These Pelin GRE
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Mention Chimie
Spécialité Chimie Organique
Matthieu PÉLINGRE
Remerciements :
J’exprime également toute ma gratitude envers le personnel des différents services de l’UPJV
avec lesquels j’ai pu traiter et qui ont également permis le bon déroulement de ces travaux,
comme la plateforme analytique, l’École Doctorale STS ou le service administratif.
Je souhaite remercier le comité ECOS Sud, qui m’a permis d’effectuer un stage doctoral en
Argentine, ainsi que le Professeur Alicia S. COUTO, qui m’a accueilli dans son équipe lors de
ce stage. Je remercie également tous les membres du Département de Chimie Organique de
l’Université de Buenos Aires pour leur bienveillance et leur gentillesse. Un grand merci
également à mes collègues doctorants (maintenant docteurs) du DQO : Gustavo, Belén et
Lucas ; qui m’ont fait découvrir Buenos Aires, appris à faire du maté et avec qui j’ai passé de
très bons moments.
Je remercie les membres du LG2A pour leur bonne humeur, leur générosité, leur soutien et
leurs conseils. Je remercie Abed, le grand frère qui a été d’un grand secours, technique
comme psychologique, Sylvain et Rémi pour les bons moments passé au Sama’Rock (meilleur
festival, vivement la prochaine édition !) et au R4, ainsi que Carole pour m’avoir aidé dans de
nombreuses tâches administratives.
Je remercie mes camarades doctorants et postdocs pour les bons moments passés en leur
compagnie, les soirées mémorables et les galères surmontées. Spéciale dédicace aux
copains : товарищу Jamal за его неизменную поддержку на ResearchGate и бред, который
мы несли в Верховном Совете (да здравствует Родина!). À Sébastien, qui ne doit pas panic
sell sa thèse s’il veut un jour aller sur la Lune. Au général Teki qui m’a appris quand il faut
quitter le pouvoir. Au colonel mexicain Zak, grand maître du Kawarimi no Jutsu, qui a toujours
été là, dans les pires moments comme dans les meilleurs. Au musculeux Teddy, terreur des
Locustes, qui m’a fait découvrir les bienfaits du sport, qui m’a appris à devenir une meilleure
version de moi-même, à continuer de m’améliorer de jour en jour et qui m’a fait réaliser que
compter sur ses doigts c’était pas forcément évident, Paz sur toi nonobstant (en dépit de ent’s).
Merci à vous tous d’avoir été là, je vous souhaite le meilleur et j’ai hâte que nos chemins se
croisent à nouveau.
Je souhaite aussi remercier mes amis, sans qui je n’en serais pas là. Une grande pensée à
Leyth, Paul, Guigui, Poussin, Matthieu, PPT, Jonathan, Maxime, Baptiste, Laura, Gwen,
Sylvère, Hugues, Joris ainsi que Marina, Pierre, Seb et tous les autres conscrits de la 2010 !
Enfin, comment ne pas remercier ma famille qui a été d’un grand soutien pendant toutes ces
années, ainsi que pendant cette thèse ? Je vous aime.
FIGURE 53. REFLEXION SUR LA CINETIQUE DES DIFFERENTS CLIVAGES POSSIBLES A PARTIR DE 3 ................................................ 101
FIGURE 54. COMPARAISON DES SPECTRES FT-IR DE A) 3 ET B) 5 ...................................................................................... 102
FIGURE 55. COMPARAISON DES SPECTRES RMN 1H DE A) 3 ET B) 5 DANS CDCL3 A 298K ..................................................... 103
FIGURE 56. SPECTRE FT-IR DU COMPOSE 6 .................................................................................................................. 104
FIGURE 57. SPECTRE RMN 1H DE 6 DANS CDCL3 A 298K .............................................................................................. 105
FIGURE 58. COMPARAISON DES SPECTRES RMN 13C DE A) 2 ET B) 7 DANS CDCL3 A 298K .................................................... 106
FIGURE 59. REPRESENTATIONS A) LICORICE ET B) EN ISOSURFACE DE 7 C) ZOOM SUR LA REGION DE L'ACETATE ........................... 110
FIGURE 60. 1I,4VII-DI-O-TRIFLYL-2I-VII,3I-VII,6I-VII-HENICOSA-O-BENZOYL-MALTOHEPTAOSE 14 .............................................. 112
FIGURE 61. MS BASSE RESOLUTION ZQ DU BRUT CONTENANT 17 ..................................................................................... 113
FIGURE 62. HYPOTHESE EXPLIQUANT LA FORMATION DE 17 DANS L'ACETONITRILE ............................................................... 113
FIGURE 63. OUVERTURE ENVISAGEE POUR L’OBTENTION DE 4B......................................................................................... 114
FIGURE 64. SPECTRE FT-IR DE 4B ............................................................................................................................... 115
FIGURE 65. SPECTRE RMN A) 1H ET B) 13C DE 4B DANS CDCL3 A 298K ............................................................................ 116
FIGURE 66. SPECTRES RMN A) 1H ET B) 13C DE 8B DANS CDCL3 A 298K ........................................................................... 118
FIGURE 67. COMPOSE TRIPROPARGYLE 18 .................................................................................................................... 123
FIGURE 68. HRMS (ESI-TOF) DU SUPPOSE COMPOSE 9 A) TOTAL B) ZOOM C) SPECTRE SIMULE ............................................. 124
FIGURE 69. HRMS (ESI-TOF) DU SUPPOSE COMPOSE 10 A) TOTAL B) ZOOM C) SPECTRE REEL) .............................................. 125
FIGURE 70. SPECTRES RMN A) 1H ET B) 13C DU MELANGE DE 9 ET 19 DANS CDCL3 A 298K .................................................. 127
FIGURE 71. SPECTRES RMN A) 1H ET B) 13C DU MELANGE DE 10 ET 20 DANS D2O A 298K................................................... 128
FIGURE 72. MECANISME DE MIGRATION DE BENZOATE, FORMATION DE 9 ET 19 .................................................................. 129
FIGURE 73. MS BASSE RESOLUTION DU BRUT CONTENANT 21 EN FIN DE REDUCTION A L’AIDE DE PPH3 .................................... 130
FIGURE 74. MS BASSE RESOLUTION DU BRUT, EN FIN DE REACTION A L'AIDE DE DCC/NHS .................................................... 131
FIGURE 75. MS BASSE RESOLUTION DU BRUT CONTENANT 22 EN FIN DE REACTION, EN PRESENCE DE DIC ................................. 131
FIGURE 76. MS BASSE RESOLUTION DU BRUT AU BOUT D’UNE SEMAINE, CONTENANT DES OLIGOSACCHARIDES 3 A 5 FOIS OXYDES . 135
FIGURE 77. MS BASSE RESOLUTION DU BRUT AU BOUT D’UNE SEMAINE, NE CONTENANT PLUS QUE 12..................................... 136
FIGURE 78. COMPARAISON ENTRES LES SPECTRES RMN 1H DE A) 6 ET B) 12 DANS D2O A 298K ............................................ 138
FIGURE 79. COMPARAISON ENTRE LES SPECTRES RMN 13C DE A) 6 ET B) 12 DANS D2O A 298K ............................................ 139
FIGURE 80. COMPARAISON DES SPECTRES FT-IR DE A) 6 ET B) 12 ..................................................................................... 140
FIGURE 81. CCM (1-BUOH/ETOH/H2O 4:3:3) DU BRUT EN FIN DE REACTION AVEC DU LAURATE DE VINYLE ........................... 141
FIGURE 82. SPECTRE RMN DANS CDCL3 A 298K DU MELANGE LE PLUS PUR OBTENU APRES PURIFICATION ............................... 142
FIGURE 83. SYNTHESE DU COPOLYMERE PERHYDROXYLE 23 ET DE SON HOMOLOGUE TRIAZOLIUM 24 ...................................... 143
FIGURE 84. SPECTRES RMN 1H ET INTERPRETATIONS DE 23 ET 24 .................................................................................... 144
FIGURE 85. SYNTHESE DU COPOLYMERE PERHYDROXYLE 25 ET DE SON HOMOLOGUE TRIAZOLIUM 26 ...................................... 144
FIGURE 86. SPECTRES RMN 1H ET INTERPRETATIONS DE 25 ET 26 .................................................................................... 145
FIGURE 87. COMPOSES POTENTIELLEMENT ACCESSIBLES A PARTIR DE 12 ............................................................................ 148
Index des Schémas
Abréviations
[α] : pouvoir rotatoire spécifique mp : point de fusion
Ac2O : anhydride acétique MWCO : seuil de poids moléculaire
AcOEt : acétate d’éthyle NeuAc : acide N-Acetyl-Neuraminique
ADMP : hexafluorophosphate de 2-azido- NMR : Résonnance Magnétique Nucléaire
1,3-dimethylimidazolinium (RMN)
ANR : Agence Nationale de la Recherche Pd/C : palladium sur charbon
CD : cyclodextrine PG : groupement participant
DBU : 1,8-Diazabicyclo[5.4.0]undéc-7-ène r.t. : room temperature – température
DCM : dichlorométhane ambiante
DMC : chlorure de 2-chloro-1,3- Rf : rapport frontal, : Rapport frontal
diméthylimidazolinium SASA : solvent-accessible surface area
DMF : N,N-diméthylformamide SN2 Substitution nucléophile d'ordre 2
DMP : Periodinane de Dess-Martin TBTU : 2-(1H-Benzotriazole-1-yl)-1,1,3,3-
DMT-MM : 4-(4,6-dimethoxy-1,3,5-triazin- tetramethylaminium tetrafluoroborate, :
2-yl)-4-methyl-morpholinium chloride tetrafluoroborate de 2-(1H-
DP : degré de polymérisation Benzotriazole-1-yl)-1,1,3,3-
DTT : Dithiothréitol tetramethylaminium
E. coli : Escherichia coli TEMPO : 2,2,6,6-tétraméthylpiperidine 1-
eq : équivalent oxyl
ESI : Ionisation par électronébuliseur Tf2O : anhydride triflique
FT-IR : Spectroscopie infrarouge à TMS : triméthylsilyle
transformée de Fourier (IRTF) TMSN3 : azoture de triméthylsilyle
HOBt : Hydroxybenzotriazole TMSOTf : triflate de triméthylsilyle
HPh : hydrogène aromatique ToF : spectromètre de masse à temps de
HRMS : Spectrométrie de Masse Haute vol
Résolution V/ENH : unité de potentiel standard par
LG : groupement partant (leaving group) rapport à l'Électrode Normale à
LG2A : Laboratoire de Glycochimie, des l'Hydrogène (ESH)
Antimicrobiens et des Agroressources V/ESH : unité de potentiel standard par
MALDI : désorption-ionisation laser rapport à l'Électrode Standard à
assistée par matrice l'Hydrogène (ESH)
Introduction
Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour l’obtention de copolymères
à blocs
Cette thèse de doctorat a été réalisée au Laboratoire de Glycochimie, des Antimicrobiens et
des Agroressources (LG2A) sous la direction du Pr José KOVENSKY, directeur du laboratoire,
et du Dr Véronique BONNET, Maître de Conférences et HDR.
Cette thèse, intitulée « Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour
l’obtention de copolymères à blocs », est financée par l’Agence Nationale de la Recherche
(ANR, projet PRC OLIBLOCK ANR-17-CE08-0011-01).
Ce projet ANR a pour objectif de créer une nouvelle classe de matériaux biosourcés, sous
forme de copolymères à blocs, basés sur l’assemblage de monomères oligosaccharidiques
de longueur fixe. Les monomères oligosaccharidiques porteront 2 fonctions polymérisables,
identiques pour chaque monomère, à leurs deux extrémités. Ils seront également
fonctionnalisés par des groupements chimiques spécifiques. Ils formeront ainsi les blocs du
copolymère dans des assemblages alternés (Figure 1).
Pour permettre l’utilisation de ces copolymères dans des domaines comme le textile,
l’agroalimentaire, la pharmacie ou les cosmétiques, ainsi que dans une optique de
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 14
Introduction
Les propriétés de ces nouveaux biomatériaux seront testées chez notre partenaire Armines-
CEMEF MINES ParisTech (Nice Sophia Antipolis). Après une caractérisation approfondie, ils
essayeront de mettre en relation la structure des copolymères multiblocs obtenus avec leurs
propriétés physico-chimiques, en solution comme en masse, ainsi que leurs propriétés
mécaniques et de mise en forme. L’étude de ces différentes propriétés permettra d’évaluer les
performances de ces divers matériaux dans des les applications
Des essais d’augmentation d’échelle de production pour les copolymères les plus prometteurs
seront ensuite mis en œuvre, en utilisant des voies vertes pour la synthèse et la
fonctionnalisation des monomères.
La thèse, présentée dans ce manuscrit, porte sur la synthèse des monomères
oligosaccharidiques.
Plusieurs critères devront être respectés pour permettre un maximum de contrôle sur les
propriétés des polymères obtenus suite aux cycloadditions 1,3-dipolaire.
En premier lieu, les oligosaccharides devront être linéaires et présenter une fonction
polymérisable à chaque extrémité. Celles-ci devront être identiques pour un même monomère.
Nous devrons donc synthétiser deux types de monomères : des monomères portant deux
azotures d’une part et des monomères portant deux alcynes d’autre part. Nous devrions ainsi
obtenir des polymères purement linéaires avec un enchaînement périodique et régulier des
blocs, une fois les monomères fonctionnalisés.
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 15
Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour l’obtention de copolymères
à blocs
Pour pouvoir exercer un meilleur contrôle sur les propriétés des polymères, les monomères
oligosaccharidiques devront également présenter un nombre d’unités de sucre, ou degré de
polymérisation (DP), fixe. Ceci permet en effet de contrôler le nombre de groupements
fonctionnels par blocs, ces derniers devant être greffés spécifiquement sur les positions
primaires des sucres.
Enfin, la synthèse des monomères oligosaccharidiques devra être optimisée pour permettre
une production la plus rapide et aisée possible de ces monomères, à une échelle de l’ordre du
gramme (Figure 3).
Figure 3. Résumé des différents critères à respecter pour l'obtention des monomères oligosaccharides
Dans ce manuscrit, nous étudierons tout d’abord, dans un premier chapitre de l’Étude
bibliographique, les différentes méthodes d’obtention d’oligosaccharides linéaires de DP fixe
décrites dans la littérature. La comparaison de ces différentes méthodes nous permettra de
choisir la méthode de production la plus adaptée pour notre projet. Dans un second chapitre
de l’Étude bibliographique, nous verrons comment fonctionnaliser ces oligosaccharides pour
obtenir les différents monomères attendus. Nous verrons donc comment greffer deux azotures
ou deux alcynes à chacune de leurs extrémités, puis comment fonctionnaliser les positions
primaires par oxydation ou acylation.
Ensuite nous décrirons, dans un premier chapitre de la partie Résultats et discussion, une
première tentative d’obtention des différents monomères par acétolyse des cyclodextrines.
Pour permettre une production plus aisée des monomères, nous développerons, dans un
second chapitre, notre propre technique d’ouverture des cyclodextrines. Par la suite, nous
verrons comment obtenir les différents monomères souhaités, suite à l’ouverture des
cyclodextrines à l’aide de notre nouvelle technique. Nous comparerons alors les résultats
obtenus par acétolyse ou à l’aide de notre ouverture et nous fonctionnaliserons les positions
primaires des monomères oligosaccharidiques obtenus. Un dernier chapitre sera consacré à
la présentation des résultats obtenus lors des premiers essais de polymérisation par
cycloaddition 1,3-dipolaire à l’IMP de Lyon.
Enfin, les différentes synthèses et les caractéristiques des composés obtenus seront décrites
en partie expérimentale.
De nombreux oligosaccharides peuvent être trouvés à l’état naturel. C’est le cas, par exemple,
des oligosaccharides non digestibles, c’est-à-dire des oligosaccharides qui ne peuvent être
digérés dans l’intestin grêle, mais qui sont dégradés par la flore intestinale du colon.10
Ces oligosaccharides sont très recherchés dans les domaines de l’agroalimentaire et de la
santé. En effet, ces prébiotiques permettent, entre autres, de faciliter l’assimilation des sucres
lents, des minéraux et de favoriser l’épanouissement de la flore intestinale et du système
immunitaire.10
Ces oligosaccharides peuvent être extraits à l’aide de mélanges eau-alcools12,13, par filtration
de solutions à l’aide de membranes14 ou par extraction assistée par ultrasons15 (Tableau 1).
Les oligosaccharides extraits par ces techniques sont généralement les
fructooligosaccharides (GF) et les oligosaccharides de la famille du raffinose (RFO) (Figure
4).
Ils sont récupérés sous forme de mélanges de qualité alimentaire comprenant des degrés de
polymérisation différents ainsi que des impuretés (monosaccharides, lipides ou peptides).13–16
Ils ne sont utilisés qu’en tant qu’additifs alimentaires.
Filtration14
Méthode Extraction12 Ultrasons15
OI et UF NF et UF
eau + MeOH ou
eau + MeOH ou EtOH
Solvant EtOH à 0, 50 ou eau
entre 0 et 80% (v/v)
80% (v/v)
T°C 20, 50 °C ou bp 25 °C Entre 20 et 60°C
farine de soja
ail brimbelle
grillée
farine de coton topinambour nectarine
Source de
farine de pois eau de cuisson de soja poireau framboise
l’échantillon
mélange
oignon pastèque
alimentaire
échalote
DP saccharose saccharose saccharose
saccharose
2 (39%) (28%) (38%)
Mélange DP raffinose raffinose
raffinose (18%) raffinose 1-kestose
de 3 (4%) (5%)
glucides DP stachyose stachyose stachyose
stachyose nystose
extraits 4 (27%) (18%) (25%)
DP verbascose 1F-β-
/
5 (12%) fructofuranosylnystose
fructose fructose
fructose (2%) fructose
(<1%) (<1%)
protéines protéines
Impuretés glucose (2%) glucose
(10%) (9%)
NaCl (21%) NaCl (4%)
autre (19%) autre (18%)
(OI : d’osmose inverse, UF : ultrafiltration, NF : nanofiltration)
Ces procédés d’extraction sont généralement utilisés pour la valorisation des déchets
agroalimentaires, lors de l’optimisation d’un procédé industriel.17 Ainsi, le retraitement de l’eau
de cuisson des graines de soja permet, par exemple, d’extraire et valoriser le saccharose, le
raffinose et le stachyose. Ces oligosaccharides ont pu être extraits à l’aide d’une combinaison
de membranes d’osmose inverse (OI) ou de nanofiltration (NF) et de membranes
d’ultrafiltration (UF) avec un poids moléculaire seuil de 20 kDa (Figure 5).14,16
Selon de Moura et coll. l’hydrolyse des polysaccharides est la méthode la plus simple, la moins
couteuse et la plus reproductible à l’échelle industrielle pour l’obtention d’oligosaccharides.18
Par cette technique, peuvent être produits de nombreux oligosaccharides tels que, par
exemple, des arabinoxylooligosaccharides, fructooligosaccharides, xylooligosaccharides,
maltooligosaccharides, pecticoligosaccharides, chitinoligosaccharides …
Cette méthode requiert tout d’abord l’extraction des polysaccharides, qui seront par la suite
dépolymérisés par voie chimique19–21, physique (hydrothermique)22,23 ou enzymatique24,25.
La dépolymérisation par voie chimique nécessite l’utilisation d’un acide de Brønsted (HCl20,21,
H2SO419 …) ou d’une résine cationique20 H+ pour permettre l’hydrolyse en milieu aqueux du
polysaccharide. Cette dernière peut être accélérée par chauffage classique19–21 ou par
l’utilisation de micro-ondes (Figure 6)21.
Matériau
Oligosaccharide DP Enzyme Microorganisme Publication
brut
Contiero et
Fructooligo- inuline K. marxianus var.
/ inulinases coll.
saccharides (Yacon) bulgaricus
(2005)28
Michaud et
Maltooligo-
/ amidon α-amylases / coll.
saccharides
(2006)27
Mitsuoka et
Isomaltooligo- amidon α,β-amylases et α-
1à6 / coll.
saccharides (Maïs) glucosidases
(1988)29
Lertsiri et
amidon cyclodextrin
Cyclodextrines 6à8 Bacillus sp. coll.
(Sagou) glycosyltransferase
(2004)24
Shirai et
Chitinooligo- chitine Lecanicillium
/ chitinase coll.
saccharides (crevettes) fungicola
(2006)30
Pectin lyase Aspergillus nidulans
β-Galactosidase-1a Aspergillus niger
β-Galactosidase-2a Kluyveromyces lactis
Meyer et
Pecticoligo- pectine β-Galactanasea Aspergillus niger
2à8 coll.
saccharides (betterave) α-
Aspergillus aculeatus (2011)31
Arabinofuranosidasea
α-Arabinanasea Aspergillus aculeatus
RGI lyase Bacillus licheniformis
Pleurotus sp. Menezes et
Xylooligo- xylan Endo-1,4-β-xylanase BCCB068
/ coll.
saccharides (avoine) et β-xylosidase
Pleurotus tailandia (2009)32
/ = non précisé
a pour la dégradation des chaînes latérales de la pectine
De plus, des purifications chromatographiques ou par des membranes peuvent être utilisées
pour obtenir des oligosaccharides de degrés de polymérisation spécifiques. Ces méthodes
sont cependant peu utilisées, car onéreuses et difficiles à reproduire à l’échelle industrielle.18
Les oligosaccharides produits de cette manière sont donc majoritairement commercialisés
sous forme de mélanges de chaînes de degrés de polymérisation différents. La distribution
des chaînes et le degré de polymérisation moyen dépendent du polysaccharide de départ ainsi
que des méthodes de dépolymérisation et de purification utilisés.10,16,18
La majorité des oligosaccharides produits selon ces méthodes sont destinés à être utilisés,
encore une fois, en tant que compléments alimentaires.10,16,18 En effet, leurs niveaux de pureté
ne permettent pas d’autres applications, notamment dans le domaine des matériaux ou en
biologie.35
Des oligosaccharides peuvent cependant être obtenus avec des niveaux de pureté plus élevés
par polymérisation de mono ou de disaccharides.35
Selon Krasnova et Wong35, l’isolation de glucides naturels homogènes à grande échelle est
difficile, car la biosynthèse d’oligosaccharides in vivo dépend de nombreux facteurs
génétiques et environnementaux difficiles à contrôler.
Notons que des méthodes d’extractions semi-synthétiques ont pu être développées pour
permettre d’iolser spécifiquement certains oligosaccharides, comme le sialylglycopeptide
(SGP), un glycane biantennaire complexe, à partir d’œufs de poules ; ou des glycanes de
mannose branché (comme Man9GlcNAc) à partir de farine de soja.36 Il est ainsi possible
d’isoler 8 mg de SGP par œuf de poule37, ou 12 mg de Man9GlcNAc à partir de 500 g de farine
de soja.38 Une étude plus récente a également permis d’isoler 320 mg de 17 N-glycanes
différents (homogènes à plus de 95%), à partir d’un kilo de protéines de soja (soit environ 4 kg
de farine de soja).39
Pour ces cas spécifiques, l’extraction semi-synthétique des oligosaccharides est plus efficace
que la synthèse totale, bien qu’elle nécessite de grandes quantités de matières premières, qui
sont d’ailleurs ici des denrées alimentaires.38 Des méthodes de synthèses chimique et
enzymatique in vitro seraient toutefois plus adaptées pour la préparation de nombreux autres
échantillons homogènes et sans nécessiter autant de matières premières.35
Avant les années 80, la synthèse chimique était la principale, si ce n’est la seule, voie de
production des oligosaccharides.35 Cependant, celle-ci est soumise à de nombreuses
limitations interdépendantes.
Elle doit, par exemple, permettre un contrôle de la régiosélectivité et de la stéréosélectivité
dans la formation des liaisons glycosidiques. Pour ce faire, une différenciation des différents
hydroxyles à l’aide de protections orthogonales doit être effectuée. Elle permet de contrôler la
régiosélectivité de la glycosylation et des modifications postérieures.
Cela implique donc de nombreuses étapes de protection et déprotection sélectives qui
diminuent généralement l’efficacité et le rendement global de la synthèse.
Il faut également optimiser les conditions de réaction pour permettre la glycosylation de
substrats comprenant de nombreux groupements fonctionnels encombrants.
Chaque hydroxyle ayant des réactivités différentes, que cela soit au sein même d’un sucre ou
entre des sucres différents, il n’existe donc aucune méthode générale pour l’assemblage des
sucres.
Il est cependant possible d’obtenir des oligosaccharides complexes par synthèse chimique.
Parmi les plus complexes, Ye et coll.40 ont ainsi pu synthétiser un oligosaccharide de DP 92
avec un rendement global de l’ordre de 0,6% (sans compter les synthèses préalables des
building-blocks).
S’il est impossible d’introduire un PG en C-2, ou que le groupement en C-2 est non participant
(N3, OBn, OMe …), l‘orientation de la liaison glycosidique sera conditionnée par l’effet
anomère. L’obtention de liaisons 1,2-cis peut donc être favorisée par ce biais, par exemple,
dans le cas d’un D-glucose. Elle serait toutefois défavorisée dans le cas d’un D-Mannose. De
plus, cet effet étant relativement faible, il peut amener à la formation d’un mélange d’isomères
(Figure 9).
Schéma 2. Glucosylation α-spécifique stéréocontrôlée à distance par action d’un acétate en C-643
Des donneurs spécifiquement conçus avec des groupements esters participants à distance,
comme un acétate en C-6, ont cependant pu donner de bons résultats de sélectivité pour des
α-gluco (Schéma 2) et galactosylations. Ces cas restent malgré tout très spécifiques.43
Il est également possible d’utiliser l’action concertée de plusieurs groupements à distance pour
orienter l’attaque du nucléophile (Figure 10).
Il existe également d’autres moyens pour permettre un meilleur contrôle sur la stéréochimie
lors d’une glycosylation, comme la livraison intramoléculaire d’aglycone (Intramolecular
Aglycon Delivery, IAD).44 Certains solvants sont également connus pour avoir un impact sur
la stéréosélectivité des glycosylations. Ainsi, si les réactions dans l’acétonitrile produisent
majoritairement des liaisons β45,46, l’utilisation d’éthers comme le 1,4-dioxane, le THF ou le
diéthyléther formeront préférentiellement des liaisons 1,2-cis.46 Néanmoins, ces effets de
solvant sont encore mal compris. Deux hypothèses ont été avancées pour tenter de les
expliquer : l’hypothèse de la coordination avec le solvant47 et l’hypothèse, plus récente, de la
distribution des conformères et des contre-ions48.
Bien que les sucres orthogonalement protégés soient toujours au centre de la synthèse par
voie chimique, plusieurs méthodes ont été développées pour permettre la glycosylation de
donneurs et accepteurs partiellement ou non-protégés.
Ces méthodes reposent sur l’utilisation de catalyseurs permettant de contrôler la
régiosélectivité et la stéréosélectivité de la réaction par la formation de complexes.
Certaines reposent sur l’utilisation de catalyseurs organiques chiraux49 ou organoborés50. Ces
dernières utilisent la capacité du bore à former des complexes avec les 1,2 et 1,3-diols pour
orienter la réaction (Schéma 3).50–52
Pour simplifier la conception de ces monomères et transformer ces synthèses one-pot, très
spécialisées en chimie des sucres, en opérations de routine, une synthèse one-pot
programmable (POPS) a été développée par Wong et coll.56 Cette méthode permet, à partir
d’une base de donnée de 150 building-blocks thioglycosides et des prédictions sur 50 000
autres à l’aide d’une IA57, de construire de nombreux oligosaccharides avec les meilleurs
partenaires de couplage et des conditions de réaction adaptées58–60 Elle reste cependant
soumise à la disponibilité et à la réactivité des building-block thioglycosides.
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 26
Étude bibliographique
Pour augmenter l’efficacité d’une glycosylation avec un donneur ayant une faible réactivité,
une solution consiste à augmenter la quantité de donneur introduite dans le milieu.35,61 Cette
méthode peut cependant se révéler problématique lors de la purification, à moins de greffer le
substrat sur un support solide. Dans ce cas, le produit peut être facilement isolé par simple
filtration, et les impuretés éliminées par rinçage, une fois la réaction terminée.61
Pour permettre au donneur d’être introduit en large excès, le substrat greffé sur le support
solide sera l’accepteur. La croissance de la chaîne s’opérera donc de l’extrémité réductrice à
l’extrémité non-réductrice.
Schéma 5. Synthèse d'un disaccharide sur support solide par Frechet et Schuerch61
S’inspirant des synthèses de polypeptides ou des polynucléotides sur support solide, Frechet
et Schuerch61 développèrent en 1970 la première synthèse d’oligosaccharides sur support
solide. Ils réussirent ainsi à synthétiser un disaccharide de glucopyranosides liés en α-(1→6),
à partir de bromure de 2,3,4-tri-O-benzyl-6-O-p-nitrobenzoyl-β-D-glucopyranoside, par
greffage sur des billes de polystyrène (Schéma 5).
Une fois la synthèse terminée, l’oligosaccharide est clivé du support solide par ozonolyse.
Cette méthode présente, entre autres avantages, d’éliminer les étapes de purification
intermédiaires, ce qui permet donc d’automatiser le procédé.35,62
C’est en 2001 que Seeberger et coll.63 publient les prémices de ce qui reste à ce jour, selon
Krasnova et Wong35, la technologie la plus avancée pour la production d’oligosaccharide :
l’assemblage de glucides automatisé64 (AGA). Dans cette publication, Seeberger et coll.
proposent de modifier une machine initialement prévue pour la synthèse automatique de
peptides, pour permettre la construction chimique automatisée de différents oligosaccharides.
Tout comme pour la méthode de Schuerch et coll., l’accepteur de liaison glycosidique est relié
à un support solide (Figure 11), à base de polystyrène, pour permettre la croissance de la
chaîne de l’extrémité réductrice à l’extrémité non-réductrice. Cela permet, encore une fois, de
pouvoir introduire le donneur en large excès, si les réactifs présentent une faible réactivité.
Le donneur de liaison glycosidique, quant à lui, doit être conçu selon deux principes. Dans un
premier temps, il doit comporter un groupement participant en C-2, permettant l’orientation de
la liaison glycosidique. Il doit également présenter un groupement protecteur aisément clivable
sur l’hydroxyle qui servira d’accepteur pour le building-block suivant.
Une fois la croissance de la chaîne terminée, l’oligosaccharide est clivé de son support via
une réaction de métathèse des oléfines (Figure 11).
Grâce à cette technique, ils réussirent alors à synthétiser différents oligosaccharides. Ils
commencèrent par synthétiser des α-(1→2)-mannosides, avec des donneurs
trichloroacétimidates, comportant des acétates en tant que groupements participants et
temporaires. Ils obtinrent des oligosaccharides de DP 5 avec 74% de rendement, de DP 7 à
42% et de DP 10 à 34% (sans compter la synthèse des monomères, Figure 11). Il s’agit
cependant de rendements déterminés par RMN, avant clivage du support.63
Par la suite, ils synthétisèrent des β-glucanes branchés, éliciteur de phytoalexine, dans le but
de comparer leur méthode à celles déjà utilisées pour la synthèse de ces composés en
solution65 et sur support solide66. Ils utilisèrent des phosphates de glycosyles en donneur, des
groupements ester de levulinoyle en tant que groupements temporaires et des esters de
pivaloyle en groupement participant (Figure 12). Ils produisirent ainsi des DP 6 et 12 avec des
rendements de 80% et 50% (sans compter la synthèse des monomères), déterminés par
HPLC, là où de précédents travaux obtenaient des rendements globaux de l’ordre de 10 et
20% respectivement en solution65 et sur support solide66.
Le succès de cette première étude leur permit de créer le premier synthétiseur AGA
commercial entièrement automatisé : Glyconeer 2.164. Dans cette machine, les building-blocks
utilisés contiennent, pour la plupart, un groupement temporaire Fmoc sur l’hydroxyle qui
deviendra l’accepteur de glycosyl suivant. Celui-ci permet de suivre l’efficacité de la synthèse
par UV, à l’aide de traces de dibenzofulvène formé lors de la déprotection du Fmoc à chaque
glycosylation. Cette déprotection est généralement effectuée en conditions basiques par
l’action d’une base azotée (pipéridine, triéthylamine …) à 20% dans le DMF et à température
ambiante pendant quelques minutes.64,67
Il est maintenant possible de produire, grâce à AGA et Glyconeer 2.1, des oligosaccharides
complexes, à partir d’une bibliothèque de building-blocks en pleine expansion. La polyvalence
de cette méthode a d’ailleurs été démontrée avec la synthèse de nombreux glucides (Tableau
3).
Nb
Composé Rendement Qté isolée Publi
Étapes
20% 8 2,5 mg
16% 12 4,1 mg
21% 7 3,3 mg
11% 9 2,6 mg
3% 13 0,8 mg
4% 13 0,9 mg
8% 12 1,9 mg
7% 10 1,2 mg
n=3 74%a 10
n=5 42%a 14
n=2 50%b 17 /
n=4 89%b 9
37%b 10
Seeberger et
coll. 201564
13% 16
/
8% 16
13% 20 3,1 mg
12% 8 1,7 mg
Cependant, les quantités produites par Glyconeer 2.1, de l’ordre de quelques milligrammes,
limitent les utilisations des oligomères produits.67 Il est également nécessaire, pour cette
méthode, de concevoir et synthétiser au préalable des donneurs de glycosides avec des
protections orthogonales spécifiques. Ces synthèses peuvent se révéler ardues, avec de
faibles rendements. De plus, certaines glycosylations comme les β-mannosidations, ainsi que
la stabilité de certaines fonctions, comme les sulfates, restent encore un obstacle à l’AGA.69
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 30
Étude bibliographique
Une autre méthode de synthèse automatisée sur support solide consiste à greffer l’accepteur
par amidation sur les amines d’une résine TentaGel® dans une colonne HPLC. Les différents
donneurs sont ensuite injectés sous pression dans la colonne, en flux continu et à des débits
variants entre 0,5 et 1 mL.min-1. La réaction est suivie à l’aide du détecteur UV de l’HPLC.
Cette synthèse automatisée d’oligosaccharide, assistée par HPLC, développée par
Demchenko et coll.70, leur a permis, entre autres, de synthétiser 33 mg d’un pentasaccharide,
de 4 glucoses liés en β-(1→6) et d’un galactose terminal lié en β-(1→4), avec 67% de
rendement (sans compter les synthèses des building-blocks).
Si l’utilisation des enzymes en chimie était autrefois limitée à celles que l’on pouvait isoler du
vivant, le développement de deux technologies a permis de dépasser cette limite :
- l’ADN recombinant, une séquence d’ADN créée in vitro à partir de séquences
provenant de différentes sources ;
- la réaction en chaîne par polymérase (PCR), qui permet de dupliquer en grand nombre
une séquence d'ADN ou d'ARN connue, à partir d'une faible quantité d'acide nucléique
et d’une amorce spécifique.
Ces deux avancées majeures ont permis d’améliorer la capacité à surexprimer des enzymes
avec des stabilités, activités et spécificités optimisées.77
In vivo, les glycosidases et les phosphorylases clivent les liaisons glycosidiques en libérant
respectivement un sucre libre ou un glycoside-1-phosphate. Leur action principale consiste
donc à hydrolyser les oligo- et polysaccharides et non à les former.
Cependant, la catalyse enzymatique est une réaction équilibrée, et c’est la réversibilité de ces
transformations qui rend les glycosidases (Figure 13) et les phosphorylases utilisables pour la
synthèse des glucides. Le rendement de formation des liaisons glycosidiques ne dépasse
généralement pas 20-30% en raison de l'hydrolyse compétitive.35,77
Induire des transformations spécifiques au site actif de l’enzyme est une stratégie permettant
de modifier son action et, potentiellement, augmenter le rendement de la transglycosylation.
Withers et coll.85 créèrent ainsi la première glycosynthase en 1998, en mutant le résidu 358
d’une glycosidase, d’acide glutamique en alanine, pour inhiber l’activité hydrolytique de son
site actif (Figure 14).
Grâce à cette glycosynthase, ils réussirent à produire des mélanges de di, tri et
tétrasaccharides, liés en β-(1→4), avec des rendements totaux de l’ordre de 70 à 90%.
Depuis, les mutations sélectives du site actif et des techniques d'évolution dirigée sont
couramment utilisées pour générer des glycosynthases spécifiques, notamment pour la
synthèse de glycolipides.86–88
Il est également possible d’obtenir des oligosaccharides de DP plus élevés en favorisant
l’activité de transglycosylation de certaines enzymes sur des substrats oligosaccharidiques.
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 32
Étude bibliographique
Des mutations effectuées sur une amylase maltogène de Bacillus lehensis G1 ont, par
exemple, contribué à diminuer son activité d’hydrolyse au profit de la transglycosylation,
permettant la formation, à partir de maltotriose, de mélanges d’oligomaltoses avec des DP
pouvant aller jusqu’à 7.89
Pour pallier aux coûts et à la disponibilité des enzymes spécifiques nécessaires à la production
d’oligosaccharides78, une autre voie utilisant des cellules entières en tant qu’usines de
production a été développée.91
Dès 1994, Wong et coll. illustrèrent la possibilité d’utiliser des cellules d’Escherichia coli XL1-
Blue pour produire un disaccharide de mannose. Les α-1,2-mannosyl transférases produites
par E. coli permettaient alors la glycosylation entre deux unités de mannose, directement dans
le milieu de culture, et sans avoir besoin d’isoler l’enzyme.92
Figure 15. Système de production d'UDP-Gal et de globotriose par action combinée de 3 microorganismes 93
En 1997, Samain et coll. proposèrent, de leur côté, une stratégie de synthèse intracellulaire
d’oligosaccharides ne nécessitant qu’un microorganisme. Ils ont ainsi pu produire 2,5 g de
penta-N-acétyle-chitopentaose par litre de milieu de culture, en cultivant E. coli exprimant le
gène nodC d'Azorhizobium caulinodans, codant pour la chitooligosaccharide synthase.94
Le même principe a également été appliqué pour Figure 16. Biosynthèse in vivo95de LNT-2,
l’accumulation d’acide N-Acetyl-Neuraminique (NeuAc), précurseur de LNnT
dans une souche d’E. coli dépourvue d’activité d’aldolase de NeuAc. Cette accumulation a
permis la production de sialyllactose95 et de ses dérivés98, ou, plus récemment, du propargyle
de sialyl-Tn, un antigène qui a été utilisé pour la synthèse d’un candidat vaccin antitumoral99.
Des essais d’automatisation ont aussi été réalisés à l’aide de greffages sur support solides. 62
Le premier prototype de glycosynthétiseur enzymatique utilisait des glycosyltransférases
immobilisées et un substrat greffé sur support solide. Il a permis la synthèse d’un
sphingoglycolipide de DP 5 avec 40% de rendement.101
Plusieurs oligosaccharides complexes de DP 5 à 6, ont également été produits, à l’aide d’un
synthétiseur de peptides à micro-ondes, avec des rendements compris entre 27 et 38%.102
Les techniques que nous avons pu voir jusqu’ici sont utiles pour la production en routine, pour
la recherche, d’oligosaccharides complexes. Cependant, seulement quelques dizaines de
milligrammes de produits peuvent, pour le moment, être préparés par ces méthodes ou
nécessitent des compétences et du matériel très spécifique.
La production à plus grande échelle d’oligosaccharides linéaires de DP fixe peut alors être
menée à partir d’oligosaccharides naturels obtenus purs par des méthodes biotechnologiques
comme les cyclodextrines.
Pour obtenir, le plus rapidement et le plus aisément possible, des oligosaccharides de DP fixe
en plus grande quantité, l’ouverture des cyclodextrines (CD) est en effet, une alternative
efficace.
Elles sont composées de glucopyranoses liés en α-(1→4), formant ainsi des structures
proches de l’amylose (chaîne hélicoïdale avec un pas de 7 unités de glucoses liés en α-(1→4))
qui leur valent parfois les surnoms de cycloamyloses ou cyclomaltoses.
Elles sont généralement formées en mélange, mais il est possible de les séparer par
précipitation dans différents solvants, chaque cyclodextrine possédant des solubilités
différentes.104
La β-cyclodextrine (β-CD) est la moins chère des CDs disponibles sur le marché, car elle est
la plus simple à isoler. En effet, elle est beaucoup moins soluble dans l’eau que les deux
autres : 18.5 g.L-1 à 25 °C contre 145 et 232 g.L-1 pour, respectivement, les α et γ-CD.
Cette différence de propriété est due à la structure tridimensionnelle des CDs et de celle,
particulière, de la β-CD. Toutes les CDs natives possèdent une structure de cône tronqué avec
une cavité apolaire au centre (Figure 18). De part et d’autre de ce cône tronqué se trouvent
les hydroxyles portés par les C-6 d’une part, et ceux
portés par les C-2 et C-3 d’autre part. Ces deux
ensembles peuvent former, de chaque côté de ce
cône tronqué, deux ceintures de liaisons hydrogène.
Dans le cas d’une β-CD, la distance entre chaque
hydroxyle permet la formation de ceintures complètes
et plus stables de liaisons hydrogène. Cet
assemblage de liaisons hydrogène diminue donc la
possibilité de créer des liaisons hydrogène avec des
molécules d’eau, la rendant plus difficilement soluble
en milieu aqueux.105
Figure 18. Représentation conique d'une β -CD106
Ces copolymères trouvent des applications aussi bien dans le domaine médical (vecteurs de
principe actif117, anticoagulants118, biomarqueurs fluorescents125 …) que pour la fabrication de
semiconducteurs à hautes performances grâce à leurs excellentes propriétés
diélectriques119,128–130.
Ils peuvent aussi apporter des propriétés amphiphiles à des matériaux pour des utilisations en
tant que cristaux liquides, catalyseurs de transferts de phase, matériaux biocompatibles,
tensioactifs, épaississants… 123,126
L’intérêt pour l’obtention d’oligosaccharides de DP fixe remonte aux années 30.131 Il était, à
l’époque, nécessaire de disposer de composés, intermédiaires entre le maltose et
l’amylopectine, pouvant servir de modèle pour permettre l’étude de l’amidon. Le contrôle du
nombre d’unités de la chaîne oligosaccharidique permettait, en effet, d’appréhender des
réactions, chimiques ou enzymatiques, caractéristiques de l’amidon, plus facilement que sur
ce dernier, constitué d’un mélange de chaînes de différentes longueurs.131,132
Les premiers essais d’ouverture, par acétolyse ou hydrolyse, ne donnèrent à l’époque que des
rendements inférieurs à 15% ou des mélanges d’oligosaccharides de DP inférieurs.131–134
Figure 19. Exemple de composés accessibles par ouverture des CDs natives
Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour l’obtention de copolymères
à blocs
I.3.a Ouverture des cyclodextrines par acétolyse
C’est en 1990 que Lipták et coll.135 brevetèrent une méthode viable d’obtention d’oligomaltoses
peracétylés par acétolyse de cyclodextrines peracétylées en milieu anhydride acétique en
présence d’acide sulfurique. Pour favoriser le clivage d’une seule liaison glycosidique des
cyclodextrines par rapport aux clivages des liaisons glycosidiques des chaînes linéaires, ils
optimisèrent les conditions de réaction en faisant varier la température du milieu de 0 à 100 °C,
la concentration d’acide sulfurique entre 1 et 10 % ainsi que le temps de réaction (Tableau 4).
Ils obtinrent le meilleur résultat en chauffant le substrat à 50 °C, dans un mélange d’acide
sulfurique à 6% dans l’anhydride acétique, pendant 4 heures pour un rendement de 49% en
icosa-O-acétylmaltohexaose (Tableau 4, entrée 5).
Schéma 6. Acétolyse des cyclodextrines a) peracétylées et b) perbenzoylées développées par Kuzuhara et coll.136,137
Lipták et coll.113 essayèrent de substituer l’acide de Brønsted par un acide de Lewis (Schéma
7), pour permettre l’acétylation et l’ouverture en one pot, directement à partir des
cyclodextrines natives. Ils obtinrent les meilleurs résultats à l’aide de chlorure de fer, mais leurs
tentatives se soldèrent par des rendements inférieurs, entre 20 et 24 %, dus à une
augmentation de la formation de divers sous-produits.
En 1995, ils étendirent leur méthode aux CDs perbenzoylées et obtinrent des rendements de
51, 37 et 48% pour les α-, β- and γ-CD respectivement (Schéma 6b). C’est dans cette étude
que sont rapportés distinctement, pour la première fois, les spectres RMN 1H des
oligosaccharides obtenus, mettant notamment en évidence les signaux des protons H-4 des
extrémités non-réductrices, à 5.38, 5.36 et 5.38 ppm respectivement pour l’hexa, l’hepta et
l’octaoligomaltose. Ces signaux sous forme de triplets avec des constantes de couplage
respectives de 9.8, 10 et 9.8 Hz (couplage axial-axial) attestent la présence d’une unité de
glucose à cette extrémité. En effet, une unité de galactose, quant à elle, présenterait une
constante de couplage entre 3 et 5 ppm pour ce signal.137 Cette information était auparavant
déduite du pouvoir rotatoire.131–135 Les auteurs suivant se référeront généralement aux
spectres de cette publication137, sans nécessairement rapporter les spectres du proton de leurs
produits, pour corroborer la présence d’un glucose à l’extrémité non-réductrice.
L’ouverture par acétolyse à l’aide d’acide sulfurique a, par la suite, été améliorée par Djedaïni-
Pilard et coll.138, améliorant les rendements sur les CDs perbenzoylées jusqu’à 82% pour l’α-
CD, 76% pour la β et 70% pour la γ.
En 2001, Vasella et coll.109 proposèrent une alternative à l’utilisation d’acide sulfurique pour
l’ouverture des CDs peracétylées en le remplaçant par 4,6 équivalents d’acide perchlorique
aqueux à 70% (Schéma 10a).
Schéma 10. Ouvertures des cyclodextrines par acétolyse à l'aide d'acide perchlorique
En effectuant la réaction à 0 °C, ils obtinrent un rendement d’ouverture de 95% sur l’α-CD
peracétylée, accroissant également la stéréosélectivité de la réaction avec un ratio α/β de 9:1.
Cette méthode fut ensuite étendue par Lesur et al138 à la per 6-bromo-6-deoxy-β-CD
perbenzoylée, avec 30% de rendement (Schéma 10b).
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 40
Étude bibliographique
Cette diminution du rendement, observée par Djedaïni-Pilard et coll., était liée à l’augmentation
du nombre de sous-produits en fin de réaction. Selon eux, un chauffage plus important était
nécessaire, pour permettre l’ouverture de la per 6-bromo-6-deoxy-β-CD perbenzoylée dans
les conditions de Vasella et coll., entraînant cette augmentation du nombre de sous-
produits.138
L’utilisation d’acide perchlorique pour permettre l’ouverture de cyclodextrines modifiées sur
leurs positions primaires a, par la suite, été temporairement abandonnée jusqu’à ce que Gouin
et coll. réussissent l’ouverture d’une per 6-azido-6-deoxy-β-CD perbenzoylée, avec 85% de
rendement, en refroidissant le milieu à -20°C (Schéma 11).143
Schéma 11. Ouverture par acétolyse à l'aide HClO4 d'une per 6-azido-6-deoxy-β-CD perbenzoylée
Le Tableau 5 reprend les différentes conditions d'acétolyse pour l'ouverture des cyclodextrines
rapportées dans la littérature par ordre chronologique. Nous pouvons constater qu'en fonction
de la concentration en acide, la température et le temps d'agitation sont des facteurs
importants. Nous pouvons également conclure que l'acide perchlorique à 0°C a conduit aux
rendements les plus élevés.
Tableau 5. Résumé des différentes conditions d'ouverture par acétolyse par ordre chronologique de publication
Groupes protecteurs
Acide [acide] CD [CD] T°C Temps Ratio α/β Rendement CD recyclée Références
C-2 et C-3 C-6
H2SO4 1,2 M α / Ac 50 °C 4h / 48% / Lipták et coll. 1990135
α 5.3:1 47% 46%
H2SO4 0,373 M β / Ac 50-60 °C 20h 41% 49% Kuzuhara et coll. 1991136
/
γ 52% 37%
α 0,036 M 32h 51% 36%
H2SO4 1,373 M β 0,086 M Bz 50°C 29h / 37% 54% Kuzuhara et coll. 1995137
γ 0,015 M 27h 48% 39%
α / 20%
FeCl3 0,074 M β 0,296 M OH puis Ac a
r.t. puis 70 °C 2,5 puis 3,5h b
9:1 22% / Lipták et coll. 1997113
γ / 24%
HClO4 0,087 M α 0,019 M Ac 0 puis 23°C 20 puis 2h >9:1 95% / Vasella et coll. 2001109
HClO4 0,074 M γ 0,011 M Ac 0 puis 23°C 20 puis 2h 10:1 80% / Vasella et coll. 2002110
α 0,035 M 60 °C 30h 82% 15%
0,373 M β 0,080 M Bz 55 °C 42h 76% 12%
γ 0,015 M 50 °C 35h 70% 17%
H2SO4
0,560 M 0,021 M Ac Br 28h 16% 78%
57 °C Djedaïni-Pilard et coll.
0,666 M β 0,099 M Bz Br 30h / 32% 58%
2005138
0,373 M 0,102 M Bz N3 55 °C 30h 30% 66%
0,086 M α 0,019 M 22h 60% 30%
Ac 0 °C
HClO4 0,084 M 0,018 M 20h 35% 55%
β
0,086 M / Bz Br 0 puis 36 °C 2 x 20h 30% /
HClO4 0,087 M β 0,019 M Bz N3 -20 °C / / 85% / Gouin et coll. 2011143
0,043 M 1 I and 6 Bz 70% 9% Djedaïni-Pilard et coll.
H2SO4 0,373 M β Bz 55 °C 24h /
0,044 M 1 N3 and 6 Bz 73%c 10% 2012142
/ = non précisé
a peracétylation des cyclodextrines natives en one pot avant l’acétolyse
b 2,5h à r.t. pour la peracetylation, 3,5h à 70°C pour l’ouverture
c un seul régioisomère obtenu
Étude bibliographique
Si les spectres RMN 1H des oligosaccharides obtenus, nous permettant de vérifier la présence
d’un glucose à l’extrémité non-réductrice, ne sont pas systématiquement rapportés dans la
littérature, les ratios des anomères α et β ne le sont pas non plus. Nous pouvons cependant
remarquer que, lorsqu’ils le sont, l’anomère α est généralement majoritaire.
Bien qu’aucune étude mécanistique, qui nous aurait permis de comprendre la prédominance
de l’anomère α ou la rétention de configuration de l’unité non-réductrice, n’ait été
spécifiquement réalisée sur les ouvertures par acétolyse des cyclodextrines, le mécanisme
d’ouverture devrait se rapprocher du mécanisme avancé par Rosenfeld et Ballou (Figure 20)
sur l’acétolyse des disaccharides144 ou de ceux étudiés par Kaczmarek et coll.145,146 sur des
pyranosides d’éthyle et de méthyle.
Pour proposer leur mécanisme, Rosenfeld et Ballou ont étudié l’acétolyse sur 17 disaccharides
composés de différents sucres, liés entre eux par diverses liaisons glycosidiques, ainsi que
sur un trisaccharide de mannose.
Leur mécanisme, représenté sur la Figure 20, s’initie par l’attaque d’un ion acétylium
(CH3C≡O+, noté Ac+), formé par réaction entre l’anhydride acétique et l’acide sulfurique, sur
l’oxygène du sucre non-réducteur a (ou a’ en fonction de la stéréochimie). S’ensuit alors l’étape
limitante selon les auteurs, l’ouverture du cycle constituant le sucre b ou b’, pouvant être
stabilisée par assistance anchimérique dans le cas d’une liaison glycosidique 1,2-trans
(intermédiaire c). Que cela soit en partant du sucre a ou de a’, s’opère ici un équilibre entre
les intermédiaires c et c’, qui, en cas de fermeture du cycle à ce stade et perte d’Ac+, aboutira
à un mélange de a et a’, même si le disaccharide de départ était, stéréochimiquement pur,
c’est l’anomérisation. Cela ne semble cependant pas se produire dans le cas des CD, car les
signaux des C-1, généralement bien définis en RMN 13C, ne présentent pas de modification
de leur déplacement chimique en ce sens, mais cela pourrait être dû à des contraintes
stériques. De plus, à notre connaissance, aucune anomérisation des chaînes linéaires
obtenues n’a été reportée dans la littérature, dans les conditions d’acétolyse.
D’un autre côté, si c ou c’ sont attaqués par un acétate (ou selon Rosenfeld et Ballou, par un
anhydride acétique avec perte d’un ion acétylium), pour former les acétals d et d’. Il y aurait
ensuite attaque nucléophile du O-5 puis, soit perte d’anhydride acétique, et donc
anomérisation, soit formation des sucres e et g, par perte de AcOR. Si R est un sucre, il
conserve donc sa configuration, expliquant ainsi l’obtention d’un glucose à l’extrémité non
réductrice après acétolyse des cyclodextrines.
Enfin, les sucres e et g sont eux-mêmes soumis à l’anomérisation, déplaçant l’équilibre vers
le plus stable des deux thermodynamiquement, en passant par l’intermédiaire f. C’est
pourquoi, en extrapolant ce mécanisme à l’ouverture des cyclodextrines, un mélange des deux
anomères est obtenu, mais dans lequel l’anomère α est majoritaire, car stabilisé par effet
anomère.144
Les mécanismes proposés par Kaczmarek et coll.145,146 sont, quant à eux, sensiblement les
mêmes, R étant remplacé par un méthyle ou un éthyle. Ces mécanismes, bien que basés sur
des mesures empiriques, pourraient cependant être soumis à des études plus poussées,
grâce à des techniques actuelles, comme la QM/MM (Quantum Mechanics/Molecular
Mechanics) en chimie théorique.147,148
Bien que l’acétolyse soit une manière efficace d’obtenir des oligosaccharides de DP fixe, de
nombreuses étapes peuvent être requises pour fonctionnaliser ses extrémités. 108–110,115 Cela
passe parfois par la déprotection totale de toutes les fonctions esters de l’oligosaccharide
obtenu, la différence de réactivité entre un benzoate et un acétate ne permettant pas forcément
une déprotection assez sélective.
C’est l’option qui a été choisie par Vasella et coll.109,110 pour la synthèse d’un maltohexaose
dipropargylé (Figure 21). Dans cette synthèse, après avoir placé un groupement donneur de
glycosyles en C-1I, l’oligosaccharide est totalement déprotégé puis reprotégé par des
groupements 4-chlorobenzyles après formation d’un benzylidène entre le C-4VI et le C-6VI. Ces
groupements ont pour avantage de pouvoir être clivés à l’aide de chlorure de fer(III), ce qui
permet d’éviter l’utilisation d’une déprotection agressive envers les alcynes, greffés par la
suite, contrairement aux groupements benzyles classiques. Une glycosylation est ensuite
effectuée pour placer un propargyle en C-1I, le benzylidène ouvert sélectivement pour
permettre l’accessibilité au C-4VI, qui est, à son tour, fonctionnalisé.
D’autres essais d’ouverture ont donc été étudiés pour répondre à cette problématique, comme
la thiolyse149, l’hydrolyse150, ou la chloration avec TiCl4151. Ces ouvertures ont toutes été
réalisées sur des CD per-O-alkylées.
La thiolyse est menée avec un rendement de 28 à 41% et permet de greffer, en une étape, un
thiophénol en C-1I par S-glycosylation et un groupement triméthylsilyle (TMS) en C-4 de l’unité
non réductrice. Le produit ne pouvant être directement purifié à cause du clivage du
groupement TMS sur la colonne de silice, ce dernier est déprotégé en présence de
triéthylamine et remplacé par un benzoate à l’aide de chlorure de benzyle.
Un benzoate protège alors l’extrémité C-4 de l’unité non réductrice de l’oligosaccharide obtenu
après purification (Schéma 12). L’unité non-réductrice des oligosaccharides obtenus est de
type glucose comme l’attestent les signaux des protons H-4 de ces unités à 5.56, 5.49 et
5.52 ppm pour les hexa, hepta et octaoligomaltosides, avec des constantes de couplages 9.7,
9.5 et 10 Hz. Aucun mécanisme n’a été proposé pour cette réaction.
Dans le cas de l’hydrolyse, le produit dihydroxylé a tout d’abord été obtenu par Ikeda et coll.150
avec un rendement de 31%. Pour ce faire, l’α-CD était traitée par une solution aqueuse d’acide
perchlorique à 30%, à température ambiante, pendant 42h (Schéma 13a). Cette ouverture a
connu plusieurs améliorations par la suite111,112, notamment en diminuant arbitrairement le
temps de réaction, mais c’est en 2018 qu’Ishida et Fukuhara152 publièrent une étude leur
permettant de trouver le temps de réaction optimal, au bout duquel le moins de sous-produits
seraient générés, pour une conversion maximale des CD en oligosaccharides linéaires. Ils
s’aperçurent, tout d’abord, que la RMN de tels produits, bien que donnant des spectres
satisfaisants, comparés à la littérature, ne permettait pas d’obtenir des informations suffisantes
sur leur niveau de pureté, ou de permettre un suivi de réaction. En effet, dans la région des
protons portés par les carbones des sucres, les signaux se chevauchent et ne permettent ni
des attributions ni des intégrations précises (Figure 22).
Figure 22. Spectre 1H du maltohexaose obtenu par hydrolyse de l’α-CD perméthylée (SI152)
Il devient alors difficile, voire impossible, de distinguer le composé majoritaire de certains sous-
produits, comme des chaînes de DP inférieures. Ils décidèrent donc de soumettre leurs
échantillons, ainsi que de suivre l’évolution de l’ouverture au cours du temps à l’aide d’un
spectromètre de masse à temps de vol (ToF), par désorption-ionisation laser assistée par
matrice (MALDI), pour plus de précision dans leurs mesures.
Grâce à ce suivi, en supposant que l’ionisation est équivalente entre les différents composés
étudiés, ils remarquèrent, pour l’α-CD que la quantité de maltohexaose obtenue augmentait
graduellement de 33% au bout de 5h, jusqu’à 52% au bout de 24h, puis diminuait avec
l’augmentation de la vitesse de formation des sous-produits de DP inférieurs. Comme ces
derniers se formaient très peu lors des premières 24h, cela leur permettait à la fois d’obtenir
plus aisément du maltohexaose avec un très bon niveau de pureté, mais également de
recycler une partie de la CD non consommée, chose impossible après plusieurs jours de
réactions et une augmentation du nombre de sous-produits.152
En étendant ces conditions aux autres cyclodextrines, ils obtinrent des oligosaccharides de
DP 6, 7 et 8, à partir des α, β et γ-CD, avec des rendements respectifs de 52, 46 et 70%, tout
en recyclant 24, 30 d’α et de β (Schéma 13b).
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 46
Étude bibliographique
Schéma 13. Hydrolyses des cyclodextrines perméthylées de a) Ikeda et coll.150 b) Ishida et Fukuhara152
Les différents auteurs n’ont pas proposé de mécanismes concernant ces ouvertures. Un
mécanisme potentiel, étudié par Vaitkus et coll.153 sur l’hydrolyse de la β-CD native, pourrait
cependant correspondre (Figure 23). Contrairement au mécanisme proposé par Rosenfeld et
Ballou pour l’acétolyse, l’attaque de l’électrophile, ici un proton H+, n’est pas orientée sur
l’oxygène du cycle, mais sur celui participant à la liaison osidique. L’étape limitante est
l’ouverture de la CD avec départ du sucre qui devient l’unité non-réductrice de
l’oligosaccharide (ROH sur la Figure 23), conservant donc sa configuration. Se forme alors, à
l’extrémité réductrice, un ion oxocarbénium qui réagira avec une molécule d’eau du milieu.
L’anomérisation de l’oligosaccharide obtenu, non protégé sur sa position anomérique, étant
très rapide dans l’eau, le ratio d’anomères α/β sera variable et dépendra, par exemple, de la
température du milieu.153
Schéma 14. Ouverture cationique sur les cyclodextrines perméthylées par TiCl 4151
Dans des études précédentes, les auteurs présentaient d’autres ouvertures cationiques des
CD, avec divers acides de Lewis, comme Et3O+X- (X = PF6, SbCl6), BF3.Et2O ou MeOTf.121,122
Ces ouvertures, réalisées dans le dichlorométhane (DCM) anhydre, avaient pour particularité
de permettre la polymérisation directe des oligosaccharides obtenus selon la réaction
présentée dans la Figure 24a. L’étape de terminaison, réalisée par hydrolyse, avec l’addition
d’une solution de NaHCO3 saturée, permet d’obtenir des polysaccharides de glucose
perméthylés ( ̅̅̅̅
𝐷𝑃𝑛 > 100) pouvant être fonctionnalisés à chaque extrémité. Le ̅̅̅̅ 𝐷𝑃𝑛 des
polysaccharides obtenus n’est cependant pas forcément un multiple du DP de la CD utilisée.
En effet, des réactions de transfert de chaînes comme présentées sur la Figure 24b, ainsi que
des réactions de dégradation par hydrolyse des chaînes linéaires peuvent survenir avec une
fréquence croissante au cours de la réaction.121,122
Dans le cas de l’ouverture à l’aide de TiCl4, la polymérisation ainsi que les réactions de
transfert de chaînes sont très limitées, l’espèce réactive oxocarbénium étant neutralisée par
chloration sur le carbone anomérique directement après l’ouverture (Figure 25).151
Comme nous avons pu le voir dans cette partie, toutes ces ouvertures alternatives à l’acétolyse
permettent l’obtention d’oligosaccharides dont les extrémités peuvent être facilement
fonctionnalisées. Cependant, ces méthodes présentent un inconvénient majeur : les
groupements protecteurs O-méthyles utilisé, ne peuvent pas être clivés pour permettre la
substitution sur les autres positions, et ainsi de plus larges applications.
Figure 27. Représentation schématique de l’ouverture d’une β-CD modifiée par l’action de CGTase et AMG158
En effet, l’affinité de certains résidus du site actif (ceux du sous-site -2 de la Figure 27) et la
non-affinité (à l’exception du sous-site +1 dans le cas de AMG) des autres sous-sites pour
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 50
Étude bibliographique
l’unité de glucose oxydée ne permettent pas la dégradation des chaînes linéaires obtenues en
chaînes de DP inférieurs. Cette technique nécessite cependant l’obtention au préalable d’une
cyclodextrine dont le C-6 d’une unique unité aurait été oxydé.
Une autre manière d’éviter la dégradation des chaînes linéaires produites, lors de l’ouverture
d’une cyclodextrine native, consiste à utiliser une enzyme dont la cinétique de dégradation des
chaînes linéaires est plus lente que la cinétique d’ouverture des cyclodextrines. En utilisant
une amylase thermostable de Pyrococcus furiosus (PFTA), Park et coll.159 réussirent de cette
manière, à produire des mélanges constitués à 90% de maltohexaoses, maltoheptaoses et
maltooctaoses, à partir des 3 différentes cyclodextrines, et à 10% de chaînes de DP inférieurs
(Figure 28). Pour obtenir ces résultats, le milieu réactionnel, contenant la cyclodextrine et
l’enzyme dans un tampon acétate de sodium (pH = 4,5), doit être incubé pendant 10 minutes
à 85°C, puis neutralisé 1h à ébullition. Le mélange est purifié sur colonne chromatographique
à base de résine hydrophobe butyl-Sepharose pour obtenir les oligosaccharides d’une part,
puis les cyclodextrines qui sont réutilisées dans une nouvelle réaction. Les quantités
d’oligomaltoses produits à chaque itération ne sont cependant pas fournies.
Figure 28. Différence de cinétique entre l'ouverture et la dégradation des chaînes par PFTA159
Une dernière approche, rapportée par Shim et coll.160 consiste, par ingénierie protéique, à
modifier des CGTase, dont l’activité principale est de produire des CD à partir d’oligomaltoses,
pour effectuer la réaction inverse. Ainsi, par mutation de la CGTase de Bacillus sp. I-5
alcalophile, ils réussirent à diminuer l’affinité du site actif pour les oligosaccharides linéaires
par rapport aux CD, déplaçant l’équilibre vers la formation, à partir de celles-ci, des
oligomaltoses et diminuant l’hydrolyse de ces derniers.
Comme nous avons pu le voir dans ce chapitre, il existe différentes méthodes pour permettre
l’obtention d’oligosaccharides. Chacune d’entre elles présente ses avantages et ses
inconvénients (Tableau 6).
En effet, l’extraction directe, ou la dépolymérisation de polysaccharides extraits de sources
naturelles, permettent d’obtenir de grandes quantités d’oligosaccharides, notamment utilisés
en industrie agroalimentaire. Toutefois, ces oligosaccharides de qualité alimentaire sont
constitués d’un mélange de chaînes de différents DPs et présentent de nombreuses
impuretés, les rendant inadaptés pour nos travaux. La mise au point de méthode de purification
de tels mélanges et, de plus, ardue et réduirait la production d’oligosaccharides de DP fixes à
seulement quelques milligrammes.
D’un autre côté, la polymérisation de mono ou disaccharides, par voie chimique comme
enzymatique, permet actuellement la production de nombreux oligosaccharides complexes,
de DP fixe et avec un haut niveau de pureté. Grâce aux progrès techniques des vingt dernières
années, certaines techniques de croissance des chaînes peuvent même être automatisées
grâce à l’utilisation de supports solides. Des logiciels ont également été développés pour
permettre de trouver rapidement les meilleurs monomères, et conditions de réactions
associées, pour la synthèse d’un oligosaccharide donné. Toutefois, les quantités
d’oligosaccharides produites par ces techniques ne dépassent que rarement la centaine de
milligrammes, pour le moment. Ces quantités sont insuffisantes pour nos travaux, mais il est
possible qu’à l’avenir une amélioration de ces techniques puisse conduire à la production de
plus grandes quantités d’oligosaccharides complexes.
Figure 29. Positions à modifier sur les maltoheptaoses obtenus après ouverture
Nous verrons, dans un premier temps, quelles sont les méthodes nous permettant d’introduire
deux azotures en C-1 et C-4 de chaque extrémité. Nous explorerons ensuite les différentes
techniques permettant d’obtenir un alcyne sur ces mêmes positions. Enfin, nous étudierons
l’introduction de groupements fonctionnels spécifiques des positions primaires des sucres, par
oxydation de ces positions en carboxylates, ou par acylation à l’aide d’acides gras.
II.1. Azidation
L’introduction d’un azoture a souvent été utilisée en chimie des sucres pour permettre l’accès
à des amines. En effet, il existe diverses méthodes de réduction des azortures en amines, que
cela soit via la réaction de Staudinger (Figure 30), des réactions d’hydrogénations catalytiques,
ou à l’aide de thiols, d’hydrures, ou de complexes de bore.163
Figure 30. Réaction de Staudinger suivie d'une hydrolyse, formation d'une amine
La différence de stabilité, sous diverses conditions, entre les amines et les azotures permet
également d’utiliser ces derniers comme des amines masquées. Le développement, à partir
des années 90s, des réactions de transfert diazoïque, dont nous reparlerons au paragraphe
II.1.b, ont permis de faciliter l’usage des groupements azotures en tant que groupement
protecteur des amines.163,164
C’est en 1930 que fut rapportée par Bertho, pour la première fois, la synthèse d’un sucre
comportant une fonction azoture. Il synthétisa du 2,3,4,6-tétra-O-acétyl-β-1-Azido-1-deoxy-D-
glucopyranose, en chauffant à 100 °C, pendant 4 heures, un mélange de 2,3,4,6-tétra-O-
acetyl-α-1-Bromo-1-deoxy-D-glucopyranose et d’azoture de sodium dans l’acétonitrile, avec
un rendement de l’ordre de 50% (Figure 31).165
De nombreuses méthodes ont, par la suite, été développées pour permettre l’introduction
d’azotures sur différentes positions.164
Selon Beckmann et Wittman164, la méthode la plus couramment utilisée pour l’introduction d’un
azoture sur un sucre consiste à substituer un groupe partant (LG) par un azoture. En effet, ces
réactions sont nombreuses, dérivées avec divers LG, sur toutes les positions des sucres, aussi
bien à chaud qu’à température ambiante et avec des rendements de 75 à 99% (Tableau 7).
Le solvant le plus couramment utilisé est le DMF, car il permet de dissoudre aussi bien
l’azoture de sodium que les sucres protégés et la température, quant à elle, influera sur la
cinétique de réaction. On peut alors distinguer les substitutions sur le carbone anomérique (C-
1), sur les positions primaires (C-6) et sur les positions secondaires (C-2, C-3 et C-4).
Tableau 7. Exemples de réactions de substitution permettant l’obtention d’azotures sur différentes positions
166
Br NaN3 DMF 100 °C 2h 75%
C-1 Glucose pentaacétate OAc TMSN3, SnCl4 DCM r.t. 24 h quant. 168
D2O/MeCN 170
Glucose / ADMP, NEt3 0°C 3h 93%
(4:1)
171
époxyde NaN3 DMF/H2O 120 °C 12 h 76%
C-2
172
OTf NaN3 DMF 70 °C 4,5 h 95%
Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour l’obtention de copolymères à blocs
1-imidazole 173
NaN3 DMF 100 °C 2h 96%
sulfonate
H2O, 2-
174
époxyde NaN3, NH4Cl methoxy- reflux / 92%
éthanol
175
OTf NaN3 DMF 60 °C 8h 76%
C-3
MW : 176
OTs* NaN3 H2O 1h 95%
100 °C
177
OMs** NaN3 P(NMe2)3 90 °C 1h 95%
4-
179
bromobenzene- NaN3 DMF r.t. 12 h 96%
sulfonate
Étude bibliographique
NaN3,
N,N,N',N'- 180
Cl DMF 150 °C 2h 96%
tétraméthylu
rée
181
Br NaN3 DMF 70 °C 6h 99%
182
I NaN3 DMF 60 °C 20 h 100%
C-6
183
OMs NaN3 DMF 85 °C 1,5 h 96%
NaN3,
184
OTf [dihexaEGim] MeCN 80 °C 1h 98%
[OMs]***
185
OTs**** NaN3 DMF 80 °C 4h 86%
* il y aurait, selon les auteurs, formation d’un époxyde dans ces conditions, d’où le résultat
** une seule substitution
***
**** introduit sans protéger les autres positions
Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour l’obtention de copolymères
à blocs
La méthode la plus ancienne165, et la plus largement utilisée pour la préparation des azotures
de glycosyle, consiste à traiter un halogénure de glycosyle peracétylé par de l’azoture de
sodium.186 Des réactions monophasiques et homogènes, notamment dans le DMF, ont été
développées en premier lieu, mais elles nécessitent des températures plutôt élevées.166
À partir des années 90s, l’utilisation de catalyseurs de transfert de phase a permis d'effectuer
ces substitutions dans des conditions plus douces, augmentant ainsi le rendement (Figure
32).167
Figure 32. Substitutions d' halogénures de glycosyle par NaN3 en milieu a) mono166 et b) biphasique167
Les halogénures de glycosyle étant plutôt instables, des synthèses séquentielles ont
également été développées pour éviter d’avoir à les isoler, avec des rendements entre 80 et
90% (Schéma 16).187
Il est également possible de produire les azotures de glycosyles directement à partir d’acétates
de glycosyles en présence d’azoture de triméthylsilyle (TMSN3) et d’un acide de Lewis. Cette
méthode permet, de plus, d’éviter de recourir à des halogénures (Schéma 17).188
L’obtention spécifique d’azotures de glycosyle de configuration 1,2-trans est facilité dans ces
méthodes grâce à l’assistance de l’acétate du C-2.
Les azotures de glycosyles 1,2-cis peuvent être obtenu par réaction SN2 entre de l’azoture de
sodium et un halogénure de glycosyle 1,2-trans (Figure 33a), ou entre de l'azoture de
triméthylsilyle et un acétate de glycosyle protégé par des groupements éthers pour éviter l’effet
d’une assistance anchimérique (Figure 33b).186
À la fin des années 2000s, des réactions d’azidation à l’aide d’azoture de sodium et de chlorure
de 2-chloro-1,3-diméthylimidazolinium (DMC ou réactif de Shoda), ont également été
brevetées, permettant l’obtention d’azotures de glycosyles en une étape à partir de mono- (a)
ou d’oligosaccharides (b) totalement déprotégés (Schéma 18).169,189
Cette régiosélectivité serait causée par la formation d’un intermédiaire réactionnel résultant de
l’attaque de l’hydroxyle anomérique sur le DMC. Cette attaque préférentielle serait, quant à
elle, due aux plus faibles valeurs de pKa des groupes hydroxyles de l’hémiacétal anomérique
vis-à-vis des autres groupes hydroxyles du sucre et de D2O.169
La réaction est, de plus, hautement stéréosélective en faveur des azotures de glycosyles 1,2-
trans.190 Ce dernier est effectivement obtenu par ouverture SN2 de l’époxyde de l’intermédiaire
1,2-anhydro191, dans le cas des substrats 2-hydroxy (Schéma 19), ou de l’intermédiaire
oxazoline pour les substrats 2-acétamido.192 Si la formation de l’intermédiaire 1,2-anhydro a
pu être observée191, le passage par un sucre 1,6-anhydro, dans le cas d’un sucre libre α initial
(Schéma 19), n’est toutefois qu’hypothétique pour le moment. Une SN2 directe sur le sucre
activé semble plus probable.192
Schéma 19. Mécanisme plausible d'azidation d'un sucre libre à l'aide de DMC191,192
Le concept a également été étendu en 2014 par Fairbanks et coll., pour permettre, en one-
pot, l’azidation sélective 1,2-trans d’un sucre libre suivie par la cycloaddition 1,3-dipolaire avec
un alcyne introduit dans le milieu.170 Le donneur d’azoture, généralement introduit en large
excès dans les travaux de Shoda (une dizaine d’équivalents ou plus)169, devait alors être
introduit en quantité plus limitée pour éviter des interactions parasites avec l’alcyne. Fairbanks
et coll. ont donc décidé d’utiliser l’hexafluorophosphate de 2-azido-1,3-dimethylimidazolinium
(ADMP), synthétisé selon la méthode de Kitamura et coll.193 à partir de DMC (Schéma 20a), à
la fois en tant qu’agent d’activation de la position anomérique et en tant que donneur d’azoture.
Des azotures de glycosides 1,2-trans ont donc pu être synthétisés à l’aide de 3 équivalents
d’ADMP dans des conditions similaires à celles utilisées avec le DMC (Schéma 20b).170
Schéma 20. a) Synthèse193 et b) utilisation170 de l'ADMP pour la formation d’azotures de glycosides 1,2-trans
En ajoutant au milieu, après 3 h de réaction avec l’ADMP, l’alcyne ainsi que le catalyseur au
cuivre, Fairbanks et coll. ont ensuite permis la synthèse en one-pot de divers glycosyles
triazoles avec des rendements supérieurs à 70% (Schéma 21).170
Schéma 21. Synthèse one-pot de glycosyles triazoles à l’aide d’alcool propargylique en présence d’ADMP 170
Nous nous intéressons également à l’introduction d’azotures sur le C-4 d’un oligosaccharide.
Les SN2 sur les carbones secondaires par l’intermédiaire de LG sont cependant plus
complexes et dépendent du sucre, de la position à substituer, de la configuration de l’anomère,
ou encore des groupes protecteurs. En effet, de nombreuses étapes de protections et
déprotections orthogonales peuvent être nécessaires pour obtenir le LG à la position souhaitée
avant substitution par un azoture (Schéma 22). Il s’agit cependant de la méthode la plus
couramment utilisée.
Les époxydes sont des précurseurs tout autant employés pour l’introduction d’un groupement
azoture par attaque nucléophile (Schéma 23).
Des additions radicalaires comme l’azidonitration, développée par Ratcliffe et coll.195 en 1979,
permettent également de synthétiser des sucres 2-azido. Bien que régiosélective, cette
réaction n’est, par contre, pas hautement stéréosélective. Elle aboutit généralement à un
mélange de diastéréoisomères dont les proportions dépendent du substrat utilisé (Schéma
24).196
Des méthodes similaires ont également été développées pour permettre la synthèse de sucres
2-azido comme l’azidochloration197 et l’azidophénylsélénation198. Ces méthodes ne permettent
cependant d’introduire des azotures qu’en C-2.
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 61
Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour l’obtention de copolymères
à blocs
Il est également possible de synthétiser des azotures à partir d’amines par transfert diazo, à
l’aide d’azoture de triflyle.199 Cette synthèse est parfois utilisée comme méthode de protection
temporaire des amines.200
Contrairement aux autres méthodes, seul un fragment N2 est ici transféré sur une amine
préexistante, conservant ainsi sa configuration.
C’est en 1991 que Vasella et coll.201 rapportèrent le premier transfert diazo sur un sucre aminé.
Ils traitèrent différentes glycosamines non protégées avec de l’azoture de triflyle, dans des
conditions basiques, pour obtenir, après acétylation et purification, des sucres azidés avec des
rendements compris entre 65 et 93%.
Cette méthode a, par la suite, été améliorée par l’ajout, en quantité catalytique, de sulfate de
cuivre (Schéma 25).202
Figure 34. Mécanisme de transfert diazo sur le p-toluènesulfonamide proposé par Odell et coll.203
Notons qu’avant que l’ADMP, dont nous avons parlé en II.1.a, ne soit utilisé pour la synthèse
d’azoture de glycoside 1,2-trans, ce dernier était employé comme agent de transfert diazo.193
Si les azotures permettent d’introduire ou masquer des amines sur les glucides, comme nous
avons pu le voir précédemment, ils ont également permis de développer, depuis quelques
années, des réactions de formation de liaisons intermoléculaires, comme les ligatures de
Staudinger ou les cycloadditions 1,3-dipolaires. Ces réactions ont également pour avantage
de pouvoir être réalisées in vitro ou in vivo avec un impact minime sur les processus
biochimiques natifs des macro- ou micro-organismes étudiés, ces réactions sont dites
bioorthogonales. Elles sont notamment développées pour l’imagerie médicale, pour permettre
de lier une sonde, observable en imagerie, à une cible, préalablement greffée à un endroit
précis d’un macro-organisme.164
La première, une réaction dérivée de la réaction de Staudinger, appelée ligature de Staudinger
et ayant fait l’objet d’une revue récente204, permet la formation d’une liaison amide à l’aide
d’une triarylphosphine contenant un piège chimique électrophile, ici un ester méthylique. Ce
piège réagira avec l’iminophosphorane formé en ortho, dans une réaction intramoléculaire plus
rapide que l’hydrolyse compétitive, pour former la liaison amide désirée (Figure 35). Bien que
les phosphines soient classées comme composés à toxicité aigüe, les auteurs rapportent ne
pas observer d’effet lié à l’utilisation de phosphines de ce type ou à la présence d’oxydes de
phosphines sur la viabilité des cellules HeLa utilisées pendant l’étude.205 Il n’existe toutefois,
à ce jour, aucune étude présentant l’utilisation de telles phosphines dans des macro-
organismes, la potentielle toxicité de ces composés devant être modulée.204
Figure 35. Ingénierie métabolique - ligature de Staudinger réalisée sur des cellules HeLa205
Si l’exemple précédent, sur des cellules HeLa, a nécessité l’utilisation d’un azoture greffé sur
un sucre à l’aide d’un bras espaceur, pour permettre une assimilation aisée du glucide dans
la machinerie biosynthétique, les auteurs ont, au préalable, testé leur réaction sur un galactose
directement azidé en C-2 (Schéma 26).205
Schéma 27. Ligature de Staudinger intramoléculaire avec départ de l’oxyde d’arylphosphine 168
Figure 36. Mécanisme de cycloaddition azoture-alcyne catalysée au Cu(I) proposé par Meldal et Tornøe212
Dans notre cas, les monomères oligosaccharidiques seront polymérisés par cycloadditions
1,3-dipolaires catalysées au cuivre, ou par voie thermique.
Nous allons maintenant voir les différentes techniques rapportées dans la littérature pour le
greffage d’alcynes sur des oligosaccharides, fonctions complémentaires des azotures pour
permettre la polymérisation par cycloaddition 1,3-dipolaire.
Selon Schinazi et coll.216 il existe 5 méthodes communes d’introduction d’alcynes sur des
composés organiques : le couplage de Sonogashira, l’ouverture de cycle assistée par un acide
de Lewis, le couplage peptidique, l’homologation de Seyferth–Gilbert à l’aide du réactif de
Bestmann, ou encore les substitutions nucléophiles. Selon, Tiwari et coll.217 ces méthodes
peuvent être transposées aux glucides.
Schéma 28. Couplage de Sonogashira sur des dérivés de sucres avec des alcènes a) intra218 et b) extra-cycliques219
Le iodo-exo-glycal, utilisé sur le Schéma 28b, peut, quant à lui, être obtenu à partir d’une
glyconolactone selon la synthèse proposée par Li et coll.221 (Schéma 30a), cette même
glyconolactone pouvant être obtenue à partir d’un sucre par oxydation222 (Schéma 30b).
Schéma 30. Synthèse de a) iodo-exo-glycal221 à partir d’une glyconolactone, obtenue par b) oxydation222
L’ouverture de cycle assistée par un acide de Lewis permet, comme pour la réaction
précédente, de lier un alcyne à un sucre par formation d’une liaison carbone-carbone. Cette
méthode est notamment utilisée sur des époxydes, par action du lithium de
(triméthylsilyl)acétylide, en présence d’un acide de Lewis (Schéma 31).223
L’introduction d’alcyne sur les sucres est également possible via la formation d’autres liaisons
chimiques.
Schéma 33. Formation d'un amide à partir d'un acide carboxylique portant un alcyne 227
La formation d’une liaison amide avec un acide carboxylique portant une fonction alcyne, en
présence d’agents de couplage, permet d’introduire facilement des fonctions alcyne sur des
osamines (Schéma 33). Elle nécessite cependant l’obtention préalable d’une amine sur la
position où l’on souhaite effectuer cette amidation et implique obligatoirement la formation d’un
bras espaceur.227
De même, la réaction d’une amine portant un alcyne sur un acide uronique, en présence
d’agents de couplage, permet l’addition d’une fonction alcyne sur un sucre, préalablement
oxydé en C-6, par formation d’une liaison amide (Schéma 34).
Schéma 35. Homologation de Seyferth–Gilbert sur un dialdose obtenu par oxydation au DMP229
Schéma 36. Insertion d'alcyne par SN sur un carbone portant un LG placé a) sur le substrat230, b) sur l'alcyne231
La dernière méthode commune pour l’introduction d’alcyne sur des sucres selon Tiwari et
coll.217 consiste à effectuer une substitution nucléophile (SN), avec le départ d’un groupe
partant (LG) pouvant être placé soit sur le sucre (Schéma 36a), soit sur le composé portant la
fonction alcyne (Schéma 36b).
L’addition d’un alcyne par O-propargylation, comme présentée sur le Schéma 36b présente
l’avantage de ne nécessiter que la présence d’un hydroxyle libre sur le sucre, à l’endroit où
l’on souhaite effectuer la O-propargylation. Elle nécessite donc l’utilisation de protections
orthogonales pour permettre la formation de l’alcoolate nucléophile à la position souhaitée.
Pour faciliter la sélectivité de la propargylation, sans recourir à des protections orthogonales,
des S-propargylations ont également été développées. En effet, les thiols étant plus acides
que les alcools correspondants, il est possible de former sélectivement les thiolates, en
régulant le pH du milieu réactionnel.
Ainsi, suite à la déprotection des acétates du thiodisaccharide présenté sur le Schéma 37 et
formation d’un thiolate de sodium, la S-propargylation, par SN2 sur le bromure de propargyle,
aboutit avec un rendement de 88%, après une nouvelle acétylation des hydroxyles. Notons
que cette protection, théoriquement quantitative, permet une purification plus aisée du produit
ainsi obtenu.
Schéma 37. S-propargylation sélective suite à la déprotection des acétates d'un thiodisaccharide 232
Il existe donc de nombreuses méthodes différentes pour permettre l’introduction d’un alcyne
sur des sucres. Selon Tiwari et coll.217, les O-propargylations sont toutefois les techniques
d’introduction des alcynes les plus utilisées. En effets, elles ne nécessitent pas la synthèse de
dérivés de sucres, pouvant se révéler complexe, comme celles que nous avons pu décrire
auparavant (Tableau 8).
Tableau 8. Résumé des méthodes communes pour l'introduction d'alcynes sur des sucres
Position
Méthode Substrat Réactif Prérequis
spécifique
Couplage de halogénure synthèse de l'halogénure
alcyne terminal /
Sonogashira d'alkyle d'alkyle
Ouverture de cycle époxyde lithium d'acétylide synthèse de l'époxyde /
acide carboxylique
osamine synthèse de l'osamine /
portant un alcyne
Couplage peptidique
acide amine portant un synthèse de l'acide
C-6
uronique alcyne uronique
Homologation de
dialdose réactif de Bestmann synthèse du dialdose C-6
Seyferth–Gilbert
LG sur le introduction du LG sur la
alcyne terminal /
sucre position désirée
sucre
Substitution LG sur l'alcyne hydroxyle libre /
protégé
nucléophile
sucre
introduction du thiol sur
portant un LG sur l'alcyne /
la position
thiol
La méthode la plus ancienne pour permettre l’introduction d’un groupement O-propargyle sur
le carbone anomérique nécessitait l’introduction préalable d’un alcool 2-bromoallylique par O-
glycosylation. L’élimination d’acide bromhydrique par l’action d’éthoxyde de potassium sur ce
groupement 2-bromoallyle conduisait alors à la formation d’un groupement O-propargyle
(Schéma 39). Cette synthèse est cependant limitée : l’utilisation d’une base nucléophile
permettant le clivage des acétates par transestérification et diminuant ainsi le rendement à
50%.233
Schéma 39. Formation d'un propargyle par élimination à partir d'un 2-bromoallyle233
Par la suite, des O-glycosylations directes avec de l’alcool propargylique ont été développées.
La première, sur un bromure de glycosyle, nécessitait l’emploi de cyanure de mercure (II). Le
2,3,4,6-tétra-O-acétyle-β-D-glucopyranoside de propargyle était ainsi obtenu avec 85% de
rendement (Schéma 40).234
Cette O-propargylation a donc été améliorée par la suite avec l’utilisation de conditions plus
spécifiques ainsi que d’autres acides de Lewis comme l’éthérate de trifluorure de bore
(Schéma 42).237
Des O-propargylations ont également été développées sur des donneurs de glycosyles,
toujours à l’aide d’alcool propargylique, en présence d’un acide de Lewis.
Elles peuvent, par exemple, être effectuées sur des trichloroacétimidates en présence d’alcool
propargylique et de chlorure d’indium (Schéma 43).238
Tout comme les réactions effectuées avec des azotures, que nous avons vues précédemment
en II.1.a, l’obtention spécifique de liaisons glycosidiques de configuration 1,2-trans, avec un
groupement O-propargyle, est facilitée grâce à l’assistance anchimérique d’esters vicinaux.
Shoda et coll. ayant étudié la formation de liaisons glycosidiques 1,2-trans sur des sucres
libres, comme nous avons pu le voir en II.1.a, ont également proposé la synthèse de S-
glycosides de propargyle en présence de DMC.
Cette synthèse one-pot se déroule en 3 étapes. Dans un premier temps, un thiosulfate de S-
glycosyle 1,2-trans est généré, par action de thiosulfate de sodium (Na2S2O3) en présence de
DMC et d’une base. La liaison S-S du thiosulfate de S-glycosyle est ensuite clivée, par addition
de sulfure de sodium, pour former in situ un thiolate de glycosyle. Ce dernier peut alors
effectuer une substitution nucléophile sur un composé halogéné comme le bromure de
propargyle (Schéma 44).239
Les rendements sont toutefois plus faibles comparés à la formation des azotures de glycosides
correspondant en présence de DCM. Notons également que pour isoler les thioglycosydes
formés, ils doivent être acétylés avant purification sur colonne chromatographique, puis
déprotégés après cette dernière.239 Des pertes supplémentaires peuvent donc survenir durant
ce processus, contrairement aux d’azotures de glycoside qui, de leur côté, sont directement
purifiés via HPLC.169
Des composés 1,2-cis peuvent être obtenus en utilisant, par exemple, des groupements
protecteurs non-participants, privilégiant l’effet anomère (Schéma 46).110
Schéma 46. Obtention d'une liaison glycosidique 1,2-cis avec un groupement O-propargyle110
Les méthodes d’introduction d’un O-propargyle sur une autre position sont beaucoup moins
nombreuses. La principale, et la plus ancienne, consiste à effectuer une substitution
nucléophile sur du bromure de propargyle, après activation d’un hydroxyle libre à l’aide d’une
base forte.
La plus courante, l’hydrure de sodium, permet la formation d’un alcoolate de sodium
nucléophile (Schéma 47).110
Schéma 47. Insertion d'un groupement O-propargyl à l'aide de bromure de propargyle et de NaH110
D’autres bases peuvent être utilisées pour activer l’hydroxyle libre, comme le carbonate de
potassium (Schéma 36b)231, l’hydroxyde de baryum (Schéma 48a)240, la potasse (Schéma
48b)241 ou encore la soude (Schéma 48c)242.
L’utilisation de bases fortes, même si elles sont peu nucléophiles comme NaH, peut cependant
ne pas être compatible avec les groupements protecteurs utilisés. D’autres groupements
partants différents du bromure ont donc été étudiés, mais ces réactions présentent des
rendements plus faibles.240
Un glucide O-propargylé en C-4 a pu, par exemple, être synthétisé avec 45% de rendement
en conditions acides à l’aide de trichloroacétimidate de propargyle en présence d’acide triflique
(Schéma 49a). Notons qu’il est préalablement nécessaire de synthétiser in situ le
trichloroacétimidate (Schéma 49b).240
Schéma 49. Synthèse b) d'un trichloroacétimidate de propargyle pour a) effectuer une O-propargylation240
Elle ne nécessite donc pas l’utilisation de groupements protecteurs supplémentaires sur les
hydroxyles secondaires.
Il est également possible d’utiliser des radicaux nitroxydes greffés sur support solide, pour
simplifier la purification du produit obtenu par filtration.256
Lorsqu’il est hydraté, le TEMPO est en équilibre entre sa forme oxydante et sa forme réductrice
(Schéma 50). Il est généralement introduit en quantité catalytique et est régénéré grâce à
d’autres couples oxydoréducteurs, présents dans le milieu en fonction du protocole utilisé.244
La vitesse de la réaction dépend de la quantité de TEMPO présente dans le milieu, elle n’est
cependant pas proportionnelle à la quantité de TEMPO introduite.245
Pour les produits hydrosolubles, l’oxydation au TEMPO est réalisée, en majorité, en milieu
basique et nécessite un pH entre 8 et 10. En effet, dans ces conditions, un équivalent de base
est consommé à chaque oxydation (Schéma 51).246
Schéma 51. Mécanisme d'oxydation au TEMPO d'un alcool primaire en milieu basique244,253
Cependant, si le pH devient trop élevé (> 10) le TEMPO peut être dégradé (Schéma 52), il
convient donc d’ajuster le pH au cours de la réaction.244
Les espèces oxydoréductrices utilisées dans ce protocole sont NaOCl et NaBr, en présence
de soude en tant que base.
Dans un premier temps, comme il est possible de le voir sur le Schéma 53, l’ion hypochlorite
(ClO-) oxyde l’ion bromure (Br-) en ion hypobromite (BrO-), ce dernier réagira plus rapidement
0
avec la forme réductrice du TEMPO (ETEMPO ox /TEMPOred
= 0.68 V/ENH), son potentiel standard
0
(EBrO−/Br− = 0.76 V/ESH)) étant intermédiaire à celui de l’ion hypochlorite, un oxydant plus
0
puissant (EClO − /Cl− = 0.81 V/ESH).
257
En effet, en l’absence de NaBr dans le milieu, de Nooy et
coll. ont montré une diminution significative de la cinétique de réaction.246
La forme oxydante du TEMPO ainsi formée oxydera ensuite l’alcool primaire selon le
mécanisme proposé au Schéma 51.
L’aldéhyde résultant de cette réaction est ensuite hydraté et l’hydrate est à son tour oxydé par
le TEMPO en acide carboxylique en suivant le même mécanisme que sur le Schéma 51.244
Figure 38. Mécanisme de β-élimination en milieu alcalin proposé par de Nooy et coll.258
Il faut donc choisir, dans ces conditions, entre un bon rendement d’oxydation, mais de
nombreuses dépolymérisations247,249,258, ou des conditions plus douces pour conserver le DP
des chaînes, mais un rendement d’oxydation moindre248,251.
Par exemple, oxyder les positions primaires d’une cyclodextrine, sans l’ouvrir par hydrolyse,
nécessite des conditions ne permettant pas d’oxyder toutes les positions via ce protocole
(Schéma 55).251
Dans le cas des composés insolubles en milieu aqueux, il est possible de réaliser l’oxydation
au TEMPO en milieu biphasique, le TEMPO étant soluble à la fois en milieu aqueux et en
phase organique.244 Le milieu est alors constitué d’une phase aqueuse contenant les
cooxydants ainsi qu’une partie du TEMPO et une phase organique composée de TEMPO, de
l’alcool organique et parfois d’un co-solvant, si l’alcool organique est un solide, comme le
dichlorométhane244 ou l’acétonitrile259.
Dans ces réactions, le couple de cooxydants le plus souvent utilisé est le couple
oxydoréducteur NaOCl/NaClO2.259 Le pH ne doit donc pas être basique, pour éviter la
formation d’ions chlorates (ClO3-) et perchlorates (ClO4-) à partir de l’ion chlorite (ClO2-), ni trop
acide, pour prévenir la dégradation des ions chlorites et hypochlorites en dichlore.
Cette oxydation doit donc être conduite entre 6,5 ≤ pH ≤ 8,5. Le milieu est alors souvent
tamponné à pH = 6,7 à l’aide d’un tampon phosphate.259 De plus, à un pH inférieur à 8.6,
l’acide hypochloreux étant distribué entre les phases organiques et aqueuses, l’utilisation d’un
agent de transfert de phase n’est pas nécessaire.260
Schéma 56. Mécanisme d'oxydation au TEMPO d'un alcool primaire en milieu neutre259
acide carboxylique (Schéma 57). Dans ces conditions, il devient donc difficile de stopper la
réaction à la formation de l’aldéhyde.259
De plus, ce sont également les ions hypochlorites qui permettront la réactivation du TEMPO.
Les ions chlorures formés seront alors eux-mêmes de nouveau oxydés par les ions chlorites
(Schéma 57).259
Cette méthode peut également être appliquée à des oligosaccharides pour maximiser
l’oxydation des positions primaires tout en évitant la dépolymérisation des chaînes.252
Kovensky et coll.252 ont ainsi obtenu un dérivé de maltotriose, oxydé sur ses trois positions
primaires, au bout de huit jours et avec 74% de rendement (Schéma 58).
Cette dernière réaction devrait également nous permettre de réaliser une oxydation de la
totalité des positions primaires de nos maltoheptaoses. Nous allons maintenant étudier une
autre fonctionnalisation possible des positions primaires, par acylation à l’aide d’esters gras.
II.3.b Acylation
L’acylation des glucides, notamment sur les positions primaires, permet, par exemple, la
synthèse d’analogues de molécules bioactives261, ou encore de surfactants présentant des
propriétés d’autoassemblage262. La stratégie la plus ancienne et la plus répandue, pour
l’introduction d’un groupement acyle en position primaire, nécessite l’utilisation de protections
orthogonales amenant à déprotéger sélectivement des groupements des positions primaires.
Deux voies peuvent alors être empruntées. La première consiste à protéger sélectivement les
positions primaires à l’aide d’un groupement protecteur encombré, comme le trityle utilisé dans
le Schéma 59.
Schéma 59. Synthèse de glycolipides par la stratégie des groupements protecteurs, voie A263
Il est également possible de protéger toutes les positions avec un même groupement
protecteur, qui présente la particularité de pouvoir être déprotégé sélectivement sur les
positions primaires, comme les triméthylsilyles sur le Schéma 60.261
Schéma 60. Synthèse de glycolipides par la stratégie des groupements protecteurs, voie B261,263
Cette dernière méthode a pour avantage d’éliminer une étape de protection supplémentaire
ainsi qu’une étape de purification, entraînant une légère augmentation de rendement global
comparée à la première.
Cependant, l’utilisation de telles stratégies nécessite tout de même un nombre conséquent
d’étapes de synthèse qui pourraient être évitées par la mise en place de protocoles d’acylation
sélective des positions primaires de sucres déprotégés.
La catalyse enzymatique est une des stratégies permettant ainsi la formation sélective d’acyles
sur les positions primaires par transestérification. Il est par exemple possible d’obtenir, à l’aide
d’une lipase, un tréhalose diester, à partir de tréhalose non-protégé, en une seule étape et
avec 74% de rendement (Schéma 61).264
Pour permettre l’acylation du C-6 de l’extrémité réductrice du maltose, une autre enzyme
devrait sans doute être utilisée. Les conditions de réaction doivent également être optimisées
spécifiquement en fonction du substrat et de l’ester gras utilisé.
De plus, la catalyse enzymatique étant soumise à un équilibre, avec une compétition entre la
transestérification et l’hydrolyse dans le cas des lipases, l’acylation de toutes les positions
primaires d’oligosaccharides de DP supérieurs à 3 est difficile, voire impossible.265
Pour pouvoir créer des protocoles d’acylation applicable à un plus grand nombre de substrats
déprotégés, des acylations chimiques, sélectives des positions primaires, ont également été
développées.
L’utilisation de dérivés stanniques permet, par exemple, d’activer les positions primaires des
sucres par formation d’un complexe stannique pentacyclique entre les oxygènes portés par le
C-6 et le C-5 (Figure 39).266
Les complexes ainsi formés rendant les oxygènes des positions primaires beaucoup plus
nucléophiles, ceux-ci réagiront plus rapidement que les autres positions, sur des dérivés
d’acides pour former les esters désirés (Schéma 63).266
Cette technique est cependant controversée, du fait de la toxicité des dérivés stanniques
utilisés, mais également pour les faibles rendements obtenus, malgré l’optimisation des
conditions de réaction.267
La réaction de Mitsunobu peut également être utilisée pour des acylations sélectives (Schéma
64), mais les rendements obtenus n’excèdent pas les 60%.268
La cinétique de cette acylation est cependant très lente. En effet, 192 heures de réaction, à
température ambiante, sont nécessaires pour une double acylation sur les positions primaires
du tréhalose. Essayer d’accélérer la réaction en chauffant le milieu réactionnel a diminué
également la sélectivité de la réaction.267
La méthode la plus couramment utilisée pour l’introduction d’un azoture sur un sucre consiste
à substituer un groupe partant par un azoture. Un azoture de glycosyle peut donc être
synthétisé par action de l’azoture de sodium sur un bromure de glycosyle. Ces derniers étant,
toutefois, peu stables, des réactions sur des acétates de glycosyles, en présence d’un donneur
d’azoture, comme TMSN3, et d’un acide de Lewis, ont par la suite été développées.
L’orientation de l’azoture, ainsi greffé en C-1, peut être contrôlée de différentes manières,
comme l’assistance anchimérique, l’effet anomère, l’orientation initiale du groupe partant, ou
l’utilisation de catalyseurs inducteurs de chiralité.
Pour permettre l’introduction d’un azoture sur une autre position que le carbone anomérique,
des protections orthogonales sont généralement utilisées pour permettre l’accessibilité
uniquement à la position devant être azidée. Un groupement partant est alors introduit sur
cette position avant traitement à l’aide d’azoture de sodium. Il existe toutefois d’autres
méthodes pour l’introduction d’azotures, mais celles-ci sont généralement limitées. Ainsi les
additions radicalaires sur des composés insaturés, comme l’azidonitration, sont utilisées pour
l’obtention de sucres 2-azido. Ces réactions, bien que régiosélectives, ne sont, par contre, que
peu stéréosélectives, aboutissant ainsi à des mélanges de diastéréoisomères. Les transferts
diazos permettent également l’obtention d’azotures, mais uniquement sur des sucres
préalablement aminés.
Pour l’introduction d’un alcyne sur un sucre, parmi les 5 méthodes communes que nous avons
pu voir dans ce chapitre, la substitution nucléophile pour l’obtention d’un groupement O-
propargyle semble être la méthode la plus efficace. En effet, cette méthode ne nécessite pas
la synthèse préalable de réactifs spécifiques comme le couplage de Sonogashira ou
l’ouverture d’époxyde, et ne nécessite pas nécessairement l’introduction de groupements
fonctionnels préalables comme les amines ou les acides carboxyliques dans le cas des
couplages peptidiques. Elle n’est pas non plus limitée à une seule position comme le C-6 dans
le cas de l’homologation de Seyferth-Gilbert.
Un groupement propargyle peut donc être introduit en position anomérique d’un bromure ou
d’un acétate de glycosyle à l’aide d’alcool propargylique et d’un acide de Lewis, tout comme
nous avons pu le voir pour la formation d’azotures de glycosyles. D’autres groupements
anomériques que le bromure ou l’acétate peuvent également être utilisés comme le
trichloroacétimidate ou le thiophénol. Comme dans le cas de l’azoture, l’orientation du O-
propargyle peut être contrôlée par assistance anchimérique, par effet anomère ou par
orientation du groupe partant.
L’introduction d’un O-propargyle sur une autre position que le carbone anomérique, quant à
elle, est plus couramment réalisée par attaque nucléophile d’un alcoolate sur du bromure de
propargyle. Elle n’est toutefois pas compatible avec des composés trop sensibles en milieu
basique. La réaction entre un hydroxyle libre et du trichloroacétimidate de propargyle en
présence d’acide triflique peut être envisagée pour contourner ce problème, mais les
rendements obtenus par cette technique sont moindres.
Une fois les monomères diazoture et dialcyne synthétisés, les positions primaires de ces
oligosaccharides seront ensuite fonctionnalisées.
L’oxydation des C-6 au TEMPO permettra, par exemple, d’obtenir sélectivement des
carboxylates sur ces positions. Ce type d’oxydation est généralement effectuée en milieu
basique, en présence de cooxydants ou d’une électrode pour régénérer le TEMPO.
L’utilisation de conditions basiques, lors de l’oxydation d’oligo ou de polysaccharides, permet
cependant la dégradation des chaînes par β-élimination. L’utilisation de conditions neutres, en
Figure 40. Produit pouvant être obtenu suite à l'acétolyse d'une β-CD protégée
L’acétate porté par l’anomère de l’extrémité réductrice peut alors être substitué directement
par l’une des fonctions polymérisables azoture ou alcyne, par l’action de TMSN3 ou d’alcool
propargylique respectivement, en présence d’un acide de Lewis (Figure 41).
L’acétate restant serait alors clivé sélectivement pour permettre l’introduction de la seconde
fonction polymérisable en C-4 de l’autre extrémité. Les autres groupements protecteurs utilisés
doivent donc être, quant à eux, résistants aux conditions de réaction utilisées pour permettre
ce clivage.
Le second azoture serait donc greffé par addition d’un groupe partant sur la position ainsi
libérée, suivi d’une substitution nucléophile sur cette position à l’aide d’azoture de sodium. Le
second propargyle, de son côté, serait introduit par attaque nucléophile, sur du bromure de
propargyle, par l’alcoolate, formé par activation de l’hydroxyle libre à l’aide d’une base forte.
Une fois les deux fonctions polymérisables greffées sur les oligosaccharides, ceux-ci seront
alors entièrement déprotégés pour permettre la fonctionnalisation des C-6.
L’oxydation des positions primaires au TEMPO, en milieu neutre, devrait permettre l’obtention
de carboxylates sur ces positions (Figure 42).
D’un autre côté, l’utilisation d’enzyme ou d’agents de couplage devrait permettre l’acylation
sélective des positions primaires à l’aide d’acides ou d’esters gras (Figure 43).
I. Introduction
Comme nous avons pu le voir lors de l’Étude bibliographique, l’ouverture des cyclodextrines
(CDs) semble être la méthode la plus simple pour permettre l’obtention rapide de plusieurs
grammes d’oligosaccharides de DP fixes. Pratiquer cette ouverture sur des CDs
préalablement protégées permet également de fonctionnaliser sélectivement les deux
extrémités C-1 et C-4 de l’oligosaccharide. Nous utiliserons la β-CD, car il s’agit de la moins
onéreuse des 3 CDs natives. L’ouverture de la β-CD permettra d’obtenir des oligosaccharides
de DP 7, composés d’unités de glucose liées en α-(1→4), ou maltoheptaoses.
En modifiant les extrémités de ces oligosaccharides avec deux azotures d’une part et deux
propargyles d’autre part, il nous sera donc possible d’obtenir, après déprotection, les deux
monomères 6 et 10, fonctionnalisés sur le carbone anomérique du sucre I (C-1I) et sur le
carbone 4 de l’extrémité non réductrice VII (C-4VII) (Figure 44).
Il sera ensuite possible de modifier sélectivement les positions primaires de ces monomères.
Une oxydation sélective au TEMPO permettra d’obtenir le monomère 12 de même que le
monomère 13 via une acylation à l’aide d’acide laurique (Figure 45).
Notre stratégie pour adapter cette voie pour la synthèse du monomère dipropargylé 10
consisterait, quant à elle, à modifier les étapes de glycosylation ainsi que de fonctionnalisation
du C-4VII (Schéma 68). Ainsi, les deux premières étapes de protection et d’ouverture par
acétolyse seraient communes aux deux voies de synthèse.
Un propargyle serait alors greffé en C-1I de 2 par glycosylation, à l’aide d’alcool propargylique
et d’un acide de Lewis, pour obtenir l’oligosaccharide 7.
L’acétate en C-4VII de 7 serait ensuite clivé pour obtenir 8b par action de l’hydrazine
monohydrate, comme dans la voie de synthèse du monomère diazidé 6.
Le deuxième propargyle serait alors greffé en C-4VII, par activation de l’hydroxyle de cette
position à l’aide d’une base. La substitution par une SN2 de l’alcoolate ainsi formé sur du
bromure de propargyle devrait alors conduire à l’obtention d’un propargyle en C-4VII. Il y aurait
donc rétention de la configuration du C-4VII lors de la formation de 9. Travaillant avec des
groupements benzoate, nous devrons cependant prendre des précautions lors du choix de la
base utilisée. En effet, pour éviter un clivage de ces groupements protecteurs, l’utilisation
d’une base non nucléophile ou encombrée est recommandée.
L’oligosaccharide 9 serait finalement entièrement déprotégé à l’aide de MeONa pour obtenir
10.
Nous allons, dans un premier temps, étudier la protection de la cyclodextrine puis son
ouverture par acétolyse pour obtenir 2, ces deux étapes étant communes aux deux voies de
synthèse.
Nous étudierons ensuite la voie de synthèse proposée par Duhirwe pour la synthèse de 6.
Cela nous permettra de mettre en lumière les potentiels points faibles de cette stratégie et de
trouver comment les contourner.
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 90
Résultats et discussion
Enfin, nous essayerons d’adapter cette voie de synthèse pour la production du monomère 10.
Les groupements hydroxyles libres de la β-CD sont tout d'abord protégés par estérification,
selon la méthode de Cramer et coll.271 La β-CD, dissoute dans la pyridine, est alors traitée à
l’aide de chlorure de benzoyle, pour permettre la formation des liaisons ester désirées. L’acide
chlorhydrique, produit lors de la réaction, est capté par la pyridine par formation de chlorure
de pyridinium, visible dans le milieu réactionnel sous forme d’un précipité blanc. Est alors
récupéré, après 24h de réaction à température ambiante (r.t.), élimination des sels par
extraction liquide-liquide, et recristallisation dans le méthanol, un composé dont les
caractéristiques sont similaires à celles rapportées dans la littérature271. 1b est ainsi obtenu
avec un rendement de 98% (Schéma 69).
Aucune purification par colonne chromatographique n’est nécessaire à la fin de cette réaction.
Une simple recristallisation dans le méthanol permettant d’éliminer les résidus de pyridine,
benzoate de pyridinium et de benzoate de méthyle, seules impuretés présentes dans le brut
réactionnel. Des traces de pyridine restent, cependant, encore présentes sur les spectres
RMN dans la zone des protons aromatiques, la pyridine pouvant rester incluse dans la cavité
hydrophobe de la cyclodextrine. La présence de ces traces de pyridine ne nuira toutefois pas
à l’étape suivante de la synthèse.
Cette protection permet, tout d'abord, d'éviter la formation de produits secondaires lors des
étapes suivantes, mais également de créer une différence de réactivité entre les benzoates
ainsi formés et les acétates qui seront introduits lors de l'étape d’ouverture. Cela devrait
permettre de cliver sélectivement l’acétate C-4VII lors des étapes suivantes.
Il aurait, bien sûr, été possible d'augmenter cette différence de réactivité en introduisant un
autre groupement protecteur qu'un benzoate. Nous n'avons toutefois pas trouvé, dans la
littérature272, un groupement protecteur aussi simple d'utilisation et dont les conditions de
clivage ne dégraderaient ni la chaîne oligosaccharidique, ni les fonctions terminales azotures
et alcynes.
Des groupements benzyles, par exemple, auraient nécessité l’utilisation d’une hydrogénation
pallado-catalytique, incompatible avec les groupements azotures comme les propargyles.
L’utilisation de groupements 4-chlorobenzyles, présentée par Vasella et coll.109,110 pour
l’obtention de composés similaires, aurait également pu être envisagée. En effet, ces
groupements, plus résistants à l’hydrolyse, auraient sans doute permis un clivage sélectif plus
aisé de l’acétate en C-4VII, tout en restant potentiellement compatibles avec les conditions des
autres étapes de la synthèse. Toutefois, Vasella et coll.109,110 n’obtenant qu’un rendement de
52% lors du clivage de ces groupements 4-chlorobenzyles par le chlorure de fer (III), leur
utilisation dans notre étude a été mise de côté.
La β-CD protégée 1b est ensuite ouverte par acétolyse selon les conditions rapportées par
Djedaïni-Pilard et coll.138. 1b est dissoute dans un mélange d’anhydride acétique et d’acide
sulfurique (49:1) puis chauffé à 55°C pendant 42h.
Schéma 70. Ouverture par acétolyse dans les conditions de Djedaïni-Pilard et coll.138
Cependant, 2 n’a pu être obtenu qu’avec des rendements inférieurs à 40% lors de cette étape
(Schéma 70). En effet, la formation de nombreux sous-produits, de DPs inférieur à 7, résultants
de l’acétolyse de l’oligosaccharide 2 survenait quelques heures après le début de la réaction.
La présence de ces sous-produits complexifiait alors la purification chromatographique, leurs
temps de rétentions étant très proches de celui de 2. Ainsi, avec un rapport frontal Rf = 0.31
pour 2 dans cyclohexane/AcOEt (6:4, le sous-produit de DP 6 correspondant avait, quant à
lui, un Rf = 0.30 dans le même solvant (Figure 46).
Figure 46. CCM (cyclo-AcOEt 6:4) a) du brut après 18h30 de réaction b) pendant la purification
Tableau 9. Résumé des différentes conditions d'ouverture par acétolyse à l’aide d’acide perchlorique
Groupes protecteurs
Entrée CD T°C Temps Ratio α/β Rendement Références
C-2 et C-3 C-6
Vasella et
1 α Ac 0 puis 23 °C 20 puis 2h >9:1 95%
coll. 2001109
Vasella et
2 γ Ac 0 puis 23 °C 20 puis 2h 10:1 80%
coll. 2002110
3 β Bz 0 puis 23 °C 42 puis 3h 9:1 70% Pélingre
Nous avons pris le parti d’augmenter le temps de réaction à 0 °C plutôt qu’à température
ambiante ou supérieure. En effet, une température plus élevée peut augmenter la vitesse
d’ouverture des cyclodextrines, mais également la coupure des chaînes linéaires. La cinétique
de l’ouverture à 0 °C de 1b dans ces conditions étant très lente, le milieu réactionnel est laissé
sous agitation à cette température pendant 42h. L’avancement de la réaction, ainsi que la
formation d’éventuels sous-produits de dégradation, sont suivis par spectrométrie de masse,
la CCM ne permettant pas de discriminer efficacement les différents composés présents dans
le milieu (Figure 46). Au-delà de 42h à 0°C, ne présentant plus d’avancement significatif, la
réaction est portée à 23 °C pendant 3h, ce dernier temps étant le meilleur compromis entre la
conversion de 1b et la formation des sous-produits de DP inférieurs (Tableau 9 entrée 3).
Est alors obtenu, après purification sur colonne chromatographique, un oligosaccharide dont
les caractéristiques sont en accord avec celles trouvées dans la littérature137. Parmi les
signaux remarquables en RMN 13C (Figure 47), peuvent être observés les signaux des C-1αI
et C-1βI à respectivement 89,2 et 91,8 ppm, corrélés en HSQC (Figure 48) avec les signaux
H-1αI, sous forme d’un doublet avec une constante de couplage de 3,5 Hz (équatorial-axial) à
6,51 ppm sur le spectre 1H, et H-1βI, inclus dans un multiplet entre 5,86 et 6,03 ppm
comprenant les H-3I-VII.
L’intégration de ces signaux nous indique que la substance analysée est un mélange
comprenant deux anomères α et β avec un ratio α/β = 9:1. Le signal correspondant au C-4VII
est également clairement identifiable à 68,2 ppm en RMN 13C (Figure 47). Ce signal est
corrélé, en HSQC, avec un triplet à 5,39 ppm, dont la constante de couplage de J3-4 = J4-5 =
9,8 Hz (axial-axial) nous permet de confirmer la rétention de configuration, lors de l’ouverture,
de l’unité de glucose à l’extrémité réductrice (Figure 48).
b)
4VII
1αI
1βI
L’addition des acétates aux deux extrémités de l’oligosaccharide 2 peut également être
confirmée par la présence des signaux correspondants en RMN, reportés dans le Tableau 10.
Tableau 10. Déplacements chimiques des signaux RMN correspondant aux acétates de 2
10 g d’oligosaccharide 2, avec un ratio α/β = 9:1, peut ainsi être obtenu avec 70% de
rendement, à partir de 15 g de 1b (Schéma 71).
Schéma 71. Ouverture par acétolyse dans des conditions inspirées de Vasella et coll.109,110
La purification de 2 reste cependant contraignante et limite le rendement, car une partie non
négligeable du produit final ne peut être séparé des sous-produits de DPs inférieurs par
chromatographie sur silice.
En effet, les rapports frontaux des divers composés que nous étudions, et des sous-produits
correspondants, sont souvent très proches. Les modifications que nous effectuons à chaque
réaction n'induisent effectivement pas une grande différence de polarité globale, ou d’affinité
avec l’éluant ou la silice, les molécules étudiées ayant des poids moléculaires de l'ordre de
3 000 g.mol-1.
Divers éluants et méthodes séparatives (colonne manuelle, flash, avec dépôt solide, gradient
de solvant ...) sur silice ont été testés et les meilleurs profils d’élution (au niveau de la
séparation, de la rapidité et de la quantité d'éluants utilisée) que nous avons trouvés sont
référencés dans le Tableau 23 de la Partie expérimentale.
Nous préférerons généralement arrêter préventivement une réaction, afin d’éviter la formation
de sous-produits, au détriment de la conversion du produit de départ. Cela permet de simplifier
la purification et de minimiser les pertes dues à un trop grand nombre de chromatographies.
Le rendement en produit pur isolé s’en trouve donc, la plupart du temps, grandement amélioré.
L'oligosaccharide 2 obtenu est ensuite séparé en deux lots pour synthétiser 6 ou 10.
Pour permettre la synthèse du monomère 6, l’acétate en C-1I de 2 est tout d’abord substitué
en présence d’un donneur d’azoture et d’un acide de Lewis.
Le donneur d’azoture utilisé est TMSN3, soluble dans les solvants organiques, avec TMSOTf
en tant qu’acide de Lewis. Cette réaction doit être réalisée à température ambiante, dans le
dichlorométhane (DCM) sec, et sous atmosphère inerte pour éviter la présence d’eau dans le
milieu.
L’obtention de l’oligosaccharide 3 peut être corroborée par l’apparition, sur le spectre FT-IR
de 3 (Figure 49b) d’un signal à 2118 cm-1, correspondant à l’élongation de la fonction azoture
(ν N=N=N stretching), par rapport au spectre FT-IR du composé 2 (Figure 49a).
a)
b)
νN=N=N stretching
Nous pouvons également observer, en RMN (Figure 50), la disparition des signaux
correspondants aux acétates portés par les C-1αI et C-1βI sur le composé 2 dont les
déplacements chimiques sont rapportés dans le Tableau 10. De plus, nous pouvons
également observer un déplacement des signaux des C-1αI et C-1βI de 89,2 et 91,8 ppm pour
le composé 2 à 85,0 et 87,8 ppm respectivement, pour le composé 3.
a)
CH3-COO-CVII
CH3-COO-CI
CH3-COO-CVII
CH3-COO-CI
C-1βI C-1αI
CH3-COO-CVII
CH3-COO-CVII
C-1βI C-1αI
Figure 50. Comparaison des spectres RMN 13C de a) 2 et b) 3 dans CDCl3 à 298K
L’intégration de ces signaux ainsi que de ceux correspondants, en RMN 1H (Annexes p. X), à
H-1αI (doublet, J1α-2 = 4,1 Hz) et H-1βI (superposé avec un H-6) à 5,76 et 4,90 – 4,86 ppm,
nous permet également d’observer une modification du ratio α/β de 9:1 pour 2 à 1:9 pour 3.
Cette stéréosélectivité peut être expliquée par une substitution directe de l’acétate en C-1I de
2, avec un mécanisme type SN2. Elle serait également favorisée par l’assistance anchimérique
du benzoate en C-2I dans le cas d’un mécanisme type SN1.
Pour permettre l’introduction de l’azoture en C-4VII, l’acétate présent sur cette position du
composé 3 doit être préalablement clivé pour obtenir l’oligosaccharide 4b. Cette réaction de
déprotection doit être sélective et ne pas cliver les autres fonctions esters, c’est-à-dire les
benzoates, présents sur l’oligosaccharide 3.
Schéma 73. Tentative de déprotection de l’acétate en C-4VII de 3 selon la méthode proposée par Duhirwe
[4b + Na]+
+H
- Bz
+H +H [3 + Na]+
- Bz - Bz
Les Rf de ces composés étant très similaires, il nous était donc impossible de différencier tous
ces composés par CCM, quel que soit le système d’éluant utilisé. Du fait du peu de différences
structurelles entre eux comparées à leurs tailles, il était également impossible de les
différencier par RMN, les signaux de ces composés se retrouvant superposés.
CH3-COO-CVII
CH3-COO-CVII
C-1βI C-1αI
b)
Plusieurs C-1I
Figure 52. Comparaison des spectres RMN 13C de a) 3 et b) du mélange contenant 4b dans CDCl3 à 298K
Nous avons donc pu observer, lors de cette réaction, outre la formation de 4b et des sous-
produits correspondants, le clivage d’un ou plusieurs benzoates de 3 avant un clivage rapide
de l’acétate en C-4VII.
Roush et coll.273, dans leurs travaux, obtiennent une désacétylation sélective à l'aide d’un
équivalent d'hydrazine monohydrate, à 23°C, en présence d’un benzoate sur la même
molécule. Suite à un essai que nous avons réalisé dans les mêmes conditions, nous avons pu
constater qu’il nous était impossible de cliver l’acétate dans ces conditions, et que ce clivage
nécessitait donc, dans notre cas, des conditions beaucoup plus extrêmes.
Cela nous amène à penser que l'acétate en C-4VII est difficilement accessible, à cause des
groupements benzoyles portés par le même sucre, de l’encombrement stérique et de des
interactions CO–π aromatiques pouvant en résulter274. Une fois le clivage d’un ou plusieurs
benzoates vicinaux effectué, l’acétate, devenant alors accessible, peut donc être plus
aisément clivé. Cela permettrait d’expliquer la présence, tout au long de la réaction de faibles
quantités de 3 mono ou poly débenzoylés, disparaissant entièrement en fin de réaction. Le
clivage des benzoates serait toutefois plus lent que le clivage de l’acétate, même si celui-ci
est peu accessible, permettant ainsi l’accumulation de 4b (Figure 53).
Figure 53. Réflexion sur la cinétique des différents clivages possibles à partir de 3
Le mélange contenant 4b, dissous dans le DCM, est alors traité par de l’anhydride triflique à -
20 °C, en présence de pyridine permettant de capter l’acide triflique formé au cours de la
réaction. Après une heure de réaction à -20 °C, la présence du groupement triflate sur les
positions déprotégées a été constatée par MS. La phase organique obtenue est lavée à l’eau
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 101
Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour l’obtention de copolymères
à blocs
distillée pour éliminer toute trace de sels avant d’être évaporée. La substitution du triflate est
ensuite effectuée par action d’azoture de sodium, dans le DMF à 23 °C pendant 24h (Schéma
74).
Une fois le composé 5 isolé par colonne chromatographique, il est possible d’observer, en FT-
IR, une augmentation de l’intensité du signal correspondant à l’élongation de la fonction
azoture (Figure 54).
a)
νN=N=N stretching
b)
νN=N=N stretching
Sur le spectre RMN de l’oligosaccharide 5, nous pouvons remarquer la présence d’un signal
correspondant au H-3VII à 5,81 ppm, sous forme d’un doublet de doublets de constantes J2-3 =
10,8 et J3-4 = 3,5 Hz (axial-équatorial), nous indiquant donc une inversion de configuration du
C-4VII, par rapport à l’oligosaccharide 3 (Figure 55a). Nous basons cette observation sur le
signal du H-3VII, le signal correspondant au H-4VII étant inclus dans un massif de pics
superposés, comprenant les signaux des autres H-4, des H-5II-VII et de 7 H-6, dans la zone de
4,20 à 4,56 ppm (Figure 55b).
a)
H-4VII
b)
H-3VII
L’analyse du composé obtenu en FT-IR montre une disparition des signaux caractéristiques
des benzoates à 1726 (νC=O ester), 1603 et 1585 cm-1 (νC=C aromatiques) ainsi qu’une conservation
du signal correspondant à l’élongation des fonctions azotures à 2118 cm-1 (Figure 56).
νN=N=N stretching
Il est également possible d’observer, en RMN 1H, les signaux du H-1αI à 5,54 ppm et H-1βI
nous indiquant un ratio α/β = 1:9 (Figure 57). Le signal correspondant au H-4VII est également
visible sur ce spectre, sous forme d’un triplet de constantes de couplage J4-3 = J4-5 = 3,7 Hz
(équatorial-axial), confirmant l’inversion de configuration observée lors de la synthèse du
composé 5.
H-4VII
En partant de 5 g de composé 2, 100 mg de 6 peuvent donc être obtenus par cette séquence
réactionnelle, avec un rendement global de 5% sur 6 étapes à partir de la β-CD. La quantité
de 6 obtenue est bien trop faible pour permettre une production aisée de l’ordre du gramme.
Deux étapes limitantes peuvent être améliorées : l’introduction de l’azoture en C-1I pour la
synthèse de 3, ainsi que la déprotection sélective de l’acétate en C-4VII pour la synthèse de
4b, sans doute la plus problématique. Nous discuterons des possibilités qui s’offrent à nous
concernant ces potentielles améliorations plus tard dans ce manuscrit, à la suite des résultats
obtenus pour la synthèse du monomère dipropargylé 10.
CH3-COO-CVII
CH3-COO-CI
CH3-COO-CVII
CH3-COO-CI
C-1βI C-1αI
b) -CH2-C≡CH
-C≡CH
-C≡CH
CH3-COO-CVII
CH3-COO-CVII
C-1αI
C-1βI
Figure 58. Comparaison des spectres RMN 13C de a) 2 et b) 7 dans CDCl3 à 298K
De plus, nous pouvons également observer un déplacement des signaux des C-1αI et C-1βI
de 89,2 et 91,8 ppm pour le composé 2, à 94,3 et 97,8 ppm respectivement et avec une
modification du ratio α/β de 9:1 à 1:9.
Enfin, la présence des signaux correspondant au propargyle (Tableau 11) corrobore la réussite
du greffage de celui-ci en C-1I.
Tableau 11. Déplacements chimiques des signaux RMN correspondant au propargyle en C-1βI a de 7
2,46 g de 7 ont ainsi pu être synthétisés à partir de 5 g de 2 avec 49% de rendement (Schéma
76).
Si seulement 49% de rendement ont pu être obtenu par cette glycosylation, alors qu’une
conversion totale de 2 avait pu être observée, cela est dû à la transestérification de
groupements benzoyles avec l'alcool propargylique, au cours de la réaction.
Trouver un compromis entre la conversion de 2 et l’apparition de ces produits secondaires
débenzoylés aurait pu permettre d’accroître ce rendement. Cependant, les composés 2 et 7
possédant des temps de rétentions similaires en chromatographie, il est impossible de les
séparer par ce biais. Il est possible que la différence de polarité, ou d’affinité avec la silice, sur
des oligosaccharides de cette taille, induite par la substitution d’un groupement acétate par un
propargyle, ne permette pas d’induire un changement significatif des temps de rétention sur
silice entre les composés 2 et 7. C’est également pour cette raison que la réaction ne peut être
suivie qu’en spectrométrie de masse.
Schéma 77. Tentative de déprotection de l’acétate en C-4VII de 7 selon la méthode proposée par Duhirwe
Nous avons donc tenté diverses déprotections sélectives rapportées dans la littérature.272
Nous avons tout d'abord essayé d'utiliser la guanidine dans un mélange
dichlorométhane/éthanol et à température ambiante. Aucun changement n’a été observé dans
ces conditions, quel que soit le temps de réaction (Tableau 12 entrées 1 et 2).
Produit
Entrée Réactif Équiv Solvant T°C Temps Observations
8b
DCM/
1 Guanidine 1 r.t. 48h non RAS
EtOH
DCM/
2 Guanidine 2 r.t. 48h non RAS
EtOH
DCM/
3 Guanidine 1 60 °C 12h non DP inférieurs
EtOH
4 DBU 7 Toluène 60 °C 96h non DP inférieurs
DCM/ Débenzoylations
5 DBU 7 r.t. 6h minoritaire
MeOH majoritaires
DCM/ Débenzoylations
6 DBU 1 r.t. 24h minoritaire
MeOH majoritaires
DTT/
7 10 DMA 40 °C 7 jours non RAS
NaHCO3
DTT/ Débenzoylations
8 10 DMA 80 °C 4 jours minoritaire
NaHCO3 majoritaires
Pour permettre d’accéder plus facilement au C-4VII, nous avons également essayé d’apporter
suffisamment d’énergie au système pour permettre la déformation de l’empilement π – π, en
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 108
Résultats et discussion
chauffant le mélange réactionnel à 60 °C. La formation de 8b n’a toutefois pas été observée
dans ces conditions, les seules modifications de 7 pouvant être obtenues dans ces conditions
étant la dégradation en oligosaccharides de DP inférieurs (Tableau 12 entrée 3).
Schéma 78. Mécanisme de désacétylation au DBU en milieu aprotique selon Marsaioli et coll. 276
Aucun clivage de l’acétate n’a cependant été observé dans ces conditions. La réaction se
déroulant à 60 °C, seule l’apparition des DP inférieurs a été constatée (Tableau 12 entrée 4).
Nous sommes donc revenus sur des réactions de transestérification en utilisant le DBU en
milieu protique, dans un mélange dichlorométhane/méthanol.
Les premiers essais sur ce modus operandi aboutissaient, certes, à la formation de produits
désacétylés (Tableau 12 entrées 5 et 6), mais également à un grand nombre de
débenzoylations, alors que les travaux de Marsaioli et coll.276 dans les mêmes conditions
aboutissaient à des rendements allant jusqu'à 84%. Mais là où ces travaux étudiaient le clivage
d’acétates sur des molécules comportant au maximum un benzoate pour un acétate, nous
avions, dans notre cas, un acétate à cliver pour un total de 21 benzoates à conserver. La
probabilité de cliver un benzoate augmentait donc considérablement en comparaison avec les
réactions sélectives présentées dans la littérature.272
Nous avons tout de même tenté de trouver les meilleures conditions possibles, dans le but
d'augmenter le rendement de cette réaction. Malheureusement, quelle que soit la combinaison
de facteurs, les rendements en 8b restaient trop faibles pour nous permettre une exploitation
des résultats dans un plan d’expérience. Les débenzoylations restant, quoi qu’il arrive,
majoritaires, l’utilisation du DBU a été abandonnée.
Enfin, une dernière méthode de déprotection sélective a été explorée, utilisant du Dithiothréitol
(DTT) ainsi que du bicarbonate de soude anhydre dans le dichlorométhane. Cette réaction,
décrite par Wan et coll.277, était initialement utilisée pour des S-désacétylations sélectives. Au
laboratoire en travaillant sur des maltotrioses peracétylés et S-acétylés en C-6I-III, il a été
montré qu'après plusieurs ajouts successifs de DTT et de bicarbonate de soude,
commençaient à se former, de manière sélective, des produits O-désacétylés en C-4III.278
Comme pour la réaction précédente, le produit 8b était minoritaire en fin de réaction, les
débenzoylations étant largement majoritaires (Tableau 12 entrées 7 et 8).
Rouge = Oxygène ; Vert = Carbone ; Gris = Hydrogène ; Jaune = acétate ; Bleu = benzoates mitoyens
Cette inaccessibilité est encore plus flagrante lors du calcul de l’aire de la surface accessible
au solvant (SASA) pour les carbonyles de l’acétate en C-4VII, et des benzoates en C-3VII et C-
6VII (Tableau 13). En comparant ces valeurs aux diamètres d’une molécule d’eau (ØH2O =
3.43 Å) ou d’une molécule de méthanol (ØMeOH = 4.08 Å), les deux molécules susceptibles de
cliver l’acétate lors de nos réactions, nous pouvons mieux appréhender l’inaccessibilité du
carbonyle de l’acétate en comparaison avec les benzoates voisins.
Dans l’absolu, pour rendre l’acétate accessible sans fournir plus d’énergie au système, au
moins un benzoate, beaucoup plus accessible, comme celui en C-6VII, devrait être clivé. Cela
corrobore les résultats obtenus empiriquement.
Tableau 13. Valeurs de SASA pour les fragments carbonyles en C-3VII, C-4VII et C-6VII du produit 7
Carbonyle SASA en Ų
C-4VII-OAc 2.915
C-3VII-OBz 7.614
C-6VII-OBz 5.641
Dans ce chapitre, nous avons vu qu’il était possible d’obtenir une centaine de milligrammes
de 6 à partir de 5 g de composé 2, et avec un rendement global de 5% sur 6 étapes à partir
de la β-CD.
Deux étapes de cette séquence sont limitantes et elles sont identiques que cela soit pour la
synthèse de 6 ou de 10. La première est l’étape d’introduction de l’azoture ou du propargyle
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 110
Résultats et discussion
Lors de nos premières tentatives d’ouverture des CD, nous avons tout d’abord essayé de
substituer l’anhydride acétique (Ac2O) par l’anhydride triflique (Tf2O) associé à un acide de
Bronsted. Nous espérions ainsi obtenir le composé 14 portant des groupements triflates en C-
1I et C-4VII, pour permettre des fonctionnalisations plus aisées grâce à la labilité des
groupements triflates (Figure 60).
L'anhydride triflique étant assez onéreux, il ne pouvait pas être utilisé en tant que solvant,
comme peut l’être l'anhydride acétique dans les réactions d'acétolyse. Différents solvants,
THF, DMF, MeCN ou DCM, ont donc été testés sur la β-CD perbenzoylée 1b. De plus, notre
hypothèse a été que l'acide perchlorique aqueux aurait dégradé trop rapidement l'anhydride
triflique. Le choix de l’acide de Brønsted s’est donc porté sur l’acide sulfurique.
Le mélange de 1b (0,3 M) dans le solvant testé avec 5 équivalents d’anhydride triflique et
d’acide sulfurique est réalisé à 0 °C, avant d’être réchauffé à 23°C et agité 3h.
Dans le THF et le DMF, le clivage de liaisons glycosidiques sur les chaînes linéaires a pu être
observé rapidement, suite aux premières ouvertures de cyclodextrines. La conversion de 1b
était également très faible et sans formation de 14 visible par spectrométrie de masse. Les
oligosaccharides 15 et 16 (Schéma 79) ont pu être observés par ce biais, en même temps que
les oligosaccharides de DP inférieurs correspondants. Ils n’ont toutefois pas pu être isolés en
raison d’une similarité entre les temps de rétention de ces deux composés en
chromatographie, indépendamment du système d’éluant utilisé.
Contrairement au THF et au DMF, les résultats obtenus dans le DCM et le MeCN ont été plus
prometteurs.
Conditions : 1b (C 0.3 M) est dilué dans le DCM, addition de Tf2O (5 équiv) puis H2SO4 (5 équiv) à 0°C, réchauffé
à 23°C pendant 3h.
Schéma 79. Tentative d’ouverture de 1b à l’aide de Tf2O et H2SO4 dans le DCM, obtention de 15 et 16
Dans le DCM (Schéma 79), un mélange du produit substitué avec un triflate sur la position
anomérique 15 et du composé dihydroxylé 16 a pu être mis en évidence. Bien qu'il n'ait pas
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 112
Résultats et discussion
été possible de les isoler, le clivage d’autres liaisons glycosidiques n'a pas été observé avant
plusieurs heures de réaction. Il devenait donc possible de contrôler le temps de réaction pour
minimiser cette réaction secondaire, et l’obtention de sous-produits de DP inférieurs. Même si
14 ne pouvait être obtenu de cette manière, sans doute à cause d’une trop faible quantité de
Tf2O utilisée lors de la réaction, le composé 15 présentait un certain intérêt. En effet, il pouvait
être facilement fonctionnalisé à son extrémité réductrice. De plus, son extrémité non
réductrice, sous forme d’un 4-hydroxyle non protégé, permettrait une fonctionnalisation aisée
en C-4VII, avec un groupement similaire, ou non, à celui en C-1I, augmentant ainsi la versatilité
de cette approche.
[17 + Na]+
Dans l’acétonitrile, la formation de 15 n'a pas été observée au contraire d’un nouveau produit
qui pourrait être issu de la participation du solvant. Le spectre de masse du mélange (Figure
61) suggère la formation d'une N-acétylglucopyranosylamine 17 (m/z [M + Na]+ calculée pour
C191H159NO57: 3400,95), provenant de la réaction entre l'intermédiaire glycosyle oxocarbénium
et MeCN, pour donner un ion acétonitrilium (Figure 62), comme rapporté par Pougny et
Sinaÿ45, puis confirmé par Ratcliffe et Fraser-Reid280.
Nous avons tout d’abord introduit un donneur d’azoture dans le milieu pour essayer d’obtenir
directement 4b en une étape à partir de 1b (Figure 63). Nous avons réalisé deux réactions
dans des conditions similaires à celle décrite précédemment dans le DCM, avec l'ajout soit
d'azoture de triméthylsilyle, soit d’azoture de sodium en tant que nucléophile (6 équiv). Ces
réactifs ont été introduits dans le mélange réactionnel avant de refroidir à 0°C et d'ajouter Tf 2O,
puis H2SO4. Alors que l'essai avec l'azoture de triméthylsilyle a montré une dégradation rapide
des chaînes oligosaccharidiques produites, dès le début de la réaction et conduisant à un
mélange de différents oligomères non isolables, la réaction avec l'azoture de sodium, bien
qu'insoluble dans le DCM, a donné les meilleurs résultats. En effet, les sous-produits issus de
la dégradation des chaînes n'ont commencé à apparaître qu'après quelques heures de
réaction. Ainsi, en arrêtant la réaction avant la consommation totale de 1b, mais au détriment
d’une formation trop importante des sous-produits, nous avons réussi à purifier un
oligosaccharide monoazidé avec un rendement de 24% (Tableau 14 entrée 1).
Entrée Tf2O (eq) H2SO4 (eq) T°C Temps (h) 4b isolé (%)
1 5 5 23 3 24
2 5 2.5 23 24 Traces
3 2.5 5 23 3.5 37
4 0 5 23 5 0b
5 2.5 10 23 2 0c
d
6 2.5 5 0 to 23 2.5 48
a Conditions de réaction : 1b (0.3 M in DCM), NaN3 (6 equiv) addition de Tf2O puis H2SO4 à 0°C, agitation à 23°C.
b Sous produits de DP inférieurs uniquement.
c Impossible d’isoler 4b des sous-produits de dégradation.
d Réaction agitée 1h at 0°C après addition des réactifs puis réchauffé à 23°C.
La présence du groupement azoture a été corroborée par le signal, dans le spectre FT-IR
(Figure 64) d’une bande d'absorption à 2120 cm-1 correspondant à l’élongation de l’azoture, et
confirmée par MS (m/z [M + NH4]+ calculée pour C189H155O56N3: 3379.9717, trouvé :
3379.9822).
νN=N=N stretching
De plus, les déplacements chimiques en RMN 13C à 84,9 et 87,8 ppm ont été attribués aux C-
1αI et C-1βI respectivement, fonctionnalisés par le groupement azoture, avec un ratio α/β =
3:7. En RMN 1H, le triplet à 3,76 ppm correspondant au H-4VII avec deux constantes de
couplage identiques J4-3 = J4-5 = 9,6 Hz est en accord avec la présence d'un groupe hydroxyle
non protégé, avec rétention de la configuration gluco (Figure 65a). Ce résultat suggère un
mécanisme d'ouverture similaire à celui proposé par Vaitkus et coll.153. L'ouverture de la liaison
glycosidique aurait lieu entre le carbone anomérique et l'oxygène de l'aglycone donnant
exclusivement 4b, avec une rétention de la configuration du C-4VII (Figure 65b).
a)
D'autres essais ont été réalisés en modifiant les proportions de H2SO4 ou de Tf2O (Tableau
14). Nous avons, tout d'abord, observé qu’une réduction de la proportion d'acide diminuait la
vitesse de réaction et la conversion de 1b (entrée 2). 4b ne commençait alors à apparaître
qu’au bout de 24h de réaction, ainsi que divers sous-produits. Le rendement a été augmenté
en diminuant le Tf2O à 2,5 équivalents (entrée 3). Toutefois, une absence totale de Tf2O
entraîne une diminution de la cinétique de la réaction, avec une dégradation rapide des
chaînes formées, sans accumulation de 4b, confirmant que l’azoture ne peut pas être introduit
sans formation préalable du triflate anomérique. L'augmentation de la proportion d'acide à 10
équivalents a également augmenté la vitesse de dégradation (entrée 5), sans permettre
l’accumulation de 4b. Enfin, le maintien du mélange à 0°C pendant une heure, au lieu de 10
minutes, a retardé la formation de sous-produits. La réaction a été arrêtée après 2h30 à 23°C,
dès l’apparition des sous-produits pour faciliter la purification. Ainsi, 2,45 g de 4b ont été
obtenus à partir de 5 g de 1b (48% de rendement, Tableau 14 entrée 6). 1,92 g de 1b ont
également été récupérés et peuvent être réutilisés.
Contrairement à la voie de synthèse de 6 par acétolyse, nous avons donc réussi à obtenir, via
cette ouverture, l’oligosaccharide 4b pur, avec 48% de rendement, en une seule étape à partir
de 1b (Schéma 80).
Nous pourrons observer l’impact de cette nouvelle ouverture, sur la synthèse du monomère
diazidé 6, dans le Chapitre suivant. Nous devrons, tout d’abord, adapter cette ouverture à la
synthèse de l’oligosaccharide monopropargylé 8b.
Pour permettre la synthèse de 8b, l’azoture de sodium a été substitué par l’alcool
propargylique. Cette fois, afin d'éviter ou de réduire les réactions secondaires de
transestérification avec les groupements benzoates, l'alcool a été ajouté à 0°C, une heure
après Tf2O et H2SO4 (Tableau 15). Bien que la formation de 8b ait pu être observée en utilisant
2,5 ou 5 équivalents de Tf2O ou H2SO4 et 6 équivalents d'alcool propargylique (Tableau 15
entrées 1 à 4), la formation de sous-produits a été remarquée juste après avoir réchauffé le
mélange réactionnel à 23°C, conduisant à de faibles rendements.
Entrée Tf2O (eq) H2SO4 (eq) T°C Temps (h) 8bb (%)
1 5 5 23 3 0c
2 5 2.5 23 4 16
3 2.5 5 23 4 16
4 2.5 2.5 23 3 17
5 5 5 0 16 20
6 2.5 2.5 0 18 38
a Conditions de réaction : 1b (C 0.3 M) est dissout dans le DCM, addition de Tf2O puis H2SO4 à 0°C, agitation 1h à
0°C, addition d’alcool propargylique (6 équiv) avant agitation à la température indiquée.
b Rendement isolé.
c Trop grande quantité de sous-produits, 8b non isolé.
(C-1βI)-O-CH2-C≡CH
(C-1αI)-O-CH2-C≡CH
b)
-CH2-C≡CH
-C≡CH
-C≡CH
C-1βI C-1αI
Enfin, la présence des signaux correspondant au propargyle (Tableau 16) corrobore la réussite
du greffage de celui-ci en C-1I lors de l’ouverture.
Tableau 16. Déplacements chimiques des signaux RMN correspondant au propargyle en C-1βI a de 8b
5.10 – 4.96 b
97.8 2.39 75.6 78.3 4.54 – 4.18 c
55.8
a les signaux correspondant au propargyle en C-1αI sont souvent trop faibles pour être observés
b superposés avec le signal de H-2αI, H-2II-VI et un H-6
c superposés avec les signaux des H-4I-VI, H5II-VI ainsi que 7 H-6
1,92 g de 8b (rendement 38%) ont ainsi pu être obtenus. 2,46 g de 1b ont également été
récupérés et pouvaient peuvent être réutilisés.
Par la suite, notre méthode d’ouverture a été étendue aux autres cyclodextrines, α et γ,
perbenzoylée, ainsi qu’à un autre nucléophile.281
Nous avons donc essayé d'étendre ces nouvelles méthodes d'ouverture aux α- et γ-
cyclodextrines perbenzoylées, 1a et 1c (Tableau 17). Ainsi, nous avons obtenu 4a et 4c avec
des rendements de 27 et 16 % (Tableau 17 entrées 1 et 7) en utilisant la même méthode que
4b (méthode A). Nous avons également obtenu 8a et 8c avec des rendements de 18 et 14 %
(Tableau 17 entrées 2 et 8) en utilisant la méthode de synthèse de 8b (méthode B).
L'alcool allylique a également été testé, en tant que nucléophile, pour compléter cette étude.
En effet, celui-ci permet de donner accès à un intermédiaire clé, portant un alcène, pour des
réactions telles que les additions, les cycloadditions, les métathèses, les oxydations et surtout,
dans le cas des oligosaccharides, les polymérisations graft126,127,282. Avec l'alcool allylique, les
mêmes conditions de réaction que celles utilisées pour l'alcool propargylique ont été
appliquées. Cependant, des sous-produits de dégradation sont apparus, même si les réactions
étaient refroidies à 0 °C, diminuant les rendements. Ainsi, 11a, 11b et 11c ont été obtenus
avec des rendements respectifs de 12, 16 et 18 % à partir de 1a, 1b et 1c (Tableau 17 entrées
3, 6 et 9).
Il est également possible de remarquer, dans le Tableau 17, que les ratios α/β sont
généralement en faveur de l’anomère β, sauf pour les réactions d’ouvertures utilisant l’alcool
allylique. Il est cependant difficile de pouvoir apporter une explication concrète à ce
changement, ce ratio ayant pu être grandement modifié lors de la purification des
oligosaccharides 11a, 11b et 11c.
Pour permettre l’azidation de la position C-4VII, le même protocole que celui utilisé
précédemment est utilisé. 1,64 g de 5 sont obtenus avec 81% de rendement à partir de 2 g de
4b, avec un ratio α/β = 2:8 pour le C1I, déterminé par RMN 13C (Schéma 82).
Cette différence de ratio entre 4b et 5 pourrait aussi bien être due à une anomérisation qu’à
des pertes lors de la purification en chromatographie flash.
Hormis un ratio α/β différent, entre cette réaction et celle que nous avons décrite en II.2.c, les
caractéristiques des composés obtenus par les deux voies sont identiques.
Le rendement de 81% obtenu sur cette étape est sans commune mesure à celui de 12%
obtenu en II.2.c.
L’oligosaccharide 5 ainsi synthétisé est alors déprotégé pour obtenir 6. Cette déprotection est
réalisée dans un mélange de MeOH/DMF, pour éviter la formation de sels de benzoates
comme précédemment.
Hormis un ratio α/β différent, les caractéristiques du monomère 6 ainsi synthétisé sont
identiques à celles de celui décrit en II.2.d.
Ainsi, en une itération de cette nouvelle séquence, il est possible de synthétiser le monomère
6 avec un rendement global de 38% sur 4 étapes à partir de la β-CD native (Schéma 84),
contre 5% sur 6 étapes par la voie de synthèse précédente (sous-chapitre II.2).
Nous avons donc réussi à multiplier par 4 le rendement global de la synthèse à l’aide de la
nouvelle méthode d’ouverture-fonctionnalisation des CDs que nous avons développée. De
plus, là où l’ancienne séquence nécessitait environ 2 mois pour réaliser une itération pour la
production d’une centaine de milligrammes de 6, notamment à cause de purifications
chronophages devant être réalisées en plusieurs étapes, la nouvelle ne nécessite qu’un peu
moins de deux semaines pour une itération, soit 4 fois moins de temps.
Il nous est donc possible obtenir le monomère 6 plus aisément et plus rapidement via cette
nouvelle séquence. Celle-ci doit cependant être adaptée pour la synthèse de 10.
Pour introduire le groupement propargyle en C4VII du produit 8b (Schéma 85), nous nous
sommes inspirés des réactions de Williamson, réactions les plus utilisées pour l’addition d’un
propargyle sur un hydroxyle libre. Cette réaction nécessite l’action d’une base forte pour
activer l’alcool en C4VII par la formation d’un alcoolate. Ce dernier pourra, par la suite, substituer
l’halogène du bromure de propargyle via un mécanisme type SN2.
La base que nous devons utiliser, dans notre cas, doit toutefois être peu nucléophile, pour
éviter la saponification des groupements benzoates, et donc, le greffage possible de
groupements propargyles sur d’autres positions.
Nous avons donc, tout d’abord, choisi d’utiliser l’hydrure de sodium (NaH), en reprenant les
conditions décrites par Vasella et coll.110
8b, dilué dans le DMF anhydre, est additionné au goutte-à-goutte à une suspension de NaH
dans le DMF anhydre. Après 20 minutes d’agitation à -25 °C, pour permettre la formation de
l’alcoolate en C4VII, le bromure de propargyle est ajouté au milieu.
Dans un premier temps, nous nous sommes aperçus que 8b et 9 possédaient un Rf similaire
dans tous les systèmes d’éluants que nous avons testés. Il nous fallait donc suivre la réaction
par spectrométrie de masse et nous assurer d’une conversion totale de 8b pour pouvoir isoler
9, tout en faisant varier les quantités de réactifs utilisées.
Ce faisant, nous avons toutefois pu constater, par
spectrométrie de masse, la formation d’un composé
tripropargylé 18 (Figure 67). Ce dernier pourrait sans
doute résulter du clivage d’un des benzoates de 9,
suivi d’une nouvelle propargylation sur la position ainsi
déprotégée. Ce nouveau composé 18 possédant, lui
aussi, un Rf similaire à celui de 9 dans tous les
systèmes d’éluants que nous avons testés, nous
n’avons pas réussi à isoler 9 en sa présence.
Figure 67. Composé tripropargylé 18
La formation de 18 ne pouvant s’expliquer que par une présence d’eau dans le milieu, divers
essais ont été réalisés en utilisant des réactifs, notamment NaH, plus récents que ceux utilisés
précédemment. Nous avons également essayé de diminuer la température de réaction de -25
à -40°C. Ces modifications, bien que semblant diminuer légèrement la formation de 18, ne
nous ont pas permis de l’éliminer entièrement, et donc, d’isoler 9. Cette présence d’eau pouvait
aussi être due à la qualité du solvant utilisé.
Des essais en substituant NaH par le carbonate de potassium (K2CO3) anhydre ont été
réalisés. Cependant, quelle que soit la température à laquelle pouvait être porté le milieu, la
formation de 9 n’a jamais pu être observée dans ces conditions. N’obtenant, au mieux, que
des dégradations des chaînes linéaires ou des débenzoylations pour des températures
supérieures à 40 °C, l’utilisation de K2CO3 a été abandonnée.
Nous sommes donc revenus à l’utilisation du NaH. L’ordre d’introduction des réactifs a été
modifié. Le bromure de propargyle est alors introduit en excès dans la solution de 8b dans le
DMF, avant addition de cette solution dans la suspension de NaH. Les traces d’eau présentes
dans le milieu devraient alors être captées par formation de dipropargyle éther (Schéma 86).
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 123
Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour l’obtention de copolymères
à blocs
Bien que les spectres RMN du produit ainsi obtenu soient assez complexes, l’obtention de 9
semblait être confirmée en spectrométrie de masse haute résolution (Figure 68 : m/z [M + 2
NH4]2+ calculé pour C195H160O57 : 1724.5155, trouvé : 1724.5164), avec 79% de rendement
après purification (Schéma 87).
a)
b)
c)
Figure 68. HRMS (ESI-ToF) du supposé composé 9 a) total b) zoom c) spectre simulé
Le composé précédemment obtenu est donc déprotégé par action de MeONa dans un
mélange DMF/MeOH, à 23 °C.699 mg de composé déprotégé sont alors obtenus avec 87%
de rendement. Le composé déprotégé est analysé par HRMS après purification sur colonne
chromatographique (Figure 69 : m/z [M + Na]+ calculé pour C48H76O36 : 1251.4014, trouvé :
1251.3994).
a)
b)
c)
Figure 69. HRMS (ESI-ToF) du supposé composé 10 a) total b) zoom c) spectre réel)
Toutefois, en étudiant les spectres RMN attribués à 9 (Figure 70) et à son pendant déprotégé
10 (Figure 71), nous nous sommes aperçus que ces produits pouvaient être en mélange avec
d’autres oligosaccharides dipropargylés. Ainsi, 9 serait en mélange avec 19 et 10 avec 20
(Schéma 88). Les différents pics caractéristiques de 9 et 19 sont reportés dans le Tableau 18
pour plus de lisibilité. Selon les signaux observés, 19 et 20 seraient propargylés non pas en
C-4VII, mais en C-6VII.
a)
H-6aVII (19)
H-6bVII (19)
H-5VII (19)
H-4VII (19)
H-3VII (9)
(C-1βI)-O-CH2-C≡CH (C-1αI)-O-CH2-C≡CH
(C-6VII)→C≡CH
(C-4VII)→C≡CH
b)
(C-1I)→C≡CH
(C-4VII)→C≡CH
(C-6VII)→C≡CH
(C-1I)→C≡CH
(C-4VII)→C≡CH
(C-6VII)→C≡CH
C-6VII (19)
VII
C-4 (9)
C-1βI
C-1VII (19)
(C-1I)→CH2-C≡CH
(C-1I)→CH2-C≡CH
ou
(C-4VII)→CH2-C≡CH
ou
(C-6VII)→CH2-C≡CH
H-2βI
H-1αI
H-1βI
b)
(C-4VII)→CH2-C≡CH
(C-1I)→CH2-C≡CH
ou
(C-6VII)→CH2-C≡CH
C-1αI
C-1βI
L’obtention d’un mélange de 9 et 19 à l’étape précédente pourrait être due à la migration d’un
benzoate suite à la formation de l’alcoolate en C-4VII (Figure 72).
Bien que nous n’ayons pas trouvé, à ce jour, comment séparer 9 et 19 ou 10 et 20, le mélange
ainsi obtenu était constitué de deux oligosaccharides linéaires, possédant uniquement deux
fonctions polymérisables à chaque extrémité. Les premiers essais de polymérisation, pour
l’obtention de chaînes polymères purement linéaire, pouvaient donc commencer.
600 mg du mélange de 10 et 20, ainsi que 1,5 g de 6 et 500mg de 5 ont donc pu être envoyés
à nos partenaires de l’IMP de Lyon pour initier les tests de polymérisation.
Nous avons tout d’abord tenté de réduire les deux azotures de 5 en amines, via la réaction de
Staudinger (Schéma 89).
[21 + 2 Na]2+
[21 + Na + K]2+
[21 + H + Na]2+
Figure 73. MS basse résolution du brut contenant 21 en fin de réduction à l’aide de PPh3
Nous n’avons toutefois pas réussi à obtenir 21 avec un niveau de pureté satisfaisant. En effet,
peu importe l’éluant utilisé en chromatographie, ou le mélange de solvant pour la
recristallisation, nous n’avons jamais pu éliminer entièrement l’oxyde de triphénylphosphine.
Cela pourrait être dû à une trop grande affinité entre les systèmes π de 21 et de celui-ci.
Nous avons changé d’approche, en substituant PPh3 par PMe3, et en nous inspirant des
couplages de Staudinger-Vilarrasa283.
Notre choix s’est porté sur ce type de couplage, car il a pour avantage de pouvoir être réalisé
en une étape, sans purification de 21, et dans des conditions plutôt douces. Notre protocole a
toutefois été modifié en « one-pot 2 steps », pour éviter toute interaction entre un azoture,
n’ayant pas été réduit en amine, et l’acide propiolique, que nous souhaitions ensuite greffer.
Les deux azotures du composé 5 ont donc tout d’abord été réduits en amines à l’aide de
triméthylphosphine (PMe3) dans le toluène à 0°C. Après réduction des 2 azotures de 5, l’acide
propiolique a été introduit en présence de divers agents de couplages pour former le composé
dialcyne 22 (Schéma 90).
Différents agents de couplages ont été testés comme la 2,2’-dithiopyridine (PySSPy), le couple
dicyclohexylcarbodiimide/N-hydroxysuccinimide (DCC/NHS) ou le couple diisopropyl-
carbodiimide/N-hydroxysuccinimide (DIC/NHS). Les deux premières ne permettaient la
formation majoritaire que de composés monoamides. De faibles quantités de 22 ne pouvaient
être obtenues qu’au bout de plusieurs jours de réaction. Le meilleur résultat a été obtenu par
réaction, à 23°C pendant une semaine, de 2,2 équivalents de PMe3, 4 équivalents de DCC,
de NHS et d’acide propiolique, sur 100 mg de 5 (Figure 74).
[22 + Na]+
L’utilisation de DIC/NHS, avec des ajouts successifs de DIC au cours de la réaction, avait
permis d’observer, en spectrométrie de masse (Figure 75 : m/z [M + Na]+ calculé pour
C195H158N2O57 : 3463.95, trouvé : 3464.1), l’obtention majoritaire de 22 (Schéma 90).
[22 + Na]+
Figure 75. MS basse résolution du brut contenant 22 en fin de réaction, en présence de DIC
Comme précédemment avec 21, nous n’avons pas réussi à séparer 22 des divers sous-
produits de la réaction comme l’oxyde de triméthylphosphine (OPMe3) ou la 1,3-
diisopropylurée. Ces composés semblaient, de plus, modifier la rétention de 22 sur colonne
de silice. En effet, 22 sortait de colonne à plusieurs temps différents et en mélange avec
OPMe3 ou la 1,3-diisopropylurée.
La présence de ces impuretés semblait modifier également la solubilité du mélange obtenu.
Ne connaissant pas la solubilité de 22 seul, nos tentatives de recristallisation, pour essayer
d’éliminer tout ou partie de ces impuretés, se sont également soldées par des échecs, quel
que soit le solvant ou le mélange utilisé.
Notre hypothèse, pour tenter d’expliquer ce phénomène, serait la formation d’un complexe,
entre le produit et les impuretés.
Afin d’éviter ces problèmes, nous avons décidé de réduire l’azoture en amine à l’aide d’une
hydrogénation pallado-catalytique.
Ce manque de réactivité peut, en grande partie, être imputé au solvant utilisé. En effet, les
solvants les plus efficaces pour cette réaction sont des solvants polaires bons accepteurs de
liaisons hydrogène (alcools, acides, THF …).284 Le produit 5 n’étant pas soluble dans ces
solvants, nous avons été contraints d’utiliser l’acétate d’éthyle, un des moins bons solvants
pour ce type de réaction. De plus, l’oligosaccharide 5, bien que soluble dans l’acétate d’éthyle,
nécessitait pour sa dissolution une quantité de solvant 10 fois plus importante que celles
reportées dans la littérature.285
Afin d’accélérer la réaction, des essais avec un mélange d’acétate d’éthyle et d’acide acétique
en tant que solvant de réaction ont été réalisés. Cette fois, la réduction était certes plus rapide
Les fonctions alcynes devaient ensuite être greffées sur les amines de 21 (Schéma 92). Les
agents de couplages que nous avons testés, dans un premier temps, étaient DIC/NHS et
DIC/HOBt (Hydroxybenzotriazole). HOBt présentait un avantage par rapport à NHS, car il
pouvait être éliminé facilement par précipitation dans le toluène suivie d’une filtration.
Eu égard aux difficultés liées à la production d’un monomère dialcyne, que nous avons pu voir
au cours de ce chapitre, les fonctionnalisations des positions primaires ont été développées
sur le monomère diazoture 6.
Les premières fonctionnalisations des positions primaires du monomère 6, que nous allons
voir dans ce chapitre, portent sur l’oxydation des hydroxyles des C-6 en acides carboxyliques.
Pour permettre l’oxydation sélective de ces positions primaires, l’utilisation du (2,2,6,6-
tétraméthylpipéridin-1-yl)oxy (TEMPO) semble alors appropriée (Schéma 93). Toutefois, pour
éviter le clivage des liaisons glycosidiques de la chaîne linéaire, nous avons choisi d’utiliser
les conditions d’oxydation à pH neutre.
L’oxydation est réalisée dans une solution aqueuse, tamponnée à pH = 6,7 à l’aide d’un
tampon phosphate. 0,1 équivalent de TEMPO par hydroxyle primaire est introduit dans le
milieu ainsi que 2 équivalents de chlorite de sodium (NaClO2)par hydroxyle et 0.02 équivalent
d’hypochlorite de sodium (NaClO) en tant que cooxydants.
La cinétique de la réaction étant très lente, et semblant ralentir au fur et à mesure que le
nombre de positions oxydées sur l’oligosaccharide augmentait, le milieu est donc chauffé à
35 °C pour accélérer légèrement la réaction.
L’avancement de la réaction est suivi en spectrométrie de masse, la CCM ne permettant pas
d’obtenir des résultats probants. En effet, si 6 et ses dérivés oxydés ne laissent que des
traînées indistinctes en CCM phase inverse quel que soit l’éluant utilisé, les dérivés ayant plus
de 5 positions oxydées possèdent le même Rf dans les solvants permettant de les éluer en
phase normale (tBuOH/EtOH/H2O), et ne peuvent donc pas être différentiés.
Après une semaine de réaction, le milieu réactionnel a viré de l’orange-brun au jaune pâle, et
indique donc une dégradation du TEMPO. Les mêmes quantités de TEMPO, NaClO2, puis
NaClO que celles utilisées initialement, sont réintroduites dans le milieu pour permettre à
l’oxydation de se poursuivre. À ce stade nous pouvons alors observer, en spectrométrie de
masse, que les chaînes d’oligosaccharides du milieu présentent entre 3 et 5 positions oxydées
(Figure 76). Les interprétations des pics sont rapportées dans le Tableau 20.
Tableau 20. Interprétation des principaux pics visibles en MS basse résolution sur la Figure 76
Nombre Adduits
Zoom Pics Charges
d'oxydations Nombre de Na+ Nombre de H+
413,4 3 0 0 -3
418,2 4 0 1 -3
423,1 5 0 2 -3
390-450 425,5 4 1 0 -3
430,8 5 1 1 -3
434,9 6 1 2 -3
437,2 5 2 0 -3
621,2 3 0 1 -2
628,3 4 0 2 -2
635,4 5 0 3 -2
639,5 4 1 1 -2
610-680 645,9 5 1 2 -2
650,0 4 2 0 -2
653,7 6 1 3 -2
657,1 5 2 1 -2
668,0 5 3 0 -2
Figure 76. MS basse résolution du brut au bout d’une semaine, contenant des oligosaccharides 3 à 5 fois oxydés
Figure 77. MS basse résolution du brut au bout d’une semaine, ne contenant plus que 12
Une semaine après cette addition, toutes les positions primaires des oligosaccharides
semblent oxydées en spectrométrie de masse (Figure 77). Les interprétations des pics sont
rapportées dans le Tableau 21. Interprétation des principaux pics visibles en MS basse
résolution sur la Figure 77. Le milieu est alors transféré dans une poche de dialyse en
cellulose, avec un seuil de coupure de poids moléculaire (MWCO) 1 000 g.mol-1.
L’oligosaccharide heptaoxydé 12 possédant une masse moléculaire de 1 454,78 g.mol-1, le
passage par les pores de la membrane de dialyse devrait être limité, bien qu’il s’agisse d’une
molécule linéaire.
Tableau 21. Interprétation des principaux pics visibles en MS basse résolution sur la Figure 77
Nombre Contre-ions
Zoom Pics Charges
d'oxydations Nombre de Na+ Nombre de H+
320,5 6 0 2 -4
323,7 7 0 3 -4
310-350 329,5 7 1 2 -4
335,0 7 2 1 -4
340,5 7 3 0 -4
432,6 7 0 4 -3
439,7 7 1 3 -3
410-470 447,3 7 2 2 -3
454,8 7 3 1 -3
462,0 7 4 0 -3
La membrane contenant le milieu réactionnel est laissée sous agitation, dans 500 mL d’eau
milli-Q, à 23 °C, pendant 2h avant renouvellement de l’eau. Après 5 renouvellements, le
contenu de la poche est évaporé pour obtenir 499 mg de 12 avec 82% de rendement à partir
de 500 mg de 6 (Schéma 93).
La formation des acides carboxyliques sur toutes les positions primaires est corroborée en
comparant les spectres RMN de 6 (Figure 78a et Figure 79a) et 12 (Figure 78b et Figure 79b).
Il est donc possible d’observer la disparition des signaux des protons H-6 sur les spectres de
12, ainsi que le déplacement de tous les signaux des C-6 de la zone entre 60 et 61 ppm pour
6, à celle entre 176 et 178 ppm pour 12.
H-6VII
H-1βI H-2βI
VII
H-4
I
H-1α
b)
H-5VII
H-4VII H-2βI
H-3VII
Figure 78. Comparaison entres les spectres RMN 1H de a) 6 et b) 12 dans D2O à 298K
a)
C-6VII
C-6I-VI
C-1βI
C-1αI
b)
C-1βI
C-4VII
C-6I-VI C-6VII
Figure 79. Comparaison entre les spectres RMN 13C de a) 6 et b) 12 dans D2O à 298K
a)
νN=N=N stretching
b)
νN=N=N stretching
νC=O carboxylate
Une partie de 12 a toutefois été perdue lors de la dialyse, ce qui explique l’obtention de
seulement 82% de rendement pour cette synthèse. Ces oligosaccharides étant linéaires, il est
possible qu’ils aient tout de même pu passer les pores de la dialyse lors de la purification. Il
semblerait, de plus, que l’anomère α soit l’oligosaccharide ayant le plus de facilités à traverser
la membrane. En effet, sur le spectre RMN 13C de 12, seul le signal du C-1βI peut être observé
à 92,4 ppm. De plus, aucun signal correspondant au C-1αI, qui devrait donc avoir un
déplacement chimique légèrement inférieur à 92 ppm n’a pu être observé. Seul l’anomère β
de 12 a donc été récupéré suite à la dialyse, alors que le ratio α/β de 6 était de 2:8.
Pour permettre l’acylation des positions primaires de 6, nous avons tout d’abord essayé
d’effectuer des transestérifications par voie enzymatique, à l’aide de lipases sélectives des
positions primaires. Des esters gras de laurate et d’oléate sous forme méthyle, éthyle ou vinyle
ont été utilisés, ainsi que différentes enzymes, comme le Lipozyme® ou la lipase B de Candida
antarctica (CalB) immobilisée sur différents supports.
Pour ce faire 6 est suspendu dans l’ester gras avec l’enzyme, un co-solvant peu volatil comme
le DMF peut également être ajouté pour solubiliser une partie de 6, naturellement peu soluble
dans l’ester gras. Le tout est ensuite chauffé sous vide (90 mbar) entre 40 à 80°C pour
permettre au solvant dégagé par la transestérification d’être extrait du milieu, et ainsi tenter de
déplacer l’équilibre vers la formation de nouvelles liaisons ester sur les positions primaires de
6. Les réactions étaient suivies en CCM phase normale (1-BuOH/EtOH/H2O 4:3:3), ainsi qu’en
spectrométrie de masse.
Mais, peu importe la lipase, l’ester gras, la température, ou le temps de réaction, nous n’avons
jamais réussi à acyler plus de 3 positions primaires de 6. La conversion de 6 vers un
oligosaccharide monoacylé semblait, de plus, inférieure à 50%, peu importe les conditions
utilisées. Les meilleurs résultats ont été obtenus après réaction sous vide à 50°C de 30 mg de
6, en présence de CalB ou de Lipozyme®, dans 0,56 mL d’un mélange de pyridine et de
laurate de vinyle (1:1). Au bout de 4 jours, la réaction n’évoluait plus, même après ajout de
0,1 mL de laurate de vinyle supplémentaire (Figure 81).
3 positions acylées
2 positions acylées
1 position acylée
6
A : 6 (référence)
B : Réaction avec CalB
C : Réaction avec le Lipozyme
A B C
Figure 81. CCM (1-BuOH/EtOH/H2O 4:3:3) du brut en fin de réaction avec du laurate de vinyle
Nous avons ensuite tenté de greffer des acides gras sur les positions primaires de 6 à l’aide
d’agents de couplages permettant l’acylation sélective des positions primaires. Notre choix
s’est porté sur l’utilisation de TBTU (Schéma 94).
L’acide laurique et le TBTU (2,2 équivalents chacun par position primaire à acyler) sont tout
d’abord dissous dans la pyridine et agités à 35 °C pendant une heure pour permettre
l’activation de l’acide. Une solution de 6 dissous dans la pyridine est ensuite ajoutée et la
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 141
Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour l’obtention de copolymères
à blocs
solution est agitée à 25 °C pendant 10 jours. La réaction est principalement suivie en CCM
phase normale (DCM/EtOH 95:5), les oligosaccharides acylés sur plus de 5 positions étant
insolubles dans les solvants utilisés en MS (H2O, MeOH, MeCN). Le mélange est ensuite filtré
pour éliminer le tetrafluoroborate de pyridinium ainsi que le HOBt formé.
tétraméthylurée
Figure 82. Spectre RMN dans CDCl3 à 298K du mélange le plus pur obtenu après purification
Nous ne sommes, de plus, pas sûrs que les acylations ont bel et bien été sélectives des
positions primaires, la présence de ces impuretés ne permettant pas l’obtention de spectres
RMN exploitables.
La combinaison des monomères perhydroxylés 6 et 10, ayant tous deux des solubilités
similaires, a permis la synthèse du copolymère 23. Une partie de ce dernier a également été
transformé en copolymère triazolium 24 par action d’iodure de méthyle (Figure 83).
La formation des triazoles de 23 est confirmée, en RMN 1H, par la présence du signal
correspondant aux protons portés par ces cycles aromatiques aux alentours de 8,3 ppm. Suite
à la synthèse de 24, ceux-ci sont déplacés de 8,3 à 9 ppm, confirmant la formation des
méthyltriazoliums (Figure 84).
23
24
La formation des triazoles de 25 est confirmée, en RMN 1H, par la présence du signal
correspondant aux protons portés par ces cycles aromatiques aux alentours de 8,5 ppm. Suite
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 144
Résultats et discussion
à la synthèse de 26, ceux-ci sont déplacés de 8,5 à 9,1 ppm, confirmant la formation des
méthyltriazoliums (Figure 86).
25
26
Une analyse par chromatographie d’exclusion stérique (SEC) devrait permettre de déterminer
la masse molaire moyenne des différents copolymères, leurs distributions de masses, ainsi
que leurs degrés de polymérisation moyens.
Nous avons donc développé une nouvelle réaction one-pot pour obtenir des oligomaltoses
fonctionnalisés en C-1I et libres en C-4 terminal, directement à partir de CDs perbenzoylées.
Cette méthodologie a pu être appliquée avec succès aux α-, β-, et γ-CD permettant la
préparation sélective d’oligosaccharides de DP fixes avec un azoture, un propargyle ou un
allyle en C-1I, à partir de n’importe quelle CD perbenzoylée, suivie d’une réaction de
glycosylation in situ. Les résultats de cette étude ont d’ailleurs pu être publiés.
Les conditions de ces ouvertures ne sont toutefois pas optimales et pourraient sûrement être
améliorées, notamment dans le cas de l’alcool allylique. En effet, l’influence de paramètres
comme la température ou la concentration des différents réactifs pourrait être étudiée par la
réalisation de différents plans d’expériences pour chaque CD et chaque nucléophile.
Cependant, le temps nous manquait pour réaliser ces études. De plus, les conditions utilisées
pour les ouvertures permettant la production de 4b et 8b étaient bien adaptées pour permettre
de poursuivre la synthèse des monomères 6 et 10.
À l’aide des ouvertures ainsi développées, le monomère 6 a pu être obtenu avec succès. Si
l’ouverture peut encore être améliorée, l’introduction de la seconde fonction azoture ainsi que
la déprotection permet l’obtention rapide de 2 à 3 g de 6 en moins d’un mois de manipulation,
avec 38% de rendement global à partir de la β-CD. 38% de β-CD perbenzoylées sont
également récupérés lors de cette synthèse et peuvent être réutilisés, ce qui permet de
relativiser la diminution de rendement global due à l’ouverture.
L’obtention de 10 a été beaucoup plus problématique, de son côté. Nous nous sommes
aperçus que ce que nous pensions être l’oligosaccharide 9, propargylé en C-1I et C-4VII, était
en réalité un mélange composé de 9 et d’un second oligosaccharide, 19, lui aussi dipropargylé,
mais en C-1I et C-6VII, à cause de la migration d’un benzoate. Ce mélange permettant tout de
même d’obtenir des polymères linéaires lors d’une polymérisation click, il a été envoyé à Lyon,
sous sa forme déprotégée composée de 10 et 20, pour permettre de réaliser les premiers
essais de polymérisation.
L’obtention d’un tel mélange peut tout de même poser problème lors de la fonctionnalisation.
D’autres méthodes d’obtention d’un oligosaccharide dialcyne, en partant cette fois de
l’oligosaccharide diazidé 5, ont été testées. Elles se sont cependant toutes heurtées à des
difficultés lors de la purification des composés synthétisés.
La fonctionnalisation des positions primaires des monomères a donc été étudiée sur le
monomère 6.
Les positions primaires de 6 ont été, en premier lieu, fonctionnalisées par oxydation à l’aide
de TEMPO. Cette oxydation a permis l’obtention de l’oligosaccharide 12 avec un rendement
de 82%. Les pertes, subies lors de la purification, diminuant ainsi le rendement, pourraient être
amoindries par l’utilisation d’une membrane de dialyse aux pores plus fins et un MWCO
inférieur à 1 000 Da. La cinétique de la réaction étant également assez lente, il pourrait
également être intéressant d’étudier comment l’accélérer, si cela est possible.
L’acylation des positions primaires de 6, d’un autre côté, a été beaucoup plus problématique.
L’acylation par catalyse enzymatique de toutes les positions primaires de 6 s’est révélée
impossible. Seules trois positions sont acylées. L’acylation sélective à l’aide de TBTU, quant
à elle, a engendré des difficultés lors de la purification de 13. À ce jour, nous n’avons pas
trouvé comment éliminer l’urée produite lors de la réaction ainsi que des traces résiduelles
d’acide gras. La seule solution envisageable consiste à recherche une méthode de purification
efficace de 13. Les acides gras pourraient, par exemple, être éliminés par sublimation.289 Si
cette purification est impossible ou, si suite à l’élimination des impuretés, les spectres RMN ne
montrent pas une sélectivité satisfaisante de l’acylation, le greffage d’amines grasses sur le
composé 12 pourrait être envisagé pour obtenir un résultat similaire.
D’une manière plus générale, l’ouverture des cyclodextrines que nous avons développée
pourrait être encore améliorée et dérivée à de nombreux autres groupements. Elle pourrait
ainsi permettre un accès aisé à de nombreux blocs de construction oligosaccharidiques de DP
fixe, dont certains ont déjà prouvé leur utilité dans la littérature, pour la fabrication de matériaux
innovants.
I. Matériel et méthodes
Reaction Equipment
Reactions were magnetically stirred and temperature was monitored with a mercury
thermometer. They were thermostatically controlled using a Huber TC50E immersion cooler.
12 is purified by dialysis using a Spectra/Por® 6 pre-wetted RC tubing membrane (MWCO:
1 kDa) from Spectrum Laboratories Inc.
Chromatography
Reactions were monitored using Merck TLC Silicagel 60 F254 with cyclohexane/ethyl acetate
(6:4) as eluent. Ratios are specified in experimental part. Products were revealed by UV light
(254 nm) followed by charring with a solution of H2SO4 in ethanol (v:v, 1:9).
Flash chromatography purifications were performed on Grace Reveleris iES with
CHROMABOND Flash RS SiOH cartridges, 40–63 µm (330 and 80 g) and CHROMABOND
Flash RS SiOH cartridges, 15–40 µm (120 and 40 g). Compounds were detected by an
evaporative light scattering detector (ELSD) and UV detector with two wavelengths (254 nm
and 280 nm). Purification profiles are described in Tableau 23 (page 152). 4b, 5, 8b, 11a, 11b
and 11c were purified in two steps, using Profile 1 then Profile 2. 4c, 8a and 8c were purified
using Profile 1' then Profile 2'. 9 was purified using Profile 1 then Profile 3. 4a was purified with
Profile 3 only and .2, 3 and 7 with Profile 4.
6 and 10 were purified by chromatography on Sephadex LH-20 in water.
Mass spectrometry
Reactions progresses were also monitored by electrospray ionization mass spectrometry (ESI-
MS) using a Waters-Micromass ZQ 4000 Mass Spectrometer provided with a pneumatically
assisted electrospray (ZSpray) ion source. Samples were dissolved in acetonitrile at a
concentration of 0.01 mg.mL-1, filtrated on CHROMAFIL PTFE 0.2 µm then introduced at
20 µL.min-1 into the ESI source. Source and desolvation temperatures are respectively 80 and
150 °C. Azote was used as nebulization and desolvation gas with an output of 50 and 350 L.h-
1
. Capillary voltage is set to 3.5 kV and cone voltage varies from 100 to 150 V. Spectra are
accumulated at 2 s.scan-1 rate.
High-resolution electrospray mass spectrometry (ESI-HRMS) was operated on a Synapt G2-
Si Q-TOF high resolution hybrid Mass Spectrometer provided with an electrospray (ESI)
ionization source (Waters, Manchester, UK).
Data acquisition and processing were performed with MassLynx software (V4.1, Waters).
NMR spectrometry
Deuterated solvents (CDCl3 and D2O) were purchased from Sigma-Aldrich.
1
H and 13C nuclear magnetic resonance (NMR) spectra were respectively recorded at 400 and
101 MHz using a Bruker Avance 400 (5 mm CryoProbe) or at 600 and 151 MHz using a Bruker
Avance 600 (5 mm TXI inverse probe). Analyses were operated at 298 K. Chemical shifts (δ)
are reported in parts per million (ppm) relative to a residual solvent peak for CDCl 3 (δH =
7.26 ppm, δC = 77.16 ppm) or D2O (δH = 4.79 ppm). Coupling constants (J) are reported in
Hertz (Hz).
Following abbreviations were used to explain multiplicities: s = singlet, d = doublet, t = triplet,
dd = doublet of doublets, dt = doublet of triplets, dq = doublet of quartets, m = multiplet, b =
broad.
Data acquisition was performed with TopSpin and processing with MestReNova.
Synthesized oligosaccharides tend to trap solvents and impurities during drying. Therefore, it
may be possible to notice corresponding signals on NMR spectra.
Common impurities: cyclohexane (1H NMR: s 1.43 ppm; 13C NMR: 26.94 ppm),
dichloromethane (1H NMR: s 5.30 ppm; 13C NMR: 53.52 ppm), ethyl acetate (1H NMR: q 4.12,
s 2.05, t 1.26 ppm; 13C NMR: 171.36, 60.49, 21.04, 14.19 ppm), grease (1H NMR: br 1.26, m
0.86 ppm; 13C NMR: 29.76 ppm), water (1H NMR: s 1.56 ppm).
Hexakis(2,3,6-tri-O-benzoyl)-α-cyclodextrin 1a.
Dried α-cyclodextrin (4.00 g, 4.11 mmol, 1 eq) was dissolved in pyridine (100 mL). Benzoyl
chloride was added dropwise at 0 °C (19.08 mL, 164.40 mmol, 40 eq). The solution was stirred
at 60 °C for 48h. The mixture was cooled in an ice bath, neutralized with methanol (10 mL)
and evaporated under reduced pressure. The obtained syrup was diluted in dichloromethane
(25 mL) then washed with water (25 mL), dried over Na2SO4, filtered and evaporated.
Methanol (100 mL) was added to the resulting mixture, followed by 25 mL of water. The
precipitate was filtered off and washed with methanol. It was resuspended in methanol
(100 mL) and stirred for 1h before addition of 25 mL of water. A new filtration and drying over
P2O5 afforded perbenzoylated α-cyclodextrin 1a (11.76 g, 92% yield) as a white powder.
C NMR (151MHz, CDCl3) δ 166.34, 166.09, 164.62 (OCOC6H5), 133.24, 132.54, 132.12,
13
130.11, 129.98, 129.86, 129.64, 129.55, 128.72, 128.17, 127.69, 127.60 (OCOC6H5), 98.67
(C-1I-VI), 79.02 (C-4I-VI), 72.67 (C-2I-VI), 71.78 (C-3I-VI), 70.76 (C-5I-VI), 63.51 (C-6I-VI);
FT-IR: 3065w, 2949w (νC-H), 1724s (νC=O ester), 1603m, 1585m (νC=C aromatic), 1452m (νC-H),
1315m, 1267s (νC-O aromatic), 1177m, 1094s, 1069s, 1028s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C162H132O48: 1440.9304, found 1440.9280.
Heptakis(2,3,6-tri-O-benzoyl)-β-cyclodextrin 1b.
Dried β-cyclodextrin (20.00 g, 17.62 mmol, 1 eq) was dissolved in pyridine (250 mL). Benzoyl
chloride was added dropwise at 0 °C (102.3 mL, 0.88 mol, 50 eq). The solution was stirred at
23 °C for 24h. The mixture was cooled in an ice bath, neutralized with methanol (100 mL) and
evaporated under reduced pressure. The obtained syrup was diluted in dichloromethane
(200 mL) then washed with water (200 mL), dried over Na2SO4, filtered and evaporated.
Methanol (1 L) was added to the resulting mixture, followed by 100 mL of water. The precipitate
was filtered off and washed with methanol. It was resuspended in methanol (1 L) and stirred
for 1h before addition of 100 mL of water. A new filtration and drying over P2O5 afforded
perbenzoylated β-cyclodextrin 1b (56.19 g, 98% yield) as a white powder.
C NMR (101MHz, CDCl3) δ 167.25, 166.07, 164.56 (OCOC6H5), 133.04, 132.70, 132.35,
13
130.18, 129.83, 129.70, 128.87, 128.49, 128.41, 127.92, 127.77 (OCOC6H5), 97.66 (C-1I-VII),
77.36 (C-4I-VII), 71.61 (C-2I-VII, C-3I-VII), 70.23 (C-5I-VII), 63.66 (C-6I-VII);
FT-IR: 3065w, 2961w (νC-H), 1724s (νC=O ester), 1603m, 1585m (νC=C aromatic), 1452m (νC-H),
1315m, 1267s (νC-O aromatic), 1177m, 1094s, 1069s, 1028s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C189H154O56: 1678.4978, found 1678.4971.
Octakis(2,3,6-tri-O-benzoyl)-γ-cyclodextrin 1c.
Dried γ-cyclodextrin (4.00 g, 3.08 mmol, 1 eq) was dissolved in pyridine (100 mL). Benzoyl
chloride was added dropwise at 0 °C (21.45 mL, 184.8 mmol, 60 eq). The solution was stirred
at 23 °C for 24h. The mixture was cooled in an ice bath, neutralized with methanol (10 mL)
and evaporated under reduced pressure. The obtained syrup was diluted in dichloromethane
(25 mL) then washed with water (25 mL), dried over Na2SO4, filtered and evaporated.
Methanol (100 mL) was added to the resulting mixture, followed by 25 mL of water. The
precipitate was filtered off and washed with methanol. It was resuspended in methanol
(100 mL) and stirred for 1h before addition of 25 mL of water. A new filtration and drying over
P2O5 afforded perbenzoylated γ-cyclodextrin 1c (11.11 g, 95% yield) as a white powder.
FT-IR: 3067w, 2951w (νC-H), 1726s (νC=O ester), 1603m, 1585m (νC=C aromatic), 1452m (νC-H),
1314m, 1265s (νC-O aromatic), 1175m, 1094s, 1069s, 1028s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C216H176O64: 1915.5636, found 1915.5612.
1I,4VII-di-O-acetyl-2I-VII,3I-VII,6I-VII-henicosa-O-benzoyl-maltoheptaose 2.
Dried 1b (15.38 g, 4.63 mmol, 1 eq) was dissolved in acetic anhydride (290 mL) under inert
atmosphere. The mixture was cooled down to 0 °C before addition of HClO4 70% (4mL,
46.3 mmol, 10 eq). After stirring for 42h at 0 °C, the reaction mixture was warmed up at r.t. for
4h. The mixture is then cooled and neutralized by a saturated solution of NaHCO 3 (200 mL).
The solvent was evaporated, the resulting residue was diluted in dichloromethane (200 mL)
and washed twice with water (200 mL). The organic layer was dried over Na2SO4, filtered and
evaporated to dryness. The residue was purified by flash chromatography with Profile 4 to
afford 2 (10.47 g, 66% yield), as a white foam.
FT-IR: 3067w, 2970w (νC-H), 1727s (νC=O ester), 1603m, 1585m (νC=C aromatic), 1452m (νC-H),
1315m, 1267s (νC-O aromatic), 1175m, 1094s, 1069s, 1028s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C193H160O59: 1729.5137, found 1729.5134.
4VII-O-acetyl-1I-azido-1I-deoxy-2I-VII,3I-VII,6I-VII-henicosa-O-benzoyl-maltoheptaose 3.
To a solution of 2 (5 g, 1.46 mmol, 1 eq) in dry dichloromethane (10 mL) at room temperature
were added trimethylsilyl azide (1.55 mL, 11.68 mmol, 8 eq) and trimethylsilyl triflate (0.13 mL,
0.73 mmol, 0.5 eq). The reaction mixture was stirred at 40 °C under argon for 96h. The solution
was then neutralized by a saturated solution of NaHCO3 (50 mL). The mixture was extracted
with dichloromethane (2 x 100 mL), dried over Na2SO4, filtered and evaporated to dryness.
The residue was purified by flash chromatography with Profile 4 to afford 3 (3.03 g, 61% yield),
as a white foam.
C NMR (101 MHz, CDCl3) δ 169.36 (C4VII-OCOCH3), 165.97, 165.83, 165.65, 165.50,
13
165.22, 164.94, 164.74 (OCOC6H5), 133.48, 133.38, 133.18, 133.13, 132.90, 130.17, 130.10,
129.86, 129.62, 129.42, 129.20, 128.82, 128.71, 128.51, 128.38, 128.20, 127.98 (OCOC6H5),
96.97, 96.90, 96.85, 96.81, 96.75, 96.50 (C-1II-VII), 87.81 (C-1βI), 85.03 (C-1αI), 75.26 (C-5I),
74.77 (C-3βI), 73.97, 73.43, 73.13, 71.97, 71.82, 71.66, 71.02, 70.89, 70.69, 70.45, 70.29,
70.14, 69.94 (C-4I-VI, C-3αI, C-3II-VII, C-2I-VII, C-5II-VI), 69.06 (C-5VII), 68.27 (C-4VII), 62.87, 62.69,
62.40, 62.27, 62.20, 61.94, 61.93 (C-6I-VII), 20.61 (C4VII-OCOCH3);
FT-IR: 3067w, 2961w (νC-H), 2118m (νN=N=N), 1726s (νC=O ester), 1603m, 1585m (νC=C aromatic),
1452m (νC-H), 1315m, 1268s (νC-O aromatic), 1177m, 1094s, 1069s, 1028s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + Na]+ calcd for C191H157O57N3: 3426.9377, found 3426.9365.
4VII-O-acetyl-1I-O-(prop-2-yn-1-yl)-2I-VII,3I-VII,6I-VII-henicosa-O-benzoyl-maltoheptaose 7.
To a solution of 2 (5 g, 1.46 mmol, 1 eq) in dry dichloromethane (60 mL) at room temperature
were added propargyl alcohol (0,10 mL, 1.75 mmol, 1,2 eq) and trimethylsilyl triflate (0.04 mL,
0.22 mmol, 0.15 eq). The reaction mixture was stirred at 25 °C under argon for 48h. The
solution was then neutralized by a saturated solution of NaHCO3 (50 mL). The mixture was
extracted with dichloromethane (2 x 100 mL), dried over Na2SO4, filtered and evaporated to
dryness. The residue was purified by flash chromatography with Profile 4 to afford 7 (2.46 g,
49,2% yield), as a white foam.
FT-IR: 3061w, 2943w (νC-H), 1725s (νC=O ester), 1602m (νC=C aromatic), 1452m (νC-H), 1315m, 1267s
(νC-O aromatic), 1177m, 1093s, 1069s, 1026s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + NH4]+ calcd for C194H160O58: 3434.9909, found 3435.0006.
1I-azido-1I-deoxy-2I-VI,3I-VI,6I-VI-octadeca-O-benzoyl-maltohexaose 4a.
Dried 1a (1.8 g, 0.63 mmol, 1 eq) and dried NaN3 (247 mg, 3.79 mmol, 6 eq) were dissolved
in dried dichloromethane (11 mL) under argon, then cooled in an ice bath. Tf2O (0.26 mL,
1.58 mmol, 2.5 eq) then H2SO4 (0.17 mL, 3.16 mmol, 5 eq) were added dropwise to the
solution. The mixture was stirred for 1h at 0 °C then 2h at 23 °C. When byproducts started to
appear, the mixture was cooled in an ice bath and neutralized by a saturated solution of
NaHCO3 (20 mL). The organic layer was diluted with ethyl acetate (50 mL), separated from
aqueous layer, dried over Na2SO4, filtered and evaporated to dryness. The residue was purified
by flash chromatography with Profile 3, to afford 4a (510 mg, 28% yield) as a white foam.
Remaining 1a (670 mg) can be used in another reaction.
C NMR (151 MHz, CDCl3) δ 167.20, 166.77, 165.85, 165.54, 165.41, 165.22, 164.93, 164.72
13
(OCOC6H5), 133.56, 133.32, 133.05, 132.96, 130.15, 130.10, 129.92, 129.62, 128.79, 128.51,
128.34, 128.02 (OCOC6H5), 97.20, 97.01, 96.79, 96.60, 96.53 (C-1II-VI), 87.83 (C-1βI), 86.54
(C-1αI), 75.27 (C-5I), 74.78 (C-3βI), 73.90, 73.50, 73.11, 73.01 (C-3VI, C-4I-V), 71.93, 71.82 (C-
2βI, C-3αI, C-3II-V, C-5VI), 70.99, 70.45 (C-2αI, C-2II-V), 70.25, 70.12 (C-2VI, C-5II-V), 69.43 (C-
4VI), 62.75, 62.71, 62.50 (C-6I-VI);
FT-IR: 2990w, 2943w (νC-H), 2122w (νN=N=N), 1719s (νC=O ester), 1603m, 1585m (νC=C aromatic),
1454m (νC-H), 1316m, 1281s (νC-O aromatic), 1178m, 1094s, 1074s, 1028s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C162H133O48N3: calc. 1461.9373, found 1461.9363.
1I-azido-1I-deoxy-2I-VII,3I-VII,6I-VII-henicosa-O-benzoyl-maltoheptaose 4b.
Dried 1b (5.00 g, 1.51 mmol, 1 eq) and dried NaN3 (587 mg, 9.03 mmol, 6 eq) were dissolved
in dried dichloromethane (30 mL) under argon, then cooled in an ice bath. Tf2O (0.62 mL,
3.76 mmol, 2.5 eq) then H2SO4 (0.40 mL, 7.52 mmol, 5 eq) were added dropwise to the
solution. The mixture was stirred for 1h at 0 °C then 2h30 at 23 °C. When byproducts started
to appear, the mixture was cooled in an ice bath and neutralized by a saturated solution of
NaHCO3 (50 mL). The organic layer was diluted with ethyl acetate (100 mL), separated from
aqueous layer, dried over Na2SO4, filtered and evaporated to dryness. The residue was purified
by flash chromatography with Profile 1 then Profile 2 to afford 4b (2.45 g, 48% yield) as a white
foam. Remaining 1b (1.92 g) can be used in another reaction.
FT-IR: 3065w, 2947w (νC-H), 2120m (νN=N=N), 1726s (νC=O ester), 1603m, 1585m (νC=C aromatic),
1452m (νC-H), 1315m, 1267s (νC-O aromatic), 1176m, 1094s, 1069s, 1028s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + NH4]+ calcd for C189H155O56N3: 3379.9717, found 3379.9822.
1I-azido-1I-deoxy-2I-VIII,3I-VIII,6I-VIII-tetracosa-O-benzoyl-maltooctaose 4c.
Dried 1c (500 mg, 0.13 mmol, 1 eq) and dried NaN3 (51 mg, 0.79 mmol, 6 eq) were dissolved
in dried dichloromethane (3 mL) under argon, then cooled in an ice bath. Tf2O (0.05 mL,
0.33 mmol, 2.5 eq) then H2SO4 (0.04 mL, 0.66 mmol, 5 eq) were added dropwise to the
solution. The mixture was stirred for 1h at 0 °C then 1h30 at 23 °C. When byproducts started
to appear, the mixture was cooled in an ice bath and neutralized by a saturated solution of
NaHCO3 (5 mL). The organic layer was diluted with ethyl acetate (10 mL), separated from
aqueous layer, dried over Na2SO4, filtered and evaporated to dryness. The residue was purified
by flash chromatography with Profile 1' then Profile 2' to afford 4c (79 mg, 16% yield) as a
white foam.
FT-IR: 2988w, 2941w (νC-H), 2120m (νN=N=N), 1721s (νC=O ester), 1605m, 1585m (νC=C aromatic),
1454m (νC-H), 1315m, 1278s (νC-O aromatic), 1175m, 1094s, 1074s, 1029s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C216H177O64N3: calc. 1936.0687, found 1936.0731.
1I-O-(prop-2-yn-1-yl)-2I-VI,3I-VI,6I-VI-octadeca-O-benzoyl-maltohexaose 8a.
Dried 1a (500 mg, 0.18 mmol, 1 eq) was dissolved in dried dichloromethane (3 mL) under
argon, then cooled to 0 °C. Tf2O (0.07 mL, 0.44 mmol, 2.5 eq) then H2SO4 (0.02 mL,
0.44 mmol, 2.5 eq) were added dropwise to the solution. The mixture was stirred for 1h at 0 °C
before addition of propargyl alcohol (0.06 mL, 1.05 mmol, 6 eq) then stirred 18h at 0 °C. When
reaction stopped without appearance of byproducts, the mixture was neutralized by a saturated
solution of NaHCO3 (5 mL). The organic layer was diluted with ethyl acetate (10 mL),
separated from aqueous layer, dried over Na2SO4, filtered and evaporated to dryness. The
residue was purified by flash chromatography with Profile 1' then Profile 2' to afford 8a (98 mg,
18% yield) as a white foam.
FT-IR: 2988w, 2941w (νC-H), 1720s (νC=O ester), 1605m (νC=C aromatic), 1454m (νC-H), 1317m, 1278s
(νC-O aromatic), 1178m, 1095s, 1074s, 1028s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C165H136O49: 1468.4419, found 1468.4440.
1I-O-(prop-2-yn-1-yl)-2I-VII,3I-VII,6I-VII-henicosa-O-benzoyl-maltoheptaose 8b.
Dried 1b (5.00 g, 1.51 mmol, 1 eq) was dissolved in dried dichloromethane (30 mL) under
argon, then cooled to 0 °C. Tf2O (0.62 mL, 3.76 mmol, 2.5 eq) then H2SO4 (0.20 mL,
3.76 mmol, 2.5 eq) were added dropwise to the solution. The mixture was stirred for 1h at 0 °C
before addition of propargyl alcohol (0.53 mL, 9.03 mmol, 6 eq) then stirred 18h at 0 °C. When
reaction stopped without appearance of byproducts, the mixture was neutralized by a saturated
solution of NaHCO3 (50 mL). The organic layer was diluted with ethyl acetate (100 mL),
separated from aqueous layer, dried over Na2SO4, filtered and evaporated to dryness. The
residue was purified by flash chromatography with Profile 1 then Profile 2 to afford 8b (1.92 g,
38% yield) as a white foam. Remaining 1b (2.46 g) can be used in another reaction.
C NMR (101 MHz, CDCl3) δ 167.18, 166.76, 166.01, 165.94, 165.85, 165.64, 165.51, 165.42,
13
165.36, 165.04, 164.71, 164.66 (OCOC6H5), 133.47, 133.33, 133.10, 132.93, 130.14, 130.10,
130.02, 129.97, 129.93, 129.90, 129.84, 129.71, 129.63, 128.80, 128.69, 128.51, 128.41,
128.33, 128.28, 128.24, 128.10, 128.02, 127.96 (OCOC6H5), 97.80 (C-1βI), 97.16, 97.02,
96.80, 96.76, 96.58, 96.50 (C-1II-VII), 94.60 (C-1αI), 78.28 (C≡CH), 75.65 (C≡CH), 75.19 (C-
3βI), 73.91, 73.61, 73.46, 73.35, 72.93 (C-3VII, C-4I-VI, C-5I), 72.23, 71.99, 71.90, 71.73 (C-2βI,
C-3αI, C-3II-VI, C-5VII), 70.95 (C-2αI, C-2II-VI), 70.33, 70.22, 70.10, 70.00 (C-2VII, C-5II-VI), 69.39
(C-4VII), 62.92, 62.72, 62.48, 62.26 (C-6I-VII), 55.79 (CH2-C≡CH);
FT-IR: 3061w, 2943w (νC-H), 1725s (νC=O ester), 1601m (νC=C aromatic), 1452m (νC-H), 1315m, 1267s
(νC-O aromatic), 1177m, 1093s, 1069s, 1026s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + NH4]+ calcd for C192H158O57: 3392.9810, found 3392.9875.
1I-O-(prop-2-yn-1-yl)-2I-VIII,3I-VIII,6I-VIII-tetracosa-O-benzoyl-maltooctaose 8c.
Dried 1c (500 mg, 0.13 mmol, 1 eq) was dissolved in dried dichloromethane (3 mL) under
argon, then cooled to 0 °C. Tf2O (0.05 mL, 0.33 mmol, 2.5 eq) then H2SO4 (0.02 mL,
0.33 mmol, 2.5 eq) were added dropwise to the solution. The mixture was stirred for 1h at 0 °C
before addition of propargyl alcohol (0.05 mL, 0.79 mmol, 6 eq) then stirred 18h at 0 °C. When
reaction stopped without appearance of byproducts, the mixture was neutralized by a saturated
solution of NaHCO3 (5 mL). The organic layer was diluted with ethyl acetate (10 mL),
separated from aqueous layer, dried over Na2SO4, filtered and evaporated to dryness. The
residue was purified by flash chromatography with Profile 1' then Profile 2' to afford 8c (75 mg,
14% yield) as a white foam.
C NMR (151 MHz, CDCl3) δ 167.10, 166.69, 165.96, 165.91, 165.81, 165.44, 164.67, 164.54
13
(OCOC6H5), 133.43, 133.28, 133.06, 132.89, 130.08, 129.85, 129.56, 128.75, 128.45, 128.19,
127.97 (OCOC6H5), 97.74 (C-1βI), 97.10, 96.95, 96.78, 96.73, 96.52, 96.41 (C-1II-VIII), 94.46
(C-1αI), 78.21 (C≡CH), 75.65 (C≡CH), 75.15 (C-3βI), 73.89, 73.51, 73.38, 73.28, 72.83 (C-3VIII,
C-4I-VII, C-5I), 72.18, 71.93, 71.85, 71.67 (C-2βI, C-3αI, C-3II-VII, C-5VIII), 70.91 (C-2αI, C-2II-VII),
70.78, 70.21, 70.04, 69.92 (C-2VIII, C-5II-VII), 69.33 (C-4VIII), 62.85, 62.68, 62.63, 62.40, 62.19,
62.12 (C-6I-VIII), 55.74 (CH2-C≡CH);
FT-IR: 3065w, 2936w (νC-H), 1726s (νC=O ester), 1603m (νC=C aromatic), 1452m (νC-H), 1315m, 1278s
(νC-O aromatic), 1176m, 1094s, 1069s, 1026s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C219H180O65: 1942.5734, found 1942.5802.
1I-O-(prop-2-en-1-yl)-2I-VI,3I-VI,6I-VI-octadeca-O-benzoyl-maltohexaaose 11a.
Dried 1a (5.00 g, 1.76 mmol, 1 eq) was dissolved in dried dichloromethane (30 mL) under
argon, then cooled to 0 °C. Tf2O (0.73 mL, 4.39 mmol, 2.5 eq) then H2SO4 (0.23 mL,
4.39 mmol, 2.5 eq) were added dropwise to the solution. The mixture was stirred for 1h at 0 °C
before addition of allyl alcohol (0.72 mL, 10.54 mmol, 6 eq) then stirred 18h at 0 °C. The
mixture was neutralized by a saturated solution of NaHCO3 (50 mL). The organic layer was
diluted with ethyl acetate (100 mL), separated from aqueous layer, dried over Na2SO4, filtered
and evaporated to dryness. The residue was purified by flash chromatography with Profile 1
then Profile 2 to afford 11a (615 mg, 12% yield) as a white foam.
C NMR (151 MHz, CDCl3) δ 167.16, 166.74, 165.86, 165.49, 164.71 (OCOC6H5), 133.46
13
(OCOC6H5), 133.30 (CH=CH2), 133.05, 132.93, 130.14, 130.09, 129.90, 129.62, 128.77,
128.50, 128.32, 127.96 (OCOC6H5), 118.10 (CH=CH2), 99.27 (C-1βI), 97.16, 96.98, 96.77,
96.68, 96.56 (C-1II-VI), 94.96 (C-1αI), 75.24 (C-3βI), 73.98, 73.38 (C-3VI, C-4I-V), 72.91, 72.58,
72.00 (C-2αI, C-2βI, C-3αI, C-3II-V, C-5VI), 70.97, 70.27, 70.10 (C-2II-VI, C-5II-V), 69.41 (C-4VI),
68.94 (CH2-CH=CH2), 68.82 (C-5I), 63.03, 62.74, 62.48, 62.29 (C-6I-VI);
FT-IR: 3069w, 2945w (νC-H), 1724s (νC=O ester), 1603m, 1585m (νC=C), 1452m (νC-H), 1315m,
1269s (νC-O aromatic), 1175m, 1094s, 1069s, 1028s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C165H138O49: 1469.4497, found 1469.4528.
1I-O-(prop-2-en-1-yl)-2I-VII,3I-VII,6I-VII-henicosa-O-benzoyl-maltoheptaose 11b.
Dried 1b (5.00 g, 1.51 mmol, 1 eq) was dissolved in dried dichloromethane (30 mL) under
argon, then cooled to 0 °C. Tf2O (0.62 mL, 3.76 mmol, 2.5 eq) then H2SO4 (0.20 mL,
3.76 mmol, 2.5 eq) were added dropwise to the solution. The mixture was stirred for 1h at 0 °C
before addition of allyl alcohol (0.61 mL, 9.03 mmol, 6 eq) then stirred 18h at 0 °C. The mixture
was neutralized by a saturated solution of NaHCO3 (50 mL). The organic layer was diluted with
ethyl acetate (100 mL), separated from aqueous layer, dried over Na2SO4, filtered and
evaporated to dryness. The residue was purified by flash chromatography with Profile 1 then
Profile 2 to afford 11b (837 mg, 16% yield) as a white foam.
C NMR (151 MHz, CDCl3) δ 167.16, 166.08, 165.97, 165.84, 165.62, 165.52, 165.47, 164.87,
13
164.71 (OCOC6H5), 133.45 (OCOC6H5), 133.30 (CH=CH2), 132.93, 130.13, 130.08, 129.90,
129.60, 128.77, 128.49, 128.32, 128.23, 128.02 (OCOC6H5), 118.10 (CH=CH2), 99.26 (C-1βI),
97.18, 97.05, 96.94, 96.73, 96.66, 96.57 (C-1II-VII), 94.96 (C-1αI), 75.23 (C-3βI), 73.93, 73.45
(C-3VII, C-4I-VI), 72.97, 72.57, 72.53, 71.90 (C-2αI, C-2βI, C-3αI, C-3II-VI, C-5VII), 70.97, 70.12,
69.88 (C-2II-VII, C-5II-VI), 69.41 (C-4VII), 68.94 (CH2-CH=CH2), 68.81 (C-5I), 63.02, 62.74, 62.50,
62.36 (C-6I-VII);
FT-IR: 2968w (νC-H), 1724s (νC=O ester), 1603m, 1584m (νC=C), 1452m (νC-H), 1315m, 1269s (νC-
-1
O aromatic), 1175m, 1094s, 1070s, 1028s (νC-O) cm ;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C192H160O57: 1706.5155, found 1706.5222.
1I-O-(prop-2-en-1-yl)-2I-VIII,3I-VIII,6I-VIII-tetracosa-O-benzoyl-maltooctaose 11c.
Dried 1c (5.00 g, 1.32 mmol, 1 eq) was dissolved in dried dichloromethane (30 mL) under
argon, then cooled to 0 °C. Tf2O (0.55 mL, 3.29 mmol, 2.5 eq) then H2SO4 (0.17 mL,
3.29 mmol, 2.5 eq) were added dropwise to the solution. The mixture was stirred for 1h at 0 °C
before addition of allyl alcohol (0.54 mL, 7.90 mmol, 6 eq) then stirred 18h at 0 °C. The mixture
was neutralized by a saturated solution of NaHCO3 (50 mL). The organic layer was diluted with
ethyl acetate (100 mL), separated from aqueous layer, dried over Na2SO4, filtered and
evaporated to dryness. The residue was purified by flash chromatography with Profile 1 then
Profile 2 to afford 11c (954 mg, 18% yield) as a white foam.
FT-IR: 3065w, 2945w (νC-H), 1726s (νC=O ester), 1603m, 1586m (νC=C), 1452m (νC-H), 1316m,
1270s (νC-O aromatic), 1177m, 1094s, 1069s, 1026s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C219H182O65: 1943.5812, found 1943.5887.
4VI-O-(4-azido-4-deoxy-2,3,6-tris-O-benzoyl-α-D-galactopyranosyl)-1I-azido-1I-deoxy-2I-
VI I-VI I-VI
,3 ,6 -octadeca-O-benzoyl-maltohexaose 5.
Triflic anhydride (0.39 mL, 2.36 mmol, 4 eq) was added to a stirred solution of 4b (2 g,
0.59 mmol, 1 eq) and pyridine (0.22 mL, 2.71 mmol, 4,6 eq) in dry dichloromethane (20 mL) in
acetone/ice bath. The mixture was then allowed to stir at this temperature for 1h. The reaction
was finally neutralized with a saturated solution of NaHCO3 (100 mL).
The phases were separated, and the aqueous phase was extracted with dichloromethane (2
x 100 mL), dried over Na2SO4, filtered and evaporated to dryness.
The residue was immediately dissolved with sodium azide (230 mg, 3.54 mmol, 6 eq) in
dimethylformamide (20 mL). The reaction was stirred at room temperature for 24h. The solvent
was then evaporated under reduced pressure and the resulting residue was dissolved in
dichloromethane (50 mL). The organic layer was washed with water (2 x 50 mL), dried over
Na2SO4, filtered and evaporated to dryness. The residue was purified by flash chromatography
with Profile 1 then Profile 2 to afford 5 (1.64 g, 81% yield) as a white foam.
FT-IR: 3067w, 2968w (νC-H), 2116m (νN=N=N), 1726s (νC=O ester), 1603m, 1585m (νC=C aromatic),
1452m (νC-H), 1315m, 1265s (νC-O aromatic), 1177m, 1094s, 1069s, 1028s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C189H154O55N6: 3404.9782, found 3404.9817.
4VI-O-(4-azido-4-deoxy-α-D-galactopyranosyl)-1I-azido-1I-deoxy-maltohexaose 6.
To a solution of 5 (1.677 g, 0.49 mmol, 1 eq) in dried DMF (20 mL) was added dropwise a
solution of sodium methanoate (657 mg, 11.88 mmol, 24 eq) in dried methanol (30 mL), over
30 minutes, at 0 °C. The reaction mixture was stirred for 42h at room temperature. The solution
was neutralized with a cation-exchange resin (Amberlite® IR-120, H+ form), filtered and
concentrated to dryness.
The residue was purified by Sephadex LH-20 in water to afford 6 (592 mg, 99% yield) as a
white foam.
C NMR (101 MHz, D2O) δ 99.76, 99.55, 99.39 (C-1II-VII), 89.90 (C-1βI), 88.99 (C-1αI), 76.86,
13
76.81, 76.71, 76.46, 76.42, 76.17, 76.14 (C-5I-VI, C-3βI), 73.29, 73.21 (C-3II-VI), 73.11 (C-3αI),
72.66 (C-2βI), 72.22 (C-4αI), 71.50, 71.44 (C-2II-VI, C-4βI), 71.15 (C-4II-VI), 70.51 (C-2αI), 70.18
(C-3VII), 69.73 (C-4VII), 68.71 (C-2VII), 63.26 (C-5VII), 61.09 (C-6VII), 60.40 (C-6I-VI);
FT-IR: 3363b (νO-H alcohol), 2944w, 2887w (νC-H), 2118m (νN=N=N), 1435w, 1352m (νC-H, νO-H),
1249w (νC-O ether), 1150m, 1078s, 1023s (νC-O alcohol) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + Na]+ calcd for C42H70O34N6: 1225.3831, found 1225.3872.
1I,4VII-bis-O-(prop-2-yn-1-yl)-2I-VII,3I-VII,6I-VII-henicosa-O-benzoyl-maltoheptaose 9 and
1I,6VII-bis-O-(prop-2-yn-1-yl)-2I-VII,3I-VII,4VII,6I-VI-henicosa-O-benzoyl-maltoheptaose 19.
NaH 60% in mineral oil (47 mg, 1.18 mmol, 2 eq) was suspended in dry dimethylformamide
(5 mL) under inert atmosphere and cooled at -40°C.
Propargyl bromide (0.33 mL, 2.96 mmol, 5 eq) was added dropwise at 0°C to a solution of 8b
(2 g, 0.59 mmol, 1 eq) in dry dimethylformamide (10 mL) under inert atmosphere.
The second solution was added dropwise to the first one with NaH, over 30 minutes, at -40°C.
The mixture was stirred at -40°C for 1.5h.
It was then neutralized by a saturated solution of NH4Cl (50 mL) and the phases were
separated.
The aqueous phase was extracted with dichloromethane (2 x 50 mL), dried over Na2SO4,
filtered and evaporated to dryness. The residue was purified by flash chromatography with
Profile 1 then Profile 3 to afford 9 (1.588 g, 79% yield) as a white foam.
13
C NMR (101 MHz, CDCl3) δ 166.01, 165.85, 165.81, 165.60, 165.49, 165.42, 165.37, 165.05,
164.72, 164.61 (OCOC6H5), 133.48, 133.15, 133.10, 133.07, 133.00, 130.12, 129.82, 129.63,
128.82, 128.65, 128.52, 128.33, 128.23, 128.16, 128.01 (OCOC6H5), 99.02 (C-1VII→C-6prop),
97.79 (C-1βI), 96.98, 96.80, 96.50 (C-1II-VI, C-1VII→C-4prop), 94.75 (C-1αI), 79.34 (C-
6VII→C≡CH), 78.90 (C-4VII→C≡CH), 78.28 (C-1I→C≡CH), 76.36 (C-5VII→C-6prop), 75.66 (C-
1I→C≡CH), 75.38 (C-4VII→C≡CH), 75.19, 75.15 (C-6VII→C≡CH, C-3βI), 73.89, 73.56, 73.34,
73.10, 72.90 (C-4I-VI, C-4VII→C-4prop, C-5I), 72.23, 71.98, 71.73 (C-2βI, C-3αI, C-3II-VI, C-
3VII→C-6prop), 70.96, 70.76 (C-2αI, C-2II-VII, C-3VII→C-4prop), 70.32, 70.20, 70.03, 69.67,
69.57 (C-2VII, C-4VII→C-6prop, C-5II-VI, C-5VII→C-4prop), 62.88, 62.52, 62.48, 62.28, 62.21 (C-
6I-VI, C-6VII→C-4prop), 60.13, 59.28 (C-4VII→CH2-C≡CH, C-6VII→CH2-C≡CH), 58.46 (C-6VII→C-
4prop), 55.78 (C-1I→CH2-C≡CH).
The suffix “→C-4prop” refers to a signal which belongs to the heptasaccharide with the
propargyl on the C-4 of its reducing end, “→C-6prop” is for the propargyl on the C-6.;
FT-IR: 3065w, 2994w (νC-H), 1725s (νC=O ester), 1603m (νC=C aromatic), 1452m (νC-H), 1315m, 1267s
(νC-O aromatic), 1177m, 1094s, 1069s, 1027s (νC-O) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + 2 NH4]2+ calcd for C195H160O57: 1724.5155, found 1724.5164.
1I,4VII-bis-O-(prop-2-yn-1-yl)-maltoheptaose 10
and 1I,6VII-bis-O-(prop-2-yn-1-yl)-maltoheptaose 20.
To a solution of 9 (2.22 g, 0.65 mmol, 1 eq) in dried DMF (20 mL) was added dropwise a
solution of sodium methanoate (860 mg, 15.60 mmol, 24 eq) in dried methanol (30 mL), over
30 minutes, at 0 °C. The reaction mixture was stirred for 42h at room temperature. The solution
was neutralized with a cation-exchange resin (Amberlite® IR-120, H+ form), filtered and
concentrated to dryness.
The residue was purified by Sephadex LH-20 in water to afford 10 (699 mg, 87% yield) as a
white foam.
C NMR (101 MHz, D2O) δ 100.34 (C-1βI), 99.53, 99.36, 99.28 (C-1II-VII), 96.59 (C-1αI), 78.33,
13
77.13, 76.69, 76.11, 74.57 (C≡CH, C-5II-VI, C-3βI, C≡CH), 73.57, 73.28, 72.75, 72.38 (C-2βI,
C-3II-VI, C-3αI), 71.81, 71.50, 71.42 (C-2αI, C-2II-VI), 71.13, 70.95, 69.29 (C-4II-VI), 60.56, 60.36,
60.22 (C-6I-VI), 59.71, 58.09 (C-4VII→CH2-C≡CH, C-6VII→CH2-C≡CH), 56.51 (C-1I→CH2-
C≡CH).
Some signals (especially those at the ends) could not be assigned with enough precision and
are therefore not shown here.
This is due to the aggregation of the signals after deprotection and the possible presence of
an heptasaccharide whose propargyl on the non-reducing end is at C-6 rather than C-4;
FT-IR: 3333b (νO-H alcohol), 2937b (νC-H), 1436w, 1352m (νC-H, νO-H), 1249w (νC-O ether), 1151m,
1080s, 1025s (νC-O alcohol) cm-1;
HRMS (ESI) m/z [M + Na]+ calcd for C48H76O36: 1251.4014, found 1251.3994.
Sodium de 4-azido-4-deoxy-α-D-galactopyranuronate-(14)-pentakis[α-D-
glucopyranuronate-(14)]-1-azido-1-deoxy-β-D-glucopyranuronate 12.
To a solution of 6 (500 mg, 0.42 mmol, 1 eq) and TEMPO (46 mg, 0.291 mmol, 0.7 eq) in water
(2.08 mL) with 1.56 mL of phosphate buffer (pH = 6.7, c = 0.67 M) were added dropwise
2.91 mL of 2 M NaClO2 and 1.46 mL of 0.04 M NaClO at the same time. The mixture is then
stirred at 35 °C for 2 weeks. When the mixture coloration turned from brown to yellow
(disappearance of the reactive species), at the beginning of the second week, the same
amount of TEMPO, NaClO2 and NaClO were added to the mixture.
When all the primary positions were oxidized, the product is purified, by dialysis with an RC
dialysis pouch (MWCO: 1 kDa) in water, to afford 12 (499 mg, 82% yield) as colorless crystals.
C NMR (101 MHz, D2O) δ 178.45, 178.40, 178.30, 178.25, 178.17, 177.51 (C-6I-VI), 176.98
13
(C-6VII), 100.20, 100.09, 99.97, 99.80, 99.67, 99.54 (C-1II-VII), 92.39 (C-1βI), 80.55 (C-5βI),
78.80, 78.63, 78.52, 78.41, 78.21 (C-5I-VI, C-3βI), 75.72, 75.47, 75.31, 75.26 (C-4βI, C-3II-VI),
74.77, 74.55 (C-2βI, C-4II-VI), 74.21, 74.12 (C-2II-VI), 72.62 (C-5VII), 71.66 (C-3VII), 70.90 (C-2VII),
67.69 (C-4VII);
FT-IR: 3315b (νO-H alcohol), 2800w (νC-H), 2131m (νN=N=N), 1607 (νC=O carboxylate), 1418m (νC-H, νO-
-1
H), 1314b (νC-O ether), 1149m, 1071s, 1024s (νC-O alcohol) cm ;
HRMS (ESI) m/z [M - 3 Na + 4 H]+ calcd for C42H49O41N6Na7: 1389.1837, found 1389.1846.
4VI-O-(4-azido-4-deoxy-6-O-lauryl-α-D-galactopyranosyl)-1I-azido-1I-deoxy-6I-VI-hexa-O-
lauryl-maltohexaose 13.
Lauric acid (1.308 g, 6.40 mmol, 15.4 eq) and TBTU (2.076 g, 6.40 mmol, 15.4 eq) are stirred
at 35°C, in anhydrous pyridine (13.35 mL), for 1 hour, under inert atmosphere. A solution of 6
(500 mg, 0.42 mmol, 1 eq) in pyridine (5 mL) is then added at 0°C in the previous solution and
slowly warmed up to 23°C over 1 hour. The mixture is then stirred at 23°C for 10 days and
followed by TLC (DCM/EtOH 95:5).
The reaction is stopped by dilution in 100 mL of toluene and filtration to remove HOBt and
other salts formed during the reaction. The resulting mixture is the concentrated under reduce
pressure, recrystallized in MeOH and purified on flash chromatography (DCM/EtOH 95:5).
The product is still mixed with impurities due to urea derivatives. It was not isolated. No
characterization was thus available.
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Les travaux présentés dans cet ouvrage ont fait l’objet des communications scientifiques
suivantes :
Les travaux présentés dans cet ouvrage ont fait l’objet des publications scientifiques
suivantes :
- Pélingre, M.; Smadhi, M.; Bil, A.; Bonnet, V.; Kovensky, J. One‑Pot Synthesis of
Asymmetrically Difunctionalized Oligomaltosides by Cyclodextrin Ring Opening.
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CO 8
matthieu.pelingre@etud.u-picardie.fr
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40
Matthieu PÉLINGRE/Thèse en Chimie Organique/2021/Université de Picardie Jules Verne 199
Synthèse (régiosélective) de monomères oligosaccharidiques pour l’obtention de copolymères
à blocs
Your
Picture Matthieu PÉLINGRE, José KOVENSKY and Véronique BONNET.
Laboratoire de Glycochimie, des Antimicrobiens et des Agroressources, LG2A UMR 7378 CNRS
Université de Picardie Jules Verne 10 rue Baudelocque, 80039 Amiens
matthieu.pelingre@orange.fr
Oligosaccharides have many interests in food and health fields 1–3, but also, more recently, in materials
science and nanotechnologies for more extensive applications.4–6
The synthesis of oligosaccharides by cyclodextrin (CD) ring opening is an efficient alternative to obtain
pure oligosaccharides of fixed length. Starting from α-, β-, or γ-CD, it can afford oligomaltosides
containing 6, 7 or 8 glucose units, respectively.
These reactions allow installing one clickable or graftable function at the reducing end of a
maltoheptaose in one step, avoiding the constraints imposed by conventional acetolysis of cyclodextrin. 7
This method makes easier, for example, to insert a second function at the non-reducing end.
A deprotection leads then to bifunctionalized oligomaltosides and the primary hydroxyls can be
functionalized with different moieties (anionic or hydrophobic). The synthesis of these new functionalized
oligomaltosides will be discussed.
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We thank the Agence Nationale pour la Recherche for funding the OLIBLOCK Defi 3 Project, CBP 2017.
Abstract
The synthesis of pure difunctionalized hexa-, hepta- and octamaltosides was performed by
one-pot chemical reaction from perbenzoylated cyclodextrin. Oligomaltosides with azide,
propargyl or allyl on reducing end and an unprotected hydroxyl group on non-reducing end
were obtained from perbenzoylated α-, β- and γ-cyclodextrin with 12 to 48 % yields.
Abstract
La synthèse d'oligosaccharides par ouverture des cyclodextrines (CD) est un moyen efficace d'obtenir des
oligosaccharides purs et de degrés de polymérisation (DP) fixe. À partir de α-, β-, ou γ-CD, il est alors possible
d’obtenir des oligomaltosides contenant respectivement 6, 7 ou 8 unités de glucose.
Dans ce projet ANR, nous avons développé de nouvelles réactions d'ouverture one-pot de CDs perbenzoylées
pour synthétiser des hexa-, hepta- et octamaltosides purs difonctionnalisés. Grâce à cette méthode, des
oligomaltosides avec un groupe azoture, propargyle ou allyle à l'extrémité réductrice et un groupe hydroxyle
libre à l'extrémité non réductrice ont été obtenus à partir de α-, β- ou γ-CD perbenzoylés avec des rendements
de 12 à 48 %.
Ces réactions permettent d'installer une fonction polymérisable à l'extrémité réductrice d'oligomaltoses en une
seule étape. Ainsi, nous pouvons éviter les contraintes imposées par l'acétolyse classique des cyclodextrines,
comme la déprotection de l'acétate de l'extrémité non réductrice, tout en réduisant également le nombre d'étapes
de synthèse. Cette méthode facilite, par exemple, l'insertion d'une seconde fonction polymérisable à l'extrémité
non réductrice.
Une déprotection conduit alors à des oligomaltosides difonctionnalisés et les hydroxyles primaires peuvent être
fonctionnalisés avec différents groupements fonctionnels (anioniques ou hydrophobes).
Les oligomaltosides synthétisés seront ensuite polymérisés par cycloaddition 1,3-dipolaire chez nos partenaires
de l’IMP de Lyon et leurs propriétés caractérisées chez nos partenaires d’Armines-CEMEF MINESParisTech.
Des copolymères à blocs aux propriétés variées pourront être obtenus en fonction des monomères qui les
constituent. La longueur fixe des monomères, le nombre constant des groupements fonctionnels portés par ces
derniers ainsi que leur enchaînement régulier dans la chaîne polymère, permettront, de plus, un contrôle poussé
des propriétés de ces nouveaux matériaux.
Ils pourront être utilisés en tant que matériaux encapsulant, émulsifiants ou stabilisants dans de nombreux
domaines comme l'industrie pharmaceutique, agroalimentaire, textile ou cosmétique.
Abstract
Oligosaccharides synthesis by cyclodextrin (CD) ring opening is an efficient way to obtain pure oligosaccharides
of fixed length. Starting from α-, β-, or γ-CD, it can afford oligomaltosides containing 6, 7 or 8 glucose units,
respectively.
In this ANR project, we developed new one-pot opening reactions of perbenzoylated CDs to synthesize pure
difunctionalized hexa-, hepta- and octamaltosides. Using this method, oligomaltosides with azide, propargyl or
allyl on reducing end and an unprotected hydroxyl group on non-reducing end were obtained from
perbenzoylated α-, β-, or γ-CD with 12 to 48% yields.
These reactions allow installing one polymerizable function at the reducing end of a maltoheptaose in one step.
Thus, we can avoid the constraints imposed by conventional acetolysis of cyclodextrin, such as deprotection of
the acetate from the non-reducing end, and also reduces the amount of synthesis steps. This method makes easier,
for example, to insert a second function at the non-reducing end.
A deprotection then leads to bifunctionalized oligomaltosides and their primary hydroxyls can be functionalized
with different moieties (anionic or hydrophobic).
Synthesized oligomaltosides will be polymerized by 1,3-dipolar cycloaddition by our partners of the IMP in
Lyon. The properties of these new materials will then be characterized by our partners of Armines-CEMEF
MINESParisTech.
Block copolymers with various properties can be obtained depending on their composed monomers. The
fixed monomer length, the constant number of functional groups they carried as well as their regular
sequencing in the polymer chain, will allow, moreover, a thorough control of the properties of these new
materials.
They can be used as encapsulating, emulsifying or stabilizing materials in many fields such as the
pharmaceutical, food, textile or cosmetic industries.
Keywords: cyclodextrins, oligosaccharidic monomers, functionalized ring opening, one-pot synthesis, click
polymerization, block copolymers