CA Nancy, 1re ch., 8 janv. 2019, n° 17-02106
CA Nancy, 1re ch., 8 janv. 2019, n° 17-02106
CA Nancy, 1re ch., 8 janv. 2019, n° 17-02106
2019, n° 17/02106
Chronologie de l'affaire
Sur la décision
Texte intégral
INTIMÉES :
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
SA BATIGERE D’HLM, anciennement dénommée
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS BATIGERE NORD EST, prise en la personne de son
représentant légal pour ce domicilié au siège social,
COUR D’APPEL DE NANCY […]
né le […]
Plaidant par Me William OFFER, substituant
e
[…] M Laetitia MARINACCE, avocats au barreau de PARIS
Pour rejeter la demande d’annulation du rapport * sur le surcoût des loyers : 41340 euros
d’expertise présentée par la SA Sade, les premiers
juges ont souligné que les derniers dires transmis par * au titre de la résistance abusive : 5000 euros
cette dernière le 25 novembre 2013 l’ont été après la
date fixée par l’expert pour que les parties formulent — condamner la SA Batigere à lui verser les sommes
de :
leurs observations, le 31 octobre 2013.
— confirmer le jugement en ce qu’il a écarté — rejeter toute demande formulée à son encontre,
l’exception de nullité du rapport d’expertise et retenu
la responsabilité de la SA Sade, À titre subsidiaire,
— infirmer le jugement en ce que le tribunal s’est — infirmer le jugement du 29 juin 2017 du tribunal de
déclaré incompétent pour statuer sur les demandes grande instance de Briey,
qu’il a formées à l’encontre de la SA Sade en
application de l’article 1722 du code civil et de — si la cour d’appel devait considérer qu’elle a une
l’article 1382 du code civil concernant les indemnités quelconque responsabilité dans la survenance du
relatives aux loyers, et a dit que le dossier serait sinistre, juger que l’évaluation du préjudice subi par
transmis au greffe du tribunal d’instance de Briey, M. X doit être ramenée à de plus justes proportions et
ne saurait excéder 86356,81 euros comprenant
— confirmer le jugement en ce qu’il a déclaré la SA 29083,21 euros au titre des frais immobiliers et
Sade responsable de l’incendie survenu et l’a 57273,60 euros au titre des frais mobiliers,
condamnée à en réparer les conséquences et à payer
les dépens, — rejeter toute autre demande formulée à son encontre
et notamment celles générées par le conflit entre M. X
L’infirmer pour le surplus et statuant à nouveau, et son bailleur, la SA Batigere,
* sur les pertes mobilières : 71592 euros — condamner M. X et la SA Batigere à lui verser la
somme de 5000 euros chacun au titre de l’article
700 du code de procédure civile, ainsi qu’aux dépens. — condamner la SA Sade à lui verser une somme de
2000 euros par application des dispositions de l’article
Au dernier état de la procédure, par conclusions 700 du code de procédure civile, ainsi qu’aux dépens.
reçues au greffe de la cour sous la forme électronique
le 9 janvier 2018, auxquelles il est renvoyé pour plus La clôture de l’instruction a été prononcée le
ample exposé des prétentions et moyens, la SA d’HLM 25 septembre 2018.
Batigere demande à la cour de :
L’audience de plaidoirie a été fixée au
— confirmer la décision rendue par le tribunal de 8 octobre 2018 et le délibéré au 3 décembre 2018,
grande instance de Briey, prorogé au 8 janvier 2019.
— confirmer le jugement en ce qu’il a écarté Lorsqu’elles sont écrites, les dernières observations ou
l’exception de nullité du rapport d’expertise et a réclamations des parties doivent rappeler
retenu la responsabilité de la SA Sade au titre de sommairement le contenu de celles qu’elles ont
l’incendie, présentées antérieurement. A défaut, elles sont
réputées abandonnées par les parties.
— déclarer irrecevable le moyen fondé sur la nullité de
l’expertise et en tout cas mal fondé aux visa des L’expert doit faire mention, dans son avis, de la suite
articles 771, 112 et 114 du code de procédure civile, qu’il aura donnée aux observations ou réclamations
présentées'.
— confirmer le jugement sur la compétence,
En l’espèce, il ressort du rapport d’expertise judiciaire
— faire droit à son appel incident, que la SA Sade a notamment transmis des dires par
courriels des 30 octobre 2013 et 25 novembre 2013.
— dire que la partie responsable doit prendre en Ce dernier dire a été reçu postérieurement à la date
charge la totalité des conséquences dommageables limite fixée par l’expert au 31 octobre 2013 et il
engendrées par l’incendie, n’était donc pas tenu d’y répondre. Quant au dire du
30 octobre 2013, l’expert judiciaire y a apporté une
— condamner la SA Sade à lui verser une somme totale
réponse aux pages 44 à 46 de son rapport. La SA Sade
de 37510,80 euros correspondant à ses avances,
est en droit de considérer ces éléments de réponse
— débouter toute autre partie de ses demandes plus comme insuffisants ou inexacts, mais cela relève de
amples ou contraires, l’examen du fond du litige et non de la validité du
rapport d’expertise. Compte tenu de la réponse avec certitude que le câble a bien été endommagé par
apportée par l’expert au dire de la SA Sade, il convient la société SADE. Cependant une autre hypothèse est
de confirmer le jugement en ce qu’il a rejeté la fort peu probable'.
demande de nullité du rapport d’expertise formulée
par cette dernière. Enfin, le rapport d’expertise Incendie CET du
25 juin 2012 et le rapport de reconnaissance Incendie
SUR LA RESPONSABILITÉ DE LA SOCIÉTÉ SADE CET du 25 juillet 2013 indiquent que, compte tenu de
la simultanéité des choses, il est très fortement
La SA Sade fait valoir que les conclusions du rapport probable que l’incendie soit consécutif à la surtension,
d’expertise judiciaire sont fondées sur des affirmations mais qu’il est impossible d’en apporter la preuve
qui ne correspondent pas à la réalité des constats formelle.
opérés suite à l’incendie et ne retiennent sa
responsabilité qu’en raison de l’impossibilité Il résulte des développements qui précèdent que le
d’identifier le responsable de cet incendie, le fabricant lien de causalité entre l’intervention de la SA Sade et
du four micro-ondes. Elle précise que la surtension n’a l’incendie n’est pas établi de manière certaine.
pas été mesurée préalablement à l’incendie. Elle
prétend en outre que, en raison de son emplacement, Par conséquent, la responsabilité de cette dernière
le câble qu’elle a endommagé -non relié à l’habitation n’est pas engagée et le jugement sera donc infirmé en
de M. X- n’a pas pu causer de surtension chez ce ce qu’il a :
dernier et qu’il n’existe donc aucun lien de causalité
entre ses travaux et la survenance de l’incendie. Elle — déclaré la SA Sade responsable de l’incendie
ajoute que l’hypothèse d’une traction des câbles n’est intervenu le 28 septembre 2011 dans l’immeuble situé
pas démontrée. au […] à Mont-Saint-Martin,
En vertu de l’article 246 du code de procédure civile, — condamné la SA Sade à payer à M. X les sommes de
'Le juge n’est pas lié par les constatations ou les 57273,60 euros au titre des pertes mobilières et de
conclusions du technicien'. Ainsi, il appartient au juge 13583 euros concernant les pertes immobilières
(embellissements),
de rechercher dans les rapports d’expertise tous les
éléments de preuve de nature à établir sa conviction
— condamné la SA Sade à régler à la SA Allianz la
sans être tenu de suivre les experts dans leurs somme de 15500,21 euros,
conclusions.
— condamné la SA Sade à régler à la SA Batigere la
En l’espèce, l’expert judiciaire expose que la SA Sade somme de 3046 euros correspondant au montant de sa
a sectionné un câble principal d’alimentation franchise,
électrique avec une mini pelle, ce qui a causé une
surtension sur le réseau ERDF, l’incendie étant résulté — condamné la SA Sade aux dépens de l’instance.
de l’impact de cette surtension sur le four micro-ondes
de M. X. L’expert a écarté les hypothèses relatives au Statuant à nouveau, M. X, la SA Batigere et la SA
danger résultant des prises multiples ou à la vétusté Allianz seront déboutés de l’ensemble de leurs
de l’installation électrique. demandes présentées à l’encontre de la SA Sade.
Les premiers juges ont considéré que l’ensemble des Le jugement sera confirmé en ce qu’il a débouté M. X
rapports d’expertise amiables et judiciaire produits de sa demande d’indemnités pour résistance abusive
aux débats concluaient de manière convergente à la de la SA Sade.
seule responsabilité de la SA Sade. Cependant,
l’examen des autres rapports conduit au contraire à SUR LES DEMANDES PRÉSENTÉES ENTRE M. X ET
une remise en question des conclusions du rapport LA SA BATIGERE
d’expertise judiciaire.
M. X soutient que le tribunal de grande instance s’est
Ainsi, le rapport de reconnaissance Incendie CET du trompé en considérant que la responsabilité de la SA
5 octobre 2011 indique en page 21 : 'tous les indices Batigere relevait du tribunal d’instance, puisqu’elle
laissent à penser que l’incendie dans le four micro- est recherchée sur le fondement de l’article 1382 du
ondes est consécutif à la surtension. Nous ne sommes code civil et qu’il n’existe pas à ce titre de compétence
cependant pas en mesure d’en apporter la preuve d’attribution du tribunal d’instance. Il ajoute que la
formelle'. SA Batigere a commis plusieurs fautes extérieures à
ses obligations de bailleur, qui engagent sa
Le rapport intermédiaire incendie CET du responsabilité sur le fondement de l’article 1382 du
14 décembre 2011 mentionne par ailleurs, que selon code civil au titre des troubles dans les conditions
M. Z, expert intervenant pour ERDF, il n’y a pas eu de matérielles d’existence et de son préjudice moral.
phénomène de surtension chez M. X. Il doit être
souligné que la surtension mesurée par M. A, voisin de L’article R.221-38 du code de l’organisation judiciaire
M. X, à 360 V dans son logement a été constatée en fin dispose que 'Le tribunal d’instance connaît des actions
de journée, et non au moment de l’incendie, vers dont un contrat de louage d’immeubles à usage
10 heures du matin. Quoi qu’il en soit, force est de d’habitation ou un contrat portant sur l’occupation
constater que l’expert CET ne répond à cette d’un logement est l’objet, la cause ou l’occasion, ainsi
affirmation que de manière hypothétique s’agissant du que des actions relatives à l’application de la loi n° 48-
lieu d’alimentation électrique de chacun des 1360 du 1er septembre 1948 portant modification et
logements. Il conclut en page 14 : 'La zone et les codification de la législation relative aux rapports des
circonstances de la coupure du câble de neutre bailleurs et locataires ou occupants de locaux
responsable de la surtension ne sont pas clairement d’habitation ou à usage professionnel et instituant des
identifiées. Il ne nous est donc pas possible de prouver allocations de logement'.
En l’espèce, il est indifférent que M. X fonde ses — condamné la SA Sade CGTH à payer à M. C X les
demandes sur l’article 1382 du code civil et qu’il sommes de 57273,60 euros au titre des pertes
prétende que la SA Batigere a commis des 'fautes mobilières et de 13583 euros concernant les pertes
extérieures à ses obligations de bailleur', sans immobilières (embellissements),
d’ailleurs l’expliciter ni le démontrer. En effet, il
résulte de la lecture de ses conclusions que le contrat — condamné la SA Sade CGTH à régler à la SA Allianz
de bail est bien la cause de ces prétentions. Le la somme de 15500,21 euros,
jugement sera donc confirmé en ce qu’il a déclaré
l’incompétence du tribunal de grande instance pour — condamné la SA Sade CGTH à régler à la SA
statuer sur les demandes formées par M. X et la SA Batigere Nord-Est la somme de 3046 euros
Batigere concernant le bail immobilier conclu le correspondant au montant de sa franchise,
18 octobre 1982, les comptes entre les parties en — condamné la SA Sade CGTH aux dépens de
application de l’article 1722 du code civil, ainsi que l’instance ;
les indemnités fondées sur l’article 1382 du code civil
et en ce qu’il a renvoyé la cause et les parties devant Statuant à nouveau sur ces chefs de décision infirmés,
le tribunal d’instance de Briey concernant ces
demandes. Déboute M. C X, la SA Batigere Nord-Est et la SA
Allianz de l’ensemble de leurs demandes présentées à
SUR LES DÉPENS ET L’ARTICLE 700 DU CODE DE l’encontre de la SA Sade CGTH ;
PROCÉDURE CIVILE
Condamne M. C X aux dépens de première instance ;
Partie perdante, M. X sera condamné aux dépens de
première instance et d’appel. Y ajoutant,
L’équité commande de confirmer le jugement en ce Déboute les parties de leurs demandes formées sur le
qu’il a débouté toutes les parties de leurs demandes fondement de l’article 700 du code de procédure civile
fondées sur l’article 700 du code de procédure civile à hauteur d’appel ;
et de débouter également les parties de ces demandes
présentées à hauteur de cour. Condamne M. C X aux dépens d’appel.
PAR CES MOTIFS : Le présent arrêt a été signé par Madame CUNIN-
WEBER, Présidente de la première chambre civile de
LA COUR, statuant publiquement par arrêt la Cour d’Appel de NANCY, et par Madame E, Greffier
contradictoire et en dernier ressort, prononcé par auquel la minute de la décision a été remise par le
mise à disposition au greffe, magistrat signataire.
Confirme le jugement rendu par le tribunal de grande Signé : C. E.- Signé : N. CUNIN-WEBER.-
instance de Briey le 29 juin 2017, sauf en ce qu’il a :
Minute en onze pages.
— déclaré la SA Sade CGTH responsable de l’incendie
intervenu le 28 septembre 2011 dans l’immeuble situé
au […] à Mont-Saint-Martin,