Chapitre 5 Un Monde Bipolaire Au Temps de La Guerre Froide

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Chapitre V : Un monde bipolaire au temps de la


guerre froide
Introduction

« Un rideau de fer est tombé sur l’Europe » (Churchill, 1946) au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale. L’Armée Rouge stationne dans les territoires « libérés » en Europe de l’est et
impose des gouvernements communistes en éliminant les opposants. Côté américain, l’idée est
que pour empêcher à nouveau la guerre, le monde doit être régi par le commerce et la
démocratie.

Deux idéologies s’opposent, incarnées chacune par les deux nouvelles


superpuissances mondiales. Le monde se divise ainsi en deux camps.

Toutefois, l’arme nucléaire est un nouveau paramètre qui modifie la forme du conflit. Faute de
pouvoir entrer en conflit armé en raison du risque de destruction mutuelle, l’URSS et les États-
Unis s’affrontent sur le plan idéologique à travers les médias et la culture, ou via des pays
satellites.
La guerre froide ne prend fin qu’en 1991 avec la chute de l’URSS qui s’effondre d’elle-même.
Les États-Unis deviennent alors la seule grande puissance mondiale, incarnant dès lors un
« nouvel ordre mondial » fondé sur l’ONU et le gendarme américain.

I. Les débuts de la guerre froide, de vives tensions idéologiques,


1945-1960
A- Deux mondes opposés et un rideau de fer

Le monde est ainsi divisé en deux blocs, ce qui se retrouve à l’échelle européenne. L’Europe
est coupée en deux par le rideau de fer, qui sert autant à empêcher d’entrer qu’à enfermer la
population d’Europe de l’Est qui fuit.
L’Allemagne elle-même est partagée en deux :
-La RFA (République Fédérale Allemande), pro-américaine, regroupe l’Allemagne de l’Ouest.
-La RDA (République Démocratique Allemande), satellite soviétique, comprend l’Est de
l’Allemagne.
Enfin, Berlin est également coupée en deux, entre une zone d’occupation alliée et une zone
d’occupation soviétique (voir carte p.3). En 1961, l’URSS fait construire un mur au milieu de
Berlin afin d’empêcher sa population de passer à l’Ouest.

Le camp américain s’organise autour de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord),


qui est une alliance militaire intégrant l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord pour faire
face à l’Armée Rouge. Dans un premier temps, la stratégie américaine est de contenir
(containment) le bloc communiste en formant une « barrière » de pays alliés (voir carte p.2).
En réaction, l’URSS fonde le pacte de Varsovie qui réunit ses satellites d’Europe de l’Est.
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OTAN : Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Organisation civile et militaire autour


des États-Unis, du Canada et de 10 pays d’Europe occidentale, mise en place en 1949.

Pacte de Varsovie : Organisation militaire des pays d’Europe de l’Est fondé en 1955.
Le Pacte de Varsovie était le bras militaire du camp socialiste; il répondait, dans sa forme et
sa puissance, à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), réunissant les pays
occidentaux.

Plan Marshall : Aide économique massive proposée en juin 1947 par le secrétaire d’État des
États-Unis, Georges Marshall, à tous les pays d’Europe afin de les aider dans leur
redémarrage économique.

Containment : « endiguement ou doctrine Truman ». Doctrine appliquée par les États-Unis à


partir de 1947, mise au point par le président H. Truman qui consiste à stopper l’expansion
communiste par une aide économique et militaire.
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II. Le temps des contestations (1960’-1970’)


A- La remise en cause des valeurs traditionnelles

A la fin des années 50’ et au début des années 60’, de nombreuses contestations apparaissent
dans le monde occidental contre les valeurs traditionnelles, portées par la démocratisation de
nouveaux moyens de communication (télévision, radio, radio dans la voiture…).
Ce mouvement est principalement porté par la jeunesse, unifiée par des radios, des magazines
et des émissions télé qui leur sont dédiés. C’est dans les années 60 qu’émerge la prise en
considération de l’adolescence, portée par tout un ensemble de médias qui forment une culture
jeune.

Exemple : l’émission radio « Salut les copains », des chanteurs comme Johnny Halliday, des
acteurs comme James Dean (La Fureur de vivre) et de grands concerts rassemblent cette
nouvelle génération et cette nouvelle culture.

C’est cette génération qui veut renverser les valeurs traditionnelles et organise des mouvements
politiques de contestation et des manifestations contre le pouvoir, à l’image du mouvement
hippie aux États-Unis qui s’oppose à la guerre du Vietnam.
En France, l’événement le plus marquant est la révolte d’une partie des étudiants en mai 1968
contre leurs professeurs et les hommes politiques de leur époque, soutenus par les mouvements
communistes ou proches du parti.

Ces contestations fragilisent la position des pays occidentaux au milieu de la guerre froide, et
sont doublées par l’accélération de la décolonisation et les offensives communistes. A la fin des
années 60, l’Occident semble perdre du terrain, en particulier lors de la guerre du Vietnam.

B- Les revers américains et avancées soviétiques

Les années 60’ coïncident avec une série de crises qui mettent à mal la position américaine.
Tout d’abord, dans le domaine scientifique, les soviétiques sont les premiers à envoyer un
homme dans l’espace avec Youri Gagarine dès 1961, ce qui constitue une grande victoire
symbolique : le communisme semble en pointe de la technologie.

Mais sur le plan géopolitique, l’URSS avance également ses points avec la construction du mur
de Berlin en 1961 et la crise des missiles à Cuba. Mais c’est la guerre du Vietnam qui fragilise
le plus la position américaine.

En 1954, le l’Indochine française obtient son indépendance et le Vietnam est divisé en deux :
une partie Nord communiste et une partie Sud alliée aux États-Unis (comme pour la Corée).
Mais là aussi, le Nord communiste tente de d’emparer du Sud ce qui déclenche la réaction
américaine pour protéger son allié et empêcher le communisme de s’étendre en 1964. Malgré
le déploiement en force de l’armée américaine (500 000 soldats en 1968) et les bombardements
au napalm1 des forêts, villages et récoltes, les États-Unis ne parviennent pas à faire plier le

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Substance à base d’essence habituellement utilisée dans les bombes incendiaires.
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Nord. C’est dans ces conditions que les contestations sont les plus vives au sein du camp
américain : les manifestations étudiantes, les hippies, les désertions de plus en plus nombreuses
et les pertes vont précipiter le retrait américain en 1973.
Si les États-Unis n’ont pas perdu militairement le conflit, ils ont perdu l’opinion publique, ce
qui les a forcés à se retirer du conflit. N’oubliez pas que la guerre froide est d’abord une guerre
idéologique dans laquelle il faut convaincre plus que vaincre. C’est pourquoi l’opinion compte
tout particulièrement, en particulier au sein d’une démocratie. L’aspect nouveau de la guerre
du Vietnam est la mobilisation de l’opinion publique : la guerre est entièrement filmée par des
journalistes et connue dans toute son horreur par le public (voir photographie jointe).

Photographie de Nick Ut après le bombardement d’un village. La photographie, très célèbre, a


ravivé la contestation contre la guerre aux États-Unis.

La fille à la fleur, Marc Riboud, 1967, manifestation contre la guerre du Vietnam.


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Il faut attendre la fin des années 70 pour voir le retour idéologique des États-Unis tant par la
perte progressive de l’influence soviétique (découverte des goulags, des massacres et du régime
totalitaire) que par l’hégémonie culturelle des États-Unis qui permet de diffuser leurs valeurs.

Crise des missiles de Cuba : En 1962, les Soviétiques cherchent à installer des missiles
nucléaires sur l’île de Cuba, dirigée par Fidel Castro. Les États-Unis sont directement
menacés. Au terme de négociations très tendues, l’URSS renonce.

C- Une guerre par procuration sous la menace nucléaire

L’arme nucléaire change la nature du conflit entre les États-Unis et l’URSS. Une guerre ouverte
entraîne en effet le risque d’une destruction mutuelle, ou du moins d’un prix trop lourd à payer
en cas de victoire.
C’est pourquoi la lutte se place sur le plan idéologique à travers les médias et la culture.

Toutefois, les conflits sont loin d’être absents, et les deux superpuissances utilisent des pays
alliés dépourvus d’armes nucléaires pour étendre leur zone d’influence. La stratégie américaine
du containment (voir sous-partie A précédente) implique pour les États-Unis de contre-attaquer
face aux avancées communistes pour préserver leur barrière autour du bloc soviétique. Par
exemple, la guerre de Corée éclate en 1950 et oppose la Corée du Nord communiste et la Chine
à la Corée du Sud capitaliste et une coalition de pays occidentaux. Le conflit dure jusqu’en
1953 et se solde par un statu quo, une frontière étant tracée au milieu du pays en longeant le
38ème parallèle (voir carte p.7).
Les deux superpuissances peuvent donc s’affronter militairement de façon indirecte pour
étendre leur influence.

D- Une guerre idéologique, la mobilisation des artistes et intellectuels

Dans une guerre idéologique, l’arme principale est la culture et les médias qui la véhiculent.
Chaque modèle idéologique doit se présenter comme le meilleur, afin de convaincre l’opinion
publique. Tandis que l’URSS se sert de son prestige de grand vainqueur de l’Allemagne nazie
et de la lutte contre la colonisation, les États-Unis mettent en avant la démocratie, la liberté, les
bienfaits du commerce et la prospérité qui doivent apporter la paix.

Hollywood est ainsi pleinement mobilisé pour dénoncer le communisme. Les films des années
50 et 60 font le parallèle entre les invasions extraterrestres ou de zombies et la menace
communiste. Les films de ces années mettent ainsi généralement en avant des « méchants »
soviétiques, comme dans les différents James Bond. De même, le gouvernement américain,
sous la conduite du sénateur McCarthy, dresse une liste noire des artistes soupçonnés d’être
proches des communistes et qui sont chassés de leur métier entre 1950 et 1954.

Côté communiste, le parti cherche à enrôler des écrivains et des intellectuels pour défendre ses
idées, comme les « compagnons de route » en France qui comptent par exemple dans leurs
rangs Jean-Paul Sartre ou Louis Aragon. Ces intellectuels défendent le modèle communiste
dans les pays occidentaux et s’attaquent à leurs opposants. Par exemple, en 1947, un ancien
commissaire politique soviétique qui a fui l’URSS, Viktor Kravchenko, publie un livre en
France : J’ai choisi la liberté pour dénoncer le régime sanguinaire de Staline. Il est vivement
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attaqué par le parti communiste et les compagnons de route mais il finit par remporter son
procès.

Au début de la guerre froide, la culture est pleinement mobilisée dans la lutte idéologique, et
chaque camp recrute ses partisans. Toutefois, à partir des années 60, l’Occident fait face à de
profondes contestations de son modèle dans le monde de la culture.
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III. Le renouveau américain et la fin de la guerre froide


A- L’hégémonie culturelle américaine

A la fin des années 70 et au début des années 80, la culture américaine est partout, grâce aux
médias (télévision, radio, magazines puis internet) et à l’attirance qu’elle exerce sur les
populations.

Exemple :
- séries Starsky et Hutch, La petite maison dans la prairie, Dallas (A partir de 1979 en France,
monopolise près de 39% de l’audience à chaque épisode).
- blockbusters américains (en 1990 en France, 44% des fictions à la télé sont américaines contre
40% françaises.

La culture américaine est le véhicule de ses valeurs, transmettent l’idéal de l’American Way of
Life fait de liberté, de prospérité et de confort individuel, à l’image de ces nouveaux héros de
la culture occidentale (Rambo, Rocky…). Il est intéressant de noter que dans les années 80, les
« méchants » soviétiques des films ont disparu au profit de grandes organisations criminelles
(voir James Bond), ce qui montre que dès cette décennie, l’URSS est sur le déclin et n’est plus
vue comme un adversaire dangereux…

Cette victoire culturelle marque la fin de la guerre froide car le modèle communiste tombe dans
l’oubli. Ses sympathisants se sont détournés de l’URSS après les nombreuses révélations sur ce
régime totalitaire et ses massacres. La guerre froide se dépolitise et les nouveaux courants de
pensée se concentrent alors non plus sur le communisme mais sur les droits de l’homme.

B- Reagan et la dislocation de l’URSS

En 1981, Ronald Reagan devient président des États-Unis et relance l’affrontement contre
l’URSS en réaffirmant les valeurs américaines mises à mal avec la guerre du Vietnam.
Comprenant l’essoufflement de l’URSS, il relance une course aux armements telle que l’URSS
n’a plus les moyens de la suivre financièrement.

Le projet phare de cette course aux armements est le projet « Star Wars » qui consiste à créer
un bouclier anti-missile depuis l’espace, ce qui réduirait à néant la menace nucléaire soviétique.
Bien que le projet soit en fait irréalisable, il manifeste la victoire américaine dans les esprits,
d’autant qu’il récupère le titre d’une célèbre franchise cinématographique américaine (Star
Wars…), ce qui montre à quel point la culture américaine est présente dans les esprits.

Quant à l’URSS : le système communiste a épuisé le pays, épuisement accentué par la


concurrence américaine. En plus d’une économie ruinée (l’URSS doit importer son blé des
États-Unis…), l’URSS doit faire face à de nombreuses contestations car elle n’incarne plus
aucun contre-modèle aux États-Unis (Syndicat polonais Solidarnosc qui est anti-communiste
et chute du mur de Berlin en 1989). Bien plus, l’élite soviétique dispose de magasins privés
pour acheter des articles américains…
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Face à cette situation, le dernier président de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, tente de redresser
le pays par des réformes du système politique, la perestroïka2. Cette perestroïka inclut
notamment des réformes plus démocratiques comme la glasnost3 qui offre une plus grande
liberté d’expression et d’information.

Toutefois, un putsch manqué par des généraux soviétiques en août 1991 pousse Gorbatchev à
dissoudre l’URSS le 26 décembre 1991, entraînant ainsi la fin officielle de la guerre froide.

C- La « fin de l’histoire » et le « nouvel ordre mondial »

Avec la chute de l’URSS, les États-Unis deviennent la seule grande puissance. On parle alors
d’hyperpuissance. Dès lors, l’ONU reprend toute son importance avec pour bras armé les États-
Unis. Sans la concurrence et le veto soviétique, le conseil de l’ONU se débloque et vote des
résolutions pour régler les affaires du monde. Le président américain G. Bush définit alors un
« nouvel ordre mondial » fondé sur le droit international (ONU) et le gendarme américain.

L’opinion générale est alors de considérer qu’avec la victoire américaine, la mondialisation et


l’ONU, il n’y aurait plus de conflits, ou du moins seraient-ils réglés pacifiquement. C’est
pourquoi l’auteur américain Fukuyama rédige La Fin de l’Histoire, qui illustre ce sentiment
d’avoir abouti à un système unique contre les conflits armés.
Toutefois, il s’agit d’une illusion car de nouveaux enjeux émergent dès les années 2000,
l’attentat du 11 septembre 2001 marquant une nouvelle forme de conflits, celle de la lutte contre
le terrorisme.

Introduction ................................................................................................................................ 1
I. Les débuts de la guerre froide, de vives tensions idéologiques, 1945-1960 .................. 1
A- Deux mondes opposés et un rideau de fer ................................................................. 1
II. Le temps des contestations (1960’-1970’) ..................................................................... 4
A- La remise en cause des valeurs traditionnelles .......................................................... 4
B- Les revers américains et avancées soviétiques .......................................................... 4
C- Une guerre par procuration sous la menace nucléaire ............................................... 6
D- Une guerre idéologique, la mobilisation des artistes et intellectuels ......................... 6
III. Le renouveau américain et la fin de la guerre froide ................................................. 8
A- L’hégémonie culturelle américaine............................................................................ 8
B- Reagan et la dislocation de l’URSS ........................................................................... 8
C- La « fin de l’histoire » et le « nouvel ordre mondial » .............................................. 9

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Nom donné aux réformes économiques et sociales menées par le président de l’URSS
Gorbatchev en Union soviétique d’avril 1985 à décembre 1991, selon 3 axes prioritaires :
respectivement économique, social et éthique
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Signifie : « publicité », traditionnellement traduit par « transparence », est une politique de
liberté d’expression et de la publication d’informations qui s’amorça par l’accident nucléaire
de Tchernobyl (26 avril 1986), puis fut portée en URSS par Gorbatchev à partir de 1986.

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