Forceps Instrument
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2014
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Introduction
Le forceps est un instrument métallique en forme de pinces qui permet de saisir la tête d'un fœtus pour
faciliter, son expulsion. Il est constitué par deux branches qu'on introduit séparément et qu'on articule
ensemble après les avoir mises en place. Le forceps permet une traction.
Contrairement au forceps, les leviers des anciens accoucheurs remplacés actuellement par les spatules sont
des instruments d'orientation et de propulsion et non de préhension et de traction.
Tout au long de l'histoire, les forceps et les leviers ont beaucoup évolué et leur usage s'est considérablement
amélioré.
1. Historique
L'idée d'extraire le fœtus par les voies naturelles à l'aide de pinces spéciales est fort ancienne, mais pendant
très longtemps, pareille opération resta incompatible avec la survie de l'enfant, que l'on considérait comme
inévitablement voué à la mort, quand on devait employer des instruments métalliques. [13]
→ Le véritable inventeur du forceps a été Peter Chamberlain l'aîné, (1560-1631) qui fut le premier à
séparer complètement les deux branches de la pince pour pouvoir les introduire isolément dans les voies
génitales et les articuler ensuite.
Figure 1 [2]
→ En 1747 André LEVRET apporta le premier une modification importante au forceps de Chamberlain en
créant la courbure pelvienne qui permet la prise de fœtus demeurés hauts dans l'excavation.
Figure 2 [14]
→ En 1877, le Français Stéphane Étienne Tarnier améliore le forceps croisé en lui adjoignant un tracteur.
Ce système particulièrement ingénieux permet enfin d'exercer les tractions sur la tête de l'enfant suivant
l'axe de l'excavation pelvienne maternelle, ce qui n'avait jamais été possible antérieurement.
Figure 3 [14]
→ En 1899, DEMELIN pour réduire la compression sur la tête fœtale a proposé un forceps à branches
parallèles avec des cuillers à grande courbure céphalique. Pour éviter le dérapage des cuillers, il a ajouté
une traverse plus longue que les grands diamètres pelviens afin d’obtenir un forceps à branches
convergentes.
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Par ailleurs dans ses premiers modèles DEMELIN avait ajouté des tiges de traction.
Figure 4 [13]
Plusieurs tailles de forceps de DEMELIN ont été réalisées en fonction de la longueur des manches. Le n° 8
est le forceps de SUZOR actuel. Le système de traction a été supprimé et remplacé par la possibilité de
passer des lacs au niveau des cuillers.
En réalité, l'idée des spatules remonte à Jean PALFYN, qui en 1721 envoya à l'Académie des sciences de
Paris, la description d'un instrument auquel il avait donné le nom de "mains de fer".
Figure 5 [6]
2. Description
Le forceps de TARNIER actuellement utilisé a été quelque peu modifié, mais sa conception reste identique à
l'original.
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La conception du forceps de TARNIER ne permet pas les prises asymétriques sur les présentations
asynclites ou transverses.
Après la pose des cuillères la traction de la tête fœtale se fait uniquement par le biais du tracteur relié aux
cuillers par les tigelles.
Si une rotation est nécessaire, celle-ci doit être le résultat de la réaction pelvienne à l’effort de traction et non
d’une contrainte exercée latéralement sur les manches. Il est de moins en moins utilisé.
Ce forceps utilisé essentiellement en partie basse de l'excavation peut l'être aussi pour les extractions
instrumentales lors de césariennes.
Le forceps de SUZOR est équivalent au forceps n° 8 de DEMELIN mais avec des manches plus courts et
une courbure pelvienne plus marquée.
La barre d'articulation transversale, longue de 16 cm, se fixe aux extrémités distales des manches. Les
manches s’écartent plus que les cuillers d’où la convergence de l’instrument vers la tête fœtale. [4]
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La traction se fait par l'intermédiaire des mains tenant directement les manches.
Les spatules de Thierry sont des instruments de propulsion et d'orientation. Elles agissent sur la tête fœtale
par pulsion et permettent d'écarter les tissus maternels devant la tête fœtale. Elles sont essentiellement
utilisées en France.
3. Indications - Contre-indications
S’il existe un doute clinique quant à la variété de présentation, une échographie est recommandée.
Une césarienne doit pouvoir être réalisée rapidement en cas d’échec de l’extraction instrumentale.
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3.2. Indications
D'une manière générale l'indication du recours à l'extraction instrumentale par forceps ou spatules repose
sur la nécessité d'accélérer l'accouchement, de faciliter la naissance et dans certains cas de protéger le
crâne du fœtus, en particulier lors des accouchements prématurés.
Indications fœtales :
Anomalies du rythme cardiaque fœtal (RCF) faisant craindre la présence ou la survenue rapide d’une
acidose fœtale et justifiant ainsi d'une extraction instrumentale en dehors de toute contre-indication à
l'accouchement voie basse.
Souffrance fœtale potentielle, notamment en cas de prématurité, le forceps pourrait protéger le crâne du
fœtus mal ossifié. L'efficacité de cette indication n'a pas jamais été démontrée scientifiquement. [11]
Indications maternelles :
Arrêt de progression de la tête fœtale engagée (actuellement au niveau du détroit moyen ou inférieur)
Il est recommandé d’envisager le recours à une extraction instrumentale à partir de 30 minutes d’efforts
expulsifs avec un RCF normal, dans la mesure où l’intensité des efforts expulsifs a été jugée suffisante sans
progression du mobile fœtal. [1]
Aide à l'expulsion pour maladie maternelle (éclampsie, pré-éclampsie, cardiopathie, insuffisance respiratoire,
para ou tétraplégie, anévrisme cérébral, rétinopathie, …).
REMARQUE : Il faut toujours tenir compte du bien être fœtal et de l’estimation échographique du poids fœtal
avant de poser une indication d’extraction instrumentale. Des anomalies du rythme cardiaque et/ou une
estimation de poids fœtal supérieure à la normale doivent faire reconsidérer l’indication d’extraction fœtale
en fonction du calcul risques/bénéfices.
3.3. Contre-indications
Certaines situations cliniques rendent l'usage du forceps difficile voire périlleux. Il s'agit :
Dans ces trois cas il est toujours difficile pour l'opérateur d'identifier les raisons de ces anomalies. Si l'usage
du forceps est cependant retenu, le choix de celui-ci est fonction de la situation.
Le forceps sur une tête fœtale en position transverse ou postérieure plus ou moins fléchie et asynclite est
délicat et requiert beaucoup d'expérience.
4. Technique d'utilisation
4.1. Préambule
Quel que soit le type de forceps utilisé, on se souvient toujours de l’aphorisme suivant :
– cuillère gauche, main (de l’accoucheur) gauche, cuisse (de la patiente) gauche.
– cuillère droite, main droite, cuisse droite.
Une fois en place, et quel que soit le type d’instrument utilisé, il n’y a aucune raison mécanique à « godiller »
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La branche gauche tenue par la main gauche est posée en premier, présentée verticalement ou même
légèrement inclinée vers le ventre de la femme, elle suit le contact de la tête fœtale. L’introduction du bec se
fait en arrière et non pas latéralement (fig. 10 : 1-1' ; fig. 11).
La branche droite est placée ensuite de la même façon (fig. 10 : 2-2' ; fig. 11). Si la prise est bonne,
l’articulation est évidente. Le pivot de la branche gauche se place aisément dans l’encoche de la branche
droite, il est suivi du serrage de la vis.
Figure 10 [8]
Pour la mise en place du tracteur, les tigelles sont détachées de leur bouton d’arrêt, placées en position
médiane et ensuite fixée dans la douille par le curseur.
La vérification de la prise est faite par le toucher uni ou bi-digital, on s’assure que la "tête est bien prise et
seule prise".
L’extraction se fait par traction modérée exercée sur le palonnier du tracteur, de préférence au cours d’une
contraction utérine renforcée par un effort expulsif maternel.
La tige du tracteur doit rester à 2 travers de doigts des branches du forceps.
Les tractions seront d’abord dirigées vers le bas lorsque la tête est encore dans l’excavation. Lorsque la tête
arrive au détroit inférieur, on voit les branches du forceps se redresser, la direction de la traction se
redresse. L'espace entre le tracteur et les branches du forceps doit rester identique.
La tête se dégage progressivement de l’anneau vulvaire. Le calage de l’occiput sous l’arcade pubienne
marque le début de la déflexion de la tête. Il faut alors retirer le tracteur.
Dès que le menton est accessible à travers le périnée, on désarticule de préférence le forceps. On retire
doucement l’une et l’autre branche du forceps, par un mouvement inverse de celui de l’introduction.
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La position fœtale étant oblique, la cuiller gauche (fig 12 : 1) doit venir se placer à gauche et en arrière sur la
région malaire postérieure du fœtus en regard du sinus sacro-iliaque gauche.
La branche droite présentée verticalement par la main droite est abaissée en décrivant un large mouvement
de rotation manuelle de droite à gauche et haut en bas pendant que la cuiller monte vers le sinus sacro-
iliaque (fig 12 : 2-2'). Cette manœuvre est connue sous le nom de "Tour de spire de Madame La Chapelle".
L’extraction comporte deux temps : un premier temps de rotation spontanée de la présentation de 45° dans
le sens antihoraire ramenant la présentation en OP, puis l’extraction en OP comme précédemment.
Figure 12 [8]
Pour cette présentation très exceptionnelle, la pose du forceps sera inverse à celle précédemment
présentée.
L'opérateur commencera par la pose de la cuiller droite en regard du sinus sacro-iliaque droit.
Quand les deux cuillers seront posées, il devra effectuer un décroisement pour pouvoir solidariser les deux
branches du forceps avant de fixer le tracteur.
En présentation postérieure, la tête est souvent mal fléchie et parfois asynclite; l'usage du forceps est alors
plus délicat et peu recommandé pour les non experts.
La pose en droite postérieure ou gauche postérieure est toutefois possible. Une fois la pose réalisée,
l’extraction en OS est pratiquée.
La cuiller gauche puis la cuiller droite sont posées indépendamment comme décrit précédemment.
Les deux branches du forceps de SUZOR étant en place, celles-ci sont solidarisées avec mise en place de
la barre transversale qui se fixe à l’extrémité de chaque manche au moyen d’une vis,.
Le forceps doit être saisi par l'opérateur de façon à pouvoir effectuer la totalité de l'extraction sans modifier le
positionnement des mains : les doigts seront positionnés sur le dessus des branches avec les pousses en
dessous.
La position la plus adaptée, pour l'opérateur commence en position accroupie. Dans cette position, il peut
contrôler la rotation et la flexion de l’ensemble tête/forceps se trouvant au plus près de l’axe de rotation et de
descente. Au moment du dégagement, il lui suffit de se relever pour accompagner naturellement l’évolution
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Pour la prise en OIDA, elle se fera comme pour le forceps de TARNIER, mais sans décroisement des
branches.
Figure 13 [5]
L'usage du forceps de SUZOR est possible dans ce type de variété, mais il est préférable d'utiliser un autre
moyen d'extraction que le forceps.
L’application est possible en utilisant des forceps SUZOR avec des lacs. Cette manœuvre sera réservée aux
praticiens expérimentés.
Les spatules étant comme la "prolongation des mains de l’accoucheur", à ce titre la spatule droite prolonge
la main droite de l’opérateur et la spatule gauche prolonge sa main gauche. (C’est l’inverse avec les forceps
à branches croisées). La technique de pose des spatules est la même que les forceps. Pendant la pose les
becs ne doivent pas perdre le contact avec la tête fœtale. Il est primordial que les deux spatules soient
parallèles et symétriques par rapport à la suture sagittale.
4.4.2. Traction
Les spatules constituent un instrument de propulsion. La force de traction appliquée sur le manche est
transformée, par l’intermédiaire du point d’appui pelvien, en une force de propulsion de la tête fœtale (effet
de levier).
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Elle consiste à tenir une spatule fixe (en principe la postérieure), tandis que l'autre appuie sur la tête fœtale
qui glisse sur la spatule fixe comme un "toboggan".
4.4.4. Dégagement
L’écartement des spatules règle la vitesse du dégagement. Le dégagement peut être réalisé à l’aide des
spatules ou spontanément après retrait des instruments dès que le plan du détroit moyen a été franchi. Cette
dernière méthode diminue les risques de lésions périnéales.
Si présentation en OS
- Ne pas tenter de rotation avec les spatules.
- Accepter le dégagement en OS avec une large épisiotomie.
5. Complications
Quel que soit l'instrument utilisé pour l'extraction fœtale, il semble que les présentations en variétés
transverses, postérieures ou en occipito-sacrées semblent être source de plus de complications.
Déchirures vulvo-périnéales
- Déchirures simples (1er degré)
- Déchirures graves (2ème ou 3ème degré)
Déchirures vaginales
La fréquence est estimée à 4 à 21% si forceps et 1,2 à 10% si spatules.
- Déchirures basses : elles sont souvent associées à des déchirures périnéales
- Déchirures des parties moyennes : on les retrouve en cas gros enfant, de prise en partie moyenne ou
encore de rotation instrumentale de la présentation
- Déchirures hautes : elles intéressent les culs sacs vaginaux. Elles résultent souvent d'une pose
traumatique du forceps. Elles peuvent être associées à des plaies cervicales ou à une rupture sous
péritonéale
Déchirures cervicales
Les déchirures du col sus-vaginales sont rares mais graves car souvent méconnues. On doit y penser en
cas de syndrome hémorragique sans sang extériorisé.
Déchirures utérines
Les déchirures utérines sont exceptionnelles. Il s'agit souvent de déchirures du col qui se sont prolongées
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Il s'agit d'un clivage tissulaire associé à des plaies vasculaires provoquant des hématomes disséquants.
L'apparition des hématomes peut être immédiatement après l'accouchement ou quelques jours plus tard.
Urinaires
- Hématurie
- Rétention d'urine nécessitant un sondage évacuateur
- Incontinence urinaire précoce qui s'améliore dans les semaines qui suivent l'accouchement
- Fistule vésico-vaginale (exceptionnelle)
Digestives
- Fistule recto-vaginale
Cicatricielles
- Retard de cicatrisation
Dyspareunies
Il s'agit de dyspareunies d'intromission à distance de l'accouchement qui peuvent être dues à :
- Cicatrice douloureuse
- Sténose de l'orifice vestibulaire
- Endométriose périnéale
- Pathologie glandulaire : kyste vaginal, kyste de la glande de Bartholin
Incontinence urinaire
Il s'agit d'incontinence urinaire d'effort +/- prolapsus +/- impériosités mictionnelles
Incontinence anale
Il s'agit de :
- Urgence défécatoire.
- Incontinence aux gaz et/ou aux solides.
- Dyschésie.
Blessures cutanées
Elles se situent au niveau des joues, de la région malaire, des oreilles, de la mastoïde, de la nuque avec
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hématome.
Atteinte de l'œil
- Hémorragie sous conjonctivale,
- Exophtalmie passagère
- Les lésions graves observées sont :
-- Atteinte la chambre antérieure de l'œil, la choroïde
-- Enucléation de l'œil exceptionnellement
Avec les spatules, les lésions sont moins fréquentes qu'avec des forceps. [11] On retrouve essentiellement
des ecchymoses spontanément résolutives au niveau de la région malaire. [12]
6. Bibliographie
● DEVRAIGNE Louis : L'obstétrique à travers les âge.s DOIN & Cie, Paris 1939, p 128 - lien
● LATTUS J., PAREDES A., FREZ J. : Les spatules de Thierry Rev. Obstet. Ginecol.- Hosp. Santiago
Oriente Dr. Luis Tisné Brousse. 2006; 1(1): 30-38
● MERGER R., LEVY J., MELCHIOR J. : Précis d'obstétrique, MASSON, 4ème édition, Paris, 675p.
● RENNER J-P., OURY J-F., BLOT P., in MARPEAU L. : Forceps et Spatules in Traité d'obstétrique.
ELSEVIER-MASSON, Paris, p 465-475
● SCHAAL J.P., RIETHMULLER D., MAILLET R., UZAN M. : Mécanique et Techniques Obstétricales.
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● TARNIER S., BUDIN P. : Traité de l'art des accouchements. Tome 4, G. Steinheil, Libraire-Editeur,
Paris, 1901
Conclusion
Les forceps et les spatules sont des instruments d'extraction fœtale qui sont diversement utilisées selon les
opérateurs.
S'ils sont utilisés à bon escient et avec douceur, ils ne présentent pas de danger particulier pour la mère et
l'enfant.
Annexes
Glossaire
● OP : Occipito Pubien
● OS : Occipito Sacré
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