Code de Leau Du Niger
Code de Leau Du Niger
Code de Leau Du Niger
CODE DE L’EAU
(Source : DBD-Ordonnance n° 2010-09 du 1er avril 2010, portant Code de l’eau au Niger - J.O.Sp
n°9 du 29 avril 2010, page 112)
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Art. 2 : Sont soumis aux dispositions de la présente ordonnance les aménagements, les
ouvrages, les installations et les activités réalisées par toute personne physique ou morale,
publique ou privée et entraînant selon le cas :
- des modifications des écoulements d’eau ;
- des prélèvements restitués ou non d’eau ;
- des déversements, des rejets ou des dépôts directs ou indirects, permanents ou périodiques,
même non polluants et plus généralement tout fait susceptible de provoquer ou d’accroître la
dégradation des eaux en modifiant ses caractéristiques physiques y compris thermiques,
chimiques, microbiologiques et bactériologiques;
- des occupations temporaires ou permanentes du domaine public de l’eau ou son exploitation
à des fins économiques et sociales ;
- des risques liés à la présence ou à la proximité de l’eau et susceptibles d’affecter les
personnes ou les biens.
Sont aussi soumis aux dispositions de la présente ordonnance, les services publics
d’approvisionnement en eau potable des populations et du cheptel.
Sont également soumis aux dispositions de la présente ordonnance, les aménagements hydro-
agricoles.
Les aménagements, les ouvrages, les installations et les activités visés à l’alinéa premier du
présent article, réalisés dans le cadre de projets bénéficiant d’un financement spécifique,
notamment en coopération avec un ou plusieurs Etats étrangers, une organisation
internationale, une organisation non gouvernementale (ONG) ou par des particuliers, sont
également soumis aux dispositions de la présente ordonnance.
- autorisation : acte unilatéral par lequel l’autorité permet à un promoteur, pour une durée
déterminée et dans des conditions prévues par cet acte, d’établir et d’exploiter des
installations, des ouvrages, des travaux et autres activités liées à l’eau pour la satisfaction
de besoins spécifiques ;
- Association des usagers de l’eau (AUE) : organe composé des représentants des différents
groupes socioprofessionnels utilisateurs de la ressource en eau (éleveurs, industriels, irrigants,
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- affermage : mode de gestion d’un service public dans le cadre duquel l’autorité délégante
finance elle-même l’établissement du service, mais en confie la gestion à un délégataire.
Celui-ci se rémunère directement auprès de l’usager et exploite le service à ses
risques et périls ;
- bassin hydrologique : zone où tous les écoulements de surface convergent vers un même
point appelé exutoire ;
- concession de service public : mode de gestion d’un service public dans le cadre duquel le
délégataire réalise à ses frais les investissements nécessaires à l’établissement du service et en
assure la gestion. Celui-ci se rémunère directement auprès de l’usager et exploite le service à
ses risques et périls ;
- cycle hydrologique : état de mouvement permanent des eaux et des échanges continuels
entre les différents compartiments réservoirs d’eau du globe ;
- déclaration : acte par lequel toute personne informe l’administration compétente des
installations, des ouvrages, des travaux et autres activités liées à l’eau qu’elle projette de
réaliser ;
- délégataire : personne morale de droit privé ou de droit public bénéficiaire d’une convention
de délégation de service public;
- délégation de service public : contrat par lequel la collectivité publique confie la gestion
d’un service public relevant de sa compétence à un délégataire dont la rémunération est liée
ou substantiellement assurée par le résultat d’exploitation du service. La délégation de gestion
de service public consacre principalement deux (2) formes : l’affermage et la concession de
service public ;
- eaux de surface : cours d’eau permanents ou non, flottables ou non, navigables ou non, lacs,
étangs et mares nés des eaux pluviales ou des débordements des cours d’eau et des eaux
souterraines;
- eau potable : eau à l’état naturel ou traitée dont les caractéristiques organoleptiques (saveur,
odeur, couleur, ….), esthétiques, physico-chimiques et microbiologiques sont conformes aux
normes de qualités de l’eau en vigueur. C’est une eau apte à la consommation humaine ;
- eau minérale naturelle : eau d’origine souterraine possédant une composition constante et,
à l’état naturel, un ensemble de caractéristiques qui sont de nature à lui apporter des propriétés
favorables à la santé ;
- eaux souterraines : eaux contenues dans les roches du sol et du sous-sol et constituant des
aquifères à nappes libres, semi - actives et captives ;
- eaux usées : eaux ayant subi une dégradation de leur état du fait de son utilisation ;
- espace pastoral : il est constitué de la zone pastorale (au-delà de la Limite Nord des
cultures), des enclaves pastorales et les aires de pâturage, des champs après la libération des
cultures, des champs en jachère, des pistes, chemins et couloirs de passage, et des terres
salées;
- Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) : processus qui favorise le développement
et la gestion coordonnée de l’eau, des terres et des ressources connexes, en vue de maximiser,
de manière équitable, le bien-être économique et social en résultant, sans pour autant
compromettre la pérennité d’écosystèmes vitaux;
- hydraulique agricole : volet de l’hydraulique englobant tous les aspects relatifs à l’amenée
de l’eau à la plante pour des objectifs de productions agropastorale et piscicole ;
- périmètre de protection : domaine délimité autour d’un champ de captage utilisé pour l’eau
potable, dans lequel diverses mesures sont prises et des servitudes ou des interdictions
prescrites dans le but de protéger les installations et les eaux captées. On distingue trois (3)
types de périmètres : le périmètre de protection immédiate, le périmètre de protection
rapprochée et le périmètre de protection éloignée ;
- pollution de l’eau : modification néfaste des eaux causée par l’ajout de substances
susceptibles d’en changer la qualité, l’aspect esthétique et son utilisation à des fins humaines ;
- redevance pour service rendu : somme demandée à des usagers en vue de couvrir les
charges d’un service public déterminé ou les frais d’établissement et d’entretien d’un ouvrage
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public qui trouve sa contrepartie directe dans les prestations fournies par le service ou dans
l’utilisation de l’ouvrage. Il y a corrélation entre le montant de la redevance et le coût réel du
service rendu ;
- zone pastorale : zone délimitée sur la base des dispositions prévues par la loi n° 61-5 du 26
mai 1961.
Art. 6 : La présente ordonnance reconnaît que l’eau est un bien écologique, social et
économique dont la préservation est d’intérêt général et dont l’utilisation sous quelque forme
que ce soit, exige de chacun qu’il contribue à l’effort de la collectivité et/ou de l’Etat, pour en
assurer la conservation et la protection.
Art. 8 : Dans la satisfaction des besoins, aucun usage n’est prioritaire par rapport aux autres,
mais en cas de concurrence entre plusieurs utilisations, une attention particulière est accordée
aux besoins humains essentiels.
Art. 9 : La gestion des eaux s’attache à garantir une utilisation durable, équitable et
coordonnée des ressources en eau. Elle est guidée par les principes suivants :
- une approche globale et intégrée des ressources en eau par unité de gestion des eaux ou
système aquifère dite Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) que sont :
- la nécessité d’associer les usagers, planificateurs et décideurs à tous les échelons dans la
gestion et la mise en valeur des ressources en eau ;
- la reconnaissance du rôle essentiel dévolu aux femmes dans la mise en valeur et la
préservation des ressources en eau ;
- la reconnaissance de la valeur économique de l’eau ;
- le principe de l’utilisation équitable et raisonnable de l’eau ;
- le principe de l’utilisation non dommageable, selon lequel l’Etat veille à ce que les activités
menées sur une partie de son territoire ne puissent pas causer de dommages à une autre partie
de son territoire ou au territoire d’un Etat voisin ;
- le principe de précaution, en vertu duquel l’Etat diffère la mise en œuvre des mesures afin
d’éviter toute situation susceptible d’avoir un impact transfrontalier ou sur une autre partie de
son territoire même si la recherche scientifique n’a pas démontré l’existence d’un lien de
causalité entre cette situation et un éventuel impact.
Art. 12 : Ceux qui de par leurs activités utilisent la ressource en eau, doivent contribuer au
financement de la gestion de l’eau, selon leur usage, en vertu du principe du «préleveur-
payeur», nonobstant le droit à l’eau de chaque citoyen énoncé à l’article 4 de la présente
ordonnance.
Art. 13 : Lorsque l’activité des personnes physiques ou morales est de nature à provoquer ou
à aggraver la pollution de l’eau ou la dégradation du milieu aquatique, les promoteurs de
ladite activité supportent et/ou contribuent au financement des mesures que l’Etat et les
collectivités territoriales doivent prendre contre cette pollution, en vue de compenser les
effets, et pour assurer la conservation de la ressource en eau, selon le principe de
«pollueurpayeur».
Art. 14 : La République du Niger coopère avec les autres Etats et s’attache à mettre en œuvre
les traités, conventions et accords internationaux, relatifs à la connaissance, la gouvernance, la
préservation, la protection, la mobilisation et l’utilisation des ressources en eau ayant un
caractère transfrontalier.
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Les autorités nigériennes compétentes notifient aux autres Etats, à travers les organismes de
bassins, les mesures projetées par le Niger, susceptibles d’avoir des effets négatifs
significatifs pour les autres Etats.
Les autorités nigériennes compétentes mettent à disposition les données techniques et les
informations disponibles, en particulier les résultats de toute évaluation de l’impact social et
environnemental des mesures projetées sur la qualité ou la répartition des eaux
transfrontalières.
Art. 17 : Font partie du domaine public naturel et artificiel des collectivités territoriales, dans
la limite de l’occupation effective des terrains concernés, les aménagements et équipements
transférés par l’Etat ou réalisés directement par les collectivités territoriales.
Art. 19 : Tout propriétaire foncier a le droit d’user et de disposer des eaux pluviales qui
tombent sur son fonds privé.
Les étangs et mares nés d’eaux pluviales, des débordements des cours d’eau et des
émergences des eaux souterraines qui sont sur une propriété foncière privée, constituent un
fonds privé.
· à assurer :
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Art. 20 : Les pasteurs peuvent se voir reconnaître un droit d’usage prioritaire sur les
ressources naturelles situées sur leur terroir d’attache, notamment l’accès aux points d’eau.
Les pasteurs, soit à titre individuel, soit collectivement, ne peuvent être privés du droit
d’usage mentionné à l’alinéa premier du présent article, que pour cause d’utilité publique,
après une juste et préalable indemnisation.
Ces dispositions sont précisées par voie législative.
Art. 22 : L’Etat assure, dans le cadre d’un aménagement équilibré du territoire, la gestion
durable et équitable de l’eau avec la participation effective de tous les acteurs concernés.
Art. 24 : L’Etat et les collectivités territoriales peuvent s’associer, sous forme contractuelle,
pour la réalisation d’objectifs et de projets d’utilité publique.
Les modalités d’association sont précisées par voie réglementaire.
Art. 25 : Une commission nationale de l’eau et de l’assainissement (CNEA) est créée pour
servir d’organe consultatif et de concertation.
La CNEA apporte son concours à la définition des objectifs généraux et des orientations de la
politique nationale de l’eau et de l’assainissement. La CNEA se prononce sur les dossiers qui
lui sont soumis par le gouvernement ou par auto saisine.
Les attributions, la composition, l’organisation et les modalités de fonctionnement de la
CNEA sont fixées par décret pris en Conseil des ministres.
Art. 26 : Les collectivités territoriales assurent, dans le cadre de leurs missions respectives, la
gestion durable de l’eau avec la participation effective de tous les acteurs concernés.
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Les domaines de compétences transférées par l’Etat aux collectivités territoriales sont
déterminés par la loi.
Art. 27 : Des Unités de gestion des eaux (UGE) sont créées pour servir de cadre physique
pour la gestion et la planification des ressources en eau sur le territoire de la République du
Niger.
Leur nombre et leur délimitation sont fixés par voie réglementaire.
Art. 28 : Pour chaque UGE, il est créé une commission de gestion de l’eau regroupant des
représentants de l’Etat et des collectivités territoriales, des groupes socioprofessionnels
concernés par la gestion des ressources en eau.
Les attributions, la composition, l’organisation et les modalités de fonctionnement des
commissions de gestion de l’eau sont fixées par voie réglementaire.
Dans l’attente de la mise en place effective des commissions de gestion de l’eau basées sur les
UGE, la CNEA est représentée au niveau régional par des Commissions régionales de l’eau et
de l’assainissement (CREA), conformément aux structures administratives actuelles.
Art. 29 : Dans chaque UGE, il est créé des organes locaux de gestion et de planification des
ressources en eau.
Le nombre d’organes locaux de gestion par UGE, ainsi que leur organisation, leur
fonctionnement, leur composition et leurs attributions sont fixés par voie réglementaire.
Art. 30 : En application du principe visé à l’article 9 ci-dessus, les usagers d’un périmètre
donné, sont représentés dans les institutions de gestion de l’eau à travers des Associations des
usagers de l’eau (AUE) ou de leurs fédérations.
Art. 31 : Les outils de planification nécessaires à la gestion durable des ressources en eau
sont:
- la politique nationale de l’eau ;
- le Plan d’action national de gestion intégrée des ressources en eau (PANGIRE) ;
- les schémas d’aménagement et de gestion des ressources en eau.
Art. 32 : La politique nationale de l’eau est élaborée et mise en œuvre conformément à une
procédure décrite par voie réglementaire.
Art. 33 : Le Plan d’action national de gestion intégrée des ressources en eau (PANGIRE)
définit le cadre national de gestion des ressources en eau approprié en vue de la mise en
œuvre de la politique nationale de l’eau, ainsi que les modalités et le calendrier de sa mise en
place progressive. Il identifie les actions spécifiques pertinentes à entreprendre à cet effet,
ainsi que les ressources à mobiliser pour leur mise en œuvre et leur suivi.
Le PANGIRE s’inspire des principes de gestion de l’eau internationalement reconnus en les
adaptant aux conditions nationales.
Il est élaboré sous l’autorité du ministre en charge de l’hydraulique et approuvé par décret pris
en Conseil des ministres, après avis de la commission nationale de l’eau et de ’assainissement.
Il fait l’objet de révisions périodiques.
Art. 34 : Le schéma d’aménagement et de gestion des eaux fixe, dans le cadre d’une Unité de
gestion des eaux (UGE), les orientations d’une gestion durable de l’eau.
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Les programmes et les décisions administratives dans le domaine de l’eau doivent être
compatibles avec les dispositions du schéma d’aménagement et de gestion des eaux.
Art. 35 : Un décret pris en Conseil des ministres détermine les modalités d’application des
articles 33 et 34 ci-dessus et en particulier les dispositions relatives au contenu, à
l’élaboration, à l’approbation, à la mise en œuvre et au suivi du PANGIRE et des schémas
d’aménagement et de gestion des eaux.
Art. 40 : Des mesures incitatives fiscales, des aides financières, ou des remises sur taxes et
contributions financières, peuvent être accordées par l’Etat à tout opérateur ou usager des
eaux qui procèdera au développement ou à l’utilisation de technologies respectueuses de
l’environnement.
Art. 41 : Les modalités spécifiques des dispositions des articles 37 à 40 font l’objet d’un
décret pris en Conseil des ministres, sur proposition conjointe des ministres en charge des
finances, de l’eau et de l’environnement et des ministres dont les attributions correspondent à
l’activité pour laquelle une redevance ou une contribution financière est envisagée.
Art. 42 : Les règles générales de préservation et d’allocation des ressources en eau sont
déterminées par voies législatives et réglementaires. Elles fixent :
- les normes de qualité environnementales et les mesures nécessaires à la préservation et à la
restauration de cette qualité ;
- les règles d’allocation des eaux de manière à concilier les intérêts des diverses catégories
d’utilisateurs ;
- les conditions dans lesquelles peuvent être interdits ou réglementés les rejets, dépôts et les
déversements susceptibles d’altérer la qualité des eaux et du milieu aquatique ;
- les mesures nécessaires pour assurer la protection des puits et des forages, des retenues
d’eau artificielles ;
- les conditions dans lesquelles peuvent être interdites ou réglementées la mise en vente et la
diffusion de produits ou de dispositifs qui sont susceptibles de nuire à la qualité des eaux ou
du milieu aquatique ;
- les conditions dans lesquelles sont effectués des contrôles techniques des installations, des
ouvrages, des travaux ou des activités inscrits dans la nomenclature établie en application des
dispositions de l’article 47 de la présente ordonnance.
Art. 43 : Les aménagements, les ouvrages, les installations et les activités sont soumis aux
régimes suivants :
- le régime de la déclaration ;
- le régime de l’autorisation ;
- le régime de la concession d’utilisation de l’eau.
Les installations, les ouvrages, les travaux et les activités visés ci-dessus sont soumis à
autorisation ou à déclaration suivant leur nature, leur localisation, leur importance ou la
gravité de leurs effets sur la ressource en eau et les systèmes aquatiques.
Art. 45 : Sont soumis à autorisation ou à déclaration, les aménagements, les installations, les
ouvrages, les travaux et les activités susceptibles de présenter des dangers pour la santé et la
sécurité publique, de réduire la ressource en eau, de modifier substantiellement le niveau, le
mode d’écoulement ou le régime des eaux, de porter atteinte à la qualité ou à la diversité des
écosystèmes aquatiques.
L’autorisation fixe, en tant que de besoin, les prescriptions imposées au bénéficiaire en vue de
supprimer, de réduire ou de compenser les dangers ou les incidences négatives sur l’eau et les
écosystèmes aquatiques.
Art. 46 : Un décret pris en Conseil des ministres précise la nomenclature des installations, des
ouvrages, des travaux et des activités mentionnés aux articles 44 et 45 ci-dessus soumis selon
le cas à autorisation ou à déclaration ainsi que les modalités et procédures y afférentes.
Art. 48 : Un décret pris en Conseil des ministres précise la nomenclature des activités
mentionnées à l’article 47 ci-dessus pour lesquelles une concession d’utilisation de l’eau et
d’exploitation d’ouvrages et d’installations hydrauliques peut être accordée ainsi que les
modalités et procédures y afférentes.
Art. 49 : Hormis les prescriptions fixées par l’autorisation et/ou la concession d’utilisation au
titre VII de la présente ordonnance, l’autorisation d’aménagement ou de construction
d’ouvrages peut prévoir des mesures de protection particulières appropriées.
Les modalités d’autorisation d’aménagement ou de construction sont fixées par voie
réglementaire.
Art. 50 : Dans le cas des prélèvements destinés à la consommation humaine, les mesures de
protection particulières incluent la délimitation autour du point de prélèvement des eaux de
surface ou des eaux souterraines d’un périmètre de protection immédiate, d’un périmètre de
protection rapprochée et, en tant que de besoin, d’un périmètre de protection éloignée.
Art. 51 : Le terrain inclus dans le périmètre de protection immédiate, qui doit être de
préférence clôturé, est exclusivement affecté au prélèvement de l’eau et est régulièrement
entretenu à cette fin. Il est acquis en pleine propriété par l’Etat ou la collectivité territoriale du
ressort, pour le besoin d’utilité publique, après une juste et préalable indemnité versée à
l’éventuel ayant droit.
A l’intérieur des périmètres de protection rapprochée, les dépôts, les installations et les
activités de nature à nuire directement ou indirectement à la qualité de l’eau ou à la rendre
impropre à la consommation ou à tout autre usage, sont interdits ou réglementés.
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Art. 52 : Outre les interdictions et les mesures édictées à l’article 51 ci-dessus, l’acte de
délimitation peut concerner des activités telles que l’abreuvement, le parcage et la circulation
des animaux et la construction de bâtiments.
Art. 53 : Afin d’assurer une protection particulière, l’Etat peut conclure avec des collectivités
territoriales concernées et d’autres personnes publiques ou privées, selon le cas, un contrat de
gestion des eaux.
Le contrat fixe, dans le respect des dispositions du schéma d’aménagement et de gestion des
eaux, un programme de travaux et d’actions à réaliser en vue d’atteindre les objectifs qu’il
détermine.
Il définit également les contributions respectives des différents partenaires au financement du
programme.
Art. 54 : Des décrets pris en Conseil des ministres déterminent les modalités d’application des
dispositions des articles 50 à 52 ci-dessus et en particulier les procédures de délimitation des
aires et des périmètres de protection rapprochée et éloignée ainsi que les autorités
compétentes intervenant dans chaque procédure.
Art. 55 : Dans les parcs nationaux et les autres aires bénéficiant d’une protection spéciale,
ainsi que dans les zones humides et particulièrement celles d’importance internationale
inscrites sur la liste prévue par les traités et conventions régulièrement ratifiés, les actions
susceptibles de porter atteinte à l’équilibre des écosystèmes ou d’affecter leur diversité
biologique, sont réglementées et, le cas échéant, interdites.
Sont visés notamment :
- les utilisations des eaux entraînant une modification de leur régime ;
- l’épandage à quelque fin que ce soit de produits chimiques et en particulier de pesticides
agricoles ;
- les rejets d’effluents ou de substances toxiques ;
- le déversement ou l’écoulement d’eaux usées ;
- le dépôt d’immondices ou de déchets domestiques ou industriels.
La réglementation ou l’interdiction peut, en tant que de besoin, porter sur des actions réalisées
ou envisagées à l’extérieur de l’aire protégée ou de la zone humide.
Art. 56 : Les zones humides d’importance internationale inscrites sur la liste prévue par les
traités et conventions régulièrement ratifiés sont dotées d’un plan de gestion.
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Art. 57 : Les ouvrages construits dans le lit des cours d’eau doivent maintenir un débit
minimal garantissant la satisfaction des besoins des usagers et la vie aquatique à l’aval de
l’ouvrage.
Lorsqu’ils sont implantés dans des cours d’eau utilisés par des poissons migrateurs, ils
doivent en outre être équipés de dispositifs de franchissement.
Art. 58 : Les sites, les milieux naturels et les paysages présentant, du point de vue esthétique
et culturel, un intérêt particulier lié à la présence de l’eau doivent faire l’objet d’une
protection spéciale reposant notamment sur la réglementation et, le cas échéant, l’interdiction
des activités et installations susceptibles de leur porter atteinte.
Art. 61 : Afin de garantir l’exercice du droit à l’eau reconnu à chaque citoyen conformément
à l’article 4 de la présente ordonnance, l’Etat et les collectivités territoriales sont chargés, dans
le cadre de leurs compétences générales respectives, de l’organisation et du fonctionnement
du service public d’approvisionnement en eau potable.
Ces services peuvent être aussi destinés à l’approvisionnement en eau du cheptel.
Art. 62 : L’approvisionnement en eau des populations et du cheptel est subdivisé en deux (2)
domaines : le domaine de l’hydraulique urbaine et le domaine de l’hydraulique rurale.
Art. 63 : La répartition des compétences entre l’Etat et les collectivités territoriales s’opère
par blocs et selon le principe de subsidiarité.
Les domaines de compétence transférés par l’Etat aux collectivités territoriales sont
déterminés par la loi.
Art. 64 : Le transfert de compétences est constaté par un décret de dévolution pris en Conseil
des ministres au vu d’un inventaire sanctionné par un procès-verbal établi contradictoirement
entre les représentants de l’Etat et ceux des organes exécutifs des collectivités territoriales.
Art. 65 : Les collectivités territoriales peuvent s’associer entre elles pour l’exercice de
compétences d’intérêt commun, dans le respect des dispositions des lois et règlements en
vigueur.
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Art. 67 : Le service public d’approvisionnement en eau est géré en régie par la collectivité
territoriale du ressort, ou dans le cadre d’un contrat de délégation de service public ou une
convention de gestion passée avec les populations bénéficiaires.
Les conditions de gestion en régie, de passation des contrats de délégation de services publics
et les outils de mise en œuvre y afférents et des conventions de gestion sont définis par voie
réglementaire.
Les modalités d’organisation des populations bénéficiaires pour la gestion d’un service public
d’approvisionnement en eau sont définies par voie réglementaire.
Art. 68 : Les modalités d’organisation des populations bénéficiaires pour la représentation des
usagers, la défense et la promotion de l’intérêt commun en rapport avec le service public
d’approvisionnement en eau, sont définies par voie réglementaire.
Art. 69 : Les populations qui bénéficient de l’accès à un service public d’alimentation en eau,
dont les infrastructures et/ou installations ont été initiées par l’Etat, la collectivité territoriale
du ressort ou réalisées à la suite d’une initiative extérieure ou avec une assistance publique
étrangère, contribuent au financement des frais engendrés pour l’installation dudit service.
Cette participation initiale des populations bénéficiaires des infrastructures visées à l’alinéa
ci-dessus, peut concerner aussi bien la réalisation des travaux neufs que la réhabilitation
d’ouvrages hydrauliques publics existants.
La détermination de la participation des populations bénéficiaires de la réalisation et/ou à la
réhabilitation des ouvrages ou installations et ses modalités de recouvrement sont fixées par
voie réglementaire.
Les modalités visées au présent article peuvent être différentes selon qu’il s’agisse du
domaine de l’hydraulique urbaine et ou domaine de l’hydraulique rurale.
Art. 70 : Toute utilisation de l’eau est assujettie au paiement d’une redevance pour service
rendu calculée sur la base du volume d’eau mobilisé, afin de couvrir les coûts liés au
fonctionnement du service selon le principe «utilisateur-payeur».
Les principes de recouvrement des coûts et les principes tarifaires pour la détermination et la
fixation de la redevance pour service rendu due au titre de l’utilisation de l’eau sont fixés par
voie réglementaire.
Les modalités visées au présent article peuvent être différentes selon qu’il s’agisse du
domaine de l’hydraulique urbaine ou domaine de l’hydraulique rurale.
Art. 71 : Les dispositions des articles 69 et 70 ci-dessus s’appliquent à tout usager d’un
service public de l’eau.
Les recettes perçues au titre du service d’approvisionnement en eau doivent être entièrement
affectées au service de l’eau.
Les ministres en charge de l’eau et de la santé publique déterminent les conditions du contrôle
de la qualité de l’eau distribuée et veillent au respect des normes nationales de qualité de l’eau
destinée à la consommation humaine.
Art. 74 : L’Etat, les collectivités territoriales et, le cas échéant, le délégataire sont tenus de
fournir aux usagers les informations appropriées concernant la qualité et le prix de l’eau
distribuée.
Art. 75 : Dans la zone pastorale, les modalités d’implantation des points d’eau sont définies
par voie réglementaire en fonction des spécificités régionales ou locales, conformément au
plan d’aménagement communal, s’il existe.
Art. 76 : Dans la zone pastorale, l’accès des pasteurs et de leurs troupeaux aux ressources
hydrauliques peut aussi être assuré par des personnes privées par la création de points d’eau.
Les modalités de réalisation des ouvrages sont soumises aux dispositions prévues au titre VII
de la présente ordonnance.
La concession d’utilisation fixe les modalités de gestion et de contrôle.
Dans tous les cas, cette concession ne peut servir de prétexte pour un contrôle exclusif de
l’espace pastoral.
Art. 77 : Dans la zone pastorale, dans le cas de gestion par délégation de service public, le
droit d’usage prioritaire reconnu aux pasteurs est préservé.
Art. 78 : Dans la zone pastorale, dans le cas de gestion en régie d’un service public, les
pratiques coutumières pertinentes sont prises en compte dès lors qu’elles contribuent à la
durabilité du service et la pérennité des ouvrages.
Art. 79 : Dans l’espace pastoral, les points d’eau publics villageois peuvent être mixtes et
servir à la fois à l’alimentation en eau des populations et à l’abreuvement des animaux.
Dans ce cas, des voies d’accès auxdits points d’eau doivent être ouvertes pour l’abreuvement
des animaux, en particulier en saison de cultures.
Des voies d’accès aux eaux de surface sont aussi aménagées pour l’abreuvement des
animaux.
Art. 80 : Les modalités d’ouverture de couloirs de passage en zone de cultures pour l’accès à
l’eau pour l’abreuvement des animaux sont précisées par voie réglementaire.
Dans tous les cas, les autorités locales seront pleinement impliquées dans la délimitation
desdits couloirs de passage.
Art. 82 : L’Etat et les collectivités territoriales sont chargés, dans le cadre de leurs
compétences générales respectives, de la coordination et du contrôle à des fins de prévention
de situation de risques environnementaux et sanitaires liés à l’eau, ou toutes autres
circonstances de force majeure.
Art. 83 : Dans le cas où les circonstances ne permettent pas de satisfaire l’intégralité des
besoins en eau, l’Etat et les collectivités territoriales procèdent à la réglementation de
l’utilisation de l’eau disponible.
Ces modalités sont fixées par voie réglementaire.
Art. 84 : Les dispositions visées à l’article 83 ci-dessus peuvent concerner les eaux ne
relevant pas du domaine public.
Dans le cas où l’Etat ou les collectivités territoriales procèdent, en application des dispositions
de l’article 83 ci-dessus, à la mise à disposition du public d’un point d’eau ne relevant pas du
domaine public, les conditions de cette mise à disposition sont fixées par voie réglementaire.
Art. 85 : Les propriétaires ou occupants de terrains concernés par les dispositions prévues aux
articles 50, 51 et 52 de la présente ordonnance peuvent être indemnisés dans le cas où ils
subissent, de ce fait, un préjudice direct, matériel et certain.
Art. 86 : Les fonds inférieurs doivent recevoir les eaux de pluie ou des sources qui s’écoulent
naturellement, sans influence de l’homme. Cette servitude ne peut donner lieu à aucune
indemnité.
Le passage des conduites, des drains et autres canalisations visibles ou enterrées donne lieu au
paiement d’une juste et préalable indemnité.
Art. 87 : Les eaux usées provenant des habitations, des usines et autres exploitations peuvent
être évacuées par des conduites étanches et enterrées à travers les fonds intermédiaires
moyennant une juste et préalable indemnité.
Art. 88 : Toute personne désirant approvisionner une maison d’habitation en eau potable, peut
obtenir le passage de cette eau à travers les fonds intermédiaires moyennant une juste et
préalable indemnité.
Art. 89 : Tout propriétaire qui désire se servir des eaux naturelles ou artificielles en vue d’une
irrigation dont il a le droit de disposer, peut obtenir le passage de ces eaux sur les fonds
intermédiaires moyennant une juste et préalable indemnité.
Art. 91 : Tout propriétaire qui veut se servir d’une rivière, d’un lac ou d’une mare pour
l’irrigation de ses propriétés peut appuyer les ouvrages d’art ou instruments d’exhaure
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Art. 92 : Tout propriétaire riverain d’un cours d’eau, d’un lac ou d’une mare doit tolérer une
servitude de passage permettant la satisfaction des besoins ménagers et l’abreuvement de
bétail. Dans ce cas, le propriétaire riverain n’a pas droit à une indemnisation quelconque.
Art. 93 : En cas de contestation sur l’application des dispositions des articles 85 à 92 ci-
dessus, le litige sera porté devant une juridiction civile selon les règles de droit commun.
Art. 94 : Les infractions à la présente ordonnance sont constatées par procès-verbal notifié au
contrevenant par les officiers et agents de police judiciaire, les agents fonctionnaires
assermentés et commis à cet effet par les ministres chargés de l’hydraulique et de
l’environnement, de la santé publique, de l’urbanisme, des travaux publics, de l’agriculture et
de l’élevage.
Art. 95 : Les actions et poursuites sont exercées directement par les ministres visés à l’article
94 ci-dessus devant les juridictions compétentes et sans préjudice des prérogatives du
ministère public.
Art. 96 : Les agents et fonctionnaires visés à l’article 94 peuvent avoir accès aux domiciles
privés :
- soit en présence ou sur réquisition du procureur de la République ou du juge d’instruction ;
- soit sur mandat délivré expressément par les autorités judiciaires compétentes.
Dans tous les cas, les dispositions de l’article 52 du Code de procédure pénale doivent être
respectées.
Art. 97 : Seront punis d’un emprisonnement de deux (2) ans et d’une amende de un million
(1.000.000) de francs CFA à deux millions (2.000.000) de francs CFA ou de l’une de ces
deux peines seulement : ceux qui, sans autorisations prévues aux articles 44 à 46 de la
présente ordonnance, auront entrepris des aménagements, des activités, des travaux et la
construction d’ouvrages et d’installations.
Art. 98 : Seront punis d’un emprisonnement de trois (3) mois à un (1) an et d’une amende de
trente mille (30.000) à trois cents mille (300.000) Franc CFA ou de l’une de ces deux peines
seulement :
- ceux qui auront déposé des immondices, des ordures ménagères, des pierres, des graviers,
des bois dans le lit ou sur les bords des cours d’eau, lacs, étangs ou lagunes et canaux du
domaine public ou qui y auront laissé écouler des eaux infectées et nuisibles ;
- ceux qui auront enfoui des immondices, des ordures ménagères ou liquides usés et plus
généralement, commis tout fait susceptible d’altérer directement ou indirectement la qualité
des eaux souterraines ;
- ceux qui auront saboté des ouvrages ou des installations hydrauliques ;
- ceux qui s’opposent injustement à la réalisation de points d’eau privés ou publics.
Les peines pécuniaires ci-dessus sont portées au triple s’il s’agit d’une personne morale, sans
préjudice de l’application du principe pollueur payeur. L’autorisation d’exercice peut être
suspendue ou retirée, en fonction de l’ampleur de la pollution.
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Art. 99 : Seront punis d’un emprisonnement de cinq (5) ans et d’une amende de un milliard
(1.000.000.000) de francs CFA ou de l’une de ces deux peines seulement :
- ceux qui, sans autorisation préalable, auront déversé dans les cours d’eau, lacs, étangs des
eaux usées provenant des usines et établissements industriels, sanitaires ou scientifiques ;
- ceux qui auront déposé des déchets industriels dans le lit ou sur les bords des cours d’eau,
lacs, étangs ou lagunes et canaux du domaine public ou qui y auront laissé écouler des eaux
infectées et nuisibles ;
- ceux qui auront enfoui des déchets, corps, objets ou liquides d’origine industrielle
susceptibles d’altérer directement ou indirectement la qualité des eaux souterraines.
La sanction peut aller jusqu’au retrait de l’autorisation d’exploitation.
Art. 100 : Seront punis d’un emprisonnement de deux (2) à six (6) mois et d’une amende de
trente mille (30.000) à trois cent mille (300.000) francs CFA ou de l’une de ces deux peines
seulement, ceux qui, en violation des dispositions des articles 55 à 58 de la présente
ordonnance, auront exercé des activités interdites sur les périmètres de protection autour des
points de captage d’eau.
Il pourra en outre être ordonné la destruction de ces installations et le déguerpissement des
lieux de leurs auteurs sans que ceux-ci ne puissent prétendre à une quelconque indemnisation.
Art. 101 : Seront punis au double des peines d’emprisonnement et d’amendes prévues aux
articles 97 à 100 les récidivistes aux infractions prévues par la présente ordonnance.
Art. 102 : Un décret pris en Conseil des ministres, sur rapport du ministre en charge de
l’hydraulique, détermine : - les modalités et délais dans lesquels les propriétaires
d’installations ou d’ouvrages visés aux articles 44, 45 et 46 de la présente ordonnance, sont
tenus de déclarer lesdites installations et ouvrages construits ou exploités avant l’entrée en
vigueur de la présente ordonnance ;
- les modalités et délais dans lesquels les aires de protection des installations et ouvrages
existants, destinés à la consommation humaine feront l’objet de délimitation telle que visée
aux articles 50 et 51 ci-dessus ;
- les sanctions administratives qui peuvent être prises à l’encontre des propriétaires qui n’ont
pas souscrit à la déclaration exigée au premier tiret ci-dessus, sans préjudice des sanctions
pénales prévues à l’article 97 de la présente ordonnance.
Art. 103 : Les extensions ou modifications d’installations ou d’ouvrages restent soumises aux
dispositions de la présente ordonnance.
Art. 104 : Des textes réglementaires préciseront, en tant que de besoin, les modalités
d’application de la présente ordonnance.
Art. 105: Sont abrogées toutes dispositions antérieures contraires à la présente ordonnance
notamment modifiant et complétant l’ordonnance n° 93-014 du 02 mars 1993, portant régime
de l’eau au Niger, modifiée par la loi n° 98-041 du 07 décembre 1998.
Art. 106 : La présente ordonnance sera publiée au Journal Officiel de la République du Niger
et exécutée comme loi de l’Etat.
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