Fçais 1-2021

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 46

INTRODUCTION GENERALE

Pour s’exprimer par la parole ou par l’écriture, on emploie bien évidemment des mots ou
des images susceptibles de traduire ou représenter ses idées ou ses pensées au sujet des actions
ou les faits. Mais il faut en même temps savoir bien prononcer, dire ou écrire ces mots. Il faut en
connaître aussi bien leur signification que leur orthographe, ainsi que les circonstances ou les
situations qui commandent à leur utilisation. Bref il faut connaître le mode d’emploi de l’outil
d’expression qu’est la langue.
Or chacun sait qu’un apprenant, qui n’a pas le français comme langue maternelle, a
toujours un vocabulaire restreint et souvent incorrect. En effet, son parler et son écrit sont, on
peut le dire, émaillé de mots et de phrases passe-partout et familiers qu’il emploie parfois
improprement, quand les mots et les phrases précis ne sont pas connus par lui. La graphie de ces
mots, leur organisation en phrases ou textes aux éléments cohérents, lui pose davantage de
difficultés à plusieurs niveaux et circonstances d’emploi. D’où la nécessité de former, de préciser
et d’étendre le niveau en français de ces apprenants. D’où la mise en place de ce cours.
L’étude d’une langue, dans ses formes les plus variées, permet à l’apprenant d’avoir un
capital de mots, de règles nécessaires à une compréhension plus précise et plus étendue des
significations (concrètes et abstraites) des mots de la langue, dans toutes les circonstances de leur
usage. De même, l’enseignement de cette langue se réalise à partir des rubriques qui sont liées
entre elles par une cohérence. Elle en est un aspect pratique et déterminant de la connaissance
aussi bien de la prononciation (parole) que de l’écriture (graphie) des mots, des phrases et des
règles d’accord liées à l’utilisation de ceux-ci. Ces règles sont particulièrement importantes dans
la langue écrite où leurs applications sont souvent complexes pour la transcription correcte des
sons en lettres (écriture) et des lettres en sons (prononciation ou intonation au cours de la
lecture), ainsi que pour l’expression correcte des idées ou des pensées.
C’est pourquoi l’apprenant doit accorder une attention précieuse à l’enseignement de la
langue à travers ces aspects indiqués. Ce qui apporte autant de l’aide que de la facilité à
l’expression claire de la pensée, à l’oral et à l’écrit, comme dans l’apprentissage des autres
matières ou disciplines d’enseignement. Destinataire du présent cours, l’apprenant doit faire
acquérir des règles et schémas d’écriture de mots, des textes de la langue française et amener
l’élève à connaître et préciser le sens et la production normale des mots déjà appris ou connus
(vocabulaire théorique et écriture normale des mots), ainsi que les normes ou règles qui régissent
le fonctionnement de la langue d’enseignement.
Aussi, faut-il le souligner, à tout point de vue, celui qui fait apprendre doit dominer les
savoirs et les techniques : il doit non seulement savoir, mais également savoir faire pour faire
savoir. Par conséquent, même s’il ne touche pas à tous les aspects de ces normes ou règles qui
définissent la grammaire, se limitant ainsi quasiment à l’essentiel des besoins ressentis et
exprimés par les apprenants concernés, le présent cours porte toutefois sur les contenus
fondamentaux de l’enseignement de la langue française, pour enseigner efficacement au collège.
Ce cours se développe à travers les contenus organisés dans un plan modulé comme suit avec les
compétences suivantes :
Compétences à réaliser
Comme en matière d’entrée par compétence, après la compétence globale, vient les compétences
spécifiques. Chaque compétence spécifique correspond à une unité ou chapitre. Ce qui

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 1
directement fait aboutir aux deux grands cadres qui constituent les éléments d’oscillation du
cours. Entre autres :
- Bref aperçu sur l’histoire du français
- Distinction entre le code oral et le code écrit

Unité1 : les outils de la langue


° La phrase française : types et formes de phrases.
° La classe de mots et fonction : les espèces de mots, le nom et ses expansions, les
accords dans le GN, le féminin des noms et des adjectifs, le pluriel des noms et des
adjectifs, les accords dans le GN, formes verbales et différentes orthographiques.
° Les différents sens d’un mot, l’usage du dictionnaire, les registres de langue, les figures
de styles, champ sémantique et lexical, les accents et les autres signes diacritiques.
Unité2 : les discours et les textes
° Enoncé et énonciation
° Les types de discours et leur fonction
° Cohérence et progression des textes : la ponctuation dans le texte, la cohérence textuelle
et les procédés de reprise.
° Point de vue et modalisation : le point de vue du locuteur, le point de vue du narrateur,
la modalisation du discours.

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 2
A. Histoire de la langue française
Pour parler de cette histoire, on doit se poser plusieurs questions à savoir :
D'où viennent les mots français ? Du latin ? Du gaulois ? Du germanique ? Aujourd'hui, les
emprunts à l'anglo-américain se multiplient ; cependant d'autres langues étrangères ont-elles été
mises à contribution au cours de l'histoire du français ?

Le français porte mal son nom, qui vient du peuple germain qu´étaient les Francs. Or notre
langue n'est pas germanique, elle est romane, c'est-à-dire d'origine latine, et ce n'est que plus tard
qu'elle subit l'influence des Francs. De plus, on a souvent tendance à faire remonter notre langue
au gaulois, langue celtique, ce qui est une erreur.

1. Avant les Indo-européens


Les Gaulois n'étaient évidemment pas les premiers habitants de la Gaule, mais on sait peu de
choses sur les populations qui les avaient précédés, si ce n'est quelques noms de peuples comme
les Aquitains, les Ibères ou les Ligures. Les quelques traces de ces langues non-indo-
européennes se retrouvent surtout dans des noms de fleuve (comme la Loire, anciennement
Liger, ou Seine, …) et de lieux (Manosque, Tarascon, Luchon, …), ainsi que quelques rares mots
que l'on peut qualifier de "pré-celtiques ", (comme avalanche, motte, jabot, …). Cependant, si le
ligure et l'ibère restent des langues mystérieuses, on en connaît plus sur l'aquitain grâce à ses
lointains descendants, les Basques, qui ont su résister au fil des siècles.

2. Les Gaulois
Le gaulois est une langue celtique, qui appartient à la grande famille des langues indo-
européennes.
Environs 6 mille ans avant notre ère, des populations parlant des langues dites indo-européennes,
occupaient les régions du Caucase et de la mer Noire : une partie de ces populations s'est dirigée
plus tard vers l'Inde, tandis que l'autre déferlait sur presque la totalité de l'Europe et engendrait
cinq grands courants de langues (hellénistique, germanique, slave, romane et celtique).
Le gaulois va donc à partir de -800 se mêler aux parlers locaux évoqués plus haut. Mais la
pénétration gauloise était plutôt superficielle et inégale, et cohabitait avec ces langues non-indo-
européennes. De même, ne subsiste aujourd'hui de la langue gauloise que quelques dizaines de
termes, ruraux en général, comme charrue, chêne, glaner, sillon, …).

3. Les temps romains


Quoi qu'il en soit, vers 120 avant JC, avait commencé la conquête romaine de la Gaule. En un
peu plus d'un demi-siècle, l'ensemble de la Gaule était dans l'orbite romaine et les Gallo-romains
abandonneront finalement leur langue celtique en faveur du latin. Ils se mirent à parler latin à
leur façon, avec leur accent, leur prononciation. Ainsi, dans leur bouche, "auguste" par exemple,
devint agosto, puis aosto, aoust et enfin août.

4. Les invasions barbares


Ainsi, ce latin ne ressemblait déjà plus guère à celui de Rome quand débarquent au IIIeme siècle
des envahisseurs germains (Burgondes, Wisigoths, et bien sûr les francs). L'installation des
Francs en Gaule va laisser quelques 400 termes dans le vocabulaire gallo-romain, en particulier
des termes de la guerre (arquebuse, trêve, flèche,…) et du vocabulaire rural (guêpe, bûche,

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 3
roseau,…). Mais ces envahisseurs vont peu à peu adopter la langue gallo-romaine, en particulier
grâce à la conversion au catholicisme de leur chef Clovis, ce qui va contribuer à maintenir la
pratique du latin (comme véhicule de la vie religieuse). Trois siècles plus tard, Charlemagne
encourage lui aussi l'enseignement du latin.
NB: Les invasions vikings du IXe et Xe siècle n'ont donné que des parlers locaux et un peu
de vocabulaire marin (cingler, hauban, vague,…).

5. Les débuts du français


Il est difficile de déterminer avec exactitude la "date de naissance" du français car les premiers
textes en français sont rares. Le plus célèbre est celui des "Serments de Strasbourg", signé en 842
par les petits-fils de Charlemagne, (voir extrait ci-dessous), qui est considéré comme le premier
document officiel de la langue française; une langue encore bien loin de celle que l'on parle
actuellement !

On peut également citer la "Séquence de sainte Eulalie", suite de 29 vers qui raconte la vie
exemplaire d'une jeune fille martyrisée au IVe siècle. Dans ce texte en ancien français écrit au
IXe siècle, on reconnaît déjà mieux notre langue contemporaine.

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 4
6. Le Moyen-Age : le temps des dialectes

Cependant, malgré ces premiers textes, il serait abusif de parler de LA langue française à cette
époque. Le latin ressassé par des bouches différentes avait fini par prendre des formes aussi
différentes dans chaque région. Ce morcellement en dialectes divers fut d'autant plus facilité par
le système féodal et le cantonnement autour de la terre du seigneur. On distingue ainsi à cette
époque trois principaux dialectes :
 la langue d'oc (dans laquelle oui se dit "oc’’) avec un parler plus proche du latin.
 la langue d'oïl (où oui se dit "oïl’’) influencé par les langues germaniques.
 le franco-provençal (parler de type occitan qui se rapproche de la langue d'oc)
 et de nombreux parlers plus régionaux : basque, catalan, breton, flamand, alsacien, …

6. L'affirmation du français
Dès la fin du XIIe, la "langue du roi", c'est-à-dire le parler de la cour et d'Ile de France, est mieux
reconnu, et elle devient une langue de prestige élargissant ainsi son domaine.
C'est à partir de la Renaissance, quatre siècles plus tard, que la question de la fixation de la
"langue du roi" se pose fortement. Dans le domaine de la vie pratique, le français remplacera
désormais le latin dans tous les documents administratifs, à partir de 1539, date à laquelle
François 1er prend la célèbre "Ordonnance de Villiers-Cotterêt". Il faudra dorénavant que tous
les textes officiels soient rédigés en "langage maternel françois". Dans le même temps, les
auteurs littéraires se mettent aussi au français.
Un peu de moyen français :
La pluie nous a buez et lavez
Et le soleil dessechez et noircis;
Pies, corbeaulx nous ont les yeux cavez
Et arraché la barbe et les sourcilz;
Jamais, nul temps, nous ne sommes rassis;
Puis ça, puis la, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetez d'oiseaulx que dez à coudre
Ne soiez donc nostre confrarie
Mais priez Dieu que tous nous vueille absoudre.

F.Villon, La Balade des pendus (Xve)

7. Le temps du bon usage: le français classique


Après le foisonnement de la Renaissance, le XVIIeme va vouloir endiguer ce flot d'innovations en
fixant l'orthographe et la prononciation. La langue, instrument de centralisation politique devient
donc une affaire d'Etat: En 1635, Richelieu fonde l'Académie française, qui est chargée de créer
un dictionnaire, une grammaire et de prendre soin de la langue française.

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 5
En effet, le langage patoisant et populaire à l'orthographe fantaisiste est encore aux portes de
Paris; en voici un exemple:

Piarot:"Le cardinal est py qu'anragé conte lé Parisian a cause qui l'avon confrisqué sn'office.
Le cardinal est plus qu'enragé contre les Parisiens qui lui ont confisqué son office.
Janin : Hé queul office avety?
Hé quel office avait-il?
Piarot: Je nan sçay par ma fy rian…"
Je n'en sais ma foi rien…

Agréables conférences de deux paysans de St Ouen et de Montmorency (1650)

8. Le français moderne-la fin des patois


Un siècle plus tard, à l'époque de la Révolution, la Convention, éprise de centralisme portera le
premier coup à la vitalité des patois, jugés néfastes pour la République "une et indivisible";
notamment par le rapport de l'Abbé Grégoire sur la nécessité absolue d'abolir les patois.
Dans la France du XIXe, la langue française gagne du terrain, mais on parle encore patois à
80% dans la plus part des circonstances de la vie quotidienne. A partir de 1880, Jules Ferry
instaurera l'école laïque, gratuite et obligatoire, dans laquelle l'enseignement se fait naturellement
en français. C'est ainsi que l'usage des patois commença à se raréfier.

9. Le français contemporain
Au XXe siècle, c'est encore le français, c'est-à-dire la langue commune, qui bénéficiera des
nouvelles techniques, permettant une plus large diffusion, (la radio, la télévision,…). Ceci a
nettement contribué à l'uniformisation de la langue, tant au niveau du vocabulaire, qu'au niveau
de la prononciation qui tend à devenir plus neutre, et délaissant peu à peu les parlers régionaux.
Peut-on ainsi aller jusqu'à dire que le français perd lentement sa richesse?
En conclusion, on peut dire que le français est la plus germanique des langues romanes. Son
histoire est celle de l'évolution du latin parlé en Gaule et de son enrichissement constant, apporté
avec le temps au contact des langues voisines.

B. LE RAPPORT ENTRE LA LANGUE PARLEE ET LA LANGUE ECRITE


 La langue parlée et la langue écrite
Comme on le sait bien, il existe trois registres de langue : le registre soutenu, courant et familier.
Mais certains linguistes dépassent cette catégorisation pour se fonder, sur la distinction langue
écrite et langue parlée chacune possédant sa spécificité.
Ainsi, pour parler du code oral et du code écrit, nous allons donner quelques définitions à
propos :
Phonème : c’est une unité irréductible de la chaîne parlée. Le système phonétique de la langue
varie d’une langue à une autre. Ex : mère [m Ɛ r].
Graphème : c’est la plus petite unité distinctive et significative de la chaîne écrite composé
d’une lettre ou d’un groupe de lettres (digrammes, trigrammes…) ayant une référence phonique
ou sémique dans la chaîne parlée. Ex : la (l + a), l’eau (e+a+u)= [O].

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 6
Graphie : c’est la manière d’écrire les sons ou les mots d’une langue sans référence à une règle.
Morphème : c’est une unité de composition formée d’un préfixe, radical, suffixe. Ex :
En/gage/ment.
Homophones : ce sont des mots qui se prononcent de la même manière, mais de graphie et de
significations différentes. Ex : Mère, Maire, Mer…
Homographes : ce sont des mots qui s’écrivent de la même façon, mais se prononcent de façon
différente. Ex : Les poules du couvent couvent.
Archigraphème : c’est un graphème fondamental représentant un ensemble des graphèmes
transcrivant le même son. Ex : O= au, eau, os= [O].
1. Le discours oral
Le locuteur et l’auditeur sont en présence, il y a donc une communication directe où il y a
l’immédiateté du message et la possibilité d’un échange immédiat. Dans la langue parlée il n’y a
pas la possibilité d’élaborer et de surveiller bien la langue. C’est pourquoi nous voyons un
discours spontané, elliptique et explicité. On emploie une syntaxe simple et facile, il y a toujours
des phrases simples et inachevées, et avec des pauses : des « hen!» Des « ben » des « tu vois » et
des « j’ veux dire » et des abréviations fac : faculté. Prof : professeur.

2. Le discours écrit
Il se caractérise par la virtualité du récepteur, l’absence de réponse et donc l’impossibilité d’un
échange immédiat, dans l’écrit il y a la possibilité d’utiliser de dictionnaire, il y a le temps de
réflexion, ce qui donne un discours élaboré est bien construit, le discours écrit rejette des phrases
comme « il pleut ? » « Je sais pas » mais pleut-il ? Je ne sais pas.
Nous constatons donc, que la langue orale et écrite appartiennent à deux registre distincts,
codifiés de manière différente et rigoureusement séparés l’un de l’autre, mais cette division est
devenue de plus en plus souple dans l’écriture romantique du 20ème siècle, est bousculée par
plusieurs auteurs contemporains, et spécialement les écrivains du Maghreb, qui mélangent
langue orale et langue écrite.
Cette contamination s’explique par l’intention de reproduire le langage quotidien, ainsi donnant
un effet de réalismes, mais une autre analyse plus profonde dit qu’elle est le fruit inconscient de
l’assimilation des deux registres, qui a donné naissance à une nouvelle langue qui porte une
nouvelle réalité.
Enoncé oral Enoncé écrit
Communication directe (même si c’est au Communication différée (lecteur absent lors
téléphone ou la radio) de l’écriture)
Ce qui est dit, la correction n’est pas possible Le scripteur a le temps de réfléchir, il peut
sauf par reprise sous une autre forme. corriger.
Phrases courtes Phrases plus longues
Syntaxe simplifiée, phrases non terminées, Syntaxe travaillée : phrases composées,
peu d’adjectifs, grand rôle de l’intonation. nombreux adjectifs, rôle de la ponctuation.
Lexique simplifié : expressions souvent Lexique choisi : recherche du mot approprié
familières. (registre courant ou soutenu)
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 7
Les gestes et mimiques jouent un rôle Précision et rigueur pour être compris. Il y a
important (effet d’instance ou de sous l’absence de gestes et de mimiques
entendu)
Répétition, redondances et hésitation. Concision, clarté : il faut éviter les répétions.

UNITE1 : LES OUTILS DE LA LANGUE


1.1. LES ESPECES DE MOTS : classes et fonctions
Définition : le mot est une unité de langue constitué en un ou plusieurs sons à laquelle est
associé un sens et qui est isolé soit par deux blancs à l’écrit, soit par une pause à l’orale.

Il ne faut pas confondre la classe et la fonction d'un mot. La classe d'un mot correspond en réalité
à son identité grammaticale telle qu'elle est consignée dans le dictionnaire ; sa fonction dépend
du rôle qu'il joue dans une phrase.
Quelles classes et quelles fonctions distingue-t-on ?
1.1.1. Les classes de mots
Les mots de la langue française se répartissent en neuf classes grammaticales, dont cinq sont
variables (le nom, le déterminant, l'adjectif qualificatif, le pronom et le verbe) et quatre,
invariables (l'adverbe, la préposition, la conjonction et l'interjection).
Ex. : « Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami, on m'a privé de toi ! »
Mais, certes Dieu est au contrôle. (Molière, l'Avare)
Dans cette phrase, on relève :
— les noms argent et ami (l'un désigne une chose, l'autre un être),
— le déterminant mon utilisé trois fois devant chacun des noms,
— les adjectifs qualificatifs pauvre et cher qui qualifient respectivement les noms argent et ami,
— les pronoms on, m' et toi,
— le verbe a privé,
— la préposition de qui introduit le pronom toi,
— l'interjection hélas.
Seules les classes de l'adverbe et de la conjonction ne sont donc pas représentées dans cette
phrase. On remarque que, sauf la préposition de et l'interjection hélas, tous les autres mots
pourraient varier dans l'absolu : ami, amis ; mon, ma, mes ; pauvre, pauvres ; cher, chère, chers ;
a privé, priver, privent ; me, moi, nous ; toi, te, vous. Cependant argent est un nom qui ne
s'emploie qu'au singulier ; de même, le pronom on.
La classe grammaticale d'un groupe de mots correspond à celle de son mot noyau (le mot
noyau d'un groupe est son constituant principal ; les autres mots en dépendent). Ainsi, le groupe
mon pauvre argent est un groupe nominal puisque son mot noyau est le nom argent. De même,
on parle de groupe adjectival (ex. : impossible de vivre), de groupe pronominal (ex. : sans toi), de
groupe verbal (ex. : pendre tout le monde), de groupe adverbial (ex. : très bientôt).

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 8
Dans le cas d'un groupe de mots figé fonctionnant comme un mot unique, on parle de locution.
On distingue les locutions verbales (ex. : prendre conscience), les locutions adverbiales (ex. :
tout de suite), les locutions prépositives (ex. : à cause de), les locutions conjonctives (ex. : après
que).
Certains mots peuvent changer de classe grammaticale selon l'emploi que l'on en fait. Ce
changement correspond le plus souvent à une substantivation, c'est-à-dire à l'emploi comme nom
commun (encore appelé substantif) d'un mot ou d'un groupe de mots appartenant à une autre
classe grammaticale. Ainsi, l'adjectif qualificatif pauvre peut être substantivé (les pauvres).
1.1.2. Les fonctions grammaticales
Donner la fonction grammaticale d'un mot ou d'un groupe de mots consiste à identifier le rôle
qu'il joue dans une phrase soit par rapport aux autres mots ou aux autres groupes de la phrase,
soit au sein d'un groupe.
On distingue les fonctions qui dépendent du verbe de celles qui ne dépendent pas du verbe.
1.1.2.1. Les fonctions grammaticales dans la phrase
Au niveau de la phrase, on distingue les fonctions suivantes :
— le sujet ;
Ex. : « Mon esprit est troublé. — Sans toi, il (sujet grammatical) m'est impossible de vivre
(sujet logique). »
— le complément d'objet (direct, indirect ou second) ;
Ex. : « L'on a choisi le temps que je parlais à mon traître de fils (COI). — On m'(COS) a
dérobé mon argent(COD). »
— le complément d'agent ;
Ex. : La cassette d'Harpagon a été volée par son valet.
— l'attribut (du sujet ou du COD) ;
Ex. : Harpagon est avare (Att. du sujet) ; il considère l'argent comme sa raison de vivre (Att. du
COD).
— le complément circonstanciel (de temps, de lieu, de manière, de cause, de conséquence, etc.) ;
Ex. : « N'y a-t-il personne qui veuille me ressusciter en me rendant mon cher argent (CC de
manière) ? »
— le complément essentiel à valeur circonstancielle.
Ex. : Le contenu de la cassette d'Harpagon s'élevait à dix mille écus.
1.1.2.2. Les fonctions grammaticales au sein d'un GN
On distingue encore les fonctions grammaticales suivantes :
— l'épithète (liée ou détachée) ;
Ex. : « Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami, on m'a privé de toi ! »
— Fou furieux, Harpagon va jusqu'à dire : « Je veux pendre tout le monde ; et, si je ne retrouve
mon argent, je me pendrai moi-même après. »
— l'apposition ;
Ex. : C'est La Flèche, le valet d'Harpagon, qui lui a volé sa cassette.

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 9
— le complément de détermination du nom.
Ex. : « De grâce, si l'on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l'on m'en dise. »

1.2. LA PHRASE FRANÇAISE : Types et Formes


On peut ainsi considérer une phrase selon qu'elle est verbale ou non verbale, simple ou
complexe, mais également selon le type auquel elle appartient et la forme qu'elle présente. De
quoi s'agit-il précisément ?
Définition : la phrase est une succession de mots dits ou écrit ayant un sens dans la
communication.
A l’oral, elle est constituée de groupes de souffles marqués par des rythmes ou intonation
(montante, descendante, plat…)
A l’écrit, elle commence par une lettre majuscule et se termine par un point (la ponctuation).
Ex : Sophie parle de son aventure amoureuse. (Phrase grammaticale)
De Sophie aventure amoureuse son parle. (Phrase agrammaticale)
1.2.1. Les types de phrase
La construction d'un énoncé dépend de la réaction que le locuteur veut provoquer chez
l'interlocuteur, autrement dit de l'acte de parole. Selon les auteurs, la typologie des phrases se fait
de deux manières : selon l’intention de la communication, on distingue quatre types de phrase
correspondant chacun à un acte de parole différent et selon les constituants de la phrase, on en
distingue deux catégories (les phrases verbale et non verbales et les phrases simples et
complexes.)
 La phrase déclarative
La phrase déclarative (ou assertive) est employée par le locuteur pour livrer une information,
annoncer un fait : l'interlocuteur est alors invité à prendre position par rapport à l'énoncé, à
marquer son accord ou son désaccord.
Exemple Mon père arrive avec ma tante Fanta, et ils me veulent marier.
 La phrase interrogative
La phrase interrogative est employée par le locuteur pour formuler une question : l'interlocuteur
est invité, dans ce cas, à fournir une réponse. Il existe deux sortes de phrases interrogatives :
 celles qui portent sur la phrase entière et appelle une réponse par oui ou par non
(interrogations totales) ;
Exemple : C’est par force qu'il a été marié ?
 celles qui portent sur un mot ou un groupe de mots seulement (interrogations partielles).
L'interrogation partielle nécessite l'emploi d'un mot interrogatif, qu'il s'agisse d'un déterminant
(quel ? quelle ? quels ? quelles ?), d'un pronom (lequel ? qui ? que ? etc.) ou d'un adverbe
(comment ? pourquoi ? quand ? etc.).
Exemple : Que voulez-vous dire ?
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 10
 La phrase impérative
La phrase impérative (ou injonctive) est employée par le locuteur pour exprimer un ordre ou
une défense, une prière ou un conseil : l'interlocuteur est ainsi invité à faire ou à ne pas faire
quelque chose.
Exemple : Rends-moi mes affaires ! (Ordre) – N’entre pas. (Défense) – vous voir réussir est
mon souhait. (Souhait) – Surtout, soyez prudents. (Conseil)
Le verbe de la phrase impérative est au mode impératif ou infinitif ; le mode subjonctif peut
également être employé à la troisième personne si l'interlocuteur est absent au moment de
l'énonciation. Ex : Lisez le chapitre deux pour le prochain cours.
 La phrase exclamative
La phrase exclamative est employée par le locuteur pour traduire un sentiment, une émotion
vive : l'interlocuteur est alors invité à partager la réaction émotive en question.
Il s'agit souvent d'une phrase non verbale, introduite par un adverbe (comme ! que !) ou un
déterminant exclamatif (quel !).
Exemple : Quelle splendeur, ce spectacle ! (phrase non- verbale)
Hélas ! J’ai terminé la lecture de ce roman grandiose.
Il faut signaler que le type exclamatif peut se combiner avec chacun des autres types de phrases.
 Phrases verbales et non -verbales
Une phrase est dite verbale lorsqu’elle contient un ou plus d’un verbe conjugué. La non -verbale
est le contraire.
Ex : Que faites – vous demain ? (phrase verbale)
Moi, rien et vous ? (phrase non-verbale)
 La phrase simple et la phrase complexe
 Une phrase est dite simple lorsqu’elle ne contient qu’un seul verbe conjugué à un mode
personnel. Elle est donc formée d’une seule proposition indépendante.
Ex : On distinguait à travers ses traits quelque chose d’enfantin.
 La phrase complexe contient plusieurs verbes conjugués à un mode personnel. Elle est
donc formée de plusieurs propositions.
Ex : Il se penchait sur la rampe pour regarder la jeune fille qui s’en allait.
1.2.2. Les formes de phrase
On distingue huit formes de phrase différentes principales, rassemblées par paires et pouvant se
combiner avec chacun des types de phrase.
 Les formes active et passive
Dans une phrase de forme active, le sujet est l'agent de l'action exprimée par le verbe.
Ex : Christophe joue de la musique.
Dans une phrase de forme passive, au contraire, le sujet subit l'action exprimée par le verbe.
Exemple : Cette musique est jouée par Christophe.
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 11
 Les formes personnelle et impersonnelle
Pour distinguer une phrase personnelle d'une phrase impersonnelle, il faut considérer le sujet du
verbe :
 s'il ne désigne rien ni personne, autrement dit s'il s'agit du pronom impersonnel il, la
phrase est de forme impersonnelle.
Exemple : Il viendra cinq clients à la démonstration.
 dans les autres cas, on a affaire à une phrase de forme personnelle.
Ex : Cette sonate est difficile à jouer.
 Les formes neutre et emphatique
Une phrase de forme emphatique se distingue d'une phrase de forme neutre en ce qu'elle contient
un procédé de mise en relief de l'un de ses constituants.
Exemple : Voilà mon maître qui m'appelle.
Dans cette phrase emphatique, c'est le présentatif voilà… qui qui permet de mettre en relief le
groupe nominal mon maître, la phrase neutre correspondante étant : Mon maître m'appelle.
 Les formes positive et négative
À la différence d'une phrase de forme positive, une phrase de forme négative contient une
négation : l'adverbe ne, en corrélation le plus souvent avec un autre adverbe (pas, point, guère,
jamais, plus, etc.), un pronom (rien, personne, aucun, nul) ou un déterminant indéfini (aucun,
nul).
Exemple : Christophe joue de la musique
La négation restrictive ne… que permet aussi de construire d'une phrase de forme négative.
Exemple : Christophe ne joue pas de musique.

1.3. LE NOM ET SES EXPANSIONS


Les expansions du nom ne sont pas obligatoires. Elles apportent des précisions sur le nom
qu’elles enrichissent. On trouve différents types d’expansions : l’épithète, le complément du
nom, l’apposition et la subordonnée relative.
1. Le train bleu
2. Le train de Nice
3. Le train, une suite de huit voitures-lits, entra en gare.
4. Le train qui devait partir à 20 h 45
1.3.1. L’épithète : C’est une fonction liée à un adjectif qualificatif. Il se rapporte directement
au nom qu’il qualifie. Il peut être placé avant ou après le nom qu’il qualifie.
Exemple, dans le groupe nominal « le chat noir », « noir » est un adjectif qualificatif (nature)
qui se rapporte directement au nom « chat ». C’est l’adjectif épithète qui vient préciser le nom «
chat » (fonction).

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 12
Toutefois, on peut trouver un certain nombre d’adjectifs courts d’usage fréquent se placent
traditionnellement avant le nom. Ex: une bonne nouvelle, une petite pluie, un vieux chien, une
grosse fortune…
1.3.2. Le complément du nom permet de donner des informations supplémentaires sur le
nom. Il est d’ordinaire rattaché au nom par une préposition.
Il se construit avec :
- Une préposition (à, de, en, avec, sans, pour, ...) qui permet de former un groupe
prépositionnel. Exemple, « le chat de la voisine ». Ce groupe nominal est un groupe
prépositionnel (nature) car il est introduit par la préposition « de ». « De la voisine » est le
complément du nom « chat » (fonction). Une montre en or. Un coiffeur pour dame.
- Un pronom relatif (qui, que, quoi, dont, où) qui permet de former une proposition
subordonnée relative. Exemple, dans la phrase « Le chat qui appartient à la voisine », « qui
appartient à la voisine » est une proposition subordonnée relative (nature) car elle est introduite
par le pronom relatif « qui ». C’est le complément du nom de chat (fonction).
1.3.3. L’apposition : Elle apporte des informations supplémentaires sur le nom à côté duquel
elle est placée. Exemple, dans la phrase « Flaubert, célèbre écrivain, mourut en 1980 »,
le groupe nominal « célèbre écrivain » (nature) vient compléter le nom « Flaubert ». C’est une
apposition du nom « Flaubert » (fonction).
Toutefois, le nom mis en apposition peut se construire de trois façons différentes :
-Séparé par une pause du mot auquel il se rapporte. Ex : Le lion, roi des animaux.
-Directement accolé à ce nom. Ex : Le poète Hugo ; Le mont Everest ; Une robe sac
-Joint à ce mot par la préposition de (qui joue pas ici le rôle de subordonnant)
Ex : La ville de Paris. Le moins de mars.
L’apposition peut être :
- un nom ou GN (souvent sans déterminant). Ex : C’était vendredi, jour de marché.
- Un pronom ou un infinitif, équivalents d’un nom. Ex : Le vrai foie gras, celui du Périgord.
- Un adjectif (ou un participe)
1.3.4. La subordonnée relative : Elle précise le sens d’un groupe nominal. Elle est introduite
par un pronom relatif (qui, que, quoi, dont, où, …) qui représente le nom ou le pronom de la
proposition principale. On appelle antécédent, le nom ou le pronom complété par la proposition
subordonnée relative.
Exemple, dans la phrase « Igor m’a prêté un livre que j’aime beaucoup », « que j’aime
beaucoup » est une proposition subordonnée relative (nature), introduite par le pronom relatif «
que ». C’est le complément du nom « livre » (fonction).

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 13
1.4. ACCORD DU GROUPE NOMINAL
Le français écrit marque les accords avec beaucoup d'insistance notamment à l'intérieur du
groupe du nom alors qu'en anglais, par exemple, seul, le nom se met au pluriel. Comparons : the
little blue birds et les petits oiseaux bleus !
À quelles règles obéissent précisément ces accords dans le groupe nominal ?

1.4.1. De quoi se compose un groupe nominal ?


Un groupe nominal est construit autour d'un nom. Ce nom est son noyau. Sauf quand il s'agit
d'un nom propre (par exemple, Chambord), ce nom est en général précédé d'un déterminant : le
château, son apparition, la vision, une impression, la décoration, ou plus rarement de deux
déterminants : ces deux merveilles.
Le nom et son déterminant (ou ses déterminants) forment un groupe nominal minimum qui peut
être enrichi de différentes expansions :
— un ou plusieurs adjectifs qualificatifs : la riche décoration ; cet adjectif peut lui-même faire
partie d'un groupe adjectival : le [plus vaste] château ; une profonde impression, [encore plus
saisissante au coucher du soleil] ;
— un autre groupe nominal : le plus vaste château de la Loire ; la vision de sa masse blanche ;
— une proposition subordonnée relative : la riche décoration [qu'il doit à la Renaissance alors à
son apogée].
Seuls le déterminant et l'adjectif qualificatif sont susceptibles de porter les marques de genre et
de nombre du nom auquel ils se rapportent.
1.4.2. L'accord du déterminant avec le nom
1.4.2.1. La règle
Le déterminant s'accorde en genre et en nombre avec le nom qu'il détermine.
Ex. : le château, les châteaux, la demeure ; un effet, une impression, des impressions ; cet
édifice, cette merveille, ces merveilles ; etc.
Remarques :
— articles, déterminants démonstratifs et possessifs ne varient en genre qu'au singulier ; au
pluriel, ils ont une forme unique : les, des, ces, mes, tes, ses ;
— certains déterminants, numéraux ou indéfinis, ne s'emploient qu'au pluriel : deux, trois, etc. ;
plusieurs, différents, divers ; d'autres ne s'emploient qu'au singulier : aucun, chaque.
1.4.2.2. Les difficultés
Accorder un déterminant ne pose de problème orthographique que lorsqu'on a affaire à des
formes homonymes. Il faut prendre garde en particulier aux formes suivantes :
— les articles définis contractés au (masculin singulier) et aux (masculin ou féminin pluriel) : au
coucher du soleil, aux abords d'un village ;
— les déterminants démonstratifs cet (masculin singulier) et cette (féminin singulier) : cet
édifice, cette merveille ;
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 14
— les déterminants possessifs leur (masculin ou féminin singulier) et leurs (masculin ou féminin
pluriel) : leur capitale, leurs deux fils ;
— les déterminants interrogatifs ou exclamatifs quel, quelle, quels et quelles : quel dommage !
quelle splendeur !

1.4.3. L'accord de l'adjectif qualificatif avec le nom


1.4.3.1. La règle
L'adjectif qualificatif (ou le participe employé comme adjectif qualificatif) s'accorde en genre
et en nombre avec le nom auquel il se rapporte.
Ex. : « Le parc du château de Chambord était un merveilleux territoire de chasse. Les meutes
royales, très nombreuses, étaient l'objet de soins constants. » (les Châteaux de la Loire,
Michelin)
Dans cet exemple :
— merveilleux (adjectif qui se termine par un x au masculin singulier) s'accorde au masculin
singulier avec territoire ;
— royales s'accorde au féminin pluriel avec meutes, de même pour nombreuses,
— constants s'accorde au masculin pluriel avec soins.
Il est important de noter que cette règle s'applique quelle que soit la position de l'adjectif dans
le groupe nominal, qu'il soit épithète liée ou épithète détachée.
Ex. : « Entraînés depuis l'enfance, les rois sont des chasseurs passionnés. »
Employé en position d'épithète détachée, le participe passé entraînés s'accorde au masculin
pluriel avec le nom rois.

1.4.3.2. Les difficultés


Dans un groupe nominal comprenant un autre groupe nominal (prépositionnel), il faut
s'interroger sur le nom auquel se rapporte l'adjectif à accorder.
Ex. : l'objet de soins constants ; une voûte en plein cintre ornée de caissons.
Dans le premier cas, l'adjectif constants se rapporte au nom noyau du groupe nominal
prépositionnel (de soins constants) ; dans le second cas, le participe passé ornée se rapporte au
nom noyau du groupe nominal principal (une voûte ornée de caissons).
Quand l'adjectif se rapporte à plusieurs noms de même genre, il prend le genre des noms et se
met au pluriel. Ex. : les rois et les personnages venus à Chambord (roi et personnage sont
masculins donc l'accord se fait au masculin pluriel). Quand il se rapporte à plusieurs noms de
genres différents, le masculin l'emportant sur le féminin, il prend le genre masculin et se met au
pluriel. Ex. : des tapisseries et des portraits accrochés dans la chambre de la reine.

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 15
1.5. FEMININ DES NOMS
Un nom en grammaire est une classe de termes qui réfèrent à un être (homme ; Paul) ou à une
chose (chaise ; table) ou à une notion abstraite (gaité ; courage ; peur). On distinguera les noms
propres, qui dénomment des entités individuelles — personnes, lieux ou événements (Marie ; le
Rhin ; la Révolution) — des noms communs, qui réfèrent aussi bien à l'ensemble d'une classe
qu'à un de ses membres. Par exemple, arbre ou boulanger désignent aussi bien la classe des
arbres ou des boulangers qu'un arbre ou un boulanger particulier.
1.5.1. Les noms propres
Les noms propres prennent une majuscule. Certains noms propres se construisent sans
déterminant. Exemple : Paris ; Paul
Ils jouent syntaxiquement le rôle d'un groupe nominal, dont ils peuvent prendre la plupart des
fonctions :
 sujet
 Exemple : Paul est venu;
 complément d'objet direct
 Exemple : Il a rencontré Paul ;
 complément d'objet indirect ;
 Exemple : J'ai pu parler à Paul
 complément de nom ;
 Exemple : Je ne connais pas la sœur de Paul), etc.
Certains noms propres se construisent avec un déterminant.
 Exemple : l'Everest ; le Japon ; la Russie.
L'ajout d'un déterminant devant un nom propre qui d'ordinaire n'en admet pas a pour effet d'en
faire un nom commun.
 Exemple : Il est le Shakespeare des temps modernes.
Le genre des noms de personne correspond au sexe de la personne.
 Exemple : Marie est grande.
Pour les noms de lieux non pourvus d'un déterminant, comme c'est le cas pour les noms de ville,
l'usage reste incertain.
 Exemple : faut-il dire : Nevers est ancien ou Nevers est ancienne ?
On a la possibilité de résoudre les difficultés d'accord en utilisant un tour du type : la ville de ...
(La ville de Nevers est ancienne).
1.5.2. Les noms communs
À l'intérieur de la classe des noms communs, ou substantifs, on distingue ordinairement entre
noms abstraits (liberté ; beauté) et noms concrets (montagne ; coquillage), entre noms animés,

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 16
c'est-à-dire désignant des êtres vivants, qu'il s'agisse d'êtres humains ou d'animaux (enfant ;
vache) et inanimés, c'est-à-dire référant à des choses (coquillage ; savon).
Par ailleurs, on procède aussi à une distinction entre noms comptables, c'est-à-dire référant à des
choses qu'il est possible de dénombrer :
 Exemple : une chaise ; deux chaises ; quelques chaises
Il ya aussi des noms non comptables, c'est-à-dire désignant des choses qu'il n'est pas possible de
dénombrer :
 Exemple : de l'eau ; du fer ; du marbre.
Néanmoins, la langue prévoit que les mêmes substantifs puissent être employés dans certains
contextes comme des noms non comptables.
 Exemple : du marbre ; de l'eau.
Pendant que d'autres sont comme des noms comptables
 Exemple : un marbre de Rodin ; une eau minérale).
De la même façon, des noms abstraits et non comptables (la beauté ; la liberté) peuvent selon les
contextes être employés comme des noms concrets et comptables.
 Exemple : C'est une beauté. Ils ont su prendre la défense d'un certain nombre de
libertés.
1.5.3. Le genre des noms
Le genre des noms communs n'a pas systématiquement de rapport avec le sexe des êtres animés
auxquels ils réfèrent, puis qu'ils désignent aussi bien des choses que des êtres animés.
 Exemple : un homme, un singe, un arbre.
En l'absence d'un genre spécifique pour les choses, les substantifs se répartissent de manière
arbitraire sur le genre masculin et le genre féminin.
 Exemple : la lune ; une craie ; le soleil ; un stylo.
Le genre est une caractéristique que les noms possèdent en propre et les autres constituants du
groupe nominal, les déterminants et les adjectifs, héritent par accord de cette propriété.
 Exemple : la pleine lune ; un soleil brûlant.
Pour les noms animés, la distinction entre les genres correspond à la distinction entre les sexes.
 Exemple: instituteur ; institutrice.
Un petit nombre de noms dont le référent est généralement masculin ont un genre grammatical
féminin.
 Exemple : sentinelle, et, inversement, un petit nombre de noms dont le référent est
habituellement féminin ont le masculin pour genre grammatical.
 Exemple : mannequin.
Certains noms masculins peuvent désigner aussi bien des hommes que des femmes.
 Exemple : témoin ; écrivain ; guide ; ingénieur ; juge ; magistrat ; médecin ; peintre ;
professeur ; auteur ; otage.
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 17
Cependant qu'une série de noms féminins peuvent référer à des personnes des deux sexes.
 Exemple : victime ; personne ;
ou encore à des animaux mâles ou femelles (souris ; grenouille ; antilope ; girafe).
Enfin, seule la variation en genre du déterminant de certains noms animés en -e
indique si on a affaire à une occurrence du masculin ou du féminin.

 Exemple :(adulte ; acrobate ; adversaire ; artiste ; athlète ; journaliste).

Le féminin des noms référant à des êtres animés peut être formé par l'ajout d'un -e à la forme du
masculin. Cet ajout peut entraîner les modifications suivantes :

 Exemple :
 le passage d'un -e sans accent à un -e accentué (boucher > bouchère ;
boulanger > boulangère) ;
 le redoublement de la consonne finale accompagné, à l'oral, d'une sonorisation de cette
consonne (chat > chatte) ou d'une transformation de la prononciation de la voyelle finale,
qui perd son timbre nasal (paysan > paysanne ; lion > lionne) ;
 un changement de la consonne finale (veuf > veuve).

On peut également former le féminin par addition d'un suffixe à la forme du masculin
(tigre > tigresse), ou par variation en genre d'un suffixe déjà identifiable dans la forme
masculine (coiffeur > coiffeuse ; directeur > directrice ; supérieur > supérieure).

Enfin, le masculin et le féminin de certains noms animés peuvent être formés sur la même base
avec des terminaisons très différentes (neveu > nièce ; roi > reine ; dieu > déesse ;
héros > héroïne), ou correspondre à des noms différents (cheval > jument ; homme > femme ;
taureau > vache ; veau > génisse).

1.5.4. Le pluriel des noms


Le pluriel des noms se forme par l'addition d'un -s, sauf dans le cas des mots qui se terminent
déjà par -s, -x, ou -z au singulier.
 Exemple : tas ; croix ; nez.
Les noms en -au, -eau et -eu ont un pluriel en -x (tuyaux ; seaux ; neveux). Les noms en -ou ont
un pluriel régulier en -s (trou > trous) à l'exception d'une série de sept noms pour lesquels la
marque du pluriel est –x.

 Exemple : bijoux ; cailloux ; choux ; genoux ; hiboux ; joujoux et poux.


 Au vers mnémotechnique : bi;ca;ch;ge;hi; jo et po.

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 18
 Les mots en -al et en -ail forment leur pluriel en –aux :
 Exemple : (journal > journaux ; travail > travaux), à l'exception de bal ; carnaval ;
festival ; régal ; chacal ; cérémonial, etc. qui forment leur pluriel selon la règle générale
en -als, et de détail ; éventail, etc. dont le pluriel en -ails est également régulier.
Enfin, il existe un certain nombre de formes très irrégulières, dont l'origine est explicable par des
considérations historiques :
 Exemple : œil > ;yeux ; ciel > cieux ; aïeul > aïeux. Pour œuf > œufs et bœuf > bœufs,
le pluriel n'est régulier qu'à l'écrit, dans la mesure où œufs et bœufs se prononcent [ø] et
[bø].
La formation du pluriel des noms composés obéit à des règles particulières. En principe, seuls les
composants d'origine nominale ou adjectivale sont variables :
 Exemple : chou-fleur > choux-fleurs ; homme-grenouille > hommes-grenouilles ;
oiseau-mouche > oiseaux-mouches).
Néanmoins, si le second nom est introduit par une préposition ou a la valeur d'un complément
prépositionnel, il reste invariable (chef d'orchestre > chefs d'orchestre ; timbres-poste.
Les composants d'origine adverbiale, verbale (ou prépositionnelle, comme c'est le cas de pour
dans laissé-pour-compte) restent invariables :
 Exemple:(arrière-pensée > arrière-pensées ; passe-partout > passe-partout ; porte-
savon > porte-savons ; ouvre-boîte > ouvre-boîtes).

1.6. LE FEMININ DES ADJECTIFS


1.6.1. Définition

Un adjectif, nom donné à deux séries de termes qui servent soit à qualifier le nom, soit à
l’introduire dans le discours. Dans le premier cas, les adjectifs sont dits qualificatifs ; dans le
second cas, ils sont rangés parmi les déterminants du nom et répartis en adjectifs possessifs,
démonstratifs, indéfinis, numéraux, exclamatifs, interrogatifs et relatifs.

Les adjectifs qualificatifs ont pour support un nom ou un équivalent du nom. Ils indiquent une
caractéristique ou une propriété. Leur genre et leur nombre dépendent du genre et du nombre du
nom auquel ils se rapportent.
1.6.2. Attributs, épithètes ou apposés
Les adjectifs peuvent être reliés au sujet ou au complément d’objet par un verbe.
 Exemple : (La mer est déchaînée) ; ils sont alors appelés adjectifs attributs.
Ils peuvent se rapporter directement à un nom ; ce sont les épithètes.
 Exemple : (On entendait le bruit de la mer déchaînée).
Ils peuvent également se rapporter à un nom dont ils sont séparés par une virgule.

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 19
 Exemple : (Déchaînée, la mer battait les rochers ; La mer, déchaînée, battait les
rochers). Ils sont alors dits apposés.
1.6.3. Place de l’adjectif
La place de l’adjectif est d’abord déterminée par le fait qu’il est attribut, épithète ou apposé.
L’adjectif attribut suit le plus souvent le verbe attributif au moyen duquel il caractérise le sujet
ou l’objet.
La place de l’adjectif épithète par rapport au nom est variable. Une série d’adjectifs dits adjectifs
de relation, qui sont l’équivalent d’un complément prépositionnel.
 Exemple : (une carte géographique > une carte de géographie ; le voyage
présidentiel > le voyage du président) sont obligatoirement postposés, ainsi que les
adjectifs de couleur pris au sens propre (une robe rouge, mais les vertes années).
Dans certains cas, la postposition ou l’antéposition peuvent avoir pour conséquence un
changement de sens.
 Exemple : (Un homme grand / un grand homme ; un certain succès / un succès
certain).
1.6.4. Formation de l’adjectif
Sur le plan morphologique, on distingue traditionnellement les formes simples et non
décomposables.
 Exemple : (rond, blond, petit, grand) des formes suffixées.
Les suffixes adjectivaux sont nombreux :
 Le suffixe diminutif est -et, ette (simplet) ; -âtre marque la diminution ou
l’approximation (rougeâtre) avec parfois une nuance péjorative. sont Ils souvent
péjoratifs les anciens suffixes -aud(e) et -ard(e) (rougeaud, vantard).
 Le suffixe -in(e) marque le rapport de ressemblance, de matière ou d’origine (argentin) ;
-eux, -euse la qualité (courageux).
 Le suffixe -able ajouté à une base verbale permet l’expression de la possibilité passive
(lavable, « qui peut être lavé », mais périssable a, par exemple, un sens actif). Il est en
concurrence avec -ible, le plus souvent construit sur une base savante latine plutôt que
française (conductible).
 De même, mais cette fois avec une base nominale, le suffixe -el(le) est concurrencé par
une forme savante -al(e). Les deux formes parfois existent, avec une spécialisation de
sens (original, originel).

Le suffixe adjectival correspond parfois à un type de nom, en particulier dans le lexique savant :

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 20
 les adjectifs en -iste aux noms en -isme (journaliste, journalisme), ceux avec le suffixe -if
(d’emploi autrefois plus large : pensif) aux noms en -ion (créatif, création), ceux en -ent
à des noms en -ence (réticent, réticence).

À partir des adjectifs dérivés de participes de verbes se sont formés des suffixes autonomes (-é, -
ant, -isant) avec des bases non verbales.

 Exemple : (itinérant, âgé, archaïsant).

Les adjectifs dits composés sont formés de deux adjectifs (aigre-doux) ou d’un adjectif et d’un
nom (bleu marine).

Enfin, un certain nombre d’adjectifs dérivent d’autres classes syntaxiques, comme celle du
participe présent (brillant), du participe passé (aiguisé), du nom (une robe ivoire) ou de
l’adverbe, auquel cas ils retiennent la caractéristique d’invariabilité de l’adverbe (des gens bien).
1.6.5. Accord de l’adjectif
Les adjectifs étant dans la dépendance du nom, ils ont un genre et un nombre d’accord. En règle
générale, le féminin des adjectifs se forme par l’ajout d’un -e à la forme du masculin.

 Exemple : (petit > petite ; rond > ronde ; vert > verte ; bleu > bleue).

Néanmoins, dans un certain nombre de cas, la formation est plus complexe et entraîne des
modifications, notamment :

 le passage d’un -e sans accent à un -è accentué (complet > complète ;


premier > première ; léger > légère) ;
 le redoublement de la consonne finale (réel > réelle ; gros > grosse) ;
 un changement de la consonne finale (sec > sèche ; public > publique ;
moqueur > moqueuse ; heureux > heureuse ; nouveau > nouvelle ; doux > douce ;
neuf > neuve) ;
 une transformation, à l’oral, de la prononciation de la voyelle finale, qui perd son timbre
nasal (brun > brune ; breton > bretonne ; fin > fine) ;
 certaines transformations plus complexes : beau > belle ; nouveau > nouvelle ;
vieux > vieille ; gentil > gentille.

Les adjectifs déjà terminés par un -e au masculin ont une forme unique pour le masculin et
le féminin (rouge, cynique, sensible, utile, grave), ainsi que les adjectifs de couleur qui
dérivent de la catégorie du nom (une robe marron).

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 21
Le pluriel des adjectifs se forme régulièrement par l’ajout d’un -s à la forme du singulier. Les
irrégularités de formation du pluriel sont constituées par les adjectifs terminés en -eau, dont le
pluriel est en –eaux :

 Exemple : (beau > beaux).

La plupart des adjectifs en -al, dont le pluriel est en -aux (spécial > spéciaux), à l’exception de
final > finals, fatal > fatals, etc. Les adjectifs terminés au singulier par un -s ou un -x ont une
forme unique pour le singulier et pour le pluriel (bas).

Les adjectifs composés forment leur pluriel régulièrement (aigres-douces), sauf si le second
terme est d’origine nominale (bleu marine). Les adjectifs de couleur qui sont des noms dérivés
restent invariables (des étoffes ivoire, marron), sauf si leur origine nominale n’est plus perçue
depuis longtemps (des fleurs roses).
1.6.6. Degrés d’intensité et de comparaison de l’adjectif
Les adjectifs sont, dans certains cas, susceptibles d’être nuancés par des adverbes d’intensité :
 Exemple : (plus ou moins grand, plutôt grand, assez grand) et peuvent faire l’objet de
comparaisons.
Les comparatifs de supériorité, d’égalité ou d’infériorité se forment au moyen d’une locution
comportant l’un des adverbes plus, aussi ou moins suivis de l’adjectif, lui-même suivi de que et
d’un élément comparatif :
 Exemple : (Leur maison est plus / aussi / moins grande que dans mon souvenir).

 Le superlatif relatif se forme à l’aide des locutions le plus ou le moins, suivies ou non
d’un complément prépositionnel introduit par de, qui constitue une indication de
l’ensemble de définition à l’intérieur duquel on a procédé à la comparaison.
 Exemple : (Paul est le plus grand ; Paul est le plus grand des deux ; Paul est le plus
grand de sa classe).
 Le superlatif absolu se forme en faisant précéder l’adjectif de l’adverbe très ou de l’un
des adverbes de quantité qui peuvent lui être substitués.

 Exemple : (Paul est très intelligent).

Bon, bien, mauvais et petit ont un comparatif de formation irrégulière. Il s’agit respectivement
des formes meilleur, mieux, pire et moindre. Pire et moindre sont néanmoins concurrencés par la
formation ordinaire dans certains emplois (C’est la plus mauvaise période pour partir / C’est la
pire des choses qui pouvaient lui arriver ; Paul est le plus petit de sa classe / C’est la moindre
des choses).
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 22
1.7. FORMES VERBALES ET DIFFICULTES ORTHOGRAPHIQUES
Les fautes d'orthographe usuelles peuvent être classées en trois catégories : on peut ainsi
distinguer les fautes d'accord (par exemple, dans de violents orage, sans s à orage), les fautes
liées aux problèmes d'homonymie (par exemple, quelle au lieu de qu'elle), enfin les fautes
portant sur une forme verbale.
La conjugaison des verbes en français présentant de nombreux pièges, ces fautes-là ne sont pas
les moins courantes, tant s'en faut… On n'entend pas une ou plusieurs lettres de la terminaison
1.7.1. Les terminaisons muettes
Sauf des terminaisons comme -e (je/il chante, qu'il chante, chante) ou - (r)a (il chanta, il
chantera), la plupart des terminaisons verbales comprennent une ou plusieurs consonnes
finales muettes. C'est là l'un des problèmes les plus épineux de l'orthographe française.
Observons ce texte de La Bruyère : « Il est pénible à un homme fier de pardonner à celui qui le
surprend en faute, et qui se plaint de lui avec raison : sa fierté ne s'adoucit que lorsqu'il reprend
ses avantages et qu'il met l'autre dans son tort. » (La Bruyère, les Caractères)
Pour écrire correctement les formes verbales de ce texte, avec les bonnes consonnes finales
muettes, il faut préalablement les analyser et mobiliser ses connaissances en conjugaison. Ainsi,
j'écris surprend et reprend avec un d, car ces verbes conjugués au présent, 3e personne du
singulier, appartiennent au 3e groupe (donc pas d'e final) et ont un infinitif en -dre (donc pas de t
final). En revanche, se plaint s'écrit avec un t car il fait partie des verbes en -indre qui, à l'inverse
des autres verbes en -dre, prennent la terminaison attendue-t.
1.7.2. La règle
Voici les principales règles à retenir :
Quand le verbe est conjugué à l'indicatif présent, aux personnes du singulier, il faut choisir
l'une des terminaisons -e, -es, -e, si le verbe est du premier groupe (attention aux verbes comme
crier, pour lesquels ces terminaisons sont muettes) ; sinon on opte pour le système de
terminaisons -s, -s, -t. Seuls les verbes en -dre, tels prendre, qui conservent le d du radical (-ds, -
ds, -d), et les verbes pouvoir, vouloir, valoir, qui prennent les terminaisons -x, -x, -t, font
exception à cette règle.
Quand le verbe est conjugué à la 2e personne du singulier, on écrit -s à la fin de la forme
verbale. Ex. : En gardes-tu un bon souvenir ? —Tu pourras rester. —Prends ton temps. Seuls
les verbes du 1er groupe, conjugués à l'impératif présent, font exception à cette règle.
Ex. : N'oublie pas !
Quand le verbe est conjugué à la 3e personne du pluriel, on écrit -(e)nt à la fin de la forme
verbale. La seule difficulté, ici, est de percevoir que le verbe est à la 3 e personne du pluriel,
autrement dit que son sujet est au pluriel.
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 23
Ex. : « Il y a de certaines gens qui veulent si ardemment et si déterminément une certaine chose,
que de peur de la manquer, ils n'oublient rien de ce qu'il faut faire pour la manquer. » (La
Bruyère, op.cit.)
Il existe une ou des formes verbales homonymes
1.7.3. Les principales formes verbales homonymes
Beaucoup de formes verbales se prononcent de la même façon et s'écrivent pourtant avec des
terminaisons différentes. C'est le cas :
— des formes verbales en [e] qui, selon le cas, s'écrivent -é (es), -er ou -ez ;
— des formes verbales en [i] qui, selon le cas, s'écrivent -i (es), -ie, -is, -it ;
— des formes verbales en [y] qui, selon le cas, s'écrivent -u (es), -ue, -us, -ut.
On peut également citer les terminaisons homonymes -ai, -ais, -ait, -aient. La terminaison -ai est
celle de l'indicatif futur et de l'indicatif passé simple à la 1re personne du singulier ; les
terminaisons -ais, -ait et -aient signalent un indicatif imparfait ou un conditionnel présent.
Ex. : Je veillerai sur lui (indicatif futur). — « Si le fat pouvait (indicatif imparfait) craindre de
mal parler, il sortirait (conditionnel présent) de son caractère. » (La Bruyère, op. cit.)
1.7.4. La règle
Là encore, les règles s'appuient sur l'analyse des formes verbales.
Quand on a affaire à une forme verbale se terminant par le son [e], il faut se demander si on a
affaire à un participe passé (terminaison -é(es)), à un infinitif présent (terminaison -er) ou à une
forme verbale conjuguée à la 2e personne du pluriel (terminaison -ez). Dans le cas d'un participe
passé, se pose ensuite le problème de l'accord.
Ex. : « Les froideurs et les relâchements dans l'amitié ont leurs causes. En amour, il n'y a guère
d'autre raison de ne s'aimer plus (infinitif présent) que de s'être trop aimés (participe passé
accordé avec un sujet implicite au pluriel). » (La Bruyère, op. cit.)
Quand on a affaire à une forme verbale se terminant par les sons [i] ou [y], il faut se demander
si on a affaire à un participe passé ou à un indicatif présent ou passé simple.
Dans le cas d'un indicatif passé simple, on s'interroge sur la personne du sujet (1re, 2e ou 3e du
singulier ?) et on écrit selon le cas -is/-us ou -it/-ut.
Ex. : Je vis, je crus ; il vit, il crut.
Dans le cas d'un indicatif présent, on s'interroge en outre sur le groupe du verbe et on écrit selon
le cas, par exemple à la 3e personne du singulier, -ie/-ue (1er groupe) ou -it/-ut (2e ou 3e groupe).
Ex. : Il crie, il mue ; il lit, il conclut.
Dans le cas d'un participe passé, on vérifie si celui-ci se termine par une voyelle (par exemple,
fini ou couru) ou par une consonne muette (par exemple, mis(e) ou dit(e)), en le mettant au
féminin, et on se pose ensuite le problème de l'accord.
Ex. : J'ai fini, j'ai couru ; le pantalon que j'ai mis.

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 24
Remarque : un participe passé se reconnaît au fait qu'il est employé seul comme adjectif
qualificatif ou avec l'auxiliaire avoir ou être.
Ex. : « La distance qu'il y a de l'honnête homme à l'habile homme s'affaiblit (indicatif présent,
verbe du 2e groupe) de jour à autre, et est sur le point de disparaître. L'habile homme est celui qui
cache ses passions, qui entend ses intérêts, qui y sacrifie (indicatif présent, verbe du 1er groupe)
beaucoup de choses, qui a su (participe passé) acquérir du bien ou en conserver. » (La Bruyère,
op. cit.)
1.7.5. Les pièges du radical
Même si le radical est plus constant que la terminaison verbale, celui-ci présente cependant
parfois des variations, sources de difficultés orthographiques. Parmi les verbes du 1er groupe
pourtant très réguliers, on peut citer :
— les verbes en -eler ou -eter qui, devant un e muet, doublent le l (il appelle) ou le t (nous
jetterons) ;
— les verbes en -oyer ou -uyer qui, devant un e muet, transforment le y en i (il envoie, vous
appuierez).
Les verbes du 3e groupe présentent, eux, de nombreuses variations de radical ; heureusement, la
plupart s'entendent (ex. : je viens, je venais, je viendrai, que je vienne).
On peut retenir ces deux cas particuliers :
— faire à l'imparfait s'écrit avec ai et non avec e comme pourrait le laisser croire la
prononciation du mot (je faisais) ;
— voir, pouvoir, courir et mourir prennent deux r à l'indicatif futur (il verra) et au conditionnel
présent (il verrait).

1.8. LA CONCORDANCE DES TEMPS


Il existe une sorte d'accord entre le temps utilisé dans la proposition principale et celui qu'on
trouve dans la proposition subordonnée.
Quelles sont les règles de la concordance des temps ? Quels cas faut-il envisager ? Toutes les
règles sont-elles encore d'usage dans la langue courante ?

Le verbe de la proposition subordonnée doit s'employer à l'indicatif

1.8.1. Le verbe de la proposition principale est au présent ou au futur simple


Si le verbe de la proposition principale est employé au présent ou au futur simple de l'indicatif, le
verbe de la proposition subordonnée est :
— au présent si les actions exprimées par les deux verbes sont simultanées ;
Ex. : Oncle Ernest affirme que j'ai des dispositions pour l'acrobatie.
— à l'imparfait ou au passé composé si l'action exprimée par le verbe de la subordonnée est
antérieure à celle exprimée par les verbes de la principale ;

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 25
Ex. : Mon père prétend que je n'ai pas assez travaillé cette année.
— au futur simple si l'action exprimée par le verbe de la subordonnée est postérieure.
Ex. : Ma grand-mère espère que je ferai mon droit et que je serai notaire.
1.8.2. Le verbe de la proposition principale est à un temps passé
Si le verbe de la proposition principale est employé au passé (imparfait, passé simple, passé
composé, etc.), le verbe de la proposition subordonnée est :
— à l'imparfait si les actions exprimées par les deux verbes sont simultanées ;
Ex. : Oncle Ernest affirmait que son neveu avait des dispositions pour l'acrobatie.
— au plus-que-parfait si l'action exprimée par le verbe de la subordonnée est antérieure ;
Ex. : Le père de Julien prétendait que son fils n'avait pas assez travaillé durant l'année.
— au futur du passé (conditionnel présent) si l'action exprimée par le verbe de la subordonnée
est postérieure. Ex. : Sa grand-mère espérait qu'il ferait son droit et qu'il serait notaire.
Remarque : il se peut que le présent de l'indicatif soit employé dans une subordonnée dépendant
d'un verbe principal au passé : c'est le cas s'il s'agit d'exprimer une vérité générale, valable quelle
que soit l'époque considérée.
Ex. : Mes grands-parents disaient toujours que toute peine mérite salaire.

1.8.3. Récapitulatif

Verbe de la principale au Verbe de la


présent ou futur simple principale au passé
Actions simultanées. Présent Imparfait
Action antérieure dans la subordonnée. Imparfait ou passé Plus-que-parfait
composé
Action postérieure dans la subordonnée. Futur simple Futur du passé

Cas où le verbe de la proposition subordonnée doit s'employer au subjonctif

1.8.4. Le verbe de la proposition principale est au présent ou au futur simple


Si le verbe de la proposition principale est employé au présent ou au futur simple de l'indicatif, le
verbe de la proposition subordonnée est :
— au présent (du subjonctif) si l'action qu'il exprime est simultanée ou postérieure à celle
qu'exprime le verbe de la principale ;
Ex. : Je ne tire pas les rideaux afin que la lumière me réveille.
— au passé (du subjonctif) si l'action qu'il exprime est antérieure à celle qu'exprime le verbe de
la principale.
Ex. : Je regrette que l'été soit déjà terminé.
1.8.5. Le verbe de la proposition principale est à un temps passé ou au conditionnel
Dans la langue soutenue :
— le présent du subjonctif est remplacé par l'imparfait du subjonctif ;
Ex. : Il ne tirait pas les rideaux afin que la lumière le réveillât.

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 26
— le passé du subjonctif est remplacé par le plus-que-parfait du subjonctif.
Ex. : Il regrettait que l'été fût déjà terminé.
Dans la langue courante, l'imparfait et le plus-que-parfait du subjonctif ne sont pas utilisés ; on
emploie donc le présent et le passé du subjonctif dans la subordonnée, quand bien même le verbe
de la principale est au passé. Ex. : Je ne tirais pas les rideaux afin que la lumière me réveille.

1.8.6. Récapitulatif

Verbe de la principale au Verbe de la principale au


présent ou futur simple passé
Actions simultanées ou Présent du subjonctif Imparfait du subjonctif (dans
actions postérieures dans la la langue soutenue)
subordonnée.
Action antérieure dans la Passé du subjonctif Plus-que-parfait du
subordonnée. subjonctif (dans la langue
soutenue)

1.8.7. Cas d'une proposition subordonnée de condition introduite par si


Dans un système hypothétique (principale + subordonnée de condition introduite par si), on
emploie :
— le conditionnel présent si le verbe de la subordonnée est à l'imparfait ;
Ex. : Si je pouvais, j'entreprendrais ce voyage l'été prochain.
— le conditionnel passé si le verbe de la subordonnée est au plus-que-parfait.
Ex. : Si j'avais pu, j'aurais entrepris ce voyage l'été dernier.

1.9. DIFFERENTS SENS D’UN MOT


« Les miroirs feraient bien de réfléchir avant de nous renvoyer notre image » a dit un jour Jean
Cocteau, jouant sur le double sens de réfléchir. Ce mot célèbre illustre bien cette possibilité
qu'ont les mots d'avoir plusieurs significations.
Des mots qui ont plusieurs sens
1.9.1. Monosémie et polysémie
Certains mots ne possèdent qu'un seul sens. Par exemple, si l'on ouvre le Petit Robert à la lettre
A, les mots abajoue (« poche entre la joue et la mâchoire chez certains animaux »), abattoir
(« lieu destiné à l'abattage des animaux »), abêtir (« rendre bête »), etc. servent d'entrées à des
articles sans subdivision. On dit de ces mots qu'ils sont monosémiques (du grec mono-,
« unique », et sémie, « qui a rapport au sens, à la signification »).
Cependant la plupart des mots de langue française sont polysémiques. On entend par là qu'ils
possèdent plusieurs sens ; en effet, poly- en grec signifie « plusieurs ».
Cette pluralité de sens engendre une certaine ambiguïté. C'est le contexte, c'est-à-dire le sens
général du texte, qui nous éclaire sur le sens à retenir. Par exemple, nous saurons quel sens
attribuer au mot baignoire selon que nous le lirons dans un catalogue de matériel sanitaire

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 27
(« cuve plus ou moins allongée où une personne peut se baigner ») ou dans un programme de
théâtre (« loge de rez-de-chaussée dans une salle de spectacle »).
1.9.2. Une ambiguïté réjouissante
Cependant cette ambiguïté est aussi exploitée, par exemple :
— par les humoristes : « Un livre devrait toujours être à la page » (Pierre Dac) ;
— par les publicitaires : « Ayez la forme, pas les formes ! » ou « La 5, une télé très curieuse » ;
— par les auteurs de mots croisés quand ils nous proposent leurs définitions sibyllines. Ex. :
« Vide les baignoires pour remplir les lavabos ». Réponse : « L'entracte ».
C'est aussi sur la polysémie que reposent la plupart des devinettes.
Ex. : « Pourquoi le peintre et le coiffeur se ressemblent-ils ? » Réponse : « Parce qu'ils
peignent ».
1.9.3. Les glissements progressifs du sens
On comprend bien que c'est par analogie que le mot baignoire a pris le sens de « loge de rez-de-
chaussée dans une salle de spectacle » ; en effet, la baignoire d'où l'on assiste à un spectacle
évoque par sa forme la baignoire où l'on prend son bain.
Cependant le lien entre les différents sens d'un mot n'est pas toujours aussi évident.
Ainsi, il semble surprenant qu'on puisse dire d'un ami qu'il nous est cher et employer le même
mot pour dire d'un objet qu'il est coûteux ? Comment mettre sur le même plan l'argent et
l'amitié ? En fait, ces deux acceptions (ou significations) ont en commun l'idée de valeur.
Il y a donc toujours un rapport entre les différents sens qu'un mot peut prendre, même si ce
rapport ne nous apparaît pas à première vue.
Considérons le mot poulet. On peut distinguer pour ce mot cinq acceptions :
1. Petit de la poule.
2. Viande de cet animal.
3. Terme d'affection dans Mon poulet.
4. (fam.) Billet doux.
5. (fam.) Policier.
Quels liens unissent ces différents sens ?
Sens 1 et 2 : on voit bien comment, à partir du premier sens, on passe à un sens plus restreint,
celui de la chair comestible de l'animal (Nous avons mangé du poulet à midi.).
Sens 3 : le poulet est un animal sans défense qu'on a envie de protéger. C'est pourquoi le mot
poulet peut aussi être utilisé comme un terme affectueux, de parent à enfant par exemple.
Sens 4 : de l'affection, on passe au moyen de la manifester, d'où le sens de lettre d'amour.
Sens 5 : ce dernier emploi repose sur une comparaison qui, prenant le mot à contresens, se veut
insultante ; le policier, qui est censé incarner le maintien de l'ordre public donc la force, est
comparé à un faible poulet !

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 28
1.10. USAGE DU DICTIONNAIRE
« Le dictionnaire est le livre par excellence. Tous les autres livres sont dedans : il ne s'agit plus
que de les en tirer », disait Anatole France.
En quoi consiste ce livre hors du commun et comment s'en servir ?
1.10.1. Comment définir un dictionnaire ?
Une grande diversité d'ouvrages porte le titre de dictionnaire mais ce mot est accompagné
d'une détermination — adjectif ou complément du nom — qui précise le contenu ou le public
visé. Par exemple : dictionnaire général, dictionnaire encyclopédique, dictionnaire étymologique,
dictionnaire médical, dictionnaire du français contemporain, dictionnaire des débutants, etc. Il
arrive aussi que le dictionnaire soit désigné par le nom de son auteur : le Littré, le Larousse, et
même, que soit précisée la dimension de l'ouvrage ; on a ainsi le Micro Robert, le Petit Robert, le
Grand Robert.
Quoi qu'il en soit, tous ces ouvrages ont en commun d'être des recueils de mots rangés par
ordre alphabétique. D'où la devinette :
« Tout paraît renversé chez moi
Le laquais précède le maître ;
Le manant passe devant le roi,
Le simple clerc devant le prêtre ;
Le printemps vient après l'été
Noël avant la Trinité.
C'en est assez pour me connaître.
Qui suis-je ?
Réponse : le dictionnaire »
1.10.2. Quel dictionnaire consulter ?
1.10.2.1. Ce que disent trois dictionnaires à propos d'un même mot
Comparons ce que disent trois dictionnaires à propos d'un même mot.
Larousse Super Major CM1-6e
tanche n. f. Poisson à la chair appréciée que l'on trouve dans la vase des étangs.
Petit Robert
tanche n. f. (tenche, XIIIe ; bas latin tinca, mot gaulois) Poisson (Cyprinidés) vivant dans les eaux
douces, à peau sombre et gluante, à chair délicate. « [Le héron] S'approchant du bord, vit sur
l'eau /Des tanches qui sortaient de ces demeures. » La Fontaine, Fables, VII, 4.
Larousse du XXe siècle
tanche n. f. (latin tinca). Ichtyologie. Genre de poissons téléostéens, famille des Cyprinidés,
répandus en Europe. La tanche (tinca vulgaris) est trapue, ovale, couverte de petites écailles, elle
a un petit barbillon au coin des lèvres. Sa taille atteint parfois 50 cm et son poids 5 à 6 kg.
Ordinairement verdâtre, bronzée, elle devient parfois d'une superbe teinte dorée avec des taches
noires. Ce poisson se plaît dans les fonds vaseux et calmes des étangs. Sa chair est excellente,

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 29
mais il est bon, dès que la tanche est prise, de la faire dégorger pendant quelques heures dans de
l'eau claire pour lui enlever le goût de vase.
1.10.2.2. Dictionnaires de langue et dictionnaires encyclopédiques
Les deux premiers dictionnaires sont des dictionnaires de langue. Ils nous renseignent sur : la
classe grammaticale du mot et sa signification. L'article du Petit Robert, élaboré, fournit son
étymologie (le mot est d'origine gauloise, il a été latinisé, il s'écrivait tenche en ancien français)
ainsi qu'un exemple littéraire.
Le Larousse du XXe siècle est un dictionnaire encyclopédique. Il donne une information
linguistique minimale mais apporte toutes sortes d'informations sur le poisson désigné par le mot
tanche. Il le décrit minutieusement, précise sa couleur, son poids, sa taille, indique les
précautions à prendre avant de le manger, etc.
En résumé, pour bien se servir d'un dictionnaire, il faut :
— choisir celui qui convient au type de renseignements que l'on cherche,
— maîtriser l'ordre alphabétique,
— connaître l'orthographe du mot ou procéder par tâtonnements. Par exemple, si j'ignore
l'orthographe du mot kinésithérapeute, je me demande quelle lettre ou groupe de lettres peut
servir à transcrire le son [k] à l'initiale, devant la voyelle i, et je cherche à ch, k ou qu.
1.10.3. La structure d'un article
Un article de dictionnaire de langue donne, pour chaque mot, une définition accompagnée
d'exemples, littéraires ou non. Si le mot a plusieurs sens, ceux-ci sont donnés successivement et
numérotés.
Un article peut comprendre également des indications sur :
— la prononciation du mot (transcription du mot en alphabet phonétique international) ;
— sa classe grammaticale ; celle-ci est indiquée en abrégé : n. m. (nom masculin), v. (verbe),
prép. (préposition), etc. ;
— son étymologie (c'est-à-dire son origine) ;
— sa conjugaison, s'il s'agit d'un verbe,
— son registre de langue : fam. (familier), pop. (Populaire), litt. (Littéraire), etc. ;
— ses synonymes, ses antonymes, ses homonymes.

1.11. LES REGISTRES DE LANGUES


Selon la personne à qui l'on s'adresse, les circonstances, la nature des propos que l'on tient, on ne
s'exprime pas de la même manière. On distingue habituellement trois registres de langue : les
registres courant, soutenu et familier.
Comment les emploie-t-on ? Quels critères permettent de les distinguer ?
Il existe trois registres de langue
1.11.1. Le registre familier

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 30
Le registre familier est employé dans la conversation avec des proches ; le locuteur n'a pas
besoin de se soucier de s'exprimer correctement. Ce registre est donc plutôt réservé à la langue
orale ; cependant on peut en faire un usage littéraire. Les romanciers contemporains, en
particulier, y font souvent appel quand ils rapportent les paroles de certains de leurs personnages.
Ex. : « Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. Pas possible, ils se nettoient jamais. Dans
le journal, on dit qu'il y a pas onze pour cent des appartements à Paris qui ont des salles de bains,
ça m'étonne pas, mais on peut se laver sans. Tous ceux là qui m'entourent, ils doivent pas faire de
grands efforts. » (Raymond Queneau, Zazie dans le métro)
1.11.2. Le registre courant
Le registre courant est celui de la langue orale et de la langue écrite usuelles. C'est le registre
utilisé notamment dans la presse, dans la correspondance non officielle… ou dans une copie
d'élève.
grands efforts. » (Raymond Queneau, Zazie dans le métro)
1.11.3. Le registre soutenu
Le registre soutenu correspond à une langue réfléchie et élaborée. C'est le registre utilisé
traditionnellement dans les œuvres littéraires. On l'emploie également, à l'oral comme à l'écrit,
lorsque les relations sociales imposent une certaine distance.
1.11.4. Les différences de vocabulaire
1.11.4.1. Le registre familier
Le registre familier fait appel à des mots qualifiés de familiers (fam.), voire de populaires
(pop.), dans le dictionnaire.
Ex. : Il s'est payé une super bagnole.
On y rencontre, en particulier, des mots abrégés (par exemple, télé au lieu de télévision), de
nombreuses expressions imagées (par exemple, casser sa pipe pour mourir).
1.11.4.2. Le registre courant
Les mots utilisés dans le registre courant appartiennent au vocabulaire quotidien, c'est-à-dire à
un vocabulaire correct, pouvant être compris par le plus grand nombre, mais pas très recherché.
Ex. : Il vient d'acheter une belle voiture.
1.11.4.3. Le registre soutenu
Le registre soutenu se caractérise par un vocabulaire précis, varié, nuancé.
Ex. : Il vient d'acquérir une magnifique automobile.
1.11.5. Les différences de syntaxe
1.11.5.1. Le registre familier
« Les cartes italiennes, ça s'abat sur la table à grands coups de poing, en hurlant à voix sauvage
des choses que je comprends pas, des choses de meurtre et de malédiction. Et quand ils jouent à
la morra ! À la mourre, comme on dit en dialetto. Là, oui, ça fait du bruit. […] Les vitres
tremblent, elles tremblent pour de bon, quand nous autres mômes, on passe dans la rue ça nous
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 31
vibre dans la tête, les murs font écho, toute la rue résonne comme un gros mirliton. » (Cavanna,
les Ritals)
On observe dans ce passage plusieurs caractéristiques syntaxiques du registre familier. Par
exemple :
— les phrases sont construites de façon assez lâche ; les propositions sont le plus souvent
posées les unes à côté des autres (juxtaposées) ;
— certaines phrases sont incomplètes ; ainsi « Et quand ils jouent à la morra ! » est une
proposition subordonnée employée sans proposition principale ;
— on relève des phrases segmentées, avec un pronom qui rappelle le groupe de mots détaché en
tête ou en fin de phrase (« Les cartes italiennes, ça s'abat sur la table […] ») ;
— l'adverbe négatif ne est omis (« des choses que je comprends pas ») ;
— le pronom démonstratif cela est remplacé par sa forme contractée ça, le pronom personnel
nous est remplacé par l'indéfini on.
1.11.5.2. Le registre courant
Dans le registre courant, les phrases sont simples mais grammaticalement correctes.
Ex. : « Marie Bizingre tire le tuyau de l'aspirateur. L'appareil résiste. Le fil est trop court. »
(Jean-Paul Nozière, Des crimes comme ci comme chat)
Le passé simple du registre soutenu est remplacé par le passé composé ; le subjonctif imparfait
ou plus-que-parfait par le subjonctif présent ou passé.
1.11.5.3. Le registre soutenu
La langue de registre soutenu est riche en phrases complexes et en tournures élaborées.
Ex. : « Ma seule consolation, quand je montais me coucher, était que maman viendrait
m'embrasser quand je serais dans mon lit. Mais ce bonsoir durait si peu de temps, elle
redescendait si vite, que le moment où je l'entendais monter, puis où passait dans le couloir à
double porte le bruit léger de sa robe de jardin en mousseline bleue, à laquelle pendaient de petits
cordons de paille tressée, était pour moi un moment douloureux. » (Marcel Proust, Du côté de
chez Swann)
Elle emploie tous les temps et tous les modes, notamment :
— le passé simple de l'indicatif pour raconter ;
— l'imparfait et plus-que-parfait du subjonctif, par souci de concordance des temps, dans une
subordonnée au subjonctif dépendant d'un verbe principal au passé.
Ex. : Il aurait aimé que ce bonsoir durât plus longtemps.

1.12. LES FIGURES DE STYLE


Pour rendre un discours plus évocateur ou plus convaincant, on utilise des procédés qu'on appelle
figures de style ou encore figures de rhétorique. Ces figures ne sont pas réservées à la littérature ;

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 32
la publicité, par exemple, en fait également un grand usage ; il nous arrive également d'en utiliser
dans nos conversations quotidiennes ? Quelles sont donc les plus courantes ?

1. Les figures de sens et de pensée

2. Les figures de construction

3. Les figures de sonorité

1.13. CHAMP SEMANTIQUE ET LEXICAL


Quand on parle d'un corps lumineux, l'adjectif lumineux n'a pas le même sens que dans
l'expression un raisonnement lumineux. Les différents sens du mot lumineux forment son champ
sémantique.
Des mots comme lumière, illuminer mais aussi étincelant, briller, luire, etc. se rapportent,
comme lumineux, au thème de la lumière ; on dit qu'ils forment le champ lexical de la lumière.
1.13.1. Le champ sémantique
Revenons à l'adjectif lumineux. Dans l'article du Petit Robert consacré à cet adjectif sont
distingués quatre sens principaux :
1. Qui émet ou réfléchit la lumière (un corps lumineux, le cadran lumineux d'une montre).
2. Par ext. Radieux (un visage lumineux).
3. De la nature de la lumière (des ondes lumineuses).
4. Fig. Qui a beaucoup de clarté, de lucidité (un raisonnement lumineux).
Ces quatre sens forment le champ sémantique de lumineux. Les sens 1 et 3 sont des sens propres
par opposition aux sens 2 et 4 qui sont des sens figurés (sens dérivés, plus imagés).
Selon le contexte, l'adjectif polysémique lumineux prend donc l'un ou l'autre sens.
Prenons pour exemple ces vers de Baudelaire :
« Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige ! » (« Harmonie du soir », les Fleurs du mal)
Dans ce contexte, l'adjectif lumineux a le sens 2 (sens figuré) ; il s'agit du passé illuminé par la
présence de la femme aimée.
1.13.2. Le champ lexical
Le champ lexical désigne l'ensemble des mots relatifs à une même idée ou à un même thème.
Il peut se composer :

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 33
— des mots de la même famille, c'est-à-dire formés à partir d'un même radical : par exemple,
pour le champ lexical de la lumière, lumineux, illuminer, luminosité, luire, etc. ;
— de synonymes : étincelant, brillant, éclatant, radieux ;
— d'autres mots encore qui ont un rapport étroit avec le thème : éblouir, soleil, rayon, etc.
Plusieurs champs lexicaux peuvent coexister dans un texte et leur étude est souvent très
significative.
Observons les deux dernières strophes du poème de Baudelaire « Harmonie du soir » :
« Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir ! »

On peut relever dans ces vers plusieurs mots appartenant au champ lexical de la mort : afflige,
néant, noir, triste, s'est noyé, sang. On y trouve également des mots relevant du champ lexical
de la lumière : lumineux, soleil, luit. D'autres mots, enfin, ont un sens religieux : reposoir,
ostensoir. L'étude des champs lexicaux dans ces deux vers permet de comprendre que, le soir
venu, l'âme du poète est menacée par le désespoir et que seul le souvenir lumineux et quasiment
mystique de la femme aimée lui permet de retrouver une certaine harmonie.

UNITE2 : LES DISCOURS ET LES TEXTES


2.1. ENONCE ET ENONCIATION
Lorsqu'on entre dans une boulangerie et qu'on demande : « Une baguette, s'il vous plaît », on
produit un énoncé. Cet énoncé est produit dans une situation particulière que l'on appelle la
situation d'énonciation.
Comment définit-on une situation d'énonciation ? Tous les énoncés y font-ils référence ?
2.1.1. La situation d'énonciation
L'énonciation désigne l'acte de s'adresser à quelqu'un par la parole, à l'oral ou à l'écrit. L'énoncé
est le résultat de l'énonciation.
La situation d'énonciation est la situation concrète dans laquelle l'énoncé est produit. Elle
comprend donc les éléments suivants :
— les personnes qui se parlent ; on distingue celui qui parle, le locuteur (ou l'émetteur ou
l'énonciateur), et celui à qui il s'adresse, l'interlocuteur (ou le récepteur ou l'énonciataire) ;
— les autres êtres et les objets présents au moment de l'énonciation,

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 34
— le lieu et le moment de l'énonciation.
Observons cet exemple :
« À Madame de Grignan. Aux Rochers, mercredi 13 novembre 1675.
Vous êtes étonnée que j'aie un petit chien ; voici l'aventure. » (Madame de Sévigné, Lettres)
La situation d'énonciation correspondant à cet énoncé est clairement définie ; on peut répondre
aux quatre questions clés : qui parle ? à qui ? où ? quand ?
Qui parle ? Madame de Sévigné.
À qui ? Madame de Grignan, sa fille.
Où ? Dans un lieu appelé les Rochers.
Quand ? Le 13 novembre 1675.
Remarque : il ne faut pas confondre les notions de phrase et d'énoncé. Une phrase dépend
uniquement de la grammaire et non de la situation dans laquelle elle est produite. Imaginons, par
exemple que Barnabé aille au cinéma et qu'en sortant de la salle, il dise à son amie Julie : « Ce
film était formidable ! » Une semaine plus tard, Julie va au cinéma voir un autre film et
s'exclame à son tour : « Ce film était formidable ! » Il s'agit bien de la même phrase mais pas du
même énoncé puisque la situation d'énonciation a changé.
2.1.2. Les indices d'énonciation
Dans certains énoncés, certains mots font référence à des éléments de la situation
d'énonciation (personnes, objets, lieu ou moment). Ces mots sont des indices de la situation
d'énonciation ; les mêmes mots, dans une autre situation d'énonciation, renverraient à d'autres
éléments.
Analysons cet exemple :
« Ils étaient arrivés avenue Sainte-Foy. Devant l'entrée de l'immeuble, Alexis remercia Thierry
de lui avoir fait la conduite.
— Cet après-midi, hist'et géo ! bougonna-t-il. Avec ce vieux croûton de Berchu, ce ne sera pas
folichon ! Allez, je me grouille ! À tout à l'heure.
Mais Thierry ne bougeait pas, un étrange sourire aux lèvres.
— Nous avons bien cinq minutes, dit-il. Je peux monter avec toi dans ta chambre ? » (Henri
Troyat, Aliocha)
Dans les paroles d'Alexis, on relève les indices de la situation d'énonciation suivants :
— les pronoms personnels je et me, qui renvoient au locuteur, Alexis ;
— le GN cet après-midi et l'adverbe tout à l'heure qui font référence au moment de
l'énonciation ;
— le présent (grouille) et le futur (sera), qui situent les faits par rapport au moment de
l'énonciation.
2.1.3. Les deux grands types d'énoncé

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 35
L'énoncé ancré dans la situation d'énonciation comporte des indices de la situation
d'énonciation ; par conséquent, il ne peut être compris que si l'on est au courant de la situation
d'énonciation.
Ex. : « Je dois vous raconter, cher monsieur, qu'en Palestine où j'étais pour faire le sioniste
pendant quelques mois, il y a eu un grand combat où j'ai eu peur et mon sang s'est fait lait caillé
et j'ai reçu des balles de fer dans mon organisme mais j'avais une cotte de mailles et une balle a
ricoché et m'a occasionné une commotion cérébrale et m'a endormi et ils m'ont cru mort et ils
m'ont mis dans une grange ! Et quelques heures plus tard je me mets à éternuer et je m'aperçois
de mon erreur ! Et je me rends compte que je ne suis pas mort ! » (Albert Cohen, Mangeclous)
Dans cet extrait de roman, on a mis en italique les indices de la situation d'énonciation ; l'énoncé
n'est clair que si l'on connaît le locuteur et le moment de l'énonciation auxquels renvoient ces
indices.
L'énoncé coupé de la situation d'énonciation ne comporte aucun indice de la situation
d'énonciation ; par conséquent, il peut être compris indépendamment de la situation
d'énonciation.
Ex. : « Mangeclous se rendit en Palestine pour défendre la cause sioniste. Au cours d'un combat,
il fut touché par une balle mais, heureusement protégé par une 'cotte de mailles’, il en fut quitte
pour une belle peur. » (op. cit.)
Le résumé du texte précédent sous forme de récit à la 3e personne est un énoncé coupé de la
situation d'énonciation.

2.2. FONCTION DES DISCOURS

Quand nous parlons ou quand nous écrivons, nous produisons un discours. Mais, selon les
circonstances, la situation et la personne (ou les personnes) à qui nous nous adressons, nos
intentions sont différentes : on peut vouloir raconter une histoire, décrire un lieu, expliquer le
fonctionnement d'une machine, convaincre quelqu'un qu'il a tort, etc.
Quelles sont donc les principales fonctions des discours ?
2.2.1. Raconter : le discours narratif
Nous vivons dans un monde de récits ! Tous les jours, nous racontons, ou on nous raconte, des
faits, des anecdotes de la vie quotidienne. La presse écrite, la télévision rapportent des
événements politiques, des exploits sportifs, des faits divers qui ont réellement eu lieu. Les
romans, les bandes dessinées nous plongent dans des histoires imaginaires. Les films, eux aussi,
racontent des histoires en images.
Pour qu'il y ait un récit, il faut qu'un événement au moins, grand ou petit, se soit passé.
L'histoire a un début et une fin : entre les deux, la situation, par étapes, a évolué. Par exemple,
entre le moment où le Petit Prince apparaît dans le désert à l'aviateur et celui où il meurt, piqué

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 36
par un serpent, il a fait plusieurs rencontres qui lui ont montré qu'il ne pouvait pas s'adapter à la
vie sur notre planète.
Dans chaque histoire, il y a un ou plusieurs personnages. Ils agissent sur les événements ou
bien ils en sont les victimes. Dans les contes, on trouve toujours un héros, des ennemis, une
victime. Chacun, ainsi, a un rôle dans l'histoire.
L'histoire se déroule dans certains lieux et à une certaine époque, qu'on peut ou non
déterminer. Les verbes et les indications de temps montrent la succession des actions et leur
progression.
2.2.2. Décrire : le discours descriptif
Les guides et les dépliants touristiques, les publications des agences immobilières, les
catalogues, et, d'une façon générale, toute la documentation technique décrivent paysages,
maisons, objets, etc., avec ou sans images.
On trouve également des descriptions insérées dans les récits. Quand on raconte une histoire, on
a besoin en effet de faire imaginer au lecteur les lieux où elle se déroule (paysages, habitations),
les personnages, hommes ou animaux, qui en sont les acteurs.
Le portrait est une forme particulière de la description.
2.2.3. Expliquer : le discours explicatif
Dans une encyclopédie, un ouvrage documentaire, un manuel, on trouve des textes explicatifs
qui fournissent des informations de manière organisée ; les phénomènes (scientifiques,
historiques, etc.) sont expliqués, décomposés logiquement. Dans un guide touristique, le mode
d'emploi d'une machine ou la règle d'un jeu, les informations sont associées à des explications
qui permettent d'agir : d'organiser son voyage, de se servir de la machine, de jouer…
Par opposition au discours argumentatif, le discours explicatif est neutre ; son auteur ne se
manifeste pas.
2.2.4. Convaincre : le discours argumentatif
Quand on veut défendre son opinion, son innocence ou quand on veut montrer à quelqu'un qu'il a
tort, on cherche à le convaincre. Pour cela, on avance des raisons que l'on juge bonnes : ce sont
des arguments.
L'auteur d'un texte argumentatif s'adresse directement à son lecteur. Il veut le faire réfléchir mais
souvent aussi toucher sa sensibilité. Il organise ses arguments de manière logique ; pour les
rendre plus parlants, il fait appel à des exemples.
Les avocats, les hommes politiques produisent des discours argumentatifs, mais on en rencontre
également dans les romans ou les pièces de théâtre, chaque fois qu'un personnage veut
convaincre.
2.2.5. Plusieurs types de discours dans un même texte
Dans une même œuvre, on peut rencontrer tous les types de discours ; c'est le cas en particulier
des romans. Ces extraits tirés du Petit Prince de Saint-Exupéry le montrent clairement.
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 37
« Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. […]
Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand un drôle de petite voix m'a réveillé. »
(Discours narratif)
« La cinquième planète était très curieuse. C'était la plus petite de toutes. Il y avait juste assez de
place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. » (Discours descriptif)
« Quand il est midi aux États-Unis, le soleil, tout le monde le sait, se couche sur la France. Il
suffirait de pouvoir aller en France en une minute pour assister au coucher du soleil. » (Discours
explicatif)
« La preuve que le Petit Prince a existé, c'est qu'il était ravissant, qu'il riait, et qu'il voulait un
mouton. Quand on veut un mouton, c'est la preuve qu'on existe. » (Discours argumentatif)

2.3. COHERENCE DU TEXTE FRANÇAIS


La cohérence du texte
Un texte (du latin textum signifiant « tissu ») est un ensemble clos d'énoncés. Un texte ne peut
être compris que s'il est cohérent, c'est-à-dire si ses différents éléments sont reliés entre eux par
des rapports de sens étroits.
Quels procédés contribuent à la cohérence d'un texte ?
Les procédés de reprise
2.3.1. Les deux sortes de reprise
Dans le roman de Conan Doyle, le Monde perdu, des explorateurs découvrent une région restée
au stade de la Préhistoire : « J'ai dit qu'une épaisse bordure de verdure surplombait en saillie le
bord de l'escarpement. Or, de cette frange avait émergé un objet noir et luisant. Comme il
s'avançait lentement en plongeant au-dessus du gouffre, nous vîmes à loisir qu'il s'agissait d'un
très gros serpent avec une tête plate en forme de bêche. Il ondula et secoua ses anneaux au-
dessus de nous pendant une minute. »
Ce texte permet de distinguer les reprises nominales (par exemple, le groupe nominal cette
frange qui reprend une épaisse bordure) des reprises pronominales (par exemple, le premier
pronom personnel il qui reprend un objet noir et luisant).
Remarque : une reprise pronominale ne peut être assurée que par un pronom représentant (le plus
souvent un pronom personnel de la 3e personne ou un pronom démonstratif).
2.3.2. Les reprises nominales
On distingue :
— les reprises nominales fidèles ; le nom est répété mais précédé d'un autre déterminant ; par
exemple, l'article indéfini un devient l'article défini le ou le devient le déterminant démonstratif
ce (ou cet). Les expansions qui accompagnaient initialement le nom sont alors le plus souvent

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 38
supprimées (ainsi Conan Doyle aurait pu écrire : « Or, de cette frange avait émergé un objet noir
et luisant. Comme l'objet s'avançait lentement en plongeant au-dessus du gouffre… ») ;
— les reprises nominales infidèles. Le groupe nominal est repris soit par un synonyme (cette
frange pour une épaisse bordure), soit par un terme générique (par exemple, le reptile pour un
très gros serpent), soit par une périphrase (par exemple, cet animal diabolique pour un très gros
serpent).
2.3.3. Les connecteurs
On appelle connecteurs (ou mots de liaison) des mots ou des groupes de mots servant à indiquer
le rapport de sens existant entre deux propositions, deux phrases, voire deux paragraphes.
2.3.3.1. Les classes grammaticales des connecteurs
Selon le cas, un connecteur peut être :
— un adverbe (alors, ensuite, cependant, etc.) ou une locution adverbiale (tout à coup, en face
de, de plus, etc.) ; on parle alors souvent d'adverbes de liaison ;
— une conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car) ;
— une conjonction de subordination (quand, comme, puisque, quoique, etc.) ou une locution
conjonctive (pendant que, parce que, si bien que, etc.).
Un GN complément circonstanciel placé en tête de phrase peut également remplir le rôle de
connecteur.
2.3.3.2. Les trois sortes de connecteur
On distingue trois sortes de connecteur :
— les connecteurs temporels, qui permettent de rendre compte de la chronologie des
événements (puis, alors, la veille, quelques années plus tard, etc.) ; ces connecteurs sont
essentiellement employés dans les textes narratifs ;
— les connecteurs spatiaux, qui permettent d'organiser les éléments d'une description ; on les
trouve essentiellement employés dans les textes descriptifs, le plus souvent par couples (à
droite/à gauche, au-dessus/en dessous, au premier plan/à l'arrière-plan, etc.) ;
Ex. : « Au-dessus de nos têtes, cerné par des ombres noires, se dessinait un halo de ténèbres plus
profondes : sûrement ce ne pouvait être que l'ouverture d'une caverne. » (op. cit.)
— les connecteurs logiques, qui permettent d'établir un rapport de sens entre deux idées ou deux
faits.
Ex. : « Une seule fois une créature aux pattes arquées tituba lourdement parmi des ombres : un
ours ou un fourmilier… Ce fut l'unique manifestation de vie au sol que je perçus dans la grande
forêt. Et pourtant certains signes nous apprirent que des hommes vivaient dans des recoins
mystérieux. » (op. cit.)
Les connecteurs logiques les plus usuels peuvent ainsi être classés selon le rapport de sens
qu'ils établissent.
Les connecteurs logiques sont très représentés dans les textes explicatifs et argumentatifs
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 39
La ponctuation
Un texte est composé de mots, mais ceux-ci ne sont pas simplement les uns derrière les autres, en
une succession ininterrompue : des signes typographiques jouent un rôle de signalisation. Ils
séparent les groupes de mots et attirent l’attention sur l’organisation de ces mots en phrases, ainsi
que sur la présence de certains mots (interrogatifs, exclamatifs…). Ils permettent d’identifier des
manières de parler ou d’écrire (paroles rapportées au style direct ou indirect, par exemple). La
ponctuation souligne le rythme des phrases. La présence ou l’absence de ponctuation peut
modifier le sens d’un énoncé.
Il est donc indispensable d’observer la ponctuation et d’en tenir compte dans la lecture
méthodique d’un texte, soit parce qu’elle aide à saisir des significations, soit parce qu’elle
souligne un effet ou participe à sa mise en place.
Selon Grevisse, « La ponctuation est l’ensemble des signes conventionnels servant a indiquer,
dans l’écrit, des faits de langue orale comme les pauses et l’intonation, ou a marquer certaines
coupures et certains liens logiques. »
Pour Riegel, Pellat et Rioul, « La ponctuation est le système des signes graphiques qui
contribuent a l’organisation d’un texte écrit et qui apportent des indications prosodiques,
marquent des rapports syntaxiques ou véhiculent des informations sémantiques. »
Les fonctions de la ponctuation
Fonction prosodique
« Les signes de ponctuation marquent les pauses de la voix, le rythme, l’intonation, la mélodie
de la phrase. On dit qu’ils ont un rôle suprasegmental du fait qu’ils se superposent aux segments
linguistiques, comme l’accent et l’intonation à l’oral. »
Les pauses : les signes comme le point, le point-virgule, la virgule, correspondent aux pauses à
l’oral. On ne peut dire toutefois qu’ils correspondent a toutes les pauses que l’on peut faire à
l’oral.
L’intonation et le rythme : cela concerne essentiellement le point d’interrogation et le point
d’interrogation.
Fonction syntaxique
Séparation des mots : cette fonction est assumée par les blancs, les apostrophes et le trait
d’union.
Délimitation intraphrastique : virgule et point-virgule séparent des éléments de phrases ;
guillemets, tirets doubles, parenthèses et crochets permettent l’insertion d’une phrase ou
d’éléments de phrase dans le texte de base (changement de niveau discursif) ; les deux points
introduisent une insertion, une explication, un exemple.
Délimitation interphrastique : les majuscules indiquent le début des phrases, les points (final,
d’interrogation, d’exclamation, de suspension,…) en marquent la fin.
Fonction sémantique
« Idéographiques par nature, les signes de ponctuation peuvent ajouter des éléments
d’information qui se superposent au texte et complètent l’apport sémantique des mots et des
phrases. »
Indication modale : la ponctuation peut marquer le type de la phrase (comparez : Il pleut. Il pleut
! Il pleut ?)

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 40
Analyse sémantique : la virgule peut servir notamment à différencier les relatives explicatives
des relatives déterminatives (comparez : Les Alsaciens qui boivent de la bière sont obeses. Les
Alsaciens, qui boivent de la bière, sont obèses.)
Changement de registres et niveaux de langue : guillemets, tirets doubles, virgules et parenthèses
sont ici concernes. Grace aux guillemets notamment, le narrateur marque ses distances par
rapport aux termes qu’il rapporte.
Les signes de ponctuation
Points, points-virgules et deux points
Le rôle de certains signes est de marquer des pauses et de séparer des termes ou des groupes de
termes : c’est le cas des virgules, des points-virgules et des points. Ces derniers délimitent les
phrases, alors que les points-virgules séparent des propositions.
La ponctuation joue ainsi un rôle dans la construction syntaxique, en faisant apparaître la
brièveté des phrases nominales, la longueur des phrases complexes, en mettant en relief des
phrases importantes en fin de paragraphes.
Les deux points constituent, eux, une pause qui « annonce » autre chose (un développement, une
énumération, une parole rapportée au style direct, …)
Points d’exclamation et d’interrogation
D’autres signes se trouvent associés à des manières de s’exprimer : l’exclamation et
l’interrogation, exprimées par des adjectifs, des pronoms, des adverbes ou des interjections, sont
signalées à l’écrit par des points d’exclamation et d’interrogation.
Ce type de ponctuation, associé à des phrases brèves, entraîne des ruptures dans les groupes
syntaxiques et traduit des états émotionnels variés (inquiétude, crainte obsessionnelle, urgence,
précipitation…).
Exemple : « Valère.-Hé quoi ? charmante Elise, vous devenez mélancolique, après les
obligeantes assurances que vous avez eu la bonté de me donner votre foi ? Je vous vois soupirer,
Hélas ! au milieu de ma joie ! » Molière (L’Avare)
Tirets et points de suspension
D’autres signes sont utilisés pour mettre en relief des ruptures, des pauses, des attentes.
Le tiret, qui intervient dans les dialogues pour marquer le début d’une intervention, figure aussi
dans les récits ou les textes d’idées pour en souligner les étapes (passage d’une situation ou
d’une idée à une autre). Placé avant et après une expression, il la distingue du reste du texte, la
met en incise pour des raisons diverses (commentaire, autocorrection, insistance,...).
Exemple : « Sauve qui peut-affront !horreur !-toutes les bouches
Criaient ; à travers champs, fous, éperdus, farouches » Victor Hugo, Châtiments
Les points de suspension ont des fonctions variées : ils marquent l’inachèvement, l’incertitude,
l’hésitation, la crainte de parler, la difficulté de dire certaines choses, de trouver des mots qui
conviennent. L’utilisation des points de suspension conduit à de nombreuses interprétations,
confirmées ou non par le contexte.
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 41
Exemple : « Malheur à l’homme ! Il est venu, le…le…comment se nomme-t-il…le…il semble
qu’il me crie son nom, et je ne l’entends pas…le…oui…il le crie…J’écoute…Je ne pense
pas…répète…le…Horla… » Guy de Maupassant, Le Horla

2.4. POINTS DE VUE DU LOCUTEUR


Rares sont les énoncés qui ne révèlent pas, d'une façon ou d'une autre, le point de vue du
locuteur.
Mais qu'appelle-t-on le point de vue du locuteur et quelles sont les marques textuelles qui le
révèlent ?

2.5.1. Qu'appelle-t-on le point de vue du locuteur ?


Le locuteur révèle souvent dans son énoncé ses préférences, ses opinions, ses sentiments, ses
sensations : c'est ce qu'on appelle le point de vue du locuteur (ou le point de vue de
l'énonciateur). Ce point de vue exprime :

— soit une certitude, plus ou moins forte selon que le locuteur est convaincu ou non de ce qu'il
énonce : c'est le cas dans ces appréciations rédigées par des professeurs ;
Ex. : Sébastien travaille, apparemment, mais ses résultats demeurent fragiles (absence de
certitude) — Élève qui, à l'évidence, dispose de réelles possibilités dans la matière (certitude
forte) ;
— soit une évaluation, c'est-à-dire un jugement positif ou négatif.
Ex. : Je suis satisfait du travail fourni par Mathieu ce trimestre-ci.
Si le point de vue du locuteur est plus particulièrement exprimé dans le texte argumentatif, il n'en
est pas moins présent aussi dans les autres types de texte (narratif, descriptif, explicatif) : seuls
les énoncés scientifiques et techniques échappent, en principe, à la subjectivité du locuteur.
2.5.2. De quels procédés le locuteur dispose-t-il pour exprimer son point de vue
2.5.2.1. Les procédés lexicaux
Le vocabulaire offre de nombreuses possibilités pour exprimer un point de vue. On peut ainsi
recourir à l'emploi :
— d'adjectifs et de groupes nominaux mélioratifs (exprimant un point de vue positif, valorisant)
ou péjoratifs (exprimant un point de vue négatif, dévalorisant) ;
Ex. : Cette élève est un modèle de persévérance (groupe nominal mélioratif). — Élève on ne peut
plus paresseux (adjectif péjoratif).

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 42
— de verbes de sentiment (aimer, regretter, détester, etc.) et d'opinion (supposer, affirmer,
penser, etc.) ;
Ex. : J'apprécie l'enthousiasme dont Didier fait preuve en cours.
— d'adverbes et de locutions adverbiales de sentiment (hélas !, heureusement, etc.), d'opinion
(peut-être, sans doute, évidemment, bien sûr, etc.) ou d'intensité (très, trop, suffisamment, etc.) ;
Ex. : Anne-Lise ne parvient malheureusement pas à se concentrer en classe.
— d'expressions toutes faites (à ce qu'on dit, quant à moi, selon toute vraisemblance, etc.).
Ex. : Selon moi, les possibilités de Julien dans la matière sont réelles.
2.5.2.2. Les procédés grammaticaux
On peut distinguer plusieurs procédés grammaticaux :
— le conditionnel pour exprimer l'incertitude ;
Ex. : Élève qui serait désormais décidé à travailler.
— les auxiliaires modaux pouvoir, devoir, falloir, les deux premiers servant à traduire la
probabilité, le dernier, la nécessité ;
Ex. : Michaël doit trouver le temps long pendant les cours de français !
— certains types de phrases, plus particulièrement la phrase exclamative.
Ex. : Avec quelle facilité Sophie se joue des difficultés du programme !
2.5.2.3. Les procédés stylistiques
Certaines figures de style expriment également le point de vue du locuteur. C'est le cas plus
particulièrement :
— de la comparaison et de la métaphore, qui traduisent une façon de voir toute subjective ;
Ex. : Élève qui travaille comme un forcené. — Stéphane a besoin de beaucoup de temps pour
correctement digérer les notions nouvelles.
— de l'antiphrase, qui permet au locuteur de dire, par ironie, le contraire de ce qu'il pense ;
Ex. : Michel est dans de beaux draps !
— de l'euphémisme, qui permet d'atténuer la portée trop déplaisante du terme propre.
Ex. : Élève dont les possibilités intellectuelles sont inexploitées (pour éviter de dire que c'est un
cancre).
— de l'hyperbole, qui permet d'insister en exagérant.
Ex. : Sa paresse repousse sans cesse les frontières de l'impossible.
2.5.2.4. Les procédés typographiques
Le locuteur a également la possibilité de révéler son point de vue en employant des procédés
typographiques, c'est-à-dire des procédés qui concernent la façon dont un énoncé est écrit ou
imprimé.
S'il désire accorder une plus grande importance encore à son énoncé, il va employer les
caractères gras, les caractères soulignés, les majuscules ou bien encore les lettres italiques.
Ex. : Résultats en baisse sensible ce trimestre-ci.
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 43
S'il désire prendre du recul par rapport à son énoncé, parce que le mot ou le groupe de mots
retenu peut paraître choquant ou trop spécialisé, il va employer les guillemets.
Ex. : Olivier est ce qu'on appelle dans notre jargon « une petite cylindrée ».

2.5. POINTS DE VUE DU NARRATEUR


Le narrateur est celui qui raconte l'histoire. Peut-il se confondre avec l'auteur ? Avec l'un des
personnages ? Quels sont les différents points de vue qu'il peut adopter sur les événements
narrés ?
2.6.1. Qui raconte l'histoire ?
C'est le narrateur qui raconte l'histoire. Il se distingue de l'auteur (la personne réelle qui a créé le
texte et dont le nom est sur la couverture du livre), sauf dans un récit autobiographique comme
par exemple le Sac de billes de Joseph Joffo.
Selon le cas, il participe à l'histoire, dont il est un des personnages, ou n'y participe pas.

2.6.2. Le narrateur participe à l'histoire


Si le narrateur participe à l'histoire, le récit est rédigé à la 1re personne. On peut alors distinguer
deux cas :
— le narrateur est le personnage principal ; c'est le cas par exemple dans Sans famille d'Hector
Malot, où le narrateur est Rémi, le personnage principal (« Je suis un enfant trouvé. Mais, jusqu'à
huit ans, j'ai cru que, comme tous les autres enfants, j'avais une mère […] ») ;
— le narrateur est un personnage secondaire qui joue le rôle de témoin : il parle à la première
personne pour rapporter ce qu'il a vu ou entendu. Ce cas est beaucoup plus rare. Ainsi, dans le
Grand Meaulnes d'Alain Fournier, c'est François, le fils de l'instituteur, qui raconte l'histoire du
personnage principal, Augustin Meaulnes : « Nous étions depuis dix ans dans ce pays lorsque
Meaulnes arriva. J'avais quinze ans ».
2.6.3. Le narrateur ne participe pas à l'histoire
Si le narrateur ne participe pas à l'histoire, le récit est rédigé à la 3e personne. Il existe alors deux
possibilités :
— le narrateur, extérieur aux faits, n'intervient pas. Il présente les événements sans
commentaire ; l'histoire donne alors l'impression de se raconter toute seule ;
— le narrateur manifeste sa présence par des commentaires sur les lieux, les personnages ou les
situations de son récit ; interrompant son récit à la 3e personne, il peut même intervenir à la
1re personne (« Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment », ironise
Stendhal, dans la Chartreuse de Parme, à propos de Fabrice del Dongo à la bataille de Waterloo)
ou prendre à partie son lecteur à la 2e personne. On parle dans ce cas d'interventions ou
d'intrusions du narrateur.
2.6.4. Selon quel point de vue ?
Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 44
Dans un récit à la première personne, les événements sont narrés selon le point de vue du
narrateur ; c'est lui qui interprète les faits. Son point de vue est donc « interne ». Dans un récit à
la 3e personne, le narrateur peut adopter :
— un point de vue externe,
— un point de vue interne (quand il montre les faits du point de vue d'un personnage)
— ou le point de vue de celui qui sait tout (omniscient).
2.6.5. Le point de vue externe (ou focalisation externe)
Le narrateur est totalement extérieur aux événements qui se déroulent. Il se contente donc de
raconter ce qu'il peut voir et entendre, rien de plus ; il ne sait rien en particulier de ce qui s'est
passé avant. Le lecteur est alors dans la même situation que lui.
Ce point de vue, peu fréquent, prévaut par exemple au début du récit l'Enfant de la haute mer de
Jules Supervielle : « Comment s'était formée cette rue flottante ? Quels marins, avec l'aide de
quels architectes, l'avaient construite dans le haut Atlantique à la surface de la mer, au-dessus
d'un gouffre de six mille mètres ? […] Et cette enfant de douze ans si seule qui passait en sabots
d'un pas sûr dans la rue liquide, comme si elle marchait sur la terre ferme ? Comment cela se
faisait-il ? Nous dirons les choses au fur et à mesure que nous les verrons et que nous saurons. Et
ce qui doit rester obscur le sera malgré nous. »
2.6.6. Le point de vue interne (ou focalisation interne)
Le narrateur ne montre que ce qu'un personnage peut voir et savoir. Il ne voit et ne sait rien de
plus que lui. C'est le point de vue utilisé par Daniel Pennac dans Cabot-Caboche. Le récit est à la
3e personne mais tous les faits sont racontés du point de vue du Chien :
« — Qu'est-ce que c'est que ces hurlements ?
Alors là, c'est une tout autre voix. Cela sort en grondant du corps immense du Grand Musc, et les
mots se mettent à rouler dans la cuisine, comme les rochers d'une avalanche, ou plutôt – le chien
n'a jamais vu d'avalanche – comme les vieux sommiers, les carcasses de téléviseurs et les
réfrigérateurs déglingués dans la décharge de Villeneuve, près de Nice. »
2.6.7. Le point de vue omniscient (ou focalisation zéro)
Le narrateur en sait plus que les personnages ; il voit tout et sait tout comme une sorte de dieu,
on dit qu'il est omniscient.
Il connaît notamment le passé des personnages et leur histoire : « M. Jo était le fils unique d'un
très riche spéculateur dont la fortune était le modèle de la fortune coloniale. » (Marguerite Duras,
Un barrage contre le Pacifique)
Il connaît aussi leurs pensées : « Une pensée surtout faisait bondir [Dantès] : c'est que pendant
cette traversée, où, dans son ignorance du lieu où on le conduisait, il était resté si calme et si
tranquille, il aurait pu dix fois se jeter à la mer […]. » (Alexandre Dumas, le Comte de Monte-
Cristo)

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 45
Bibliographie
- E. BLED et O. BLED, (2009) « Le BLED »; Ed. Hachette.
- G. FOUILLADE et M. MOULIN, (1996) « Grammaire » (du texte au mot). Ed. Bordas,
Paris.
- J. GRUNENWALD et H. MITTERAND, (1975) « Itinéraire grammatical » (Langage et
Communication) ; Ed. Fernand NATHAN, Paris.
- M. CHARTIER, (1992) « Bescherelle Junior », Ed. HMH; Québec.
- M. GREVISSE, (1978) « Cours d’analyse grammaticale », Ed. J. DUCULOT et S.A.
GEMBLOUX ; Bruxelles.
- Microsoft Encarta 2008 - Études DVD
- N. CATACH, (1995) « l’orthographe française » ; Ed. Fernand NATHAN, Paris.
- R.-L. WAGNER, (1998), « La grammaire française », Ed. SEDES (Société d’Education
d’Enseignement Supérieur) ; Paris.
- T.de MAURO, (1999) « Une introduction à la sémantique » ; Ed. Payot, Paris.
- Une équipes d’auteurs africains, (2001) “Indigo”; Ed. Hatier, Paris.
- Un groupe de pédagogues africains « Livre Unique de français » (Collection Le
manguier), 8e, 9e et 10e années.

Cours de français 1, élaboré par Kéba SOUMARE, Pascal KAMANO, Faya N’Tofao LENO et Salomo TOLNO (ISSEG-2021)

Page 46

Vous aimerez peut-être aussi