COURREGE Jordan. Memoire de DES 2020
COURREGE Jordan. Memoire de DES 2020
COURREGE Jordan. Memoire de DES 2020
THÈSE
POUR LE DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
oOo
oOo
JURY :
Université d’Aix-Marseille – Faculté de Pharmacie – 27 bd Jean Moulin – CS 30064 - 13385 Marseille cedex 05 - France
Tél. : +33 (0)4 91 83 55 00 - Fax : +33 (0)4 91 80 26 12
2
27 Boulevard Jean Moulin – 13385 MARSEILLE Cedex 05
Tel. : 04 91 83 55 00 – Fax : 04 91 80 26 12
ADMINISTRATION :
PROFESSEURS
3
MAITRES DE CONFERENCES
ENSEIGNANTS CONTRACTUELS
PROFESSEURS
4
MAITRES DE CONFERENCES
ATER
A.H.U.
PROFESSEURS
5
MAITRES DE CONFERENCES
A.H.U.
ATER
6
DEPARTEMENT MEDICAMENT ET SECURITE SANITAIRE
Responsable: Professeur Benjamin GUILLET
PROFESSEURS
MAITRES DE CONFERENCES
PHARMACODYNAMIE M. Guillaume
HACHE Mme Ahlem
BOUHLEL
M. Philippe GARRIGUE
PHYSIOLOGIE Mme Sylviane LORTET
Mme Emmanuelle MANOS-SAMPOL
A.H.U.
ATER.
7
CHARGES D’ENSEIGNEMENT A LA
9
Remerciements
M. le Dr Philippe MAURAN
Je suis honoré et je vous remercie d’avoir accepté de m’accompagner dans ce
projet. Ce sujet qui nous intéresse tant et qui n’a jamais cessé d’agrémenter nos
discussions lors de mes visites à la pharmacie... Merci pour toutes ces transmissions
de connaissances, mais également de votre patience à mon égard. Vous êtes un de
mes maîtres et je ne peux qu’en être fier. Je vous remercie une dernière fois pour
vos conseils et votre ouverture d’esprit.
10
Aux maîtres croisés sur mon chemin :
Un grand merci à Mme. le Dr. Gaëlle de Barry, Mme. le Dr. Anne Jalabert pour
mon initiation à la pharmacie hospitalière lors de mon semestre au sein du
préparatoire du CHU Lapeyronie.
Un grand merci à M. le Dr. Yohan Audurier pour ton écoute, tes connaissances et
ton calme, je suis ravi d’avoir pu travailler à tes côtés, à M. le Dr. Nicolas Chapet et
Mme. le Dr. Betty Mathieu pour votre aide lors de mes premières gardes, pour votre
aide et soutien lors des choix de stages mais aussi pour ces restaurants partagés à
vos côtés.
Un grand merci à M. le Dr. Maxime Villiet pour ton encadrement et la confiance que
tu as su me donner.
Un grand merci à l’équipe des essais cliniques de la Timone : Mme. le Dr.
Bénédicte Deluca-Bosc et Mme. le Dr. Marjorie Roudot pour votre joie de vivre et
votre rigueur. Ainsi qu’à toute l’équipe des essais, petite dédicace à Stephy.
Un grand merci à M. le Pr. Hubert Blain, je vous admire par votre calme et vos
connaissances qui nous donne envie de travailler en gériatrie.
Un grand merci à M. le Dr. William Champeau pour tous les accompagnements lors
de mes gardes, à ta joie de vivre et à un amour partagé par la pharmacie clinique et
la bière. À Mme. le Dr. Annabelle Coste, pour tes conseils et ta motivation à exercer
notre belle discipline de pharmacie clinique.
Un grand merci à M. le Dr. Christophe Courrege, pour votre sagesse et votre
accompagnement lors de mon semestre uzétien passé à vos côtés.
Un grand merci à l’équipe pharmaceutique de Nîmes, à Mme. le Dr. Virginie
Chasseigne pour ton dynamisme, à M. le Dr. Anas Gahbiche pour notre premier
semestre à l’UPO ensemble et ton humour et blagues, à Mme. le Dr. Christelle
Gillet pour ces journées de « confinement » passées à tes côtés et pour un amour
partagé pour les cookies, à Mme. le Dr. Pascal Brouard pour ton calme et ton
ouverture d’esprit, à M. le Dr. Florent Dubois pour ta confiance et ton humour, à
Mme. le Dr. Violaine Delannoy pour toutes ces discussions dignes d’une grande
psychologues, à Mme. le Dr. Chloé Choukroun pour ta joie de vivre et une passion
partagée pour la gériatrie, à Mme. le Dr. Géraldine LEGUELINEL-BLACHE pour ta
sincère gentillesse, à Mme. le Dr. Clarisse ROUX-MANSON et M. le Dr. Jean-
Marie Kinowski pour votre confiance. Et à tous ceux que j’ai pu oublier…
11
Aux internes en pharmacie :
Un grand merci à tous les internes en pharmacie avec qui j’ai travaillé tout au long de
l’internat, une pensée particulière à Sylvain mon premier co-interne, ce fut un plaisir
de te retrouver lors de notre passage à l’UPO. Une pensée amicale et bièrement
votre pour Clément et Adrien. Une autre pensée amicale à Julie pour ces soirées
bien sympathiques, à Loriane pour les fameux trajets parisiens pour le DU et
accessoirement les apéros. Un grand merci à tous mes co-internes nîmois : Djamila
pour ta justesse, Claire pour ta folie, Guillaume pour ta persévérance, Mathilde
pour ta sincérité, Justine pour ton sérieux…
12
À ma famille :
À toi, Maman, Mum’s, merci pour ton courage, ton amour. C’est grâce à toi que j’ai
réussi à être la personne que je suis. Je t’aime.
À Audrey, ma jumelle, merci pour cette complicité et ton amour.
À Virginie, ma grande sœur, merci pour ta protection et ton amour.
À Léana, tu es un véritable rayon de soleil. À John de rendre ma sœur heureuse.
À Tata, la protectrice, merci pour tout ton amour et pour tous ces moments passés à
tes côtés.
À Tonton, l’italien, dur à l’extérieur mais fragile à l’intérieur, merci d’avoir toujours cru
en moi depuis que le début. Je suis fier d’être ton neveu.
À Casimir, merci pour ces coiffures, ces repas partagés à tes côtés. C’est toujours
un plaisir de partager un moment à Beausoleil.
À Luca, le « cousin », avec l’accent c’est encore mieux… Je suis fier de toi car tu as
beaucoup de valeurs et tu es une personne sensible et intelligente.
À Jean-Noël, mon frangin, on sera toujours là l’un pour l’autre, je m’excuse de la
simplicité de mes phrases mais je te laisse ton talent artistique pour embellir ce
travail. À Papy et mamie Courrege, merci pour ces heures passées à vous regarder
travailler dans le jardin, à ces jeux de cartes et de dés et pour la transmission de
valeurs essentielles pour être une bonne personne.
À Maki, mamie Maki, merci pour tous ces moments de partages mais également de
réflexions que l’on a pu avoir et qu’on aura encore, le Japon n’est qu’à quelques
kilomètres…
À Julien, mon tonton américain, une rencontre tardive mais une complicité déjà
installée… Une grande pensée à toi et à ta famille.
À Mathilde pour tes conseils, ta sensibilité, les moments partagés, ta protection…
À Richard, pour ta connaissance, ta protection et la transmission de valeurs...
À tous les membres de la belle-famille, Gaëlle et Patrick, Charlotte et Vincent,
Agata et Thomas, Paula et Gabriel, Liam et Manon, Jean-Pierre et Emma,
Margot, Mémé Marinette et aux autres membres des familles Caillaud-Guerrieri-
Lancini, qui ont su m’accueillir les bras grands ouverts au sein de leur famille.
Aux personnes aimées parties trop tôt, Coco et Papy JP, Mamie Gertie, Pépé
Jacky, Anunciata.
13
À toi mon ange, cela fait plus de cinq ans que l’on partage notre vie ensemble.
Je te remercie de m’avoir « supporté » durant la fin des études à la fac et durant tout
l’internat, ce qui n’a pas toujours été facile…
Nous allons écrire une nouvelle histoire ensemble et j’en suis le plus heureux…
Tout simplement, mais très passionnément, je t’aime.
14
Table des matières
Liste des abréviations 17
Introduction 23
1.1 Le rein 25
3.1 Recommandations 56
3.2 Choix d’une formule d’estimation du DFG pour les adaptations posologiques des
médicaments 56
Partie 2 : 69
15
chez le sujet hospitalisé en unité de court séjour gériatrique 69
1. Introduction 70
2.2 Ethique 71
3. Résultats 76
4. Discussion 104
Conclusion 114
Bibliographie 117
Annexes 123
Résumé 132
16
Liste des abréviations
17
IRC : Insuffisance rénale chronique
KDIGO : Kidney disease improving global outcomes
LCR : Liquide cérébrorachidien
MDRD : Modification of the diet in renal disease
MDRDc : MDRD corrigé à la surface corporelle
MISAG : Service de médecine interne soins aigus gériatriques
MNA : Mini Nutritional Assessment
MRC : Maladie rénale chronique
NHANES : Programme de recherche National health and nutrition examination
survey
OCT2 : Organic cation transporter 2
PCT : Procalcitonine
PTH : Hormone parathyroïdienne
RCP : Résumé caractéristiques des produits
SC : Surface corporelle
SRAA : Système rénine angiotensine aldostérone
TCD : Tube contourné distal
TCP : Tube contourné proximal
TcTDPA : Acide diéthylènetriaminopentaacétique marqué au technetium
Vd : Volume de distribution
18
Liste des figures
19
Figure 23 : Distribution du stade de l’insuffisance rénale en fonction de l’équation
d’estimation du DFG..................................................................................................87
Figure 24 : Répartition des divergences d’adaptation posologique selon la méthode
d’estimation de la fonction rénale..............................................................................90
Figure 25 : Distribution des divergences d’adaptation posologique par classe médico-
thérapeutique.............................................................................................................91
Figure 26 : Comparaison des divergences d’adaptation posologique détectée selon
l’âge (A), l’IMC (B) - test non paramétrique de Mann Whitney...................................99
Figure 27 : Tracé de Bland et Altman pour l’estimation du DFG avec ou sans
correction à la surface corporelle selon CKD-EPI (A), selon MDRD (B), selon BIS (C)
............................................................................................................................... 102
Figure 28 : Distribution des médianes de la surface corporelle estimée selon cinq
méthodes................................................................................................................. 103
20
Liste des tableaux
21
Tableau 21 : Distribution des médicaments et prescriptions s’adaptant à la fonction
rénale et des divergences selon la formule d’estimation utilisée...............................90
Tableau 22 : Distribution des médicaments sujets aux divergences d’adaptation
posologique par classe médico-thérapeutique..........................................................91
Tableau 23 : Distribution des divergences des médicaments cardiologiques............92
Tableau 24 : Distribution des divergences des médicaments de la coagulation........93
Tableau 25 : Distribution des divergences des médicaments de la douleur..............93
Tableau 26 : Distribution des divergences des médicaments endocrinologiques......93
Tableau 27 : Distribution des divergences des médicaments anti-infectieux.............94
Tableau 28 : Distribution des divergences des médicaments neurologiques............94
Tableau 29 : Distribution des divergences des médicaments : divers.......................95
Tableau 30 : Liste des 41 médicaments exposant à un risque de toxicité lors d’une
mauvaise adaptation posologique (liste non-exhaustive)..........................................96
Tableau 31 : Liste des 10 médicaments à risque selon l’étude Med-APPRaISE (51)
................................................................................................................................. 97
Tableau 32 : Distribution des patients en fonction de la présence ou de l’absence de
divergences d’adaptation posologique.......................................................................98
Tableau 33 : Comparaison du eDFG en fonction de la correction à la surface
corporelle selon la formule de Dubois², test non paramétrique de Wilcoxon...........100
Tableau 34 : Caractéristiques des différences entre un DFG estimé avec ou sans
correction à la surface corporelle.............................................................................100
22
Introduction
Les personnes âgées sont dites fragiles, faisant partie des âges extrêmes de la vie.
Ces fragilités sont multifactorielles et la polymédication constitue un facteur de risque
majeur du grand âge.
Les posologies des médicaments s’adaptent en fonction de divers paramètres
physiologiques mais l’état de la fonction rénale qui constitue la principale voie
d’élimination d’une majorité de médicaments joue un rôle majeur. Cependant,
l’évaluation de la fonction rénale basée sur l’estimation du débit de filtration glomérulaire
(DFG) des patients a fait l’objet de nombreuses évolutions depuis plus de 50 ans. Sa
mesure directe est basée sur le recueil des urines de 24 heures et le dosage de la
créatininurie et de la créatinémie sur cette période, mais c’est une opération longue et
difficile à réaliser notamment chez les sujets âgés. C’est pourquoi divers marqueurs
biologiques ont été évalués (créatinine, cystatine C, inuline…) et ont servi de socles à
l’élaboration de formules mathématiques destinées à définir un débit de filtration
glomérulaire estimé (eDFG). La majorité des formules d’estimation du DFG reposent
actuellement sur le dosage de la créatininémie. Test rapidement réalisable et peu
coûteux. Mais les choses sont loin d’être simples.
Le clinicien a ainsi le choix entre de nombreuses formules d’estimation du eDFG allant
de la méthode de Cockcroft et Gault (CG) à des solutions plus récentes comme les
formules de MDRD, CKD-EPI et BIS1.
Plus insidieux, les méthodes de dosage de la créatininémie ont évolué au cours des
années passant de techniques colorimétriques dite de Jaffé à des procédés
enzymatiques standardisés. Cependant, il existe des écarts entre les mesures obtenues
par ces différentes méthodes sur des échantillons identiques liées à la présence
d’éventuelles substances interférentes.
Autre point important, certaines méthodes d’estimation du eDFG sont rendues pour une
surface corporelle standardisée (1,73m²) mais les avis diffèrent sur l’opportunité d’un
ajustement effectif du DFG à la surface corporelle réelle de chaque patient.
Face à ces multiples interrogations, le but de cette thèse est de faire dans un premier
temps un point précis sur les différents éléments permettant d’estimer la fonction rénale.
Dans une deuxième partie, nous évaluerons sur une cohorte 194 patients âgés l’impact
du choix d’une méthode particulière d’estimation du DFG et les conséquences
pharmacologiques de ces différentes formules sur les adaptations posologiques des
médicaments de nos patients.
23
Partie 1 : Estimation de la fonction rénale chez l'Homme
24
1. Système rénal
1.1 Le rein
1.1.1. Anatomie du rein
Le rein fait partie du système urinaire. Il s’agit d’un organe épurateur, primordial pour
l’homéostasie de l’organisme. (1) Les deux reins sont localisés au sein de la loge
rénale (loge cellulo-adipeuse), située dans l’espace rétropéritonéal au niveau des
fosses lombaires, de part et d’autre de la colonne vertébrale, encadrés par la paroi
abdominale postérieure et le diaphragme. (2)
25
Il est structuré de la façon suivante :
- Une capsule : enveloppe externe ayant pour but de le protéger.
- Un parenchyme : partie contenant les unités fonctionnelles du rein, les
néphrons.
- Les calices et le bassinet : zones collectrices de l’urine. (L’urine va tout
d’abord passer par les calices, puis les bassinets afin de se déverser dans
l’uretère.)
26
Figure 3 : Structure de l’unité fonctionnelle du rein : le néphron (3)
Les reins sont vascularisés par l’artère rénale, branche de l’aorte abdominale et par
la veine rénale transportant le sang filtré du rein vers la veine cave inférieure. Il s’agit
d’une description du réseau vasculaire très brève, mais la vascularisation du
glomérule rénal est intéressante car elle conditionne le bon fonctionnement des
unités fonctionnelles rénales.
Pour la suite nous parlerons essentiellement d’artériole afférente (en amont du
glomérule) et d’artériole efférente (en aval du glomérule), jouant un rôle majeur dans
la régulation de la filtration glomérulaire et du bon fonctionnement rénal.
27
1.1.2. Physiologie (3,4)
28
1.1.3 Physiologie rénale chez la personne âgée
Comme tout organe, le rein n’est pas inerte face au vieillissement physiologique.
Le vieillissement correspond à l’ensemble des processus physiologiques et
psychologiques qui modifient la structure et les fonctions de l’organisme à partir de
l’âge mûr. Il est la résultante de facteurs génétiques (vieillissement intrinsèque) et de
facteurs environnementaux auxquels est soumis l’organisme tout au long de sa vie.
D’un point de vu anatomique, les reins des personnes âgées présentent une taille
réduite résultant d’une diminution du cortex rénal.
D’un point de vu physiologique, le DFG diminue dès l’âge adulte. Cette réduction est
estimée à 0,7mL/min/an. De plus, le rein va perdre en capacité et/ou vitesse
d’adaptation à diverses situations.(4,5)
Les perturbations hydroélectrolytiques du sujet âgé sont répertoriées dans le tableau
ci-dessous :
29
1.1.3.2 Insuffisance rénale aiguë
30
1.2.1 Marqueurs endogènes
1.2.1.1 Créatinine
1.2.1.1.1 Caractéristiques
La créatinine est une substance endogène candidate pour être un marqueur idéal.
Il s’agit du marqueur le plus utilisé en pratique clinique pour l’estimation de la fonction
rénale. (7)
La créatinine est le produit du métabolisme de la créatine musculaire. La production
de créatinine est en lien avec la masse musculaire de chaque individu. (8)
La synthèse par l’organisme de la créatinine est stable sur de courtes périodes, mais
il existe des facteurs de variations comme les repas riches en créatine (9) ou un
effort musculaire intense.
La créatinine est une protéine de faible poids moléculaire. Elle circule sous sa forme
libre (forme non liée aux protéines plasmatiques). Elle est filtrée et excrétée dans les
urines ; cependant il existe une sécrétion tubulaire au niveau du tube contourné
proximal, médiée par un transporteur cationique, l’OCT2. Cette sécrétion représente
une part minoritaire de la créatinine retrouvée dans l’urine, et est donc considérée
comme négligeable. (10)
La sécrétion de la créatinine est dépendante de plusieurs facteurs :
- État de la fonction rénale : le débit de sécrétion augmente en parallèle d’une
diminution de débit de filtration glomérulaire
- Substances compétitives : des médicaments sont également sécrétés par le
transporteur OCT2 et peuvent donc rentrer en compétition avec la créatinine.
Il s’agit de : cimétidine, triméthoprime, amiodarone, pyriméthamine. (11)
31
1.2.1.1.2 Dosages de la créatinine : généralités
32
Les méthodes enzymatiques se développent en 1937 lorsque Dubos et Miller isolent
plusieurs souches de bactéries produisant des enzymes capables de dégrader la
créatinine, en urée et ammoniac. Ils mettent alors en place une technique de dosage
avant et après mise en contact du sérum avec un extrait brut de bactéries ce qui
permet alors d’obtenir une différence qui est censée représenter les chromogènes.
On peut alors retrouver une concentration dite « vraie » en créatinine. Cette méthode
historique n’est plus utilisée mais a permis de lancer les recherches sur les méthodes
enzymatiques.
Actuellement, la méthode enzymatique la plus utilisée est basée sur une suite de
réaction :
1°) la créatinine est d’abord dégradée en créatine par la créatininase,
2°) la créatine est convertie en sarcosine par la créatinase,
3°) la sarcosine est convertie en formaldéhyde, glycine et eau oxygénée par la
sarcosine peroxydase.
La production d’eau oxygénée est alors quantifiée par une dernière réaction
enzymatique.
33
1.2.1.2 Cystatine C
1.2.1.2.1 Caractéristiques
Les concentrations sont retrouvées plus faibles chez les femmes mais cette
différence n’a plus lieu d’être après 60 ans. C’est ainsi que l’on peut en déduire que
l’âge aurait un impact sur la production de cette protéine.
Depuis 1999, la concentration en CysC était connue comme étant indépendante de
la masse musculaire, contrairement à la production de la créatinine. Cependant par
la suite, les cellules musculaires étant les plus nombreuses cellules nuclées de
l’organisme d’autres études démontrent que la production de CysC est en lien avec
la masse musculaire, malgré une plus faible variabilité que celle retrouvée avec la
créatininémie. (18)
D’autres facteurs comme l’inflammation, notamment par le rôle de l’interleukine-6,
l’hyperthyroïdie, les processus néoplasiques, le tabagisme et l’alcool semblent
également avoir une influence sur la production de CysC. Cependant, les études
démontrant ces variations sont réalisées in vitro, ou sur des cohortes de patients
ayant une méthodologie peu robuste et sa physiologie reste encore à explorer.
34
1.2.1.2.3 Dosage de la cystatine C
35
1.2.2 Marqueurs exogènes
1.2.2.1 Inuline
Ce sont des substances ayant un comportement rénal idéal et qui sont par définition
marquées radioactivement.
Les marqueurs les plus utilisés sont : le iothalamate (125I), le diéthylène triamino-
penta-acétate marqué au technetium (99m TcDTPA) et l’éthylène diamine tétra
acétique acide marqué au Chrome 51 (51CrEDTA).
L’utilisation de ces marqueurs permet une grande précision dans l’estimation de la
clairance urinaire ou plasmatique. Cependant, elle nécessite un circuit spécifique aux
substances radioactives et donc une injection dans un centre agréé et expose les
patients ainsi que les manipulateurs (infirmiers, médecins, laborantins…) à une
radioactivité. De plus, leur usage est contre indiqué chez la femme en cas de
grossesse.
36
1.2.2.3 Produits de contraste iodés : iohexol
37
1.2.3 Comparaison des marqueurs d’estimation de la fonction rénale
38
Tableau 4 : Comparaison des marqueurs exogènes et endogènes de la fonction
1.2.3 Classifications de l’insuffisance rénale chronique
39
À ce jour, la créatinine est le principal marqueur utilisé en pratique courante
quotidienne pour évaluer la fonction rénale, plus particulièrement la fonction
glomérulaire.
Son utilisation soulève deux problématiques :
- Les caractéristiques physiologiques de la créatinine s’écartent d’un «
marqueur idéal ». (Sécrétion tubulaire, concentration dépendante de la masse
musculaire…)
- Les problématiques liées aux dosages de la créatinine. (Les méthodes de
dosage n’ont cessé d’évoluer au fil du temps, et les premières équations
d’estimation de la fonction rénale se sont basées sur des résultats analytiques
utilisant une méthode très souvent différente des méthodes actuelles)
40
2. Les principales méthodes d'estimation de la fonction rénale à
partir de la créatininémie
41
2.1. Mesure du débit de filtration glomérulaire
[𝑈]×𝑉
La clairance de cette substance
est donc par définition égale au DFG.
[𝑃]
Le recueil des urines de 24 heures, permet d’obtenir un DFG mesuré (mDFG) réel
par cette méthode. Il s’agit en théorie, d’une méthode de référence qui est cependant
très difficile à mettre en œuvre en pratique car elle nécessite le recueil exact des
urines sur 24 heures.
Il est alors nécessaire de mettre au point des méthodes d’estimation du DFG (eDFG)
reposant sur les formules détaillées par la suite. (CG, MDRD, CKD-EPI, BIS1…).
42
2.2 Cockcroft & Gault
43
Figure 9 : Formules d’estimation de la clairance de la créatinine utilisées dans l’étude de
Cockcroft & Gault (26)
Cockcroft et Gault démontrent que leur formule d’estimation expose à une plus faible
variation de la clairance de la créatinine et à une meilleure corrélation par rapport aux
autres formules.
Il est important de noter que cette équation se base sur la mesure de la créatininémie
et de la créatininurie estimées grâce à la méthode colorimétrique de Jaffé. Les
résultats obtenus sont basés sur un échantillon de 249 patients âgés de 18 à 92 ans,
composé à 96% d’hommes.
Les auteurs soulèvent certaines limites à l’utilisation de cette méthode :
- La créatininémie est dépendante de la production de créatinine par le corps,
et elle est variable avec l’âge (risque de sous-estimation).
- La variation journalière de sécrétion de créatine dans le sérum (pic de plus de
30% à 19h00).
- L’utilisation de sang total à la place du sérum (risque de sous-estimation)
- La méthode de dosage de la créatinine prenant en compte ou non la présence
de chromogènes.
- L’existence d’une rétro-inhibition de production de la créatinine lorsque la
créatininémie est trop élevée.
Malgré ces limitations, les auteurs concluent qu’il y aurait moins de variations
d’estimation liée à l’équation que de variations pouvant être causées par le dosage
de la créatinine, par la récolte des urines et qu’il s’agirait alors d’une méthode plus
fiable, plus pratique de l’évaluation de la clairance de la créatinine chez les patients
adultes et hospitalisés.
44
2.3 Modification of Diet in Renal Disease
2.3.1. MDRD 1999
45
Figure 10 : Caractéristiques de la population de l’étude MDRD (28)
46
2.3.2. MDRD 2006
L’équipe américaine du Dr. Levey (29) a cherché durant plus de sept ans à améliorer
l’équation créée en 1999 à l’aide de l’étude MDRD. Afin de faciliter la détection,
l’évaluation et la prise en charge de la maladie rénale chronique ; il est préconisé de
diminuer un risque d’erreur important pouvant être dû aux variations des méthodes
de dosage de la créatinine. Il est donc préconisé d’utiliser une méthode standardisée.
Le collège américain de pathologiste a mis en place un isotope dilué servant au
contrôle de la justesse des automates utilisés pour le dosage de la créatinine. (30,31)
Suite à l’utilisation de cette nouvelle méthode standardisée, l’équation initiale est
donc modifiée pour prendre en compte cette nouvelle pratique.
47
2.4 Chronic Kidney Disease Epidemiology
L’équipe du Dr. Levey (32) a cherché une fois de plus à améliorer les équations
d’estimation de la fonction rénale. Les précédentes équations comme le MDRD
présentent certaines imprécisions et ont tendance à sous-estimer la mesure du DFG
pour les patients ayant un DFG > 60mL/min/1,73m².
Dans le but de créer une nouvelle équation d’estimation de la fonction rénale basée
sur la créatininémie, une étude transversale est menée sur la population américaine.
(Figure 11)
Les données de la population américaine utilisées pour créer la nouvelle équation
sont issues de 26 études basées sur des marqueurs exogènes pour obtenir des DFG
mesurés. Les dosages de la créatinine sont réalisées par des méthodes calibrées.
48
La nouvelle équation obtenue utilise les mêmes paramètres que celles de MDRD : la
créatininémie, l’âge, le sexe et l’origine ethnique. (Figure 12)
Figure 13 : DFG estimé en fonction du DFG mesuré selon CKD-EPI et MDRD (32)
49
L’équation CKD-EPI présente moins de biais que l’équation MDRD, notamment pour
les patients ayant un DFG > 60mL/min/1,73m². Cependant, un biais persiste, il s’agit
d’une sous-estimation du eDFG par rapport au mDFG pour des valeurs de DFG
comprises entre 30 et 90 mL/min/1,73m².
Les chercheurs de cette étude proposent des pistes d’amélioration dans l’estimation
du DFG : utilisation de nouveaux marqueurs comme la cystatine C utilisées seule ou
en association à la créatininémie. Ils recommandent la réalisation d’études basées
sur des populations plus représentatives comme les personnes âgées et les
minorités raciales et mettent en garde sur l’utilisation de ces équations issues de la
créatininémie pour les personnes ayant une masse musculaire très faible ou au
contraire très développée.
50
2.5 Berlin International Study
2.5.1 Berlin International Study 1 et Berlin International Study 2
Ces deux équations prennent en compte les mêmes données clinico-biologiques que
les autres formules déjà développées : la créatininémie, l’âge et le sexe.
La validation de ces équations a été réalisée en comparant la différence entre le
mDFG mesuré et l’eDFG estimé à l’aide de BIS1 et BIS2.
51
Figure 14 : Différences entre DFG estimé et DFG mesuré en fonction du DFG estimé
par BIS1, CG et CKD-EPI (34)
Les équations BIS1 et BIS2 ont montré une meilleure précision et un meilleur accord
avec le DFG mesuré par CKD-EPI, CG et MDRD. Les nouvelles informations que
nous apportent cette étude sont tout d’abord que MDRD est une équation qui
surestime le DFG chez les personnes âgées. Cette surestimation est d’autant plus
importante que le DFG est élevé. Par la suite, l’équation de CG est l’équation qui
présente le moins de biais de différence avec les équations de BIS mais plus de 20%
des patients ont une erreur de stade de la maladie rénale chronique.
Le mDFG mesuré par la clairance de l’iohexol montre un DFG inférieur à toutes les
équations d’estimation utilisées à présent ce qui a tendance à correspondre à une
surestimation de la fonction rénale chez la personne âgée ayant une fonction rénale
normale ou légèrement diminuée.
52
Cette étude comporte plusieurs biais :
- Absence de validation externe.
- Biais de sélection : les personnes se sont vues proposer d’être dans le bras
« iohexol » et n’ont pas été tirées au hasard.
- La prévalence d’un eDFG estimé par le MDRD < 60 mL/min/ 1,73m² était de
7% inférieure à celle d’autres cohortes de personnes âgées.
- La population sélectionnée ne prend pas en compte les patients de race noire
et ne comprend pas les sujets atteints d’une insuffisance rénale sévère.
- Utilisation de l’iohexol et non de l’iothalamate qui était l’étalon utilisé pour
l’étude CKD-EPI et MDRD.
- Absence de mesures répétées de créatininémie pouvant influencer le reflet
d’une chronicité.
53
2.6 Comparaison des méthodes d’estimation rénale basées sur
la créatininémie
𝑓𝑒𝑚𝑚𝑒)
𝐹𝑒𝑚𝑚𝑒: 𝑐𝑟é𝑎𝑡𝑖𝑛𝑖𝑛é𝑚𝑖𝑒 ≤ 62µ𝑀
𝑐𝑟é𝑎𝑡𝑖𝑛𝑖𝑛é𝑚𝑖𝑒 (µ𝑀)
∶ 144 × ( ⁄ ) 0,7 × 0,993
−0,329 â𝑔𝑒 (𝑎𝑛𝑛é𝑒)
54
- Les données clinico-biologiques utilisées :
Tableau 10 : Tableau comparatif des équations CG, MDRD, CKD-EPI, BIS selon les
caractéristiques des patients issues des études (26,31,32,33,34)
55
3. Adaptation des médicaments à la fonction rénale chez la
personne âgée
3.1 Recommandations
56
Cependant, cette indexation pourrait engendrer une variation du DFG et par
conséquent une sous-exposition chez le sujet obèse et à l’inverse une surexposition
chez le sujet très maigre.
Les KDIGO (24), la FDA (37), et l’EMA (38) recommandent l’utilisation d’un DFG non
indexée à la surface corporelle. CG et les mDFG ne présentent pas d’indexation à la
surface corporelle (soit un DFG exprimé en mL/min) alors CKD-EPI, MDRD, BIS1
présentent une indexation de 1,73m² (soit un DFG exprimé en mL/min/1,73m²). Ces
recommandations bien que logique d’un point de vue théorique, n’ont jamais été
conforté par une étude analysant l’impact clinique sur l’utilisation de la désindexation
ou de la non-indexation. Cette problématique a théoriquement un impact significatif
chez les sujets ayant une surface corporelle éloignée de 1,73m².
Trois paramètres statistiques sont utilisés pour évaluer la capacité d’une équation à
estimer le DFG mesuré (36) :
- Biais : différence moyenne ou médiane entre le DFG estimé et le DFG mesuré
: il s’agit de la conceptualisation de l’erreur systématique entre les deux
valeurs. Si une méthode sous-estime systématiquement de 5mL/min un DFG,
il sera assez aisé de rajouter cette même valeur pour en déterminer le DFG
mesuré.
- Précision : écart-type ou écart interquartile autour du biais. Il s’agit de la
dispersion des points autour du biais ou de la conceptualisation de l’erreur
aléatoire de la formule. Elle n’est donc pas corrigeable. Pour une équation du
DFG, nous cherchons une méthode la plus précise possible.
- Exactitude : pourcentage de patients dont le DFG estimé est compris entre –
x % et +x % de la valeur du DFGm : ce paramètre intègre à la fois l’erreur
systématique et l’erreur aléatoire.
Lorsque nous prenons ces paramètres afin de déterminer la performance
intrinsèque des équations, CKD-EPI et MDRD sont bien supérieures au CG qui
présente une moins bonne précision, notamment pour les DFG <
60mL/min/1,73m² (critère éligible à l’adaptation posologique médicamenteuse)
L’équation de MDRD a tendance à sous-estimer les DFG pour les sujets sains,
notamment pour les femmes jeunes. Les recommandations internationales et
l’HAS recommandent donc l’utilisation du CKD-EPI pour l’estimation du DFG.
57
3.2.2 Cockcroft & Gault
58
Exemple d’un homme de 80 ans (36) :
Ce type d’étude nous permet d’identifier des profils à risques mais ne prétend pas
nous indiquer la fréquence de ces profils dans une population réelle.
59
15
Créatininémie (umol/L)
30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200 210 220 230 240 250
25 -19,6 -26,0 -28,9 -30,3 -30,9 -31,1 -26,3 -22,8 -20,0 -17,7 -15,8 -14,3 -13,0 -11,8 -10,9 -10,0 -9,3 -8,6 -8,0 -7,5 -7,0 -6,6 -6,2
30 -13,9 -22,5 -26,8 -29,0 -30,2 -30,9 -26,0 -22,4 -19,6 -17,3 -15,4 -13,9 -12,5 -11,4 -10,4 -9,6 -8,9 -8,2 -7,6 -7,1 -6,7 -6,2 -5,9
35 -7,5 -18,6 -24,2 -27,3 -29,2 -30,3 -25,3 -21,8 -18,9 -16,6 -14,8 -13,2 -11,9 -10,8 -9,9 -9,0 -8,3 -7,7 -7,1 -6,6 -6,2 -5,8 -5,4
40 -0,7 -14,2 -21,3 -25,3 -27,8 -29,3 -24,4 -20,8 -18,0 -15,8 -14,0 -12,4 -11,2 -10,1 -9,2 -8,3 -7,6 -7,0 -6,5 -6,0 -5,6 -5,2 -4,8
45 6,5 -9,5 -18,0 -23,0 -26,1 -28,1 -23,2 -19,7 -17,0 -14,8 -13,0 -11,5 -10,3 -9,2 -8,3 -7,6 -6,9 -6,3 -5,8 -5,3 -4,9 -4,5 -4,2
50 14,0 -4,5 -14,5 -20,4 -24,2 -26,7 -21,9 -18,5 -15,8 -13,7 -11,9 -10,5 -9,3 -8,3 -7,5 -6,7 -6,1 -5,5 -5,0 -4,6 -4,2 -3,8 -3,5
55 21,8 0,7 -10,8 -17,7 -22,1 -25,1 -20,4 -17,1 -14,5 -12,4 -10,8 -9,4 -8,3 -7,3 -6,5 -5,8 -5,2 -4,7 -4,2 -3,8 -3,4 -3,1 -2,8
60 29,9 6,1 -6,9 -14,7 -19,8 -23,3 -18,8 -15,6 -13,1 -11,1 -9,5 -8,2 -7,1 -6,2 -5,5 -4,8 -4,2 -3,7 -3,3 -2,9 -2,6 -2,3 -2,1
65 38,1 11,7 -2,8 -11,6 -17,4 -21,4 -17,0 -13,9 -11,6 -9,7 -8,2 -7,0 -5,9 -5,1 -4,4 -3,8 -3,3 -2,8 -2,4 -2,1 -1,8 -1,5 -1,3
70 46,5 17,5 1,4 -8,4 -14,9 -19,4 -15,2 -12,2 -10,0 -8,2 -6,8 -5,6 -4,7 -3,9 -3,3 -2,7 -2,2 -1,8 -1,5 -1,2 -0,9 -0,6 -0,4
Poids
(kg)
75 55,0 23,4 5,8 -5,1 -12,3 -17,3 -13,2 -10,5 -8,3 -6,7 -5,3 -4,3 -3,4 -2,7 -2,1 -1,6 -1,2 -0,8 -0,5 -0,2 0,0 0,2 0,4
80 63,7 29,4 10,2 -1,7 -9,6 -15,1 -11,2 -8,6 -6,6 -5,1 -3,8 -2,9 -2,1 -1,4 -0,9 -0,4 -0,1 0,3 0,5 0,8 1,0 1,1 1,3
85 72,5 35,5 14,8 1,9 -6,7 -12,8 -9,1 -6,7 -4,8 -3,4 -2,3 -1,4 -0,7 -0,1 0,4 0,7 1,1 1,3 1,6 1,8 1,9 2,1 2,2
90 81,5 41,8 19,4 5,5 -3,8 -10,4 -7,0 -4,7 -3,0 -1,7 -0,7 0,1 0,7 1,2 1,6 2,0 2,2 2,4 2,6 2,8 2,9 3,0 3,1
95 90,5 48,1 24,2 9,2 -0,9 -8,0 -4,7 -2,7 -1,1 0,1 0,9 1,6 2,2 2,6 2,9 3,2 3,4 3,6 3,7 3,8 3,9 4,0 4,0
100 99,7 54,5 29,0 13,0 2,2 -5,5 -2,5 -0,6 0,8 1,8 2,6 3,2 3,6 4,0 4,3 4,5 4,6 4,7 4,8 4,9 4,9 4,9 5,0
105 108,9 61,0 33,9 16,8 5,3 -2,9 -0,1 1,6 2,8 3,7 4,3 4,8 5,2 5,4 5,6 5,7 5,8 5,9 5,9 6,0 6,0 5,9 5,9
110 118,2 67,6 38,9 20,7 8,4 -0,3 2,2 3,7 4,8 5,5 6,1 6,4 6,7 6,9 7,0 7,0 7,1 7,1 7,1 7,0 7,0 6,9 6,9
115 127,6 74,2 43,9 24,7 11,7 2,4 4,7 5,9 6,8 7,4 7,8 8,1 8,2 8,3 8,4 8,4 8,3 8,3 8,2 8,1 8,1 8,0 7,9
120 137,0 80,9 49,0 28,7 14,9 5,1 7,1 8,2 8,9 9,3 9,6 9,7 9,8 9,8 9,8 9,7 9,6 9,5 9,4 9,3 9,1 9,0 8,9
125 146,6 87,7 54,1 32,8 18,2 7,8 9,6 10,5 11,0 11,3 11,4 11,4 11,4 11,3 11,2 11,1 10,9 10,7 10,6 10,4 10,2 10,1 9,9
15B
Créatininémie (umol/L)
30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200 210 220 230 240 250
25 -107,5 -75,2 -56,8 -45,2 -37,2 -31,4 -27,1 -23,7 -21,0 -18,8 -16,9 -15,4 -14,1 -13,0 -12,0 -11,1 -10,4 -9,7 -9,1 -8,6 -8,1 -7,7 -7,3
30 -108,8 -75,7 -57,0 -45,2 -37,1 -31,2 -26,8 -23,4 -20,7 -18,4 -16,6 -15,1 -13,8 -12,6 -11,7 -10,8 -10,1 -9,4 -8,8 -8,3 -7,8 -7,4 -7,0
35 -108,9 -75,4 -56,5 -44,6 -36,5 -30,6 -26,2 -22,8 -20,1 -17,9 -16,0 -14,5 -13,2 -12,1 -11,2 -10,3 -9,6 -8,9 -8,3 -7,8 -7,4 -6,9 -6,6
40 -108,0 -74,3 -55,4 -43,6 -35,5 -29,7 -25,3 -21,9 -19,3 -17,1 -15,3 -13,8 -12,5 -11,5 -10,5 -9,7 -9,0 -8,4 -7,8 -7,3 -6,8 -6,4 -6,1
45 -106,3 -72,7 -53,9 -42,2 -34,2 -28,5 -24,2 -20,9 -18,3 -16,2 -14,4 -13,0 -11,7 -10,7 -9,8 -9,0 -8,3 -7,7 -7,2 -6,7 -6,2 -5,9 -5,5
50 -104,0 -70,6 -52,1 -40,5 -32,7 -27,1 -22,9 -19,7 -17,1 -15,1 -13,4 -12,0 -10,8 -9,8 -9,0 -8,2 -7,6 -7,0 -6,5 -6,0 -5,6 -5,2 -4,9
55 -101,0 -68,1 -49,9 -38,6 -30,9 -25,5 -21,4 -18,3 -15,9 -13,9 -12,3 -11,0 -9,8 -8,9 -8,1 -7,3 -6,7 -6,2 -5,7 -5,3 -4,9 -4,5 -4,2
60 -97,7 -65,3 -47,5 -36,4 -29,0 -23,7 -19,8 -16,8 -14,5 -12,6 -11,1 -9,8 -8,8 -7,9 -7,1 -6,4 -5,8 -5,3 -4,9 -4,5 -4,1 -3,8 -3,5
65 -93,8 -62,1 -44,8 -34,1 -26,9 -21,9 -18,1 -15,3 -13,1 -11,3 -9,8 -8,6 -7,6 -6,8 -6,1 -5,4 -4,9 -4,4 -4,0 -3,7 -3,3 -3,0 -2,8
70 -89,7 -58,7 -41,9 -31,6 -24,7 -19,9 -16,3 -13,6 -11,5 -9,8 -8,5 -7,4 -6,4 -5,7 -5,0 -4,4 -3,9 -3,5 -3,1 -2,8 -2,5 -2,2 -2,0
Poids
(kg)
75 -85,2 -55,1 -38,9 -28,9 -22,4 -17,8 -14,4 -11,9 -9,9 -8,3 -7,1 -6,1 -5,2 -4,5 -3,9 -3,4 -2,9 -2,5 -2,2 -1,9 -1,6 -1,4 -1,2
80 -80,4 -51,3 -35,6 -26,2 -19,9 -15,6 -12,4 -10,0 -8,2 -6,8 -5,6 -4,7 -3,9 -3,3 -2,7 -2,3 -1,9 -1,5 -1,2 -1,0 -0,8 -0,6 -0,4
85 -75,3 -47,2 -32,3 -23,3 -17,4 -13,3 -10,4 -8,2 -6,5 -5,2 -4,1 -3,3 -2,6 -2,0 -1,5 -1,1 -0,8 -0,5 -0,2 0,0 0,2 0,3 0,5
90 -70,0 -43,0 -28,8 -20,3 -14,7 -10,9 -8,2 -6,2 -4,7 -3,5 -2,6 -1,8 -1,2 -0,7 -0,3 0,0 0,3 0,6 0,8 0,9 1,1 1,2 1,3
95 -64,5 -38,7 -25,2 -17,2 -12,0 -8,5 -6,0 -4,2 -2,8 -1,8 -1,0 -0,3 0,2 0,6 0,9 1,2 1,5 1,7 1,8 1,9 2,1 2,1 2,2
100 -58,8 -34,2 -21,4 -14,0 -9,2 -6,0 -3,8 -2,2 -1,0 -0,1 0,6 1,2 1,6 2,0 2,2 2,4 2,6 2,8 2,9 3,0 3,0 3,1 3,1
105 -52,9 -29,5 -17,6 -10,7 -6,3 -3,5 -1,5 -0,1 1,0 1,7 2,3 2,7 3,1 3,3 3,5 3,7 3,8 3,9 4,0 4,0 4,0 4,0 4,1
110 -46,8 -24,8 -13,7 -7,3 -3,4 -0,9 0,9 2,1 2,9 3,5 4,0 4,3 4,6 4,7 4,9 5,0 5,0 5,0 5,1 5,0 5,0 5,0 5,0
115 -40,5 -19,9 -9,6 -3,9 -0,4 1,8 3,3 4,3 4,9 5,4 5,7 5,9 6,1 6,2 6,2 6,2 6,2 6,2 6,2 6,1 6,1 6,0 5,9
120 -34,1 -14,9 -5,5 -0,4 2,6 4,5 5,7 6,5 7,0 7,3 7,5 7,6 7,6 7,6 7,6 7,5 7,5 7,4 7,3 7,2 7,1 7,0 6,9
125 -27,6 -9,8 -1,4 3,1 5,7 7,3 8,2 8,7 9,0 9,2 9,2 9,2 9,2 9,1 9,0 8,9 8,7 8,6 8,4 8,3 8,2 8,0 7,9
Créatininémie (umol/L)
15 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200 210 220 230 240 250
25 -121,6 -96,4 -80,5 -69,4 -61,2 -54,9 -49,9 -45,8 -42,3 -39,4 -36,9 -34,7 -32,8 -31,1 -29,6 -28,3 -27,0 -25,9 -24,9 -24,0 -23,1 -22,3 -21,6
30 -124,0 -98,7 -82,6 -71,3 -63,0 -56,6 -51,5 -47,3 -43,7 -40,8 -38,2 -36,0 -34,0 -32,3 -30,7 -29,3 -28,0 -26,9 -25,8 -24,9 -24,0 -23,2 -22,4
35 -125,1 -99,9 -83,8 -72,5 -64,2 -57,7 -52,5 -48,3 -44,7 -41,7 -39,1 -36,8 -34,9 -33,1 -31,5 -30,1 -28,8 -27,6 -26,6 -25,6 -24,7 -23,8 -23,1
40 -125,2 -100,3 -84,3 -73,1 -64,8 -58,3 -53,2 -48,9 -45,3 -42,3 -39,7 -37,4 -35,4 -33,7 -32,1 -30,6 -29,3 -28,1 -27,1 -26,1 -25,2 -24,3 -23,5
45 -124,3 -100,0 -84,3 -73,2 -65,0 -58,6 -53,5 -49,2 -45,7 -42,7 -40,1 -37,8 -35,8 -34,0 -32,4 -31,0 -29,7 -28,5 -27,4 -26,4 -25,5 -24,7 -23,9
50 -122,8 -99,1 -83,8 -73,0 -64,9 -58,6 -53,5 -49,3 -45,8 -42,8 -40,2 -38,0 -36,0 -34,2 -32,6 -31,2 -29,9 -28,7 -27,6 -26,7 -25,7 -24,9 -24,1
55 -120,7 -97,8 -82,9 -72,4 -64,5 -58,3 -53,3 -49,2 -45,8 -42,8 -40,2 -38,0 -36,0 -34,3 -32,7 -31,3 -30,0 -28,8 -27,8 -26,8 -25,9 -25,0 -24,2
60 -118,0 -96,1 -81,7 -71,5 -63,8 -57,8 -52,9 -48,9 -45,5 -42,6 -40,1 -37,9 -36,0 -34,2 -32,7 -31,3 -30,0 -28,8 -27,8 -26,8 -25,9 -25,1 -24,3
65 -114,9 -94,0 -80,3 -70,4 -63,0 -57,1 -52,4 -48,4 -45,1 -42,3 -39,8 -37,7 -35,8 -34,1 -32,5 -31,2 -29,9 -28,8 -27,7 -26,7 -25,9 -25,0 -24,3
Poids
70 -111,4 -91,7 -78,5 -69,1 -61,9 -56,2 -51,6 -47,8 -44,6 -41,8 -39,4 -37,3 -35,5 -33,8 -32,3 -31,0 -29,7 -28,6 -27,6 -26,6 -25,7 -24,9 -24,2
(kg)
75 -107,6 -89,0 -76,6 -67,5 -60,7 -55,2 -50,8 -47,1 -44,0 -41,3 -39,0 -36,9 -35,1 -33,5 -32,0 -30,7 -29,5 -28,4 -27,4 -26,4 -25,6 -24,8 -24,0
80 -103,4 -86,1 -74,4 -65,8 -59,3 -54,1 -49,8 -46,3 -43,3 -40,7 -38,4 -36,4 -34,6 -33,1 -31,6 -30,3 -29,2 -28,1 -27,1 -26,2 -25,3 -24,6 -23,8
85 -98,9 -83,0 -72,0 -64,0 -57,8 -52,8 -48,7 -45,3 -42,4 -39,9 -37,7 -35,8 -34,1 -32,6 -31,2 -29,9 -28,8 -27,8 -26,8 -25,9 -25,1 -24,3 -23,6
90 -94,2 -79,7 -69,5 -62,0 -56,1 -51,4 -47,5 -44,3 -41,5 -39,1 -37,0 -35,2 -33,5 -32,0 -30,7 -29,5 -28,4 -27,4 -26,4 -25,6 -24,8 -24,0 -23,3
95 -89,2 -76,2 -66,8 -59,8 -54,4 -49,9 -46,3 -43,2 -40,5 -38,2 -36,2 -34,5 -32,9 -31,4 -30,2 -29,0 -27,9 -26,9 -26,0 -25,2 -24,4 -23,7 -23,0
100 -84,1 -72,5 -64,0 -57,6 -52,5 -48,3 -44,9 -42,0 -39,5 -37,3 -35,4 -33,7 -32,2 -30,8 -29,6 -28,4 -27,4 -26,5 -25,6 -24,8 -24,0 -23,3 -22,7
105 -78,7 -68,6 -61,1 -55,2 -50,5 -46,7 -43,5 -40,7 -38,4 -36,3 -34,5 -32,9 -31,4 -30,1 -28,9 -27,8 -26,8 -25,9 -25,1 -24,3 -23,6 -22,9 -22,3
110 -73,1 -64,7 -58,0 -52,8 -48,5 -44,9 -42,0 -39,4 -37,2 -35,2 -33,5 -32,0 -30,6 -29,4 -28,2 -27,2 -26,3 -25,4 -24,6 -23,8 -23,1 -22,5 -21,9
115 -67,4 -60,5 -54,9 -50,2 -46,3 -43,1 -40,4 -38,0 -35,9 -34,1 -32,5 -31,1 -29,8 -28,6 -27,5 -26,5 -25,6 -24,8 -24,0 -23,3 -22,6 -22,0 -21,4
120 -61,5 -56,3 -51,6 -47,5 -44,1 -41,2 -38,7 -36,6 -34,7 -33,0 -31,5 -30,1 -28,9 -27,8 -26,8 -25,8 -25,0 -24,2 -23,4 -22,8 -22,1 -21,5 -21,0
125 -55,4 -51,9 -48,2 -44,8 -41,9 -39,3 -37,0 -35,1 -33,3 -31,8 -30,4 -29,1 -28,0 -26,9 -26,0 -25,1 -24,3 -23,5 -22,8 -22,2 -21,6 -21,0 -20,5
Figure 15 : Différences entre CG et CKD-EPI (A), MDRD (B), BIS1 (C) en fonction de la
créatininémie et du poids chez un homme de 80 ans (36)
60
3.2.4 Adaptation posologique chez le sujet âgé
Chez la personne âgée, nous devons faire face à une absence de données et
d’études comparant les conséquences cliniques éventuelles de l’utilisation de
différentes formules. Des équations spécifiquement développées à partir d’une
population gériatrique comparable pourrait avoir un intérêt dans l’adaptation
posologique des médicaments. Il peut également s’avérer nécessaire de choisir une
méthode d’estimation en fonction d’un profil de patient.
61
4. Choix de la méthode d'estimation rénale : estimation du risque
d'erreur en gériatrie
Un des objectifs de notre est d’estimer un risque d’erreur ou d’écart potentiel lors du
choix de la méthode d’évaluation du DFG chez la personne âgée.
62
- Médicaments présents aux concentrations très élevées pour les méthodes
enzymatiques (lidocaïne, acide ascorbique, dopamine, dobutamine,
acétylcystéine, cimétidine, triméthoprime, fibrates…).
Dans un troisième temps, une des plus grandes difficultés pour l’analyse de la
créatininémie est la corrélation entre la production musculo-dépendante de la
créatinine et la perte de la masse musculaire chez les personnes âgées.
63
4.2 Choix de l’équation d’estimation de la fonction rénale
La formule de Cockcroft et Gault est utilisée comme référence par les gériatres et
sera positionnée comme référence dans l’étude présentée en partie 2.
En 2008, la revue de médecine interne (43) publie une étude comparative de trois
méthodes d’estimation de la fonction rénale chez des sujets d’âge moyen 82,4 ans
+/- 7,1 ans hospitalisés en unité de court séjour gériatrique. Dans cette étude, la
clairance de la créatinine a été estimée à l’aide de la créatininurie, créatinémie et de
la formule de CG. L’eDFG a été estimé à l’aide de l’équation, MDRD.
64
L’estimation du DFG par la méthode BIS1 entraîne une différence de classification de
la MRC dans 41% comparativement à MDRD et dans 31% comparativement au
CKD- EPI. Le niveau de MRC ayant le plus de divergence est le stade 3a.
Ces différences de classe de MRC sont beaucoup moins fréquentes lorsque l’on
compare CKD-EPI et MDRD. De manière générale, l’équation BIS1 a tendance à
sous- estimer le DFG comparé aux deux autres équations, et l’utilisation de trois
méthodes différentes entrainent des classifications de MRC divergentes ; de plus ces
différences apparaissent au stade MRC 3a, pouvant ainsi entraîner des modifications
importantes dans la prise en charge médicamenteuse et l’adaptation des posologies
selon la méthode utilisée.
CKD-REIN (45) est une étude prospective de cohorte multicentrique. Les critères
d’inclusion sont les patients de plus de 18 ans, hospitalisés dans un service de
néphrologie avec un diagnostic de maladie rénale chronique de stade 3 à 5 (soit un
DFG < 60mL/min/1,73 m²) n’ayant jamais été dialysé ou greffé rénal.
3033 patients ont été inclus. La méthode de CG a été utilisée pour estimer la
clairance de la créatinine et l’équation CKD-EPI désindexée à la surface corporelle
(calculée par la formule de Dubois & Dubois) a été utilisée pour estimer le eDFG.
65
La prescription médicamenteuse des trois mois précédant l’inclusion des patients a
été récupérée, regroupant ainsi 779 médicaments.
L’étude a pour objectif de déterminer les prescriptions médicamenteuses
inappropriées à la fonction rénale.
La prescription inappropriée est définie comme une prescription d’un médicament
contre-indiquée ou de posologie anormalement élevée par rapport au DFG, selon
CKD-EPI, CG et CKD-EPI désindexé.
66
Les hommes, les patients diabétiques et ceux en surpoids sont exposés
significativement à un plus haut risque de prescriptions inappropriées. Au contraire,
les personnes âgées sont moins exposées à ce risque.
La cohorte CKD REIN souligne la complexité de la prescription médicamenteuse
chez le patient atteint de MRC en raison notamment du manque d’harmonisation sur
les méthodes mentionnées dans les RCP des spécialités et aux diverses équations
utilisées pour estimer le DFG.
Cependant, à ce jour, aucune étude n’a été réalisée pour déterminer l’impact clinique
(iatrogénie, hospitalisation, mortalité…) de ces prescriptions inappropriées.
67
Parmi les 2248 médicaments répertoriés, 17,9% d’entre eux doivent être adaptés
chez le patient atteint d’une MRC. Parmi ces derniers, 89,9% des RCP préconisant
une adaptation posologique ne mentionnaient pas de formule d’estimation dans le
RCP. Après analyse des données issues des RCP ou des documents envoyés par les
laboratoires (Figure 18), CG pourrait être utilisé en pratique clinique dans 27,6% des
cas (seul 8,7% des RCP mentionne son utilisation), CKD-EPI/MDRD pourraient être
utilisés dans 9,4% des cas. Pour 63% des spécialités, l’adaptation posologique doit
être réalisée de manière empirique en attendant de nouvelles études face à
l’impossibilité d’avoir accès aux données médico-scientifiques de référence.
En s’intéressant aux termes utilisés dans les RCP pour estimer la fonction rénale :
228 RCP mentionnent « clairance de la créatinine ». Parmi ces derniers l’accès aux
études a été impossible dans 61% des cas. Concernant les RCP qui ont pu être
analysés : la méthode utilisée dans les études est différente dans 50% des cas de
celle mentionnée dans le RCP.
Cependant, lorsque le terme DFG était utilisé, il s’agissait d’un DFG mesuré ou
estimé. Cette étude pilote permet de dénoncer l’imprécision des formulations
employées dans certains RCP par rapport aux études réalisées ; mais également la
forte proportion de médicament pour lesquels nous n’avons pas de recommandations
concernant l’adaptation posologique selon la fonction rénale.
68
Partie 2 : Estimation de la fonction rénale et impact sur
l’adaptation médicamenteuse chez le sujet hospitalisé en
unité de court séjour gériatrique
69
1. Introduction
Cependant, les pratiques diffèrent dans les services de gériatrie, où le DFG est
toujours estimé à l’aide de la formule de Cockcroft et Gault mise au point en 1976
d’après des dosages de créatininémie réalisés selon l’ancienne méthode
colorimétrique de Jaffé. Cette pratique repose sur la notion que le DFG estimé par la
formule de Cockcroft et Gault conduit à des valeurs de filtrations glomérulaires plus
faibles qu’avec les formules plus récentes dont le CKD-EPI, donc à des adaptations
posologiques plus importantes, visant théoriquement à réduire la iatrogénie
médicamenteuse. De plus, l’argument selon lequel les adaptations de posologies
préconisées dans les RCP des spécialités reposent sur le DFG estimé par la formule
de Cockcroft et Gault conforte les médecins gériatres dans la poursuite de l’emploi
de cette formule.
70
2. Matériels & Méthodes
2.2 Ethique
Cette étude est en cours de soumission pour examen par l’Institutional Review Board
du CHU de Montpellier.
Tous les patients admis dans le service du MISAG durant la période d’inclusion ont
été inclus.
Les patients inclus pouvaient souffrir ou non d’une insuffisance rénale chronique. Les
patients atteints d’une insuffisance rénale aiguë ont été exclus.
71
2.4.2 Critères de jugement secondaires
Pour chaque patient, l’équipe pharmaceutique détachée dans les services a recueilli
les données suivantes :
- Identité du patient : âge, sexe, taille, poids, surface corporelle (estimée selon
Dubois²), Indice de masse corporelle (IMC).
- Bilan biologique : créatininémie, albuminémie.
- La prescription médicamenteuse : liste et posologie des médicaments
prescrits avant l’entrée en hospitalisation recueillie lors du bilan
médicamenteux optimisé (BMO) réalisé à l’entrée en service par l’équipe
pharmaceutique.
- Motif d’hospitalisation.
- Clairance de la créatinine et DFG estimé : résultats recueillis à l’aide du site
Guides de Prescription et Rein. (Annexe 1)
Une extraction informatique a été réalisée grâce au logiciel Infoview® à l’aide des
identifiants permanent patient (IPP) pour compléter les données biologiques non-
recueillies par l’équipe pharmaceutique : pré-albuminémie, protéine C réactive
(CRP), procalcitonine (PCT), bilirubine totale, conjuguée et libre.
Les données cliniques et biologiques sont disponibles en annexe (Annexe 2).
72
Tableau 11 : Sources d’information utilisées pour le recueil des données
Données recueillies Sources d’information
Identité du patient DPI DxCare®
Bilan biologique DPI DxLab®
Extraction DPI DxCare® (conciliation
Prescription médicamenteuse
médicamenteuse entrée)
Motif d’hospitalisation Extraction DPI DxCare®
Clairance de la créatinine Site GPR® (26)
eDFG (CKD-EPI, MDRD) Site GPR® (29,32)
eDFG (BIS) Tableur Excel® (34)
Repérage des différences entre les formules Base de données Access®
73
Le test de Bland-Altman (48,49) est utilisé pour la comparaison de deux techniques
de mesure d’une même grandeur. Il a pour but de déterminer le biais et les limites de
concordance représentant les écarts de valeurs entre deux méthodes de mesures.
La technique de Bland-Altman consiste à réaliser un graphe étudiant en ordonnée la
différence entre les valeurs obtenues par les deux techniques (Soit A-B) et en
abscisse la moyenne des valeurs obtenues (soit (A+B)/2)
74
2.7 Analyse statistique
75
3. Résultats
Durant la période d’inclusion de l’étude, 194 patients, d’âge médian 88 ans ont été
inclus. Le sexe ratio homme/femme était de 0,46.
Tableau 12 : Caractéristiques de la population à l’entrée dans le service
76
Les motifs d’hospitalisation étaient un bilan gériatrique (40%), une prise en charge
infectieuse (23 %), un bilan de chute (18%), un accident vasculaire cérébral (9%) une
décompensation cardio-pulmonaire (9%), une prise en charge post-opératoire (1%).
Les patients hospitalisés pour prise en charge d’une insuffisance rénale aiguë ont été
exclus de l’étude.
77
Tableau 14 : Variation de la créatininémie durant l’hospitalisation
A l’entrée Durant l’hospitalisation
Créatininémie (µmol/L) :
98,50 ± 45,95 99,77 ± 47,74
moyenne ± écart-type
Variation de la créatininémie durant l’hospitalisation
Patients avec élévation de < 10 % : 43 (22,17%)
74 (38,14%)
la créatininémie > 10 % : 31 (15,98%)
Patients avec diminution < 10% : 48 (24,74%)
100 (51,55%)
de la créatininémie > 10% : 52 (26,80%)
Patients sans modification
7 (3,61%)
de la créatininémie
Patients n’ayant eu qu’un
13 (6,70%)
seul dosage
La créatininémie et l’albuminémie ont été mesurées chez tous les patients de notre
population. Ces dosages ont été respectivement réalisés 6,78 et 5,39 fois par patient.
La pré-albuminémie n’a cependant été dosée que chez 45% des patients et la PCT
que pour 17%.
Pour les calculs des eDFG de l’étude, la créatininémie dosée à l’admission a été
utilisée.
78
3.1.2 Prescriptions médicamenteuses des patients de l’étude
Nous avons recueilli les prescriptions médicamenteuses des patients, à l’entrée dans
le service. Parmi ces prescriptions, nous retrouvons 273 médicaments différents. Par
ordre décroissant, les classifications thérapeutiques les plus représentées sont les
médicaments cardiologiques, psychiatriques et ceux de la sphère
gastroentérologique.
Parmi les médicaments cardiologiques, les plus prescrits sont les diurétiques (22%),
les inhibiteurs du SRAA (21%) et les bêta-bloquants (16%) …
Parmi les médicaments psychiatriques, dans plus d’un tiers des cas, il s’agit de
benzodiazépines et apparentées, dans un peu moins d’un tiers il s’agit
d’antidépresseurs, la suite étant composée des antipsychotiques, normothymiques et
hypnotiques.
La troisième classe de médicament comporte pour 94 prescriptions des inhibiteurs
de la pompe à protons, ce qui signifie que 48% de notre population a une
prescription de cette classe médicamenteuse.
79
Tableau 15 : Répartition des médicaments prescrits par classification
pharmacothérapeutique
Classification pharmacothérapeutique Nombre de dénomination Nombre de lignes de
commune internationale prescriptions
ALLERGOLOGIE 1 2 (0,12%)
ANESTHESIE-REANIMATION 3 11 (0,68%)
ANTI-INFLAMMATOIRES 8 11 (0,68%)
CANCEROLOGIE 9 23 (1,42%)
DERMATOLOGIE 8 19 (1,17%)
ENDOCRINOLOGIE 14 84 (5,18%)
GYNECOLOGIE 1 3 (0,18%)
INFECTIOLOGIE 21 96 (5,91%)
NEUROLOGIE 18 60 (3,70%)
OPHTALMOLOGIE 8 14 (0,86%)
OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE 1 2 (0,12%)
PNEUMOLOGIE 14 53 (3,27%)
RHUMATOLOGIE 7 13 (0,80%)
STOMATOLOGIE 1 1 (0,06%)
UROLOGIE-NEPHROLOGIE 12 48 (2,96%)
TOTAL 273 1623
80
3.2 Comparaison des méthodes d’estimation de la fonction rénale
Un DFG inférieur à 60mL/min était observé respectivement chez 79,9 % des patients
avec CG, chez 57,7 % avec CKD-EPI, 53,6 % avec MDRD, 75,8 % avec BIS1.
Les eDFG sont désindexés de la surface corporelle afin d’obtenir une unité de débit
comparable entre les formules, soit mL/min. Par exemple, une femme de 80 ans
ayant une surface corporelle estimée à 1,55m² et un eDFG par CKD-EPI à
65mL/min/1,73m²
obtiendra un eDFG désindexé ( 65 × 1,55 = 58,24 𝑚𝐿/min ).
1,73
La distribution des différentes estimations du eDFG est décrite dans la figure 20.
Selon le test non-paramétrique de Wilcoxon, il existe une différence significative entre
le eDFG estimé par CG et par les trois autres méthodes CKD-EPI, MDRD et BIS1.
Figure 20 : Distribution des eDFG de quatre méthodes d’estimation (CG, MDRD, CKD-
EPI, BIS1) selon la méthode graphique des boîtes à moustaches avec la médiane
comme indicateur de position
81
21A
21
21
82
- L’équation de la droite de régression (Figure 21A) s’écrit :
𝐶𝐾𝐷 − 𝐸𝑃𝐼 = 0,853 × 𝐶𝐺 − 4,148
𝐼𝐶95%de la pente = [ 0,803 ; 0,905 ] : ne contient pas 0, il existe une
différence proportionnelle entre les deux méthodes.
𝐼𝐶95%de l’ordonnée à l’origine = [ -7,028 ; -1,449 ] : ne contient pas 1,
il existe une différence systématique entre les deux méthodes.
Coefficient de corrélation r = 0,944 : il est élevé et permet l’utilisation de la
régression de
Passing-Bablok.
Il apparait que pour n’importe quelle valeur : CG est toujours inférieure à eDFG
calculé par CKD-EPI, et cela est d’autant plus vrai pour des valeurs de eDFG >
60mL/min.
83
Tableau 17 : Caractéristiques des différences entre les quatre méthodes d’évaluation
du eDFG, test de Bland-Altman
Différence Différence Différence Différence Différence
CG/CKDc* CG/MDRDc* CG/BIS1c* CKDc*/MDRDc* CKDc*/BIS1c*
Moyenne
(mL/min) - 12,54 -18,11 -4,49 -5,57 8,05
Intervalle de
confiance [-13,55 ; [-19,82 ; [-5,28 ;
[-6,93 ; -4,21] [7,13 ; 8,96]
95% -11,52] -16,39] -3,70]
84
22
22
22
85
Tableau 18 : Caractéristiques des patients extérieurs aux limites de concordances des
tracés de Bland-Altman de la figure 22
N = 194 0,46 87,48 ± 5,92 23,35 ± 4,31 34,49 ± 5,52 98,50 ± 45,95
Figure 22A : Bland-Altman CG vs CKD-EPI
86
3.3 Impact sur l’adaptation médicamenteuse
3.3.1. Classification de la maladie rénale chronique
90
80
70
60
50
40
30
20
10
1 2 3a 3b 4 5
CGCKD-EPIMDRDBIS1
2 37 46 59 45 5
CG
(1,03%) (19,07%) (23,71%) (30,41%) (23,20%) (2,58%)
CKD-EPI 5 77 50 41 20 1
corrigé (2,58%) (39,69%) (25,77%) (21,13%) (10,31%) (0,52%)
MDRD 27 63 52 34 18 0
corrigé (13,92%) (32,47%) (26,80%) (17,53%) (9,28%) (0,00%)
BIS1 2 45 49 75 23 0
corrigé (1,03%) (23,20%) (25,26%) (38,66%) (11,86%) (0,00%)
87
Tableau 20 : Nombre de sujets aux stades MRC selon les estimations avec CG, CKD-
EPI, MDRD et BIS1
CKD - EPI
CG 1 2 3a 3b 4 5 Total
1 2 0 0 0 0 0 2
2 3 34 0 0 0 0 37
3a 0 36 8 2 0 0 46
3b 0 7 38 14 0 0 59
4 0 0 4 25 16 0 45
5 0 0 0 0 4 1 5
Total 5 77 50 41 20 1 194
MDRD
CG 1 2 3a 3b 4 5 Total
1 2 0 0 0 0 0 2
2 22 15 0 0 0 0 37
3a 3 34 7 2 0 0 46
3b 0 14 38 7 0 0 59
4 0 0 7 25 13 0 45
5 0 0 0 0 5 0 5
Total 27 63 52 34 18 0 194
BIS 1
CG 1 2 3a 3b 4 5 Total
1 1 1 0 0 0 0 2
2 1 35 1 0 0 0 37
3a 0 9 33 4 0 0 46
3b 0 0 14 45 0 0 59
4 0 0 1 26 18 0 45
5 0 0 0 0 5 0 5
Total 2 45 49 75 23 0 194
88
La classification des stades de la maladie rénale chronique estimée par CG par
rapport à l’équation CKD-EPI, MDRD et BIS1 est présentée dans le tableau 19.
L’estimation du DFG par l’équation CG modifie le stade de la MRC chez 119 patients
(61,34%) par rapport à l’utilisation du CKD-EPI ; chez 150 patients (77,32%) par
rapport à l’utilisation du MDRD et chez 62 patients (31,96%) par rapport à l’utilisation
du BIS1.
En comparant les stades d’insuffisance rénale par méthode, on observe plus de 10%
de différences avec la classification déterminée par CG :
- CKD-EPI : Stades 3a, 3b et 4 (32%, 38% et 24% de différence)
- MDRD : Stades 2, 3a, 3b,4 (15%, 26%, 35%, 21% de différence)
- BIS1 : Stades 3a, 3b, 4 (21%, 23%, 44% de différence)
En comparant la classification estimée par CG et les trois autres méthodes
d’estimation, dans plus de 85% des cas on retrouve une différence de classification
pour un DFG < 60mL/min.
On observe qu’en utilisant CG, 155 sur 194 patients (79,90%) ont un eDFG <
60mL/min. Ce nombre passe à 112 (57,73%), 104 (53,61%) et 147 (75,77%)
respectivement en utilisant CKD-EPI, MDRD, BIS1.
Les écarts sont d’autant plus importants pour les stades 3b et 4 comme nous pouvons
le voir sur la figure 23 et le tableau 20.
Un médicament sur trois utilisé au MISAG doit s’adapter à la fonction rénale des
patients ce qui impacte quatre prescriptions sur dix comme nous pouvons le voir sur
le tableau 21.
Chez les 194 patients de l’étude, nous avons observé 48 médicaments (soit 56,5%
des médicaments devant être adaptés à la fonction rénale) pour lesquels il existe une
divergence de stade de MRC entrainant un impact sur l’adaptation posologique des
prescriptions médicamenteuses.
89
Parmi ces divergences, nous observons que dans 73% des cas CG propose une
adaptation posologique alors que les trois autres méthodes ne la proposent pas.
Dans 19% des cas CG et BIS proposent une adaptation posologique alors que CKD-
EPI et MDRD ne la préconise pas. (Figure 24)
90
Tableau 22 : Distribution des médicaments sujets aux divergences d’adaptation
posologique par classe médico-thérapeutique
Cardiologie Coagulation Douleurs Endocrinologie Infectiologie Neurologie Divers
Médicaments Prescriptions
3
2
1
1
1
8
8
7
6
4
3
91
Parmi la liste des 48 médicaments présentant des divergences d’adaptation
posologique, la digoxine, la codéine, l’alprazolam et la zopiclone font également
partie de la liste des médicaments potentiellement inappropriés aux personnes
âgées, proposée par M.-L. Laroche (50).
En utilisant le thésaurus des médicaments à risque du CHU de Grenoble élaboré par
le projet Med-APPRaISE (51), nous retrouvons 10 médicaments classifiés à
risque (médicament désigné en gras dans les tableaux 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29).
92
3.3.2.1.3. Médicaments de la coagulation
93
3.3.2.1.6. Médicaments anti-infectieux
94
3.3.2.1.8. Médicaments : divers
95
Tableau 30 : Liste des 41 médicaments exposant à un risque de toxicité lors d’une
mauvaise adaptation posologique (liste non-exhaustive)
Bradycardie, Hypotension, Bronchospasme, Insuffisance cardiaque aiguë et
Atenolol, Bisoprolol, Nébivolol
Hypoglycémie…
96
3.3.2.1.10. Médicaments à risque (Med-APPRaISE)
97
3.3.2.2. Adaptation médicamenteuse selon le profil du patient
98
26A p = 0,0229
26B p = 0,0451
p = 0,8756
26C
99
3.4 Impact de l’indexation à la surface corporelle
3.4.1. Correction à la surface corporelle
10
La formule CKD-EPI non corrigé à la surface corporelle surestime en moyenne de
1,67 mL/min le eDFG estimé par rapport au CKD-EPI corrigé. (Tableau 34)
Selon la représentation de Bland et Altman, CKD-EPI donne des résultats supérieurs
quel que soit le niveau du eDFG. Cette différence (valeur positive) a tendance à
diminuer pour des eDFG > 60mL/min car la droite est descendante. (Figure 27A)
10
27
27
27
C
10
3.4.2. Méthode d’estimation de la surface corporelle
10
4. Discussion
10
Au sein de notre étude, les deux seuls critères diagnostiques que nous avons pu
obtenir sont l’albuminémie et l’IMC. En observant le critère albuminémie, 101 patients
(soit 52% de notre population) sont dénutris, à l’aide du critère IMC, 58 patients
(29,90% de notre population) sont dénutris.
En l’absence d’information concernant l’évolution du poids et l’absence du score
MNA, les deux seuls critères disponibles sous-estiment très probablement l’état de
dénutrition des patients hospitalisés en court séjour gériatrique.
À cette problématique de détection de la dénutrition se superpose celle des patients
souffrant d’obésité sarcopénique (53,54) qui représente de 5 à 15% des personnes
âgées. Le poids et l’IMC sont alors deux critères ne permettant pas de détecter la
dénutrition, ni de refléter l’état musculaire de nos patients âgés.
10
Les paramètres biologiques pouvant interférer le dosage enzymatique de la
créatininémie, comme la bilirubinémie, la CRP, la PCT (Tableau 13) sont incomplets
sur l’ensemble de notre population. Les interférences sont bien plus nombreuses
avec la méthode colorimétrique de Jaffé (40) que pour les méthodes enzymatiques.
En pratique, les médicaments pouvant interférer avec le dosage de la créatinine sont
peu connus et sont rarement notifiés lors de la demande d’examen biologique.
- Profils des patients de notre étude par rapport à ceux des études de
création de CG, MDRD, CKD-EPI et BIS1
Les personnes âgées de plus de 75 ans ne sont quasiment pas représentées au sein
des études de création du MDRD, CKD-EPI. (Partie 1 – Chapitre 2)
La formule de CG (26) a été élaborée à l’aide d’une population âgée dont on ne
connait pas précisément l’âge moyen, MDRD (29) chez une population d’âge moyen
50,6 ans, CKD-EPI (32) 47 ans et la méthode d’estimation dite « gériatrique » BIS1
(34) au sein d’une population ayant un âge moyen de 78,5 ans. Notre population est
plus âgée. (Tableau 12) Ces populations ne sont pas représentatives de la
population présente en service de court séjour gériatrique.
Peu d’études ont évalué plus de trois méthodes d’estimation du DFG. Notre étude
est la seule à notre connaissance mesurant les performances de trois formules
d’estimation du DFG (CKD-EPI, MDRD, BIS1) à une équation historique jouant le
rôle du comparateur (CG). Le choix de la formule de CG s’appuie sur les consignes
de la HAS recommandant son utilisation pour les adaptations posologiques des
médicaments (5) mais également son utilisation par les gériatres de notre
établissement.
10
De plus, en routine lors de la prescription médicamenteuse, l’EMA recommande
d’utiliser un eDFG estimé à l’aide du CKD-EPI.
Le eDFG estimé par CKD-EPI, MDRD ou BIS1 est significativement différent de la
clairance de la créatinine estimé par CG. (Tableau 16).
Ces différences sont bien représentées lorsqu’on s’intéresse à la distribution des
médianes des eDFG selon ces quatre méthodes (Figure 20).
Lorsqu’on fixe le seuil de la maladie rénale chronique (DFG < 60mL/min), 80% de
notre population est concernée en utilisant CG, 76% en utilisant BIS1, 58% en
utilisant CKD- EPI et 54% en utilisant MDRD.
La formule de CG obtient des résultats de DFG constamment inférieurs, par ordre
décroissant, les écarts médians retrouvés sont plus importants avec la formule
MDRD (-32%), CKD-EPI (-30%) et BIS1 (-13%). (Tableau 17).
D’un point de vue théorique, les résultats obtenus sont cohérents en ce qui concerne
la formule d’estimation de Cockcroft & Gault. Un facteur est exclusivement présent
dans cette formule : l’âge.
Le biais moyen représentent l’erreur systématique lors de l’utilisation de CG
augmente avec l’âge, en d’autres termes : plus le patient va être âgé, plus la
clairance de la créatinine obtenue sera faible, plus le risque d’erreur (sous-dosage
médicamenteux) est important. (Figure 22)
Quelques études rétrospectives réalisées dans des centres gériatriques ont tenté
d’estimer les écarts entre les différentes formules.
Pour un échantillon de 81 patients hospitalisés en unité de court séjour gériatrique
ayant une moyenne d’âge de 82 ± 7 ans, soit environ 4 ans de moins que notre
échantillon. (42) Ainsi qu’un échantillon de 12 778 patients d’un groupe italien de
pharmacovigilance ayant un âge moyen de 77,8 ± 7,2 ans (57) ; CG sous-estime
respectivement l’eDFG de 8,65mL/min et 3,7mL/min par rapport au eDFG obtenu par
MDRD.
Sur un échantillon de 600 patients âgés de 85 à 98 ans hospitalisés dans un centre
gériatrique Espagnol (44), la différence d’estimation entre le DFG estimé par BIS1 et
MDRD ou CKD-EPI est significative ; BIS1 sous-estime en moyenne de 4,2 mL/min
le eDFG obtenu par CKD-EPI, et de 7,7mL/min le eDFG obtenu par MDRD.
10
Le eDFG estimé à l’aide de l’équation MDRD expose à de plus grand écart avec CG
(Tableau 16). Ces écarts sont d’autant plus importants pour un DFG estimé >
60mL/min/1,73m² (Figure 21). Ces différences observées sont similaires aux
résultats obtenus lors de l’étude de création du MDRD (29) et confirment le risque
d’erreur de classification de maladie rénale chronique, et donc in fine d’adaptations
posologiques lors de l’utilisation de cette formule.
Concernant notre étude, nous avons tenté d’exclure les patients hospitalisés pour
prise en charge d’une insuffisance rénale aiguë, à l’aide des motifs d’hospitalisation.
Il est donc assez probable, que certains eDFG utilisés pour notre étude, ne soit pas
représentative du eDFG de base de nos patients.
10
- Médicaments à index thérapeutique étroit
La définition de médicament à marge thérapeutique étroite établit par l’arrêté du 19
Novembre 2019 concernant les situations médicales dans lesquelles peut être exclue
la substitution à la spécialité prescrite par une spécialité générique, n’est pas
applicable à leur utilisation hospitalière. (58)
Des préconisations concernant l’utilisation des médicaments chez le sujet âgé sont
disponibles :
La liste « Laroche », du nom de son auteur (50) élaborée en 2009, répertorie des
médicaments potentiellement inappropriés aux personnes âgées. Elle énumère pour
les principaux médicaments concernés, les raisons de ces mises en gardes et
propose des alternatives thérapeutiques.
Les critères de Beers (59) sont élaborés tous les 3 ans par la société américaine
de gériatrie. Il s’agit d’une liste de médicaments potentiellement inappropriés chez la
personne âgée présentés sous forme de tableaux énumérant les risques éventuels
ainsi que leur niveau de preuve.
Les critères STOPP/START (60) initialement développés en 2008, proposent une
liste d’éléments de prescriptions potentiellement inappropriées (versant STOPP) et
une liste de points d’omissions potentiels (versant START). Une deuxième version
est disponible depuis 2015.
Une étude nommée Med-APPRaISE (51), cherchant à créer un thesaurus des
médicaments à risque, a été menée au CHU Grenoble-Alpes. Ce thésaurus est
élaboré à l’aide de six sources : la liste des « médicaments à haut risque » de
l’Institute for Safe Medication & Practices (ISMP) (61), la liste des Never Events de
l’ANSM (62), les Triggers de la HAS (63), les listes gériatriques de Beers et Laroche,
la liste des médicaments à marge thérapeutique du centre régional de
pharmacovigilance de Grenoble (CRPV) et les experts de l’étude.
Pour élaborer une liste de 10 médicaments à risque d’erreurs d’adaptations
posologiques, nous nous sommes servis du thésaurus obtenu par l’étude
grenobloise. (Tableau 31)
10
Les médicaments cardiologiques sont les plus représentés de cette liste, mais un
seul d’entre eux est particulièrement à risque chez la personne âgée, la digoxine.
(Tableau 23)
La digoxine possède une demi-vie d’élimination de l’ordre de 36 heures et fait partie
des médicaments inappropriées à une dose > 1,25mg par jour chez la personne
âgée selon la liste de Laroche (50). Ces caractéristiques ne facilitent pas l’adaptation
posologique mais l’existence d’un dosage plasmatique permet d’optimiser son
utilisation.
Les médicaments anticoagulants (rivaroxaban, apixaban et enoxaparine) sont par
définition à risque. Ils ne sont pas recommandés pour un DFG < 15 mL/min.
(Tableau 24) Si un DFG estimé est inférieur au DFG vrai, il y a un risque de sous-
dosage de l’anticoagulation qui expose les patients à un risque thrombo-emboliques.
Si le DFG estimé est supérieur au DFG réel, il existe un risque de surdosage,
d’accumulation de la molécule qui expose les patients à un risque hémorragique.
Les médicaments de la douleur prescrits aux patients de l’étude sont le paracétamol
et la morphine. Ils ne sont pas considérés à risque. (Tableau 25)
Ils sont très fréquemment prescrits chez la personne âgée et les adaptations
posologiques se font notamment avec l’âge et la tolérance clinique. Cependant, il est
nécessaire de surveiller le bilan hépatique, notamment lors d’une utilisation fréquente
de paracétamol.
Les médicaments utilisés en endocrinologie (Tableau 26) sont quatre antidiabétiques
oraux. Ils sont particulièrement à risques en raison de leur mécanisme d’action mais
également du profil de nos patients. En effet, les patients souffrant de diabète
développent plus fréquemment des néphropathies dont l’évolution peut engendrer
des surdosages si on évalue mal la fonction rénale lors de la mise en route de ces
traitements. Ces médicaments ne sont pas dosables, et exposent de nombreux
patients à des troubles digestifs et de la vigilance pourvoyeurs de chutes. La
metformine et le gliclazide sont contre-indiqués chez les malades ayant une
insuffisance rénale sévère (DFG < 30mL/min).
1
Les anti-infectieux font partie des médicaments où l’adaptation à la fonction rénale
est fréquente (Tableau 27).
La dégradation de la fonction rénale et les perturbations pharmacocinétiques sont
d’autant plus importantes chez les patients de réanimation, un sous-dosage pouvant
favoriser l’émergence de résistances et un surdosage peut exposer les patients à
une toxicité. L’utilisation de dosages plasmatiques de l’anti-infectieux est alors
préconisée pour optimiser l’utilisation de ces médicaments.
Les médicaments neurologiques comme les antidépresseurs (duloxetine,
venlafaxine), les anxiolytiques (alprazolam, zopiclone), les antiépileptiques
(lacosamide), les médicaments antalgiques neuropathiques (pregabaline,
gabapentine), les antipsychotiques (risperidone, tiapride), les antiémétiques d’action
centrale (métoclopramide) et les normothymiques (lithium) sont souvent utilisées à
doses infrathérapeutiques chez la personne âgée. Leur utilisation est étroitement
surveillée. Le lithium pourrait exposer à un risque important, mais l’existence de son
dosage plasmatique permet également de diminuer ce risque. (Tableau 28)
Divers médicaments sont à risque comme la colchicine associée à l’opium et au
tiémonium, qui en cas de surdosage expose les patients à des risques digestifs dont
la constipation due à l’opium et à des néphrotoxicités ; et la simvastatine qui en cas
de surdosage expose le patient à un risque de rhabdomyolyse pouvant engendrer
une insuffisance rénale aiguë secondaire. (Tableau 29)
11
- Du manque d’homogénéité des RCP vers une harmonisation visant à
diminuer le risque d’erreur d’adaptations posologiques
L’équipe du service de néphrologie et du service ICAR du CHU de Pitié-Salpêtrière
ont publié en 2020 une étude nommée « Clarification de la méthode utilisée pour
adapter la posologie des médicaments chez les patients insuffisants rénaux : étude
CLEAR ». (Partie 1 – Chapitre 4.3.2)
L’étude CLEAR constate que pour 89,9% des RCP préconisant une adaptation
posologique, aucune formule d’estimation de la fonction rénale n’était mentionnée
dans le RCP. Après contact des laboratoires, les résultats finaux énoncent que
16,2% des médicaments nécessitant une adaptation posologique à la fonction rénale
sont basés sur la formule de CG.
Cela ne fait que confirmer l’hétérogénéité méthodologique d’estimation et
d’expression de la fonction rénale dans les RCP, et par conséquent les difficultés
d’optimisation de la prise en charge médicamenteuse.
Les résultats de eDFG obtenus par les laboratoires d’analyses sont exprimés en
mL/min/1,73m². Au sein de notre population gériatrique, la surface corporelle
moyenne est 1,69 ± 0,2m². Les eDFG estimés avec désindexation sont
significativement inférieurs aux eDFG indexés à 1,73m². (Tableau 33,34)
Le eDFG correspond alors à un eDFG que le patient aurait s’il avait une surface
corporelle correspondante à 1,73m². Théoriquement, le DFG obtenu aurait donc
tendance à être surestimé et expose donc potentiellement à un risque de surdosage
médicamenteux. L’utilisation en pratique d’un DFG non indexé pour l’adaptation
posologique est recommandée par les KDIGO, FDA et EMA (36).
Pour être encore plus précis dans l’interprétation d’un eDFG, il faudrait utiliser une
formule d’estimation de surface corporelle similaire à celle utilisée dans les études
cliniques de mise sur le marché ; cela ne peut être le cas en pratique courante.
La non-indexation et/ou désindexation, n’a pas prouvé sa supériorité dans une étude
clinique et se base donc sur de la logique et de la théorie. Cependant, il est
intéressant de garder cette différence potentielle pour les sujets ayant une SC
corporelle très différentes de cette normalité fixée à 1,73m² ; ce qui est le cas des
sujets obèses ou très maigres.
11
La formule d’estimation de la surface corporelle utilisée par le logiciel DxCare® est
Dubois², les surfaces corporelles estimées par les équations de Mostellers (+
0,40%), Boyd (+ 1,40%), Gehan et Georges (+ 1,20%) et la formule de Haycock (+
0,76%) sont significativement différentes. (Figure 28)
La formule de Dubois et Dubois est la plus largement utilisée en santé bien qu’elle ne
soit dérivée que de 9 sujets. Ces différences entre la formule de Dubois² et la formule
Mostellers sont connues en oncologie médicale. (64) L’estimation par la formule de
Dubois² a tendance à sous-estimer la SC. (65)
L’estimation d’une surface corporelle est complexe, plurifactorielle. Au-delà, des
différences de eDFG obtenues entre une formule indexée à 1,73m² et une formule
désindexée, il peut se rajouter un écart de la surface corporelle « vraie » selon la
formule d’estimation utilisée.
11
Conclusion
11
Enfin, le choix de la méthode de mesure de la surface corporelle (Dubois², Mosteller,
Boyd, Gehan&Georges ou Haycock) pour réaliser l’indexation à la surface corporelle
induit elle aussi des résultats significativement différents pour les patients de notre
étude.
Dans la pratique médicale courante, les adaptations de posologies des médicaments
à élimination rénale étant liées au niveau de MRC selon les classifications KDIGO, il
était intéressant de mesurer l’impact des choix des formules d’évaluation du eDFG
(CG, CKD-EPI, MDRD ou BIS1) dans l’établissement du stade de MRC. Le niveau
de MRC s’avère impacté avec 30,4% de patients en stade MRC3b pour la formule
CG, 21,1% avec CKD-EPI, 17,5% pour MDRD et 38,6% avec BIS1. Ces différences
de classification sont corrélées aux divergences d’adaptations posologiques et sont
encore plus fréquentes avec un âge élevé et un IMC bas.
Ces divergences sont présentes pour 41 médicaments prescrits à nos patients, parmi
lesquels peuvent être isolés une liste de 10 médicaments caractérisés comme
encore plus à risques d’erreurs d’adaptations posologiques (Digoxine, Rivaroxaban,
Apixaban, Enoxaparine, Vildagliptine, Gliclazide, Sitagliptine, Metformine,
Colchimax®, Simvastatine).
Le dernier argument de nos collègues gériatres en faveur de CG consistant à mettre
en avant sa grande utilisation par les firmes pharmaceutiques pour réglementer dans
les RCP, les adaptations posologiques n’est pas confirmé par la récente étude
CLEAR de l’équipe GPR. Cette étude met en avant l’absence de préconisation
précise de formules d’évaluations du eDFG dans 89,9 % des RCP mentionnant une
adaptation posologique à la fonction rénale.
Il résulte de l’évaluation bibliographiques et des données de notre étude que le choix
d’une méthode d’eDFG conditionne grandement le niveau d’adaptation posologiques
pour les sujets âgés et qu’aucune des formules actuellement utilisées n’est
complètement adaptée au sujet âgé.
Cependant, la formule CG cumule de nombreuses faiblesses. Etablie sur un faible
échantillon de 249 patients quasi exclusivement masculin (4% de femmes),
comprenant peu de sujets âgés (23,6 % de patients de 70 ans et plus), sans
validation externe, elle repose sur des dosages de créatininémie réalisés avec la
méthode colorimétrique de Jaffé dont on estime qu’elle surévalue les résultats
d’environ 15 % par rapport à l’actuelle méthode enzymatique standardisée utilisée
dans notre établissement.
Elle ne devrait plus, selon nous, être utilisée quel que soit le type de patient.
11
La formule BIS-1, bien que plus adaptée aux sujets âgés (âge moyen des patients
étudiés 78,5 ans) est difficile à calculer et manque encore de diffusion.
La formule de CKD-EPI, présente sur tous les comptes rendus de biologie de notre
établissement, représente actuellement le meilleur compromis du fait de la taille de
l’échantillon aillant servi à la constituer et de la présence d’une validation externe, sa
principale faiblesse étant l’âge moyen élevé de son échantillon de patients (47 ans).
11
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12
Annexes
12
Annexe 2 : Paramètres clinico-biologiques
Age Poids Taille Créatininémie Albuminémie Cockcroft MDRDc CKD-EPIc BIS1c
n° Sexe
(ans) (kg) (cm) (umol/L) (g/L) (mL/min) (mL/min) (mL/min) (mL/min)
1 F 94 57,0 165 228 30 12,01 16,23 14,44 16,83
2 F 96 49,1 162 180 33 12,54 19,66 17,55 18,76
3 F 86 42,2 145 171 32 13,99 18,49 17,37 18,85
4 F 93 54,8 162 192 46 14,01 19,24 17,37 19,16
5 F 94 31,1 146 123 36 12,15 23,4 21,55 20,36
6 F 96 62,3 163 184 37 15,56 21,3 19 20,46
7 H 83 115,2 182 372 29 21,66 18,45 16,57 21,84
8 F 90 50,3 156 150 30 17,52 24,17 22,44 22,98
9 H 84 64,8 160 233 27 19,14 22,54 20,68 23,14
10 H 93 76,0 170 230 35 19,09 25,06 22,05 23,76
11 H 79 71,6 169 262 34 20,49 21,64 20,18 24,05
12 H 91 50,0 167 181 45 16,64 27,42 24,68 24,68
13 F 88 54,6 155 144 35 20,6 26,23 24,64 25,07
14 H 79 75,5 169 253 33 22,37 23,04 21,53 25,35
15 F 91 73,5 160 161 28 23,37 26,59 24,47 25,59
16 H 88 72,8 155 197 33 23,62 27,82 25,29 26,31
17 F 84 39,0 165 128 33 17,83 27,51 26,5 26,33
18 F 94 41,0 153 104 35 18,95 33,04 30,7 27,42
19 F 94 39,8 150 100 37 19,13 33,65 31,34 27,61
20 H 89 87,7 165 210 36 26,18 29,2 26,33 27,88
21 H 88 61,0 170 181 33 21,54 30,43 27,79 28,09
22 F 88 55,0 162 129 28 23,16 30,84 29,15 28,58
23 F 90 47,4 162 113 29 21,91 33,58 31,67 29,47
24 F 90 77,0 165 139 38 28,94 32,93 30,7 30,65
25 F 94 53,4 148 98 36 26,19 38,65 36,03 31,53
26 F 77 61,4 171 145 44 27,87 30,18 29,79 31,94
27 H 93 79,2 164 161 31 28,42 37,5 33,65 32,13
28 F 91 55,0 145 97 33 29,03 39,28 37,18 32,74
29 F 83 56,5 155 114 48 29,51 35,26 34,34 32,96
30 H 93 82,0 178 168 47 52,27 65 63,53 33,34
31 F 86 53,0 150 102 36 29,31 37,83 36,56 33,36
32 H 96 55,8 185 138 28 21,87 41,86 37,33 33,52
33 H 78 62,1 160 161 31 29,39 34,42 33,12 33,63
34 H 88 70,7 162 151 26 29,93 38,57 35,57 33,81
35 F 105 68,3 160 96 38 26,05 45,5 40,2 33,96
36 H 96 50,0 165 117 27 23,11 44,48 40,04 33,99
37 F 88 37,3 146 80 34 25,33 42,09 40,84 34,05
38 F 93 58,2 160 101 27 28,29 41,06 38,4 34,06
39 H 86 65,5 175 156 37 27,87 38,2 35,51 34,39
40 F 89 31,0 150 72 39 22,94 44,71 43,42 34,81
41 F 90 55,0 160 97 33 29,62 42,28 40,21 35,53
42 H 89 75,0 165 147 35 31,98 41,24 37,92 35,58
43 F 89 48,3 165 93 28 27,67 43,05 41,23 36,04
44 H 95 78,1 170 140 40 30,85 44,76 40,09 36,28
45 F 93 61,0 160 96 26 27,67 43,05 41,23 36,31
46 F 95 69,0 157 98 34 33,1 44,89 41,64 36,33
47 H 89 58,6 170 130 32 28,26 43,73 40,48 36,44
12
Age Poids Taille Créatininémie Albuminémie Cockcroft MDRDc CKD-EPIc BIS1c
n° Sexe
(ans) (kg) (cm) (umol/L) (g/L) (mL/min) (mL/min) (mL/min) (mL/min)
48 H 93 53,8 155 109 33 28,51 47,9 43,92 36,74
49 F 91 59,1 158 93 40 32,53 45,25 42,92 37,26
50 F 88 57,5 154 93 29 33,59 44,2 42,53 37,32
51 H 96 65,0 178 127 30 27,68 47,8 42,83 37,39
52 F 90 78,2 170 114 27 35,83 42,59 40,14 37,46
53 F 92 81,8 160 108 34 37,98 44,02 41,22 37,51
54 H 97 69,1 161 117 35 31,21 50,04 44,81 37,94
55 F 88 36,2 160 75 34 26,22 47,85 46,59 38,00
56 F 94 45,8 152 74 35 29,74 51,05 48,34 38,46
57 F 89 64,3 165 99 40 34,61 45,23 43,17 38,55
58 H 90 69,1 165 127 28 33,44 47,05 43,39 38,61
59 H 93 87,3 165 136 46 37,08 47,69 43,2 38,95
60 F 87 61,7 165 97 36 35,22 45,71 44,09 39,40
61 H 93 57,5 175 113 25 29,4 51,61 47,23 39,99
62 F 91 45,6 160 76 36 30,72 51,63 49,52 40,14
63 H 94 87,8 176 137 35 36,15 49,52 44,62 40,24
64 F 86 52,8 155 84 34 35,46 48,39 47,26 40,38
65 H 87 67,5 159 120 29 36,64 48,75 45,75 40,38
66 F 95 60,0 147 76 33 37,12 54,08 50,88 40,72
67 H 81 74,8 175 146 29 37,15 44,17 42,15 40,80
68 H 92 44,5 172 97 32 27,07 54,64 50,66 40,87
69 F 82 52,1 150 84 38 37,58 47,44 47,2 41,02
70 H 86 67,0 172 126 28 35,29 48,74 45,83 41,29
71 F 83 52,7 155 84 32 37,36 48,7 48,23 41,73
72 F 77 80,0 165 117 23 45 42,15 42,11 41,97
73 F 94 75,0 165 91 28 39,61 52,63 49,27 42,04
74 H 85 59,0 170 116 28 34,38 50,49 47,92 42,15
75 F 83 93,5 168 117 36 47,59 44,94 43,7 42,31
76 F 78 58,0 160 95 42 39,55 45,61 45,88 42,39
77 F 88 55,0 158 80 29 37,35 52,57 51,01 42,53
78 H 104 68,7 170 99 35 30,71 62,08 54,18 42,61
79 H 86 57,5 165 108 38 35,34 52,94 50,21 42,94
80 H 92 65,7 163 106 45 36,57 55,98 51,65 42,94
81 F 95 52,6 150 68 35 36,37 59 55,85 43,04
82 H 89 75,0 184 129 21 36,44 51,89 48,05 43,14
83 F 98 64,5 157 75 37 37,74 59,02 54,75 43,26
84 H 88 65,5 178 118 38 35,53 53,16 49,71 43,45
85 F 87 53,4 168 82 37 36,06 52,88 51,47 43,45
86 H 93 69,5 172 111 38 36,17 56,4 51,66 43,48
87 F 91 45,0 150 65 30 35,44 58,68 56,77 43,64
88 F 85 52,0 155 77 26 38,8 53,28 52,53 43,76
89 F 88 49,0 153 71 41 37,49 56,12 54,81 43,89
90 F 77 42,1 153 76 40 36,46 49,98 51,13 44,03
91 F 94 60,2 163 76 36 38,07 58,5 55,3 44,40
92 F 93 50,0 152 66 35 37,2 60,6 58,02 44,54
93 F 98 59,8 144 65 33 40,37 63,32 59,21 44,56
94 F 82 61,2 153 84 44 44,22 51,57 51,31 44,58
95 H 90 89,0 185 134 25 40,82 53,5 49,2 44,59
96 H 85 87,0 168 130 33 45,24 51,77 48,82 44,64
12
Age Poids Taille Créatininémie Albuminémie Cockcroft MDRDc CKD-EPIc BIS1c
n° Sexe
(ans) (kg) (cm) (umol/L) (g/L) (mL/min) (mL/min) (mL/min) (mL/min)
97 F 94 48,3 167 69 25 33,64 60,61 57,6 44,75
98 F 90 50,0 160 71 31 36,79 58,2 56,3 44,76
99 F 87 62,0 160 81 37 42,38 55,16 53,73 45,16
100 F 90 79,6 160 88 38 47,25 55,36 52,93 45,25
101 F 94 55,8 170 74 30 36,24 60,22 57,01 45,36
102 H 92 50,0 161 86 41 34,3 62,88 58,69 45,45
103 H 86 85,0 169 124 34 45,5 54,23 51,05 45,74
104 F 84 41,7 160 68 39 35,88 57,43 57,28 45,94
105 F 94 55,0 160 68 33 38,87 63,15 60,06 46,43
106 F 92 63,1 153 70 38 45,2 62,95 60,36 47,43
107 F 88 68,1 172 84 28 44,04 57,87 56 47,47
108 H 98 52,0 165 79 26 33,98 70,87 64,12 47,70
109 H 91 52,1 164 85 37 36,92 65,88 61,83 47,85
110 F 98 48,0 160 57 31 35,88 57,43 57,28 49,11
111 F 80 56,5 150 73 42 48,52 58,03 58,71 49,12
112 H 87 66,4 165 98 33 44,14 62,81 59,61 49,13
113 F 95 50,0 163 61 32 38,54 69,52 65,31 49,18
114 H 85 66,2 157 96 43 46,62 62,26 59,71 49,26
115 H 81 74,0 172 115 42 46,66 57,18 55,3 49,37
116 H 83 80,0 180 120 40 46,71 57,88 55,33 49,66
117 F 85 45,0 160 63 37 41,04 64,63 64,43 50,14
118 F 88 78,3 160 79 34 53,85 62,55 60,73 50,42
119 F 90 64,1 153 67 32 49,98 66,95 64,98 50,65
120 H 92 57,0 159 80 28 42,04 71,62 67,35 50,71
121 H 87 65,1 160 90 32 47,12 67,21 64,08 51,31
122 F 90 89,8 156 79 38 59,38 64,8 62,32 51,36
123 F 78 66,0 163 82 51 52,14 57,87 58,7 51,59
124 H 93 72,6 163 89 40 47,12 71,3 66,11 51,62
125 H 92 83,0 175 102 26 48,01 68,05 62,92 51,63
126 F 84 55,0 154 64 43 50,28 67,39 67,44 52,98
127 H 83 76,0 175 105 40 50,71 64,73 62,34 53,47
128 F 80 59,6 167 74 30 50,49 63,17 63,86 53,67
129 H 85 63,2 165 88 33 48,55 69,97 67,43 54,01
130 F 83 55,3 153 63 33 52,27 68,63 69,05 54,20
131 H 86 62,6 165 86 42 48,31 71,39 68,56 54,27
132 H 87 76,0 174 97 28 51,04 69,96 66,43 54,56
133 H 80 73,0 173 103 38 29,39 34,42 33,12 54,89
134 H 90 69,8 170 85 31 50,47 76,74 72,36 56,20
135 F 80 50,0 155 60 33 52,24 70,75 70,35 56,63
136 H 84 58,0 180 87 30 40,74 63,62 61,22 56,65
137 H 90 63,0 170 80 43 48,4 78,79 74,81 56,72
138 H 90 66,8 175 84 38 48,87 77,98 73,58 56,91
139 F 89 45,3 158 51 33 47,33 81,2 67,74 57,32
140 F 87 52,4 160 56 40 51,91 78,68 71,57 57,99
141 H 69 72,0 167 109 33 57,64 60,8 62,11 58,28
142 F 79 56,9 150 60 27 60,44 73,17 73,08 59,13
143 F 91 57,6 158 54 39 54,61 83,81 72,59 59,14
144 H 85 49,8 150 65 30 51,79 83,71 69,74 59,29
145 H 86 76,0 175 89 40 56,68 77,77 74,54 59,70
12
Age Poids Taille Créatininémie Albuminémie Cockcroft MDRDc CKD-EPIc BIS1c
n° Sexe
(ans) (kg) (cm) (umol/L) (g/L) (mL/min) (mL/min) (mL/min) (mL/min)
146 H 93 73,0 178 81 31 52,06 84,92 79,15 59,86
147 H 84 85,4 192 104 26 56,52 73,37 70,38 59,91
148 F 82 90,7 160 75 36 73,28 71,72 71,79 60,05
149 F 85 70,1 160 63 32 64,03 78,08 77,84 60,55
150 F 84 64,0 165 62 31 60,39 78,38 78,63 61,07
151 F 82 77,6 177 74 34 63,54 73,34 73,48 61,17
152 H 88 74,0 185 87 33 54,36 81,8 77,77 61,32
153 H 80 70,0 174 88 38 58,66 76,89 75,8 62,10
154 F 88 65,2 165 58 36 61,07 84,52 78,77 62,41
155 H 90 65,0 165 70 38 57,07 91,15 78,38 63,17
156 H 82 58,0 170 75 32 55,13 83,52 78,46 63,28
157 H 86 69,7 179 81 41 57,11 84,95 81,85 63,49
158 F 77 65,2 163 65 43 66,02 75,47 77,88 63,60
159 H 85 68,2 183 82 33 56,22 84,52 81,76 63,95
160 F 82 59,1 165 58 27 61,74 82,24 78,8 64,01
161 H 80 76,8 172 88 43 64,36 79,31 78,19 64,05
162 H 79 62,0 172 79 32 58,84 82,23 81,38 65,01
163 H 86 111,0 176 97 40 75,95 83,06 79,24 65,33
164 F 88 65,3 168 55 38 64,5 91,11 81,26 66,26
165 F 81 60,2 165 56 32 66,26 86,52 80,91 67,29
166 F 89 70,0 165 54 35 69,07 94,38 82,53 67,72
167 H 70 69,0 171 90 36 65,96 75,55 77,67 67,85
168 F 80 73,0 160 60 39 76,27 85,03 84,54 68,07
169 H 91 66,0 178 68 31 58,45 100 83,75 68,18
170 F 84 58,0 163 51 40 66,54 93,35 79,71 68,80
171 F 99 50,9 155 38 38 57,38 115,64 72,08 69,35
172 H 84 88,4 186 86 32 70,75 90,61 87,82 70,10
173 F 87 92,6 169 62 19 82,7 92,65 91,66 70,32
174 H 79 81,0 178 83 35 73,17 89,2 88,62 71,52
175 H 83 57,5 175 65 27 61,98 99,99 84,07 72,08
176 H 86 71,2 180 71 40 66,56 100,2 88,73 72,14
177 F 86 45,2 160 41 33 62,2 106,05 74,94 72,19
178 F 79 82,3 157 59 36 88,9 90,21 88,86 72,55
179 F 87 80,0 165 54 40 82,03 100,36 88,59 73,23
180 F 85 58,0 164 47 46 70,91 102,78 81,67 73,37
181 H 70 63,2 168 76 40 71,55 87,34 87,3 74,76
182 F 81 60,0 165 49 38 75,48 100,8 84,42 75,48
183 H 78 50,2 173 58 25 65,96 108,11 85,42 79,04
184 F 86 48,0 158 37 36 73,19 121,37 78,8 80,24
185 H 86 53,4 178 53 31 66,87 123,25 87,83 81,66
186 F 80 60,0 165 44 30 85,48 114,42 88,08 83,87
187 H 81 58,3 167 54 43 78,29 121,01 89,47 84,29
188 H 87 62,3 177 54 34 75,16 127,97 92,03 84,50
189 H 92 65,0 162 47 31 81,59 141,81 89,83 86,34
190 H 80 57,8 162 51 40 83,58 126,3 89,9 87,36
191 H 81 96,0 185 71 42 98,05 117,48 106,44 88,44
192 F 80 45,4 165 36 34 79,05 128,11 83,58 88,71
193 H 87 62,0 180 46 34 87,8 155,54 99,3 98,14
194 H 83 87,0 181 57 36 106,93 142,17 108,43 98,75
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Annexe 3 : Cas clinique d’estimation de la fonction rénale en gériatrie
Madame R est hospitalisée dans le service du MISAG. Elle a 86 ans, pèse 45kg pour
164cm. La mesure de la créatininémie est de 120 µmol/L. Elle est réalisée par une
méthode enzymatique.
L’utilisation d’une méthode enzymatique pour la mesure de la créatininémie
conduit à l’obtention d’un résultat en moyenne 15% plus faible que celui obtenu
par la méthode colorimétrique de Jaffé, à partir de laquelle la formule de CG a été
élaborée.
L’eDFG selon CG est 21,26mL/min. Le DFG obtenu par la méthode de CKD-EPI est
présentée sous forme indexé par le logiciel de résultats biologiques : 35,39
mL/min/1,73m².
Les seules formules qui semblent adaptées à l’estimation de la fonction rénale
chez la personne âgée sont BIS1 et CKD-EPI. L’utilisation de BIS1 n’est cependant
pas recommandée par les agences françaises, européennes et américaines du
médicament. L’utilisation de CKD-EPI semble être la plus adapté chez l’adulte
jeune, l’âge moyen de la population lors de sa création était de 47 ans. De plus, il
n’existe pas de validation externe chez les patients de plus de 75 ans. Cependant,
cette méthode d’estimation est la plus récente et celle se rapprochant le plus d’un
DFG mesuré. Quant à l’utilisation de CG, elle n’est pas recommandée. Il s’agit
d’une femme, ce qui correspond à 4% de l’échantillon de 249 patients ayant servi à
la création de la formule de CG.
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Annexe 4 : Risques d’erreurs lors de l’estimation de la fonction rénale d’une
personne âgée et des adaptations posologiques sur un échantillon de 194
patients du MISAG
Mesure de la
créatininémie
Mesure du
eDFG
Classification
MRC
Digoxine Gliclazide
Liste des Rivaroxaban Sitagliptine
médicaments Apixaban Metformine
à risques Enoxaparine Colchimax®
Vildagliptine Simvastatine
1
Serment de Galien
si j'y manque.
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Résumé
Etude rétrospective sur les méthodes d’estimation de la fonction rénale et leur impact sur
l’adaptation posologique médicamenteuse dans un service de court séjour gériatrique.
Estimation de la fonction rénale chez le sujet âgé : éléments de choix d’une formule
de calcul et conséquences pharmacologiques
Le choix d’une formule d’eDFG est cependant difficile et les recommandations actuelles
manquent d’homogénéité. Les gériatres utilisent préférentiellement eDFG selon la formule de
Cockcroft & Gault (CG) datant de 1976 afin d’adapter les posologies des médicaments
prescrits mais 3 autres équations d’intérêt ont depuis été développées : MDRD, CKD-EPI et
BIS1. La Haute Autorité de Santé (HAS) préconise elle l’utilisation l’eDFG selon CKD-EPI
pour déterminer le stade d’une insuffisance rénale chronique mais recommande d’utiliser
l’eDFG selon CG pour adapter les posologies des médicaments à la fonction rénale.
Une étude a donc été conduite dans le service de médecine interne gériatrique du CHU de
Montpellier afin d’évaluer l’eDFG selon quatre méthodes, indexées ou non à la surface
corporelle des patients. L’impact sur l’adaptation des posologies des médicaments prescrits
en fonction du type de formule de calcul de l’eDFG a aussi été mesuré.
Durant les 75 jours de l’étude, 194 patients d’âge moyen 87,8 ± 5,9 ans ont été inclus (sexe
ratio H/F 0,46). Les eDFG calculés selon les 3 formules CKD-EPI, MDRD et BIS1 différent
signification par rapport à la clairance de la créatinine estimée par CG. La classification de
maladie rénale chronique diffère de l’estimation obtenue par la formule de CG dans 61% des
cas quand on utilise CKD-EPI, 77% avec MDRD et 32% avec BIS1. L’indexation des eDFG
mesurés par les 3 formules les plus récentes (CKD-EPI, MDRD et BIS1) influence de
manière signification les résultats obtenus.
Les 194 patients de l’étude ont bénéficié de 1632 prescriptions médicamenteuses (8,4
spécialités par patients) couvrant un panel de 269 molécules différentes. Une divergence
d’adaptation posologique est présente pour 25% des prescriptions lorsqu’on utilise une des
trois méthodes CKD-EPI, MDRD et BIS1 en remplacement de CG. Ces écarts sont observés
pour 48 molécules différentes dont plus d’un quart concernent des médicaments à visée
cardiologiques.
Cette étude démontre la forte variabilité entre les 4 formules d’eDFG au sein d’une
population gériatrique. Les divergences observées peuvent avoir un impact sur le bon usage
des médicaments.
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