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Les Maladies Liées À L'eau: Actualités 2023

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Centre René Labusquière, Institut de Médecine Tropicale, Université de Bordeaux, 33076 Bordeaux (France)

Les maladies liées à l’eau


Actualités 2023
Professeur Pierre Aubry, Docteur Bernard-Alex Gaüzère
Mise à jour le 16/06/2023
www.medecinetropicale.com

1. Généralités

Les maladies liées à l’eau sont à la fois dues au manque d’eau, en particulier au manque
d’eau potable, mais aussi au «trop plein d’eau» du aux inondations, le plus souvent suite à
des pluies diluviennes ou à des raz-de-marée provoqués par des tremblements de terre ou à
des éruptions volcaniques sous-marines, comme nous l’a rappelé le tsunami du 26/12/2004.

En 2014, le Pr. Marc Gentilini écrivait : « Longtemps considérée comme inépuisable, l’eau
apparaît désormais comme une ressource restreinte et vulnérable, malmenée par la
croissance démographique, l’urbanisation et l’industrialisation du monde, les gaspillages et
les pollutions. Les tensions qu’elle suscite s’échelonnent au niveau local, régional et mondial.
Les enjeux sont multiples et primordiaux : santé publique, sécurité alimentaire, équilibres
écologiques, développement économique et social - agriculture, industrie, transport,
énergie…
La population mondiale, qui augmentera de moitié au cours du demi-siècle prochain, passant
de 6 à 9 milliards d’individus, sera de plus en plus concentrée dans des villes devenues des
mégapoles. La survie de cette population dépend de l’essor d’une agriculture qui utilise déjà
70 % de l’eau disponible. La lutte contre la pauvreté requiert l’accès à la consommation
directe en eau, alors qu’à défaut d’infrastructures adéquates, une personne sur cinq est
aujourd’hui privée d’eau potable et une sur deux, de tout système d’assainissement. Enfin,
l’élévation du niveau de vie et le désir universel de bien-être entraînent le développement
des usages industriels de l’eau. Au total, les besoins en eau devraient donc s’accroître d’au
moins 40 % d’ici vingt ans ! Aussi l’eau douce est-elle, plus que jamais, au cœur des
préoccupations mondiales. Or celle-ci ne représente que 2 % de l’eau disponible ».

L’OMS a publié en 2021 les 10 principaux faits sur la crise mondiale de l’eau :

1. 800 millions de personnes dans le monde n’ont pas un accès de base à l’eau.
2. Plus de personnes meurent à cause de l’eau insalubre que de toutes les formes de
violence, y compris la guerre.
3. 2,3 milliards de personnes, soit près de 1 sur 3, n’ont pas accès à des toilettes.
4. Les maladies diarrhéiques, causées principalement par une eau insalubre et un mauvais
assainissement, tuent plus d’enfants de moins de 5 ans que le paludisme, le sida et la
rougeole réunis.
5. Les maladies diarrhéiques tuent un enfant toutes les 60 secondes.
6. L’eau insalubre et le manque d’assainissement provoquent des épisodes répétés de
maladies diarrhéiques, ce qui entraîne la malnutrition, affaiblit le système immunitaire et rend
d’autres maladies plus probables. Cela fait des maladies diarrhéiques l’une de maladies les
plus mortelles dans les pays en développement.
7. En Afrique subsaharienne, les femmes et les filles passent environ 40 milliards d’heures
par an à collecter l’eau.
8. Les dernières données suggèrent que pas moins de 443 millions de jour d’école sont
perdus chaque année en raison des maladies liées à l’eau.

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9. Le temps perdu à collecter l’eau réduit considérablement le temps agricole productif des
femmes dans certaines parties du monde en développement. Avec de l’eau potable à
proximité, on estime que les femmes pourraient nourrir 150 millions de personnes affamées
dans le monde.
10. Pour chaque dollar investi dans l’eau potable et l’assainissement, un rendement de 5 à
28 dollars américains est retourné en activité économique accrue et en réduction des coûts
de soins de santé.

En 2022, l’OMS a fait paraître des données chiffrées intitulées « Eau potable » :
- en 2020, seulement 74 % de la population mondiale, soit 5,8 milliards de personnes,
utilisaient un service d’alimentation en eau potable, géré en toute sécurité, exempt de toute
contamination,
- au moins 2 milliards de personnes utilisent une source d’eau « potable » contaminée par
des matières fécales,
- la contamination microbiologique de l’eau « potable » entraîne chaque année 485 000
décès consécutifs à des maladies diarrhéiques,
- en 2019, dans les pays les moins avancés, 50 % seulement des établissements de santé
disposaient de services d’alimentation en eau de base, 37 % de services d’assainissement
de base et 30 % d’un service de gestion des déchets de base.

Il existe de profondes inégalités géographiques, socioculturelles et économiques subsistant,


pas seulement entre les zones rurales et urbaines, mais aussi dans les villes, petites et
grandes, où les personnes vivant avec de faibles revenus, dans des implantations
spontanées ou illégales, ont en général moins d’accès aux points d’eau améliorés que les
autres citadins.
La répartition de l’eau est également variable dans le temps, en fonction des saisons et des
années. L’eau peut être trop importante à un moment donné provoquant des catastrophes,
comme c’est le cas en Asie, où sévissent 40 % des inondations et des désastres liés à l’eau.

À l’opposé, l’eau peut manquer mettant à sec les rivières, mais aussi les barrages, obligeant
d’attendre la prochaine saison des pluies pour rétablir l’électricité (pas d’eau, pas
d’électricité), comme c’est parfois le cas en Afrique.
Depuis quelques années, le changement climatique entraîne de plus grandes fluctuations
dans la collecte des eaux, en particulier des eaux fluviales. Le réchauffement climatique a
des effets préoccupants dont la réduction de la quantité et de la qualité des eaux et
l’accroissement de leur température, alors que les besoins en eau augmentent avec la
croissance démographique, le développement économique et l’élévation du niveau de vie
dans de nombreux pays. La gestion de l’eau, en particulier des eaux partagées, est ainsi
appelée à devenir un sujet majeur de préoccupation et de tensions dans les années à venir.
Ainsi, la Guyane française partage avec ses voisins, le Suriname et le Brésil (État d’Amapa)
deux bassins versants : le Maroni (66 000 km2) et l’Oyapock (33 000 km2). Les Nations-
Unies ont organisé une conférence multilatérale sur l’eau en mars 2023 à New-York.
La cible 6.1 des ODD appelle à assurer l’accès universel et équitable à l’eau potable à un
coût abordable.

Les conséquences liées au manque d’eau sont bien connues : déshydratations, maladies à
transmission féco-orale dites « maladies des mains sales » que sont les maladies
diarrhéiques, mais aussi les maladies dermatologiques (gale) ou ophtalmologiques
(trachome) et les maladies transmises par les poux et les tiques par manque d’hygiène
corporelle et de lavage des vêtements. (rickettsioses, fièvres récurrentes)
Les problèmes dus à une mauvaise qualité biologique de l’eau sont aussi bien connus. Ce
sont les maladies du péril fécal (eaux souillées, aliments souillés, mains sales) : diarrhées
infectieuses en particulier choléra et shigelloses, fièvre typhoïde, hépatites virales A et E,
auxquelles il faut ajouter la leptospirose.

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De plus, les inondations peuvent indirectement favoriser la transmission des maladies à


transmission vectorielle, comme le paludisme et la dengue, en favorisant la multiplication des
gîtes larvaires.

2. L’alimentation en eau

L’eau est un élément essentiel à la survie, à la prévention des maladies transmissibles et au


maintien de la santé.

2.1. L’approvisionnement en eau


Il est assuré par les eaux de surface (rivières, fleuves, lacs, mares, barrages), les eaux
souterraines (puits, forages, sources), les eaux de pluies. Tous les points d’eau doivent être
protégés pour empêcher l’introduction dans l’eau de germes fécaux.

2.2. Les besoins quantitatifs en eau


L’eau constitue 70 % du poids de l’adulte et 80 % de celui de l’enfant. Perdre 10 % de l’eau
corporelle peut entraîner des troubles graves et 20 % entraîner la mort. L’homme peut perdre
40 % de son poids et survivre s’il s’hydrate, alors que l’absence totale d’apport hydrique ne
permet pas de survivre au-delà de quelques jours.

Les besoins quantitatifs en eau concernent l’eau de boisson, l’eau nécessaire pour l’hygiène
corporelle, l’eau de cuisson des aliments.
Les quantités minimales d’eau pour assurer la survie sont :
- en zone tempérée de 3 litres/ jour/ personne,
- en zone tropicale de 6 à 10 litres/ jour/ personne
Le chiffre de 20 litres/ jour/ personne est souvent cité comme la quantité minimale si on
intègre en plus les besoins liés à l’alimentation et à l’hygiène. Le besoin d’eau varie selon
l’exercice physique et la température ambiante : elle peut être de 5 litres pour survivre
jusqu’à 40 litres par jour en zone tropicale.
La quantité prime sur la qualité. Il y a donc une nécessité de quantités suffisantes d’eau,
même de qualité médiocre, pour les activités d’hygiène, ce qui entraîne une prévention de la
contamination de la nourriture, des ustensiles, des mains, et donc la réduction de la
transmission des principaux germes pathogènes.

2.3. La qualité de l’eau


Si l’aspect quantitatif est primordial, il ne faut pas négliger l’aspect qualitatif. La priorité reste
les risques biologiques. Les conséquences de certaines contaminations, en particulier les
contaminations bactériologiques, sont telles que les mesures préventives et les traitements
correctifs sont d’une importance capitale et ne doivent faire l’objet d’aucun compromis.

Plusieurs exemples :
- l'épidémie de fièvre typhoïde à Douchanbé au Tadjikistan en 1996, suite à l’éclatement de
l’URSS et au début de guerre civile, a été causée par Salmonella typhi et favorisée par les
traitements insuffisants en particulier en ce qui concerne la clarification des eaux de surface
utilisées et à l’absence de désinfection due au manque de chlore entre décembre 1996 et
avril 1997.
- l'épidémie de choléra qui a atteint la ville de Rumonge, riveraine du lac Tanganyika, au
Burundi en janvier 1996, due au sabotage par la rébellion des canalisations alimentant la
ville et les villages environnants en eau potable et entraînant une consommation des eaux du
lac par la population. Or, les eaux du lac et des rivières affluentes sont infestées par Vibrio
cholerae depuis 1978.
- la « tragédie de Walkerton » en Ontario au Canada en 2000 : série d'événements qui ont
accompagné la contamination de l'eau par un Echerichia Coli O157-H7, producteur de shiga-
toxine. Des séquelles, en particulier rénales, ont nécessité un suivi à long terme des patients
ayant présenté une gastro-entérite aiguë.

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Les autres risques biologiques viraux et parasitaires sont aussi importants.


Un exemple : pendant 6 semaines de l’hiver 1955-1956, une épidémie massive d’hépatite
frappe Delhi en Inde. À la suite de la contamination du système d’alimentation en eau
potable par des eaux souillées de matières fécales, 68% de la population est touchée avec
29 300 cas d’ictères recensés. L’analyse rétrospective permit d’incriminer le virus de
l’hépatite E (VHE).
Un autre exemple : l’épidémie de gastro-entérites à Milwaukee (USA) en 1993 due au
Cryptosporidium parvum avec 400 000 cas, alors que l’eau était conforme à tous les critères
classiques de potabilité.

Tableau I. Les principaux facteurs de risques biologiques :

Type Principaux facteurs

Bactéries Salmonella spp., Shigella spp., Escherichia coli pathogènes, Vibrio cholerae, Campylobacter jejuni,
Clostridium perfringens, Yersina enterocolitica, Clostridium difficile, Staphylococcus aureus, Bacillus
cereus, …

Virus Virus Norwalk, Enterovirus, Rotavirus, Norovirus, VHA, VHE…

Parasites Giardia spp., Cryptosporidium spp., Isospora belli, Entamoeba histolytica, …

En pratique, on se base sur l’utilisation d’indicateurs de pollution d’origine fécale pour avoir
une idée bactériologique de la qualité de l’eau. Les germes tests sont les coliformes fécaux.
Ils sont assez bien représentatifs de la qualité de l’eau et sont facilement mis en évidence.

Tableau II. Qualité de l’eau en fonction de la concentration de coliformes fécaux (source :


UNHCR)

Coliformes fécaux/ 100 mL Qualité de l’eau

1-10 Eau de qualité raisonnable, peut être consommée telle quelle

10-100 Eau contaminée, à traiter si possible

100-1000 Eau très contaminée qui doit être traitée

plus de 1000 Eau massivement polluée qui devrait être rejetée

Il est généralement admis qu’une eau peut être distribuée lorsqu’elle n’excède pas la valeur
de 10 coliformes fécaux/100 ml
Ceci est obtenu par le traitement des eaux : clarification (sédimentation [ou décantation] /
filtration lente sur sable), désinfection par le chlore. La chloration a pour but d’éliminer les
germes tests, c’est-à-dire les coliformes. En pratique, le chlore, qui est un désinfectant très
puissant et très peu toxique, détruit tous les virus et les bactéries pathogènes de l’eau.
Dès le XIXème siècle, des mesures de prévention ont été adaptées au danger bactérien
(Vibrio cholerae, Salmonella typhi) permettant une régression des maladies bactériennes
transmises par les eaux.
En 1950, le risque dû aux maladies virales a été mis en évidence avec la poliomyélite.

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Ainsi, l’absence de germes tests dans une eau est une condition nécessaire qu’il faut
absolument vérifier pour donner la certitude que l’eau est dépourvue de germes pathogènes.
Mais, certains parasites, comme Cryptosporidium spp, résistent à la chloration.

Tableau III. Les traitements simples de l’eau

Efficacité Efficacité Efficacité Matériel nécessaire Surveillance Applications Remarques


œufs bactéries virus et entretien

Stockage ++ + 0à+ - Réservoirs + 1. Traitement de l’eau


Sédimentation - Pompe peu polluée
2. Préparation de l’eau
trouble à la filtration ou
à la chloration

Filtration +++ 0à+ 0 Pour petits filtres : + Préparation de l’eau


simple sur - sable trouble à la chloration
sable - graviers
- fûts récupérés

Filtration lente +++ ++ + - Sable ++ 1. Traitement de l’eau Ne convient pas


sur sable - Graviers moyennement polluée - pour de l’eau
- Réservoirs 2. Préparation de l’eau trop trouble
préfabriqués très polluée à la - pour de l’eau
fûts récupérés chloration chlorée

Chloration 0 +++ + - Produit +++ 1. Traitement de l’eau Doit être


générateur de claire précédée d’une
chlore 2. Complément à la sédimentation
- Réservoirs sédimentation et à la et/ou d’une
filtration pour les eaux filtration si l’eau
très troubles ou très est trouble
polluées.
.

3. Les maladies liées à l’eau


3.1. « On entend par « maladies liées à l'eau celles contractée par ingestion, par contact
direct ou encore les maladies pour lesquelles l'eau est le milieu de vie d'hôtes de larves ou
de parasites ».
L’étude sera limitée aux maladies transmises par l’eau, par les aliments contaminés par l’eau
ou par les mains sales : ce sont les maladies du péril fécal.
Les maladies d’origine hydrique transmises par voie transcutanée :
- soit par pénétration de larves de parasites : schistosomoses, anguillulose, ankylostomiase,
- soit par pénétration microbienne : mycobactérioses atypiques (Ulcère de Buruli)
ou par voie respiratoire : légionelloses (aérosols)
ou encore par ingestion avec l'eau de boisson d'un hôte intermédiaire : dracunculose
(ingestion accidentelle de Cyclops), ne seront pas étudiées.
De même, les maladies à transmission vectorielle ne seront pas étudiées, car transmises par
un mécanisme indirect (les vecteurs).
Ces maladies sont traitées dans des cours spéciaux du site.

3.2. Les voyageurs des pays du nord qui se rendent en zones tropicales redoutent la turista
ou diarrhée du voyageur. C’est un épisode diarrhéique aigu bénin dans 90% des cas qui
survient dans les premiers jours qui suivent l’arrivée, dure un à trois jours et régresse le plus
souvent spontanément, mais qui à l’évidence, perturbe le voyage.
La turista est due à des germes d’origine fécale, véhiculés par l’eau ou par des aliments, par
les mains sales ou par les mouches. La contamination est donc fréquente dans les pays à
faible niveau d’hygiène. Son taux d’incidence est en moyenne de 40 % et 2 à 10 % font des
formes graves. Les germes le plus souvent en cause sont des colibacilles, Escherichia coli

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enterotoxinogenes (ETEC) dans la moitié des cas. La diarrhée du voyageur est le plus
souvent bénigne parce que les ETEC sont des germes non invasifs. Les diarrhées du
voyageur sont dues aussi à des virus : rotavirus et surtout norovirus. Les infections à Giardia
duodenalis seraient les plus fréquentes chez l’enfant.
On peut éviter la turista en suivant très scrupuleusement les conseils aux voyageurs
concernant l’hygiène de l’eau, des aliments, des mains.

Tableau IV - Conseils aux voyageurs pour éviter la turista.

Lavage systématique des mains avant chaque repas,


Éviter les salades de crudités, la salade verte, ainsi que la mayonnaise, les crèmes anglaises,
Toujours peler les fruits frais, sinon bien les laver avec une eau propre,
Éviter les viandes crues ou peu cuites, ainsi que les poissons crus et les crustacés,
Privilégier les plats servis chauds,
Éviter le lait et les produits laitiers (sauf si pasteurisés),
Éviter toute alimentation par un marchand ambulant,
Éviter les jus de fruits servis en verre (parfois dilués avec une eau non contrôlée). Il y a peu de risque
avec les boissons chaudes, les boissons encapsulées ou les cannettes ouvertes par le voyageur.
Éviter les glaces préparées avec une eau non contrôlée et les glaçons souvent manipulés avec les
doigts,
Éviter l’eau du robinet pour le lavage des dents.

Une prévention médicamenteuse n'est nécessaire que dans certaines circonstances :


voyageurs ne pouvant prendre le risque d’une indisposition ou souffrant d’un déficit
immunitaire, voyageurs porteurs d’une pathologie sous-jacente et voyageurs dont la barrière
de l’acidité gastrique est déficiente (opérés de l’estomac par exemple) Elle est basée sur les
fluoroquinolones. Cette chimioprophylaxie ne doit être prise que pendant une semaine. Elle
est déconseillée chez l’enfant et la femme enceinte. Il n'y a pas de vaccin spécifique contre
la turista qui relève de plusieurs causes.

3.3. Les maladies du péril fécal sont très fréquentes sous les tropiques :
- le choléra et tous les syndromes cholériformes caractérisés par une diarrhée liquide dus à
des germes non invasifs, en particulier chez l’enfant à des virus gastroentériques : les
rotavirus sont les agents les plus fréquents des diarrhées du nourrisson et de l'enfant de
moins de 3 ans,
- les dysenteries bacillaires ou shigelloses, les campylobactérioses, les yersinioses, les
colibacilloses sont dues à des microbes invasifs causes de diarrhées glairo-sanglantes. Il en
est de même de l'amibiase colique.
- les salmonelloses dont la fièvre typhoïde,
- les hépatites virales A et E,
- la poliomyélite,
- les leptospiroses,
- mais, surtout les diarrhées aiguës infectieuses infantiles provoquées par un ensemble
de germes intestinaux, cause d’une mortalité élevée.

3.3.1. Les diarrhées aiguës et les dysenteries


Elles représentent la première cause de mortalité infantile dans les PED. La mortalité
survient dans les 2 premières années de la vie dans 80% des cas.
On estime que chaque année, plus de 485 000 personnes meurent de diarrhée à cause de
l’insalubrité de l’eau de boisson et du manque d’assainissement et d’hygiène.
Ce sont des maladies transmissibles dues à un ou plusieurs agents pathogènes : bactéries,
virus ou parasites qui sont cause de diarrhées aiguës infectieuses.
Deux syndromes correspondent à des mécanismes physiopathologiques différents et leur
traitement doit être adapté à chaque mécanisme.

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Le principal facteur de gravité de la diarrhée aiguë hydrique est la déshydratation, surtout


chez les jeunes enfants et les personnes âgées. Elle est habituellement due à des germes
non invasifs : Escherichia coli entérotoxinogénes (ETEC), Vibrio cholerae O1, rotavirus,
Cryptosporidium parvum… Les ETEC sont la cause la plus commune de maladie diarrheique
dans les PED tant chez l’enfant que chez l’adulte.
Le syndrome dysentérique représente environ 10 % des maladies diarrhéiques aiguës
d’origine infectieuse. Les agents en cause sont des bactéries entéro-invasives : Shigella
spp., Salmonella spp., Campylobacter jejuni, Yersina entérocolitica... ou des parasites :
Entameba histolytica, Balantidium coli… Ces maladies diarrhéiques se manifestent sous
forme de flambées épidémiques en cas d’inondations. On peut citer l’épidémie du District de
Truk (territoires sous tutelle du Pacifique) en 1971 due à la destruction des sources d’eaux
de captage qui a contraint la population a utiliser des sources d’eaux souterraines
contaminées par les excréments des porcs entraînant une épidémie de Balantidiose.
Le principal facteur de risque de flambée épidémique est la contamination de
l’approvisionnement en eau de boisson.

3.3.2. La fièvre typhoïde


La fièvre typhoïde est endémique dans les pays en développement. La contamination se fait
par les eaux ou les aliments à partir des selles infectées.

3.3.3. Les hépatites virales


Les deux principaux virus responsables d’hépatites virales aiguës sont le virus de l’hépatite A
(VHA) et le virus de l’hépatite E (VHE). Tous deux sont transmis par voie féco-orale et
peuvent provoquer de grandes épidémies. L’eau joue un rôle majeur dans leur transmission.
Toutefois, ils correspondent à deux modèles épidémiologiques différents.
Le VHA est éliminé par les sujets infectés pendant une courte période, mais en quantités
importantes. Sa grande résistance aux agents physico-chimiques lui assure une survie
durable dans l’environnement. Les progrès de l’hygiène ont pratiquement supprimé la
circulation du VHA dans les pays industrialisés, entraînant une diminution de l’immunité
acquise dans la population et augmentant le risque d’épidémie. Les règles d’hygiène
conventionnelles ne sont pas toujours suffisantes pour prévenir l’infection. La seule
prophylaxie efficace est la vaccination. Une épidémie d’hépatite à virus A chez des touristes
allemands après un séjour en Egypte sur la Mer Rouge en 2004 rappelle la nécessité de la
vaccination chez les sujets des pays développés ayant moins de 50 ans.
Le VHE est aussi éliminé dans les selles des malades mais en très faibles quantités. Il est
extrêmement fragile in vitro. Les épidémies ne s’observent que dans les pays à niveau
d’hygiène insuffisant et sont généralement liées à une contamination massive de l’eau. Elles
se caractérisent par un taux de létalité élève, notamment chez les femmes enceintes.

3.3.4. La poliomyélite
La transmission de la poliomyélite se fait dans les PED par voie féco-orale. C’est une
maladie infectieuse essentiellement neurotrope due aux poliovirus sauvages 1 et 3.
L’apparition de poliovirus dérivés du VPO (VDPV), devenus pathogènes, est à l’origine de
flambées de poliomyélite dans les PED.

3.3.5. La leptospirose
La transmission de la leptospirose se fait par contact de la peau et des muqueuses avec de
l’eau, de la terre ou des plantes humides (canne à sucre par exemple) ou de la boue
contaminées par l’urine des rongeurs. Les crues consécutives à de fortes pluies facilitent la
propagation de la bactérie liée à la prolifération des rongeurs infectés dont l’urine contient
d’importantes quantités de leptospires.

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4. La prévention

L’application des recommandations suivantes peut réduire de manière importante le risque


de maladies transmissibles dues à l’eau.

4.1. Chloration de l’eau


L’approvisionnement en eau potable est la mesure de prévention la plus importante pour
réduire le risque de maladies d’origine hydrique.
Le chlore libre est le désinfectant le plus courant et le plus facile à utiliser pour l’eau de boisson et le
moins cher. Il est très efficace sur la plupart des germes (sauf Cryptosporidium spp et des espèces de
Mycobactéries). A raison de quelque mg/litre d’eau pendant environ 30 minutes, le chlore libre inactive
en général près de 100% des entérobactéries et des virus.
On peut rendre potable l’eau de boisson de trois manières :
- par l’ébullition, c’est la méthode la plus efficace sous réserve de maintenir l’ébullition
pendant au moins une minute pour tuer le virus de l’hépatite A ;
- par les agents chimiques : parmi les dérivés chlorés, le dichloro-isocyanate de sodium
[DCCNa] et l'hypochlorite de sodium paraissent les plus efficaces. L’iode (alcool iodé 2 %)
est bactéricide, virucide, et efficace sur certains parasites, comme Giardia duodenalis; mais il
expose à des risques thyroïdiens. L'argent, moins efficace pour la désinfection, est
intéressant pour la conservation prolongée de l'eau traitée. Aucun agent chimique n’est
efficace contre Cryptosporidium spp. et les œufs d’helminthes;
- par les filtres, l’élément filtrant étant une cartouche de céramique ou une membrane ou les
deux. Les filtres ne permettent pas de prévenir les contaminations virales.
Il faut ensuite stocker l’eau dans des jerrycans équipés d’un robinet.

Tableau V - Agents chimiques et temps de contact pour rendre l’eau de boisson potable

Agents chimiques Spécialités Dose


Temps de contact en minutes

Hypochlorite de
Drinkwell Chlore® 3 gouttes/L 60
sodium

Tosylchloramide
Hydroclonazone® 1 cp : 12,2 mg/L 60
(Chloramine)

Dichloro-isocyanurate
Aquatabs® 1 cp : 3,5 mg/L 30
de sodium [DCCNa]

Ion argent Micropur® 1 cp : 0,1 mg/L 120

Ion argent Drinkwell argent® 1 goutte/L 120

Alcool iodé à 2 % 5 gouttes/L 30

4.2. La distribution en quantité suffisante de récipients à eau, de casseroles et de


combustible doit aider à réduire le risque de maladies diarrhéiques en assurant la
protection de l’eau stockée et la cuisson appropriée des aliments.

4.3. L’éducation sanitaire


Elle repose sur :

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- la promotion des bonnes pratiques d’hygiène : lavage des mains à l’eau et au savon, avant
les repas, après avoir été aux latrines,
- l’utilisation des latrines pour déféquer et leur maintien propre,
- la désinfection des excréta par le crésyl sodique, si on ne dispose pas d’un réseau
d’évacuation des matières usées,
- la lutte contre les mouches.

4.4. Les vaccinations


Les vaccins ont une place importante dans la prévention :
- vaccins contre les rotavirus.L'OMS a pris position en 2007 pour une vaccination
universelle.
- vaccin oral contre le choléra recommandé pour les populations soumises à un risque
épidémique immédiat.
- vaccin contre la fièvre typhoïde,
- vaccin contre la poliomyélite,
- vaccin contre l’hépatite à virus A chez le voyageur.

Le dérèglement climatique réduit les ressources en eau renouvelables de la planète et


intervient directement sur l’accès à l’eau. Au-delà de 2 °C de réchauffement par référence à
1990, chaque degré pourrait entraîner une réduction des ressources renouvelables en eau
de 20 % pour au moins 7 % de la population mondiale
Le changement climatique s’ajoute en 2023, à la pénurie croissante de l’eau, au dynamisme
démographique, à l’urbanisation pour aggraver le stress hydrique, situation dans laquelle la
demande en eau dépasse les réserves en eau disponibles dans une zone géographique
donnée. D’ici 2025, la moitié de la population mondiale vivra dans des régions soumises au
stress hydrique.

Références
- Médecins Sans Frontières. Technicien sanitaire en situation précaire. 2010.
https://medicalguidelines.msf.org/viewport/phe/files/latest/30544469/30544476/1/152759830
0832/public_health_fr.pdf1994.
- Hartemann P. Approvisionnement en eau et assainissement en milieu tropical. Méd. Trop.,
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