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CA Nancy, 1re ch., 8 janv. 2019, n° 17-02106

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Cour d'appel de Nancy, 1ère chambre, 8 janvier

2019, n° 17/02106

Chronologie de l'affaire

TGI Briey CASS CASS CASS


28 juin 2017
> CA Nancy
Infirmation partielle
> 7 octobre 2020 > 7 octobre 2020 > 10 mars 2021
7 janvier 2019

Sur la décision

Référence :CA Nancy, 1re ch., 8 janv. 2019, n° 17/02106


Juridiction :Cour d'appel de Nancy
Numéro(s) : 17/02106
Décision précédente :Tribunal de grande instance de Briey, 29 juin 2017, N° 15/00408
Dispositif :Infirme partiellement, réforme ou modifie certaines dispositions de la décision déférée

Sur les personnes

Président :Nathalie CUNIN-WEBER, président


Avocat(s) :Alice RADDE-GALERA, Grégoire NIANGO, Laetitia MARINACCE, Laurent LEFEBVRE
Parties :
SA SADE - COMPAGNIE GENERALE DE TRAVAUX D'HYDRAULIQUE, SA BATIGERE, ANCIENNEMENT DENOMMEE BATIGERE
NORD EST, SA ALLIANZ

Texte intégral

INTIMÉES :
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
SA BATIGERE D’HLM, anciennement dénommée
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS BATIGERE NORD EST, prise en la personne de son
représentant légal pour ce domicilié au siège social,
COUR D’APPEL DE NANCY […]

Première Chambre Civile Représentée par Me Julie SAMMARI, avocat au


barreau de NANCY, avocat postulant
ARRÊT N° /2019 DU 08 JANVIER 2019
Plaidant par Me Alice RADDE-GALERA, avocat au
Numéro d’inscription au répertoire général : N° RG
17/02106 – N° Portalis DBVR-V-B7B-EAIB barreau de THIONVILLE

SA SADE – COMPAGNIE GÉNÉRALE DE TRAVAUX


Décision déférée à la Cour : jugement du Tribunal de
Grande Instance de BRIEY, R.G. n° 15/00408, en date D’HYDRAULIQUE, prise en la personne de son
représentant légal pour ce domicilié au siège social,
du 29 juin 2017,
[…] […]
APPELANT :
Représentée par Me Alain CHARDON, avocat au
Monsieur C X barreau de NANCY, avocat postulant

né le […]
Plaidant par Me William OFFER, substituant
e
[…] M Laetitia MARINACCE, avocats au barreau de PARIS

Représenté par Me Grégoire NIANGO, avocat au Copie exécutoire délivrée le à


barreau de NANCY
Copie délivrée le à
— loyers : 25740 euros,
SA ALLIANZ, prise en la personne de son représentant
légal pour ce domicilié au siège social, sis […] — résistance abusive : 5000 euros,

— article 700 du code de procédure civile :


Représentée par Me Ariane MILLOT-LOGIER de
5000 euros,
l’AARPI MILLOT-LOGIER FONTAINE, avocat au
barreau de NANCY, avocat postulant — condamnation de la SA Batigere Nord Est à lui
payer les sommes de :
Plaidant par Me Laurent LEFEBVRE, avocat au
barreau de BRIEY — en réparation du préjudice subi : 10000 euros,

COMPOSITION DE LA COUR : — au titre des loyers : 4428,11 euros,

L’affaire a été débattue le 08 Octobre 2018, en — résistance abusive : 5000 euros,


audience publique devant la Cour composée de :
— article 700 du code de procédure civile :
Madame Nathalie CUNIN-WEBER, Président de 5000 euros.
Chambre,
Par jugement contradictoire du 29 juin 2017, assorti
Monsieur Yannick FERRON, Conseiller, de l’exécution provisoire, le tribunal de grande
instance de Briey a :
Monsieur Jean-Louis FIRON, Conseiller, chargé du
rapport, — débouté la SA Sade CGTH de sa demande tendant à
la nullité du rapport d’expertise judiciaire,
qui en ont délibéré ;
— déclaré son incompétence pour statuer sur les
Greffier, lors des débats : Madame D E ; demandes formées par M. X et la SA Batigere
concernant le bail immobilier conclu entre les parties
A l’issue des débats, le Président a annoncé que l’arrêt le 18 octobre 1982, les comptes entre les parties en
serait rendu par mise à disposition au greffe le application de l’article 1722 du code civil, les
3 Décembre 2018 , en application de l’article indemnités fondées sur l’article 1382 du code civil et
450 alinéa 2 du code de procédure civile. Puis, à cette
les indemnités concernant les loyers à l’encontre de la
date, le délibéré a été prorogé au 8 Janvier 2019. SA Sade CGTH,
ARRÊT : contradictoire, rendu par mise à disposition
— renvoyé la cause et les parties, M. X, la SA Sade, la
publique au greffe le 8 Janvier 2019, par Madame E, SA Batigere et la SA Allianz devant le tribunal
Greffier, conformément à l’article 450 alinéa 2 du d’instance de Briey concernant ces demandes,
Code de Procédure Civile ;
— déclaré la SA Sade responsable de l’incendie
signé par Madame CUNIN-WEBER, Président, et par intervenu le 28 septembre 2011 dans l’immeuble situé
Madame E, Greffier ;
au […] à Mont-Saint-Martin,
EXPOSÉ DU LITIGE — condamné la SA Sade à payer à M. X la somme de
Le 18 octobre 1982, M. C X a pris en location auprès 57273,60 euros au titre du préjudice concernant ses
pertes mobilières,
de la SA d’HLM La Familiale du Nord-Est, devenue la
SA Batigere Nord Est, un logement situé […] à […]. Le
— condamné la SA Sade à payer à M. X la somme de
28 septembre 2011, un incendie s’est produit dans ce 13583 euros concernant les pertes immobilières
logement et plusieurs expertises amiables ont été (embellissements),
réalisées.
— débouté M. X de sa demande d’indemnités
Par ordonnance du 17 décembre 2012, le juge des concernant la résistance abusive de la SA Sade,
référés du tribunal de grande instance de Briey a
ordonné une expertise judiciaire afin notamment de — rappelé que les demandes de M. X et de la SA
déterminer les circonstances du sinistre et son origine Batigere à l’encontre de la SA Sade relatives aux
et de procéder à l’évaluation contradictoire des loyers sont de la seule compétence du tribunal
dommages subis par M. X en précisant s’il s’agit de d’instance de Briey,
dommages mobiliers ou immobiliers.
— condamné la SA Sade à régler à la SA Allianz la
L’expert judiciaire a remis son rapport en date du somme de 15500,21 euros,
30 novembre 2013.
— donné acte à la SA Allianz de ce qu’elle se réserve le
Par actes signifiés les 24 et 25 novembre 2014, M. X a droit de formuler une réclamation complémentaire lors
fait assigner la SA Sade CGTH et la SA Batigere Nord- du règlement de l’indemnité différée, de la TVA et des
Est devant le tribunal de grande instance de Briey aux pertes indirectes,
fins de :
— condamné la SA Sade à régler à la SA Batigere la
— condamnation de la SA Sade à lui verser les sommes somme de 3046 euros correspondant au montant de sa
de : franchise,
— dégâts mobiliers : 71592 euros, — débouté les parties de leurs demandes fondées sur
l’article 700 du code de procédure civile,
— dégâts immobiliers : 35447,86 euros,
— condamné la SA Sade aux dépens de l’instance. * sur les pertes immobilières : 35447,86 euros

Pour rejeter la demande d’annulation du rapport * sur le surcoût des loyers : 41340 euros
d’expertise présentée par la SA Sade, les premiers
juges ont souligné que les derniers dires transmis par * au titre de la résistance abusive : 5000 euros
cette dernière le 25 novembre 2013 l’ont été après la
date fixée par l’expert pour que les parties formulent — condamner la SA Batigere à lui verser les sommes
de :
leurs observations, le 31 octobre 2013.

Concernant la responsabilité de la société Batigere, le * en réparation du préjudice subi : 10000 euros


tribunal a relevé qu’une instance était pendante * au titre du trop-perçu des loyers : 1010,51 euros
devant le tribunal d’instance de Briey tendant
notamment à la résiliation du contrat de bail et que la * au titre de la résistance abusive : 5000 euros
demande de comptes entre les parties ne pouvait
relever que de la compétence du tribunal d’instance. — dire que ces sommes porteront intérêt à compter du
30 septembre 2011 et que la capitalisation de ces
S’agissant de la responsabilité concernant l’incendie, intérêts sera ordonnée à compter du
les premiers juges ont retenu que tous les rapports 30 septembre 2012,
d’expertise amiables et judiciaire produits aux débats
concluent de manière convergente à la seule — condamner la SA Batigere et la SA Sade à lui verser
responsabilité de la SA Sade, laquelle ne rapportait la somme de 10000 euros en application des
pas la preuve des autres causes de l’incendie qu’elle dispositions de l’article 700 du code de procédure
évoquait. Le tribunal en a conclu que l’incendie civile,
survenu dans le logement de M. X était dû à une
surtension du réseau électrique, causée par la rupture — débouter les défendeurs de l’ensemble de leurs
d’un câble par la SA Sade qui effectuait des travaux de demandes,
terrassement en vue du remplacement d’une conduite
— condamner la SA Sade et la SA Batigere aux dépens
de gaz.
de la présente procédure.
Concernant la demande de la SA Allianz, assureur de
Au dernier état de la procédure, par conclusions
la SA Batigere, les premiers juges ont retenu le
décompte produit duquel ils ont déduit le montant des d’intimée et d’appel incident reçues au greffe de la
embellissements et n’ont pas intégré le montant des cour sous la forme électronique le 28 mai 2018,
auxquelles il est renvoyé pour plus ample exposé des
honoraires réglés à l’expert, faute de preuve.
prétentions et moyens, la SA Sade demande à la cour,
Concernant la condamnation de la SA Sade envers la sur le fondement des articles 73 et suivants, 112 et
SA Batigere, le tribunal a pris en compte le montant suivants, 771, 16 et 276 du code de procédure civile,
de la franchise supportée par cette dernière. de :

Par déclaration reçue au greffe de la cour, sous la À titre principal,


forme électronique, le 16 août 2017, M. X a relevé
appel de ce jugement. — infirmer le jugement du 29 juin 2017 du tribunal de
grande instance de Briey,
Au dernier état de la procédure, par conclusions
reçues au greffe de la cour sous la forme électronique — en conséquence, annuler le rapport d’expertise
déposé le 30 novembre 2013 par M. Y pour défaut de
le 1 er mars 2018, auxquelles il est renvoyé pour plus réponse à ses dires,
ample exposé des prétentions et moyens, M. X
demande à la cour de : — juger qu’elle doit être mise hors de cause,

— confirmer le jugement en ce qu’il a écarté — rejeter toute demande formulée à son encontre,
l’exception de nullité du rapport d’expertise et retenu
la responsabilité de la SA Sade, À titre subsidiaire,

— infirmer le jugement en ce que le tribunal s’est — infirmer le jugement du 29 juin 2017 du tribunal de
déclaré incompétent pour statuer sur les demandes grande instance de Briey,
qu’il a formées à l’encontre de la SA Sade en
application de l’article 1722 du code civil et de — si la cour d’appel devait considérer qu’elle a une
l’article 1382 du code civil concernant les indemnités quelconque responsabilité dans la survenance du
relatives aux loyers, et a dit que le dossier serait sinistre, juger que l’évaluation du préjudice subi par
transmis au greffe du tribunal d’instance de Briey, M. X doit être ramenée à de plus justes proportions et
ne saurait excéder 86356,81 euros comprenant
— confirmer le jugement en ce qu’il a déclaré la SA 29083,21 euros au titre des frais immobiliers et
Sade responsable de l’incendie survenu et l’a 57273,60 euros au titre des frais mobiliers,
condamnée à en réparer les conséquences et à payer
les dépens, — rejeter toute autre demande formulée à son encontre
et notamment celles générées par le conflit entre M. X
L’infirmer pour le surplus et statuant à nouveau, et son bailleur, la SA Batigere,

— condamner la SA Sade à lui payer : En tout état de cause,

* sur les pertes mobilières : 71592 euros — condamner M. X et la SA Batigere à lui verser la
somme de 5000 euros chacun au titre de l’article
700 du code de procédure civile, ainsi qu’aux dépens. — condamner la SA Sade à lui verser une somme de
2000 euros par application des dispositions de l’article
Au dernier état de la procédure, par conclusions 700 du code de procédure civile, ainsi qu’aux dépens.
reçues au greffe de la cour sous la forme électronique
le 9 janvier 2018, auxquelles il est renvoyé pour plus La clôture de l’instruction a été prononcée le
ample exposé des prétentions et moyens, la SA d’HLM 25 septembre 2018.
Batigere demande à la cour de :
L’audience de plaidoirie a été fixée au
— confirmer la décision rendue par le tribunal de 8 octobre 2018 et le délibéré au 3 décembre 2018,
grande instance de Briey, prorogé au 8 janvier 2019.

À titre subsidiaire, si la cour d’appel faisait droit à la MOTIFS DE LA DÉCISION


demande d’infirmation du jugement et faisait le
compte entre les parties : SUR LA DEMANDE DE NULLITÉ DU RAPPORT
D’EXPERTISE
— condamner la SA Sade à lui régler la somme de
3046 euros correspondant au montant de sa franchise, La SA Sade sollicite la nullité du rapport d’expertise
judiciaire du 30 novembre 2013 en soutenant que
— dire que M. X est redevable de l’intégralité des l’expert judiciaire n’a pas apporté de réponses aux
loyers depuis le mois d’octobre 2011, critiques figurant dans ses dires, ce qui lui cause grief
puisqu’il a considéré d’emblée sa responsabilité
— condamner solidairement la SA Sade et M. X à comme établie.
régler la somme de 17286,75 euros au titre de la perte
de loyer pour la période du 1 er octobre 2011 au La SA Allianz rétorque que seul le juge de la mise en
30 juin 2014, état est compétent pour statuer sur une nullité en
application de l’article 771 du code de procédure
— condamner M. X à lui régler la somme de civile. Elle ajoute que la SA Sade ne justifie d’aucun
31300,89 euros au titre des loyers pour la période du grief au soutien de sa demande de nullité du rapport
et que, même si l’expertise était déclarée nulle, elle
1 er juillet 2014 au 21 décembre 2017,
pourrait servir de preuve.
— dire que la SA Allianz devra la garantir de toute
Si elle est soumise au régime des nullités de procédure
condamnation qui pourrait être prononcée à son
en application de l’article 175 du code de procédure
encontre,
civile, la demande de nullité de l’expertise ne
— condamner solidairement la SA Sade et M. X au constitue pas une exception de procédure au sens de
paiement d’une somme de 4000 euros 'au titre de l’article 73 du même code. La cour est donc
l’article 700 du code de procédure civile pour les frais compétente pour en connaître.
de première instance au titre de l’article 700 du code
L’article 276 du code de procédure civile dispose :
de procédure civile pour la procédure d’appel',
'L’expert doit prendre en considération les
— condamner solidairement la SA Sade et M. X aux observations ou réclamations des parties, et,
dépens. lorsqu’elles sont écrites, les joindre à son avis si les
parties le demandent.
Au dernier état de la procédure, par conclusions
reçues au greffe de la cour sous la forme électronique Toutefois, lorsque l’expert a fixé aux parties un délai
le 27 février 2018, auxquelles il est renvoyé pour plus pour formuler leurs observations ou réclamations, il
ample exposé des prétentions et moyens, la SA Allianz n’est pas tenu de prendre en compte celles qui
demande à la cour de : auraient été faites après l’expiration de ce délai, à
moins qu’il n’existe une cause grave et dûment
— débouter M. X de ses demandes, justifiée, auquel cas il en fait rapport au juge.

— confirmer le jugement en ce qu’il a écarté Lorsqu’elles sont écrites, les dernières observations ou
l’exception de nullité du rapport d’expertise et a réclamations des parties doivent rappeler
retenu la responsabilité de la SA Sade au titre de sommairement le contenu de celles qu’elles ont
l’incendie, présentées antérieurement. A défaut, elles sont
réputées abandonnées par les parties.
— déclarer irrecevable le moyen fondé sur la nullité de
l’expertise et en tout cas mal fondé aux visa des L’expert doit faire mention, dans son avis, de la suite
articles 771, 112 et 114 du code de procédure civile, qu’il aura donnée aux observations ou réclamations
présentées'.
— confirmer le jugement sur la compétence,
En l’espèce, il ressort du rapport d’expertise judiciaire
— faire droit à son appel incident, que la SA Sade a notamment transmis des dires par
courriels des 30 octobre 2013 et 25 novembre 2013.
— dire que la partie responsable doit prendre en Ce dernier dire a été reçu postérieurement à la date
charge la totalité des conséquences dommageables limite fixée par l’expert au 31 octobre 2013 et il
engendrées par l’incendie, n’était donc pas tenu d’y répondre. Quant au dire du
30 octobre 2013, l’expert judiciaire y a apporté une
— condamner la SA Sade à lui verser une somme totale
réponse aux pages 44 à 46 de son rapport. La SA Sade
de 37510,80 euros correspondant à ses avances,
est en droit de considérer ces éléments de réponse
— débouter toute autre partie de ses demandes plus comme insuffisants ou inexacts, mais cela relève de
amples ou contraires, l’examen du fond du litige et non de la validité du
rapport d’expertise. Compte tenu de la réponse avec certitude que le câble a bien été endommagé par
apportée par l’expert au dire de la SA Sade, il convient la société SADE. Cependant une autre hypothèse est
de confirmer le jugement en ce qu’il a rejeté la fort peu probable'.
demande de nullité du rapport d’expertise formulée
par cette dernière. Enfin, le rapport d’expertise Incendie CET du
25 juin 2012 et le rapport de reconnaissance Incendie
SUR LA RESPONSABILITÉ DE LA SOCIÉTÉ SADE CET du 25 juillet 2013 indiquent que, compte tenu de
la simultanéité des choses, il est très fortement
La SA Sade fait valoir que les conclusions du rapport probable que l’incendie soit consécutif à la surtension,
d’expertise judiciaire sont fondées sur des affirmations mais qu’il est impossible d’en apporter la preuve
qui ne correspondent pas à la réalité des constats formelle.
opérés suite à l’incendie et ne retiennent sa
responsabilité qu’en raison de l’impossibilité Il résulte des développements qui précèdent que le
d’identifier le responsable de cet incendie, le fabricant lien de causalité entre l’intervention de la SA Sade et
du four micro-ondes. Elle précise que la surtension n’a l’incendie n’est pas établi de manière certaine.
pas été mesurée préalablement à l’incendie. Elle
prétend en outre que, en raison de son emplacement, Par conséquent, la responsabilité de cette dernière
le câble qu’elle a endommagé -non relié à l’habitation n’est pas engagée et le jugement sera donc infirmé en
de M. X- n’a pas pu causer de surtension chez ce ce qu’il a :
dernier et qu’il n’existe donc aucun lien de causalité
entre ses travaux et la survenance de l’incendie. Elle — déclaré la SA Sade responsable de l’incendie
ajoute que l’hypothèse d’une traction des câbles n’est intervenu le 28 septembre 2011 dans l’immeuble situé
pas démontrée. au […] à Mont-Saint-Martin,

En vertu de l’article 246 du code de procédure civile, — condamné la SA Sade à payer à M. X les sommes de
'Le juge n’est pas lié par les constatations ou les 57273,60 euros au titre des pertes mobilières et de
conclusions du technicien'. Ainsi, il appartient au juge 13583 euros concernant les pertes immobilières
(embellissements),
de rechercher dans les rapports d’expertise tous les
éléments de preuve de nature à établir sa conviction
— condamné la SA Sade à régler à la SA Allianz la
sans être tenu de suivre les experts dans leurs somme de 15500,21 euros,
conclusions.
— condamné la SA Sade à régler à la SA Batigere la
En l’espèce, l’expert judiciaire expose que la SA Sade somme de 3046 euros correspondant au montant de sa
a sectionné un câble principal d’alimentation franchise,
électrique avec une mini pelle, ce qui a causé une
surtension sur le réseau ERDF, l’incendie étant résulté — condamné la SA Sade aux dépens de l’instance.
de l’impact de cette surtension sur le four micro-ondes
de M. X. L’expert a écarté les hypothèses relatives au Statuant à nouveau, M. X, la SA Batigere et la SA
danger résultant des prises multiples ou à la vétusté Allianz seront déboutés de l’ensemble de leurs
de l’installation électrique. demandes présentées à l’encontre de la SA Sade.

Les premiers juges ont considéré que l’ensemble des Le jugement sera confirmé en ce qu’il a débouté M. X
rapports d’expertise amiables et judiciaire produits de sa demande d’indemnités pour résistance abusive
aux débats concluaient de manière convergente à la de la SA Sade.
seule responsabilité de la SA Sade. Cependant,
l’examen des autres rapports conduit au contraire à SUR LES DEMANDES PRÉSENTÉES ENTRE M. X ET
une remise en question des conclusions du rapport LA SA BATIGERE
d’expertise judiciaire.
M. X soutient que le tribunal de grande instance s’est
Ainsi, le rapport de reconnaissance Incendie CET du trompé en considérant que la responsabilité de la SA
5 octobre 2011 indique en page 21 : 'tous les indices Batigere relevait du tribunal d’instance, puisqu’elle
laissent à penser que l’incendie dans le four micro- est recherchée sur le fondement de l’article 1382 du
ondes est consécutif à la surtension. Nous ne sommes code civil et qu’il n’existe pas à ce titre de compétence
cependant pas en mesure d’en apporter la preuve d’attribution du tribunal d’instance. Il ajoute que la
formelle'. SA Batigere a commis plusieurs fautes extérieures à
ses obligations de bailleur, qui engagent sa
Le rapport intermédiaire incendie CET du responsabilité sur le fondement de l’article 1382 du
14 décembre 2011 mentionne par ailleurs, que selon code civil au titre des troubles dans les conditions
M. Z, expert intervenant pour ERDF, il n’y a pas eu de matérielles d’existence et de son préjudice moral.
phénomène de surtension chez M. X. Il doit être
souligné que la surtension mesurée par M. A, voisin de L’article R.221-38 du code de l’organisation judiciaire
M. X, à 360 V dans son logement a été constatée en fin dispose que 'Le tribunal d’instance connaît des actions
de journée, et non au moment de l’incendie, vers dont un contrat de louage d’immeubles à usage
10 heures du matin. Quoi qu’il en soit, force est de d’habitation ou un contrat portant sur l’occupation
constater que l’expert CET ne répond à cette d’un logement est l’objet, la cause ou l’occasion, ainsi
affirmation que de manière hypothétique s’agissant du que des actions relatives à l’application de la loi n° 48-
lieu d’alimentation électrique de chacun des 1360 du 1er septembre 1948 portant modification et
logements. Il conclut en page 14 : 'La zone et les codification de la législation relative aux rapports des
circonstances de la coupure du câble de neutre bailleurs et locataires ou occupants de locaux
responsable de la surtension ne sont pas clairement d’habitation ou à usage professionnel et instituant des
identifiées. Il ne nous est donc pas possible de prouver allocations de logement'.
En l’espèce, il est indifférent que M. X fonde ses — condamné la SA Sade CGTH à payer à M. C X les
demandes sur l’article 1382 du code civil et qu’il sommes de 57273,60 euros au titre des pertes
prétende que la SA Batigere a commis des 'fautes mobilières et de 13583 euros concernant les pertes
extérieures à ses obligations de bailleur', sans immobilières (embellissements),
d’ailleurs l’expliciter ni le démontrer. En effet, il
résulte de la lecture de ses conclusions que le contrat — condamné la SA Sade CGTH à régler à la SA Allianz
de bail est bien la cause de ces prétentions. Le la somme de 15500,21 euros,
jugement sera donc confirmé en ce qu’il a déclaré
l’incompétence du tribunal de grande instance pour — condamné la SA Sade CGTH à régler à la SA
statuer sur les demandes formées par M. X et la SA Batigere Nord-Est la somme de 3046 euros
Batigere concernant le bail immobilier conclu le correspondant au montant de sa franchise,
18 octobre 1982, les comptes entre les parties en — condamné la SA Sade CGTH aux dépens de
application de l’article 1722 du code civil, ainsi que l’instance ;
les indemnités fondées sur l’article 1382 du code civil
et en ce qu’il a renvoyé la cause et les parties devant Statuant à nouveau sur ces chefs de décision infirmés,
le tribunal d’instance de Briey concernant ces
demandes. Déboute M. C X, la SA Batigere Nord-Est et la SA
Allianz de l’ensemble de leurs demandes présentées à
SUR LES DÉPENS ET L’ARTICLE 700 DU CODE DE l’encontre de la SA Sade CGTH ;
PROCÉDURE CIVILE
Condamne M. C X aux dépens de première instance ;
Partie perdante, M. X sera condamné aux dépens de
première instance et d’appel. Y ajoutant,

L’équité commande de confirmer le jugement en ce Déboute les parties de leurs demandes formées sur le
qu’il a débouté toutes les parties de leurs demandes fondement de l’article 700 du code de procédure civile
fondées sur l’article 700 du code de procédure civile à hauteur d’appel ;
et de débouter également les parties de ces demandes
présentées à hauteur de cour. Condamne M. C X aux dépens d’appel.

PAR CES MOTIFS : Le présent arrêt a été signé par Madame CUNIN-
WEBER, Présidente de la première chambre civile de
LA COUR, statuant publiquement par arrêt la Cour d’Appel de NANCY, et par Madame E, Greffier
contradictoire et en dernier ressort, prononcé par auquel la minute de la décision a été remise par le
mise à disposition au greffe, magistrat signataire.

Confirme le jugement rendu par le tribunal de grande Signé : C. E.- Signé : N. CUNIN-WEBER.-
instance de Briey le 29 juin 2017, sauf en ce qu’il a :
Minute en onze pages.
— déclaré la SA Sade CGTH responsable de l’incendie
intervenu le 28 septembre 2011 dans l’immeuble situé
au […] à Mont-Saint-Martin,

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