772-Texte de l'article-2382-1-10-20220714
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BENHADDOUCH Meryem
Chercheure en Sciences de Gestion
Laboratoire de Recherche en Economie du Développement et Gouvernance des Organisations
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales, Université Hassan II – Casablanca
[email protected]
EL FATHAOUI Habib
Professeur Habilité – Chercheur en Sciences Economiques
Laboratoire de Recherche en Sciences de Gestion des Organisations
Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Ait Melloul
Université IBNO ZOHR
[email protected]
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Attribution License 4.0 International License
Résumé
La définition du positionnement épistémologique est une étape fondamentale pour tout
chercheur en sciences de gestion. Elle lui permet de mener correctement et valablement son
travail de recherche. Le choix épistémologique permet aux chercheurs de légitimer leurs choix
méthodologiques et donner de la scientificité et de la crédibilité à leurs travaux de recherche.
Le chercheur dispose de la responsabilité de choisir et de justifier le positionnement
épistémologique adopté à son objet de recherche de manière à convaincre que son
positionnement lui permet de construire des connaissances valides Wacheux (1996).
Au niveau de la littérature, il existe une panoplie de paradigmes épistémologiques auxquels les
chercheurs peuvent se référer. Une question majeure se pose pour l’ensemble des chercheurs
en science de gestion : Quel est le paradigme épistémologique le plus adapté à leurs objets de
recherche ? et qu’elles sont ses implications méthodologiques ?
L’intérêt de notre article est d’apporter un éclairage aux chercheurs en science de gestion, de
manière à présenter d’une façon synthétique l’ensemble des paradigmes épistémologiques
adoptés en science de gestion à savoir : le post positivisme, le constructivisme et
l’interprétativisme, ainsi que les spécificités de chacun.
Mots clés : Epistémologie ; Paradigmes ; Constructivisme ; Podt Positivisme ;
Intérprétativisme
Abstract
The definition of an epistemological position is a fundamental step for any researcher in
management sciences. It allows them to conduct their research work correctly and validly. The
epistemological choice allows researchers to legitimize their methodological choices and give
scientificity and credibility to their research work.
The researcher is responsible for choosing and justifying the epistemological position adopted
for his or her research object in order to convince people that his or her position allows him or
her to construct valid knowledge Wacheux (1996).
In the literature, there is a wide range of epistemological paradigms to which researchers can
refer. A major question arises for all researchers in management science: Which
epistemological paradigm is the most adapted to their research objects and what are its
methodological implications.
The interest of our article is to shed light on the epistemological paradigms adopted in
management science, namely post positivism, constructivism and interpretativism, as well as
the specificities of each.
Keywords : Epistemology; Paradigms; Constructivism; Post Positivism; Interpretativism
Introduction
La définition du cadre épistémologique est une étape cruciale et essentielle pour tout chercheur
souhaitant mener convenablement et scientifiquement un travail de recherche dans n’importe
quelle discipline y compris les sciences de gestion. Il s’agit d’un sujet critique qui a suscité de
nombreux débats depuis très longtemps (Albert David 1999).
L’épistémologie est la science et/ou la branche de la philosophie, basée sur le questionnement
du statut des connaissances que la communauté scientifique produit. Elle a pour objet l’étude
des théories de la connaissance, selon Avenier et Gavard-Perret (2012). Piaget (1967) considère
l’épistémologie comme l’étude de la constitution d’un ensemble de connaissances présentant
un caractère valable.
L’épistémologie s’appuie sur différents paradigmes. A cet effet, il y a lieu de rappeler la
définition donnée par Kuhn (1962) qui stipule qu’un paradigme est une constellation de
croyances, de valeurs reconnues et de techniques qui sont communes à une communauté
scientifique.
Ces paradigmes ont fait l’objet de plusieurs classifications selon les logiques et les points de
vue de divers auteurs. En épistémologie, trois approches sont distinguées :
o L’approche post positiviste ;
o L’approche interprétativiste
o L’approche constructiviste.
Pour justifier et valider la scientificité de la connaissance produite, chaque travail de recherche
doit s’inscrire dans un paradigme épistémologique. Pour définir son positionnement
épistémologique, il est nécessaire de s’interroger sur la nature de la connaissance produite, la
manière avec laquelle elle a été élaborée, mais également sur sa valeur ajoutée. Le
questionnement épistémologique consiste à justifier à tout moment l’objet de la recherche sur
un phénomène étudié Wacheux (1996). Le choix du positionnement épistémologique pour un
chercheur conditionne fortement ses choix méthodologiques.
L’objectif de notre article est d’apporter un éclairage sur les principaux paradigmes
épistémologiques adoptés dans le domaine de la recherche en science de gestion, ce qui
constitue la question centrale de notre papier, en l’occurrence quelles sont les particularités des
paradigmes épistémologiques permettant de constituer les arguments du choix
méthodologiques dans une recherche en science de gestion ? d’autres questions peuvent être
annexées à la question centrale afin de mettre en exergue les aspects complémentaires du socle
épistémologique, à juste titre quelles spécificités pour la recherche en sciences de gestion ?
quelles sont les implications des choix épistémologiques sur les choix méthodologiques ? .
une combinaison de questionnement dont la réponse permettra aux chercheurs en science de
gestion de bien mener leurs travaux de recherche et de pouvoir définir une méthodologie de
travail adéquate leur permettant de construire une connaissance valide et la justifiable
scientifiquement.
La question centrale du papier
Pour ce faire, nous proposons, de définir dans un premier temps la recherche en science de
gestion, ses caractéristiques et ses modèles, par la suite nous allons présenter les paradigmes
épistémologiques adoptés en science de gestion et leurs implications méthodologiques.
1. La recherche en science de gestion
En se référant au dictionnaire Larousse1 on peut définir la recherche comme « un ensemble
d’études et de travaux menés méthodiquement par un spécialiste et ayant pour objet de faire
progresser la connaissance››. Selon Adigran (2018), la recherche scientifique symbolise tout
travail qui repose sur des investigations réalisées dans le cadre d’une démarche scientifique
rigoureuse et systématique qui consiste à apporter une réponse à un phénomène donné dans le
but d’apporter une connaissance nouvelle.
La recherche est également une action structurée, systématique et organisée qui trouve son
origine à partir d’un questionnement à caractère scientifique concernant une problématique
donnée. Son objectif est de fournir des réponses, apporter des solutions ou carrément
développer de nouvelles théories et/ou connaissance à travers l’étude et l’analyse d’un objet de
recherche (Ben Aissa 2001).
Selon Giordano & Jolibert (2012), l’objet de recherche, la problématique ou la question de
recherche sont des appellations qui font référence à ce que l’on recherche. Il s’agit de l’élément
central sur lequel repose tout travail de recherche scientifique. Koenig (2002 ; 2006b), définit
un projet de recherche comme un système composé d’un ensemble de combinaisons,
composées de différents éléments visant à faire apparaitre l’objet de la recherche. Cet objet
permet le passage d’une simple intention générale à des éléments de réponse.
Il est à noter que parmi les étapes les plus difficiles dans tout processus de recherche est celle
de la définition de la problématique ou question de recherche. C’est également une phase très
importante dans la mesure où elle apporte à la recherche sa légitimité, son fondement et sa
portée.
1
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/recherche/67011
3
La phénoménologie est l’étude descriptive des phénomènes
4
La téléologie est une doctrine qui traite de l’étude des fins, de la finalité
En guise de récapitulation et pour une plus grande lisibilité, nous présentons dans ce qui suit un
schéma synoptique des différents paradigmes développés par l’épistémologie :
Paradigmes épistémologiques
Vision déterministe :
Compréhension réalité
Hypothèse ontologique
Post-positivisme :
Modèle hypothético-déductif
Compréhension réalité
imaginée par acteurs
Subjectivité de la
connaissance : plusieurs
Dépendance sujet / vérités
CONSTRUCTIVISME
objet
Analyse holistique et
contextuelle
Hypothèse phénoménologique :
production connaissance par
Sciences sociales et
interaction sujet-objet
sciences de l’ingénieur
Hypothèse téléologique :
intentionnalité permet la
rationalité du sujet
Source : Synthèse de l’auteur
On peut dire que dans notre papier, nous avons survolé les principaux paradigmes
épistémologiques majoritairement mobilisés dans les recherches en sciences de gestion. En
outre en précisant le fondement philosophique de chaque paradigme, nous avons fait allusion à
sa porté et ses limites, choses qui peuvent argumenter l’arbitrage en termes d’attributs, d’outils
d’analyse et de finalités escomptées pour les chercheurs en sciences de gestion.
En revanche, et partant du fait que nous n’avons guère prétendu à l’exhaustivité, il est légitime
de se donner le droit de s’interroger sur la possibilité de création de nouveaux paradigmes,
nouant des liens entre les connaissances et la réalité qui dépassent ce qui est conventionnel et
communément accepté.
Bibliographie
Adigran, J. P. (2018). Initiation à la méthodologie en sciences sociales. Initiation à la
méthodologie en sciences sociales, 1-169.
Avenier, M. J., & Gavard-Perret, M. L. (2012). Inscrire son projet de recherche dans un cadre
épistémologique (No. halshs-00355392).
Avenier, M. J., & Thomas, C. (2011). Mixer quali et quanti pour quoi faire? Méthodologie sans
épistémologie n'est que ruine de réflexion.
Ben Aissa H., Quelle méthodologie de recherche appropriée pour une construction de la
recherche en gestion ?, Xième Conférence de l’Association Internationale de Management
Stratégique, Québec 13-14-15 juin 2001
David, A. (1999, May). Logique, épistémologie et méthodologie en sciences de gestion.
In Conférence de l’AIMS (pp. 1-23).
Evrard, Y., Pras, B., & Roux, E. (1997). Market, études et recherches en marketing, 2ème
Edition Nathan.
Giordano, Y., & Jolibert, A. (2012). Spécifier l'objet de la recherche.
Girin, J. (1981). Quel paradigme pour la recherche en gestion?. Economies et Sociétés: cahiers
de l'ISMEA. Série Sciences de Gestion, (2), 1871-1889.
Guba, E. G., & Lincoln, Y. S. (1989). Fourth generation evaluation. Sage.
Hempel, C. G. (1972). Éléments d’épistémologie, Paris, Armand Colin.
Koenig, G. (1994). Production de la connaissance et constitution des pratiques
organisationnelles.
Kuhn, T. S. (1972). La structure des révolutions scientifiques.
Lincoln, Y. S., & GUBA, Y. (1985). EG: Naturalistic inquiry. Beverly Hills.
Piaget, J., Apostel, L., de Beauregard, O. C., & Desanti, J. T. (1967). Logique et connaissance
scientifique (Vol. 22). Paris: Gallimard.
Pourtois, J. P., & Desmet, H. (1988). Instrumentation et épistémologie en sciences
humaines. Bruxelles: Mardaga. Price, S., & Oliver, M.(2007). A Framework for
Conceptualising the Impact of Technology on Teaching and Learning. Educational Technology
& Society, 10(1), 16-27.
Saunders, M., Lewis, P., & Thornhill, A. (2003). Research methods forbusiness
students. Essex: Prentice Hall: Financial Times.
Wacheux, F. (1996). Méthodes Qualitatives et Recherche en Gestion. Economica, 290 pages