4. Un monde de mobilités.
4. Un monde de mobilités.
4. Un monde de mobilités.
Les espaces de transit : ils revêtent une importance considérable comme étape sou-
vent contrainte, et d’une durée indéterminée dans les parcours migratoires individuels. Les
Un monde de mobilités espaces d’accueil se répartissent entre l’Amérique du Nord, l’UE et les États du Golfe per-
sique. Les pays d’accueil se différencie par un poids très inégal de la population immigrée
au sein de la population totale (13% US, 23% Suisse, 35% Lux, 75% Koweït, 95% Dubaï)
Les mobilités spatiales d’échelle internationales sont caractéristiques majeures des sociétés
contemporaines. Une ère de mobilité généralisée ? Toutefois, elles sont caractérisées par un as-
pect très sélectif socialement et spatialement. Elles constituent un enjeu économique et politique
incontournable.
II – Facteurs et enjeux des migrations internationales
I – Une planète migratoire entre permanence et renouvellement A – Une combinaison complexe de facteurs
Diversité et complexité des facteurs qui expliquent les migrations : l’histoire migratoire entre
A – Un phénomène ancien en constantes recompositions pays, souvent lié à d’anciens liens de nature coloniale ; l’imaginaire migratoire porté à la fois
· Migrations et mobilités : de quoi parle-t-on ? La migration désigne un transfert définitif sur les récits des migrants et par les médias ; les réseaux sociaux et familiaux ; les politiques mi-
ou durable de résident d’un lieu à un autre. Nécessité d’abandonner cette idée car bien au gratoires des régions d’accueil, le marché de l’emploi, les crises et les conflits.
contraire, l’amélioration des transports à grande distance tout comme les TIC permettent
une forme d’ubiquité. Ces évolutions concernent l’ensemble des mobilités spatiales. Le B – Le rôle des politiques migratoires
terme de « migrant » tend à supplanter, dans le langage académique et journalistique ceux · Sélection et migration choisie. Depuis le choc pétrolier des 1970s et la forte diminution
d’ « immigré » et d’ « émigré ». de l’immigration de travail des pays industrialisés, sélection des migrants selon leur niveau
· Mondialisation et migration : une longue histoire. Les migrations sont au cœur des pro- de qualification professionnelle. Aussi, programme pour l’accueil des étudiants étrangers
cessus de peuplement inscrits dans le temps long. La seconde moitié du XIXème siècle a été (50% des doctorants US sont étrangers) dont 60% reste aux US après leurs études (brain
caractérisée par une intensification sans équivalent des migrations internationales : la tran- drain). Ce modèle américain s’est développé dans les pays de l’OCDE (cf. en France en 2006)
sition démographique européenne s’est combinée avec les forts besoins de MO des pays · Restrictions et fermetures. Du fait de l’accroissement quantitatif des migrations interna-
neufs (1830 – 1930 :40M Européens s’installent en Amérique du Nord). Ces migrations an- tionales, mise en place de politiques d’accueil restrictives. L’UE est une des premières ré-
ciennes se traduisent de manière très concrète de nos jours dans la physionomie des gions d’immigration du monde (30M d’étrangers) mais depuis la crise pétrolière de 1973,
grandes villes d’immigrations (Chinatown à NY, LA, Sydney constituent de véritables centra- politique d’immigration zéro pour de limitation stricte des flux, qui implique une harmoni-
lités commerciales et touristiques). sation des politiques migratoires entre États membres : Système d’Information Schengen
· Un accroissement relatif des flux migratoires. 3% de la population mondiale réside hors (échange d’information sur les étrangers en situation irrégulière), Frontex (coordination
de leur pays de naissance. des contrôles policiers des frontières extérieurs).
Principal pays d’immigration dans le monde depuis la fin du XIXème siècle, les US sont un bon · L’asile. Défini à partir de la convention de Genève relative au statut des réfugiés (1951).
révélateur de l’évolution des flux migratoires internationaux dans l’histoire contemporaine. Peut accéder au statut de réfugié toute personne qui « craignant avec raison d’être persécu-
Cette évolution fait apparaître le poids des évènements politiques et des inflexions des poli- tée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain
tiques migratoires. groupe social ou de ses opinions politique ». Depuis une vingtaine années, les conflits et crise
politiques en Afrique (Soudan, Rwanda-Burundi, Mozambique, Somalie) AL (Colombie) Eu-
· Des migrants aux profils de plus en plus variés. rope (BH) ou Asie (Afghanistan, Birmanie) ont entraîné un nombre croissant de déplace-
ments forcés : 45M aujourd’hui. Les pays qui accueillent le plus de réfugiés sont le Pakistan
B – Une recomposition spatiale relative des mobilités internationales et l’Iran et le principal émetteur est l’Afghanistan : caractère régional des migrations for-
· Une géographie complexe des flux migratoires. Ce sont surtout les évolutions dans la cées.
géographie des flux qui caractérisent les dernières décennies. Dirigés depuis le Nord vers le · Limites et contradictions de politiques de fermeture migratoire. Les politiques migra-
Sud dans un contexte colonial, ils se sont inversés après les indépendances (A. Sauvy parlait toires se traduisent par une gestion d’un risque migratoire : militarisation des frontières
d’un « renversement colonial » entre le Nord et le Sud), mais surtout complexification (dispositifs policiers de contrôles des détroits de Gibraltar (UE) et de Torres (Australie) ou
puisque le nombre d’anciens pays colonisés sont aujourd’hui à la fois pôles d’immigration et le long de la frontière US Mexique) ; stratégies d’externalisation du contrôle des flux migra-
foyers d’émigration. toires. Ces politiques mettent à mal des principes juridiques et éthiques relatifs aux droits
· Espaces de départs, de transit et d’accueil. Les espaces de départs sont situés dans les de la personne et au droit d’asile (noyades de migrants en Méditerranée, centres d’enferme-
pays du Sud (Asie, Afrique, Caraïbes) : 6M Mexicains, 4M Bangladais, 4M Afghans, 3M Philip- ment et de rétention).
C – Enjeux politiques plus grands pars d’attractions Disney représentent près de 9% du marché touristique mon-
· Diasporas et transnationalisme. Les diasporas revêtent des enjeux d’ordre politique, car dial)
elles constituent un exemple d’une communauté spatialement éclatée, mais politiquement · Pôles touristiques émergents et recomposition de la géographie internationale du
et culturellement dotée d’une incontestable cohérence, indépendamment du cadre clas- tourisme. Emergence des pays à force croissance économique (Chine, Brésil) d’une
sique des États-nations. D’où formes émergentes de citoyenneté et d’investissements poli- classe moyenne nombreux avisant à accéder aux voyages à l’étranger (Brésil : 12ème rang
tiques et économiques ne reposant pas sur la présence physique d’un individu sur le terri- mondial pour les dépenses touristiques en 2012 contre 29ème en 2005). Aussi, les pays jadis
toire. peu concernés aux grands circuits touristiques tendent à développer des stratégies de va-
lorisation économique par le tourisme domestique et international (Turquie : passage
· Entre multiculturalisme et assimilation. Dans les pays d’accueil importance de la capaci- de la 52ème destination touristique en 1980 à 6ème en 2011 reflète la stratégie active d’acces-
té des sociétés à « vivre ensemble » et à tirer parti de la diversité culturelle permise par sion au rang de puissance régionale, qui passe par la valorisation d’un patrimoine naturel
l’immigration : 2007 – 2011, débat en France sur l’existence d’un ministère de l’Immigra- (Cappadoce) et culturel (Istanbul) ainsi que par un marketing urbain (Istanbul = destina-
tion, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire. tion pour les salons internationaux et le tourisme d’affaires).
D – Enjeux socioéconomiques
· Les effets socioéconomiques ambivalents de l’émigration : l’exemple du brain drain.
Elle prive ces pays de leurs jeunes actifs les plus dynamiques, et de plus en plus, les plus di- B – Les effets territoriaux ambivalents des mobilités touristiques
plômés : 85% des 20M de migrants hautement qualifiés vivent aujourd’hui dans les pays de
l’OCDE. Ces modalités ne se limitent plus aux flux Nord – Sud : transnationalisation des pra- · Un secteur économique à part entière. Près de 10% du PIB et 8% de l’emploi mondial.
tiques et des savoirs. L’hypothèse d’un brain gain est souvent évoquée. Les acteurs de l’économie touristique sont : un petit entreprenariat (vente de produits arti-
· Migrations et développement : les « remises » en question. Les remises représentent sanaux, location de voitures) et des opérateurs très concentrés se développant à l’échelle
plus de 320Md$, soit une somme très largement supérieure à l’aide publique au développe- mondiale : conglomérats hôteliers (Accor, Marriott, Hilton), agences de voyages (Thomas
ment (130Md$). Les migrations sont alors l’un des leviers majeurs du développement car ils Cook).
constituent des fonds directement mobilisables dans la consommation courante ou dans les · Mise en tourisme et développement économique des territoires. Pour plus de 8/10
biens d’équipements. Situation de véritable dépendance économique vis-à-vis des émigrés États, le tourisme constitue l’un des cinq premiers secteurs d’exportations et pour près de
(remises : 1/4 du PIB au Liban, 1/3 en Moldavie, ½ Tadjikistan) 40% d’entre eux, il constitue la première source de devises. FMI et Bm encouragent les
États à développer le secteur touristique : effets d’entrainements positifs. `
Dépendance économique dans les petits États insulaires (40% du PNB au Bahamas, 70% aux
îles Vierges britanniques, 85% aux Maldives).
III – Les mobilités touristiques
Une grande partie des devises est captée par les acteurs économiques liés aux pays émetteurs :
A – Les flux touristiques dans le monde, une géographie sélective des lieux et enjeu de la redistribution des bénéfices au sein de la population locale.
des hommes Le tourisme produit localement des externalités négatives : consommation d’eau potable
· Les formes de plus en plus variées des mobilités touristiques. Il s’agit d’un changement (Maghreb), production de déchets pour la gestion desquels les localités touristiques ne sont pas
temporaire de lieu de résidence, les motifs du déplacement relèvent du loisir, de la décou- toujours équipées, dvpt d’activités illégales ou criminelles.
verte culturelle et du dépaysement, il s’agit d’une mobilité non contrainte. On distingue le
tourisme de loisir (1/2 des arrivées), le tourisme de santé, le tourisme culturel et le tou-
risme d’affaires (15%). Le tourisme international constitue une part marginale (1/10
voyages) de l’ensemble des flux touristiques qui sont donc principalement limités aux terri-
toires nationaux.
· La concentration des espaces émetteurs et récepteurs. 95% des flux touristiques
concentré dans les Amériques, l'Europe, l’Asie : ils concentrent les cinq plus grands pays
touristiques (1/3 des entrées touristiques internationales). Grandes tendances :
- Les déplacements nationaux et régionaux restent largement dominants (70% des
voyages s’effectuent entre pays d’un même continent)
- Un petit nombre de hauts lieux concentrent l’essentiel d’une fréquentation très pola-
risée (en 2009 : 561M sur 940M touristes n’ont visité que 50 sites dans le monde : les 4