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Revue belge de philologie et

d'histoire

Testard (Maurice). Saint Augustin et Cicéron.


Charles Favez

Citer ce document / Cite this document :

Favez Charles. Testard (Maurice). Saint Augustin et Cicéron.. In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 37, fasc. 3,
1959. Langues et littératures modernes — Moderne talen en letterkunden. pp. 772-774;

https://www.persee.fr/doc/rbph_0035-0818_1959_num_37_3_2291_t1_0772_0000_2

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772 COMPTES RENDUS

uus dont il souligne les qualités d'homme et d'écrivain, mais dont il sait
aussi reconnaître les limites. Nunc non cinis ille poetae felix ? — Paul
VAN DE WOESTIJNE.

Testard (Maurice). Saint Augustin et Cicéron. Paris, Études augus-


tiniennes, 1958 ; deux vol. in-8°, m-392 pp. et ix-143 pp.
Le premier volume se divise en deux parties. La première a comme
sujet « Cicéron dans la formation de saint Augustin ». Le programme
des études mit assez tôt Cicéron entre les mains d'Augustin, à Madaure
déjà chez le grammairien, plus tard à Carthage à l'école du rhéteur,
où il « pratiqua » assidûment l'illustre avocat et, probablement, s'initia
à la philosophie. C'est à cette époque qu'il lut l'Hortensius. Cette
lecture produisit sur le jeune homme une très profonde impression :
non seulement elle éveilla chez lui le désir de la vérité, mais encore elle
eut sur son évolution postérieure une durable influence. Elle «marqua
la rupture de l'étudiant avec la tradition scolaire qui jusqu'ici l'avait
formé : il opta pour la pensée » (p. 224). Lui rappelant les souvenirs
chrétiens de son enfance, elle le poussa même « à un recours personnel
à l'Évangile » (p. 39), mais ce recours fut, on le sait, un échec.
Il se tourna, dans sa déception, vers le manichéisme. Mais les études
philosophiques personnelles auxquelles il s'adonne le mettent en
contact constant avec Cicéron. Son De pulchro et apto nous apprend que
la doctrine manichéenne ne le satisfait plus, et c'est le besoin de vérité
né de la lecture de l'Hortensius qui finira par l'en détacher tout à fait.
Nous le trouvons, à son arrivée à Milan, gagné au scepticisme, et l'on
a des raisons de penser que Cicéron lui est apparu comme « le
représentant le plus notable de l'académie parmi les latins » (p. 93). C'est
d'ailleurs dans « un climat de pensée cicéronien » qu'il vit alors. Ambroise
lui-même, si familier avec l'auteur du De officiis, le maintient par ses
sermons dans ce climat, tout en le ramenant insensiblement à la foi
chrétienne.
L'Hortensius eut aussi pour Augustin des conséquences morales, en
le détachant de la recherche des richesses et de l'amour exclusif de la
rhétorique, et c'est à cet ouvrage qu'il dut sa première aspiration à
la continence.
Les livres néo-platoniciens qu'il dévora avec l'ardeur que l'on sait
ne lui firent point oublier le maître de sa jeunesse. Dans le Contra
Academicos, il signale les conséquences fâcheuses de la découverte de
Plotin, mais il le fait « à la lumière de Cicéron » (p. 167 ; cf. Contra
Acad., II, 2, 5 et Cic, Tusc, I, 73). « Déjà initié au néo-platonisme, il
jugeait de sa conversion en se référant à l'appel entendu lors de sa
lecture de l'Hortensius » (p. 170). Aussi bien subit-il, durant toute
sa vie, l'influence cicéronienne, et M. Testard conclut cette première
COMPTES RENDUS 773

partie de son étude par ces mots : « Son christianisme parfaitement


authentique apparaît comme greffé sur VHortensius, auquel dès lors
le Christ ne manque plus » (p. 176).
Quelle place Gicéron tient-il dans l'œuvre de saint Augustin? Tel
est le sujet que traite M. Testard dans la seconde partie du livre. Il
se fonde uniquement sur les citations données comme telles par
Augustin ou, à leur défaut, sur les ressemblances littérales des textes des
deux auteurs, « à l'exclusion des simples analogies de la pensée » (p. 183).
Méthode qui permet, estime-t-il, « de discerner ce qu'il y eut de
commun entre eux, mais aussi, et ce n'est pas moins important, ce qui les
séparait » (p. 183).
Étudiant « la répartition des citations de Cicéron dans l'œuvre de
saint Augustin », il montre que, si l'écrivain chrétien n'a cessé sa vie
durant de citer l'écrivain païen, «les références ... les plus intéressantes
du point de vue de la pensée » se trouvent dans les œuvres de la
maturité, « qui semblent révéler une connaissance approfondie et très
réfléchie de Cicéron » (p. 203).
S'agit-il de la « répartition des citations de Cicéron par saint Augustin
dans l'œuvre de Cicéron », l'auteur remarque qu'Augustin a connu
« tous les Cicéron », mais surtout le philosophe : sa « formation cicé-
ronienne » est donc beaucoup plus morale et philosophique qu'oratoire.
Dans « ses jugements sur Cicéron », Augustin semble louer plus
franchement l'écrivain que le philosophe, ce qui ne laisse pas d'étonner
après ce que nous venons de voir. Mais cela s'explique : le style
appartenant selon lui à un ordre de valeurs très secondaire, ces éloges ne tirent
pas à conséquence ; en revanche, dans ceux qu'il adresse à la pensée
de son « maître » il est plus réservé, parce qu'il la compare toujours
à la doctrine chrétienne. Néanmoins, l'admiration sincère qu'il a pour
cette pensée « représente encore à ses yeux et constitue en fait
l'hommage le plus valable, le jugement essentiel — et il est favorable —
qu'il porte sur Cicéron » (p. 254). :
« Le traitement du texte cicéronien des citations » par Augustin est
d'une complexité et d'une richesse très grandes : tantôt fidélité, tantôt
liberté à l'égard de ce texte. « Les citations sont courtes ou longues,
littérales ou approximatives, se condensent en résumés ou s'élargissent
en commentaires » (p. 291). Les changements qu'il y apporte
s'expliquent par son souci « d'adapter la pensée ou l'expression cicéroniennes
aux conceptions de sa foi chrétienne » (p. 291).
Même liberté et même variété des procédés dans « la présentation
des citations de Cicéron ».
L'étude de « la documentation cicéronienne de saint Augustin »
prouve que celui-ci a parfois relu telle ou telle des œuvres du grand
Arpinate, mais que la mémoire a souvent suppléé à l'absence d'une
bibliothèque cicéronienne. Sur la question de savoir quelle tradition
774 COMPTES RENDUS

du texte de Cicéron il suit, il est malheureusement impossible d'arriver


à quelque certitude.
Remercions M. Testard de « soumettre au lecteur » pour terminer,
sous forme de Conclusions générales, « les vues personnelles auxquelles
il est arrivé sur saint Augustin et Cicéron » (p. 333, n.'l), car elles sont
pleines de finesse et de pénétration. Elles ont pour objet : le fonds
commun de pensées des deux écrivains, leurs divergences et leurs
convergences, leur attitude devant les questions de pensée et d'action,
leur manière de composer, la différence de ton de l'œuvre cicéronienne
(philosophique) et de l'œuvre augustinienne, la façon dont chacun d'eux
pratique « le retour sur soi ».
On trouvera à la fin de ce premier volume trois Tableaux
comparatifs de certains textes des deux auteurs, une abondante Bibliographie
(où je suis étonné toutefois de ne pas voir figurer La pensée de saint
Augustin de M. de Plinval), un Index locorum et un Index uerborum.
Le second volume a comme sous-titre : Répertoire des textes. Une
Introduction, indispensable pour la consultation du Répertoire,
précède la liste de toutes les citations de Gicéron par saint Augustin.
Viennent ensuite : des Addenda, deux Index et une Bibliographie
(éditions et traductions d'Augustin, éditions de Cicéron).
Dans son désir de réhabiliter le philosophe chez Cicéron, M. Testard
se montre, à mon avis, injuste dans son appréciation des œuvres
oratoires, qu'il traite avec quelque dédain d'« œuvres mineures » (vol. I,
p. n). Je ne suis pas, je suppose, le seul à penser que ce sont ses
discours (avec, naturellement, sa Correspondance) qui révèlent le mieux
l'incontestable originalité de l'auteur du Pro Murena et des Philippi-
ques. Les hypothèses paraîtront probablement à certains lecteurs par
trop nombreuses dans la première partie du vol. I. Elles le sont en
effet. Mais il convient peut-être de reconnaître avec M. Testard que
« la pénurie et souvent aussi l'obscurité des textes ... autorisaient la
conjecture » (p. 180).
Mais quittons le terrain de la critique. Aussi bien ai-je hâte de dire
la très grande valeur de cet ouvrage. On est vraiment saisi
d'admiration devant l'énorme labeur qu'il représente ; étude approfondie de
l'œuvre de Cicéron et de celle de saint Augustin, qui sont parmi les
plus considérables de l'antiquité, nombre immense de travaux consacrés
à ces deux écrivains, et à bien d'autres encore, qu'a dû lire M. Testard
et dont la Bibliographie et les abondants notes en bas des pages donnent
une idée impressionnante. Mais il n'y a pas que l'érudition : il y a la
réussite d'une pareille « entreprise ». Car l'auteur domine toujours
son sujet et s'y montre original en révélant de Cicéron sur saint Augustin
une influence dont personne, je le crois, ne soupçonnait à ce point
l'importance. Cette belle thèse range M. Testard parmi les connaisseurs les
plus avertis de l'illustre païen et du grand chrétien. — Charles Favez.

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