2022 ete - Civil - GE5 - Corrige
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I – Cas n° 1 : 7 POINTS
En l’occurrence, un non propriétaire peut devenir propriétaire légitimement d’un bien qui ne
lui appartient pas par possession. Pour faciliter et sécuriser le commerce juridique des meubles,
une protection spéciale du possesseur de bien meuble est instaurée par l’article 2276 du Code
civil, qui ne s’applique que si plusieurs conditions sont réunies :
- Une acquisition a non domino : oui
- Le possesseur doit être de bonne foi. Ici réside une incertitude. Il faut donc distinguer
selon que le marchand est de bonne ou mauvaise foi.
En l’espèce, deux éléments permettent de douter qu’il le soit : 1/ les initiales. Mais d’un
autre côté, il s’agit d’un revendeur qui aurait parfaitement pu l’acquérir en toute régularité. 2/
surtout : le prix défiant toute concurrence et les circonstances de la vente
1,5 point
Rappel : il incombera cependant à Castafiore de démontrer la mauvaise foi du marchand car la
bonne foi est présumée (art. 2268) et s’apprécie au jour de l’entrée en possession (Cass. 1ère
civ., 27 nov. 2001). 0,5 point
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utilement pendant cette période cad de manière à acquérir par prescription trentenaire (art. 2261
C. civ.). 1,5 point
1, 5 Pt.
II – Cas n° 2 : 13 POINTS
L’action de Monsieur Robert est une action en revendication. Elle est fondée sur le droit de
propriété du verus dominus et permet de remettre en possession le propriétaire tout en
établissant en justice la nullité du titre de l’acquéreur.
En l’espèce, il s’agit d’une vente a non domino c’est-à-dire une vente de la chose d’autrui
(puisque M. Jean, l’auteur de M. Durand n’est pas propriétaire de l’immeuble). La vente est
donc nulle (art. 1599, C. civ.).
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1°) D’une part, on peut penser à l’acquisition au bénéfice de l'erreur, fondée sur la théorie de
l’apparence. Ce mécanisme repose sur l’erreur commune (error communis facit jus), cad une
acquisition de lege par égard pour l’erreur de l’acquéreur. Cette solution est jurisprudentielle et
elle est reconnue à qq rares occasions : Civ. 1ère 22 juill. 1986 ; 9 janv. 1996, n° 93-20460.
Deux conditions doivent être réunies : 1/ La bonne foi de l’acquéreur cad au sens de qqun qui
a vraiment cru au titre de son auteur ; 2/ le caractère “commun” de l'erreur + le caractère
« invincible » ou « légitime » de l'erreur cad non seulement une erreur que tout le monde aurait
pu commettre à sa place ; mais encore une erreur qu’il n’était pas possible de déceler. Au
passage, cette condition implique que l’on a affaire à une « vraie » vente donc à titre onéreux.
Cette erreur « commune » s’apprécie au regard d’un modèle abstrait : toute personne placée
dans les mêmes circonstances aurait pu commettre la même erreur.
En l’espèce : un élément peut faire douter de ce caractère « invincible » de l’erreur : la
faiblesse du prix, qui rend douteux le caractère légitime de l'erreur de M. Durand. 2 points
En l’espèce, la condition temporelle ne peut pas être remplie : cette voie est donc à écarter.
1 point
b) L’usucapion abrégée, qui peut profiter à l’acquéreur a non domino pouvant justifier
d’une possession, depuis la réforme de 2008, de 10 ans.
Les conditions sont énumérées à l’article 2272, al. 2, du Code civil : « celui qui acquiert
de bonne foi et par juste titre un immeuble en prescrit la propriété par dix ans. ».
Donc trois conditions essentielles :
- L’acquéreur d’un immeuble qui tient son titre d’un non-propriétaire peut, à certaines
conditions, prescrire le bien dans une durée plus courte, de dix ans. Ce délai se
compte dans les mêmes conditions que le régime général ; il est susceptible
d’interruption et le possesseur peut éventuellement bénéficier de la jonction de la
possession, si son propre auteur répondait aux conditions requises pour la
prescription abrégée qui permet concrètement au possesseur de joindre la durée de
sa possession à celle de son auteur afin de totaliser la durée requise pour prescrire
(art. 2265, C. civ.).
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En l’espèce, la durée est au mieux de trois ans, ce qui est insuffisant. Toutefois, on
pourrait adjoindre la possession de Jean, s’il remplit les conditions d’une possession utile, soit
8 ans. Au total, il serait possible éventuellement de remplir la condition de durée de 10 ans. 1,
5 Pt.
Précision et rectification : le sujet comporte une certaine ambiguïté. Puisqu’il est dit que M.
Jean a acquis le bien il y a 8 ans, et que M. Durand lui a acheté ce bien il y a 3 ans, les étudiants
ont pu valablement considérer que la possession de M. Jean ne pouvait être que de 5 ans, et en
conséquence, que la condition de durée de 10 ans n’est en réalité pas remplie.
- le possesseur doit être muni d’un juste titre : le juste titre est avant tout un titre au
sens de negotium, c'est-à-dire ici un acte juridique translatif de propriété (contrat de
vente, de donation, d’échange, ou bien legs). Ce titre doit être réel et non putatif. On
appelle titre putatif le titre qui n’existe que dans l’esprit de celui qui s’en prévaut (ex
: une personne possède un bien en vertu d’un legs qui en réalité a été révoqué par le
testateur). Ensuite, le titre doit présenter toutes les conditions requises pour pouvoir
transférer la propriété. Dit autrement, est un juste titre le titre qui aurait dû permettre
le transfert de la propriété mais qui n’a pas pu avoir cet effet pour la seule raison que
celui qui y a consenti n’était pas le véritable propriétaire. L’exigence d’un juste titre
a par ailleurs une conséquence sur le délai : celui-ci ne court qu’à compter de la
publication de ce titre (et non de l’entrée en possession comme pour la prescription
générale).
En l’espèce, l’existence d’un juste titre ne semble pas poser de difficulté. 1 point
- le possesseur doit être de bonne foi : cela signifie qu’il doit avoir acquis le bien
possédé d’une personne qu’il a cru être le véritable propriétaire. La bonne foi
s’apprécie donc au moment de l’acquisition du bien possédé. Elle se présume (art.
2274).
En l’espèce, on retrouve les mêmes difficultés d’appréciation de la bonne foi que pour
l’erreur commune, quoique moins marquée. Un élément déterminant repose sur l’aveu de M.
Durand. L’absence de bonne foi écarte sans doute l’application de l’usucapion abrégée. 0,5
point
B°) Si l’action en revendication prospère, quid des travaux entrepris par M. Durand ? 7
POINTS
S’agissant des éventuelles indemnisations consécutives à une action en revendication
victorieuse, il est essentiel de distinguer les améliorations des constructions nouvelles, qui
n’obéissent pas aux mêmes règles. En effet,
- Lorsque la dépense a été engagée pour planter de nouveaux végétaux ou construire
un nouvel édifice, alors elle est soumise aux règles prévues à l’article 555 du Code
civil (plantation ou construction sur le terrain d’autrui), qui ouvre droit à
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indemnisation du constructeur du fait de la perte subie en raison du mécanisme de
l’accession immobilière (art. 552, C. civ.) ;
- Lorsqu’il s’agit d’améliorations, sur le fondement de l’ancien article 1381 (prévu à
propos de l’enrichissement sans cause) ainsi de textes épars du Code civil et en
puisant dans l’héritage juridique légué par l’histoire, la jurisprudence avait bâti un
ensemble de solutions pour résoudre cette question qu’on appelle la « théorie des
impenses » (qui s’applique également dans d’autres cas voisins : par exemple
lorsque le droit du propriétaire est résolu ou annulé). Cette théorie a été
considérablement enrichie lors de la réforme du droit des obligations de 2016, et le
Code contient désormais une théorie générale des « Restitutions » (art. 1352 et s.).
1 point
1
Arg. art. 861, 1673, 2175.
2
Arg. art. 599, al. 3.
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L’agrandissement des dépendances, les installations techniques et les fenêtres pourront
être qualifiées de dépenses utiles au fonds, soumises au même régime. Si toutefois, elles étaient
qualifiées de dépenses somptuaires (peu probables) elles ne donneront pas lieu à indemnisation.
M. Durand toutefois ne pourrait rien récupérer sans dommage ici pour l’immeuble…
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