ARTDAU-Volume 12-Issue 2- Page 61-84 (1)

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 24

Scien fic Journal of Faculty of Arts 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

https://artdau.journals.ekb.eg/

Des aspects métonymiques de l'argumentation


dans le roman « Les Chemins qui montent » de
Mouloud Feraoun : En vue de l’étude de la
littérature et pragmatique
Ahmed Moawad Abdel Hadi fayd
Assistant Professor - French Department – Faculty of Arts- Arish
University
Abstract
Notre étude analytique des aspects métonymiques de
l'argumentation dans le roman selon la langue littéraire et
l’approche littéraire réside dans le fait qu'elle reflète d'une
manière fidèle le mode de vie en ce qui concerne la société
algérienne, ses traditions, ses coutumes et sa vision du monde
pendant une période déterminée. Nous avons choisi de réaliser
notre étude, selon une introduction, une présentation de l'écrivain
et le résumé du corpus étudié, et des aspects métonymiques de
l'argumentation dans le roman « Les Chemins qui montent » de
Mouloud Feraoun, puis nous avons donné un réseau analytique
concernant cette image rhétorique, dans lequel nous avons tenté
de focaliser la valeur de l'image métonymique et son
fonctionnement argumentatif dans le roman.
Keywords : Argumentation , Les Chemins qui montent ,
Métonymie , Mouloud Feraoun
Article history:
Received: 21 October 2022
Received in revised form 4 November 2022
Accepted 18 December 2022

61
‫المجلة العلمية لكلية اآلداب مج ‪ ،١٢‬ع ‪٨٤ - ٦١ ،(٢٠٢٣) ٢‬‬

‫‪https://artdau.journals.ekb.eg/‬‬

‫المظاھر الكنائية للحجاج في رواية »الدروب الوعرة«‬


‫لمولد فرعون‪ :‬مقاربة أدبية تداولية‬
‫احمد معوض عبد الھادي فايد‬
‫أستاذ األدب الفرنسي المساعد ‪ -‬قسم اللغة الفرنسية ‪ -‬كلية اآلداب ‪ -‬جامعة العريش‬

‫المستخلص‬
‫تنطوي دراستنا على المظاھر الكنائية للحجاج في رواية الدروب الوعرة‬
‫لمولد فرعون‪ ،‬انطالقا من اللغة األدبية والمقاربة التداولية‪ ،‬حيث تعكس بطريقة أمينة‬
‫نمط حياة المجتمع الجزائري بعاداته وتقاليده ورؤيته للعالم أثناء فترة زمنية محددة‪.‬‬
‫توخينا إلنجاز ھذه الدراسة عرض مقدمة عامة عن موضوع الدراسة‪ ،‬وكذلك عرض‬
‫مبسط لحياة الكاتب وعمله قيد الدراسة‪ ،‬ثم استعراض المظاھر الكنائية للحجاج في‬
‫رواية الدروب الوعرة لمولد فرعون‪ ،‬ثم عرجنا على إعطاء شبكة تحليلية تختص‬
‫بمناقشة وتحليل الصورة البالغية للكناية‪ ،‬ودورھا الحجاجي في الرواية‪ ،‬محاولين‬
‫عبرھا تسليط الضوء على قيمة الصورة البالغية‪ ،‬والسيما الكنائية منھا ووظيفتھا‬
‫الحجاجية في الرواية‪.‬‬
‫الكلمات المفتاحية‪ :‬الحجاج ‪ -‬الدروب الوعرة – الكناية ‪ -‬مولد فرعون‬

‫تاريخ المقالة‪:‬‬
‫تاريخ اســـــــــتالم المقالـــــة‪ ٢١ :‬أكتوبر ‪٢٠٢٢‬‬
‫تاريخ استالم النسخة النھائية‪ ٤ :‬نوفمبر ‪٢٠٢٢‬‬
‫تاريخ قبــــــول المقالـــــــــة‪ ١٨ :‬ديسمبر ‪٢٠٢٢‬‬

‫‪62‬‬
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

Introduction
L’objectif principal de notre travail est de découvrir
une valeur et un fonctionnement des aspects métonymiques
en ce qui concerne la narration argumentative, et surtout
dans le roman « Les Chemins qui montent » de Mouloud
Feraoun. Depuis une décennie d'années, la métonymie a fait
un des objets d'une activité considérable dans le cadre de la
littérature. Les aspects métonymiques ne sont pas seulement
considérés simplement comme un phénomène langagier
lexical, mais aussi comme un des phénomènes
argumentatifs conceptuels. Ces opérations sont impliquées
dans la cognition du locuteur et du récepteur.
Notre étude se fonde sur une méthode analytique
dans une approche argumentative entre le signifiant littéraire
et le signifié argumentatif à propos de la métonymie. Notre
objectif dans cette recherche est d’essayer de démontrer le
pacte de lecture entre la vérité et la figuration fictive dans la
vie de l’héroïne. Certes, l’autofiction argumentative de
Feraoun est un genre littéraire, cette opération se compose
de deux types d’usage : le premier concerne les événements
du récit qui sont réels mais dans une méthode de la narration
métonymique, ce que nous allons observer dans le roman
notre corpus.
Les Chemins qui montent de Mouloud Feraoun n’est
pas uniquement un roman d’amour, même si sur le plan de
la trame, il ne s’agit que d’une passion, certes vigoureuse
entre Dahbia et Amer mais absurde et carrément invivable
pour une multitude de raisons. Et c’est en ceci que réside le
génie de l’auteur. Ce roman est une œuvre profonde et
complexe. En ce qui concerne le choix des personnages,
Dahbia, cette héroïne n’est pas d’abord une femme kabyle
comme il y en avait des milliers à l’époque. Dahbia,
originaire d’Ighil N’ezman est de foi chrétienne. Personnage
complexe ayant subi un traumatisme dans son enfance le
jour où son père lui révèle brutalement ne pas être son vrai
père. Elle avait neuf ans et était grièvement malade.
Mouloud Feraoun est un des écrivains algériens
d'expression français. Il est né le 8 mars 1913 à Tizi Hibel

63
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

en Haute Kabylie (Algérie) En 1952, il est devenu directeur


de l'école élémentaire à Fort National et sera même nommé
conseiller municipal. Cet écrivain est mort assassiné par
l'OAS à Alger le 15 mars 1962. Il a écrit de nombreux
ouvrages qui se caractérisent par l'usage pragmatique de la
figuration rhétorique dans sa forme argumentative qui se
veut transparent pour le plus grand nombre de destinataires
possible. De plus, cet usage esthétique de l'argument joue
sur la forme de la langue et peut faire l'objet de réactions et
d'interprétations diverses. Entre ces deux extrêmes, se situe
la vaste gamme des opérations métonymiques, préoccupées
à des degrés divers par une communication claire et
également les effets argumentatifs.
Le roman « Les Chemins qui montent »
De nos jours, le roman se taille en littérature, la part
du lion, car il a écrasé tous les autres genres. Le roman « Les
Chemins qui montent » est un des romans de vengeance et
d'amour dans un des villages algériens, lors de la guerre de
libération. C'est une histoire d'amour entre deux jeunes
Kabyles. Le personnage masculin est nommé Amer n'Amer,
le fils d'une femme française s'appelant "Madame" tout au
long du roman et d'un père Kabyle décédé, Amer Ait Larbi.
Jeune, beau, intelligent et ouvert sur le monde, Amer le fils
vient de rentrer dans son village natal Ighil-Nezman, après
une longue absence en France. Contrairement à tous les
jeunes partant pour "arracher un morceau de pain", Amer
était différent, par ce qu'il détestait sa vie à Ighil-Nezman, et
ne supportait pas le mode de vie de ses habitants où
dominent la duplicité, les intérêts et le mépris envers les plus
faibles. Amer était un idéaliste dans un monde qui ne l'était
pas.
Feraoun a choisi de débuter son récit par la fin :
l’amoureux meurt quand Dahbia se lance dans la narration
de ses sentiments et de ses contradictions. Il ne s’agit pas
comme nous avons souvent l’habitude de le lire, d’une idylle
qui commence de fort belle manière pour ensuite finir par
tomber dans les serres des aléas imprévisibles de la vie avec
l’assurance d’un épilogue souvent malheureux et parfois

64
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

heureux. Dans L’Adieu aux armes de Ernest Hemingway,


« la femme aimée périt à la fin en plein accouchement mais
elle ne trépasse qu’une fois l’amour vécu. Dans L’amour au
temps du Choléra de Garcia Marquez Gabriel, la femme
aimée troque son mari contre un richissime médecin.
L’amant ne désespère pas. Il attend toute une vie et à la mort
du mari, il part rejoindre sa bien-aimée afin de vivre la
poignée de jours qui lui reste et mourir en sa compagnie. »(1)
Dans Les chemins qui montent, Dahbia et Amer
s’aiment de manière insolite. Le contexte de la Kabylie de
l’époque (rencontres à la sauvette aux alentours de la
fontaine) fait l’originalité de ce roman, qui est réédité chaque
année tant en Kabylie, par diverses maisons d’édition qu’en
France par Le Seuil. Si les mots utilisés par Feraoun sont
simples, ce n’est vraiment pas le cas des idées exprimées.
Langage littéraire de Mouloud Feraoun et
argumentation rhétorique
Le titre « Les Chemins qui montent » dispose d’une
valeur métonymique révélant les intentions de l’écrivain, si
nous devions traduire la signification du titre par rapport à
l’identité du narrateur, il raconte l’histoire algérienne dans
une période de la colonisation à travers une langue littéraire.
Le langage littéraire de Mouloud Feraoun utilise
fréquemment des énoncés qui, d’un strict point de vue
rhétorique, apparaissent argumentatifs. Nous jetterons la
lumière sur l'un des processus argumentatifs dans le
discours littéraire qu’est la métonymie et sa relation. Nous
allons essayer aussi d'élucider cette figure qui occupe une
place importante dans la nouvelle rhétorique en abordant ce
rôle dans le discours qui a bel et bien suscité l'intérêt de
plusieurs spécialistes comme l'observons-nous dans les
travaux de Détrie2 Charbonnel, Keiber,3 et autres. Donc,

(1)
https://www.babelio.com/livres/Feraoun-Lescheminsqui
montent/25528/critiques? Note=5
(2)
Détrie Catherine, Du sens dans le processus métaphorique, champion,
Paris, 2001
(3)
Charbonnel Nadine & Kleiber Georges, La métaphore entre
philosophie et rhétorique, PUF, Paris, 1999

65
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

l'analyse pragmatique de la métonymie n'est pas nouvelle ;


mais la difficulté, nous la voyons bien, provient de ce que la
distinction entre ce qui est proprement linguistique et ce qui
relève de l'univers extralinguistique. L'analyse pragmatique
qui est « née dans le cadre de la linguistique, permet
d’expliquer comment le langage fonctionne correctement
dans des contextes spécifiques. Sa particularité est d’étudier
l’usage expressif des signes par les locuteurs, de manière à
modelions les fonctions de construit de la signification et,
très soucieuse de définir les arguments en termes d'essence
argumentatif, s'est efforcée jusqu'à présent, à travers des
hypothèses diverses, et de définir les figures argumentatives
non comme un "objet" mais comme un participant. Parmi
ces figures, nous trouvons la métonymie.
L'étymologie et la définition
Le nom de cette figure « métonymie » vient du
vocable latin métaphore, lui-même emprunté au grec.4
D'abord, ce terme signifiait « transport », et depuis l'époque
de la rhétorique d'Aristote « changement », « transposition
de sens. »5 Pour ne parler que de l'intérêt, relativement
récent, des linguistes pour le phénomène de la métonymie.
Chez les linguistes modernes, chaque fois que les sciences
de la langue s'intéressent à l'argumentation, c'est la
métonymie, souvent mise en regard avec la métaphore, qui
retient toute l'attention. Ainsi la métonymie est dans le
discours littéraire une opération linguistique et cognitive qui
réfère essentiellement à une fonction référentielle, en ce
qu'elle autorise l'emploi d'une entité pour en représenter une
autre. Nous avons besoin d'extraire la relation qui existe
entre l'entité utilisée et celle référencée. La métonymie peut
être considérée en tant que trope comme un « changement »
: changement individuel de la dénomination par rapport à «
l'usage ordinaire », dans un but de raccourci ou d'effet
argumentatif.
Dans les dictionnaires
(4)
cf. Le Grand Robert 2005, version électronique 2.0, Op.cit.
(5)
cf. Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, Mot
métaphore

66
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

Selon Dictionnaire de Linguistique, la métonymie est


une figuration rhétorique «consistant à désigner un objet ou
une notion par un terme autre que celui qu'il faudrait, les
deux termes ou notions étant liés par une relation de cause
à effet (la recolle peut désigner le produit de la cueillette et
non pas seulement l'action de cueillir elle-même), par une
relation de matière à objet ou de contenant à contenu (boire
un verre), par une relation de la partie au tout (une voile à
l'horizon).» 6 Alors cette métonymie joue un grand rôle dans
la création figurative ; beaucoup de sens figurés ne sont que
des métonymies usées. Donc, selon le dictionnaire
Macmillan, la métonymie est une expression dont la
signification diffère de la signification des mots
individuels.7 Pour la rhétorique française, comparaison /
l'analogie ne constituent en fait qu'une partie, parmi d'autres,
des figures du discours. Cette figuration étant définie
comme art de peindre par les mots et rapprocher les
arguments par la relation entre le comparé et le comparant.
La métonymie est généralement définie comme trope par
ressemblance, elle repose donc sur une relation de
similitude. Autrement dit, il s'agit de la transposition de sens
fondée sur une relation d'analogie.8 La métonymie et la
métaphore sont présentées comme « reine des figures », par
exemple, Calas définit la métonymie comme « passe pour la
reine des figures de style, celle qui permettrait d'évaluer le
mieux la part de créativité de l'écrivain » 9 Selon la
classification, cette figure, tout comme la comparaison,
repose à l'analogie.

(6)
Dubois Jean, Giacomo Mathée, Guespin Louis, Marcellesi Christiane,
Marcellesi Jean-Baptiste, Mevel Jean-Pierre, Op.cit., pp. 202-203
(7)
Macmillan English Dictionary for Advanced Learners, First Edition
Learnes Cambridge, University, 1999. 2002, Malaysia, p. 710 « An
idiom is an expression whose meaning is different from the meaning
of the individual words »
(8)
cf. Fromilhague, Catherine. Les figures de style. 1re éd. Paris :
Nathan, 1995, p. 55
(9)
Calas, Frédéric, Introduction à la stylistique, Hachette, Paris, 2007, p.
162

67
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

Chez les argumenteurs


L'identification d'une métonymie se fait à partir de la
rhétorique pragmatique. C'est par la nouvelle rhétorique, que
nous saisissons par exemple, le plus grand degré de
rhétorique s'intéressant à l'argumentativité de la métonymie
par rapport à l'énoncé figé, lequel se réfère à des arguments
précis. À partir du moment où la métonymie a été abordée
comme une unité du système de la langue qui se compose
d'autres unités ; unité phrastique qui, à son tour, se compose
d'unités syntagmes, il s'agit d'unités-mots, et unité
conceptuelle se fondant aussi sur l'unité intertextuelle
assurant la cohérence textuelle. Selon Bonhomme, « la
métonymie se définit donc par ses refonctionnalisassions
entre le niveau syntagmatique profond et le niveau actualisé
du langage. » 10 De plus, la métonymie est plus émotive,
forte, ayant des connotations plus positives. La métonymie,
c'est un procédé consistant dans un transfert de sens
(vocable concret dans un contexte abstrait) par substitution
figurée. Concernant l'argumentation, Ricalens-Pourchot
assure que la figure consiste en rapprochement du mot
«normal » par un autre mot appartenant à un champ
sémantique (ensemble structuré de sens) différent mais tous
deux présentant des similitudes ».11 Mais l'opposition dont
Jakobson a montré le caractère fondamental entre la
métonymie qui dépend de la faculté de combinaison, et la
métonymie qui se fonde sur l'analogie. L'intervention de
l'activité référentielle dans le mécanisme de la métonymie
est déjà exprimée dans la désignation d'un objet par le nom
d'un autre objet qui fait un tout absolument à part, mais qui
lui doit ou à qui il doit lui- même plus ou moins, ou pour
son existence ou pour sa manière d'être.12
Fonctionnement
La fonction qui joue un rôle non négligeable dans la
description argumentative des métonymies et qui a été
(10)
Bonhomme Marc, Op.cit., p. 46
(11)
Ricalens-Pourchot, Nicole, Op.cit., p. 85, cité de Petit Robert
(12)
cf. Le Guern Michel, Sémantique de la métaphore et la métonymie,
Librairie Larousse, Paris, 1973, p. 25

68
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

souvent souligné dans les travaux sur la figuration


métonymique est celle qui a trait à leurs propriété
pragmatiques et argumentatifs. La relation fonctionnelle est
essentiellement de deux types : la relation paradigmatique
partie-tout (employée en partie vers le tout ou en tout vers la
partie) et un ensemble a priori ouvert de relations
fonctionnelles. La fonction argumentative passe donc par la
prise en compte des traits pragmatiques qui sont une partie
intégrante de la métonymie. Par exemple, dans un énoncé tel
que :
Table (1) Mokrane, nous sommes encore au printemps
Mokrane, nous sommes encore au printemps, ne crois
pas que la figue soit mûre. Elle n’est pas pour toi, la figue
fraîche !1

La figue soit A1
mûre
La figue A2
fraîche
Nous observons que le narrateur remplace un terme «
l’héroïne Dahbia » par un autre « la figue fraîche » qui a un
rapport logique lors de la narration, mais qui n'a aucun
élément matériel commun. Ce narrateur substitue le
contenant au contenu. A travers les deux structures « la
figue soit mûre » et « la figue fraîche», nous pouvons
observer que le sens source réfère au fruit de figue qui est un
des fruits de l'automne. Alors qu'il est au printemps. C'est
une métonymie sur l'héroïne « Dahbia » qui représente la
figue fraîche au printemps. La notion de représentation
métonymique joue ici un rôle rénovateur important en
argumentation discursive. De plus, cette opération occupe
une position centrale en sciences de l'argumentativité. Nous
pouvons redéfinir le fonctionnement métonymique, d'après
ces énoncés, comme une capacité de transformer l'argument
situationnel par des figures rhétoriques. Entre l'argument et

(1)
Faraoun Mouloud, Les Chemins qui montent, Éditions du Seuil, Paris,
1957, p. 52

69
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

le réfèrent, il n'y a pas de relation terme à terme. Toute


variation dans ces réseaux du repérage est susceptible de
modifier les valeurs d'une part référentielles, et d'autre part
argumentative, comme en témoignent ces arguments
métonymiques, car ces éléments rhétoriques soulignés sont
identiques dans l'hypothèse, la causalité et temporalité. Le
destinataire et le destinateur doivent prendre en
considération les domaines extralinguistiques pouvant
donner lieu, dans les constructions linguistiques, à des
degrés d'actualisation plus ou moins marqués. Ainsi la
relation interne et externe entre ces énoncés ou ces
arguments est figuratif, car il serait donc fondé bien ou
incontestable de considérer ces signes métonymiques comme
un paradigme à l'intérieur duquel procéderait l'activité de
sélection argumentative. Ces traits rhétoriques ou du bien
dire se manifestent aussi, comme nous le voyons, par la
présence de déictiques figés dans les expressions
métonymiques.
Mokrane, nous sommes encore au printemps, ne
crois pas que la figue soit mûre. Elle n’est pas
pour toi, la figue fraîche !1
La relation qui existe entre l'énoncé (A١) est intégrée
à l'énoncé (A٢). De plus, la relation de l'énoncé (A٢) est
aussi complétée par l'énoncé (A١). Il serait donc évident de
considérer ces arguments comme un paradigme à l'intérieur
duquel procéderait l'activité de sélection argumentative. Le
choix est ici limité aussi bien par la situation concrète à
laquelle l'argument fait référence que par la signification des
éléments précédents de la chaîne énonciative. En même
temps, cette chaîne référentielle aide le destinataire à
coordonner plusieurs connaissances linguistiques et logiques
en lien avec le contexte. L'auteur applique donc la
référentialisassion extralinguistique, car le choix entre ces
arguments n'est pas un choix purement linguistique ; il s'agit
de l'établissement d'une combinaison entre l'entité
linguistique et la réalité extralinguistique. C'est une forme

(1)
ibid., p. 52

70
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

argumentative puissant l'argument. C'est un argument


concluant, démonstratif, pressant، invincible.
L'effet argumentatif
Une des questions les plus complexes concernant
l'effet argumentatif de la métonymie a trait à la manière
dont nous rendons compte des composants métonymiques
qui interviennent de façon incontournable dans le sens
argumentatif à propos de la métonymie ; en fait cet effet est
indissociable dans les situations communicationnelle et
argumentative. Relativement à l'argumentation, la
métonymie est une structure également prévisible en raison
de la correspondance entre le sens de la somme de chacun
de ses éléments constitutifs et le sens argumentatif de la
métonymie. La métonymie marque un rapport entre deux :
la relation linguistique et celle extralinguistique dans un
contexte précis. Il s'agit de donner un argument acceptable
chez le récepteur. Ce fonctionnement est le plus proche de
l'analogie argumentative puisque les relations
(linguistique/extralinguistique) sont tous les deux présents
dans le contexte, mais contrairement à la métonymie.
L'outil de cette dernière est exprimé explicitement. Ainsi, la
parenté entre la fonction argumentative de l'activité de
métonymie et la combinaison syntaxique est rendue
évidente par le rôle double que jouent les outils
linguistiques/extralinguistique auxquels nous donnons le
nom d'objets comme nous allons le voir dans l'exemple
suivant tiré du roman :
Cela ne m’empêche pas d’être chrétienne du fond du
cœur, tandis que d’autres le sont du bout des lèvres…1
À première vue, nous observons qu'il n'y a pas
figuration dans cet énoncé, alors que le lecteur observe après
une analyse plus approfondie qu'il existe deux métonymies ;
l'une se trouve dans la structure « être chrétienne du fond du
cœur » qui réfère à toute croyance. ; et l'autre se trouve dans
la structure « d’autres le sont du bout des lèvres » réfère à
une croyance mais formelle et non vraie. Argumentativment,
(1)
ibid., p. 25

71
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

la métonymie linguistique agit en substituant un terme à un


autre en prenant appui sur une relation pragmatique entre les
prototypes. Nous pouvons représenter cette relation
métonymique sous la forme suivante

Cœur
L'homme
Lèvres

Le chrétien du cœur Le croyant

Le chrétien des lèvres

D’un point de vue interprétatif, cette métonymie nous


a permis de joindre deux espaces sémantiques différents, car
ce donné argumentatif renvoie ici à la situation imaginaire,
puisqu'il s'agit du dialogue déterminé situationnellement. La
distinction entre la métonymie métaphorique « Le chrétien
du cœur » et « Le chrétien des lèvres » vaut également pour
la relation inter-propositionnelle/énonciative. C'est au degré
d'actualisation de l'argument et à son inter-relation que se
mesure en partie la relation de l'argument avec le domaine
référentiel argumentatif, car nous ne pouvons pas
déterminer ces valeurs et les effets argumentatifs en dehors
du contexte de la situation de l'énonciation, car le choix
métonymique est ici limité bien par la situation
communicationnelle à laquelle les arguments font références
que par les significations argumentatives des éléments
précédents de la chaine énonciative.
Cette métonymie se basant sur la métaphore peut
faire un objet des études côte à côte en traductologie et en
argumentativité « parmi lesquelles beaucoup s'appuient sur
une vision de la métaphore comme un transfert purement

72
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

linguistique ».1 La vision conceptuelle de la métaphore


énoncée par les argumenteurs ouvre de nouvelles pistes à
l'étude de la progression thématique se basant sur cette
métaphore, car cette figure rhétorique n'est pas un ornement
discursif, mais plutôt le reflet de notre expérience du monde
constituant ainsi une vision universelle et significative ou
prégnante de conceptualisation comme nous allons le voir
dans l'exemple suivant tiré du roman:

Ses cheveux libérés pouvaient déborder


librement hors du lit …2
À l’aide de cette métonymie, l'auteur a pu décrire
certaines qualités et propriétés des cheveux du personnage.
Nous pouvons observer la métonymie qui renvoie à la
structure « Ses cheveux libérés » côte-à-côte avec la
structure métonymique « déborder librement hors du lit ».
Cette figuration porte sur l'agencement des mots au sein de
l'énoncé, il s'agit de combinaisons syntaxiques. L'effet
argumentatif se base ici sur le lien argumentatif et causal.
Ce qui pourrait fort bien n'être que la projection sur l'énoncé
d'une double liaison extralinguistique : « déborder librement
hors du lit » renverrait alors directement à l'objet extra-
linguistique attaché à l'énoncé précédent « Ses cheveux
libérés ». Ainsi est rendu manifeste le caractère ambigu de
la relation argumentative faisant intervenir à la fois la
combinaison, intérieure au langage, liant les éléments sur
l'axe pragmatique qui correspond à la relation
extralinguistique qui s'établit entre la chaîne argumentative
et la réalité extérieure au message lui- même.
Ainsi cette métonymie est une figuration par laquelle
l'argumentateur transporte, pour ainsi dire, la signification
propre d'une structure à une autre signification qui ne lui
convient qu'en vertu d'une comparaison étant dans la pensée

(1)
Meyers Charlène, « la traduction de la métaphore verbale dans un
contexte de vulgarisation : étude de cas », vertimo studijos. 2016. 9,
ISSN 2029-7033, p. 96, consulté le 12 mars 2019. URL :
https://www.researchgate.net/publication/314253113
(2)
Les Chemins qui montent, p. 7

73
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

du récepteur. Dans le domaine argumentatif, l'appartenance


de l'argument à un sous-ensemble lexical ne saurait être
déterminée sans tenir compte du contexte figuratif qui
mérite d'être privilégié comme le milieu où se constitue le
sens. Donc, la métonymie est ici une figure par laquelle
l'auteur a transporté, pour ainsi dire, la signification propre
d'une structure à une autre signification qui ne lui convient
qu'en vertu d'une comparaison étant dans l'esprit. Ce
descriptif visuel profite de ces moyens d’une manière
argumentative..
1.2.1. Exemples explicites et analytique des aspects
métonymiques dans le roman.
Nous nous proposons ici de réaliser une analyse du
processus métonymique de nature essentiellement
linguistique et non-linguistique, envisagée en tant qu’objet
pragmatique et argumentatif se basant sur la vision
narrative, pour arriver à la définition des spécificités la
distinguant des autres tropes, en particulier de la métaphore.
Cette dernière est un des outils variables de figuration. Elle
permet de distinguer l'argument existant dans les énoncés.
Tableau (2) : La métonymie et son analyse critique
Ex. L’énoncé métonymique L'analyse critique
I Les chemins qui montent (le titre)
Mouloud Feraoun dans son roman « Les
Chemins qui montent», regroupe une variation de
figures de style lors de la narration ; il représente
une métonymie par le sens figuratif et surtout
symbolique dans la mesure où il annonce à
travers le titre le résumé du roman dans un sens
métonymique, et évoque l’histoire sociale de son
pays.
Placé à la lisière du roman ou au seuil de
la narration, il en est la métonymie. Cet énoncé
est doté d’une valeur discursive révélatrice des
intentions de l’écrivain. Si nous traduisons cette
métonymie et son signifiant en relation côte-à-
côte avec l’identité de la narration, ce titre
métonymique annonce un récit de vie des

74
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

habitants algériens qui vivent dans un pays


plongé dans les souffrances et la misère à cause
de la colonisation française. En ce qui concerne
la valeur argumentative, cette opération
pragmatique énonce la thématique du roman, et
signale conjointement les attaches de la narration
au registre argumentatif. Ce titre de l’œuvre basé
sur la figuration, lie donc les personnages
romanesques à une vie pauvre.

III Ma mère est revenue de chez Ameur toute pâle,


les lèvres tremblantes. 1

L'auteur a utilisé d'après la parole de


l'héroïne « Dahbia» une structure métonymique
« toute pâle , les lèvres tremblantes » pour
exprimer l'état psychologique de la mère qui n'a
vraiment pas l'air en forme. C’est une procédure
de la description se base sur la mise en relation,
car le visage pâle et les lèvres tremblantes
réfèrent à l'état qui a venue après. C'est une
métonymie d'un choc. Plutôt que de traduire mot
à mot, Mouloud Feraoun a utilisé la structure «
toute pâle, les lèvres tremblantes » pour
exprimer l'expression d'un choc. Cette structure
cible nous offre un bel exemple de la métonymie
exprimant le choc. De plus, cette structure
rhétorique construit également une relation
référentielle qui est appréhendée dans la
dimension argumentative. La figuration cible
réfère ici à la substitution de l'effet « toute pâle,
les lèvres tremblantes » à la cause du choc. Cet
énoncé est une figuration par laquelle nous avons
pu désigner la cause pour l'effet.
Le sens cible trouvé dans cette structure
métonymique spécifie alors l'argumentativité du

(1)
Les Chemins qui montent, p. 8

75
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

référant à la situation de la mère qui était


revenue de chez Ameur. Cette figuration porte
le tout sens qui existe dans l'énoncé explicite «
Elle n'est pas allée bien, elle était sous le choc »
grâce à la suffisance la valeur argumentative, car
le sens cible réfère fortement au choc. À moins
que l'auteur ait réussi justement à figurer la
cohérence pragmatique entre cette métonymie et
l'argumentativité temporelle qui dessine une
relation temporelle qui entretient avec les jeunes
de la caverne.

IV Elle aimait l’entendre parler, cela lui donnait


chaud au cœur…2
L'écrivain a voulu, d'après la figuration
métonymique, nous donner un aperçu général
concernant l'état de l'héroïne « Dahbia » qui est
heureuse quand elle parle au héros. L'auteur a
utilisé la structure métonymique « cela lui
donnait chaud au Cœur » qui traduit toute la
tranquillité. Ce procédé argumentatif et
rhétorique correspond à la technique de la
référenciation pragmatique existant dans le sens
source. L'auteur a réussi à identifier et à traduire
cette relation argumentative entre le référent et
son interprétation. Il s'agit d'utiliser la manière
métonymique. Cette métonymie est au cœur du
débat dans la mesure où elle manifeste que nous
appréhendons des abstractions temporelles à
travers des représentations concrètes liées à l'état
psychologique. La figure « donner chaud au
Cœur » est ici un argument par lequel nous
avons pu désigner le contenant pour le contenu.
Dans ce cadre, l'objet de la métonymie n'est plus
le dire, ni plus la langue, ni non plus l'expression
linguistique, mais le vouloir-dire, désignant ce
(2)
Les Chemins qui montent, p. 27

76
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

que veut dire l'argument cible.


Il y a ici presque une analogie
sémantique à propos de l'acte rhétorique
replacée dans la situation de communication.
Dans l'interaction entre le sens cible et le
récepteur, ce dernier mobilise ce qu'il sait du
sujet et de la situation de communication puis
peu à peu il projette son savoir et globalement
son acquis cognitif. En quelque sorte, cette
figuration métonymique n'est qu'un argument
permettant au récepteur de construire un sens
argumentatif. Dans ce cadre, le sens source et
l'argument cible apparaissent comme une entité
ouverte d'imagination ; il véhicule beaucoup de
sens. De fait, comme le sens naît, selon la
pragmatique tantôt dans la tête du destinateur,
tantôt dans la tête du destinataire, d'une fusion
des connaissances rhétoriques et des
connaissances thématiques ainsi que des
connaissances liées à la situation de
communication, aux conditions d'énonciation.
Relativement à l'évaluation pragmatique, cette
technique métonymique équivoque le sens
source si l'interprétation est la fonction du
récepteur, c'est-à-dire fournir au récepteur, si
possible, la valeur argumentative de la
figuration sur le thème traité.
V Allons, allons, en vous seuls les ventres
parlent… P19

77
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

L'auteur va vers la figuration


métonymique à travers la structure « seuls les
ventres parlent » pour exprimer l'état de la
société algérienne dans un moment présent.
Cette figuration traduit le degré de la matérialité
qui existe dans cette société. De plus, il a utilisé
la métonymie côte-à-côte avec la métaphore
dans la structure « les ventres parlent ». Dans cet
énoncé, le héros a utilisé le caractère universel
de la langue française. Il a traduit le sens source
une fois par figuration métonymique cible «
seuls les ventres parlent » qui est « un mode de
pensée figurative. »3 Cette métonymie cible
établit une relation conceptuelle entre le sens
source et l'argument cible, car l’emploi de la
métonymie relève ici davantage d’un souci
d’efficacité dans la communication en exprimant
de manière concise et aussi directe un contenu
sémantique et pragmatique si le contexte est déjà
fermement établi.
L'énoncé métonymique « seuls les ventres
parlent » est une figuration par laquelle cet
argument désigne le symbole pour la réalité. De
point de vue narratologique, cette description
métonymique représente la marche vers
l'évaluation de la société. La construction
argumentative reste ici valable avec les
phénomènes étant agentifs au sens narra--typique
grâce à cette métonymie. C'est le cas des agents
causatifs dans sa société.
VI Et à force de ruminer des idées noires, de
la mélancolie elle glissa vers la tristesse …4
En effet, la métonymie ‘’ elle glissa vers
la tristesse’’ comme un des tropes, se définit par
(3)
Bonhomme Marc, Le discours métonymique, Peter Lang, New York,
Oxford, 2006, p. 18 cité de GIBBS Ray, The poetics of Mind,
Cambridge, Cambridge Press University, 1994, p. 11
(4)
Les Chemins qui montent, p. 59

78
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

un écart argumentatif. Le narrateur veut dire que


l’héroïne fut très triste, il passe de l’explicit vers
l’implicite pour donner au récepteur le zone
d’interprétation ; il s’agit du remplacement d’une
structure propre par une autre différente et figée.
Dans cette citation, il y a deux façons de
modéliser cette métonymie : La première est
une tentative d’organisation du sens dans un
cadre topique, il s’agit de ‘’contenant pour
contenu’’ ou ‘’marque pour objet’’, où le
récepteur indique les restrictions d’emploi de ces
relations, alors que la seconde peut être viser à
tenter de distinguer les différents types de sens
au niveau de leur comportement référentiel.
L’objectif du narrateur est ici de développer le
sens propre à une forme de référence.
La métonymie « elle glissa vers la
tristesse » est en plus de l’opération littéraire,
c’est un mécanisme cognitif ayant
essentiellement une fonction référentielle, il y a
une relation entre l’entité utilisée « elle glissa
vers la tristesse » et celle référencée ; il s’agit
de la misère de l’héroïne. Cette relation
narrative à priori ouvre des relations
fonctionnelles. La structure « glissa vers la
tristesse » est une partie significative référant au
tout : une condition de notre héroïne. Ainsi, cette
métonymie repose sur la base fonctionnelle où la
marque linguistique est employée au lieu de
l’objet cognitif.
VII Mais la richesse est aveugle…5
La citation ci-dessus se base sur une vue
de la linguistique cognitive, en ayant fait de cette
opération un phénomène conceptuel, nous
pouvons approcher d'une définition comme un
trope. Nous pouvons ainsi observons que ‘’ Mais
(5)
Les Chemins qui montent, p. 56

79
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

la richesse est aveugle’’ est un mécanisme


littéraire fondé sur un acte de langage, dans
lequel nous posons, d’une manière réelle, une
question sur la capacité d'interprétation non-
littérale. En même temps cet exemple met en
valeur la substance du message complétant la
fonction référentielle de l’acte littéraire en
superposant à l’action de désigner la richesse
comme un homme aveugle. L’énoncé ‘’ la
richesse est aveugle ‘’ basé sur la figuration
métonymique décrit la réalité. Ainsi, nous
pouvons dire d’après cet exemple que le
récepteur envisage cette réalité.
Dans les faits de caractérisation ‘’ la
richesse ≠ aveugle » non pertinente, cette
opération métonymique croise l’hypallage dont
seule la construction de l’énoncé permet de la
différencier. En revanche, dans «la richesse est ≠
aveugle », le premier substantif caractérise le
sens dénotatif. Bien sûr, le commentaire
commence avec une interrogation sur le choix de
«la richesse est ≠ aveugle » au lieu de «la
richesse est comme un homme aveugle » :
intensification de la qualité qui s’applique aux
deux mots ; l’adjectif « aveugle » lui-même est
employé comme métonymie de « un homme
aveugle marche et va dans l’obscurité », qui est
dénotativement plus pertinent. Bien entendu, il
attend que le narrataire comprenne qu’il y a une
critique ou une ironie de la richesse.
VIII Depuis ce matin ma tête chante son bonheur…6
Cet énoncé narré est une variété de
métonymie car la structure « ma tête » et celle-ci
« son bonheur », comme la suite de la narration
l'indique, désigne une opération cognitive. Le
mot qui signifie normalement la partie est utilisé
(6)
Les Chemins qui montent, p. 117

80
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

pour figurer le bonheur ; c'est donc un des cas


typiques, car l’ellipse narrative « ma tête chante
son bonheur comme un oiseau » est manifestée
par le contexte narratif, puisque la constitution
figurative de « son bonheur » et de «ma tête »
n'est pas altérée ; le glissement de la référence
cognitive est rendu et manifesté par le contexte.
Sur la valeur argumentative, nous pouvons
observer la différence de portée entre ce que
propose l’énoncé métonymique et l’équivalent
réel, au moins dénotatif ; le référent «
métonymisé » « son bonheur » et de «ma tête »
devient un objet symbolique, révélateur ici du
bonheur humain. De plus, la surface de l’énoncé
narré, la figure métonymique apparait comme
une variation saillante, dans la narration, et qui
joue sur la plasticité de la langue littéraire. Cet
énoncé métonymique n’acquit son statut figural
qu’à un niveau plus profond, il s’agit d’ordre
psycholinguistique.

IX Toutes ces idées s’installent en moi…7


La relation entre l’opération métonymique
« ces idées s’installent en moi » et l'objet qu'elle
désigne peut-être détruite, car cette structure
comprend des associations et des combinaisons
stéréo typiques dans lesquelles il y a des
relations inédites : de tel énoncé montre que le
déplacement métonymique est infini, et plus
arbitraire que le déplacement synecdochique
s’appuyant sur des relations inaliénables entre
référents. La force de cet énoncé métonymique
vient de la condensation et son pouvoir
rhétorique ; le narrateur, pour donner le sens
dénotatif du trope, a recours à une paraphrase
développée.
(7)
Les Chemins qui montent, p. 118

81
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

La métonymie s'explique, dans le


contexte, par une ellipse ces idées s’installent en
moi comme le cœur dans le corps ‘’ qui permet
de rendre compte d'une autre motivation. Le
narrateur recourt au mécanisme figuratif pour
pallier les vocabulaires. Il a désigné ses
motivations et ses émotions par une périphrase
plus étendue ; c’est un type de l’économie
narrative.

Conclusion
Nous pouvons ainsi remarquer que l’utilisation
métonymique a apporté, lors de la narration un
enrichissement du signifié par l'originalité extra-linguistique
qu'elle présente ; il s’agit de « l'effet de sens ». Ce
mécanisme narratif a créé par exemple une force suggestive
remarquable dans le cas de la narration.
Dans l’opération narrative, le potentiel persuasif se
base parfois sur le flou des figures de style, surtout, la
métonymie qui s'adresse autant au cœur et à l'esprit qu'à la
raison, les figures de style éveillant l'imagination et incitant
à la réflexion s'y trouvent de manière assez récurrente. La
métonymie a figuré dans les exemples choisis
simultanément un lieu de l'intervalle de la réciprocité,
dressant son argumentativité comme outil du bien dire.
Dans cette métonymie s'établit une sorte de dialogue
doux entre le comparé et le comparant en tant qu'une
opération métaphorique, ou une sorte de face à face où il
n'est pas interdit aux deux faces argumentatives de se
rejoindre jamais, de sorte que le comparé et le comparant ne
trouvent leur éternelle unité que face à face.
L'argumentation se basant sur les aspects métonymiques
étudie la valeur littéraire des images linguistiques, car le
langage figuré n'est pas avant tout le produit d'un besoin
esthétique ; il résulte de l'infirmité du récepteur, des
nécessités inhérentes à la communication des idées. Par

82
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

conséquent les figures métaphoriques jouent un rôle très


important dans l'opération argumentative, car elles
rapprochent le sens dans l'imagination du récepteur à travers
la figuration argumentative. L'auteur a utilisé la structure
argumentative du sens cible à condition de ne pas fausser le
sens source. De plus, il peut exercer les figures rhétoriques
comme outil de sens, parce que ces figurations et leurs outils
peuvent aider le récepteur à bien transférer le message.

Références Bibliographiques
I. Les Corpus
 Faraoun Mouloud, Les Chemins qui montent, Éditions
du Seuil, Paris, 1957.
II. Sources
 Ascher François, « La métaphore est un transfert, des
idées sur le mouvement au mouvement des idées »,
Cahiers internationaux de sociologie, Presses
Universitaires de France, 2005/1 n° 118
 Bacry Patrick, Les figures de style et autres procédés
stylistiques, Belin, Paris, 1992
 Bonhomme Marc, « De l'argumentativité des figures
de rhétorique »، Argumentation et Analyse du
Discours, éd Université de Tel-Aviv [En ligne], 2 |
2009URL : http://journals.openedition.org/aad/495
 Bonhomme Marc, « Vers une appropriation
linguistique des figures », L'Information
grammaticale. – n° 137. – Mars 2013
 Calas, Frédéric, Introduction à la stylistique,
Hachette, Paris, 2007
 Charbonnel Nadine & KLEIBER Georges, La
métaphore entre philosophie et rhétorique, PUF,
Paris, 1999
 Détrie Catherine, Du sens dans le processus
métaphorique, champion, Paris, 2001
 Du Marsais, César, Traite des tropes suivi de Jean
Paulhan Traité des Figures. Paris : Le Nouveau
Commerce, 1977

83
Scientific Journal of Faculty of Arts, Ahmed Moawad. 12 (2) 2023, 61 ‐ 84

 Fromilhague, Catherine, Les figures de style. 1re éd,


Nathan, Paris, 1995
 Gibbs Ray, The poetics of Mind, Cambridge,
Cambridge Press University, 1994
 Le Grand Robert 2005, version électronique 2.0
 Le Guern Michel, Sémantique de la métaphore et la
métonymie, Librairie Larousse, Paris, 1973
 Le Robert, Dictionnaire historique de la langue
française, Mot métaphore
 Meyers Charlene, « la traduction de la métaphore
verbale dans un contexte de vulgarisation : étude de
cas », vertimo studijos. 2016. 9, ISSN 2029-7033, p.
96, consulté le 12 mars 2019. URL :
https://www.researchgate.net/publication/314253113
 Patrick Bacry, Les figures de style, éd Belin, 2000
 Plantin Christian, Lieux communs dans l'interaction
argumentative, éd. Lieux Communs, Paris,1993.
 Reboul Olivier, Introduction à la rhétorique, PUF,
Paris, 1991
 Ricalens-Pourchot, Nicole, Dictionnaire des figures
de style, Paris, Armand Colin, 2014

84

Vous aimerez peut-être aussi