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VULNERABILITE ET ADAPTATION DES TERRITOIRES

AUX EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE :


Incitations globales, stratégies locales. Perspectives
pour un développement territorial axé sur un suivi de
l’utilisation de l’espace et des ressources dans les
Communes de Mbour, Saly et Malicounda (Sénégal)

Thèse de doctorat de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et de


l'Université Paris-Saclay, préparée à l’Université Versailles Saint-
Quentin en Yvelines

ÉCOLE DOCTORALE N°578 Science de l’Homme et de la Société


(SHS)
CEARC - Cultures Environnement Arctique Représentation Climat
Spécialité de doctorat : GEOGRAPHIE

Thèse présentée et soutenue à Guyancourt, le 19 février 2016, par :

Mme Diatou THIAW

Composition du Jury :
M. Jean-Luc DUBOIS, Professeur Emérite, UVSQ, Examinateur
Président de jury

M. Omer CHOUINARD, Professeur, CNRS, Rapporteur

M. Omar DIOP, Professeur, UGB, Rapporteur

M. Jean-Paul VANDERLINDEN, Professeur, UVSQ, Directeur de


thèse

M. Alioune KANE, Professeur, UCAD, Co-directeur de thèse


A la mémoire de ma grand-mère et homonyme Khadidiatou Barry,

Ton expression « tiens bien ton stylo » retentit chaque jour et me pousse vers la
persévérance

Que Dieu t’accueille au Paradis. AMEN

1
SOMMAIRE

DEDICACES .................................................................................................................................. 3

REMERCIEMENTS ........................................................................................................................ 4

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES ............................................................................................... 9

AVANT PROPOS ......................................................................................................................... 11

INTRODUCTION GENERALE ....................................................................................................... 14

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA THESE .......................................................................... 23

CHAPITRE II : APPROCHE METHODOLOGIQUE ........................................................................... 85

CHAPITRE III : APPROCHE DES TERRITOIRES DE MBOUR, SALY ET MALICOUNDA.................... 102

CHAPITRE I : LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SES IMPACTS SUR LES TERRITOIRES .............. 192

CHAPITRE II : VULNERABILITE DES TERRITOIRES AUX IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE


................................................................................................................................................ 243

CHAPITRE III IMPACTS SOCIOECONOMIQUES DES PERTURBATIONS SUR LES DIFFERENTS


TERRITOIRES ............................................................................................................................ 289

CHAPITRE I : ACTEURS ET STRATEGIES D’ADAPTATION AUX EFFETS DU CHANGEMENT


CLIMATIQUE ............................................................................................................................ 302

CHAPITRE II : QU’APPREND-ON DES ETUDES DE CAS ? ............................................................ 354

CHAPITRE III : PLAIDOYER POUR UNE STRATEGIE D’ADAPTATION AXEE SUR UN OBSERVATOIRE
TERRITORIAL............................................................................................................................ 362

CONCLUSION GENERALE ......................................................................................................... 384

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES............................................................................................ 394

TABLE DES ILLUSTRATIONS ...................................................................................................... 415

ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE MENAGE.................................................................................... 423

ANNEXE 2 QUESTIONNAIRES PECHEURS ................................................................................. 430

ANNEXE 3 : DECRET N° 2011-1689 DU 3 OCTOBRE 2011 PORTANT CREATION DU COMITE


NATIONAL SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES. ................................................................ 434

TABLE DES MATIERES .............................................................................................................. 446

2
DEDICACES

Je dédie cette thèse

 A mon Père et à ma mère. Longue vie et Merci pour vos prières


 A mon Papa Oumar Diop Pour tous les sacrifices consentis, votre soutien sans faille
 A mon cher époux Aliou Niane, Merci de tout ton soutien, de ta patience et de tes
prières
 A Paul Ndiaye. Plus quřun Maître, vous êtes un père, un ami, un confident.
 A mes chères filles Fatou Sarr Bathily, Sofy Sow, Mariane, Zhara et Alimatou et
khadija Niane
 A ma petite fille Fatoumata Bathily dite Coucou
 A ma fille et amie Mame Racky Yade
 A mon beau fils et frère Tamsir Ousmane Bathily
 A mes fils Seydou, Amath, Mohamed et Imam Ali Niane pour toute leur affection
 A mes neveux et nièces (Serigne Modou Niane, Pape Maodo Ndiaye et Bana Niane)
 A mes très chères Amies Oumy Bar, Aminata Fall BA, Siny Gaye, Dégène Mbodj et
Aissatou Dieng, Mame Mbenda Diop. Vous avez toujours été là pendant les durs et
agréables moments
 A mon oncle Médoune Diop pour tout son amour et son soutien
 A Mon petit frère adoré Papis Diaité
 A ma sœur Ndèye Aissa Diop pour ton soutien et les sacrifices consentis
 A ma tante Maimouna THIAW dite Sakou
 A ma sœur Adji Arame THIAW et à toute la famille THIAW
 A toutes les Communautés côtières

3
REMERCIEMENTS

Nous voudrions adresser nos sincères remerciements à toutes celles et à tous ceux qui ont aidé
à la réalisation de ce travail.

Dans le cadre du partenariat UCAD-UVSQ, Co-tutelle, je remercie toute les administrations


pour la diligence des dossiers. Les Recteurs de lřUCAD et de lřUVSQ Professeurs Ibrahima
Thioub et Jean-Luc Vayssière, et les directeurs des écoles doctorales EDEQUE et SHS
Amadou Thierno Gaye et Jean-Yves Mollier,

Nos Directeurs de Thèse Professeurs Jean Paul Vanderlinden et Alioune Kane, et qui nřont
ménagé aucun effort pour la bonne marche de nos travaux dans leurs laboratoires respectifs.
Leur disponibilité, leur générosité, leur rigueur et leur patience mřont permis dřarriver au bout
de nos efforts. Je leur témoigne solennellement ma reconnaissance pour tous les efforts
déployés durant ce passionant trajet.

Les membres du Jury, Professeur Jean Luc, Examinateur, Professeurs Oumar DIOP et Omer
CHOUINARD Rapporteurs, dřavoir accepté de participer à lřévaluation de ce travail. Je vous
témoigne toute ma reconnaissance et vous prie dřaggrer mon profond respect.

Jacques Quensière pour toutes ces facilitations avec lřUVSQ et ma rencontre avec professeur
Jean Paul Vanderlinden.

Jean François Noel et son épouse Danièle pour toutes les facilitations et leur hospitalité durant
mes séjours en France. MERCI !
Les séjours à lřéquipe dřaccueil CEARC au sein de lřOVSQ mřont été bénéfiques ; les
échanges, les séances de travail avec les chercheurs et les doctorants mřont été dřun grand
apport. Mention spéciale à Juan Baztan, Charlotte Da Cunha, Yorghos Revmikos, Idrissa
Kane et à Nabil Touili, Zhiwei Zhu, pour toute leur disponibilité générosité. Idrissa je
garderai toujours en mémoire le respect et la disponibilité à mon égard. A lřaccueil, jřai
bénéficié dřun environnement de travail et stimulant. Merci à Luisa et à Samira. Jřassocie
également Aché Mammatt de tout son soutien durant les moments partagés à lřUVSQ.

Jřassocie à ces remerciements les directeurs de lřUMIS Résilience Professeurs Mama


Ouattara, Jean Luc Dubois, Pierre Morand et toutes les équipes des différents pays pour les
échanges et la documentation. Merci à Alice, Abibatou, Ranie…Mention spéciale à
Catherine.

4
Paul Ndiaye chargé dřenseignements, Responsable du Laboratoire de biogéographie de
lřUCAD qui, depuis la maitrise a suivi nos travaux de recherche. Je vous remercie infiniment
des efforts consentis pour la correction et la relecture de ce travail.

Le Professeur Amadou Diop, pour tout son appui scientifique dans la lecture et la
représentation spatiale des données. Je vous remercie de votre générosité.

Mon professeur, collègue et ami Ndiacé Diop qui mřa accompagnée depuis mes premiers pas
à lřuniversité. Merci infiniment pour tout. A Monsieur Athie, Merci pour tout lřappui apporté.

Inscrite dans le cadre dřune co-tutelle UCAD/ UVSQ, cřest le moment dřadresser nos vifs
remerciements àlřensemble des structures et programmes qui nous aidés et facilité nos séjours
en France. Le projet U3E, LřAUF, le Ministre de lřEnseignement Supérieur et de la
Recherche Mary Teuw Niane à travers le projet PAPES. Merci à Stéphanie Kadeumpeul,
Matel Kane Wane, Lucie Thione pour toute leur diligence.

Merci à toute lřéquipe du Master GIDEL et de lřObservatoire des Vulnérabilités


socioenvironnementales de Mbour, Alioune BA, Anastasie Mendy Bèye, Yakham Diop,
Ndickou, Gaye, Aichétou Seck, Yeri MAkhan Keita, Coura kane, Néné Makoya et lřensemble
des doctorants. Mention spéciale à ma collègue et amie Awa NIANG FAll pour ton
accompagnement moral et toute lřaide apportée sur la mise en forme de ce document.

Tous mes collègues et professeurs du département de géographie, Le Doyen de la faculté de


Lettres et Sciences humaines, Professeur Amadou Abdoul SOW, le chef de Département de
Géographie, Aminata Ndiaye, Amadou Tahirou Diaw, Pascal Sagna, Honoré Dacosta, Diène
Dione, Pape Sakho, Jean Baptiste Ndong, Aminata Niang Diène, Mame Demba Thiam,
Gorgui Ciss, Salimata Wade Nguilgane Faye, Mamadou Bouna Timéra, Ndèye Ngom Pouye,
Bara MBoup, Bocar Ndiaye, Ibrahima Sylla, Mame Cheikh Ngom, Sidiya Badiane, Momar
Diongue, Abdoulaye Diagne.

Tout le personnel administratif du département de Géographie (Madame Jeanne Cissé, Ndèye

Marième Faye, Joseph Waly Diouf, Madame Diop)

Mes collègues du département dřHistoire (Moustapha SAll, Ndiouga Benga, Aliou Dème), du
département dřAnglais Aliou Sow. Le Professeur Abdou Salam Fall, directeur du
Laboratoire Transformations Economiques et Sociales (LARTES, IFAN) et toute son équipe
Dr Rokaya Cissé, Latif Dramani, pour tout leur appui scientifique. Mes collègues et Amis

5
Thierno cissé du département de Linguistique, Professeur Courfia Diawara Recteur de
lřUASZ, Professeur Pape Meissa Dieng de lřUGB pour tout leur soutien moral et suivi
quotidien.

La collecte de données secondaires a aussi été facilitée par la collaboration de différents


(services techniques, collectivité locales, instituts de recherches, écoles). Je remercie
lřensemble des directeurs et leurs équipes respectives qui mřont reçue, les élus locaux, les
secrétaires municipaux et maires, les assistants communautaires et agent voyés qui nous ont
reçues.

Le Directeur du Centre de suivi Ecologique et tout le personnel (Abdoulaye Faye, Ousmane


Bocoum, Déthié Ndiaye, Moussa Sall…), pour lřacquisition dřimages, de documents, les
entrevues sur les projets, le Minitère des pêche, le ministère du tourisme

Mention spéciale au Ministère de lřEnvironnement et ses démembrements (Direction de


lřEnvironnement et des Etablissements classés, COMMNACC, Division Erosion côtière. A
El Hadji Ndao, Inspecteur départemental des Pêches de Mbour , Professeur pape Goumba
Lô, Directeur du CEREQ, Abdoulaye Diop, Directeur des AMPC, Souleye Ndiaye Directeur
des Parcs Nationaux et tout le personnel ( Djibril Diouck, Mamadou Sidibé…), NGingue
Directeur la SAPCO, Saly, Babacar Sime SAPCO Dakar, à Djiby Sy, Secrétaire, municipal de
Mbour à la retraite, Diom , agent voyer communal, à Baboucar Guèye, adjoint au Maire de
Saly, à BA, Assistant Communautaire de Malicounda., les GIE And Liguey Tefess, And
liguey Mballing, GIE des femmes transformatrices de Saly…

Les Directeurs dřHôtel de Saly, notamment Ibrahima Sarr (Complexe Fialos- Saly), Espadon
Cřest aussi lřoccasion pour nous de remercier toutes les populations locales, les acteurs
privés, dans leur diversité qui ont accepté de nous accueillir et de partager avec nous leurs
expériences et leurs réflexions

Merci à lřensemble des chefs de quartiers et familles qui nous ont reçus et accepté de
répondre à nos questions.

Merci, Diokondial à l’ensemble des chefs de villages de Pointe SArène (Michel Sarr), Roff (Pierre Ngo, de
Malicounda, de Mballing… Je rends un vibrant Hommage aux Professeurs Cheikh Ba, Mamadou
Moustapha Sall, Lat Soukabé Mbow et Amadou Fadel Kane pour leur formation.

Tous mes collègues du département de Géographie et encore merci à mes collègues et


professeurs.

6
Mes étudiants qui mřont accompagnée dans la collecte et le traitement des données (Malick
Faye, Magatte Thiao, Pauline, Papa Ibrahima Senghor, Cheikh Bamba Fall, karim kébé,
Djibril Ndiaye, Cheikh Faye, Moustapha Séwane, Khady Guèye, Adama Faye, Babacar Faye,
Birame Ndour, Thoma Mendy sans oublier Ousmane, mon conducteur. Merci pour tous les
efforts déployés sur le terrain.

Toute lřéquipe du programme Sénégal Oriental Babacar Faye, Mariama Thiandoum, Woudé
Diaboula, Ouleymatou, Anièce Daba Thiaw, Alvarez Benga,

Je remercie Dr Samba Yade le Directeur du cabinet Tropica pour tout son soutien moral et
matériel et tout le personnel (Aminata Fall Ba, G.T. Mamadou Mar Faye, Fatoumata Ly,
Amath Dior Mbaye, Papa Ibrahima Fall Mababa Dramé, Tabara, Adama Cissé, Ousmane
Tangara, Aminata Cissé, Pape Demba Camara, Mamadou Sylla Ndiaye, Adji Sarr pour tout
leur appui.

Je témoigne Toute ma reconnaissance et ma gratitude infinie au Dr Mbarack Diop, à


Monsieur Ibrahima Niang ancien Ministre, pour tous ses encouragements et prières.

Le cabinet Tropis (Ismaïla Diallo, Andrien Coly, Rosalie Bassène …) pour tout leur
encouragement.

Mes familles dřaccueil en France (Mon oncle Dramane Diallo et toute la famille Diallo
Yama Diatta, Adama Tamba, Diatou Diatta Diop, Naa, Mummy, Cyndi, FARAH…Tamsir
Bathily, Pape Bathily, Abdoul Dé, Ndiaye Bathily et leurs enfants, Laye et Aldo Niane, Odile
Viola et ses filles, Sylvain Gauthier, Madame Guyen.

Mes amis Modou Amar Sarr, Oumar Karamoko Ndiaye, Siny Gaye, Aissatou Dieng, Mame
Mbenda Diop, Mouny Ndoye, Fanta Sow, Isabelle Céline Kane, Adama Djigo, Déguène
Mbodji Coumba Bathily, Ndiaye Bathily, Mamadou SARR, Tambérou Niane, Moustapha
TAll, Abdoulaye Ndiaye, Khaly Adama Ndour, Souleymane Diouf, Adjaratou Mafory
Fernandez (Tantie) , Maman Faye, Sophie Ndoye…
Je voudrai remercier toute ma famille, ma belle famille, Mes parents, mes oncles et leurs
épouses, mes tantes, mes frères et sœurs, mes belles soeurs, mes fils, neuveux et nièces
(Oulimata Mbengue, Pape Maodo Ndiaye, Serigne Modou Niane, Fatou Banel Niane, Ndèye
Oumy Fall…) mon époux, mes amis, qui ont souffert de mon absence, de mon indisponibilité.
Le temps de la thèse fut long. Merci pour tout le soutien et la patience. Awa Soukho Konaté,

7
Madame Sophie Diop Badiane, Monsieur Mamadou Mangane et son épouse, Monsieur et
Madame Ndiaye, Merci pour les prières

A la mémoire de Colonel Ousmane Kane, Mes chers pères Seydina Issa Laye et Papa Thiaw
arrachés à lřaffection de tous les siens, mon hommage posthume et ma gratitude infinie.

Merci à vous tous qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail !

8
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

ADM : Agence de développement Municipal


AMPC : Aire Marine Protégée Communautaire
ANAMS : Agence Nationale de la Météorologie du Sénégal
ANDS : Agence Nationale de la Démographie et de la Statistique
BU : Bibliothèque Universitaire.
CDE : Code du Domaine de lřEtat.
CEARC : Cultures Environnements, Arctique, Représentation, Climat
CERER : Centre dřEtudes et de Recherches sur les Energies Renouvelables
CEREQ : Centre Expérimental de Recherches et dřEtudes pour lřEquipement
COMNACC : Comité national sur les Changements climatiques
COMREEC : Comité national sur les Changements climatiques
CRIT : Ecole doctorale Cultures, Régulation, Institution et Territoires
CSE : Centre de Suivi Ecologique.
DAMPC : Direction des Aires Marines Protégées Communautaires
DAT : Direction de lřAménagement du Territoire
DEA : Diplôme dřEtudes Approfondies
DEFCC : Direction des Eaux et Forêts Chasse et Conservation des Sols
DEEC : Direction de lřEnvironnement et des Etablissements Classés
DN : Domaine National.
DPE : Domaine Public de lřEtat.
DPM : Domaine Public Maritime.
DPN : Direction des Parcs Nationaux
DPS : Direction de la Prévision et de la Statistique
DSAS : Digital Shorline Analysis System
DTGC : Direction des Travaux Géographiques et Cartographiques
DUA : Direction de lřUrbanisme et de lřArchitecture
EDEQUE : Ecole Doctorale Eau Qualité et Usages de lřEau
ENEA : Ecole Nationale dřEconomie Appliquée.
ESAM : Enquêtes Sénégalaises Auprès de Ménages
ESRI : Environmental System Research Institute
FLSH : Faculté des Lettres et Sciences Humaines.
GDT : Gestion durable des terres
GIEC : Groupe dřExperts Intergouvernementaux sur lřEvolution du Climat
Girmac : Projet de Gestion Intégrée des Ressources Marines et Côtières
GOANA : Grande Offensive Agricole pour lřAbondance
IFAN : Institut Fondamental dřAfrique Noire
IRD : Institut de Recherche pour le Développement
ISE : Institut des Sciences de lřEnvironnement
IST : Institut des Sciences de la Terre.
LARTES : Laboratoire de recherche sur les Transformations Economiques et
Sociales
LEG Least Developed Countries Expert Group
LERG : Laboratoire dřEnseignement et de Recherche en Géomatique.
MOLOA : Mission dřObservation du Littoral Ouest Africain
OMM : Organisation météorologique mondiale
PAPA sud : Projet dřAppui à la Pêche Artisanale
PDU : Plan Directeur DřUrbanisme

9
PLD : Plan Local de Développement
PRCM : Programme Régional de Conservation de la Zone Côtière et Marine
PSE : Plan Sénégal Emergent
DPC : Direction de la Protection Civile
DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
INP : Institut national de Pédologie
INTAC : Intégration de lřAdaptation au Changement Climatique dans le
Développement Durable au Sénégal
ISRA : Institut sénégalais de recherches agricoles
LOASP : Loi dřOrientation agro-sylvo- pastorale
LOAT : Loi dřOrientation sur lřAménagement du Territoire
LPDA : Lettre de Politique de Développement de lřAgriculture
PAN/LCD : Plan dřAction National de lutte contre la désertification
PNAE : Plan National dřAction pour lřEnvironnement adopté en septembre
PAFS : Le Plan dřaction forestier du Sénégal
PNAT : Plan National dřAménagement du Territoire
PNDI : Plan national de développement de lřirrigation
PNUE : Programme des Nations Unies pour l'Environnement
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour la science et la Culture
PODES : Plan dřOrientation pour le Développement Economique et Social
PRONARES :
PROVIA : Programme mondial de recherche sur les changements climatiques, la
vulnérabilité, les impacts et adaptation
PTIP : Programme Triennal dřInvestissement Public
SCA : Stratégie de Croissance Accélérée
SAPCO : Société dřAménagement et de Promotion des Côtes et Zones
touristiques.
SIG : Systèmes dřInformation Géographique.
SOFISEDIT : Société Financière Sénégalaise pour le Développement de lřIndustrie et
de Tourisme.
SRP : Stratégie de Réduction de la Pauvreté
SNCA : Stratégie Nationale de Croissance Accélérée
SDLAO : Schéma Directeur du Littoral dřAfrique de lřOuest
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
UVSQ : Université de Versailles Saint ŔQuentin en Yvelines
ZPP : Zone de Pêche Protégée

10
AVANT PROPOS

Les enseignements reçus à propos des « Grands Aménagements en Afrique de lřOuest »1, en
Licence de Géographie, nous ont renseigné sur le fait que, en matière dřenvironnement, dans
le cas de la Station balnéaire de Saly, la SAPCO avaient procédé à des opérations de
reboisement. Cřest dans cette optique que des études ont été menées, aboutissant au
reboisement de 400.000 arbres à Saly Sud et près de 500.000 à Saly Nord2.

Nous étions alors bien loin dřimaginer que ce nřétait quřun aspect dřun système plus
complexe et que les changements futurs allaient déplacer la problématique environnementale
de la zone vers dřautres ressources, différentes du végétal cette fois : le sol et la plage,
fragilisant ainsi les fondements du tourisme balnéaire.

Evidemment lřentrée par lřérosion côtière, par laquelle nous commençons cet avantŔpropos,
permet de mettre en exergue un enjeu économique de taille, le secteur touristique ; toutefois,
dřautres secteurs tels que la pêche, à travers la baisse des stocks de ressources halieutiques,
lřagriculture, à travers la dégradation des terres, le cadre de vie détérioré par les inondations,
nřen sont pas moins exposés.

Le littoral sénégalais, socio-écosystème vulnérable, est caractérisé par la « disparition » des


plages sableuses, la destruction dřhabitations et dřinfrastructures, lřabandon de villages et
zones touristiques, la modification ou la destruction des écosystèmes marins et côtiers, par la
salinisation des eaux souterraines côtières et des terres, et enfin la dégradation du couvert
végétal.

Autant de vulnérabilités sřinscrivent sur ce socio-écosystème ; des disfonctionnements qui


transcendent la dimension locale ou nationale. En effet, bien quřexigus et fragiles, les milieux
littoraux et côtiers présentent une richesse et une abondance de ressources naturelles qui
expliquent le fort attrait quřils exercent sur les populations humaines. Le littoral ouest africain
se montre vulnérable suite à lřimpact dřune concentration excessive de populations et
dřinfrastructures. Cette concentration croissante des populations a provoqué une
intensification des usages rendant le territoire de plus en plus vulnérable (Nonn 1974). Ceci
sans compter que des phénomènes probablement liés au changement climatique sont notés.

1
UCAD, Dakar, cours de Licence de géographie (1992-1993), dispensé par Ba A, chargé dřenseignements..
2
Etude dřimpact Environnemental et Social (EIES) pour la réalisation dřouvrage de protection (2005)

11
Tous les pays de la région connaissent des perturbations variées telles que les inondations,
lřérosion côtière, la baisse des stocks de ressources halieutiques, la dégradation des terres.

La concentration des activités économiques et des hommes sur un espace assez restreint
entraine lřexploitation excessive des ressources naturelles et la destruction des écosystèmes.
Elle pose également des problèmes dřaménagement du territoire. Malgré cette vulnérabilité de
plus en accentuée, le diagnostic permet dřidentifier plusieurs contraintes en matière de
connaissance notamment le manque de données, le manque de connaissance sur lřévaluation
économique des dégâts et des options dřadaptation… Pour aider les autorités à maîtriser cette
situation et faciliter une gestion durable des zones littorales et côtières, la recherche
universitaire sénégalaise a dû revoir en profondeur ses schémas dřanalyses, de recherches et
dřenseignements, pour en venir à appréhender des systèmes socio-écologiques complexes et
réhabiliter la notion de gestion territoriale comme meilleure approche du développement
durable.

La création du Master Gestion intégrée de développement des zones côtières et littoral en


Afrique de lřouest à lřUCAD depuis bientôt une vingtaine dřannées, sřinscrit dans cette
dynamique et permet de contribuer, alors, à une meilleure prise en charge des problèmes de
ces milieux. Sa mission est de former aux métiers de gestion du littoral. En partenariat avec
lřIRD, un observatoire (Observatoire des Vulnérabilités socio-environnementales) est
également créé. Il œuvre à renforcer les enseignements du master GIDEL de lřUCAD. Son
installation a proximité de la ville de Mbour et du complexe touristique de saly Portudal en
fait un terrain de stage privilégié pour la réflexion sur la gestion de la complexité des
systèmes littoraux et côtiers. Différents travaux auxquels a déjà participé activement
lřUniversité de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines avec lřéquipe du projetAdaptation
Research, a TransdISciplInary TransnatIonal Community and policy Centered approach
(ARTISTICC) ont déjà été menés sur le terrain. Lřobservatoire est membre de lřUnité Mixte
Internationale de recherche (UMI 236 RESILIENCES) qui associent à travers des disciplines
variées, différentes universités du Nord et du Sud.

Cette thèse fait suite à mon imprégnation et mon appartenance à ce dispositif institutionnel et
scientifique de recherche qui offre des opportunités de recherche tout en permettant
lřalimentation de lřobservatoire des vulnérabilités socio environnementales.

En invoquant plusieurs champs disciplinaires tels que la géomorphologie, la biologie, la


géologie, lřhydrologie ou la climatologie, les changements socio environnementaux que

12
nous abordons semblent à première vue distants de notre spécialité, la géographie humaine ;
les conséquences socioéconomiques et les bouleversements des logiques de développement
des territoires montrent cependant quřil sřagit de véritables problèmes à incidence sociale et
politique. Dans différentes branches de la géographie, la tendance va vers la
pluridisciplinarité, axée sur des méthodes, des définitions, des analyses… Il sřagit ainsi
dřapporter ici une contribution sur la vulnérabilité et les stratégies dřadaptation des territoires,
à partir des impacts produits par le changement climatique ou des influences exercées par les
pressions anthropiques.

Le changement climatique, un terme qui évoque des positions controversées, mais assez bien
ancré dans les politiques de développement, car lřhumanité est en alerte par différents
moyens. Une communication constante est instaurée, des scénarios sont développés et des
données permettent de saisir leur portée. Les incertitudes qui subsistent et le discours des
sceptiques ne parviennent pas à freiner les processus multidimensionnels dřadaptation
enclenchés à travers le monde. Cřest dans ce contexte que sřinscrit cette thèse qui, à partir
dřobservations sur des territoires administratifs, tente dřobserver et de faire ressortir les
manifestations sur le terrain dřimpacts potentiels du changement climatique et autres facteurs
installant les vulnérabilités. Les solutions en place, ou leur recherche, sřinscrivent dans ce
quřil est convenu dřappeler « adaptation ».

Cette thèse se veut donc une ouverture à lřaménagement du territoire, pour renforcer son
contenu et montrer son opérationnalisation à lřéchelle des territoires. Elle soulève dans son
ensemble une série dřinégalités écologiques (Theys, 2000 ; Villalbaet Zaccaï, 2007) qui
recouvrent quatre aspects fondamentaux : inégalités territoriales (urbain/rural), inégalités dans
l'accès aux facilités et aménités urbaines, inégalités dans l'exposition aux risques et nuisances
urbaines, inégalités enfin dans la capacité d'influence sur les politiques environnementales et
particulièrement urbaines.

13
INTRODUCTION GENERALE

De nos jours, le changement climatique apparait comme lřun des thèmes les plus soutenus
dans le débat scientifique. Du champ scientifique, il constitue également une préoccupation
politique du fait des différents enjeux quřil engendre avec une première réunion des chefs
dřEtat (Al Gore, Margaret Thatcher, Michel Rocard …) tenue en 1988 à Nordheim au Pays
Bas (Radanne, 2006). Il faut cependant reconnaître que le public et les médias ne furent
réellement alertés quřen 1992 avec le Sommet de Rio.

Cette question récente a ainsi fait lřobjet de différents travaux à des échelles variées, du global
au local, dans différentes disciplines, voire même pluri ou interdisciplinaires. Quřapporte
donc notre thèse à ce vaste champ qui peut paraître dans une certaine mesure assez bien
fouillé. On remarquera que lřinsuffisance des connaissances, de nombreuses incertitudes, des
polémiques lřentourent encore. Des stratégies, des mesures, des actions, des politiques restent
encore à apporter de façon urgente plus pour y faire face. La Convention Cadre des Nations
Unies sur les changements climatiques définit « changements climatiques » dans son article
premier comme suit. « On entend par changements climatiques, des changements de climat
qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition
de lřatmosphère mondiale et qui viennent sřajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables ».Une définition plus simple est fournie par le
GIEC qui le considère comme lřévolution récente du climat sur une certaine durée, quřelle
soit due à la variabilité naturelle ou aux activités humaines (IPCC, 2007).

Sřengager dans une recherche pour réaliser une avancée en vue dřune anticipation à une
échelle territoriale réduite (Commune, Communauté rurale) exige une compréhension du
phénomène, de ses manifestations à travers le monde et de sa contextualisation au Sénégal.

La révolution industrielle a engendré de profondes perturbations environnementales


notamment sur le plan atmosphérique. Les émissions de CO2 dans le monde sont la source
principale de gaz à effet de serre découlant des activités humaines. Les quantités émises sont
estimées aujourdřhui à 3, 2 milliards de tonnes par an. « Lřutilisation de combustible fossile
qui a porté en 1996 sur 6, 2 milliards de tonnes a presque quadruplé depuis 1950, constituant
ainsi une expérience planétaire qui ne peut être comparée à aucune autre ; elle a largement
surclassé le cycle naturel du carbone qui passe par les océans et les forêts » (Flavin et Dunn,
1998).

14
En plus de lřutilisation des combustibles fossiles, lřagriculture, lřélevage, lřutilisation
dřengrais il faut ajouter la déforestation tropicale, le transport, la production de ciment,
lřutilisation dřengrais, la réfrigération, la fabrication électronique… Cependant le fait le plus
spectaculaire est le rythme de croissance des émissions. Celles dues à lřusage du charbon, du
pétrole et du gaz ont augmenté entre 1990 et 2008 de 41%. La teneur de l'air en gaz
carbonique a atteint 385 parties par million en 2008, contre 290 avant la révolution
industrielle.

Lřexistence dřune influence humaine sur le climat, démontrée depuis une vingtaine dřannées
et documentée par le GIEC, prévoyait un doublement de CO2 vers la fin du 20ème siècle, si
rien nřest fait entrainant ainsi une augmentation des températures du globe de 1 à 3,5 degrés
centigrades. Même si les pays du Nord constituent les principaux émetteurs, les pays en
développement dont lřindustrialisation sřaccélère ont contribué à son augmentation rapide. Il
faut également y ajouter la rapide croissance des économies dřAsie.

Quelle que soit la responsabilité des uns et des autres les effets sont ressentis aussi bien au
Nord quřau Sud et, lřurgence de réduire les émissions, est dorénavant signalée. En effet les
perturbations continuent et, le taux de changement projeté au prochain siècle dmeure
inquiétant avec des impacts divers et variés et fortement redoutés à travers le monde.

Avec un sujet orienté sur les vulnérabilités, nous ne nous intéressons particulièrement quřaux
impacts négatifs du Changement climatique sans perdre de vue la probabilité dřimpacts
positifs pour certaines régions avec une meilleure productivité dans le domaine de
lřagriculture, de lřélevage et des pêcheries (Nkomo, 2006). En effet par rapport aux
prévisions, les risques sont réels mais fortement incertains. Les impacts sřavèrent inévitables
comme le fait remarquer le GIEC dans ses différents rapports (2008, 2010, 2014) en
soulignant : Les effets néfastes des changements climatiques comme les modifications de
lřenvironnement physique ou des biotes dues à des changements climatiques et qui exercent
des effets nocifs significatifs sur la composition, la résistance ou la productivité des
écosystèmes naturels et aménagés, sur le fonctionnement des systèmes socio-économiques ou
sur la santé et le bien-être de lřhomme.

Les impacts physiques sont la baisse des précipitations, lřélévation du niveau de la mer, une
hausse de la température des mers, des perturbations qui vont avoir des conséquences
écologiques (érosion côtière, baisse des stocks de poissons., inondation…) et économiques en
touchant lřhabitat, les infrastructures et différents secteurs dřactivités.

15
La Petite côte, contrairement à la Grande côte, présente une grande vulnérabilité à lřérosion
côtière. Sřétendant de Hann à Djiffère, elle est considérée comme un grand golf ouvert au Sud
de Dakar. Elle présente sur plan morphologique des formes variées, se caractérise par une
succession de caps rocheux et de baies sableuses, de flèches, des estrans courts, une réserve
sableuse très limitée (cordon littoral) et des transits sédimentaires faibles, en particulier dans
les secteurs de Hann à Bargny. Donc des zones dřengraissement et dřérosion cyclique sont
présentes, phénomènes à prendre en compte lors de lřinstallation dřinfrastructures dans la
zone littorale.

Lřérosion se manifeste ainsi dans différentes zones de la Petite côte, notamment dans des sites
de portée économique très remarquable tels que, Saly et Mbour ; différentes activités
(tourisme, pêche) sont réellement menacées. Depuis au moins 50 ans, un recul du littoral
estimé en moyenne à 1m/an, voire 1,30 m/an est observé (DEEC, 2006, Programme National
National de lutte contre lřérosion côtière). La rupture de la flèche de Sangomar est observée
en 1987 (Diaw, 1992). Le littoral notamment la Petite Côte devient sensible aux modifications
des systèmes naturels. Cependant en plus de ces facteurs physiques relevant de sa
configuration, la part de lřhomme à travers ses aménagements semble avoir largement
accéléré le processus.

Sur le plan socioéconomique, certaines communautés et collectivités territoriales sont déjà


aux prises des impacts des inondations, de lřérosion côtière, de la baisse des stocks de
ressources halieutiques, de la dégradation des terres.

La vulnérabilité repose sur les défis sociaux et économiques en particulier pour les sociétés
fortement dépendantes des ressources plus sensibles aux modifications du climat.

Le rapport récent du forum humanitaire global estime que 300 millions de personnes déjà sont
sérieusement affectées par le changement de climat (GHF, 2009). Les risques sont évidents
dans l'agriculture, lřélevage, la pêche, le tourisme, des secteurs clés de lřéconomie du Sénégal
où on note lřappauvrissement des écosystèmes, la baisse des productions (agricole, pastorale,
halieutique…), la précarisation des établissements humains, la pauvreté des régions
intérieures et la migration.

Sur le continent, le changement climatique accentue la vulnérabilité à la dégradation des


terres, aux inondations et à la sécheresse ; tant les agriculteurs que les collectivités connaitront
des difficultés pour protéger les actifs naturels et procéder à des adaptations dans leurs
systèmes de production. Il est reconnu que la dégradation des terres réduit les capacités

16
productives des terres cultivées, des pâturages et des terres boisées lorsque sřaccroit la
demande de produits alimentaires, de fibres, de carburant, dřeau douce, de fourrage, de
sources dřénergie pour les ménages. Ce phénomène est particulièrement alarmant en Afrique
où les terres constituent le principal atout des populations rurales pauvres (FAO, 2009). Le
secteur agricole occupe 70% de la population nationale traduisant ainsi lřenjeu économique
dans les régions de lřintérieur. Lřéconomie du pays reste encore fragile malgré des efforts
politiques considérables. En effet, au rythme actuel de progression, il faudra 30 ans environ
pour doubler le PIB par tête qui demeure lřun des plus faibles au monde avec 635 $ US en
2003. (Document de Stratégie de Réduction de le Pauvreté au Sénégal, 2006)

Les enjeux sont aussi importants sur le littoral, un espace particulier, dont lřattrait procuré par
lřadoucissement climatique et ses ressources sřest traduit par la concentration de
communautés. Ces dernières, caractérisées par leur hétérogénéité y ont développé
dřimportantes activités (pêche, tourisme, agriculture, etc.), contrôlées par une diversité
dřacteurs. La pêche par exemple, secteur clé, procure à plus de 600.000 personnes, des
emplois directs et indirects et représente 12% du PIB du primaire et le tourisme. Environ 60 à
65% de la population vit sur le littoral et des ressources provenant des activités qui sřy
mènent. Au Sénégal cette mutation brutale résulte des effets conjugués de différentes
tendances évolutives, politiques, économiques, sociales et environnementales dont il serait
présomptueux de prétendre fixer les influences respectives tant elles sont intimement
imbriquées. Parmi ces facteurs : lřinstallation de la vague de sécheresse sahélienne, la chute
de lřéconomie arachidière, La faible régulation des pêcheries la bulle immobilière
lřurbanisation des populations rurales…

Le littoral si stratégique sur le plan socioéconomique, constitue cependant un ensemble


vulnérable, caractérisé par lřérosion des plages sableuses, la destruction dřhabitations et
dřinfrastructures, lřabandon de villages et zones touristiques, la modification des écosystèmes
marins et côtiers, la salinisation des eaux souterraines côtières et des terres et la dégradation
du couvert végétal.

Ainsi, comme le notait Touré (2008) des études de vulnérabilité sřimposent pour trouver des
options dřadaptation pouvant minimiser les impacts négatifs des changements climatiques,
qui sřajoutent à des situations géographiques naturelles aggravantes. Ce qui sřintègre dans les
recommandations du GIEC (2001) en ces termes « Le souci dřadaptation apparait clairement,
pour contrer les risques au mode vie, à la santé et la sécurité et minimiser les coûts associés

17
aux impacts, il est important dřenvisager des stratégies dřadaptation. On entend par adaptation
un«ajustement des systèmes naturels et humains à un environnement nouveau ou
changeant ».Malgré les incertitudes sur les prévisions alarmantes, nul ne peut ignorer que les
stratégies dřadaptation demeurent lřenjeu de tous les pays dans le cadre dřune démarche
anticipative.

Lřatténuation et lřadaptation constituent deux domaines dřintervention définis au terme de la


mise en place de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique
(CCNUCC). Lřatténuation est constituée par toute intervention humaine visant à réduire les
« sources » de GES ou à valoriser les « puits » qui retirent le gaz carbonique de lřatmosphère
tandis que lřadaptation est considérée comme tout ajustement opéré dans les systèmes naturels
et humains en réponse aux incidences réelles ou attendues. Elleest une réponse aussi
importante que complémentaire à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle est
considérée comme lřensemble des actions menées de manière délibérée afin de réduire les
effets négatifs du phénomène et de mieux en saisir des opportunités. Sur le plan opérationnel,
selon le GIEC (2001), les options dřadaptation peuvent être regroupées en trois grandes
catégories soit, le retrait, lřaccommodement ou la protection. Ces options sont mises en œuvre
par divers acteurs au moyen de politiques, dřinvestissement dans les infrastructures et
technologies et de modifications de comportement dont lřefficacité appelle à une mobilisation
à une coordination notamment entre Nord Sud. En effet, comme le précise Adger (1999) ŖAt
present there is agreement, at least in principle, by the world's governments that human
impacts on the global climate system are significant. They further agree that these impacts are
important enough to demand co-ordinated international actionŗ3. En plus de la coordination à
lřéchelle mondiale, les initiatives régionales et nationales sont aussi importantes. Les coûts en
adaptation sont souvent élevés par rapport au PIB des zones côtières et il nřest pas garanti que
les coûts de protection soient entièrement absorbés au niveau national. A titre indicatif, les
coûts des aménagements contre lřérosion côtière font successivement 975 millions et trois
milliards de francs CFA à Saly et à Rufisque au Sénégal. Ainsi lřanalyse des vulnérabilités et
des capacités dřadaptation doit être menée à différentes échelles spatiales, de façon
simultanée : le national, le régional, le local et le domestique, le foyer ou le ménage.

3
Adger (1999) "À l'heure actuelle il y a un accord, au moins en principe, par les gouvernements du monde entier
que les impacts humains sur le système climatique mondial sont importants. Ils conviennent en outre que ces
effets sont suffisamment importants pour exiger une action internationale coordonnée.

18
Cette thèse tente ainsi de contribuer à une échelle réduite à la gestion des impacts potentiels
dřun « méta risque » en sřorientant particulièrement sur la vulnérabilité des territoires et les
stratégies dřadaptation. Elle se focalise sur une zone côtière spécifique fragile qui dispose
dřune partie continentale, encore rurale à forte connotation agricole. Dans ce contexte de
Changements globaux, les populations ne sont pas préparées à faire face aux perturbations qui
sřinscrivent surtout dans le long terme mais certaines manifestations sont déjà inquiétantes au
point de susciter la nécessité de recherche de stratégies qui inclut inévitablement la recherche
scientifique. Dans ce contexte, le diagnostic sur lřétat des connaissances permet de ressortir
plusieurs contraintes :

 Le manque des données de base pour la zone littorale (topographiques,


bathymétriques, socio-économiques et océanographiques) nécessaires à la
planification, à la gestion et à la protection côtière.
 Lřabsence dřune base de données cohérente/intégrée.
 Le manque de maîtrise des stocks et des prélèvements de ressources naturelles.
 Le manque de suivi des usages et des aménagements.
 Lřinsuffisance des capacités de modélisation (élévation du niveau de la mer et
impacts).
 Le manque de connaissances sur lřévaluation économiques des dégâts occasionnés,
des options dřadaptation et/ou de protection côtière.

Pour contribuer à lever ces contraintes, cette thèse met en exergue les facteurs humains dans
le déploiement des différents phénomènes. Elle fait lřétat des lieux des ressources, des usages
et des changements environnementaux et sociaux inhérents. En sřinscrivant dans les mentions
de gouvernance littorale et aménagement elle opte pour une stratégie dřadaptation axée sur la
mise en place dřun observatoire du littoral.

La démarche adoptée dans ce travail sřinscrit dans une approche territoriale. Lřobjectif est
dřassister les collectivités locales à développer des stratégies et des plans dřactions permettant
dřévaluer la robustesse dřoptions de développement face à de futures conditions climatiques.
Il sřagit aussi de renforcer les capacités des collectivités pour leur permettre de les intégrer
dans leur planification territoriale, dřidentifier des mesures dřadaptation ou dřatténuation, la
capacité des collectivités à retenir des mesures de régulation capables de tirer avantages des
sources internationales de financement pour mettre en œuvre ces mesures.

19
Démarche privilégiée

Inscrite dans la perspective dřadaptation, cette thèse se penche sur la vulnérabilité des
territoires face à certaines perturbations désignées comme impacts réels, ou manifestations
des impacts potentiels des changements climatiques à la fois naturels et anthropiques. Le rôle
de la géographie reste ainsi important dans ces dynamiques territoriales impulsées par des
phénomènes globaux. En effet « Des études concernant la vulnérabilité des différents
territoires à lřévolution des paramètres climatiques sont nécessaires, car ce sont les seules
études qui permettront de placer les changements à venir, anthropiques ou naturels dans un
contexte interdisciplinaire large, permettant dřassocier des facteurs socio-économiques ou
écologiques à lřétude physique du climat. La géographie en tant que discipline doit jouer un
rôle clef dans cette perspective. (Le Treut, 2010 in Dubreuil et al 2012).

La thèse est sous tendue par une connaissance des territoires, basée sur un diagnostic des
espaces, des ressources, des utilisations, des pratiques, des usages et des acteurs afin
dřidentifier les disfonctionnements qui, combinés au changement climatique, conduisent à une
situation de vulnérabilité ou lřaccentuent. Elle utilise également différentes approches de la
vulnérabilité, intégrant les niveaux physiques, économiques, sociaux, politiques,
institutionnels et culturels, analysées avec des données bibliographiques et de terrains,
collectés. Dans cette perspective, cette thèse se veut de contribuer au débat sur le changement
climatique, notamment de lřadaptation sur la Petite côte dans la commune de Mbour et
territoires mitoyens (Saly et Malicounda).

Mbour, une ville secondaire a connu une mutation brutale résultant des effets conjugués de
différentes tendances évolutives, politiques, économiques, sociales et environnementales. Il
serait cependant, présomptueux de prétendre fixer les influences respectives tant elles sont
intimement imbriquées. Parmi ces facteurs, on peut retenir : lřinstallation de la vague de
sécheresse sahélienne, la chute de lřéconomie arachidière, la faible régulation des pêcheries,
la crise foncière, la pression immobilière, lřurbanisation des populations rurales…

Les problématiques sont abordées comme des études de cas, suivant les territoires et les
enjeux environnementaux, socioéconomiques et politiques. Pour les usages, le bâti est surtout
traité au niveau de Mbour, évidemment avec ses imbrications en zone rurale (Malicounda), La
pêche et la transformation au niveau de Mbour et Saly, lřagriculture et lřélevage à
Malicounda, le tourisme à Saly. Par rapport aux perturbations environnementales, les

20
inondations concernent surtout la ville de Mbour, lřérosion côtière la commune de saly, la
dégradation des terres, celle de Malicounda.

Structuration de la thèse

La thèse se structure en en trois parties :

 La première partie, cadre théorique et présentation de la zone dřétude, est divisée en


trois chapitres. Après une discussion des concepts clés de la thèse, elle fait une
présentation de la zone dřétude à travers sa localisation spatiale, ses territoires, limites,
ressources, usages, et acteurs.

 La deuxième partie, Changement climatique et vulnérabilité des territoires, développée


sur trois chapitres fait une lecture de la question et de ses impacts du global à lřéchelle
des territoires étudiés avant de se pencher sur les formes que prennent la vulnérabilité
à partir dřun cadre dřanalyse approprié.

 La troisième et dernière partie, scindée en deux chapitres partie porte sur les stratégies
dřadaptation et fait la revue des incitations globales et locales des différents acteurs
pour faire face aux effets des perturbations enregistrées. En perspective, elle fait un
plaidoyer pour une stratégie dřadaptation axée sur un observatoire du littoral et prône
le suivi environnemental et social de lřutilisation de lřespace et des ressources, et la
nécessité de lřalimentation des connaissances des phénomènes à travers des études et
mesures régulières des systèmes sociaux et environnementaux, en vue dřune meilleure
adaptation porteuse de résilience.

21
Première partie :
CADRE THEORIQUE METHODOLOGIQUE
ET APPROCHE TERRITORIALE

Cette première partie de la thèse, cadre théorique, et approche territoriale est structurée en
trois chapitres. Elle présente toute la démarche méthodologique utilisée pour la collecte et le
traitement des données. Les outils de collecte, les cibles choisis sont tous indiqués. Une
discussin des concepts permet dřéclairer et dřapporter notre contribution à la compréhension
de certaines notions du moins dans le cadre ce travail. Lřapproche territoriale est
multidimentionnelle. Un diagnosctic basé sur la revue documentaire et les travaux de terrain a
permis de présenter les territoires à travers leurs aspects historique, politique,
environnemental et économique laissant ainsi voir des opportunités et des contraintes dont la
connaissance est fondamentale pour la gouvernance.

22
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA THESE

I. 1. Problématique

I.1.1. Contexte
Le Sénégal dispose de 718 km de côtes. En plus de cette extension linéaire, lřécosystème
marin et côtier, présente une diversité biologique significative, à forte valeur commerciale. La
pêche mobilise plus de 600.000 personnes, en considérant les emplois directs et indirects ; elle
représente 12% du PIB du primaire.

Les atouts physiques du littoral ont permis, depuis 1960, le développement dřun tourisme
balnéaire (Petite Côte, Casamance…) de plus en plus matérialisé dans les orientations
politiques. Le tourisme, maintenant diversifié sur la Petite Côte accueille plus de 100.000
personnes par an.

Le littoral est ainsi devenu une zone stratégique dont le développement continue dřêtre lié à
des facteurs exogènes. Il ne cesse de diversifier ses activités en plus de celles traditionnelles
comme la pêche, les usages et les fonctions de la mer qui ont beaucoup évolué. Les activités
traditionnelles liées à la mer sont essentiellement la pêche et ses dérivées, la riziculture,
lřexploitation de sel, la récolte de coquillage… Cet afflux massif de personnes révèle
cependant de forts dysfonctionnements. En plus des maux que connaissent toutes les villes,
faudrait-il ajouter ceux qui semblent être spécifiques aux villes littorales.

Les territoires étudiés représentent les zones où le tourisme est devenu lřactivité économique
prédominante (augmentant la valeur foncière), à coté des pêcheries (grandes communautés de
pêcheurs) dont la tendance au déclin est largement amorcée, même si elles restent érigées en
priorité politique et économique, tant au niveau national que local.

Mbour a très tôt bénéficié dřun effort de constitution dřune base de connaissances pour les
conditions naturelles locales et lřaménagement à des fins touristiques, notamment pour
lřaménagement de la station de Saly Portudal. Cependant lřanticipation de la dynamique
actuelle, impulsée par une forte demande dřaccès à lřespace et aux ressources dans un
contexte de variabilité climatique, reste à vérifier à plusieurs niveaux.

Les communautés depuis quelques années vivent également des inondations récurrentes les
rendant de plus en plus vulnérables. Les enjeux sont à la fois écologiques, socioéconomiques
et politiques. Sur le plan socioéconomique lřenjeu se rapporte aux fonctions de la zone côtière

23
qui abrite la majorité de la population et les infrastructures économiques, ce qui suppose ainsi
des pertes économiques potentielles. La destruction dřhabitations et dřinfrastructures, la
baisse des captures, la vulnérabilité dřune population croissante, la pauvreté représentent ainsi
le prolongement humain de situations enclenchées par des causes liées à la fois à des facteurs
dřordre physique, tels que la variabilité historique du climat voire les changements
climatiques, et anthropiques du fait de lřurbanisation rapide, de la croissance démographique,
de mauvaises pratiques dans lřexploitation des ressources. En effet, tel que précisé dans la
Déclaration de Johannesburg sur le développement (in Abeygunawardena et al La géographie
en tant que discipline doit jouer un rôle clef dans cette perspective. » (Le Treut, 2010 in
Dubreuil, 2012, Rapport Pauvreté et Changement climatique), « les effets préjudiciables des
changements climatiques sont déjà évidents, les catastrophes naturelles sont de plus en plus
fréquentes et dévastatrices, les pays en développement de plus en plus vulnérables». Des
enjeux politiques portent sur lřobligation de lřEtat, des collectivités locales à mobiliser des
fonds pour la protection ou pour secourir des sinistrés en cas dřinondation par exemple.

Mbour constitue un point de passage, marqué par la convergence de plusieurs acteurs et de


produits, généralement liés directement ou indirectement à la mer, et de ressources venant du
continent. Malgré une forte urbanisation, lřexploitation des ressources halieutiques a pu être
maintenue. Elle est reliée à la Commune de Saly, à vocation touristique résultant dřune
amputation de la communauté rurale de Malicounda (Commune de Malicounda) qui est
également la zone dřexpansion urbaine.

I.1.2. Objectifs et hypothèses


Lřobjectif général est de faire lřétat des lieux des ressources, des usages et des changements
environnementaux et sociaux liés à leur lřexploitation. En partant dřun postulat de
dégradation de lřenvironnement et des risques apparents, il sřagit dřaider à la mise en place
dřune structure dřobservation qui permettrait aux communautés locales, intégrées dans leur
contexte plus large, dřêtre plus à même de faire face au changement climatique et à leurs
conséquences. En fonction de lřobjectif général, nous sommes fixés quatre objectifs
spécifiques :
- faire la caractérisation des différentes formes dřoccupation et dřutilisation de
lřespace et des ressources et dégager les tendances évolutives ;

- identifier les formes que prend la vulnérabilité des territoires ;

24
- identifier les stratégies dřadaptation des différents acteurs face aux
perturbations ;

- évaluer les moyens et la disponibilité de lřinformation auprès des acteurs pour


faire les analyses et préventions nécessaires et identifier les niveaux
observation existants et interrelation.

Quatre hypothèses sont formulées :


- la dégradation de lřenvironnement marin et côtier serait accélérée dans la
commune et ses environs par les actions anthropiques ;

- les territoires à des niveaux différents présentent une vulnérabilité


environnementale, socioéconomique et politique ;

- les communautés et les collectivités locales ne peuvent à elles seules faire face
différentes formes de vulnérabilité ;

- les données pour un suivi environnemental et une anticipation sur des mesures
seraient lacunaires et inaccessibles ce qui nécessite la mise en place dřun
observatoire.

I.2. Discussion des concepts

I.2.1. Concepts relatifs à l’espace : échelle, contenu, complexité


Différents concepts sont à usage multiples, souvent par plusieurs disciplines et généralement
en dehors de leur champ dřapplication initial. Leurs significations sont complexes ou floues.
Ces définitions tirées de la revue documentaire sont adaptées à nos travaux ou discutées par
rapport à nos observations ou confrontées suivant des points de vue de différents auteurs.

Le premier concept que nous mobilisons est lřespace. Cřest un concept polysémique pouvant
même être caractérisé par une dispersion sémantique. Parler de lřespace en géographie revient
à faire lřépistémologie de la discipline, alors que lřobjet est partagé avec plusieurs disciplines.
Sociologues et économistes étudient des territoires communs : la ville, la campagne. Dans la
pensée dřun géographe, lřespace renvoie à une réalité dřune banale évidence dans la mesure
où lřobjet de la discipline se rapporte exclusivement à lřélément qui lui donne son nom : Géo,
la Terre ! « Penser lřespace » équivaut dřabord à « penser la Terre », espace de référence pour
tous ceux qui se réclament de la géographie (Thiaw, 2009). Lřespace Terre constitue
cependant une entité faite dřéléments emboîtés, aux dimensions, aux spécificités et aux

25
dynamiques très particulières, au point de justifier une réduction des échelles de perception
pour prétendre les étudier. Le souci de cette conceptualisation est donc de cibler des espaces
typiques non sans interaction dont la géographie sřoccupe régulièrement : lřespace urbain et
lřespace rural. Ceci revient à identifier un espace terrestre de référence. Lřespace et le temps
constituent deux éléments au cœur de la géographie qui sřintéresse aux aspects spatiaux de la
vie des sociétés, aux connaissances de lřespace et aux pratiques spatiales. Le géographe a
toujours eu une vision spatiale des faits quřelle exprimait à travers dřautres concepts tels que
le lieu, la région…. Et pendant longtemps, la géographie sřen est tenue à la description des
faits observés. Paul Vidal de la Blache définit la géographie comme la science des lieux et
non des hommes. Les espaces géographiques empiriques sont autant que possible calqués de
lřespace terrestre à travers ses différentes caractéristiques tandis que les espaces
géographiques théoriques se fondent surtout sur les théories dřautres disciplines telles que
lřéconomie.

Lřespace est ainsi un concept très usité par les géographes auxquels on a pourtant reproché de
ne pas lřavoir suffisamment défini. Dauphiné (1978) souligne que « la généralisation des mots
espace géographique est récente. Bailly et Béguin (1998) ont également relevé lřabsence de
définition du concept dans le dictionnaire de géographie relativement ancien de Georges
(1970) qui définit pourtant la géographie comme science de lřespace géographique. »4La
géographie, depuis ses origines, a identifié plusieurs espaces à significations différentes :
Lřespace absolu, espace relatif, espace perçu, espace vécu. Lřespace géographique est un
modèle dřespace construit, selon les géographes, pour formaliser scientifiquement les
caractéristiques de lřespace terrestre qui est également un espace produit, car portant
constamment lřempreinte des hommes, des sociétés, des cultures. Il nřy a pas de société sans
espace qui lui soit propre, un espace dřidentification. Dans ce travail sur le concept dřespace
est indissociable de celui de territoire qui lui confère une échelle, une dimension, un contenu.
Le territoire est un espace géographique qualifié par une appartenance juridique : territoire
national, ou par une spécificité naturelle ou culturelle : territoire montagneux, territoire
linguistique. Lřespace est un continuum et la notion de territoire est associée la
reconnaissance de limites ou de frontière qui peut être nécessaire ou arbitraire. Comme le note
Lima (2005) : « Découpage, espace et territoire forment un triptyque à géométrie variable. A
fortiori, quand les espaces de vie de la population sont impliqués dans la fabrique de

4
Dauphiné A. Espace terrestre espace géographique in les concepts de la Géographie

26
territoires, le schéma classique du passage linéaire de l'espace au territoire est compromis ».
En France, lřapparition en force du concept de territoire est liée à différentes mesures
politiques et de gouvernance majeure. Dans les années 1960-1970 durant lesquelles
lřaménagement du territoire, très conquérant en France, sřest développé, lřÉtat en occupant
une position majeure a créé une réelle distance entre lřéchelle de planification et
dřintervention nationale et le développement local. Dès cette époque, des tentatives de prise
en compte des besoins locaux émergent, autour des Programmes dřaction. Les années 1980 et
la décentralisation entraînent une focalisation sur les différents échelons issus de la
décentralisation, substituant à la notion de territoire celle de collectivité territoriale, qui isole à
la fois les pratiques et les représentations (Brunet, 1990). A la fin des années 1990, avec la
mise en place de la Loi dřorientation, dřaménagement et de développement durable du
territoire (LOADDT 99), dite « Loi Voynet », le territoire est ainsi reconnu à travers sa
fonction fédératrice des acteurs locaux et des institutions.

Le Berre, (1992). Le définit par « la portion de la surface terrestre délimitée et aménagée par
une collectivité selon ses besoins ; il contient l'idée d'autorité s'exerçant sur une surface dont
les limites sont reconnues, et celle d'utilisation et d'aménagement par un groupe social qui se
lřapproprie ; définition assez proche des concepts de terroir et finage. Lřutilisation dřun grand
nombre des composantes du territoire par lřaménagement du territoire pour réaliser ses
objectifs est aujourdřhui une constante qui anime dřimportants débats impliquant plusieurs
disciplines, or, la ville est au cœur de cette problématique (Diop, 2004). Lřaménagement du
territoire couvre une réalité plus vaste. Il sřagit, dřune politique qui implique une mise en
valeur rationnelle de lřespace et lřutilisation optimale des ressources naturelles en vue dřun
développement économique plus harmonieux. Trois territoires sont étudiés dans cette thèse et
constitue des échelons administratifs politique conformément à la loi (96-02) portant Code
des Collectivités du Sénégal. Sur le plan spatial à des aires géographiques urbaine et rurale
définies sur le plan administratif et juridique. En plus de leur spécificité, en tant que
collectivités, les Communes et Communautés rurales sont investies de prérogatives leur
permettant de développer des stratégies de gestion.

« La commune est une collectivité locale, personne morale de droit public. Elle regroupe les
habitants du périmètre d'une même localité unis par une solidarité résultant du voisinage,
désireux de traiter de leurs propres intérêts et capables de trouver les ressources nécessaires à
une action qui leur soit particulière au sein de la communauté nationale et dans le sens des
intérêts de la nation. Le conseil municipal par ses délibérations, le maire par ses décisions, par

27
l'instruction des affaires et l'exécution des délibérations, concourent à l'administration de la
commune. Les grandes communes peuvent être divisées par décret en communes
d'arrondissement. Elles prennent alors la dénomination de " Ville "5.

La Commune de Mbour est plus ancienne et date 1926, tandis que celle de Saly de Portudal,
amputée de la communauté rurale de Malicounda, est née des derniers processus de
communalisation en 2008, elle est créée par décret N° 2008-748 du 10 juillet 2008 (Ministère
de la décentralisation et des collectivités locales). En 2014 lřacte 3 de la décentralisation
instaure la communalisation intégrale et lřancienne Communauté rurale de Malicounda
devient Commune

En parlant de Commune, il nous est utile de définir également la ville qui est devenue une
réalité incontestable dans lřorganisation de lřespace sénégalais. Le dynamisme
démographique et la mobilité de la population ont impulsé sa croissance. Depuis 1960, le
Sénégal connut une forte croissance de sa population urbaine. Le taux actuel dřurbanisation
est estimé à 45%. La poursuite de cette tendance entraînera un taux dřurbanisation égal à
56,4% en 2021.

La ville est un groupement de population agglomérée défini par un effectif de population et


une forme dřorganisation économique et sociale. De cette définition ressortent des critères
démographiques, des critères économiques et sociaux. Ces derniers permettant de renseigner
sur la fonction de la ville en question.

Suivant les conventions statistiques de chaque pays, une ville a au moins une population de
2000, 5000 ou 10000 habitants. La particularité de la ville réside également sur la diversité
des activités et la formation dřune société complexe. « Il y a ville, quand la localité est
fortement agglomérée et peut fournir de façon pérenne une gamme très variée de fonctions
dont la plupart sont relativement motrices » (Diop, 2005).

La typologie des villes, selon certains auteurs, a toujours été fondée sur leur spécialisation
laquelle est liée aux fonctions effectivement exercées. Le site et le mobile historique ayant
présidé à leur création, constituent des éléments dřinterprétation majeurs. En plus du site qui
relève surtout de fait historiques fondant sa création, les typologies de villes sont définies
suivant des aspects opérationnels renvoyant plus aux fonctions quřelles assurent.

5
Article 77 de la loi 96-06 du 22 mars 1996 portant Codes des collectivités locales

28
Aujourdřhui les relations entre territoire sřappréhendent de différentes façons en termes
dřavantages et dřinconvénients des uns et des autres. Les situations observées dans la zone
dřétude posent une difficulté de lisibilité spatiale des territoires quant au rattachement de
certains territoires périurbains. Sont-ils rattachés à Saly, Mbour ou Malicounda. Cřest la ville
qui se territorialise, qui court sur le territoire, qui devient ville-territoriale, ville-région…

Lřarticle 192 Code des Collectivités locales définit : « La Communauté rurale est une
personne morale de droit public est dotée de lřautonomie financière, est constituée par un
certain nombre de villages appartenant au même terroir unis par une solidarité résultant du
voisinage » ; cet échelon territorial disparait avec lřacte III de la décentralisation qui instaure
la communalisation intégrale. La Communauté rurale de Malicounda devient Commune.

Il convient de souligner la confusion qui règne dans les définitions des concepts de rivage,
côte et littoral. Celui de littoral reste dřailleurs relativement récent (18ème siècle). La définition
peut varier selon les disciplines. En morphologie, le littoral se subdivise en deux parties que
sont la côte et le rivage. La côte est une « bande de terre de terre confinant à la mer qui […]
ne subit quřindirectement lřinfluence des actions marines » (Baulig, cité par Georges P. dans
le dictionnaire de Géographie, 1970). Le rivage se trouve directement au contact de la mer et
souvent assimilé à lřestran correspondant à la zone de balancement des vagues. Il est noter
dorénavant les dynamiques que connaissent ces milieux suivant lřimplantation humaine,
lřurbanisation et les grands aménagements tels que les ports, les stations balnéaires pour le
tourisme mettant ainsi en place des activités autre que la pêche.

Dans le dictionnaire de géographie de Georges et Verger (1970, 1996), il est défini comme un
domaine géographique où se déplace la ligne de rivage qui est la ligne de contact instantané
entre lřatmosphère, la lithosphère et lřhydrosphère. Le littoral sřétend de part et dřautre de
cette ligne et comprend des étendues marines et estuariennes ainsi que des étendues émergées.
Le terme est donc étendu à lřespace influencé par les forces marines agissant au contact du
continent intégrant ainsi la côte : bande de terre confinant la mer et qui vue de large, présente
un certain relief développé horizontalement. Cette bande ne subit quřindirectement lřinfluence
des actions marines ainsi que la partie de la mer qui subit lřinfluence directe de la terre ferme :
réfractions, diffraction, réflexion, apports massif de sédiments, éléments aujourdřhui
fortement perturbé par les constructions. Brunet (1993) le définit comme un rivage maritime
ou lacustre ; il est synonyme de côte. Selon le dictionnaire thématique Histoire, Géographie
(2ème édition 1991, page 287) le littoral, au sens strict, est une bande de terre plus ou moins

29
étroite comprise entre le niveau des plus hautes mers et celui des plus basses mers. Cřest donc
lřéquivalent de lřestran. Plus largement, lřespace littoral correspond au domaine terrestre
directement soumis aux actions marines (marées, vagues, tempêtes). Autrement dit le rivage.

Diaw(1999) la présente à partir de critères physiques et humains. Sur le plan physique il


constitue une zone variable, un domaine de contact entre lřhydrosphère, lřatmosphère et la
lithosphère (définition présentée par Verger, 1996) ; cřest aussi un milieu dřéchanges (entre
milieux physiques) soumis aux lois de dépendance de ces milieux (fluides et solides). Sur le
plan humain, il est un milieu de fréquentation et dřactivités spécifiques, un lien de rencontre
de flux économiques et humains.

Le littoral est ainsi source dřenjeux animés par son peuplement, les spéculations foncières, ses
multiples fonctions industrielles, portuaires, agricoles, touristiques ...

Kane (1992) souligne la pluralité des définitions consacrées au littoral et insiste sur sa
spécificité caractéristique et son interaction avec le continent. Ligne ou espace, il demeure un
milieu de topographie bien affirmé aux caractères biogéographiques typiques. Ses populations
ont pendant longtemps pratiqué une économie de cueillette dans un environnement bipartite,
la mer et le continent, ces deux éléments conditionnant la vie du littoral. Il constitue une
discontinuité majeure de lřespace terrestre située à lřintersection de deux périphéries : lřune
continentale, le Finistère, lřautre maritime, « le finismer ». Ce dispositif spatial se traduit par
des caractéristiques physiques, économiques, sociales et paysagères singulières. La
compréhension des organisations tant physiques quřhumaines quřil génère est facilitée par
lřusage de la méthode systémique (Cabanne, 1999). Le Rivage est un domaine terrestre et
intertidal bordant la mer. La ligne de rivage étant le point de rencontre entre la mer et la terre.

Aujourdřhui des termes comme la littoralisation, la Loi sur le Littoral, sont au centre de
lřurbanisme ou de lřaménagement du territoire. La littoralisation traduit un mouvement et une
concentration des populations et des activités vers les côtes.

Sur le plan spatial, le Sénégal Limité à lřouest par lřocéan atlantique et doté dřune frange
littorale dřenviron 700 km de long et dřun espace maritime de 198000 km². Le littoral
sénégalais sřétend ainsi de Saint Louis au Cap Roxo. Il est divisé en deux côtes séparées par
la presquřîle du Cap Vert : la Petite Côte au sud et la grande côte au nord. Dans notre travail,
le concept de trait de côte constitue la limite de référence entre les domaines terrestres et
marins. Le passage de lřun vers lřautre est progressif dans lřespace et mobile dans le temps

30
caractérisant ainsi lřambigüité du terme. Par rapport à lřérosion ces deux notions restent
centrales, il est question de la variabilité de la ligne de rivage ou recul du trait de côte.

Du Grec zôné, zone renvoie à Ceinture. Le terme de zone a connu un succès croissant. A
lřorigine cřest un terme dřastronomie, partie dřune sphère comprise entre deux parallèles ; qui
a été utilisé par les géographes de lřAntiquité pour la description des climats à la surface du
globe : zones polaires ; zones tempérées ; zone torride ou désertique ; zone tropicale. Le terme
zone est très utilisé en urbanisme pour désigner des portions du territoire qui font lřobjet de
réglementation particulière en matière dřaménagement et de construction : ZUP (zone à
urbaniser par priorité) ; ZAC (zone dřaménagement concerté).

Les zones côtières constituent les zones d'interface ou de transition entre la terre et la mer, y
compris les grands lacs intérieurs. Elles sont variées par leur fonction et leur forme,
dynamiques et peuvent difficilement être délimitées de façon stricte dans l'espace.
Contrairement aux bassins versants, il n'existe pas de frontières naturelles précises qui les
délimitent clairement.

Parmi ces concepts figure le domaine public maritime (DPM) qui est la limite atteinte par les
plus fortes marées, ainsi quřune zone de cent mètres de large à partir de la limite atteinte par
les plus fortes marrées (Loi N°2001-01 du 15 janvier 2001 portant Code de lřEnvironnement
du Sénégal article 5 A). Elle englobe les rivages de la mer couverte et découverte lors des plus
fortes marées ainsi quřune bande de 100m de large à partir de la limite atteinte par les plus
fortes marées.

Le littoral est un système complexe. Il est un espace à multiples ressources et enjeux. Cřest un
espace dřinterface en interaction avec le continent dont la complexité se traduit à travers sa
définition et ses usages, ses acteurs multiples mais aussi une fragilité croissante des
équilibres.

Selon le Dictionnaire de la géographie de Georges et Verger (1993), lřintroduction de la


notion de système en géographie met en évidence les relations structurelles et dynamiques des
différents éléments agissant sur lřensemble des données dřordre économique, social, culturel,
technique et politique concernant une portion dřespace et conditionnant ses relations avec
dřautres portions dřespace.

La dynamique des sytèmes était déjà développée par Forester en 1958. Selon PAULRE B
(sans date), la thèse centrale de Forester était que la structure du système (en un sens précis

31
quřil définissait) à partir de relation dřinformation, des délais, des points dřamplification) était
responsable de sa dynamique. Si cette dynamique avait des propriétés non désirées, il
convenait alors dřintervenir en modifiant la structure ou les règles de comportement. Le
système peut être maîtrisé par la première cybernétique qui est considérée comme la
conception dřun monde dans lequel, une certaine maîtrise des systèmes est envisageable à
partir dřune position dřexpertise ou dřun pilotage extérieurs au système. La complexité
renvoie à la combinaison de plusieurs éléments différents. IL évoque la multiplicité des
relations entre de multiples éléments et les effets induits dřinhibition ou de renforcement
selon son état. Les relations de cause à effet ne sont pas linéaires, notamment en matière
dřadaptation ou de résilience des systèmes face aux effets du changement climatique.
Sřagissant du littoral, du fait dřune forte attractivité et de la multiplicité des pressions, la
complexité se traduit par une fragilité accrue des équilibres (Le DELEZIR R.2008)

Lřévolution est fonction de toutes ces interactions, variables à diverses échelles de temps et
dřespacedřoù la nécessité dřune approche systémique qui intègre sa complexité, les
interactions et lřorganisation de lřespace. Lřapplication de la théorie des systèmes complexes
repose sur 4 principes fondamentaux (totalité, interaction, homéostasie, équi-finalité).

I.2.2. Interaction de ces concepts dans notre travail

Les différents concepts présentés occupent une place centrale dans nos travaux. La difficulté
est quřils sont en général polysémiques et leur complexité est enrichie par lřémergence de
nouvelles disciplines. Certaines notions tel que « espace » ont souvent paru par définition
élémentaire ou banale dans notre discipline quřest la géographie. La recherche de précision
nous a conduits à travailler sur des territoires aux limites plus moins précises que sont les
Communes et les communautés rurales, des espaces institutionnels. Des espaces
institutionnels qui se localisent cependant sur des espaces plutôt influencés par des facteurs
géographiques, les zones littorales. Le retour à la citoyenneté et à la politique de
développement local qui inclut un ensemble dřacteurs justifie également cet intérêt à une
approche territoire de cette recherche. Le territoire renvoie à une relation entre espace et
société marquée également par une certaine historicité. La concrétisation de certaines notions
telles que vulnérabilité, adaptation, ou résilience se heurte à bien des difficultés.

32
I.2.3. Concepts relatifs à l’environnement et aux ressources
Ils constituent deux concepts qui occupent une place centrale dans nos travaux à travers les
composantes des territoires et des perturbations analysées. Ils présentent les potentialités et
sont aussi récepteurs des impacts des perturbations.

Au niveau institutionnel, en France et au Sénégal, la question environnementale fut pendant


longtemps rattachée au Ministère de lřagriculture dans différents pays tels que la France, le
Sénégal. Le concept peut paraître flou et polysémique, mais elle se précisera progressivement
en prenant en charge différentes préoccupations.

Le voisinage, lřentourage habituel dřune personne, milieu dans lequel il vit, lřensemble des
éléments naturels et artificiels qui conditionnent la vie humaine ont constitué les contenus des
concepts. Cřest ainsi quřon peut retrouver de multiples définitions du concept
dřenvironnement :

Harant et Jarry (1964) insistant sur l'objet, le considère comme l'ensemble des facteurs
biotiques (vivants) ou abiotiques (physico-chimiques) de l'habitat. Son étude relève de
l'écologie

Ternisien (1971) insiste plutôt sur lřimpact unidirectionnel « Ensemble, à un moment donné,
des agents physiques, chimiques et biologique et des acteurs sociaux susceptibles dřavoir un
effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les activités humaines

Hirschhorn (1997) insiste sur les relations réciproques « influences et conditions extérieures
affectant la vie et le développement dřun individu et dřune communauté, notamment lřair,
lřeau et le sol, et rapports de ces éléments avec tous les êtres vivants. ».

En effet, l'environnement est d'abord une question de relations. Il est défini dans le
Dictionnaire Le Robert, 1990 comme ŖLřensemble des conditions naturelles et culturelles
susceptibles dřagir sur la naissance et le développement des organismes vivants et des
activités humaines.ŗ

Vaillancourt (1995) le présente comme « un système organisé, dynamique et évolutif de


facteurs naturels (physiques, chimiques, biologiques) et humains (économiques, politiques,
sociaux, culturels) où les organismes vivants opèrent et où les activités humaines ont lieu, et
qui ont de façon directe ou indirecte, immédiatement ou à long terme un effet ou une
influence sur ces être vivants ou sur les activités humaines à un moment donné et dans une
aire géographique défini. »

33
Sur le plan biophysique, lřenvironnement est constitué dřécosystèmes complexes et en
interrelation. Certaines de leurs composantes sont recherchées par lřhomme pour ses usages
propres de consommations et dřaménité. Elles constituent ainsi des ressources

Georges et Verger (2006) relèvent lřévolution de lřusage du concept emprunté à lřécologie.


Le terme jadis banalisé et utilisé pour désigner les marges dřune installation humaine,
résidentielle ou productive entra dans le vocabulaire politique et de lřévaluation des qualités
ou des nocivités de lřespace géographique. Il est aujourdřhui appliqué à lřobservation des
effets des activités humaines de tous ordres sur leur entourage par un renversement du terme
qui dans la science de la nature procède de lřétude de lřaction du milieu. Les études
dřenvironnement prennent place dans la politique de gestion et dřaménagement du territoire.

Plusieurs échelles dřanalyse ont été proposées pour caractériser lřenvironnement biophysique
à lřéchelle locale tels que les territoires, les paysages, les écosystèmes, etc. (Richard, 1975,
Bertrand, 1978)

La dimension sociale de lřenvironnement englobe les individus, les familles, les


communautés, les organisations et institutions ayant des modes de fonctionnement, de
régulation et dřinteractions sociales différenciés. Ce qui dénote lřimportance de la diversité et
lřemboitement des niveaux dřéchelles impliqués dans les relations sociétés et environnement.

La traduction en politiques de préoccupations environnement est marquée par La Loi N°


2001-01 du 15 janvier 2001 portant Code de lřenvironnement du Sénégal qui définit
lřenvironnement comme « lřensemble des éléments naturels et artificiels ainsi que des
facteurs économiques, sociaux et culturels qui favorisent lřexistence, la transformation et le
développement du milieu, des organismes vivants et des activités humaines ».

Le code de lřenvironnement du Sénégal dès son article premier précise sa place et les
responsables de sa gestion. « Lřenvironnement sénégalais est un patrimoine national, partie
intégrante du patrimoine mondial. Sa protection et lřamélioration des ressources quřil offre à
la vie humaine sont dřintérêt général et résultent dřune politique nationale dont la définition et
lřapplication incombent à lřEtat, aux collectivités locales et aux citoyens. Tout individu a
droit à un environnement sain dans les conditions définies par les textes internationaux, le
présent Code et les autres lois de protection de lřenvironnement. Ce droit est assorti dřune
obligation de protection de lřenvironnement ».

34
Lřétude et la compréhension de problèmes environnementaux intègrent les notions
dřéchelles ; en effet les entités restent très variables. Si certaines, du fait de leur grandeur ne
donnent quřune vue suggestive des phénomènes traités, les précisions sont plus apportées par
des échelles réduites.

Les échelles de perception de l'environnement peuvent être schématisées selon leur niveau
d'occurrence, les ensembles territoriaux concernés et les acteurs impliqués. En dehors de la
perception, l'appréciation de l'environnement peut être mise en parallèle - les territoires en
comparaison avec les acteurs.

Tableau 1 : Echelles d’intervention sur l’environnement


Echelles Territoires Intervenants
le niveau global Planète Pays
le niveau régional Continent Océan Région
le niveau sous-régional Sous continent Mer Localité
le niveau national Pays / Bassin versant
le niveau communautaire Collectivité Famille
le niveau local Ville / Village /Quartier Individu
Source : Ndiaye P. (2009)

A lřéchelle locale, le territoire peut être plus réduit quand il sřagit par exemple de quartier.

Différentes dimensions de lřenvironnement, ses composantes physiques et humaines, leurs


interrelations intéressent nos travaux.

Dans le cadre de cette thèse qui prône surtout un suivi environnemental et social de
lřutilisation de lřespace et des ressources, il est surtout question de prédiction et de gestion
anticipative des impacts potentiels des différentes activités et aménagements sur lřespace et
des ressources.

Les ressources ont un fort ancrage avec lřespace. Elles sont localisées dans des milieux
particuliers dont lřhistoire et les dynamiques conditionnent leur présence, leur abondance et
leur qualité. Les relations entre les ressources et les espaces qui les génèrent ou les supportent
apparaissent ainsi fondamentales à appréhender pour envisager leurs usages et leur gestion.

Les ressources sont marquées par des disponibilités évolutions régressives ou positives de
lřEtat de lřenvironnement. Le Système de Ressources du Territoire (SRT) est un ensemble
organisé dřinteractions entre les ressources dřun espace approprié par une communauté pour
assurer la satisfaction de ses besoins présents et futurs.

35
Les ressources du territoire qui seront présentées sont constituées de deux grands groupes :
Les ressources environnementales (Eau, Air, la faune, la flore, les zones humides, les plages,
les dunes …) et les ressources sociales. Certaines ressources physiques jouent un rôle
important dans la lutte contre lřérosion côtière mais les différentes pressions quřelles
subissent (extraction de sable, modification de la topographie ou leur destruction par la
construction finissent par rendre ces zones vulnérables.

Figure 1 : Systèmes de ressources du territoire Source : Revel (1990 in Tudrez 2007)


Par rapport à lřespace et aux ressources, en plus des usages, il est important de souligner des
aspects purement socio-culturels relatifs à la valeur qui leur est affectée. Le concept de valeur
signifie en sociologie, une manière dřêtre ou dřagir quřune personne ou une collectivité
reconnaît comme idéale (Durkeim, 1898). La valeur sert ainsi de repère, dřorientation à une
société et définit son comportement dans tous les domaines de la vie : relations humaines,
activités, relation à la nature. Sous ce dernier angle, la relation de lřhomme à la nature est une

36
relation dřharmonie. Lřhomme affecte à la nature une sensibilité et pense pouvoir la blesser,
elle devient alors objet de culte. Donc le rapport à la nature est un élément de la régulation
sociale au même titre que sřadonner à la religion (Thiaw 1995, 2002).

Il existe des relations cosmogoniques entre lřhomme, lřespace et les ressources naturelles.
Lřexploitation et lřutilisation des ressources sont accompagnées de plusieurs rituels et
croyances leur conférant ainsi un caractère sacré et exclue par conséquent tout gaspillage ou
accès non conforme aux prescriptions déterminées par la société. La société va donc se penser
dřune certaine manière, et ces valeurs mystiques, culturelles, affectées à la nature conduisent à
lřétablissement de normes, de règles de conduite et de rites. Leur efficacité, leurs faiblesses et
les mesures éventuelles de renforcement seront aussi abordées dans notre thèse.

I.2.4. Concepts autour du changement climatique : origines, emprunts et usages

I.2.4.1. Vulnérabilité
Lřémergence du concept est à rapprocher de celui de risque. Les naturalistes sont les premiers
à sřintéresser au risque, en raison de la nature des aléas (éruptions, tremblements de terre).
Dřautres scientifiques (sociologue, géographe…) sřintéresseront aux aspects humains des
catastrophes. On parlera ainsi de vulnérabilité physique et de vulnérabilité sociale. Mais
faudrait-il dřabord sřaccorder sur ce quřest le risque dans le cadre de cette thèse.

Pour (Wisner, 2003) elle désigne lřensemble des caractéristiques et la situation dřune
personne ou dřun groupe qui influencent leurs capacités à anticiper, faire face, résister et se
rétablir après lřimpact dřun aléa.

La vulnérabilité est considérée à la fois comme a) simple degré dřexposition (GIEC 2001) au
risque, b) conséquence et c) facteur de risque. Cřest ainsi que pour Adger (1999)
« Vulnerability means the exposure of individuals or collective groups to livelihood stress as a
result of the impacts of such environmental change ...» En ces termes, elle est de nature
double associant fragilité environnementale et/ou humaine dřun système face à une
perturbation. Elle traduit la probabilité dřune personne, quřelle soit pauvre ou non, à subir une
perte significative de bien-être en conséquence dřun changement de situation (ou dřun choc).
Les populations des zones côtières sont également différemment vulnérables. En effet, à
lřéchelle dřune même entité administrative, ou zone écogéographique, les formes de
vulnérabilité peuvent être variables.

37
Il nous est possible à ce niveau dřinvoquer des concepts telle que lřexposition et la sensibilité
dřun système. Lřexposition est la nature et le degré dřun système exposé à des variations
climatiques significatives (GIEC 2001). Elle peut sřappliquer aux populations ou dřautres
éléments du système. Quant à la sensibilité du système permet dřapprécier les impacts
potentiels environnementaux et socioéconomiques. En effet la sensibilité est le degré avec
lequel le changement climatique cause des changements dans les systèmes environnementaux
ou les activités socioéconomiques (GIEC 2001). Lřanalyse de la vulnérabilité porte donc tant
sur la nature des forces agissant sur le bien être dřune personne que sur son aptitude sous-
jacente à se protéger des risques et des chocs auxquels elle est exposée. Pour Provitolo D.
2009, il sřagit dřune analyse à connotation négative contrairement à la résilience.

Pour résumer, La vulnérabilité dřun système ou dřune communauté au changement climatique


est déterminée par son exposition (cadre physique et sa sensibilité) et par sa capacité et son
opportunité à sřadapter au changement. Appliquée à lřéchelle dřun écosystème particulier tel
que le territoire littoral, la vulnérabilité dépend de son exposition à des perturbations mais
également de la nature même de ses composantes et de leurs interrelations.

La vulnérabilité apparait comme un concept dynamique : dřabord considérée comme simple


degré dřexposition au risque. Dès lors les questions fondamentales à se poser sont : La
vulnérabilité est-elle résultat ou origine de la perturbation ? La vulnérabilité caractérise t-elle
une situation statique ou évolutive ? Est-elle par ailleurs un phénomène social construit par
des dynamiques institutionnelles et économiques ?

La vulnérabilité sociale reste fondamentalement liée aux facteurs socioéconomiques,


institutionnels et culturels. Des indicateurs tels que le niveau dřéducation, les revenus, la
diversification des moyens dřexistence, le statut foncier peuvent permettre de lřapprécier. Ces
éléments renvoient au niveau de développement qui constitue un des axes mentionnés dans le
cadre dřanalyse de la vulnérabilité (Magnan, 2009).

La vulnérabilité, peut inclure le contrôle citoyen à travers « la sécurité des individus et des
sociétés, déterminée non seulement par les réponses probables auxquelles dépendent les
individus mais par leur disponibilité et crucialement par leur droit de les réclamer ».

Sřagissant de ce travail fondé sur un territoire non abstrait, celui du géographe, le cadre
dřanalyse de la vulnérabilité du territoire de Magnan (2009) a été largement adopté ; il
sřarticule sur six axes portant sur des aspects physiques, environnementaux,
socioéconomiques, politiques.

38
Lřapproche territoriale identifie la notion de vulnérabilité endogène qui relève de la
fragmentation des compétences entre collectivités locales qui apparait dans la structuration
politico-institutionnelle de Magnan (Gilbert, Pigeon et Boudières (2005) cités par
Donze, 2007).

Il existe différentes échelles dřexposition aux risques telles que lřindividu, le ménage, les
communautés intégrées ou les nations. La vulnérabilité étant leur prédisposition à subir les
effets négatifs des risques ou leur incapacité à y faire face.

Dans le domaine des études sur le développement, l'émergence du thème de la vulnérabilité


économique des populations date du début des années 2000. Elle s'est inscrite dans le sillage
des analyses sur la pauvreté et a rejoint lřanalyse des conséquences des désastres naturels,
politiques ou autres qui plongent ou maintiennent une partie de la population dans la pauvreté.
Lřéconomie conceptualise généralement la vulnérabilité des populations comme le résultat
dřune réponse insuffisante à un risque qui, ici, est celui de devenir pauvre. Les travaux sont
concentrés sur la mesure de la pauvreté, et la construction dřindicateurs pour lřappréhender le
plus finement possible. Lřanalyse de la vulnérabilité par les moyens dřexistence (livelihoods)
est le reflet dřun rapprochement entre lřéconomie et la sociologie (Chambers et Conway,
1992, Ellis et Freeman, 2005).

A titre dřexemple, de nouvelles études confirment que lřAfrique est un des continents les plus
vulnérables à la variabilité et aux changements climatiques à cause de multiples pressions et
dřune faible capacité dřadaptation. Une certaine adaptation à la variabilité climatique actuelle
a lieu, cependant elle peut être insuffisante pour les changements climatiques futurs (GIEC,
2007). Les enjeux se définissent par la valeur des éléments qui constituent un système
vulnérable face à une crise.

La vulnérabilité est souvent assimilée à la pauvreté ou à la précarité, des concepts forts


différents. La précarité peut être vue selon différents angles comme le domaine du logement,
du travail, de l'hygiène, de la santé mentale et physique, de l'isolement social et familial, etc.

Selon Furtos (2005, 2007), trois principaux stades sont distingués dans la caractérisation des
situations :

 la perte est pensable, c'est la précarité normale ou zone d'inclusion. Elle peut produire
des souffrances sans empêcher de vivre.

39
 la précarité exacerbée ou zone de vulnérabilité à la perte possible. Celui qui a peu ou
pas perdu sur le plan économique commence à avoir peur de perdre : « A quand mon
tour ? » ; la souffrance commence d'empêcher de vivre. Dans ces deux premiers stades
les objets sociaux sont globalement conservés.

 Le troisième stade est celui de la vulnérabilité assistée où il y a perte des objets


sociaux. La souffrance psychique susceptible d'empêcher de vivre peut être compensée
par les modalités concrètes et subjectives de l'aide sociale. Cette souffrance est repérée
sur les lieux du social et non dans le champ sanitaire.

Il est vrai que lřanalyse de la vulnérabilité et de la pauvreté partagent certains critères tels que
le revenu. . En plus des moyens propres à lřindividu ou au ménage, la faiblesse ou lřabsence
de recours expose davantage ces derniers.

Cependant en matière de pauvreté, lřanalyse par les revenus nřintègre pas certaines réalités
pas telles que les solidarités familiales, culturelles, ou amicales ou dřune façon beaucoup plus
large la cohésion sociale.

A vrai dire, il est démontré que de nombreux ménages entrent et sortent de la pauvreté au
cours dřune année et sur plusieurs années. Il est probable que les ménages pauvres chroniques
puissent être plus vulnérables (ayant une plus forte probabilité de passer au-dessous du seuil
de pauvreté) quřun ménage pauvre temporairement ou quřun ménage non pauvre (Cissé,
2012). En effet, la pauvreté et la vulnérabilité sont fortement corrélées. La situation de
pauvreté accroît la vulnérabilité du fait du manque de revenus disponibles pour payer les
services essentiels en temps de survenance dřun choc et lřimpossibilité de recours à lřépargne,
à lřemprunt et à des réseaux de solidarité (Stratégie Nationale de Protection sociale et de
gestion des risques au Sénégal, 2005). Ce qui est régulièrement enregistré en cas dřinondation
(relogement) ou dřérosion côtière (protection, ou relogement). La vulnérabilité à son tour,
renforce la pauvreté. Comme le montrent les résultats des enquêtes de perception de la
pauvreté, lřexposition des ménages à une série de risques peut conduire au basculement dans
la pauvreté. Les risques pour les ménages et les individus identifiés peuvent être classées en
deux catégories : les risques collectifs et les risques individuels.

La vulnérabilité au changement climatique nřest pas strictement synonyme de pauvreté.


Dřautres facteurs liés à lřenvironnement économique et politique peuvent véritablement jouer
suivant les cas de figure. Cependant la pauvreté et la marginalisation sont les forces motrices
clés et contraignent les individus dans leur protection et leur adaptation à long terme. En effet,

40
« Lřabsence de systèmes de protection sociale et de systèmes de prévention et de gestion des
risques efficace et élargie qui auraient permis dřéviter ce basculement quand interviennent ces
chocs est lřun des principaux facteurs de maintien des pauvres dans un cercle vicieux et de
création de nouveaux pauvres (Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté, du
Sénégal, 2006). Comme la pauvreté, la vulnérabilité nřest pas une situation statique, on peut y
basculer, en sortir, ou sřy incruster. Les trappes à pauvreté étant des pièges caractérisés par la
présence de mécanismes auto-renforçant la pauvreté et peuvent affecter des groupes sociaux
ou des espaces entiers.

La précarité fait allusion à lřabsence de plusieurs moyens de subsistance tels que lřemploi,
permettant aux personnes et familles dřassumer leurs obligations professionnelles, familiales
et sociales et de jouir de leurs droits fondamentaux. « Elle conduit à la grande pauvreté quand
elle affecte plusieurs domaines de lřexistence, quřelle devient persistante, quřelle compromet
les chances de réassumer ses responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même, dans
un avenir prévisible ». (Conseil Economique et social, 1987). « La précarité ne caractérise pas
une catégorie sociale particulière mais est le résultat dřun enchaînement dřévénements et
dřexpériences qui débouchent sur des situations de fragilisation économique, sociale et
familiale ». (Haut Comité de Santé Publique, 1998).

La situation de précarité est « caractérisée par le caractère incertain, aléatoire, ou irrégulier


des ressources et par la fragilité qui résulte de cette insécurité dans la vie quotidienne,
familiale et sociale. En fonction de son importance l'insécurité économique accroît les risques
de vulnérabilité aux événements. ». Un ensemble hétérogène de situations instables
génératrices de difficultés diverses. Bien souvent, elles n'ont en commun que la forme de leur
trajectoire, marquée par un cumul de handicaps et une dissociation progressive des liens
sociaux. Ainsi, faut-il envisager la pauvreté non comme un état, mais comme un processus
multidimensionnel » (Parizot, 1998 Cité par BENTIRI N, 2005.)

Des ménages ou des communautés peuvent être vulnérables à un risque si les mesures de
prévention ou de sécurité ne sont pas réunies sans pour autant vivre dans une situation
précaire. La précarité est définie comme un rapport délicat à un état d'insécurité où la
personne perd divers repères (emploi, relations familiales ou communautaires, qualité de vie,
contexte politique...) qui fondent son équilibre. La modification dřun ou de plusieurs de ces
paramètres entraine un déplacement de cet équilibre ou lřentrainement vers un nouvel
équilibre qui peut lui convenir. En cas de déséquilibre, ou dřinterruption de lřéquilibre,

41
peuvent surgir des risques de situation de précarité si les soutiens et la résistance personnelle à
l'adversité ne sont pas suffisamment forts.

Tableau 2 : Caractéristique conceptuelle de la Vulnérabilité


Objet Etat Déterminants/force motrice
Ecosystème Exposition Physique
Sensibilité Humains/sociaux
Communautés fragilité Economiques
Espèce politiques
Individu
Groupe
Collectivité locale

I.2.4.2. Le risque
La revue de la littérature a permis de constater la confusion ou lřassimilation faite dans
lřutilisation des concepts de péril, de danger, dřaléa, de perturbation, de catastrophe
dřincertitude pour désigner le risque suivant les disciplines.

Le risque est défini comme la survenue probable dřune perturbation et les catastrophes
seraient plutôt liées aux conséquences.

Le risque pourrait également désigner lřaléa (Morgan, 1995) et « La méthode du score


factoriel est une autre approche qui peut être utilisée pour évaluer lřaléa dřérosion ».

Dans le Domaine de la sécurité « La définition du risque que nous retenons renvoie à un


sentiment de « danger attendu par rapport à des dommages futurs». (Douglas, 1994 in (Jofe
2005), cřest à dire un sentiment de menace potentielle, le risque étant compris comme impact
potentiel du danger. Lřaléa se rapporterait plutôt à des phénomènes naturels, et le danger une
terminologie plus adaptée à lřindustrie.

Par rapport à la géographie et à lřobjet de cette recherche, un territoire socioécologique


complexe, la définition du risque par de Pigeon (2002) attire notre attention « la probabilité
dřoccurrence de dommages compte tenu des interactions entre processus dřendommagement
(aléas) et facteurs de peuplement (vulnérabilité). La notion de risque comporte donc une
double composante : celle de lřendommagement potentiel comme celle de lřendommagement
effectif, tel quřil peut être socialement identifié ».

42
Quel que soit le domaine, le risque renvoie à un événement futur, vraisemblable à court ou à
long terme, donc une probabilité dřoccurrence dřun événement ; cette probabilité est calculée,
estimée et appréciée. Quant à la vulnérabilité, elle a plutôt trait aux facteurs de risque, donc à
des déterminants prédisposant le système à des dommages. Elle associe fragilité ou sensibilité
environnementale et/ou humaine dřun système face à une perturbation

Allard (2000) retrace lřhistoire du concept de risque employé dans de multiples disciplines.
« Il donne lieu à la naissance de la théorie des probabilités aux XVIIe et XVIIIe siècles avec
Cardan, Pascal, Fermat, Daniel Bernoulli, Jacob Daniel. En économie, Maurice Allais, dès
1952, organisait un colloque sur le risque. En sociologie des travaux récents traitent de la
perception du risque en reprenant le schéma diachronique classique sur lřévolution de la
perception du risque passant dřune interprétation théologique à une interprétation rationnelle
laïcisée. Dřautres travaux portent également sur les risques actuels en distinguant en général
les risques technologiques des risques naturels ». Le risque est défini comme la survenue
probable dřune perturbation et les catastrophes liées plutôt aux conséquences et la
vulnérabilité renverrait plutôt aux facteurs de risque.

Dans le domaine de la santé, il nřest pas perçu contrairement au danger. Le risque sřévalue et
sřapprécie. Cřest une notion qui concerne lřavenir alors que le danger est réel.

La vulnérabilité a comme point de départ une notion de risque. Le risque est caractérisé par
une distribution aléatoire, connue ou inconnue, dřévénements. Tous les individus, les
ménages, les communautés ou les nations font face à de multiples risques de différentes
sources, quřils soient naturels (par ex., les tremblements de terre, la maladie) ou construits par
lřhomme (le chômage, la dégradation de lřenvironnement…). Les risques comme les impacts
dans lřévaluation environnementale se caractérisent également par leur dimension et leur
étendue leur fréquence et leur durée ainsi que leur histoire. Ils se différencient ainsi par leur
nature (naturel ou anthropique), leur amplitude, leur étendue, leur fréquence et leur durée qui
avec les situations de cibles en déterminent leur vulnérabilité. Lřanalyse de la vulnérabilité
intègre donc toutes ces variables.

Tableau 3 : Grille de détermination de l’importance absolue des impacts


Intensité Étendue Durée Importance absolue
Régionale Longue Majeure
Forte Moyenne Majeure
Courte Majeure
Locale Longue Majeure

43
Intensité Étendue Durée Importance absolue
Moyenne Moyenne
Courte Moyenne
Ponctuelle Longue Majeure
Moyenne Moyenne
Courte Mineure
Régionale Longue Majeure
Moyenne Moyenne
Courte Moyenne
Locale Longue Moyenne
Moyenne Moyenne Moyenne
Courte Moyenne
Ponctuelle Longue Moyenne
Moyenne Moyenne
Courte Mineure
Régionale Longue Majeure
Moyenne Moyenne
Courte Mineure
Locale Longue Moyenne
Faible Moyenne Moyenne
Courte Mineure
Ponctuelle Longue Mineure
Moyenne Mineure
Courte Mineure
Source : (Fecteau, 1997)

Les dictionnaires de géographie proposent différentes définitions du risque naturel qui résulte
de lřinteraction entre un aléa et des enjeux. Deux approches sont possibles : définir et étudier
les interactions entre aléas et enjeux ; le risque est alors ramené à lřendommagement potentiel
qui représente les résultats de ces interactions. Pour intégrer dans cette définition, la gestion
du risque (anticipation, prévention) et la réparation des dommages, Patrick Pigeon (2002) a
proposé une deuxième approche à partir de la définition suivante du risque : « probabilité
dřoccurrence de dommages compte tenu des interactions entre processus dřendommagement
(aléas) et facteurs de peuplement (vulnérabilité). Les interactions conditionnent
lřendommagement, comme les mesures préventives ou correctives qui cherchent à le gérer, et
qui sont spatialement observables. La notion de risque comporte donc une double
composante : celle de lřendommagement potentiel comme celle de lřendommagement effectif,
tel quřil peut être socialement identifié ». La notion de vulnérabilité - « capacité ou
propension à favoriser lřendommagement (pour les biens et les activités) ou les préjudices
(pour les personnes) des éléments exposés à lřaléa » (Mate, 1997) - permet de dépasser
lřacception statique associée à la notion dřenjeu.

Alwang et al. (2001) ont comparé les approches de la vulnérabilité en sciences humaines et
sociales (géographie, économie, anthropologie etc.), en sciences de la vie (écologie, nutrition)
ou en matière de gestion des risques. En analysant la démarche de toutes ces disciplines et en

44
la synthétisant, ils décomposent la vulnérabilité en une chaîne liée plus ou moins solidement à
un aléa. Cette chaîne comprend :
- lřaléa : une sécheresse, un cyclone, une crise économique, un conflit armé etc.
- les réponses ex-post ou les stratégies ex-ante des populations pour faire face au
risque engendré par lřaléa,
- les conséquences sur les populations (outcomes) : ce sont les pertes humaines et/ou
les pertes économiques affectant le bien-être des populations ; ces conséquences
sont provoquées par la combinaison dřun aléa/risque avec les propriétés du
système humain qui se trouve exposé à cet aléa ou risque

Tableau 4 : Multiples définitions du risque


Auteur Définition
Smith, 1996 (p5) Probability x loss (probability of a specific hazard occurrence)
Hazard = potential threat
IPCC, 2001 (p21) Function of probability and magnitude of different impacts
Morgan and Henrion, 1990 ŖRisk involves an Řexposure to a chance injury or lossřŗ
(p1)/Random House, 1966
Adams, 1995 (p8) Ŗa compound measure combining the probability and magnitude
of an adverse affectŗ
Jones and Boer, 2003; (also Probability x consequence
Helm, 1996) Hazard: an event with the potential to cause harm, e.g. tropical
cyclones, droughts, floods, or conditions leading to an outbreak
of disease-causing organisms
Downing et al., 2001 Expected losses (of lives, persons injured, property damaged, and
economic activity disrupted) due to a particular hazard for a
given area and reference period
Hazard: a threatening event, or the probability of occurrence of a
potentially damaging phenomenon within a given time period
and area.
Downing et al., 2001 Probability of hazard occurrence
Hazard = potential threat to humans and their welfare
Crichton, 1999 ŖRiskŗ is the probability of a loss, and depends on three
elements, hazard, vulnerability and exposure.ŗ
Stenchion, 1997 ŖRisk might be defined simply as the probability of occurrence
of an undesired event [but might] be better described as the
probability of a hazard contributing to a potential
disaster…importantly, it involves consideration of vulnerability
to the hazard.ŗ
UNDHA, 1992 ŖExpected losses (of lives, persons injured, property damaged,
and economic activity disrupted) due to a particular hazard for a
given area and reference period. Based on mathematical

45
Auteur Définition
calculations, risk is the product of hazard and vulnerability.ŗ
Source : Brooks, 2003

Différentes catégories de risques peuvent être identifiées mais, en matière dřenvironnement,


ils sont regroupés en deux principaux groupes que sont les risques naturels et risques
technologiques présentant dřautres plutôt collatéraux.

Tableau 5 : Catégories et Exemples de risques


Catégories de risque Exemple de risque
Risques naturels fortes pluies glissements de terrain, éruptions volcaniques,
tremblementsde terre, inondations, ouragans, sécheresses,
vents forts, etc
Risques de santé maladie, blessure, accidents, invalidité, épidémies (par ex.,
malaria), famines, etc.
Risques du cycle devie naissance, maternité, vieillesse, rupture familiale, décès,
etc
Risques sociaux crime, risque domestique, violence, terrorisme, gangs,
guerre, bouleversement social, etc.
Risques économiques chômage, mauvaise récolte, faillite, reclassement,
effondrement de laproduction, balance des paiements, crise
financière, crise monétaire, chocstechnologiques ou
marché-induits aux termes de lřéchange, etc.
Risques politiques discrimination, émeutes, troubles politiques, coup dřétat,
etc.
Risquesenvironnementaux pollution, déforestation, dégradation de la terre, catastrophe
nucléaire, etc.
Source : Auteurs, basé sur Holzmann et Jørgensen, 2000

La perception est lřacte de percevoir par le moyen de la sensation et à travers des filtres
perceptifs qui tiennent aux organes des sens et aux cultures individuelles et collectives. Cette
définition est le résultat de réflexions entamées notamment par Descartes et Platon qui
soutiennent la thèse, dite « intellectualiste » de la perception. Cette thèse fait à appel à une
représentation par lřesprit et est liée à un doute quant à la fiabilité des données que cette
représentation pourrait fournir sur les objets. Les sensations seraient ainsi la matière de la
perception et cřest le jugement qui leur donne une forme.

La perception est un acte de terrain, la représentation est une construction mentale détachée
du terrain, mais la première elle-même nřest pas simple et implique des opérations
dřabstraction et de mise en ordre qui implique des biais. Lřimage dřune région dřun lieu

46
correspond à un espace perçu. Cependant il faut remarquer que la représentation pose un
problème dřéchelle, mais aussi dřimpact du risque, la dimension collective et individuelle
et /ou collective des images.

Selon l'approche des sociologues (Beck, 2001 ; Douglas, 1981 ; Douglas et Wildavsky, 1982
Peretti-Watel, 2000, etc.) cités par Meur-Ferec (2006) les perceptions du risque sont des
représentations sociales, culturellement déterminées, variables selon les sociétés et la place de
chacun au sein de celle-ci. Le risque nřest alors jamais perçu de la même manière dans le
temps, dans lřespace ou par un ensemble dřindividus.

La représentation : selon les géographes, les représentations peuvent être définies comme « le
produit et processus d'une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe constitue le
réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique » (Abric, 1987 cité par
Bailly, 1992) et elles sont des « créations sociales ou individuelles de schémas pertinents du
réel » (Guerin, 1989 cité par Bailly, 1992). Les valeurs, les idéologies diffusées par la société
globale, les informations reçues de l'extérieur, du milieu socio-culturel, associées à
l'imaginaire et au rêve conduisent à la formation de croyances, opinions, images et donc de
représentation de la réalité.

Selon les sociologues, lřétude des représentations permet de prendre en compte dans lřétude
des phénomènes humains cette part qui apparemment revient à la subjectivité de lřindividu
pour la relier à son environnement social. Se représenter correspond à un acte de pensée par
lequel un sujet se rapporte à un objet. Celui-ci peut être aussi bien une personne, une chose,
un événement matériel, psychique ou social, un phénomène naturel (érosion, inondation.), une
idée, une théorie, etc

Moscovici (1961) à la suite des travaux de Durkheim (1895) insista sur la spécificité des
phénomènes représentatifs dans les sociétés contemporaines que caractérisent l'intensité et la
fluidité des échanges et communications, le développement de la science, la pluralité et la
mobilité sociales « La représentation est une forme de connaissance, socialement élaborée et
partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d'une réalité commune à
un ensemble social. Également désignée comme « savoir de sens commun » ou encore
« savoir naïf », « naturel », cette forme de connaissance est distinguée, entre autres, de la
connaissance scientifique (Dantier, 2007, extrait de Jodelet, 1994). Elle est cependant tenue
pour un objet d'étude aussi légitime que cette dernière en raison de son importance dans la vie
sociale, de l'éclairage qu'elle apporte sur les processus cognitifs et les interactions sociales.

47
Moscovici, démontre que les représentations collectives d'un objet ou d'une situation jouent
souvent un rôle plus important sur les comportements que les faits ou la réalité objective

En tant que phénomènes cognitifs, ils engagent l'appartenance sociale des individus avec les
implications affectives et normatives, avec les intériorisations d'expériences, de pratiques, de
modèles de conduites et de pensée, socialement inculqués ou transmis par la communication
sociale, qui y sont liées. De ce fait leur étude constitue une contribution décisive à l'approche
de la vie mentale individuelle et collective. De ce point de vue, les représentations sociales
sont abordées à la fois comme le produit et le processus d'une activité d'appropriation de la
réalité extérieure à la pensée et d'élaboration psychologique et sociale de cette réalité. C'est
dire que l'on s'intéresse à une modalité de pensée, sous son aspect constituant, les processus,
les produits ou contenus. Une modalité de pensée qui tient sa spécificité de son caractère
social. En effet, représenter ou se représenter correspond à un acte de pensée par lequel un
sujet se rapporte à un objet. Celui-ci peut être aussi bien une personne, une chose, un
événement matériel, psychique ou social, un phénomène naturel, une idée, une théorie, etc

Le risque constitue un sentiment de danger, de menace potentielle attendue par rapport à des
dommages futurs (Douglas, 1994 in Jofe, 2005). Ce sentiment de menace est perçu ou
représenté différemment. Ainsi, lřétude de la perception et la représentation du risque met en
place différentes approches :

Lřapproche psychométrique (Slovic, 1975) : cřest le modèle stimulus - personnalité - réponse


où lřindividu construit son opinion en confrontant ce quřil perçoit de la réalité à ses acquis
culturels et émotionnels.

Lřapproche culturelle du risque (Douglas 1982 et Thompson 1990) : le risque est un discours,
il fait partie de lřidéologie. La perception du risque est vue comme un processus sociologique
dřadhésion, les composantes psychologiques et cognitives étant secondaires. Le risque étant
dřemblée une construction sociale ;

Lřapproche constructiviste constitue la synthèse des approches précédentes, elle met lřaccent
sur la dynamique et lřamplification sociale (Earle 1995, Kasperson 1988 et Pages 1990).
Lřindividu « émet une opinion » en toute conscience, sachant quřil défend en même temps un
système de valeurs au sein de la société, et quřil se positionne par rapport à tel ou tel groupe
social.

48
Ce dernier niveau de complexité apparaît dans le passage des perceptions aux comportements.
Il est important de souligner le rôle de la communication et de la diffusion des risques. La
perception du risque ne renvoie pas toujours à lřampleur du risque : les risques peuvent être
amplifiés ou minimisés. Selon Moscovici (2000). La perception se situe dans des branches
moins sociales de la psychologie, tandis que la représentation est privilégiée dans la
psychologie sociale du sens commun. Alors que la perception est articulée à des savoirs
sensoriels, la représentation est construite par rapport à des symboles, par rapport à la réalité
sociale et par rapport à un savoir social.

La vision cognitive de l'humain est une simplification, car la société n'est pas une source
d'information mais de sens. Les gens se posent des questions et cherchent des réponses au
sujet de problèmes qui les concernent plutôt qu'ils ne perçoivent et traitent l'information
(Moscovici, 1984).

La représentation du risque varie également selon les acteurs et les enjeux Lřélément
illustratif en est la carte des risques ou les PPR qui ne sont pas souvent partagés.

Différentes formes de représentation et de perception du risque ont été identifiées sur le


terrain et englobent, les aspects temporels, cultuels (relatif à lřaction divine), culturels, les
aspects physiques par rapport à la localisation géographique notamment topographique ou
hydrologique, politique, institutionnel et économique

Cřest ainsi que lřon retrouve les éléments de réponse tels que : « Le site nřétait pas
inondable », « Cřest après installation quřon se rend compte de lřinondabilité » « Les risques
et catastrophes sont des faits récents » « Les racines des cocotiers empêchent lřavancée de la
mer » « moi je ne suis pas concerné par lřérosion », moi je ne suis pas concerné par
lřinondation ».

Le choc est également un concept discuté ; les chocs peuvent être dřorigine naturelle, sociale,
politique ou économique. Ils peuvent être macroéconomiques ou microéconomiques
(Bourguignon, 2006) ; le type de choc reste ainsi à déterminer mais également son étendue
intégrant les acteurs et les territoires concernés. Les effets de chocs naturels par exemple ont
été documentés par Dercon, 1996, Carter et al, 2005). Un choc est un événement à risque qui
peut causer des impacts négatifs significatifs. Des actions sociales peuvent réduire le risque et
ainsi diminuer potentiellement le dommage associé aux chocs.

49
I.2.4.3. Le changement climatique
La définition du changement climatique revêt plusieurs niveaux relatifs aux facteurs : Le
changement climatique dřorigine naturelle et celui dřorigine anthropique c'est-à-dire intervenu
après la Révolution industrielle. Cřest sur ce dernier que portent les mesures dřatténuation se
portant généralement sur la réduction des émissions de CO2. Le changement climatique est
une variation de l'état du climat que l'on peut déceler par les modifications de la moyenne
et/ou les variations de ses propriétés et qui persiste pendant de longues périodes, généralement
pendant des décennies ou plus (GIEC, 2007). Dans le Protocole de Kyoto, les changements
climatiques sont définis comme étant les changements « qui sont attribués directement ou
indirectement à une activité humaine altérant la composition de lřatmosphère mondiale et qui
viennent sřajouter à la variabilité naturelle du climat » Gaye et al (2009) le considère comme
une variation statistiquement significative de lřétat moyen du climat ou de sa variabilité,
persistant pendant une période prolongée de plusieurs décennies.

Du fait de son étendue géographique il constitue une perturbation globale, un phénomène


planétaire dont les manifestations et les impacts ne sont pas homogènes.

Plusieurs définitions se rencontrent ainsi dans lřimportante littérature qui lui est consacrée. On
entend par « changements climatiques » des changements de climat qui sont attribués
directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de lřatmosphère
mondiale et qui viennent sřajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de
périodes comparables. En effet le terme « variabilité climatique » est utilisé pour désigner les
changements climatiques d'origine naturelle.

I.2.4.4. Adaptation
La revue de la littérature permet de voir plusieurs définitions qui lui sont consacrées. Le Petit
Robert, le définit comme suit « Action dřadapter ou de sřadapter ; modification qui en
résulte ».

Le Programme des Nations Unies pour le Développement (2005) le définit comme processus
par lequel les stratégies pour modérer, faire face et tirer avantage des conséquences des
évènements climatiques, sont mises en valeur, développées et implémentées ».

Pour la Commission Européenne (2007), lřadaptation vise à réduire les risques et les
dommages liés aux incidences négatives actuelles et futures de manière économiquement
efficace et, le cas échéant, à tirer parti des avantages possibles. (…) Lřadaptation peut

50
englober des stratégies nationales ou régionales et des mesures concrètes prises au niveau
communautaire ou individuel.

Dans la synthèse de la contribution des ONG à lřapproche sémantique de lřadaptation, elle


renvoie à un « Processus dřamélioration continue de toutes actions, même urgentes,
lřadaptation consiste à se projeter sur le long terme. Ce processus repose sur le renforcement
de la résilience des biens, des personnes et des écosystèmes en mettant lřaccent sur
lřanticipation et en faisant le lien entre les technologies, les politiques sectorielles, la gestion
intégrée et lřéducation des populations à lřéchelle de territoires ».

Pour le GIEC (2001), il consiste en lřajustement dans les systèmes naturels ou humains en
réponse à des changements climatiques actuels ou attendus, ou à leurs effets, qui atténue les
dommages ou en valorise les bénéfices. Lřadaptation est un «ajustement des systèmes naturels
et humains à un environnement nouveau ou changeant…Trois grandes catégories de formes
sont distinguées, soit, le retrait, lřaccommodement ou la protection » (GIEC, 2001). La
capacité dřadaptation est quant à elle, la propriété dřun système capable dřajuster ses
caractéristiques ou son comportement afin dřaugmenter son aptitude à faire face à la
variabilité climatique existante ou à des conditions climatiques futures, lřadaptabilité est la
mesure de la capacité à faire face aux variations climatiques (GIEC, 2001).

Lřadaptation aux changements climatiques recouvre ainsi un ensemble de pratiques,


politiques et de mesures mises en œuvre en vue de limiter les impacts négatifs de ces
changements et de saisir les opportunités offertes par lřévolution du climat.

Dans le cadre des inondations ou de lřérosion en zone côtière par exemple, le retrait est un
déplacement de manière préventive pour une relocalisation au delà de la ligne de côte
(résidences, structures côtières). Lřaccommodement vise à entreprendre des actions de
compensation des changements (construction de maisons élevées, maisons sur des pilotis pour
éviter les inondations). La protection a trait à la construction murs de pierres, de béton ou
éléments naturels (engraissement, végétation) afin de se protéger de lřérosion, des inondations
ou autre impact.

Suivant les phénomènes considérés et leur ampleur, différentes stratégies ont été adoptées
individuellement ou collectivement par les acteurs.

Comme les concepts de vulnérabilité, la discussion conceptuelle de lřadaptation est riche de


différents points de vue découlant dřun long processus, marquée par lřintervention dřéquipes

51
pluridisciplinaires et la montée en puissance du groupe de travail II du GIEC sřoccupant des
impacts, de la vulnérabilité et de lřadaptation au changement climatique.

L’adaptation des communautés locales

Les communautés locales sont au cœur de ce travail et constitue un objet dřobservation


privilégié de lřopérationnalisation de lřadaptation. Cependant, « Il est une idée reçue selon
laquelle les communautés des pays en développement ont fatalement de faibles capacités
dřadaptation au changement climatique » (Magnan, 2009). La vérification de cette hypothèse
devient ainsi une opportunité dans le cadre de nos travaux. Magnan distingue trois dimensions
dans ce que lřon nomme adaptation. Elle est à la fois un processus, un état et une stratégie.

L’adaptation comme processus

Le processus dřadaptation renvoie aux mécanismes et aux étapes de transformation de


lřadaptation, cřest-à-dire aux logiques propres au système et qui expliquent lřévolution des
diverses formes que peut prendre lřadaptation (projets, programmes, politiques). Il repose sur
les facteurs qui influencent la capacité dřadaptation du système et sur leurs interactions et il
sřexprime à diverses échelles spatiales et temporelles. Ainsi, et conformément au caractère
nécessairement global et systémique de lřadaptation, la dimension processus intègre les
dynamiques à la fois environnementales et anthropiques qui caractérisent le territoire analysé.

L’adaptation comme état

Lřadaptation en tant quřétat renvoie à la réalité dřadaptation sur la zone considérée. Elle peut
ainsi être matérialisée par des projets, la mise en place de groupements associatifs,
lřélaboration dřun plan national dřadaptation, un mouvement dřidées, une évolution de
pratiques. Lřadaptation comme état traduit le fait dřêtre ou non adapté à lřenvironnement
naturel et humain au moment où lřon dresse ce constat. Donc à la situation du moment, une
échelle de temps bien précis. « Autrement dit, sřil est possible de dire quřune société est
adaptée (ou non) à la variabilité climatique actuelle » ce qui est fondamentalement différent
du changement climatique avec des conditions climatiques changeantes et incertaines.

L’adaptation comme stratégie

Lřadaptation comme stratégie renvoie à une manière dřorganiser lřaction en vue dřun objectif
spécifique. Dans ce contexte, pour Magnan, il intègre lřidée de politique, bien que dřautres
formes dřorganisation collective puissent entrer en jeu. Suivant ce point de vue, lřadaptation
renvoie à des logiques non plus de processus ou dřaction au sens propre du terme (état), mais

52
plutôt à une intention dřagir au travers de modes de gestion des territoires et des sociétés, de
la planification du développement, etc

Lřauteur fait cependant remarquer que processus, état et stratégie entretiennent des relations
de causalité, qui peuvent dřailleurs être maniées dans divers sens. Ces dimensions sřarticulent
donc plus quřelles ne se distinguent. Pourtant, lřutilité de les dissocier, même artificiellement,
est bien réelle, car au-delà dřalimenter les réflexions conceptuelles sur lřadaptation au
changement climatique, lřexercice peut favoriser lřadéquation des connaissances scientifiques
sur lřadaptation et sur la Capacité dřadaptation aux discours de divers types dřinterlocuteurs.
En effet, différents interlocuteurs possèdent leur culture propre et abordent la question de
lřadaptation suivant ce filtre culturel.

Le cadre théorique de Magnan appliqué à notre champ dřétude permet dřidentifier des
réactions différentes selon les acteurs impliqués, gestionnaires ou victimes potentiels (Etat,
collectivités locales, privés, pêcheurs, agriculteurs) ; ainsi donc selon les acteurs, lřadaptation
peut être différemment considérée : état, processus, stratégie. Lřauteur soutient que ces trois
dimensions permettraient dřaméliorer lřinscription des connaissances scientifiques à
différentes échelles territoriales et de leur conférer une réelle utilité sociétale. Ainsi cřest à
travers une segmentation que toutes les composantes du territoire sont identifiées permettant
dřidentifier différentes voies et différents outils pour une meilleure adaptation. On peut
notamment préciser que les stratégies dřadaptation deviennent pertinentes car contextualisées.

Ceci peut paraitre contradictoire par rapport aux objectifs de la GIZC, un processus
dynamique qui réunit gouvernement et sociétés, sciences et décideurs intérêts publics et
privés en vue de la protection et du développement des systèmes et ressources côtières. Ce
processus vise à optimiser les choix à long terme privilégiant les ressources et leurs usage
raisonné et raisonnable (Cicin-sain et Knecht, 1998, CESAMP, 1996, traduction de
lřUNESCO, 2001, in Bastien-Daigle , Vanderlinden , Chouinard , 2011) mais nous pensons
quřelle sřintègre plutôt dans la démarche méthodologique, et serait comme un outil dans le
processus de diagnostic de la structuration des territoires pour mieux cerner, localiser et
classer les degrés de vulnérabilités.

La vision dynamique de lřadaptation permet également de distinguer des trajectoires de


lřadaptation qui, comme la vulnérabilité et la résilience, sont dynamiques. « La trajectoire
dřadaptation est le cheminement suivant lequel un territoire (quelle que soit lřéchelle spatiale
considérée) tente de sřadapter au Changement climatique. La notion de trajectoire souligne

53
lřimpératif de penser les stratégies dřadaptation de manière dynamique et surtout pas fixiste »
(Magnan, 2009).

Aspect économique de l’adaptation

Il est également question de lřaspect économique de lřadaptation au changement climatique


impliquant différents acteurs (individus ménages, agriculteurs, chefs de projets, planificateurs
de projets …) exposés aux risques climatiques et devant prendre des décisions mais surtout
disposer de moyens.

Au niveau national et mondial global, il consiste en la recherche de financements


internationaux, nationaux ou privés pour faire aux impacts du changement climatique. A ce
titre il faudra remarquer les coûts à 3 niveaux, ceux portant sur les mesures structurelles, et les
deux autres sur les comportements et les actions menées par les pouvoirs publics.

Les objectifs dřadaptation dépassent les budgets publics prévus et les bénéficiaires sont
multiples. Cet élément peut sřappliquer à la zone dřétude avec les acteurs multiples. La
répartition des responsabilités entre collectivités, Privés et Etat reste encore floue en matière
de prise charge. Sur le plan économique, lřévaluation nřest pas chose aisée et les éléments
peuvent ainsi être appréciés à différents niveaux :
- les bénéfices collectifs et bénéfices à des privés, des entreprises ;
- les mesures dřadaptation sont mises en œuvre par divers acteurs privés et publics
aux moyens de politiques dřinvestissements dans les infrastructures et les
technologies et de modification de comportements ;
- lřévaluation des coûts et bénéfices de lřadaptation est importante pour les acteurs
(individus ménages, agriculteurs, pêcheurs, hôteliers, chefs de projets,
planificateurs de projets…) exposés aux risques climatiques, aptes à prendre des
décisions ;
- au niveau national et mondial global « donner des prix » à lřadaptation pour la
recherche de financements internationaux, nationaux ou privés ;
- les études réalisées sur les mesures dřadaptation structurelles sont plus faciles à
chiffrer que celles portant sur les comportements et celles menées par les pouvoirs
publics. Généralement on note une sous estimation car seule lřélévation
progressive du niveau de la mer est considérée.

54
I.2.4.5. La Résilience
Concept maintenant très usité relève à lřorigine des sciences physiques, avant dřêtre repris
plus tard par lřécologie, la psychologie, lřindustrie, les sciences humaines et sociales.

Des expressions utilisées à cet effet un « umbrella concept » (Klein et al, 2004) ou encore un
« boundary object » (Brand et Jax, 2007) afin de mettre en exergue sa transdisciplinarité et les
approches holistiques dont elle fait lřobjet lorsquřil sřagit de la mettre en application.

En science physique, la résilience renvoie à la capacité dřun matériau à retrouver son état
initial après un choc ou une pression.

LřEncyclopédie Agora le définit comme étant la capacité à réussir, à vivre, à se développer en


dépit de lřadversité. Un questionnement se pose cependant dans lřapplication du terme pour
un individu, un corps, dřun espace. De ce fait, peut-il y avoir résilience des territoires, au sens
dřun individu ou dřun corps, voire dřun écosystème ? Le fonctionnement cérébral est-il
analogue à celui des individus, des groupes ou des organisations ? (Donze, 2007).

Le concept de résilience est indissociable de celui de Vulnérabilité. Pour Dauphiné et


Provitolo (2007), ce sont deux concepts intégrateurs qui gomment en partie lřopposition entre
le naturel et le social. En effet, le territoire étant vulnérable aussi bien aux aléas naturels quřà
ceux liés au fonctionnement de la société, le gestionnaire et lřélu ont à gérer aussi bien lřun
que lřautre et parfois les deuxensemble en cas de catastrophe. Dans tous les cas, tel que
signalé par Ouatara et Dubois (2013), « le concept de résilience exprime le défi, au
dénouement non assuré systématiquement, dřun réaménagement positif à lřissue dřune crise
ou catastrophe, afin de pouvoir rebondir et sřinscrire dans un nouveau cheminement durable.
Cette capacité de rebond est caractéristique de lřentité concernée, quřil sřagisse de personnes,
de collectivités ou de socio-écosystèmes ».

Nous retiendrons que la résilience a trait à la fragilité environnementale et/ou humaine dřun
système face à une perturbation mais surtout à la capacité de ce dernier à absorber la crise et à
retrouver lřéquilibre. Cřest ainsi quřon peut parler de résiliences des communautés ; résilience
des côtes, résilience des établissements humains, résilience des ménages, résilience dřun
individu. ŖResilience is the capacity of a system to experience shocks while retaining
essentially the same function, structure, feedbacks, and therefore identity (Walker et al, 2004).
It follows Hollingřs (1973) notion of resilience as the amount of disturbance a system can
absorb without shifting into an alternate regimeŗŗ Three characteristics of (socialŔecological)
resilience are identified:

55
- The amount of change the system can undergo and retain the same controls on
function and structure.
- The degree to which the system is capable of self-(re)organization to accommodate
external changes.
- The ability to build and increase the capacity for learning and adaptation.

Quant à la résilience individuelle, son analyse est fondée en économie sur lřapproche des
capabilités qui peut fonder lřanalyse de la résilience individuelle (Lallau et Droy, 2013). Les
capabilités « représentent lřensemble des modes de fonctionnement humain qui sont
potentiellement accessibles à une personne, quřelle les exerce ou non » (Sen, 1992, 12), cřest-
à-dire leurs libertés réelles. Elles découlent de la conversion des potentialités des personnes
(liées pour lřessentiel à leurs différentes dotations en capital : monétaire, physique, humain,
social), via les opportunités (marchandes et non marchandes) quřelles parviennent à saisir au
cours de leur existence. Potentialités et opportunités déterminent donc lřampleur des
possibilités dřêtre et dřagir accessibles aux personnes, et c'est-à-dire aussi leur capacité à
affronter les risques encourus.

Lallau (2008) note le caractère actif, à la fois en réaction aux chocs affrontés et en prévention
des risques vécus, qui renvoie à la notion, encore en émergence au sein les sciences sociales
du développement. La résilience est ainsi considérée comme processus : une période dřavant
le choc dite ex-ante, et une période dřaprès le choc ou ex-post.

Le caractère opérationnel de définition de la résilience reste un aspect fondamental à lřéchelle


du territoire. En effet, la définition de la résilience ne doit pas être limitée, elle doit être
opérationnelle afin de mieux permettre lřimplication des décideurs. Plusieurs études
proposent des indicateurs de résilience pour les sous-systèmes spécifiques.

La définition opérationnelle de la résilience doit aider à lřélaboration dřoptions politiques et


des stratégies susceptibles d'améliorer la résilience d'un système sur les stratégies d'adaptation

Par exemple, dans une étude consacrée à la region de Vancouver (Canada), milieu urbain, la
résilience est définie comme: Ŗa system that can tolerate disturbances (events and trends)
through characteristics or measures that limit their impacts, by reducing or counteracting the
damage and disruption, and allow the system to respond, recover, and adapt quickly to such
disturbancesŗ (Wardekker et al., 2010). In this definition, tolerating disturbances is taken in
contrast to resisting these. L'étude Vancouver utilise un ensemble d'idées ad hoc sur ce
quřimplique un système urbain résilient. Elle utilise six « principes de résilience » du système

56
écologique et la littérature sur les paradigmes de la résilience, par rapport à lřadaptation en
milieu urbain. Ces six principes étant les suivants 6 :

- Homeostasis: multiple feedback loops counteract disturbances and stabilise the


system.
- Omnivory: vulnerability is reduced by diversification of resources and means.
- High flux: a fast rate of movement of resources through the system ensures fast
mobilization of these resources to cope with perturbations.
- Flatness: the hierarchical levels relative to the base should not be top-heavy. Overly
hierarchical systems with no local formal competence to act are too inflexible and too
slow to cope with surprise and to rapidly implement non-standard highly local
responses.
- Buffering: essential capacities are over-dimensioned such that critical thresholds in
capacities are less likely to be crossed.
- Redundancy: overlapping functions; if one fails, others can take over.

La résilience est perçue dans cette étude comme une approche « bottom-up » de lřadaptation
qui vise à promouvoir la capacité d'un système de faire face àdes perturbations et de surprises,
basée sur le conceptde résilience.

Elle intègre lřaptitude de tout système, toute communauté pris dans son ensemble de survivre
à des altérations et des perturbations de sa structure ou de son fonctionnement après la
disparition de ces dernières à retrouver un état comparable à la situation initiale.

Nous ne traitons pas spécifiquement la résilience dans cette thèse, cependant parler de
vulnérabilité et dřadaptation ouvre une porte vers la résilience.

6
(Traduction) •L'homéostasie : plusieurs boucles de rétroaction contrer les perturbations et stabiliser le système.
•omnivore : la vulnérabilité est réduite par la diversification des ressources et des moyens.
•Hauteflux : un taux rapide de mouvement des ressources à travers le système assure la mobilisation rapide de
ces ressources pour faire face aux perturbations.
•Planéité : les niveaux hiérarchiques par rapport àla base ne devraient pas êtretrop lourds. Systèmes trop
hiérarchiques avec aucune compétence formelle locale à agir sont trop rigides et trop lents pour faire face à la
surprise et à mettre en œuvre rapidement des réponses très locales non standard.
•Tampon : capacités essentielles sont surdimensionnés de telle sorte que les seuils critiques dans les capacités
sont moins susceptibles d'être franchis.
•Redondance : les fonctions se chevauchent, si on échoue, d'autres peuvent prendre le relais.

57
Cependant des éléments importants à considérer sont la gestion des crises et la résilience
après la crise (post crise), et dans quelle durée. Les stratégies se font à priori et à postério. La
nature des perturbations ampleur et modes de gestion permettent Ŕils de parler de résilience ?

Dans la recherche de « contenu réel » à ce concept, les aspects de valeur et éthique sont
également intégrée dans lřanalyse de la résilience. Toutes les stratégies même prohibées
peuvent-elles être considérées comme source de résilience ?

La résilience résulte de capacité interne, dřopportunité ou de volonté ou dřapport extérieur ou


de volonté politique. Pour la démarquer de lřadaptation devons nous poser les 2 questions
suivantes : Peut-on parler de résilience quelque système que ce soit sans au préalable
lřoccurrence du risque et des impacts (dégâts, destruction, dommages, sans perte préalable de
fonction de structure) ?
Toutes les stratégies adoptées renvoient elles à la résilience des systèmes ?

Tableau 6 : Cadre théorique/conceptuel


Objet Caractéristiques Facteur Résultat/conséquences Actions comportement
Ecosystème Vulnérabilité Aléa Traumatisme Naturelle Situation
Communauté Fragilité Choc Dommages Anthropique initiale
Espèce Précarité Perturbation Dégradation (réalisation, Situation
Individu Pauvreté Trauma Altération physique normale
groupe faiblesse Catastrophe Chaos Politiques) Revigorer
Force Destruction Equilibre
extrême Préjudices Equilibre
Stress Instabilité dynamique
Pression Ruine Rebondir
crise changement Régénérer
Attaque Rétablir
extérieure Absorber
Invasion Epouser
Evénement Fonctionnement
étrange Résister
Adversité Structure
Agression Réversible
Incidence survivre
phénomène Récupérer
désastreux relever
maladie Auto-réparer
Emerger
Restituer
renouveler
Adaptation
(interne et
externe)
Insensibilité

58
Objet Caractéristiques Facteur Résultat/conséquences Actions comportement
temporelle
se prémunir des
« coups du sort
»
capacité à
anticiper ce qui
peut lřêtre

aspirer à une
amélioration
réalisable de sa
situation

Source : Thiaw (2013), Revue documentaire, Evaluation Master I Géo UCAD7

Conclusion sur les concepts :

Les recherches sur le changement climatique et lřadaptation, quoique relativement récentes,


ont entraîné un foisonnement de concepts à usages multiples, souvent communs à plusieurs
disciplines, et généralement en dehors de leur champ dřapplication initial. Leurs significations
se montrent ainsi complexes ou floues, même si elles demeurent lřobjet de recherche dans
différentes publications. Vulnérabilité, risque, résilience : quelles significations ? Quelles
relations ?

Les définitions sont parfois contradictoires ou complémentaires (Magnan, 2009). Cependant,


cette évolution conceptuelle est à mettre en relation avec le fait que les scientifiques ont
progressivement pris conscience de lřimportance de tenir compte des interactions qui
sřétablissent entre les hommes et lřespace quřils occupent (Hilhorst, 2004 ; Reghezza, 2006).
La littérature est marquée par un enrichissement mais doublée dřune imprécision sémantique
croissante.

Dřautres concepts tels espace, territoire, ressources littorales, ont été discutés pour montrer la
complexité des éléments et leur interrelation. Parle-t-on de sociétés territorialisées, de
ressources territoriales (environnementales, sociales) « Du rapport historique et identitaire aux
lieux et, par conséquent, du rôle des caractéristiques de lřespace sur les dynamiques et les
attitudes des sociétés » (Diamond, 2000). Ainsi, dépasser la dichotomie Hommes/Milieu a

7
Synthèse de ma revue documentaire, des résultats dřévaluation examen M1 du Cours Environnement et milieu
vivant que je dispense

59
introduit davantage de complexité dans lřapproche des phénomènes naturels et de leurs
conséquences sur les sociétés (Bankoff et al, 2004 ; OřBrien et al. 2004 ; Adger, 2006).

Tel que précisé par Ginet (2012), le territoire nřest pas lřespace, il en est un sous ensemble.
Les territoires à lřimage dřinteraction biologique entres espèce au sein dřun écosystème
peuvent entretenir différentes relations (mutualisme, symbiose, parasitisme…) et évoluer de
plusieurs façons (résilience, déterritorialisation)

I. 3. Revue de la littérature
Le changement climatique à lřimage des questions environnementales en général est
caractérisé par sa diversité à travers les pensées, mettant en place des courants qui distinguent
ainsi plusieurs familles ou écoles. Cřest ainsi quřon peut trouver les précurseurs, les penseurs
écologistes, les décroissants, les experts et décideurs, les sceptiques, les féministes8, les
naturalistes, systémique, ethnographique, moral, de la durabilité, holistique….. Pour Smuts
(1926), précurseur de dernier courant « the tendency in nature to form wholes that are greater
than the sum of the parts through creative evolutionŗ9. La démarche a dřabord consisté en la
capitalisation de cadres théoriques, conceptuels et méthodologiques de différentes disciplines
notamment les sciences humaines mais la complexité des questions à traiter exige dřempiéter
des frontières disciplinaires. Le changement climatique est parfois assimilé au changement
global qui est une notion bien appropriée par les géosciences et les sciences de
lřenvironnement, mais, il est sous cet angle une définition partielle. Le changement global
englobe un champ plus vaste et désigne lřensemble des changements environnementaux
(écologique / climatique), économique, énergétique, démographique, sociétal et culturel, et est
dřun usage récent (Griffon 2007). Actuellement, peu (voire pas) de disciplines traitent du
changement global en ne considérant pas seulement le changement climatique, mais aussi les
mutations socio-économiques et leurs interactions.

La recherche sur le changement climatique est transversale, elle intéresse différentes


disciplines notamment celle des sciences humaines et sociales dřautant plus que les
vulnérabilités croissantes des territoires etla documentation croissante de cas de

8
Sauvé (1999 in Houinato, 2013).
9
« La tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties, grâce à
lřévolution créatrice

60
maladapatation exigent de plus en plus la mobilisation de connaissances empiriques sur les
sociétés.

Ainsi, suivant lřintitulé du sujet, des phénomènes étudiés et des concepts associés, du choix
méthodologique, différents ouvrages et articles ont été consultés. Cřest ainsi que le thème du
changement climatique, ses impacts, lřérosion, les inondations, les concepts vulnérabilité,
résilience, adaptation, espace, territoire, observatoire… ont guidé nos choix dans la sélection
des titres. Mais également les territoires en question dans cette thèse (Mbour, Malicounda,
Saly) leur caractérisation, leur vulnérabilité, leur gouvernance et leurs interrelations.

I. 3.1. Les approches méthodologiques


L'adaptation des territoires côtiers aux effets du changement de climat est un sujet
relativement nouveau dans la littérature scientifique. Cependant on peut noter la quantité
croissante de la connaissance et des expériences pouvant informer sur le développement des
cadres plus génériques. Les méthodologies documentées sont choisies selon les objets de
recherche, climat, vulnérabilités, adaptation et cibles, milieu biophysique ou humains, les
activités, les politiques. Les éléments de bibliographie qui suivent constituent une synthèse de
méthodes développées à travers le monde pour connaître analyser les problèmes et les
stratégies développées par différents acteurs pour faire face au aux effets du changement
climatique.

Le PNUD (1998) dans la deuxième partie de son ouvrage « UNEP hand book Handbook on
Methods for Climate Change Impact Assessment and Adaptation Strategies » présente l'étude
de l'impact du changement climatique et de l'adaptation de plusieurs secteurs dont lřeau, les
zones côtières, lřagriculture la biodiversité, et de la pêche. Il donne un aperçu des méthodes
utilisé dans l'évaluation des impacts des changements climatiques et des stratégies
dřadaptation mais aussi des informations nécessaires au choix dřune méthode adaptéeà
chaque cas. Cependant les auteurs précisent que les informations fournies ne sont pas
exhaustives, toute évaluation nécessite une revue de littérature détaillée, des logiciels, de la
collecte de donnée, de la formation, des consultations individuelles ou collectives. Deux
articles nous ont principalement intéressés dans ce livre. Le premier traîte de lřEvaluation
Climatique Intégrée (Climate integrated assessment) (PNUD, 1998). Lřintérêt de ce cadre
dřanalyse proposé dans cet article part du fait que les études existantes sur l'impact du
changement climatique se caractérisent généralement par lřisolement des systèmes et des
lieux dans la recherche. Il propose ainsi une approche différente et essaie de comprendre les

61
interactions entre la diversité des impacts du changement climatique, et de placer ces impacts
dans le contexte d'autres changements. Cette approche est connue sous le nom dřévaluation
intégrée (IA ; Integrated Assessment). Elle donne des orientations sur la conduite dřune
évaluation intégrée des impacts du changement climatique et de l'adaptation au climat
changeant. Il est aussi signalé la possibilité dřapparition de certaines incohérences dans la
conduite de lřévaluation, ce qui peut se passer dans une étude sur lřeau ne prenant en compte
que partiellement les usages, lřagriculture uniquement ignorant ainsi la consommation des
ménages ou dřautres secteurs….

Parry et Carter (1998), proposent une méthode dřévaluation présentée sous forme dřun cadre
générique présentant sept principaux axes d'analyse conçus pour être applicables à tout
système normal et socioéconomique potentiellement affecté par le changement climatique :
(1) Définition des objectifs, (2) Spécifier les impacts climatiques, (3 ) Identifier les options
dřadaptation,(4) Examiner les contraintes, (5) Evaluer les mesures/formuler les stratégies
alternatives ; (6) Pondérer les objectifs/évaluer des différences, et (7) Recommander les
mesures d'adaptation. Les lacunes identifiées dans cette démarche ont trait à la planification
de lřadaptation, lřabsence de suivi ex post et dřévaluation.

Richard, Robert et Mimura (1999) font une évaluation des directives techniques du GIEC sur
l'évaluation des impacts des changements climatiques et de l'adaptation sur la base des
orientations proposées pour l'évaluation et lřadaptation en zone côtière. Combinant des
informations conceptuelles et empiriques, les auteurs montrent que lřadaptation côtière ne se
limite pas à des options techniques. Elle est plutôt est un processus plus complexe et itératif
avec une série de cycles de politique. Pour plus dřefficacité, un cadre adaptation élargi
impliquant quatre étapes fondamentales est proposé par ces auteurs : (1) collecte
dřinformation et de sensibilisation ; (2) planification et conception ; (3) mise en œuvre ; et (4)
suivi et évaluation. Lřabsence dřun de ces éléments freinerait le développement de stratégies
dřadaptation des différents acteurs. Ils invitent également les chercheurs et les décideurs à
travailler ensemble pour mettre en place un cadre pour lřadaptation qui est intégré dans les
processus et les pratiques de gestion des zones côtières. Ce document rappelle également les
différentes références en matière dřévaluation des impacts du changement climatique et
dřadaptation (IPCC CZMS 1992, Kay and Hay 1993, Carter et al, 1994, Yamada et al. 1999).
Il sřagit donc dřun processus itératif et constitué dřétapes (multi-stage and iterative process).

62
Dans la première étape, « collecte de lřinformation et conscientisation », les données
suivantes sont collectées : profils de plage, mesures des marées, données, photographies
aériennes et imageries satellitaires… Les informations qui sont nécessaires pour lřadaptation
en zone côtière se présentent en 4 catégories : (1) les impacts prévus du changement
climatique ; (2) les tendances prévues dans dřautres effets potentiels (augmentation de
population, changements dřutilisation du territoire) ; (3) les interactions prévues entre impacts
climatiques et développements non climatiques et (4) les ajustements autonomes prévus pour
les impacts climatiques et non climatiques cumulés.

La deuxième étape, « planification et conception » porte sur les actions à engager. Les
réponses à ces questions dépendent des critères dominants qui guident lřélaboration des
politiques locales, nationales ou régionales, ainsi que lřaménagement et la gestion du littoral
qui forment le contexte plus large de toute initiative dřadaptation. Des critères importants qui
pourraient influer sur les décisions dřadaptation incluent le rapport coût/efficacité, équité
sociale et durabilité environnementale.

La troisième étape « application et exécution » invite avant tout à une certaine prudence. En
effet, une stratégie réussie dřadaptation associe diverses approches de lřadaptation, conçues en
fonction des besoins particuliers du secteur en danger et la réduction des contraintes
dřexécution. Un aspect important souvent négligé dans lřadaptation des zones côtières doit
être obligatoirement intégré. En effet, il faut articuler les options techniques avec les cadres
économiques, juridiques, institutionnel appropriées. Ainsi, une stratégie dřadaptation réussie
comprendra une combinaison dřapproches de lřadaptation, combinaison liéeaux besoins
particuliers de la zone à risque et visant à réduire les contraintes de mise en œuvre. Dans
lřévaluation de lřadaptation des zones côtières, il est donc important de tenir compte du
contexte dans lequel les options techniques sont déployées.

La quatrième et dernière étape, le « suivi- évaluation », consiste en une évaluation au regard


des objectifs originaux ; et peut ainsi apporter de nouvelles informations pour ajuster les
stratégies.

Lřarticle souligne cependant certaines faiblesses des directives dřévaluation du GIEC à


différents niveaux que sont : l'interaction entre le changement de climat et d'autres pressions
dans la détermination des impacts potentiels ; la perception et la conscientisaton dupublic
quant au changement climatiques et ses impacts ; la planification spatiale et temporelle des
mesures dřadaptation ; les mécanismes pour la participation du public ; les aspects non

63
techniques de lřadaptation (économique, juridique, institutionnel) et les outils et procédures
pour évaluer la mise en œuvre de l'adaptation.

Un guide dřévaluation de la vulnérabilité est élaboré (Hinkel J. et al., 2013) dans le cadre du
PROVIA10 qui est une initiative scientifique du (PNUE)11, de lřUNESCO12 et de lřOMM13,
qui vise à harmoniser, à mobiliser et à communiquer la base croissante de connaissances sur
la vulnérabilité, les impacts et l'adaptation. Le changement climatique est associé à des
risques multiples pesant sur les systèmes naturels et humains à travers le monde. A cet effet,
afin de comprendre et de traiter ces derniers et dřen saisir les opportunités, les acteurs ont
besoin de conseils techniques clairs qui combinent une science robuste et une prise en compte
explicite des besoins des utilisateurs aux niveaux local, national et international. Dans cette
optique, Hinkel et al. (2013) proposentune méthode sřarticulant sur quatre points
fondamentaux que sont : (1) lřidentification des besoins d'adaptation ; (2) lřidentification des
options d'adaptation ; (3) lřévaluation des options d'adaptation ; (4) la planification et la mise
en œuvre des mesures d'adaptation ; (5) le suivi et évaluation de l'adaptation.

Les auteurs soulignent la complexité de toutes ces tâches dont lřexécution nécessite la
participation de plusieurs experts. Il n'existe pas dřapproche "uniforme", et ce document met
l'accent sur la diversité des problèmes liés à l'adaptation et la diversité des méthodes et outils
disponibles pour les résoudre.

Lřutilisation dřarbres décisionnels permet de définir les principaux critères qui peuvent
indiquer les choix d'analyse ou de méthode. Il nřest néanmoisn par possible de prescrire une
approche comme la seule valable. Ce guide donne ainsi un aperçu des activités qui constituent
l'évaluation des risques climatiques et l'adaptation, et une structure cohérente et intégrée pour
y faire face.

Le guide met également en évidence trois autres catégories principales de critères


empiriques : les caractéristiques des risques climatiques (ou opportunités) impliqués, traités
commesi ils étaient déjà présents ; les caractéristiques des acteurs concernés, traités comme si
ils étaientconscients des risques et avaient la capacité de s'adapter ; et les caractéristiques des
options d'adaptation disponibles, telles que leur coût relatif et leur flexibilité. En différenciant

10
Programme mondial de recherche sur les changements climatiques, la vulnérabilité, les impacts et adaptation
11
Programme des Nations Unies pour l'Environnement
12
Organisation des Nations Unies pour lřéducation, la science et la Culture
13
Organisation Météorologique Mondiale

64
les défis d'adaptation, il est possible dřidentifier deux critères empiriques principaux qui
permettent dřenrichir la conceptualisation de lřadaptation mais aussi son analyse sur le terrain.
Le premier critère est lřétape dans le cycle d'adaptation ; le scond critère est le type de
situation d'adaptation : public ou privé, individuel ou collectif.

Figure 2 : The adaptation learning cycle (HENKEL & al. 2013)


Il est également souligné l'importance de la participation des parties prenantes à toutes les
étapes du cycle d'apprentissage de l'adaptation, qui devraient couvrir l'ensemble des groupes
concernés, y compris les femmes et les populations marginalisées ; notamment pour les
situations d'adaptation collectives, à comprendre et prendre des mesures en vue d'harmoniser
les points de vue potentiellement divergents des différents acteurs.

Pour lřanalyse des capacités, les auteurs présentent des méthodes et outils d'évaluation de la
capacité des individus, des communautés, des systèmes et des institutions à s'adapter aux
changements climatiques. Quant à l'analyse institutionnelle, elle est présentée à travers trois
approches principales : la description de la gouvernance, la méthode de gestion, et de
lřémergence de la gouvernance. En effet, les évaluations de vulnérabilité, les impacts et
l'adaptation cherchent souvent à comprendre le contexte institutionnel, y compris les facteurs
politiques, sociaux et économiques qui structurent les choix individuels.

65
Figure 3 : Choosing approaches for identifying adaptation option (HENKEL et al, 2013)

Nous retrouvons également un cadre dřanalyse des options publiques pour lřadaptation
individuelle ou collective mettant en jeux plusieurs acteurs, privés, public. Ceci nécessite une
connaissance de lřinterdépendance des actions et la coordination des solutions.

Figure 4 : Choosing approaches to support a Figure 5 : Choosing approaches to support a public


public actor influencing individual adaptation actor influencing collective adaption (KENKEL,
(KENKEL, 2013 ) 2013 )

Dans le cadre dřune recherche-action menée pour venir en aide aux communautés côtières
du nord-est et du sud-est du Nouveau-Brunswick, Chouinard, Plante et Martin (2006) stimule
un engagement des communautés face au changement climatique. Ces dernières sont
confrontées à des problèmes liés aux inondations et à lřérosion côtière. La démarche adoptée

66
est participative, impliquant des résidents, des décideurs locaux et des fonctionnaires pour
favoriser leur engagement envers la prise de décision pour des mesures dřadaptation. Le
processus dřengagement comprend lřidentification des perceptions, des préoccupations et des
connaissances locales sur le sujet, lřidentification des mesures en adaptation déjà utilisées, des
activités de sensibilisation, dřinformation et un accompagnement dans la prise de décision
lors de groupes de discussion. Les données ont été recueillies à lřaide dřentrevues semi-
dirigées réalisées en début et en fin de processus. Les résultats montrent que les participants
sont déjà à lřœuvre en matière dřadaptation mais manquent de ressources humaines,
matérielles et de direction sur la façon de procéder. Le processus entrepris a produit un
changement de direction important dans les mesures en adaptation envisagées et a permis
dřajouter certains éléments nouveaux dans ces communautés. Le processus a permis
dřapporter des solutions plus durables ou dřaider à confirmer et à donner de la crédibilité
auprès des gouvernements aux efforts déjà entrepris.

Sur le plan méthodologique, il sřagit dřune démarche participative marquée par un processus
dřengagement qui se décline en 6 étapes : (1) lřidentification des perceptions ; (2) un
diagnostic des préoccupations et des connaissances locales sur le sujet ; (3) lřidentification
des mesures dřadaptation déjà utilisées par les résidents pour y faire face ; (4) lřinformation et
la sensibilisation de la population aux impacts du changement climatique et à la montée du
niveau marin et aux stratégies d'adaptation (possibilités en adaptation ; considérer les coûts et
bénéfices) ;(5) lřorganisation dřactivités de sensibilisation, dřinformation et un
accompagnement dans la prise de décision pour lřappropriation des meilleures données
scientifiques ; (6) une analyse du processus dřaccompagnement des communautés (retombées
et les changements souhaitables au processus).

Comme outils de collecte de données, des entrevues semi-dirigées ont été privilégiées en
début et en fin de processus. Les résultats obtenus attestent de la pertinence de la démarche.

La participation de chercheurs de différentes disciplines touchant la question du changement


climatique et de lřadaptation a été jugée comme étant très importante par les participants. Les
participants sont déjà à lřœuvre en matière dřadaptation mais manquent de ressources
humaines, matérielles et de direction sur la façon de procéder.

Cet article présente pour nous plusieurs intérêts à travers ses principaux mots clés :
Changement climatique, érosion, inondation, approche intégrée, approche participative, prise

67
de décision ; mais aussi les choix dans les stratégies dřadaptation, que nous serons amenés à
proposer.

Lřévaluation du changement climatique est aussi influencée par lřincertitude. Adger et al.
(2003) font le constat que lřincertitude autour des projections du changement climatique est
souvent manifeste dans les choix dřévaluation de paramètres climatiques particuliers. Le défi
premier est relatif aux deux échelles : la gestion locale des ressources naturelles et lřéchelle
des accords et actions internationaux pour favoriser la capacité.

Lřapproche méthodologique utilisée dans ce travail est basé sur deux éléments fondamentaux,
le diagnostic dřéléments pertinents et lřidentification dřacteurs clés. Cet article fait également
une description et une analyse du cadre de gestion des ressources dans la zone dřétude et les
stratégies développées pour le renforcement des capacités dřadaptation en vue dřun
développement durable. Cette démarche a surtout été intéressante dans la gestion des
pêcheries et la baisse des stocks de ressources halieutiques.

Les capacités dřadaptation au changement climatique sont largement tributaires des politiques
et modes de gouvernance. Dans un contexte changement climatique auquel, le monde en
développement est plus vulnérable aux risques climatiques, Boyd et al. (2009) analysent la
façon dont la politique de développement répond à cette menace importante. Lřétude donne
une idée des différentes politiques en matière dřadaptation de financement, de développement
propre.

Les actions en cours et celles envisageables sont analysées à travers trois aspects politiques:
(1) les mesures dřadaptation et financement, (2) les politiques d'atténuationet de leur
gouvernance, et (3) les implications pourla planification du développement (défi de
Copenhague et au-delà) en identifiant cependant des sources de vulnérabilité, de
développement dřactivités sans objectifs sur les changements climatiques, et des capacités de
réponse au changement climatique et la gestion du risque.

La démarche méthodologique sřinscrit dans le long terme en faisant lřhistorique des voies
courantes de développement, en analysant, notamment grace aux résultats de lřarchéologie,
les changements climatiques du passé. En effet lřéchelle du millénaire a eu comme
conséquence des changements indicatifs sur la société, avec des liens à la population,
migration, changement technologique et conflit.

68
I. 3.2. Sur les impacts du changement climatique
Les documents sont produits à des échelles variées du global au local. Au premier rang
figurent les rapports du GIEC dont le plus récent (Working group II, 2014) intitulé Impact,
Adaptation and Vulnerability, fait état des effets du changement climatique, leur intensité et
leur répartition spatiale. Plusieurs travaux dans différentes régions du monde traitent des
impacts sur les ressources en eau (les écoulements des cours et eau souterraines), les
ressources forestières, les zones côtières, la biodiversité, les activités (agriculture, élevage,
pêche…).

Sur la dimension genre des impacts, ou vulnérabilité différenciée, les études soulignent la
vulnérabilité disproportionnée des femmes par rapport aux hommes, notamment parce que ce
sont elles qui supportent lřessentiel du poids des activités qui sont le plus touchées par des
climats défavorables (comme la collecte du bois et de lřeau, et lřalimentation). Elles sont aussi
davantage affectées lors de catastrophes naturelles : une étude démontre que le risque de
mourir est 14 fois plus élevé pour les femmes et les enfants que pour les hommes lors dřune
catastrophe naturelle (Save the children, 2014). Parallèlement, leurs capacités dřadaptation et
leur résilience sont réduites en raison dřun accès plus restreint à la santé, aux compétences,
aux infrastructures, à lřinformation. Par rapport aux impacts les pertes de ressources
environnementales sont beaucoup plus ressenties chez elles dřautant plus que leurs activités et
leur contribution au bien être familial sont essentiellement liées à leur disponibilité et à leur
accès. Leur rareté implique des efforts de travail supplémentaires. Cependant, tel que souligné
par Diagne (2008), « La corrélation entre le genre et les changements climatiques nřa pas été
intégrée de manière effective dans les documents nationaux sur les changements climatiques.
La réflexion a été abordée jusquřici de manière conceptuelle par ENDA et dřautres acteurs
non gouvernementaux dans des articles spécifiques (Conférence des Parties sur le climat,
articles publiés). Selon Diagne (2008), également, la relation entre le genre et les
changements climatiques sřapprécie mieux à partir dřune approche développement, qui
intègre les facteurs liés à la santé, à lřéducation et à la formation des femmes pour un meilleur
devenir sur le plan socioéconomique. Pour les femmes, les effets des changements
climatiques peuventt mieux sřévaluer à partir des secteurs où elles sont le plus présentes,
notamment la collecte de lřeau et du combustible, lřagriculture, la pêche et la foresterie. Ce
dernier secteur offre des possibilités dřadaptation réelles aux femmes (RNDH, Sénégal,
Changement climatique et Sécurité alimentaire, 2010)

69
Les effets du changement climatiques sont attendus dans différents secteurs économiques tel
que le tourisme. Les travaux de Mbaye et al. (2009) traitent des relations tourisme et
changement climatique dans la région naturelle de la Casamance qui est la troisième
destination touristique du Sénégal, après Dakar et la petite Côte. Cette place lui revient grâce
à ses 85 km de côtes ensoleillées avec de belles plages, bordées dřhôtels de grand standing à
lřimage de ceux du Cap-Skiring. A ce potentiel, sřajoutent lřimportance du réseau
hydrographique, la richesse culturelle (les maisons à étages construites en banco de Mlomp
classées parmi les monuments historiques, les musées de Diembéring, etc.) et la générosité du
climat. A partir du moment où les choix de beaucoup de destinations se fondent sur les
images que le climat génère, le changement climatique déjà perceptible en Casamance à
travers la persistance des épisodes de sécheresse, ne modifierait-il pas la saisonnalité du
tourisme ainsi que le potentiel attractif de la région ?

Cet article soulève la qestion, fondamentale pour nous, de lřespace géographique, quřest le
littoral mais aussi le tourisme qui constitue une activité phare sur la Petite Côte.

La démarche utilisée présente 4 axes : analyse de lřévolution du climat ; données


pluviométriques officielles (service météo) des stations de la zone dřétude ; capitalisation de
données bibliographiques sur certains impacts sur les paysages ; identification des variables
changeantes : eau, paysage.

Les travaux de Scavia et al. (2002) permettent dřenrichir les parties de notre thèse consacrée à
la partie conceptuelle, à la dynamique côtière, à lřérosion, aux recommandations ; il aborde la
gestion intégrée, des pêches. A partir dřun diagnostic du littoral et des ressources marines,
plusieurs facteurs clés du changement climatique tel que : le changement de niveau de la mer ;
modifications des régimes de précipitations, transport de sédiments ; augmentation de la
température de lřocéan sont considérés ; Ils montrent que le changement climatique naturel et
celui anthropogénique conduisent à des changements sur la bathymétrie, le calendrier et
l'ampleurdes flux des cours dřeau; des courantscôtiers et hauturiers ;la trajectoire des tempêtes
dontlřintensité et la duréesont susceptibles de produire des changements significatifs des
changements significatifs dansle dépôt de sédimentsetles modes d'érosion. Ceci est validé par
(Morton 1979 in Scavia et al., 2002) « When river flow is stored or diverted, there sulting loss
of sediment delivered to the coast can accelerate shoreline erosion; the Brazos River in Texas

70
now delivers only 30% of the volume of sediment to local beaches before dams were build on
the riverŗ14

Les processus naturelschangent continuellementlesenvironnements marins et côtiers (plage,


rivage…). Ces changementspeuvent être naturels ouassociés à des activitéscommel'extraction
de sable, oupeuventêtre accidentelles.

I. 3.3. Sur les incertitudes


Les incertitudes trouvent leur source notamment dans la diversité des scientifiques et des leurs
approches du changement climatique. Cřest ainsi quřon distingue plusieurs types
dřincertitudes (GIEC 2000). Lřincertitude cřest plus quřune erreur statistique ou des chiffres
inexacts. Elle est comprise comme un concept multidimensionnel avec une dimension
qualitative et quantitative Lřincertitude peut se manifester à différents niveaux dans
lřévaluation des risques par exemple : le contexte, les les limites du système, le choix des
indicateurs, la structure des modèles les paramètres et données. La plupart des méthodologies
et pratiques de lřincertitude se penchent seulement su lřincertitude quantifiable

Les incertitudes quant aux futures émissions de gaz à effet de serre sont icifondamentales.
Cette source dřincertitude est sans doute la plus connue des gestionnaires de projet et des
décideurs. Il sřagit des incertitudes relatives à certaines hypothèses clés sur les relations entre
populations futures, développement socio-économique et avancées techniques pouvant influer
les émissions de gaz à effet de serre. En effet, les émissions futures de gaz à effet de serre sont
le produit des systèmes dynamiques très complexes déterminés par des forces motrices telles
que la croissance démographique, le développement socio-économique et l'évolution
technologique. Leur évolution future est hautement incertaine (GIEC, 2000).

Une autre source dřincertitude tient au recours à la modélisation : il arrive que les modèles
prédisent différentes modifications climatiques pour les mêmes paramètres ; ces différences
entre modèles sont dues aux représentations mathématiques variables du système terrestre.

La variabilité interne du système climatique est une autre source dřincertitude : cette
incertitude est liée aux fluctuations naturelles du climat. Les fluctuations sont importantes

14
Traduction libre. Lorsque le débit de la rivière est entreposé ou détourné, la perte de sédiments sur la
côte peut accélérer l'érosion des berges ; le Brazos River au Texas offre désormais seulement 30%
du volume des sédiments des plages locales avant de barrages ont été construits sur la rivière

71
pour les gestionnaires de projet car elles pourraient inverser les tendances climatiques à long
terme et cela, pour une dizaine dřannées.

A ce titre, nous présentons quelques auteurs à travers leurs articles.

Van der Slujs (2006) se penche sur la complexité des problèmes environnementaux qui
présentent des caractéristiques spécifiques difficiles à traiter avec des procédures scientifiques
normales. Ces risques complexes nous amènent à nous confronter aux limites des
connaissances concernant le comportement et les interactions des systèmes écologiques et
socioéconomiques. Ces connaissances relèvent souvent de champs disciplinaires différents et
d'approches méthodologiques qui ne sont pas forcément convergentes. De nouvelles relations
entre science et société doivent être recherchées (Funtowicz et Ravetz, 1993). Ces derniers
classent cette catégorie de problèmes comme post-normale. Ceci se présente paradoxalement
aux exigences de décisions politiques les concernant qui se veulent concluantes. A cet effet
lřauteur propose une méthode dřévaluation spécifique : Knowledge Quality Assessment
(Evaluation des connaissances).

La construction sociale de lřincertitudesoulève une opposition entre une vue positiviste et


constructiviste du savoir scientifique. Dans la position positiviste le savoir scientifique est vu
comme objectif. Les faits sont réels. Les faits et les valeurs devraient être séparés ; il nřy a
quřune seule réalité à découvrir et à comprendre par la science. Dans une perspective
constructiviste au contraire, le savoir scientifique et lřautorité scientifique ne sont pas objectif
et nřémane pas de la société. Lřincertitude est dřune part socialement construite et son
évaluation nécessite toujours des jugements subjectifs. Le recours à plus de recherche ne
réduira forcément pas lřincertitude

Van der Sluijs, utilise une métaphore « monster » (Martijntje Smits 2002, 2004) pour analyser
les différences réponses apportées par la communauté scientifique aux incertitudes
auquelleelle fait face. « I use her monster-concept to explore the way in which the scientific
community responds to the monstrous uncertainties that they face in the production of the
knowledge base of complex environmental problems».

En sřappuyant sur les travaux de Douglas (1966) sur la pureté et le danger dans les cultures
traditionnelles, Smits a développé une théorie dans laquelle elle explique la co-existence de
malaise du public et sa fascination pour certaines technologies nouvelles comme les OGM en
utilisant la métaphore d'un monstre « l'idée est que nous sommes habitués à ordonner le
monde en termes de catégories binaires tels que les humains contre les animaux et les

72
organismes par rapport à des machines ». Douglas a montré que ces catégories diffèrent d'une
culture à lřautre. Elles sont le résultat d'un processus d'apprentissage social. Pour la plupart,
elles sont partagées collectivement, par conséquent, elles pourraient être appelées catégories
culturelles. Ellesfaçonnent une reconstruction symbolique de phénomènes terrestres. Un cas
particulier de confusion apparaît, quand au même moment, un phénomène inscrit dans deux
catégories qui ont été considérées comme étant mutuellement exclusives. Smits appelle ce
phénomène ambigu, cet être contre nature, un monstre.

Lřapplication du concept « monster » dans lřévaluation des connaissances pour lřélaboration


des politiques de problèmes environnementaux complexes permet dřobserver différents cas de
figure. Les « monster » incluent « knowledge versus ignorance, objective versus subjective,
facts versus values, prediction versus speculation, and science versus policy ».Il met en
relation lřIncertitudes et la monstruosité. Lřincertitude peut se manifester à différents niveaux
dans lřévaluation des risques par exemple : le contexte, les limites du système, le choix des
indicateurs la structure des modèles, les paramètres et données. Selon van der Sluijs (2006),
Smits distingue 4 styles de Ŗmonster-treatmentŗ à des degrés de tolérances variable envers
lřanomalie (: Monster-exorcism, Monster-adaptation, Monster-embracement, Monster-
assimilation

Monster-exorcism : la science est considérée comme productrice de savoir objectif autoritaire.


Plus de recherche objective réduit les incertitudes. Principe partagé par lřIPCC (Houghton et
al. 1990) dřautant plus quřil précise dans le rapport Ŗwe are confident that the uncertainties
can be reduced by further research (Houghton et al. 1990).ŗ (Traduction libre : Nous sommes
confiants que les incertitudes peuvent être réduites par une recherche plus poussée). Faisant
ainsi référence aux incertitudes sur les sources et puits degazà effet de serre, la formation des
nuages, les océans et les calottes glaciaires. Ceci continuera de prévaloir dans son second
rapport (1995). Williameson (1994) plaide pour le remplacementde l'objectif dela recherche
pour réduire les incertitudespar un but de recherchepragmatique de"fournir des estimations
fiables de la probabilitédans des limites définies, de sorte que les risques peuvent êtreévalués
et des mesuresappropriéesprises, plutôt que des « prédictions », valeurs uniques parasitées
dans leur exactitude.
Monster-adaptation : consiste en une sorte de tentative de quantification de lřincertitude à
partir dřun tableur sert de cadre de référence. Quand il nřy a pas de motifs objectifs de
quantification, ils tendent à utiliser une probabilité subjective ou une autre tendance de la
déplacer dans le champ scientifique. On note ainsi un manque de convergence des résultats

73
des modèles construits par différents groupes de modélisation pour un même un problème.
IPCC dispose de différents modèles (Nakicenovic et al, 2000) ; Différents modèles faits avec
les mêmes scénarii produisent des différents résultats différents. Ceci reflète lřimportance des
incertitudes liées aux structures des modèles. Van der Sluijs souligne que ŖHowever, Jasanoff
also found that the experts themselves seem at times painfully aware that what they are doing
is not Řscienceř in an ordinary sense, but a hybrid activity that combines elements of scientific
evidence and reasoning with large doses of social and political judgementŗ15.
Monster-embracement : Il peut être associé à la fascination de la complexité de notre planète.
A cet effet les écoles de pensée duholisme et de tentatives pour intégrer la science et la
spiritualité dans une « Inclusive Science » (Wilber in Welmans 1984) peuvent également être
considérées comme englobant l'incertitude
Monster-Assimilation : en plus de lřadaptation il ya un changement des catégories culturelles
par lesquelles elle est jugée ; les catégories culturelles sont considérées comme flexibles et
constructibles. Van der Sluijs renvoie à Smits (2002, 2004) « in contrast to the other styles of
monster dismantling, the style of monster-assimilation makes use of the insight that cultural
categories are flexible and constructible. In other styles, the uncertainty monster is somehow
judged in terms of existing cultural categories and these cultural categories are in turn
considered more or less as factsŗ16

Lřauteur après avoir souligné les efforts consentis dans la recherche sur la connaissance et
lřignorance conclut en ces termes « Assessment and communication of uncertainty and
ignorance and a post normal science approach of extended peer review are essential in this
new approach ».

Les méthodes quantitatives de traitement de lřincertitude présentent des limites. En effet, le


champ dřanalyse porte sur des méthodes mathématiques ; des outils de dimensions
quantitatives utilisation dřalgorithme sophistiqué avec également la possibilité maintenant de
compléter avec de nouvelles approches qualitatives traitant dřaspects de lřincertitude difficiles
à quantifier.

15
Traduction libre « Cependant, Jasanoffa également constaté que les experts eux-mêmes semblent parfois
douloureusement conscients que ce qu'ils font nřest pas une 'science' dans un sens ordinaire, mais une activité
hybride qui combine des éléments de preuves scientifiques et de raisonnement avec de fortes doses de
jugement social et politiqueř
16
Traduction libre contrairement aux autres styles de « monstre », le « monstre-assimilation » part de l'idée selon
laquelle, les catégories culturelles sont flexibles et constructibles. Dans d'autres styles, le « monstre de
l'incertitude » est en quelque sorte jugé en termes de catégories culturelles existantes qui sont à leur tour plus
ou moins considérées comme des faits.

74
IL sřagit dřune approche réflexive de lřincertitude (Ecole science post normale). Lřauteur
présente différentes nouvelles multidimensionnelles et réflexives approches de KQA
(Knowledge Quality Assessment) développées dont le NUSAP system et le
checklistapproach.

Le NUSAP System (Funtwicz et Ravetz 1990) a pour objet de faire une analyse et un
diagnostic de lřincertitude sur la base de connaissance de la complexité politique des
problèmes environnementaux. Ceci inclut les dimensions qualitative et quantitative de
lřincertitude et permet de les communiquer de façonstandardisée et explicative. Il procède en
un système de notation. L'idée de base est de qualifier l'information quantitative au moyen des
cinq qualificateurs dont lřacronyme est NUSAP : (Number, unité, Spread, Evaluation
pedigree)17les quantités sont qualifiées en utilisant les 5 qualificatifs du NSUAP.

Le RIVM (Review of the Netherlands Environmental AssessmentAgency) uncertainty


Guidance qui apour Objectif de faciliter une réflexion systématique sur les incertitudes à
travers tout le processus de lřévaluation. Il est ainsi structuré en 6 étapes (cadrage, sélection
des indicateurs, participation des parties prenantes, évaluation de la base de connaissance,
cartographie, évaluation des fortes incertitudes, report des informations sur lřincertitude.

Les incertitudes dans lřévaluation et lřurgence des décisions à prendre introduisent le principe
de précaution qui relève de la sagesse dans l'action face à ces situations. Différents cadres, la
déclaration de Londres (2ème Conférence internationale sur la protection de la mer du Nord,
1987), la Déclaration de Rio (Nations unies, 1992) ont fait des formulations du Principe de
Précaution se référant tous à des valeurs et expriment ainsi un jugement moral sur
l'acceptabilité du danger. La communication de l'UE (2000) précise que « L'invocation ou non
du Principe de Précaution est une décision prise lorsque les informations scientifiques sont
incomplètes, peu concluantes ou incertaines, et lorsque des indices donnent à penser que les
effets possibles sur l'environnement ou la santé humaine, animale ou végétale, pourraient être
dangereux et incompatibles avec le niveau de protection choisi ». Le PP s'applique lorsqu'il
existe des incertitudes scientifiques importantes sur la causalité, l'ordre de grandeur, la
probabilité et la nature du danger. Des interventions sont donc requises avant qu'un danger
possible ne se produise ou avant que l'on puisse parvenir à une certitude au sujet de ce danger
(ce qui signifie que l'on exclut une stratégie d'attentisme).

17
Numéraire, Unité, Dispersion, Evaluation, et Pédigrée

75
I. 3.4. Sur la vulnérabilité : conceptualisation et analyse
Depuis une trentaine dřannée, différentes études sur la vulnérabilité ont été menées à travers
le monde notamment dans le domaine des risques et catastrophes naturelles, de la pauvreté, du
foncier, de la santé….

Lřusage du terme pour parler certaines catégories sociales (femmes, enfants, handicapés) en
les désignant groupe vulnérable, est présent dans le discours de politiques de développement
et de documents de planification, notamment sur des questions relatives aux impacts du
changement climatique. Oussouby Touré, (2010) sur un article portant sur Les limites du
concept de « groupe vulnérable » en matière de sécurité foncière définit la vulnérabilité en ces
termes « au sens général la vulnérabilité est définie comme la prédisposition dřun système à
souffrir dřun choc ou dřun stress externe provoqué par des aléas climatiques, des
tremblements de terre ou des éruptions volcaniques. Ces événements peuvent être étendus à
des facteurs de risques technologiques ou socio-économiques ». Il remarquera cependant le
caractère abusif de lřusage du concept dans ce contexte. Les groupes dits vulnérables ne
constituent pas des couches et catégories sociales aussi homogènes quřon le prétend et la
situation de vulnérabilité est dynamique. et nřimporte quel groupe dřacteurs peut basculer
dans une situation de précarité foncière, y compris ceux qui ne sont pas identifiés comme
groupes vulnérables

Dans le domaine du changement climatique Meur F. (2010) citant différentes sources évoque
la notion de vulnérabilité classique (relatifs aux enjeux, bien et personnes) et la vulnérabilité
globale. Cette dernière reposerait sur une approche interdisciplinaire du risque (DřErcole et
Pigeon, 1999 et présenterait ainsi 4 composantes principales que lřon peut également observer
dans nos travaux : (1) les aléas, cřest-à-dire les phénomènes naturels qui seraient relatifs pour
cette thèse à lřérosion, aux inondations …, (2) les enjeux, porteraient sur les communautés ,
les infrastructures hôtelières, les parcs piroguiers, les biens privés et publics, les éléments du
patrimoine, etc… susceptibles dřêtre affectés par ces phénomènes, (3) les politiques publiques
de gestion, quřelles soient de prévention, de protection ou de crises, et (4) la perception des
risques par les habitants du territoire (Meur-F, 2006; Meur-F et al. 2004). Meur.F. estime que
la perception du risque constitue un élément fondamental à étudier si lřon veut comprendre les
comportements et projets de vie des habitants et des usagers du littoral, conformément au
caractère socialement construit des risques (Flanquart, 2012 ; Lupton, 1999). En effet le
mémoire, la conscience ou la conscience du risque dictent les pratiques dřadaptations
individuelles. La mémoire ou la conscience et la connaissance du risque sont des facteurs

76
essentiels des pratiques dřadaptations individuelles en termes de protections préalables ou de
comportements avisés en cas de crise.

« Par ailleurs, les perceptions interviennent au niveau de la sensibilisation des décideurs et


plus généralement de lřacceptabilité des doctrines et des mesures collectives dřadaptation par
les parties prenantes et les populations ». Ainsi, plusieurs des mesures préconisées par
lřONERC (2011) pour lřadaptation au changement climatique mettent lřaccent sur la
constitution dřune mémoire du risque, sur la sensibilisation et lřélaboration dřoutils
dřinformation. Les perceptions conditionnent les comportements, même a posterori. le cas de
la tempête Xynthia (France en 2010 peut lřillustrer ». Cette importance des perceptions est
montrée quel que soit le risque, mais dans le cas de lřadaptation aux risques liés au
changement climatique, elle revêt une importance particulière, puisquřil sřagit dřanticiper une
menace de long terme, non directement perceptible, et qui peut faire lřobjet de controverses
scientifiques et sociales. Outre lřincertitude entourant ces risques, leur caractère continu (de
Perthuis et al. 2010) ou graduel (ONERC, 2011 ; Magnan, 2008) introduit de plus des
spécificités supplémentaires. Lřaccent est notamment mis sur la capacité à anticiper ces
risques. Lřobjectif en effet est dřéclairer les gestionnaires dans la mise en place de politiques
dřadaptation des territoires littoraux, notamment quant aux différentiels de besoins de
sensibilisation en fonction des profils et aux types de politique préférés par les habitants et les
usagers du littoral.

Le concept de vulnérabilité dans les documents nationaux (Sénégal)

Lřutilisation du concept de vulnérabilité et de risque apparaît largement dans les différents


documents stratégiques de planification, à lřéchelle nationale, symbolisant les traductions en
politique des engagements de lřEtat dans les grands enjeux globaux symbolisés par la
ratification de différentes conventions.

Cřest ainsi que la partie Diagnostic du DSRPII, consacre différents points à la vulnérabilité
par différents intitulés : la Pauvreté, vulnérabilité et absence de protection sociale dans
lřinsuffisance et inégalités dans lřaccès aux services sociaux de base.

LřAXE 3 des stratégies de lutte contre la pauvreté porte sur : Protection sociale, Prévention et
gestion des risques et catastrophes.

Egalement dans lřatteinte des à lřHorizon 2015, il est envisagé de réduire la vulnérabilité des
activités agricoles. « Pour faire face aux aléas de la pluviométrie et lřérosion hydrique, il est

77
prévu de poursuivre avec vigueur la promotion de l'hydraulique rurale et de lřagriculture
irriguée en utilisant des systèmes adaptés aux besoins locaux »18.

Ceci traduit la nécessité dřune maîtrise des contenus des termes, pour une optimisation des
mesures. Dès lors, la compréhension du concept incite à la formulation de questions
multiples : la vulnérabilité est-elle lřimpact ou la cause de la perturbation ? La vulnérabilité
exprime t-elle une situation statique ou évolutive ?

Adger W. N (1999) décrit un modèle conceptuel de vulnérabilité sociale au changement


climatique afin de mieux comprendre les processus d'adaptation sociale à ses impacts dans les
sociétés agraire srurales. Il décrit un cadre dřanalyse de la vulnérabilité sociale un aspect
généralement sous-estimée dans les évaluations des impacts des changements climatiques et
des phénomènes climatiques extrêmes. La vulnérabilité dans le présent document signifie
l'exposition des individus ou des groupes collectifs au stress des moyens de subsistance à la
suite aux effets du changement de l'environnement. Il est constitué parles aspects individuels
et collectifs qui peuvent être ventilés, mais sont liés par l'économie politique des marchés et
des institutions. Recherche dans les régions côtières du nord du Viet-Nam montre que la
vulnérabilité sociale de base est renforcée par des facteurs institutionnels et économiques liés
à la transition économique du Vietnam, de la planification centrale, à savoir la répartition de
l'action collective sur la protection contre les événements extrêmes et un revenu de plus en
plus inégal. Compenser ces tendances signifie d'autres changements institutionnels liés à la
nature dynamique de la restructuration économique et de l'évolution de la transition vers le
marché au Vietnam, qui réduisent la vulnérabilité.

En plus des mots clés, Social vulnerability, climate change, coastal, lřimportance de cet article
portait sur deux principaux aspects : la compréhension du concept de vulnérabilité et
Lřanalyse du concept de vulnérabilité sous différents angles : pauvreté, dépendance aux
ressources, résilience sociale, inégalité, efficacité institutionnelle dans lřamélioration de la
vulnérabilité.

Knebusch, J. (2007) sřintéresse à la perception du changement climatique, des formes de


représentation du climat et du paysage. En effet lřurbanisation rapide et de la disparition du
monde rural au XXème siècle, les sociétés occidentales des zones tempérées ont conduit à une
détérioration de la sensibilité météorologique et climatique. Lřon assiste à une banalisation du

18
OMD

78
« Parler du temps » semble revêtir principalement une fonction sociale, la science
météorologique reste aujourdřhui lřune des dernières sciences que lřon croie volontiers
objective. A ce titre le climat peut être décomposé en une série de paramètres
météorologiques. En tant que tel, le climat nřexiste que pour un être corporel et sensible et
peut être apparenté, d'un point de vue phénoménologique, au paysage

À lřimage du paysage, le climat est donc un phénomène multidimensionnel où se croisent les


apports de la nature, de la culture et de lřhistoire, mais aussi de lřimaginaire et du symbolique.
Lřart peut aider à reconfigurer les relations à lřenvironnement, à découvrir ces représentations
du climat et ses modifications

Avec les mots-clés tels que Perception, climat, paysage art, et science, il contribue à lřanalyse
des aspects de perception que nous avons intégrés dans nos travaux avec, en parallèle, la
représentation.

Les travaux de Magnan A. (2009) ont permis de bâtir notre cadre dřanalyse de la vulnérabilité
qui considéré dans ce texte comme un concept global et évolutif. Appliquée à lřéchelle dřun
écosystème particulier tel que le territoire littoral, la vulnérabilité dépend de son exposition à
des perturbations mais également de la nature même de ses composantes et de leurs
interrelations. Après une discussion travers les relations entre risque vulnérabilité, aléa et
territoire, le concept de vulnérabilité apparait davantage complexe.

Le risque fait référence à la survenue probable dřune perturbation tandisque la catastrophe a


ses conséquences réelles (Dauphiné, 2001 ; Veyret 2007). La perception de la vulnérabilité
comme un simple degré dřexposition au risque évolua avec la problématique du changement
climatique : Fragilité environnementale et résilience ; Interaction intra sociétales et sociétés et
environnement. Lřenjeu posé par le changement climatique est dřarriver à prendre en compte
les causes sous-jacentes de la vulnérabilité globale du territoire littoral que lřauteur se propose
dřanalyser à travers 6 principaux axes définis à partir du modèle de Blaikie19 :
- La configuration spatiale
- La cohésion sociétale (sociale, culturelle et économique)
- La sensibilité environnementale
- La diversification économique
- La structuration politico-institutionnelle

19
Blaikie et all 1994

79
- Le niveau de développement

Cet article est riche de nos mots clés (Vulnérabilité- risque- territoire littoral- perturbation,
aléas, catastrophe) et constitue un cadre dřanalyse de la vulnérabilité de territoire littoraux au
changement climatique. Il a lřavantage de considérer plusieurs critères contrairement à
dřautres études ne se penchant que sur un seul critère souvent lřaspect économique, ainsi plus
proche de la pauvreté. Le rapport aux impacts du changement climatique analysés, la
vulnérabilité associe plus éléments physique, économique, social et politique.

En plus de lřadoption du cadre conceptuel dřanalyse de la vulnérabilité du territoire, cet article


est riche de plusieurs éléments dont la vision dynamique de la relation Homme/milieu, du
risque, de la vulnérabilité, de la perturbation, lřanalyse et le choix de stratégies dřadaptation

Lřauteur Magnan Alexandre dans son nouvel ouvrage : Changement climatique : tous
vulnérables ? Invite à la révision de deux idées reçues : les communautés les plus pauvres
seraient les plus vulnérables au changement climatique eu égard à leurs faibles capacités
dřadaptation, et une telle adaptation serait exclusivement une question de projection sur le
temps long. Ces schémas de pensée sont trop généralistes pour retranscrire la complexité et la
diversité des réalités nationales et locales de par le monde. Ils ne permettent pas dřélaborer
des stratégies dřadaptation réalistes propres à chaque territoire. Il est urgent de les dépasser
car les conséquences du climatique sont désormais pour partie irréversibles. Toutes les
sociétés, dans les pays en développement comme dans les pays développés sont menacées,
toutes devront sřadapter.

I. 3.5. Sur l’adaptation au changement climatique


Lřadaptation au changement climatique est devenue un objectif politique majeur. Comme
souligné par Smit et al. (2001), lřIPCC reconnaît plusieurs formes dřadaptation et il reste
évident que lřadaptation effective ou efficiente aux risques du changement climatique se fera
de façon autonome

Lřouvrage de lřOCDE (2008) présente une évaluation critique des coûts et bénéfices de
lřadaptation dans des secteurs clés, et étudie des mécanismes de marchés et les dispositifs
règlementaires qui peuvent constituer des mesures incitatives à lřadaptation.

Les estimations sont plus importantes au niveau global que sectoriel ; les secteurs analysés
dans lřarticle sont : zones côtières, agriculture, ressources en eau, demande dřénergie,

80
tourisme, santé et lřanalyse dépend de la disponibilité des informations par zone côtière coût
adaptation, agriculture, bénéfice.

Dans les zones côtières les coûts sont surtout estimés sur les mesures face à la montée du
niveau de la mer.

Dans ce chapitre nous pouvons également donner certaines estimations selon la Banque
mondiale (2010), le coût pour les pays en développement de sřadapter à un monde
approximativement 2°C plus chaud à lřhorizon 2050 par rapport à lřère préindustrielle se situe
entre 75 et 100 milliards de dollars par an entre 2010 et 2050. Dans ses estimations, la Banque
mondiale a considéré deux scénarios climatiques opposés au niveau des précipitations : un
scénario « sec » et un scénario « humide » pour ce qui concerne le scénario socio-économique
utilisé, il sřagit du scénario SRES A2 du GIEC

Les diverses formes dřadaptation des zones côtières regroupées en 3 grandes catégories que
sont la protection, lřaccommodement et le retrait.

Les mesures dřadaptation sont mises en œuvre par divers acteurs privés et publics aux moyens
de politiques dřinvestissements dans les infrastructures et les technologies et de modification
de comportements.

Il est riche de différents mots clés (Adaptation, changement climatique), le rôle des
instruments publics, coûts et bénéfices dans différents secteurs dont le littoral, le tourisme,
Instruments importants de lřadaptation dans certains secteurs

L'adaptation fait référenceà toutes cesréponses au changementclimatiquequi peuvent être


utiliséspour réduirevulnérabilité mais elle nécessite cependant selon Wardekker J.A. et al.
(2009) une prise de décision contextualisée « Situated decision-making » qui permet de
prendre en charge les spécificités des milieux et traiter lřinformation dans son contexte.

Selon lřauteur, lřimportance de cette démarche réside sur le fait que les membres de lřunité de
décision sont informés par une riche gamme dřinformations et en même temps, elle présente
également un degré de flexibilité et dřadaptabilité/donnant le pouvoir, la responsabilité ou
lřautorité de choisir

Deux principales dimensions (Thompson et Tuden, 1959 ; Thompson, 2003) sont distinguées.

A lřimage de la perception dřun langage (humain, sexe, langue), celle du changement


climatique associe les processus… aux échelles globale et locale pour une prédiction et une

81
qualification. Cřest cette combinaison de perception qui est appelée « joint attribution
approach » dans lřanalyse des impacts physiques et biologiques duchangement climatique.

Les outils de compromis développés prônent le « Reasoning and dispute elicitation »20et le
« Community based auditing »21

Elle inclut des paramètres sociaux et chaque stratégie Chaquestratégie de décisionpeut


êtreélaborée pour trouver les outils et méthodes appropriés. Par exemple « When members of
the decision unit want to adapt their decision strategy to the uncertainties regarding causation
and outcome preferences, they also have to consider the social structures that are appropriate
for the issues (Thompson and Tuden, 1959; Thompson, 2003).

Sont présentés différents outils basés sur la perception : « Inspirationnel tools »,


« Compromise tool », « Judgmental tools », « Computational tools » dont lřapplication
dépend fortement du potentiel de cadres dřorganisation du processus dřinformation.

Selon les cas de figure, lřanalyse peut faire recours à plusieurs méthodes : « Free mapping »
ou « ordred diagrams », « trees and hierarchies », « Goal-hierarchical reframing » (Peut être
utilisé contexte spécifique : exemple protection zone contre inondation).

Ian Burton, Joel B. Smith Stephanie Lenhart Adaptation to Climate Change: Theory and
Assessment

Lřadaptation est multiforme. Elle esttraitéede trois manièresdansles travux de Ian B et all. à
travers une partie théorique, dans laquellele concept d'adaptationestexpliqué en relationà la
foisà la variabilité climatique et changement climatique"normal". Une typologie
desadaptationsest largement développéeavec également lřintroduction de la notion de
maladapatation. Malgré la recherche de cohérence dans la compréhension du concept
l'adaptation au changement climatique est relativement nouveau et à l'heure actuelle, il nřy
pas généralement de consensus accepté à propos de la définition des termes. Cřest ainsi que
lřon retrouve différentes définitions. Adaptation to climate is the process through which
people reduce the adverse effects of climate on their health and well-being, and take
advantage of the opportunities that their climatic environment provides (Burton, 1992). The
term term adaptation means any adjustment, whether passive, reactive or anticipatory
proposed as a means for ameliorating the anticipated adverse consequences associated with

20
Traduction libre : raisonnement et incitation au dialogue
21
Audit basé sur la Communauté

82
climate change (Stakhiv, 1993). Adaptability refers to the degree to which adjustments are
possible inpractices, processes, or structures of systems to projected or actual changes of
climate. Adaptation can be spontaneous or planned, and canbe carried out in response to or in
anticipation of changes in conditions (IPCC, 1996). Les auteurs relatent la diversité des
mesures dřadaptation. En effet le rapport dřévaluation dřIPCC Working Group II mentionnait
228 différentes mesures dřadaptation (IPCC, 1995). Il sřavère donc utile de procéder à une
classification des mesures de façon plus globales. Une couramment utilisée et celle de
(Burton.et al, 1993) structurée en 6 types de stratégies dřadaptation comportement mentale
permettant de faire face aux effets négatifs du changement climatique :
- La prévention des sinistres, lorsque les effets adverses à court terme sont acceptés
parce quřils ne peuvent être absorbées par lřunité dřabsorption sans quřelle subisse des
dommages à long terme ;
- la dispersion ou le partage des sinistres lorsque certaines actions permettent de répartir
la charge de lřimpact sur une région ou une population plus vaste, dépassant celles qui
ont été directement affectées par lřévènement climatique. «Such actions take place in
traditional societies and in the most complex, high-tech societies. In traditional
societies, many mechanisms exist to share losses among a wider community, such as
extended families and village-level or similar small-scale communitiesŗ;
- Prévention des les effets. Un ensemblefréquemment utilisédes mesures
d'adaptationimplique des étapesàprévenir les effetsdu changement climatiqueet de la
variabilité. Un exemple serait pour agriculture : changements dans les pratiques de
gestion des cultures telles que l'irrigation accrue eau, d'engrais supplémentaires, les
ravageurs et les maladies.
- le changement des usages ou des activités impliquant le transfert dřune activité ou
dřune ressource qui nřest plus viable après une perturbation climatique vers une qui
lřest de manière à préserver une communauté ;
- Le changement de lieu, lorsque la préservation dřune activité est considérée comme
plus importante que sa localisation. Le déplacement se produit alors vers dřautres
zones mieux adaptées au changement climatique ;
- Recherche. Le processus d'adaptation peut également êtreavancée parla recherche de
nouvelles technologies et de nouvelles méthodes d'adaptation ;
- Éduquer, informer et encourager un changement de comportement. Un autre type
d'adaptation est la diffusion des connaissances à travers des campagnes d'éducation et
dřinformation du public pour impulser un changement de comportement. Ces activités

83
antérieurement banalisées revêtent aujourdřhui un grand intérêt dans lřimpérative
nécessité dřimplication des communautés.

Les directives techniques du GIEC (Carter et al. 1994) comprennent une autre catégorie
dřadaptation appelée restauration. Ceci est décrit comme suit : « La restauration, qui vise à
rétablir un système à son état initial après un dommage ou une modificationen raison de
climatique "cependant du point de vue de l'adaptation comme un processus continu, et comme
l'apprentissage processus, la notion de restauration pourrait même être considérée comme
inadaptée, si on entend un retour à un état préexistant. Une adaptation réussie est plus
probable d'impliquer des changements après un événement pour réduire la vulnérabilité
future. Il faut remarquer que cet aspect de la restauration renvoie plutôt à la résilience.

Le cadre théorique également apporte des réponses à certaines questions simples conçues
pour montrer à qui ou quoi est-ce adapté :

 Who and what is it that adapts?


 How does adaptation occur ?
 When does adaptation take place?
 What capacity to adapt ?

Il offre également un cadre dřévaluation des mesures dřadaptation.

La revue de la littérature se focalise fondamentalement sur les questions relatives au


changement climatique, les éléments portant sur les observatoires ont été directement intégrés
dans le plaidoyer au niveau de la troisième partie. Le sujet a permis de nous intéresser à
différentes questions dřordre conceptuel, méthodologique et dřanalyse. Il apparait que la
question est dřune grande complexité tant sur la compréhension des concepts que leur
application, Ceci fait apparaitre les difficultés dans la transposabilité des démarches.

Sur les démarches méthodologiques pour lřétude du changement climatique, on relève


différentes approches, généralement globales, des incertitudes sur les prévisions, résultats, les
Lacunes dans le suivi de certains paramètres pour une analyse plus fine. Des Faiblesses sont
notées, même au niveau de certains cadres dřanalyse de référence (IPCC) tels que soulevés
par certains auteurs. Des positions ou des écoles dans les méthodes dřanalyse. Les échelles de
prise en compte des phénomènes. Les recherches sont aussi nécessaires au niveau global
quřau niveau local. La considération des communautés ou leur implication dans les processus
dřévaluation et dans le choix des stratégies deviennent une nécessité.

84
CHAPITRE II : APPROCHE METHODOLOGIQUE

II. 1. Choix d’une méthode pertinente de collecte de données


Le sujet de recherche intègre plusieurs thématiques nouvelles ou « à la mode » telles que les
vulnérabilités, le changement climatique, le risque…, étudiées par différentes disciplines

Ainsi en tant que géographe, lřétude des vulnérabilités et de lřadaptation doit elle être
considérée comme une nouvelle discipline ou un nouveau champ de recherche, différent du
notre ? Ce qui nécessiterait lřemprunt et lřapprentissage de nouveaux outils.

En effet la compréhension des phénomènes nécessite souvent un cheminement


pluridisciplinaire tant sur la conceptualisation, lřétude des communautés, lřinterprétation des
perturbations, la compréhension des instruments, politiques, administratifs et juridiques. Il ne
sřagit pas dřune reconversion ou dřun emprunt systématique, mais plutôt dřun dépassement
dřun dépassement de la discipline géographique.

II. 2. Pertinence des échelles spatiale et temporelle de la zone d’étude


Le choix dřéchelles de travail pertinentes constitue une préoccupation sur les questions
relatives aux changements climatiques. ŖThe matter of geographic boundaries of the
assessment is important. Countries are often faced with the choice of studying the entire
country or a region such as province, river basin, or ecological zone. For small countries, this
issue is not typically relevant as the whole country can readily be studiedŗ (Jan et al., in
UNEP, 1998).

Nous avons choisi de travailler sur des territoires administratifs, Communes (Mbour, Saly) et
Communauté rurale (Malicounda devenue Commune) pour étudier des phénomènes
transcendant souvent des limites de cette nature. Les systèmes socio-écologiques etproblèmes
environnementaux, les risques naturels sont étudiés à plusieurs échelles : individu,
appartenant à des catégories socioprofessionnelles (pêcheur, artisan, hôtelier…), ménage,
communauté, paysages. Lřéchelle de temps est également intégrée pour voir lřévolution des
phénomènes et leur perception par les populations, selon des périodes retenues ou de
référence. La collectivité locale constitue un niveau de gouvernance, donc de gestion de
problèmes liés au changement climatique ou autre nature. La participation des Etats à des
politiques dřatténuation du changement climatique nécessite la mise en mise en place dřun

85
dispositif favorisant une interaction des différents niveaux territoriaux, pour la mise en place
de mesures et plans dřaction à échelles multiples (locale, nationale, régionale…).

Cependant chaque territoire a ses réalités biophysique, socio culturelle, économique, ses
ressources qui peuvent se présenter en termes dřatouts ou de contraintes. Ainsi les territoires
choisis, Mbour, Saly et Malicounda peuvent présenter des ressources différentes et des
sensibilités différentes par rapport aux problèmes étudiés.

Lřétude des questions liées au changement climatique nécessite également une


contextualisation pour de meilleures prises de décisions. Comme fait remarquer Wardekker et
al. (2009) dans « Tool catalogue frame-based information tools » parlant de « Situated
decision-making » insiste sur la nécessité de contextualisation de questions liées au
changement climatique pour prendre en charge les spécificités des zones et des échelles afin
de ne pas traiter lřinformation hors de son contexte et situation. « Situated decision-making is
decision-making that is highly sensitive to the specifics of a situation. It differs from other
types of decision-making, which generally ignore the specifics and tend to abstract
information out of situations without any reflection on the context ».

Cependant, comme le souligne Ertier (1999), si appréhender un territoire signifie mettre en


évidence les interactions entre un groupe social et son espace de déploiement, cřest aussi
placer ce dernier et ses interactions dans des ensembles plus vastes et dřautres plus petits. Car
un territoire nřest jamais isolé. Il forme un système ouvert qui entretient des échanges avec
dřautres ensembles territoriaux dans lesquels il sřinsère ou qui le constituent, pour tout ou
partie, depuis plus ou moins de temps. Cřest ainsi quřétudier trois collectivités locales
mitoyennes dans lřensemble écologique plus vaste quřest la Petite Côte reste important.
Ginet(2012)22 parle dřeffet de collision territoriale, un changement opéré dans un territoire est
susceptible dřentraîner un changement dans un ou plusieurs autres territoires. Une situation
donc complexe à intégrer dans lřanalyse des différentes problématiques.

II. 3. Collecte de données


La méthodologie utilisée est basée sur la collecte de données secondaires et les travaux de
terrain.

22
Le territoire, un concept opératoirepour la Géographie appliqué (à lřaménagement)

86
II. 3.1. Données secondaires
Les données collectées peuvent être regroupées en deux : les documents administratifs et
techniques constitués des rapports, de textes et les travaux scientifiques : qui sont des
rapports, des mémoires, des thèses, des livres, des articles etc

Ce sont des données démographiques, les données agricoles, les données sur le tourisme, sur
la pêche et la transformation. Sřagissant de la pêche en plus des statistiques officielles, il faut
ajouter la base du Programme National dřImmatriculation (PNI ) des pirogues, qui en plus du
dénombrement des pirogues fournit dřautres informations assez fiables que sont les lieux de
résidences des propriétaires, de pirogues, type de pêche, lřéquipage, les moyens de navigation
et de sauvetage.

Cette partie a permis de faire une synthèse de la revue documentaire, les éléments recueillis
sont ainsi parfois adoptés, discutés ou confrontés par rapport aux observations ou enquêtes.
Elle a également permis dřadopter un cadre dřanalyse de la vulnérabilité dans ce travail.

II. 3.2. Travaux de terrain


Lřapproche utilisée est basée sur la méthode de recueil des données quantitatives et
qualitatives. Cette procédure a pour caractéristique principale de partir de la réalité du terrain
pour le diagnostic des différentes problématiques posées par notre thème de recherche afin de
les identifier, les localiser. Les travaux de terrain comportent les observations directes et les
enquêtes

II. 3.2.1. Observations directes


Le but de ces observations directes est de voir les manifestations spatiales des perturbations
évoquées liées au changement climatique. Les observations directes ont porté sur des Sites
spécifiques : Le Quai de pêche, Site de transformation de Mballing ; des quartiers affectés par
les inondations ou lřérosion, tels que les quartiers de Golf, Sonatel, Tefess. Au niveau des
sites observés ce sont des marques dřérosion, des plans dřeau dus aux inondations, mais
également des stratégies locales développées pour faire face à certaines contraintes. Pour la
zone dřétude couvrant les Communes de Mbour, Saly et Malicounda les différents sites
suivants ont été visités.

87
Tableau 7 : Principaux sites d’observation
Mbour : Saly Portudal Malicounda

Le Quai de pêche ; Zones hôtelières Le Site de transformation de


Les Quartiers ; Golf, Sonatel, Quartiers traditionnels Saly Mballing
Tefess… coulan Les plages de Nianing,
Quai de pêche de Saly Warang, Pointe sarène
Sites de transformation de bassin de rétention de pointe
Saly Sarène et périmètres
maraichers
Terroirs de la partie
continentale (Roff,
Malicounda Bambara…)

Pour les différents sites, en plus de la grille dřobservation, des photos ont été également prises
pour archivage, vérification ultérieure et illustration.

II. 3.2.2. Géoréférencement


Il a concerné lřensemble de la zone dřétude. Nous avons repéré systématiquement lřensemble
des occupations situées sur le trait de côte, ce qui permet de dresser ainsi une typologie
dřusages. En résumé 195 points ont été repérés dans la commune de Mbour, Plus de 300 à
Saly et dans la communauté rurale de Malicounda, représentant tous des usages différents
dans lřarrière pays.

Pour une meilleure maîtrise des données du terrain, les plans de District de recensement (DR)
et lřimage de google ont été utilisés. Lřimage de google earth capturée est superposée au plan
des District de recensement (DR) des différentes collectivités locales. Un Quartier est
constitué de DR est lřUnité de dénombrement permettant à un enquêteur de faire le
recensement en 15 jours ; en Milieu rural il correspond à 800 habitants et 8000-1000 habitants
le milieu urbain.

Cřest ainsi quřon a relevé à Mbour et à Saly plusieurs types dřoccupation (pêche, auberge,
résidences, commerce, restaurant, menuiserie, charpentier…).

88
II. 3.2.3. Enquêtes
Les enquêtes permettent de collecter des données qualitatives et quantitatives sur les
différents éléments à analyser. Elles ont couvert différentes thématiques se rapportant à lřobjet
de recherche. Elles constituent ainsi des formes dřévaluation participante, des vulnérabilités et
des stratégies des différentes cibles en lřoccurrence les ménages, les collectivités, les acteurs
socioprofessionnels, les services techniques…

Conception et choix d’outils de collecte de données de terrain


Plusieurs outils ont été utilisés à savoir lřobservation directe, les entretiens semi directifs, les
entretiens de groupe. Au préalable des guides ont été confectionnés en fonction des différents
cibles (services techniques, collectivités locales, usagers (pécheurs, transformatrices …).

Les principales rubriques de ces questionnaires et guides dřentretiens renvoient au contexte


local et aux vulnérabilités, perceptions, ou conceptions, construits sociaux, que ces acteurs
peuvent avoir du changement climatique et de ses conséquences…). Avec les collectivités
locales, il était surtout question de discuter sur les outils de planification, de leurs capacités
(techniques et financières…) à faire face aux impacts de changement climatique. Trois outils
ont été utilisés à savoir les grilles dřobservation, le guide dřentretien et le questionnaire
(Annexes 1, 2, 3, 4…).

Méthode MARP
La Méthode Active de Recherche Participative (MARP) vise lřimplication et la
responsabilisation de la communauté dans le recueil des données. A long terme la MARP
devrait permettre à la communauté dřanalyser ses propres problèmes, de définir ses propres
priorités et de concevoir des solutions aux problèmes posés.

Les entretiens individuels ou semi structurés


Appelés également entretiens semi-directifs, ils ont pour but de provoquer un discours, avec
des personnes ressources de différentes sphères, afin de collecter le maximum dřinformations
sur les diverses problématiques de lřétude. Les collectivités locales et structures techniques et
administratives ont été essentiellement ciblées.

Les entretiens individuels ont été surtout effectués avec les services techniques (Pêche,
Agriculture, Eaux et Forêts, Groupement des Sapeurs Pompiers) au niveau de Dakar, Thiès,
Mbour, Sindia, Diass, les élus locaux à Mbour, Saly et Malicounda.

89
Les entretiens collectifs
Au niveau des entretiens collectifs, des Focus group ou groupe de discussion (FGD) ont été
réalisés.

Ce sont des discussions de groupes homogènes dont lřobjectif nřest pas rechercher le
consensus mais favoriser lřexpression plurielle au sein dřun groupe pourtant homogène.
Lřinfluence des leaders dans la conduite de la discussion est fortement évitée. Nos principales
cibles étaient les pêcheurs et les femmes transformatrices. Il reste un outil important dans la
recherche et les thématiques développées, notamment la pêche et la transformation, des
activités de groupe. « Il permet de recueillir simultanément, lřexpérience et le point de vue de
différentes personnes directement concernées par le problème en question » (Simard 1989, in
Diop 2010)

Les entretiens de groupe ont été effectués avec les pêcheurs à Mbour, Le GIE and liguey
tefess de Mbour, le GIE femmes transformatrices And liguey Mballing, les femmes
transformatrices de Saly.

Enquêtes ménages
La compréhension de la notion de ménage nřest pas évidente elle varie selon les contextes.
Cřest un ainsi que lřANSD (1992) le définit en ces termes : « Le ménage est un groupe
d'individus qui vivent ensemble et mettent en commun tout ou partie de leurs ressources pour
subvenir à leurs besoins essentiels. Les membres doivent avoir vécu au moins 6 mois au cours
des 12 derniers. On établit la composition selon l'âge, le sexe, le lien de parenté avec le chef
de ménage, l'état matrimonial, et la religion des membres ».

« Le ménage est défini comme un groupe de personnes, apparentées ou non, qui vivent
habituellement ensemble et mettent en commun tout ou partie de leurs ressources pour
subvenir à leurs besoins essentiels tels que l'alimentation et le logement. Ces personnes
reconnaissent l'autorité d'une seule et même personne appelée chef de ménage (CM). Vu sous
l'angle de l'unité budgétaire, le ménage se distingue ainsi de la famille qui ne regroupe que des
personnes liées par le sang ou le mariage ». ANSD ou RPGH III (2008). Le chef de ménage
est lřunité dřenquête. Dans bien des cas, il est la personne, la mieux indiquée pour se
prononcer sur tout ce qui touche au ménage. Il est souvent assisté dans les réponses par des
membres du ménage présent. Lřentrée pour les enquêtes ménages constitue la concession qui
est composé dřun ou de plusieurs ménages.

90
Lřéchantillon est constitué du 1/9 des concessions (396) des quartiers ciblés à lřintérieur
desquels un ménage est interrogé. Le nombre de concession est déterminé au prorata
proportionnellement à la taille des quartiers, en appliquant la formule suivante :

n x 1/9 n : le nombre de concessions dřun quartier

N N : le nombre total de concessions retenues

Ainsi N/9 = : 9 = 396

7 quartiers (Grand Mbour, Château dřeau sud, Tefess, Escale, Mbour serer souf, Mbour
Maure) ont été ciblés suivant des critères de position, de démographie, ou dřévénement
(inondation, érosion).

Carte 1 : Quartiers ciblés pour les enquêtes ménage

91
Tableau 8 : Echantillon de la Commune de Mbour
Nombre
Quartiers Pourcentage Echantillon
concessions
Grand Mbour 676 18,65 76
Château d'eau sud 1334 36,82 144
Teffess 550 15,18 60
escale 110 3,03 12
Mbour serer souf 104 2,87 12
Mbour maure 165 4,55 16
11-nov 684 18,87 76
Total 3623 99,97 396

Pour la Commune de Malicounda, au lieu de quartiers, le ciblage porte plutôt sur des villages
avec surtout des critères de position géographique.

Carte 2 : Répartition spatiale de l’échantillon de la Communauté rurale de Malicounda

92
Tableau 9 :Echantillon de la Commune de Malicounda
Numéro Nombre Nombre ménage à
Nom village Pourcentage
village concessions enquêter
1 Falokh wolof 12 0,008 2
2 Malicounda 41 0,028 6
Bambara
3 Malicounda Wolof 14 0,009 2
4 Malicounda Serer 24 0,016 4
5 Keur Samba Laobé 15 0,01 2
6 Pointe Sarène 253 0,176 38
7 Warang serer 83 0,057 13
8 Warang soce 142 0,098 21
9 Mbaling 357 0,248 54
10 Nianing 387 0,269 58
11 Takhoum serer 34 0,023 5
12 Roff 14 0,009 2
13 Sinthiou Mbadane 59 0,041 9
Total 1435 216

Au niveau de Saly seuls deux quartiers ressortis comme vulnérables à lřérosion côtière au
niveau de nos entretiens ont été ciblés : Celui de Coulang et Saly Niakh Niakhal

Tableau 10 : Echantillon de Saly


Numéro Nombre
Nombre
de Nom de quartier Pourcentage ménages
concessions
quartier interrogés
1 Saly Coulang 156 50% 78
2 Saly niakh 146 50% 73
Niakhal
Total 302 100 151

Les ménages ciblés sont de catégories différentes, déjà affecté par certains phénomènes et
dřautres pas ou pas encore affectés.

Enquêtes occupation commerciale


37 entrevues ont été effectuées auprès dřacteurs du secteur du commerce et de lřartisanat
installés en bordure de mer, 10 autres dans le tourisme (auberges /résidences). Des
questionnaires ont été confectionnés à cet effet pour ces derniers.

93
Enquêtes auprès des pêcheurs
Des enquêtes ont été effectuées auprès des pêcheurs des quais de Saly Coulan et Saly Tapé
dans le Commune de Saly. Au total 163 pêcheurs ont été interrogés. Des questionnaires ont
été confectionnés à cet effet.

Tableau 11 : Récapitulatif des entretiens


Lieux Structures ou Personnes Activités
organisation rencontrées
Région de Direction de la Directrice de la Entretien
Thiès planification planification Rapports thématiques région de
Thiès
Région de ONG Green Sénégal Responsable Entretien
Thiès recherche Green Etudes réalisées
Senegal
Dakar Service départemental Responsable du Entretien
Pêche programme national Documents officiels pêche et
dřimmatriculation des PNI
pirogues (PNI)
Dakar SAPCO Entretien et études sur lřérosion,
carte occupation Sol
Dakar Ministère de la pêche Responsables des Statistiques pêche
statistiques
Dakar Ministère du Tourisme Responsables des Statistiques tourisme
statistiques
Dakar CRODT Directeur Administration guide
Mbour Service départemental Chef de service Entretien
pêche de Rapport
Consultation Base PNI
Mbour Quai de pêche de Chef de poste Entretiens
Mbour Rapports mensuel
Statistique pêche 2006 à 2009
Rapport juillet 2010
Mbour Quai de pêche de Responsable Entretien
Mbour immatriculation Statistiques parc piroguier
Statistiques pirogues
immatriculées
Mbour Quai de pêche GIE Responsable de Entretien
And liguey tefess lřexploitation Données recouvrement taxes
gestion quai de pêche
Mballing Fédération Membres du Bureau Entretiens
transformatrice de

94
Lieux Structures ou Personnes Activités
organisation rencontrées
Mballing Photos site de transformation
Mbour Service des eaux et Chef de service Entretien
Forêts Représentant DEEC-
membre comité de
suivi E.C
Saly portudal Commune de Saly Adjoint au maire de Entretien
Portudal Saly Données sur le budget
Saly portudal Hotel Teranga Gestionnaire Hôtel Entretien
filaos Documents de projets
dřadaptation
Saly Portudal SAPCO Directeur Entretien, rapports dřétude
(EIES projet, rapport érosion,
visite chantier brise lame
Mbour Commune de Mbour Responsable financier Entretien
Mbour Groupement Sapeur Equipement Sapeur Entretien
popmpier pompiers
MAlicounda Communauté rurale de Assistant Entretien
Malicouda communautaire Plan local de développement
Malicounda
Malicounda Communauté rurale de Responsable Entretien
Malicounda Commission
domaniale
Mbour Quartier de Golf Anciens pêcheurs Entretien de groupe
(pencc) Ancien
pêcheurs

II. 3.2.4. Capitalisation et synthèse de la méthodologie des travaux de mémoires


de Master dirigés (Gestion et Développement des Espaces Ruraux) et du Master GIDEL
Les travaux encadrés sur ma zone dřétude ont porté sur la transformation, sur les mutations
socio-spatiales dans les quartiers traditionnels de Saly, lřagriculture dans la communauté
rurale de Malicounda en cours.

Les mémoires de Modou Ndao soutenu en 2011 sur la transformation à Mbour, de Papa
Amadou Ibrahima Senghor sur les mutations dans les quartiers traditionnels de Saly (2012),
de Thomas Mendy (2014) sur Le développement agricole et la gestion foncière dans la
communauté rurale de Malicounda.

Synthèse de la méthodologie de ces travaux

95
Enquêtes qualitatives
Pape Senghor dans le cadre de son mémoire a fait des enquêtes qualitatives et quantitatives
auprès des ménages, des artisans et des pêcheurs de la zone dřétude.

Enquêtes auprès des ménages


Le questionnaire ménage présente différentes rubriques : origine, raison du choix du site,
composition, caractéristiques du cadre de vie, perception des mutations dans la zone. Le total
des 7 quartiers compte huit cent quatre vingt dix ménages (890) pour six cent soixante neuf
(669) concessions (source : ANSD janvier 2002).

Méthode d’échantillonnage
La méthode par choix raisonné est composée de la méthode des quotas et celle des unités
types. Mais elles sont différentes.

Celle des unités types consiste à décomposer la population selon des sous-ensembles
homogènes. Ensuite on représente chaque sous-ensemble par une ou des unités appelées
unités types. Le même nombre dřunités est adopté pour chaque sous-ensemble. Un
pourcentage de représentation acceptable est adopté pour chacun des 7 quartiers.

Pourcentage de représentation
Nombre total des ménages des 7 quartiers = 890 ménages = 100%

Méthode de calcul=

Avec m = nombre de ménages de chaque quartier

M = nombre total des ménages

Tableau 12 : Nombre de ménages interrogés (Source : SENGHOR P .I.A, 2012)


Nombre de ménages à
Quartiers Méthode de calcul
enquêter
Saly Portudal (Tapé, Koulang) 37,79

Saly Niakhniakhal 16,19

Saly Bambara 12,99

Saly Joseph 7,29

Saly peulh et Saly Sérère 1,69


(Darou)

96
Saly Station et Saly Extension 12,99
(Vélingara)
TOTAL 89,00

Donc un total de 100 chefs de ménages a été interrogé dans lřensemble des 7 quartiers
traditionnels de la Commune de Saly par Senghor.

Les travaux soutenus dans le Master GIDEL et antérieurement dans le DEA Chaire UNESCO
sur les aspects de gouvernance, la gestion des pêcheries et activités connexes, mais également
les sorties pédagogiques et la retraite de Mbour sont autant de sources de données que nous
avons capitalisées.

II. 3.2.5. Traitement et Analyse et des données


Les données
Ce sont des données quantitatives et qualitatives obtenues auprès de services techniques, des
statistiques officielles de la pêche, de lřagriculture, du tourisme, de lřélevage et des données
collectées à partir de travaux de terrain.

Tableau 13 : Récapitulatif des données officielles


Secteur Echelle Observations
Agriculture Données à lřéchelle du département de la données à lřéchelle locales CR ou
région de Thiès et du département de villages inexistantes ou sur une
Mbour année

Elevage Données à lřéchelle du département de la données à lřéchelle locales CR ou


région de Thiès et du département de villages inexistantes ou sur une
Mbour année

Pêche Données à lřéchelle du département de la Données au niveau des


région de Thiès et du département de débarcadères non disponibles
Mbour et au niveau des quais

Tourisme Données à lřéchelle du département de la Au niveau local, Base non


région de Thiès renseignée avec beaucoup de
lacune

La difficulté principale réside sur la disponibilité des données lřéchelle locale (communauté,
rurale ou commune). Elles nřexistent souvent que pour une ou quelques années mais jamais à
travers une série permettant de faire une vraie analyse diachronique. Cřest ainsi différentes
données ne peuvent être analysées dans cette thèse quřà lřéchelle départementale ou régionale.

97
Tableau 14 : Récapitulatif des données de terrain
Source Effectif
Enquêtes ménages Mbour 396
Enquêtes ménages Saly 151
Enquêtes ménages Malicounda 216
Résidences et auberges Mbour 10
Commerce Artisanat atelier MBour 37
Enquêtes pêcheurs Saly 163
Fiches de villages 11
Géoréférencement 175

Traitement des données


Les données sont saisies sur Excel et SPSS et sphinx en vue dřun traitement statistique. La
base de données de Mbour compte 396ménages et celle de Malicounda 216 et de Saly 151.

La construction dřun cadre dřanalyse de la vulnérabilité des territoires

La revue de la littérature permet de voir plusieurs approches et cadres dřanalyse de la


vulnérabilité des communautés ou des territoires aux effets du changement climatique tel que
IPCC Guidlines (2008), Chouinardet al. (2006), Magnan (2009, 2012), Richard et al. (1999).

Cependant dans le cadre de cette thèse nous avons surtout appliqué celui de Magnan qui est
en fait une démarche méthodologique établie à partir du modèlede Blaikie (Blaikie et al.
1994)« The Pressure and Release Model » ou les forces et faiblesses sous jacentes du
système. Blaikie identifie trois grandes familles de facteurs de vulnérabilités (causes
profondes et enracinées, dynamique territoriales et conditions de vie actuelle) tel que
schématisé sur le tableau qui suit déterminant les risques sur le territoire.

Tableau 15 : (Blaikie et al., 1994) Le « Pressure and Release Model » ou les forces et faiblesses
sous jacentes du système
THE PROGRESSION OF VULNERABILITY
ROOT DYNAMIC UNSAFE DISASTER HAZARDS
CAUSES PRESSURES CONDITIONS
Access to Lack of Fragile physical Earihquake
Limited Local environment High winds
Power institutions Unprotected (cyclone /
Structures Training buldings hurricane
Ressources Appropriate Dangerous typhoon)
Ideologies skills locations flooding
Political Local and infrastructure Volcanic
systems investment Fragile local RISK₌ eruption
Economic Local markets economy HAZARD+ Landslide
systems Press freedom Livelihoods at risk VULNERABILITY Drought

98
THE PROGRESSION OF VULNERABILITY
ROOT DYNAMIC UNSAFE DISASTER HAZARDS
CAUSES PRESSURES CONDITIONS
Ethical Low income levels R₌H+V Virus and
standards Vulnerable society pests
In public life Special groups at
Macro-forces risk
Rapid Lack of local
population institutions
growth Public actions
Rapid preparedness
urbanisation Lack of disaster
Arms Prevalence of
expenditure endemic disease
Debt
repayment
schedules
Deforestation
Decline in soil
productivity

Le Modèle dérivé de Blaikie et al. par Magnan

Magnan (2009) a ajouté aux causes profondes, des éléments non anthropiques relevant de la
configuration spatiale des territoires et à lřétat des écosystèmes.

Tableau 16: Le «Pressure and Release Model» appliqué aux espaces littoraux (d’après Blaikie et
al. 1994).
Les facteurs de la vulnérabilité
Causes Dynamique Conditions de vie Catastrophes Perturbation
profondes territoriale actuelle
Contraintes Macro forces Caractéristiques Vents forts
originelles Pression environnementales (cyclone,
Configur démographique Equilibre éco ouragan,
ation rapide- systémiques typhon)
spatiale Urbanisation Rapport entre Submersion
Topographie rapide ressource et Salinisation des
littorale Développement croissance nappes
(plaines, des démographique phréatiques
falaises, côtes connaissances /Cadres de vie. Etc. Glissement de
rocheuses, ect.), scientifiques Organisation Le risque est à terrains
courants Modèle dřusage territoriale la fois fonction Inondation
hydrologie, des ressources Localisation des de la Sécheresse
climat… (dégradation ou activités motrices du perturbation et P… et virus
Ressour préservation), développement de la Tremblement de
ces déforestation, Institutions vulnérabilité terre ou éruption
naturelle surpêche, sols nationales locales R= f (P*V) volcanique
s Balance du Réseaux de (terrestre ou
Poissons, sols commerce communications sous-marin)

99
Les facteurs de la vulnérabilité
Causes Dynamique Conditions de vie Catastrophes Perturbation
profondes territoriale actuelle
fertiles, (intérieur et Gestion des crises et Les
végétation pour extérieur) prévention des perturbations
fabrication de Diversification risques (littoraux et peuvent être :
bateaux et économique autres exogènes et -Naturelles ou
instruments de Manques endogène) anthropiques
pêche….. De réserves Types infrastructures -Extérieures ou
Accès foncières et intérieures.
inégalitaire : Dřinstitutions Caractéristiques de
Au pouvoir locales lřéconomie locale
Au structures De coordination Multiplicité des
(bateaux, abris, des politiques secteurs éco et
outils… publiques équilibre entre eux
Aux (cohérence (% PNB)
ressources : territoriale, Taux dřemploi ;
zones de pêche, GIZC) Indépendance
coquillages De formation extérieure ; Dette
Idéologies Dřinvestissemen Cohésion sociale
Système de ts locaux Cohérence sociocult,
croyances, De marché présence de groupes
système local marginaux, Niveau
politique, De liberté de la de revenus (
système presse
économique. De normes
morales dans la
vie publique.

Cette réorganisation permet de distinguer 6 axes majeurs proposés pour une analyse de la
vulnérabilité des territoires aux effets du Changement climatique.

Cette thèse constitue ainsi un cadre dřopérationnalisation de la note conceptuelle qui associe
des facteurs de vulnérabilité qui sont physiques et humains structurels des territoires
constituant les forces motrices.

La zone dřétude couvrant différentes collectivités locales mitoyennes nous a également


conduits à intégrer dans lřanalyse, la vulnérabilité endogène qui relève également de la
fragmentation de compétence entre collectivités locales.

La démarche transdisciplinaire
Du fait de la complexité des problèmes traité, notre démarche a été surtout transdisciplinaire
reposant sur la gradation, lřouverture, vers dřautres disciplines. En effet la transdisciplinarité
permet aux chercheurs de dépasser les limites de sa discipline. Les phénomènes sont

100
également étudiés à lřintersection des disciplines. Les prise en charge dřautres disciplines telle
que la sociologie, la géologie, lřenvironnement a été faite surtout sur la base de la revue
documentaire. La complexité des problèmes exige un éclairage par plusieurs disciplines.

101
CHAPITRE III : APPROCHE DES TERRITOIRES DE MBOUR,
SALY ET MALICOUNDA

Ce chapitre présente les territoires à travers leur dimension spatiale, leurs ressources
environnementales, sociales et économiques. En effet, lřusage de lřespace et des ressources
est fonction des disponibilités en termes de stocks, des ressources humaines mais également
des ressources économiques en termes dřactivités, dřinfrastructures, de services urbains et
ruraux, de ressources financières mobilisées par les collectivités locales. Après une
localisation et une délimitation de la zone dřétude et sa structuration administrative, fait sa
caractérisation du point de vue de ses différentes composantes, à travers un inventaire
exhaustif.

Cette caractérisation des territoires a également pour objectif de ressortir leurs atouts et
contraintes, mais également de montrer leurs sensibilités aux phénomènes tels que les
inondations, lřérosion côtière, la baisse des stocks … liés aux changements globaux.

III.1. Cadre juridique et administratif des territoires changeant : de la


régionalisation à la communalisation intégrale

III.1.1. Processus de décentralisation au Sénégal


La zone dřétude se trouve dans une entité administrative beaucoup plus vaste, la région de
Thiès.

A la suite des réformes administratives intervenues entre 1984 et 1996, la région de Thiès est
subdivisée en trois (03) départements : Thiès, Mbour (abritant la zone dřétude) et Tivaouane ;
dix (10) arrondissements dont trois (03) (Séssène, Fissel et Sindia abritant la communauté
rurale de Malicounda) dans le département de Mbour.

Lřérection des Communes et des communautés rurales relèvent dřun long processus de
décentralisation qui a des fondements séculaires au Sénégal. Elle est lřaboutissement dřun
long processus qui plonge sa racine dans lřépoque coloniale avec la création des communes
de plein exercice soumises au régime de type Français que sont : Saint Louis et Gorée en
1872, Rufisque en 1880 et Dakar en 1887 qui sont des communes urbaines. La Commune de
Mbour est créée en 1926. Depuis son accession à lřindépendance, le Sénégal a opté pour une
politique de décentralisation progressive. Ainsi, différentes lois en attestent : En 1960 le statut

102
de Commune de plein exercice est élargi à toutes les communes ; le 1er février 1960 tous les
chefs lieux de circonscription sont érigés en communes et la loi n° 66-64 du 30 juin 1966
promulgue le Code de lřadministration communale.

Carte 3 : La zone d’étude dans le département de Mbour

Cette loi stipule dans son article 3, que constitue une commune toute localité dont la
population est au moins égale à 1 000 habitants et ayant atteint un niveau de développement
lui permettant d'avoir des ressources propres à l'équilibre de son budget. Les communes sont
considérées comme des personnes morales de droit public.

La loi n° 72-25 du 25 avril 1972 institue les communautés rurales et crée de nouvelles
communes,
La loi n° 90-35 dřoctobre 1990 modifie à nouveau le Code de lřadministration communale et
verse les communes à statut spécial dans le droit commun ; A la même date, avec la loi n° 90-
37, la gestion des communautés rurales est retirée aux sous-préfets et confiée aux présidents
des Conseils ruraux.
Les lois 96-06 /96-07 portant Code des collectivités locales et transfert des compétences aux
régions, aux communes et aux communautés rurales furent promulguées

103
Lřadoption de la régionalisation en février 1996 constitue la troisième étape de
décentralisation dans le cadre de la modernisation de lřEtat et lřadaptation aux circonstances
changeantes de lřenvironnement international. Ainsi, le pouvoir central vise à rapprocher les
élus locaux des populations ; elle dégage aussi les conditions politiques et juridiques
dřexercice du pouvoir local dřémergence des pôles de développement du pouvoir politique.

Les collectivités locales (la région, la Commune, la Communauté rurale) sont des
démembrements de lřEtat et ont un statut de personne morale de droit public et bénéficient de
lřautonomie financière. Dans cette deuxième phase, La réorganisation territoriale intègre au
même moment la création au niveau des grandes communes de Dakar, des villes, des
communes dřarrondissement.

Cette réforme vise à responsabiliser les régions, les Communes et les Communautés rurales
tout en laissant à lřEtat les orientations politiques et certaines charges lourdes pour les
collectivités locales. Lřobjectif est également dřaccélérer le développement économique et
social du Sénégal en impliquant les collectivités locales dans lřélaboration de programmes y
afférents ainsi quřà leur exécution dans le cadre dřune gestion de proximité, de simplifications
de procédures afin dřaboutir à la rapidité et à lřefficacité.

Le 22 mars 1996 le processus est encore plus audacieux par le transfert de neuf domaines de
compétences (avec les nouvelles problématiques environnementales nécessitant, la
mobilisation dřinvestissements lourds, il est important de souligner les confusions et les flous
apparus dans lřaffectation de certaines compétences) aux régions, aux communes et aux
communautés rurales, ainsi que le contrôle de légalité a posteriori.

Sous cette ère, le Sénégal était subdivisé 14 régions, 45 départements, 123 arrondissements,
126 communes, 46 communes dřarrondissement et de 385 communautés rurales, soit 368
collectivités locales au total.

En 2013 avec lřavènement de nouveau régime, pour corriger certaines imperfections, et faire
face à de nouvelles demandes, de nouveaux défis économiques, technologiques, de
démocratisation, sřengage dans un autre processus de décentralisation communément appelé
Acte III de la décentralisation. En effet malgré lřimportante réforme de 1996 à travers
lřautonomie financière des collectivités locales, lřacquisition de nouvelles prérogatives, la
tutelle de lřEtat ne cesse de peser sur elles.

104
Conformément aux fondements de cette loi « Les changements souhaités, sont loin dřêtre
amorcés, car étant jusque-là caractérisés par une concentration sur les aspects institutionnel,
politique, social et technique ». Les limites observées qui relèvent à la fois de lřEtat, des
Collectivités locales et de la Société civile, sřinscrivent aussi dans lřinefficience des stratégies
et politiques de développement appliquées.

Parmi les faiblesses identifiées on peut relever : le manque de viabilité des territoires et de
valorisation des potentialités de développement des territoires, ainsi que la faiblesse de la
politique dřaménagement du territoire limitée par une architecture territoriale rigide ; une
multiplicité dřacteurs avec des logiques et des préoccupations parfois différentes ; à
lřincohérence et lřinefficience des mécanismes de financement du développement territorial

Pour résorber ces faiblesses, cette nouvelle réforme qui va consacrer lřActe III de la politique
de décentralisation au Sénégal, devra être accompagnée dřune politique de territorialisation
des politiques publiques faisant des Collectivités locales des « entités autonomes et
émancipées de la tutelle de lřEtat »

Ainsi présentée, elle a lřambition de renforcer les libertés locales, la mobilisation des
ressources, la valorisation des potentialités des territoires. « Lřoption de territorialisation qui,
en revisitant la démarche de conception et de mise en oeuvre des politiques publiques, va
permettre de bâtir le développement du Sénégal à partir des opportunités, atouts et
potentialités de chaque terroir » (MATCL, Comité de pilotage décentralisation, 2013).
Lřacte III se fonde également sur un certain nombre de facteurs que sont :

- La dynamique du Sénégal dans un ensemble plus large et la nécessaire articulation des


échelles.
- Le déséquilibre territorial du Pays avec un taux d'urbanisation rapide qui va se
poursuivre.
- Les enjeux d'organisation de l'espace, de préservation du cadre de vie (ressources
naturelles).
- L'accès de chacun à des niveaux de services de proximité suffisants notamment dans
les domaines de l'éducation et de la santé.

Tel que décrite dans les documents administratifs, cette dernière étape du processus de
décentralisation a pour objectifs :

105
- La construction d'une démarche de développement durable des territoires aptes à
positionner le Sénégal au sein de l'espace Régional (compétitivité, développement,
emploi).
- La capacité à polariser les différents niveaux de services nécessaires à la vie
quotidienne des habitants et à organiser leur répartition équilibrée et équitable dans
tous les territoires.
- La clarification des rôles respectifs de l'État, des collectivités territoriales, des
acteurs de la société civile et du secteur privé.
- La simplification et le renforcement des différents niveaux de collectivités
territoriales.

LřActe 3 de la décentralisation vise à renforcer les responsabilités des collectivités en


consacrant la territorialisation comme levier de performance des politiques publiques locales.
La territorialisation des politiques publiques signifie les inscrire de manière coordonnée et
complémentaire au sein des territoires. Elle doit aboutir à une meilleure appropriation de
celles-ci par les acteurs concernés au niveau local.

Malgré lřampleur des compétences transférées aux collectivités locales, certaines restent
encore confuses ou quand elles sont claires mais sans quřelles en aient les moyens
dřexécution ou de gestion. Ce fut donc le cas des inondations de 2009 dont la gestion a eu à
soulever beaucoup de débats, lřEtat et les collectivités se rejetant les responsabilités. Cřest en
ce sens que peut être bénéfique un des principes de lřacte III de la décentralisation « la
confortation de la décentralisation en renforçant la responsabilité des territoires au niveau
desquelles pourront sřappliquer de nouvelles démarches dřaction publique et de nouveaux
modes dřorganisation et de gestion territoriale alternatifs, par rapport aux démarches dites
descendantes » en attendant leur opérationnalisation.

III.1.2. Réorganisation territoriale et les nouveaux échelons territoriaux


Le principe de réorganisation territoriale repose sur les exigences dřaires territoriales plus
homogènes aux plans socioculturels, éco géographique et économique.

La recomposition territoriale partie des 7 échelons qui existaient (national, régional,


départemental, arrondissement, région, Commune, Commune dřarrondissement, Communauté
rurale, en est à 3 (national, département, Commune) par redécoupage et agrégation sur des
critères de taille et de viabilité économique.

106
Le Sénégal dispose aujourdřhui de 599 collectivités locales dont 42 départements et 557
Communes.

Tableau 17 : Mutation des Niveaux d’administration territoriale


Echelle Echelon Situation (2014)

National Etat Etat

Régions 14 régions 14

Départements 45 départements 42

Arrondissements 123 arrondissements

Communes 126 communes dont 5 557


villes

Commune 46 communes Erigées en Commune


dřarrondissement dřarrondissement

Communauté rurale 385 Communautés Erigées en Communes


Rurales

Dorénavant, tel que précisé dans lřarticle Premier du nouveau Code des collectivités, les
Collectivités locales de la République du Sénégal sont le département et la Commune. Le
département apparait donc nouvellement comme collectivité locale en supprimant la région.
Le département est une collectivité locale, personne morale de droit public disposant de
lřautonomie administrative.

III.1.2.1. Commune de Mbour


Mbour est une ancienne commune, sa création date de lřépoque coloniale le 04 décembre
1926. Elle est située dans la région de Thiès, département de Mbour dont elle constitue le chef
lieu. Conformément au Code des collectivités locales, en son article 77 « La commune est une
collectivité locale, personne morale de droit public. Elle regroupe les habitants du périmètre
d'une même localité unis par une solidarité résultant du voisinage, désireux de traiter de leurs
propres intérêts et capables de trouver les ressources nécessaires à une action qui leur soit
particulière au sein de la communauté nationale et dans le sens des intérêts de la nation ».
Mbour fut également érigé en délégation spéciale du 26 décembre 2001 au 31 mai 2002. La

107
délégation spéciale en matière d'organisation municipale est une délégation de plusieurs
membres nommée par décision du représentant de l'État à la suite de la dissolution ou
démission d'un conseil municipal ou d'un autre organisme pour remplir les fonctions de maire
ou président.

III.1.2.2. Commune de Saly


Conformément à lřarticle 2 du code des collectivités locales qui stipule que « Les collectivités
locales sont créées, supprimées, scindées ou fusionnées dans les conditions prévues par le
présent code ». La commune de Saly fut créée. Le territoire qui lui est consacré est amputé de
la Communauté rurale de Malicounda, et érigé en commune par le décret no 2008-748 du 10
juillet 2008

III.1.2.3. Commune de Malicounda


Anciennement Communauté rurale, Malicounda acquit le statut de Commune avec lřacte 3 de
la décentralisation. « La Communauté rurale est personne morale de droit public est dotée de
lřautonomie financière, est constituée par un certain nombre de villages appartenant au même
terroir unis par une solidarité résultant du voisinage » (Article 192 Code des Collectivités
locales).

Au niveau de chaque village du terroir de la Communauté rurale, se trouve un chef de village


doté dřun double statut et agit en qualité de délégué des populations et des autorités
déconcentrées. La Communauté rurale peut coopérer avec dřautres communautés rurales du
pays pour la création dřun groupement dřintérêt commun entreprendre individuellement avec
lřEtat la réalisation de programmes dřIntérêt Commun, et dřautre part, passer des conventions
de coopération décentralisée avec des collectivités locales de pays étrangers, dřorganismes
internationaux publics ou privés de développement. Le régime de la coopération est identique
à celui des communes

Cette revue des différentes phases de la décentralisation et lřédification des communes


montrent à travers la réorganisation territoriale un effort dřarticulation des politiques. Elle
soulève cependant différentes questions dans la zone dřétude. Malicounda est devenue
Commune. Il importe donc de poser la question du sort de cette Collectivité locale qui ne
cessait de subir la pression des deux Communes mitoyennes Mbour et Saly en quête dřespace
de projections des habitations ou dřinfrastructures de projet de développement dans un
contexte de changements environnementaux limitant.

108
En effet lřérection de Saly en Commune en 2008 apparait dřune certaine manière comme un
fractionnement, une fragmentation des ressources, de lřhomogénéité et de la complémentarité
de son territoire dřorigine. La rationalisation en limitant le fractionnement est également visé
dans lřacte III afin de corriger le manque de viabilité économique des territoires, suite à la
subdivision du pays en une multitude de cellules. Dès lors que vont devenir ces multitudes de
cellules existantes ?

Mbour est l'une des villes les plus dynamiques, est soutenue par des activités économiques en
essor. En tant que ville, Mbour apparait comme un équipement et constitue le point de
maximisation de la vie de relations. Sa position géographique est stratégique et les
externalités seront renforcées par l'aéroport de Ndiass, la plateforme de Diamniadio qui sont
autant de vecteurs autour desquels est en train de se constituer la conurbation Dakar-Mbour-
Thiès. Par conséquent la tendance lourde d'urbanisation continuera à affecter durablement la
Commune de Malicounda.

La décentralisation et la régionalisation sont des méthodes et des techniques sur le plan


institutionnel, ces termes sont des synonymes) et ne constituent que lřun des aspects dřune
réforme infiniment plus vaste quřest lřaménagement du territoire, qui est lřétape ultime de la
décentralisation (Guibert, 2009). Quels que soient les scenarios possibles ou projetés dans
cette prospective territoriale, il est important de ne pas perdre de vue que la politique
dřaménagement du territoire en tant quřinstrument de lutte contre les disparités doit, dans le
contexte actuel de changement global (économique et environnemental), veiller au respect des
principes de développement durable et de la préservation de lřenvironnement. La santé
financière des territoires dépend de la qualité de ses ressources. Cřest à ce titre que peuvent
être intéressant lřéchelon pôle territoire envisagé dans lřacte 3.qui sera issu du regroupement
de départements. LřActe 3 constitue également un instrument politique qui vise à accroître le
pouvoir des territoires et à leur donner plus de moyens. En ce sens elles pourront être mieux
impliquées et prendre en charge les problèmes environnementaux.

Il importe cependant de préciser que nous avons été rattrapés par la communalisation intégrale
à la fin de nos travaux. Donc même si nous posons le cadre théorique, elle nřa pas été intégrée
dans les investigations. Lors de nos travaux, Malicounda était Communauté rurale.

109
III.2. Echelle spatiale des territoires : conquête et marquage

III. 2.1. Des campements de pêcheurs à la fixation des populations


Différentes sources ont permis de faire lřhistorique du peuplement de Mbour. Des sources
archivistes. Celles de lřadministration générale (étude générale monographie, rapport des
cercles, le plan dřurbanisation commune mixte de Mbour en quatre zones (zone commerciale,
zone résidentielle, zone des quartiers indigènes, zone industrielle. On note cependant dřautres
travaux plus récents : Audit urbain de Mbour, Plan Local de développement de Nianing), des
mémoires, des thèses. Les sources orales sont aussi très importantes et ont été utilisées dans
certains travaux.

Comme établissement humain, Mbour, nřest à lřorigine quřun groupe de campements de


pêcheurs. Lřoccupation du site se limitait essentiellement au littoral avec les localités
dřimplantation des immigrants Sérère, Socé et Lébou : Gandiane, Ndedele, Nenef et
Toundiane (Gerad, 2000).

La conquête des territoires est marquée différentes vagues successives. Les premières vagues
migratoires de la zone sont originaires du Sine et du Cayor au début du XVIIIème siècle
frappés par les conflits et lřinsécurité, les guerres et le pillage. Mbissane Gningue aurait quitté
son Sine natal avec sa famille tard dans une nuit, à la recherche dřun lieu de résidence plus
paisible, loin de la terreur et favorable aux activités agricoles qui était leur principale source
de subsistance.

Mbour est ainsi un toponyme serer venant de lřexpression serer « A MBOUARA A


NDETTř » qui veut dire ils sont partis pour ne jamais revenir.

Les migrants se regroupèrent par affinité familiale sur quatre différents sites (Nenef, Ndedele,
Tioudiane, Mbafaye) de la ville quřils marquèrent également par des toponymes serers (Faye,
2008). NENEF vient de lřabondance de plante médicinale appelée (Acacia nilotica, var
adansonii). Ce site abrite maintenant lřhôtel Coco beach. NřDEDELE est le nom dřun arbuste
qui se trouvait en quantité sur cette zone, Actuel site la préfecture de Mbour.TIOUDIANE est
un toponyme qui relève de la localisation (bordure de mer en serer tandis que MřBAFAYE
signifie la maison des Faye en langue sérer, MřBâ signifie ma maison). Elle se trouve
aujourdřhui sur la partie Est de la route de Joal.

Ces populations sérers avaient aussi mis sur place une organisation sociale où la distribution
des pouvoirs tenait compte du sang, de lřâge et de la sagesse. Cřest ainsi que NENEF et

110
NřDEDELE avaient le même chef Ndiouga Thiank du fait que ce sont deux localités trop
proches lřune de lřautre alors que TIOUDIANE était géré par un chef du nom de Guedj et le
MřBAFAYE par le Bour Faye.

Mbour, venant de A Mboura est un toponyme fédérateur pour la préservation des intérêts, des
liens et la sécurisation des terroirs construits.

Les lébous originaires de Mbao venant jadis en saison sèche des abris provisoires dans les
eaux saumâtres sur la berge lieu-dit Ghandiane en serer, finirent par sřinstaller dans le quartier
Tefess. Nguirane Ndoye est le premier saisonnier à se fixer définitivement avant dřêtre rejoint
par dřautres vagues probablement attirées par les ressources halieutiques. Aujourdřhui il est
véritablement le quartier des pêcheurs sřétendant légèrement au Nord-ouest de la zone
centrale. En effet ses occupants principalement les Sérère, les Socé et les Lébou ont été les
ethnies fondatrices de la ville de Mbour vers le 10ème siècle (Boulègue, 1981, Gravand,
1983) qui furent déplacés en 1922 du quartier central lors de la mise en place des équipements
coloniaux. Plus tard les Mandingues originaires de la Casamance et de la Guinée Bissau et
qui, jusque là ne venaient que saisonnièrement de Nianing pour les besoins de lřagriculture, se
sont définitivement installés. Fara Diambang fut le premier chef du village socé quřil avait
créé avec ses frères Daouda et Bakary. Dans un premier temps, ils sřinstallèrent sur
lřemplacement de lřex service des grandes endémies appelé en ce temps Cobaye qui signifie
en sérer lřendroit frais avant de sřapprocher finalement des sérers en se fixant sur
lřemplacement de lřactuel quartier appelé Escale. Les socés sřadonnaient plutôt à lřagriculture
sur les terres qui leur ont été attribuées par les sérers aux quels ils payaient des redevances. Le
troc leur permettait dřacquérir du poisson.

A la suite des Sérers, Lébous et Socés, les Toucouleurs venus de la vallée du fleuve Sénégal,
se sont installés pour les besoins du commerce.

En 1922, des Wolofs venus de Dakar, Rufisque et Saint Louis ont fait leur entrée pour jouer
principalement le rôle dřauxiliaires de lřadministration coloniale.

Encouragé par lřadministration avec lřintroduction et le développement de la culture


arachidière, le droit de hache remplaça le droit de feu offrant ainsi à des communautés comme
celle des Socés lřindépendance vis à vis des Sérers par rapport à lřaccès à la terre.

111
III.2.2. Du déclin de Nianing à l’émergence de Mbour : les quartiers de Mbour
Serere
Le nom « Nianing » (Ñaaning) viendrait dřune déformation de « Ñaleng », plat Sérer à base
de semoule de mil et de poudre dřarachide. Ce village était un petit hameau de la province du
Sine. Il nřy avait rien que des forêts peuplées dřhyènes, de chacals, etc. Les populations
sřadonnaient à la culture du mil et de lřarachide. La chasse était aussi pratiquée. Les pêcheurs
venus beaucoup plus tard en provenance de Kayar, Yeen, Bargny. y résidaient quelques jours
durant leur campagne de pêche.

Après le départ des Portugais, les Français sont venus sřinstaller dans le village avec des
compagnies de commerce comme Maurel et Prom, Nosoco, SCOA. La maison du
Commandant de Cercle y était édifiée, à la place Résidence, actuel Centre dřadoption sociale.

Le PLD de Nianing (2008) retrace lřhistoire du village de Nianing. Les premiers habitants de
Nianing se sont signalés vers 1750, avec lřaménagement dřun port dřembarquement. De 1772
à 1885, des produits divers y transitaient : arachide, mil, coton, karité venant du Soudan
(Mali). Ce port enregistrait la plus grande activité économique de la Petite Côte, du Sine au
Djeggëm, de Mbadanie au Sine Saloum, tous les grands exploitants dřarachide venaient y
peser et vendre leurs produits aux colons.

En 1924, il y eut lřépidémie de la « maladie du sommeil » qui fit beaucoup de morts. Le


village fut vidé. « Danu gaafaloon dëkk bi » le village était réputé « tabou » (maléfique). Les
résidants sřen allèrent se réfugier dans dřautres sites comme Mbour, Banjul (Gambie). Mbour
était constitué, à cette époque, de quelques campements pour les colons autour desquels
gravitaient quelques villages qui se développeront et se transformeront par la suite en
quartier : Mbour-Seereer, Thiocé, etc.

En quelques mois, tous les habitants de Nianing partirent laissant derrière eux récoltes,
greniers, bétails, maisons. Les dockers du port quittèrent eux aussi leur travail. Le chef de
village dřalors Koor Djokel Faye fut accusé dřavoir versé une potion dans le seul puits du
village, creusé par les colons, pour semer la maladie. Koor Djokel avait la réputation dřêtre un
grand mystique, ayant des connaissances ésotériques et détenant un pouvoir surnaturel sur les
choses et les êtres.

Lřorigine dřune grève de dockers a été attribuée à Koor Djokel Faye. Ce dernier les recevait
souvent sous son toit et plaidait fréquemment leur cause. Il prenait de même partie pour les

112
cultivateurs en réclamant le relèvement du prix dřachat de lřarachide aux producteurs. Selon
certaines sources, le pouvoir colonial profita de lřépidémie de la maladie du sommeil, pour
mettre fin aux agissements de Koor Djokel, nuisibles à leurs intérêts.

Les autorités coloniales voulurent mettre aux arrêts le chef de village, lřaccusant dřavoir
répandu la maladie. Ce dernier sřenfuit vers le village de Fimela puis après cinq longs mois,
alla se réfugier en Gambie, territoire contrôlé par les Anglais. Les rescapés de Nianing
participeront par la suite, à la fondation des villages de Saly, Joal, Mbour, Pointe Sarène.
Lřépidémie causa la perte de centaines de vies humaines. Le chiffre de 700 victimes fut
avancé. (Faye, 2008)

Le Chef Koor Djokel Faye revint en 1948, après avoir négocié avec le commandant de
lřépoque, Monsieur Laman qui résidait à Mbour. Il fut accompagné par le chef de canton Socé
Fall pour aller voir le commandant à Mbour. Koor Djokel promit dřassurer la paix dans le
village tant quřil sera en vie. Il sřinstalla de nouveau avec sa femme Yaye Ndoumbé Fall,
creusa un deuxième puits à environ 500 mètres du premier. Il était craint. Il vécu seul durant
sept années.

En 1954, le village commença à se développer et les populations commencèrent à revenir sřy


installer. Un nommé Malick Sarr, venant du village de Suusaan, vint sřétablir à Nianing avec
sa famille. Les quelques ouvriers du chantier naval venaient dans la maison du chef de village
pour sřy restaurer. Le village abandonné était redevenu, dans lřespace de 7 à 8 ans, une
véritable jungle parce que non habité et non exploité. Une partie de la forêt fut déboisée pour
accueillir les familles revenues repeupler le village.

A la mort de Koor Djokel, le 13 Février 1955, le nommé Malick Sène dit Siseer, père de
lřactuel chef de village (Ibrahima Sène) prit la relève et assura avec succès la fonction de chef.

Dans le village, il y avait un grand chantier naval appartenant au nommé Langlois, un ancien
marin européen, qui sřétait fait octroyer une partie de la forêt pour y tailler des pirogues. Ce
chantier a été installé bien avant lřépidémie de la maladie du sommeil. A la disparition de
Langlois, les ouvriers du chantier naval reçurent leurs « droits » et le chantier fut arrêté. La
famille Langlois détenait un titre foncier.

En 1960, quand le Président de la République de Guinée, Ahmed Cheikhou Touré expulsa les
prêtres européens, ces derniers atterrirent tous à Dakar. Le Président du Sénégal de lřépoque,
Léopold Sédar Senghor voulait les installer à Nianing considérant le taux élevé de chrétiens

113
dans la population locale. Senghor avait demandé quřon leur prête ou leur vende un terrain à
Nianing pour quřils sřinstallent, étant donné quřils sont des enseignants, des intellectuels et
quřils pourraient apporter beaucoup de choses au village. Les terres du chantier naval leurs
furent prêtées puis vendues quelques années plus tard.

Les prêtres voulurent dřautres terres à Dakar, ils échangèrent la partie de terre à Nianing
jouxtant la plage contre un terrain à Dakar. Cette partie fut utilisée par les missionnaires
catholiques comme centre pour former des « frères » (JUVENAT).

Pendant lřadministration coloniale, Nianing fut le principal centre administratif de toute la


zone au détriment de Mbour qui pourtant en était le principal pôle économique. En 1922, à
cause des ravages de la maladie du sommeil, le commandant Alexandre migra vers Mbour
déplaçant ainsi le siège de lřadministration.

III. 2.3. Déplacement et recasement des quartiers indigènes


Dès son arrivée, le commandant Alexandre sřest attelé à déplacer les populations qui étaient
installées autour du site de lřactuelle préfecture. A lřimage de Dakar pour le quartier de
Plateau, Mbour connut des opérations de déplacement et de recasement dans des quartiers
indigènes. Chassés du Nřdedle où devait être construite la maison du commandant, les Sérers
qui occupaient ce site sont partis camper chez leurs frères du Nenef. La récupération de ce
second site du Nenef par lřadministration coloniale en 1946 pour lřédification dřune maison
de repos militaire va pousser ses anciens occupants à sřinstaller à 2km à lřEst du site.

Ces évènements sont à la base de lřexistence dans le langage populaire mbourois de deux
quartiers Mbour Sérér. Le Tioudiane qui nřa pas été évacué de ses habitants porte le nom de
Mbour sérer Souf alors que le Nenef est devenu Mbour sérer Kaw.

Les Socé qui étaient dans la zone centrale appelée Escale voient leur site affecté aux
structures commerciales, et créèrent progressivement trois quartiers.

Dřabord ils ont fondé le quartier Thiocé où quelque temps après, des Wolof, Toucouleur et
Bambara viendront les rejoindre. Pour conserver leur unité ethnique, certains Socé décidèrent
dřaller créer un autre quartier qui sera exclusivement habité par leur ethnie. Cřest ainsi quřils
ont créé le quartier Thiocé ouest alors leur premier quartier devenait Thiocé Est où des socés
vivaient avec dřautres ethnies.

114
Un autre groupe de socés se démarquait encore de ces deux quartiers pour créer le quartier
Santessou. La zone où vivaient les populations venues de Dakar, Rufisque et Saint-louis est
finalement devenu le quartier appelé Onze Novembre.

En 1945, le site bordant la mer et occupé par les Lébou et certains Sérers devient le quartier
Tefess et les Toucouleurs sřimplantèrent la même année aulieu Mbour toucouleur.

Plus tard en 1949, les immigrés maures venus depuis 1940 ont créé leur propre quartier
Mbour naar appelé aussi Gaad Ga.

Lřadministration a créé le quartier onze novembre qui, comme Tefess, fut séparé du quartier
français par un grand boulevard. Elle a loti dřautres quartiers pour lesquels elle a nommé des
chefs : Keuri kao ou Santessou en 1936, en 1945 Tefess est réorganisé de même que Mbour
sérer en 1946, Mbour Naar en 1949 et Diamagueune en 1960.

Lřinstallation de lřadministration coloniale et lřorganisation qui sřen est suivie ont fait de
Mbour un centre actif de la traite de lřarachide et un lieu dřéchanges commerciaux qui fut
érigé en commune le 04 décembre 1926.

Dès lors la cohabitation entre le mode dřorganisation socio-spatiale endogène et celui de


lřéconomie coloniale sřavéra difficile conduisant ainsi à des déplacements de population en
1922 et 1945.

Apparait ainsi une opposition entre quartier structuré et équipé à lřimage de lřEscale basé sur
nouveau système de référence urbain, et les nouveaux quartiers créés par les populations
déplacées (Mbour-Sérère II, situé 2km plus à lřEst du site originel. Thiocé-ouest et Santessou,
respectivement en 1922 et 1936, suite au déplacement des Socé de lřEscale).

Par contre les quartiers Mbour-Toucouleur et Tefess furent fondés par de nouveaux arrivants
Toucouleur et Lébou, attirées par les potentialités économiques de la ville naissante.

Au cours de la troisième phase correspondant à la période 1946-1966, les installations se sont


poursuivies et le tissu urbain sřest davantage étoffé. Cette phase a enregistré la naissance des
quartiers Darou-Salam et Mbour-Maure vers lřEst de la ville. Cřest également pendant cette
période, que la ville a connu une extension rapide et aréolaire à partir du noyau originel formé
autour de lřEscale.

La quatrième et dernière étape, de 1976 à nos jours, est marquée par une poursuite de
lřextension aréolaire. Cependant, la présence de lřocéan limite toute possibilité dřextension

115
vers la frange maritime. Cřest ainsi que les quartiers centraux et péricentraux comme Thiocé-
Est, Thiocé-Ouest, Tefess, Onze Novembre ont surtout connu une forte croissance spatiale.

Cřest dans ce contexte que sont nés les sous quartiers Diamaguene I, Diamaguene II, Château
dřeau Nord et Château dřeau Sud qui constituent les prolongements respectifs de ces
différents quartiers.

Carte 4 : Découpage administratif de la Commune de Mbour

Tableau 18 : Structuration des quartiers du territoire communal de Mbour (29 quartiers)


Quartiers Superficie occupée Pourcentage
(ha)
Thiocé-est/Santessou 138 05,75%
Oncad 105 04,38%
Darou Salam 60 02,50%
Château dřEau 89 03,70%
Zone Résidentielle 77 03,20%
Grand-Mbour I et II 421 17,54%
Escale 31 01,30%

116
Quartiers Superficie occupée Pourcentage
(ha)
Diamaguene 319 13,30%
Médine I et II 319 13,30%
Santhie 160 06,66%
Liberté 115 04,80%
Mbour Toucouleur 361 15,04%
Mbour Sérère I et II 40 01,66%
Mbour Maure 36 01,50%
Thiocé-ouest 44 01,83%
Onze novembre 25 01,04%
Tefess et Golf 59 02,50%
TOTAL 2400 100%
Source Audit urbain Mbour,

III.2.4. Le territoire de la Commune de Saly : Des terroirs à l’émergence d’un pôle


touristique
III.2.4.1 Mutations des terroirs traditionnels
La Commune de Saly est située plus précisément à lřextrême Nord- Ouest de la communauté
rurale de Malicounda. Elle est constituée par un ensemble de quartiers, anciens hameaux du
village et la station touristique. Elle est limitée au Nord par le village de Ngaparou, au Sud par
la commune de Mbour, à lřEst par la Route Nationale N°1 et à lřOuest par lřOcéan Atlantique

Lřorigine du nom de Sali Portudal présente plusieurs controverses. Pour certains, l e nom de
Portudal était déjà apparu au début du XVIème siècle dans les écrits des portugais ; la même
appellation, Porto de Ale, est mentionnée chez Duarte Pacheco Pareira, apparurent dřautres
désignations telles que Porto de Ale, Porto-Dali ou Porto Dallia,

Pour dřautres, Portudal serait la déformation de Porto dřAle, qui veut dire le port dřAle. Mais
pour Boulègue (1981) la forme Porto-Dali incite à chercher à côté du portugais le mot porto et
le mot daali employé par les Wolofs et les Sérères pour qualifier la majesté royale, et ainsi
Porto-Dali pourrait signifier Port royal. Les français ont modifié ce toponyme en Portudal

Lřancien nom de Saly Portudal est « ndémane ngouthie » selon la légende le père fondateur
de Saly Portudal est Lat Gandal (« celui qui connait beaucoup de choses ») petit frère
fondateur de Mbour.

Découvert par le portugais Denis Diaz en 1444 en même temps que les côtes de la presquřîle
du Cap-Vert, Saly devient un comptoir portugais sur la route maritime des Indes.

117
Selon certains récits, les portugais à leur arrivée sur la plage de Saly, auraient demandé à un
pêcheur le nom du village, celui-ci répondit « Saly » qui signifie en wolof une façon de
trancher le poisson pour lřappât. Les portugais le désignèrent par « Saly Portugal » (devenu
Portudal par déformation). Point de commerce très florissant, le comptoir de Saly, revenu par
la suite aux Français attirait les habitants de lřarrière pays pour le troc.

Selon la tradition les premiers occupants de la zone de Saly furent les Socé, d'ethnie
mandingue, suivis par les Sereres venus de la vallée du fleuve, fuyant lřislamisation du nord
du pays. A partir des langues de ces deux premières ethnies de Saly (le socé puis le sérère),
naît la langue traditionnelle de Saly le « le Koulang Koulang » qui nřest plus parlée
aujourdřhui. Le dernier témoin vivant de cette langue est décédé depuis peu.

Le peuplement initial sřest enrichi avec lřarrivée dřautres groupes ethniques, les Wolofs, les
Lébous venant de la presquřîle du Cap-Vert et les Peulhs qui sřimplantèrent tour à tour, avec
lřautorisation du chef de village, le « Lamane », également chef des terres.

Lřarrivée par vagues successives de populations dřethnies différentes a entrainé la fondation


de 6 petits hameaux (Saly Niakhniakhal, Saly Bambara, Saly Velingara, Saly Tapé, Saly
koulang) devenus les actuels quartiers de la Commune. Le noyau ancien est formé par sept (7)
hameaux dont trois se trouvent dans les abords immédiats de la station.

Le quartier de Saly Koulang, zone exposée à lřérosion côtièrefut le premier site occupé dans
la commune par les Séreres et les Socés. Il est fondé par DIOM DIOB. Au départ peuplé
depaysans- pêcheurs, la pêche a fini par être lřactivité dominante des populations du fait de la
péjoration climatique et plus tard de lřexpropriation avec lřaménagement de la station
touristique. Le quartier reste exigu et confiné dans ses limites initiales se manifestant dans la
promiscuité des concessions.

Saly Tapé déplacé, déplacé en 1977avec lřaménagement de la station balnéaire fut fondé vers
1910 par un sérère NDEMANE KAMB sur lřactuel site de lřhôtel les cristallines. Il fut recasé
à Saly et connut une extension du fait de nouveaux arrivants (majorité sérère, lébou et wolof,
les Peul, les Bambaras, les Casamançais et étrangers...)

Saly Niakh Niakhal ou Saly Téfess fut créé vers1930 par Arona Pouye originaire du village
de Guéréo, localisé plus au Nord de la côte, lřindique son nom « Téfess » , il est situé en
bordure de mer. La présence massive dřherbes (niakh en wolof) sur le site justifie également

118
le toponyme. Les populations lébou sont essentiellement originaires de (Guéréo, Yène et
Toubab Dialaw).

Saly Bambara crée vers 1930 par Bambara du BABA NDINGSANKARE. Les bambaras,
jadis majoritaires nřoccupent actuellement que deux concessions dans le quartier.

Saly Joseph fut fondé fondé par un sérère du nom de JOSEPH SENE en 1958. Les serers y
sont majoritaires avec les Diolas, les Peuls, les Sarakholés, les Wolofs, les Toucouleurs et les
Européens.

Saly Vélingara fut créé par un Peul originaire de Guinée Bissau du nom dřOumane Ba.
Comme son nom lřindique Vélingara vient du puular qui signifie « vient habiter cřest
viable ». Traditionnellement occupé par des Toucouleurs, Mandingue, Sarakholé et Bambara
dont lřactivité principale était lřagriculture et lřélevage. Face à la sècheresse, au tourisme, et à
la pression foncière, les populations se reconvertissent dans le secteur touristique, le
commerce, lřaviculture et les corps de métiers.

Saly peul et sérère (Saly Darou) fut créé en 1948 par un Peul du nom de Cheikh Mamadou
Sow. On retrouve principalement dans ce quartier une cohabitation entre les peuls et les
sérères.

III.2.4.2 L’émergence d’un pôle touristique : La station balnéaire


La station balnéaire appartient à la zone dřaménagement touristique de la Petite Côte qui
conformément au décret 76840 du 24 juillet 1976, va de Diamniadio à Gandigal une
profondeur dřenviron 7km, de Gandigal à la pointe de Sangomar une profondeur de 5 km, sur
une longueur totale dřrenviron 110km. Soit donc une bande côtière de 660 km2 environ 0,3%
du territoire national. Saly est ainsi une zone dřaménagement touristique (UAT)23 à lřimage
de Toubab Dialao, Popenguine, Somone, Ngaparou, Nianing et les îles du Saloum.

LřUAT de Saly représente un triangle équilatéral de 7 km de côté dont le sommet est situé à
Gandigal et la base délimitée par la mer. Elle se compose de deux noyaux ou stations : Une
station nord qui est lřUAT de Saly Tapé, Une station Sud, lřUAT de Saly niakhniakhal en
effet les deux UAT sont séparées par les quartiers traditionnels de Coulang et Niakh-Niakhal.

23
UAT est un ensemble cohérent de réceptifs hôtéliers ou para-hôtéliers intégrés dans une station de vacances et
articulés autour des zones dřanimation, communes aux différents établissments (Bureau Louis-Berger, in
Sène 1987)

119
La mise en œuvre de ce programme ambitieux fut donc à lřorigine de la création de la
SAPCO le 7 novembre 1975 (une société autonome à majorité publique avec un capital de
500 millions de FCFA, dont 90% au Sénégal, à son actif à la création de la station balnéaire
de SALY Portudal). LřUAT Nord a une superficie de 230 ha compte une trentaine de
réceptifs de base fonctionnels dont 11 hôtels et 19 résidences de vacances dřune capacité
d'accueil de 3000 lits et lřUAT Sud dřune superficie de 350 ha compte 7 hôtels et 20
résidences. A lřintérieur de lřUAT Nord se trouve le port de plaisance et la Marina alimentée
par le marigot de Kirène ou lagune dite « mare aux oiseaux ».

Carte 5 : Saly Occupation du sol (SAPCO)


Seule station aménagée en Afrique au sud du Sahara, Saly constitue le poumon du tourisme
balnéaire au Sénégal. Les premiers réceptifs touristiques y virent le jour au début des années
1980. La station sřétend sur 620ha et compte 16 hôtels de 2 à 5 étoiles, 30 résidences, des
villas de vacance et de nombreuses autres structures touristiques (bureau dřaccueil et
dřinformation, centres commerciaux, village artisanal, cinéma, restaurants, boites de nuit,
centre international de pêche, port de plaisance, terrain de golf de niveau international,
héliport, marina, une école de football etc…). Il faut également noter la présence dřune
brigade de gendarmerie et dřune caserne de sapeurs-pompiers, dřun centre de santé et et
dřautres services

120
III.2.5. Le territoire de Malicounda : zone rurale à la périphérie de Mbour et de
Saly
La communauté rurale de Malicounda située dans le département de Mbour, arrondissement
de Sindia couvrait jadis une superficie de 124 km2 autour de la Commune de Mbour. Le
territoire est progressivement réduit et constitue la zone dřextension obligée de la ville de
Mbour. Le caractère flou de certaines limites favorise la course dřappropriation entre les deux
collectivités locales mitoyennes. La pression foncière est également accentuée par la position
du territoire à la limite des réceptifs hôteliers, et de la SAPCO pour la satisfaction des
concessions foncières des hôtels et des besoins de logement des employés conduisant souvent
à des morcellements de champs sous forme de parcelles à usages dřhabitation. Lřexpansion de
la ville de Mbour constitue un élément catalyseur des mutations foncières au niveau des ses
marges rurales.

La création de la Commune de Saly apporta également des changements brutaux sur la


configuration spatiale du territoire. Saly est constitué en effet des quartiers traditionnels saly
et des nouveaux lotissements qui étaient pourtant stratégiques à la communauté rurale pour
une conservation de ses ressources foncières régulièrement empiétées par la Commune de
Mbour.

Amputée de Saly, la communauté rurale de Maliconda se retrouve ainsi avec 21 villages et sur
une superficie de 94km2. Les 16 villages se retrouvent sur le continent tandis que les 6 se
localisent en bordure de mer.

Carte 6 : Présentation de la Communauté rurale de Malicounda

121
Tableau 19 : Zonage de la Communauté rurale de Malicounda

Villages de la Zone Continentale Village de la Zone Maritime


1. Malicounda Bambara 1. Mballing
2. Malicounda Wolof 2. Warang Sérère
3. Malicounda Sérère 3. Warang Wolof
4. Takhoum Sérère 4. Nianing
5. Takhoum Wolof 5. Pointe Sarène
6. Fandane Sérère
7. Fandane Wolof
8. Falokh Sérère
9. Falokh Wolof
10. Keur Massylla
11. Soussane
12. Mboulème
13. Sidibigou
14. Gagnabougou
15. Sinthiou Mbadane
16. Roff
Source PLD C.R Malicounda

III.3. Ressources des territoires : opportunités et contraintes


Il convient sur ce point de présenter les territoires au-delà de leur réalité administrative et
spatiale. Les territoires se caractérisent aussi par leurs ressources qui sont environnementales
et sociales. Les unes comme les autres peuvent présenter des opportunités, des atouts mais
aussi des contraintes à lřorigine de vulnérabilité. Le Système de ressources du territoire est un
ensemble organisé dřinteractions entre les ressources dřun espace approprié par une
communauté pour assurer la satisfaction de ses besoins présents et futurs. Il est composé des
ressources environnementales, sociales, économiques et complexes (Chadenas, Pouillaude,
Pottier, Struillon, 2010). Elles font lřoriginalité et la richesse du territoire ; elles sont
reconnues comme faisant partie du capital de départ quřil convient de renforcer et de
préserver selon les enjeux.

III.3.1. Ressources environnementales


Les atouts et les contraintes environnementales dřun territoire sur le plan environnemental
peuvent être mesurés à travers différentes composantes que sont le cadre abiotique et les
ressources vivantes

En effet, les ressources en plus de services écologiques fournis offrent dřautres opportunités.
Leurs usages direct ou indirect permettent le développement de différentes activités, telles que
le tourisme avec les côtes, les plages, la pêche avec le potentiel halieutique, lřagriculture…

122
Cette thèse sřinscrit dans le contexte de changements globaux qui nécessite des lectures à des
échelles plus réduites. Le besoin dřidentification de facteurs structurels de certains
phénomènes tels que lřérosion côtière, les inondations élargissent le champ dřinventaire des
ressources territoriales en vue de déterminer leur sensibilité.

III.3.1.1. Relief caractérisé par l’absence de relief


La Zone dřétude se présente à lřimage de sa région Thiès se caractérise par un relief
relativement plat excepté le plateau de Thiès qui culmine à 105 m dřaltitude, le massif de
Diass qui sřélève à 90 m dřaltitude. Sur le plan écogéographique La zone dřétude appartient à
un vaste ensemble dénommé Petite côte, par opposition à la Grande côte située au Nord de
Dakar.

La Petite Côte du Sénégal sřétend du sud de la presquřîle du Cap Vert jusquřau delta du Sine-
Saloum, à la frontière avec la Gambie, sur 130 km de long et 10 km de large environ.

Carte 7 : La Petite côte du Sénégal

123
La zone dřétude présente un relief essentiellement plat. Ce bas plateau sřinscrit dans le
prolongement du plateau uniforme constituant le « Pays Sérère » dominé au nord par la
colline de Thiès (130m). On note cependant quelques hétérogénéités avec des collines, à, mais
aussi des dépressions de 10 à 20m de dénivelé qui prolongent en doigts de gant lřétroite plaine
côtière (1km à Mbour et Nianing, 1,5km à Mbodiène (Turmine, 2000).

A lřimage de la région, le relief est de faible altitude dans la Commune, variant du nord au
sud. Mbour occupe un site de demi-cuvette, fermée à lřouest par lřocéan Atlantique. La bande
littorale descend dřune hauteur de 10 à 8m vers la mer par une pente très raide. En sřéloignant
de cette bande littorale, lřaltitude augmente modérément jusquřau niveau du château dřeau, à
la limite de la commune où elle baisse à nouveau.

En examinant les caractéristiques du relief parallèlement au bord de la mer, on peut constater


quřen allant du centre ville vers Saly, le terrain a de faibles ondulations avec une légère pente.
Au centre de la Commune, le terrain est plat, mais au sud, il descend dřabord avec une pente
très marquée, puis plus doucement vers le Mballing, milieu récepteur naturel des eaux de la
moitié sud de la Commune, ce dernier passe par-dessus un pont-route, puis se jette dans la
mer (ONAS 2000, in Guèye 2010).

En effet les attitudes dépassent rarement 10m. Cependant la frange maritime laisse apparaitre
quelques formations dunaires et des dépressions justifiant la sinuosité du tracé de la plage en
certains endroits.

A Malicounda le relief est généralement plat. On rencontre cependant quelques formations


dunaires et quelques dépressions marécageuses le long de la frange maritime entre Mbaling et
Warang, Warang et Nianing et après Nianing vers Pointe Sarène. On note également la
présence de quelques bas-fonds au Nord-est et au Sud de la Communauté Rurale.

124
Par rapport à certaines perturbations affectant la zone dřétude telles que les inondations, le
relief constitue un élément déterminant. La topographie détermine les modalités de
ruissellement, de lřinfiltration et de lřévaporation.

Figure 6 : Modèle Numérique de Terrain de Mbour

125
III.3.1.2. Sols
Située dans la partie occidentale du bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien, la zone dřétude
présente les formations suivantes (Sarr 1995, Mandiome 2013) :
- En surface, se présentent les sables quaternaires résultants des différentes
transgressions et régressions de la mer au cours des temps, recouvrant les formations
sablo limono argileuses du Continental Terminal, de faible épaisseur, de 0 à 15m,
- Les formations marno-calcaires de lřEocène de 10 à 50m de puissance
- Les calcaires karsifiés du Paléocène dont le toit atteint entre 30 et 60m de profondeur.
- Les sables et grés du Maestrichtien en profondeur reposant sur le socle.

Ces formations sont ainsi associées à différents trois principaux sols avec chacune des
caractéristiques spécifiques : Les sols diors ou sols ferrugineux ; les sols ferrugineux
tropicaux faiblement lessivés ou sols « diors » formés de sables siliceux, plutôt fins, de
couleur orangée et correspondent aux anciennes dunes stabilisées de la côte Nord.

Pour la zone rurale de Malicounda, selon le Plan Local de Malicounda (PLD), les sols Dior
représentent 80% des terres de culture et sont destinées principalement aux cultures vivrières.
Les sols Deck Dior représentent 10% des terres et sont propices à la culture du sorgho, du
manioc et du maraichage. On trouve ces sols à Takhoum, du coté de la frange maritime, à
Mbaling et à Warang.

Les sols Deck, 5% des terres sont des sols durs, difficiles à travailler. Ils sont utilisés pour
lřarboriculture, le maraichage, et la culture du sorgho. On retrouve ces types de sols à Roff,
Pointe Sarène, et Nianing, Les Tanns représentent 5% des terres de la CR.

Les sols peu évolués et sols minéraux bruts dřapport, essentiellement sableux, occupent les
dunes littorales vives, les plages marines et les dunes jaunes littorales fixées.

Les sols argilo sableux ou encore sols hydromorphes sont situés dans les zones
dépressionnaires. Par rapport aux usages, ces sols sont surtout destinés à la culture céréalière
telle que le sorgho.

Les sols argilo sableux dřorigine marine constituent le domaine privilégié des cultures
maraîchères ; ces sols argilo sableux dřorigine marine sont moins représentatifs par lřétendue
et couvrent moins du tiers de la superficie des terres cultivables. On note également le
développement de tann de « terres salées dans la Commune de Malicounda.

126
Les sols constituent une ressource fondamentale pour le développement de lřagriculture dans
la communauté rurale notamment vers les villages de lřintérieur. On note cependant une
baisse de la fertilité des sols aggravée par lřérosion éolienne et côtière, et une insuffisance de
terres cultivables du fait de la pression foncière favorisée par des usages qui sřavèrent
concurrentiels (tourisme, habitation, infrastructures…).

Sur le littoral se développent les plages sableuses et les dunes qui deviennent des ressources
menacées. Selon Turmine (2000) la Petite Côte présente un littoral sableux avec des
affleurements rocheux ponctuels. Néanmoins, le secteur entre Mbour et Joal forme un littoral
caractérisé par une longue plage sableuse adossée à un cordon dunaire dřune altitude moyenne
de 8m. Ce massif dunaire semble suivre parallèlement la ligne de rivage et le cordon sableux.
Il sřagissait dřune côte essentiellement sableuse caractérisé par une succession de
décrochements et de petites plages en fond de baie où lřon distingue 3 secteurs avec au nord,
les micro-baies de Mbour, puis les plages de Mbaling et de Warang, et au sud, la baie de
Nianing.

Une première plage est identifiée au niveau de Mbour jusquřau centre touristique de la ville.
Lřextrémité sud de cette plage est marquée par la présence dřune plage large de 20 à 25m
avec à lřarrière-plan une dune dřapparence plus massive dřune altitude relative de 8m.

Carte 8 : Carte des sols de la zone dřétude

127
La plage de Mbour sud est plus longue et rectiligne se terminant par un décrochement
précédant lřembouchure du Mbaling. Son trait de côte est constitué par une succession de
petits rentrants. Par rapport à la vulnérabilité, les plages en plus des opportunités quřelles
offrent pour le tourisme, luttent aussi contre la vulnérabilité des côtes du fait de leur rôle
dřinterface entre la partie continentale et la mer.

Les dunes littorales ont un rôle important dans le rééquilibrage du littoral, cependant elles ne
sont réellement observées dans le secteur de Mbour et de la Communauté rurale de
Malicounda notamment au Sud de Mballing. Par leur apport sédimentaire continu à la plage,
elles comblent le déficit résultant du processus dřérosion.

III.3.1.3. Le Climat
Les mécanismes du climat en Afrique tropicale ont été largement étudiés par Leroux (1988),
Leborgne (1988), Sagna (1988, 2006). La zone intertropicale est encadrée par deux ceintures
anticycloniques subtropicales isolant le monde tropical des régions tempérées. Ces ceintures
de hautes pressions peuvent rester subtropicales toutefois discontinues puis quřelles sont
constituées de chapelets de cellules anticycloniques qui occupent de préférence la partie Est
des océans ENE dans lřhémisphèreSud » (Olivry 1982, in Sow, 2007). En surface, les
pressions les plus fortes sont observées sur le front polaire de la cellule alors quřen latitude,
elles se décalent au contraire vers lřEquateur.

Entre ces deux zones de hautes pressions sřétablit une circulation dřEst soufflant vers la zone
des basses pressions. Il sřagit des alizés des deux hémisphères qui convergent les uns vers les
autres dans la région équatoriale et qui déterminent la Zone de Convergence Intertropicales ou
Z.C.I.T. ou Zone Intertropicale de Convergence (ZIC)

La Z.C.I.T. ou Z.I.C connaît un déplacement annuel en direction de lřhémisphère concerné


par la saison dřété. Elle est le siège de phénomènes dřascendance plus ou moins généralisés.

Lřair qui sřélève dans la Troposphère retourne vers les deux hémisphères et contribue à
alimenter les anticyclones subtropicaux. De chaque côté de la Z.C.I.T., il ya donc formation
de deux cellules tournant dans un plan méridien, appelées cellules de Hadley.

Dans les zones anticycloniques subtropicales, le bilan énergétique solaire est très élevé dřune
part du fait de lřincidence des rayons solaires, dřautre part du fait de la limpidité de lřair sec.
Cela entraîne une très forte évaporation, qui explique que ces zones anticycloniques

128
correspondent sur le continent à des régions arides et des déserts. Les masses dřair provenant
des alizés continentaux sont donc très sèches.

Lorsque les alizés ont un parcours océanique, ils entraînent vers la Z.C.I.T. une grande
quantité de vapeur dřeau et sous forme de chaleur latente restituée au moment de la
condensation. Cet alizé chargé dřhumidité prend le nom de mousson lorsquřil franchit
lřEquateur et sa direction passe au sud-ouest par suite de la force de Coriolis.

La convergence des deux flux (alizé ou harmattan du NE et mousson), détermine une zone de
contact appelée front intertropical (F.I.T) ou Equateur Météorologique.

Sur lřAfrique en été, la zone des basses pressions intertropicales migre en surface sur la partie
sud du Sahara où lřéchauffement du sol crée une dépression dans les basses couches ; mais les
hautes pressions réapparaissent en altitude du fait de la permanence des phénomènes de
subsidence de lřair. La dépression de surface attire le flux de mousson qui sřenfonce sous lřair
subsidient.

Les mécanismes climatiques de la zone intertropicale sont beaucoup plus complexes dans le
détail, les météorologues ont mis en évidence lřimportance des faits dynamiques et plus
particulièrement cinématiques, des transferts énergétiques et des courants Jets dřEst (jet dřest
tropical à 14, 15 000m Jet dřEst Africain à 5000m). Les flux (alizés et mousson), et le F.I.T.
expliquent les variations climatiques spatiales et saisonnières Leroux (1980).

III.3.1.3.1 Les conditions aérologiques


Le climat se trouve sous la dépendance étroite de trois centres dřactions : Lřanticyclone des
Açores qui est situé dans lřAtlantique Nord. Il est dřorigine dynamique et permanent.

Les alizés proviennent des cellules Nord et se composent de lřalizé continental ou harmattan
venant de la cellule anticyclonique du Sahara ou Libyenne et de lřalizé maritime
continentalisé, provenant des Açores et qui, après un long parcours sur le continent, prend des
caractères continentaux relativement proche de lřharmattan. Ces deux flux sont de directions
et de caractères différents.

Nord à lřest pour lřHarmattan : air continental instable mais très sec, qui en hiver boréal
pendant une bonne partie de lřannée, concerne les basses pressions ; et de Nord à ouest pour
Alizé sur la façade atlantique.

La mousson est un alizé issu de lřanticyclone de Saint Hélène centré dans lřAtlantique sud et
qui devient mousson : air maritime instable et humide après passage de lřéquateur et

129
changement de direction du fait de la force déviante de Coriolis. Son parcours océanique fait
quřil se charge dřhumidité précipitable et est le principal vecteur de pluie.

La rareté dřobstacle forestier ou orographique permet à la zone dřétude de vivre différents


vents tels que lřalizé maritime, frais et humide ; lřharmattan, chaud et sec ; et la mousson
chaude et pluvieuse, avec des vitesses et des directions différentes des unes des autres.

Des sites de transformations (Mbaling, Saly) sont exposés aux vents occasionnant des baisses
de température pendant la saison sèche et une élévation de température pendant la saison
pluvieuse.

En effet lřanalyse des vitesses et des directions des vents à Mbour permet dřidentifier les
différents vents qui soufflent dans la localité

Lřharmattan est un vent chaud et sec avec environ 2 à 4 grammes de vapeur dřeau par mètre
cube dřair. Sa direction est Est-Ouest. Elle circule dans zone entre les latitudes25°N à 5°S
avec une altitude pouvant atteindre 10.000m.

Le climat dans la zone dřétude est type Nord soudanien côtier. Cřest un climat exceptionnel
sur la côte occidentale sénégalaise par ce que marqué par dřune grande partie de lřannée dřun
vent frais appelé alizé maritime issu de lřanticyclone des Açores suivi de la présence dřune
courte durée de lřinfluence de la mousson guinéenne venue de Saint Hélène.

Il présente deux principales saisons que sont la saison pluvieuse et la saison sèche. La saison
pluvieuse de juin à octobre dure quatre (4) à cinq (5) mois. Elle détermine ainsi la
pluviométrie annuelle en plus des pluies de mangue ou « heug ». Pendant cette période, cřest
la mousson guinéenne qui souffle avec des directions Nord-ouest (NW), Ouest (W), Sud (S)
et Sud-ouest (SW).

La saison sèche de novembre à mai dure sept (7 à 8) mois, période pendant laquelle circulent
lřalizé maritime venant de lřanticyclone des Açores et lřharmattan venant de la dépression
saharo libyenne.

Lřinsolation agit sur lřensemble des éléments précités du climat. Elle constitue la durée totale
journalière, mensuelle ou annuelle des rayons solaires en heures. Cřest une période pendant
laquelle le soleil est visible. Lřinsolation reste une ressource importante pour des activités
fondamentales dans la zone dřétude telles que le tourisme et la transformation. En pendant
pratiquement toute lřannée, on note la présence de rayons solaires.

130
300

250

200

150
(h)

100

50

Avril
Mars

Oct

Nov

Dec
Mai

Juin
Jan

Juilt
Fev

Aout

Sept
mois
(h)

Figure 7 : Evolution Mensuelle de l’insolation dans la zone d’étude Source AMN, 2009

Tableau 20 : Insolation de la station de Mbour en 2007, 2008 et 2009 exprimé en heures


Mois 2007 2008 2009
Janvier … 227,2 259
Février … 229,1 249,8
Mars 259,6 248,3 286.1
Avril … 230,1 310,9
Mai 263,4 286,1 277,2
Juin 212 235 189,7
Juillet 212,1 195,6 232,3
Août 191,5 189,4 198,9
Septembre 188,7 217,5 165,3
Octobre 240,7 236,2 250,1
Novembre 224,3 259,5 215,4
Décembre 255 253,6 206,3
Total 2047,3 2089,6 2841
Source : AMN, 2009 :

Lřinsolation minimale est enregistrée en août avec des valeurs variant suivant les années. De
2007 à 2009, elle est successivement de 191,5, 189,4 et 198,9 heures. On remarquera que
2009, année pourtant très pluvieuse présente la valeur la plus élevée.

131
Contrairement à la série traitée où lřinsolation est plus importante au mois de mai avec 277,06
heures, et les années 2007 (263,4 heures), 2008 (286,1 heures), en 2009, le maximum est
atteint au mois dřavril avec 310,9 heures.

Dans ces périodes la moyenne est 171 heures en 2007, 235 heures en 2008 et 237 heures en
2009. Lřinsolation reste cependant plus importante en saison sèche (novembre à mai)

Ainsi de novembre à mai, période qui coïncide avec la saison sèche, le soleil est présent en
moyenne avec 142 heures en 2007, 248 heures en 2008 et 258 heures en 2009. De la même
manière, les pics dřinsolation sont enregistrés pendant cette saison (mars Ŕ avril).

Par ailleurs, la moyenne obtenue en saison des pluies est de 167 heures en 2007, 214 heures
en 2008 et 208 heures en 2009.

Les températures modifient lřhumidité relative. Lřanalyse de la courbe montre une évolution
bimodale caractérisée par deux maxima et deux minima. Les maximaprincipaux est atteint au
mois de mars avec 35,97 °C et le maximum secondaire au mois de novembre avec 35, 94°C.
Pour les minima, le principal est noté au mois de juillet et aout avec 32,13°C et le secondaire
au mois de janvier avec 33,52°C. Quant aux températures minimales, lřévolution est
unimodale avec un maximum au mois dřaout avec 23,87°C et le minimum au mois de janvier
avec 15,57°C.

40
35
Température en °C

30
25
20
15
10
5
0
Jan Fev Mars avril Mai Juin Juilt out Sept Oct Nov Dec
Mois
Moy max Moy. Min Moyenne

Figure 8 : Evolution mensuelles des températures maximales, minimales et moyennes à la station


de Mbour. Source : AMN, 2009

132
Lřévaporation est lřémission de vapeur dřeau par une nappe dřeau ou un sol, qualifiée parfois
dřévaporation physique (TABEAUD, 2000). Elle dépend de la température, de la surface qui
évapore, de la température de lřeau qui doit sřévaporée et de la vitesse du vent.

250 8

EV. Journaliere en mm
EV. Mensuelle en mm

7
200
6
150 5
4
100 3
2
50
1
0 0

Mois
EV. Mensuelle EV. Journaliére

Figure 9 : Evolution moyenne mensuelle et journalière de l'évaporation à Mbour


de 1980 à 2009 (en mm)
La variation de lřévaporation moyenne mensuelle est bimodale avec deux maximums et deux
minimums. Les valeurs les plus élevées sont enregistrées dans la période sèche. Le maximum
principal est observé en janvier avec 227,9mm et le maximum secondaire en mars avec
214,0mm. Le minimum principal intervient en février (209,0mm) et le minimum secondaire
intervient en septembre (56,5mm). Lřévaporation est faible durant la saison pluvieuse, les
valeurs enregistrées sont inferieures à 90mm. Contrairement à lřhumidité relative qui
enregistre les plus fortes valeurs durant cette période hivernale. Cette faible évaporation est
liée à lřimportance de la pluviométrie et à lřétat de saturation de lřatmosphère. La moyenne
annuelle est de 141,9mm.

Lřévaporation moyenne journalière, contrairement à lřévaporation moyenne mensuelle


connait une évolution unimodale. Elle atteint son maximum en janvier (7,4mm) et son
minimum en septembre (1,9mm). Les valeurs enregistrées durant la saison pluvieuse sont
faibles également. La moyenne annuelle est de 5,0mm.

Humidité relative est rapport entre la quantité de vapeur dřeau dans lřair et la capacité
dřabsorption de lřair à une température donnée. Variant avec la température de lřair, elle
indique la saturation en eau de lřatmosphère. Le graphique de lřhumidité relative maximale
(Hmax) laisse apparaître une évolution bimodale avec deux maxima qui sont enregistrés dans
la période pluvieuse et deux minima. Le maximum principal intervient en juin (91,60%) et le

133
maximum secondaire intervient en septembre (94,47%). Le minimum principal intervient en
juillet (90,26%) et le minimum secondaire intervient en janvier (78,78%). La moyenne
annuelle est de 87,83%.

En ce qui concerne lřhumidité relative minimale (UN), elle a une évolution unimodale avec
un maximum et un minimum. Le maximum intervient en août 69,39%) qui marque le mois le
plus humide et le minimum intervient en janvier (25,26%). La moyenne annuelle est de
43,19%.

Lřhumidité relative moyenne (UM) a une évolution unimodale. Le maximum intervient en


août (81,10%) et le minimum intervient en janvier (51,78%). La moyenne annuelle est de
65,51%.

100

80

60
mm

40

20

0
Fev

Juin

Juilt

Sept

Nov

Dec
Jan

Avril

Aout
Mai

Oct
Mars

mois
Hmax Hmin Hmoy

Figure 10 : Evolution de l’humidité relative


Lřhumidité relative varie en fonction des saisons ; pendant la période pluvieuse (juin à
octobre), elle subit lřinfluence de la mousson (vent humide) qui souffle en cette période ; en
saison non pluvieuse, elle est affectée par lřalizé continental et reste autour de 30%

III.3.1.3.2 La pluviométrie
La station de Mbour sur laquelle porte notre analyse appartient au domaine nord-soudanien
côtier (SAGNA, 2005). Elle est couverte par lřharmattan pendant une durée de 7 à 8 mois et
de 5 à 6 mois par la mousson. Les précipitations enregistrées sont comprises entre 500 et
1000mm.

134
Tableau 21 : Vrariabilité mensuelle de la pluie
J F M A M J J A S O N D AN
NB 50 50 50 50 50 50 50 50 50 50 50 50 50
Moyenne 2,3 0,59 0,07 0,02 0,43 18,37 95,26 229,7 166,32 32,37 0,66 0,30 546,3
Ecartype 10,5 2,79 0,28 0,13 1,51 25,13 74,8 126,3 69,45 31,15 3,43 1,17 28,89
CV 4,65 4,71 4,30 7,07 3,48 1,37 0,79 0,55 0,42 0,96 5,22 3,93 0,63
Maximun 62,1 19 1,7 0,9 9 155,1 358,1 791,2 343,9 123,4 23,1 7 157,9
Minimum 0 0 0 0 0 0 2,2 69,9 50,7 0 0 0 10,23
Ecart 62,1 19 1,7 0,9 9 155,1 355,9 721,3 293,2 123,4 23,1 7 147,6
Coefficient
pluviométrique 0,41 0,11 0,01 0,00 0,08 3,36 17,44 42,04 30,45 5,92 0,12 0,05 100
Saison à début 14 64 22 100
Saison à fin 10 82 8 100
Maxi saison
pluvieuse 4 76 20 100

Dans la zone dřétude on constate une grande variabilité mensuelle de la pluie ; ainsi à la
station de Mbour, lřanalyse mensuelle de la pluie fait sortir deux saisons : une saison
pluvieuse et une saison sèche.

La saison pluvieuse va de juin à octobre. Elle enregistre la presque totalité de la pluviométrie


annuelle (99,21% du total) qui est de 546,3mm. Cette saison enregistre également le
maximum qui est noté au mois dřaout avec 229,7mm suivi des mois de septembre avec
166,32mm et de juillet avec 95,26mm.

La saison sèche est caractérisée par la faiblesse voire lřabsence de pluie. Elle va de Novembre
à Mai. Les faibles précipitations qui y sont notées encore appelées pluie de heug ne
représentent que 0,79% du total annuel. Ainsi elle enregistre le minimum noté au mois dřavril
avec 0,02mm.

250,0

200,0

150,0
mm

100,0

50,0

0,0
J F M A M J J A S O N D
mois
Pluviométrie…

Figure 11 : Pluies moyennes mensuelle de 1931 à 2011

135
Le graphique qui suit laisse apparaître une évolution du coefficient de variation contraire à
celle des pluies.

45,00
40,00
35,00
30,00
25,00
20,00
15,00
10,00
5,00
0,00
J F M A M J J A S O N D
mois
Coefficient de variation Coefficient pluviométrique

Figure 12 : Coefficient de variation de la pluviométrie


Cette grande variabilité est notée par le coefficient de variation (CV) qui est égal à 0,63 en
moyenne. Le mois le plus variable est le mois dřavril avec 7,07 et le mois de septembre le
moins variable avec 0,42. Ainsi, les plus bas coefficients sont enregistrés durant les mois les
plus arrosés tels que juillet août et septembre alors que les mois secs (janvier, février, mars et
avril) enregistrent des valeurs élevées.

Les écart- types des mois les plus humides sont plus élevés avec 74,8 ; 126,2 et 69, 4 pour les
mois de juillet, août et septembre, successivement.

A la station de Mbour, la saison des pluies commence normalement au mois de juin (64%).
Toutefois le début peut être précoce au mois de mai (14%) et tardif au mois de juillet (22%).
Pour la fin de lřhivernage, le mois dřoctobre est le mois normal de fin avec 82%. Elle peut
tout de même intervenir de façon précoce au mois de septembre (10%) ou tardive au mois de
novembre (8%).

136
Lřanalyse de la pluviométrie annuelle permet de voir la variabilité de la pluie dřune année à
lřautre. Au niveau de la station de Mbour, elle laisse apparaître une réduction de la
pluviométrie au cours des dernières années

1400

1200

1000

800

600

400

200

0
1953

2010
1931
1934
1938
1941
1944
1947
1950

1956
1959
1962
1965
1968
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
2004
2007
Pluviométrie annuelle Linéaire (Pluviométrie annuelle)

Figure 13 : Evolution Interannuelle de la pluie

1400
1200
1000
800
600
400
200
0
1986
1989
1931
1934
1938
1941
1944
1947
1950
1953
1956
1959
1962
1965
1968
1971
1974
1977
1980
1983

1992
1995
1998
2001
2004
2007
2010

Pluie annuelle Moyenne 1931-1969


Moyenne 1970-1990 Moyenne 1991-2011

Figure 14 : Variations interannuelles de la pluviométrie à la station de Mbour


En fonction de la sous série pluviométrique analysée (1931- 2011), le graphique laisse
apparaître des années excédentaires et des années déficitaires. Il permet de distinguer trois
périodes :
- La première période, humide allant de 1931à 1969 est caractérisée par une
pluviométrie excédentaire par rapport à la moyenne de la série. Lřexcédent dépasse
80% en 1943, 1950, 1951, et 1958.

137
- La deuxième, période sèche, allant de 1970 à 1990 se particularise par son caractère
déficitaire. Ainsi les totaux annuels durant cette période sont en dessous de la
moyenne annuelle. Il correspond à al sècheresse qui sřest installée dans le continent
depuis le début des années 1970. Les déficits dépassent 50% en 1972, en 1977 et
2002.
- La troisième et dernière période va de 1991 à 2011. Elle se distingue de la précédente
par son caractère plus ou moins humide marqué par un retour de la pluie malgré les
totaux encore inférieurs à ceux de la première période.

Lřannée 1972 est la plus sèche avec (-68%) et 1950 lřannée la plus humide avec un cumul de
1316,4mm. Son écart par rapport à la moyenne est 770mm soit un excédent de 40%.

Le même constat est noté par rapport à lřécart moyen et lřindice de Lamb qui indiquent tous
les deux la grande variabilité de pluie de 1931 à 2011.

150

100

50

-50

-100
1931
1934
1938
1941
1944
1947
1950
1953
1956
1959
1962
1965
1968
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001
2004
2007
2010
Ecart moyen 5 Moy. mobile sur pér. (Ecart moyen)

4
3
2
1
0
-1
-2
-3
1947

2004
1931
1934
1938
1941
1944

1950
1953
1956
1959
1962
1965
1968
1971
1974
1977
1980
1983
1986
1989
1992
1995
1998
2001

2007
2010

Indice de Lamb

Figure 15 : Evolution de l’écart moyen et de l’Indice de LAMB

138
De 1943 avec 1145,6mm, 1950 année la plus humide (1316,4), jusquřà 1969 avec 980m, La
station de Mbour nřa pas enregistré une pluviométrie supérieure à 700mm jusquřen 2000 où
elle atteint pourtant et 820,2mm baissa progressivement jusquřen 2008 avec 605,4mm. Le
rebond brutal est enregistré en 2009 année des grandes inondations avec 847,5mm, 846 en
2010 et 845,8mm en 2011.

A lřéchelle du pays la carte des isohyètes nous permet dřanalyser la grande variabilité spatiale
de la pluviométrie. Ainsi la zone dřétude est comprise entre les isohyètes 500 et 600mm
faisant une différence de 100mm.

Carte 9 : Carte des isohyètes (source : Données DMN, Réalisation, CSE)

III.3.1.4. Les ressources en eau : Hydrogéologie et Réseau hydrographique


Les caractéristiques hydrogéologiques de la zone ont fait lřobjet de plusieurs études
(Audibert, 1962, 1964, 1966, Bellion, 1987, Travi 1988, Martin, 1970, Sarr, 1992, 1995,
Faye, 1994, Turmine, 2000, Madioune, 2013). Elle appartient aubassin sédimentaire
sénégalais est limité à lřEst par les aquifères de fissures et dřaltération des formations
cristallines précambriennes du Sénégal oriental (Travi, 1988) le système aquifère des sables
quaternaires (tête de la presquřîle du Cap-Vert) et le système aquifère du horst de Diass
séparés par le graben de Rufisque. Les séries du bassin sédimentaire renferment des eaux

139
souterraines à plusieurs niveaux. Les nappes phréatiques sont localisées dans le grès du
Continental Terminal ou dans des calcaires de lřEocène. Selon Elouard et Michel (1977), les
calcaires du Paléocène, par suite de leur Karstification, constituent un aquifère dans la région
de Mbour et plus encore autour du massif de Ndiass.

Sur le plan hydrogéologique, la zone dřétude se situe dans la presquřîle de cap- vert et plus
précisément au secteur du horst de Diass. La structure hydrogéologique de la presquřîle est le
reflet de sa structure géologique. Deux grandes unités hydrogéologiques sont distinguées
(Martin, 1970) : le système aquifère des sables quaternaires (tête de la presquřîle du Cap-Vert)
et le système aquifère du horst de Diass. A niveau du horst de Diass, la structure
hydrogéologique est beaucoup plus complexe du fait dřune tectonique en « touches de piano
qui découpent les différentes formations. Quatre failles majeures configurent le système à en
un horst où le Maastrichtien subaffleure encadré à lřOuest et à lřEst par les compartiments
respectifs de Sébikotane (entre les failles de Ponty-Kayar et de Sébikotane) et de Pout (entre
les failles de Pout et de Thiès)

Les formations quaternaires, limitées à une frange littorale Nord, au remplissage des vallées
fossiles et aux sables argileux du compartiment de Diass constituent certes un aquifère
importante mais lřessentiel des réserves exploitables et exploitées est localisé dans certains
niveaux secondaires (Maastrichtien) et tertiaires (Paléocène).

Lřaquifère du Maastrichtien sřétend sur lřensemble du bassin sédimentaire sénégalo-


mauritanien et correspond à lřimportante série gréso-calcaire et sablo-gréseuse à intercalations
dřargiles du Maastrichtien. Reconnu pratiquement dans l'ensemble du bassin sédimentaire
sénégalais, le Maastrichtien apparaît sur le horst de Ndiass, sous forme de grés et d'argiles
correspondant aux affleurements les plus anciens. Il est représenté par les sables aquifères du
Sénégal dont l'épaisseur varie de 300m à 600m. Dans les secteurs Mbour-Fatick, il a été
traversé partiellement par un certain nombre de forages hydrauliques qui l'on atteint à des
profondeurs variables (115m à Nianing et 212m à Ndangane). Seul, le sondage pétrolier de
Mbour l'a traversé entre 76 et 480m (Sarr, 1982, 1995). Mbour-Fatick), le Paléocène présente
un ensemble inférieur argileux ou gréso-sableux très hétérogène, un ensemble supérieur à
calcaire zoogène très souvent karstifié à la suite d'une émersion partielle locale.

Les travaux de Madioune (2012) montrent que dans le compartiment de Mbour situé au
niveau de la nappe du Maastrichtien se situe en dessous de celui de la nappe Paléocène sus-
jacente depuis 1988. La coupe hydrogéologique réalisée donne pour la zone de Mbour donne

140
une superposition successive de haut en bas des aquifères suivantes ; Moi-plio-quaternaire,
Paléocène (calcaire), Paléocène (marno-calcaire), Maestrichtien (calcaire gréseux).
La baisse de la nappe du Maastrichtien au piézomètre Kopgayane entre 1988 et 2009 est en
moyenne de 0.02m/an alors que le niveau de la nappe du Paléocène semble remonter durant
cette période. Il faut signaler que dans ce compartiment la nappe du Paléocène est libre et
faiblement exploitée à cause de la salinité relativement élevée due aux mouvements de
transgression régression de la mer que le système a connu.
Le Maastrichtien est beaucoup plus sollicité que le Paléocène vu le nombre de forages qui
lřexploitent. A côté de ces gros pompages de la SDE (109000m³/j) quelques forages de
lřhydraulique rurale exploitent le système à hauteur de 3000m³/j.

La nappe du Maastrichtien est exploitée à travers le Sénégal par plus dřune centaine de
forages. Par contre dans le horst de Diass, elle est exploitée au niveau des champs de captage
de Pout Nord (10 forages), Pout Sud (5 forages), Pout Kiréne (5 forages), Mbour (9 forages)
et Saly Portudal (2 forages) pour les besoins de lřAEP de Dakar, Pout, Mbour, Sébikotane et
pour le maraîchage. Lřensemble de ces forages ont produit en moyenne 70000 m3/j entre
1989 et 2009 (Madioume, ).

Le Maastrichtien est beaucoup plus sollicité que le Paléocène vu le nombre de forages qui
lřexploitent. Les volumes prélevés ont connu une augmentation entre 1989 et 1994 où ils ont
été légèrement réduits à la baisse pour augmenter par la suite entre 2002 et 2004. A côté de
ces gros pompages de la SDE (109000m³/j) quelques forages de lřhydraulique rurale
exploitent le système à hauteur de 3000m³/j.

La nappe des calcaires du Paléocène est exploitée au niveau du compartiment de Pout Nord 3
forages et 2 à Pout Sud pour les besoins de lřAEP de Dakar, Sébikotane, Pout et pour le
maraîchage. Ces forages ont produit en moyenne 39000 m3/j entre 1989 et 2009

La nappe superficielle du Quaternaire est faiblement exploitée et nřassure que les besoins des
petits villages du horst et nřest exploitée que par des puits villageois. Sur le compartiment de
Diass, la plupart des puits tarissent après chaque puisage. Les colonnes dřeaux ne sont
importantes que dans la zone de Mbour et au Sud de Diass.

Le réseau hydrographique de la zone dřétude reste très pauvre. En plus de la façade atlantique
nous pouvons distinguer du nord au sud, nous pouvons présenter le Balling, le marigot de
Warang, le marigot de Nianing, la Tiamasas, puis celui de Pointe Sarène. IL reste fortement
tributaire de la řhistoire tectonique du bassin qui est étroitement liée à lřouverture de

141
lřAtlantique central datée du début du Mésozoïque par (Guiraud, 1985). Lřorigine des
rentrants entre Mbour et Joal est attribuée à des failles orientées Est - Ouest (N80° E). Ces
failles auraient donc probablement orienté les marigots perpendiculairement à la côte qui par
la suite, auraient été réorientés par les cordons dunaires littoraux du Quaternaire. Les failles
de de Saly (nord de Mbour), de Pointe Sarène ainsi quřà Joal. Ces deux dernières, avec lřaide
des facteurs hydrodynamiques, ont permis la formation de lagunes comblant progressivement
ce retrait des terres émergées. Cette fracturation influence aussi lřorganisation du littoral de la
Petite Côte. Elle structure le secteur entre Mbour et Joal en plusieurs baies où aboutit un
réseau hydrographique (Turmine, 2000) tel quřillustré par la carte n° 12.

On note également la présence de vallées mortes localisées en différents endroits de la


Commune de Malicounda :
- La vallée de Thiamassas traverse les villages de Roff, Peulga et de Pointe Sarène ;
- Mballing qui est une langue salée, traverse les villages de Mboulème et de
Mballing ;
- Wanel traverse les villages de Mbourokh et de Soussane ;
- Tano borde les villages de Sinthiou Mbadane et de Keur Massyla Guèye.

Carte 10 : Réseau hydrographique de la zone d’étude

142
III.3.1.5. Les ressources Végétales
Les formations forestières de la zone dřétudesont de type savane arborée à arbustive avec
parfois des peuplements mono spécifiques. Elle présente des formations du domaine soudano
sahélien avec des espèces caractéristiques : Faidherbia albida (kadd), Borassus aethiopium,
Adansonia digitata (baobab), Guiera senegalensis (nguer), Combretum glutinosum (ratt) et
Combretum micranthum (kinkéliba). La strate herbacée est dominée par les graminées qui
composent les pâturages. Des formations relictuelles de mangrove peuvent également être
observées notamment au niveau du Mbaling.

La présence dřaires protégées notamment dans la Commune de Malicounda permet le


maintien de certaines formations, subissant cependant de fortes pressions et convoitises. En
effet, elle appartient au domaine sérère, zone de haute densité limitée à lřOuest par un
no manřs land forestier correspondant aux forêts classées de Thiès et de Bandia et au Sud de
Mbour. Tel quřillustré par la carte suivante, les forêts se poursuivent pratiquement jusquřà la
côte (Forêt classée de Poponguine et espace communautaire keur Cuupam, entre
lřembouchure de la Somone et Mbour, vers le Sud

Carte 11 : Répartition des aires protégées dans la région de Thiès


La zone dřétude dispose ainsi de deux forêts classées situées dans la Commune de
Malicounda, celles de Nianing (3100ha, arrêté n° 1 634 du 19.06.37) et de Balabougou

143
(1160ha, arrêté n° 222 du 21.01.39). A Nianing la population jouit de contrat de culture dans
une partie de la forêt classée dont les clauses exigent des actions de reboisement.

La commune de Saly dispose également dřun périmètre de reboisement aménagé par la


SAPCO qui délimite la station pour lřéquitation. Il nřest une forêt classée et se présente
comme une réserve foncière régulièrement morcelée.

Carte 14 : Localisation des aires protégées dans la zone d’étude

III.3.1.6. Ressources halieutiques soutenant l’économie de la ville de Mbour en baisse


Les ressources fauniques incluent une diversité de milieux terrestre, marin, aquatique mais par
rapport à notre problématique nous nous sommes surtout intéressées aux ressources
halieutiques qui permettent dřentretenir une importante activité quřest la pêche notamment
celle artisanale présente sur tous les trois territoires que nous étudions.

Différentes ressources halieutiques sont exploitées par les flotilles industrielles et artisanales
le long du littoral Sénégal. Les plus exploitées peuvent être divisées en deux groupes
essentiels : les ressources démersales côtières (crevettes, soles, dorades, seiches, poulpe,
etc…) et les ressources pélagiques côtières regroupant les sardinelles, les chinchards, les
maquereaux.

144
III.3.1.6.1 Les ressources démersales côtières
La répartition des différentes espèces démersales en fonction de la nature sédimentologique
du fond et de la profondeur permet de distinguer trois communautés : la communauté à
sciaenidae, la communauté des espèces de la thermocline (composées de crustacées, les
espèces de cette communauté (surtout la crevette blanche, les langoustes et celle à sparidae.
(Lonhurst, 1969, Domain, 1980, Chabanne, 1987 in Barry-Gerard et al. 1992).

La communauté à sciaenidae comprend des espèces très littorales vivant au voisinage des
embouchures et des cours dřeau telles que les carpes blanches (Pomadasys jubelini), les
machoirons (Arius spp), le capitaine (Pseudotolithus typus), le « thiekem » (Galeoides
decadactylus) et les soles langues (Cynoglossus senegalensis, C. monodi et C. browni). Ces
espèces sont en général abondantes en saison chaude, période de reproduction sur les petits
fonds de moins de 20 mètres. Elle présente un deuxième groupe dřespèces à faciès mixte
assez tolérantes aux conditions hydrologiques littorales et sont surtout représentées par
Pseudolithus senagalensis (capitaine) et Vomer setapinnis (mussolini). Elles sont aussi
abondantes en saison chaude près de la côte ou a lieu la reproduction alors quřen saison
froide, elles ont une distribution plus profonde (Sun, 1975 in Barry-Gerard et al., 1992).

La communauté des espèces de la thermocline comprend principalement la sole langue


(Cynoglossus canariensis) et la crevette blanche (penaeus notialis) qui se rencontrent entre la
côte et la profondeur de 75 mètres (Thiam, 1978 in Barry-Gerard et al. 1992). Il est important
de noter que leur répartition est fonction de conditions écologiques variées (facteurs
édaphiques, teneur en sédiment, en matières organiques, phase lagunaire).

La communauté à sparidae comprend trois groupes dřespèces que sont :


- Les espèces du faciès de fond meuble (la brotule, le Saint-pierre et la seiche qui se
rencontrent jusquřà 150-250m) ;
- Les espèces du faciès de fond dur qui comprennent le rouget, le thiof, les dorades
roses (Dentex gibbosus), la dorade grise (Plectorhynchus mediterraneum) qui sont
inféodés aux fonds rocheux continus ou discontinus et à leur voisinage ;
- Les espèces du faciès mixte, le pageot (Pagellus bellotii) et lřémissole
(Mustelus ???). (Franqueville, 1983 in Barry-Gerard et al. 1992).

III. 3.1.6.2 Les ressources pélagiques côtières


Les deux groupes dřespèces les plus importants sont les sardinelles (Sardinella aurita et S.
maderensis) et les chinchards (Tracurus trecae, T. trachurus et Decapterus rhonshus). Elles

145
effectuent des migrations saisonnières Nord-Sud de plus ou moins grande amplitude dont
dépend la disponibilité pour la pêche au dragage.

Pour la sardinelle ronde (Sardinella aurita), la phase de descente des adultes dans les eaux
sénégalaises, à partir du sud mauritanien, coïncide avec le début de la saison froide. La phase
de concentration de préponte a lieu en mars-avril au sud du Sénégal, de mai à septembre, les
individus commencent à remonter vers le Nord jusquřà 25°N, avec une phase de ponte
(Boelyet al., 1978 in Barry-Gerard et al. 1992). Les juvéniles et les jeunes reproducteurs
restent dans les nurseries de la Petite Côte et du Banc dřArguin pendant une année avant de se
joindre aux adultes.

En plus des unités de pêche, le développement de la pêche reste fondamentalement lié à la


disponibilité des ressources à leur accessibilité. Le développement de la pêche doit dès lors
reposer sur des options judicieuses de gestion des stocks exploitées et dřaménagement afin de
garantir la pérennité de ces ressources et un meilleur équilibre entre les diverses composantes
du système dřexploitation.

III.3.2. Ressources sociales


III.3.2.1. Croissance démographique époustouflante
La population de la région de Thiès est à majorité concentrée dans les départements de Thiès
et Mbour avec respectivement 571.733 habitants, correspondant à 36,4%, pour Thiès, et
559.630 habitants, correspondant à 35,6%, pour Mbour. Le département de Mbour gagne en
termes de population, car en 2001/02, il concentrait 33,8%, alors que Thiès en concentrait
37,6%.

Avec une population régionale de 1.570.150 habitants pour une superficie de 6 601 km2, la
densité moyenne est de lřordre de 238 habitants au km2 (2008). Lřaccroissement de la
population régionale est beaucoup plus important dans les départements de Thiès et Mbour.
Selon les projections démographiques établies à partir du Recensement Général de la
Population et de lřHabitat de 2002 [RGPH]. La population de la région de Thiès atteindra
1.691.577 habitants en 2015 et se placera derrière La capitale nationale Dakar. Mbour fait
partie des plus importantes villes de la région

146
300 000
Population en milliers d'hbts
250 000

200 000

150 000

100 000

50 000

0
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Figure 16 : Evolution démographique de la population de la Commune de Mbour (source
données ANSD)

Carte 12 : Taille des quartiers de la Commune de Mbour

147
Ancien village de la Communauté rurale de Malicounda, Saly, devenue Commune ne cesse de
grandir, de nouveaux quartiers se sont en effet ajoutés aux traditionnels. Selon la municipalité,
la population fait environ 10.000 habitants avoisinant ainsi les estimations de lřANSD.

10000
9800
9600
9400
9200
9000
8800
8600
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Figure 17 : Projection de la population de Saly (source ANSD)


Amputée de la commune de Saly, La population de Malicounda population est aujourdřhui
estimée à 35 295 habitants. Tel quřillustré par la carte, les plus gros villages (Nianing,
Mballing, Pointe Sarène se trouve sur la côte, phénomène soutenu par la pêche et le tourisme.

Carte 13 : Taille des villages de la Commune de Malicounda

148
Ce poids démographique se matérialise aussi sur la taille des ménages. A lřimage du pays, le
nombre dřindividus par ménage est assez important dans la zone dřétude. Il est généralement
supérieur à 5 et peut atteindre la quinzaine. Comme lřillustrent les enquêtes ESAM (41,0% à
45,0%) comptent 5 à 9 membres et environ le quart (23,0% à 27,0%) entre 10 et 14 membres.
La taille moyenne d'un ménage est estimée à 10,2 membres pour l'ensemble du pays et 10,7
en milieu rural. Les ménages de petite taille de moins de 5 ne représentant que 13,0%, mais
très faible en campagne avec 9%. Au niveau de Malicounda, la moyenne est supérieure à 7
personnes par ménage, le maximum se situant à 33.

80,0
70,0
60,0
50,0
40,0
30,0 %
20,0
10,0
0,0
Inférieur ou 6 à 10 Plus de 10
égal à 5

Figure 18 : Taille des ménages à Saly. Coulang

80,0
70,0
60,0
50,0
40,0
30,0 %
20,0
10,0
0,0
inférieur ou égal 6 à 10 plus de 10
à5

Figure 19 : Taille des ménages à Saly . Niakhniakhal


Au niveau de la zone rurale de Malicounda, la taille moyenne des ménages est de 8 personnes
par ménage

Tableau 22 : Taille des ménages à Malicounda (Source Thiaw 2012)


N Minimum Maximum Moyenne Ecart type

Taille menage 216 0 33 7,23 4,789

149
III.3.2.2. Population jeune à dominante féminine
A lřéchelle nationale, la population présente un rapport de masculinité de 91,2%. Ce rapport
varie notablement selon l'âge mais de façon irrégulière. Il est influencé à la fois par la
mortalité et la migration qui subissent, elles-mêmes, les effets différentiels de l'âge et du sexe.
Dans les faits, ces deux phénomènes touchent plus les hommes que les femmes.

Le ménage inclut des membres sans lien avec le chef de ménage. Etant donné la définition du
ménage, il inclut les domestiques, les apprentis, les sourghas (salariés agricoles payés en
nature : champs, semences, hébergement, etc.), les enfants confiés et d'autres personnes
hébergées par le ménage.

La fonction de Chef de ménage associe homme et femme ; les femmes assument


généralement ce rôle en lřabsence temporaire de leur époux, ou quand elles ont le statut de
veuves ou de divorcées ou encore en raison de l'absence temporaire de leur époux (ménages
polygames en général).

Plus de la moitié des chefs de ménage interrogés sont des hommes. Cependant on remarque
une représentation importante des femmes presque 46% de lřéchantillon. En plus du statut de
veuve ou divorcée il faut également souligner le caractère absentéiste des hommes notamment
ceux actifs dans les secteurs de la pêche qui se déplacent dans le pays, et dans la sous région à
la recherche de la ressource halieutique.

Homme

Femmes

42 44 46 48 50 52 54 56

Figure 20 : Répartition par sexe des chefs de ménages interrogés (enquêtes Thiaw D.)

150
Comme illustré par le graphique, une part importante des chefs de ménages (38%) a plus de
55 ans. Ensuite viennent successivement les classes de 35 à 55, de 45 à 55 et de 20 à 35.

20 à 35
45 à 55
44 à 55
plusde 55

Figure 21 : Age des chefs de ménages à Mbour

+ de 70 ans

+ de 55 ans

45 à 55 ans
%
35 à 45 ans

20 à 35 ans

0,00 5,00 10,00 15,00 20,00 25,00 30,00 35,00

Figure 22 : Répartition par âge de la population ciblée à Saly Coulang


III.3.2.3. Niveau d’éducation
Dans lřéchantillon considéré à Mbour, presque 79% des chefs de ménage sont instruits dont
26,33 en Arabe, Pour la formation en français, 21,18% ont atteint le niveau secondaire,
17,42% le primaire, 12,87% le supérieur et 1% en langues locales (alphabétisation).

30
20
10
0 Pourcentage

Figure 23 : Formation des chefs de ménages interrogés

151
III.3.2.4. Composition ethnique assez diversifiée
La composition ethnique de la zone dřétude est assez diversifiée avec cependant des groupes
dominants tel que les Sérèrs, Lébou, Woloff, Peul.

Au niveau de saly, tel quřillustré par ce graphique, ils dépassent 35% dans les quartiers
traditionnels.

40
35
30
25
20
15 %
10
5
0

Figure 24 : composition ethnique des quartiers traditionnels de Saly


Au niveau de Malicounda, les Serer (70%) sont largement majoritaires, suivent les Bambara
(15%), les Wolof (10%) et les Peulh (4%).

Les Sérères sont essentiellement concentrés dans les villages de Malicounda sérère, Nianing,
Takhoum sérère, Warang sérère, Mbaling, Fandane sérère et Roff, Pointe Saréne. On note
souvent la cohabitation avec des Peuls. Les Bambaras quant à eux se localisent dans le village
de Malicounda bambara.

III.3.3. Les usages de l’espace et des ressources dans la zone d’étude


Lřobservation et Lřinterrogation des chefs de ménages et les observations ont permis
dřidentifier des aménagements et une multitude dřactivités se rapportant essentiellement aux
usages de lřespace et des ressources dans la zone dřétude. A des niveaux variés les mêmes
activités sont présentes sur les différents territoires. Cependant en plus de celles
fondamentalement liées aux ressources présentes qui sont essentiellement, les conditions
aérologiques, hydrologiques, les potentialités en terres de culture, de parcours, en ressources
biologiques, les territoires détiennent cependant dřautres fonctions administratives, de
commerce.

152
III.3.3.1. Un bâti en étalement continu
Pour le bâti nous intéressons essentiellement aux usages dřhabitation et types de propriétés
associés. Ces usages vont grandissants avec des réalités spatiale, matérielle, imaginaire, une
véritable construction bien définie et déroulée dans le temps. Au niveau de Mbour il atteint
plus de 60% et se développe essentiellement aux dépens de la Communauté rurale de
Malicounda empiétant ou concurrençant ainsi dřautres logiques dřusages. La Commune de
Mbour a connu une expansion spatiale spectaculaire de par sa rapidité.

Carte 14 : Dynamique spatiale de la ville de Mbour

153
Lřaudit urbain de Mbour (Gerad, 2000) à partir des photographies aériennes (1976 et 1997)
complétée par des données historiques distingué quatre grandes phases d étapes dans la
croissance urbaine de Mbour que sont :
 avant la période coloniale ;
 de 1922 à 1945 ;
 de 1946 à 1976 ;
 de 1977 à nos jours.

La première étape de lřoccupation va des premières implantations des autochtones à lřarrivée


des Français en 1922. Tel que décrit dans la partie sociohistoire, le site était faiblement
occupé et se limitait à la frange côtière avec les immigrants Sérère, Socé et Lébou : Gandiane,
Ndedele, Nenef et Toundiane.

La seconde phase concerne la période allant de 1922 à 1945, marquée par lřextension vers le
continent avec la création de Mour sérère II, situé 2km plus à lřEst du site originel. Les
quartiers Thiocé-ouest et Santessou sont créés, respectivement en 1922 et 1936, suite au
déplacement des Socés de lřEscale, quartiers Mbour Toucouleur et Tefess par les populations
toucouleurs et lébous attirées par les potentialités économiques de la ville naissante.

La structure urbaine se modifie davantage au cours de la troisième phase (1946-1966), avec la


naissance des quartiers Darou Salam et Mbour maure vers lřEst de la ville. Cřest également
pendant cette période que la ville a connu une extension rapide et aréolaire à partir du noyau
originel formé autour de lřEscale.

La quatrième et dernière étape, de 1976 à nos jours, est marquée par une poursuite de
lřextension qui fut surtout auréolaire. La présence de lřocéan limite toute possibilité
dřextension vers la frange côtière. Cřest ainsi que les quartiers centraux et péricentraux
comme Thiocé-Est, Thiocé-Ouest, Tefess et Onze Novembre ont connu une forte croissance
spatiale. Cřest dans ce contexte que sont nés les sous quartiers Diamaguene I, Diamaguene II,
Château dřeau Nord et Château dřeau Sud qui constituent les prolongements respectifs de ces
différents quartiers. Pendant cette période, la superficie de la ville a connu une évolution
exponentielle passant de 522,9 ha en 1978, 845,5 ha en 1989 à 1725 ha en 1999. Cette
croissance spatiale, qui sřest opérée en grande partie sur les terres de la communauté rurale de
Malicounda, suscite de réelles tensions entre les deux entités administratives.

Il est à noter que cette expansion ne sřopère plus de façon radio-concentrique (Ackermann et
al. 2006) mais il est plutôt marqué par un étalement plutôt vers le nord ouest vers Saly. En

154
effet le nord espace stratégique pour le développement de la ville est déjà pris dřassaut par la
Communauté rurale qui y déjà fait plusieurs lotissements successifs. Lřabsorption de lřespace
rural par la ville est grandissante. « Une bonne partie de lřagglomération de Mbour est située
dans la communauté rurale de Malicounda et que la ville, depuis 1976, sřoctroie chaque année
environ 63ha sur lřespace rural » (Faye, 2000). Le long des axes routiers a été fortement ciblé
dans lřextension. En effet, il est loisible dřobserver lřétalement de la ville en direction de
Dakar et de Kaolack. Vers le sud, le marigot de Mballing a longtemps constitué un obstacle
maisles périodes sèches auront conduit à la conquête de ses abords par de nouveaux
lotissements qui ont conduit à la création du quartier Sonatel. En 10 ans (1988 et 1999)
lřensemble Mbour Saly doubla de superficie. Ainsi la ville a connu différentes opérations de
restructuration et de lotissement menées par lřEtat et la Commune.

Tableau 23 : Structuration et Lotissements successifs de la ville de Mbour


Date Localisation Type Nombre de Promoteurs
parcelles
1995 Santhie Restructuration 1979 Etat
1995 Médina extension Restructuration 1454 Etat
1996 Liberté 1 Nouveau lotissement 1665 Etat
1998 Zone SONATEL Restructuration 1416 Municipalité
1999 ONCAD Restructuration 1103 Municipalité
1999 Liberté 2 Nouveau lotissement 820 Municipalité
1999 Zone Lycée Technique Restructuration 333 Municipalité
1999 Zone Gare routière Restructuration 103 Municipalité
Source : Gerad audit Urbain Mbour

La structuration de la ville se présente en quartiers et sous-quartier tels que indiqués par le


tableau qui suit.

Lřexpansion urbaine sřinscrit dans une vulnérabilité du fait de lřépuisement des réserves
foncières et des contraintes de lřévolution spatiale. En effet les limites du périmètre par
rapport aux collectivités locales voisines restent encore floues entrainant souvent des litiges
fonciers entre elles notamment les parties au nord et lřouest.

155
Tableau 24 : Numéro Quartiers Sous quartiers
Numéro Quartiers Sous quartiers
1 Escale Santessou Escale
Santessou
2 Thiocé-ouest Diamaguene 1
Médine
3 Thiocé-est Diamaguene 2
Santhie Oncad
4 Onze Novembre Château dřeau Sud
Château dřeau Nord
Grand Mbour
5 Tefess Zone Résidentielle
Tefess
6 Darou Salam Darou Salam
7 Mbour Toucouleur Mbour Toucouleur
8 Mbour Sérère 1 Mbour Sérère 1
9 Mbour Serere 2 Mbour Serere 2
10 Mbour Maure Mbour Maure
Source : Gerad (2000)

Au niveau de la Communauté rurale de Malicounda, lřoccupation de lřespace est marquée par


le caractère dispersé de lřhabitat le long des grands axes routiers tels que la Nationale 1.
Egalement, les établissements humains sur la frange maritime sont peu nombreux.
Lřexplication de cette répartition de la population tiendrait au fait que la communauté rurale
était, jusquřà une période récente (1972) essentiellement agricole et pastorale. Lřoccupation
de lřespace est aussi marquée par les relations ville campagne (villages environnant et Mbour)
mais également avec la station balnéaire.

En effet lřincursion de la commune dans lřespace rural et lřabsorption de celui-ci entraîne une
déruralisation et une déculturation dřune certaine partie de la population (des villages comme
Malicounda Bambara, Saly, Warang ont fini dřadopter des modes de vie urbains). En effet
comme le souligne Gueye M.B. et Tall S.M (2005), lřampleur de la pression foncière est liée
en général à l'arrivée de groupes dont les besoins sont différents de ceux traditionnellement
connus dans le terroir. Cependant, il faut noter cette situation a quand même certains
avantages : diffusion de la culture urbaine dans lřespace rural ; impact modernisateur grâce
notamment à lřaccès à des outils de communication de type moderne. La communauté rurale a
effectué différents lotissements successifs qui sont surtout destinés à des recasements :
 1996 : lotissements pour le recasement des réfugiés venant de la Guinée entre
Malicounda Est et Médinatou salam, keur Samba laobé (Cheikh betio) ;
 1980 : le lotissement de Malicounda Bambara ;

156
 2002 : attributions et les lotissements de Saly aérodrome et de Malicounda
Carrefour 1 et 2 ;
 2002 : attributions et les lotissements : Malicounda est (appartient à
Malicounda Sen et Bambara) ;
 2007-2008 : le lotissement de Falokh qui constitue également un site de
recasement.

Les différentes formes dřutilisation de lřespace et des ressources dans la communauté rurale
de Malicounda individualisent 4 principaux pôles :
- Le pôle Nord-Est, caractérisé par un habitat diffus multipolaire dont Keur Meïssa
siège du conseil rural est le centre en raison de ses fonctions administratives ;
- Le pôle Nord-Ouest centré sur Saly Portudal est entrain de sřurbaniser
progressivement avec le développement des infrastructures liées aux activités
touristiques. Ce pôle est amputé de la communauté rurale depuis lřérection de Saly
en Commune ;
- Le pôle de Nianing, au centre du territoire de la Communauté rurale dřétendue
limitée en raison de deux forêts chassées qui le séparent du 4ème pôle ;
- Le pôle centré sur Pointe Saréne, principal village de la zone, est situé à lřextrême
Sud de la communauté rurale.

A Saly, Le bâti se caractérise par une expansion spectaculaire ; en effet depuis son érection en
Commune, 8 nouveaux quartiers ont vu le jour en raison de lřaccroissement de la population :
« Saly Golf », « Saly Darou Extension », « Saly Station », « Saly Carrefour », « Saly Darou
Salam », « Saly Niakh Extension », « Saly Diacksao » ; « Carrefour Malicounda 2
Extension ». La commune de Saly sřétend progressivement vers la ville de Mbour. Le quartier
« Saly Niakh Extension » par exemple est contigu celui de « Médine » de ville de Mbour.

Tableau 25 : Structuration du territoire Communal de Saly


Quartiers actuels Quatiers dissous et fusionnés
Saly Tapé Saly Golf
Saly Sud Darou Salam Saly Niakh extension
Saly Joseph Saly Station
Saly Vélingara Malincounda 2 extension
Saly Carrefour Carrefour Malincounda
Saly Bambara Saly Grand Mbour extension
Saly Darou
Saly Niakh
Source : Entretien Commune de Saly

157
Le statut dřoccupation des ménages : Le statut d'occupation définit une relation de propriété
par rapport au logement occupé par le ménage. On distingue la propriété et la non propriété, y
compris la location et le logement gratuit. Au Sénégal la propriété foncière est régie par le
droit coutumier et le droit moderne. Le système foncier en Afrique et au Sénégal notamment a
fait lřobjet de différents travaux (Caverivière et Debène, 1988, Leroy, 1990, Sonko et Dia,
1993…), qui lui reconnaissent une grande complexité. Comme partout en Afrique, le régime
foncierconnut différentes mutations dues aux réformes politiques mettant en place deux
régimes fonciers : le régime de lřimmatriculation et celui du domaine national.

Il importe dans cette dynamique de rappeler les valeurs accordées à la terre qui constitue un
moyen de subsistance puissance politique. Dans la société traditionnelle, elle représente un
prestige social pour le groupe à lřéchelle de son territoire. Le droit de propriété est
généralement reconnu au groupe fondateur à la première installation. Cřest un droit coutumier
régi par le principe de droit de feu et du droit de hache, droit de galop. Lřaccès à la terre était
garanti suivant plusieurs modalités :
- accès libre et direct par les membres du groupe détenteur ;
- accès gratuit à titre permanent pour des résidents alliés au groupe détenteur ;
- accès gratuit à titre précaire pour des immigrés anciens ;
- accès tributaire de servitude pour des immigrés récents et pour les résidents
temporaires, etc.

On notait également lřexistence dřune autorité morale maitre de la terre ou chef de terre
désignée différemment selon les sociétés ou les ethnies (Lamane, Yalmbind ; jom ledy…)
Mais la fonction de maitre de terre passa du chef de clan, au chef de lignage, puis aux chefs de
segments de lignage ou de famille larges pour aboutir aux chefs de ménages ou à des privés
selon les usages à travers différentes mutations politiques.

Conformément à lřarticle 15 de la Constitution du Sénégal, le régime dřimmatriculation


recouvre toutes les terres, situées aussi bien en milieu urbain quřen milieu rural, quiont fait
lřobjet dřune immatriculation au nom de particuliers Ŕ personne physique ou personne
morale- qui garantit leur droit de propriété définitif et inattaquable sur des portions de terrains
délimitées.

Cřest au lendemain de lřindépendance que fut mis en place un régime spécifique


dřoccupation des terres avec la loi n° 64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national et
ses textes dřapplication, notamment le décret n° 64-573 du 30 juillet1964. Lřarticle premier

158
de la loi sur le domaine national dispose : « constituent de plein droit le domaine national,
toutes les terres non classées dans le domaine public, non immatriculées ou dont la propriété
n'apas été transcrite à la conservation des hypothèques à la date d'entrée en vigueur de la
présenteloi, ne font pas non plus partie de plein droit du domaine national les terres qui, à
cette date, font l'objet d'une procédure d'immatriculation au nom d'une personne autre que
l'Etat ».

Les terres du domaine national sont divisées en quatre zones :


1. Les zones pionnières qui sont des zones dřaction spéciales qui ne sont pas encore
aménagées.
2. Les zones urbaines qui sont constituées par les terres du domaine national qui servent
pour lřhabitat en milieu urbain et qui se situent sur le territoire des communes.
3. Les zones classées qui sont des espaces protégés. Les terres des zones classées sont
considérées comme une réserve foncière permanente. Ces zones sont prévues
spécialement pour assurer la protection de lřenvironnement et le développement
durable.
4. Les zones de terroirs qui sont les zones les plus importantes et qui servent à
lřagriculture, à lřélevage et au parcours du bétail.

La loi n° 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, communes et
communautés rurales accorde aux collectivités locales des compétences en matière de
planification, dřurbanisme et dřhabitat. Cřest ainsi que la communauté rurale reçoit les
compétences suivantes :
- la gestion des forêts sises en zones de terroir sur la base dřun plan
dřaménagement approuvé par lřEtat,
- la délivrance dřautorisations préalables à toute coupe à lřintérieur du périmètre
de la Communauté rurale,
- lřavis sur la délivrance, par le conseil régional dřautorisation,
- la gestion des sites dřintérêt local,
- lřélaboration et la mise en œuvre du plan local dřaction pour lřenvironnement.

En matière foncière, dans une zone rurale, le Conseil rural par commission se charge de
lřaffectation des terres et donne son avis avant toute autorisation de défrichement par le
Conseil régional. Avant dřémettre son avis, le Conseil rural peut, pour son information et sur
sa demande, consulter le rapport de la commission régionale de conservation des sols afin de

159
vérifier lřaffectation et les limites de parcelles de terres qui font objet de demande de
défrichement24. Le principe fondamental qui justifie le droit à la terre demeure la mise en
valeur. Ainsi, lřexercice de ce droit pose toujours problème du fait souvent de lřabsence de.
preuve de la propriété et des droits réels communautés. On note une superposition de droits
très manifeste en milieu rural mettant ainsi en de nombreux conflits fonciers accentués par les
enjeux économiques.

Les enquêtes ont ressorti les statuts dřoccupation définissant les situations juridiques par
rapport à lřoccupation de leurs lieux de résidence :

Un ménage propriétaire possède tout seul son logement alors que le ménage co-propriétaire
partage le sien avec un ou plusieurs autres ménages. Il est fréquent de constater, par exemple,
à la suite du décès d'un père de famille que son ménage est scindé en plusieurs ménages
distincts alors que le partage de ses biens reste à effectuer.

Le statut de propriétaires regroupe à la fois les propriétaires (58,21%) et copropriétaires


(18,21), marquant ainsi des propriétés individuelles et collectives. Cependant certains héritiers
ou copropriétaires peuvent loger hors de la maison et louer leurs chambres. Le statut de
copropriété résulte le plus souvent d'un processus d'héritage inachevé. Ce sont donc des
héritiers du chef de ménage originel qui sřils sont tous présents occupent chacun une ou
plusieurs chambres.

Le statut de locataires (21,58) concerne les ménages qui sřacquittent dřun loyer mensuel,
cependant à lřintérieur de ce groupe certains sont logés gratuitement. Le statut de logés
gratuitement est de 0,8%. Les résidences sont prêtées aux ménages par des parents ou amis.

Le statut de gardiens (1,18%). Ces derniers se présentent comme des « métayers » dont le
logement fait parti des accords avec le propriétaire.

24
Décret n 96-1134 du 27 décembre 1996 portant application de la loi portant transfert des compétences aux
Régions, aux Communes, aux Communautés rurales.

160
100

80

60

40

20

0
Propriétaires Locataires co propriétaires Gradiens Logés
gratuitement

Figure 25 : Le statut foncier des chefs de ménage de Malicounda


Malicounda est particulièrement une zone rurale, 76% des chefs de ménage interrogés sont
propriétaires, 18,1% copropriétaires et seuls 6% sont locataires particulièrement logés dans
les villages touristiques et de pêche et le reste logés gratutiement.

6,0%

18,1% Proprietaire
Coproprietaire
75,9%
Locataire

Figure 26 : Statut d’occupation à Saly


A Saly apparait un autre statut celui de gérant (4 à 5%) du fait de la transformation des usages
des habitations qui sont affectés au tourisme. Des personnes à revenu faibles ou moyens, ou
optant pour un tourisme intégré y passent des vacances ou des fins de semaines. Mais quel
que soit le site, le statut de propriétaire reste plus important, 47,4% à Saly Coulang et 68,5% à
Saly Niakhniakhal.

161
Figure 27 : Statut d’occupation Saly Coulang Figure 28 : Statut d’occupation Saly
Niakhniakhal

III. 3.3.2 Les principales activités socioéconomiques identifiés dans la zone d’étude
En plus des observations, le renseignement de lřactivité des chefs de ménages laisse
apparaitre une part importante de celles se rapportant aux usages et services des ressources
que sont la pêche, le mareyage et la transformation avec 27% au total, le tourisme presque
10%. Il faudrait également dire que les autres secteurs de commerce et dřartisanat ont été
fortement développés avec le tourisme.

Transport
Transformation
Tourisme
Sans emplois
Retraité
pêche
Mareyage
Gardiennage %
Fonctionnaire
Commerce
Bâtiment
Autre
Artisanat
Agriculture
0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0

Figure 29 : Activité des chefs de ménage dans la Commune de Mbour


La graphique ci-dessous montre une forte représentativité des populations de Saly, au niveau
desemplois salariés dans les entreprises (privées et publiques) et la pêche. Dans le tourisme
malgré leur importance relative, nous avons surtout une diversité dřorigine géographique,

162
autres régions du Sénégal (Dakar et Thiès) et autres pays. Les originaires de Mbour étant
actifs surtout dans le commerce.

12
10
8 Saly

6 Dakar
Thiés
4
Autres régions Sénégal
2
Autres pays
0
Mbour

Figure 30 : Localité d’origine et activités

Retrait Agricultu Commer


é re ce
4% 2% 9%
Autres
13%

Touris Autre
me 42% Tourisme Salariés
26% 19% Etat et
Privés
Pêche 30%
10%
Salariés Pêche
Etat et Comme 27%
privés rce
11% 7%

Figure 31 : Activités des chefs de ménages à Saly Niakhniakhal et Saly Coulang

163
25
20
15
10
5
%
0

Figure 32 : Activité des chefs de ménage dans la C.R de Malicounda

III.3.3.3. Une agriculture résiduelle à Malicounda


Lřagriculture constitue une importante activité dans la région de Thiès qui individualise trois
zones de production de par leurs vocations : la zone Niayes à vocation maraîchère et fruitière ;
la zone des cultures sous pluie telle que lřarachide et la zone sud à vocation maraîchère et
vivrière.

Dans la zone dřétude lřagriculture est surtout présente dans la communauté rurale de
Malicounda notamment dans la partie continentale. Quoiquřaffaiblie, elle reste la principale
activité de cette partie rurale et occupe 22,5% des chefs de ménage interrogés. Elle est
essentiellement une agriculture sous pluie dominée par la culture de lřarachide, et du mil et
reste concentrée sur la partie continentale sřopposant à la partie côtière marquée par la pêche
et le tourisme.

Dans les quartiers ciblés au niveau de la Commune de Mbour, elle occupe à travers le
maraichage et la culture sous pluie 1,8% de lřéchantillon qui opère surtout dans la périphérie
(Malicounda, Louly)

Dans la Commune de Saly, 11,5% des chefs de ménages des quartiers traditionnels de Saly
(Senghor et Thiaw 2013). Sřadonne à lřagriculture et à Mbour

Au niveau des quartiers ciblés dans la thématique de lřérosion côtière, lřagriculture nřapparait
quřau niveau de Saly coulang avec 2% des personnes interrogées.

Les spéculations agricoles : Il convient de soulever dans ce chapitre les difficultés rencontrées
dans la collecte de statistiques agricoles à lřéchelle des territoires étudiés. Les spéculations et

164
les superficies seront surtout présentées à l échelle du département de Mbour englobant les
territoires.

Les superficies occupées par le mil font 48.000ha (56%), suivi de lřarachide 27.000ha (22%),
du sorgho 11.000ha (13%), du niébé 5.000ha (6%), les autres spéculations (maïs, bissap,
gombo, tomate…) faiblement représentées avec moins dř1%.

60 000
50 000
40 000
30 000
20 000
10 000 sup (Ha)
0

Figure 33 : Répartition spatiales des cultures à Malicounda


Les données à lřéchelle de la Commune de Malicounda montrent une légère différence en
termes dřoccupation du sol avec 58% pour le mil, 14% pour le sorgho, 25%pour lřarachide et
2% pour le niébé.

Niébé Manioc
2% 1%

Sorgho
14%

Arachide
Mil
25%
58%

Figure 34 : Répartition spatiales des cultures dans la C.R de Malicounda (Source CADL Sindia)
Les enquêtes menées par Mendy 2012 montrent également quelque soit la zone continentale
ou maritime, le mil, lřarachide, le sorgho et le niébé occupent successivement les superficies

165
les plus importantes. La culture du manioc reste assez importante par rapport au département
avec des parts comprises entre 5 et 10%.

Arachide 6% Arachide
4% 6%
5% Mil souna et 15% Mil souna et
10% Bassi Bassi
28% 25%
Sorgho Sorgho
20%
5%
Niébé 2% Niébé
30%
12% 13%
5% 14%
Manioc Manioc

Figure 35 : Cultures dans les zones continentales et littorales de Malicounda

Tableau 26 : Caractéristiques des spéculations dans la communauté rurale de Malicounda


Spéculation Production % Superficies Rendement
(Tonnes) Département cultivées kg /ha
Mil 3058,758 4677ha 654
Arachide 1437,758 2051ha 701
Sorgho 740,460 1148ha 645
Niébé 85,251 181ha 471
Manioc 127,182 41ha 3102

1400000

1200000

1000000

800000
superficie ha

600000

400000

200000

0
2011-2012 2010-2011 Moy. 5 der années
Campagnes agricoles

Figure 36 : Comparaison des superficies arachidières dans le département de Mbour

166
1400000
1200000

Production en tonnes
1000000
800000
600000
400000
200000
0
2011-2012 2010-2011 Moy. 5 der
Campagnes agricoles années

Figure 37 : Comparaison des productions arachidières dans le département de Mbour

Manioc

Niébé

Sorgho
Production en tonnes
Arachide

Mil

0 1000 2000 3000 4000

Figure 38 : Production agricole de la C.R de Malicounda

Le maraîchage et lřarboriculture bien que présents sont faiblement développés dans la


Communauté rurale de Malicounda et la Commune de Sali. 2,9% des personnes interrogées à
Malicounda sřadonnent au maraichage.

Photo 1 : Production de mil à Malicounda

167
Cliché de Mendy, 2012

Lřarboriculture avec principalement le manguier est présente dans certains villages tels que
Malicounda Sérère, Warang, Malicounda bambara… Mais la présence du rônier est également
notée en sylviculture pour la production de vin et la vanerie.

Photo 2 : Matériel agricole à Mbaling Photo 3 : Production de navet à Mballing


(sortie Master Gidel, 2011)

Après un recul de lřagriculture sous pluie dans différents villages tel que Roff, du fait de la
variabilité pluviométrique et de la qualité des sols, on observe un retour notoire de la culture
du mil à travers une nouvelle variété, le sorgho couramment appélé « bassi Mbodjène » plus
adapté et qui a un cycle court. Il a été surtout diffusé par le RESOB permettant la production
et la vente de semences.

Contrairement à dřautres villages côtiers de la Commune, Pointe Sarène se démarque avec de


belles initiatives en matière dřaménagement agricole telle que les retenues dřeau, mais
également des équipements (motopompes) avec lřappui du RESOB et de CARITAS. 65
exploitants sont dénombrés sur la rive gauche du bassin. Certains villages disposent
également de contrats de culture dans la forêt de balmadou.

168
La communauté rurale de Malicounda, a bénéficié de serres pour le développement du
maraichage. Lřaménagement de serres pilotes dans le cadre du programme national de
vulgarisation de la culture sous-serres, à lřinitiative de lřAgence nationale de recherche
scientifique appliquée (ANRSA), dans son initiative dřappui au milieu villageois de
maraîchage sous-serres, Ces serres construites de manière artisanale ont chacune une capacité
de production dřune tonne pour le concombre allongé, 800kg pour la grosse tomate et 250
pieds de piments. Démarré à Malicounda Serère sur une superficie 200m² ce projet vise
également, Nianing, Mballing, dřautres localités.

Pour lřélevage La région de Thiès nřest pas considérée comme une zone à vocation dřélevage
extensif mais présente néanmoins des aptitudes réelles de développement du sous-secteur. Les
potentialités fourragères dans le département de Mbour notamment dans la zone dřétude
peuvent être appréciées par la présence de forêts classées et de marchés hebdomadaires non
proches dont celui de Sandiara. La ville de Mbour et les centres touristiques offrent également
de réelles possibilités dřécoulement des produits. Comme infrastructures hydrauliques la
Commune de Malicounda dispose de forages équipés dřabreuvoirs à Fandane et Roff et de
puits. « Le cheptel présente de la région de Thiès une variété dřespèces et les taux de
croissances positifs (3% pour les bovins, 2% pour les équins, 2,5% pour les asins, 6% pour les
ovins et caprins, 2% pour les porcins et 25% pour les volailles) constituent des atouts certains
dans une perspective dřintensification » (Ndoye D.P 2009 Rapport Elevage Région Thiès).
Sur un total de 886630 têtes, le département de Mbour renferme, 40691, composé de Bovins,
ovins, caprins, caprins, équins, et dřasins. La C.R regroupe 40% du cheptel de
lřArrondissement de Sindia. Ce cheptel est composé de bovins, dřovins, de caprins, de
porcins, dřéquins, et de volailles, et est exploité entre 2,8 et 9,6% pour certaines espèces.

Tableau 27 : Cheptel département de Mbour (Source DAPS : situation économique de la région


de Thiès)
Département Bovins Ovins Caprins Porcins Equins Asins Total

Mbour 91158 129269 112994 13840 29321 30330 40691

Trois types dřélevage sont ainsi observés dans la région de Thiès :


- lřélevage de case qui concerne les petits ruminants ;

169
- lřélevage semi intensif concernant surtout les bovins caractérisés par une mobilité
tributaire des saisons des pâturages. Il est pratiqué dans tous les départements et
connaît un regain dřintérêt avec le développement de lřembouche ;
- lřélevage transhumant lui aussi est pratiqué par les Peulh et un peu les autres
ethnies.

De façon générale ces trois types se retrouvent dans la C.R Malicounda sous différentes
formes :
- Lřélevage sédentaire dont lřeffectif est souvent moins important. Pour ce système, les
résidus de récolte de la culture des céréales, les fanes dřarachides et de niébés ainsi
que les tourteaux dřarachide, sont utilisés pour lřalimentation des animaux ;
- Le grand éleveur peulh (100 têtes environs) qui exploite un grand nombre de bovins et
de petits ruminants, surtout des caprins. Cet élevage est basé sur la transhumance à la
recherche du pâturage ;
- Lřélevage semi-sédentaire, pratiqué par les Sérères qui détiennent 30 à 50 têtes, est
basé sur lřexploitation des zones de pâturages tout autour de leur terroir. En saison
sèche, après les récoltes, les résidus de culture sont exploités pour les troupeaux.

Tableau 28 : Situation de la production de viande contrôlée en 2008


Localité Taureaux (Kg) Boeufs(Kg) Vaches(Kg) Veaux/velles(Kg)

Mbour 1487 275286 805 145603 3315 404606 717 66336

Région 6558 1155942 3294 550952 5209 638604 1099 97822

Source : situation économique de la région de Thiès

Cependant lřélevage bien que présent occupant 10,2% des chefs de ménages interrogés
rencontre dřénormes difficultés que sont la rareté des pâturages du fait de la pression foncière,
lřéloignement des points dřeau pour certains villages (Nianing, MBalling…), la contamination
par les produits phytosanitaires, le vol de bétail, le manque de financement, et dřorganisation
des éleveurs, les conflits agriculteurs-éleveurs….

170
III.3.3.3. La pêche : activité motrice de la ville de Mbour et ses environs
La Côte Sud ou Petite Cote, correspondant au Département de Mbour, est marquée par une
activité annuelle permanente de pêche, un biotope fluvio-maritime idéal au développement
des activités piscicoles et ostréicoles.

La Petite Côte, qui fait suite a la region maritime du Cap-Vert, s'étend sur environ 65km, de
Toubab Dialao a Joal. Elle constitue une region protégée, au plateau continental large et
présentant la plus grosse activité de péche artisanale de Mbour et Joal (GERARD M, 1985 :
7). Ces deux localités constituent les plus importants centres de pêche du pays. En 2006, sur
les 372.688 tonnes de mises a terre, la region de Thiès en a contribué a hauteur de 63% soit
234.793,4 tonnes (DOPM, Rap-2006) ; et ce grâce aux centres de Mbour et Joal dans le
département de Mbour.

Dans la région, le secteur de la Pêche met en œuvre un ensemble de métiers et dřagents


économiques participant tous directement ou indirectement à lřexploitation de ces ressources.

La pêche à Mbour bénéficie dřun large plateau continental très riche en ressources
halieutiques, un littoral très poissonneux. Ainsi Mbour tire son économie sur la pêche qui est
sur toute lřétendue de lřannée. La pêche à Mbour est menée par des familles traditionnelles de
pêcheurs, des migrants venus du bassin arachidier à cause de la sécheresse qui gagne de plus
en plus le milieu agricole mais aussi des autres zones du territoire national.

Les débarquements des produits de la pêche représentent 30% de la région de Thiès avec 40%
de la production artisanale. Cette quantité de produits est utilisée dans la consommation avec
7 à 8% et le reste est destiné à lřindustrie halieutique et à la transformation artisanale. Le
poisson frais et les produits transformés sont expédiés vers les centres urbains tels que
Kaolack, Dakar, Touba …mais aussi dans les zones rurales.

Dans la zone dřétude, la pêche est pratiquée le long de la côte avec différents quais (Mbour,
Mballing, Saly Niakhniakhal, Sali Coulang, Nianing, Warang) donnant lieu également à des
activités diverses (transformation, mareyage, portage, charpentier, mécanicien, charretier,
vendeur de carburant, videur de pirogues…).

171
Tableau 29 : Quais de pêche dans la zone d’étude (Source : service départemental pêche Mbour
(2011)
Poste Sites Sites situé dans notre zone d’étude
Mbour Mbour Mbour
Mballing Mballing
Joal Joal
Ngaparou Ngaparou Saly
Saly
Somone
Pointe Sarène Mbodiène Nianing
Pointe Sarène Warang
Nianing Mballing
Warang
Mballing
Popenguine Popenguine
Guéreo
Ndayane
En 1976, il y avait 810pirogues saisonnières pour 539 locales, en 1983 on comptait 300
pirogues saisonnières En 1966 on recensait 1.842 pêcheurs dont 942 saisonniers et depuis
1984 il y a 2.457 pêcheurs. Aujourdřhui la commune de Mbour compte 2.600 pêcheurs
(enquêtes chaîne de valeur, REPAO ,2008)

Au niveau de Saly La pêche fait partie des activités traditionnelles les plus importantes à Saly
mobilisant pratiquement tous les vieux quartiers en bordure de mer. Saly dispose de deux
débarcadères de pêche situés au niveau de deux villages Saly Niakhniakhal et Saly Coulang.

Comme illustré par le graphique qui suit lřâge des pêcheurs interrogés à Saly varie de moins
de 20 ans plus de 60. La composition par âge des pêcheurs de Saly laisse apparaitre plusieurs
classes : moins de 20 ans, de 20ans à 40 ans, 40 à 60 ans et plus de 60 ans. La tranche dřâge
de 20 à 40 ans étant plus représentée.

Figure 39 : Structure démographique des pêcheurs

172
Au niveau de la répartition ethnique des pêcheurs, Les lébous sont majoritaires avec 50% des
personnes interrogées suivent les sérères 36% des. Ces derniers résident dans les quartiers de
Saly Koulang, Saly Tapé et Saly Sérère. La présence des sérères dans le secteur explique
quřils font parmi les premiers occupants de la zone. Parmi eux, il existe des originaires de la
zone et de la région de Fatick. Leur date dřimplantation dans les quartiers remonte depuis les
années 90 à nos jours. Ils habitent dans les quartiers de Saly Niakhniakhal, Saly Koulang,
Saly Tapé et Saly Bambara. Ils sont aussi considérés parmi les

Sérère Lébou Wolof Peul

2%

12%

36%

50%

Figure 40 : Répartition ethnique des pêcheurs


Le mareyage ne mobilise que Six personnes, 2 à Saly niakhniakhal et 4 à Saly Coulang-Tape.
Bien entendu que la durée de la pratique de lřactivité varie selon lřâge. Certains adultes
exercent la pêche depuis plus de quarante ans

La pêche absorbe dřautres acteurs venant de diverses origines. Tel quřillustré par le tableau
qui suit, en plus de la région de Thiès avec Saly, Dianiadio, Mbour et Thiès, nous retrouvons
dřautres régions de Dakar, saint louis… et la sous- région. Les pêcheurs résidants sont
cependant plus représentatifs 68, 87% et habitent dans les quartiers de saly Tapé, saly
Niakhniakhal, saly Koulang, Saly Daro, saly bambara et Saly sérère.

Tableau 30 : Résidence des pêcheurs selon leurs origines


Saly Saly Saly Saly
Origine Koulang Bambara Autre Total
Daro niak sérère tapé
Saly 15 8 9 30 5 34 3 104
Mbour 0 3 2 5 0 0 2 12
Ndiaganiao 0 1 0 1 0 1 0 3
Saint-louis 0 0 0 1 0 0 1 2
Thiès 0 0 0 4 0 0 0 4
Banlieue de 2 0 1 6 0 0 2 11

173
Saly Saly Saly Saly
Origine Koulang Bambara Autre Total
Daro niak sérère tapé
Dakar
Pays voisins 0 0 0 0 0 0 2 2
Autres régions 2 1 0 5 0 4 1 13
Total 19 13 12 52 5 39 11 151
Source enquête Thiaw, 2012

La pêche est une activité présente toute lřannée dans la Commune de Saly. 78% des pêcheurs
interrogés sřy activent en permanence. Cependant pour dřautres notamment ceux qui ne sont
pas originaires de la zone, elle reste saisonnière avec des durées variables de 2 à 9 mois.

Tableau 31 : Statut de résidence des pêcheurs à Saly


Statut de résidence Fréquence Pourcentage Pourcentage cumulé
2 mois 1,0 0,6 0,6
3 mois 7,0 4,3 4,9
6 mois 10,0 6,1 11,0
7 mois 1,0 0,6 11,6
9mois 1,0 0,6 12,3
saisonnier 15,0 9,2 21,5
En permanence 128,0 78,5 100,0
Total 163,0 100,0
Source enquête Thiaw, 2012

Les types de pêche : Les enquêtes ont permis dřidentifier plusieurs types de pêche que sont :
le filet maillant dormant, la senne tournante, la ligne simple, le maillant dérivant, la senne de
plage, le maillant encerclant

Equipage La taille des équipages varie selon le type de pêche avec de 6 personnes. Les
pirogues de 6 personnes étant plus représentatif avec 43, 3% de lřéchantillon

Tableau 32 : Taille des équipages (Source Thiaw 2012)


Nombre de personnes Freq. Percent Cum.
2 3 1,8 1,8
3 18 11,0 12,8
4 44 26,8 39,6
5 71 43,3 82,9
6 12 7,3 90,2
7 4 2,4 92,7
12 1 0,6 93,3
Non renseigné 11 6,7 100,0
Total 164 100.00
Source : Thiaw, 2012

174
Les unités de pêche : En 2005 le recensement national sur la pêche artisanale maritime
sénégalaise avait identifié 1731 unités de pêche appartenant au département de Mbour dont
seule une dizaine (11) se trouve hors du territoire sénégalais (Mauritanie, Gambie, Guinée
Bissau). Malgré des efforts de lřEtat à travers la mise en place dřun programme et la gratuité
de lřimmatriculation, la maîtrise du parc piroguier constitue encore une contrainte. La phase
opérationnelle a présenté des lenteurs notamment dans le paiement des prestations
(immatriculation, peinture.). Il est estimé que lřutilisation de tableaux aurait été beaucoup plus
rentable. Sur un échantillon de 110 pirogues immatriculées observées seules 10 datent de
1997 à 2000. Les autres sont de 2002 à 2009.

Tableau 33 : Immatriculation des pirogues Mbour


Echelles parc Nombre de Détention Pirogues A A
pirogues cartes marquée marquer identifier
identifiées
Département 2036 1742 886
de Mbour
Poste Mbour 800 722 468 169 169 98
Poste 350 350 297 169
Ngaparou
Poste Pointe 480 441 441 244
sarène
Source : service départemental pêche Mbour

Tableau 34 : Etat du Parc piroguier à Mbour


21 10 2009 21 09 2010 Pirogues en démolition
instance
1801 pirogues 523 enregistrés 33 Remarques au moins 300-400
pour
immatriculation
Source : Service départemental pêche Mbour

Le taux dřenregistrement reste faible malgré la sensibilisation et concerne surtout les


nouvelles pirogues. Le manque de sanction serait aussi à lřorigine de cette lenteur. Le parc
piroguier de Saly Coulang-tapet reste plus important avec 150 pirogues et mobilise 600
pêcheurs. Celui de Saly Niakh niakhal 60 pirogues avec 300 à 320 pêcheurs. Les chiffres
obtenus lors de nos enquêtes sont différents des données de 2005 avec une augmentation de
31 pirogues en 6ans.

175
Tableau 35 : Situation des embarcations dans la zone d’études
Pêche avec pirogue Pêche à pied
active e inactive indéterminée active inactive indéterminé
Mbour 802 15 77 1 895
Nianing 170 6 8 184
Pointe 186 2 188
Sarene
Warang 4 4 4
Saly 132 3 135
Portugal 3
Saly 47 4 51
Niakhniakhal
Source : ISRA Rapport Pêche artisanale (2005)

La propriété des unités de pêche est multiple. Dans le département de Mbour 81,2% des
unités de pêche est de propriété personnelle, 15,5% familiale, 0,1, 3,2 autres formes. Lřon
remarque que le site le plus vulnérable à lřérosion partagé par les deux quartiers de Coulang et
tapet présente le plus grand nombre de pirogues et de pêcheurs.

Les permis de pêche : Malgré le taux élevé de pêcheurs, on note une détention faible du
permis de pêche qui comme le parc piroguier devraient être des indicateurs de lřimportance de
lřactivité de pêche. Les données obtenues montrent un fort enregistrement en 2008 (224) du à
un contrôle à travers lřintervention de la marine une chute brutale en 2009 (224) avec une
médiation de lřEtat.

Quelque soit les sites, les permis B (tableau 39) restent plus importants et connaissent une
importante hausse de 2006 à 2009

Tableau 36 : Catégorie de permis et montant à payer au trésor


Type Catégorie Montant à payer
FCFA
Pêche à pied A 5 000 Arrêté
interministériel
n°001808 du 15-
03-06

Embarcation -13m B 15 000


Embarcation +13m C 25 000

176
Tableau 37 : Evolution et des types de permis dans la zone d’étude
2006 2007 2008 2009 Total Total
catégorie
A B C A B C A B C A B C A B C
Mbour 0 54 38 0 2 4 0 176 36 2 1 0 234 79 313

Nianing 0 31 0 0 0 0 0 21 0 1 0 53 0 53

Mballing 0 6 0 0 0 0 0 12 0 0 18 0 18

Pte 0 14 0 0 0 0 1 31 0 1 45 0 46
Sarène
Saly 0 4 0 0 4 0 0 27 0 0 13 0 0 48 0 48
Total 0 109 38 0 6 4 1 267 36 0 16 1 1 398 79 478

Les infrastructures de pêches : Dans la zone dřétude seuls Mbour et Nianing disposent chacun
dřun quai de pêche, les autres sites nřayant que des débarcadères simples. La ville de Mbour
dispose dřun quai de pêche et 5 fabriques de glaces avec une capacité journalière de 5 tonnes
par jour. Des sites de transformations simple sont présents à Mbour, Nianing et pointe Sarène,
Warang ne dispose dřaucune infrastructure.

Tableau 38 : Infrastructures des différents quais de pêche


Quaidepêche
Ateliersméca

Débarcadère
Stationscarb

Atelierscasie
Fabriquesde

detransform

detransform
Atelierschar

ation simple

PostesDPM
aménagé
penterie
niques

simple

DPSP
urant

glace

ation
Site

Site
rs

Saly Portugal 2 1 3 0 0 1 0 1 0 0
Saly Niakhniakha 0 1 1 0 0 1 0 0 0 1
Mbour 6 3 4 5 5 0 1 1 1 1
Nianing 1 1 1 3 0 1 1 1 0 0
Pointe Sarene 0 2 0 0 0 11 0 1 1 1
Warang 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Le quai de pêche de Mbour : Le quai de pêche de Mbour présente différents compartiments


dont la zone sardinelle, la Zone Europe (Céphalophes, poissons frais), la zone Coquillage, les
magasins, les boutiques une soixantaine dans le mareyage, des articles de commerce, des
ambulants (et autres usagers), 3 stations de carburant

177
Tableau 39 : Répartition des unités du quai de pêche
Composantes Quantité Observations
Zone sardinelle, 1
zone Europe (céphalophes, poissons 1 Conformité aux norms
frais) Européennes
dřexportation
Zone coquillage 1

Autres usagers
Magasin, boutique 60, marayage, articles de Infrastructures héritées,
commerce, ambulants avant cřétait un
marché, quai pas
clôturé
Stations carburant 3 dont 2 antérieures Refus de paiement des
taxes de location
Paiement à la mairie
Dossier de passation
Source : Thiaw D. 2010

La gestion du quai de pêche est confiée au GIE and liguey tefess qui est chargé du bon
fonctionnement du quai, est sous l'autorité de la municipalité qui contrôle ses actions et
perçoit les redevances annuelles après charges. Il est dirigé par un comité directeur de 40
membres. Mais c'est le comité restreint de gestion fort de 12 membres qui est chargé
d'exécuter les orientations du comité directeur surtout en matière de prévention des conflits,
de gestion des ressources et de l'environnement, de la salubrité du quai et de sa sécurité, de la
formation des acteurs, etc. Ce tableau qui suit laisse apparaître une évolution croissante du
chiffre dřaffaire de 206 à 2012. En effet en 2009, les recettes ont été surtout marquées par une
augmentation des infrastructures et lřintroduction de le TVA.

Tableau 40 : Evolution du recouvrement de la gestion des infrastructures

Année Chiffres d’affaires en FCFA


2006 67 102 625
2007 65 175 425
2008 73 117 600
2009 83 607 575
2010 96 101 950
2011 108 800 575
2012 107 126 625
Source : entretien GIE And liguey tefess, 2009 ; 2013

Ce montant quoiquřapparemment important avec une hausse régulière est cependant faible par
rapport aux potentialités de lřouvrage. Le recouvrement est limité par plusieurs facteurs
surtout :

178
- Lřirrégularité des heures de débarquements. Les pêcheurs restent parfois en mer et les
vendeurs au quai ne paient pas les taxes.
- Le site nřest pas clôturé et le GIE ne dispose pas de moyens de contrôle et de
surveillance. En effet le quai de pêche présente plusieurs infrastructures qui ont été
héritées dřun marché.
- On note également un refus de paiement des taxes par les stations de carburant qui les
versent directement à la mairie. Ces ouvrages nřont pas été pris compte lors de la
passation.

Les revenus tirés du secteur de la pêche artisanale : Les revenus tirés de la pêche sont très
variables. En plus des saisons, ils sont également influencés par la disponibilité des
ressources, de la performance des unités de pêches et engins. Les enquêtes effectuées auprès
des pêcheurs de Saly montrent que les revenus men suels varient de moins de 25000 à plus de
300 000FCFA. Les revenus les plus faibles ne représentent cependant que 30% ont des
revenus mensuels compris entre 25000 et 50000FCFA.

35

30

25

20

15
Pourcentage
10

Figure 41 : Revenu Mensuel des pêcheurs à Saly


La pêche et la transformation constituent des activités phares de cette zone et de la Petite Côte
en général. Les contraintes du secteur identifiées dans la zone de Saly ont trait au vol des
filets en pleine mer, La pêche abusive des bateaux de pêche, lřamenuisement des ressources
halieutiques, la destruction des filets par les grands bateaux de pêche, le rétrécissement de
lřaire de débarquement, au coût élevé de certains intrants (moteurs, carburant…), difficulté
dřaccès au financement, et manque dřorganisation…

179
Pour lřensemble de la zone, les contraintes en plus de la disponibilité des ressources, elles
sont relatives aux infrastructures et équipements tels que la vétusté et lřinsuffisance des
camions frigorifiques, lřabsence de clôtures de la station de Mbour, la dégradation de certains
postes (pointe Sarène) ou lřabsence de locaux (Nianing), lřinsalubrité de certains sites de
débarquement et du matériel utilisé pour le mareyage.

Mais dřautres contraintes sont surtout relatives à la sécurité en mer. Parmi elles :
- Lřabsence de matériel de navigation et de sécurité à bord des embarcations (gilet
de sauvetage, compas magnétique, écope, pagaies, réflecteur radar etc.…)
- La Méconnaissance des règles les plus élémentaires de la navigation,
- Lřabsence de phare de guidage dans certains sites de débarquement,
- Lřinsuffisance de gilets de sauvetage à bord ou refus de leur port par certains,
- La fréquence dřaccidents en mer (entre navire de pêche industrielle et pirogue.

La transformation de produits halieutiques : le mareyage, la transformation artisanale et la


consommation locale représentent respectivement en moyenne 56, 15% et 13% des
débarquements au niveau de la région de Thiès.Elle constitue une activité très dynamique
pendant toute lřannée dans la Commune de Mbour. En effet, une forte part de la population à
majorité féminine, sřadonne à lřactivité pour une variété de produits de consommation locale
ou dřexportation qui génèrent des chiffres dřaffaires gigantesques. En tant quřactivité
traditionnelle, elle permet de gérer les surplus des débarquements confrontés à un problème
de conservation. Elle est en même temps une technique de valorisation de poissons frais
pouvant avoir des valeurs ajoutées importantes. Des mutations sřobservent à travers la
multiplicité des acteurs mobilisés. Des hommes, des femmes et des jeunes sřactivent dans
différents niveaux de la production à lřécoulement. Le tableau qui suit laisse apparaître une
augmentation continue de la part de Mbour dans lřactivité passant de 10, 5% en 1954 à 41,5
en 1996.

Tableau 41 : Quantité de produits transformés dans les principaux centres


Centre ou
1954 1962 1983 1996
région
St Louis Quantité % Quantité % Quantité % Quantité %
en tonnes en tonnes en tonnes en tonnes
Saint Louis 1458 39,4 1800 17,9 340 1,9 1442 4,5
Kayar 54 1,4 106 1,1 817 4,7
Cap vert 130 3,6 422 4,2 1615 9,5 1165
Mbour 390 10,5 2760 27,3 7090 41,2 3,6

180
Joal 280 7,5 618 6,1 4970 28,8
Saloum 435 11,7 1850 18,3 1116 65 738 2,3
Casamance 960 25,9 2530 25,1 1280 7,4 3033 9,6
Louga 349
(Source DOPM in oumar Diop, 2001-2002)

Pour lřanalyse de la transformation dans la zone dřétude nous avons ciblé le site de Mballing
et celui de Saly.

Le site de Mballing : A lřimage de nombreux points sur le littoral abritant des ateliers de
transformation, un site de 26 ha a été octroyé par la Commune au Collectif des femmes
transformatrices « and ligguèye Mballing » de Mbour à cinq kilomètres de la ville, sur la
route de Joal, dans la Communauté Rurale de Malicounda (actuelle Commune de
Malicounda). En plus des nuisances (odeurs, fumée, déchets organiques de lřactivité de
transformation) évitées à la ville touristique de Mbour, les femmes originaires de Mbour ont
libéré le quai de pêche en construction pour sřinstaller à Mballing en 1999.

Le Collectif opérant sur le site est composé de 28 Groupements de femmes avec 7 à 15


personnes par GIE faisant un effectif de 200 à 300 femmes.

Le groupement dřintérêt économique (GIE) « And ligguèye » Mballing a été créé en mars
2003. Il est bien structuré et le bureau comporte neuf (9) membres. Parmi ces instances il y a
la Présidence et ses adjoints ou vice présidents, le Secrétariat général, la Trésorerie, lřinstance
exploitante et le commissariat aux comptes.

Son rôle principal est de fédérer les différents GIE des femmes transformatrices pour leur
permettre de tirer le maximum de profit. Il est aussi le coordonnateur principal entre les autres
activités du site et celles des femmes dans le but dřune harmonisation.

Le voisinage du site est constitué par le village de reclassement des lépreux dont il est séparé
par une voie dřaccès à la plage. Le site abrite également 4 unités industrielles travaillant sur le
traitement et la conservation et lřexportation de produits halieutiques SANGOMAR,
KREYOS, INSAAP et IKAGEL. IKAGEL est spécialisé dans le traitement et lřexpédition de
produits frais vers lřEurope ou les pays asiatiques, SANGOMAR et KREYOS sont plutôt
dans la congestion de produits halieutiques et commercialisent leur produit fini en Afrique en
Europe ou Asie. Enfin lřentreprise « INSAAP » produit de lřhuile et la farine de poisson.

Aménagé en 1999 dans le cadre dřune délocalisation des activités de transformation qui se
faisaient dans la zone du quai de pêche de Mbour, lřaire de transformation de Mballing est la

181
plus importante du pays. Il était installé sur un site inondable aménagé dans le cadre du projet
« PAPA Sud » les travaux et aménagements réalisés sur le site ont été les suivants25 :
Terrassements généraux ; Voirie Ŕ allées piétonnières ; Local professionnel avec 03 bureaux
;01 magasin de stockage ; 05 ateliers de travail ; 02 blocs sanitaires ; 04 vestiaires ; Adduction
dřeau ; Electricité ; Assainissement.

Tableau 42 : Infrastructures réalisées dans le cadre du PAPA SUD


Infrastructures Unite
Réseau dřélectrification 1
Réseau Assainissment eaux usées 1
Station de filtrage des eaux usées 1
Magasin de stockage 1
Ateliers 5
Blocs sanitaires 3
Vestiaires 4
Abris 4
Local professionnel Bureau 1
Source Enquêtes Thiaw 2010

Pour la transformation, le site est aménagé en ateliers avec lřusage de différents matériaux de
qualité inégale : bois, claies de bambou. Le site dispose de 782 claies séchage semi-artisanales
et artisanales, 217 bacs de salaison, 200 bacs de manutention et 101 fours de fumage.

Les principales ressources transformées sont le poisson et les mollusques avec essentiellement
les sardinelles « yaboye », le « sik », le « gaindé Guedj, le « sompad ».

Les différents procédés de transformation et de valorisation des ressources halieutiques sont :


le séchage, simple au soleil, la fermentation et le séchage, le salage et le séchage, le braisage
et le fumage.

IL ne sřagit plus dřune gestion des surplus, les transformatrices parlent plutôt « dřacquisition
de produits pour satisfaire des commandes ». Les produits sont achetés auprès des vendeurs
au quai de Mbour mais peuvent cependant provenir de Joal ou de Kayar. Les pêcheurs de Joal
du fait des inondations de leur site viennent vendre leurs produits à Mballing et à Mbour.

Le prix de la caisse de sardinelle est aussi très variable en fonction des saisons. En effet les
prix des produits frais sont également fixés selon les disponibilités et les saisons

25
Tropica EIES PAPA SUD (2003)

182
Tableau 43 : Prix d’achat des produits frais
Espèces Prix à l’unité
Lagne 6000F/kg
Silures (kong) 25 000F/kg
Sardinelles 10 000F à 200F (avril mai et juin (tiorone)/ caisse 50kg
(5 500f (caisse) caisse, Joal
Sardinelles Tas/ 15 000F
Déchets du triage 900-1000F/kg
yet
Source : Enquêtes Thiaw, 2010

La disponibilité des ressources, pose souvent problème tel qu déclaré par les femmes « Il nous
est parfois possible de rester pendant 15 jours sans produits ». Les moyens financiers surtout
pour lřachat de produits frais influent sur la production.

Photo 4 : séchage de poissons à Mballing

Les acteurs de la transformation : La composition des acteurs dans lřactivité de


transformation laisse apparaître plusieurs niveaux : de lřapprovisionnement, la transformation
proprement dite, la commercialisation.

Les femmes sřapprovisionnent de différentes manières, auprès des pêcheurs (plus fréquent) au
niveau des quais, des mareyeurs ou des deux à la fois.

Les acteurs œuvrant dans la transformation sřavèrent ainsi multiples. Lřactivité proprement
dite est le monopole des femmes qui travaillent en groupement ou individuellement. On note
également une participation des jeunes hommes avec cependant des tâches bien déterminées.
En effet ces derniers sont plus spécialisés dans le nettoiement (écaillage) et fumage au niveau
des fours. Ils sont surtout recrutés par les GIE pour transformer les produits.

183
Ces jeunes participent à différents niveaux de la chaine : dans le transport avec charrettes des
produits du quai de pêche au site de Mballing, lřalimentation en paille des fours et la
récupération des produits braisés. Au niveau de la commercialisation il est possible
dřidentifier plusieurs acteurs : les intermédiaires directs ou bana-bana bailleurs, Intermédiaires
indirects, détaillants, Commerçants- exportateurs et grossistes.

La Production : Les quantités mensuelles produites varient de 40 à 50 tonnes (400 -


600T/An), selon les déclarations du GIE. La production estimée, à partir du Contrôle
Salubrité est de 300T sans sel par an. Le salé séché est estimé à 3 tonnes par semaine (150
tonnes environ).

Taxes et redevances pour l’accès et de d’utilisation du site : Pour les modes dřaccès et de
valorisation du site un certain nombre de règles est fixé et appliqué. Les femmes en plus de
lřappartenance à des GIE ont lřobligation de payer des taxes journalières de 100FCFA, de
verser une cotisation mensuelle de 1000FCFA, de sřacheter une tenue de travail auprès du
GIE « And liguey Mballing » à 6000FCFA.

Les entreprises exploitant le site par contre paient des redevances fixées au m 2 par la
Direction des impôts et Domaines, au même titre que les taxes à usage dřhabitation. Ainsi ces
industries sises sur le site versent ainsi annuellement 400 000FCFA au GIE. Le recouvrement
inclut aussi dřautres rubriques telles que, le transport et les magasins.

Pour les véhicules de transport fréquentant le site, le montant à payer est de 1000f par jour et
de 500F pour les camionnettes. La location des grands magasins varie entre 5000, 12500 et
75.000FCFA par mois, selon leur taille (petite, moyenne ou grande).

Le tableau qui suit tente de faire un récapitulatif de la situation. En effet, si lřon considère le
recouvrement effectif de toutes les taxes et cotisation, le montant global potentiel par an peut
être estimé 6648500 FCFA.

Tableau 44 : Estimation du recouvrement des taxes et cotisation


Nombre prix Unité Total
cotisation journalière 365 100 36500
Cotisation mensuelle 12 1000 12000
Achat tenue 300 6000 1800000
Taxes entreprises 12 400000 4800000
6648500
Source : entretien Thiaw 2010

184
Commercialisation de la production : Le tableau laisse apparaitre une commercialisation dans
lřintérieur du pays et vers la sous région. En effet come le soulignait Diop (2002) « jadis
tournée vers lřautoconsommation, la transformation artisanale a évolué dřune production
dřautoconsommation vers une production marchande. La croissance démographique,
lřurbanisation, lřaccroissement des besoins alimentaires…, lřintégration des biens de
consommation courante, de plus en forte…, et les réseaux de transport et commercialisation
mondiaux sont autant de facteurs ayants contribué à lřévolution de la production artisanale ».

Les produits du site sont vendus à Mbour, un important marché, à Thiès, Tivaouane, à Touba,
à Kolda ; dans la sous région et les principaux clients sont le Burkina Fasso, le Togo et la
Guinée. Ces derniers absorbent toute la production du « kéthiakh » non salé qui nřest pas
demandé au niveau des marchés nationaux et locaux.

Au niveau de Mbour, la valeur commerciale des produits transformés est de


6.280.866.250FCFA en 2007et de 5 milliards en 2006 (DPM, rapport 2007). La part du site de
Mballing évaluée en 2009 par le service des pêches sur la base de licence et de certificat de
salubrité est de 2.904.000kg pour un montant total de 1.556.000.000FCFA soit 31, 12%.

Tableau 45 : Ecoulement des produits à Partir du site de Mballing


Produits Marchés locaux Marchés nationaux Marchés sous
régionaux
Guedj, tambadiang, 6.100kg 58.700kg 23.300kg
Yet
Pourcentages en% 6.9 66.6 26.5
Source : Thiaw 2010

Le « kétiakh » non salé est fourni suivant des commandes qui peuvent être très importantes
générant ainsi des chiffres dřaffaires significatifs tels quřillustrés par le tableau qui suit.

Tableau 46 : Tableau Commercialisation de kétiakh non salé dans la sous région


Nom GIE Poids vendu en kg Prix unitaire Prix total
Al hamdoulilah 4120 325F 1.339.000F
Yalla yalla 732 325F 237.900F
Gawsou guèye 5425 325F 1.763.000F
Elisabeth 3671 325F 1.193.075F
Mbarou hlm 614 325F 199.550F
Bokk diom 1 653 325F 212.225F
Bokk diom 2 5477 325F 1.780.025F
Sope Serigne saliou 675 325F 219.375F
Bokk khalate 8944 325F 2.906.800F
Sope Serigne Babacar 2497 325F 811.525F
Deggo 2276 325F 739.700F

185
Nom GIE Poids vendu en kg Prix unitaire Prix total
Sope Ablaye Mbaye 403 325F 130.975F
Sope Khadim 3690 325 1.199.250F
Yaya sy 4811 325F 1.563.575F
Total 43.988 14.296.000F
Source : Bureau du GIE de Mballing

Au niveau de Saly, Lřactivité de transformation fut Initialement installée à Saly Tapé dřoù
elles ont été déplacées avec lřaménagement touristique et recasées à l actuel site de saly
Coulang qui sřavère étroit. La plupart des femmes sont originaires de Ngueurigne vers keur
Maissa dans la C.R Maliocunda.En matière dřorganisation, le Groupement « Samba
Ndombone », est le seul dans la transformation qui soit reconnue dans la Commune en en
1988, avec un effectif de 15 femmes.

Les ressources transformées sont les murex (Yet), les poissons pour la production de
« Guedj », ŘSalé séché notamment le « tambadjan ». Les femmes sřapprovisionnent auprès de
mareyeurs et de pêcheurs au niveau local, au quai de Mbour.

Les quantités dřapprovisionnement par femme, varient de 15 à 200kg par jour pour des
valeurs de 5000 à 10.000FCFA. Les produits sont écoulés dans le marché de Mbour et au
niveau site de transformation où viennent sřapprovisionner les « banabana ». Le prix dřachat
est de 400 F à 500F le Kilogramme.

Le travail est individuel mais lřentre aide nřest pas exclue. Il faut souligner que malgré
lřancienneté et la place importante de la transformation dans les activités traditionnelles
féminines, elle fut surtout inhibée par le tourisme. En effet même si la complémentarité entre
économie locale et tourisme constitue un objectif majeur dans les projets dřaménagement
touristique, lřinstallation des réceptifs et le besoin dřespace de loisirs (plage) de par les sites
ciblés se sont avérées concurrentielles ou conflictuelles avec certaines activités traditionnelles
telle que lřagriculture, la pêche et la transformation.

Comme souligné par Sène (1987), « à Saly sur la Petite Côte, 25 ha de terre portant sur des
cultures de mil et dřarachide ont été retirées en 1977 à 21 paysans… dřautre part lřoccupation
linéaire du littoral par les réceptifs a limité lřaccès des pêcheurs aux plages… La principale
activité des femmes du village, le fumage du poisson leur a été strictement interdite ».

Lřactivité de transformation, quelle que soit son importance et sa place dans lřéconomie
locale, présente différentes contraintes notamment dans la commercialisation : le Manque de

186
maitrise des prix, le manque de maîtrise des quantités commercialisées, le bradage du fait de
manque de moyens…

III.3.3.4. Le tourisme impulsé et soutenu par la station de Saly


Le tourisme est devenu la première industrie selon l'Organisation Mondiale du Tourisme
(OMT). Elle représenterait 12% du PIB Mondial et emploie plus de 200 millions de personnes
(8% des actifs). Le tourisme est envisagé comme un acteur majeur du développement et de la
lutte contre la pauvreté.

Cependant, cette manne touristique est très inégalement répartie. Aujourd'hui l'Afrique ne
reçoit que 4% des arrivées de voyageurs et seuls quelques pays comme l'Afrique du Sud, le
Maroc, le Kenya, le Sénégal, l'Egypte ou la Tunisie sont réellement concernés.

Le tourisme constitue un secteur-clé de lřéconomie, qui a devancé lřarachide et figure au


deuxième rang après la pêche. Bien que le produit balnéaire soit désormais saturé et
concurrencé, le gouvernement sénégalais affiche lřobjectif ambitieux dřattirer un million et
demi de touristes. La Petite Côte, à seulement 80 km de Dakar, a profité de la désertion de la
Casamance et draine 70% des visiteurs. Le tourisme contribue effectivement de manière
directe et indirecte pour 6,7% au PIB du Sénégal avec 3,6% à lřemploi et 8,3% aux recettes
fiscales. La région de Thiès abritant la zone dřétude dispose dřun nombre important
dřinfrastructures essentiellement concentré dans la zone de saly qui polarise le tourisme sur la
Petite Côte.

27
hôtels
82
résidences
49
auberges
campements
40

Figure 42 : Répartition des établissements dans la région de Thiès

La station de Saly Sur ses 620 ha, en compte 16 hôtels de 2 à 5 étoiles (20%), 30 résidences
(75%), des villas de vacance.

187
Lřanalyse des indicateurs de la demande touristique de la région de Thiès montre en 2009 une
baisse généralisée notamment sur les nuitées et les arrivées. En effet, le nombre dřarrivées
globales a atteint son niveau le plus faible en 2009, passant de 140 973 arrivés en 2006 à
95 479 arrivés en 2009 soit une réduction de 32,27%. Le nombre de nuitées globales
enregistrées suit la même tendance, que celui précédent avec 710 460 nuitées dénombrées en
2006 ; contre 449 171 en 2009, soit une baisse annuelle de 14,2%. Le taux dřoccupation qui
avoisinait les 50% en 2005-2006 a perdu de près de 13 points de pourcentage, se stabilisant à
37% en 2009. (Rapport DPES 2011-2015).

7000
6000
5000
4000 nombres
d'établissements
3000
chambres
2000
1000
lits
0

Figure 43 : Répartition des indicateurs de demande touristique de la région de Thiès

Le tourisme est la deuxième locomotive de lřéconomie de Mbour. Il est développé par un


certain nombre de facteurs. Parmi ceux-ci il y a lřexistence dřune façade maritime, dřun
climat favorable mais aussi et surtout de la proximité de Dakar. Le programme
dřaménagement de la Petite Côte participe à la promotion du tourisme à Mbour.

Le développement du tourisme a été confié dans cette région à la Société dřaménagement et


de promotion de la Petite Côte (SAPCO, créée en 1975), une société dřéconomie mixte
transformée en société anonyme à participation publique majoritaire. Celle-ci construisit, en
bord de mer, à 5 km de Mbour, la station de Saly comprenant plusieurs hôtels bâtis autour
dřun centre commercial, avec parking, pharmacie, cafés, discothèques, boutiques destinées
aux touristes, plus un « marché artisanal » à proximité. Cet aménagement, conçu pour fixer
sur place les vacanciers, est complété aujourdřhui par des banques avec distributeurs de
billets, des cybercafés, des locations de voitures, de scooters, de quads et un port de plaisance,
continue de sřétendre, employant plus de 3 000 personnes et proposant un hébergement dřune

188
capacité de 8 000 lits. Le tableau qui suit donne lřévolution du poids de Saly dans le tourisme
sur la Petite Côte

Tableau 47 : Evolution du Poids de Saly dans le tourisme sur la Petite côte de 1988 à 1987
Années Arrivées % Petite Côte Nuités % Petite Côte
1988 40226 58,0 69319 180127 45,2 398739
1989 49992 62,0 80660 222225 47,1 472153
1990 38400 55,4 69263 188147 43,9 428781
1991 48525 61,4 79086 224864 50,8 442682
1992 51793 61,3 84555 251123 53,1 472486
1993 33183 54,2 61179 137092 38,0 360539
1994 46346 55,8 83100 217384 45,0 482606
1995 56456 58,9 95908 244175 47,5 513521
1996 52866 59,4 89066 257322 49,1 524260
1997 63800 61,8 103200 341700 53,3 641300
Source Diop A (1987).

Il faut dire que sur le plan territorial, la station était abritée par la Communauté rurale de
Malicounda qui connut une chute brutale de son budget du fait de lřérection de Saly en
Commune. Les données de ce tableau montrent le poids important de Saly sur le tourisme de
la Petite Côte, valeurs se situant entre 45 à plus de 50%. Cependant du fait de facteurs
multiples la destination vers Saly sřaffaiblit.

Ce dernier chapitre de la première partie présente les territoires à travers leurs caractéristiques
administratives et potentialités socioéconomiques.

De petits campements de pêcheurs, et zones de terroirs, la zone dřétude a connu de profondes


mutations. Les processus de construction des territoires furent très dynamiques soumis à des
facteurs historiques, sociaux, économiques et politiques. Le processus de peuplement fut
favorisé par plusieurs vagues migratoires dřethnies différentes venus de lřintérieur du pays et
de la sous région. Les stratégies spatiales dřoccupation de lřespace fondées sur les
opportunités économiques la pêche ou agriculture ont été rapidement bouleversées par le
gouvernement colonial qui procédant à des opérations de déguerpissement et un zonage
individualisant une zone résidentielle et une zone des quartiers indigènes.

Mbour fut donc érigé en Commune depuis la période Coloniale en 1926. Saly nřest devenue
Commune quřen 2008 et Malicounda en 2014 relevant du long processus de décentralisation
entamée par le Sénégal depuis 1972. Malgré les objectifs de développement visés, on assiste à
des morcellements en de petites entités. Cřest ainsi que Saly fut amputée de la Communauté
rurale de Malicounda.

189
Les ressources territoriales sont physiques et humaines. Elles offrent des opportunités ou sont
parfois sources de fragilités.

Sur le plan physique, les aspects climatiques, les sols, les ressources biologiques ont été
présentées. Les atouts de la partie littorale résident surtout sur la façade maritime et les
ressources halieutiques qui ont été fondamentalement valorisées à travers le tourisme et la
pêche

Malgré les aptitudes agricoles des sols, les zones de culture reculent de plus du fait de la
pression foncière et de lřurbanisation. Les zones de terroirs de Malicounda sont régulièrement
empiétées et morcelées rendant les populations rurales de plus en plus vulnérables.

Grâce à une volonté politique, de mettre en place des solutions face à la crise arachidière et la
sècheresse, le tourisme est développé à Saly dès 1980 avec la station balnéaire et la mise en
place de la SAPCO, à qui lřEtat du Sénégal a attribué des prérogatives de puissance publique
sur la totalité du périmètre de la Station. Malgré les contraintes du secteur touristique,
lřambition du gouvernement est dřen faire un puissant moteur de croissance économique. IL
faut dire que la pêche et le tourisme ont constitué les principaux moteurs de développement
de la zone qui a connu cependant une expansion spectaculaire, la ville de Mbour notamment
faussant toutes les prévisions en matière de planification. La forte croissance démographique
a entrainé, une demande et une consommation et croissante en ressources foncières,
halieutiques hypothéquant les principes dřun développement durable. On peut donc dire que
la zone présente des opportunités certaines mais aussi des contraintes surtout dans les usages
et mode de gestion.

190
Deuxième partie :
VULNERABILITE DES TERRITOIRES :
ENTRE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET
FACTEURS ENDOGENES

Structurée en trois chapitres, la troisième traite de la vulnérabilité des territoires aux effets du
changement climatique. En partant du postulant des effets du changement climatique et des
risques apparents essaie à partir dřun cadre dřanalyse (Magnan, 2009) dřanalyser les facteurs
structurels de vulnérabilité. Les forces motrices qui sont à la fois physiques,
socioéconomiques et politiques. Elles associent ainsi des éléments relatifs aux carctérisques
environnementale et humaines des territoires mais aussi dřautres, portant sur la gestion et la
gouvernance

191
CHAPITRE I : LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SES IMPACTS SUR LES
TERRITOIRES

Le changement climatique peut être compris, selon le GIEC (2007), comme les variations
moyennes des propriétés du climatn observées sur une longue période (IPCC, 2007). Le
Protocole de Kyoto définit le changement climatique comme étant les changements « qui sont
attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de
lřatmosphère mondiale et qui viennent sřajouter à la variabilité naturelle du climat »
(Convention Cadre des Nations Unis sur le Changement Climatique Article 1). Il a été
souligné que dès le 19ème siècle, la variabilité naturelle du climat a été amplifiée par des
émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre. Les effets du changement
climatique sont physiques et socioécomiques, lřampleur et lřétendue des dommages quřils
engendrent sont fonction du degré de vulnérabilité qui sřappréhende à son tour à plusieurs
niveaux relatifs aux caractéristiques naturelles, humaines, économiques et politiques des
territoires. La combinaison des actions physiques et humaines renforce la vulnérabilité des
territoires.

Les impacts du changement climatique relatifs à lřavancée de la mer, la dégradation des


terres, la baisse des stocks de ressources halieutiques, tels que prédits par le GIEC (2014),
sont redoutés sur lřensemble du globe mais à des intensités variables. Il apparaît que les zones
côtières, du fait de leur complexité, sont très sensibles aux changements environnementaux,
« la sensibilité étant le degré avec lequel les changements climatiques causent des
changements dans les systèmes environnementaux et activités socioéconomiques » (GIEC
2001in, Chouinard Bastan, Vandenlinden, 2011). Les zones côtières sont dřautant plus
vulnérables que leur développement économique et social est lié aux modalités dřutilisation
des espaces littoraux. Aujourdřhui, lřutilisation de ces zones est de plus en plus diversifiée
entraînant ainsi une pression sur ces milieux. A lřimage dřautres pays côtiers, dřimportants
changements environnementaux sont actuellement enregistrées au Sénégal (érosion côtière,
baisse des stocks de ressources halieutiques, inondation…) avec des impacts
socioéconomiques significatifs et si la tendance est maintenue la situation peut être
catastrophique.

Face à ces perturbations, des stratégies dřadaptation sont déployées à différents niveaux, du
global au local (individus, ménages, collectivités locales, sociétés privés, Etat). Vu les

192
impacts enregistrés, les stratégies dřadaptations deviennent fondamentales pour les différents
acteurs des territoires considérés. Il devient alors important dřidentifier toutes les
composantes des territoires, les ressources, communautés dans leur diversité, les différents
pouvoirs impliqués et/ou qui devraient lřêtre. La recherche des instruments de gestion
juridiques, politiques, sociaux jusque-là mis en place constitue également une priorité sous cet
angle. En effet, les enjeux sont énormes dans différents secteurs comme le tourisme balnéaire
directement lié aux ressources côtières. Sans politique dřadaptation, une élévation de 0,5
mètre dřici 2100 (GIEC, 2001, 2007) provoquerait des pertes de terrain directement par
submersion ou par érosion. « Traduits en termes économiques, les dégâts causés sur les
infrastructures sont actuellement estimés à plusieurs centaines de millions de dollars au
Sénégal, à près de 4,7 milliards en Côte dřIvoire (un quart de son PIB actuel) ou encore à 9
milliards au Nigeria (10% de son PIB actuel) » (CSAO/OCDE 2009).

Le Sénégal, comme de nombreux pays de la sous-région, reste vulnérable aux effets du


changement climatique. La répartition spatiale de ces impacts reste inégale probablement en
raison de la vulnérabilité différenciée des territoires fondamentalement liée à leurs caractères
propres à la fois physique et humain. Lřenjeu consiste ensuite à faire le lien entre les
différentes composantes territoriales et leur vulnérabilité. Les inondations, lřérosion côtière, la
dégradation des terres, la baisse des stocks des ressources halieutiques constituent les
principaux problèmes en relation avec le changement climatique qui se posent dans notre
zone dřétude, la Petite Côte à travers les territoires de Mbour, Saly et Malicounda.

I.1. Approche mutli-échelles du changement climatique

I.1.1. Changements globaux et alerte sur la responsabilité humaine


Le Sommet de RIO 1992 a longtemps été considéré comme une date repère dřalerte sur les
questions environnementales en leur donnant une portée mondiale. Les questions
environnementales, quoi que préoccupantes, pouvaient être considérées comme des
dérèglements assez localisés et maîtrisables avec cependant de gros efforts dans la
conservation et lřexploitation durable des ressources naturelles. « Les Etats ont reconnu la
nécessité dřagir ensemble même si le démarrage en 1957 dřun suivi régulier du dioxyde de
carbone atmosphérique (CO2), au sommet du Mauna Loa, à Hawaï, a mis en évidence la
réalité de son augmentation atmosphérique » (Le Treut, 2010).

193
Les différents problèmes environnementaux, comme la sècheresse, qui touchaient le globe
étaient généralement localisés sur des territoires restreints à petite ou grande étendue comme
une ville, un pays, un continent suivant des séquences pas toujours linéaires.

Le changement climatique, apparu comme une perturbation globale, de par ses causes et ses
conséquences, garde une dimension planétaire dont les Etats ont pris conscience et fait
intervenir de nouveaux paradigmes dans lřorganisation du monde et des relations Nord-Sud. Il
découle de lřaugmentation des gaz à effet de serre26 (GES) favorisée essentiellement par les
activités humaines même si le facteur naturel nřest pas exclu. Au Sénégal, 49% des émissions
de gaz à effet de serre proviennent du secteur énergétique, 37% de lřagriculture, 12% des
déchets et 2% des procédés industriels (Système d'Information Energétique du Sénégal (SIE),
2010). Le secteur énergétique est de loin le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre
avec un accroissement de plus de 28% entre 2000 et 2009. Lřutilisation des combustibles
fossiles pour des besoins industriels et domestique est principalement indexée. Depuis
l'avènement de la révolution industrielle, les plus dangereux de ces gaz (CO2, CH4, NO2, etc.)
ont connu une augmentation exponentielle dont l'origine est loin d'être naturelle (Den, 2007).
Le CO2 est à lui seul responsable de plus de 50% de l'augmentation de l'ensemble des GES
surtout produits par les industries consommatrices de combustibles fossiles. La combustion de
la biomasse produisant des GES et des aérosols affecte la composition de l'atmosphère. Dans
les années 1950, la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel injectait chaque année
environ 1,5 milliards de tonnes de carbone dans lřatmosphère. Les émissions sont également
renforcées par la déforestation.

Les émissions de gaz à effet de serre jouent un rôle très particulier car elles engagent le
système climatique sur une longue durée : plus la moitié du CO2 émis dans lřatmosphère est
encore là après 100 ans (contre quelques semaines pour la vapeur dřeau ou les poussières). A
ces aspects industriels, sřajoutent aussi la minéralisation avec lřurbanisation et les différents
systèmes dřexploitation de lřespace et des ressources (agriculture, élevage exploitation
forestière…). Les défrichements contribueraient à 20 à 25% de la totalité des émissions de
CO2). Par exemple, la déforestation dans lřindustrie du bois de la sous-région représente une
part importante du PIB. En effet, le Nigéria et la Côte dřIvoire sont les premiers producteurs
avec, successivement en 2000 3,4 millions de m3 et 9,4 millions de m3 (PNUE, 2008). Au

26
Les constituants gazeux de lřatmosphère, tant naturels Quřanthropiques, qui absorbent et émettent le
rayonnement infrarouge.

194
Sénégal, on note la multiplication des scieries à côté des massifs forestiers et le rythme de
recul des forêts est inquiétant. « Le processus de déforestation est estimé à environ 80.000
hectares par an, soit 1% de la forêt totale. À ce rythme, le Sénégal sřachemine vers la même
catastrophe que lřÉthiopie, autrefois couverte à 80% de forêts et qui nřen compte plus
aujourdřhui que 5% ». Pas moins de 50 000 hectares défrichés par an pour usage de culture ou
dřhabitation. La biomasse végétale constitue un réservoir de carbone, cependant, il peut être
contrebalancé par une perte de végétation.

Le changement climatique est dû à lřaugmentation de la concentration des gaz à effet de serre


essentiellement produits par les activités humaines et pourtant, malgré les alertes, la tendance
est loin dřêtre inversée. Selon le Rapport spécial du GIEC sur les scénarios dřémissions
(SRES, 2000), les émissions mondiales de GES (en équivalent CO2) augmenteront de 25 à
90% entre 2000 et 2030. Ainsi la tendance des émissions de CO2 continue dřinquiéter le
monde malgré une amélioration notée en 2009 (-1,3%) du fait probablement de la crise
économique générale. Déjà un an après, en 2010, on observe une hausse importante de 5, 9%
avec 36 milliards de tonnes de CO2 libérées dans lřatmosphère soit une augmentation de 40%
par rapport au taux de 1990.

En valeur absolue les plus grands émetteurs sont la Chine, les Etats-Unis, l'Inde, la Russie et
le Japon. La dynamique des émissions est beaucoup plus importante dans les pays émergents
avec (+7,6%) que dans les pays développés avec 3,4% ; les valeurs pour la Chine et lřInde
étant successivement +10,4% et +9,4%. Les figures (GIEC 2014) qui suivent montrent
lřévolution des températures à lřéchelle du globe.

Figure 44 : Evolution des températures mondiales (Source GIEC 2014)

195
Avec la publication successive de différents rapports, le GIEC appuie sur la sonnette dřalarme
pour avertir lřhumanité des perturbations du climat et de la part de lřhomme dans le
processus.

Il a publié son premier rapport en 1990. Mis à jour en 1992, ce rapport a servi de base à la
négociation de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques,
adoptée à Rio de Janeiro en juin 1992.

Le rapport publié en 2001, à travers ses trois volets, présente les bases scientifiques, Impacts,
adaptation et vulnérabilité et Mesures d'atténuation au changement climatique. Il fait état de
l'augmentation des indices témoignant d'un réchauffement de la planète et d'autres
modifications du système climatique.

En février 2007, le GIEC publie le premier volume de l'édition 2007 du rapport "Changement
climatique 2007 : les bases scientifiques physiques qui établit la responsabilité humaine dans
le réchauffement climatique. C'est le bilan de six années de travaux menés par un réseau de 2
500 scientifiques. Les experts confirment le rôle des émissions de gaz à effet de serre et la
gravité des changements en cours : perspective d'augmentation moyenne de 1,8°C à 4°C et
hausse du niveau des océans de près de 60cm d'ici la fin du siècle, généralisation de vagues de
chaleur et d'épisodes de fortes précipitations.

En avril 2007, le GIEC publie le deuxième volume qui établit un diagnostic alarmant des
impacts du réchauffement climatique, malgré les réticences chinoises et américaines sur les
conclusions, et notamment la demande américaine de retirer la quasi totalité des données
chiffrées du résumé.

Le GIEC insiste sur deux principaux messages : en premier lieu, le réchauffement déjà en
cours frappera toutes les régions du monde, mais prioritairement les pays en développement
d'Afrique et d'Asie. Par ailleurs, au-delà de 2 à 3 degrés de hausse par rapport à 1990, ce
réchauffement aura des impacts négatifs.

Le plus récent rapport du GIEC (5ème rapport), avril 2014, est consacré aux impacts à la
vulnérabilité et à lřadaptation

196
I.1.2. Les projections sur le climat et incertitudes dans les scénarios climatiques
globaux
Comme dans différents endroits du globe, Les données climatiques de lřAfrique pour les 30-
40 dernières années montrent que le réchauffement planétaire s'est fermement installé. Si les
tendances actuelles continuent, les modèles climatiques prévoient quřen 2050, lřAfrique
subsaharienne se sera réchauffée de 0,5 à 2 degrés Celsius (CLACCS, 2007). Elle sera
également plus sèche avec une baisse de 10% des pluies à lřintérieur et une perte dřeau
exacerbée par des taux dřévaporation plus élevés (Aho et al., 2006).

Les modèles ont très largement permis dřanticiper les changements qui ont commencé à se
produire dans les dernières décennies. Dès que lřaugmentation du CO2 atmosphérique a été
constatée, dans les années 1960 ou 1970, les scientifiques ont cherché à imaginer ce que
pourrait être le climat dřune planète dont la concentration atmosphérique en CO2 aurait été
multipliée par 2, une échéance appelée à se produire un siècle plus tard environ. En 1979 le
Professeur Charney publiait un rapport à lřAcadémie des Sciences américaine qui prévoyait
dans ce cas un réchauffement global considérable, allant de 1.5°C à 4.5°C. Cet ordre de
grandeur sřest révélé dřune très grande robustesse au fil des années, alors que les modèles
devenaient beaucoup plus réalistes avec lřaugmentation de puissance considérable des
ordinateurs. En 1988, la création du Groupe Intergouvernemental dřExperts pour lřEtude du
Climat (GIEC) a donné un cadre plus précis à lřévaluation des résultats scientifiques. Les 4
rapports de 1990, 1995, 2001 et 2007 ont eux aussi confirmé les prévisions des premiers
modèles.

Malgré les efforts enregistrés dans la collecte et la diffusion des connaissances sur les
changements climatiques provoqués par l'homme, lřincertitude demeure dans ce champ de
recherche. Les incertitudes ont trait à lřamplitude et à la localisation (dans le temps ou dans
lřespace) des effets attendus. Tel que signalé, « Il est encore impossible de répondre à des
questions précises telles que : quels seront les impacts locaux les plus importants et comment
sřen protéger ? A quel niveau doit-on réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter
tout danger ? Lřincertitude qui affecte encore les résultats des modèles, traduit sans doute une
imprévisibilité partielle des évolutions climatiques, et elle nous oblige à reconsidérer la notion
de risque ». Cela est dřautant plus nécessaire quřun ensemble croissant dřétudes a évalué la
vulnérabilité des changements locaux à des niveaux approximatifs de changements
climatiques globaux.

197
« Par ailleurs il est probable que tout nřest pas prévisible dans lřévolution du climat et que
lřapproche qui consiste à sans cesse améliorer les modèles ne fournira pas tous les éléments
que recherchent les décideurs ».

I.1.3. Variabilité climatique en Afrique de l’Ouest et projection


Les pays de lřAfrique de lřouest entre le Sahara et lřéquateur et entre lřAtlantique et le Tchad
ont connu une longue et intense période de déficits pluviométriques qui ne semblait pas avoir
dřéquivalent dans une période antérieure Uroy (1934). Dans lřhistoire récente, deux grandes
périodes de sècheresse ont été relevées : celles de 1910-1916 et de 1941-1945 qui fut moins
intense et plus courte avec des déficits pluviométriques de 50 à 70%. Les périodes qui
suivirent se caractérisèrent par leur durée, leur intensité et leur extension. Les études récentes
menées montrent des déficits pluviométriques. Les précipitations diminuent dans toute
lřAfrique de lřOuest et Centrale au cours des décennies 1970 et 1980. Les déficits les plus
importants ont été enregistrés dans toute lřAfrique de lřOuest et Centrale durant la période
1983-1984, lřannée 1983 étant la plus sèche du siècle de la Mauritanie à lřAngola. Les
déficits sont plus faibles en direction de lřAfrique Centrale et Equatoriale (Mahé et Olivry,
1991, 1995, 1999).

Les causes de cette péjoration climatique sont liées aux changements globaux survenus dans
le climat de la terre du fait de l'effet de serre (UICN, Green Sénégal, 2009). Le Sénégal a
enregistré dans le passé, des sécheresses aussi intenses et durables, dans le temps ; entre 1910-
1916, puis en 1926 et dans les années 1940 pour la période 1940 à 1999, huit des dix années
record les plus sèches se situent entre 1970 et 1986.

Pour la période sèche des années 60, 70 et 90, le début est fixé en 1968 où certains secteurs de
la Mauritanie, Nouhadibou, 93%, le Burkina, Ouagadougou 27%, le Mali, Tombouctou 56%
avaient déjà subit dřimportants déficits. Trois séquences très déficitaires ont été identifiées :
1970-1973, 1976 -1977 et 1980-1984.

Aux années de forts déficits que sont 1972, 1973, 1977, 1980, 1981, 1982, 1983 et, 1984
(année record), toutes les stations du Sénégal sont restées déficitaires (60 à 80% de déficit).
En 1983, année dřanomalie climatique dans le monde entier, la moitié de la Sénégambie et la
quasi-totalité de la Mauritanie au Nord dřune ligne Ziguinchor - Matam - Aïoun, nřont pas
reçu 50% de leur pluviométrie normale. Le Sénégal a connu une forte baisse de la
pluviométrie qui s'est traduite par une translation des isohyètes vers le Sud. Le volume des

198
précipitations a globalement diminué et la répartition des pluies dans l'espace a connu une
forte irrégularité.

Figure 45 : Dynamique spatiale des précipitations de 1951 à 2005


(LERG, in Ndiaye et Sané, 2010)
Cette évolution négative s'est manifestée par des cycles de sécheresse qui ont engendré de
graves crises à partir du début des années 70, la destruction du couvert végétal avec comme
corollaire la dégradation des sols. Aux années de forts déficits que sont 1972, 1973, 1977,
1980, 1981,1982, 1983 et 1984, toutes les stations à lřimage de celle de Mbour sont restées
déficitaires (60 à 80%) à lřexception de Kédougou.

199
Figure 46 : Moyennes décennales pluviométriques (mm)
Source : Centre de Suivi écologique

Selon Leroux (1982), la sécheresse des années 1968 sřest traduite au niveau de lřécoulement,
des sols et de la végétation. Son intensité fut surtout ressentie dans le Nord- ouest du pays
avec des déficits de 60 à 70%. Lřisohyète de 500mm a connu une translation de 200km vers le
sud près de Nioro du Rip, tandis que lřisohyète 1000mm se retrouvait après la frontière du
Sénégal et des deux Guinée (Bissau et Conakry).

Entre 1980 et la première moitié des années 90, l'isohyète 400mm a fortement régressé vers le
Sud, tandis que la frange septentrionale a été de plus en plus marquée par l'installation de
conditions arides (moins de 200mm de pluies). La baisse persistance des précipitations a
conduit à une migration des isohyètes vers le Sud et y installé une certaine aridité.

Les projections sur le climat en Afrique montre dérèglement pluviométrique est beaucoup
plus marqué dans la sous région sahélienne qui a connu une évolution spatio-temporelle assez
variée depuis 1950 (Lebel et Ali, 2009 in Ndiaye et Ndiaye, 2013). La majorité des rapports
récents mettent en exergue trois périodes de référence dont la période humide est 1950-1969,
la période de sécheresse est 1970-1990. La période de « retour apparent » de la pluviométrie
vers des conditions normales, commence vers la fin des années 1990.

200
Tel quřillustré par les figures qui suivent, la modélisation, projette des conditions sèches au
Sahel et humides dans les zones dřorographie. Le changement sur les extrêmes montre que la
réduction des précipitations moyennes au Sahel sont associées à des épisodes de sècheresses
de plus en plus fréquentes et moins dřévènements pluvieux intenses.

Figure 47 : Variation des températures et précipitations futures (Source Gaye et All, 2009)

En effet Gaye et al (2009, 2010) ont utilise le modèle RegCM3 (Giorgi et al.1993 ; Pal et al.
2007), imbrique dans le modèle global ECHAM5 validé sur lřAfrique de lřOuest et le
Sénégal, il a été utilisé pour envisager de nouveaux scenarios de changements climatiques ; le
scenario dřémission SRES sélectionné a cet effet est A1B (GIEC, 2000). Les deux périodes
futures (2031- 2050 et 2081-2100) enregistrent un déficit sur tout le Sénégal et dans toutes les
différentes zones pour chaque mois dřété et aussi pour la moyenne des trois mois (Juin, Juillet
et Aout).

En 2031-2050, le déficit pluviométrique est plus grand en Juin et a lřEst du Sénégal alors
quřen 2081-2100, il sera beaucoup plus important dans tout le Pays.

Les précipitations montrent, en général, des anomalies négatives dans tous les mois dřété. Les
amplitudes les plus importantes sont notées au mois dřaout, sauf au Sud du pays ou les larges
amplitudes apparaissent en Juillet. Les stimulations montrent que la hausse de la température
moyenne devrait s'accompagner d'une baisse des totaux pluviométriques avec une

201
accentuation dans la succession périodes pluvieuses/périodes sèches, nombre de jours secs et
Variations du nombre de jours
une intensification des situations extrêmes
et intensité de pluies (NWD et intensity)

Variation des longueurs


Figure 48 : Variation desetséquences
du nombre de jours intensité de pluieshumides (WSL)
(NWD et intensity)
et sèches
Source (DSL)
Gaye et All, 2009

Figure 49 : Variation des longueurs des séquences humides (WSL) et sèches (DSL)
Source Gaye et All, 2009
Les températures ont plutôt tendance a augmenter avec un plus grand réchauffement dans les
deux dernières décennies du 21eme siècle, sur tout le Sénégal. Les plus petites anomalies sont

202
localisées en juin partout au Sénégal, sauf à lřEst, alors que les plus grandes amplitudes sont
notées en Juillet et Aout. Le record sera atteint en Juillet, à lřEst du Sénégal avec plus de 6°C
de réchauffement. Lřévaporation pourrait être plus importante. Le flux de mousson pourrait
transporter, certes, beaucoup plus dřhumidité de lřocéan vers le continent. Mais toute cette
humidité serait transportée en dehors du continent par le Jet dřEst Africain (JEA) dont la
vitesse a augmenté de plus de 6m/s. ce phénomène est imputable a lřaugmentation du gradient
de température. Le JEA, subissant un déplacement vers le sud, pourrait rendre les régions
nord du Sahel, comme le Sénégal, beaucoup plus sèches

Déficits de pluies Déficits de pluies accentués

Réchauffement Réchauffement plus intense

Figure 50 : Variation déficit pluie et réchauffement


Source Gaye et Al., 2009

I.2. Les impacts du changement climatique à l’échelle globale


Le 5ème rapport du GIEC (2014) consacré à la vulnérabilité et lřadaptation aux impacts du
Changement climatique, après avoir précisé que ce sont les manifestations sur les systèmes
naturels et humains définit lřimpact en ces termes Ŗimpacts in this report, the term impacts is
used primarily to refer to the effects on natural and human systems of extreme weather and
climate events and of climate change. Impacts generally refer to effects on lives, livelihoods,
health, ecosystems, economies, societies, cultures, services, and infrastructure due to the
interaction of climate changes or hazardous climate events occurring within a specific time
period and the vulnerability of an exposed society or system. Impacts are also referred to as
consequences and outcomes. The impacts of climate change on geophysical systems,

203
including floods, droughts, and sea level rise, are a subset of impacts called physical
impacts.ŗ27

Le changement climatique entraine la modification de différents paramètres climatiques tels


que, la pluviométrie, les températures ce qui aura des manifestations à lřéchelle mondiale, sur
lřhumidité des sols, lřélévation du niveau des océans. Dans cette perspective, des épisodes de
fortes chaleurs, dřinondations de sècheresse sont attendues. Malgré lřincertitude le GIEC
(2007) précise « quřil est fort probable que les chaleurs extrêmes, les vagues de chaleur et les
événements de fortes précipitations continueront à devenir plus fréquents" Ils peuvent
cependant avoir des effets bénéfiques sur les systèmes environnementaux mais plus lřampleur
et le rythme de ces changements seront important, plus les effets néfastes prédomineront
(GIEC, 2007).

Les impacts du changement climatique en zone côtière sont actualisés dans le dernier rapport
du GIEC qui en prédit la dynamique et lřintensité dans différentes zones géographiques.

En zone côtière des perturbations telles que les inondations, lřérosion côtière sont à nouveau
soulevées ŖDue to sea level rise projected throughout the 21st century and beyond, coastal
systems and low lying areas will increasingly experience adverse impacts such as
submergence, coastal flooding, and coastal erosionŗ (GIEC 2014)28.

27
"Impacts dans le présent rapport, le terme impact est principalement utilisépour désignerles effetssur les
systèmes naturelset humains desévénements météorologiques et climatiquesextrêmes etdes changements
climatiques. Les impacts se réfèrent généralementà des effetssur la vie, les moyens de subsistance, la santé,
les écosystèmes, les économies, les sociétés, les cultures, les services et l'infrastructureen raison de
l'interaction des changements climatiquesou des événements climatiques dangereux survenant dans une
périodede temps spécifique et de la vulnérabilité d'une société ou d'un systèmeexposé. Les impacts sont aussi
appelés les conséquences et les résultats. Les impacts du changement climatique sur les systèmes
géophysiques, notamment les inondations, les sécheresses et l'élévation duniveau de la mer, sont un sous-
ensemble dřimpacts appelés impacts physiques.
28
En raison de l'élévation du niveau de la mer projetée au 21ème siècle et au-delà, les systèmes côtiers et les
zones basses vont subir des impacts indésirables tels que la submersion, les inondations côtières, et l'érosion
côtière.

204
Carte 15 : Répartition spatiale des impacts du changement climatiques (Source IPCC 2014)

Sur la biodiversité marine et la pêche : ŖDue to projected climate change by the mid 21st
century and beyond, global marine-species redistribution and marine-biodiversity reduction in
sensitive regions will challenge the sustained provision of fisheries productivity and other
ecosystem servicesŗ (IPCC, 2014)29

En zone urbaine: des phénomenes extrêmes (precipitations) peuvent survenir ŖHeat stress,
extreme precipitation, inland and coastal flooding, landslides, air pollution, drought, and
water scarcity pose risks in urban areas for people, assets, economies, and ecosystemsŗ.

En zone rurale, les impacts portent sur lřeau, les facteurs de productions, la sécurité
alimentaire ŖMajor future rural impacts are expected in the near term and beyond through

29
En raison de changements climatiques prévus par au 21ème siècle et au-delà, la répartition mondiale des
espèces marines et la réduction de la biodiversité marine dans les régions sensibles vont défier la fourniture
durable de la productivité de la pêche et d'autres services écosystémiques.

205
impacts on water availability and supply, food security, and agricultural incomes, including
shifts in production areas of food and non-food crops across the worldŗ (IPCC, 2014)30.

Ces prévisions listées sont les principales perturbations ressorties de nos travaux et pour
lesquelles se porte lřanalyse des vulnérabilités des territoires étudiés. La carte n° 18 établie
par le GIEC donne la répartition spatiale des perturbations à lřéchelle mondiale avec des
symboles en termes dřoccurrence et dřintensité.

En zone rurale, africaine, la dégradation des terres, et la baisse de la productivité des


écosystèmes agropastoraux, et les migrations de population constituent les principaux impacts
du changement climatique.

Les projections faites sur le climat prévoient en effet des conséquences dans les activités de
productions en Afrique tels que lřagriculture, lřélevage et posent ainsi la question cruciale de
la sécurité alimentaire. Les systèmes de production en Afrique sont encore aléatoires et restent
fondamentalement liés à la pluviométrie qui risque dřêtre modifiée selon les prévisions.

Par exemple la Banque Mondiale, en vue de mobiliser la communauté internationale autour


des mesures à prendre pour contenir le réchauffement à 2°C signale dans un article dédié à
lřAfrique et à lřAsie (2013) « avec un réchauffement de 1,5 à 2°C, sécheresse et aridité
rendront entre 40 et 80% des terres agricoles impropres à la culture du maïs, du millet et du
sorgho à lřhorizon 2030-2040 »

La sévérité des incidences du changement climatique sur une exploitation, une localité, un
agro-écosystème, un pays ou une région donnés de lřAfrique subsaharienne sont fonction
d'une vaste gamme de facteurs locaux, régionaux et internationaux (FAO 2007), y compris
l'ampleur du changement, la probabilité de changement, le rythme du changement et sa durée,
ainsi que la tolérance et les capacités du système (aptitude à lřadaptation). En raison de la
multitude de conditions géographiques, environnementales, sociales et économiques à travers
le continent, une incidence pourrait être porteuse dřavantages pour un groupe social mais
dřinconvénients pour un autre.

30
Des impacts ruraux, significatifs sont attendus à court terme et à long terme sur la disponibilité et
l'approvisionnement en eau , la sécurité alimentaire et les revenus agricoles, y compris des changements dans
les zones de production agricoles et non agricoles à travers le monde.

206
Tel que présenté dans le tableau qui suit au Sénégal, les impacts du changement climatique
peuvent être divisés en deux grands groupes, physiques et anthropiques. Ils se manifestent
différemment en zone côtière et en zone continentale.

Les perturbations probablement liées au changement climatique ou en partie identifiées au


Sénégal sont : les inondations, lřérosion côtière, la baisse des stocks et la fragilisation des
services écosystémiques. Comme le note Niang Diop (1994) « Les principaux problèmes
environnementaux que connaissent les côtes sénégalaises sont liés plus ou moins directement
à des paramètres climatiques, les plus importants étant : les inondations, lřérosion côtière, la
salinisation des eaux et des sols, la dégradation des mangroves et les variations des ressources
halieutiques ».

Tableau 48 : Impacts du changement climatique en zone marine et côtière du Sénégal


Principaux impacts physiques Conséquences attendues

Élévation du niveau marin (0,09 à 0,88 m Recrudescence de lřérosion côtière


entre 1990 et 2100) Inondation des zones côtières basses
Salinisation des eaux et des sols
Risques de disparition des mangroves
Augmentation des hauteurs de houle Recrudescence de lřérosion côtière

Une hausse de la température des mers Modifications de la structure et de la composition


Réchauffement des eaux océaniques des espèces marines (poissons et avifaune),
Changement salinité des eaux. La répartition des habitats
Développement dřagents toxiques dans les animaux
marins (mollusques et poissons essentiellement)
Modification des upwellings Modifications de la structure et de la composition
des espèces marines (poissons)
Source : MEPNBRLA, 2009

En zone marine, nous retrouvons lřélévation du niveau marin de 0,09 à 0,88m entre 1990 et
2100 tel quřannoncé par le GIEC, lřaugmentation des hauteurs de houle qui vont entrainer une
recrudescence de lřérosion côtière, inondation de zones côtières basses, la salinisation des
eaux et des sols et les risques de disparition de la mangrove. Comme autres impacts
physiques, on note une hausse de la température des mers, un réchauffement des eaux
océaniques, un changement de salinité. Ces éléments vont surtout affecter la biodiversité
marine à travers la modification de la structure et de la composition des espèces marines
(poissons et avifaune), leur habitat mais également le développement dřagents toxiques dans
la faune marine les mollusques et poissons essentiellement.

207
Dans ce travail, nous insisterons surtout sur lřérosion côtière identifié comme conséquence de
lřélévation du niveau de mer du au réchauffement climatique, la modification de la structure
de poisson ou la variation des stocks imputée à une hausse des températures et une
modification des upvelling, les inondations pouvant être dues à des phénomènes extrême, la
dégradation des terres relative aux changements de ressources foncières. Lřanalyse se fera à
partir de données bibliographiques et de données de terrain sur les éléments de perceptionsont
surtout analysées à partir des enquêtes de perception.

Tableau 49 : Impacts du changement climatiques en zone continentale


Principaux impacts physiques Conséquences attendues
Les effets physiologiques sur les cultures, Une baisse des rendements et de la
les pâturages, les forêts et lřélevage production
(quantité et qualité)
Les changements dans les ressources Une réduction marginale de la part
foncières, en sols et en eau (quantité et agricole du PIB
qualité)
La pression accrue des adventices et Fluctuation coûts des denrées
ravageurs Régimes commerciaux
Des changements dans la répartition Insécurité alimentaire, faim
spatiale et temporelle des incidences
Source MEPNBRLA, 2009

Dans la partie continentale tel que illustré par le tableau qui précède, le défi principal porte sur
la sécurité alimentaire qui est affectée de différentes manières (son impact sur la production,
lřaccès à la nourriture et la distribution) par le changement climatique. Les principaux impacts
biophysiques sont les effets physiologiques sur les cultures, les pâturages, les forêts et
lřélevage qui vont entrainer une baisse des rendements, les changements de ressources en
terres, en sols ; la pression accrue des adventices et es ravageurs, les changements dans la
répartition spatiale et temporelle des incidences.

I.3. Les impacts du changement climatique dans la zone d’étude


A travers la revue documentaire, lřobservation et les enquêtes, nous travaillons 4 impacts
conséquences majeures dřimpacts physiques du changement climatique se distinguent dans la
zone dřétude : les inondations, lřérosion côtière, la baisse des stocks de ressources halieutique,
la dégradation des terres apparait aussi bien en milieu continent que côtier. La perception et la
connaissance des individus est sous lřinfluence de plusieurs éléments, leur âge, leurs activités,
la zone dřhabitation (côte, continent). Elle dépend aussi de facteurs culturels.

208
En zone marine, on retrouve dans la terminologie locale, différents noms traduisant des
perturbations locales qui sont perçues par un certain nombre dřindicateurs constituant en fait
des manifestations ou des conséquences de phénomènes extrêmes. Le tableau 55 qui suit
établit la liste des noms en wolof et en français.

Les aspects hydrodynamiques (tempête, mer agité, bredouille) ont surtout été évoqués par les
pêcheurs qui savent lire les phénomènes météorologiques et marins quand ils sont en mer, ce
qui peut leur permettre de prendre des mesures anticipatives. « Les jeunes pêcheurs
dřaujourdřhui ne connaissent rien de la mer, nřont que leur GPS » nous ont dit certains
pêcheurs à la retraite.

Tableau 50 : Connaissance des perturbations par les communautés côtières


Nom local des perturbations Nom français
Sambara Déferlante, tempête, mer agitée
Kaya Bredouille,
Mbeund Inondation
Bal Resurgence
Gueunou Houle, vague
Guedji guiy Nieuw Avancée de la mer
Békoor, maral Sècheresse, deficit pluviométrique
Source Thiaw Focus-Group avec les pêcheurs (2010)

Les différentes perturbations ont toutes des indicateurs à travers leurs impacts sur le cadre de
vie et des activités, la pêche notamment. Le tableau est récapitulatif ; les différentes
perturbations ne sont pas également ressenties dans toute la zone dřétude. Elles sont en
général localisées. Cřest ainsi, les inondations ont surtout touché Mbour, lřérosion à Saly et
un quartier à Mbour, la baisse des prises de poissons évoquée au niveau de tous les quais de
pêche, la dégradation des terres essentiellement dans la partie continentale de Malicounda.

Pour lřavancée de la mer, il sřagit surtout de lřérosion côtière et de la réduction constante de


la distance à la mer (de 70-100m maintenant on est presque dans lřeau, des maisons ont
disparu, Perte de plage, Perte de clientèle touristique.

Pour les inondations, il sřagit juste de lřenvahissement des quartiers et infrastructures envahis
par les eaux de pluies. Les indicateurs pour la variation des stocks et de la biodiversité
halieutique, sont surtout la baisse des prises, la disparition et rareté de certaines espèces de
poissons, notamment des espèces nobles, lřéloignement zones de pêche 30-40 à + de 150
mailles. Quant à la dégradation des terres, elle se manifeste par la baisse de la productivité, de
la salinisation, de lřexposition à lřérosion hydrique ou éolienne.

209
I.3.1. Les inondations dans la commune de Mbour
Une inondation est un envahissement ou une submersion par les eaux de pluies, de mer, de
fleuve ou de nappe dřun territoire bien défini occupé par des installations humaines, des terres
de cultures. Comme dans différents endroits du globe à lřéchelle du pays, plusieurs localités
sont touchées par les inondations de fait de fortes pluies, mais aussi de débordement des eaux
fluviales tel quřenregistré dans les régions de Saint-Louis, Louga, Tambacounda, Kolda. En
effet avec un retour abondant des pluies les inondations se sont posées avec acuité dans
différentes villes du Sénégal, tel que Mbour, Thiès, Pikine, Thiaroye, Fatick causant des
nuisances énormes et dřimportants dégâts aux populations...Cependant à lřéchelle nationale
ou à lřintérieur des territoires, lřoccurrence nřa pas la même ampleur. Elles restent enfin très
localisées. 50.300 personnes sinistrées sont enregistrées en 2003 et 200.000 en 2004 et plus de
20.000 maisons effondrées ou inondées. En effet en 2009, à lřéchelle nationale, 379 sites
(Quartiers, édifices publics) ont été affectés par les inondations dont 199 pour la seule région
de Dakar et essentiellement concentrées dans la banlieue avec les quartiers de Thiaroye,
Yeumbeul. (DPC-PNUD, 2008). Il en est de même pour Mbour où 13 sur les 27 que compte
la ville sont touchés par les inondations.

210
Carte 16 : Quartiers régulièrement inondés dans la Commune de Mbour
I.3.2. L’occurrence de l’érosion côtière dans la zone d’étude
Lřélevation du niveau des océans constitue un des impacts physiques du changement
climatique qui affectera les côtes par submersion et érosion. Les principaux facteurs de
croissance du niveau des mers sont la dilatation thermique et la fonte de réservoirs terrestres
de glaces (glaciers, calottes polaires…). Le tableau qui suit présente des projections
dřélevation du niveau de la mer jusquřen 2010 à partir dřhypothèse optimiste, pessimiste et
extrême (2030, 2050, 2100).

Tableau 51 : Projections d’élévation du niveau des mers en cm par rapport aux valeurs de la fin
du XXe siècle, selon les hypothèses d’évolution du climat.
Hypothèse 2030 2050 2100
optimiste 10 17 40
pessimiste 14 25 60
extrême 22 41 100
Source : Onerc, 2010

La totalité des pays de la sous région est affectée par lřérosion côtière et le recul du trait de
côte. Le Sénégal nřéchappe pas à cette règle, cependant le processus dřérosion côtière de par
son ampleur se présente de façon modérée à très inquiétante.

Lřexposition de certaines zones est déterminée par les caractéristiques morpho structurales et
topographiques mais les enjeux sont surtout économiques et sociaux. En effet, certains
milieux en plus de leur configuration spatiale contraignante, leur sensibilité
environnementale, présentent donc des prédispositions naturelles mais font aussi lřobjet
dřautres atteintes, œuvres de lřhomme contribuant effectivement à lřaccélérer ou à augmenter
leur risque dřexposition. Le littoral présente également une vulnérabilité structurelle intégrant
également les dispositifs institutionnels mis en place pour la gestion des risques.

Au niveau du Sénégal lřérosion côtière constitue ainsi une préoccupation majeure car
menaçant différentes collectivités locales. Le rapport national formulation dřun programme de
lutte contre lřérosion côtière établi en 2008 fait références à différents travaux dont
notamment ceux dřIsabelle Niang Diop (1993, 1995, 2007). Lřétude de lřévolution historique
du trait de côte fait apparaître un recul moyen de 0,86m avec une marge dřerreur de 0,39m
avec cependant des cas locaux qui attirent lřattention par les grandes valeurs retrouvées dans
ces zones.

211
La situation de lřérosion au niveau de la zone dřétude a fait lřobjet de différentes études : La
zone dřétude se situe dans vaste ensemble, dénommé Petite Côte où lřérosion côtière constitue
un phénomène préoccupant. Elle reste cependant marquée par une alternance de zone en
phase dřaccumulation et dřautres en phase dřérosion (Barusseau, 1980, 1984). Le bilan positif
obtenu au niveau de Mbodiène confirme la thèse de Barusseau selon laquelle la Petite Côte
est un secteur avec une alternance de zone en phase dřaccumulation et dřautres en phase
dřérosion. Cependant la baisse du taux dřengraissement et le bilan négatif observé entre 2002
et 2007, montre un déséquilibre sédimentaire (CSE, 2007).

Au niveau des territoires de Mbour, Saly et Malicounda, cette alternance de phases dřérosion
et dřaccumulation est également évoquée (Ba, 1996, CSE, 2004, Fall, 2012, Faye 2012),
relatent également cette alternance de phases dřaccumulation et dřérosion.

Les travaux de Turmine (2000) sur la plage de Mbour à Joal montre une grande proportion de
secteurs relativement stables depuis 1946 avec quelques variations spatiales inter-annuelles.
Ces secteurs, souvent caractérisés par des croissants de plage, montrent un fort transit
sédimentaire et peuvent être rapidement perturbés par lřanthropisation. Néanmoins, on peut
distinguer également des secteurs qui montrent une opposition entre la dynamique depuis
1946 et la dynamique actuelle. Ainsi, des zones traduisent une progradation dans un contexte
de recul depuis 1946 (amont de la dune ogolienne de Mbour, Pointe de Warang, Pointe
Sarène, sud de Nianing, Flèche de Mbodiène nord et Pointe Gaskel), contrairement aux
secteurs tels que Joal Ŕ port et Pointe Sarène (Village) qui montrent une érosion alors que le
bilan depuis ces cinquante dernières années était légèrement progradant.

Au niveau de la zone de Saly, des phénomènes dřérosion côtière sont observés dans certains
secteurs restent préoccupants du fait surtout des enjeux économiques. Ainsi, Ba (1996),
signale des phénomènes dřérosion à Saly qui se sont manifestés par lřinvasion par la mer
dřespaces et par des menaces sur certaines structures hôtelières. Des reculs du rivage de 10 à
plus de 20m entre 1994 et 1996, sont observés correspondant à des taux de recul annuel de 5 à
plus de 10m par an, ce qui est considérable.

Les résultats de lřétude dřavant projet du fonds dřadaptation (CSE, 2001) montrent pour la
période 1989 à 2009 étudiée, un cycle dřérosion dans le secteur de Saly. La zone ciblée sřétire
sur une longueur dřenviron 5km et a une largeur variable entre 10m à 40m. Il est compris
entre Saly Tapé et Saly Niakhniakhal et est essentiellement dominé par les installations
touristiques de Téranga à Espadon. Les valeurs de distances repères-trait de côte pour la

212
période 1989/2001, renvoient à un cycle dřérosion certain dans le secteur. Entre 2001 et 2009,
cette propension à lřérosion semble sřestomper sur certains repères, avec une exception, où le
taux dřévolution est égal à -3,11m/an. Au niveau de Pointe Sarène, la dynamique fut
spectaculaire, avec lřenregistrement entre 1989 et 2007, dřun recul du trait de côte de
11,04m (CSE, 2007).

Les travaux de Fall (2012) confirment également cette succession de phase dřaccumulation et
dřérosion dont le processus est accéléré dans certains secteur de la Commune de Mbour
notamment du cap de Téfess à au quartier de Mbour Maure, entre 1954 et 2007, lřérosion est
maximale avec une valeur de -62,5m à hauteur du quartier de Mbour Maure. Lřanalyse des
variations du trait de côte se résume donc à des fluctuations qui ont tendance à sřéquilibrer
dans la partie Nord du littoral (quartier Résidence et Téfess) ; le tronçon Sud du littoral étant
caractérisé par une forte accrétion au cours de la période 1954-1989 et une érosion marquée
entre 1989-2007. Cette inversion sédimentaire se traduit en effet par un taux dřévolution de
0,95m pour la première série chronologique et de -0,84m pour la seconde.

La définition de lřérosion côtière pose souvent un problème de choix dřéchelle spatiale et


temporelle. Cřest lřobservation et lřappréciation donc dřun phénomène qui se produit sur le
long terme pour en déterminer la dynamique. La partie réservée à la discussion conceptuelle a
mis exergue plusieurs concepts reflétant la segmentation de lřespace côtier et de la
terminologie variée pour désigner les mêmes ou différentes portions de territoire. Elle
nécessite donc le choix de lřobjet à observer.

A partir de la revue de la littérature, nous avons présenté la dynamique de lřérosion côtière


dans la zone de Mbour et environs. Tel quřillustré par le tableau 61 Ces travaux ont parfois
intégré méthode de terrain et cartographie à partir dřimages multi-dates.

Tableau 52 : Quantification de l’érosion littorale de la Petite Côte


Lieux Taux de recul Période Méthodes Auteurs
Rufisque 1,30 m 1933 - 1980 plans cadastraux SALL, 1982 ;
et photos DIALLO, 1982
aériennes
0,90 m 1917 - 1980 NIANG-DIOP,
1996
Cap des Biches 0,33 m 1970 - 1979 repères SALL, 1982

Joal - Sangomar 1,20 m SALL, 1982


Pointe de 640 m (largeur 1987 - 1992 imagerie A.T. DIAW et
Sangomar de la brèche) satellitaire Y.F. THOMAS,
1997

213
Lieux Taux de recul Période Méthodes Auteurs
Mbour à Joal 1941- traitement Turmine 2000
dřimages
satellitaires et de
photographies
aériennes.
Source Turmine 2000, modifié

Les études ne couvrent pas cependant toutes, lřensemble de ma zone dřétude, et se sont faites
sur des périodes différentes.

Ceci donc nous a poussés à vouloir faire nos propres observations sur lřévolution du trait de
côte avec des images multi-dates de 1972 à 2010.

Dans la même démarche de Fall (2012) qui a étudié lřévolution du trait de côte dans la
Commune de Mbour, Faye (2012) pour Saly qui se sont inspirés des travaux de Himmelstoss
et al.(2005). La méthodologie utilisée est celle de la numérisation du trait de côte étudiée à
partir de ArcGis 9.3 et ArcViewGis 3.2 Pour une analyse diachronique de 1972 à 2010, nous
avons utilisé des images Landsat couvrant ainsi une période différentes images de 1972, 1984,
1994, 2002 et de 2010 chronologique de 38 ans avec. La distance totale du linéaire côtier,
étudié, est de 29,468Km, soit 29,5Km.

De 1972 à 2002 sur 30 ans, lřévolution du trait de côte laisse apparaitre deux secteurs
marqués lřun par une importance de lřaccumulation et lřautre par lřérosion. De façon générale
il est marqué par une érosion avec un taux moyen de -0,72m cachant cependant de fortes
disparités.

Du transect 1 au 200 correspondant à la zone de Saly et au nord ouest de Mbour est marqué
par une accumulation qui va 1,37 à 7, 17 avec cependant des zones dřérosion très localisées
de 66 à 68, de 82 à 90, 96, 106 à 116, au transect, 146, 161, 165 et de 167 à 191 avec des
valeurs de -0,01 à -1, 40m.

Du transect 201 au 4transect 432, on note une phase dřérosion continue avec des taux compris
entre Ŕ0,13 et -6,62m.

Du transect 433 au transect 473 marqué par une accumulation avec des taux variant entre 0,02
à 4,90m. De 474 à 568 on note une érosion avec des taux de -0,18 à -2,88.

Le graphique suivant permet de voir lřévolution générale du front dřérosion dans la période
étudiée de 1972 à 2010.

214
2002-2010

1994-2002

1984-1994 Taux moyen de


changement (m)

1972-1984

-60 -40 -20 0 20 40

Figure 51 : Evolution du front d’érosion de 1972 à 2010


La période de 1972 à 1984, plus dřun dizaine dřannées permet de distinguer des taux de
changement très différentiés selon les secteurs. Du transect 1 au 145 correspondant
relativement à la zone de Saly et une partie de Mbour, on note une accumulation sřopposant à
la dynamique de la majeure partie de la zone étudiée. En effet on note un recul du trait de côte
du transect 145 au 566 allant de Mbour au Sud (Pointe Sarène) avec des accumulations
enregistrées du transect 432 au 464 au Sud de Pointe sarène.

534
493
452
411
370
329
288 Taux de changement du
247 trait de côte (m)
1972/1984
206
165
124
83
42
1
-200 -100 - 100 200 300

Figure 52 : Evolution du trait de de 1972 à 1984

La période de 1984 à 1994 avec un taux moyen de -24 est marquée par un recul plus ou moins
généralisé du trait de côte avec quelques accumulations très localisées notamment dans les
différents secteurs des transects (67 à 82), de 361 à 371 et de 375 à 406. Le taux maximum
dřérosion atteint -193 dans le transect 505 dans la Commune de Malicounda au sud de pointe
Sarène.

215
545
513
481
449
417
385
353
321
289 taux de changement (m)
257 de 1984 à 1994
225
193
161
129
97
65
33
1
-300 -200 -100 0 100

Figure 53 : Taux de changement de 1984 à 1994


La période de 1994 à 2002 connait un taux de changement positif avec 9, 91% avec cependant
des zones dřérosion très marquées (206 à 212) (des transect 348 au 433), des valeurs
importantes atteignant -167

529
485
441
397
353
309 taux de changement du
265 trait de côte (m) de 1994
221 à 2002
177
133
89
45
1
-200 -100 0 100 200

Figure 54 : Evolution du Taux de changement de 1994 à 2002


La période de 2002 à 2010, moins dřune dizaine dřannée seulement spectaculairement est
marquée par une inversion avec une évolution négative du trait de côte de -46m avec un
maximum au transect (436) de -101 et un minimum de -1 au transect 130.

216
Des secteurs dřaccumulation très réduits ne sont observés quřau niveau du transect 19 à 22
(Zone de Saly) avec des valeurs de 5 à 45, 104 (15), 131 (10), 201 (6), 269 à 271 (7-18), 402 à
41(5-47)

Taux de changement du trait de côte de 2002 à 2010

-120 -100 -80 -60 -40 -20 0 20 40 60

Figure 55 : Evolution du taux de changement de 2002 à 2010

217
Carte 17 : Evolution du trait de côte de 1972 à 1984 (Secteur de Saly et Commune de Mbour)

218
Carte 18 : Evolution du trait de côte de 1972 à 1984 Secteurs de Commune de Mbour Mballing

219
Carte 19 : Evolution du trait de côte de 1972 à 1984 Secteurs de Warang -Nianing

220
Carte 20 : Evolution du trait de côte de 1972 à 1984 Secteurs de Nianing Pointe Sarène

221
Carte 21 : Evolution du trait de côte de 1984 à 1994 Secteurs de (Secteur de Saly et Commune de Mbour)

222
Carte 22 : Evolution du trait de côte de 1984 à 1994 Secteurs Commune de Mbour Mballing

223
Carte 23 : Evolution du trait de côte de 1984 à 1994 secteurs de de Warang –Nianing

224
Carte 24 : Evolution du trait de côte de 1984 à 1994 Secteurs de Nianing Pointe Sarène

225
Carte 25 : Evolution du trait de côte de 1994 à 2002 Secteurs Secteur de Saly et Commune de Mbour

226
Carte 26 : Evolution du trait de côte de 1994 à 2002 Secteurs de Commune de Mbour Mballing

227
Carte 27 : Evolution du trait de côte de 1994 à 2002 Secteurs de Warang –Nianing

228
Carte 28 : Evolution du trait de côte de 1994 à 2002 Secteurs de Nianing Pointe Sarène

229
Carte 29 : Evolution du trait de côte de 2002 à 2010 Secteurs de Saly et Commune de Mbour

230
Carte 30 : Evolution du trait de côte de 2002 à 2010 Commune de Mbour Mballing

231
Carte 31 : Evolution du trait de côte de 2002 à 2010 Secteur de Warang –Nianing

232
Carte 32 : Evolution du trait de côte de 2002 à 2010 Secteurs de Nianing Pointe Sarène

233
Cette série de cartes montre que la zone est réellement confrontée à un processus progressif
dřřérosion. Lřanalyse de lřévolution du trait de côte montre des fluctuations marquées par des
phases dřérosion et des phases dřaccrétion. Certains secteurs tel que Saly sont déjà
sérieusement atteints, Mbour tefess. Lřérosion reste très marquée au cours de la période 2002
à 2010.

Lřérosion peut également être appréhendée à travers les changements de superficie de sur le
trait de côte. Quel que soit le secteur considéré, de 1972 à 2002, Les zones dřérosion restent
plus étendues que les zones dřaccumulation ne dépassant nulle part 100000m2 alors que pour
lřérosion elle atteint dans certains secteurs 700 000 m2.

800000
700000
600000
500000
400000 Erosion
300000 Accumulation
200000
100000
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17

Figure 56 : Les changements de superficie de 1972 à 2002


Dans la période 2002 à 2010, les surfaces concernées par les changements environnementaux
son largement en faveur des surfaces perdues. En effet, elle est de 1349790m2 contre
Seulement 24668m2 pour lřaccumulation.

500000
450000
400000
350000
300000
250000 Erosion
200000 Accumulation
150000
100000
50000
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9

Figure 57 : Changement de surface dans la période de 2002 à 2010


Les manifestations de lřérosion sont cependant très localisées, ce qui se dénote dans la
perception des communautés. Perception des risques d’érosion et d’inondation par les
communautés

INONDATION
18,01

7,32 PAS DE REPONSE

74,65 PAS DE RISQUE

Figure 58 : Perception des risques d’inondations

Les risques dřinondation et dřérosion côtière sont différemment perçus et varient selon les
quartiers. Par rapport aux inondations 18, 01% disent que le risque dřinondation est important
tandis que. En réalité, ce sont des individus dont les maisons sont envahies par les eaux
pendant lřhivernage tandis que 74,65% estiment quřelles ne sont pas exposées. En considérant
lřampleur du phénomène à travers sa répartition spatiale, on peut dire que les risques
dřinondation sont très faibles de façon générale mais lřoccurrence reste fondamentalement
liée aux quantités de pluies enregistrées. Même si les inondations ont touché plus dřune
dizaine de quartiers à Mbour, ou observées aux alentours et environs immédiats, le risque
nřest parfois pas perçu certains. La perception revêt une dimension spatiale et temporelle. Les
échelles de perception du risque demeurent encore locales (la concession, lřallée ou très
faiblement le quartier). La dimension temporelle a trait au caractère épisodique, ponctuel ou
incertain des inondations. Les personnes déclarent vivre les inondations depuis une dizaine
dřannées pendant chaque saison pluvieuse. Cependant il faut signaler que 7,32% sont sans
réponse ne savent pas sřil ya risque ou pas. Les inondations sont considérées dans lřensemble
comme des perturbations passagères ou épisodiques auxquelles des mesures opérationnelles
telle que la mise en place dřun réseau dřassainissement peuvent être apportées par lřEtat et la
Collectivité locale. Comme le notent Rullau et all (2009), la perception revêt une importance
particulière, puisquřil sřagit dřanticiper une menace de long terme, non directement
perceptible, et qui peut faire lřobjet de controverses scientifiques et sociales.
Le risque dřérosion est le plus signalé, seul ou avec le risque dřinondation tel quřillustré sur la
carte et le graphique. Il reste plus important à Mbour serer souf et lřensemble des personnes
interrogées lřon évoqué.

Les risques dřinondation sont beaucoup plus évoqués dans les quartiers Tefess. Cependant on
verra quřil reste assez faible au niveau du quartier escale avec 8,3% qui concentre lřessentiel
du réseau dřassainissement. Ces éléments dřappréciations ont pour objectif, de voir le degré
des risques perçus par les populations. Ces réponses dépendent de la qualité du risque et de
lřenvironnement, de sa proximité par rapport aux populations.

90
80
70
60
50 Erosion
40 Erosion /Inondation
30 Pas de risques
20
10
0
11-nov Château Escale Grand Mbour Mbour Tefess
d'eau Sud Mbour maure serer Souf

Figure 59 : Connaissance des risques selon les quartiers


La connaissance des sites dřhabitations et leur exposition aux risques a constitué une de nos
préoccupations. Lřobjectif de cette question était de voir dans le contexte actuel la
connaissance de la sensibilité des sites. Si les populations avaient de lřinformation sur leur
exposition ou pas à des risques.

La majeure partie des personnes interrogée nřayant aucune information sur le site et face à
lřincertitude de lřoccurrence des évènements ne se considère pas menacée.

Les informations sur le site portent surtout sur les inondations et ressortent du vécu des
populations qui se trouvent inondées depuis une décennie. Les populations ont constaté la
variabilité des pluviométriques et les inondations sont ainsi considérées comme des
phénomènes récents quřils ont connus en des périodes différentes (depuis une dizaine
dřannées, depuis 5 années ou moins de 5 années).
50,2% des personnes interrogées considèrent lřavancée de la mer comme une menace, mais
elle différemment appréciée de, timide à très importante selon les quartiers à travers ses
manifestations.

La vulnérabilité de ces ménages se traduit ici par leur présence en zone inondable et les
impacts subis en lřoccurrence de fortes pluies (endommagement, maladies hydriques…). Mais
également leur exposition à lřavancée de la mer face aux enjeux socio-économiques.

Cependant il apparait que la perception des perturbations étudiées dépend du vécu des
populations, des personnes interrogées notamment et des enjeux. En effet, pour lřérosion
côtière, la connaissance du risque est liée parfois à la présence fréquente des personnes
interrogées du fait de lřactivité de pêche ou aux loisirs (sport, promenade) et dans une certaine
mesure le niveau dřéducation et leur croyance. Ces différentes réponses nous permettent une
confrontation avec les risques réels. Ainsi la localisation géographique des personnes sur des
zones exposées aux inondations et à lřérosion côtière, lřenvironnement changeant, les
pratiques constituent des facteurs déterminants.

Carte 33 : Perception des risques dans la Commune de Mbour


I.3.3. La baisse et la variabilité des stocks de ressources halieutiques
Tel que présenté dans le tableau des impacts du changement climatique, le réchauffement
climatique et la hausse du niveau des océans présente des impacts sur les potentialités
halieutiques notamment la baisse des stocks et des modifications induites dans les
communautés de poissons ; il contribue également au développement dřagents toxiques chez
les poissons et fruits de mer.

Sur un autre niveau, la hausse du niveau des océans constitue néanmoins une menace pour les
biotopes des zones côtières (plages, lagons, marécages, etc.) dont la disparition, la dégradation
ou la salinisation sont autant de risques pour les espèces qui les peuplent. 31 Ainsi, le plateau
continental que le Sénégal partage avec ses voisins du Nord et du Sud, réputé très
poissonneux, se dépeuple à une allure inquiétante. Sa protection et son repeuplement sont plus
que jamais à l'ordre du jour en plus de toute une série de mesures pour la sauvegarde de
l'environnement sur les côtes, dans les estuaires et contre les pollutions au niveau des zones
habitées (Fall et al. 2003). En effet, les tendances actuelles de lřévolution des stocks montrent
des signes inquiétants : diminution de la taille moyenne des poissons capturés, réduction des
Prises par Unité dřEffort de plusieurs espèces notamment les espèces démersales côtières,
diminution de la biomasse (Pauly, 2002 in Sène 2008).

Lřanalyse de lřévolution des abondances des ressources démersales côtières par rapport aux
prises par unité dřeffort (PUE) des chalutiers sénégalais indique que globalement, la tendance
à la baisse de lřabondance, observée au début des années 80, semble générale à lřexception de
trois espèces (brotule, seiche et poulpe). Cette baisse serait de 50% depuis 1997 (DOPM,
2000 ; Ndoye et al (2003). Cřest ainsi que les écosystèmes ont subi des perturbations sévères
qui ont profondément affecté les zones humides côtières et ont occasionné des pertes
importantes de la biodiversité. Aussi bien le renouvellement des ressources halieutiques et la
dégradation des récifs coralliens. Les eaux côtières reconnues comme riches abritent de
nombreuses espèces en voie de disparition, notamment des tortues de mer, Trichechus
sengalensis le lamantin dřAfrique occidentale. Cité par Sène et Diouf 2008, Guèye (1992),
signale le risque dřextinction de certaines espèces et dřeffondrement de stocks. « Il nřy a plus
de surplus de poissons au Sénégal. Certains stocks comme les mérous, les pagres, les dorades
sont déjà en danger dřextinction. Les scientifiques prédisent un effondrement de certains
stocks de notre sous-région dans les 5 à 10 ans à venir ».

31
Atlas de lřintégration régionale
Figure 60 : Diminution de la biomasse par rapport à l’augmentation de l’effort de pêche de 1950
à 2000 en Afrique de l’Ouest (Source : PAULY, 2002 in Sène 2008)
En plus de la revue documentaire, les enquêtes menées auprès des actifs de pêche (pêcheurs et
transformatrices) permettent de faire lřétat des lieux de leurs appréciations des stocks et leur
dynamique à partir de leurs déclarations.

Les stocks peuvent être analysés de façon qualitative et quantitative. « Il nřya que les algues
qui sont nombreuses en mer et pourtant ce sont les habitats des poissons » disent les
pêcheurs ; quant aux transformatrices « les murex, cřest en hivernage quřils étaient abondants,
mais ils sont devenus rares en cette période ». Actuellement, on observe la consommation
dřespèces méconnues traditionnellement, ou de la mémoire collective, ce qui se remarque par
les noms de personnes quřon leur attribue (Saliou Guèye).

En plus de ces déclarations, une baisse des mises à terre est observée au niveau du quai de
pêche de Mbour, passant de 69704,84 T en 1994 à 59680,36 T en 2004 alors que le nombre
dřactifs ne cesse dřaugmenter. Les acteurs rencontrés estiment que les stocks ont Beaucoup
baissé (de plus de 50%) ! Les acteurs de la pêche ont donné leur appréciation de la dynamique
de plusieurs espèces de poissons. Tel quřillustré par le tableau 60, les populations interrogées
estiment que beaucoup dřespèces ont fortement diminué, voire disparu.

Tableau 53 : Appréciation des stocks selon les espèces de poissons


Espèces de poissons Dynamique
Octopus Vulgaris Beaucoup diminué
, Epinphelus Aenus,
scyris alexandrinus,
Caranx Crysos,
Arcyrosomus regius
« Kholl »
« seud »
Espèces de poissons Dynamique
Epinephelus caninus, Lutdjanus Disparu ou rare
fulgens,
Vivaneau Lutjanus
«Fank »
orcynopsis Unicolor,
Plectorh Mediterranus
Pagellus erythrinus,
Ethmalose dorsalis
Sources enquêtes Thiaw. 2009, 2010

I.3.4. La dégradation des terres


Tel que publié dans les rapports du GIEC (2001, 2007, 2001), le réchauffement climatique va
entrainer une modification des ressources en sols qui vont fragiliser lřagriculture. Ces
dernières auront ainsi des conséquences sur la productivité et la sécurité alimentaire. La
concentration et la température accrues de gaz carbonique (CO2) provoqueront une hausse des
résidus qui peuvent être enfouis dans le sol. Les températures plus élevées accéléreront la
décomposition du carbone déjà stocké dans le sol grâce à une minéralisation accrue du
carbone organique des sols (COS) (Kirschbaum 1995), FAO 2001, FAO 2004. Les prévisions
sont quasi unanimes à ce sujet, en effet sans des efforts concertés, le réchauffement de la
planète provoquera un déclin généralisé de ces stocks souterrains.

La dégradation des terres a été surtout identifiée dans la Commune de Malicounda une zone
rurale où le secteur primaire (agriculture, élevage) occupe encore une part importante dans
lřéconomie locale. Elle est évoquée par 43,5% des personnes interrogées. La fertilité du sol et
sa capacité à remplir ses fonctions clés dépendent dans une large mesure des niveaux de
matière organique quřil renferme.

80
70
60
50
40
30
20
10
0

Figure 61 : Problèmes environnementaux évoqués dans la Communauté rurale de Malicounda


120

100

80

60

40

20

Figure 62 : Occurrence de la dégradation des terres comme Problème environnemental

La dégradation des terres constitue un problème évoquée dans la partie côtière et continentale
de Malicounda. Cependant elle intéresse beaucoup plus cette dernière où elle est soulevée par
80 à 100% des personnes interrogées contre 1- à 40% au niveau des villages côtiers.

Le Plan Local de Développement (PLD) de la CR de Malicounda quoiquřancien évoque en


effet la baisse de la fertilité des sols due à différents facteurs : Parasitisme des sols (striga,
sauteriaux, criquets,), déficit pluviométrique ; avancée de la langue salée (Pointe Sarène) ;
baisse du niveau de la nappe phréatique. En plus de la dégradation, Pointe Sarène bien
quřéloigné de Mbour est confronté à une crise foncière pour le développement de
lřagriculture. Ceci constitue un enjeu de taille dřautant plus que plus quřavec la baisse des
stocks, la stratégie a constitué à un développement du maraichage, en reconversion ou
diversification dřactivités. Le maraichage a été surtout favorisé par lřaménagement du bassin
de rétention. Les détenteurs de terres restent ainsi plus aisés et ceux qui nřen nřont pas à
travers les modes de faire-valoir sřadonnent au métayage à la location ou à lřemprunt.

Ce chapitre à partir dřun postulat de manifestation dřimpact du changement climatique sur la


zone dřétude fait un état des lieux des perturbations aux quelles font face les populations.
Quatre perturbations majeures (inondation, érosion côtière, baisse des stocks de ressources
halieutiques, dégradation des terres) sont identifiées. Elles sont présentées à travers leur
répartition spatiale, leur connaissance et leur perception par les populations. La démarche
associe lřidentification de risques perçus par les populations et de risques réels émanant de
différents facteurs physiques et anthropiques qui seront étudiés dans lřanalyse de la
vulnérabilité. Le diagnostic, basé sur les enquêtes, la revue documentaire et des outils de
cartographie notamment pour lřérosion côtière permet de voir des différences spatiales et
temporelles des risques évoqués. Les inondations concernent principalement la Commune de
Mbour et sont assez récentes. Lřérosion touche beaucoup plus la Commune de Saly et un
quartier de Mbour (Golf). La dégradation des terres se mainifeste dans la zone rurale de
Malicounda qui sřadonne encore à lřagriculture tandis que la baisse des stocks de ressources
halieutique affecte tous les quais de pêche de la zone dřétude.
CHAPITRE II : VULNERABILITE DES TERRITOIRES AUX IMPACTS DU
CHANGEMENT CLIMATIQUE

II.1. Analyse des Facteurs de vulnérabilité /Cadre d’analyse des


vulnérabilités
On aura vu, dans la revue des concepts réalisée, que la vulnérabilité est un concept qui se
rapproche de celui du risque et peut être analysé sous différents angles. Il reste cependant
complexe car intégrant à la fois plusieurs aspects : aléa, enjeu, gestion, perception (Meur-
Feurrec, 2010).

Tel que présenté dans le point consacré aux approches méthodologiques, nous avons
privilégié dans ce travail, axé sur un territoire non abstrait, celui du géographe, le cadre de
Magnan (2009) proposé dans son article « La vulnérabilité des territoires littoraux au
changement climatique. Mise au point conceptuelle et facteurs dřinfluence ».

A partir du modèle de Blaikie et all (1994), Magnan décline 6 principaux axes : la


configuration spatiale, la sensibilité environnementale, la cohésion sociétale (sociale,
culturelle et économique), la diversification économique, la structuration politico-
institutionnelle et le niveau de développement.

La configuration spatiale détermine la propension de lřespace à être affecté par des


perturbations naturelles. Elle permet dřanalyser les caractéristiques et le rôle des écosystèmes
dans lřatténuation des impacts ou des dommages quřils peuvent subir.

La diversification économique permet de voir les activités qui soutiennent lřéconomie.


Généralement, un territoire fonctionnant sur une mono activité touché par une catastrophe
peut être profondément par paralysé.

La cohésion sociétale est multidimensionnelle (sociale, culturelle et économique) et fait


référence au degré de solidarité sur le partage dřune identité culturelle et sur une relative
homogénéité entre les classes économiques

La structuration politico-institutionnelle est relative au découpage administratif et à la nature


des relations entre les circonscriptions. Pour nos travaux, elle concerne trois collectivités
locales que sont les Communes de Mbour, Saly et la Communauté rurale de Malicounda
Le niveau de développement, selon Magnan, en citant (Diamond, 2000 ; 2006) facteur est
bien entendu très fortement lié aux cinq précédents car ceux-ci, et notamment la configuration
du territoire et les fondements sociétaux, expliquent les orientations de développement
opérées au fil du temps, et donc lřétat actuel de ce développement. Il fait référence à lřindice
de développement (IDH) ou aux conditions de vie avec les indicateurs généraux suivants : la
démographie, lřhabitat, lřéducation, lřemploi, les transports, lřénergie et la santé.

Les éléments de référence sont dřordre spatial, social, économique et institutionnel. Ces
facteurs sont donc structurels. Ces différents facteurs de vulnérabilité peuvent être regroupés
en deux grands groupes, les facteurs physiques et les facteurs humains. Ainsi donc le premier
groupe regroupe la configuration spatiale et la sensibilité environnementale. Ces facteurs sont
des causes profondes ou contraintes originelles relatives aux caractéristiques propres aux
territoires. Dans le deuxième groupe se retrouvent, la cohésion sociétale, la diversification
économique la structuration politico-institutionnelle, le niveau de développement.

En suivant ce cadre dřanalyse, nous présenterons les facteurs physiques de chacune des
perturbations étudiés (inondation, érosion côtière, baisse des stocks de ressources
halieutiques, dégradation des terres) qui en fait à des caractéristiques contraignantes propres
aux territoires qui sont sources de vulnérabilité ou facteurs dřinfluence. Les facteurs humains
sont sont socio-économiques et institutionnels et font références à la dynamique territoriales à
partir de macro-forces (pression démographique, urbanisation rapide, modèle dřusage des
ressources naturelles…) et des conditions de vie (Cadres de vie, Organisation territoriale,
localisation des activités motrices du développement, Institutions nationales locales. Dans les
facteurs humains, nous traiterons également les facteurs propres aux pratiques et mode de
gestion non durable de lřespace et des ressources qui rendent les territoires vulnérables.

II.1.1. Les facteurs physiques (Configuration spatiale et sensibilité


environnementale)
La configuration spatiale et la sensibilité environnementale ont trait à des facteurs physiques
propres aux territoires et identifiées comme contraintes originelles. La sensibilité de ces
territoires influe indiscutablement sur la probabilité quřune perturbation affecte ou non les
équilibres en place, cřest-à-dire lřexposition ou les prédispositions des territoires à subir des
chocs. De par les différents contenus des deux axes, nous en convenons que certains aspects
ont fondamentalement trait au « déterminisme naturel » (SORRE, 1948). Elle peut se référer
au contexte régional, à la nature des côtes, au relief, à la dynamique marine, aux types de
sols…, selon les perturbations considérées. Il existe aussi un réel lien entre sensibilité des
milieux et vulnérabilité du territoire. Plus globalement, cřest lřaffaiblissement de lřétat de
santé des écosystèmes dans leur ensemble qui constitue un facteur dřaccentuation à la fois des
risques et de leurs conséquences, sur les côtes comme ailleurs. Ainsi pour chacune des quatre
étudiées (inondation, érosion côtière, baisse des stocks de ressources halieutiques, dégradation
des terres), nous présenterons les facteurs physiques contraignants du relief, des côtes, du
potentiel halieutique et des sols.

II.1.1.1. Les facteurs physiques des inondations


Nous ne reviendrons pas sur les éléments présentés dans le cadre géographique, mais juste sur
la particularité de Mbour par rapport à lřévacuation des eaux de pluie. Les parties les plus
élevées du relief sont représentées en couleur marron et les parties basses en vert. La partie
littorale présente des dunes, des décrochements et des affleurements rocheux.

Mais à lřéchelle du quartier, ces dénivelés ne sont plus visibles. Seules de petites bosses
marquent le paysage et sont les réceptacles des eaux ménagères déversées par les riverains
(Kébé, 2012).

Plusieurs quartiers tels que Tefess, Golf, Grand Mbour, Mbour serer, Zone Sonatel…, restent
ainsi vulnérables aux inondations récurrentes. La carte laisse apparaitre une localisation de
certains quartiers tels que Mbour toucouleur et Santessou dans des dépressions (1-3m).
Carte 34 : Topographie zone d’étude
Pour la zone SONATEL telle quřillustrée par la photo qui suit, le risque est accentué par son
installation, dans le marigot de Mballing. Lřoccupation est progressive et matérialisée par de
nombreuses maisons, encore en chantier, régulièrement inondées. A la Zone sonatel et ses
environs tels que Mbour toucouleur, des témoignages de baignade ou dřutilisation de pirogue
pour les déplacements ont été obtenus. Pour la population lřeau revient toujours sur son tracé
dřécoulement. « Ndokh du bayi yonam ». Cette installation sur les zones à risque est favorisée
par lřépuisement des réserves foncières de la ville, en effet Mbour reste très coincé pour
satisfaire son expansion spatiale.

II.1.1.2. Les facteurs physiques de l’érosion côtière


Les causes de lřérosion côtière sont multiples. Elle fait partie des conséquences de lřélévation
du niveau de la mer due au changement climatique. Cependant les côtes en fonction de
configuration spatiale et de sensibilité environnementale sont différemment vulnérables. Le
schéma directeur de LřAfrique de lřouest éléboré dans le cadre de la MOLOA met en exergue
la sensibilité environnementale des côtes ouest africaines. Seules 3% sont rocheuses. Les
études ont porté sur 179 secteurs pour illustrer lřétat de vulnérabilité. A ce titre les côtes sont
différemment vulnérables aussi bien à lřéchelle du pays quřà celle de la région de Thiès
abritant la zone dřétude.

Le secteur côtier du horst de Ndiass est dominé par des falaises abruptes avec des formations
variant des calcaires aux argiles et marnes, mais aussi des intercalations de formations
volcaniques. Les terrasses latéritiques recouvrent le secteur, lřensemble étant fortement
fracturé et soumis à un lessivage et un ruissellement intense vers la côte.

Les falaises instables entre Yene et Ngaparou sřécroulent le plus souvent durant la saison des
pluies, surtout lorsque le drainage en amont est mal fait, ou sous lřeffet de surcharges dues à
des mauvais aménagements. A ces facteurs dřérosion, sřajoutent les effets des houles qui
sapent le bas des falaises

Au niveau de la zone dřétude, Turmine (2000) note une discontinuité spatiale au sein du
plateau continental qui nřest pas sans effet sur la dynamique actuelle du littoral entre Mbour et
Joal. se présente un paysage côtier particulier avec des massifs dunaires, des lagunes et des
marigots saisonniers, mais aussi, des décrochements et des affleurements rocheux. Selon les
travaux de Bellion (1987) in Turmine (2000) à partir dřinterprétation de cartes gravimétriques
et magnétiques, certaines des ces failles observées sur lřimage MSS ont été confirmées,
notamment celle au niveau de Saly (nord de Mbour), de Pointe Sarène ainsi quřà Joal. Ces
deux dernières, avec lřaide des facteurs hydrodynamiques, ont permis la formation de lagunes
comblant progressivement ce retrait des terres émergées. Ces fracturations ont été suivies,
pour la plupart, de phases érosives intenses représentées soient par des lacunes ou soient par
des discordances de ravinements ainsi que par des changements de faciès brusques dans les
séries sédimentaires. Au niveau de Saly, le trait de côte de Saly est très variable, avec des
estrans larges. De plus il existe des épis et ouvrages de stabilisation du trait de côte Les fonds
marins en face de la côte de Saly sont peu profonds avec lřisobathe de CD Ŕ 5m à environ
2km en mer ; de nombreux haut-fonds sont indiqués (CSE, 2004).
Une autre contrainte originelle est le déficit sédimentaire. Les études géomorphologiques
permettent de distinguer différents compartiments sur le littoral, ayant un fonctionnement
relativement autonome par rapport aux compartiments voisins : ce sont les cellules
sédimentaires.

Les rivages de la Petite Côte connaissent également par endroit dřimportantes modifications.
Cette partie est caractérisée par une succession de caps, de baies et de flèches donc de zones
dřengraissement et dřérosion cyclique. Certaines zones sont ainsi marquées par un déficit
sédimentaire chronique, lié à leur position. Ainsi par rapport à lřérosion, comme lřa remarqué
NIANG (2003), les rivages possèdent « des prédispositions naturelles car certaines zones de
la côte se caractérisent par un déficit sédimentaire chronique dû à leur position
géographique » Ainsi, le littoral situé au début de la Petite Côte, de Bel Air à Rufisque Ŕ
Bargny, est un secteur globalement déficitaire en sédiments apportés par la dérive littorale.
Selon Turmine (2000), « la Petite Côte présente un particularisme morpho-dynamique et de
nombreuses études ont conduit à mettre en évidence un certain recul du littoral ».

La morphologie et la dynamique du trait de côte sont fortement influencées par les facteurs
marins (la houle, les vagues, les courants, les marées, niveau de la mer). Malgré une
morphogenèse continentale efficace, les formes littorales restent le résultat du façonnement
des dynamiques marines qui rythment en grande partie les fluctuations spatiales du trait de
côte. Néanmoins, ces dynamiques sont fortement dépendantes des conditions climatiques et
subissent des modifications en fonction des variations saisonnières ainsi quřinter-annuelles.

Les houles arrivant sur les côtes sénégalaises signalent lřoccurrence, très limitée, de houles
dřOuest (N260° à 270°E), prenant naissance lors de cyclones qui se développent dans la mer
des Caraïbes entre octobre et décembre et qui seraient très énergétiques (Nardari 1993)
La houle est le principal agent responsable des processus de transit sédimentaires dans les
zones littorales non abritées. Trois types de houles, dřorigine lointaine atteignent les côtes
sénégalaises (Nardari, 1991, in Niang 1996). Les mouvements oscillatoires qui affectent le
littoral entre Mbour et Joal sont attribués à une origine lointaine (« swell »). Seules, quelques
houles proviennent des vents locaux mais demeurent peu fréquentes, modérées et surtout
dépendantes des alizés continentaux de nord-est.

Turmine (2000) après avoir souligné la pauvreté des études relatives à la houle a fait leur
caractérisation en utilisant les sources disponibles dont les principales sont les mesures au
large de lřU.S. Naval Oceanographic Office (1963) et surtout les travaux Nardari (1993) sur
la propagation de la houle au niveau de la Pointe de Sangomar, a fait une caractérisation des
houles du sud de la Petite Côte et distingue ainsi trois périodes avec une prédominance de la
houle du nord (30° W et 20° E selon Nardari, 1993) durant la saison sèche et plus précisément
de janvier à juin. Les houles qui ont la plus grande période sont toutefois de direction nord Ŕ
sud. Du mois de janvier au mois de juin, ces houles ont une hauteur comprise entre 1 à 6
pieds18 et leur période est majoritairement (47%) inférieure à 5 secondes bien que 18% des
houles aient une période comprise entre 5 et 7 secondes. La période maximale enregistrée par
la marine américaine (1963) est légèrement supérieure à 11 secondes mais reste malgré tout
très rare. Ces houles dřorigines et de directions différentes peuvent se récapituler comme suit :
- La houle de direction Nord-Ouest issue de lřAtlantique nord est présente tout
au long de lřannée,
- La houle de direction sud-ouest issue de lřAtlantique Sud nřaffecte que les
côtes du Sud de Dakar pendant la saison des pluies de juillet à octobre,
- La houle de direction ouest se produit rarement entre octobre et décembre et
serait provoquée par des cyclones dans la mer des caraïbes

La Petite Côte englobant notre zone dřétude est marquée par une prédominance de la houle du
nord en saison non pluvieuse de janvier à juin.

Tableau 54 : Hauteur des houles large de la Petite Côte


Janvier - Mars Avril - Juin Juillet – Septembre Octobre - Décembre
Indéterminée 24% 27% 33% 28%
Calme 1% 1% 2% 2%
< à 2 pieds 17% 22% 13% 25%
2 à 4 pieds 32% 30% 32% 27%
4 à 6 pieds 16% 15% 15% 8%
6 à 8 pieds 5% 5% 4% 5%
8 à 10 pieds 4% 0% 1% 4%
> à 10 pieds 1% 0% 0% 1%
Source : Atlas océanographique publié par U.S. NAVAL OCEANOGRAPHIC OFFICE, 1963 in Turmine 2000.

Il convient de signaler les effets de la configuration bathymétrique et de la présence de hauts


fonds rocheux sur la houle évoquée par Turmine (2000). Les présences des écueils et des
hauts-fonds contribuent fortement à la variation spatiale de la dynamique du trait de côte. La
position des chaos rocheux conditionne lřaccroissement ou la réduction du débit solide le long
du littoral entre Mbour et Joal. ….On en déduit que les houles qui ont un angle dřincidence
proche de 52° sont les plus efficaces en terme de débit solide et dřérosion. Cependant, il faut
prendre en compte la capacité dřérosion propre à la houle notamment par la quantité de
sédiments mis en mouvement avant de créer le déferlement.

Lřélévation du niveau de la mer est fortement liée au réchauffement climatique. Tel que
synthétisé dans le rapport national de lřérosion côtière, « Au Sénégal, lřévolution à long terme
du niveau marin a pu être mise en évidence par Elouard et al. (1977 in Niang) grâce aux
enregistrements de lřancien marégraphe de Dakar entre 1943 et 1965. Bien que la durée des
enregistrements soit relativement courte par rapport à ce quřil est généralement conseillé pour
établir les tendances à long terme (50 ans au moins), Emery et Aubrey (1991) leur attribuent
un degré de confiance de 0,99. On considère ainsi que le littoral connaît une élévation
moyenne du niveau marin de 1,4 mm par an, ce qui est cohérent avec les données admises
pour lřensemble du globe : entre 1 et 2 mm par an dřélévation (Gornitz et al. 1982 ; Gornitz et
Lebedeff, 1987 ; Barnett, 1990 ; Douglas, 1991).

Lřapplication de la loi de Bruun à lřévolution du littoral de Rufisque, en utilisant cette valeur


dřélévation du niveau marin, a montré que lřélévation du niveau marin nřexpliquait en général
pas plus de 20% du recul observé (Niang-Diop, 1995).

Ces études prévoient ainsi lřaugmentation des risques dřérosion côtière dans les années à
venir suite au réchauffement climatique et des simulations sont faites à cet effet sur différents
secteurs tels que présentés dans le tableau qui suit.

Tableau 55 : Facteurs et risques d’érosion sur le littoral sénégalais


Ruissellement

Extraction de
Remontée de

pondération
inondabilité

Cœfficient
Instabilité

sédiments
Houles et

naturelle

Urgence
littorale

falaises
la mer

Totale
dérive

et

Secteurs

Ziguinchor 16,0 9,0 1,0 16,0 4,0 46,0 6,0 276


Ruissellement

Extraction de
Remontée de

pondération
inondabilité

Cœfficient
Instabilité

sédiments
Houles et

naturelle

Urgence
littorale

falaises
la mer

Totale
dérive

et
Secteurs

Mamelles 2,0 2,0 16,0 12,0 2,0 34,0 8,0 272


Poponguine 4,0 12,0 4,5 4,5 6,0 31,0 8,0 248
Yoff 16,0 9,0 1,0 4,0 9,0 39,0 6,0 234
Saly/Nianing 16,0 6,0 1,0 3,0 6,0 32,0 7,0 224
Bargny 16,0 12,0 1,0 4,5 9,0 42,5 5,0 212,5
Joal 16,0 12,0 1,0 3,0 9,0 41,0 5,0 205
Gorée 3,0 6,0 4,5 9,0 2,0 24,5 8,0 196
Mbao 8,0 12,0 1,0 4,5 12,0 37,5 5,0 187,5
Corn Dakar 4,0 6,0 9,0 4,5 3,0 26,5 7,0 185,5
Saloum 18,0 9,0 1,0 4,0 4,0 36,0 5,0 180
St louis 3,0 9,0 1,0 4,5 3,0 20,5 7,0 143,5
Rufisque 8,0 5,3 1,0 6,0 6,0 26,3 5,0 131,66
7
Lompoul 16,0 4,0 1,0 1,0 9,0 31,0 4,0 124
Hann 16,0 6,0 1,0 4,5 6,0 33,5 3,0 100,5
Source : Rapport national érosion côtière

II.1.1.3 Les facteurs physiques de la variation des ressources halieutiques


La disponibilité des ressources sur les côtes est commandée par différents processus
physiques, chimiques et biologiques au sein des écosystèmes, mais aussi de lřeffort. Les
travaux de Cury et Roy (1991) sur les pêcheries ouest africaines, variabilité et changement,
montrent que lřévolution des captures sur une longue période ou celle de la production
primaire peuvent être liée à des variables du milieu qui sont reconnues comme jouant un rôle
biologique et écologique important. Un plateau continental large, par une structure
hydrodynamique particulière, accroit le temps de résidence des eaux résurgentes près de la
côte et favorise aussi la rétention et le développement des populations planctoniques dans la
zone littorale. Le Sénégal est réputé zone poissonneuse. Différents travaux (GERARD, 1985,
BARRY et all 1992, Thiam, 1998) ont montré que les côtes du Sénégal bénéficient de
conditions très favorables. Cependant la répartition spatiale des disponibilités le long des
côtes est très hétérogène et dépend de caractéristiques très variables des milieux (upwelling,
température, morphologie, fond marin) et de la migration des poissons. Les stocks sont
soumis à une fluctuation naturelle, les saisons hydrologiques se succèdent par le jeu des
migrations de poissons, les captures diminuent ou augmentent de façon considérable (Cury et
Roy 1991).
Les zones dřupwelling du littoral ouest africain, se caractérisent cependant par leur
hétérogénéité. La caractéristique majeure de lřupwelling est la forte résurgence en surface
dřeau froide possédant de fortes teneurs en éléments minéraux. Des interactions existent entre
les processus physiques chimiques et biologiques mis en jeu dans les mécanismes de
production (vitesse de dérive des eaux côtières, ensoleillement).

Le Sénégal quel que soit ses potentialités nřappartient pas à la zone des upwellings
permanents ; Ces derniers se développent au nord du Cap blanc et devant les côtes
sahariennes et montrent une décroissance continue depuis les années 80.

Turmine (2000) se basant sur les travaux de C. TEISSON (1983) distingue deux types
dřupwelling de part et dřautre de la presquřîle du Cap-Vert. Au nord, lřupwelling est plus
proche du rivage et la température de surface de la mer à la côte est plus fraîche (17 à 19° C).
Au sud, lřupwelling a une structure en forme de langue dirigée vers SSW. Lřupwelling sud
sřéloigne de la côte de 20 à 30km et sa température augmente progressivement vers le sud

Les deux upwellings sont liés à la bathymétrie du plateau continental car au nord, la faible
largeur du plateau continental permet aux eaux profondes de remonter à la surface à environ
5km du rivage tandis que la configuration bathymétrique de la Petite Côte bloque les
remontées dřeaux froides à plus de 30km au large de Mbour et 40km au niveau de Joal. Les
fluctuations dřintensité dřupwelling sont également en relation avec les variations de la
vitesse des vents. ROY et MENDELSSOHN (1998, in Turmine 2000) à partir dřun indice
dřintensité de lřupwelling montrent une périodicité de 7 ans (+/- 1 ans) dřupwellings à faible
activité ainsi que des upwellings intenses
Carte 35 : Représentation schématique de quelques paramètres hydro-climatiques. Source :
Fontana 2000 (in Camara 2003)

La nature des habitats à travers la morphologie et les fonds marins peut influer la productivité
en matière organique et sur le maintien des ressources.

La fosse en elle-même constituerait un obstacle particulièrement difficile à franchir pour la


plupart des espèces démersales migratrices distribuées entre -10 et -80 mètres. Il est
vraisemblable que la pêcherie artisanale sřest développée à Kayar pour tirer avantage de cette
situation en exploitant ces espèces qui ont tendance à se concentrer au nord de la fosse
(BARRY G. M., 1990),

Le rôle des canyons, essentiellement celui de Kayar, est déterminant dans les apports
sédimentaires au niveau de la Petite Côte induisant ainsi, une réduction des matériaux mis en
jeu dans le transit de part et dřautre du Cap-Vert.

Le plateau continental présente une discontinuité spatiale. Le plateau continental, au sud du


Cap-Vert, demeure plus large que sa partie septentrionale et présente des variations tant
bathymétriques que morphologiques. Ces variations de pente sont accentuées par des falaises
sous-marines. On note la présence de deux falaises à -35m et -70m. Le plateau continental est
plus accidenté avec la présence de bancs et de hauts fonds rocheux. Le banc de Mbour est
constitué par trois petits bancs isolés à une profondeur variant de -5m à -2,5m, orientés nord -
sud puis vers le sud, nord-ouest Ŕ sud-est. Ils forment ainsi un complexe rocheux assez vaste
qui sřétend sur 8km, du nord au sud, et 4km dřouest en est (Domain, 1977 in Turmine).

La zone dřétude présente un littoral essentiellement sableux. Les sables à l'état pur
contrairement au fond vaseux ou sablonneux-vaseux sont pauvres en matière organique. Nřy
vivent que très peu d'organismes du benthos et on nřobserve pas de concentration de poissons
démersaux. Ils se développent au nord de 16°30 N entre -15 et -30m et surtout de Mbour à
l'embouchure de la Casamance entre la côte et les fonds de 50m. Outre leur richesse, la nature
des fonds peut être un facteur de vulnérabilité des espèces au prélèvement. Par exemple, les
fonds rocheux sont inaccessibles aux chalutiers et les poissons ne peuvent y être capturés
quřavec la ligne ou avec les filets maillants (Camara, 2008).

La Petite Côte présente deux maximums planctoniques dont le plus important se situe en
saison froide (en mars avril) et correspond à l'influence de l'upwelling, Le deuxième se situe
en en fin de saison chaude (octobre-novembre), induit d'une part, par les apports nutritifs les
sels minéraux apportés à la surface lors d'une brutale et importante remontée de la
thermocline (octobre novembre).

II.1.1.4 Les facteurs physiques de la dégradation des terres


La dégradation constitue une expression, de la péjoration des conditions et de la fragilité du
milieu tropical. Les éléments se dégradent par altération, par pertes dřéléments biocénotiques,
par des modifications physiques et chimiques, par baisse de la productivité. Toutes les
recherches montrent qu'au cours des décennies écoulées, la dégradation des écosystèmes a
connu une accélération sans précédant entraînant des conséquences désastreuses à la fois pour
le milieu naturel et pour la société : perte de vastes étendues de terre arable, destruction de la
couche végétale, défrichement d'espaces boisées, réduction des ressources en eau, dégradation
de l'habitat et de la faune, perte de la biodiversité...

Le climat soudano-sahélien est de type semi aride tropical et se caractérise par une saison
sèche qui s'allonge de plus en plus et une saison chaude et humide de courte durée, les sols,
généralement pauvres, sont secs et sablonneux, ferreux dans les régions et latéritiques au sud.
Dans l'ensemble, ils présentent une fertilité bonne et sont très sensibles à l'érosion éolienne et
hydrique. Ces conditions physiques globalement défavorables rendent le pays
particulièrement vulnérable au processus de dégradation des ressources naturelles et de
l'environnement.

En tant que pays sahélien, les précipitations sont très aléatoires et restent discontinues dans le
temps et dans lřespace. Déjà, la répartition de la superficie agricole utile par zone climatique
indique que 437.000 ha, soit 11%, se trouvent dans une zone a pluviométrie inferieure à
500mm. A l'instar des autres pays sahéliens, le Sénégal a connu une forte baisse de la
pluviométrie qui s'est traduite par une translation des isohyètes vers le sud.

Cette évolution négative s'est manifestée par des cycles de sécheresse qui ont engendré de
graves crises à partir du début des années 70, la destruction du couvert végétal avec comme
corollaire la dégradation des sols. « Les changements climatiques vont donc entraîner
lřaugmentation de lřéolisation qui symbolise lřemprise de lřinfluence continentale entre
Mbour et Joal malgré quelques intrusions des masses dřair maritime » (Turmine 2000).

Les sols dans la zone dřétude sont essentiellement composés de sols sableux (sols
ferrugineux tropicaux non ou peu lessivés) avec une capacité de rétention dřeau très faible. Ils
sont ainsi sensibles, très vulnérables donc à lřérosion éolienne, hydrique. Cette friabilité des
sols entraîne les éléments nutritifs des sols en profondeur par le système de lessivage. Cette
action appauvrit les sols en éléments nutritifs tels que lřhumus, essentiel à la vie des sols et à
lřagriculture. La salinisation des terres constitue également une forme de dégradation évoquée
au niveau de certains villages côtiers (Nianing, Mballing). Au Sénégal les superficies
affectées par la salinisation sont estimées à 1.000.000 ha (PONARE, 1997).

II.2. Les facteurs humains de vulnérabilité des territoires aux


différentes perturbations

II.2.1 Une cohésion sociétale fragilisée


Expression assez ancienne (Durkeim, 1893), elle évoque les principes de solidarité et apparait
sous divers intitulés dans les sphères publiques et politiques « cohésion sociale et territoires »,
« cohésion sociale et prévention de lřexclusion ». Elle est relative à lřétat de bon
fonctionnement de la société où sřexprime la solidarité entre les individus et la conscience
collective. Lřexpression marquée ainsi par différents discours et sa mise en œuvre dans des
documents dřorientation ou de planification territoriale. La cohésion sociale fait référence au
degré de solidarité sur le partage dřune identité culturelle et sur une relative homogénéité
entre les classes économiques (Magnan, 2009). Elle est analysée dans ce travail à partir de
référentiel traditionnel et des mutations socio-spatiales de la zone dřétude. Le développement
de la cohésion sociale dépendant fondamentalement de la nature des liens (communautaires,
politiques, économiques) entre membres des territoires. Le peuplement historique de la zone
de se caractérise les liens de parenté et dřaffinité assez forts mais les mutations subies
notamment en terme de recomposition démographique de la ville de Mbour et des espaces
périurbains de Malicounda et saly permettent de penser à une déstructuration de la population
qui fragiliserait ainsi les relations traditionnelles.

En tant que zone de convergence sociale, la zone dřétude englobe des communautés variées
dont la venue est favorisée par des facteurs historiques, politiques, économiques, climatiques
lors des épisodes de sècheresse.

Malgré la diversité culturelle, certains acteurs interrogés estiment que lřon peut toujours parler
de cohésion sociale. Plusieurs indicateurs permettent de parler de cohésion sociale :

Des faits historiques sont également rapportés : la protection de communautés Maures par un
ancien traitant originaire de saint Louis. Ce dernier avait empêché leur déguerpissement du
site de Gadaga (actuel quartier de Mbour Maure) par le Gouverneur de Mbour mais également
favorisé lřinstallation des Toucouleurs.
Lřabsence de conflits ethniques peut également être notée même si on peut relever une
certaine séparation ethnique selon les quartiers ou village ; des marques identitaires
apparaissant également à travers la toponymie. Outre la grande délinquance, les conflits
(fonciers, agro-pastoraux) font généralement lřobjet de règlement à lřamiable auprès
dřautorités coutumières ou déconcentrées.

Par rapport aux cérémonies du « kankouran »32 on note une forte adhésion des différentes
ethnies. La sortie du masque se fait durant la circoncision qui constitue maintenant une
pratique musulmane. La sortie du masque et le retrait des adolescents « en brousse », revêtent
un aspect culturel incontestable que la colonie casamançaise a su maintenir sur la Petite Côte.
Elle constitue ainsi une initiation fondamentale qui accueille même dřautres jeunes dřethnies
différentes (Woloff ou Sérère). Cette forme dřintégration est communément appelée boof33.

LřIntégration facile des nouveaux venus notamment des fonctionnaires, des ouvriers à Mbour
dans la C.R de Malicounda. « Mbour Moo nékha dioudo moo nékha déé »34. Selon Faye (M.
M. conseiller Municipal est une expression qui traduit toute la chaleur et lřhospitalité de la
Ville de Mbour).

Lřorganisation annuelle au mois dřavril dřun festival dénommé Festival des Cultures de
Mbour est un cadre dřintégration des communautés. Elle promeut ainsi un brassage des
cultures.

Selon les personnes interrogées, les associations de quartier et les journées dřinvestissement
communautaire pour la salubrité à travers les opérations de « set setal » peuvent être
considérées comme des indicateurs de cohésion sociale. Cependant malgré lřépaisseur
historique des relations communautaires et des efforts de maintien de cette cohésion, on ne
doit pas perdre de vue le risque de tension sociale déjà annoncé à travers lřaccaparement et la
spoliation des terres. La prévalence des enjeux fonciers se traduit par une certaine ampleur de
la pression foncière qui, généralement, est liée à lřarrivée de groupes dont les besoins sont
souvent conflictuels à ceux des terroirs traditionnels. En effet le contrôle et lřaccès à la terre
peuvent entrainer, des formes de concurrence, de tension et de violence pouvant impliquer
plusieurs catégories dřacteurs (des individus, des familles), des collectivités locales, des
Sociétés telle que la SAPCO. Pour cette dernière les parcelles attribuées aux populations lors

32
Masque Malinké qui sort pendant les périodes de circoncision (Patrimoine culturel)
33
Terme Woloff qui veut dire couver
34
Il fait bon de naître ou de mourir à Mbour
des lotissements sont jugées insuffisantes. En zone rurale telle que Malicounda, la proximité
de la ville et le brassage entraine une modification des comportements et des mentalités
capables de bouleverser certaines valeurs de solidarité traditionnelle. Ainsi donc pour une
cohésion sociale durable des efforts doivent être fait à différents niveaux : favoriser les
interrelations entre institutions, éviter les clivages politiques, les relations entre producteurs
infrastructures hôtelières. La promotion du développement local et des valeurs de solidarité et
d'équité de non discrimination dans l'accès aux droits constituent également des points
fondamentaux. Les mutations profondes que connaissent les territoires étudiés (explosion
démographique, recomposition démographique, ségrégation en matière dřinfrastructure,
étalement urbain, multiplicité des niveaux de pouvoir, attractivité…) entrainent des
conséquences dont les élus et lřEtat sont quotidiennement interpelés. En effet, dès lors que les
situations de vulnérabilité sociale ne sont pas suffisamment prévenues, elles glissent
progressivement vers une exclusion difficilement réversible (Fourel et Noblet, 2013 in
Cyprien A. 2013). Cependant il est important de noter que la cohésion sociale constitue un des
leviers forts de la gestion des crises. Elle doit être reconstruite par les collectivités qui peuvent
lřutiliser comme atout dans les instruments de gouvernance. Cela implique de considérer
lřépaisseur historique des sociétés, cřest-à-dire les valeurs fondamentales sur lesquelles elles
se sont édifiées, et leur évolution jusquřà aujourdřhui (Magnan A., Duvat, V. Garnier E,
2012). Lřévaluation de la cohésion sociale, en même tant quřelle permet lřanalyse de la
vulnérabilité permet également dřévaluer ou de construire les mécanismes de solidarité des
territoires considérés dans les stratégies dřadaptation. Sous cet angle, la transmission de la
culture du risque dřune génération à une autre, renforce la cohésion de la société, tend par
exemple à réduire sa vulnérabilité (Magnan A., Duvat, V. Garnier E, 2012)

II.2.2. Une diversification économique très faible


Selon Magnan, sur un autre plan, la diversification économique dont fait preuve le territoire
peut expliquer quřun risque naturel perturbe plus ou moins durablement son fonctionnement.
En effet, un territoire fonctionnant sur une mono activité, touché par une catastrophe peut être
profondément paralysé. Il évoque lřexemple Maldives qui, dřun point de vue économique, ont
été plus durablement affectées par le tsunami de 2004 que ne lřa été lřInde. La raison évoquée
en est que lřactivité motrice du développement économique est littorale (le tourisme), mais
également quřil nřy a pas dans cet archipel dřautres secteurs économiques susceptibles de
compenser, au moins pour un temps, les pertes liées au déclin momentané du tourisme
(réduction du nombre de chambres, baisse des flux dřarrivées…). Le deuxième pilier
économique des Maldives est la pêche, mais qui reste loin derrière le tourisme en termes de
contribution aux revenus nationaux. Ce secteur nřétait donc pas à même de compenser la perte
des recettes touristiques.

Comparée aux Maldives, la zone dřétude présente deux secteurs clés que sont le tourisme,
surtout pour Saly, et la pêche avec différents quais de pêche et débarcadères dont celui
Mbour, le plus grand.

Lřérosion côtière, la variation des stocks affectent deux secteurs clés de lřéconomie locale et
nationale que sont la pêche et le tourisme, et la vulnérabilité est dřautant plus réelle ces
activités se concentrent toutes sur le littoral. En effet la pêche est maritime, le tourisme
essentiellement balnéaire. Si la baisse des stocks ne fragilise que la pêche, lřérosion côtière
touche à la fois les deux secteurs. Ainsi le tourisme est affecté à travers la disparition des
plages et la destruction des infrastructures. Pour la pêche il sřagit surtout du rétrécissement
voire la disparition dřaires de débarquement de la destruction dřunités de pêche et
dřinfrastructures.

Lorsque le schéma de développement dřun territoire repose sur plusieurs activités qui, de
surcroît, ne se concentrent pas toutes sur le littoral, alors la vulnérabilité en est dřautant plus
réduite. En effet le dynamisme de la zone dřétude laisse voire un espace pluriactivités mais
fortement favorisé par la pêche et le tourisme. Les secteurs de la pêche et du tourisme
mobilisent individuellement différentes catégories dřactivités et dřacteurs.

Cřest ainsi que, dans la pêche, on peut distinguer différents métiers tels que : Pêcheurs,
Mareyeurs, transformateurs, vendeurs de poissons fumés, fabricants et vendeurs de glace,
Vendeurs dřengins de pêches, fabricants de pirogue et mécaniciens hors bord.

Dans le tourisme, en plus des activités directement liées à lřhôtellerie, il draine ou favorise
dřautres activités (artisanat, commerce, services.). Pour le secteur primaire, on note que
lřagriculture et lřélevage se maintiennent encore dans la communauté rurale de Malicounda
mais cependant fortement menacés par lřexpansion de Mbour et Saly sur les surfaces qui leur
sont dévolues.

Lřidéal recherché dans la diversité économique est la capacité à offrir des possibilités de
compensation des secteurs dřactivités affectés en cas de catastrophes, le temps dřun retour à
« lřéquilibre » évitant ainsi un chaos économique.
Evidemment dans le cadre théorique, lřauteur nřexclut pas les possibilités dřaccès à lřaide
internationale qui constitue cependant un facteur exogène dont lřintégration dans la résilience
est à discuter.

Au niveau de Mbour et Saly, Les trois principales activités directement liées à la mer sont : la
pêche, la transformation et le tourisme balnéaire.

15
PECHE
4
AGRICULTURE
8 ELEVAGE
57 TOURISME

Figure 63 : Occupations de chefs de ménages dans les quartiers traditionnels de Saly

Cependant au niveau des zones de pêches la part des activités non liées à la mer apparait
réduite ou inexistante. Au niveau de villages ne disposant pas de frange côtière, les activités
sont principalement lřagriculture et lřélevage qui peuvent être associées. Des cas de
pluriactivité peuvent être observés mais celles citées demeurent les occupations principales
des chefs de ménages qui sřadonnent parfois à des activités temporaires ou occasionnelles
telles que le commerce ou le mareyage.

Agricultu Commer Retraité


re ce 4%
2% 9%
Autres
13%
Tourism Autre
Tourisme Salariés e 42%
19% Etat et 26%
Privés
30% Pêche
Pêche 10%
Salariés
27% Etat et Commer
privés ce
11% 7%

Figure 64 : Activités Saly Coulang Figure 65: Activités Saly Niakh niakhal
12

10

8
Mbour
6
Nianing
4
Warang
2 Saly Portugal

0 Saly Niakhniakhal

Figure 66 : Typologies des activités au niveau des quais de pêche

Tableau 56 : Activités au niveau des quais de pêche


Quai de pêche Agriculture maraichage Elevage Industrie tourisme commerce transformation
Très
Mbour Important Inexistant Faible Inexistant important Important Très important
Très
Nianing Important Faible Faible Inexistant important Faible Important
Warang Faible Inexistant Inexistant Inexistant Faible Inexistant Inexistant
Très
Saly portugal Inexistant Inexistant Inexistant Inexistant important Important Faible
Très
Saly niakhniakhal Inexistant Faible Important Inexistant important Important Faible
Mballing Faible Important Important Faible Faible Important
Pointe sarène Important Important Important Faible Faible Important

On note dans les différents territoires la présence dřactivités telles que le commerce,
lřartisanat, le transport.

Le commerce a favorisé également lřessor de la ville de Mbour depuis la période coloniale.


Aujourdřhui les acteurs dans le commerce sont de diverses origines. Mbour constitue un lieu
de convergence de divers acteurs en vue dřune insertion professionnelle. Ce sont
essentiellement des nationaux venant de différentes régions du pays, du Baol notamment. En
plus du marché central, le commerce de détail reste très présent le long des axes de
communication, sur les grandes artères surtout. Mbour joue un rôle de centre dřéchanges et de
commerce très important, dont le rayonnement va au-delà de la région de Thiès.
Au niveau de la Communauté rurale de Malicounda, le commerce est également un secteur
important avec des marchés de dynamismes différents, répartis dans les différents villages. Le
petit commerce absorbe un nombre important de femmes. La faiblesse du secteur dans cette
zone rurale réside surtout en lřabsence de marchés hebdomadaires

Du fait de la pêche et du tourisme, et de lřexpansion du bâti lřartisanat constitue un secteur


très important dans la zone dřétude. On distingue, lřartisanat de production (maçonnerie,
menuiserie…), lřartisanat dřart (coiffure, teinture.) et lřartisanat de service (sculpteurs de
pirogues, les cordonniers, mécaniciens, plombiers, forgerons, tôliers/mécaniciens, tailleurs,
bricoleurs…).

Favorisé par le tourisme, lřartisanat dřart occupe en effet une place importante dans
lřéconomie de la zone. Le secteur est assez bien structuré au niveau de Saly et bénéficie
depuis 1981 dřun village artisanal. Il dispose de 109 boutiques pour un effectif de 218
artisans. Les produits sont diversifiés 22 corps de métiers. Dřautres artisans sont également
installés le long de certaines rues. On note un renouvellement des artisans. 34% des artisans
interrogés se sont implantés entre 1994 et 1999 et 66% entre 2000 et 2009. Le secteur
mobilise un nombre important de femmes avec 44%. Mballing dispose également dřun centre
de formation en menuiserie.

Le graphique qui suit donne une estimation des actifs de lřartisanat de production dans la
communauté rurale de Malicounda avant lřérection de Saly en Commune.

teinturières
Potiers
Tailleurs
Tisserand
Couturier
effectif
Maçon
Menusiers
Forgerons
Bijoutier

0 50 100 150 200

Figure 67 : Estimation des artisans de production dans la CR de Malicounda


(source CADL Sindia)
Le transport dans la zone dřétude est assez dynamique avec différents véhicules pour le
transport de personnes et de marchandises comme les produits halieutiques. Cřest ainsi quřon
peut distinguer les véhicules motorisés, les charrettes (pousse-pousse) ou transport
hippomobile.

Pour les déplacements on observe différents types de transport. Le transport intra-urbain


desservant le centre ville et les quartiers périphériques

Le transport interurbain pour la desserte des villes bénéficie dřune gare routière avec un parc
automobile composé de taxis, de minicars. Saly dispose dřune station de taxi et de « clando »
à lřentrée et lřintérieur de la Commune.

Le financement des collectivités locales à partir des recouvrements permet de voir la part des
différents secteurs dans le budget des Collectivités locales. Les données de recouvrement
permettent de constater que les impôts locaux (42,28%) et les produits domaniaux procurent
lřessentiel des recettes de la Commune de Mbour.

Les impôts locaux englobent le foncier bâti et non bâti, les patentes, la taxe sur les véhicules
automobiles… tandis que dans les produits domaniaux se retrouvent les produits des permis
de stationnement, la redevance pour auto de stationnement des taxis, produit des droits de
place…. Les produits dřexploitation incluent la part reçue (20%) de la gestion du quai de
pêche par le GIE.

La composition des recettes permet ainsi dire que le transport et le commerce constituent des
secteurs clés dans les mécanismes de financement de la Commune. Cependant il convient
souligner que le dynamisme de ces secteurs est fortement influencé par la pêche. Ce dernier
met en place des emplois diversifiés (mareyeur, écailleuse…), impulse le transport (charretier,
camions frigorifiques, taxis pour le ravitaillement urbain ou des déplacements hors de la
Commune). Tous les déplacements sont orientés vers le quai de pêche « L activité de la pêche
tourne et fait tourner la ville 35» Les recettes sont surtout enregistrées au mois de juin juillet
aout, période pendant laquelle les mises à terre sont plus importantes. La composition du
budget des différentes Collectivités locale permet de voir les véritables sources de
mobilisation de recettes pour leur financement.

35
Propos Sy, Secrétaire Municipal
Avec 1.669.012.212FCFA pour le budget de 2014, la Commune de Saly, tire lřessentiel de ces
recettes du foncier bâti et les patentes. Dans le foncier bâti on trouve les hôtels et
résidences…dans les patentes les boutiques, les restaurants… relatifs au secteur touristique.

Avec 400.000.000FCFA de budget, La part du foncier bâti reste également importante au


niveau de Malicounda. 90.000.000FCFA prévus (soit 22%) et 160.000.000 (40%) FCFA pour
le frais de bornage. Lřimpôt foncier non bâti rapporte 4.000.000FCFA. La taxe rurale nřest
pas perçue.

La Communauté rurale de Malicounda espère compenser les recettes perdues de la station


balnéaire de Saly avec le Projet touristique de Pointe Sarène, dřoù le poids économique
important de ce secteur qui aura fait perdre 600.000.000FCFA avec lřérection de Saly en
Commune.

Le poids des secteurs de la pêche et du tourisme dans les budgets respectifs permettent de voir
la vulnérabilité des collectivités locales dans leur système de financement fortement
dépendant de la santé des secteurs précités qui connaissent des perturbations (érosion côtière
pour le tourisme et baisse des stocks de ressources halieutiques pour la pêche).

Le budget des trois collectivités locales Mbour, Saly Malicounda repose sur trois secteurs
différents. Pour Saly, cřest essentiellement sa spécialisation touristique, pour Malicounda le
foncier bâti tandis que Mbour tire lřessentiel de ses recettes des impôts locaux et des produits
domaniaux. Ces sources de financement qui dépendent fortement de lřattraction de la
Commune du fait de la pêche et du tourisme.

La spécialisation économique des différentes collectivités locales entretient ainsi une


dépendance économique qui est source de vulnérabilité. La fragilisation de ces secteurs peut
entraver lřéconomie locale et les moyens financiers de gouvernance. Les collectivités locales
prises individuellement ne présentent pas de secteurs économiques pouvant réellement jouer
un rôle compensatoire.

II .2.3. Une structuration politico-institutionnelle handicapante


La structuration politico-institutionnelle ou politico-administrative, qui renvoie aux
mécanismes qui régissent le fonctionnement du territoire, constitue un cinquième facteur
dřinfluence du niveau de vulnérabilité. Elle traduit a priori le fait quřun territoire constitué de
circonscriptions nřayant que peu de liens entre elles sera plus fragile face à une perturbation
quřun espace cohérent dont le fonctionnement repose aussi sur lřarticulation de réseaux. Les
effets redoutés sont surtout lřaugmentation de lřampleur du risque sur un territoire « réduit »
ou « isolé » ou micro territoire. Le territoire en question est surtout fragilisé par ses faibles
capacités. On a trouvé dans Lřapproche territoriale la notion de vulnérabilité endogène qui
relève de la fragmentation des compétences entre collectivités locales qui, on le pense, est
prise en charge dans la structuration politico-institutionnelle de Magnan (C. Gilbert, P. Pigeon
et V. Boudières cités par Donze 2007).

Si lřon peut parler dřune cohésion sociale au niveau de Mbour, la structuration politico
institutionnelle du fait de nombreux facteurs et pratiques apparait moins fédératrice et moins
cohérente. En effet les entités territoriales jadis plus ou fondées sur les cultures et les origines
des peuplements sont de plus fragilisées par de nouveaux découpages administratifs qui ont
plutôt tendance à créer des rivalités du fait dřenjeux politiques, financiers et fonciers. Dřabord
marquée par la mise en place à travers le remplacement des conseils municipaux et ruraux par
des délégations spéciales (Mbour et Malicounda), la zone a connu en 2008 une nouvelle
mutation de type fragmentation de territoires, créant ainsi de micro territoires, réduisant de
fait la diversité économique. Le partage de la Communauté rurale de Malicounda aboutit à la
création de deux territoires aux ressources inéquitables. Ce déséquilibre crée ainsi des
problèmes de gestion mais également des frustrations.

A lřéchelle de la Commune même de saly, le bail jadis accordé à la SAPCO sur le Domaine
Public Maritime (DPM) nřindividualisait-il pas un territoire particulier si lřon considère le
statut foncier et le mode de gestion ? Peut-on parler de développement territorial réel sans
maîtrise foncière des Communes de zones stratégiques mais aussi sensibles ?

La planification qui devait faciliter lřorganisation des territoires souffre de certaines faiblesses
dans lřapplication dřinstruments existants ou dans la production dřoutils de planification
locale. Les politiques et les actions entre les différentes échelles territoriales souffrent de
coordination.

En matière dřaménagement du territoire, les compétences restent partagées entre Etat et


Collectivités locales.

Le Plan National d'Aménagement du Territoire (PNAT) en tant qu'outil de "pilotage" précise


dans sa partie introductive quřil doit définir les axes d'aménagement et de développement à
moyen et long termes qui serviront de cadre à la planification à court terme (plans de
développement économique et social et plans régionaux de développement intégré). Il est
constitué dřun Plan Général d'Aménagement du Territoire (PGAT) et de Schémas Régionaux
d'Aménagement du Territoire (SRAT).

L'objectif visé était, dans le cadre des politiques de développement, de rendre plus effective la
décentralisation des activités économiques et des équipements, de réduire les disparités entre
les régions et à l'intérieur de celles-ci, d'assurer une utilisation rationnelle de l'espace national.
Il s'agissait en définitive d'arriver, par une démarche prospective, à la société voulue pour
l'horizon retenu et de fixer les étapes devant conduire à cette société.

Dans ce domaine, lřEtat définit le plan national dřaménagement du territoire (PNAT) et la


région élabore le schéma régional dřaménagement du territoire (SRAT) en intégrant lřavis de
chaque CM et CR quřil soumet à lřapprobation de lřEtat.

Dřautres compétences sont transférées aux collectivités locales en matière dřurbanisme,


dřhabitat, de foncier…Cet ensemble de compétences reçues par les communes et communauté
rurale augmente les rivalités des Collectivités Locales face aux enjeux fonciers.

Les limites des Collectivités locales sont normalement fixées par décret ce qui nřest pas le cas
pour la Commune de Mbour. Le document de référence pour cette dernière en matière
dřextension demeure le PDUA approuvé depuis 1984 et élaboré en 1976 qui ne fixait
cependant que les grandes lignes dřun développement urbain.

Avec lřavènement de la nouvelle Commune Saly, lřexpansion de Mbour accentue les enjeux
et les conflits entre collectivités locales. Cependant les commissions de négociation des
limites installées pour arriver à des consensus apparaissent comme des organes régulation.

En matière de planification les outils de planification Plan Local de Développement, Plan


Directeur dřUrbanisme, Plan dřinvestissement Communal) sont caduques ou inexistants. La
C.R de Malicounda devient ainsi plus que vulnérable à ce point en lřabsence dřun plan
dřaménagement réel.

Au terme, nous voyons donc lřinscription de la vulnérabilité sur ces trois collectivités locales
mitoyennes avec des limites qui ne permettent pas de transcender les problèmes
environnementaux dřordre global ou systémique. A cet effet, des cadres réels de coopération
entre ces collectivités locales nřont pas été identifiés, même si dans les stratégies développées
au niveau de Saly des actions communes entre privés, Sapco et Commune ont été mises en
œuvre. De même que la satisfaction de besoin en espace de la Commune de Mbour pour
lřaménagement dřinfrastructures (Site de transformation, Assainissement) est effectuée par la
Communauté rurale de Malicounda.

On remarque également que les budgets des collectivités locales, pris individuellement, ne
peuvent prendre en charge les problèmes environnementaux émergents. Lřanalyse de la
ventilation des dépenses des collectivités locales nous montrent quřelles sont fortement
exécutées dans le fonctionnement ou dans les investissements en infrastructures publiques
notamment pour Saly, une Commune nouvelle, avec 47% de frais de fonctionnement. Les
mécanismes de gouvernance des risques nřapparaissent pas clairement dans les instruments en
place.

II.2.4. Un niveau de développement fragile


Ce sixième axe dřanalyse de la vulnérabilité, tel que présenté dans le cadre théorique Magnan
fait allusion aux orientations de développement, aux conditions de vie avec différents axes
spécifiquement la démographie, lřhabitat, lřéducation, lřemploi, les transports, lřénergie et la
santé.

Dans notre travail, la démographie est appréciée par rapport au taux de croissance de la zone
dřétude, à la taille de la population surtout des quartiers exposés en effet les zones densément
peuplées tendent à être considérées comme les plus à risque, dřabord parce que davantage de
personnes sont potentiellement exposées, ensuite parce quřune telle organisation de lřespace
suppose une certaine densité dřinfrastructures. Cette situation de boom démographique
augmente les obligations et charges financières des Collectivités à satisfaire les demandes
croissantes en aménagement et infrastructures réduisant ainsi les possibilités de prévention ou
de gestion des risques.

Outre les éléments précités renvoyant aux conditions de vie, nous avons jugé pertinent
dřintégrer, dans le niveau de développement, les modes dřutilisation de lřespace et des
ressources non durables qui contribuent à la vulnérabilité des territoires et qui constituent
lřargumentaire cette thèse. Ce dernier élément constitue en fait un recensement de pratiques
ou dřaménagements non durables ou déficients ayant initialement provoqué ou accéléré les
différentes perturbations enregistrées. Le territoire se montre vulnérable aussi bien aux aléas
naturels quřà ceux liés au fonctionnement de la société. La vulnérabilité des territoires est
également liée à certains facteurs qui sont endogènes relatifs aux modes de vie et pratiques.
Ainsi leur connaissance et leur évaluation dans les changements environnementaux devrait
constituer des éléments déterminants dans le diagnostic de la vulnérabilité des territoires et
leur processus dřadaptation.

II.1.2.4.1. Le boom démographique


La zone dřétude, quelle que soit la collectivité locale considérée, connaît une croissance
démographique spectaculaire. En effet la ville de Mbour a connu une croissance
démographique époustouflante avec de 6,3%, contre 3% au niveau national et dépassant ainsi
de loin Dakar la capitale. La population estimée à 257.170 en 2014 semble lřavoir dépassée.
Selon la municipalité la population résidentielle pourrait être de 500 000 habitants, mais ne
peut atteindre certains chiffres fantaisistes 700.000 ou 1.000.000 dřhabitants !

Lřapport des régions de lřintérieur du fait des différentes sécheresses, la crise arachidière, les
nouvelles orientations politiques, les grands projets…, en sont les grands moteurs. Les
ménages accueillent temporairement, à courte ou à longue durée, des migrants qui sřinsèrent
dans différents secteurs dřactivités urbaines.

Mbour constitue un point de passage et dřattraction marqué par la convergence de plusieurs


acteurs et produits, généralement liés directement ou indirectement à la mer, et des ressources
du continent. Malgré une urbanisation parmi les plus élevées du Sénégal, lřexploitation des
ressources halieutiques a pu être confinée à lřintérieur même de la ville, ce qui justifie la
venue continuelle de pêcheurs et de mareyeurs.

37,62% des ménages de lřéchantillon ont accueilli 423 individus. Viennent en tête le quartier
de Château dřeau Sud et, successivement, Grand Mbour, Teffes 11 Novembre, Mbour Maure,
Mbour Serer Souf et Escale.

Les origines sont diverses. Les individus proviennent du Sénégal ou de certains pays de la
sous-région comme la Guinée, le Mali et le Bénin. Pratiquement toutes les régions du pays
sont représentées avec cependant des contributions très déséquilibrées. On constate également
que les origines des chefs de ménages et des hôtes ne sont pas toujours identiques. Cřest ainsi
quřon peut voir un ressortissant de Thiès héberger des personnes venant de Casamance, du
Fouta.

La répartition spatiale est également marquée par le poids démographique des quartiers
périphériques (Tefess, Darou Salam, Mbour sérère I et II, Thiocé-ouest, Mbour Toucouleur et
Mbour maure).par rapport à ceux résidentiels constitués par Escale et Onze novembre.
Tableau 57 : Poids démographique des quartiers périphériques et côtiers
Quartiers Population Concessions Ménages
Tefess 10.759 550 883
Mbour sérère kao 2.707 354 389
Mbour sérère souf 1.257 104 133
Total 14.723 1008 1.405
Source : DAPS (2002)

Le quartier Tefess, abritant une bonne partie des pêcheurs, est le plus peuplé avec une densité
de 482 hbts/ha.

600
500 Densité (hbt/ha)
400
300
200
100
0

Figure 68 : Densité de population par quartier


Selon les enquêtes ménages et la consultation du fichier dřimmatriculation, la majeure partie
des pêcheurs résident dans quartiers exposés à lřérosion côtière ou aux inondations.

Sur le fichier dřimmatriculation sur 104 fiches consultées 32 propriétaires de pirogues


résident à Tefess. Nous maintenons le terme propriétaire de pirogue, car tous ne sont pas
pêcheurs ou forcément en activité, ils peuvent tout simplement être des « patrons de pêche »

Le boom démographique caractérise aussi la Commune de Saly qui est en train de sřurbaniser
avec la multiplication des lotissements. Le Poids démographique des quartiers exposés dans
cette Commune est très important ; en effet Saly Coulang et Saly Niakhal avec 2974 habitants
abritent 41,71% de la population de la Commune. Il faudrait également souligner que ces
quartiers regroupent à la fois des concessions traditionnelles et des résidences appartenant à
des nationaux ou des expatriés, notamment à Saly « Niakhal niakal » où elles demeurent
majoritaires en bordure de mer. Ces deux quartiers restent également marqués par une
densification et une exigüité remarquable. On note aussi des liens sociaux forts dans des
concessions à plusieurs ménages en statut de copropriétaires.
Au niveau de la Communauté rurale de Malicounda, Le poids démographique de la zone
maritime reste très important. Tel quřillustré par le graphique, 43, 75% de la population
(14011 habitants) sont concentrés sur seulement 6 villages alors que 56, 25% se répartissent
dans 15 villages. Certains villages côtiers distinguent également par leur taille très importante,
Nianing (5000 habitants), Mballing (3512 habitants) Pointe Sarène (2739 habitants).

II.1.2.4.2. Le niveau d’équipement


La vulnérabilité inclut les enjeux socioéconomiques analysés à partir de lřoccupation et de la
distribution des infrastructures

250
Habitat
200
Sup. parcelles inoccupées
150 Voirie
Grands Equipements
100

50

Figure 69 : Occupation, infrastructure et équipement dans les différents quartiers de Mbour

Les quartiers onze novembre et Tefess mobilisent lřessentiel des équipements. Lřanalyse du
tableau révèle que lřhabitat représente 61,5% du périmètre communal soit 771,37 ha et 279 ha
de parcelles vides. La voirie occupe la deuxième avec 563,68 ha soit 35% de la superficie
totale. Quant aux équipements, ils ne représentent que 3,3% de la superficie totale soit 53,21
ha. On constate également une forte inégalité dans leur répartition par quartier. Les quartiers
exposés aux inondations ou lřérosion, sous équipés, et leurs véritables enjeux résident sur le
bâti et les hommes.

Cependant, on note pour Tefess, la présence dřinfrastructures stratégiques telles que le quai de
pêche. Les villages côtiers et Saly disposent de quai de pêches de moindre envergure, des
débarcadères surtout mais très importants dans le développement économique des territoires.
Sur le secteur du tourisme, les réceptifs touristique sont concentrés à la station Saly. La Part
de Saly dans les indicateurs de tourisme de la région de Thiès et de la Petite Côte est très
importante et la fragilisation constitue un risque majeur capable de faire basculer lřéconomie
locale et nationale.

En effet la station Saly détient 70% des indicateurs du tourisme dans la région de Thiès
appréciés à travers les nuités, infrastructures (Hôtels, résidences).

Pour la Communauté rurale de Malicounda lřenjeu est également important à ce niveau avec
les sites touristiques existants mais surtout le grand projet dřaménagement touristique au
niveau de Pointe Sarène.

II.1.2.4.3. Le niveau de vie des ménages


Par rapport aux conditions de vie, il est important dřévoquer la pauvreté. La région de Thiès
est considérée comme moyennement pauvre. La baisse de la production agricole liée, entre à
la dégradation des sols, à la faible valorisation des potentialités régionales, et une
démographie galopante ont accéléré le processus de paupérisation dřune frange importante de
la population.

Selon lřEnquête Sénégalaise auprès des ménages (ESAM II 2001/2002), lřincidence de la


pauvreté au niveau ménage était estimé à 48,6%. Ce taux presque identique à celui national
(48,5%), plaçait la région parmi celles moyennement pauvres, dans le même groupe que
Fatick (46,3%) et Saint-Louis/Matam (42,1%) et la situe après Dakar (33,6%) et Louga
(36,6%). Cette situation avait connu une évolution en 2005, où, selon lřESPS (2005-2006), on
a noté 44,1% de ménages pauvres dans la région de Thiès.

Au niveau individuel, prés de 50% de la population de la région de Thiès est considérée


comme pauvre selon lřESPS de 2005-2006, ce qui est en deçà de la situation nationale où
50,8% des individus sont pauvres.

Cela montre que les efforts entrepris ont permis de réduire le nombre de pauvres dans la
région sans pour autant empêcher certains individus de sřenfoncer davantage dans une
situation de précarité extrême.

Ces enquêtes montraient aussi : quřavec les conditions précaires que vivent les populations
rurales, la pauvreté est plus accentuée en milieu rural quřen milieu urbain et que le
département de Mbour abritant la zone dřétude concentre le plus grand nombre de ménages
pauvres, malgré le développement des secteurs de la pêche et du Tourisme.
Les documents de planification de la région de Thiès font état dřun chômage endémique lié à
la fermeture de quelques usines et à la compression de personnel, favorisant ainsi des
difficultés réelles de survie dans certaines familles. Le lieu de résidence a une forte influence
sur le chômage des jeunes qui augmente avec le degré d'urbanisme. De 5,5% en milieu rural,
le taux de chômage passe à 21,8% dans les villes autres que Dakar.

Au niveau de Saly le taux de chômage reste important du fait du manque de qualification de


jeunes dans les secteurs du tourisme avec des emplois sont souvent saisonniers. Les
élèves/étudiants et les personnes au foyer constituent l'essentiel des inactifs. La jeunesse de la
population et le statut des femmes par rapport à la participation économique peuvent
expliquer cette situation. . En milieu rural cependant, la part des élèves/étudiants est moins
importante (27,0%) comparée à celle des personnes au foyer (56,4%). Des éléments qui
influent fortement sur lřinactivité tels que le statut dřélève sont très développés tandis que
dřautres tels que le statut de femme au foyer semblent réduits dans la zone, les femmes sont
mobilisées dans les secteurs de la transformation, du maraichage, du commerce, de la
restauration du tourisme mais on retrouve un nombre assez important de femmes
fonctionnaires.

35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
5,0
0,0

Pourcentage

Figure 70 : Activités des chefs de ménage femmes interrogés à Mbour


Les enquêtes effectuées donnent cependant un nombre dřactifs important, la presque totalité
des chefs de ménage sont en activité. Même certains retraités du secteur privé ou public
sřadonnent à dřautres activités telles que le maraîchage. Au niveau des personnes hébergées
également seuls 2, 36% sont sans emplois représentant 10 individus dont les 8 se trouvent
dans le quartier Château dřeau sud et les deux autres répartis entre Mbour Serer Souf et 11
novembre
Un autre point entrant dans lřanalyse du niveau de développement est lřappréciation des
revenus des ménages.

Lřestimation des revenus reste indicative. Ces montants constituent un cumul de lřensemble
des revenus des personnes contribuant au fonctionnement du ménage. Le niveau de revenu
reste très hétérogène variant de 0 FCFA à plus de cinq cent mille (500.000) FCFA par an.
Selon les ménages et les territoires considérés, les graphiques qui suivent donnent les classes
de revenus des ménages des différentes collectivités locales. Celui de la moyenne nationale
est inférieure dix huit mille 500 (18.500 FCFA par an. A ce titre, avec des revenus inférieurs à
cent cinquante mille francs CFA (45%), ces ménages sřavèrent vulnérables ; par exemple le
paiement dřun logement adéquat se poserait au besoin, en cas de dommages suite à
lřinondation ou lřérosion, lřapprovisionnement en denrées alimentaires en cas de mauvaises
récoltes

Tefess

Mbour serere…
Pas de réponse
Mbour maure Plus de 500.000
Grand Mbour 300.000 à 500.000
150.000 à 300.000
Escale
Moins de 150.000
Château d'eau

onze novembre

Figure 71 : Revenus des ménages par quartier à Mbour

Plus de 500
000

300 à 500 000

100 à 200 000

50 à 100 000 %

néant

0,0 10,0 20,0 30,0 40,0

Figure 72 : Revenu des ménages au niveau de Saly Coulang


plus de 500 000

300 à 500 000

100 à 200 000

%
50 à 100 000

moins de 50 000

Néant

0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0

Figure 73 : Revenu des ménages au niveau de Saly niakh niakahal

18,0%
16,0%
14,0%
12,0% 50.000 a 100.000
10,0% 100.000 a 200.000
8,0%
200.000 a 300.000
6,0%
4,0% 300.000 a 500.000
2,0% Plus de 500.000
0,0%

Figure 74 : Répartition par village du revenu des ménages

II.1.2.4.4. Le niveau d’éducation


Ce point cherche à analyser la relation entre éducation et risque, partant de lřhypothèse basée
sur la connaissance du risque et lřadoption de meilleurs comportements pour faire face aux
risques.

Nos travaux laissent voir, en nous référant aux graphiques qui suivent, que le niveau
dřéducation influe également sur la perception et la connaissance des risques, pas forcément
la connaissance du risque. Au niveau de Saly Coulan 9% des personnes interrogées, qui nřont
aucun niveau, sont sans avis ou évoquent la raison divine comme justificatifs des
perturbations enregistrées dans la zone. Cependant on retient avec Magan (2009), quřun haut
niveau dřéducation ne suppose pas une connaissance précise de tous les types de risques
menaçant le territoire de vie et de tous les types de réaction à adopter. Lřabsence dřavis ou la
raison divine sont aussi relevées chez les personnes qui ont atteint le supérieur.

Supérieur

Secondaire Sans avis ou raison


divine
Primaire
Avancée rapide de la
Arabe mer et transformation
du site
Aucun niveau

- 10,0 20,0 30,0

Figure 75 : Perception de l’érosion côtière selon le niveau d’éducation à Saly Coulang

12
10
8
6 Aucun niveau
4 Arabe
2
Primaire
0
Secondaire
Supérieur

Figure 76 : Perception des risques à Saly niakhniakhal selon le niveau d’éducation

II.1.2.4.5. Les indicateurs de santé dans la zone d’étude


Dans le volet santé nous, avons privilégié comme indicateurs lřoffre de soins à travers les
infrastructures et personnel de santé. La zone dřétude selon les territoires considérés présente
différentes structures sanitaires à caractère public 18 sont dénombrées à Mbour avec une forte
concentration au niveau du quartier escale et des quartiers centraux. Telles quřillustrées sur la
carte, les infrastructures sont des hôpitaux, des dispensaires, des Postes de Santé (Audit
urbain). A ces infrastructures, on peut ajouter Protection Service régional Maternelle et
Infantile (PMI), Service Régional des Grandes Endémies, laboratoire dřanalyses médicales, le
Centre Ophtalmologique.

La superposition de la carte des inondations qui sont surtout vecteurs de maladies permet de
constater que les quartiers très inondés ne disposent pas de structures sanitaires disposent de
structures sanitaires. Cependant des dispensaires postes de santé existent au niveau de Tefess
et villages exposés (Nianing)

Carte 36 : Carte sanitaire de la zone d’étude


Tableau 58 : Population cible et personnel de santé
Norme Norme Ministère de la
Secteurs Catégories Effectifs
OMS santé et de la Prévention
Infrastructures 1 pour 1 pour 5000-1000
Nombre habitants pour un
5000-
poste de santé
13750 10000
Nombre habitants pour un 1 pour 1pour 150000
centre de santé 302494 50000
Personnel 1 pour
Nombre habitants pour un
5000-
Médecin
75624 10000
Nombre habitants pour un 1 pour 1 pour 5000
Infirmier 8897 300

Tableau 59 : Couverture et norme sanitaire


Population totale Normes
Nom structure 2009 OMS Norme Ministère Santé
District 306291
Centre de santé 11375 50000 150000
Source : Niang A (2014)

35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0

Figure 77 : Couverture sanitaure et Norme


Par rapport aux normes OMS, on note également un écart par rapport aux réalités de terrain
Indiquant un déficit en matière dřéquipement et de personnel de santé.
II.1.2.4.6. Des facteurs anthropiques des différentes perturbations liés aux pratiques et
mode gestion
Il devient de plus en plus difficile de considérer les différentes perturbations comme
strictement naturelles ou de les imputer au changement climatique puisque, comme nous
allons le voir, plusieurs facteurs humains peuvent influer sur leur manifestation ou leur
intensité. Nous ne remettons pas en cause le classement des aléas mais tentons de présenter le
rôle déterminant de lřaction de lřhomme sur les phénomènes considérés comme impacts du
changement climatique dans les territoires étudiés. Ces éléments dřorigine sont classés parmi
les macro-forces des dynamiques territoriales dans le schéma de Blaikie (Blaikie et all, 1994,
Magan.2009). Thouret et al. (1994) en traitant du risque urbain pensent que cřest lřaction
humaine qui participe à la construction volontaire du risque. Les éléments que nous jugeons
pertinent dřintégrer dans cet axe du cadre dřanalyse de Magnan renvoient aux modes et
pratiques dřexploitation de lřespace et des ressources qui ne garantissent pas un
développement durable. Des pratiques destructrices, anarchiques et non conformes à la
réglementation, peuvent être identifiées dans toutes, des modes gestion les perturbations
évoquées dans ce travail. Ce sont donc des contraintes anthropiques

II.1.2.4.6.1. Les facteurs anthropiques des inondations


Les facteurs anthropiques en matière dřinondations concernent surtout les problèmes
dřaménagement. Les aménagements sont souvent absents ou sommaires. Comme indiqué plus
haut, la série pluviométrique analysée sur les relations entre les inondations et événements
pluvieux en entre 1931 et 2011 ne révèlent pas un caractère extrême des quantités
enregistrées. La vulnérabilité de Mbour au risque dřinondation comme dans beaucoup de
villes sénégalaises relève également dřun déficit dřaménagement. En effet Lřextension du bâti
au niveau de la Commune de Mbour sřest faite également sur des zones inondables non
aedificandi. Les inondations concernent essentiellement les quartiers périphériques qui
manquent dřinfrastructures. La ville dispose dřun faible linéaire de réseau dřévacuation des
eaux pluviales, de 680m et peu fonctionnel avec une obstruction des collecteurs et du canal de
drainage. La répartition des quartiers inondés laisse ainsi voir une meilleure desserte au
niveau du quartier escale qui est peu ou pas touché par les inondations. Les responsabilités
restent ainsi partagées entre communautés ayant pris le risque dřinstaller sur des zones
inondables par ignorance, dans certains cas, ou par manque de choix, Municipalité et Etat par
absence dřaménagement.
En effet le quartier escale est doté dřun réseau assainissement. Mais des efforts restent encore
à faire surtout pour certains points bas de la ville de Mbour sont laissés en rade et attendent
dřêtre connecté. Quelques millimètres de pluie suffisent pour que ces parties se retrouvent
sous les eaux. Les ouvrages conçus sont aussi parfois inadaptés, ils sont plus élevés que les
points bas.

Ainsi donc, même si lřon peu parler dřun retour des pluies, mais les facteurs des inondations
sont surtout anthropiques relatifs surtout à des faiblesses dans lřaménagement et lřéquipement
des quartiers dans les systèmes dřassainissement et de drainage ; lřentretien et la gestion des
ouvrages. Ceci pose un réel problème dřaménagement du territoire à travers ses instruments
de planification. Cřest ainsi que des difficultés sont relevées dans lřélaboration et la mise en
œuvre du Plan Directeur dřUrbanisme (PDU). Sřobserve ainsi lřexpansion non contrôlée du
bâti dans des zones vulnérables sans accompagnement de plans directeurs dřurbanisme et
dřassainissement. Lesinterventions ne portent que sur des travaux très sommaires en général
le bornage et le terrassement est même absent dans certains cas.

II .1.2.4.6.2. Les facteurs anthropiques de l’érosion côtière


Les causes de lřérosion côtière sont multiples. Bien que citée parmi les conséquences de
lřélévation du niveau de la mer liée au changement climatique, lřérosion côtière est favorisée
par certains facteurs endogènes ou structurels qui sont socioéconomiques et institutionnels.
Ces facteurs se rapportent généralement à de mauvaises pratiques dans différentes formes
dřusages de lřespace et des ressources (construction, extraction de matériaux, technique et
rythme de prélèvement….) ou à une non conformité de la règlementation mais également à
une maladapation par lřédification dřřouvrages non adaptés. Donc en plus des facteurs
physiques relevant de la configuration spatiale ou de la sensibilité environnementale des
milieux, lřhomme, semble avoir largement accéléré le processus. Les éléments qui suivent
relèvent de la bibliographie, des enquêtes et interviews auprès des ménages et dřautres acteurs
de la zone dřétude. Les éléments déterminants ressortis sont lřextraction de sable marin, les
mauvais aménagements des zones touristiques, lřoccupation illégale du Domaine public
maritime, le non respect du code de lřenvironnement, les ouvrages de protection individuelle.
Tableau 60 : Facteurs anthropiques des différents phénomènes dans la zone d’étude
Non respect de la
Phénomènes Mauvaises pratiques Sites concernés
règlementation
Erosion côtière Extraction de sable marin DPM Saly
Mauvais aménagement des zones Arrêté portant interdiction Mbour
touristiques dřextraction de sable SAPCO
Obstruction cours dřeau Non respect du code de
Constructions lřenvironnement (EIES)
Constructions dřouvrage de Saly
protections individuelles Nianing
inadaptées
Source: Thiaw, 2014

Lřurbanisation galopante et la demande en logement conduisent à des prélèvements


grandissants de sables et divers matériaux de construction dans la zone littorale. Dans
certaines zones telles que Malika avec la carrière de Mbeubeuss, il est signalé que les
prélèvements sont de loin supérieurs aux apports par la dérive littorale, seuls susceptibles de
remplacer les sédiments prélevés.

Des informations sur la carrière de Pointe Sarène indiquent une situation très voisine qui avait
même obligé à lřarrêt, un jour ou deux, des prélèvements pour permettre à la plage de
récupérer.

L'évolution de l'exploitation des sables de plage au profit des activités de construction a


engendré de forts déséquilibres sédimentaires.

Les résultats sur lřévolution de trait de côte à Pointe Sarène dans la communauté rurale de
Malicounda permettent de confirmer lřhypothèse des effets dřaccélération du processus
dřérosion par la carrière. En effet Il a fallu seulement 6 ans dřexploitation du sable de la
Pointe Sarène pour engendrer un recul de 15m/an du trait de côte (CESARACCIO, 2004).
Entre 1989 et 2007, on enregistre un recul du trait de côte de 11,04m par an ce qui confirme
davantage lřimpact de la carrière de Pointe Sarène sur lřérosion de la côte.

Lřarrêt de lřexploitation de sable a permis de constater une accumulation progressive au


niveau de la pointe et déplaçant lřérosion surtout vers le sud. Lřarrêt de lřexploitation de sable
a permis de constater une accumulation progressive au niveau de la pointe et déplaçant
lřérosion surtout vers le sud. Au niveau de Mbour, lřextraction de sable marin est également
citée parmi les facteurs de lřérosion côtière.
Il sřagit dřune extraction clandestine de sable développée dans la ville malgré lřexistence dřun
arrêté du gouverneur lřinterdisant. Elle est lřœuvre de camionneurs et de charretiers pour
satisfaire la demande en matériaux du grand marché de la ville de Mbour et périphérie

Comme autres contraintes anthropiques, nous avons les constructions et aménagements


touristiques qui sont décriés à travers la littérature scientifique comme dans les enquêtes. En
effet il est admis que le processus de lřérosion à Saly serait accéléré par lřaménagement du
port de plaisance entre les 2001 et 2009 par les « résidences du port » CSE (2004). Sa
construction a vu la mise en place dřun cordon rocheux censé délimiter une zone calme
propice à lřamarrage des bateaux de pêche. Cet ouvrage de grande envergure se serait ainsi
comporté à la manière dřun épi favorisant ainsi une accumulation en amont et une érosion en
aval du port.

Photo 5 : Impacts des aménagements au niveau des « résidences du port »(source CSE, 2011)

La multiplication des constructions depuis lřavènement de la Sapco constitue également une


pression ou une surcharge sur un territoire exigu juste une bande de 100m large sur 6,20km de
long quřest le Domaine Public Maritime. Lřextension du bâti à travers la multiplication
accélérée des résidences, des hôtels sřest maintenue sur le DPM. Cette densification est ainsi
appelée par Gningue 1986 (in faye, 2012) «lřemprise de la croissance de lřoccupation du sol
par le bâti». Les constructions (pied dans lřeau) longtemps brandies pour une meilleure
attraction ont entrainé un empiètement continu sur le Domaine Public maritime pourtant bien
protégé par la loi. Les plages sont ainsi fragilisées, suite à lřencombrement et au
rétrécissement du Domaine Public maritime. Le DPM aujourdřhui comme on aurait dit pour
les rues de la capitale sénégalaise, Dakar, se trouve encombré par différentes infrastructures
de pêche, de tourisme ou activités connexes. Cette surcharge du DPM conduit à une situation
de vulnérabilités aggravant ainsi les risques dřérosion et exposant par conséquent les
infrastructures socioéconomiques et les ménages.

Au niveau de Mbour, Turmine (2000) notait dans certains secteurs que la population et les
infrastructures majeures nřétaitent pas accolées au rivage et dřautres part, lřespace urbanisé se
trouve à lřarrière dřun cordon dunaire protecteur. Cependant une nouvelle dynamique sřest
installée avec les travaux récents. Fall (2012), à partir de lřimage Quickbird de 2007comme
référence et en comparaison avec des données de photographies aériennes de 1954 et de 1989
identifie dans lřexpansion du bâti, un gain de bâti sur le littoral. Lřarasement des dunes
bordières qui sont des unités protectrices, et lřinstallation de résidences, constituent également
des sources de vulnérabilité des plages.

En plus des modes dřaménagement non adaptés à lřenvironnement, les facteurs anthropiques
de lřérosion concernent aussi certaines contraintes structurelles, liées aux aspects de gestion
notamment du Domaine Public maritime conformément à la loi n° 76-66 du 2 Juillet 1976
portant Code du domaine de lřEtat. Ce dernier est divisé en domaine public et domaine privé.
Le domaine public est ensuite divisé en domaine public naturel et domaine public artificiel.
En effet Lřarticle premier donne lřétendue de ce domaine en ces termes : « Le domaine de
lřEtat comprend le domaine public et le domaine privé ». Ly, (2013), Ka (non daté) identifient
plusieurs contradictions de la loi. Par rapport au domaine public, les articles 9 et 19
apparaissent contradictoires. En effet Quand lřarticle 9 dit expressément que « le domaine
public est inaliénable et imprescriptible », lřarticle 19 dit que les dépendances du domaine
public peuvent être déclassées en précisant que le déclassement a pour effet dřenlever à un
immeuble son caractère de domanialité publique et de le faire entrer, sřil est immatriculé, dans
le domaine privé, ou dans le cas contraire, dans le domaine national.

Et dans son troisième alinéa lřarticle 19 énumère toutes les dépendances qui peuvent faire
lřobjet dřun déclassement et le domaine public maritime (DPM) y est bien mentionné. Il en
résulte que lřarticle 19, vide lřarticle 9 de toute sa substance.
La régulation de lřoccupation du DPM pose problème du fait dřincohérence entre la loi et les
pratiques. Lřopérationnalisation de la Loi sur le DPM pour remédier à lřoccupation illégale et
anarchique. La réglementation est dřailleurs obsolète dans sa définition et délimitation.

Lřautorisation dřoccuper est uniquement un droit de jouissance, ce droit dřusage peut faire
lřobjet dřun retrait à tout moment et cřest pourquoi lřarticle 12 de la Loi n°76-66 du 2 Juillet
1976 portant code du Domaine de lřEtat Spécifie son usage et sa vocation : «elles nřautorisent
que des installations légères, démontables ou mobiles nřemportant pas emprise importante du
domaine public ou modification de son assiette. Leur retrait ne donne lieu au paiement
dřaucune indemnité ».

Les faiblesses de la loi restent aussi sur les possibilités de déclassement du DPM vers le DPE.
Ces opérations se font dans les commissions domaniales et permettent, à la fin, de louer ou de
vendre. Cřest dans ce cadre que la Loi Littoral est en formulation depuis plusieurs années et
peine à être promulguée. En effet le littoral comme lřérosion côtière ne sont pas suffisamment
pris en charge par les textes juridiques. De par lřoccurrence des concepts, ils apparaissent
comme des termes récents ou diffus dans un vaste ensemble appelé zone marine et côtière.

Tableau 61 : Tableau de synthèses facteurs anthropiques selon les perturbations.


Phénomènes Facteurs anthropiques Sites concernés
Erosion côtière Extraction de sable marin Saly (Saly Coulang, Saly Niakh
Mauvais aménagement des zones niakhal, Zone Hotélière)
touristiques Mbour
Aménagement port de plaisance Villages côtiers CR. Malicounda
Extension bâti vers la côte
Pression sur les plages
Occupation du DPM
Construction partielle

Inondation Obstruction des cours dřeau par Baobolong


lřhabitat et les grands : Marigot de mballing
aménagements (hôtels, routes)
Défaut de réseau dřassainissement Mbour

Baisse des Augmentation effort de pêche Tous les quais de pêche


stocks et de la (Nombre important de pêcheurs Toutes zones côtières et intérieures
biodiversité reconversion dřagriculteurs en
pêcheurs avec la sècheresse)
Mauvaises techniques de pêches
Evolution des technologies
Croissance démographique
Techniques de pêche anarchique
Phénomènes Facteurs anthropiques Sites concernés
Perception des ressources comme
inépuisables
Motorisation (poursuite de
ressource jusquřà son
dernier retranchement)
GPS (aller facilement à des sites
propices)

Source enquêtes Thiaw 2010-2013

Le dernier aspect évoqué des contraintes anthropiques traduit des formes de maladapatation à
travers les ouvrages de protection aménagés par les différents acteurs, les gestionnaires
dřhôtels et de résidences. La multiplication des épis, notamment après la rupture de la plage
de Téranga. Chacun selon ses moyens sřattèle à la protection contre lřavancée de la mer. La
zone a surtout vu la multiplication des épis qui comme dřautres ouvrages se sont montrés
inefficaces avec surtout lřexistence à moyen terme dřeffets aggravants. Ces éléments sont
juste évoqués comme facteurs de vulnérabilités mais seront surtout développés dans la
troisième partie. Conçu pour lřadaptation, ces ouvrages finissent par être facteurs de
vulnérabilité.

II .1.2.4.6.3. Les facteurs anthropiques de la baisse des stocks de ressources halieutiques


Il faut signaler la variabilité des stocks constitue une perturbation marquant toute la côte ouest
africaine. Malgré les changements globaux évoqués, les facteurs humains contribuent
largement à la dégradation ou à la disparition des écosystèmes. La Zone Economique
Exclusive (ZEE) sénégalaise contient un potentiel de 450 000 tonnes. Le niveau
dřexploitation de ces ressources estimé actuellement à près de 88%, est très élevé (Camara,
Les principaux facteurs humains sont la pression sur les ressources et les mauvaises pratiques
de pêche, dřautres activités tel que lřexploitation minière, la pollution. Comme le note Diop S.
« la croissance démographique importante sur les côtes et en particulier lřurbanisation
croissante sur le littoral, présentent des conséquences négatives sur les ressources biologiques
avec, notamment, une altération physique et une pollution marquée, entraînant la dégradation
ou la perte de certains habitats sensibles qui jouent un rôle critique pour le maintien des biens
et services des écosystèmes côtiers et de la biodiversité » Les enjeux écologiques sřexpriment
en termes de perte de ressources, et de biodiversité.. Beaucoup dřhabitats le long de la côte
sont fortement menacés.
La forte densification des populations humaines sur les bordures maritimes a été la cause
dřune fragilisation importante des écosystèmes par la surexploitation des espèces et des
écosystèmes marins (UNEP, 2007). Au Sénégal, du fait des différentes années sèches, le
monde paysan a connu une crise, lřagriculture, ne garantissait plus de revenus aux populations
et lřeffort de pêche permettant des profits importants a entrainé une ruée vers ce secteur qui
finit par ressentir de fortes pressions. Ainsi Parmi les facteurs de lřérosion de la biodiversité
marine et des stocks, on peut citer :

la pleine exploitation, voire la surexploitation de certains stocks de poissons liée à


l'augmentation de la demande au niveau local et international ;
la capture d'espèces non ciblées qui conduit à des taux de rejets souvent très
importants la destruction de certains habitats et écosystèmes (marins et côtiers)
provoquée par l'utilisation d'engins et de techniques de pêche (exemple des techniques
de chalutage de fond et de la senne de plage qui participent à la dégradation de la
faune et de la flore benthique) ;

On note une augmentation de lřeffort de pêche. Il est aussi dû à Lřaccès libre qui a favorisé la
venue massive dřactifs, la multiplication des embarcations dans le secteur de la pêche
artisanale, favorisant ainsi une pression sur les ressources. En plus des pêcheurs, la pêche
constitue un secteur dans lequel investissent dřautres acteurs non directement liés à la pêche
mais détenant seulement des moyens de production (embarcation, équipement…). Le
paiement des taxes, nřétant pas généralisé, facilite lřabsorption de nouveaux venus. Le non
respect de la règlementation. Il concerne aussi bien la pêche artisanale que la pêche
industrielle.Au niveau de la pêche artisanale, il sřagit surtout dřusage dřengins prohibés par le
Code de la pêche tels que les monofilamments, multifilaments qui sont peu sélectifs et non
biodégradables, la pêche dřespèces interdites telles que les requins.

Lřintensité de la pêche constitue un élément fort décrié comme facteurs aggravant des impacts
du changement climatique dans le secteur. En ŖThe most crucial factor determining the
impact of climate change on fisheries is the harvesting of the worldřs fish stocks for human
consumption. A further increase in the reach and accuracy of fishing fleets would lead to
more stress on more fish populations, leaving them more vulnerable to climate changeŗ36

36
Le facteur le plus déterminant de l'impact du changement climatique sur la pêche est la récolte des stocks de
poissons dans le monde pour la consommation humaine. Une nouvelle augmentation de la portée et de la
La pêche industrielle avec les bateaux de pêche est citée par 43, 5% des ménages interrogées.
Cette forme de pêche avec le chalutage à fond ne fait aucune sélection dans les prélèvements.
Conformément à lřarticle 17 du Code de la pêche lřexercice de la pêche dans les eaux de
juridiction sénégalaise est soumis à autorisation délivrée sous forme de licence aux navires de
pêche par le Ministère chargé de lřéconomie maritime. De même face à lřévolution des
technologies cinq (5) types de licences peuvent être distingués (Licence de pêche pélagique
côtière, Licence de pêche pélagique hauturière, Licence de pêche démersale côtière, Licence
de pêche démersale profonde, licence de pêche : Lřusage de certains engins à grande capacité
de capture tels que les filets maillants droits à langouste, les filets maillants dérivants à thon.
Lřempiètement des bateaux de pêche dans les zones réservées à la pêche artisanale est
également décrié, causant aussi des dommages sur les embarcations et les filets des pêcheurs
se trouvant dans la zone des 6 000 miles entrainant ainsi une situation conflictuelle. Des
conflits qui sont souvent relayés aux autorités.

Manque de suivi écologique

Pollution

Massification pirogues

Plongée
pourcentage
engins prohibés

Surexploitation

Bâteau de pêche

0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0

Figure 78 : Perception des facteurs de la dégradation des ressources halieutiques

La majorité des pêcheurs interrogés au niveau des débarcadères de saly pense que les bateaux
de pêche contribuent à 77%, Les autres contraintes évoquées tel que illustré dans par le
graphique sont la massification des pirogues, avec un taux de motorisation élevé (75%

précision des flottes de pêche conduirait à davantage de stress sur les populations de poissons, les rend plus
vulnérables au changement climatique »
Recensement, 2006), la plongée… Selon les rapports dřévaluation du projet de gestion
intégrée des ressources marines et côtières (GIRMaC, 2004, 2007), ce sont les activités de
pêche non contrôlées qui affectent le plus les écosystèmes marins même sřil est démontré que
les dégradations climatiques affectent l'écoulement des fleuves côtiers et donc les estuaires.
Ainsi, le plateau continental que le Sénégal partage avec ses voisins du Nord et du Sud, réputé
très poissonneux, se dépeuple à une allure inquiétante.

La pollution constitue également un fléau, constituant une forte menace pour la biodiversité et
la santé des écosystèmes et elle est favorisée par les installations portuaires, le transit des
navires, les déversements de déchets en mer. En plus les ressources sont confrontées à la
surexploitation et à la dégradation des conditions du milieu (pollution pélagique : restes de
filets, produits chimiques, produits pétroliers) qui engendrent la diminution des produits
marins et la raréfaction de certaines espèces de poissons (CSE et CERPOD, 1996 in Camara).

Ainsi donc face à ces contraintes, sa protection et son repeuplement sont plus que jamais à
l'ordre du jour en plus de toute une série de mesures pour la sauvegarde de l'environnement
sur les côtes, dans les estuaires et contre les pollutions au niveau des zones habitées (Fall O. et
al. 2003). La préservation d'habitats critiques, tels les zones de nourricerie, est essentielle pour
assurer la durabilité des pêcheries du Sénégal et pour le restockage des ressources
halieutiques. Malheureusement, beaucoup d'habitats critiques le long de la côte sont
sérieusement menacés.

II .1.2.4.6.4. Les facteurs anthropiques de la dégradation des terres


Les facteurs anthropiques de la dégradation des terres sont surtout structurels, renvoyant aux
relations de lřhomme à lřespace. Au Sénégal, les actions de lřhomme contribuent à hauteur de
11% dans le total des terres dégradées. Cette contribution non négligeable, serait due à une
action combinée de lřextension du domaine agricole et du défrichement abusif consécutifs à la
démographie galopante. La sécheresse et le déficit pluviométrique aidant, les populations du
Nord ont été contraintes de migrer vers le Sud, ce qui a accru la pression sur les terres. La
fragilisation des sols relèvent ainsi de différents facteurs ; l'exploitation abusive des
ressources forestières, le passage fréquent des feux de brousse, les pratiques agricoles
extensives liées principalement au développement de la monoculture de l'arachide et la
suppression de la jachère

La diminution de lřemploi dřengrais a provoqué une augmentation des superficies emblavées,


constituant de la sorte à une menace sur la fertilité des sols. En matière de gestion, la
domanialité influe sur la gestion de la fertilité par une réduction voire la suppression des
superficies laissées en jachères. Ceci est également accentué par lřinsécurité foncière en
milieu rural qui dissuade tout investissement de longue durée. Le déboisement abusif et la
pression combinée sur la flore pour lřélevage et la satisfaction des besoins en combustibles
ligneux fragilisent dřavantage les sols et les exposent à lřérosion.

Les enquêtes effectuées dans la zone rurale de Malicounda illustrées par le graphique suivant
attribuent une part importante à lřhomme dans les facteurs de dégradation des terres à travers
surtout la déforestation (43,5%) pour des terres agricoles à des fins de consommation en bois
de chauffe ; ensuite la surexploitation avec la monoculture, lřusage dřengrais, etc.

Sans avis
Salinisation
Variabilité climatique
Surexploitation
Pourcentage
erosion hydrique
Erosion éolienne
Déforestation

0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0

Figure 79 : Facteurs de dégradation des terres dans la Commune de Malicounda


Les fragilités sur le sol se lisent à travers la crise foncière. La question foncière se pose avec
acuité à la Commune de Mbour. Pour la réalisation de ses infrastructures, la ville éprouve un
besoin réel dřespace face à un épuisement de ses ressources. Les aménagements projetés
nécessitent une superficie de 83,66 ha en 2000. Pour lřhorizon 2015, les besoins exprimés
posent les mêmes problèmes dřextension spatiale de la ville comme le révèle le tableau
suivant.

Tableau 62 : Besoins en espaces de la Commune de Mbour


Besoins en superficie Besoins en superficie
Type d’occupation additionnelle en ha pour additionnelle ha pour
l’année 2009 l’année 2014
Habitat 45,83 41,14
Grands équipements 9,160 8,22
Activités 0,002 0,0018
Espaces verts 0,002 0,018
Voirie et espaces libres 0,004 0,0036
Surface totale 54,99 49,36
Source : ADM
Ainsi les sites pour lřaménagement de certaines infrastructures sont projetés hors du territoire
communal à lřimage de site de transformation de Mballing et de la station dřépuration de
Mballing.

Par rapport aux risques il est important de souligner que toute opération future de recasement
ne peut se faire que hors du territoire communal. Les principaux facteurs qui sont à lřorigine
sont surtout lřempiétement de la commune de Mbour et lřexpansion de la SAPCO et la
recherche de logements pour les employés du tourisme ou dřautres secteurs connexes.
Cependant il faut dire que le processus dřextension du morcellement foncier est accéléré par
la collectivité locale de Malicounda et les populations locales pour des raisons stratégiques
mais néanmoins économiques à travers les lotissements. Ainsi donc, parallèlement aux
impacts négatifs des activités qui en résultent, un impact positif peut être noté du fait de son
incidence sur le financement de la Communauté rurale. (Guèye, Tall) à travers les frais de
bornage et les mutations des parcelles. Les frais de mutation sont à 300.000 FCFA la parcelle.

Cette démarche a permis dřopérationnaliser une approche de la vulnérabilité et des risques. La


vulnérabilité implique en effet une conception multidimensionnelle du risque qui permet
d'estimer "la fragilité dřun système dans son ensemble" (D'Ercole et Pigeon, 1999). .
Lřapplication du cadre dřanalyse de Magnan nous a permis dřidentifier, les facteurs
endogènes de vulnérabilité des territoires, des contraintes originelles qui sont à la fois
physiques, socioéconomiques et institutionnels. Au niveau des facteurs structurels quel que
soit les changements environnementaux considérés, lřhomme à travers ses modes de vie et de
gouvernance accélère les processus. La cadre de Magnan permet ainsi de conclure que la
vulnérabilité des territoires soumis à un risque, est fonction de facteurs conjoncturels (aléa)
mais aussi des facteurs structurels, déterminés par le contexte physique, socio-économique,
culturel, fonctionnel et institutionnel mais le tout à un moment donné car lřensemble des
facteurs agissant sont dynamiques.
CHAPITRE III IMPACTS SOCIOECONOMIQUES DES PERTURBATIONS SUR
LES DIFFERENTS TERRITOIRES

Au-delà de la connaissance et de la compréhension de la nature des phénomènes et de leurs


effets spatiaux et temporels, il est important de bien cerner leurs impacts sur les territoires et
les stratégies locales déployées pour faire face à ses conséquences. Les impacts dřune
perturbation sont en premier lieu directs (pertes humaines, dégradations diverses, ruptures des
réseaux…), ils peuvent également sřétaler dans le temps suivant le principe des dominos
(Dauphiné et Provitolo, 2007 ; Provitolo 2007), En effet les différentes perturbations
analysées (inondations, érosion, baisse des stocks, dégradation des terres) ont conséquences
négatives importantes sur le cadre de vie des populations et des activités telles que la pêche, la
transformation, le tourisme. Lřéchelle des dégâts est également très variable. Les acteurs sont
des individus (hommes, femmes, jeunes), des ménages, des quartiers, des privés avec des
biens dřenvergure différente (cantine commerce, infrastructure touristique…). Ce chapitre
présentera donc les différents impacts socioéconomiques par perturbation.

III.1. Impacts des inondations dans la Commune de Mbour


Selon les quartiers considérés, les inondations ont entrainé en plus des nuisances des
dommages sur le plan matériel, humain, sanitaire.

Sřagissant des nuisances, il sřagit surtout de lřoccupation des maisons par des eaux,
empêchant toute activité ou possibilité de cohabitation mais également lřenvahissement des
voies de communication par les eaux et des difficultés de circulation.

Sur le plan matériel, on note la destruction de maisons, par les eaux dans les différents
quartiers inondés (Château dřeau Zone Sonatel, Tefess, Gouye mouride…). Les maisons
peuvent également seulement connaître des destructions partielles, touchant quelques
chambres ou des murs, cas de figure surtout enregistrés à Gouy Mouride. Certaines
catastrophes occasionnent des accidents avec de blessés ou des morts avec lřeffondrement de
murs ou de plafonds, situation signalée au niveau du quai de pêche..

Au niveau des maisons touchées, les dégâts peuvent être très importants et leur réparation
peut atteindre 1 000 000 FCFA. Cependant il faut également relever la faible qualité des
constructions affectées, avec des matériaux tels que le banco, le zinc… Ainsi en 2009 selon la
Commune de Mbour, 11 quartiers, 293 maisons et 2524 personnes avaient été touchés. Les
quartiers les plus affectés étant zone Sonatel, Tefess, Darousalam, Diamaguène.

Ainsi la répartition spatiale des quartiers inondés montre que les inondations concernent
essentiellement les quartiers périphériques et les nouvelles extensions. Par rapport à la mer,
seul Tefess notamment le sous quartier de Golf est réellement touché avec tantôt
lřenvahissement par les eaux des maisons proches du rivage du fait dřimportantes vagues.

600

500

400

300

200 Maisons
Personnes
100

Figure 80 : Répartition des sinistrés et dommages des inondations en 2009

Les pertes matérielles concernent aussi lřimmobilier, les vivres stockés dans les maisons pour
le ravitaillement de la famille ou destinés à la vente dans les magasins affectés.

Les impacts sanitaires concernent surtout le risque de recrudescence de certaines maladies


hydriques telles que la diarrhée, le paludisme, le choléra, la fièvre jaune, suite à la
détérioration du cadre de vie associé aux inondations (Augmentation des mares avec
reproduction importante des moustiques) et aux déchets hydriques. Les graphiques 79 et 80
donnent la situation dans les zones dřétude avec une forte représentation des maladies
diarrhéiques.
TAKHOUM
Autres Affections
SANTASSOU

POINTE… Fièvre J. (MDO)


Fièvre J.
MEDINE (MDO)
Dysenterie Dysenterie
MBALLING %
Diarrhées
MALICOUN… Diarrhées

DIAMAGUE…
Paludisme
CHADEN
0 500 0 50 100

Figure 81 : Morbidité au niveau des différents Figure 82: Part des maladies hydriques dans
postes de santé de la zone d’étude la morbidité de la zone d’étude

Les conséquences des inondations les plus ressorties durant nos enquêtes sont surtout les les
maladies du fait et de lřinsalubrité et des moustiques.

Le rapport sur la vulnérabilité du secteur de la santé au changement climatique (Fall, 2009)


montre une forte augmentation du taux de morbidité spécifique du paludisme avec comme
conséquences : lřaffaiblissement des défenses des groupes vulnérables (enfants de moins de
cinq ans et femmes enceintes) ; lřélévation sensible des coûts des soins de santé curatifs et
préventifs… La vulnérabilité de la santé au changement climatique se traduit aussi par :
lřapparition de nouvelles maladies ; la recrudescence de certaines maladies virales liées
notamment à lřeau, etc.

Une étude effectuée à Niakhar (région de Fatick à 79km au NE de Mbour) sur le paludisme
(aout à décembre 2000) a permis de « faire ressortir certaines conditions météorologiques
favorables au paludisme, telles qu'une forte pluviométrie en août et, probablement aussi, une
forte humidité et une légère baisse de la température. Des précipitations abondantes entraînant
la formation de mares et flaques pluviales sont nécessaires pour le développement larvaire du
moustique et pour d'abondantes populations de vecteurs. La forte humidité qui lui est associée
favorise la survie des moustiques adultes. Les températures des mois d'août et septembre,
variant entre 24 et 35 °C, sont constamment favorables à un développement sporogonique
optimum de P. falciparum »,
Les inondations peuvent avoir des impacts indirects sur lřactivité à travers lřarrêt de travail en
cas de maladies. Cet impact est ressorti des entrevues du fait de ses conséquences sur les
revenus des ménages. Elles peuvent avoir cependant des effets directs en paralysant certains
secteurs tels que la pêche. En effet Certains quais de pêche, notamment celui de Joal ont été
paralysés en 2009 par les inondations et Mballing et Mbour furent des sites de débarquement
et de commercialisation. Mais au niveau de notre zone dřétude, les effets sur le commerce ont
été également signalés plus haut.

Il est également ressorti des enquêtes, un autre impact sur lřéducation car les maladies
touchant les enfants à lřécole conduisent aussi à des absences scolaires. Mais les perturbations
affectant ou présentant des risques réels sur les activités économiques sont surtout lřérosion
côtière, la baisse des stocks de ressources halieutiques et la dégradation des terres.

III.2. Impacts socioéconomiques de l’érosion côtière


Lřérosion côtière, comme manifestation de phénomènes dus à lřélévation du niveau de la mer
et/ou des facteurs anthropiques, a des effets, socioéconomiques.

Parmi ces effets on peu citer, les pertes de terres, les pertes de biodiversité, les pertes de biens
matériels (constructions), la détérioration du cadre de vie et lřexposition des communautés, la
destruction ou lřendommagement de différentes infrastructures et équipements. Le tableau qui
suit donne une estimation des valeurs économiques des pertes et population à risque.

Tableau 63 : Valeurs économiques (en millions de dollars US, 1990) et population à risque (en
milliers) selon des hypothèses basse et haute
% du PNB Population à % de la pop
Elévation Valeurs
(1990) risque totale du pays
0,2m 142-228 4-6 30-55 0,4-0,7
0,5m 345-464 9-11 69-104 0,9-1,3
1m 499-707 12-17 112-183 1,4-2,3
2m 752-1101 19-27 193-310 2,5-4,0
Source : MEPNBRLA : Formulation dřun programme national intégré de lutte contre lřérosion côtière.
Rap Fin. 2007
Lřavancée de la mer a entrainé la destruction de différentes installations dans des quartiers de
Mbour et Saly.
Photo 6 : Maison endommagées à Mbour Golf Photo 7 : Maison endommagées à Saly
Coulang

Au niveau des ménages les dommages que lřon peut enregistrer sont la destruction de
maisons, au niveau de Mbour dans le quartier de Golf (sous quartier de Tefess) et à Saly dans
les quartiers de Saly Coulang et Saly Niakhniakhal. Dans la Communauté rurale de
Malicounda, les dommages sont notés au niveau de Nianing Poste, avec la perte partielle de
certaines maisons, faut ajouter lřécole des Frères, endommagée.

Sur les activités on note surtout lřexposition de certaines infrastructures stratégiques telles que
le quai de pêche qui a bénéficié de grands travaux dans le cadre du Projet dřappui à la pêche
Artisanale (PAPA, Sud). Lřimpact de lřérosion sur les activités est surtout ressenti à Saly et
risque de sřamplifier si les interventions ne sont pas accélérées. Lřérosion côtière constitue
une réelle menace face au développement économique de la Commune de Saly, en effet le
tourisme, la pêche et leurs activités annexes deviennent ainsi vulnérables, du fait des risques
de disparition des plages, de destruction des infrastructures hôtelières, des quais de pêche et
sites de transformation.

Photo 12 Exiguité des aires de débarquement à Saly Pirogues aux abords de résidences à Saly
Niakhniakhal et Saly coulang
Pour la pêche, les dommages enregistrés sont surtout le rétrécissement de lřaire de
débarquement (93%), la destruction des pirogues (33%), lřinsécurité et les accidents en mer
(28 %).

100 93
90
80
70
60
50
%

40 33
28
30
20
10 4
0
Rétrécissement Destruction des Insécurité et Autres
de l’aire de pirogues Accidents en mer
débarquement

Figure 83 : Impacts de l’avancée de la mer sur la pêche


Au niveau de Saly Coulang lřavancée de la mer a fragilisé la transformation du fait de
lřenvahissement de lřancien site par les eaux. Les femmes ont eu plusieurs fois à perdre leurs
produits tels que les murex enfouis pour fermentation. Le ravitaillement en poisson est aussi
perturbé du fait des difficultés de mouillage des pirogues conduisant à une baisse des revenus.

Au niveau des communautés, en plus des activités on peut aussi ajouter des impacts culturels
tels que le déracinement du babobab sacré à Saly. Pour le tourisme les impacts enregistrés
notamment dans la zone de Saly sont la destruction de certaines infrastructures, ou la rupture
des plages plus marquée à lřhôtel Téranga. Le tableau qui suit fait la synthèse des impacts par
secteur.

Tableau 64 : Impact de l’érosion côtière dans la zone d’étude


Secteurs Dommages Sites Impacts
Ménages Maisons, chambres, Mbour, Saly Perte de biens, sans abris
matériels Nianing Déstructuration des
familles
Destruction biens culturels
Pêche Zone de mouillage Mbour, Saly, Baisse des revenus
Menace des Pertes de biens
infrastructures
Destruction des
pirogues
Destruction Habitation
Secteurs Dommages Sites Impacts
pêcheurs
Transformation Saly
Tourisme Perte de Plage Saly Perte de clients
Menace infrastructures Diminution recettes
Collectivité Fragilisation du Saly Baisse potentielle du
locale système de financement budget
Source THIAW 2010-2013

Pour le tourisme, Il faudrait au préalable admettre quřil est difficile dřévaluer les effets de
lřérosion sur la dynamique du secteur, du fait de la multiplicité des facteurs à la fois politique,
économique et physique. En effet la crise économique, les mesures politiques telles que le
paiement des visas dřentrée au Sénégal, la fièvre à virus dřébola ont fortement joué sur les
indicateurs de tourisme.

Sřil sřavère prématuré de faire des déductions, les dommages sur certaines ressources telles
que les plages et les infrastructures touristiques restent réels. Lřessentiel des hôtels (Téranga,
Palm beach, Paradis, Espadon…) et de nombreuses résidences situées dans le quartier de Saly
Coulang ont perdu totalement ou partiellement leur plage. Du fait des changements observés,
la destination balnéaire sřavère dorénavant difficile à vendre. Les plaquettes et les sites des
hôtels apparaissent désormais comme des publicités mensongères par rapport à lřétat actuel
des plages

La clientèle locale est en certaine période comme plus importante. Avec le balnéaire le plus
petit séjour rentable est dřune semaine, ce que ne peut compenser les séminaires au niveau de
ces hôtels 4 à 5 étoiles. En pleine saison le taux dřoccupation pour certains hôtels nřétait quřà
30%, dřautres se disent avoir perdu presque 80% de leur fidèle clientèle. Cette tendance à la
baisse des arrivées et nuitées laisse présager des impacts sur les chiffres dřaffaires des hôtels.
Ces pertes économiques potentielles en chiffre dřaffaire sont accentuées par les dépenses
engagées en matière de protection.

La baisse de la clientèle a des conséquences sur le personnel du fait que les emplois hôteliers
suivent de manière cohérente lřévolution de lřactivité touristique. Les emplois hors des
infrastructures peuvent également être touchés par ces variations de flux. Les emplois liés au
tourisme sont très importants (3000 emplois directs, 15 000 indirects)

Certains hôteliers ont confirmé avoir réduit leur personnel du fait de la faible clientèle, ce que
nous avons pu constater lors de nos visites pourtant effectuées en haute saison. Du fait du
faible niveau de qualification de la population locale, et son déploiement depuis plusieurs
années dans le secteur touristique, les impacts peuvent être très significatifs en raison de la
monoactivité caractéristique. En plus des emplois, les impacts potentiels sur le tourisme
laissent présager la fragilisation de différents secteurs économiques de la zone tels que le
commerce, le maraichage, la boucherie… Le tourisme a des liens commerciaux avec
quasiment tous les autres secteurs de lřéconomie. Par exemple, un Hôtel X dépenserait
405.000.000 FCFA en « food » dont 35% en fruits, légumes, viande et poulets provenant du
marché local. En effet tel que souligné par Tchitou (2005) les dépenses touristiques de
consommation déclenchent une chaîne d'effets économiques sous forme de recettes
commerciales, d'emplois, de recettes publiques et d'impacts sur la balance des paiements.

Ces effets négatifs sur le tourisme peuvent entrainer une fragilisation du financement de la
Commune de Saly et de la contribution du tourisme dans lřéconomie nationale. Lřexemple
seulement de deux établissements permet de constater les sommes assez importantes versées
par les établissements touristiques en termes de taxes aux collectivités locales.

Tableau 65 : Appréciation des Taxes versées par des établissements touristiques de saly
TVA en TPT en Patente en Foncier bâti VRS en
Etablissements
FCFA FCFA FCFA en FCFA FCFA
A 255.000.000 70.000.000 67.000.000 30.000.000

B 120.000.000
Source : Entretien Thiaw, 2013

Les simulations dřinondation ont permis dřélaborer un tableau sur les superficies et les actifs
exposés à une élévation du niveau marin entre 1m, 2m et 3m.

Tableau 66 : Estimation des Pertes selon l’élévation du niveau marin


Actifs/Superficies perdues
Occupation du Sol
1m 2m 3m
Routes principales (m) 480,82 2165,80 6863,81
Routes secondaires (m) 1420,21 4297,54 23929,61
Végétation (m²) 34324,54 81179,68 429209,49
Pelouse (m²) 1411,20 4119,51 6367,40
Bâti (m²) 126196,16 332093,38 627702,41
Piscines (m²) 5175,99 12840,05 23335,02
Plages (m²) 112957,80 136845,00 141812,00
Zones rocheuses 5749,30 5749,30 5749,30
Rivages (m²) 129562,70 136986,30 140622,30
Sols nus (m²) 12990,00 58205,66 181752,50
Parcellaire (m²) 290816,41 852738,98 2387766,41
Parking (m²) - - 132,20
Actifs/Superficies perdues
Occupation du Sol
1m 2m 3m
Plan d'eau (m²) - 1605,48 35294,7
Zones de cultures (m²) - - 2449
Bâtiments perdus (Nombre) 946 2414 4193
Parcelles perdues (Nombre) 105 252 1169
Superficies potentiellement
inondables (m²) 640500 1323000 2918000
Source : DEEC, 2011

III.3. Impacts socioéconomiques de la baisse des stocks de ressources


halieutiques
La baisse des stocks de ressources halieutiques fragilise lřéconomie des zones côtières. Le
Sénégal est un pays à forte tradition de pêche ; elle occupe une place centrale des
communautés lébou. Tel que ressorti dans les entrevues, la baisse des stocks présente des
impacts économiques et sociaux négatifs assez significatifs. En effet elle se manifeste par des
pertes dřactifs, une diminution des prises, et par conséquent, des revenus et des devises de la
pêche. Dřautre part, la rareté des ressources comme les sardinelles entraîne des pertes
économiques très importantes, chez les petits pêcheurs et les femmes transformatrices,
évoquées au niveau des différents sites de Mballing, Saly, Nianing, Pointe sarène…

Photo 8 : Site de transformation déserté de saly Coulang et vente de produits d’art.


En effet la fréquentation des sites de transformation ne cesse de baisser du fait du manque de
produits frais. Cette difficulté dřaccès à la ressource est accentuée par la compétition avec les
usines à travers les mareyeurs mieux disant et par lřérosion côtière qui affecte les zones de
mouillage et réduit le nombre de débarquements. Le sous approvisionnement des entreprises
de pêche menace, à long terme, le maintien de lřactivité. Elle a véritablement un incident sur
les revenus des acteurs de la pêche et activités connexes telles que la transformation. A la
place des produits transformés sont parfois exposés des produits dřart comme illustré par la
photo 8.

III.4. Impacts socioéconomiques de la dégradation des terres


La dégradation du sol fragilise à la fois la végétation, les activités socio-économiques
(agriculture, élevage…) par conséquent la qualité de vie des populations, ce qui accentue de
plus en plus la pauvreté et la dégradation de lřenvironnement.

Dans le domaine des activités rurales, on note une crise des systèmes de production qui se
manifeste surtout par la réduction constante des superficies cultivables et des rendements ;
lřabandon des pratiques traditionnelles de fertilisation de la terre telle que la jachère pratiquée
seulement par 1% des personnes interrogée.

Ces effets combinés contribuent à installer une situation de pénurie alimentaire dans les
différentes zones rurales. Ceci conduit donc à une baisse des revenus agricoles et rompt
lřéquilibre écologique. Cřest le cercle vicieux dégradation-pauvreté-pauvreté-dégradation.

A la baisse de lřaptitude des sols à soutenir les systèmes de production, il faut ajouter la
réduction des superficies de terres cultivables, due à lřurbanisation. En effet les terres,
destinées auparavant à lřexploitation agricole, sont de plus en plus empiétées et utilisées à des
fins dřhabitation. Mbour est la ville ou l'une des villes les plus dynamiques soutenues par des
activités économiques en essor. Sa position géographique est stratégique et les externalités
seront renforcées par l'aéroport de Ndiass, la plateforme de Diamniadio qui sont autant de
vecteurs autour desquels se constitue la connurbation Dakar-Mbour-Thiès. Par conséquent la
tendance lourde d'urbanisation continuera à affecter durablement Malicounda

Cette avancée ou imbrication forte des territoires communaux mitoyens sur Malicounda remet
en cause son développement pourtant théoriquement prévu dans le Code des collectivités
locales, en effet lřarticle 3 du décret 64-573 « le ressort territorial dřun terroir doit être tel
quřil permette le fonctionnement correct dřune coopérative agricole répondant aux deux
critères de rentabilité et dřautogestion optimale ». Et encore quelle réalité physique ont
dorénavant les zones de terroirs dans la communauté de Malicounda car si on se réfère à
Lřarticle 2, les zones de terroirs sont constituées par « les terres de culture, de jachères, de
pâturages et de parcours et les boisements régulièrement utilisés par le ou les villages quřil
couvre, ainsi que des terres en friche jugées nécessaires à son extension ». Cette pression
foncière établie et soutenue conduit ainsi à une mutation progressive des fonctions
traditionnelles des terroirs ruraux vers de nouvelles formes dřactivités qui contribuent à une
destruction des éléments qui faisaient la spécificité et lřidentité de la société rurale.

Les images de 1954 à 2013 ont permis dřévaluer cette dynamique. En effet lřexpansion de la
ville sřest faite sur les formations végétales et les zones dévolues à la culture comme
lřillustrent la carte 17, et le graphique qui suit de 1954 à 2013, on note une expansion de
139,9km² dont 66,3km² se sont faites sur les terres de cultures 67,5km² sur la végétation. Les
dix dernières années, le rythme a plus que doublé avec successivement 42km² de 2002 à 2010
et 49,5 de 2010 à 2013.

120

100
superficie en km²

80
végétation (km²)
60
zone de culture
40 (km²)

20 Superficie totale
(km²)
0

Figure 84 : Evolution du bâti sur les terroirs


Cette deuxième partie de la thèse porte sur lřévaluation de la vulnérabilité des territoires à des
risques environnementaux appréhendée à partir lřapplication dřun cadre théorique (magnan,
2009). Cette démarche adaptée permet de voir que « Les risques environnementaux et leur
gestion peuvent aussi être abordés par lřentrée de la vulnérabilité, en vue de déterminer
lřexposition aux risques et les dispositions dřun site à développer une gestion
adéquate (Herbert, Maillefert, Petit, Zuindeau, 2009, Meur, 2003, 2004).

Ceci donc nous a permis de voir les caractéristiques de la vulnérabilité à lřéchelle des
territoires de Mbour, Saly et Malicounda. En plus de facteurs globaux, la vulnérabilité des
relève de facteurs physiques, socioéconomiques et institutionnels propres aux territoires.

Les trois territoires étudiés sont différemment vulnérables. Ils se montrent fragiles à travers,
leurs caractéristiques physiques (configuration spatiale et sensibilité environnementale). Sur
le plan socioéconomique et institutionnel, même si la cohésion sociale peut paraitre soutenue,
des faiblesses ressortent au niveau des différentes dimensions. Le secteur économique reste
peu diversifié, la structuration politico-institutionnelle handicapante. Le niveau de
développement est également marqué par une démographie croissante, une pauvreté mais
surtout des modes dřutilisation non durable de lřespace et des ressources. Ces vulnérabilités
sont associées à des impacts socio-économiques qui touchent les populations et les secteurs
clés (pêche, tourisme, agriculture) des économies locales selon les territoires considérés.

Le tableau suivant à travers le modèle SPRC (Source, Parthway, Receptor, Consequence) fait
la synthèse des différentes perturbations analysées selon les facteurs (originels et
secondaires), les milieux récepteurs et leurs conséquences.

Tableau 67 : Catalogue des indicateurs suivant les phénomènes étudiés


Inondation
Sources Parthway Receptor Consequence
Forte Pluie Zone inondable Maison Pertes matérielles et humaines
Aménagement Quartier Maladies
deficient
Erosion côtière
Elevation du niveau de Perte de sédiment Plage Pertes matérielles (Maison, zone
la mer Mauvaise construction Maison de détente et de baignade,
Houle importante (ouvrages Quartier plantes orementales, maisons,
perpendiculaires au Infrastructures chambres, meubles équipements
trait de côte) hôtelières Pertes revenus touristiques,
ouvrages de protection Infrastructures de baisse des emplois
non coordonnés pêche
Eléments culturels
(Place publique,
baobab sacré)
Baisse des stocks
Réchauffement des Surpêche Phytoplancton Baisse productivité
eaux Mauvaise pratique Ressources Fragilisation de la pêche
Pollution marine halieutiques artisanale
biodiversité Baisse des revenus secteur
pêche (des pêcheurs, mareyeurs,
transformatrices
Perte dřemplois
Perte de biodiversité
Dégradation des terres
Sècheresse Mauvaises pratiques Champs Baisse de la production agricole
Pluie agricoles (Agriculture Zone culture Déprise agricole
vent intensive)
Déboisement
Source Thiaw 2013 (données enquête et données secondaires)
Troisième partie :
STRATEGIES D’ADAPTATION,
INITIATIVES LOCALES, INCITATIONS
GLOBALES

Cette troisième partie, à partir dřune revue des différentes stratégies dřadaptation développées
pour faire face aux perturbations et lřévaluation de leurs efficacité et faiblesses invite à une
stratégie dřadaptation axée sur un observatoire qui permettrait un suivi des usages de lřespace
et des ressources.

Structurée en trois chapitres, elle présente les stratégies selon les perturbations et les acteurs.
Au vu des changements biophiques et socioéconomiques, le plaidoyer invite à une analyse
dynamique de lřévolution des territoires pour mieux saisir les interations et opter pour des
stratégies dřadaptatation anticipative.
CHAPITRE I : ACTEURS ET STRATEGIES D’ADAPTATION AUX EFFETS DU
CHANGEMENT CLIMATIQUE

Ce chapitre va présenter et analyser les mécanismes de réponse apportés par les différents
types dřacteurs face aux perturbations liées au changement climatique. Tel que présenté plus
haut, les acteurs se trouvent dans les différentes sphères sociales, économiques et politiques
déterminant ainsi des positions et moyens inégaux. Selon les perturbations et leurs impacts
différentes stratégies dřadaptation sont mises en œuvre par divers acteurs aux moyens de
politiques, dřinvestissements dans les infrastructures, de technologies, de formation et
sensibilisation (pour la modification de comportements). En effet les acteurs sont multiples et
se situent à différentes échelles. Ce sont les communautés locales dans leur diversité, les
ménages, les individus, les usagers (pêcheurs, agriculteurs, hôteliers…), les gestionnaires,
LřEtat, les collectivités locales, les organismes internationaux, les opérateurs privés, la société
civile. On voit dès lors, la complexité et la diversité de lřéventail et de la configuration des
acteurs mis en jeu qui nřagissent pas forcément seuls mais peuvent se mettre en association ou
en réseau pour plus dřefficacité ou honorer les méthodes recommandées dřapproche intégrée
et de gestion participative des zones côtières.

I.1. La diversité des acteurs


LřEtat intervient par le biais de ses services concentrés et déconcentrés, projets et
programmes. La Société dřAménagement de la Petite Côte (SAPCO) et les hôteliers et les
secteurs connexes tels que lřartisanat. Les collectivités locales sont les Communes de Mbour
et Saly et la Communauté rurale à travers leurs différents organes dřintervention, leurs
missions et les compétences qui leur sont transférées. Les communautés locales dans leur
diversité laissent apparaitre plusieurs acteurs individus, ménages, organisations sociales ou
professionnelles.

Comme décrit dans la méthodologie, on a choisi deux principales entrées pour les
communautés à savoir le ménage et les acteurs des secteurs de la pêche, de la transformation
et du tourisme. Les réponses que nous présenterons à lřéchelle des ménages, concernent ceux
échantillonnés dans les différents quartiers de Mbour et Saly et des villages de la
Communauté rurale de Malicounda. A lřéchelle du ménage les stratégies inventoriées se
rapportent à la fois à la gestion du risque au niveau de la maison et aux activités des membres
du ménage. Les résultats constituent ainsi des études de cas.
Il convient de remarquer que les problèmes ne sont pas identiques ou quand ils existent sont
dřintensité différente au niveau des trois sites dřétude. En effet il en est ainsi de lřérosion plus
marquée à Saly et les inondations plus vécues à Mbour et la dégradation des terres à
Malicounda et la baisse des stocks sur tous les trois territoires

Les pêcheurs et transformatrices restent plus préoccupés par la baisse des stocks de ressources
halieutiques, et lřérosion côtière affecte les aires de débarquement et sites de transformation

Les privés concernent particulièrement les professionnels du tourisme ou les industries de


pêches. Nous avons plutôt privilégié les hôteliers surtout préoccupés par la vulnérabilité de
leur activité à lřérosion côtière.

La société civile locale, nationale ou internationale (Green Sénégal, Croix rouge,


CARITAS…) de par sa mission, est susceptible dřintervenir dans les différents domaines
étudiés.

I.2. Stratégies développées pour faire face aux perturbations

I.2.1. Stratégies d’adaptation développées par les acteurs pour faire face aux
inondations
On entend par adaptation un «ajustement des systèmes naturels et humains à un
environnement nouveau ou changeant. » (GIEC, 2001). Les options en adaptation peuvent
être regroupées en trois grandes catégories soit, le retrait, lřaccommodement ou la protection
(GIEC, 2001). Le retrait consiste à se déplacer de manière préventive afin dřéviter les impacts
potentiels. Le déménagement de résidences, ou autres structures côtières, pour les relocaliser
au delà de la ligne de côte, est un exemple dřanticipation dřévénements extrêmes. La
protection consiste à ériger des structures telles des murs de pierres, de béton, brise-lames ou
encore en utilisant des éléments naturels afin de se protéger de lřérosion, des inondations ou
autre impact. Dans le cadre de cette étude, les stratégies constituent les réponses apportées par
les différents acteurs pour faire face aux impacts des perturbations engendrées (inondation,
érosion côtière, baisse des stocks de ressources halieutiques, dégradation des terres.)
Lřadaptation tel que présentée dans la discussion des concepts, peut être appréhendée à
plusieurs niveaux (état, processus ou stratégie). Elle englobe à la fois des stratégies nationales
ou régionales et des mesures concrètes prises au niveau communautaire ou individuel.

Les mesures à priori permettent aux ménages dřéliminer ou de réduire les risques, de
diminuer lřexposition au risque, ou dřatténuer les pertes attendues tandis que nous observons
des réponses ou des solutions liées aux pertes, aux dommages enregistrés suite à la
perturbation. Il sřagit donc dřune adaptation à postériori. Les stratégies anticipatives
sřobservent surtout au niveau des ménages qui ont été envahis au moins une fois par les eaux.

Pour faire face aux inondations, les stratégies identifiées sont variées et concernent
particulièrement les quartiers la commune de Mbour. Il sřagit surtout de mesures protectrices
des maisons vis-à-vis des eaux ; elles consistent essentiellement à la protection ou à
lřaccommodement.

En fait il faudrait préciser que tout dépend des sites et du niveau dřenvahissement des maisons
par les eaux qui, quand elles ne sont pas maîtrisées, peuvent conduire au retrait. Ce dernier cas
de figure nřest pas fréquent et a consisté au déménagement de ménages affectés et leur
recasement temporaire au niveau dřécoles publiques ou ceux qui en ont les moyens passent à
la location.

Les actions que lřon peut qualifier dřaccommodement dans la gestion des inondations
consistent en :
- lřévacuation des eaux avec les moyens disponibles (bassines, sceaux),
- le percement des murs pour évacuer lřeau ;
- lřaménagement de petites rigoles avec de petites levées de terre pour drainer les
eaux,
- Le remblaiement des maisons avec du sable, des cailloux et gravats.

Certaines interventions de formes communautaires sont observées au niveau de certains


quartiers le remblaiement des quartiers, facilité par des tontines (cotisation collective) pour
acheter des camions de sable. Les opérations de « set setal », nettoiement collectif des
quartiers ou de la plage appuyés par des touristes de bonne volonté.

Dans la protection il sřagit de :


- lřaménagement de « mur de protection » autour des maisons avec des sacs de
sables
- le remblaiement des maisons avec du sable et des cailloux
- lřaménagement de digues
- le relèvement des murs
- la construction de marches dřescalier
On retrouve également des mesures sanitaires face à lřinsalubrité et à la pollution tels que la
désinfection, le nettoiement quotidien, lřutilisation de moustiquaires.

La veille qui constitue une mesure très importante ex-ante pour une action préventive nřa été
quřune fois citée. En effet elle permet dřanticiper sur les impacts possibles pour une meilleure
adaptation des communautés. Elle consiste en prendre des mesures anticipatives avant les
pluies par lřinformation des communautés sur les pluies, mais également la réalisation
précoces de certains travaux tels que le curage des réseaux dřassainissement. Les ménages
peuvent entreprendre certaines actions telles que la pose de sacs de sable ou le remblai de
certaines concessions.

Le retrait, comme stratégie est souvent temporaire. Les ménages déplacés sont recasés dans
des écoles publiques par la Mairie ou hébergés par des proches ou partent en location sřils en
ont les moyens. Pour cette dernière option lřestimation des revenus et le cadre de vie des
populations concernées permettent de présager les difficultés financières pour une telle
solution. En effet le coût de location pour une famille peut être très important selon le nombre
de pièces nécessaires. Pour certains cas il varie de 50 000 à 100 000 FCFA, montant
difficilement soutenable par la plupart des ménages interrogés.

Lřintervention de lřEtat sřappréhende à travers les mesures politiques et les actions


développées sur le terrain.

Le plan national dřorganisation des secours en cas de catastrophes (ORSEC) et le plan


dřurgence pour la gestion de risques spécifiques ont été adoptés pour faire face aux situations
dřurgence et à tous types dřévènements majeurs. Le décret n° 99-172 du 04 mars 1999
abrogeant et remplaçant le décret n 93-1288 du 17 novembre 1993 adoptant le Plan National
dřOrganisation des Secours définit les conditions dřélaboration de ce plan. Ce décret de 99
définit, dřune manière générale, les différentes institutions de lřEtat qui interviennent dans le
plan, le mécanisme de coordination, ainsi que lřorganisation générale pour le déclenchement
de ce plan, dont le Ministre de lřintérieur est le leader. Il existe trois variantes de plan : le Plan
National ORSEC, le Plan Régional ORSEC et le Plan Départemental ORSEC.

Dans le cadre de ce plan, on note la mobilisation de camion hydro cureurs et le déploiement


du groupement des sapeurs pompiers. Lřéquipe de 5 personnes que nous avons trouvée dans
la zone SONATEL affirme que 5 hydrocarbures opèrent dans la commune de Mbour mais
également des motopompes de capacité de 200m3/heure. En moyenne 12 voyages sont
effectués par jour.
Le dispositif dřassèchement consiste également en lřinstallation de tuyau pour le déversement
des eaux pompées en mer du point dřattaque au point dřeau. Les opérations sur le terrain
restent intenses de 8h à 21 heures avec des pauses 30mn marquées toutes les 4 heures.

Photo 9 : Curage eau par les Sapeurs Pompiers Zone Sonatel Mbour (Thiaw 2009)

Le Service dřhygiène intervient par le biais du district de Mbour qui couvre plusieurs sites que
sont Mbour, Somone, Saly, Nguékhoh, Ngaparou, Malicounda avec un dispositif humain de
10 agents. Le cadre institutionnel dřintervention en matière de Règlementation et Mesures
dřhygiène constitue le Code de lřhygiène Loi N°8371 du 05 juillet 1983. Sa mission porte
essentiellement sur trois axes : sur lřHygiène, la Salubrité et la lutte contre tout facteur
favorisant la transmission de maladie.

Pour une meilleure gestion des inondations, Le service dřhygiène dans le cadre de la
prévention a élaboré un plan hivernal dřintervention. Ce plan identifie les zones exposées ou à
risque. Les différentes actions à mener sont ainsi budgétisées avec des sources de
financements indicatives que sont la Commune, les services techniques, les ONG et les
bonnes volontés. Mais il sřagit surtout dřappui matériel facilitant leur mobilité sur le terrain
(carburant, véhicules…) et les interventions (pulvérisateurs, désinfectants…). Dans ces
périodes de catastrophe le district est renforcé par les autres équipes des départements de la
région de Thiès les plus proches et plus disponibles. Conformément à leur mission les
interventions portaient sur des mesures dřhygiène individuelles et collectives pour faire face
aux vecteurs de risques alimentaires ou corporels. Ainsi au niveau des quartiers inondés les
maisons ont ainsi fait lřobjet de désinfection par saupoudrage ; actions qui sont sorties dans
les enquêtes comme mesures sanitaires.

LřOffice National dřAssainissement du Sénégal (ONAS) a bénéficié dans le cadre du 9ième


Fonds Européen de Développement (FED) dřun financement de lřUnion Européenne pour la
réalisation dřun projet dřassainissement des eaux pluviales des villes secondaires de Diourbel,
Mbacké, Mbour, Tivaouane et Richard-Toll consistant en la création dřun réseau de canaux
avec passages busés dřune longueur totale dřenviron 30 km et lřaménagement de cuvettes
dřinfiltration . Le projet pour plus dřefficacité et de durabilité des ouvrages a intégré un volet
sensibilisation exécuté par lřONG Green Sénégal.

La Commune de Mbour a contribué à lřépuration des eaux en dotant de carburant les


véhicules mobilisés et le groupement des sapeurs pompiers. En effet chaque semaine 1000
litres de Gasoil sont fournis pour le fonctionnement des motopompes. Lřassistance des
populations sinistrées de la collectivité locale se fait à travers la Commission Santé et action
sociale en partenariat avec le service départemental de lřaction Sociale et de la solidarité. Ce
dernier a également comme mission de faire un inventaire des dommages : recensement des
personnes, familles affectées, identification et évaluation des dégâts engendrés, assistance
morale et recasement au besoin des sinistrés. Cřest ainsi que avec lřappui de la Croix rouge
400 familles et 2950 personnes affectées furent dénombrées

Lřappui matériel de la municipalité est constituée dřun montant dřune valeur de


6.103.000FCFA pour lřachat de denrées alimentaires (riz, sucre, huile), de désinfectants
(savon, eau de javel) et matériaux de construction (ciment, tôles de zinc, poutrelles). Des
controverses et surtout des polémiques sont relevées dans la distribution de lřappui de la
municipalité qui selon les populations manquent de transparence. Pourtant elle serait faite
avec lřaccompagnement des délégués de quartier et les critères portaient surtout sur lřampleur
des dégâts. Les quartiers plus affectés tel que la zone SONATEL ont été plus servis.

Lřappui de la Commune est apprécié comme très faible. Certains déplorent leur absence ou ou
déclarent ne rien attendre dřelle. Les travaux de Guèye (2010) auprès de ménages affectés et
les données collectées au niveau de la Commune montrent un taux de couverture encore
insuffisant. Seuls 38,5% des sinistrés auraient reçu lřappui de la municipalité.

En matière de prévention il faut noter certaines mesures opérationnelles telles que


lřinstallation de réseau dřassainissement. A ce titre il faut noter le projet de canalisation de la
zone SONATEL face à la situation catastrophique de ce quartier. En effet la municipalité
sřétait lancée sur un projet de canalisation dudit quartier pour une distance de 1, 200 km afin
de faciliter le drainage de lřeau vers le Mballing. Cependant les ouvrages réalisés ne sont pas
fonctionnels, faute de dimensionnement adapté.

Le rapport Programme de Prévention et de protection des localités exposées aux risques


dřinondation par les Eaux de pluie et / de crue prévoyait dans la Commune de Mbour comme
mesures à court et long terme la réalisation de réseaux dřévacuation des eaux pluviales ; des
opérations de remblai et nivellement des surfaces le tout pour un montant dřun milliard
(1.000.000.000) francs CFA. Avec le Plan Directeur dřAssainissement financé par la Banque
Mondiale, le drainage des eaux pluviales a pourtant connu une nette amélioration par rapport
à 1999. La commune dispose dřun grand projet dřassainissement en cours dřexécution.

Chaque année la Communauté rurale met un montant de 7 à 8 millions dans la gestion des
inondations en carburant pour le curage des eaux et en vivres pour les sinistrés plus
représentés dans le village de Nianing notamment au quartier de Nianing Poste.

Au niveau de la société civile, le Comité National de la Croix-Rouge seul ou en partenariat


avec lřEtat, intervient dans lřassistance aux populations vulnérables ou sinistrés. Des actions
concrètes sont menées par cet organisme pour répondre aux attentes ou sollicitations des
communautés de base. .Dans le cas des inondations au niveau de Mbour, les opérations ont
été dirigées par lřantenne départementale de Mbour qui tel que présenté dans lřencadré ont
aidé à lřévaluation des sinistrés en faisant un recensement mais également à leur appui
matériel comme on peut le lire dans lřencadré qui suit.

Caritas Sénégal est intervenu à travers son bureau diocésain de Mbour. En tant que service de
la charité, elle sřest toujours engagée au côté des plus pauvres, pour restaurer avec eux la
dignité humaine. Elle répond à de multiples appels variés. Les interventions de Caritas ont
surtout porté sur les quartiers de Sonatel, de Mbour Serer kao. En 2009, une centaine de
personne est recensée et appuyée en matériels et denrées alimentaires (riz, sucre) et autres
produits (détergents, nattes, savons…). Au niveau de la zone SONATEL, quartier très touché
par les inondations, 50 familles en ont bénéficié.

I.2.2. Stratégies développées par les acteurs Pour faire face à l’érosion côtière
Au niveau de la Commune de Mbour trois stratégies ont été observées au niveau des ménages
affectés par lřérosion côtière : la protection, le retrait et lřaccommodement. Tel que illustrées
par les graphiques et les images de Mbour et Saly, différentes formes de protections peuvent
être observées

Le renforcement des murs avec du sable, des blocs de pierre, des sacs de sable, autres (des
pneus, des gravats) ; Quel que soit le niveau dřéducation on observe les même matériaux dont
lřusage est tout simplement fonction des disponibilités pas forcément dřune réelle
« ingénierie » mais peut être dřune imagination et dřune débrouillardise.

Photo 10 : Protection de maisons Protection d’une maison par un mur aménagé avec de blocs de
pierre à Saly Coulang (cliché Faye)

18
16
14
12
10 Blocs de pierres
8
6 Digue
4 Autres
2
0 Sacs de sables

Figure 85 : Stratégie individuelle de protection contre l’érosion côtière à saly Coulang


9
8
7
6 Aucun niveau
5
Arabe
4
3 Primaire
2 Secondaire
1 Supérieur
0
Blocs Digue Autres RAS Sac de
de sable
pierres

Figure 86 : Stratégie individuelle selon le niveau d’éducation


La comparaison des images permet de constater le manque de durabilité des mesures de
protection ; lřefficacité est surtout fonction de lřampleur de lřérosion et des moyens. Elle
introduit ainsi les aspects de temporalité et de dynamique des stratégies dřadaptation. La
protection effectuée pour certains cas nřa été que ponctuelle, et nřont surtout permis que de se
protéger temporairement contre lřassaut des vagues.

Photo 11 : Protection 2012 et état en 2014 (le mur n’a pas résisté à l’avancée de la mer)
Les ouvrages sommaires de protection ont été envahis par lřocéan et des maisons ou des
chambres nřont pu être épargnées. Au niveau de Saly, les stratégies de protections ont été
dynamiques à travers lřintervention de différents acteurs. En effet face à lřinefficacité des
stratégies développées, les ménages furent relayés par lřétat à travers plusieurs initiatives

Le retrait est également observé sous deux formes. Au niveau de Mbour ce fut un retrait opéré
par la mairie qui concernait 21 ménages du quartier de Golf recasés aux quartiers de Ngouye
Mouride et, affecté également plus tard par les inondations. Au niveau de Saly un seul cas de
retrait est observé après la destruction dřun appartement. Cependant le retrait ne signifie pas
ici lřabandon définitif du lieu mais sont également engagés des travaux de réfection et de
protection avec la construction dřun mur et dřun renforcement dřenrochement soit un montant
de un à deux millions. Au niveau de Saly niakh niakhal le retrait est surtout stratégique et
anticipatif et concerne une dizaine de maisons. Certains chefs de ménages ont préféré vendre
leurs maisons à des expatriés capables de mettre des aménagements de protection estimés
couteux. Ceci justifie la présence de résidences, de restaurants sur tout le long de la plage.

Dans certaines zones, il ne sřagit pas de lřérosion côtière, les populations estiment que
lřembrun marin se fait plus sentir en endommageant leurs matériaux ainsi des travaux de
protection et de réfections sont régulièrement effectués (peinture, meuble en bois, toiture en
ardoise etc…

La dégradation du cadre de vie face aux inondations récurrentes et à lřérosion est une réalité à
Mbour et Saly. Les communautés selon leurs moyens développent des stratégies qui sřavèrent
cependant inefficaces. Les inondations sont récurrentes, pour la protection contre lřérosion,
les digues ou murs construits ont été régulièrement détruits ou envahis par la houle et les
maisons et infrastructures endommagées. La gestion des risques selon les impacts nécessite
plusieurs instruments et moyens qui ne sont souvent pas accessibles aux ménages ou aux
communautés de façon générale.

Outre les moyens propres aux individus et aux ménages, le champ des stratégies dépend
dřautres acteurs tels que lřEtat, les collectivités locales ou acteurs externes comme les ONG.
Lřintervention de la Commune, quoique appréciée comme faible, a été notée sur le terrain.
Lřaccessibilité peut également sřapprécier à travers lřinformation fournie par les décideurs ou
la satisfaction des revendications, éléments qui sont souvent traduits dans les attentes des
populations.

Les attentes des communautés de la part lřEtat et de la Municipalité sont multiples en matière
de stratégies quřelles estiment envisageables pour faire face aux contraintes rencontrées. Pour
les inondations ce sont donc des aménagements de différentes natures (remblais des quartiers
avec du sable, des gravats, des cailloux, le pavage, lřinstallation de réseaux dřassainissement
pour lřévacuation des eaux pluviales), le recasement Le recasement des sinistrés, le respect
des règles dřurbanisme et řaménagement du territoire.

Les populations attendent que lřappui matériel au moment du sinistre soit renforcé en
augmentant les motopompes et lřeffectif des sapeurs pour lřévacuation des eaux, le nombre de
citerne pour le ravitaillement en eau potable des populations, La distribution de détergents.
Lřappui financier est également posé mais doit être destiné aux véritables personnes affectées.

Pour lřérosion, Les attentes des populations sont très variées. Elles demandent à lřEtat et aux
collectivités de : commanditer des études ; procéder à lřinterdiction formelle de lřextraction de
sable ; à lřAménagement de digues de protection ; établir un partenariat avec les
scientifiques ; dřappuyer financièrement les sinistrés ; faire un aménagement du territoire.
Pour la pollution qui peut affecter les ressources halieutiques, nous retrouvons deux points le
nettoyage des plages et lřinterdiction de déverser des ordures en mer.

Face à lřérosion, les stratégies communautaires à développer identifiées par les ménages sont
surtout préventives et portent sur le combat contre lřextraction de sable marin, le reboisement
en bordure de mer. Cependant il faut noter quřun arrêté du gouverneur interdit lřextraction de
sable marin ; ainsi le fait de le voir encore figurer dans les recommandations peut signifier un
non respect de cette règlementation ou une méconnaissance de la règlementation.

Dans lřappui technique sont aussi rangés la formation et le renforcement de capacité, la


sensibilisation. Pour ce point les populations évoquent également la nécessité de multiplier les
organisations intervenant dans la prévention des risques. Les thèmes de sensibilisation portent
sur lřérosion côtière, la pollution, l'importance de la mer…Lřorganisation des communautés
en comité de surveillance.

Les populations estiment que pour une gestion efficace des risques, les collectivités locales
doivent, avec lřappui de lřEtat devront procéder à un vote dřun budget pour lřenvironnent et
lřimplication des écologistes. Cette réponse traduit certes une forte préoccupation des
questions dřenvironnementales mais, une vision, un peu cloisonnée qui réserve le domaine de
lřenvironnement aux écologistes

Les pêcheurs sont doublement affectés par lřérosion côtière. Dřabord à travers leurs lieux de
résidence car ils habitent essentiellement en bordure de mer notamment dans les quartiers
tefess de Mbour ou de Saly niakh niakhal et Saly Coulang de Saly. Cřest également une pêche
maritime qui utilise la plage comme aire de débarquement de mobilisation des pirogues avec
dřautres infrastructures associées telles que les stations de carburant pour le ravitaillement des
unités de pêche.

Face au rétrécissement des aires de débarquement, les stratégies développées par les pêcheurs
sont surtout le déplacement des pêcheurs vers dřautres quais tels que Mbour et Joal réduisant
ainsi les mises à terre au niveau des zones dřorigine. On remarquera au niveau du quartier de
Golf, lřinstallation des pirogues jusque dans les maisons à moitié détruites par lřavancée de la
mer.

Sur lřaire de débarquement à part les digues et gabions aménagés dans le cadre de la
protection du littoral, aucune action développée par les pêcheurs nřa été observée sur le
terrain.

Les actions quotidiennes concernent surtout la sécurisation des pirogues et des membres de
lřéquipage contre les contre les conditions météorologiques et hydrodynamiques parfois très
sévères. Du fait du risque dřendommagement des pirogues par les vagues et houles
importantes, les enquêtes et la consultation du fichier dřimmatriculation laissent voir que les
embarcations dans leur totalité disposent dřéquipement pour fixer les pirogues (Ancre
mouillage, ancre dérive et cordage). Cependant elles peuvent être cassées par de fortes houles
dřautant plus que les aires de débarquement sont de plus en rétrécis surtout à Saly.

En matière de protection individuelle : Pour certains aspects liés à la sécurité en mer tel que le
port de Gilet seuls 48,6% des équipages nřen détiennent parfois pas en nombres suffisants.
Les outils de navigations tel que le GPS sont détenus par 57,7% des pirogues. La diffusion
des données météorologiques constitue également pour eux dřimportantes mesures
sécuritaires.

Lřavancée de la mer expose les infrastructures touristiques et met en jeu différents enjeux et
des acteurs multiples de sphères politiques et privés. Ce sont donc des aménagements de
grande envergure, des investissements, des dividendes, des sources dřemplois, des sources de
financement de lřEtat et des collectivités locales qui sont exposés. On nřimagine dès comment
les stratégies peuvent être influencées par les enjeux et le jeu des acteurs.

En effet face à lřérosion côtière des stratégies de grande envergure ont été adoptées et
concernent particulièrement la Commune de Saly.

Avant de présenter les ouvrages aménagés à Saly il serait important de faire un rappel des
expériences du Sénégal en matière de protection des côtes et particulièrement sur la
Petite Côte. Depuis très longtemps, des solutions plus ou moins adaptées, ont été proposées
pour contrecarrer lřavancée de la mer. Les ouvrages aménagés sur différents sites vulnérables
particulièrement les plages sableuses ont eu surtout pour objectif de lutter contre les
phénomènes de houle.
A Joal, un mur en gabions de roches a été construit parallèlement à la route qui était menacée
par lřérosion côtière. Depuis, on a noté un engraissement de ce secteur.

A Palmarin Ngalou on note la présence dřun mur longitudinal en gabions de roches au niveau
de qui aurait pour fonction de protéger la route qui nřest située quřà 300m de la mer.

A Nianing, dans la Commune de Malicounda, un épi fut construit afin de protéger une
infrastructure hôtelière, le domaine de Nianing, qui bien sûr entretient plage au droit du
complexe hôtelier mais a déclenché une érosion dans sa partie aval.

La conception des ouvrages, des erreurs dans la mise en œuvre des design ou leur
modification volontaire en constituent les principales contraintes techniques ne permettant pas
ainsi de contrecarrer le problème qui est accentué ou déplacé avec parfois des impacts
socioéconomiques négatifs très importants. Il en est ainsi de lřépi de Nianing qui a créé une
érosion dans sa partie aval notamment dans le quartier de Nianing Poste.

A lřimage des expériences précitées, la construction des ouvrages de protection sur le littoral
de Saly a principalement guidée par la vulérabilité des sites à lřérosion côtière du fait des
enjeux socioéconomiques (communauté côtières, aire de débarquement des pirogue, site de
transformation de produits halieutiques, infrastrcutures touristiques avec la manifestation
réelle de lřérosion côtière. « Lřactivité touristique est aujourdřhui fortement perturbée. À
Saly-Portudal, la plage de lřhôtel Teranga été engloutie par la mer. Celles de Saly-hôtel sont
sur le point de subir le même sort. Les hôtels Palm Beach, les Filaos ou lřEspadon sont
également inquiets pour leurs plages... »37. « Si le phénomène de lřérosion côtière nřest pas
endigué aussitôt, ce sera la catastrophe car il nřy aura plus dřhôtel à Saly »38. Face à cette
situation, les stratégies se multiplièrent ainsi de façon collective ou individuelle sur Saly pour
faire face à lřavancée de la mer.

L’opération, Tentative de sauvegarde /Installation d’un épi : Une solution urgente


dénommée « tentative de sauvegarde » a été apportée. Elle fut organisée par les hôteliers en
accord avec la SAPCO et la municipalité à travers lřaménagement dřun grand épi pour sauver
la plage de lřhôtel Téranga. Elle sřest faite de façon concertée et a vu la participation de
financière conjointe de la Commune de Saly et le groupe des Hôteliers avec successivement

37
http://www.au-senegal.com/erosion-cotiere-chronique-d-une-mort-annoncee.
38
Nicolas Forger, directeur du Palm Beach et porte-parole du collectif ibid
des montants de Quatre millions (4.000.000) et onze millions (11.000.000) de FCFA.
Cependant sa réalisation aurait accéléré la disparition spectaculaire de la plage de lřhôtel.

L’aménagement de digues frontales : Il constitue une solution face au désastre enregistré


sur lřhôtel Teranga, le Ministère de lřEnvironnement à travers le Génie militaire sřest engagé
dans un vaste chantier dřenrochement avec lřinstallation de moellons pour la protection de la
plage de lřhôtel. Cependant le déplacement de lřérosion vers le village et les aires de
débarquement conduisit à lřéchelonnement des ouvrages le long du littoral.

Le gabionnage à travers le projet dřIntégration de lřAdaptation au Changement climatique


pour un Développement Durable au Sénégal (INTAC) : En 2010, le projet INTAC a permis
au Ministère de lřenvironnement dřinitier une opération dřurgence sur la station balnéaire de
Saly à travers un partenariat public-privé. Lřobjectif était dřaider au ré-engraissement et à la
stabilisation des plages. Le gabionnage consiste en la pose dřune chaine de gabions (des
enrochements contenus dans des filets métalliques tressés) disposée parallèlement au rivage, à
hauteur médiane des lignes de balancement des eaux.

Les travaux dřun montant de 81.916.504 FCFA ont porté sur la côte allant du restaurant le
Coulang à Espadon en passant par Palm-Beach.

Tableau 68 : Répartition du financement du projet


MEPN 519.165.054 Achat de pierres
Achat de gabions
Prime de chantier
Communication et outillage
Filtres carburant, lubrifiants, etc
Avance sur remise en condition matériel du
génie militaire
SAPCO 10.000.000 Véhicule de liaison du chantier
Mairie de Saly 5.000.000 En cours
Filaos et Saly Hôtel 8.700.000 Hébergement éléments génie militaire
Hôtel Palm Beach 5.300.000 Hébergement éléments génie militaire
Génie militaire Engins (Pelle poclain, buldozer, etc.) et
éléments (15 hommes)
Source : Entretien et fiche de projet
Photo 12 : Intervention génie militaire Photo 13 : Vue d’un gabion (CSE, 2011)
(Hôtel Teranga, cliche de Ba septembre 2009)
Ce projet concerté malgré les efforts et les moyens déployés sřest avéré inefficace pour des
raisons techniques. Les matériaux utilisés, notamment le fil de fer sřest montré inadapté par
son oxydation et sa rupture. Le fil de fer galvanisé serait plus indiqué. Sřagissant des épis, les
sédiments ne sřaccumulent que sur leur face exposée, leur face protégée, est progressivement
érodée.

Face à lřinefficacité, la lenteur de lřexécution du projet de brise-lames et la multiplication de


stratégies individuelles et de lřaccélération de lřavancée de la mer les mesures de protection
sřéchelonnent sur la côte. Propriétaires dřhôtels et de résidences protègent individuellement
leurs infrastructures

Le Palm Beach est un hôtel 4 étoiles dřune capacité dřaccueil de 260 chambres et de 307 lits.
Face à lřérosion côtière et la disparition progressive de la plage. Lřhôtel a aménagé une digue
de protection de 100 m de long. Lřensemble des travaux de juin à octobre 2013 aura couté
cent millions de francs (100.000.000) de CFA. Des équipes travaillent nuit et jour dans le
remplissage de sacs de sable de plage pour renforcer la protection.
Photo 14 : Enrochement doublé d’alignement de sacs de sables (Palm Beach)
Espadon également un hôtel 4 étoiles avec 50 chambres et 100 lits a aussi procéder à des
travaux dřendiguement en aout pour un montant de 20 000.000 de francs CFA.

Photo 15 : Enrochement avec des ouvertures pour baignade Espadon


La présentation des montants financiers déployés pour les ouvrages laisse voir que la
protection a un coût elevé et ne permet cependant pas de garantir une durabilité, ni également
un retour à des conditions environnementales initiales telle que la reconstitution de la plage.

Le complexe Filao-saly est composé de deux hôtels 4 étoiles avec une importante capacité
dřaccueil répartie comme suit : Filaos 119 chambres, 278 lits et Saly 75 chambres avec 150
lits a aussi déployé un montant de 150 millions de francs CFA pour la construction dřun mur
de soutènement, le remblai de la cour de lřhôtel et la récupération de chambres envahies par
les eaux.
Photo 16 : Enrochement Mur de soutènement Photo 17 : Enrochement, pneu, mur (Téranga)
Filao

Cřest donc un ouvrage longitudinal (mur, paroi de soutènement) qui fut aménagé. Les
ouvrages longitudinaux présenteraient des avantages de par leur verticalité, leur faible
emprise au sol, et peuvent donc être utilisés sur des sites ne permettant pas une importante
extension en largeur. Même si ces ouvrages ont été employés durant de nombreuses années, il
nřest plus souhaitable de les utiliser, car ils nřont quřune efficacité limitée et présentent de
nombreux inconvénients (Saffache, 1998) ; bien quřils freinent lřérosion qui résulte de
lřattaque frontale de la houle, ils ne peuvent réduire les manifestations érosives qui affectent
le bas des plages.

En plus des hôtels, les résidences selon leurs moyens effectuent des ouvrages de protection
individuelle constituée essentiellement dřenrochement et dřédification de mur. Des escaliers
sont souvent aménagés pour la baignade en mer. Lřapparition ponctuelle dřune petite portion
de plage est possible selon la marée. Les coûts des travaux varient de 2 à 5 millions de francs
CFA.
Photo 18 : Ouvrage de protection de résidences à Saly Coulang
Comme autre acteur du tourisme, nous avons La Société dřAménagement de la Petite Côte
(Sapco). Malgré son rôle, ses missions et responsabilité dans les aménagements touristiques,
la Sapco seule, nřa réellement pas développé dřinitiatives de grande envergure pour faire face
à lřérosion, ce que déplorent les acteurs du tourisme. Les travaux entrepris pour protéger
certaines infrastructures telles que lřHôtel Savana se sont montrés très vite inefficaces par la
rupture du mur de protection.

Photo 19 : Photo savana (rupture mur de protection)


Le manque de coordination ou de supervision des aménagements individuels de protection
dans la zone de Saly par la SAPCO est à intégrer dans les facteurs de vulnérabilité. En effet
tel que remarqué par EUROSION (2004) « Un aménagement a des conséquences sur le
fonctionnement du système et quelquefois loin de sa zone de réalisation. Il est donc
fondamental de gérer l'érosion de manière intégrée et à une échelleadaptée » lřérosion
constitue un changement environnemental récent et nřa pas été prise en charge dans les
modèles de développement spatial de Saly.

La SAPCO dans ces stratégies pour lřaménagement de nouveaux sites intègre


fondamentalement les questions environnementales en commanditant aux préalables des
études dřimpact environnemental et social. Cependant les études sont à réactualiser car datant
de 2005, lřérosion nřavait pas en cette période une si grande ampleur.

A à ces différentes stratégies développées par les Hôtels, on trouve lřaction collective
développée au niveau institutionnel par la mise en place de projet dřAdaptation au
Changement climatique (ACC).

Le projet Adaptation au Changement climatique financé pour un montant de 4,2 milliards de


francs CFA a permis la construction de différents ouvrages et infrastructures tels que : une
digue-promenade à Thiawlène (Rufisque), une digue anti-sel à Joal, et la réhabilitation des
aires de transformation de Saly coulang et du quai de pêche de Joal. Contrairement aux
résultats plus ou moins satisfaisants enregistrés sur la presque totalité de sites, le projet de
brise- lame sur la littoral de Saly reste inachevé, est toujours en chantier.

La réalisation de brise lame, un processus d’adaptation et de résilience inachevé : Le


projet de brise lame peut être considéré comme une stratégie collective devant prendre en
charge les préoccupations de lřensemble des acteurs (pêcheurs, transformatrice, Commune de
Saly, SAPCO, Hôtéliers, Ménages…). Les travaux sont financés par le Fonds pour
lřadaptation au Changement climatique accrédité au centre de suivi écologique (CSE),
première entité nationale de mise en œuvre au monde. Dans le cadre du projet « Adaptation à
lřérosion côtière dans les zones vulnérables », la réalisation de brise lames est prévue sur un
linéaire de 1,5km allant de lřHôtel paradis au ponton dřEspadon pour un montant de neuf cent
deux millions (902.000.000) de FCFA pour une durée de deux ans. Cet ouvrage cible la
protection des populations, des sites de transformation des ressources halieutiques et des
Hôtels mais devrait également permettre une regénération de la plage.

Le Centre de Suivi Ecologique (CSE) est le Maître dřouvrage, le Centre Expérimental de


Recherches et dřEtudes pour lřEquipement (CEREQ), le Maître dřouvrage délégué et les
travaux confiés au Bureau dřétudes dřExécution des ouvrages maritimes BRL ingénierie.

Tel que recommandé dans lřEtude dřimpact environnemental et social réalisée par Certude
Coulibaly, la mise en œuvre du projet a intégré un volet communication qui fut confié à
lřONG Green Sénégal.

Créé le 1er mars 2000 lřONG Green, Groupe de Recherche et dřétudes Environnementales a
pour mission essentielle de contribuer à une sécurité alimentaire par la promotion dřune
agriculture durable, à la protection et à la préservation de lřenvironnement. Ces principaux
objectifs couvrent plusieurs aspects dont la contribution à la sécurité alimentaire et à la lutte
contre la pauvreté ; la conservation et la gestion des ressources naturelles ; la protection
lřenvironnement et la restauration de la biodiversité ;

Lřoption choisie est lřaménagement de brise-lames submergés et perméables pour la


protection durable et une régénération de la plage à Saly.

Il existe différents types de brise-lames présentant chacun un intérêt selon le problème à


résoudre dans un environnement donné. Les ouvrages émergeants engendrent, entre eux et la
côte, une zone de calme relatif favorable à la sédimentation tandis que ceux immergés limitent
les volumes d'eau qui les franchissent et contraignent à déferler les houles qui dépassent une
cambrure limite. L'action des brise-lames est étroitement liée à leur longueur relative par
rapport à la distance qui les sépare du rivage. Lřétude compte tenu de la configuration des
enrochements naturels du site, de la direction et de la dynamique des vagues, et selon les
données de la bathymétrie, a recommandé une protection par briseŔlame submergé et
perméable. Il sřagit dřun ouvrage discontinu renfermant en son sein des blocs et des moellons
de calibre adéquat pour servir dřancrage et de support à certaines espèces marines et végétales
et aussi à des animaux. Le schéma proposé consiste en une série de brises lames submergées
qui sont disposés entre elles de 250. Les brises lames isolées réduisent lřénergie des vagues,
freinent le déplacement des sables vers le large, absorbent lřénergie des houles favorisent les
dépôts et offrent un espace de familiarisation de lřeau.

Ils présentent de nombreux avantages, car plus naturel, nřa aucun effet sur la turbidité et le
sens des courants, ne retient pas le sable, lřaide à se déposer, renforce les récifs naturels
trouvés sur place. Il coute en plus deux fois moins chère que les autres variantes de protection.
Les brise-lames (break water) sont des structures submersibles qui obligent les vagues à se
briser, ce qui leur fait perdre beaucoup dřénergie. Les vagues brisées ne disposent pas de
lřénergie suffisante pour éroder la plage ou le littoral et le trait de côte peut même sřagrandir
du fait du ré-engraissement naturel.

En effet pour atteindre les objectifs (application des fonctions variées, activités...), il est prévu
un engraissement de la côte en sable cependant tel que souligné sur le plan technique, la
grosseur du sable déversé doit être semblable ou supérieure à celle du sable déjà en place sur
la plage afin de perturber le moins possible la dynamique côtière normale et dřassurer une
certaine rétention du sable sur la plage. LřEtude dřImpact Environnementale et Social (EIES)
du projet a préconisé différentes mesures dřatténuation sur le sol sur la base des études
géotechniques.
Les travaux ayant démarré et devant être réceptionnés au bout de deux ans ont connu des
lenteurs dans la mise en œuvre. En effet sur 9 brise-lames prévus le taux de réalisation
nřatteint pas 20% après un an de rallonge et la fin des travaux est prévu en Juin 2014 pour des
activités encore en arrêt.

Entassement de moellons
homogènes

Ouvrage multi- couche

Enrochement protégé par


superstructure de béton armé

Ouvrage entièrement en
béton armé

Récif submergé

Brise- lame en palier

Figure 87 : Exemples de brise -lames (CSE, 2011)

La visite des lieux par le Président de la république traduisant lřengagement de lřEtat à lutter
contre lřérosion allait permettre une reprise des activités et un respect de lřéchéancier. De ce
fait pour y arriver, les parties à leur réunion ont décidé que le prestataire bénéficie de lřappui
technique du génie militaire.

Photo 20 : Chantier de brise-lame (Thiaw Photo 21 : Engraissement Paradis (Thiaw


2014), 2014)
Les objectifs sont surtout de protéger les communautés côtières et infrastructures touristiques,
le peu de sable qui resterait, favoriser le retour de la plage mais malheureusement le projet nřa
pas pu être achevé malgré le rallonge des délais dřexécution.

La revue des stratégies développées pour faire face à lřérosion côtière permet dřidentifier des
ouvrages longitudinaux (mur de soutènement) et transversaux tels que les épis et brise-lames.
Cependant tous ces ouvrages peuvent conduire à une maladaptation.

Lřérection des épis interrompt la dérive littorale qui circule parallèlement à la plage
conduisant ainsi à une accumulation de sédiments en amont des épis et une intense érosion à
leur aval. Dans cette option, lřexpansion de lřérosion est souvent évitée par la multiplication.
Cependant sur le littoral, la multiplication des épis ne sřest pas faite de façon coordonnée, ils
ont été donc des stratégies individuelles développées par les hôteliers pour protéger leur plage
et infrastructures. Le projet de brise-lame était considéré comme salvateur mais il faudrait
savoir que son efficacité peut être limitée. En effet les brise-lames, lorsquřils sont implantés
trop près de la côte nřont quřune efficacité limitée ou illusoire, car ils ne peuvent absorber
toute lřénergie houlographique et ne réduisent que partiellement lřérosion.

Les résultats escomptés pour le projet et lřengraissement observé au niveau de lřhôtel Paradis
donc une restauration possible de la plage, nous fait supposer quřil sřagit dřun processus de
résilience inachevé.

Les actions multiples et individuelles des acteurs pour se protéger des risques dřérosion ont
plutôt déplacé le risque dans lřespace. Il a été observé que lřeffet global de plusieurs
adaptations spontanées peut être à lřinverse de ce que lřon cherche à faire, dřoù lřimportance
de la mise en place de mesures dřadaptation planifiées. Si le projet de brise-lame a été
envisagé dans ce sens, son échec, ou sa suspension avec le bout réalisé pourrait le ranger dans
la même catégorie avec des possibilités dřaccélération du processus dřérosion vers les zones
après avoir cependant favorisé la reconstitution de la plage au niveau de lřhôtel Paradis.

Hôteliers, Communautés, Collectivité locale, avaient pourtant porté leur espoir sur le projet de
brise lame. « Chaque hôtel a du mettre plus de 5 millions pour Barrer lřérosion côtière ; le
projet de brise-lames est devenu une chimère » (Sy, R, Dakar Actu, Mars 2014). Les
montants ressortis lors de nos enquêtes dépassent de loin ceux supposés au plus haut niveau.
Dès lors on peut imaginer une détérioration des relations entre parties ou des conflits
potentiels dans la gestion de lřérosion côtière

La matrice qui suit laisse apparaitre les désaccords ou conflits potentiels entre acteurs sur la
gestion de lřérosion côtière.

Les stratégies des communautés et acteurs du tourisme sřavèrent inefficaces. Les acteurs
responsables de la gestion des territoires, la Commune, la SAPCO présents au niveau local
semblent passer à côté de leur mission pour protéger le secteur touristique. Malgré le rôle
important du tourisme dans le financement de la Commune, cette dernière apparait comme
inerte dans le processus mais, son espoir est aussi fortement porté sur le projet de brise-lame.
Les lenteurs ou lřéchec observé déclenchent un jeu des responsabilités et conflits latents. Le
boycott des paiements de taxes par les hôteliers est redouté, en effet il constitue une stratégie
envisagée et peut fragiliser le fonctionnement de la Commune de Saly mais également
constituer une perte économique dans le PIB.

Les partenariats ne sont réellement observés quřentre hôteliers, avec la SAPCO, ils sont
membre du Comité de station qui constitue plutôt un cadre de gestion de la station balnéaire.
Les partenariats ou les conflits sont déterminés par les positions et les intérêts des différents
acteurs. La question de lřérosion met en jeu des acteurs publics, privés, et sociaux. Ces trois
groupes dřacteurs se trouvent également à des niveaux différenciés. Chacun des groupes
présente des acteurs différenciés selon différents critères que sont les compétences, les
activités et les ressources. Le secteur public avec les autorités centrales et déconcentrées, le
privé avec les types dřhôtels et les entreprises, les communautés à travers leur résidences,
leurs activités…
Les acteurs tel que illustré par le tableau suivant sont multiples mais leur hiérarchisation par
rapport à la lutte contre lřérosion côtière permet de distinguer trois groupes dřacteurs qui ne
sont cependant pas homogènes.

Les Communautés dans leurs diversité (ménages, pêcheurs, transformatrices) et les hôteliers
voient leur cadre de vie et leurs activités paralysés et subissent directement les impacts de
lřérosion côtière. Cependant les hôteliers de par leurs investissements et leur contribution
économique constituent des acteurs puissants pouvant perturber le financement de la
Commune de Saly.

Les gestionnaires sont représentés par LřEtat à travers ses services essentiellement la DEEC et
la SAPCO et la Collectivité locale.

Ces acteurs ne constituent pas pour autant un groupe homogène. Les relations entre la
Collectivité locale et la SAPCO peuvent être divergentes notamment en matière
dřaménagement et de gestion foncière. En effet la SAPCO par rapport à ses prérogatives est
chargée de veiller à la sécurité des biens des personnes au niveau de la station amis manque
de moyens.

Les Prestataires recrutés dans la mise en œuvre du projet de brise-lames sont constitués
principalement du Centre de suivi écologique, du CEREQ, de lřONG Green Sénégal…

Lřexécution du projet présente plusieurs dysfonctionnements dřordre technique et


institutionnel.
- Lřouvrage de brise- lame immergé est une innovation au Sénégal et constitue une
technologie discutée et contestée.
- Lřentreprise quoique capitalisant de lřexpérience semble avoir sous estimé les coûts de
réalisation qui devraient être donc renégociés
- des contraintes politiques avec le changement de régime et une reconsidération des
processus par la nouvelle équipe
- des lenteurs avec la transformation institutionnelle, nomenclature des Ministères et
changement de Ministre
- la SAPCO responsable de lřaménagement du site, nřest pas lřacteur central de la mise
en ouvre du projet. Quelle capacité à elle également de bouster le gouvernement.
Lřautorité de la Commune de saly apparait également faible à ce niveau.
- des blocages volontaires, des non dits sont aussi relevés, des intérêts personnels
orientés sur une rupture de contrat de lřentreprise. En tout cas celui du suivi avec le
CEREQ est rompu et la DEEC est entrain de recruter une nouvelle entreprise.

Pendant ce temps les communautés et les hôteliers sont comme en embuscade entre politiques
et Ingénieurs devant lřincertitude sur la dynamique côtière, lřoccurrence des houles,
lřefficacité de leurs ouvrages de protection réalisés. Les risques sont plus redoutés en saison
pluvieuses, aux mois de juillet et août.

Cependant les vagues déferlantes de Thiawlène du 31 mai 2014 constituent une alerte forte
pour les différents acteurs.

A partir des différentes entrevues avec les acteurs et des problèmes et désaccords identifiés,
nous avons confectionné la matrice qui suit pour identifier les conflits potentiels entre acteurs
face à la gestion de lřérosion côtière. Il sřest agi dřabord dřidentifier les acteurs et les enjeux.
La multiplicité des acteurs se justifie également par la diversité des enjeux. Fabrice Hatem
(1993) définit un acteur comme suit « Une personne, un groupe ou un organisme, visant
certains objectifs et confronté à certaines contraintes, et qui peut, par ses stratégies et ses
moyens dřaction, influer sur le devenir du système étudié »

Tableau 69 : Matrice des conflits potentiels sur l’érosion côtière et le projet de brise- lame à Saly
Acteurs Etat/Servi Commu SAP Hôteli ON Populati Pêche Transformatr
ce ne de CO ers G on urs ices
déconcen Saly Locale
trés
DEEC
Etat/Service XX XX XX
déconcentrés
DEEC
Commune de XX XX
Saly
Centre de suivi X X
écologique
SAPCO XX

ONG GEEN X X X X X
Sénégal
Hôtéliers XX XX XX XX XX
X
Populations XX XX XX
locales
Pêcheurs XX XX
Transformatrices X
Entreprise/Presta X X
taires

XX : Conflit latent X: Partenariat


Source Thiaw 2014

En plus des inondations et de lřérosion côtière traitées, les territoires étudiées sont également
confrontés à la baisse des stocks de ressources halieutiques qui constituent un des piliers de
lřéconomie locale de cette côtière. En effet Mbour constitue le deuxième centre de
débarquement de la pêche artisanale du Sénégal. La pêche fournit au niveau local des emplois
directs à travers la diversité des métiers liés au secteur (capitaines de pêche, marins pêcheurs,
mareyeurs, transformatrices…). La baisse des ressources halieutiques apparait ainsi comme
une réelle contrainte ressortie dans les entrevues. Depuis 1997, une perte dřemplois est
observée dans le secteur (Direction des pêches maritimes, 2006). Ainsi pour faire face à cette
situation, différentes stratégies sont développées par les acteurs de la pêche.

I.2.3. Stratégies développées sur la baisse des stocks de ressources halieutiques


Les stratégies identifiées pour faire face à la baisse des stocks de ressources halieutiques
concernent surtout les actifs de la pêche et lřEtat et les ONG. Elles sont individuelles ou
collectives. Ce sont des comportements, des normes ou des actions.

Certains actifs de la pêche se reconvertissent dans dřautres secteurs tel que le tourisme,
lřhôtellerie, le commerce, le transport, La diversification est aussi notée pour certains villages
tel que Pointe Sarène, Saly, Mballing. En effet, la pêche est associée à lřagriculture au et
maraichage qui ne cessent de se développer à Pointe Sarène. Lřagriculture et le maraichage
devraient être renforcés par la mise en place de bassin de rétention pour lřaccès à lřeau.
Dřautres stratégies concernent lřapprentissage à certains métiers comme la menuiserie.

Par rapport aux pratiques de pêche, les mesures individuelles sont surtout normatives le
respect de normes établies tels que le repos biologique, ou la conformité aux engins de pêche.

Certains pêcheurs et transformatrices intègrent aussi des associations dřentre aide, comme la
tontine (forme dřépargne sur cotisation, journalière ou mensuelle, avec des crédits rotatifs
entre les même). Pour les femmes, on note également la pratique de lřaviculture qui est
cependant timide par rapport au petit commerce.
Les stratégies couvrent aussi lřengagement dans des processus de mise en place de mécanisme
de gestion durable des ressources naturelles à travers les Conseils Locaux de pêche (CLP), et
lřédification dřaires marines protégées.

Repos biologique

Respect des normes

metier

organisation

Maraichage
%
CLP

AMP

Reconversion

RAS

0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0 35,0

Figure 88 : Les stratégies face à la baisse des stocks de ressources halieutiques

A lřimage de processus communautaires développés pour la création participative, de


nouvelles catégories dřaires protégées telles que les Réserves Naturelles Communautaires
(RNC), en zone marine et côtière se mettent en place des aires marines protégées (AMP) et
des Zone de Pêche protégée (ZPP).

De telles initiatives ont été impulsées par le congrès sur les parcs nationaux tenu en septembre
2003. Ayant constaté que lřessentiel des efforts de protection concerne les écosystèmes
continentaux, le congrès a recommandé que les états mettent lřaccent sur la protection dřau
moins 5% de leur espace littoral et marin. Cet objectif sřinscrit parfaitement dans la vision de
lřEtat du Sénégal déclinée lors du Sommet Mondial de Johannesburg sur le Développement
Durable et lors du 5ième Congrès Mondial de Durban sur les Parcs.

LřAire Marine Protégéé de Bamboung créée en 2003 située dans le delta du Sine est la
première du réseau des AM Aire marine Protégées du Sénégal. Il fut un site choisi « à
vocation démonstrative » .Cette action de préservation et de conservation sřinscrit dans un
contexte de baisse globale des ressources halieutiques au Sénégal et dans le monde.
Aujourdřhui le réseau des AMP au Sénégal est riche de 5 sites que sont les (Bambouboung,
Kayar, Abéné, Saint louis, Joal-Fadiouth) tous institués par le décret No. 2004-1408 du 4
novembre 2004.

Sur la Petite Côte couvrant notre zone dřétude, après de nombreuses concertations avec les
acteurs locaux, était prévue une AMP dénommée AMP de la Petite Côte par Arrêté ministériel
Après un processus participatif pour la mise en place, elle nřest pas opérationnelle et semble
avoir basculé vers une ZPP. Dème (2014) les considèrent comme des formes déguisées
dřAMP. Cependant faudrait il dire que les AMP doivent être officiellement crées par décret
présidentiel. Ceci pose donc des conflits de compétences ou des rivalités institutionnelles à
résoudre.

Pour une meilleure efficacité et un engagement durable des communautés, la proposition et


lřadoption dřun modèle dřaire protégée devrait passer par une collaboration et une
communication institutionnelle entre les Ministères concernés (Pêche et environnement) pour
une opérationnalisation des initiatives portées par les populations. Ceci nous amène donc à
revenir sur la conceptualisation de ces aires marines selon leurs objectifs. En effet il existe
différentes catégories selon les objectifs de conservation ou dřusage. Les Réserves spatiales
permanentes (cantonnement), les refuges les Restrictions spatio-temporaires (RST), Les zones
de Pêche Protégée (ZPP), les Aires marines protégées qui à leur tour se présentent sous
différentes formes (AMP Pêche, AMP conservation…) qui ne sont pas toujours sans impacts
négatifs après édification. Le rapport sur la pêche notait : « Mbour est un milieu cosmopolite,
donc difficile dřavoir un consensus, lřengagement des populations est déterminant pour un
repos biologique ou la création dřune AMP »

Le rapport de consultation nationale sur les AMP (Dème, 2014) citant Breuil (2011) souligne
que Le terme Zone de Pêche Protégée (ZPP) est dřailleurs envisagé dans la nouvelle version
du Code de la Pêche sénégalaise en cours de révision). Dans ce cas spécifique, la structure des
AMP-Pêches comporterait, en principe, une partie mise en réserve intégrale entourée dřune
partie où sont autorisées des pratiques de pêche responsable assurant la conservation de la
capacité productive et reproductive des stocks halieutiques dans lřespace considéré. Sur le
plan purement fonctionnel, la différence avec une AMP de type IUCN devient très tenue.

La cogestion des ressources naturelles a vu la mise en place des Conseils Locaux de pêche qui
furent institués par le Code la pêche en son article 12 en ces termes « Des conseils locaux des
pêches maritimes peuvent être institués dans les régions. Les conditions de leur création,
composition, attributions et mode de fonctionnement seront définies par voie réglementaire ».
Cřest ainsi que quatre Comités locaux de Pêche Artisanale (CPLA) à Joal, Mbour Sindia et
Fass Boye. Des initiatives de cogestion des ressources halieutiques se déroulent dans les sites
de Ngapparou, Joal, Cayar et Nianing. Ces initiatives furent soutenues par le projet (Gestion
Intégrée des Ressources Marines et Côtières (Girmac) dont lřobjectif fut dřasseoir les bases
dřune Gestion durable des ressources marines et côtières. Ce programme était cofinancé par la
Banque Mondiale, le Fonds pour lřEnvironnement Mondial et le gouvernement du Sénégal et
portait sur 3 zones considérées prioritaires du littoral sénégalais dont la Petite Côte. Le tableau
85 fait la synthèse des contraintes relevées à différents niveaux dans la gestion des ressources
halieutiques.

Tableau 70 : Actions de conservation développées face aux contraintes secteur de la pêche


Initiatives développées Remarque
Co-Surveillance des côtes Personnel insuffisant, pas de couverture sécuritaire
Repos biologiques Observation Insuffisante
Conseils Locaux de Pêche Frigos insuffisants
Cogestion de la pêche artisanale Mesure de gestion pas encore efficace
sénégalaise (COGEPAS) Mbour milieu cosmopolite, difficile dřavoir un
AMP (JOAL) consensus (lřengagement des populations est
déterminant pour repos biologique ou AMP
Source : Contraintes environnementales et socioéconomique du secteur de la pêche

La multiplicité des contraintes du territoire nous amène à identifier les stratégies développées
pour faire à face à la dégradation des terres qui constitue la quatrième et dernière contrainte
identifiée et qui concernent essentiellement la zone rurale de Malicounda. Zone encore
agricole la baisse de la productivité des sols dans un contexte de crise foncière et croissance
démographique importante constitue une contrainte majeure à laquelle doivent faire face les
populations. Le point qui suit présente les stratégies mises en œuvre par différents acteurs.

I.2.4. Stratégies développées pour faire face à la dégradation des terres


La lutte contre la dégradation des terres est menée à travers différentes stratégies individuelle
et collective. Elle est riche de plusieurs expériences développées et diversifiées avec le temps
au fur et à mesure de lřacuité des problèmes et de la maîtrise des techniques et technologies.
Les actions sont menées aux échelles communautaire et nationale à travers lřagroforesterie, la
régénération assistée des sols par lřutilisation dřengrais, la lutte contre la salinisation des sols,
la lutte contre lřérosion éolienne ou hydrique…
Sous lřimpulsion des services publics (DEFCCS) et des sociétés régionales de
développement, des actions sont menées dans le cadre de projet par plusieurs moyens : dont
les cordons pierreux pour lřérosion hydrique, la plantation de brise vents et de haies vives
contre lřérosion éolienne. Des efforts notables ont été déployés pour la création de pépinières
villageoises et de bois villageois

Une lutte efficace contre la dégradation des terres passe par le développement de
lřarboriculture et de la sylviculture, la formation des agriculteurs aux techniques antiérosives
pour le maintien de la fertilité des sols au niveau de la communauté rurale. Il faudrait
également faciliter aux paysans lřaccès aux intrants, à des matériels agricoles performants et
à des variétés culturales adaptées au changement climatique. A cet effet lřarboriculture avec
les manguiers, anacardiers, filao, rônier … se développe à Warang, Nianing, Malicounda
Bambara, et Malicounda Serer. Dans lřagriculture sous pluie on note le maintien très faible de
la jachère (1%) dans les terroirs serer tels que Malicounda serer, Roff, Takhoum serer, la
rotation des cultures est néanmoins observée pour de courte durée (1 an).

Les stratégies dřadaptation doivent être prises en compte dans la planification des territoires.
En plus de ces actions, la formation doit être un axe fondamental dans la gestion durable des
terres, tel que précisé dans la stratégie de Communication du Projet de Gestion et de
Restauration des Terres (PROGERT) : « le changement de comportement durable nécessaire
face à la dégradation des ressources naturelles, viendra dřun processus plus ou moins long qui
dépendra, outre du contexte socioculturel et politique, du niveau de renforcement des
capacités et du statut socio-économique, de la mise en œuvre dřune bonne stratégie de
communication »39.

Les autres stratégies locales concernent la crise foncière. Face au risque de dépossession de
leur terre, différentes stratégies sont développées par les populations et la Communauté rurale
de Malicounda. Pour les populations, les agriculteurs notamment, il sřagit généralement de la
vente de parcelles pour usage dřhabitation après morcellement de leurs champs mais certains
cas de régularisation foncière sont notés. Cette stratégie de sécurisation foncière est souvent
limitée par les couts des frais de bornage estimés élevés par les paysans.

La stratégie spatiale de la Communauté rurale apparait plutôt défensive par la sécurisation de


ses marges territoriales, la limite théorique avec Mbour est marquée par des lotissements

39
PROGERT stratégie de Communication.
anticipatifs constituant ainsi une matérialisation physique des limites. Les zones concernées
par ces lotissements sont ceux de Niakh niakhal extension encore appelé cité Médoune Diop,
Saly Darou, Saly Carrefour et Saly carrefour extension. De la RN n°1 à la RN n°2 menant à
Fatick et Kaolack, les parts de la CRM sur les lotissements partagés de Médine, Liberté
Oncad et Santhie bloquent la progression spatiale de la CMB sur les zones de terroirs de
Malicounda (Faye, 2008).

Ce même rôle de blocage de lřavancée de la ville est aussi joué par les lotissements
stratégiques de Falokh et Mballing de même que lřespace réservé par la Communauté Rurale
pour la ZAC.

La gestion des problèmes identifiés au niveau des territoires peut se présenter à deux niveaux.
Le premier que nous venons de présenter pour chaque cas concernent les actions développées
sur le terrain par les différents acteurs

Le second niveau que nous allons présenter porte sur les institutions et politiques engagées
pour faire face aux différentes perturbations. Ce cadre institutionnel et politique se situe aussi
bien à lřéchelle internationale que nationale et intègre ainsi les actions de lřEtat pour lutter de
façon plus globale contre les effets du changement climatiques en nous focalisant sur ceux
traités dans le cadre ce travail (inondation, érosion côtière, baisse des stocks de ressources
halieutiques, dégradation des terres).

Les usages de lřespace et des ressources (pêche, bâti…)., sont régis par plusieurs instruments
juridiques. Ces derniers nřont cependant pas permis dřéradiquer les pressions ou les
mauvaises pratiques fragilisant les possibilités de développement durable des territoires.

I.3. Cadre Juridique, Institutionnel et politique de l’adaptation aux


effets du changement climatique au Sénégal
Au cours des dix dernières années, les catastrophes naturelles ont affecté plusieurs pays dans
le monde, en occasionnant plus dřun milliard de victimes et des pertes de patrimoines
chiffrées à 730 milliards de dollars US environ. De plus en plus, les pertes liées aux
catastrophes naturelles ne cessent dřaccroître et ont un impact disproportionné dans les pays
les moins développés. Résultant de facteurs cumulés, leurs effets aussi bien sur le niveau de
vie que sur les perspectives de développement dans les pays pauvres sont dévastateurs. Cřest
ainsi que des stratégies sont mises en œuvre par différents acteurs pour faire face aux effets
des changements. La deuxième partie que nous venons de développer à partir dřobservations
et de la revue documentaire a présenté différentes perturbations sur les territoires, des
phénomènes certes, identifiés parmi les impacts du changement climatiques, mais dont les
processus peuvent également associer des facteurs endogènes propres aux milieux. En nous
référant à la définition du LEG inspirée du GIEC « lřadaptation aux changements climatiques
est définie comme les ajustements entrepris par lřhomme, dans le cadre de ses systèmes
environnementaux, sociaux ou économiques ou de ses processus politiques, en réaction à des
stimuli climatiques réels ou attendus et à leurs effets ou impacts », les éléments de réponse
analysés ont essentiellement portés sur les aspects environnementaux et socioéconomique. Ce
point traitera des ajustements entrepris sur les processus institutionnels et politiques.

Comme nous lřavalons analysé, lřimpact des changements climatiques touche plusieurs
secteurs conduisant à une nécessité de ciblage des stratégies dřadaptation et une planification
intégrée. Lřadaptation à quelque niveau que ce soit (individu, ménage, acteur
socioprofessionnel) doit bénéficier dřun environnement favorable qui signifie que « les
institutions gouvernementales et de la société civile (à tous les niveaux) ont la capacité
dřappuyer lřadaptation au niveau local, et que des politiques adaptées sont en place pour
faciliter lřaction.

Après les engagements internationaux, nous présenterons la règlementaion nationale, les


politiques et les institutions impliquées et leur capacité et efficacité dans la mise en œuvre.

I.3.1. Le cadre juridique international de l’adaptation au changement climatique


Il se traduit par lřengagement du Sénégal dans les politiques internationales sur l'atténuation
et l'adaptation au changement climatique, les financements internationaux en matière de
changement climatique et leurs mécanismes de mise en œuvre. Il concerne les différentes
conventions ratifiées et signées par le Sénégal. Les conventions établissent un certain nombre
dřobligations que les Etats se doivent de respecter et porter à la connaissance des populations.

Chaque Etat signataire, en plus de sa déclaration, doit intégrer les obligations dans ses
différents instruments législatifs (Constitution, code, décret…). Lřapplication des conventions
internationales pose problème au niveau local.

Le Sénégal est ainsi signataire de différentes conventions. La convention cadre des nations
Unies sur le Changement climatique (CCNUCC) marque une collaboration concertée entre
Etats sur le changement climatique. Initiée au sommet de Rio de Janeiro en 1992, la
CCNUCC entre en vigueur le 21 mars 1994. Elle est ratifiée par plusieurs pays africains dont
le Sénégal. Elle reconnaît trois grands principes : le principe de précaution, le principe des
responsabilités communes mais différenciées et le principe du droit au développement. Le
protocole de Kyoto en 1997 a marqué le début dřune nouvelle phase qui est celle d'une
politique concertée entre les Etats.

Ces différents cadres remettent en cause les options de développement des pays du nord et
ceux du sud et posent en particulier la question cruciale de l'énergie.

Le Sénégal est signataire de la quasi-totalité des conventions internationales en matière


dřenvironnement et porte une attention particulière et participe à la mise en œuvre des ODD et
de lřaccord de la 21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les
changements climatiques (CCNUCC) ou COP 21.

Sur la gestion des ressources biologiques, dans le but de mieux cerner ce processus
dřévolution de la dégradation des ressources naturelles en général et des écosystèmes marin et
côtier en particulier, lřEtat du Sénégal a souscrit à plusieurs conventions internationales
relatives à la gestion des ressources naturelles. Des avancées significatives peuvent être
capitalisées pour les ODD15, 13 touchant nos domaines de recherche.

Tableau 71 : Conventions Pertinentes ratifiées par le Sénégal en matière d’environnement


Titre Date Signature Objet
Londres 05-1954 02-1972 Convention sur la prévention de la pollution par les
(Angleterre) hydrocarbures en mer
Genève 04-1958 01-1964 Convention sur le droit de la mer (Nations Unies).
(Suisse) Haute mer, ressources biologiques.
Alger 09-1968 11-1971 Convention africaine pour la conservation de la
(Algérie) nature et des ressources naturelles.
Bruxelles 11-1969 Convention sur la pollution par les hydrocarbures
(Belgique) en haute mer.
Ramsar (Iran) 02-1971 04-1977 Convention relative aux zones humides
d'importance internationale.
Paris (France) 11-1972 Convention sur la protection du patrimoine
mondial, culturel et naturel (UNESCO).
Washington 03-1973 06-1977 Convention sur le commerce international des
(USA) espèces de la faune et de flore menacées. (CITES)
Montégo Bay 12-1982 08-1984 Convention sur le droit de la mer (Nations Unies).
(Jamaïque) Tracé des lignes de base.
Vienne 03-1985 09-1992 Convention pour la protection de la couche d'ozone
Montréal 09-1987 Protocole relatif aux substances qui appauvrissent
(Canada) la couche d'ozone.
Titre Date Signature Objet
Bâle (Suisse) 03-1989 07-1992 Convention sur le contrôle des mouvements
transfrontières de déchets et de leur élimination.
Rio (Brésil) 05-1992 1994 Convention sur la diversité biologique et les
ressources génétiques.
Rio (Brésil) 05-1992 04-1994 Convention sur les changements climatiques.
Paris (France) 10-1994 04-1995 Convention sur la lutte contre la désertification.
Kyoto (Japon) Décembre 2001. le Protocole de Kyoto
1997

A ces conventions, sřajoute lřAccord de Paris (12 décembre 2015) issu de la la 21ème
conférence des parties à la convention cadre des Nations unies dur les changements
climatiques (CCNUCC), COP 21 pour lutter efficacement contre le dérèglement climatique et
impulser la transition vers des sociétés et économies résilientes et sobres en carbone.

Au niveau sous régional le Sénégal est dans différents partenariat dont les politiques visent
plusieurs objectifs au niveau régional :
- Les impacts, la vulnérabilité et lřadaptation dans le contexte du
développement, en lien avec la réduction de la pauvreté ;
- Adapter la gestion des ressources naturelles aux variations climatiques en
Afrique de lřOuest ;
- Les méthodes et outils de planification et dřévaluation des effets des
changements climatiques ;
- Les financements internationaux en matière de changement climatique et leurs
mécanismes de mise en œuvre.

Les principaux cadres relatifs nos travaux sont notamment la prise en charge des
problématiques de la zone côtière (érosion côtière et baisse des stocks de ressources
halieutiques) sont.
- La Convention dřAbidjan (mars 1981) et ratifiée par le Sénégal en juillet 1982 est
relative à la coopération en matière de protection et de mise en valeur du milieu
marin et des zones côtière de lřAfrique de lřOuest et du Centre ;
- La Stratégie Régionale Africaine de prévention des catastrophes (2004) dotée dřun
plan dřaction ;
- le Nouveau Partenariat pour le Développement de lřAfrique (NEPAD) a été mis en
place par lřUnion Africaine au mois de juillet 2002, comme cadre dřorientation et
dřintervention principal pour le développement durable de lřAfrique. Cřest ainsi
que la gestion durable des ressources marines et côtières a été intégrée au volet
Environnement du NEPAD comme lřun des sept domaines prioritaires
dřintervention intitulé « conservation et utilisation durable des ressources marines
et côtières ».

A ces cadres, il faudrait également ajouter leur traduction en programmes régionaux tels que :
- Le Programme PNUD/FEM/UNESCO-COI. Ce programme vise à contribuer à
une meilleure connaissance des changements affectant le littoral, les impacts des
changements climatiques dans certains pays comme le Sénégal.
- Le Projet Tourisme Côtier Durable, concerne lřélaboration et la mise en œuvre
dřun projet pour la réduction des impacts environnementaux du tourisme côtier par
lřintroduction dřune politique dřéchanges et de renforcement du partenariat Public-
Privé.
- Le Programme sous régional de Lutte contre lřErosion Côtière de lřUEMOA, dont
lřobjectif général est de contribuer à lřatténuation des conséquences économiques,
environnementales, sociales et culturelles de lřérosion côtière dans les pays
membres de lřUEMOA.
- Le Projet Grand Ecosystème Marin du Courant des Canaries, dont lřobjectif est la
gestion durable des écosystèmes marins et côtiers à travers la lutte contre la
diminution des ressources biologiques et la dégradation de la zone côtière dans ce
Grand Ecosystème Marin.
- La Mission dřObservation du Littoral Ouest Africain (MOLOA) a été mise sur
pied à lřissue de lřétude portant sur le suivi du trait de côte et la réalisation du
Schéma directeur du Littoral Ouest Africain (SDLOA). Ces travaux réalisés par
LřIUCN ont concerné 11 pays de la Mauritanie au Bénin. Ce cadre ainsi créé
représente le cœur dřun mécanisme de coopération pour le suivi du trait de côte et
la réduction des risques littoraux en Afrique de lřOuest, qui permettrait la collecte,
le traitement et la diffusion dřinformations de qualité auprès des instances
consultatives et décisionnelles existantes. Elle vise à créer une synergie dřaction en
vue de faciliter la prise de décisions concertées en temps réel de manière anticipée
tant en termes de prévention que dřintervention. Ce cadre de partenariat en tant
quřobservatoire, sera plus développé au dernier chapitre.

Si les politiques dřadaptation au changement climatique sont considérées comme récentes au


Sénégal, il est important de souligner que la prise en compte de la dimension
environnementale dans les politiques de développement a été assez tôt enregistrée à travers
différents instruments juridiques, décisions et mutations institutionnelles. Ces dispositifs ont
été ainsi renforcés à la suite de la Conférence de Rio en 1992 dont les recommandations
furent traduites en politiques. Ainsi ces orientations sont concrétisées par la mise en place de
plusieurs outils de planification avec une prise en charge assez visible des questions
environnementales. Cependant la contrainte fondamentale demeure le manque de ressources
financières et la difficulté de mobilisation des moyens.

I.3.2. Le cadre judique national de la gestion durable de l’espace et des ressources


et de l’adapation au changement climatique et
Il ne sřagit pas de trouver particulièrement des instruments spécifiquement créés pour le
changement climatique mais sutrout sa prise en charge dans ceux existants. Le Sénégal est
doté dřun dispositif juridique riche de plusieurs dřinstruments sur lřaccès et lřutilisation
durable de lřespace et des ressources naturelles (foncier, eau, forêt, ressources halieutiques)
dont la plupart sont antérieurs à la signature de la convention sur le changement climatique.
Les principaux textes sont les suivants :

La loi 64-46 du 17 Juin 1964 institua le Domaine National et mit fin à la tenure foncière
traditionnelle. Le Domaine National fut ainsi subdivisé en quatre zones : les zones urbaines
(territoire des communes), les zones de terroirs (agriculture et habitat rural), les zones
pionnières (aire de développement spécifiques) et les zones classées (pour sécuriser les zones
écologiques particulières).

Loi 96-06 et 96-07 portant code des Collectivité locales et Transfert de compétences Même si
les problèmes écologiques peuvent être globaux, lřadaptation est plutôt contextuelle, la
planification et la mise en œuvre de mesures dřadaptation doivent répondre à des
circonstances et capacités uniques à différentes échelles. La décentralisation permet ainsi une
approche territoriale avantageuse, favorisant le décloisonnement des logiques
institutionnelles, la sensibilisation des acteurs, lřobtention dřun consensus. Cřest ainsi quř aux
différentes échelles des collectivités locales (région, Commune et Communauté rurales)
plusieurs compétences relatives à lřadaptation ont été transférées. Conformément à lřarticle
Article 22 de la loi portant code des Collectivités locales et transfert des compétences, la
région est responsable de l'élaboration de plans régionaux spécifiques d'intervention d'urgence
et de gestion de risques, l'élaboration et la mise en œuvre des plans régionaux d'action pour
lřenvironnement.

Dans lřarticle 125 (modifié par la loi n° 2002.16 du 15 avril 2002, portant dispositions
particulières pour la prise en charge du nettoiement et de la salubrité dans la région abritant la
capitale régionale), la police se doit, dřassurer la prévention, par des précautions convenables,
et l'intervention, par la distribution de des secours nécessaires, en cas d'accidents et de fléaux
calamiteux, tels que les incendies, les inondations ou tous autres accidents naturels, les
maladies épidermiques ou contagieuses, les épizootiques, la mise en œuvre de mesures
d'urgence en matière de sécurité, d'assistance et de secours et s'il y a lieu, le recours à
l'intervention du représentant de l'Etat auquel il est rendu compte des mesures prescrites.
Cependant force est de reconnaitre lřabsence de police Municipale au niveau des communes
autre que la Ville de Dakar.

La loi n 64-53 du 10 juillet 1964 adoptée en 1964 .Il faut dire que LřEtat du Sénégal a très tôt
initié une politique nationale de protection civile en vue de protéger les populations contre les
catastrophes ou dangers pouvant mettre en péril leur vie.

La loi n° 2001-01 du 15 janvier 2001 portant Code de lřEnvironnement et son décret


dřapplication n° 2001-282 du 12 avril 2001. Dans ce code différents éléments relatifs à nos
travaux sont notamment pour les inondations et lřérosion côtière.

Le Code de lřenvironnement en son article 28 précise que : Les plans dřurbanisme prennent
en compte les impératifs de protection de lřenvironnement dans le choix, lřemplacement et la
réalisation des zones dřactivités économiques, de résidence et de loisirs. Par rapport aux
responsabilités, elles incluent le Ministère de lřenvironnement à travers lřArticle L 55 : Le
Ministère chargé de lřenvironnement est associé à l'élaboration, à l'exécution et au suivi des
plans d'urgence relatifs aux incendies, inondations ou autres catastrophes naturelles.

LřArticle L 69 poursuit sur des mises en garde intégrant la prévention de lřérosion en ces
termes « Lřautorisation dřoccupation du domaine public ne doit entraver ni le libre accès aux
domaines public maritime et fluvial, ni la libre circulation sur la grève, ni être source
dřérosion ou de dégradation du site. Seules sont autorisées sur les domaines public, maritime
et fluvial, à titre dřoccupations privatives, les installations légères et démontables ».
Par rapport la gestion des inondations, la prise en charge pourrait être comprise dans celles
déclinées dans le secteur de lřenvironnement et des ressources naturelles, le titre II et chapitre
II de la dite loi et le décret 96- 1134 déclinent les compétences des collectivités locales
(région, commune et communauté rurale) dans la gestion des ressources naturelles et de
l'environnement. Les compétences des collectivités locales en relation avec l'assainissement
néanmoins sans dénomination claire sont : la gestion des ressources en eau souterraines ou
superficielles à l'exclusion des cours d'eau à statut international et national ; l'élaboration de
plans communaux d'action pour l'environnement ; la gestion des déchets, la lutte contre
l'insalubrité, les pollutions et les nuisances.

Ce pendant lřopérationnalisation des compétences pose problème car il faut remarquer le


manque de réactualisation des documents de planification (Plan Régional dřAction pour
lřEnvironnement) et leur absence à lřéchelle de la Commune ou de la Communauté rurale.

La loi n° 2008-43 du 20 août 2008 portant Code de lřurbanisme


La préoccupation du changement climatique est également traduite aussi par la révision du
code lřurbanisme et la décision de promulguer une nouvelle loi sur le littoral qui se veut de
prendre en charge, la prévention de lřérosion côtière. Cependant il est important de souligner
le conflit de temporalité en matière de gouvernance, les différentes échelles de temps
s'entrecroisent. La nécessité de concertation des acteurs qui prennent du temps et la mise en
œuvre pourtant urgente des mesures administratives.

La loi no2009-24 du 8 Juillet 2009 portant Code de lřassainissement

Les questions spécifiques aux inondations sont comprises dans le domaine de lřassainissement
et plus exactement lřassainissement liquide tel que précisé dans lřarticle premier dudit code
« lřassainissement liquide sřentend de la gestion des eaux usées, des excrétas et des eaux
pluviales en vue de prévenir des dommages à la santé et à la sécurité de lřhomme, ainsi quřà
lřenvironnement ». Cette loi stipule en son article L7 que : « Les collectivités locales,
notamment les communes sont responsables, concurremment avec lřEtat, du financement des
investissements et de lřexploitation des ouvrages de lřexploitation des eaux pluviales
notamment les canaux à ciel ouvert. A cet effet, les communes signent des conventions avec
le délégataire auquel elles confient cette exploitation (…) ». Et lřarticle suivant L 8 apporte
une précision en ces termes : « toute commune doit être dotée dřun plan directeur
dřassainissement des eaux usées et eaux pluviales (…) » ; Lřexistence dřun plan directeur
dřassainissement des eaux usées et eaux pluviales étant assujettie à lřexistence préalable dřun
plan directeur dřurbanisme (Article L 9). Il en de même pour la zone rurale. En effet « toute
communauté rurale doit également être dotée dřun plan local dřhydraulique et
dřassainissement ».

Le plan directeur et le plan local, dans son volet assainissement, définissent la politique en
matière dřassainissement de la collectivité locale à court et moyen terme. Ils doivent
comprendre :
- un diagnostic de la situation actuelle ainsi que des perspectives ;
- une définition de la stratégie de collecte et de traitement des eaux usées ;
- une maîtrise du ruissellement et de la qualité des rejets pluviaux ;
- les scénarii et les programmes dřinvestissement de lřassainissement ;
- la programmation de la réalisation des travaux.

La loi n° 98-32 du 14 avril 1998 portant Code la pêche maritimeen son article 3 en définit le
statut : « les ressources halieutiques des eaux sous juridiction sénégalaise constituent un
patrimoine national. Le droit de pêche dans les eaux maritimes sous juridiction sénégalaise
appartient à lřEtat qui peut en autoriser lřexercice par des personnes physiques ou morales de
nationalité sénégalaise ou étrangère. La gestion des ressources halieutiques est une
prérogative de lřEtat. LřEtat définit, à cet effet, une politique visant à protéger, à conserver
ces ressources et à prévoir leur exploitation durable de manière à préserver lřécosystème
marin. LřEtat mettra en œuvre une approche de prudence dans la gestion des ressources
halieutiques ;

Lřarticle 16 précise les modalités dřintervention des bateaux étrangers redoutés dans la baisse
des stocks : « les navires de pêchebattant pavillon étranger sont autorisés à opérer dans les
eaux sous juridiction sénégalaise soit dans le cadre dřun accord de pêche liant le Sénégal à
lřEtat du pavillon ou à lřorganisation qui représente cet Etat, soit lorsquřils sont affrétés par
des personnes de nationalité sénégalaise.

La revue de ces instruments permet de constater lřabsence ou la faible occurrence du terme


changement climatique. Cependant la volonté de protéger de lřenvironnement est clairement
affichée et vise ainsi à réduire les vulnérabilités de lřespace et des ressources naturelles.
Cependant lřopérationnalisation de ces instruments se heurte à un manque de moyens
humains et financiers. Lřexistence des instruments constitue certes un indicateur dřefficacité
mais leur caducité pose souvent problème. Beaucoup dřentre eux tels que le Code de
lřurbanisme, le code la pêche sont en cours de révision.
I.3.3. Le cadre Politique

La volonté politique se traduit aussi par la planification environnementale à travers


lřélaboration de documents spécifiques, ou sectoriels et la prise en charge dans des documents
de politiques économique dont les plus récents sont : la Stratégie Nationale pour le
Développement Durable (SNDD) ; la Stratégie Nationale pour les Aires Marines Protégées du
Sénégal (SNAMPS) ; la stratégie de réduction de la pauvreté (SRP) ; la Stratégie Nationale de
croissance accélérée (SNCA) ; le Programme dřInvestissement du Secteur Agricole (PISA),
recentré autour des grands ensembles agro-écologiques.

En effet les impacts du changement climatique et la nécessité de mise en place de mesures


dřadaptations efficaces sont articulés dans les différents documents stratégiques du Sénégal
dans sa politique macro-économique.

Le document de stratégie de réduction de la pauvreté DSRP II précise « A lřHorizon 2015


« Enfin la culture de la prévention contre les risques sociaux, les risques majeurs et les
catastrophes sera fortement ancrée dans les mentalités et pratiques et se traduira dans les
stratégies individuelles et collectives ainsi que dans les politiques et programmes des
collectivités locales, de lřÉtat et des Entreprises privées ».

Cřest le but de la politique dřadaptation. Elle passe par la prise en compte des évolutions
climatiques dans les décisions de long terme (urbanisme, conception et exploitation
dřinfrastructures, reconversion dřactivités étroitement liées aux conditions climatiques) et par
lřacceptation de conditions de vie différentes. Cela relève également de la gestion des risques
(naturels, sanitaires et économiques). La réduction de vulnérabilité est envisagée à travers la
réduction de la pauvreté une adaptation.

Dans le cadre des politiques macroéconomiques en cours, notamment la stratégie de réduction


de la Pauvreté et la Stratégie de Croissance Accélérée, la pêche est inscrite parmi les leviers
de lřaxe « création de richesses ». Donc lřenjeu est de taille pour concilier croissance
économique et protection des stocks.

Lřaxe 2 du document « Accélération de la promotion de lřaccès aux services sociaux de


base », il est retenu comme ligne dřaction la « gestion des ressources naturelles et de
lřenvironnement » pour faire face à Lřaccélération du processus de dégradation écologique
dans un contexte de crise climatique, la dégradation des ressources en sol (salinité, érosion
éolienne et hydrique, aux modèles de consommation et de production non durable, etc.
Lřaxe 3 « Protection sociale, Prévention et gestion des risques et catastrophes », les lignes
dřactions sont plutôt orientées vers les services sociaux et les groupes vulnérables à travers :
la réforme et le renforcement des systèmes formels de sécurité sociale ; lřextension de la
protection sociale ; la prévention et la gestion des risques majeurs et catastrophes ; La
protection sociale des groupes vulnérables.

Dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) lřobjectif 7 est dř« Assurer
un environnement durable» à travers la poursuite de la gestion rationnelle des ressources
naturelles et de lřenvironnement à travers notamment la lutte contre la désertification, la
protection des zones humides, lřamélioration de la gestion des côtes, etc.

Le Plan Sénégal Emergent (PSE), validé en 2014 constituant le référentiel de politique


économique et sociale sur le moyen et le long terme, accorde une place importante à la
dimension environnementale notamment en son axe 2. Il promeut le renforcement des
mécanismes de prévention et de gestion des risques et catastrophes ; la lutte accrue contre les
atteintes et la dégradation de lřenvironnement. Par rapport à ses ambitions pour le tourisme la
requalification des sites existants, la préservation du littoral constituent des défis majeurs.

A ces différents documents stratégiques on peut ajouter les différentes lettres sectorielles
(environnement, tourisme). La lettre de politique de lřEnvironnement ambitionne de répondre
à la nécessité de concilier la conservation et lřexploitation des ressources naturelles et de
lřenvironnement pour un développement durable. Lřétat sur lřenvironnement et les ressources
naturelles40 au Sénégal recensent un ensemble de problèmes parmi lesquels lřérosion côtière ;
La dégradation des terres et la réduction des forêts ; les ressources en eau marquées par une
forte irrégularité dans le temps et lřespace.

Par rapport au changement climatique proprement dit est en conformité aux recommandations
globales. Dans le cadre de la Stratégie Nationale de Mise en Œuvre sur les Changements
Climatiques (SNMoCC) Le Sénégal a déjà présenté sa troisième communication. La
SNMoCC est lřoutil permettant lřintégration de la dimension changement climatique dans les
politiques de développement durable.

Le Sénégal a également élaboré et validé un Plan National dřadaptation aux changements


climatiques en 2006 à partir dřinformations, de données et dřétudes de planification
existantes. Ce plan donne les grandes orientations et axes relatifs aux changements
climatiques à intégrer dans les politiques sectorielles dřadaptation. Les PNA sont censés

40
Lettre de politique du secteur de lřenvironnement et des ressources naturelles 2009-2015
orienter divers processus au niveau national et au-delà. Ceux-ci concernent non seulement les
agences et ministères du gouvernement, mais aussi les communautés, le secteur privé, les
municipalités locales, les organisations non gouvernementales et dřautres parties prenantes
pertinentes. Les PNA sont financés par le FEM pour les pays les moins avancés doivent
identifier les programmes dřadaptation prioritaires et fournir des mécanismes permettant de
faire progressivement évoluer les politiques de façon à favoriser la résilience.

Pour le Sénégal, lřanalyse de vulnérabilité en vue de lřadaptation des secteurs économiques de


développement aux changements climatiques sřest principalement intéressée à la ressource
eau, à lřagriculture et à la zone côtière, compte tenu de la part de ces activités dans lřéconomie
du pays (agriculture, tourisme, pêche) et de leur vulnérabilité.

Le projet dřappui au programme national de prévention, de réduction des risques majeurs et


de gestion des catastrophes naturelles. Ce projet sřintègre également dans le cadre de la lutte
contre la pauvre et présente le programme national et le cadre institutionnel à la réponse face
aux risques majeurs de catastrophes. Le projet financé par le PNUD sur un montant de 750
000 dollars a duré (juin 2007-juin 2009). Trois risques majeurs (inondations, risques
industriels, risques maritimes, changements climatiques et risques agro sylvo-pastoral) ont été
ciblés dans les différentes zones géographiques.

Le Programme érosion côtière a permis de faire lřétat des lieux de lřérosion côtière, la
formulation dřun plan dřaction de lutte contre lřérosion côtière à lřéchelle nationale (court,
moyen et long terme), notamment, lřidentification des zones prioritaires dřintervention dont la
Petite Côte. Ce programme sřest attelé à lřidentification de différentes actions à mener dont, la
restauration des plages, les travaux de protection des côtes, la formation, le renforcement de
capacité, la sensibilisation, lřidentification de mécanisme de financement.

Le projet dřappui à la formulation dřun programme sur la prévention des risques logé au sein
de la Direction de la Protection Civile (DPC) vis à renforcer les capacités en matière de
planification, dřétudes et de conceptualisation par rapport à la réduction des risques de
catastrophe (RRC).

Le Rapport dřEvaluation du niveau de prise en compte de lřadaptation au changement


climatique dans les politiques sectorielles donne différentes orientations et options
stratégiques dans différents dont ceux traités dans nos travaux (bâti, agriculture, pêche,
tourisme) caractérisés par différentes formes de vulnérabilité face au changement climatique
et aux aléas anthropiques (DEEC /INTAC 2011).
Les orientations et options stratégiques porte sur lřoptimisation de lřaménagement, avec une
meilleure prise en compte de la dimension spatiale dans la planification économique et sociale
au moyen du Plan National dřAménagement du Territoire (PNAT) ; La lutte contre la
dégradation des terres est assurée par les techniques et technologies de gestion durables de
terres développées par différents projets (PROGERT, PNIR)

Les options dřadaptation de la zone côtière en général se divisent en options légales et


institutionnelles. Les options légales concernent surtout la réglementation de la Construction
sur les plages, et le prélèvement de sable marin. Ces deux aspects, comme nous lřavons vu,
sont à renforcer dans la zone de Mbour même si des actions sont déjà notées avec la sortie
dřun arrêté préfectoral interdisant lřextraction de sable marin.

Les options institutionnelles portent sur le renforcement des capacités des acteurs
institutionnels en vue de disposer des informations adéquates pour leur permettre de prendre
les décisions adaptées aux différentes situations. Ce renforcement des capacités doit se faire
dans différents domaines (érosion côtière, adoption dřune loi sur le littoral et mise en place
dřun schéma directeur dřaménagement du littoral, réalisation dřouvrage…) pour tous les
acteurs qui interviennent ou sont concernés par la gestion de la zone côtière.

Les options dřadaptation du tourisme vise le renforcement de la législation sur le Domaine


Public maritime, la protection des zones côtière, la réalisation préalable dřEtude dřimpact
environnemental et social avant lřimplantation dřinfrastructures hôtelières sur le littoral ;

Pour la gestion durable de la pêche, cřest surtout la nécessaire articulation de la satisfaction


de la demande nationale en produits de la pêche et la Protection de lřenvironnement marin et
de la biodiversité ; dans le but dřatteindre ces objectifs, la pêche a bénéficié de lřappui de
plusieurs projets tels que le Projet de Gestion Intégrée des Ressources Marines et Côtières
(Girmac) et Projet dřAppui à la Pêche Artisanale (PAPA sud) dans la sensibilisation et la
réalisation dřinfrastructures. Ces projets malgré leurs limites ont eu sur le terrain des acquis.

Cette revue du cadre politique et institutionnelle nřest peut être pas exhaustive mais montre
deux points fondamentaux : lřenjeu dřune croissance maîtrisée et soutenue qui se heurte au
contexte environnemental changeant. Elle montre néanmoins, les efforts déployés sur
lřadaptation au changement climatiques à différentes échelles mais cependant moindre au
niveau local. Elle laisse voire une masse de documents cependant pas suffisamment connue
les différents acteurs notamment les institutions étatiques. Leur articulation avec ceux
élaborés aux niveaux déconcentrés constitue aussi une priorité pour une opérationnalisation
effective. Leur foisonnement souvent sans harmonisation, est marqué dřailleurs par leur
révision ou la nécessité de révisions de bon nombre dřinstruments devenus caduques. Ces
révisions sřinscrivent souvent dans le long terme, le temps dřapparition de nouvelles urgence
ou la caducité de certains propos. Les politiques au niveau sectoriel existent mais nécessitent
une approche intégrée.

I.3.4. Institutions et services impliqués dans l’adaptation aux effets au


changement climatique
Présenter le cadre institutionnel de lřadaptation au changement climatique présage de leur rôle
fondamental dans la gestion des mutations socio-environnementales. Tel quřénoncé par
(Ostrom 2005) « les institutions sont utilisées par les hommes pour prescrire et organiser
toutes les formes dřinteraction répétitives et structurées ». Les institutions sřappliquent aux
structures du pouvoir et aux relations instaurées au sein des organisations caractérisées par des
dirigeants et subordonnés, des ressources et des connaissances, ainsi quřaux manières de se
représenter le monde dans les sociétés, qui sont influencées par la communication, les valeurs
culturelles, les conditions sociales et les associations (OřRiordan et Jordan (1999). Ces cadres
de régulations se trouvent ainsi à des niveaux hiérarchisés différents mais en interaction et
influent sur la capacité dřadaptation des communautés aux changements. Selon Adger (2000),
les institutions de lřEtat, le marché et les organisations de la société civile ont une influence
déterminante sur la sécurité collective, la vulnérabilité sociale, lřenvironnement et
lřaffectation des ressources.

A première vue, dans la répartition des rôles, lřadaptation semble être le domaine de
lřinstitution en charge de lřenvironnement mais la gestion des impacts associés implique la
participation de différentes autres structures existantes ou créées à cet effet illustrant ainsi la
multiplicité des acteurs institutionnels.

Il ne serait pas faut de commencer par lřinstitution suprême quřest le Président de la


république et le gouvernement, lřAssemblée Nationale à travers, la déclaration de politique
générale, les discours mais aussi les sorties sur le terrain notamment celle effectuée sur le site
de Saly pour la question de lřérosion côtière mais nous nous limiterons aux organes chargés
dřorienter, de dérouler la politique, mais aussi de conseil, et de contrôle citoyen.

Le Ministère de lřEnvironnement et du Développement durable est le principal responsable


désigné intervient à travers plusieurs organes que sont le COMNAC et lřensemble de ses
directions.
La Direction de lřEnvironnement et des Etablissements Classés (DEEC) est désignée Point
Focal Changement Climatique et aussi le point focal opérationnel du Fonds pour
lřEnvironnement Mondial (FEM). Sa mission est de mener un travail dřinformation et de
formation des différentes catégories dřacteurs concernées par la prise en charge des questions
de changements climatiques dans lřélaboration de leurs politiques de développement
respectives. Il a été régulièrement appuyé par le secrétariat de la CCNUCC en collaboration
avec le Fonds pour lřEnvironnement Mondial (FEM) et autres partenaires tels que les Pays-
Bas.

La Direction de lřenvironnement et des établissements classés (DEEC fut éclaté en deux


instances distinguant la division Erosion Côtière au sein de la Direction de lřenvironnement et
des établissements classés et une nouvelle Divison Changement climatique.

Le Comité National Changements Climatiques (COMNACC) mis en place en place en 1994


et institué en 2003, par arrêté n° 1.220 du 7 mars 2003 du Ministère chargé de
lřEnvironnement. Regroupe lřensemble des acteurs impliqués dans les questions relatives aux
changements climatiques (services techniques administratifs, le secteur privé, les ONGs, la
société civile, les structures de recherche, les Associations dřElus locaux, les Universités,
etc.). Il est chargé du suivi des activités développées dans le cadre de la mise en œuvre de la
convention. Il joue à cet effet un rôle de conseil scientifique et technique.

La complexité des nouveaux problèmes causés par les effets néfastes des changements
climatiques a exigé la mise en place dřun cadre institutionnel fort lui permettant dřassurer la
coordination, lřintégration, le suivi et lřévaluation des interventions dans ce domaine, tant au
niveau national que local. Cřest ainsi quřun Comité national sur les Changements climatiques
COMNACC a été mis LřArticle 241 place le Comité national sur les Changements
climatiques (COMNACC) sous lřautorité du Ministère chargé de lřEnvironnement.

Le COMNACC est un organe, de coordination, de concertation, de formation, de


sensibilisation, de gestion et de suivi des différentes activités identifiées dans le cadre de la
mise en œuvre de Convention Cadre des Nations unies sur les Changements climatiques et ses
instruments juridiques additionnels.

41
DECRET n° 2011-1689 du 3 octobre 2011 portant création du Comité national sur les Changements
climatiques.
Tel que listé dans lřArticle 342. - Le COMNACC est composé de 57 membres représentant
différentes structures de la Présidence à différents secteurs, les syndicats, la société civile, les
collectivités locales.

Ce comité devrait permettre de mieux prendre en charge les questions relatives au


changement climatique et faire connaitre les enjeux des changements climatiques à toutes les
composantes de la vie socio-économique sénégalaise jusquřà un niveau décentralisé avec
lřappui des COMRECC. Cřest à cet effet que 6 Groupes thématiques ont été mis en place afin
de traiter des sujets dřordre technique, ainsi que des sujets structurants dřimportance majeure,
portant sur des domaines dřactivités ciblés. Leurs avec différents rôles et responsabilités sont
déclinés en ces points :
 Appui Conseil ;
 Renforcement de capacités des différents membres du Comité ;
 Mise en cohérence des différents projets programmes ;
 Mise en place des indicateurs de performance ;
 Elaboration dřun Plan dřaction.

Le groupe 1, 2, 3 dans leurs intitulés et contenu prennent en charge nos questions de


recherche. Le groupe 1 Vulnérabilité et Adaptation, est essentiellement orienté à la recherche
déclinée en ces points qui suivent. Il sřagit essentiellement dřappuyer, dřaccompagner et
dřinitier des travaux et études sur :
 Les connaissances physiques et scénarii climatiques pour le Sénégal ;
 Le renforcement de la prévention et du système dřalerte précoce ;
 Le partage, étude et validation des études des Vulnérabilités sectorielles, analyse
des outils et modèles sectoriels ;
 Le partage, Etudes et Validations des stratégies dřadaptations dans lřensemble des
secteurs affectés par les Changements Climatiques interalia : agriculture, la pêche,
la gestion du littoral, les ressources en eau, biodiversité, la foresterie, lřélevage, la
zone côtière, santé, etc. ;
 La soumission sur les questions liées au Nairobi Workprogram, lřobservation
systématique ; agriculture ;
 Lřanalyse des travaux et rapports scientifiques et techniques (GIEC, UNEP,
UNFCCC, etc…) et faire un résume sur plateforme ;

42
IDEM
 Lřorganisation dřateliers sur ces thématiques ;
 Lřappui dans la préparation du PAN ;
 autres points importants : lřimpact du climat, lřintégration des politiques et
programmes, identification et élaboration des projets.

Le groupe 2 Transfert de technologie (TT) appuie le CERER dans lřensemble de ces


activités ; il sřagit essentiellement dřappuyer, dřaccompagner et dřinitier des travaux et études
sur :
 Lřidentification et mise en place des technologies dřadaptation et dřatténuation et
leurs modalités dřacquisition et de développement ;
 Lřélaborer une procédure de gestion des questions relatives au TT en relation avec
le CTCN (CRTC) ;
 La dynamisation la collaboration entre les différentes parties prenantes
(gouvernements, ONG, secteur privé, institut de recherche etc.) ;
 Lřenclenchement de la réflexion sur les technologies endogènes ;
 Lřidentifier et formuler des requêtes par les parties prenantes ;
 La veille technologique ;
 La familiarisation sur les technologies.

Le groupe 3, Renforcement de capacités et communication englobe pour nous trois missions


fondamentales en matière dřadaptation au Changement climatique.
 La sensibilisation des populations sur les effets néfastes des changements
climatiques, les mesures dřatténuation et dřadaptation avec lřappui des
COMREEC ;
 La sensibilisation des décideurs à intégrer le changement climatique dans les
politiques publiques.
 Le rôle de Suivi et dřévaluations.

Les autres groupes thématiques du COMNACC portent sur lřAtténuation, financements et


mécanisme de marché, Groupe Thématique sur la plateforme de Durban.

Lřagence nationale de la météorologie est désignée point focal du Groupe dřExperts


Intergouvernemental sur lřEvolution du Climat (GIEC).

Les autres directions du Ministère de lřenvironnement et dřautres secteurs, en plus de leur


représentation dans le COMNAC intègrent dans leur mission la dimension changement
climatique.
En matière de gestion des risques sous la tutelle du Ministère de lřIntérieur, nous la Direction
de la Protection Civile (décret n 64-563 du 30 juillet 1964, complété par lřarrêté n 539/MINT
du 12 janvier 1990), le Conseil National de Sécurité Civile (décret n 93.1300 du 17 novembre
1993. Ce Comité est chargé dřélaborer la politique dřorganisation des secours au plan national
et notamment les modes de financement des opérations de secours, de déterminer les priorités
dřintervention, de mobiliser les moyens et dřassurer le suivi de lřévolution des sinistres.

Par rapport aux perturbations étudiées, les institutions impliquées en plus du Ministère de
lřenvironnement, nous avons dřautres Minières selon les phénomènes considérés. En matière
dřinondations, le Ministère de lřAssainissement à travers lřOffice Nationale de
lřAssainissement du Sénégal (ONAS).

Une réforme institutionnelle fut réellement apportée en 1996 avec la création de lřONAS.
Cřest un établissement public à caractère commercial et industriel chargé de la collecte de
lřévacuation du traitement et la valorisation des eaux usées. Il a été créé par la loi n° 96-02 du
22 Février 1996, et organisé par le décret 96-667 du 07 Août 1996. Entre autres, lřONAS a
comme mission :
 La planification et la programmation des investissements ;
 La maîtrise d'ouvrages et la maîtrise d'œuvre, la conception et le contrôle des
études et des travaux d'infrastructures d'eaux usées et pluviales ;
 L'exploitation et la maintenance des installations d'assainissement d'eaux usées et
pluviales.

Le service régional de lřONAS Thiès a été mis en place en fin 2007 et les réalisations en
termes dřactivité de branchement date de 2008.

Parallèlement, nous avons le Ministère de la Restructuration et de lřAménagement des Zones


dřInondations (MRAZI).

La multiplicité des acteurs aux interventions non coordonnées a été souvent décriée dans la
gestion des inondations. La création en 2012 du marque ainsi une volonté de lřEtat dřy
remédier et dřassurer la synergie des actions. Cette question regroupe ainsi :

Le Ministère de la Santé et de lřHygiène Publique, y est également impliqué pour les impacts
sanitaires des inondations.
Pour les stratégies face à lřérosion côtière sřajoute le Ministère du Tourisme. Outre la
responsabilité de la SAPCO sur les aménagements et son implication dans la protection des
côtes à Saly, ce Ministère ne dispose dřaucune division en la matière.

Sur la sur baisse des stocks. Au niveau du Ministère de lřEnvironnement et du


Développement Durable, la Direction des Aires Marines protégées et des parcs nationaux
œuvrent pour la conservation des ressources marines et côtières.

Sur la dégradation des sols, le Ministère de lřAgriculture, et le Ministère de lřAménagement


du territoire et des Collectivités locales avec leurs démembrements. Les collectivités locales
en fonction de leurs prérogatives à travers les compétences qui leur sont transférées agissent
dans différents secteurs et on charge la protection de lřenvironnement à lřéchelle de leurs
territoires respectifs. Les ressources naturelles des territoires sont également s régies par des
lois qui, selon la politique de décentralisation, établissent une logique de gestion directe par
lřEtat dřune part, et dřautre part, de délégation de pouvoir de gestion aux collectivités locales.

Au bout de cette présentation, la répartition des institutions et les dynamiques laissent voir un
processus dřinscription de plus en plus affiché du changement climatique et des impacts dans
les pratiques avec des missions tendant à la spécialisation malgré des confusions ou des
compétitions qui peuvent sřinstaller dans les tâches respectives.

En effet, le cadre institutionnel présenté est très fourni et riche de plusieurs niveaux
cependant, lřefficacité du dispositif ne se mesure que par les interactions des acteurs à travers
les réseaux établis pour le partage, la collaboration, la mise en cohérence, les actions
collectives développées. En effet, « Les interactions qui se produisent entre institutions de
niveaux hiérarchiques différents ont un impact sur la capacité dřune communauté à répondre
au changement (Adger et al. 2005 ; Smit et Wandel 2006 ; Agrawal 2008). Egalement Selon
Adger (2000), les institutions de lřEtat, le marché et les organisations de la société civile ont
une influence déterminante sur la sécurité collective, la vulnérabilité sociale, lřenvironnement
et lřaffectation des ressources. Ceci nous amène ainsi à voir la collaboration du COMNACC
avec les autres instances car tel que démontré par Weber et Khademian (2008 in Brown H. C.
et all 2011) « la création dřun mécanisme de collaboration et de renforcement des capacités, à
lřintérieur ou à lřextérieur du gouvernement, est souvent utile pour promouvoir le transfert,
lřappropriation et lřintégration des connaissances entre les réseaux pour aboutir à constituer
un outil multipartite de solution des problèmes ».
La réorganisation institutionnelle régulière observée sřaccompagne de lřInterdépendance par
la mise en place de réseau mais également de la fragmentation affectant ainsi les compétences
pouvant mener à des rivalités ou des conflits de légitimité.

Il est important de relever que si le manque dřefficience fut relevé dans le fonctionnement de
structures anciennes, la solution par la fragmentation conduit également à la recherche de
moyens nouveaux qui pouvaient pourtant corriger les imperfections de structures
traditionnelles. La fragmentation nécessite la recherche de nouveaux moyens : ressources
humaines, ressources financières, ressources techniques dont la mobilisation peut sřinscrire
dans la durée allongeant ainsi les possibilités dřadaptation.

Tel quřinitié dans le COMNACC, la multiplicité des acteurs nécessite de la coordination,


tâche difficilement assurée pour des contraintes administratives ou de légitimité. Ce qui
conduit finalement à un isolement au lieu dřune mise en réseau fonctionnel. Acteurs : mise en
réseaux et/ou isolement. Une question à se poser cřest de voir si lřensemble des acteurs
évoqués sont-ils toujours ou effectivement impliqués. A cela sřajoutent les coûts de
transactions mettant ainsi en jeu lřefficience mais aussi lřefficacité avec des procédures
longues.

Les Problèmes institutionnels dans la gestion des perturbations sřobservent à plusieurs


niveaux. Malgré lřexpansion de lřérosion et les effets des actions de protection non
coordonnées aucune initiative dřřintercommunalité nřa été enregistrée dans ce domaine.

Les Communes concernées ne bénéficient pas de formation sur les questions relatives au
changement climatique. Dans la recherche de solutions aux impacts, lřacquisition de
financement apparait comme question fondamentale et pourtant aucune collectivité nřa pour
le moment entamé des démarches ou initiatives dans ce sens. Le Centre de Suivi Ecologique
responsable de la gestion des fonds dřadaptation pourrait jouer ce rôle dřaccompagnement et
de sensibilisation des Collectivités pour leur faire surmonter cette réelle difficulté
dřanticipation.

La collaboration entre acteurs publics et Privés tels que la DEEC, la SAPCO, les hôteliers ne
sont pas également formalisées.

Sur la gestion durable des stocks, rivalités entre le Ministère chargé de la pêche et celui de
lřenvironnement, conflit sur les modèles ; ZPP et AMP. Sensibilisée pour lřAMP dont lřarrêté
existe, cřest une ZPP qui apparait.
Sur la gestion des inondations : Au niveau de lřassainissement, on note une répartition des
compétences qui reste encore floue entre le Ministère chargé des inondations, lřONAS, les
collectivités locales.

Le dispositif reste riche de plusieurs institutions mais des contraintes se posent sur la
disponibilité des ressources humaines et financières. Le manque de ressources humaines pour
les institutions mises en place est une réalité. Au niveau déconcentré il sřagit surtout dřun
manque de formation et de personnel qualifiés mais aussi de la méconnaissance des
procédures de recherche de financement. Pourtant les collectivités locales peuvent être
accompagnées par des structures tel que le Centre de Suivi Ecologique ou autre dans la
recherche de Fonds, dřoù la nécessité de communication. Il faut également souligner que les
projets en cours à Saly ne sont en fait que des démonstrations, les pays doivent soutenir leurs
actions à travers les mécanismes de financement existants sur le Changement climatique.
Outre les partenaires, Les actions peuvent compter sur la subvention, lřaide publique au
développement, le budget mais elles nécessitent surtout une mutualisation des sources de
financement pour plus de résultats. La mobilisation de ressources pour faire face aux risques
constitue une difficulté comme pour la majeure des pays en voie de développement. En effet,
tel que souligné par le UFCC (2006) ŖMany developing countries are becoming increasingly
concerned about the risks posed by climate change to their development plans. At this stage
many are focused on assessments of their vulnerabilities and capacity building and adaptation
finance is mostly a project by project based approach for analytical work, capacity building
and some initial pilot projects. GEF is seen as a primary funding source but currently its
resources are limited to about $25M per year and even though the new Adaptation Funds
might be expected to increase, this source is only a small amount compared to the
development investment at riskŗ43 .

Les acteurs, quoi que nombreux sont essentiellement constitués de services publics.
Lřapproche participative reste encore faible dans le système de gouvernance. Malgré une

43
Beaucoup de pays en développement sont de plus en plus préoccupés par les risques posés par le changement
climatique à leurs plans de développement. À ce stade, beaucoup sont axés sur l'évaluation de leurs
vulnérabilités et le renforcement des capacités et de financement de l'adaptation est surtout une approche par
projet pour les travaux d'analyse, renforcement des capacités et des projets pilotes initiaux. FEM est
considérée comme une source de financement principale mais actuellement, ses ressources sont limitées à
environ 25 millions de dollars par an, et même si les nouveaux fonds d'adaptation pourraient être augmentés,
cette source est sřavère très faible par rapport à l'investissement requis dans les risques ».
volonté de gestion intégrée lřapproche reste encore sectorielle entrainant une complexité dans
les relations et compétences.

Le cadre unifié ou de coordination existant COMNACC se doit dřassurer le partage des


informations et de fournir des orientations pour les décideurs. Elle doit ainsi veiller à la
cohérence de lřinformation et à lřoptimisation des actions dřintervention, en travaillant
également avec les Collectivités locales. Ce travail ambitieux se heurte néanmoins à des
difficultés. Lřautorité même reste trop compartimentée ralentit les possibilités dřun travail
collectif. Se pose aussi la difficulté dřaccès aux données qui en effet sont multiples et
produites par des structures très diversifiées. La qualité des données constitue aussi un
problème. Le manque dřun dispositif technique performant et de ressources humaines
empêche souvent dřavoir des données fiables.

Lřanalyse des stratégies dřadaptation a permis de voir pour chaque type de perturbation les
mesures développées sur le terrain et celles institutionnelles.

Avant de présenter les stratégies la démarche que nous avons adoptée part des territoires pour
lřobservation des risques et vulnérabilités. Ce nřest pas une démarche aisée vue la diversité
des problèmes mais elle a lřavantage de montrer la complexité de lřéco-socio-système. En
effet chaque problème pouvait faire lřobjet dřune thèse. Le chapitre II présente ainsi les
grandes conclusions tirées de notre démarche. En effet les problèmes ont été traités comme
des études de cas.
CHAPITRE II : QU’APPREND-ON DES ETUDES DE CAS ?

Cette thèse part dřune approche territoriale qui a dřabord pour objectif dřun faire un inventaire
des ressources environnementales et sociales en insistant sur leurs opportunités et contraintes
qui déterminent ainsi leurs usages, leur vulnérabilité et stratégies dřadaptations. Le diagnostic
permet également de faire une classification des territoires et les interconnexions.

La commune de Mbour, une ville commandant son environnement dispose dřun capital
naturel important soutenu par une croissance démographique.

La jeune Commune de Saly présente deux faces, lřune portant encore lřempreinte de la
tradition, lřautre par le tourisme à travers la station balnéaire et contraste avec les quartiers
traditionnels Saly Niakhniakhal, Coulang, Tapé…

Les ressources sur le plan spatial montrent une crise foncière au niveau de la Commune de
Mbour, phagocytant constamment son hinterland Malicounda qui reste néanmoins un
territoire assez vaste mais ne disposant pas de projet de développement pour la sécurisation de
ses ressources foncières et reste ainsi une proie facile pour les Communes mitoyennes. Le
diagnostic portant sur lřutilisation de lřespace et des ressources a permis de dresser une
typologie dřusages et dřactivités dřenvergure différente selon les cas.

Cřest ainsi que lřagriculture et lřélevage sont beaucoup plus marqués dans la Commune de
Malicounda à connotation rurale ; la pêche à Mbour avec un quai qui placé deuxième au
niveau national, mais également présente au niveau de la partie maritime de Malicounda et à
Saly où elle continue dřoccuper une frange importante de la population malgré des difficultés.

Le tourisme constitue une activité phare pour la Commune de Saly Lřaménagement


touristique qui reste déséquilibré sur le littoral sřest fait en faveur de Saly sur la base dřune
.politique volontariste. Les politiques touristiques ne sont pas en fait définies par les
collectivités locales mais par la Sapco.

Lřaccès à lřespace et aux ressources naturelles est régi par des lois qui, selon la politique de
décentralisation, établissent une logique de gestion directe par lřEtat dřune part, et dřautre
part, de délégation de pouvoir de gestion aux collectivités locales.
II.1. Sur les risques et vulnérabilités
La revue documentaire, les entrevues et observations ont permis de ressortir 4 perturbations
majeures que sont les inondations, lřérosion côtière, la baisse des stocks de ressources
halieutiques et la dégradation des terres. Toutes des perturbations imputables au changement
climatique mais fortement accélérée par des processus humains.

Outre les inondations pour Mbour, et la dégradation des terres pour la Communauté rurale de
Malicounda, les autres perturbations (érosion côtière et baisse des stocks de poissons
constituent celles les plus partagées ou dont la répartition spatiale est plus homogène.
Lřoccurrence de certains risques est certaine. En effet toute la côte étudiée est marquée à des
degrés variés par lřérosion côtière et la baisse des stocks de ressources halieutiques. Il apparaît
ainsi que le développement de la zone étudiée est basée sur deux secteurs que sont la pêche et
le tourisme fragilisés par des aléas naturels et anthropiques.

Lřapproche territoriale nous a permis dřapprécier la vulnérabilité des territoires étudiés qui se
présente sous différentes formes : physique, humaine. La vulnérabilité dřun territoire
sřenracine dans la nature de lřespace et de la société qui sřy est édifiée. Ainsi, la catastrophe
naît de la rencontre, ponctuelle et/ou graduelle, entre une perturbation et une situation de
vulnérabilité historiquement et géographiquement contextualisée. Le paradigme humain fut
étudié à travers la cohésion sociale, le niveau de développement, la diversité économique.

Sous cet angle à partir de lřanalyse de la diversité économique et du développement


économique, nous voyons que le tourisme lřactivité phare de la zone, mise sur pied à partir
dřune politique volontariste et dans lřobjectif dřune diversification économique nationale tend
plutôt à installer une situation de mono-activité dans ses zones de prédilection au lieu
dřimpulser les activités traditionnelles (agriculture, élevage, pêche). Les secteurs promus sont
surtout le commerce, le transport, les services, lřartisanat fondamentalement lié au dynamisme
du tourisme. Les territoires étudiés sont différemment vulnérables selon différents facteurs.
Lřétendue des impacts est souvent locale du fait de facteurs endogènes position géographique,
type dřaménagements.

Les travaux nous permettent de caractériser les perturbations à travers leur lřintensité et leur
répartition spatiale.

Les réponses issues des enquêtes ménages montrent une intensité faible à importante selon les
territoires. Elle peut sřapprécier à différentes échelles, selon les territoires, les quartiers, les
villages, les ménages, les individus, mais aussi selon les formes dřutilisation et des activités
tels que .les habitations, Pêche, la transformation, le tourisme, lřagriculture.

Quels que soient les impacts manifestes de certaines perturbations, on note encore une forte
ignorance du risque. Les causes sont parfois loin dřêtre contenues, les solutions pour y face
sont encore en phase dřimagination ou de construction notamment pour lřérosion côtière.

II.2. Sur les stratégies d’adaptation identifiées selon les perturbations


Les stratégies dřadaptation suivant les perturbations mettent en jeux différents acteurs
individus, ménages, des actifs de secteurs dřactivités (pêche activités connexes, tourisme…)
exposés aux risques climatiques, ayant subi les impacts ou devant apporter des solutions ou
prendre des décisions. Les réponses apportées par les acteurs sont ainsi dřenvergure
différente.

Au niveau des ménages, elles sont essentiellement déployées avec les moyens du bord et sont
fondamentalement liées aux conditions de vie et se limitent surtout à des formes de protection
et dřaccommodement. Les aménagements et matériaux utilisés dans le cadre des inondations
et de lřérosion sont sommaires ou de récupération. A lřéchelle des quartiers, des actions de
remblai ont nécessité la jonction des forces. Les réponses apportées par les collectivités
locales, lřEtat et les partenaires sont estimées insuffisantes ou inégalement réparties
conduisant à des frustrations et à des sentiments de délaissement face aux inondations ou à
lřérosion côtière.

Les actions de grande envergure sont surtout initiées et développées dans les travaux de
défense à travers la construction des épis, des gabions, dans la zone touristique quřest Saly.
Cependant on remarque que malgré lřimportance des montants mobilisés, le problème reste
entier. Car en effet les ouvrages au lieu de freiner les effets de lřérosion ont plutôt accéléré et
déplacé le processus. Certains propos dans la presse laissent à croire au manque de
satisfaction et les consultations publiques laissent apparaitre que les populations et acteurs
privés et Collectivités locales sont également loin de leurs attentes. La mobilisation des fonds
pour la protection du littoral à Saly semblait auparavant, le casse tête, il est apparu que même
le délai dřexécution rallongé, des contraintes, politiques, administratives et querelles
individuelle ont prévalu sur lřintérêt général des communautés et des privés suspendant ainsi
le processus dřadaptation ou de résilience si les brises-lames devraient permettre la
réalimentation des plages ou un retour à lřidentité de la zone.
Pour la gestion des inondations, et de lřérosion côtière, les stratégies ne sont pas anticipatives,
elles sont ponctuelles et ne découlent pas dřun plan bien organisé. On aura vécu le renvoi des
responsabilités entre municipalité et Etat par rapport à la décentralisation. Tel que dit par
Thiam (2011) « La survenue de chaque catastrophe liée à lřeau et qui se traduit par les
inondations révèle quřil nřexiste pas de politique de prise en charge que lřon pourrait inscrire
dans le suivi ». Elles apparaissent comme des stratégies dřadaptation réactives. « Une mesure
est dite dřadaptation réactive lorsquřelle a lieu en réponse directe à un événement climatique
majeur » (Maria Mansanet-Bataller, 2010). Lřoccurrence fréquente des perturbations, ou leur
étalement ont conduit à des réponses qui quels que soient les acteurs individus, ménages,
privés, publics sont souvent prises dans lřurgence et les résultats ne sřinscrivent que rarement
dans la durabilité.

Sur la gestion de la baisse des stocks de ressources halieutiques, on remarquera que


dřimportantes actions ont été développées sur la Petite Côte. La responsabilisation des acteurs
à travers les CLPA et .Des modèles de conservation tels que les AMP sont également cités
dans les différentes entrevues et semblent ainsi inspirer les territoires étudiées qui pensent par
ailleurs ressentir les effets de ces aménagements.

Par rapport à la terre, les stratégies portent sur la dégradation des terres et la crise foncière du
fait surtout de lřexpansion de Mbour. Les stratégies développées par les individus et la
communauté rurale ne permettent pas de freiner lřexpansion du bâti ou de maintenir
lřagriculture mais contribuent à accélérer le processus. Lřélément nouveau cřest juste dřêtre
les maîtres dřœuvre des opérations de lotissement. Les stratégies de gestion des terres jadis
observées tel que la jachère sont abandonnés.

II.3. En matière de politique et gouvernance


Les véritables interrogations évoquées dans le cadre théorique sont les suivantes : tous les
domaines du risque et la vulnérabilité sont-ils pris en compte et font-ils lřobjet dřun traitement
spécifique ? Les compétences sont-elles coordonnées ? Les compétences sont elles en réseau ?
Communiquent-elles les unes avec les autres, se complètent-elles et, au-delà, sont-elles
susceptibles de répondre ensemble à la globalité du risque ? Et une troisième interrogation au-
delà des aspects institutionnels porte sur les moyens de mise en œuvre notamment ceux
financiers.
La mise en œuvre des politiques dřadaptation au changement climatique permet dřidentifier
un cadre institutionnel riche de différentes structures. La complexité des problèmes et la
recherche dřefficacité a souvent valu des transformations institutionnelles. Elle nřen entraîne
pas cependant les résultats escomptés car la multiplicité des acteurs, aux interventions souvent
non coordonnées entraine des conflits de compétences, des pertes de ressources. Lřautorité
même en charge de la question du changement climatique reste trop compartimentée. Une
nécessité de coordination se pose à ce niveau. Le pari de la co-construction nřest pas encore
gagné. La collaboration autour de la question principale est limitée par différents enjeux de
légitimité conduisant plutôt à une concurrence ou à la rétention des informations.

En plus de la pluralité des intervenants, la gouvernance nécessite également la mise en


cohérence territoriale à travers les outils de planification dont les faiblesses dans la mise en
œuvre constituent déjà facteurs de vulnérabilité rendus complexes par les changements
climatiques.

La mise en œuvre de politique reste fondamentalement soutenue par des moyens financiers et
humains. Les projets développés sont des projets de démonstration ; les pays doivent
soutenenir leurs actions par mécanisme de financement auprès de Partenaires. Les moyens
potentiels portent sur les subventions, lřaide publique au développement, le budget de lřEtat.

Les contraintes et les stratégies développées et réponses apportées par les différents acteurs
permettent de dégager un certains nombre de points.

Les pouvoirs locaux suivant les dispositions de la décentralisation se retrouvent avec


différentes obligations en matière de services sociaux, sanitaires et économiques. Ces
prérogatives très ambitieuses se heurtent déjà à des contraintes techniques et financières.
Comment concilier la croissance dřune nouvelle base économique aux problèmes
dřenvironnement qui leur sont également dévolus ?

Dès lors il apparait clairement que les collectivités locales dans leur contexte actuel sont
incapables de faire face aux perturbations enregistrées. Cette incapacité se mesure en terme
technique, financier, de ressources foncières pour accueillir à la fois des infrastructures mais
aussi pour assurer des opérations de déplacement et recasement faute de réserve foncière.

Les problèmes identifiés en rapport avec le changement climatique ou des facteurs


anthropiques devraient être pris en charge de façon anticipative dans la planification et le
financement des collectivités. Cette absence dřanticipation et de programmation budgétaire
marquent ainsi une vulnérabilité aux perturbations.

La communalisation intégrale donnerait peut être plus de moyens. Mais en attendant le cadre
institutionnel de partenariat entre collectivité telle que lřintercommunalité prévu dans le Code
des Collectivités locales (Article 179)nřa pas encore permis de développer des mécanismes de
gestion commune face aux différentes perturbations vécues telle que lřérosion côtière dont les
mesure de protection locale inadaptée constitue une menace pour les territoires mitoyens.

Tel que développé par Christophe Beaurain et Jérôme Longuépée44 (2006) le risque
dřinondation a permis des formes de construction territoriale entre différentes collectivités
confrontées à une préoccupation commune. On note ainsi pour ce cas l'élargissement de
l'examen des formes de proximité à des acteurs et objets nouveaux (environnement, risques,
collectivités territoriales et ménages) suscitant ainsi une nouvelle actualité concernant les
formes de proximité géographique.

Lřaspect économique de lřadaptation au niveau des collectivités locales se caractérise par une
passivité vis-à-vis de la recherche de mécanisme de financement pour faire face aux impacts
du changement climatiques. Egalement, lřinitiative doit-elle venir des services techniques
comme le pensent certains acteurs municipaux, ou cřest juste une ignorance nécessitant une
réelle sensibilisation.

Malgré la multiplication des instruments surtout politiques, il reste encore difficile dřanticiper
les évolutions des territoires, dřélaborer des trajectoires de développement adaptées aux
contraintes, notamment climatiques qui les fragilisent de plus en plus.

Au niveau de cadres globaux ou régionaux de partenariat sur le changement climatique, il


convient également de souligner certaines limites telles que lřabsence dřune approche intégrée
ou la faible prise en charge du changement climatique.

Les tableaux qui suivent fait une synthèse des concepts et leur opérationalisation que nous
avons utilisés et des problèmes traités à travers nos unités dřobservation sur le terrain.

44
«Approchecollective (inter-commune): Dynamiques Territoriales et Proximité Environnementale : le cas du
Risque dřInondation
Tableau 72 : Catalogue des indicateurs
Concepts Objet Indicateurs
Dynamique Bâti Superficie
Vulnérabilités Bâti Qualité site (inondabilité, localisation
par rapport au trait de côte)
Adaptation Bâti Qualité site, moyens techniques,
financiers, politique
Résilience Bâti Qualité site, moyens techniques,
financiers, politique

Concepts Objet Indicateurs


Dynamique Ménage Taille
Vulnérabilités Ménage Résidence, revenu, ressources
humaines, activités
Adaptation Ménage Ressources humaine Revenu,
diversité source revenus
Résilience Ménage Ressources humaine, Revenu,
diversité, source revenus

Concepts Objet Indicateurs


Dynamique Hôtels Taille
Vulnérabilités Hôtel Site, plage, ouvrage de protection
environnant, ouvrage de protection
hôtel, capacité financière, manque
dřassurance du risque
Adaptation Hôtel Capital, fréquentation (arrivés nuité),
diversité produits, ouvrage de
protection
Résilience Hôtel Ouvrage de protection, reconstitution
des conditions, (arrivées, nuitées),
diversité des produits

Outre les solutions urgentes pour sortie de crise et de gestion des problèmes quotidiens dus
aux perturbations sollicités par les populations, lřimplication des chercheurs a constitué une
forte demande, reprise également par les autorités déconcentrées. Les solutions efficaces à
apporter ne peuvent ainsi émaner émaner que dřune collaboration entre chercheurs et
politiques ŖResearchers and policy-makers are recommended to work together to establish a
framework for adaptation that is integrated within current coastal management processes
andpractices and takes a broader view on the subject.ŗ45.Cette demande la part des

45
IPCC technical guidelines in Richard J.T.C et all « Les chercheurs et les décideurs sont invités à
travailler ensemble pour mettre en place un cadre pour l'adaptation qui est intégrée dans les
communautés et des collectivités locales , nous permet dřévoquer lřexemple du Le Goulet de
Pointe-du-Chêne et du sud-est du Nouveau-Brunswick (Chouinard O. et all, 2006) confrontés
aux inondations et à lřérosion côtière .Depuis 2003 à 2006, les chercheurs ont entrepris une
recherche-action en collaboration avec certains résidents, décideurs locaux et fonctionnaires
pour favoriser lřengagement de ces communautés envers la prise de décision pour des
mesures dřadaptation.

La gestion des risques doit être soutenue par une connaissance approfondie des différentes
problématiques. On est parti dřun postulat dřeffets des changements sur les territoires qui a
permis à partir dřobservations et dřenquêtes dřidentifier des causes profondes essentiellement
anthropiques des risques facteurs de vulnérabilités des différents risques dont les territoires
sont exposés. Notre plaidoyer en partant de contraintes socioéconomiques, scientifiques, et
politiques de la connaissance et de la gestion des différentes problématiques traitées prône
pour la mise en place dřun observatoire pour réduire la vulnérabilité des territoires.

processus et les pratiques de gestion des zones côtières actuelles et prendre une perspective plus
large sur le sujet.
CHAPITRE III : PLAIDOYER POUR UNE STRATEGIE D’ADAPTATION AXEE
SUR UN OBSERVATOIRE TERRITORIAL

II.1. Les fondements d’un suivi

II.1.1. La prépondérance du rôle des modes de vie dans les changements


environnementaux
A lřéchelle globale, on sřaccorde à admettre sur la base de données scientifiques, techniques
et socio-économiques, le rôle des activités humaines dans les changements globaux. Il en de
même de leurs manifestations à lřéchelle planétaire ou à des échelles spatiales plus réduites.
En effet, si les activités de lřhomme ont été à lřorigine de dérèglement climatique, de
nombreuses manifestations sont aujourdřhui des facteurs dřorigine anthropique, liés au mode
ou condition de vie, les deux fortement influencés par des éléments politiques et socio-
culturels.

En adaptant le cadre dřanalyse de Magnan pour faire lřEtat des lieux de la vulnérabilité des
territoires, nous avons pu identifier les modes de consommation non durables de lřespace et
des ressources fragilisant les territoires sur le plan environnemental et économique.

Le bâti, les principales activités (agriculture, pêche, tourisme) de la zone dřétude ont un rôle
dans différents changements environnementaux survenus tels que la dégradation des terres,
les inondations, la baisse des stocks de ressources halieutiques, lřérosion côtière…

Ce point de vue se fonde sur le postulat des modes dřutilisations non durables de lřespace et
des ressources vérifié dans nos travaux. Lřobjectif visé est dřidentifier et de mesurer les
impacts négatifs, réels et potentiels, des usages sur les systèmes ou, autrement, qui les
fragilisent. Cette approche permet de mettre en exergue les faiblesses des territoires en vue de
les atténuer ou de les corriger. « Lřimage négative de cette approche peut conduire à des
réticences quant à la mise en œuvre même dřune telle démarche dřévaluation et de suivi,
pourtant majeure, pour comprendre les crises et anticiper les changements… Ce type
dřévaluation serait-il davantage répandu sřil permettait, non pas de mettre en avant les
faiblesses dřun territoire, mais ses forces » (Magnan, 2009).

Lřanalyse de la vulnérabilité notamment dans lřaxe portant sur le niveau de développement


nous a permis de voir des modes de production non durables dans différents secteurs et les
impacts négatifs induits sur les différents systèmes hypothéquant, accélérant les différents
processus de dégradation imputés au changement climatique. En effet ŖThe population and
assets projected to be exposed to coastal risks as well as human pressures on coastal
ecosystems will increase significantly in the coming decades due to population growth,
economic development, and urbanizationŖ (GIEC 2014).

Comme présenté dans lřaxe - niveau de développement du cadre dřanalyse de la vulnérabilité


des territoires -, des modes non durables de consommation dřespace et des ressources font
partie de causes profondes de vulnérabilité accélérant des processus imputables au
changement climatique. En effet des facteurs anthropiques ont pu être identifiés sur les
différentes perturbations majeures (inondation, érosion côtière, baisse des stocks de
ressources halieutiques, dégradation des terres) identifiées sur la zone dřétude.

Lřexamen du bâti permet de voir une expansion spatiale non contrôlée. Le boom
démographique que connaissent les villes côtières conduit à une expansion spatiale du bâti sur
des zones souvent non aedificandi. Cette occupation a été surtout favorisée par la persistance
de plusieurs années sèches au cours des précédentes décennies, ciblant les zones inondables
du fait de la configuration spatiale, de la topographie, du déficit dřéquipement (réseau
dřassainissement, absence ou inefficacité des ouvrages de protection…).

En plus de la configuration des territoires, et des aménagements déficients il faut ajouter les
capacités techniques et financières des communautés et des collectivités à faire face au
changement climatique.

Pour lřérosion côtière, lřextraction de matériaux, la construction, lřoccupation non contrôlée


du DPM, des mesures de protection côtière non conformes et non coordonnées constituent
autant de facteurs décriés dans le processus de vulnérabilité des territoires à lřérosion côtière.

En effet, les espaces proches du trait de côte sont caractérisés par leur mobilité permanente et
particulièrement rapide à lřéchelle du temps géologique, mais aussi à lřéchelle humaine
(Pinot, 1998 ; Paskoff, 1998).

Egalement, lřhomme apparait comme agent actif dans la baisse des stocks de ressources
halieutiques à travers des pratiques destructrices de ressources. En effet, la dégradation
marine et côtière trouve des origines dans les pressions provenant de lřexpansion
démographique, lřurbanisation, le développement industriel, la pêche industrielle, la pollution,
le non respect de la règlementation, lřaugmentation du parc piroguier et de lřeffort de pêche
artisanale.

Il en est de même de la crise foncière qui sřexprime en terme disponibilité et de qualité (baisse
de lřaptitude agricole des sols) notamment dans la Commune de Malicounda. En plus de
lřexpansion de la Commune de Mbour et de Saly, il faut ajouter lřarrivée massive de
nationaux ou dřétrangers pour lřacquisition de terrains à usage touristique ou dřhabitation. Par
ailleurs, parallèlement à la sècheresse, les pratiques culturales ont beaucoup agi, comme
forces, dans le processus de dégradation des terres.

Si la pression et la consommation excessive des ressources sont surtout justifiées par le boom
démographique ou les besoins économiques, les mauvaises pratiques en matière
dřexploitation et dřutilisation des ressources trouvent également une explication culturelle.
Les facteurs culturels sont réellement en jeu dans la vulnérabilité des territoires. Les sociétés
ont tendance à observer un abandon ou une banalisation de certaines valeurs, dřautant plus
que le milieu dont il sřagit est composite : une zone de convergence de différentes
communautés, qui ne manquent cependant pas de similitude, dřinertie, de bonnes pratiques
fondées sur des régulations sociales, le respect, la responsabilité, les croyances, éléments
capitalisables. Cet aspect reste ainsi important, comme le note Leone et Vinet (2008) : « la
recherche et lřaction publique doivent se pencher sur ces interactions entre changements
environnementaux, sensu stricto, et changement des représentations, des savoirs et des
pratiques liés à la gestion des ressources ou de territoires ».Mais, chose sûre, lřélément
fédérateur passe par les modes de la gouvernance à lřaide de politique, fondée sur une
connaissance scientifique et une capitalisation de celles endogènes. En effet, la connaissance
reste fondamentale pour une bonne planification. Lřobjectif de ces orientations, dans cette
thèse, est dřinciter lřaction publique à se porter sur la réduction ou la minimisation des aléas
anthropiques qui se présentent comme facteurs cumulatifs, en interrelation avec ceux
environnementaux, territoriaux des perturbations enregistrées ou de la vulnérabilité des
territoires étudiés qui sont en fait des éco socio systèmes caractérisés par une certaine
complexité.

Le cadre dřanalyse de la vulnérabilité utilisé, associant paradigmes physique et humain,


rejoint dřune certaine manière les propos de Schröter et al. (2004), « la vulnérabilité aux
changements globaux est la probabilité quřun système socio-environnemental spécifique soit
mis à mal par lřexposition à un stress, associée à des altérations de la société et de
lřenvironnement qui amputent le processus dřadaptation ». La mise en exergue des altérations
de la société invite à un diagnostic territorial ressortant donc des défauts et faiblesses. Ce type
dřévaluation, selon lřauteur, ne favorise pas une adoption par les décideurs. Lřimage négative
de cette approche peut conduire à des réticences quant à la mise en œuvre même dřune telle
démarche dřévaluation et de suivi, pourtant majeure pour comprendre les crises et anticiper
les changements. La question qui se pose est la suivante : ce type dřévaluation serait-il
davantage répandu sřil permettait non pas de mettre en avant les faiblesses dřun territoire,
mais ses forces ? Lřon peut ajouter que parler forces sous entend aussi la présence de
faiblesses, même si elles ne sont pas mises en exergue.

Différents facteurs influent sur lřenvironnement et de plusieurs façons. La relation entre les
facteurs démographiques et lřenvironnement est multidimensionnelle et fortement influencée
par des changements dans dřautres secteurs. La croissance et la densité de la population
constituent ainsi des moteurs important de changements environnementaux dans la zone
dřétude car elles restent fondamentalement liées à lřutilisation et lřexploitation de
lřenvironnement.

Par manque de suivi et de planifications, certaines activités, quoique stratégiques dans


lřéconomie nationale exercent des pressions sur certains secteurs économiques. La zone
côtière de Mbour nřéchappe pas à cette règle.

II.2. La difficulté d’accès aux données, méconnaissance, lacunes, et


incertitude sur les problématiques
Des structures et individus (institutions, services techniques, chercheurs…) génèrent des
données sur les questions relatives aux changements climatiques. Certaines englobent
différentes composantes de lřenvironnement marin et côtier, dřautres se limitent plutôt aux
questions spécifiques traitant : hydrodynamique, ressources halieutiques, communautés
côtières, inondations, élévation du niveau marin, érosion côtière… Les questions sont
également traitées à des échelles spatio-temporelles variables.

Les mesures dřadaptation aux risques sont mises en œuvre par divers acteurs privés et publics
à travers des politiques dřinvestissement dans les infrastructures et les technologies de
modification de comportements. Les acteurs publics et les structures de recherche se trouvent
ainsi impliqués mais ne sont pas tous producteurs de données. Il reste que les communautés,
élément central dans la gestion de systèmes vulnérables, ne sont souvent suffisamment pas
informées et ont besoin de sřapproprier les données.
Les difficultés dřaccès aux données relèvent de plusieurs facteurs :
- Complexité des zones marines et côtières ; connaissance partielle ou sectorielle des
problématiques ;
- Les analyses nécessitent souvent le recours à diverses sources ; sur ce plan, il est
important de souligner la difficulté de faire les enquêtes ou les consultations
publiques de façon générale du fait de la lassitude des populations de voir
différents intervenants leur poser des questions ou faire des promesses.
- Lřindisponibilité des moyens techniques et financiers au niveau des collectivités
locales, pour la collecte des données ;
- Les données sont souvent très techniques, les cadres de publication ou outils de
communication peu accessibles aux communautés ;
- Rivalités et conflits dans la production scientifique et lřaccès aux données, etc.
- Ainsi face à différentes problématiques telles que lřexpansion du bâti, la baisse des
stocks de ressources halieutiques, malgré des efforts notés, la maitrise des
situations, à travers des observations réelles, reste encore à assurer.

Sur le suivi du bâti : lřutilisation optimale des terres doit passer par une observation continue
de la dynamique spatiale. La conciliation des objectifs environnementaux, sociaux et
économiques passe par une maîtrise foncière et une bonne planification. Le manque de
maîtrise des superficies communales des collectivités mitoyennes (Mbour, Saly, Malicounda)
pose problème. Cette difficulté est également accentuée par les besoins de terre pour des
orientations économiques stratégiques telles que le développement touristique.

Sur le suivi du secteur de la Pêche : Selon la Convention des Nations-Unies sur le droit de la
mer, les décisions de gestion doivent être fondées sur les meilleures données scientifiques
disponibles. La recherche est indiquée comme la pierre angulaire dřune gestion rationnelle des
pêches et elle est essentielle pour lřavenir des pêches et de lřaquaculture, ainsi que pour la
planification et la gestion du secteur, notamment en ce qui concerne le contrôle de la capacité
de pêche, et la reconstitution des stocks.

Lřefficacité de la gestion des pêches repose dans une large mesure sur une connaissance et
une compréhension précise de la situation, des tendances et des relations de cause à effet, en
termes dřabondance, de dynamique et de résilience des ressources halieutiques et de
l'environnement dans lequel elles évoluent. Elle dépend également d'une bonne
compréhension du secteur des pêches, de sa situation, de son évolution, de sa structure, de sa
dynamique sociale et économique, ainsi que des marchés sur lesquels le secteur fait ses
transactions.

ŖStock assessment science and the establishment of maximum sustainable yields in fisheries
management appear to present a direct link between knowledge and action: estimate a fish
stock population and extrapolate the maximum number of fish that can be harvested in a given
year without jeopardizing the stockřs ability to sustain itselfŗ46.

Le suivi de lřeffort de pêcheconstitue également une notion complexe, à comprendre comme


le nombre dřunités de pêche artisanale ou industrielle opérationnelles, recensées au niveau des
ports de débarquement. « Lřeffort de pêche ne peut être réduit à un seul bilan des sorties de
pirogues », Ces éléments ont été donc discuté par Diop (2002). Ce sont deux indicateurs
distincts Si lřun peut être fortement modifié par des paramètres physiques (influence de la
houle et des vagues) et technologiques (motorisation des pirogues), le second doit de tenir
compte des conditions politiques, sociales et économiques de lřexploitation.

Pour par exemple, parc piroguier ; des chiffres fantaisistes sont parfois donnés, variant dřun
document à un autre (rapports officiels) et dans les travaux de recherche. « Il nřexiste pas à ce
jour dřinformations précises sur les populations de pêcheurs et les propriétaires dřunités de
pêche au Sénégal, si ce nřest une estimation du nombre dřacteurs impliqués dans le secteur »
(ISRA Rapport pêche artisanale). Telles étaient les remarques fondamentales justifiant entre
autres la nécessité dřun recensement national de la pêche artisanale. Ce travail, produit en
2009, a fait état 13.903 unités de pêche avec plus de 66,2% opérant en milieu marin.

Le centre de Mbour est classé deuxième catégorie avec 1085 unités. Ceux de Saly Portudal,
Nianing et Pointe Sarène se trouvent dans la cinquième catégorie située entre 100 et 200
pirogues. Nous avons dénombré 210 lors de nos enquêtes pour le site de Saly avec la
répartition suivante (Niakh-Niakhal 60 pirogues Coulang-Tapet 150) ; chiffre proche de ce
classement.

En plus de lřétude sur la pêche artisanale (CRODT/ISRA, 2005) note que le secteur bénéficie
dřinitiatives qui présentent cependant des faiblesses : Parmi elles, la détention du permis

46
La science de l'évaluation des stocks et la mise en place d'un rendement maximal durable dans la gestion des
pêches semblent présenter un lien direct entre la connaissance et l'action : estimer un stock population de
poissons et extrapoler le nombre maximal de poissons qui peuvent être récoltés dans une année donnée sans
mettre en péril la capacité du stock à se maintenir.
instauré en 2006 nřest pas régulièrement suivie, le Programme dřimmatriculation qui a connu
une lenteur dans lřopérationnalisation.

Le suivi des mises à terres est basé sur les éléments de contrôle délivrance de taxes et
quittances par le GIE qui présentent des lacunes car certaines embarcations échappent au
contrôle.

Le contrôle des mises à terre reste également limité, ne donnant que le nombre de pirogues
contrôlées et non le nombre réel. Des activités complémentaires telles que les mensurations
(taille, poids) des sujets ne sont pas effectuées faute de moyens financiers et humains.

La faiblesse des moyens matériels et humains apparaît également pour la couverture de


lřensemble des aires de débarquements. Par exemple lřagent basé à Pointe Sarène couvre les
sites de Saly.

Quels que soient les efforts de collecte de données effectués par les services, les faiblesses
apparaissent dans leur gestion. Des données existantes ne sont parfois pas saisies ou
communiquées

Une autre contrainte porte sur lřinformation et la communication, un véritable défi dans la
gestion de lřenvironnement. Les problèmes environnementaux tels quřidentifiés dans le PRAE
de la région de Thiès, recoupent les problèmes que connaissent la zone dřétude : érosion
côtière, faible réseau dřassainissement, gestion des déchets…

Cependant lřon remarque toujours les mêmes recommandations, tel que mentionné dans les
stratégies, la réactualisation des données, la réalisation dřétudes, lřinformation, la
sensibilisation des différents acteurs concernés. Ces défis sont également conformes aux
recommandations qui résultent également des enquêtes de terrain.

La méconnaissance et le manque dřinformation sur les perturbations apparaissent comme des


aspects soulevés par nos différentes cibles (collectivités locales, populations locales,
professionnels des secteurs du tourisme ou de la pêche) lors de nos enquêtes. En effet les
différents acteurs sont ainsi confrontés à lřaccès à lřinformation.

Lors des enquêtes au niveau des professionnels, un très faible taux a suivi des séances de
sensibilisation sur des thèmes comme lřérosion côtière. Pour la pêche, lřalerte se résume
surtout à la diffusion de données météorologiques pour les sorties en mer.
Les attentes des populations de la part des scientifiques sont variées. Les réponses ont été
regroupées en 19 types qui, pour lřessentiel, montrent la perception du rôle à jouer par les
scientifiques pour leur permettre de faire face aux différents problèmes. Les attentes
exprimées portent sur a sensibilisation, les études, et la prévoyance. Les thèmes de
sensibilisation désignés sont : lřérosion, lřextraction du sable de mer, lřavancée de la mer, les
méfaits des catastrophes naturelles…, alors que pour les thèmes dřétudes, on retrouve : les
risques dřinondation, les maladies hydriques, études fines sur les sites…

Pour la sensibilisation, outre les populations, ces dernières recommandent également que les
autorités centrales et locales soient sensibilisées.

Comme autre souhait, cřest que, les scientifiques travaillent de façon participative avec les
populations, les services techniques, notamment ceux chargés de lřhygiène, de lřurbanisme et
de la planification.

Nombres de ces attentes touchent également les autorités politiques qui, selon les populations,
doivent également être sensibilisées.

Il ressort également de ces enquêtes dřautres attentes telles que :


- La nécessité dřune synergie entre scientifiques,
- un suivi sanitaire des milieux notamment pour éradiquer les maladies hydriques,
- La conception dřouvrages,
- Lřindisponibilité des moyens techniques, humains et financiers au niveau des
collectivités locales, pose les réels obstacles dřune gestion durable des territoires
basée sur la connaissance.

Le suivi environnemental et social de lřutilisation de lřespace et des ressources que nous


préconisons, pour permettre aux territoires de sřadapter, permet une articulation entre
changement climatique et autres mutations dřordre anthropique.

Il apparait comme un outil dřinformation et dřaide à la décision pour les Collectivités locales
et lřEtat selon leurs prérogatives.

Les différentes problématiques analysées et vulnérabilités relatives mettent en exergue, la


méconnaissance et le défaut de planification encore faut-il reconnaître que ces deux éléments
restent fondamentalement liés.

La collectivité locale doit avoir plus de pouvoir ou plus de compétences sur ses ressources
pour en décider des utilisations durables
La conciliation, la satisfaction de la demande sociale, le financement de la collectivité et la
protection de lřenvironnement constituent le défi dřun développement local. Lřoptimisation de
la mise en valeur des ressources doit tenir compte du seuil de tolérance, reproductibilité et de
durabilité.
Le défi de la multidisciplinarité

Pour le tourisme, lřobtention de données à lřéchelle locale sřavère difficile, malgré la


conception dřune base de données sur lřactivité touristique au niveau du service technique de
Mbour. Aucun suivi du renseignement de cette base de données nřest assuré, montrant ainsi
des lacunes énormes dans la collecte de lřinformation. Le suivi des statistiques officielles
présente donc des faiblesses ne facilitant pas une analyse rapide des situations dřurgence ou
de faire une bonne planification.

II.3. Orientation stratégique : l’observatoire un outil de suivi des


vulnérabilités pour une adaptation ou une résilience
opérationnelle
Lřobservatoire est proposé dans cette thèse comme contribution aux possibilités de réponse à
la question suivante : comment minimiser lřaction de lřhomme par rapport aux effets
probables du changement sur les territoires ? En matière dřatténuation, les politiques
publiques se penchent surtout sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre c'est-à-dire
les causes du changement climatique.

En matière dřadaptation, réduire également le rôle des facteurs anthropiques sur les
perturbations notées constitue un pas fondamental. On maintient donc le postulat que les
changements environnementaux ne sont entièrement pas imputables au dérèglement
climatique. Le suivi des usages apparait comme un outil stratégique qui permet dřassoir un
développement territorial durable. En effet quelle que soit lřincertitude autour du changement
climatique, on peut également sřattendre à des catastrophes induites par de mauvaises
pratiques.

II.3.1. Apprendre des expériences des observatoires à travers des exemples


Le suivi permet dřanticiper sur les différents risques, au lieu de solutions après la survenue
des perturbations. Il permet d’augmenter les connaissances, de réduire les incertitudes,
d’améliorer les outils d’analyse et dřintégrer, à différentes échelles, la gestion des risques
dans la planification territoriale.

Outre celui dřopérationnaliser les concepts dřadaptation ou de résilience, lřobservatoire a


pour objectif de combler le déficit de connaissances et de suivi dans la durée, différentes
problématiques et ainsi de rendre compte des mutations à l'œuvre dans les territoires loin
dřêtre immobiles. Aujourdřhui tous les secteurs clés de la zone dřétude (pêche, agriculture,
pêche, tourisme, espaces publics bâtis…) se trouvent exposés, rendant ainsi de plus en plus
vulnérables les communautés. Cependant il faut signaler que ces contraintes sectorielles sont
non moins liées, les faisabilités sectorielles doivent être forcément intégrées.

Les zones côtières connaissent dřimportants changements et leur fonctionnement dépend de


plusieurs processus dont les interactions sont complexes et encore insuffisamment comprises.
Cependant face aux différentes perturbations dans un contexte de changements globaux, il
apparait que la dynamique est fortement influencée par les actions de lřhomme. Cřest à ce
titre que cette thèse sous-tend son suivi à travers les formes dřutilisation de lřespace et des
ressources. En effet les formes dřexploitation, le rythme de plus en plus accéléré sont souvent
décriés comme véritable moteur de dégradation de lřenvironnement.

Lřobservatoire est proposé comme outil permettant de collecter la connaissance, gage dřune
planification et dřune gestion durable. De façon générale un observatoire offre un cadre
permettant de rassembler et dřanalyser les informations sur une situation (sociale, écologique,
politique ou économique…) afin de prendre des prises de décisions appropriées.

Lřobservation et le suivi du changement peuvent sřeffectuer à différentes échelles de


lřorganisation des espaces, quřils soient naturels, socio-économiques ou politiques, le plus
souvent local ou régional ; aujourdřhui les décideurs ont besoin dřindicateurs reflétant les
changements à lřéchelle du monde. Il est évident que, pour chacun des processus ou état des
ressources à suivre, correspond un ensemble dřindicateurs, adaptés au niveau dřéchelle
spatiale de lřobservation, et que lřextrapolation, si elle est possible, à des niveaux inférieurs
ou supérieurs doit toujours être faite avec prudence et obéir à un certain nombre de règles de
cohérence.

Nous tentons de faire la revue de quelques observatoires à travers le monde notamment sur le
littoral en guise dřexpérience pour nous permettre dřétayer nos propos travers leurs objectifs,
les travaux, les outils, les données, les résultats, la diffusion, leur mode de fonctionnement et
les difficultés.

En premier exemple, nous citons lřobservatoire des pêches en Guinée. Comme outil de suivi,
lřobservatoire avait pour objectif de favoriser compréhension de l'évolution du secteur, de ses
défis, des contraintes quřil subit, dans le but de promouvoir la prise de décisions en matière de
gestion (Chavance P. DialIo A. (non daté) . D'une façon générale, ce dispositif doit contribuer
à l'équilibre entre les ressources halieutiques et leurs usages.
Il se caractérise par la diversité des facteurs capables d'expliquer et de contraindre l'évolution
du secteur et donc susceptibles de faire l'objet d'observations.

Les facteurs sont biologique, économique, social, politique mais, également, ils s'expriment a
des échelles spatio-temporelles diverses : petite (localité, jour, saison) moyenne (région, pays,
année) grande (sous-région, monde, décennie). A chaque Echelle correspond des centres de
décisions pour qui ces facteurs sont déterminants. Par exemple : le pêcheur, le ménage, la
petite entreprise, la collectivité perçoivent les conditions particulières, prévalant à leur échelle
(la localité, le jour ou la saison), contraignant leur activité. Les différentes fonctions assurées
sont la collecte des données ; ses relations avec les institutions chargées de la Recherche ; ses
types de publications, la gestion.

Les données sont des informations de type texte, données numériques, documents
photographiques, sonores, vidéos...

Il repose aussi sur le choix des indicateurs et de leur construction. Lřacquisition récurrente
d'indicateurs caractérisant la situation des exploitations. Ces indicateurs sont des variables
quantifiables ou des combinaisons de variables. La capitalisation de données existantes est
très importante, ce qui nécessite donc de les répertorier, les institutions responsables, leur
fréquence de collecte, la qualité du suivi et leur fiabilité…). Les résultats se regroupent en
trois points que sont :
- Fournir des éléments de synthèse pertinents/situation/échelle/ recommandations.
- Fournir des éléments précis, voire quelquefois ponctuels, visant à évaluer l'impact
de tel ou tel aménagement (négociation d'accord de pêche, construction
d'infrastructures, régime de taxes, aménagement littoral…).
- faire des publications susceptibles dřintérêt.

Comme Outils, lřobservatoire dispose dřune base documentaire informatisée, dřun SIG, la
modélisation et la simulation.

Lřobservatoire du littoral autour du suivi du cordon dunaire en Mauritanie, Maricot D. et al


(2006) visait lřévaluation de la vulnérabilité et la capacité de résilience des dunes qui
constituent un enjeu du fait de leur rôle de protection des côtes bases fortement humanisées.

La méthodologie est basée sur les points suivants : Suivi planifié à partir de mesures
topographiques et sédimentologiques diachroniques ; des levés GPS (établissements humains
et trait de côte…).
Malgré son ambition des difficultés et faiblesses surtout techniques ont bloqué son
fonctionnement. Elles portent essentiellement sur lřincompatibilité de systèmes géodésiques
Clarke 1880 et WGS 84 ne permet pas une exploitation fiable de données produites par le
passé. Le manque de moyens humains et financiers, la faiblesse institutionnelle a fini par
paralyser le système.

Lřintérêt de lřobservatoire du littoral Colas S. (2004) est surtout la mutualisation et la


diffusion des données qui constituent dans bon nombre de cas des facteurs de blocage entre
institutions. En effet lřutilisation partagée et lřunicité de lřinformation sont des éléments
fondamentaux. Lřinteraction des acteurs apparait également dans la démarche pour la
recherche dřharmonie.

En effet, les objectifs de lřobservatoire du littoral sont de fournir un outil de suivi du littoral
afin de valoriser et de compléter les informations existantes à travers les actions suivantes :

Fournir un outil de mutualisation des réflexions et d'organisation de l'information, de


connaissance et d'acquisition de données des administrations concernées par les
problématiques littorales et pour améliorer la circulation des informations entre les différents
services.

Contribuer aux réflexions sur l'homogénéisation des protocoles de collecte et de traitements


des données afin de permettre des flux d'informations horizontaux entre services déconcentrés
et verticaux entre services déconcentrés et centraux.

Fournir un outil de prospective : Développer des outils de prospective visant à anticiper les
grands changements sur le littoral. Le dispositif mis en place pour la diffusion est fondé sur :
- une lettre de liaison électronique : publiée régulièrement (environ 6 à 8 numéros/an) ;
- des publications thématiques concises (exemples : évolution de la population,
utilisation photo aérienne…) ;
- des Fiches dřindicateurs ;
- des séminaires et réunions techniques regroupant les administrations, collectivités et
organismes techniques et scientifiques.

Rechercher la meilleure adéquation entre systèmes dřinformation locaux produits et les


référentiels nationaux existants.
Le Cadre de fonctionnement est constitué de lřInstitut français pour lřenvironnement, du
comité de pilotage de l'Observatoire, instance décisionnelle regroupant l'ensemble des
administrations signataires de la convention.

Toujours en zone littorale, on peut donner lřexemple de lřObservatoire Océanologique de


Roscoff (Thierry C, Éric M et Pascal M 2002). Les résultats sont issus de lřanalyse des
observations de 1985 à 2002 sur les cycles biogéochimiques et les écosystèmes marins. Ces
derniers répondent à des mécanismes climatiques naturels et sont également influencés par
des perturbations anthropiques qui peuvent les altérer. La Méthode adoptée est ainsi basée sur
des observations selon des séries temporelles à long terme dans des secteurs clés de lřocéan.

Lřobjectif général est dřétudier les interactions entre les processus physiques et
biogéochimiques, de manière régulière, sur de longues périodes de temps afin d'améliorer la
compréhension de la sensibilité de l'océan au changement climatique global. Lřobservatoire à
certes des fonctions principales de collecte de données ou de suivi de collectes existantes mais
il est important de souligner lřimportance de la réflexion et des indicateurs dans lřoutil. En
effet comme le souligne Chavance et al. (1993) « un observatoire qui se consume en collecte
et gestion d'informations et ne réalise aucune réflexion, est aussi peu utile qu'un Observatoire
dont la réflexion serait très développée mais serait "aveugle" du fait d'indicateurs
insuffisants ».

Pour le suivi des vulnérabilités préconisés dans nos travaux, notamment des pressions
émanant de sphères anthropiques, les indicateurs constituent des éléments fondamentaux nous
renseignant sur les changements. Un indicateur quantifie et agrège des données mesurées et
recueillies afin de déterminer si un changement est ou non intervenu. Mais pour comprendre
le processus de changement lui-même, lřindicateur doit aussi aider le décideur à comprendre
pourquoi ce changement est intervenu (Noel, J.F, Master Gidel, 2009). A cet effet on peut
citer les fiches des indicateurs dressées pour le suivi du littoral français
(http://www.territoires.gou.fr). Les fiches sont toutes bâties sur un même modèle. Elles
présentent un indicateur donné, clairement défini de même que les méthodes et les sources
d'information utilisées. Pour chaque indicateur, des tableaux, des graphiques et des cartes de
synthèse sont fournis ainsi qu'un texte explicatif. Un résumé des faits importants à retenir est
présenté en début de fiche.

Lřéchelle géographique dépend des données et des thématiques traitées ; 883 communes
traitées, localisées en estuaire, en bord de mer, en aval de la limite transversale de la mer.
Différentes thématiques : agriculture, démographie, population, tourisme, qualité de lřeau,
nature et biodiversité, immobilier.

Présentation de la fiche : contexte, définition, objectif, champ géographique, sources, date de


rédaction.

LřOrganisation pour la mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) a également mis en place
un observatoire pour le suivi de lřétat de lřenvironnement et des ressources naturelles du
Bassin. Sa mission est de de fédérer les producteurs de données ; Produire des indicateurs
dřévolution de lřenvironnement ; constituer une banque de données centralisée ; Susciter la
production de nouvelles données et de publier périodiquement les données
environnementales.

Le processus est participatif et itératif. Il favorise la concertation entre acteurs, la réflexion et


la gestion des données se fait à partir dřun serveur synoptique.

Comme autre exemple, à Madagascar, les observatoires ruraux permettent depuis 1995 de
réaliser ce suivi avec des observations sur lřévolution des conditions de vie, des activités et
des revenus des ménages ruraux à partir de « zooms » sur des petites zones illustrant des
problématiques rurales spécifiques (Droy et al., 2001).

En 2010, le Réseau des Observatoires Ruraux (ROR) regroupe 15 observatoires répartis sur
lřensemble du pays. Cette méthode a permis la construction de panels « cylindré »2 de
ménages, ce qui permet de réaliser certaines analyses, en particulier sur la pauvreté, comme
par exemple, identifier les conditions dřentrée ou de sortie de la pauvreté. La principale
originalité des observatoires ruraux réside dans le suivi temporel de 500 ménages par
observatoire.
Lřobservatoire dřAmbovombe, dans le sud de Madagascar, été créé pour suivre la
problématique de la sécurité alimentaire dans une zone aride, soumise à des problèmes
alimentaires récurrents. Un suivi de 204 ménages de 1999 à 2005 a permis de décrire la
construction temporelle de la vulnérabilité et les stratégies de réponse lors dřune crise qui a
duré 4 ans (2000-2005), avec des aléas climatiques plus ou moins sévères et une crise
politique qui a entraîné la paralysie économique du pays en 2002 (Bidou et Droy, 2007 et
2009).
Du fait de la complexité des territoires et des multiples problèmes qui se posent, l'observatoire
territorial du Pays cœur d'Hérault constitue un modèle dřaide à la décision pour les
collectivités locales.

Un observatoire territorial est un outil de connaissance territoriale, pour faciliter la prise de


décision politique. En effet, celle-ci peut être réalisée sur des données et informations précises
et synthétiques. L'observatoire du Pays est dit Territorial, car il s'agit d'un outil transversal, où
les thématiques observées interagissent : la dynamique démographique, l'habitat, la
consommation d'espace, le paysage, le développement économique et l'agriculture... Cette
transversalité nécessite des partenariats avec d'autres observatoires : de l'emploi, de
l'économie, de la santé, de la viticulture...

Créé en 2006, le service Observatoire du Pays Cœur dřHérault, assure des missions dřétudes
et dřobservatoire au niveau territorial et local. Les missions dřétude et dřobservatoire
sřinscrivent pleinement dans la définition même de la prospective territoriale. Il nourrit la
connaissance territoriale, permettant de réaliser des études, constituant des outils dřaide à la
décision pour les administrations et politiques, dans lřélaboration dřune stratégie territoriale et
lřanticipation des besoins futurs. Ainsi, la prospective territoriale permet la réalisation de
documents stratégiques et de programmation, tels que la Charte de Développement Durable
du Pays (Agenda 21), le Schéma de Développement Economique, PCET (Plan Climat Energie
Territorial), PDU (Plan de Déplacement Urbain), SCoT (Schéma de Cohérence territoriale).

Les principales missions de l'Observatoire Territorial sont :


- le recueil, l'analyse et la production de données. Une mission de veille stratégique
est réalisée pour alimenter en éléments factuels les études des autres services et les
choix politiques ;
- la mise en œuvre en régie d'études stratégiques ou thématiques ;
- la diffusion de l'information produite, pour générer des échanges attractifs et
participatifs.

Lřobservatoire se veut de faire le diagnostic territorial, lřanalyse diachronique des


dynamiques spatiales, dřoù la nécessité de disposer de disposer de moyens humains et
technique et de partenariat. En effet, La mission dřobservation se caractérise avant tout par la
coordination dřacteurs et de personnes ressources disposant de lřinformation et de la donnée,
pour alimenter des synthèses et analyses. Le service doit être aussi en capacité de produire de
la donnée pour assurer une bonne connaissance et maîtrise des fondamentaux territoriaux : le
développement économique et lřaménagement du territoire aux échelles locales.

L'observatoire n'est pas seulement un outil de compilation de chiffres. La difficulté consiste à


monter un partenariat autour et avec les acteurs qui génèrent déjà des données disponibles. Il
va donc s'appuyer sur des observatoires déjà existants, ou en devenir, en exploitant les
résultats d'observations déjà produits et permettant de diffuser une vision globale et
commune. En d'autres termes, l'Observatoire Territorial traduit localement des données
départementales, régionales, voire nationales.

Par rapport à la thématique développée dans cette thèse, il est également pertinent de parler de
la Mission dřObservatoire du Littoral Ouest Africain (MOLOA), dřabord en tant que cadre de
collaboration sous régional de la gestion de la zone côtière, mais aussi en tant quřinstrument
dřobservation des changements environnementaux et socioéconomiques partagés par les
littoraux Ouest-africains pour una adaptation collective.

La MOLOA est placée sous la supervision des instances régionales du Programme Régional
de Lutte contre lřErosion Côtière (PRLEC) de lřUEMOA : le Comité Régional dřOrientation
et le Comité Scientifique Régional. Certains des membres du Comité Scientifique Régional
pilotent déjà des institutions nationales ayant vocation à jouer le rôle de points focaux du
réseau régional de lřObservatoire.

La Coordination de la MOLOA est assurée par une cellule régionale érigée au sein du Centre
de Suivi Ecologique de Dakar. Le réseau de la MOLOA sřarticule sur 3 niveaux :
- Le réseau des antennes nationales, constitué dřun ensemble dřinstitutions phares
sřactivant sur le littoral au niveau de chaque pays.
- Le réseau des partenariats techniques contractualisés, avec des institutions
amenées à fournir des appuis techniques ponctuels ou sur la durée à la mission
(UICN par exemple).
- Le réseau des partenariats externes, comprenant différentes institutions ressources
susceptibles dřapporter un appui à la MOLOA.

La MOLOA a pour principal objectif de renforcer les capacités des sociétés ouest-africaines
pour prévenir et répondre aux risques côtiers, notamment induits par le changement
climatique et lřaccroissement des enjeux sociaux et économiques dans les territoires côtiers.
Dès lors les fonctions elle sřest donnée la production dřune information de qualité.
Elle se fait à travers lřélaboration, la gestion et la maintenance et lřactualisation du RGLAO
(Référentiel Géographique du littoral Ouest Africain) ;

Les objets de recherches sont ainsi le trait de côte, la biodiversité à travers les Aires Marines
Protégées (AMP), les phénomènes extrêmes, lřoccupation du sol, évolution du tissu urbain, le
tourisme, lřexploitation minière, la démographie, les aménagements et infrastructures (ports,
barrages…) ;

Le territoire couvert sřétend sur une profondeur de 25 km à partir du trait de côte.


- Elaboration, gestion maintenance et actualisation du RGLAO (Référentiel
Géographique du Littoral Ouest Africain), à travers la cartographie et les études de
cas
- Mutualisation et intégration des données et des connaissances sur le littoral ouest-
africain, Contribution au renforcement de la coordination régionale et
internationale des activités de recherche nationales et internationales ;
- Mise en réseau des acteurs littoraux.
- Diffusion et restitution de lřinformation et des connaissances actualisées
disponibles sur le littoral aux différentes parties prenantes de sa gestion,
gouvernementales et non gouvernementales..
- Accompagnement du renforcement des capacités des Etats côtiers de lřAfrique de
lřOuest pour la gestion du trait de côte, notamment au travers la formation, lřappui
et la consolidation des points focaux, la structuration des réseaux nationaux
dřobservateurs en émergence, le réseautage dans différents domaines techniques,
scientifique, financier.

Le Point Focal de la MOLOA est constitué par différentes institutions et la DEEC est chargée
de lřanimation. Le CSE qui a coordonné lřensemble des études de cas a été responsabilisé et
abrite la cellule régionale de coordination. Il a, à cet effet, mis a disposition son personnel.

En termes de diagnostic sur des vulnérabilités, les urgences sont signalées à travers la
cartographie, notamment sur les feuilles 2 et 3 en ce qui concerne le Sénégal.

Les collectivités locales, parties intégrantes des commissions nationales, mais la contrainte
réside sur les formats de lřinformation à partager. Les antennes nationales sont au cœur du
dispositif et se doivent dřêtre fonctionnelles. Les produits de la MOLOA comportent :
- Une lettre de liaison électronique largement distribuée au sein de lřensemble du
réseau des partenaires de la mission.
- Un Etat des littoraux Ouest africains, publié tous les deux ans et actualisant la
situation de référence établie par le SDLAO, pour les différents secteurs, y compris
une actualisation de lřanalyse prospective globale, relative notamment aux
développements des enjeux humains sur le trait de côte.
- Des bulletins dřalerte relatifs aux situations météo-marines à risques (partenariat à
développer avec lřACMAD et éventuellement le projet VigiRisC).
- Un portail Web dynamique incluant des informations sur le littoral, des ressources
documentaires, un accès dynamique à certaines des bases de données de la mission
et, dans la mesure où les avancées du système dřinformation le permettront, une
cartographie interactive des littoraux de lřAfrique de lřOuest.
- Des notes techniques et de synthèse publiées épisodiquement sur des thèmes
dřintérêt, comme par exemple le suivi des aménagements côtiers existants ou la
restauration et/ou mise en défens dřinfrastructures naturelles vertes indispensables
à lřaménagement côtier.

A lřimage dřautres observatoires Lřobservatoire des vulnérabilités socio environnementales


sur le site de Mbour (IRD/UCAD) se veut de remplir trois missions, non moins
complémentaires : la recherche, la formation et la diffusion des connaissances. Il se focalise
sur deux éléments fondamentaux que sont la recherche et la formation.

La recherche est développée à travers différents projets exécutés, en cours ou en vue (projet
ERIC (Evaluation du Risque Climatique dans le développement des zones côtières ouest
africaines), le projet POULPE sur les facteurs de résilience ou de vulnérabilité des systèmes
urbains pour identifier les risques environnementaux et dřanticiper leurs potentiels sur les
populations et lřenvironnement.

Par rapport à la formation, lřune des premières fonctions de lřobservatoire est le renforcement
des enseignements de lřUCAD sur la gestion des zones littorales et côtières. Le site de Mbour
reste ainsi stratégique du fait sa proximité à la ville de Mbour et au complexe touristique de
Saly Portudal. Le tout dans un vaste ensemble subissant de grandes mutations.

La mise en place du Master GIDEL permet ainsi de produire des compétences pour répondre
au besoin de la sous région en matière de gestion et de développement des zones côtières,
région clef du développement économique et social actuellement et pour les décennies à
venir, conformément aux recommandations de la CNUED (1992), du chapitre 17 de lřAgenda
21 et plus récemment de la Conférence de Johannesburg (2002).
Cette formation se traduit également par des stages annuels organisés par lřIRD pour la mise
en évidence de la complexité littorale et sa gestion. Ce stage incite les étudiants au travail
dřéquipe et à lřapprentissage à la transdisciplinarité.

La mise en œuvre de la troisième fonction de lřobservatoire quřest la diffusion des


connaissances vise à intégrer la progression des connaissances sur les systèmes côtiers
complexes et les modalités de gestion intégrée, et les évolutions dans les savoir-faire
nécessaires à leur mise en pratique.

La diffusion des connaissances vise également à répondre à la demande sociale par


lřétablissement participatif dřindicateurs qui seront régulièrement mis à jour pour servir
dřoutil à la décision aux instances de gouvernance nationale et/ou régionale.

Lřobservatoire apparait ainsi comme producteurs de données aux étudiants et aux chercheurs
et aux instances de décisions, mais surtout offre un cadre de collaboration et de partenariat
entre laboratoires et institutions de recherche.

Les différentes sorties pédagogiques réalisées ont permis, à ce jour, de capitaliser une
importante masse de données. La thèse que je finalise actuellement sřintègre également dans
ce dispositif. Sřil est vrai quřaujourdřhui les bases scientifiques sont posées, lřefficacité reste
limitée par plusieurs contraintes :
- Lřanalyse, des données, la sélection des indicateurs, les formats de partage
- les moyens logistiques, techniques, financiers
- Lřappropriation par des les collectivités locales qui cependant sont des partenaires,
la collaboration avec les services techniques, reste encore à définir.

II.3.2. Orientations sur la structuration de l’observatoire


Il ne sřagira point de se substituer aux services techniques dans leur mission régalienne mais
dřimpulser une collaboration. Mais ces derniers ont besoin dřêtre renforcés sur le plan
matériel et humain pour plus dřefficacité.

Lřobservatoire se veut aussi un cadre de collaboration des acteurs multiples (Collectivité


locale, communautés, acteurs de la pêche, du tourisme, de lřagriculture). Leurs rôle et place
dans cette structure seront ainsi à définir.

La définition dřéchelle dřobservation : le suivi nécessite aussi la définition dřéchelle


dřobservation (départementale, régionale, communale, nationale).
Lřévolution des zones marines et côtières dépend de processus physiques et sociaux dont les
interactions sont complexes et encore insuffisamment comprises. La mise en place dřun
observatoire peut constituer un cadre permettant de rassembler, dřanalyser et de publier les
informations sur une situation (sociale, écologique, politique ou économique…) afin de
prendre des décisions appropriées. Pour cette raison, il est utile dřamorcer une initiative en
ciblant la ville de Mbour qui peut servir de modèle complexe, à portée ultérieure plus étendue.

La collecte des données : ce sont essentiellement des données chronologiques collectées


auprès de services compétents ou la mise en place de nouveaux dispositifs de collecte au
besoin pour combler notamment des lacunes. Des études ponctuelles peuvent également être
commanditées. Les données sont quantitatives et qualitatives qui sont traitées, agrégées
croisées pour être publiées, rendues au public, aux décisionnaires.

Lřobservatoire renvoie aux capacités d'apprentissage du système et à la capitalisation des


connaissances, l'observatoire doit s'inscrire dans le temps : il est pérenne et devra être capable
d'analyser les données issues des indicateurs à la fois biologiques, économiques et sociaux
qu'il suit et dřen faire la synthèse : il est pluridisciplinaire. Le dispositif devra être capable de
percevoir les faits nouveaux : il est dynamique et adaptable.

II.3.3. Mission et risques de l’observatoire


LřObservatoire permet lřévaluation, lřanticipation et le suivi des anthroposystèmes. En tant
quřoutil, il permet dřintégrer la dynamique sociale physique, économique et politique. Mais
cette mission rencontre des difficultés techniques, institutionnelles et financières. Pour éviter
les conflits de compétences Ses relations avec les institutions chargées de la Recherche
doivent être clairement définitions

L'observatoire n'a pas de fonction de gestion directe des secteurs suivis, qui relèvent des
différentes administrations chargées des dits secteurs. Elle a surtout une mission de
complémentarité et de fédération et coordination de différentes initiatives. Elle doit plutôt
aider à une prise de décision "éclairée" par la production et la fourniture de connaissances
fiables et pertinentes pour lřévaluation des changements environnementaux, la prévention des
risques et lřoptimisation des stratégies.

Des rivalités et conflits peuvent aussi surgir dans production scientifique et lřaccès aux
données. La formalisation de la structure et des relations de partenariat entre acteurs à travers
des instruments appropriés (protocoles, conventions) pour éviter les conflits constitue une
nécessité.

Les contraintes financières peuvent aussi survenir comme dans certains cas précités.
Beaucoup dřobservatoires nřont vécu que le temps des projets. La recherche soutenue de
moyens financiers devraient permettre de le pérenniser.

Les formats de partage et de publication sont souvent peu accessibles aux communautés. La
nature de données est plurielle : textes, données numériques, documents photographiques. Les
formats de partage ou de publication définissent leur accessibilité. Pour lřinformation stockée,
les facteurs déterminant les décisions peuvent être fonctions des cibles (pêcheur, hôtelier,
ménage, collectivité locale…) et des conditions particulièresLe partage des données, gage de
progrès scientifique, constitue un préalable à une bonne sensibilisation et information des
communautés locales littorales.

Cette revue est loin dřêtre exhaustive, elle a juste un objectif incitatif et dřapprentissage sur
les formes que peuvent prendre les observatoires qui malgré leur efficacité se heurtent souvent
à certaines difficultés. En permettant de combler des lacunes sur la connaissances et les
donnée, Lřobservatoire doit ainsi se présente comme un outil de suivi et de partage de
lřinformation entre les multiples parties intéressées, pour une décision éclairée et des mesures
permettant de réduire la pression anthropique en vue de mieux faire face aux conséquences
prévisibles des changements climatiques. Toutefois, son efficience va dépendre
fondamentalement de son échelle dřapplication de sa structuration et de son ancrage
institutionnel. Ce plaidoyer est surtout destiné aux acteurs de la gouvernance notamment les
collectivités locales pour une maitrise de leur territoire en vue dřun développement territorial
optimal.

Son fonctionnement nécessitera cependant la collaboration de lřEtat des scientifiques, du


privé, de la société civile. Elle offre également la possibilité degestion commune à
traverslřintercommunalité si lřon observe les cas de maladaptation sur certains phénomènes.
CONCLUSION GENERALE

Situés sur la Petite Côte les territoires de Mbour, Saly et Malicounda sont caractéristiques
dřun vaste ensemble marqué par des fragilités environnementales et socioéconomiques, dans
un contexte de changements globaux. En position de carrefour par rapport aux régions de
lřintérieur comme celles du littoral, Mbour polarise et phagocyte à la fois toute sa périphérie
qui, cependant, depuis 2009, vit un processus de réorganisation territoriale. En effet, après
lřérection de Saly en Commune en 2014, lřacte III de la décentralisation confère le même
statut à la Communauté rurale de Malicounda.

La réflexion sur une question de recherche plus ou moins récente, a nécessité la revue de
concepts clés, partagés par plusieurs disciplines, dont la géographie, concepts caractérisés par
leur profusion et surtout la difficulté de les opérationnaliser. La vulnérabilité constitue un état
à circonscrire et à maîtriser ; lřadaptation et la résilience représentent des états souhaités, des
projections et des objectifs. Elles se présentent toutes comme des situations évolutives, donc
des processus soutenus par différentes actions politiques, économiques.

Sřil est admis que le changement climatique apparait plutôt comme un modificateur et un
amplificateur des aléas existants, il accroît la vulnérabilité naturelle et sociale ; il ressort
également de nos travaux le rôle prépondérant des activités humaines, des pratiques et modes
de vie dans les changements environnementaux, ces derniers apparaissant comme des
catalyseurs dans la vulnérabilité des territoires. Ce qui permet ainsi de mettre en exergue, les
interactions ou la diachronie entre environnement et sociétés dont la connaissance et la
maitrise sont exigées en raison des enjeux du changement climatique.
Les changements environnementaux les plus manifestes dans les territoires étudiés sont
constitués par les inondations, lřérosion côtière, la dégradation des terres, la baisse des stocks
de ressources halieutiques…, qui constituent des effets manifestes du changement climatique
dont lřampleur et les impacts restent cependant très inégalement répartis.

Partant du postulat de la diversité des territoires et des formes de vulnérabilité, inscrites


également dans des processus et des dynamiques traduites même dans la conceptualisation, le
cadre dřanalyse utilisé de Magnan, inspiré par Blaikie, a permis lřidentification des
spécificités des milieux, des communautés et des activités. La vulnérabilité dépend des
caractéristiques propres tant aux perturbations quřaux territoires
Les territoires, en plus de leur sensibilité environnementale, présentent dřautres fragilités
essentiellement liées aux modes de production et de consommation, donc aux usages. Les
territoires apparaissent différemment vulnérables aux perturbations apparues. Cřest ainsi que,
par rapport à lřoccurrence et aux enjeux, les situations de vulnérabilité présentent une forte
localisation : les inondations sont beaucoup plus préoccupantes à Mbour et dans quelques
villages de la Commune de Malicounda, lřérosion à Saly, la dégradation des terres dans la
Commune de Malicounda et la baisse des stocks dans tous les quais de pêches répartis dans
les trois Communes. Lřétude de ces dysfonctionnements en se basant sur le modèle Magan
sřest surtout appesantie sur les caractéristiques des territoires, à travers leurs aspects
physiques, sociaux, économiques, politiques.

La vulnérabilité étant ainsi définie par lřaléa et les caractéristiques des territoires qui
déterminent également les capacités dřadaptation ou de résilience.

Lřanalyse sřappuyant sur lřidentification des spécificités des milieux, des activités et des
populations du territoire a permis de ressortir le processus multifactoriel de lřétat de
vulnérabilité. Elle se situe au-delà des facteurs spécifiquement naturels et apparaît, sous un
certain angle, comme une construction relevant dřéléments sociaux, économiques, politiques.
Elle est un fait complexe, de nature et de société en interaction.

Ainsi selon les perturbations, différents éléments physiques sont ressortis : la topographie, les
types de sols, le retour de pluies importantes, lřhydrographie, la nature des côtes, la houle, les
vents, lřélévation du niveau de la mer, lřaugmentation des températures des océans, tous ceux-
ci étant liés aux changements globaux.

Outre ces facteurs physiques, les territoires présentent des faiblesses sur le plan économique,
social et politique. Les éléments socioéconomiques analysés sont essentiellement la
structuration politico institutionnelle, la cohésion sociale, la diversification socioéconomique
et le niveau de développement. Ce dernier point est étayé avec différents indices : le poids
démographique, le genre et le revenu, sans perdre de vue que les formes de vulnérabilité
restent inégales, selon le milieu, lřindividu, le ménage, le sexe, lřâge.

Le développement urbain reste tributaire de plusieurs facteurs, historique, politique,


géographique.

En permettant lřessor de la zone, le tourisme a entrainé également de grandes transformations


physionomiques à impacts négatifs certains. Au cours des dernières années, la population
sřest progressivement déplacée vers les zones côtières ; en conséquence, la densité de
population est de plus en plus forte dans ces zones qui se transforment progressivement,
notamment avec lřavènement de grands projets. Les villes littorales comme Mbour portent les
mécanismes dřabsorption des crises climatiques (sècheresse) et du secteur agricole, à travers
la pêche et le tourisme qui bénéficièrent dřoption politique majeure.

Actuellement, cet équilibre est remis en cause du fait de facteurs à dimensions planétaire et
endogènes dont lřampleur des impacts dépendant cependant de mesures locales.

Le diagnostic permet dřidentifier les différentes potentialités et contraintes des territoires. Les
ressources présentes définissent toute lřopportunité de développement économique, mais aussi
leur vulnérabilité dans une certaine mesure. La pêche et le tourisme commandent le
développement de cette zone et ont des liens commerciaux avec quasiment tous les autres
secteurs tels que le commerce, le transport, se traduisant ainsi dans le financement des
collectivités locales. Cependant ils nřauront pas permis dřimpulser le secteur primaire :
lřagriculture et lřélevage sont en recul.

Les modèles de développement observés restent fondamentalement liés aux ressources (terre,
poissons, plage) qui sont cependant menacées par des mauvaises pratiques dřaménagement et
dřexploitation.

Pour chaque perturbation étudiée, différents facteurs humains locaux ont été identifiés. Cřest
ainsi que, pour les inondations, on retrouve lřoccupation de zones inondables, le défaut de
réseau dřassainissement collectif, inexistant ou embryonnaire dans les quartiers inondés, mais
aussi leur sabotage par de mauvaises pratiques (déversement dřeau usées, dřordures
ménagères).

Pour la baisse des services écosystémiques à travers la pêche, il sřagit surtout de la surpêche
avec les navires étrangers, lřutilisation dřengins prohibés, lřaugmentation de lřeffort de pêche,
le prélèvement dřespèces protégées…

Pour lřérosion côtière, lřobstruction de cours dřeau, lřoccupation anarchique, voire la


surcharge du domaine public maritime, lřextraction de sable marin, la mal-adaptation avec des
ouvrages non coordnnés… ;

Pour la dégradation des terres, en plus de la crise foncière, il sřagit surtout du déboisement, de
lřépuisement des sols avec la monoculture agricole et lřusage dřengrais…
LES IMPACTS

Les inondations et lřérosion côtière causent dřimportants dommages aux infrastructures et aux
habitations, aux ménages, aux individus. Des secteurs dřactivités tels que la pêche et le
tourisme en sont fragilisés. Dřautres impacts sont enregistrés sur la santé, à travers les
maladies hydriques. La baisse des stocks de ressources halieutiques et la dégradation des
terres affectent les communautés en amenuisant leurs revenus et en les exposant à lřinsécurité
alimentaire.

Leurs manifestations sont ainsi multiples et sřapprécient à différentes échelles, les stratégies
également mais cependant interpellent dřautres acteurs dans la gouvernance (collectivité
locale, Etat, ONG, organisation régionale, ou internationale).

Lřadaptation vise à rendre les territoires moins vulnérables aux impacts du changement
climatique, soit en diminuant les impacts sur la société, soit par lřamélioration des capacités
de réponse (résilience). Elle permet dřélaborer, de renforcer et de mettre en œuvre des
processus pour faire face aux événements climatiques, modérer leurs effets et tirer profit de
leurs conséquences. Sřadapter suppose, dřune part, de maintenir ou renforcer sa résilience
face à des perturbations actuelles et, dřautre part, dřêtre capable de se projeter sur le long
terme (Magnan, 2013).
Lřanalyse de la gestion des risques par les acteurs étudiés, notamment les ménages, montrent
des réponses de plusieurs natures qui peuvent être formelles ou informelles, anticipatives ou
a posteriori, se focalisant sur la prise en charge des impacts.

La gestion des risques peut constituer un problème majeur en termes de maitrise des
perturbations et de leur dynamique. Si le risque sřinscrit dans le long terme, la prévention
relève plus des sphères politiques que des communautés elles-mêmes. Le défi majeur pour la
Commune et lřEtat porte sur les stratégies dřadaptation aux changements climatiques dans
cette zone stratégique sur le plan économique.

Pour la collectivité locale, lřépuisement des réserves foncières, le coût des travaux
dřaménagement et la satisfaction des besoins en service avec des budgets limités constituent
des préoccupations majeures qui sont difficilement supportables par les budgets limités. En
effet, pour le cas des inondations, la nature des sites peut être un facteur relatif car comme le
souligne Brunet (1992), « le concept inhabitable n’a d'intérêt réel que si l'on mesure l'effort
que l’on accepte de consentir, les inconvénients qu'il y a à s’y établir ». La viabilisation des
espaces non-aedificandi nécessite un investissement financier et technologique très important
qui nřest pas toujours soutenable pour la plupart des collectivités locales.

Lřadaptation appelle à une vision intégrée qui nécessite ainsi de procéder par une approche
territoriale nřépousant pas forcément les découpages administratifs, comme nos cas dřétude
Commune Communauté rurale car en effet les problèmes en cause ont des facteurs à la fois
endogènes et exogènes.

Les vulnérabilités des territoires émanent de facteurs physiques et humains. Des interactions
entre territoires contigus tels que la ville de Mbour et ses collectivités locales mitoyennes
(Saly et Malicounda) sont réelles.

La question fondamentale qui se pose est de réguler les effets des perturbations et en même
temps de réduire ou de faire disparaitre leurs causes, ce dernier point ne pouvant être
appréhendé que sur le plan anthropique. Par exemple, les causes anthropiques de lřérosion
côtière devraient permettre de comprendre le littoral comme un système composé dřun
ensemble dřéléments interliés.

Les travaux permettent dřidentifier les différentes formes dřadaptation que sont les initiatives
et mesures prises pour réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et humains aux effets des
changements climatiques réels ou prévus. Leur efficacité est appréciée à travers ce qui est
communément appelé « capacité dřadaptation », qui constitue lřensemble des capacités, des
ressources et des institutions dřun pays ou dřune région, lui permettant de mettre en œuvre des
mesures dřadaptation efficaces. Selon le contexte revêtant les définitions possibles,
lřadaptation peut prendre plusieurs formes : ajustement, processus ou résultat.

Les stratégies dřadaptation développées sont encore techniques et guidées par lřurgence. A
lřéchelle des territoires, la difficulté dřanticipation est réelle.

Lřadaptation au changement climatique est devenue un objectif politique majeure et, comme
souligné par Smit et al. (2001), lřIPCC reconnaît plusieurs formes dřadaptation et il reste
évident que lřadaptation effective ou efficiente aux risques du changement climatique se fera
de façon autonome. Par rapport aux changements environnementaux, dřimportantes mesures
institutionnelles ont été identifiées à plusieurs niveaux (international, régional, national et
local). Cependant malgré des efforts louables, des contraintes subsistent.

Les contraintes institutionnelles


La complexité des systèmes de gestion du littoral est due à une administration
multidimensionnelle du littoral par lřÉtat. En effet lřaction publique sur le littoral relève de
plusieurs dimensions : politique maritime, politiques sectorielles, politique dřaménagement du
territoire, politique de gestion des ressources exploitées, politique de conservation et de
protection.

La plupart des règlements et des lois qui ont été adoptés ont tous une origine sectorielle et il
manque une loi fondamentale du littoral. On note également une prise en charge encore
timide des changements climatiques dans les instruments de politique environnementale.

Au niveau de la prise de décisions, des conflits de temporalités peuvent survenir quand la


rationalité d'une prise de décision change en fonction de la perspective temporelle à court
terme ou long terme.

Par exemple, face à l'épuisement des stocks, des préoccupations sociales de court terme
entrent en conflit avec celles de long terme, au plan environnemental et social (la survie de la
profession est menacée en cas d'épuisement des stocks). Il revêt également un autre aspect
dans lřattente, par exemple, dřun texte juridique tel que la loi sur le littoral.

La nécessité d’actions concertées

Il existe peu dřinitiatives de gestion globale ou conjointe. Le comportement des acteurs peut
être difficilement intégré dans une démarche unique de gestion (divergence des intérêts). Il
existe deux phases de gestion de lřérosion côtière : une politique de régulation des effets et
une politique portant sur les causes ou sources des problèmes (appréhension de lřensemble
des mécanismes pour une approche en termes de système). La gestion du littoral associe
plusieurs compétences aux intérêts non moins divergents. Ces différents secteurs paraissent
souvent cloisonnés et ont en charge des ressources, des territoires ou des domaines dřactivités
dřexploitation ou de conservation, du secteur public ou du secteur privé. La collaboration des
acteurs constitue un casse-tête. Quelle que soit la volonté dřune approche intégrée nécessitant
une collaboration franche entre acteurs différents, on se trouve toujours face à un pari loin
dřêtre gagné. Une autre lacune se matérialise par le manque dřinitiatives en matière de
recherche de financement pour lřadaptation, justifié par le manque dřinformations ou
lřignorance des procédures.

Perspectives territoriales
Les grandes transformations physionomiques entrainent des mutations organisationnelles,
pour une meilleure gestion des territoires en regard des dynamiques politiques sociales,
économiques et environnementales à lřœuvre à lřéchelle du territoire. En plus de
lřurbanisation croissante de la zone, la communalisation, les projets de développement des
infrastructures (autoroute à péage, nouvel aéroport international Blaise-Diagne, Centre de
Diamniadio, Centre international de Conférences de Diamniadio, le projet de Pointe
Sarène…) sont autant dřéléments qui vont ajouter une plus-value certaine, occasionnant un
net essor de lřimmobilier et une course effrénée à lřappropriation foncière, pouvant conduire à
de nouvelles fragilités et plus de vulnérabilité aux effets du changement climatique.

Pour la mise en place d’un observatoire territorial

Il ressort des travaux effectués, un besoin réel dřavoir plus dřinformations sur les différents
phénomènes et de Synergie entre acteurs. En effet malgré la diffusion dřinformations sur le
changement climatique et de certaines manifestations sur le littoral en général, la conscience
de certains des phénomènes reste timide. La conscience du risque soulève également un
problème de représentation par les acteurs que la probabilité dřoccurrence du risque nřest pas
proportionnelle aux impacts. En dřautres termes un risque de forte probabilité peut avoir des
impacts très faibles, alors quřun risque de faible probabilité peut avoir des impacts
significatifs.

Mais en réponse aux attentes des communautés vis-à-vis des scientifiques, plus
dřinformations et même plus de recherches ne garantissent pas forcément la conscience du
risque mais, inéluctablement, des effets positifs sur la priorisation des endroits, des
communautés, des secteurs dřactivités et des politiques pour une meilleure adaptation. Les
processus de développement conduisent à des modifications des usages et des fonctions de
lřespace dont la compréhension nécessite un suivi constant. La nécessité de territorialiser à
différentes échelles les engagements internationaux à travers lřélaboration de plan, de
stratégies sur le climat des différentes collectivités locales constitue un impératif.

Face au défi de conciliation des objectifs, politiques, sociaux, économiques et


environnementaux, cette thèse soutient la nécessite dřune acquisition constante de
connaissances à intégrer dans les processus de décision. Elle pose les bases de connaissance
pour lřapproche prospective à travers la mise en place dřun observatoire territorial, pour une
meilleure inscription des changements environnementaux dans le développement territorial. Il
convient de relever que le volume de données et de textes publiés sur les changements
observés est très inégal, dřune région à lřautre, et est particulièrement peu abondant et
dispersé dans la zone dřétude. Cet outil devrait également permettre leur mutualisation et une
intégration effective des acteurs dans les politiques en réponse aux conditions de participation
et dřaccessibilité des informations par les usagers et les décideurs mais aussi un élargissement
du champ des études et des évaluations.

Orientations stratégiques sur les territoires et les problématiques posées

Le secteur de la pêche reste sensible, nécessitant ainsi sa préservation, ce qui ne peut se faire
sans une connaissance des milieux (disponibilité espace, ressources, biodiversité). Cřest en ce
sens que les AMP constituent des échantillons dřobservation et de suivi nécessaire. Par
rapport au prélèvement de ressource, la durabilité impose aussi le passage de modèles de
production tels que la pisciculture et lřaquaculture et la diminution de lřeffort de pêche, à
travers la reconversion et la création dřautres modèles de développement territorial, par la
diversification économique.

Le secteur du tourisme affaibli nécessite plus dřattention en matière dřenvironnement à


travers le respect de la règlementation, Le choix dans les options de protection contre
lřérosion côtière qui reste encore à définir. Il appelle à la prise en compte dřune nouvelle
typologie des ressources. Pour celles qui correspondent au tourisme, telles que les plages, les
usages ne doivent nullement être modifiés à travers lřextraction minière (sable de
construction), le bâti sur le DPM, pour répondre aux exigences.

La planification urbaine à travers la structure en charge devrait être plus opérationnelle, par
lřélaboration et la mise en œuvre des outils. Certaines perturbations (inondation, érosion
côtière) incitent à revenir sur les règlementations en matière dřutilisation et dřoccupation du
sol.

La gestion des risques dřinondation et dřérosion devra se baser sur lřanticipation par
lřélaboration de plans47 prenant en charge les communautés et les infrastructures exposées,
notamment de type touristique.

Les problèmes qui se posent à Mbour invitent à lutter contre lřétalement urbain générateur de
perturbations multiples, environnementale et socioéconomique. La sauvegarde de

47
Exemple des Plans de prévention des risques dřinondation ou dřérosion
lřagriculture dans les poches urbaines, comme la zone SONATEL, reste également une
nécessité.

Les activités primaires, telles que lřagriculture et lřélevage, se maintiennent encore en zone
rurale dans la Commune de Malicounda, dans la partie continentale notamment, mais
connaissent cependant une déprise du fait de changements globaux et leurs manifestations au
niveau local. Le nécessaire rééquilibrage des modèles économiques des territoires mitoyens
doit intégrer une réelle stratégie foncière à travers la formulation de programmes pertinents.
Le projet de la mise place du nouveau pôle touristique de Pointe Sarène doit servir de prétexte
de stimulation des systèmes de production ruraux, pour un ravitaillement des infrastructures
en denrées. Cependant, les changements environnementaux observés sur Saly devraient
constituer, pour elle, une alerte pour prévenir et faire face à lřérosion côtière. La Commune
doit arriver à concilier des objectifs de protection et de valorisation économique.

La nécessité de renforcer les capacités dřadaptation des acteurs apparait clairement comme
solutions à certaines difficultés identifiées. Les lacunes à combler portent sur les informations,
les expériences à mutualiser, les ressources financières à mobiliser.

Les acteurs doivent avoir les mêmes compréhensions des systèmes naturels dont les
dynamiques sont incertaines et ne peuvent plus continuer à satisfaire de manière soutenue la
demande croissante de la population. Les usages ont des impacts négatifs agissant sur les
processus de renouvellement qui semblent de plus en plus hypothéqués. Les principes
dřAménagement du Territoire qui préconisent un développement basé sur lřexploitation et
lřutilisation durable de lřespace et des ressources, doivent nécessairement prendre en charge
les différents changements environnements à manifestations sociales et spatiales très
importantes. Lřobservatoire incite à instaurer une planification des usages et un
développement territorial axés sur la base de connaissance, le tout en cohérence avec les
engagements régionaux et internationaux. En effet, l'amélioration des capacités pour la
gestion des ressources naturelles permet dans une grande mesure de faire face aux problèmes
émergents mondiaux, comme le changement climatique et la dégradation de l'environnement,
et fait progresser la croissance verte tout en apportant des s o l u t i o n s aux problèmes
classiques essentiellement liés à des facteurs anthropiques

Difficultés et Perspectives

Cette thèse ne sřest pas faite sans difficultés, sur le plan méthodologique. Dès les travaux de
reconnaissance, nous avons été confrontés à la complexité de lřespace étudié. En effet,
plusieurs thématiques, susceptibles chacune de faire lřobjet dřun sujet, apparaissaient. Mais
lřentrée territoire nous a permis dřidentifier les principaux problèmes ou changements
environnementaux auxquels ils sont confrontés

Lřautre enjeu à prendre en compte sur les questions relatives au changement climatique est
dřélargir lřanalyse de la vulnérabilité dřun territoire à une combinaison de risques, plus quřà
un risque précis, car les processus naturels entretiennent des liens systémiques pour donner
naissance à des perturbations qui elles-mêmes sřinfluencent. La vulnérabilité se présente sous
un aspect multiforme, différentiel et dynamique sur les territoires étudiés. Les facteurs
dřinfluence ressortis sont physiques, sociaux, économiques, politiques. Les problématiques
touchent à la fois des espaces urbains et ruraux (Mbour, Malicounda) et imposent de franchir
deux barrières que sont les clivages urbain-rural et physique-humain (Brunet). Cřest cette
opportunité quřoffre cette recherche sur des questions relatives aux effets du changement
climatique. En plus de notre discipline, la géographie, elle a nécessité le recours à la
sociologie, la géologie, lřhistoire, donc à une approche de pluridisciplinarité nous
convainquant finalement dřune approche transdisciplinaire sur ces questions et territoires
complexes. Cřest à cela que nous aspirons, dans le cadre de publications ou de projets de
recherche futurs.
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+littoralhttp://www .APRAPAM. org
TABLE DES ILLUSTRATIONS

Liste des tableaux


Tableau 1 : Echelles d’intervention sur l’environnement ...................................................................................... 35
Tableau 2 : Caractéristique conceptuelle de la Vulnérabilité ................................................................................ 42
Tableau 3 : Grille de détermination de l’importance absolue des impacts ........................................................... 43
Tableau 4 : Multiples définitions du risque ........................................................................................................... 45
Tableau 5 : Catégories et Exemples de risques ..................................................................................................... 46
Tableau 6 : Cadre théorique/conceptuel ............................................................................................................... 58
Tableau 8 : Echantillon de la Commune de Mbour ............................................................................................... 92
Tableau 10 : Echantillon de Saly ............................................................................................................................ 93
Tableau 11 : Récapitulatif des entretiens .............................................................................................................. 94
Tableau 12 : Nombre de ménages interrogés (Source : SENGHOR P .I.A, 2012) ................................................... 96
Tableau 13 : Récapitulatif des données officielles................................................................................................. 97
Tableau 14 : Récapitulatif des données de terrain ................................................................................................ 98
Tableau 15 : (Blaikie et al., 1994) Le « Pressure and Release Model » ou les forces et faiblesses sous jacentes du
système ................................................................................................................................................................. 98
Tableau 16: Le «Pressure and Release Model» appliqué aux espaces littoraux (d’après Blaikie et al. 1994). ...... 99
Tableau 17 : Mutation des Niveaux d’administration territoriale ....................................................................... 107
Tableau 18 : Structuration des quartiers du territoire communal de Mbour (29 quartiers) ............................... 116
Tableau 19 : Zonage de la Communauté rurale de Malicounda ......................................................................... 122
Tableau 20 : Insolation de la station de Mbour en 2007, 2008 et 2009 exprimé en heures ............................... 131
Tableau 21 : Vrariabilité mensuelle de la pluie ................................................................................................... 135
Tableau 22 : Taille des ménages à Malicounda (Source Thiaw 2012) ................................................................. 149
Tableau 23 : Structuration et Lotissements successifs de la ville de Mbour ........................................................ 155
Tableau 24 : Numéro Quartiers Sous quartiers ................................................................................................... 156
Tableau 25 : Structuration du territoire Communal de Saly ................................................................................ 157
Tableau 26 : Caractéristiques des spéculations dans la communauté rurale de Malicounda ............................. 166
Tableau 27 : Cheptel département de Mbour (Source DAPS : situation économique de la région de Thiès) ...... 169
Tableau 28 : Situation de la production de viande contrôlée en 2008 ................................................................ 170
Tableau 29 : Quais de pêche dans la zone d’étude (Source : service départemental pêche Mbour (2011) ........ 172
Tableau 30 : Résidence des pêcheurs selon leurs origines .................................................................................. 173
Tableau 31 : Statut de résidence des pêcheurs à Saly ......................................................................................... 174
Tableau 32 : Taille des équipages (Source Thiaw 2012) ...................................................................................... 174
Tableau 33 : Immatriculation des pirogues Mbour ............................................................................................. 175
Tableau 34 : Etat du Parc piroguier à Mbour ...................................................................................................... 175
Tableau 35 : Situation des embarcations dans la zone d’études ........................................................................ 176
Tableau 36 : Catégorie de permis et montant à payer au trésor ........................................................................ 176
Tableau 37 : Evolution et des types de permis dans la zone d’étude .................................................................. 177
Tableau 38 : Infrastructures des différents quais de pêche................................................................................. 177
Tableau 39 : Répartition des unités du quai de pêche......................................................................................... 178
Tableau 40 : Evolution du recouvrement de la gestion des infrastructures ........................................................ 178
Tableau 41 : Quantité de produits transformés dans les principaux centres ...................................................... 180
Tableau 43 : Prix d’achat des produits frais ........................................................................................................ 183
Tableau 44 : Estimation du recouvrement des taxes et cotisation ...................................................................... 184
Tableau 45 : Ecoulement des produits à Partir du site de Mballing .................................................................... 185
Tableau 46 : Tableau Commercialisation de kétiakh non salé dans la sous région ............................................ 185
Tableau 47 : Evolution du Poids de Saly dans le tourisme sur la Petite côte de 1988 à 1987 ............................. 189
Tableau 48 : Impacts du changement climatique en zone marine et côtière du Sénégal ................................... 207
Tableau 49 : Impacts du changement climatiques en zone continentale ........................................................... 208
Tableau 50 : Connaissance des perturbations par les communautés côtières .................................................... 209
Tableau 51 : Projections d’élévation du niveau des mers en cm par rapport aux valeurs de la fin du XXe siècle,
selon les hypothèses d’évolution du climat. ........................................................................................................ 211
Tableau 52 : Quantification de l’érosion littorale de la Petite Côte .................................................................... 213
Tableau 53 : Appréciation des stocks selon les espèces de poissons ................................................................... 239
Tableau 54 : Hauteur des houles large de la Petite Côte .................................................................................... 249
Tableau 55 : Facteurs et risques d’érosion sur le littoral sénégalais ................................................................... 250
Tableau 56 : Activités au niveau des quais de pêche .......................................................................................... 260
Tableau 57 : Poids démographique des quartiers périphériques et côtiers ........................................................ 268
Tableau 58 : Population cible et personnel de santé ........................................................................................... 276
Tableau 59 : Couverture et norme sanitaire ....................................................................................................... 276
Tableau 60 : Facteurs anthropiques des différents phénomènes dans la zone d’étude ...................................... 279
Tableau 61 : Tableau de synthèses facteurs anthropiques selon les perturbations. ........................................... 282
Tableau 62 : Besoins en espaces de la Commune de Mbour ............................................................................... 287
Tableau 63 : Valeurs économiques (en millions de dollars US, 1990) et population à risque (en milliers) selon des
hypothèses basse et haute .................................................................................................................................. 292
Tableau 64 : Impact de l’érosion côtière dans la zone d’étude ........................................................................... 294
Tableau 65 : Appréciation des Taxes versées par des établissements touristiques de saly................................ 296
Tableau 66 : Estimation des Pertes selon l’élévation du niveau marin ............................................................... 296
Tableau 67 : Catalogue des indicateurs suivant les phénomènes étudiés .......................................................... 300
Tableau 68 : Répartition du financement du projet ............................................................................................ 315
Tableau 69 : Matrice des conflits potentiels sur l’érosion côtière et le projet de brise- lame à Saly ................... 326
Tableau 70 : Actions de conservation développées face aux contraintes secteur de la pêche............................ 330
Tableau 71 : Conventions ratifiées par le Sénégal en matière d’environnement ................................................ 334
Tableau 72 : Catalogue des indicateurs .............................................................................................................. 360
Liste des figures
Figure 1 : Systèmes de ressources du territoire Source : Revel (1990 in Tudrez 2007) .......................................... 36
Figure 2 : The adaptation learning cycle (HENKEL & al. 2013) .............................................................................. 65
Figure 3 : Choosing approaches for identifying adaptation option (HENKEL et al, 2013) ..................................... 66
Figure 4 : Choosing approaches to support a public actor influencing individual adaptation (KENKEL, 2013 ) ... 66
Figure 5 : Choosing approaches to support a public actor influencing collective adaption (KENKEL, 2013 ) ........ 66
Figure 6 : Modèle Numérique de Terrain de Mbour ............................................................................................ 125
Figure 7 : Evolution Mensuelle de l’insolation dans la zone d’étude Source AMN, 2009 .................................... 131
Figure 8 : Evolution mensuelles des températures maximales, minimales et moyennes à la station de Mbour.
Source : AMN, 2009............................................................................................................................................. 132
Figure 9 : Evolution moyenne mensuelle et journalière de l'évaporation à Mbour de 1980 à 2009 (en mm).... 133
Figure 10 : Evolution de l’humidité relative ......................................................................................................... 134
Figure 11 : Pluies moyennes mensuelle de 1931 à 2011 ..................................................................................... 135
Figure 12 : Coefficient de variation de la pluviométrie ....................................................................................... 136
Figure 13 : Evolution Interannuelle de la pluie .................................................................................................... 137
Figure 14 : Variations interannuelles de la pluviométrie à la station de Mbour ................................................. 137
Figure 15 : Evolution de l’écart moyen et de l’Indice de LAMB ........................................................................... 138
Figure 16 : Evolution démographique de la population de la Commune de Mbour (source données ANSD) ..... 147
Figure 17 : Projection de la population de Saly (source ANSD) ........................................................................... 148
Figure 18 : Taille des ménages à Saly. Coulang ................................................................................................... 149
Figure 19 : Taille des ménages à Saly . Niakhniakhal .......................................................................................... 149
Figure 20 : Répartition par sexe des chefs de ménages interrogés (enquêtes Thiaw D.) .................................... 150
Figure 21 : Age des chefs de ménages à Mbour .................................................................................................. 151
Figure 22 : Répartition par âge de la population ciblée à Saly Coulang .............................................................. 151
Figure 23 : Formation des chefs de ménages interrogés ..................................................................................... 151
Figure 24 : composition ethnique des quartiers traditionnels de Saly................................................................. 152
Figure 25 : Le statut foncier des chefs de ménage de Malicounda ..................................................................... 161
Figure 26 : Statut d’occupation à Saly ................................................................................................................. 161
Figure 27 : Statut d’occupation Saly Coulang...................................................................................................... 162
Figure 28 : Statut d’occupation Saly Niakhniakhal.............................................................................................. 162
Figure 29 : Activité des chefs de ménage dans la Commune de Mbour .............................................................. 162
Figure 30 : Localité d’origine et activités ............................................................................................................. 163
Figure 31 : Activités des chefs de ménages à Saly Niakhniakhal et Saly Coulang ............................................... 163
Figure 32 : Activité des chefs de ménage dans la C.R de Malicounda ................................................................. 164
Figure 33 : Répartition spatiales des cultures à Malicounda .............................................................................. 165
Figure 34 : Répartition spatiales des cultures dans la C.R de Malicounda (Source CADL Sindia) ........................ 165
Figure 35 : Cultures dans les zones continentales et littorales de Malicounda ................................................... 166
Figure 36 : Comparaison des superficies arachidières dans le département de Mbour ...................................... 166
Figure 37 : Comparaison des productions arachidières dans le département de Mbour .................................... 167
Figure 38 : Production agricole de la C.R de Malicounda .................................................................................... 167
Figure 39 : Structure démographique des pêcheurs ............................................................................................ 172
Figure 40 : Répartition ethnique des pêcheurs .................................................................................................... 173
Figure 41 : Revenu Mensuel des pêcheurs à Saly ................................................................................................ 179
Figure 42 : Répartition des établissements dans la région de Thiès .................................................................... 187
Figure 43 : Répartition des indicateurs de demande touristique de la région de Thiès ...................................... 188
Figure 44 : Evolution des températures mondiales (Source GIEC 2014) .............................................................. 195
Figure 45 : Dynamique spatiale des précipitations de 1951 à 2005 (LERG, in Ndiaye et Sané, 2010)................ 199
Figure 46 : Moyennes décennales pluviométriques (mm) ................................................................................... 200
Figure 47 : Variation des températures et précipitations futures (Source Gaye et All, 2009) ............................. 201
Figure 48 : Variation du nombre de jours et intensité de pluies (NWD et intensity) Source Gaye et All, 2009 .. 202
Figure 49 : Variation des longueurs des séquences humides (WSL) et sèches (DSL) Source Gaye et All, 2009 .. 202
Figure 50 : Variation déficit pluie et réchauffement Source Gaye et Al., 2009 ................................................... 203
Figure 51 : Evolution du front d’érosion de 1972 à 2010 .................................................................................... 215
Figure 52 : Evolution du trait de de 1972 à 1984 ................................................................................................ 215
Figure 53 : Taux de changement de 1984 à 1994 ............................................................................................... 216
Figure 54 : Evolution du Taux de changement de 1994 à 2002 .......................................................................... 216
Figure 55 : Evolution du taux de changement de 2002 à 2010 ........................................................................... 217
Figure 56 : Les changements de superficie de 1972 à 2002 ................................................................................ 234
Figure 57 : Changement de surface dans la période de 2002 à 2010 ................................................................. 234
Figure 58 : Perception des risques d’inondations ................................................................................................ 235
Figure 59 : Connaissance des risques selon les quartiers .................................................................................... 236
Figure 60 : Diminution de la biomasse par rapport à l’augmentation de l’effort de pêche de 1950 à 2000 en
Afrique de l’Ouest (Source : PAULY, 2002 in Sène 2008) ..................................................................................... 239
Figure 61 : Problèmes environnementaux évoqués dans la Communauté rurale de Malicounda ...................... 240
Figure 62 : Occurrence de la dégradation des terres comme Problème environnemental ................................. 241
Figure 63 : Occupations de chefs de ménages dans les quartiers traditionnels de Saly ...................................... 259
Figure 64 : Activités Saly Coulang ....................................................................................................................... 259
Figure 65: Activités Saly Niakh niakhal................................................................................................................ 259
Figure 66 : Typologies des activités au niveau des quais de pêche ..................................................................... 260
Figure 67 : Estimation des artisans de production dans la CR de Malicounda (source CADL Sindia) ................. 261
Figure 68 : Densité de population par quartier ................................................................................................... 268
Figure 69 : Occupation, infrastructure et équipement dans les différents quartiers de Mbour .......................... 269
Figure 70 : Activités des chefs de ménage femmes interrogés à Mbour ............................................................. 271
Figure 71 : Revenus des ménages par quartier à Mbour .................................................................................... 272
Figure 72 : Revenu des ménages au niveau de Saly Coulang .............................................................................. 272
Figure 73 : Revenu des ménages au niveau de Saly niakh niakahal .................................................................... 273
Figure 74 : Répartition par village du revenu des ménages ................................................................................ 273
Figure 75 : Perception de l’érosion côtière selon le niveau d’éducation à Saly Coulang ..................................... 274
Figure 76 : Perception des risques à Saly niakhniakhal selon le niveau d’éducation .......................................... 274
Figure 77 : Couverture sanitaure et Norme ......................................................................................................... 276
Figure 78 : Perception des facteurs de la dégradation des ressources halieutiques ........................................... 285
Figure 79 : Facteurs de dégradation des terres dans la Commune de Malicounda ............................................ 287
Figure 80 : Répartition des sinistrés et dommages des inondations en 2009 ..................................................... 290
Figure 81 : Morbidité au niveau des différents postes de santé de la zone d’étude ........................................... 291
Figure 82: Part des maladies hydriques dans la morbidité de la zone d’étude ................................................... 291
Figure 83 : Impacts de l’avancée de la mer sur la pêche ..................................................................................... 294
Figure 84 : Evolution du bâti sur les terroirs ........................................................................................................ 299
Figure 85 : Stratégie individuelle de protection contre l’érosion côtière à saly Coulang .................................... 309
Figure 86 : Stratégie individuelle selon le niveau d’éducation ............................................................................ 310
Figure 87 : Exemples de brise -lames (CSE, 2011) ............................................................................................... 322
Figure 88 : Les stratégies face à la baisse des stocks de ressources halieutiques ............................................... 328

Liste des cartes


Carte 1 : Quartiers ciblés pour les enquêtes ménage ............................................................................................ 91
Carte 2 : Répartition spatiale de l’échantillon de la Communauté rurale de Malicounda .................................... 92
Carte 3 : La zone d’étude dans le département de Mbour .................................................................................. 103
Carte 4 : Découpage administratif de la Commune de Mbour ............................................................................ 116
Carte 5 : Saly Occupation du sol (SAPCO) ............................................................................................................ 120
Carte 6 : Présentation de la Communauté rurale de Malicounda ....................................................................... 121
Carte 7 : La Petite côte du Sénégal ...................................................................................................................... 123
Carte 8 : Carte des sols de la zone d’étude .......................................................................................................... 127
Carte 9 : Carte des isohyètes (source : Données DMN, Réalisation, CSE) ............................................................ 139
Carte 10 : Réseau hydrographique de la zone d’étude........................................................................................ 142
Carte 11 : Répartition des aires protégées dans la région de Thiès .................................................................... 143
Carte 12 : Taille des quartiers de la Commune de Mbour ................................................................................... 147
Carte 13 : Taille des villages de la Commune de Malicounda ............................................................................. 148
Carte 14 : Dynamique spatiale de la ville de Mbour ........................................................................................... 153
Carte 15 : Répartition spatiale des impacts du changement climatiques (Source IPCC 2014) ............................ 205
Carte 16 : Quartiers régulièrement inondés dans la Commune de Mbour.......................................................... 211
Carte 17 : Evolution du trait de côte de 1972 à 1984 (Secteur de Saly et Commune de Mbour) ........................ 218
Carte 18 : Evolution du trait de côte de 1972 à 1984 Secteurs de Commune de Mbour Mballing ..................... 219
Carte 19 : Evolution du trait de côte de 1972 à 1984 Secteurs de Warang -Nianing .......................................... 220
Carte 20 : Evolution du trait de côte de 1972 à 1984 Secteurs de Nianing Pointe Sarène .................................. 221
Carte 21 : Evolution du trait de côte de 1984 à 1994 Secteurs de (Secteur de Saly et Commune de Mbour) ..... 222
Carte 22 : Evolution du trait de côte de 1984 à 1994 Secteurs Commune de Mbour Mballing .......................... 223
Carte 23 : Evolution du trait de côte de 1984 à 1994 secteurs de de Warang –Nianing..................................... 224
Carte 24 : Evolution du trait de côte de 1984 à 1994 Secteurs de Nianing Pointe Sarène .................................. 225
Carte 25 : Evolution du trait de côte de 1994 à 2002 Secteurs Secteur de Saly et Commune de Mbour ............ 226
Carte 26 : Evolution du trait de côte de 1994 à 2002 Secteurs de Commune de Mbour Mballing ..................... 227
Carte 27 : Evolution du trait de côte de 1994 à 2002 Secteurs de Warang –Nianing ......................................... 228
Carte 28 : Evolution du trait de côte de 1994 à 2002 Secteurs de Nianing Pointe Sarène .................................. 229
Carte 29 : Evolution du trait de côte de 2002 à 2010 Secteurs de Saly et Commune de Mbour ......................... 230
Carte 30 : Evolution du trait de côte de 2002 à 2010 Commune de Mbour Mballing ......................................... 231
Carte 31 : Evolution du trait de côte de 2002 à 2010 Secteur de Warang –Nianing ........................................... 232
Carte 32 : Evolution du trait de côte de 2002 à 2010 Secteurs de Nianing Pointe Sarène .................................. 233
Carte 33 : Perception des risques dans la Commune de Mbour .......................................................................... 237
Carte 34 : Topographie zone d’étude .................................................................................................................. 246
Carte 35 : Représentation schématique de quelques paramètres hydro-climatiques. Source : Fontana 2000 (in
Camara 2003)...................................................................................................................................................... 253
Carte 36 : Carte sanitaire de la zone d’étude ...................................................................................................... 275

Liste des photos


Photo 1 : Production de mil à Malicounda ______________________________________________________ 167
Photo 2 : Matériel agricole à Mbaling Photo 3 : Production de navet à Mballing (sortie Master Gidel, 2011)
________________________________________________________________________________________ 168
Photo 4 : séchage de poissons à Mballing ______________________________________________________ 183
Photo 5 : Impacts des aménagements au niveau des « résidences du port »(source CSE, 2011) ____________ 280
Photo 6 : Maison endommagées à Mbour Golf __________________________________________________ 293
Photo 7 : Maison endommagées à Saly Coulang _________________________________________________ 293
Photo 8 : Site de transformation déserté de saly Coulang et vente de produits d’art. ____________________ 297
Photo 9 : Curage eau par les Sapeurs Pompiers Zone Sonatel Mbour (Thiaw 2009) _____________________ 306
Photo 10 : Protection de maisons Protection d’une maison par un mur aménagé avec de blocs de pierre à Saly
Coulang (cliché Faye) _______________________________________________________________________ 309
Photo 11 : Protection 2012 et état en 2014 (le mur n’a pas résisté à l’avancée de la mer) ________________ 310
Photo 12 : Intervention génie militaire _________________________________________________________ 316
Photo 13 : Vue d’un gabion (CSE, 2011) (Hôtel Teranga, cliche de Ba septembre 2009) __________________ 316
Photo 14 : Enrochement doublé d’alignement de sacs de sables (Palm Beach) _________________________ 317
Photo 15 : Enrochement avec des ouvertures pour baignade Espadon ________________________________ 317
Photo 16 : Enrochement Mur de soutènement Filao ______________________________________________ 318
Photo 17 : Enrochement, pneu, mur (Téranga) __________________________________________________ 318
Photo 18 : Ouvrage de protection de résidences à Saly Coulang _____________________________________ 319
Photo 19 : Photo savana (rupture mur de protection) _____________________________________________ 319
Photo 20 :Chantier de brise-lame (Thiaw 2014), _________________________________________________ 323
Photo 21 : Engraissement Paradis (Thiaw 2014) _________________________________________________ 323
ANNEXES
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE MENAGE

Questionnaire ménage/Vulnérabilité (MBOUR)

Application échelle du concession/ ensemble des ménages de la concession

Identification

Nom

Prénom

Ville

Quartier

Sexe

Age

20 à 35 ans 35 à 45 ans 45 à 55 ans + de 55

Education

Aucun alphabétisé Arabe primaire secondaire Supérieur


niveau

Statut d’occupation

Propriétaire Copropriétaire Locataire Autre

Date d’installation

Localité Origine

Choix du site

Avantages et inconvénients
Taille du ménage H F

Nombre d’Hébergés dans le ménage et lieux d’origine

Activités des personnes hébergés

Activités

Pêche Tourisme Commerce Fonctionnaire Agriculture Autres


Nombre de
pirogues
Mareyage Guide
Transformation Restauration
Autres à transport
préciser
Artisanat
Autres à
préciser

Lieu de travail

Nombre d’emplois dans le ménage/ Genre et activité dans le ménage

Diversité des emplois dans le ménage : secteurs

fonctionnaire agriculture pêche tourisme

Revenus dans le ménage

Revenu mensuel
- de 150 000 150 à 300 000 300 à 500 000 + de 500 000

Périodicité /Nombre de mois :

Occupation enfants dans le ménage


Etude à temps plein Appuis dans les activités familiales

Perception : Risque

Sur lřErosion :

Sur les Inondations :

Quelles stratégies ?

Stratégies Individuelles

Stratégies Déjà développées :

Stratégies Envisageables :

Quelles sont vos Attentes / Etat/ Collectivités locales / Autres à préciser :

Nature des Attentes :

Quelles informations avez-vous sur les risques, sur Le site ?:

Quelles sont Attentes par rapport aux scientifiques en matière de Prévention


Questionnaires ménages ( Malicounda)

Questionnaire ménage/Vulnérabilité

Application échelle du concession/ ensemble des ménages de la concession

Identification

Nom

Prénom

CR

Village

quartier

Sexe

Age

20 à 35 ans 35 à 45 ans 45 à 55 ans + de 55 + de 70

Education

Aucun alphabétisé Arabe primaire secondaire Supérieur


niveau

Statut d’occupation

Propriétaire Copropriétaire Locataire Autre

Date d’installation

Localité Origine

Motif du déplacement

Choix du site
Avantages et inconvénients

Taille du ménage H F

Nombre d’emplois dans le ménage/ Genre et activité dans le ménage

Diversité des emplois et sources de revenu dans le ménage : secteurs

Activité du chef de ménage

fonctionnaire agriculture Elevage Maraichage Pêche (nbre tourisme


(tête) pirogue)

Disponibilité terre

Emplois et autres sources de revenu dans le ménage

fonctionnaire agriculture pêche maraichage tourisme Revenu


extérieur

Nombre de personnes à l’étranger

Revenu dans le ménage

Revenu mensuel
- De 50 000 50 à 100 000 100-200 300 à 500 000 + de 500 000

Périodicité revenu du ménage / (Nombre de mois, par an) :

Nombre d’Hébergés dans le ménage et lieux d’origine

Activités des personnes hébergées


Pêche Tourisme Commerce Fonctionnaire Agriculture Autres
Nombre de
pirogues
Mareyage Guide
Transformation Restauration
Autres à transport
préciser
Artisanat
Autres à
préciser

Lieu de travail des personnes hébergées :

Occupation enfants dans le ménage

Etude à temps plein Appuis dans les activités familiales (pêche,


agriculture…)

Nombre dřenfants retirés de lřécole :

Accès à lřeau potable

Domicile borne fontaine Puits à domicile Puits hors de autre


la maison

Source d’énergie

Electricité autre à préciser

Problèmes environnementaux identifiés

déficit pluie dégradation Rareté inondation érosion Autre à


pour culture terre poisson préciser

Cause des phénomènes cités

Impacts des phénomènes cités :

Quelles stratégies ?
Stratégies Individuelles

Stratégies collectives déjà développées dans le village :

Quelles informations avez-vous sur les sur les phénomènes cités

Et sur :

Les inondations

Erosion côtière

Quelles sont vos Attentes / Etat/ Collectivités locales / scientifiques, Autres à préciser :

Problèmes sociaux et sanitaires de la zone : (foncier, emploi, quelles maladies et


périodicité)
ANNEXE 2 QUESTIONNAIRES PECHEURS

Lieu :

Quai

Identification

Nom

Prénom

Age

Ethnie :

Education/Formation :

Arabe Alphabétisé Primaire secondaire Supérieur


Qualification

Résident Permanent

Quartier

Propriétaire ou locataire ou hébergé ou autres à préciser

Saisonnier (période)

Lieu Origine

Appartenance à une organisation de pêcheurs (nom de lřorganisation et localisation)

Depuis combien de temps pratiquez-vous la pêche ?

Equipage (nombre de personne)

Exploitation des ressources

Type de pêche

. Filet dormant Filet maillant dérivant . Filet maillant encerclant


Senne tournante Senne de plage
Ligne simple Palangre
Espèces ciblées

Disponibilité des espèces

Perception des captures

Quantité En baisse en hausse

Quantité de poisson pêchée par sortie

Quantité de poisson pêchée par sortie ces 10 dernières années

Qualité / disponibilité espèce à préciser / Taille

Espèces disparues

Cause/Responsabilité et justifications

Phénomène Facteurs Physiques Facteurs justification


observés Anthropique

inondation

Erosion côtière

Diminution
poissons

Pollution

Autres à préciser

Revenus tirés de la pêche

Montant par mois, par campagne (durée)

Moins de 25000-50000 50000- 10000- 200000- Plus de


25000 100000 200000 300000 300000
Lieu de commerce et clients

Ménages

Hôtels et restaurants

Marchés

Au niveau du quai

Autres régions

Mareyeurs

Paiement licence Sénégal (montant/ périodicité)

Paiement licence autres pays à préciser (montant et périodicité)

Diversification des sources de revenus

Pas dřautres activités (que la pêche)

Autres activité et revenu

Activité Période Revenu/mois ou par An

Avez-vous déjà bénéficié dřun financement par un projet (lequel et montant)

Avancée de la mer

Cause/Responsabilité et justifications

Facteurs Nature justification


Physiques

Anthropique

autres

Impacts avancée de la mer sur la pêche


Rétrécissement de lřaire de débarquement ? Estimation et depuis combien dřannée

Destruction des pirogues ?

Insécurité et Accidents en mer ?

Autres

Stratégies individuelles développées

Sur l aire de débarquement

Sur la Destruction pirogues

Sur lřInsécurité et accident en mer

Stratégies collectives développées

Sur lřaire de débarquement

Sur la Destruction pirogues

Sur lřInsécurité et accident en mer

Difficultés majeures de la pêche à Saly (par ordre d’importance)


ANNEXE 3 : DECRET N° 2011-1689 DU 3 OCTOBRE 2011 PORTANT
CREATION DU COMITE NATIONAL SUR LES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES.

RAPPORT DE PRESENTATION

Les Changements climatiques constituent lřenjeu de ce XXIème siècle à cause de ses impacts
sur les économies, particulièrement sur celles des pays les plus vulnérables comme le nôtre.
Cřest pourquoi le Sénégal, à lřinstar de la communauté internationale, sřest engagé à
contribuer à lřeffort mondial de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES) et les
effets néfastes des changements climatiques. Cet engagement a été dřabord matérialisé par la
signature et la ratification des deux instruments juridiques sur le climat, à savoir la
Convention Cadre des Nations unies et le Protocole de Kyoto, adoptés respectivement en
1994 et 2001.

Dès lřadoption de la convention sur le climat, des experts nationaux se sont réunis pour
former un groupe de réflexion sur les questions relatives aux changements climatiques.

Ainsi, un Comité national sur les Changements climatiques (COMNACC) a été mis en place
en 1994. Par la suite, le Comité a été institué en 2003, par arrêté n° 1.220 du 7 mars 2003 du
Ministère chargé de lřEnvironnement.

La complexité des nouveaux problèmes causés par les effets néfastes des changements
climatiques a exigé la mise en place dřun cadre institutionnel fort lui permettant dřassurer la
coordination, lřintégration, le suivi et lřévaluation des interventions dans ce domaine, tant au
niveau national que local. Cřest ce qui justifie lřédiction du présent décret pour définir le
cadre institutionnel du COMNACC.

Telle est lřéconomie du présent projet de décret.

Le Président de la République,

Vu la Constitution, notamment en ses articles 43 et 76 ;

Vu la Convention Cadre des Nations unies sur les Changements climatiques du 9 mai 1992 ;
Vu le Protocole de Kyoto du 11 décembre 1997 additionnel à la Convention Cadre des
Nations unies sur les Changements climatiques ;

Vu le Code lřEnvironnement ;

Vu le décret n° 2001-282 du 12 avril 2001 portant application du Code de lřEnvironnement ;

Vu le décret n° 2009-451 du 30 avril 2009, portant nomination du Premier Ministre ;

Vu le décret n° 2009-545 du 5 juin 2009 relatif aux attributions du Ministre de


lřEnvironnement, de la Protection de la Nature, des Bassins de Rétention et Lacs artificiels ;

Vu décret n° 2011-628 du 16 mai 2011 relatif à la composition du Gouvernement ;

Vu le décret n° 2011-634 du 17 mai 2011 portant répartition des services de lřEtat et du


contrôle des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation
publique entre la Présidence de la République, la Primature et les ministères, modifié par les
décrets n° 2011-818 du 16 juin 2011 et n° 2011-1045 du 26 juillet 2011 ;

Vu le décret n° 2011-760 du 8 juin 2011 portant organisation du Ministère de


lřEnvironnement et de la Protection de la Nature ;

Vu lřarrêté n° 1220 du 7 mars 2003 portant création du Comité national changements


climatiques ;
Sur le rapport du Ministre dřEtat, Ministre de lřEnvironnement et de la Protection de la
Nature ;

Décrète :

Article premier. - Au sens du présent décret, les termes ci-après signifient :


Adaptation : accommodation des systèmes naturels ou des systèmes humains aux stimuli
climatiques réels ou prévus ou à leurs effets, afin dřen atténuer les inconvénients ou dřen
exploiter les avantages ;

Atténuation : intervention humaine visant à atténuer le forçage anthropique du système


climatique ; elle comprend des stratégies visant à réduire les sources et les émissions de gaz à
effet de serre et à renforcer des puits de carbone ;
Changements climatiques : des changements de climat qui sont attribués directement ou
indirectement à une activité humaine altérant la composition de lřatmosphère mondiale et qui
viennent sřajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes
comparables ;

Effets néfastes des changements climatiques : les modifications de lřEnvironnement physique


ou des biotes dues à des changements climatiques et qui exercent des effets nocifs significatifs
sur la composition, la résistance ou la productivité des écosystèmes naturels et aménagés sur
le fonctionnement des systèmes socio-économiques ou sur la santé et le bien-être de
lřhomme ;

Gaz à effet de serre : les constituants gazeux de lřatmosphère, tant naturels quřanthropiques,
qui absorbent et réémettent le rayonnement infrarouge ;

Séquestration du carbone : le stockage à long terme du dioxyde de carbone, hors de


lřatmosphère ;

Système climatique : un ensemble englobant lřatmosphère, lřHydrosphère, la biosphère et la


géosphère, ainsi que leurs interactions ;

Emissions : la libération de gaz à effet de serre ou de précurseurs de tels gaz dans


lřatmosphère au-dessus dřune zone et au cours dřune période donnée.

Art. 2. - Il est créé un Comité national sur les Changements climatiques (COMNACC), placé
sous lřautorité du Ministère chargé de lřEnvironnement ;

Le COMNACC est un organe, de coordination, de concertation, de formation, de


sensibilisation, de gestion et de suivi des différentes activités identifiées dans le cadre de la
mise en œuvre de Convention Cadre des Nations unies sur les Changements climatiques et ses
instruments juridiques additionnels.

Art. 3. - Le COMNACC est composé :

1. dřun représentant de la Présidence de la République ;

2. dřun représentant du Sénat ;


3. dřun représentant de lřAssemblée nationale ;

4. dřun représentant de la Primature ;

5. dřun représentant du Conseil économique et social ;

6. dřun représentant du Ministère chargé de lřEnergie ;

7. dřun représentant du Ministère chargé des Mines ;

8. dřun représentant du Ministère chargé de lřHydraulique ;

9. dřun représentant du Ministère chargé de lřIndustrie ;

10. dřun représentant du Ministère chargé de lřArtisanat ;

11. dřun représentant du Ministère chargé des Affaires étrangères ;

12. dřun représentant du Ministère chargé de lřIntérieur ;

13. dřun représentant du Ministère chargé des Finances ;

14. dřun représentant du Ministère chargé des Infrastructures ;

15. dřun représentant du Ministère chargé des Transports aériens ;

16. dřun représentant du Ministère chargé des Transports terrestres ;

17. dřun représentant du Ministère chargé des Transports maritimes ;

18. dřun représentant du Ministère chargé de lřEducation ;

19. dřun représentant du Ministère chargé de la femme ;

20. dřun représentant du Ministère chargé de la Formation professionnelle ;

21. des représentants du Ministère chargé de lřEnvironnement ;

22. dřun représentant du Ministère chargé de la Santé ;


23. dřun représentant du Ministère chargé de lřHygiène ;

24. dřun représentant du Ministère chargé de lřAgriculture ;

25. dřun représentant du Ministère chargé de la Recherche scientifique ;

26. dřun représentant du Ministère chargé de lřElevage ;

27. dřun représentant du Ministère chargé de la Pêche ;

28. dřun représentant du Ministère chargé de la Communication ;

29. dřun représentant du Ministère chargé du Commerce ;

30. dřun représentant du Ministère chargé du Tourisme ;

31. dřun représentant du Ministère chargé des Forces armées ;

32. dřun représentant du Ministère chargé de lřUrbanisme ;

33. dřun représentant du Ministère chargé de lřAménagement du territoire ;

34. dřun représentant du Ministère chargé de la Décentralisation ;

35. dřun représentant du Ministère chargé de la Coopération décentralisée ;

36. dřun représentant du Ministère chargé des Bassins de Rétention, des Lacs artificiels et des
Eco villages ;

37. dřun représentant du Centre de Suivi écologique (CSE) ;

38. dřun représentant des Organisations non gouvernementales sénégalaises intervenant dans
le domaine de lřenvironnement ;

39. dřun représentant des Organisations non gouvernementales internationales résidant au


Sénégal ;
40. dřun représentant du Conseil national de concertation des ruraux ;

41. dřun représentant du Groupement des professionnels du pétrole ;


42. dřun représentant de lřUnion des chambres de commerce, dřindustrie et dřagriculture du
Sénégal ;

43. dřun représentant du Syndicat national des agriculteurs, éleveurs et pêcheurs et SYNAEP-
JAPANDOO ;

44. dřun représentant du Syndicat national des professionnels de lřIndustrie et du Commerce ;

45. dřun représentant de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal ;

46. dřun représentant de lřAgence nationale chargée de la promotion des investissements et


des grands travaux (APIX) ;

47. dřun représentant de lřAgence sénégalaise dřElectrification rurale (ASER) ;

48. dřun représentant de lřAgence nationale de la Météorologie du Sénégal ;

49. dřun représentant du Conseil sénégalais des femmes (COSEF) ;

50. dřun représentant du Conseil national de la Jeunesse ;

51. dřun représentant du Réseau des journalistes de lřenvironnement ;

52. dřun représentant de lřUnion des Associations des élus locaux ;

53. dřun représentant du Syndicat professionnel des Industries et des Mines du Sénégal ;
54. dřun représentant de la Confédération nationale des Travailleurs du Sénégal (CNTS) ;

55. dřun représentant de lřUnion nationale des Syndicats autonomies du Sénégal ;

56. dřun représentant de la Confédération des Syndicats autonomes (CSA) ;

57. dřun représentant des Universités, Centres universitaires régionaux et autres Instituts et
laboratoires de recherche sur les changements climatiques.

Le COMNACC peut, chaque fois que de besoin, sřadjoindre toutes les compétences requises
pour mener à bien ses tâches.
Art. 4. - Le COMNACC intervient dans tous les domaines relatifs aux activités prises en
compte par la Convention Cadre des Nations unies sur les Changements climatiques et ses
instruments juridiques additionnels.

Les domaines concernés sont, notamment :

- lřapplication des textes internationaux et nationaux en vigueur relatifs aux changements


climatiques ;

- le transfert de technologies adaptées ;

- lřéducation, la sensibilisation et lřinformation du public ;

- la gestion intégrée des ressources en eau ;

- le renforcement des capacités techniques, institutionnelles et financières ;

- la préservation de la biodiversité ;

- la conservation des sols ;

- la séquestration de carbone ;

- la gestion du milieu marin et côtier ainsi que la conservation des zones humides ;

- la gestion des déchets et des émissions atmosphériques ;

- la recherche et lřobservation systémique ;

- la capture et le stockage de carbone ;

- la promotion des énergies propres, notamment les énergies renouvelables ;

- la promotion de lřefficacité énergétique dans tous les secteurs, notamment lřindustrie, les
transports, les bâtiments, lřagriculture et lřénergie.

Art. 5. - Le COMNACC joue un rôle dřinformation, de sensibilisation, de formation, de


facilitation dans la conception, le financement, la mise en œuvre, la validation et le suivi des
programmes et projets nationaux, sous régionaux et régionaux relatifs aux domaines
prioritaires visés à lřarticle 4 du présent décret.

Il veille à la cohérence des programmes et projets avec les objectifs nationaux relatifs aux
changements climatiques, au niveau de lřatténuation. A ce titre, la Direction de
lřEnvironnement, Autorité nationale désignée du Climat (AND) sera tenue informée et
impliquée dans tous les projets soumis dans les marchés carbones.

Art. 6. - Le COMNACC est composé des sous-comités suivants :

- le sous-comité séquestration de carbone ;

- le sous-comité énergie.

En cas de besoin, dřautres sous-comités peuvent être créés par arrêté du Ministre chargé de
lřEnvironnement.

Pour les questions telles que lřadaptation aux changements climatiques, la capture et le
stockage de carbone, tous les membres du comité peuvent participer aux différents échanges
et délibérations, au cas par cas.

La composition et les attributions des sous-comités sont définies arrêté du Ministre chargé de
lřenvironnement.

Art. 7. - Le Président et le Vice-président du COMNACC sont nommés par arrêté du Ministre


chargé de lřenvironnement, sur proposition dudit Comité, pour une durée de deux ans
renouvelable une fois. Ces personnes sont choisies parmi les membres du comité.

Lřun des présidents des sous-comités, visées à lřarticle 6, assure la vice-présidence.

Art. 8. - Le COMNACC se réunit, au mois, une fois par trimestre, sur convocation de son
Président.

Tout membre peut saisir le Président pour la tenue dřune réunion sur les questions relevant du
domaine de compétence du comité.

Art. 9. - La Direction de lřEnvironnement, point focal de la Convention Cadre des Nations


unies sur les Changements climatiques et du Protocole de Kyoto, assure le secrétariat du
COMNACC et des sous-comités visés à lřarticle 6 pour veiller à la coordination et à la
synergie des actions nationales de mise en œuvre de la Convention susvisée.

LřAgence nationale de la Météorologie du Sénégal (ANAMS), point focal du Groupe


intergouvernemental sur lřEvolution du Climat (GIEC) est chargée de la coordination des
activités relatives à lřévolution du climat.

Art. 10. - Dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de la Convention et de ses
instruments juridiques additionnels, le secrétariat du COMNACC crée une base de données
sur toutes les activités et les financements obtenus ou à rechercher.

Il organise des ateliers de formation et dřinformation, édite des rapports périodiques, et tient
une page web pour lřéchange dřinformations et la sensibilisation.

Art. 11. - Il est créé des Comités régionaux sur les Changements climatiques (COMRECC)
dont le secrétariat est assuré par les Divisions régionales de lřEnvironnement.
ANNEXE 4 GLOSSAIRE
Aléa : il sřagit dřun événement dřorigine naturelle ou humaine pouvant induire des impacts potentiels
dangereux sur lřenvironnement, sur les populations, les activités... Sa localisation, son intensité et sa
probabilité dřoccurrence sont mesurables. La sècheresse, les éruptions volcaniques… sont des
exemples dřaléas

Adaptation : ensemble de stratégies sociales, économiques, politiques mises en œuvre pour modérer,
faire face et tirer avantage, face aux effets du changement climatique sur les systèmes naturels et
humains ou dřen saisir les opportunités. Ces stratégies peuvent individuelles ou collectives. La
capacité dřadaptation est la propriété dřun système capable dřajuster ses caractéristiques ou son
comportement afin dřaugmenter son aptitude à faire face à la variabilité climatique existante ou à des
conditions climatiques futures, lřadaptabilité est la mesure de la capacité à faire face aux variations
climatiques (GIEC, 2001). Lřadaptation peut présenter trois dimensions (état, processus, stratégie).

Atténuation : Elle a une proximité générique avec la résilience. Elle renvoie à une diminution dřeffet
dřun processus, dřune vitesse dřun phénomène par des mécanismes naturels ou anthropiques. Dans le
cadre du changement climatique, « Lřatténuation est lřensemble des interventions qui visent à réduire
le forçage relatif dû aux gaz à effet de serre et renforcement des puits ».

Changement climatique : le changement climatique est défini comme une variation statistiquement
significative de l'état du climat et de ses éléments, et qui persiste pendant de longues périodes,
généralement pendant des décennies ou plus, qui sont attribués directement ou indirectement à une
activité humaine altérant la composition de lřatmosphère mondiale et qui viennent sřajouter à la
variabilité naturelle du climat. Du fait de son étendue géographique il constitue une perturbation
globale, un phénomène planétaire dont les manifestations et les impacts ne sont pas homogènes.

Commune : terme régulièrement confondu avec la ville, notamment avec la communalisation


intégrale au Sénégal. Conformément au Code général des collectivités, la commune est une collectivité
locale, personne morale de droit public. Elle regroupe les habitants du périmètre d'une même localité,
composée de quartiers et/ou de villages unis par une solidarité résultant du voisinage, désireux de
traiter de leurs propres intérêts et capables de trouver les ressources nécessaires à une action qui leur
soit particulière, au sein de la communauté nationale et dans le sens des intérêts de la nation. Elle
concerne aussi bien les zones urbaines que rurales. Dřailleurs les anciennes communautés rurales sont
devenues des communes qui regroupent plusieurs villages, donc des établissements ruraux.

Développement durable : « sustainable development ». Il sřagit dřun mode de développement qui


satisfait les besoins des générations présentes sans compromettre ceux des futures. Dans un contexte
de changement climatique, il sřagit surtout de garantir la pérennisation des ressources naturelles.
Environnement : Concept évolutif et multidimensionnel qui désigne le milieu dans lequel vit une
personne, lřensemble des éléments naturels et artificiels qui conditionnent la vie humaine. Sur le plan
social il englobe les individus, les familles, les communautés, les organisations et institutions ayant
des modes de fonctionnement, de régulation et dřinteractions sociales différenciés.

Le code lřenvironnement du Sénégal (2001) le définit comme suit « lřensemble des éléments naturels
et artificiels ainsi que des facteurs économiques, sociaux et culturels qui favorisent lřexistence, la
transformation et le développement du milieu, des organismes vivants et des activités humaines ».

Littoral : terme parfois ambigu, présente de multiples définitions. Il présente plusieurs caractéristiques
sur le plan physique et humain. Sur le plan physique, le littoral désigne lřespace influencé par les
forces marines en interaction avec le continent, intégrant ainsi la côte. Sur le plan humain, il est un
milieu de fréquentation et dřactivités spécifiques, un lieu de rencontre de flux économiques et
humains.

Perception (du risque) : la perception peut avoir la même signification sémantique que la
représentation. La perception renvoie à une certaine subjectivité. Les perceptions du risque sont des
représentations sociales, culturellement élaborées, variables selon les sociétés et les situations. Le
risque nřest alors jamais perçu de la même manière dans le temps, dans lřespace ou par un ensemble
dřindividus.la perception du risque est variable selon le temps.

Représentation (du risque) : se représenter (risque) correspond à un acte de pensée par lequel un
individu se positionne par rapport à un risque (érosion, inondation). Les représentations constituent le
produit et processus d'une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe construit le réel
auquel il est confronté et lui attribue une dangerosité spécifique. En matière de gestion des risques les
représentations sont fortement déterminées par les enjeux entre acteurs l'appartenance sociale des
individus avec les implications affectives et normatives.

Résilience : concept multidimensionnel qui désigne la capacité de rebondir dřun système naturel ou
humain suite à un choc ou une crise du fait de ses caractéristiques propres ou dřapport extérieur. Elle
peut être perçue comme une approche « bottom-up » de lřadaptation qui vise à promouvoir la capacité
d'un système de faire face à des perturbations et à des surprises. Elle suppose une aptitude à lřinverse
de la vulnérabilité.

Ressources naturelles : ce sont des biens qui ne relèvent pas de la production de lřhomme et sont
divisées en ressources naturelles renouvelables et non renouvelables. Les ressources ont une forte
relation à lřespace. Elles sont localisées dans des milieux particuliers dont lřhistoire et les dynamiques
conditionnent leur présence, leur abondance et leur qualité. Par rapport au temps les ressources
naturelles sont marquées par des disponibilités ; évolutions régressives ou positives de lřEtat de
lřenvironnement.
Risque : il existe plusieurs définitions de la notion (Nick Brooks, 2003) et une large typologie des
risques. Le risque est une menace potentielle ; il définit la probabilité dřoccurrence dřun évènement
naturel ou anthropique susceptible de produire des dommages sociaux, économiques,
environnementaux.

Territoires : terme polysémique désigne un espace géographique, variable selon les échelles
dřappartenance juridique et administrative, culturelle. Le territoire présente ainsi plusieurs éléments
physiques et humains et reste fortement lié aux mesures de gouvernance.

Vulnérabilité : concept dynamique, la vulnérabilité dřun système ou dřune communauté est


déterminée par ses composantes et leurs interrelations, son exposition, sa capacité et son aptitude à
sřadapter au changement. Elle associe fragilité environnementale et/ou humaine dřun système face à
une perturbation. Elle traduit également la probabilité quřune personne, pauvre ou non, subisse une
perte significative de bien-être en conséquence dřun changement de situation ou dřun choc.
TABLE DES MATIERES

DEDICACES .................................................................................................................................. 3

REMERCIEMENTS ........................................................................................................................ 4

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES ............................................................................................... 9

AVANT PROPOS ......................................................................................................................... 11

INTRODUCTION GENERALE ....................................................................................................... 14

PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE METHODOLOGIQUE ET APPROCHE TERRITORIALE ..... 22

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA THESE .......................................................................... 23

I. 1. Problématique .................................................................................................................................. 23
I.1.1. Contexte ............................................................................................................................................. 23
I.1.2. Objectifs et hypothèses ..................................................................................................................... 24

I.2. Discussion des concepts ................................................................................................................... 25


I.2.1. Concepts relatifs à l’espace : échelle, contenu, complexité ............................................................. 25
I.2.2. Interaction de ces concepts dans notre travail .................................................................................. 32
I.2.3. Concepts relatifs à l’environnement et aux ressources .................................................................... 33
I.2.4. Concepts autour du changement climatique : origines, emprunts et usages ................................... 37
I.2.4.1. Vulnérabilité ............................................................................................................................. 37
I.2.4.2. Le risque ................................................................................................................................... 42
I.2.4.3. Le changement climatique ....................................................................................................... 50
I.2.4.4. Adaptation ................................................................................................................................ 50
I.2.4.5. La Résilience ............................................................................................................................. 55

I. 3. Revue de la littérature ...................................................................................................................... 60


I. 3.1. Les approches méthodologiques ...................................................................................................... 61
I. 3.2. Sur les impacts du changement climatique ....................................................................................... 69
I. 3.3. Sur les incertitudes............................................................................................................................. 71
I. 3.4. Sur la vulnérabilité : conceptualisation et analyse............................................................................. 76
I. 3.5. Sur l’adaptation au changement climatique ...................................................................................... 80

CHAPITRE II : APPROCHE METHODOLOGIQUE ........................................................................... 85

II. 1. Choix d’une méthode pertinente de collecte de données ................................................................. 85


II. 2. Pertinence des échelles spatiale et temporelle de la zone d’étude ................................................... 85

II. 3. Collecte de données ......................................................................................................................... 86


II. 3.1. Données secondaires .................................................................................................................... 87
II. 3.2. Travaux de terrain ......................................................................................................................... 87
II. 3.2.1. Observations directes ............................................................................................................... 87
II. 3.2.2. Géoréférencement ................................................................................................................... 88
II. 3.2.3. Enquêtes ................................................................................................................................... 89
II. 3.2.4. Capitalisation et synthèse de la méthodologie des travaux de mémoires de Master dirigés
(Gestion et Développement des Espaces Ruraux) et du Master GIDEL ....................................................... 95
II. 3.2.5. Traitement et Analyse et des données ..................................................................................... 97

CHAPITRE III : APPROCHE DES TERRITOIRES DE MBOUR, SALY ET MALICOUNDA.................... 102

III.1. Cadre juridique et administratif des territoires changeant : de la régionalisation à la


communalisation intégrale........................................................................................................................... 102
III.1.1. Processus de décentralisation au Sénégal .................................................................................. 102
III.1.2. Réorganisation territoriale et les nouveaux échelons territoriaux ............................................. 106
III.1.2.1. Commune de Mbour .............................................................................................................. 107

III.2. Echelle spatiale des territoires : conquête et marquage ................................................................. 110


III. 2.1. Des campements de pêcheurs à la fixation des populations ...................................................... 110
III.2.2. Du déclin de Nianing à l’émergence de Mbour : les quartiers de Mbour Serere ........................ 112
III. 2.3. Déplacement et recasement des quartiers indigènes ................................................................. 114
III.2.4. Le territoire de la Commune de Saly : Des terroirs à l’émergence d’un pôle touristique ........... 117
III.2.4.1 Mutations des terroirs traditionnels ...................................................................................... 117
III.2.4.2 L’émergence d’un pôle touristique : La station balnéaire ...................................................... 119
III.2.5. Le territoire de Malicounda : zone rurale à la périphérie de Mbour et de Saly .......................... 121

III.3. Ressources des territoires : opportunités et contraintes ................................................................ 122


III.3.1. Ressources environnementales .................................................................................................. 122
III.3.1.1. Relief caractérisé par l’absence de relief ................................................................................ 123
III.3.1.2. Sols ......................................................................................................................................... 126
III.3.1.3. Le Climat ................................................................................................................................. 128
III.3.1.4. Les ressources en eau : Hydrogéologie et Réseau hydrographique ....................................... 139
III.3.1.5. Les ressources Végétales ........................................................................................................ 143
III.3.1.6. Ressources halieutiques soutenant l’économie de la ville de Mbour en baisse .................... 144
III.3.2. Ressources sociales ..................................................................................................................... 146
III.3.2.1. Croissance démographique époustouflante .......................................................................... 146
III.3.2.2. Population jeune à dominante féminine ................................................................................ 150
III.3.2.3. Niveau d’éducation................................................................................................................. 151
III.3.2.4. Composition ethnique assez diversifiée ................................................................................. 152
III.3.3. Les usages de l’espace et des ressources dans la zone d’étude ................................................. 152
III.3.3.1. Un bâti en étalement continu ................................................................................................ 153
III. 3.3.2 Les principales activités socioéconomiques identifiés dans la zone d’étude ......................... 162
III.3.3.3. Une agriculture résiduelle à Malicounda ..................................................................................... 164
III.3.3.4. Le tourisme impulsé et soutenu par la station de Saly........................................................... 187

DEUXIEME PARTIE : VULNERABILITE DES TERRITOIRES : ENTRE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET


FACTEURS ENDOGENES ........................................................................................................... 191

CHAPITRE I : LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SES IMPACTS SUR LES TERRITOIRES .............. 192

I.1. Approche mutli-échelles du changement climatique ...................................................................... 193


I.1.1. Changements globaux et alerte sur la responsabilité humaine ....................................................... 193
I.1.2. Les projections sur le climat et incertitudes dans les scénarios climatiques globaux ........................... 197
I.1.3. Variabilité climatique en Afrique de l’Ouest et projection.......................................................... 198

I.2. Les impacts du changement climatique à l’échelle globale ............................................................. 203

I.3. Les impacts du changement climatique dans la zone d’étude ......................................................... 208
I.3.1. Les inondations dans la commune de Mbour .................................................................................. 210
I.3.2. L’occurrence de l’érosion côtière dans la zone d’étude .................................................................. 211
I.3.3. La baisse et la variabilité des stocks de ressources halieutiques ..................................................... 238
I.3.4. La dégradation des terres ................................................................................................................ 240

CHAPITRE II : VULNERABILITE DES TERRITOIRES AUX IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE


................................................................................................................................................ 243

II.1. Analyse des Facteurs de vulnérabilité /Cadre d’analyse des vulnérabilités ..................................... 243
II.1.1. Les facteurs physiques (Configuration spatiale et sensibilité environnementale) ............................... 244
II.1.1.1. Les facteurs physiques des inondations ................................................................................. 245
II.1.1.2. Les facteurs physiques de l’érosion côtière ............................................................................ 247
II.1.1.3 Les facteurs physiques de la variation des ressources halieutiques ...................................... 251
II.1.1.4 Les facteurs physiques de la dégradation des terres..................................................................... 254

II.2. Les facteurs humains de vulnérabilité des territoires aux différentes perturbations ...................... 255
II.2.1 Une cohésion sociétale fragilisée ..................................................................................................... 255
II.2.2. Une diversification économique très faible ..................................................................................... 257
II .2.3. Une structuration politico-institutionnelle handicapante .......................................................... 263
II.2.4. Un niveau de développement fragile ............................................................................................... 266
CHAPITRE III IMPACTS SOCIOECONOMIQUES DES PERTURBATIONS SUR LES DIFFERENTS
TERRITOIRES ............................................................................................................................ 289

III.1. Impacts des inondations dans la Commune de Mbour ................................................................... 289

III.2. Impacts socioéconomiques de l’érosion côtière ............................................................................. 292

III.3. Impacts socioéconomiques de la baisse des stocks de ressources halieutiques .............................. 297

III.4. Impacts socioéconomiques de la dégradation des terres ................................................................ 298

TROISIEME PARTIE : STRATEGIES D’ADAPTATION, INITIATIVES LOCALES, INCITATIONS GLOBALES


................................................................................................................................................ 301

CHAPITRE I : ACTEURS ET STRATEGIES D’ADAPTATION AUX EFFETS DU CHANGEMENT


CLIMATIQUE ............................................................................................................................ 302

I.1. La diversité des acteurs .................................................................................................................. 302

I.2. Stratégies développées pour faire face aux perturbations .............................................................. 303
I.2.1. Stratégies d’adaptation développées par les acteurs pour faire face aux inondations ................... 303
I.2.2. Stratégies développées par les acteurs Pour faire face à l’érosion côtière ..................................... 308
I.2.3. Stratégies développées sur la baisse des stocks de ressources halieutiques .................................. 327
I.2.4. Stratégies développées pour faire face à la dégradation des terres ............................................... 330

I.3. Cadre Juridique, Institutionnel et politique de l’adaptation aux effets du changement climatique au
Sénégal 332
I.3.1. Le cadre juridique international de l’adaptation au changement climatique ................................ 333
I.3.2. Le cadre judique national de la gestion durable de l’espace et des ressources et de l’adapation au
changement climatique et ............................................................................................................................. 337
I.3.4. Institutions et services impliqués dans l’adaptation aux effets au changement climatique ........... 345

CHAPITRE II : QU’APPREND-ON DES ETUDES DE CAS ? ............................................................ 354

II.1. Sur les risques et vulnérabilités ...................................................................................................... 355

II.2. Sur les stratégies d’adaptation identifiées selon les perturbations ................................................. 356

II.3. En matière de politique et gouvernance ......................................................................................... 357

CHAPITRE III : PLAIDOYER POUR UNE STRATEGIE D’ADAPTATION AXEE SUR UN OBSERVATOIRE
TERRITORIAL............................................................................................................................ 362
II.1. Les fondements d’un suivi .............................................................................................................. 362
II.1.1. La prépondérance du rôle des modes de vie dans les changements environnementaux ............... 362

II.2. La difficulté d’accès aux données, méconnaissance, lacunes, et incertitude sur les problématiques
365

II.3. Orientation stratégique : l’observatoire un outil de suivi des vulnérabilités pour une adaptation ou
une résilience opérationnelle ....................................................................................................................... 371
II.3.1. Apprendre des expériences des observatoires à travers des exemples .......................................... 371
II.3.2. Orientations sur la structuration de l’observatoire..................................................................... 381
II.3.3. Mission et risques de l’observatoire ................................................................................................ 382

CONCLUSION GENERALE ......................................................................................................... 384

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES............................................................................................ 394

6. http://www.cairn.info/revue-cahiers-d-etudes-africaines-2009-1-page-147.htm............................... 414

TABLE DES ILLUSTRATIONS ...................................................................................................... 415

Liste des tableaux......................................................................................................................................... 415

Liste des figures............................................................................................................................................ 417

Liste des cartes ............................................................................................................................................. 419

Liste des photos ........................................................................................................................................... 420

ANNEXES ................................................................................................................................. 422

ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE MENAGE.................................................................................... 423

ANNEXE 2 QUESTIONNAIRES PECHEURS ................................................................................. 430

ANNEXE 3 : DECRET N° 2011-1689 DU 3 OCTOBRE 2011 PORTANT CREATION DU COMITE


NATIONAL SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES. ................................................................ 434
Vulnérabilité : concept dynamique, la vulnérabilité dřun système ou dřune communauté est déterminée
par ses composantes et leurs interrelations, son exposition, sa capacité et son aptitude à sřadapter au
changement. Elle associe fragilité environnementale et/ou humaine dřun système face à une perturbation.
Elle traduit également la probabilité quřune personne, pauvre ou non, subisse une perte significative de
bien-être en conséquence dřun changement de situation ou dřun choc. .................................................... 445

TABLE DES MATIERES .............................................................................................................. 446


Titre : VULNERABILITE ET ADAPTATION DES TERRITOIRES AUX EFFETS DU CHANGEMENT
CLIMATIQUE : Incitations globales, stratégies locales. Perspectives pour un développement territorial axé sur un suivi
de lřutilisation de lřespace et des ressources dans les Communes de Mbour, Saly et Malicounda (Sénégal)
Mots clés : Territoires, Changement climatique, vulnérabilité, Adaptation, observatoire

Résumé : Le littoral est aujourdřhui affecté par étudiées, les territoires apparaissent différemment
Titre : titre (en français)................... ... ......................... .................. ....................................... ....
phénomènes. Inondation, érosion côtière, vulnérables.
différents..........
.................. La destruction etdřhabitations
perte biodiversité, dégradation des terres…, constituent dřinfrastructures, la baisse des captures, des revenus de
Mots clés : de 3 à 6 mots clefs
autant de facteurs de dysfonctionnement. Les enjeux la pêche, du tourisme et de lřagriculture constituent des
Résumé
sont à : laEius populus
fois ab incunabulis
écologiques, primis ad et
socioéconomiques Thalassius vero ea
impacts auxquels font tempestate praefectus
face les différents acteurs dont
usque pueritiae tempus extremum, quod annis praetorio praesens ipse quoque adrogantis
politiques. Lřobservation
circumcluditur sur descircummurana
fere trecentis, zones urbaines et les stratégies
ingenii, développées
considerans ne sont généralement
incitationem eius ad ni
pertulit
ruralesbella,
Mbour,deinde
Saly etaetatem
Malicoundaingressus
montreadultam multorum
des facteurs augerinidiscrimina,
anticipatives, efficaces, senon maturitate
focalisant sur lavel
prise en
post multiplices bellorum aerumnas Alpes consiliis mitigabat, ut aliquotiens celsae
de vulnérabilité
transcendit à la foisinnaturels
et fretum, iuvenemet anthropiques.
erectus et Les charge des
potestates impacts.
iras Il se pose
principum également un sed
molliverunt, problème
changements identifiés ne peuvent être spécifiquement de responsabilité des acteurs dans la maitrise des
virum ex omni plaga quam orbis ambit inmensus, adversando iurgandoque cum parum congrueret,
reportavit laureas et triumphos, iamque vergens eum ad rabiem potius evibrabat, Augustum actus
inlřeffet
senium du et
changement
nomine soloclimatique ; ils représentent
aliquotiens vincens adaussieiusperturbations
exaggerando et de leur dynamique
creberrime docens, dansidque,
cette zone
le prolongement
tranquilliora vitaede situations enclenchées par facteurs
discessit. stratégique
incertum sur le ne
qua mente, planlateret
économique.
adfectans.Pour une bonne
quibus
Hoc inmaturo interitu ipse quoque sui pertaesus mox Caesar acrius efferatus, velut contumaciae
physiques, sociaux, économiques, politiques, propres gestion des risques cette thèse invite à une réelle
excessit e vita aetatis nono anno atque vicensimo quoddam vexillum altius erigens, sine respectu
auxquadriennio
cum territoires. Selon les perturbations
imperasset. natus apud Tuscos salutis politique dřaménagement
alienae vel suae adduvertenda
territoire et à la mise en
opposita
in Massa Veternensi, patre Constantio instar rapidi fluminis
place dřun observatoire. irrevocabili impetu
Constantini fratre imperatoris, matreque Galla. ferebatur.
Hae duae provinciae bello quondam piratico
catervis mixtae praedonum.
Titre: VULNERABILITY AND ADAPTATION OF TERRITORIES TO CLIMATE CHANGE EFFECTS.

Global incentives, local strategies. Prospects for a territorial development focused on the monitoring of land and
Title : Titre en anglais)................... ..... ....................... .................... ....................................... ..
resources..........
.................. use in the municipalities of Mbour, Saly and Malicounda (Senegal)
Keywords : de
Keywords: 3 à 6 mots
Territories, clefs en
Climate anglais
change, vulnerability, Adaptation, observatory
Abstract : Eius populus ab incunabulis primis Thalassius vero ea tempestate praefectus
ad usque pueritiae tempus extremum, quod praetorio praesens ipse quoque adrogantis
annis
Abstract: circumcluditur fere affected
The coastline is presently trecentis, ingenii,
by various considerans
the disruptions incitationem
considered. House andeiusinfrastructure
ad
circummurana pertulit bella, deinde aetatem multorum augeri discrimina, non maturitate vel
phenomena.
ingressus Flooding,
adultam coastal erosion,
post multiplices loss consiliis
bellorum of destruction, the loss ut
mitigabat, of catches, incomecelsae
aliquotiens from fishing,
aerumnas Alpes transcendit et fretum, in potestates iras principum molliverunt,
biodiversity, land degradation... are all contributing tourism and agriculture are issues faced by stakeholders sed
iuvenem erectus et virum ex omni plaga quam adversando iurgandoque cum parum congrueret,
factors
orbis to dysfunction.
ambit inmensus, There are environmental,
reportavit laureas et socio-
eum whose strategies
ad rabiem are generally
potius neither
evibrabat, anticipatory nor
Augustum
triumphos, iamque
economic and vergens
political issuesinatsenium et nomine
stake. The actuseffective,
observation eius exaggerando
and which focus creberrime docens,impacts.
on addressing
solo aliquotiens vincens ad tranquilliora vitae idque, incertum qua mente, ne lateret adfectans.
in urban and rural areas of Mbour, Saly and
discessit. Another
quibus moxissue is the acrius
Caesar responsibility of the velut
efferatus, stakeholders
Malicounda shows both natural and anthropogenic with regard to controlling disruptions and their
Hoc inmaturo interitu ipse quoque sui pertaesus contumaciae quoddam vexillum altius erigens,
excessit e vita aetatis nono anno atque sine respectu salutis alienae vel suae ad vertenda
vulnerability
vicensimo factors.
cum These changes
quadriennio may not
imperasset. only be
natus dynamics
opposita in this
instar economically
rapidi fluminis strategic area. For an
irrevocabili
the result
apud of climate
Tuscos change; Veternensi,
in Massa but also the consequence
patre impetu effective risk management, this thesis invites for a
ferebatur.
Constantio Constantini fratre imperatoris, Hae duae provinciae bello quondam piratico
of a number
matreque Galla.
of situations caused by physical, social, concrete land-use
catervis mixtae praedonum
planning policy and the establishment
economic, political and territorial factors. The of an observatory.
territories appear differently vulnerable based on

Universit é Paris-Saclay
Espace Technologique / Im m euble Discover y
Route de l’Or m e aux Mer isier s RD 128 / 91190 Saint -Aubin, Fr ance

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