OndesElastiques

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 20

Introduction à la théorie des ondes élastiques

marc François

16 décembre 2009

Table des matières


1 Rappels unidimensionnels 3
1.1 Équation de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Onde progressive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Onde sinusoïdale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Réflexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.5 Incidence oblique, loi de Snell-Descartes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

2 Propagation des ondes élastiques planes en milieu anisotrope 10


2.1 Rappels : calcul indiciel et élasticité linéaire en 3D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.2 Équations de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.3 L’onde plane progressive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.4 Équation et tenseur de Christoffel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.5 Conséquences de cette équation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.6 Polarisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.7 Réflexion et réfraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.8 Principe de la mesure ultrasonore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

3 Milieu isotrope 17
3.1 Le tenseur acoustique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.2 Type et célérité des ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

1
Introduction
Ce cours présente la théorie des ondes élastiques dans les solides. Celles-ci sont présentes en Génie Civil,
pour les études sismiques d’une part et pour le contrôle non destructif par ultrasons d’autre part. Ce deuxième
point sera abordé au niveau pratique dans la suite du cours. La théorie est tout d’abord établie en 1D, pour
rappeler le phénomène, puis en 3D anisotrope, puis en 3D isotrope, plus simple et courant d’un point de vue
pratique.

Informations sur l’auteur


Marc François, Maître de Conférences au Laboratoire FAST, Université Paris Sud XI, Orsay
mél. : [email protected]
page web (contenant les fichiers .pdf des cours) : http ://www.fast.u-psud.fr/~francois

2
1 Rappels unidimensionnels
1.1 Équation de propagation
On considère un milieu unidimensionnel : une poutre droite (Figure 1). Les variables sont l’abscisse x et
le temps t . Le champ de déplacement est u(x, t ), le champ de déformation ε(x, t ) = ∂u/∂x et le champ de
contraintes σ(x, t ). La loi de Hooke s’écrit :
σ = E ε. (1)
−→
L’équation d’équilibre div(σ) + ~ γ (en 3D), en l’absence de forces de masse ~
f = ρ~ f , se réduit à :

σ0 = ρ ü (2)
∂σ
où σ0 = ∂x et ü = ∂2 u/∂t 2 . L’ensemble des deux donne l’équation de propagation :

Eu 00 = ρ ü (3)

u(x,t)
S
E,ρ x

F IGURE 1 – poutre droite, onde de compression.

1.2 Onde progressive


On injecte dans cette équation différentielle une forme de solution qui suppose que le même état se retrou-
vera au temps t + ∆t à l’abscisse x +C ∆t . Il s’agit d’une onde progressive (figure 2).
³ x´
u =af t − (4)
C
On en tire l’expression des déformations et contraintes associées :
a 0³ x´
ε(x, t ) = − f t− (5)
C C
aE 0 ³ x´
σ(x, t ) = − f t− (6)
C C
On injecte cette solution dans (3) et on obtient alors :

aE 00 ³ x´ ³ x´
2
f t− = ρa f 00 t − (7)
C C C

or f 00 n’est pas identiquement nul car sinon f 0 = A (cste) et f = Ax + B est une fonction monotone qui ne
correspond pas à une onde. De plus l’amplitude a 6= 0. D’où :

E = ρC 2 (8)

qui donne la dépendance entre la célérité de l’onde C , le module d’Young E et la masse volumique ρ. Cette
célérité est indépendante de la forme du signal, c’est à dire la fonction f (t ).

3
u(x,t)

x
u(x,t+∆t)

x+C∆t

F IGURE 2 – poutre droite, onde de compression progressive. L’état de compression est représenté par le niveau
de gris.

1.3 Onde sinusoïdale


On parle d’onde quand f est à moyenne nulle et de puissance finie. On peut appliquer les théories de
traitement du signal à ces fonctions, et donc les représenter en série de Fourier. On pourra donc toujours se
ramener à l’onde sinusoïdale d’équation :
³ ³ x ´´
f (x, t ) = a cos ω t − (9)
C
avec les relations classiques entre pulsation ω (rd/s), fréquence f (Hz) et période T (seconde) :


ω = 2π f = (10)
T
La période T correspond au temps au bout duquel le signal revient identique à lui-même. La longueur d’onde
λ correspond à la distance parcouru par l’onde pendant ce temps :

C
λ = CT = (11)
f

On utilise aussi le nombre d’onde k = ω/C , qui simplifie l’écriture en :

f (x, t ) = a cos(ωt − kx) (12)

1.4 Réflexion
sur un bord encastré

À l’arrivée sur une surface encastrée (paroi totalement réfléchissante, miroir) en x = 0, l’onde u i repart en
sens inverse (onde u r de vitesse −C ). La somme des deux signaux est nulle en x = 0, ∀t donc :

u i (0, t ) + u r (0, t ) = 0 (13)


³ x´
ui = af t − (14)
C
³ x´
ur = −a f t + (15)
C
Une onde de compression revient alors en onde de tension. Tout se passe comme si un signal inverse venait de
l’autre côté du miroir.

4
u(x,t)

0 x

0 x

u(x,t+∆t)

corps indéformable

F IGURE 3 – Réflexion d’une onde sur un bord encastré.

u(x,t)

0 x

0 x

u(x,t+∆t) bord libre

F IGURE 4 – Réflexion d’une onde sur un bord libre.

5
sur un bord libre

Le bord libre impose une contrainte nulle, somme des contraintes des ondes émises et réfléchies. Nous
avons alors, depuis (6) :

σi (0, t ) + σr (0, t ) = 0 (16)


aE 0 ³ x´
σi = − f t− (17)
C C
aE 0 ³ x´
σr = f t+ (18)
C C
La déformation vaut respectivement σi /E et σr /E et les déplacements s’obtiennent par intégration par rapport
à x. Il n’y a pas de constante car les déplacements sont à moyenne nulle, comme f .
³ x´
ui = a f t − (19)
C
³ x ´
ur = a f t + (20)
C
Le bord libre renvoie donc une onde de même signe que l’onde émise, au contraire du bord encastré.

réflexion et transmission entre deux solides et impédance acoustique

C1

t1 1 i 2

−C1 C2

t2 1 r t 2
x
i 0
t1

t2
r t

F IGURE 5 – Transmission et réflexion au passage d’une onde entre deux solides et graphe espace-temps. L’épais-
seur du trait suggère les amplitudes.

Au niveau du contact entre les solides 1 et 2 en x = 0 les équations de continuité des poutres en compression
s’écrivent en terme de saut :

u(0+ , t ) = u(0− , t ), ∀t (21)


+
σ(0 , t ) = σ(0− , t )∀t (22)

6
où le terme de saut représente la valeur en x + moins la valeur en x − . Nous avons en outre une onde incidente
i, une onde réfléchie r et une onde transmise t. Soit :
u t (0, t ) = u i (0, t ) + u r (0, t ) (23)
σt (0, t ) = σi (0, t ) + σr (0, t ) (24)
avec :
x
µ ¶
ui = ai f t − (25)
C1
x
µ ¶
ur = ar f t + (26)
C1
x
µ ¶
ut = at f t − (27)
C2
La condition (23) donne directement
a t = ai + ar (28)
La condition (24) s’écrit, compte tenu de (6) :
ai E 1 ar E 1 a t E 2
= + (29)
C1 C1 C2
En introduisant l’impédance acoustique, que l’on peut réécrire à l’aide de (8) :
E
Z = (30)
C
Z = ρC (31)
ρE
p
Z = (32)
nous avons :
Z2 a t = Z1 (a i − a r ) (33)
En combinant (28, 33) il vient l’expression des coefficients de réflexion et de transmission :

2
ar/ai
1.5 at/ai

0.5

−0.5

−1
0 1 2 3 4 5

F IGURE 6 – Intensité des ondes transmises et réfléchies en fonction du rapport d’impédance Z2 /Z1

ar Z1 − Z2
= (34)
ai Z1 + Z2
at 2Z1
= (35)
ai Z1 + Z2
– si Z2 = ∞, a r = −a i et a t = 0 l’onde est intégralement réfléchie, on retrouve le cas du bord encastré
(l’amplitude a r négative obtenue indique que le signal est inversé.
– si Z2 = 0, a r = a i l’onde est réfléchie et de même signe, on retrouve le cas du bord libre ; le résultat sur a t
n’a pas de sens car il n’y a pas de matière (Z2 = 0 ⇒ ρ 2 = 0 ou E 2 = 0).

7
cas des ondes sinusoïdales, onde stationnaire

On suppose qu’une onde sinusoïdale rencontre un bord encastré en x = 0. Les équations (14, 15) donnent,
dans ce cas :
³ ³ ωx ´ ³ ωx ´´
u = u i + u r = a cos ωt − − cos ωt + (36)
C C
ωx
= 2a sin(ωt ) sin (37)
C
La vibration est le produit d’un terme en espace et d’un terme en temps découplés. Tout aspect de propagation
disparaît, l’onde est stationnaire. Les noeuds de vibration (aucun déplacement) sont donnés par :
ωx
= nπ (38)
C
Entre deux noeuds on a un ventre d’amplitude maximale. Le problème du résonateur consiste à se donner
deux parois fixes, une en x = −L et l’autre en x = 0. Les ondes stationnaires qui pourront exister doivent avoir
les noeuds en ces points, on en déduit la gamme de fréquences possibles pour le résonateur :

ωL
= nπ (39)
C
nπC
ω = (40)
L
nC
f = (41)
2L
C 2L
λ = = (42)
f n
λ
⇒L = n (43)
2

1.5

0.5

−0.5

−1

−1.5

−2
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1

F IGURE 7 – résonnateur : les trois premiers modes d’ordres N ∈ {1, 2, 3}

1.5 Incidence oblique, loi de Snell-Descartes


Par un calcul 2D ou 3D analogue au précédent, on démontre que les angles incidents θi , réfléchis θr et
transmis θt obéissent à la loi de Snell-Descartes :

sin(θi ) sin(θr ) sin(θt )


= = (44)
Ci Cr Ct

8
Ci
θi
θt
θr Ct
Cr

F IGURE 8 – Réflexion et transmission en incidence oblique, loi de Descartes.

Dans l’hypothèse précédente où la célérité ne dépends pas de l’angle (milieu isotrope), les angles θi et θr sont
égaux. L’angle le plus faible est dans le milieu où la célérité est la plus faible. On montre que cette loi est équiva-
lente au choix du trajet le plus rapide pour l’onde. Les équations de continuité (23, 24) sont valables, la figure (8)
illustre la conservation des amplitudes par l’épaisseur des traits. Les lois de Descartes sont valables en milieu
anisotrope, mais plus difficiles à calculer car la célérité dépend alors de la direction (l’angle θ ou deux angles,
en 3D).

9
2 Propagation des ondes élastiques planes en milieu anisotrope
2.1 Rappels : calcul indiciel et élasticité linéaire en 3D
La relation de comportement σ = E ε en 1D se généralise en 3D : chaque composante σij du tenseur σ
dépends linéairement de toutes les composantes εkl du tenseur ε. Il y a donc autant de coefficients que de
termes εkl . On a, tensoriellement :

σ = C:ε (45)
σij = C ijkl εkl (46)

Dans cette expression, les indices k et l sont sommés. Les indices i et j ne sont pas sommé. On rappelle la règle
de sommation d’Einstein :
Les indices répétés sont des indices muets, ils sont sommés.
Les indices non répétés sont des indices francs, ils ne sont pas sommés.
Une équation indicielle représente autant d’équation qu’il y a de combinaisons d’indices francs. Par exemple :
σij = C ijkl εkl représente 9 équations ; u i = 0 représente 3 équations. On en profite pour rappeler qu’un vecteur
est un tenseur du premier ordre, et qu’un scalaire peut être assimilé à un tenseur d’ordre 0.
Le terme muet signifie que l’on peut nommer autrement ces indices, sans changer la valeur de l’expression.
Par exemple :

C ijkl εkl = C ijpq εpq (47)


= C ijlk εlk ... (48)

Ce n’est pas vrai pour les indices francs (les indices sont supposés sans relation entre eux) :

C ijkl εkl 6= C pqkl εkl (49)


Si l’on fait le calcul du nombre de termes de C ijkl cela fait 34 = 81 constantes C ijkl , qui est un tenseur du
quatrième ordre dans un espace à trois dimensions. Le tenseur ε est symétrique, cela est dû à son calcul depuis
les déformations :

ε u ) +t grad(~
¢
= grad(~ u) (50)
2
1
εij = (u i,j + u j,i ) (51)
2
εij = εji (52)

On en déduit aisément une relation de symétrie indicielle sur les coefficients de C, la première petite symétrie :

C ijkl εkl = C ijkl εlk (53)


= C ijlk εkl (54)
⇒ C ijkl = C ijlk (55)

En considérant la symétrie indicielle de σ , on obtient la seconde petite symétrie de C :

σij = σji (56)


C ijkl εkl = C jikl εkl (57)
⇒ C ijkl = C jikl (58)

Si l’on fait le compte, en tenant compte de ces symétries indicielles, il reste 36 termes pour C ijkl . On peut le
comprendre en groupant par deux les permutations possibles des paires de premier et second indices : Grâce
à cette convention de Voigt, on peut écrire σ et ε sous la forme d’un vecteur 6x1 et C sous la forme d’une

10
(i,j) 11 22 33 23 31 12
I 1 2 3 4 5 6
(k,l) 11 22 33 23 31 12
J 1 2 3 4 5 6

matrice 6x6. Voir détails dans le cours d’analyse tensorielle. Enfin il existe la grande symétrie de C. Elle aussi est
démontrée dans le poly de calcul tensoriel. Elle s’écrit :

C ijkl = C klij , (59)

et ramène le nombre de contantes de C de 36 à 21. En effet, on peut alors écrire C sous la forme d’une matrice
6x6 symétrique C IJ qui possère alors 6+5+4+3+2+1 = 21 termes.

2.2 Équations de propagation


Nous reprenons en 3D les travaux du chapitre 1.1. Le déplacement est maintenant un champ ~ x , t ) où ~
u (~ x est
le vecteur position. Nous rappelons les équations disponibles (en écriture intrinsèque tout d’abord) : l’équilibre
(où nous supposerons les forces à distance nulles ~
f =~0), la loi de comportement élastique isotrope et l’écriture
du tenseur des déformations (en hypothèse de petites perturbations, satisfaisantes en général pour les ondes
mécaniques élastiques).
−→
div(σ) + ~
f = ρ~ u¨ (60)
(61)

Reprenons ces équations en calcul indiciel :

σij,j + f i = ρu i,tt (62)


σij = C ijkl εkl (63)
1
σij = (C ijkl u k,l +C ijkl u l,k )
2
Les indices k et l sont muets :
1
σij = (C ijkl u k,l +C ijlk u k,l )
2
La petite symétrie de C s’applique :
1
σij = (C ijkl u k,l +C ijkl u k,l )
2
σij = C ijkl u k,l (64)

L’équation d’équilibre (60) s’écrit et se transforme compte tenu de ce résultat :

C ijkl u k,lj = ρu i,tt (65)

Cette dernière équation se nomme l’équation de propagation. Tout type d’onde lui obéit.

2.3 L’onde plane progressive


Le passage en 3D de l’équation unidimensionnelle (4) nécessite de redéfinir l’abscisse x. En 3D les point
dans le même état (qui ont tous le même déplacement ~ u ) sont ceux d’un plan d’onde, perpendiculaire à la
direction de propagation ~n . La distance à considérer est maintenant à mesurer suivant ~ n , d’où l’introduction
du produit scalaire ~
n .~
x.
~
n .~
x
µ ¶
~ x, t ) = ~
u (~ af t − (66)
C
dans laquelle ~
a représente la direction de vibration des particules (on la choisit normée).

11
C

x
Ο n

y u

λ=Ct

F IGURE 9 – Plans d’onde.

F IGURE 10 – Une ola, exemple d’onde en propagation (milieu 2D).

F IGURE 11 – La lumière, issue d’une source ponctuelle, est une onde électromagnétique sphérique.

12
2.4 Équation et tenseur de Christoffel
On injecte la forme de l’onde plane (66) dans l’équation de propagation (65). Et on s’accroche pour le calcul
suivant. Notons que l’on suppose ici que ~ a ne dépends ni de x p ni de t (conservation de l’énergie). Pour le
premier membre :
³ np xp ´
uk = ak f t − (67)
C
n p δpl 0 ³ np xp ´
u k,l = −a k f t−
C C
nl 0 ³ np xp ´
u k,l = −a k f t − (68)
C C
n l n p δpj 00 ³ np xp ´
u k,lj = a k f t−
C C C
n j n l 00 ³ np xp ´
u k,lj = a k 2 f t − (69)
C C
nj nl ³ np xp ´
C ijkl u k,lj = C ijkl a k 2 f 00 t − (70)
C C
(71)

Quand au second
³ np xp ´
u i,tt = a i f 00 t − (72)
C
(73)

On peut alors égaliser et, pour une onde à accélération f 00 non identiquement nulle, il vient :
nj nl
C ijkl a k = ρa i
C2
n jC ijkl n l a k = ρC 2 a i
n jC jikl n l a k = ρC 2 a i (74)

Il suffit d’observer l’écriture intrinsèque de cette équation pour exhiber le tenseur acoustique (tenseur de Chris-
toffel), du second ordre Γ. Et on se rend compte que la direction de vibration des particules ~ a n’est pas quel-
conque : c’est un vecteur propre de Γ.
~
n .C.~ a = ρC 2 ~
n .~ a (75)
Soit, pour bien voir les choses :

Γ = ~
n .C.~
n (76)
2
Γ.~
a = ρC ~
a (77)

2.5 Conséquences de cette équation


Commençons par montrer que Γ est un tenseur symétrique. Commençons par inverser les indices muets i
et l :

Γjk = n iC ijkl n l (78)


= n lC ljki n i

Ensuite on exploite les grandes et petites symétries de C :

Γjk = n lC kilj n i
= n iC ikjl n l
Γjk = Γkj

13
Maintenant, montrons que Γ est défini positif. La démonstration commence par le fait que C est défini positif.

∀ε, ε:C:ε>0 (79)

Formons le produit suivant afin de montrer qu’il est positif :

~
a .Γ.~
a = ~
a .(~
n .C.~
n ).~
a (80)
= a j n iC ijkl n l a k (81)

Symétrisons cette expression en utilisant les petites symétries de C pour la rapprocher de (79) :


~
¢
a .Γ.~
a = a i n jC ijkl a k n l + a i n jC ijkl a l n k + a j n iC ijkl a k n l + a j n iC ijkl a l n k
4
1
= a ⊗~
(~ n : C(~ a ⊗~ n +~ n ⊗~ a ) +~ n ⊗~ a : C(~ a ⊗~ n +~ n ⊗~ a ))
4
~
a ⊗~ n +~ n ⊗~ a ~
a ⊗~ n +~ n ⊗~ a
µ ¶ µ ¶
= :C: (82)
2 2

Hors cette expression est positive, selon (79), car ~


a ⊗~
n +~ n ⊗~a est un tenseur symétrique, donc fait partie des ε
« quelconques ».
En conséquence, le tenseur Γ est symétrique et défini positif. Ces valeurs propres ρC i2 (i varie de 1 à 3) sont
positives et ses vecteurs propres ~
a i sont orthogonaux ; ils forment donc la bases propre de Γ.

ρC 12
 
0 0
Γ=  0 ρC 22 0  (83)
0 0 ρC 32 {~a a 2 ,~
a3 }
1 ,~

2.6 Polarisations
Nous exploitons les résultats précédents. La direction de vibration ~
a 1 est choisi comme celle qui est la plus
proche de la direction de propagation ; c’est la quasi-longitudinale. Les deux autres sont nommées les quasi-
transversales. Chaque polarisation possède sa célérité C i associée. Pour comprendre la différence entre direc-

F IGURE 12 – Ondes plane, cas général du milieu anisotrope : les trois polarisations.

tion de vibration et direction de propagation, revenons à la ola : la direction de vibration est verticale (bras des
gens) et celle de polarisation est horizontale (les rangées de spectateurs). Cette onde est transversale. Notons
de plus que la condition Γ défini positif entraîne ρC i2 > 0 donc les célérités C i sont réelles.

14
2.7 Réflexion et réfraction
Les équations rappelées pour le milieu 1D demeurent valables. À ceci près que les indices C 1 et C 2 ne sont
plus définis de manière unique (sauf dans le cas isotrope ci-après), mais dépendent de la direction de propa-
gation par le fait que ρC 2 est (une des trois) valeur (s) propre (s) de Γ = ~n .C.~
n . On représente des courbes de
lenteurs (inverse des célérités) en fonction de la direction ~n (voir le livre de Dieulesaint et Royer). Le passage

F IGURE 13 – Exemples de courbes de lenteur dans des monocristaux (Marie-Aude PLOIX, INSA, Lyon)

d’une onde à un interface s’accompagne en général de réflexion, réfraction et de changements de modes : une
Q.L. peut se transformer en un bouquet Q.L., Q.T.1, Q.T.2 au niveau des ondes transmises. On peut aussi exciter
des ondes de surfaces (Rayleigh, Lamb, Love).

F IGURE 14 – S. Baste et B. Hosten. Evaluation de la matrice d’élasticité des composites orthotropes par propaga-
tion ultrasonore en dehors des plans principaux de symétrie. Revue Phys. Appl. 25 (1990)

15
2.8 Principe de la mesure ultrasonore
Un transducteur (figure 15) émet une vibration dans une direction connue ~ e , sur toute sa surface plane de
normale ~
n . Celle-ci est en général soit longitudinale si ~
e =~
n soit transversale si ~
e .~
n = 0. Le plan, mis en vibration
uniforme est donc un plan d’onde et sa normale ~ n devient la direction de propagation de l’onde. L’émetteur est

n n

type P (pressure) type S (shear)


longitudinal transverse

F IGURE 15 – Emetteurs P et S.

mis en contact avec le solide étudié. L’onde émise se projette sur le trièdre ~ a i des vibrations possibles pour la
direction de propagation ~
n.
~
e = (~
e .~
a 1 )~
a 1 + (~
e .~
a 2 )~
a 2 + (~
e .~
a 3 )~
a3 (84)
Chaque onde se déplace dans la direction ~n avec une célérité a priori différente (figure 16). Le transducteur
récepteur fonctionne de même. La direction ~
r est sa direction de sensibilité. Supposons que, comme c’est sou-

à l'émission
a3
au bout de ∆t réception d'un signal
a2
C3 C2
e e
a1 C1
n

F IGURE 16 – Décomposition de la vibration à l’émission et projection à la réception

vent le cas ; ~
r =~
e . L’intensité I i du signal reçu est proportionnel à la projection de la polarisation i sur cette
direction :
I i = (~ a 1 )2
e .~ (85)
Dans le cas général, ce type d’essai peut alors montrer, à la réception, les trois signaux distincts (figure 17)

16
deux signaux quasi-tranverses
signal quasi-
longitudinal

intensité (U.Arbitraires)
0E+0

1E-5

2E-5

3E-5

4E-5

5E-5
temps (s)

F IGURE 17 – Mesure ultrasonore sur du bois montrant les trois signaux (auteur). L’émetteur est du type trans-
versal.

3 Milieu isotrope
3.1 Le tenseur acoustique
Rappelons l’expression du tenseur d’élasticité isotrope : on identifie les composantes C ijkl de C depuis l’ex-
pression de Lamé :

σ = C:ε (86)
σ = 2µε + λtrace(ε)I (87)
σij = 2µεij + λεpp δij (88)
= 2µδik δjl εkl + λδij δkl εkl (89)

Cette forme est exacte mais n’impose pas la symétrie de C (en kl). On l’obtient par l’expression équivalente
suivante :
σij = µ δik δjl + δil δjk εkl + λδij δkl εkl
¡ ¢
(90)
Celle-ci permet d’identifier les coefficients C ijkl .

C ijkl = µ δik δjl + δil δjk + λδij δkl


¡ ¢
(91)

On calcule maintenant le tenseur acoustique avec cette expression :

Γ = ~
n .C.~
n
Γjk = n iC ijkl n l
µ n i δik δjl n l + n i δil δjk n l + λn i δij δkl n l
¡ ¢
=
= µ(n k n j + n i n i δjk ) + λn j n k
Γjk = (λ + µ)n j n k + µδjk (92)
Γ = µI + (λ + µ)~
n ⊗~
n (93)

On se place dans une base orthonormée contenant ~


n pour l’écriture en matrice :

λ + 2µ
 
0 0
Γ= 0 µ 0  (94)
0 0 µ {~n ,•,•}

17
3.2 Type et célérité des ondes

ondes transversales célérité CT

onde longitudinale célérité CL


n

F IGURE 18 – Propagation des ondes dans le milieu isotrope.

La forme (94) ci-dessus montre un espace propre de dimension 1, de valeur propre λ+µ et de vecteur propre
~
n . En identifiant avec 83, on en déduit, en renommant ~
a1 = ~
a L ("L" pour longitudinal) que :

~
aL = ~
n (95)
ρC L2 = λ + 2µ (96)

De même (94) montre que l’on a un sous-espace propre de dimension 2 constitué d’un plan orthogonal à ~
n
associé à la valeur propre µ. On nomme ~
a T un vecteur normé de ce plan :

~
a T .~
n = 0 (97)
ρC T2 = µ (98)

D’un point de vue physique deux ondes peuvent se propager dans le milieu p isotrope :
– une onde longitudinale de direction de vibration ~
n et de célérité C L = (λ + 2µ)/ρ
n et de célérité C T = µ/ρ
p
– une onde transversale (ou de cisaillement) de direction de vibration ⊥~

F IGURE 19 – onde p (de pression, longitudinale)

Célérité des polarisations longitudinales et transversales

Beaucoup d’ouvrages (même l’excellent livre de [Die74]) supposent λ > 0 et en déduisent ceci :

λ + 2µ > 2µ
ρC L2 > 2ρC T2
p
CL > 2C T (99)

Généralement vraie, cette relation n’est toutefois pas exacte... Ce n’est pas λ qui doit être positif pour que C soit
défini positif, c’est le module de compressibilité K et la relation n’est pas identique :
3K − 2µ
λ + 2µ = + 2µ (100)
3

18
F IGURE 20 – onde s (de cisaillement, transversale)

4
= K+ µ (101)
3
4 4
K >0⇒K + µ > µ (102)
3 3
4
ρC L2 > ρC 2
3 T
2
CL > p CT (103)
3

Cette
p équation est plus restrictive car le coefficient est seulement de 1,1547 au lieu de 1,414. Toutefois la limite
en 2 s’applique pour les matériaux à λ > 0 qui sont aussi ceux à coefficient de Poisson ν > 0 qui sont quand
même l’immense majorité... Les ondes longitudinales sont en tous cas plus rapides que les ondes transversales.
Ceci est exploité en prévision sismique : l’onde longitudinale, moins destructrice, est un précurseur de l’arrivée
de l’onde de cisaillement et permet (à condition d’être rapide !) d’évacuer la zone (en fait, l’anisotropie du sol
et les directions de propagations différentes pour ces deux modes rendent cette méthode malheureusement
presque inutilisable). En fonction des constantes ingénieur E et ν, nous avons :

1−ν
ρC L2 = E (104)
(1 + ν)(1 − 2ν)
E
ρC T2 = (105)
2(1 + ν)

Notons qu’au chapitre (1) nous avions une célérité ρC L2 = E ; la raison est que l’onde se déplace en 3D avec
un déplacement latéral nul, contrairement au calcul barre qui suppose une déformation transversale du type
εT = −νεL . Les relations inverses, qui nous serviront en TP, sont :

3C L2 − 4C T2
E = ρC T2 (106)
C L2 −C T2
C L2 − 2C T2
ν = (107)
2(C L2 −C T2 )

Les fluides ont un module de cisaillement µ = 0. La relation (98) montre qu’il n’y a pas d’onde de cisaillement
et la relation (96) donne, en fonction du module de compressibilité (de Kelvin) K (= λ dans ce cas) :

ρC 2 = K (108)

Donnons maintenant quelques célérités pour les matériaux courants :

19
TABLE 1 – quelques célérités

matériau ρ (gk/m3 ) E (GPa) ν C L (m/s) C T (m/s)


acier 7800 200 0,33 5800 3100
béton 2000 30 0,2 4080 2500
bois L 1000 20 0,2 4700 2886
air 1,2 K=0,141 MPa - 340 -
eau 1000 K=2.25 GPa - 1500 -

Références
B. A. AULD, 1973. Acoustic fields and waves in solids. John Wiley and Sons
J. K RAUTKRAMER ET H. K RAUTKRAMER, 1977. Ultrasonic testing of materials. Springer verlag
J. L. R OSE, 1999. Ultrasonic waves in solid media. Cambridge University press
A. Z AREMBOWITCH. Les Ultrasons. Que sais-je ?

20

Vous aimerez peut-être aussi