une montée en puis-
sionnements complémentaires, …). réparateurs et à tout un réseau de sous-trai- procédures qui lui sont associées par ce biais.
nécessite un sance et une centaine de RG à faire sur une
Un domaine typique et très concret concerne
année, alors que l’année précédente, vous Tout ceci nécessite un pilotage très serré. tance. En raison de la politique de décentra-
pilotage très lisation et d’aménagement du territoire des le souci de fausse panne. Il est en effet arrivé
n’en aviez que vingt-cinq, et l’année d’avant, Nous suivons les flux à la loupe. Dès que l’un
serré. Nous années soixante-dix, six usines réparatrices que des équipements soient déposés à tort
seulement dix, il faut prévenir à temps nos de notre centaine de fournisseurs a un souci, en raison de problèmes de diagnostic. Nous
suivons les usines – que ce soit l’usine d’Argonay qui nous le ressentons tout de suite. de Dassault Aviation sont réparties sur tout
avons tout d’abord de notre côté modifié les
flux à la loupe. fait toutes les commandes de vol ; celle de le territoire à Argonay, Poitiers, Argenteuil,
Eviter l’engorgement par une assistance Martignas, Biarritz et Mérignac. Leur taille programmes de tests dans les ateliers équipe-
Dès que l’un de Poitiers qui fait tout le système de verrière ; ments électroniques pour éviter des fausses
etc -, ainsi que nos sous-traitants, afin qu’ils technique réactive varie d’une centaine de personnels comme
notre centaine A ce jour, la SIMMAD nous dit être très sa- à Poitiers à quelques trois milliers comme à déclarations de panne en atelier, tandis qu’en
lancent au moins un an à l’avance leurs ap- décembre dernier la Délégation générale de
de fournisseurs provisionnements et puissent répondre à tisfaite du déroulement du contrat, du fait Mérignac. La « Tech » est beaucoup plus ra-
l’armement (DGA) a notifié l’intégration de
a un souci, nous cette demande. Si nous travaillons en termes de la bonne réactivité de notre assistance mifiée : La direction du service client reçoit
l’outil d’aide au diagnostic Mars à Harpagon,
de disponibilité, ils travaillent quant à eux en technique centrale et de la logistique. Nous de nombreuses questions tous les jours, dont
le ressentons distinguons d’une part la partie « Log » et elle va chercher les réponses, soit en interne,
un des systèmes de gestion de l’avion. Si les
flux tendus. Cette anticipation serrée vaut seuils de tests se sont améliorés, le ciblage
tout de suite. » également pour les personnels auxquels on d’autre part la partie « Tech » : la Log in- soit auprès des autres directions de Das-
du diagnostic relève également de la forma-
demande des engagements en termes de ré- clue toutes les réparations, les rechanges/ sault Aviation, telles la Direction Générale tion et de l’expérience des personnels en
activité et qu’il faut donc prévoir en quanti- les consommables et est du ressort de la Technique pour la conception, la Direction

L’ANALYSE DU CONSEIL EDITORIAL

Aérocampus :
« Nous nous charge du dépannage C’est l’accumulation types : il s’agit soit de contrats forfaitaires
sommes de cette expérience associée au perfection- lorsque les flux de matériels sont impor-
nement des outils d’aide au diagnostic qui tants (de type MCO avec nos sous-traitants
inspirés du permettent d’améliorer la problématique des majeurs comme Thales, Messier, Zodiac,
système civil Pannes non Confirmées. Liebherr, Air Liquide (qui fournit le système
(opérateurs
individuels
Parmi les nouveaux outils d’aide au MCO,
nous utilisons également chez Dassault un
d’oxygène pour le pilote)…), soit de contrats
de type forfait de réparation lorsque les flux
de matériels sont faibles. Nous avons un
anticiper les risques de vide
et stations- outil de réalité augmentée permettant la vi-
services à
alimenter) pour
sualisation 3D des systèmes avions, qui ty-
piquement sert à dépanner le câblage extrê-
système d’information dédié à la logistique
(SAP) assurant le pilotage des flux et des dé-
lais avec nos fournisseurs.
capacitaire en maintenance
mement rapidement et sans risque d’erreur :
développer
les systèmes
la visualisation permet d’identifier le câble
et son cheminement, comment le changer
Le risque de défaillances ponctuelles au
sein de cette chaîne d’approvisionnement aéronautique
et sur quel support s’appuyer. Nous avons complexe est donc par nature inéluctable,
d’information même des outils de détection de coupure mais nous nous efforçons de le minimiser et
dédiés au de câbles, tels que le système AeroSmart-R d’avoir des « Plans B » afin de respecter le
nouveau MCO. » kit mis au point par un de nos sous-traitants contrat de confiance que nous a confié l’Etat.
WINMS.
La « Dassault touch »
Sous-traitance : une vigilance de tous les
Entretien avec le
De ce point de vue, la taille relativement pe-
instants tite de Dassault Aviation, qui ne compte que Général de corps aérien
Notre travail consiste non seulement à amé- 8000 personnes, constitue un avantage, en ce Denis Guignot (2S),
liorer et optimiser le MCO, mais également à sens qu’un problème quel qu’il soit va être at- Président d’Aérocampus
constamment prévenir les problèmes poten- taqué dans sa globalité dès le départ : quand il
tiels. y a un problème dans la production, il y aura
Les difficultés du MCO peuvent aussi venir forcément un problème en maintenance. Dès
de notre sous-traitance que nous devons lors, aussi bien les personnels du bureau de Depuis qu’il a quitté le
maîtriser à tout moment : des petites choses production, d’étude, de la qualité, que du sou- commandement du CSFA
comme la substitution d’une graisse par un tien, vont œuvrer ensemble pour aller voir un (Commandement de soutien
équipementier peuvent être générateur de fournisseur et lui faire part d’un souci. C’est des forces aériennes),
panne, si par malchance le nouveau produit un peu notre force, car nous nous connais- le Général Guignot se
tient un peu moins bien. Il nous est arri- sons tous et nous travaillons en synergie.
consacre à la présidence
vé sur le Rafale d’avoir des défaillances de Une autre spécificité Dassault tient au fait que d’Aérocampus, une école
sous-traitants. Nous travaillons donc de fa- les personnels sont, tant en conception qu’en
çon étroite et de manière individuelle avec maintenance, multi-métiers et travaillent sur
de formation technique
les PME que nous nous efforçons d’accompa- plusieurs types d’avions. Ils font aussi bien montrant un concept
gner du mieux possible en coordonnant leurs du Rafale, que du Mirage 2000 ou du Falcon. original s’appuyant sur un
plans de production avec nos besoins. Nous Rares sont les compagnies qui ont une activi- pool de talents dédiés à
garantissons l’achat, nous les aidons à amé- té civile et militaire et les synergies sont chez l’aéronautique dont il nous
liorer leur produit. Si besoin, nous les aidons nous particulièrement marquées. Nous nous explique ici la genèse et les
également à maîtriser à leur tour leur propre sommes de fait inspirés du système civil ambitions.
sous-traitance en identifiant les sources d’ap- (opérateurs individuels et stations-services
provisionnements fiables et les solutions à alimenter) pour développer les systèmes Contrôle CND d’un mélangeur intérieur
de secours. Il faut avoir conscience du fait d’information dédiés au nouveau MCO. de turboréacteur ATAR de Mirage,
que derrière le Rafale existe une chaîne in- La démonstration de l’apport industriel à Atelier industriel de Bordeaux
croyable, laquelle doit s’adapter à la crois- une bonne disponibilité des Rafale français
sance de la flotte et de son activité aérienne, est tout l’enjeu de « Rafale Care 2014 » et un © JB Nadeau, novembre 2005
induisant une évolution conséquente des gage de crédibilité à l’export. A nous de prou-
flux de réparation et de quantités de consom- ver que nous pouvons relever ce défi : ren-
mables livrés. Le réseau de sous-traitance est ans de la décision du président de les écoles ont fermé petit-à-petit,
dez-vous dans un an pour un premier bilan…
également très chargé par les flux de répa- la région Aquitaine, Alain Rous- alors qu’aujourd’hui les besoins
rations de matériels civils, nettement plus set, et de son équipe de combler le aéronautiques explosent dans le
importants en volume que les flux militaires.
1
Voir l’entretien avec Alain Bonny, « Rafale Care, un an besoin de techniciens en mainte- monde : la flotte mondiale d’avions
après », publié au printemps 2010 dans notre numéro 2 commerciaux devrait doubler dans
Dassault Aviation reçoit en réparation toutes nance aéronautique en reprenant
de Soutien Logistique Défense.
sortes d’équipements avion (des équipe- l’ensemble de formation dont se sé- les quinze prochaines années pour
2
NDLR : Le banc de test automatique Mermoz fabriqué
ments électroniques, des calculateurs, des parait alors la Délégation générale passer à 30 000 aéronefs en raison
par Cassidian Test et Services (devenu récemment une
trains d’atterrissages, des valves, des détec- entreprise de taille intermédiaire appelée « Spherea ») de l’armement (DGA). Si la France notamment de la forte demande en
teurs, etc…), ainsi que des moyens de sou- est un système d’aide au diagnostic et de validation des et l’Europe en général disposent Asie et dans le Golfe. Les écoles
tien contribuant à aider à mettre en œuvre dépannages sur environ 60 équipements électroniques Un concept original, un label en effet de belles écoles d’ingé- de pilote s’adaptent en raison de
ou à réparer un avion en panne (groupes de
du Rafale. Cet outil réduit le temps d’immobilisation des à développer nieurs, le besoin de techniciens la forte attractivité du métier, mais
équipements en réparation et le volume de rechanges né-
conditionnement, pompes, etc). La socié- bien formés continue de croître les écoles de formation des techni-
cessaire à une bonne disponibilité, puisqu’il évite nombre
té s’appuie sur un réseau d’une centaine de de retours chez l’industriel. L’école : créer un pool de et les savoir-faire ont tendance à ciens ne suivent pas.
sous-traitants réparateurs et fournisseurs de 3
NDLR : l’« Aircraft Technical and Airworthiness Mana-
techniciens aéronautiques bien disparaître. Nos équipes de mainte- Partant de la constatation d’un
pièces consommables. Nous avons négocié gement System » est le système d’information de gestion formés nance constituées dans les années manque de techniciens dans les
avec nos sous-traitants des contrats de deux des flottes adopté par l’armée de l’Air et la Marine. Aérocampus est une école toute soixante n’ont pas été renouvelées grands groupes présents dans
jeune, puisqu’elle est née voici trois aussi rapidement que prévu et la région Aquitaine, nous nous
L’ANALYSE DU CONSEIL EDITORIAL
de 95 à 55%, notre ambition étant l’aéronautique mondiale depuis cher d’acquérir un vrai moteur avec
de descendre à 30% à terme en les années 70. Nous nous sommes le banc d’essai, nous travaillons
nous positionnant en concurrence également doté d’un système de si- avec un simulateur produit par une
avec d’autres sociétés de forma- mulation immersive en 3D qui est société d’Aquitaine, laquelle fabri-
tion pour accueillir des jeunes, des destinée à développer des supports quait un petit réacteur similaire
industriels (tous les techniciens de cours pour y intégrer ces nou- au CFM56 (moteur de l’A320 et du
d’ATR viennent par exemple se for- veaux outils. Celle-ci est basée sur Boeing 737). Ce simulateur donne
© M. Delaporte, Bordeaux, mars 2014

mer sur les matériaux composite), du hard français (matériels) et du une idée très fine de toutes les lo-
ou encore des personnes issues de soft allemand (logiciels). Avec cet giques thermodynamiques d’un
pôle emploi. ensemble de simulation, vous vous moteur et est complémentaire des
Même si en raison de notre statut retrouvez - grâce à un écran géant ateliers de montage et de démon-
juridique d’association de Loi de 3D, des lunettes et un stick - devant tage de petits moteurs que nous
1901, nous n’avons pas vocation à un F16, un A380, un hélicoptère, un sommes en train de développer
faire de bénéfices, nous souhaite- bout de 737, un bout d’A320 sur également.
rions rentabiliser davantage com- lesquels vous pouvez travailler en Nous commençons à nous doter
mercialement la formation des manipulant des sous-ensembles d’outils nouveaux que nos élèves
jeunes Français en développant des avions… rencontreront au cours de leur vie
des modèles Aérocampus à l’inter- Nous sommes par ailleurs en train professionnelle et sommes actuel-
national dans le secteur aéronau- d’acquérir un autre type d’outil lement les seuls à apporter cette
tique civil dans des pays tels que dont nos jeunes pourront bientôt touche pratique mieux adaptée aux
la Libye, les Emirats, la Malaisie, profiter, à savoir une partie d’avion nouvelles « générations écran » que
sommes organisés afin d’assurer la Voici donc le modèle que nous ou ultrason, ce qui s’avère particu- l’Inde et la Chine. générique, l’airbus A320 qui est les cours théoriques classiques.
formation de techniciens - et non avons développé et qui a l’air de lièrement utile en matière de main- l’équivalent du 737 à commande de Un pool de professeurs
d’ingénieurs - de niveau Bac pro- fonctionner. tien en condition opérationnelle Des moyens pédagogiques vol électrique. La classe sera équi- expérimentés et tournés vers
fessionnel ou de niveau Brevet de
Naissance d’un Cluster
(MCO). L’Institut est en train d’inde nouvelle génération pée d’écrans et du nez de l’A320, l’international
technicien spécialisé (BTS Bac + vestir trois millions d’Euros pour car nous sommes ici trop loin des
aéronautique La formation est ici prodiguée par
2). Afin de répondre à une demande faire une « plateforme CND » de Capter des formations par aéroports pour avoir un avion
Constatant parallèlement un cer- deux types de professeurs. Nous
parfois globale, nous nous sommes premier niveau. des moyens technologiques de cette taille en entier et cha-
tain morcellement en matière de avons d’une part une douzaine
cependant associés à différentes Notre petite équipe continue ainsi modernes cun pourra trouver des solutions
formation aéronautique et spatiale d’enseignants issus de l’Education
écoles d’ingénieurs comme SupAé- de s’agrandir et notre site se rem- de réparation pour répondre aux
en France, nous avons ensuite déci- Nous avons commencé par nous nationale qui donnent des cours gé-
ro et l’ENAC (École nationale de plit à mesure qu’un nombre crois- pannes générées par les instruc-
dé d’utiliser et de rentabiliser le site doter de logiciels Dassault KATIA néraux (mathématiques, physique,
l’aviation civile) à Toulouse. sant d’entreprises de formation teurs. En complément, nous dispo-
en accueillant des sociétés ayant V5 pour une classe d’une vingtaine français, anglais, allemand), ainsi
Nous sommes donc partis sur cette tournées vers l’aéronautique mani- d’élèves et un professeur, car c’est sons d’une dizaine de petits avions que des professeurs de lycées tech-
idée première pour créer Aérocam- un débouché dans ce domaine. en fin de vie qui permettent aux
festent l’envie de venir. l’outil de base dans l’aéronautique niques qui ont une grande connais-
pus avec au départ quinze salariés. L’idée est de faire jouer les com- élèves de découvrir les réalités du
plémentarités dans une logique de qui est utilisé par Boeing et depuis sance aéronautique et beaucoup
Nous comptons aujourd’hui une Un forum naturel de rencontres démontage et de la mise en œuvre.
synergie et de partage d’investisse- peu par Airbus. KATIA est un pro- d’expérience, et d’autre part des
quarantaine de salariés et cent-cin- Ayant la chance d’avoir sur le site duit Dassault exporté dans toute En ce qui concerne les moteurs, professeurs venant du monde mili-
quante permanents sur le site. Ce ments : si une entreprise de forma- un très beau château, nous nous
tion investit dans une partie d’un l’industrie automobile et dans toute dans la mesure où il serait trop taire (DGA et armée de l’Air), qui
modèle, que l’on essaie de dévelop- sommes parallèlement lancés
per, repose en fait sur un trépied : simulateur ou de contrôle non des- dans des logiques d’organisation
tructif (CND), elle pourra assurer de séminaires où sont invités des
• la région Aquitaine : elle est les cours liés à son domaine d’ex-
propriétaire du site dont nous ne industriels pour des rencontres et
pertise, tandis que nous dévelop- des formations qu’ils pilotent eux-
sommes que locataires (mais nous perons une entité différente dans
sommes propriétaires des maté- mêmes. Nous avons une trentaine
laquelle les sociétés participantes de salles de réunions susceptibles

riels) et nous a aidé à démarrer en n’auront pas à investir. Nous avons
investissant beaucoup ; d’accueillir jusqu’à 150 personnes
donc créé un cluster qui regroupe à pour la plus grande, et pouvons
• l’Education nationale : c’est elle l’heure actuelle déjà dix-huit entre- loger sur place nombre de parti-
qui délivre les diplômes (Bac Pro prises de formation représentant
et BTS) au travers d’un corps pro- cipants. La première année, nous
tous les métiers de l’aéronautique. avons reçu 8 000 visiteurs et nous
fessoral tourné vers des enseigne- Certaines choisissent de construire
ments généraux (mathématiques, en attendons 20 000 cette année.
directement sur place : c’est le
français,..) ; cas par exemple de l’Institut de Nous hébergeons de fait la plupart
• les entreprises : elles accueillent soudure qui est en train d’aména- de nos élèves, qui souvent restent
nos élèves dans des stages, beau- ger un bâtiment neuf destiné à la trois ans, et sommes obligés de ré-
coup répartissant leur temps pour formation soudure bien sûr, mais pondre à la montée du nombre des
moitié dans notre structure et également à la formation dans le élèves et des visiteurs en construi-
pour moitié en apprentissage en nucléaire, le pétrole et maintenant sant un nouveau bâtiment de 130
entreprise. La dimension « entre- dans l’aéronautique. Ils enseignent lits, en accueillant un hôtel de 80
prise » est d’autant plus importante notamment les techniques de CND places et en modernisant le châ- « Nous disposons d’une
qu’elle offre de bons débouchés communes au nucléaire, au do- teau. dizaine de petits avions en
aux jeunes techniciens à l’issue de maine pétrolier et à l’aéronautique. Le château est complètement tour- fin de vie qui permettent
leur formation : nous enregistrons Il s’agit des méthodes permettant né vers les séminaires et l’activité
jusqu’à présent un taux de réussite d’identifier les éventuelles fissures commerciale, ce qui nous a permis
aux élèves de découvrir
de 98 % au niveau des examens et métalliques notamment par radio- de réduire en trois ans notre dépen- les réalités du démontage
des embauches. graphie, gammagraphie (nucléaire) dance des subventions publiques et de la mise en oeuvre »

sont plutôt des techniciens ayant versité américaine et d’une école BAC pro qu’il faut habituellement
des savoir-faire pédagogiques. De d’ingénieur qui sera probablement compléter avec une formation.
nombreux professeurs vacataires SupAéro. Cela correspond à la vo- Notre centre forme pour l’instant
venant du monde industriel aqui- lonté des Emiratis d’équilibrer le à hauteur d’environ quatre mé-
tain ou de l’armée de l’air com- monde anglo-saxon de type Boeing tiers (avionique, moteur) et huit
plètent le corps professoral. et le monde européen de type Air- sous-métiers avec pour objectif
Notre objectif est que nos élèves bus. d’accroître encore le spectre.
sortent avec les diplômes de l’école, Autre initiative internationale, à En conclusion, indépendamment
mais aussi avec des licences et la l’occasion du Cinquantenaire des de nos projets de développement
DÉCOUVREZ
certification AESA (Agence Euro- Accords de l’Elysée, nous avons à l’international, notre vocation
péenne de Sécurité Aérienne) que proposé au gouvernement de étant avant tout régionale, notre
nous sommes autorisés à attribuer. faire une classe franco-allemande. ambition est de créér un label nous
Nous n’avons pas besoin de la cer-
tification FAA, car la certification
L’idée est de prendre des jeunes
Français en seconde, avec une pre-
permettant de parrainer d’autres
aérocampus (notamment en ma- notre nouveau
AESA donne une équivalence et mière classe de quinze élèves, qui tière de certifications), tels que ce-
permet d’être présents à la fois sur
Boeing et sur Airbus principale-
recoivent d’une part neuf heures
de cours en allemand par semaine
lui né en Auvergne autour de l’AIA
de Clermont-Ferrand. La région
site internet
ment. A travers le reste du monde,
les certifications naissantes (Bré-
et iront en apprentissage trois mois
par an chez Lufthansa Technics. In-
PACA et la Guadeloupe ont mani-
festé leur intérêt et nous sommes dédié à la revue
sil, Chine) se sont calquées sur la versement, de jeunes Allemands donc en train d’élargir le concept.
FAA et AESA et commencent à re- feront la même chose à Francfort Notre succès se reflète dans le
connaître nos formations. et viendront en stage chez Sabe- nombre de demandes de forma-
Nous sommes de fait en train de na Technics. Nous avons choisi tion que nous recevons à l’heure
réfléchir sur l’achat d’une docu- de construire ce partenariat fran- actuelle et qui parle de lui-même:
mentation en anglais certifiée qui co-allemand notamment en raison pour cette rentrée, nous avons une
irait dans le sens de l’ouverture à d’Airbus, où les carrières se font place pour six demandes en lycée
l’international que nous envisa- entre Toulouse, Brème ou Ham- professionnel et une place pour
geons, l’idée étant qu’Aérocampus bourg. Ces échanges sont naturels 80 demandes en BTS. Le point im-
Aquitaine porte la certification et et préparent les futurs techniciens portant à souligner est que nous
puisse parrainer les aérocampus de l’aéronautique européenne. ne recherchons pas les meilleurs
« déportés ». Nous avons gagné En ce qui concerne la certifica- élèves académiquement parlant,
un appel d’offre pour développer tion, nos élèves sortent avec des mais nous voulons avant tout des
un « Aérocampus Dubaï », qui licences dites A, B ou C, lesquelles élèves motivés par l’aéronautique,
viendra s’intégrer à une université constituent un plus pour une socié- des élèves qui rêvent de toucher
aéronautique aux côtés d’une uni- té aéronautique par rapport à un des avions…
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Soutien Logistique Défense Sécurité

Un dossier dédié au MCO Rafale

Capitaine de vaisseau Fabre,

MCO Aéronautique Reportage à l’AIA

Le rôle d’Aérocampus de Clermont-Ferrand

Le Rafale : « un avion de rupture »  13

2 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série Opérationnels SLDS # 21 - Hors série 3

© 1st Lt. Christopher Mesnard USAF, avril 2013

4 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série Opérationnels SLDS # 21 - Hors série 5

© JM Tanguy, Solenzara, mars 2011

il était en situation d’activité. Le plateau

trifie avec la chaleur et détériore les aubes

mais parfois au détriment de l’apprentissage riorité aérienne. A un pilote de Rafale, vous

© M. Delaporte, 13 juin 2014

©JM Tanguy, Mali, février 2013

© F. Lafargue pendant Héraclès 2002

16 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série Opérationnels SLDS # 21 - Hors série 17

© JM Tanguy, BA 118 Mont de Marsan, 2013

Thales sur les avions en ligne. Nous pensons 2

© JM Tanguy, Porte-avions Charles de Gaulle, mars 2014

24 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série Opérationnels SLDS # 21 - Hors série 25

LA CHAINE MCO, Par Marie-Astrid Vernier

© JB Nadeau, APPA, 2009

26 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série Opérationnels SLDS # 21 - Hors série 27

Générale de la Qualité pour le contrôle de

S’il faut retenir une chose quant à l’évolution

ture la plus étendue possible. Nous n’évo-

28 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série Opérationnels SLDS # 21 - Hors série 29

L’ANALYSE DU CONSEIL EDITORIAL

© M. Delaporte, Bordeaux, mars 2014

© M. Delaporte, Bordeaux, mars 2014

32 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série Opérationnels SLDS # 21 - Hors série 33

ABONNEMENT Par Internet : www.operationnels.com

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34 Opérationnels SLDS # 21 - Hors série Opérationnels SLDS # 21 - Hors série 35

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