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Revue Française d’Economie et de Gestion

ISSN : 2728- 0128


Volume 3 : Numéro 5

Paradigmes épistémologiques et choix méthodologiques en science


de gestion : Revue de littérature

Epistemological Paradigms and Methodological Choices in


Management Science: A Review of the Literature

BENHADDOUCH Meryem
Chercheure en Sciences de Gestion
Laboratoire de Recherche en Economie du Développement et Gouvernance des Organisations
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales, Université Hassan II – Casablanca
[email protected]

EL FATHAOUI Habib
Professeur Habilité – Chercheur en Sciences Economiques
Laboratoire de Recherche en Sciences de Gestion des Organisations
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Ait Melloul
Université IBNO ZOHR
[email protected]

Date de soumission : 02/04/2022


Date d’acceptation : 15/05/2022
Pour citer cet article :
BENHADDOUCH M. & EL FATHAOUI H. (2022):« Paradigmes épistémologiques et choix méthodologiques
en science de gestion », Revue Internationale des Sciences de Gestion « Volume 3 : Numéro 5 » pp :527-538.

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Attribution License 4.0 International License

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Volume 3 : Numéro 5

Résumé
La définition du positionnement épistémologique est une étape fondamentale pour tout
chercheur en sciences de gestion. Elle lui permet de mener correctement et valablement son
travail de recherche. Le choix épistémologique permet aux chercheurs de légitimer leurs choix
méthodologiques et donner de la scientificité et de la crédibilité à leurs travaux de recherche.
Le chercheur dispose de la responsabilité de choisir et de justifier le positionnement
épistémologique adopté à son objet de recherche de manière à convaincre que son
positionnement lui permet de construire des connaissances valides Wacheux (1996).
Au niveau de la littérature, il existe une panoplie de paradigmes épistémologiques auxquels les
chercheurs peuvent se référer. Une question majeure se pose pour l’ensemble des chercheurs
en science de gestion : Quel est le paradigme épistémologique le plus adapté à leurs objets de
recherche ? et qu’elles sont ses implications méthodologiques ?
L’intérêt de notre article est d’apporter un éclairage aux chercheurs en science de gestion, de
manière à présenter d’une façon synthétique l’ensemble des paradigmes épistémologiques
adoptés en science de gestion à savoir : le post positivisme, le constructivisme et
l’interprétativisme, ainsi que les spécificités de chacun.
Mots clés : Epistémologie ; Paradigmes ; Constructivisme ; Podt Positivisme ;
Intérprétativisme
Abstract
The definition of an epistemological position is a fundamental step for any researcher in
management sciences. It allows them to conduct their research work correctly and validly. The
epistemological choice allows researchers to legitimize their methodological choices and give
scientificity and credibility to their research work.
The researcher is responsible for choosing and justifying the epistemological position adopted
for his or her research object in order to convince people that his or her position allows him or
her to construct valid knowledge Wacheux (1996).
In the literature, there is a wide range of epistemological paradigms to which researchers can
refer. A major question arises for all researchers in management science: Which
epistemological paradigm is the most adapted to their research objects and what are its
methodological implications.
The interest of our article is to shed light on the epistemological paradigms adopted in
management science, namely post positivism, constructivism and interpretativism, as well as
the specificities of each.
Keywords : Epistemology; Paradigms; Constructivism; Post Positivism; Interpretativism

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Introduction
La définition du cadre épistémologique est une étape cruciale et essentielle pour tout chercheur
souhaitant mener convenablement et scientifiquement un travail de recherche dans n’importe
quelle discipline y compris les sciences de gestion. Il s’agit d’un sujet critique qui a suscité de
nombreux débats depuis très longtemps (Albert David 1999).
L’épistémologie est la science et/ou la branche de la philosophie, basée sur le questionnement
du statut des connaissances que la communauté scientifique produit. Elle a pour objet l’étude
des théories de la connaissance, selon Avenier et Gavard-Perret (2012). Piaget (1967) considère
l’épistémologie comme l’étude de la constitution d’un ensemble de connaissances présentant
un caractère valable.
L’épistémologie s’appuie sur différents paradigmes. A cet effet, il y a lieu de rappeler la
définition donnée par Kuhn (1962) qui stipule qu’un paradigme est une constellation de
croyances, de valeurs reconnues et de techniques qui sont communes à une communauté
scientifique.
Ces paradigmes ont fait l’objet de plusieurs classifications selon les logiques et les points de
vue de divers auteurs. En épistémologie, trois approches sont distinguées :
o L’approche post positiviste ;
o L’approche interprétativiste
o L’approche constructiviste.
Pour justifier et valider la scientificité de la connaissance produite, chaque travail de recherche
doit s’inscrire dans un paradigme épistémologique. Pour définir son positionnement
épistémologique, il est nécessaire de s’interroger sur la nature de la connaissance produite, la
manière avec laquelle elle a été élaborée, mais également sur sa valeur ajoutée. Le
questionnement épistémologique consiste à justifier à tout moment l’objet de la recherche sur
un phénomène étudié Wacheux (1996). Le choix du positionnement épistémologique pour un
chercheur conditionne fortement ses choix méthodologiques.
L’objectif de notre article est d’apporter un éclairage sur les principaux paradigmes
épistémologiques adoptés dans le domaine de la recherche en science de gestion, ce qui
constitue la question centrale de notre papier, en l’occurrence quelles sont les particularités des
paradigmes épistémologiques permettant de constituer les arguments du choix
méthodologiques dans une recherche en science de gestion ? d’autres questions peuvent être
annexées à la question centrale afin de mettre en exergue les aspects complémentaires du socle
épistémologique, à juste titre quelles spécificités pour la recherche en sciences de gestion ?

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quelles sont les implications des choix épistémologiques sur les choix méthodologiques ? .
une combinaison de questionnement dont la réponse permettra aux chercheurs en science de
gestion de bien mener leurs travaux de recherche et de pouvoir définir une méthodologie de
travail adéquate leur permettant de construire une connaissance valide et la justifiable
scientifiquement.
La question centrale du papier
Pour ce faire, nous proposons, de définir dans un premier temps la recherche en science de
gestion, ses caractéristiques et ses modèles, par la suite nous allons présenter les paradigmes
épistémologiques adoptés en science de gestion et leurs implications méthodologiques.
1. La recherche en science de gestion
En se référant au dictionnaire Larousse1 on peut définir la recherche comme « un ensemble
d’études et de travaux menés méthodiquement par un spécialiste et ayant pour objet de faire
progresser la connaissance››. Selon Adigran (2018), la recherche scientifique symbolise tout
travail qui repose sur des investigations réalisées dans le cadre d’une démarche scientifique
rigoureuse et systématique qui consiste à apporter une réponse à un phénomène donné dans le
but d’apporter une connaissance nouvelle.
La recherche est également une action structurée, systématique et organisée qui trouve son
origine à partir d’un questionnement à caractère scientifique concernant une problématique
donnée. Son objectif est de fournir des réponses, apporter des solutions ou carrément
développer de nouvelles théories et/ou connaissance à travers l’étude et l’analyse d’un objet de
recherche (Ben Aissa 2001).
Selon Giordano & Jolibert (2012), l’objet de recherche, la problématique ou la question de
recherche sont des appellations qui font référence à ce que l’on recherche. Il s’agit de l’élément
central sur lequel repose tout travail de recherche scientifique. Koenig (2002 ; 2006b), définit
un projet de recherche comme un système composé d’un ensemble de combinaisons,
composées de différents éléments visant à faire apparaitre l’objet de la recherche. Cet objet
permet le passage d’une simple intention générale à des éléments de réponse.
Il est à noter que parmi les étapes les plus difficiles dans tout processus de recherche est celle
de la définition de la problématique ou question de recherche. C’est également une phase très
importante dans la mesure où elle apporte à la recherche sa légitimité, son fondement et sa
portée.

1
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/recherche/67011

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La formulation d’une problématique de recherche prend en considération un ensemble


d’éléments : le cadre épistémologique, l’objectif global de la recherche, la démarche de
recherche adoptée, les théories mobilisées et le terrain d’investigation.
En ce qui concerne, la démarche scientifique ou encore le chemin adopté par le chercheur pour
produire une connaissance, elle repose sur neufs étapes clés (Evrard & alii, 1997 ; Saunders &
alii, 2003) à savoir :
- Choix de l’objet de recherche :
Dans tout processus de recherche, la première phase consiste à formuler un objet de recherche
clair et bien défini.
- Réaliser une revue de littérature :
Au niveau de cette étape, le chercheur sera amené à consulter l’ensemble des travaux en lien
avec son objet de recherche, effectuer des lectures, réaliser des synthèses sur les différentes
productions réalisées par les autres chercheurs. La revue de littérature peut contenir une ou
plusieurs théories selon la problématique de recherche.
- Elaborer un cadre théorique
À partir de la synthèse de la revue de littérature et à partir de sa propre analyse, le chercheur va
construire un cadre théorique adapté à son objet de recherche. Il s’agit de définir les concepts
clés, présenter les théories mobilisées ainsi que les modèles sur lesquels il va s’appuyer pour
réaliser son travail de recherche.
- Formuler des hypothèses
En se basant sur le cadre théorique, le chercheur est amené à formuler des hypothèses de
recherche afin d’étudier les relations entre les concepts clés sur lesquels repose le cadre
théorique. Ces hypothèses vont être confirmées ou infirmées à l’aide de l’investigation sur le
terrain.
- Opérationnaliser les concepts
Il s’agit de définir de manière précise et spécifique les indicateurs empiriques représentant les
concepts théoriques mobilisés. Si le chercheur se réfère à un modèle au niveau de son travail
de recherche, à ce moment les concepts peuvent être opérationnalisés sous forme de modèles
mathématiques.
- Mettre au point un plan de recherche
La mise en place du plan de recherche demeure une étape essentielle. Si le chercheur ne parvient
pas à poser le plan de recherche assez rapidement au niveau, du processus de recherche, il
évoluera parallèlement à la collecte des données.

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- Collecter des données empiriques


Lors de cette étape, le chercheur va collecter les données en rapport avec son objet de recherche.
Il s’agit de distinguer entre les données primaires et les données secondaires.
- Test empirique des hypothèses
Afin de confirmer ou d’infirmer les hypothèses formulées au niveau du travail de recherche, le
chercheur doit effectuer des tests afin de légitimer son travail
- Conséquences théoriques et pratiques des résultats obtenus
À partir de l’investigation de terrain, il y a lieu au niveau de cette dernière phase du processus
de recherche de confronter les résultats obtenus avec le cadre théorique.
2. Les paradigmes épistémologiques
2.1. Le post positivisme
Le paradigme positiviste est le plus ancien des paradigmes épistémologiques. Il a connu un gain
d’intérêt grâce aux sciences de la nature. L’approche positiviste stipule que dans le monde, il
existe un sujet qui cherche, observe et expérimente des objets extérieurs à lui-même et qui
représentent le champ de la réalité. Cette réalité, qui a une existence et une essence propres,
possède une ontologie2. Le chercheur se mobilise pour connaître cette réalité extérieure. Cette
théorie a comme fondement que le sujet et l’objet n’ont aucune dépendance. Selon David
(1999), l’idéal positiviste serait d’aboutir à une loi universelle qui explicite la réalité et qu’il
qualifie de « vérité objective ».
Le positionnement post positiviste s’inscrit dans une vision relativisant le déterministe de la
réalité, qui conduit à rechercher des explications et des réponses à un phénomène donné. Pour
cela, le chercheur établit la chaîne de causes-effets pour comprendre un fait social. Le caractère
indépendant de l’objet vis-à-vis du sujet permet de formuler le principe d’objectivité, condition
indispensable de la connaissance scientifique.
La science est fondée sur des certitudes, donc des vérités, obtenues par des observations et des
vérifications concordantes. Hempel (1972) affirme que les positivistes font une distinction entre
les connaissances scientifiques et celles qui ne le sont pas.

L’ontologie est l’étude de l’être en tant qu’être


2

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La production de connaissances scientifiques est tributaire de principes précis et universels qui


sont au nombre de trois :
o La vérifiabilité ;
o La confirmabilité ;
o La réfutabilité.
- Le principe de vérifiabilité établit, de manière radicale, que toute proposition est
susceptible d’être vérifiée empiriquement.
- Le principe de confirmabilité stipule qu’il n’existe pas une vérité universelle, mais
seulement une probabilité pour qu’une proposition soit vraie. Selon ce principe, la vérité
est relative et ne peut être généralisée à tous les cas et circonstances. La confirmation
par des expériences ou l’explication par des résultats d’autres théories ne confèrent pas
à la proposition une vérité immuable (Hempel, 1972).
- Le principe de réfutabilité énonce qu’une théorie ne peut jamais être considérée comme
vraie, mais à l’opposé il peut être affirmé qu’elle n’est pas vraie, c’est-à-dire réfutée.
Le positionnement post positiviste est fondé sur l’hypothèse relativiste du déterminisme qui
énonce que le monde social est structuré par des lois qu’il s’agit de découvrir. L’explication de
l’apparition de différents événements s’effectue par l’établissement de relations de cause à effet,
du type causalité linéaire, causalité multiple et causalité circulaire.
2.2. Approche interprétativiste
L’approche interprétativiste établit que la réalité ne peut pas être indépendante de l’esprit et de
la conscience du chercheur. Guba et Lincoln (1989) affirment que la « réalité » (l’objet) est
dépendante de l’observateur (le sujet), il s’agit donc d’une hypothèse phénoménologique.
Selon cette approche, le monde social est constitué d’interprétations qui permettent la
compréhension du sens que les acteurs assignent à la réalité pour produire des connaissances.
Ces interprétations sont ancrées dans l’espace et dans le temps. Il s’agit de comprendre la réalité
imaginée par les acteurs et non plus de l’expliquer.
Les interprétations sont élaborées grâce aux interactions entre les acteurs, leurs intentions, leurs
motivations, leurs attentes, leurs raisons et leurs croyances (Pourtois et Desmet, 1988; David,
1999). Pour les interprétativistes, les critères de validité se réfèrent au caractère idéographique
de la recherche et à la capacité d’empathie du chercheur.
2.3. Approche constructiviste
L’approche constructiviste est la forme radicale de l’interprétativisme. Selon ce courant de
pensée, la connaissance se construit à partir de l’interaction chercheur-sujet de recherche sur

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des dimensions personnelles, sociales et culturelles. Dans le constructivisme, le sujet et l’objet


sont dépendants, ce qui implique la subjectivité et la contextualité de la connaissance (Koenig,
1994).
Ainsi, il existe plusieurs vérités non absolues. La réalité ne peut pas être analysée par portion,
mais d’une manière holistique et contextuelle (Lincoln et Guba, 1985, 1989). La construction
de la connaissance du monde par l’individu est issue de sa propre expérience.
Le constructivisme s’appuie sur deux hypothèses :
- L’hypothèse phénoménologique3, la relation sujet-objet permet de produire de la
connaissance ;
- L’hypothèse téléologique4, l’intentionnalité permet la rationalité du sujet.
Les référentiels des sciences sociales et des sciences de l’ingénieur portent le constructivisme
qui est fondé sur l’hypothèse de la non-dissociation entre le chercheur et le phénomène objet
de la recherche.

3
La phénoménologie est l’étude descriptive des phénomènes
4
La téléologie est une doctrine qui traite de l’étude des fins, de la finalité

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En guise de récapitulation et pour une plus grande lisibilité, nous présentons dans ce qui suit un
schéma synoptique des différents paradigmes développés par l’épistémologie :
Paradigmes épistémologiques

Vision déterministe :
Compréhension réalité

Indépendance sujet / Principes d’objectivité : vérifiabilité,


objet recherche confirmabilité et réfutabilité
POSITIVISME

Hypothèse ontologique

Post-positivisme :
Modèle hypothético-déductif

Compréhension réalité
imaginée par acteurs

INTERPRETATISME Dépendance sujet /


Critères validité et
objet
capacité empathie du
chercheur
Hypothèse phénoménologique

Subjectivité de la
connaissance : plusieurs
Dépendance sujet / vérités
CONSTRUCTIVISME
objet
Analyse holistique et
contextuelle

Hypothèse phénoménologique :
production connaissance par
Sciences sociales et
interaction sujet-objet
sciences de l’ingénieur
Hypothèse téléologique :
intentionnalité permet la
rationalité du sujet
Source : Synthèse de l’auteur

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3. Implications méthodologiques du positionnement épistémologique


Le positionnement épistémologique d’un chercheur implique fortement sa démarche
méthodologique.
La démarche méthodologique adoptée pour le paradigme positiviste est de nature déductive ou
hypothético-déductive. Elle tend du général vers le particulier. La problématique est formulée
à partir d’un cadre théorique pré établit. Et à partir de ce cadre, le chercheur est amené à
formuler des hypothèses qui tester empiriquement sur le terrain. Ces hypothèses vont être
confrontées avec le cadre théorique mobilisé. Il y a lieu de les valider, complexifier ou réfuter.
En ce qui concerne les paradigmes constructiviste et interprétativiste, la démarche
méthodologique est de nature inductive qui tend du particulier vers le général et qui cherche à
vérifier les théories mobilisées et/ou abductive qui cherche à expliquer un phénomène donné à
partir de la formulation des hypothèses de recherche.
Conclusion
Au niveau de cet article, nous avons essayé de synthétiser les principaux paradigmes
épistémologiques en science de gestion ainsi que leurs implications méthodologiques.
En effet, le questionnement épistémologique est un vaste concept qui englobe les aspects
suivants :
- La définition rigoureuse des objectifs, de l’approche stratégique, des méthodes et des
techniques de recherche ;
- La clarification de la conception des connaissances ;
- La valeur souhaitée des connaissances produites.
Le questionnement épistémologique permet la légitimation de la recherche entreprise sur un
phénomène considéré. Aussi, cela exige de faire preuve d’objectivité et d’esprit critique sur le
sujet scientifique et sur la démarche choisie pour recueillir des résultats valides non biaisés.
Avenier et Thomas (2011) considèrent que la recherche doit se positionner dans un paradigme
épistémologique déterminé. Le positionnement paradigmatique est fondamental et permet
l’évaluation d’une étude selon les dimensions ontologique, épistémologique et méthodologique.
En outre, ce positionnement influe fortement sur les actes de la recherche, sur l’aspect valide
des résultats et sur les représentations émises au sujet de la problématique étudiée. Dans la
même lignée, Girin (1981) affirme qu’une situation complexe peut être interprétée par
différentes représentations cohérentes selon les principes et les paradigmes scientifiques
choisis.

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On peut dire que dans notre papier, nous avons survolé les principaux paradigmes
épistémologiques majoritairement mobilisés dans les recherches en sciences de gestion. En
outre en précisant le fondement philosophique de chaque paradigme, nous avons fait allusion à
sa porté et ses limites, choses qui peuvent argumenter l’arbitrage en termes d’attributs, d’outils
d’analyse et de finalités escomptées pour les chercheurs en sciences de gestion.
En revanche, et partant du fait que nous n’avons guère prétendu à l’exhaustivité, il est légitime
de se donner le droit de s’interroger sur la possibilité de création de nouveaux paradigmes,
nouant des liens entre les connaissances et la réalité qui dépassent ce qui est conventionnel et
communément accepté.
Bibliographie
Adigran, J. P. (2018). Initiation à la méthodologie en sciences sociales. Initiation à la
méthodologie en sciences sociales, 1-169.
Avenier, M. J., & Gavard-Perret, M. L. (2012). Inscrire son projet de recherche dans un cadre
épistémologique (No. halshs-00355392).
Avenier, M. J., & Thomas, C. (2011). Mixer quali et quanti pour quoi faire? Méthodologie sans
épistémologie n'est que ruine de réflexion.
Ben Aissa H., Quelle méthodologie de recherche appropriée pour une construction de la
recherche en gestion ?, Xième Conférence de l’Association Internationale de Management
Stratégique, Québec 13-14-15 juin 2001
David, A. (1999, May). Logique, épistémologie et méthodologie en sciences de gestion.
In Conférence de l’AIMS (pp. 1-23).
Evrard, Y., Pras, B., & Roux, E. (1997). Market, études et recherches en marketing, 2ème
Edition Nathan.
Giordano, Y., & Jolibert, A. (2012). Spécifier l'objet de la recherche.
Girin, J. (1981). Quel paradigme pour la recherche en gestion?. Economies et Sociétés: cahiers
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Guba, E. G., & Lincoln, Y. S. (1989). Fourth generation evaluation. Sage.
Hempel, C. G. (1972). Éléments d’épistémologie, Paris, Armand Colin.
Koenig, G. (1994). Production de la connaissance et constitution des pratiques
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Kuhn, T. S. (1972). La structure des révolutions scientifiques.
Lincoln, Y. S., & GUBA, Y. (1985). EG: Naturalistic inquiry. Beverly Hills.

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Piaget, J., Apostel, L., de Beauregard, O. C., & Desanti, J. T. (1967). Logique et connaissance
scientifique (Vol. 22). Paris: Gallimard.
Pourtois, J. P., & Desmet, H. (1988). Instrumentation et épistémologie en sciences
humaines. Bruxelles: Mardaga. Price, S., & Oliver, M.(2007). A Framework for
Conceptualising the Impact of Technology on Teaching and Learning. Educational Technology
& Society, 10(1), 16-27.
Saunders, M., Lewis, P., & Thornhill, A. (2003). Research methods forbusiness
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Wacheux, F. (1996). Méthodes Qualitatives et Recherche en Gestion. Economica, 290 pages

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