Opérations Bancaires - 2022
Opérations Bancaires - 2022
Opérations Bancaires - 2022
Opérations bancaires
▪ compte courant,
▪ comptes de dépôts,
▪ comptes spéciaux.
Les actes par lesquels une personne agissant à titre onéreux, met ou
promet de mettre des fonds à la disposition d’une autre personne ou
prend, dans l’intérêt de celle-ci, un engagement par signature tel qu’un
aval, un cautionnement, ou une garantie.
▪ dépôts,
▪ encaissements et paiements,
▪ opérations relatives aux valeurs mobilières et
produits financiers,
▪ fourniture de renseignements financiers et
commerciaux,
▪ mise à disposition des clients de coffres forts.
Ouverture du compte
1- La forme de la convention :
L’ouverture du compte est gouvernée par le principe du consensualisme. Sa
validité n’est donc soumise à aucun formalisme. Il n’en demeure pas moins que
cette convention s’exprime de plus en plus de manière écrite. Ainsi, dans la
pratique, la banque met à la disposition de son client virtuel un document écrit
pré-imprimé, la lettre d’ouverture de compte, précisant les conditions générales
de fonctionnement du compte. La personne qui désire entrer en relation avec la
banque doit signer ce document sans possibilité de négociation, la convention
de compte constitue en effet un contrat d’adhésion.
2- Le consentement :
Toute personne, physique ou morale, est libre d’ouvrir le compte qu’elle entend
auprès de l’établissement bancaire qu’elle veut. En principe, la loi n’impose pas
aux individus d’ouvrir un compte bancaire qu’à titre exceptionnel.
En revanche, le banquier est libre d’accepter ou de refuser l’ouverture d’un
compte. La légitimité d’une telle liberté se justifie par le caractère des relations
de la banque avec sa clientèle, d’autant plus qu’une telle relation suppose des
relations durables et peut entraîner la responsabilité du banquier. Également, les
usages bancaires permettent indiscutablement le refus d’ouvrir un compte. De
même, la publicité bancaire ne lie pas le banquier parce qu’elle n’a pas toujours
un caractère assez précis pour constituer une offre au sens technique.
Cela dit, l’hypothèse d’un abus de droit doit être réservée. Le refus sans
justification valable entraîne la responsabilité du banquier.
Les postulants auxquels un compte peut être ouvert sont les personnes
physiques et morales satisfaisant à un certain nombre de conditions.
a - Personnes physiques
En premier lieu, la personne qui veut ouvrir un compte bancaire doit être adulte,
c’est-à-dire ayant plus que 18 ans.
Le majeur en tutelle est soumis aux mêmes règles que le mineur en tutelle.
Cependant, le juge pourra l’autoriser à effectuer seul certains actes
limitativement énumérés.
Le majeur en curatelle effectue les actes que le tuteur est habilité à faire sans
autorisation du conseil de famille (ou du juge judiciaire). Il en résulte qu’il peut
ouvrir et faire fonctionner un compte. Cependant, l’assistance de son curateur
pour la réception et l’emploi des capitaux est requise.
b - Personnes morales
OBLIGATIONS DU BANQUIER
1- Information du client
Les banques doivent informer leur clientèle et le public des conditions générales
de banque et des différents services ou opérations qu’elles tiennent à leur
disposition. Cette obligation d’information couvre :
- les conditions de fonctionnement du compte,
- le prix (intérêts et commissions),
- les différents services qu’elles assurent,
- le contenu des engagements réciproques de l’établissement de crédit et du
client,
2- Identification du compte.
Les comptes doivent nécessairement être identifiés les uns des autres.
Généralement, à l’ouverture du compte, le banquier lui attribue un intitulé qui
correspond dans la majeure partie des cas au nom patronymique du titulaire ou,
s’agissant de personne morale, à la dénomination sociale. Cependant,
l’expression « nom de la personne » ne doit pas être interprétée de manière
restrictive. D’une part, le nom de la personne physique peut être remplacé par
une appellation de pure convenance et ce sera notamment le cas lorsque cette
personne gère plusieurs entreprises ayant des comptes distincts. D’autre part, il
n’est pas exceptionnel de faire figurer sur un compte le nom d’une société
dépourvue de personnalité juridique, société en participation ou société
commerciale créée de fait. L’intitulé n’est donc qu’un procédé d’identification
du compte qui ne correspond pas nécessairement à la personnalité du titulaire.
Un numéro est d’ailleurs ajouté à cet intitulé.
Dans la pratique, les banques établissent des relevés d’identité bancaire (RIB)
qui permettent d’identifier le titulaire du compte et sont susceptibles de
traitement magnétique. De même, le compte peut être identifié par un simple
numéro attribué par la banque.
3- Vérification d’identité.
Le banquier doit vérifier l’identité du client au moment de l’ouverture du
compte. Cette solution trouve application à l’occasion des chèques barrés :
l’article 434 c. com. lib. interdit au tiré de payer un chèque à barrement général
ou spécial à tout autre qu’un banquier ou à un client du tiré.
En réalité, le contrôle d’identité est une règle d’ordre général qui doit jouer pour
l’ouverture de tout compte abstraction faite des opérations projetées. Il suffit de
rappeler à titre d’exemple, les dispositions de la loi n˚ 318 du 20 avril 2001
relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux, qui imposent aux
banquiers soumis au secret bancaire de vérifier l’identité du postulant en
fonction d’un document officiel. Cette obligation trouve sa raison dans le fait
que le titulaire du compte risque d’effectuer des opérations illicites sous un nom
d’emprunt. En outre, elle est nécessaire au banquier parce que s’il s’avère que
l’absence d’une telle vérification a rendu possible ou a facilité des actes
préjudiciables à un tiers, le banquier répondra de sa propre responsabilité.
Fonctionnement du compte
Si le fonctionnement de chaque compte est régi par des règles qui sont
spécifiques à sa nature, il n’en demeure pas moins qu’il existe certaines règles
communes au fonctionnement de tous les comptes. Ces règles concernent :
1. les personnes autorisées à faire fonctionner le compte.
2. les retraits.
3. l’obligation mise à la charge du banquier de tenir le compte.
4. les intérêts et commissions prélevés par la banque.
5. la passation en compte.
Quoi qu’il en soit, les opérations de débit ne peuvent émaner que du véritable
titulaire du compte. Lorsque celui-ci se présente au banquier, la présentation
d’une pièce d’identité peut être exigée. En revanche, lorsque l’opération de
débit est à distance comme c’est le plus souvent le cas, la banque devra
impérativement vérifier la signature ou voire les pouvoirs du mandataire légal
ou conventionnel.
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Le décès du titulaire du compte met fin au mandat (art. 808 c. oblig), mais le
banquier demeure tenu par le mandat tant qu’il n’a pas été informé du décès à
charge pour lui de prouver son ignorance. Les banques ont accepté certains
mandats post-mortem conférant au mandataire l’exécution d’une mission après
le décès du mandat. La jurisprudence admet la validité de tels mandats à
condition qu’ils ne transgressent pas les règles d’ordre public sur la dévolution
successorale.
2. Les retraits
Le titulaire du compte dispose personnellement des fonds inscrits sur son
compte. Un mandataire peut être désigné à cet effet. Outre la possibilité pour le
titulaire de retirer directement les sommes constituant le solde créditeur de son
compte par chèque tiré à son ordre ou à l’ordre d’un tiers et par virement,
d’autres procédés ont été développés par la pratique. Ainsi est-il, par exemple,
de l’avis de prélèvement qui permet à des créanciers de recouvrir directement
auprès de la banque après autorisation du débiteur. De même, la carte de crédit
aboutit à un règlement direct des factures signées par le titulaire de la carte et à
une inscription au débit de son compte.
3. Tenue du compte
Le banquier doit tenir le compte de son client et exécuter sa mission avec «
ponctualité et exactitude ». Pour chaque opération, il en inscrit la nature, la date,
le montant du crédit ou de débit, le solde provisoire qui s’en dégage, etc. Les
créances et les dettes sont portées au compte dont elles deviennent des articles
de crédit ou de débit. Le banquier doit se conformer aux instructions de son
client et les exécuter sans retard ou omission sous peine de responsabilité, en
cas de dommage pour le client ou pour un tiers.
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Les relevés de compte sont des relevés périodiques adressés par la banque à sa
clientèle destinés à l’informer de l’état de son compte. Ils précisent les
différentes opérations de débit et de crédit effectuées sur une période
déterminée, ils fixent la position provisoire du compte à une date déterminée, ils
indiquent certaines conditions de banque (taux d’intérêts, commission, etc.). En
outre, les relevés jouent un rôle important dans la preuve des opérations
effectuées et dans celle de l’acceptation par le client des conditions de banque.
En effet, l’approbation du client des écritures qui y figurent révèle son
acceptation. A défaut, le banquier assume la charge de la preuve.
- Dans le compte courant, toutes les créances des parties entrent en compte
sauf si elles ont stipulé une réduction de la portée de leur convention.
- Quant au compte de dépôt, les opérateurs ne font entrer en compte que les
créances qu’ils choisissent.
Dans le disponible sont inscrites les créances présentant les caractères requis
pour être payées (créances susceptibles d’exécution). Le disponible peut
recevoir une créance à terme ; sans doute aussi une créance sous condition
suspensive mais point une créance éventuelle.
Le « différé » est la partie du compte où sont inscrites les créances dont le
paiement est différé jusqu’au jour où elles présenteront les caractères requis
pour être réglées. Pour entrer en différé, une créance doit ne pas être simplement
éventuelle.
5. Intérêts et commissions
1 - Intérêts
a. Variantes
Les intérêts sont créditeurs lorsque le solde du compte est créditeur et que les
intérêts courent au profit du client. En principe, les intérêts ne courent pas
s’agissant les compte de dépôt et compte courant. Ils courent s’agissant les
comptes à terme et d’épargne. En principe, le taux de l’intérêt créditeur est
librement fixé par les parties et varie selon les durées du dépôt. Cependant, cette
liberté est restreinte du fait de l’existence de la réglementation bancaire.
Les intérêts sont débiteurs lorsqu’ils courent au profit de l’établissement de
crédit, le solde du compte étant débiteur. Si le solde du compte est débiteur,
c’est parce que la banque a accordé un crédit à son client que l’on appelle
habituellement un découvert en banque, exprimant le résultat qu’est le solde du
compte.
b. Intérêt conventionnel
Il est tout à fait légitime pour la banque de réclamer des intérêts en contrepartie
du découvert consenti à son client. La question se pose de savoir si les intérêts
doivent courir de plein droit ?
courent sur le solde provisoire dont le montant dépend des créances entrées en
compte. Chaque entrée en compte modifie le solde provisoire et par là même
l’assiette de calcul des intérêts.
Aux termes de l’article 767 c. oblig. c. : « Lorsque les parties ont stipulé des
intérêts sans en fixer le taux, l’emprunteur devra payer les intérêts au taux
légal. En matière civile, le taux de l’intérêt stipulé doit être fixé par écrit
lorsqu’il est supérieur à l’intérêt légal ; s’il n’a pas été fixé par écrit, l’intérêt
n’est dû qu’au taux légal ». En outre, conformément à l’article 4 de la loi
libanaise n° 5439 du 20 septembre 1982, le taux d’intérêt des différents contrats
conclus par les banques ou sociétés financières est toujours réputé être un taux
commercial.
Souvent les banques insèrent une clause de variation par laquelle elles se
réservent le droit de modifier le taux d’intérêt qui peut se référer au taux de base
c’est-à-dire au taux déterminé par la seule banque. La jurisprudence libanaise
annule ladite clause par application des articles 84 et 189 du c. oblig. c. rendant
nulles les conditions purement potestatives sauf, si le client a reçu les relevés de
compte sans formuler aucune protestation ou réserve à l’égard du taux ainsi
appliqué.
Une fois le compte clôturé, une période déterminée peut s’écouler jusqu’au
paiement effectif, la question s’est posée de savoir quel taux d’intérêt fallait-il
appliquer : le taux conventionnel ou le taux légal ?
La jurisprudence décide que le taux conventionnel prend en principe fin avec le
contrat de compte et qu’il convient d’appliquer le taux légal sauf, si un accord
est intervenu entre les parties, pour maintenir, après la clôture du compte, les
intérêts au taux conventionnel.
c. Calcul de l’intérêt
En principe, la créance doit être prise en considération pour le calcul des intérêts
à la date de son entrée en compte. Un usage bancaire non prohibé par la loi
retient une date différente dite « date de valeur » qui est postérieure pour les
articles de crédit et antérieure pour les articles de débit. Par exemple, un chèque
porté au crédit du compte le 20, aura une date de valeur le 23 et un chèque
inscrit au débit du compte la même date aura une date de valeur le 17.
En réalité, le jeu des dates de valeur a pour objectif de rémunérer le service
rendu par la banque pour l’exécution de l’opération considérée. Il faut des délais
nécessaires à la circulation des moyens de paiement à l’intérieur du système
bancaire.
Or, cette justification ne vaut pas pour des opérations de dépôts, de virement,
de remises d’espèces et des retraits où l’encaissement est immédiat. Ces
opérations doivent être comptabilisées à leur date, y compris pour le calcul des
intérêts.
Les dispositions de cet article sont d’ordre public. Néanmoins, le juge peut
écarter son application et refuser d’ordonner la capitalisation des intérêts, si
c’est par la faute du créancier et par suite du retard ou obstacle apporté par lui
qu’il n’a pu être procédé à la liquidation de la dette.
La capitalisation s’applique sans distinction aux intérêts moratoires qu’ils soient
judiciaires ou conventionnels. En outre, le calcul des intérêts capitalisés ne
s’effectue pas nécessairement selon le taux légal. Néanmoins, une dérogation
est admise à cette règle, elle concerne les comptes courants dont la
capitalisation des intérêts se produit de plein droit (art. 302 c. com.).
2. Commissions
1- Compte courant
➢ Aux termes de l’article 298 du code de commerce « il y a compte courant
toutes les fois que deux personnes, appelées à se faire des remises réciproques
de valeurs, conviennent de transformer leurs créances en simples articles de
crédit et de débit, formant les éléments d’un compte unique, de sorte que le
solde final de ce compte, lors de sa clôture, constitue seul une créance exigible
et disponible».
➢ Une même personne peut être titulaire de plusieurs comptes courants
indépendants l’un de l’autre. En revanche, la convention de compensation
autorise la banque à procéder à la compensation entre les différents comptes
après clôture des comptes et si le client après notification se refuse à payer. En
outre, le droit de compenser peut procéder du fait de l’existence d’un lien de
connexité entre les comptes.
➢ Intérêts : Le régime des intérêts du compte courant déroge au droit
commun sur un point : aux termes de l’article 302 c. com. : « les remises sont de
plein droit productif d’intérêt au profit du remettant et à la charge du
récepteur… ».
Ainsi, les intérêts courent de plein droit sans besoin d’aucune formalité. En
outre, cet article pose le postulat selon lequel l’intérêt peut ne pas être stipulé.
En effet, l’élément productif d’intérêt n’est pas la convention écrite ou orale
prévoyant les intérêts mais les remises. Les intérêts courent non point à dater de
leur exigibilité mais à compter de la date de réception des sommes d’argent.
L’article 768 c. oblig. c., relatif à la capitalisation des intérêts, ne s’applique pas
au compte courant en cours de fonctionnement. En revanche, après la clôture du
compte, l’inscription de l’intérêt au débit du client ne vaut pas paiement et les
dispositions de l’article 768 c. oblig. c. d’ordre public, doivent s’appliquer.
➢ Indivisibilité : Aux termes de l’article 304 c. com. : « Avant la clôture du
compte courant, aucune des parties ne sera considérée comme créancière ou
débitrice de l'autre. L'arrêté de compte seul fixe l’état de leurs relations
juridiques, produit de plein droit la compensation globale de l'ensemble des
articles de crédit et de débit et détermine le créancier et le débiteur ».
➢ Conséquences de l’indivisibilité :
1. La balance ne pouvant s’établir qu’à la clôture du compte, aucune personne
n’est créancière ni débitrice de l’autre. Le solde provisoire ne représente pas
une créance susceptible d’exécution. Le défaut d’exigibilité empêche que la
prescription court avant la clôture du compte ou que s’opère une
compensation entre le solde provisoire et une créance demeurée en dehors du
compte.
2. À défaut de droit susceptible d'exécution appartenant à la partie en faveur de
laquelle s'établit le solde provisoire, une remise en compte courant ne
s'analyse pas en un paiement de ce solde. Dès lors, il n’y a pas lieu
d’appliquer aux remises en compte courant la nullité de droit prévue à
l'article 507 c. com. sur la faillite de certains paiements accomplis en période
suspecte, seule pourrait être appliquée la nullité facultative de l'article 508
c.com. applicable à tous les actes à titre onéreux.
3. La jurisprudence considère que le solde provisoire constitue une créance ou
une dette selon la position du correspondant, apportant ainsi une certaine
limitation à la règle de l’indivisibilité. La saisie du solde provisoire est donc
possible. Sous réserve du secret bancaire, l’article 887 nouv. c. proc. civ.
admet la saisie du solde du compte courant sans autre précision. La généralité
des termes permet de saisir tout solde, dont le solde provisoire.
2- Compte de dépôt
Le compte de dépôt est un compte ouvert par un banquier à un client et
principalement alimenté par des dépôts de fonds dont les retraits s’opèrent
normalement par des tirages de chèques. Il a pour but « d’enregistrer les
opérations de caisse qui diminueront ou augmenteront le dépôt initial ».
a – caractéristiques
Dans le compte de dépôt, la créance d’intérêts dont la banque est titulaire n’est
pas automatiquement payée (et donc éteinte) par sa seule inscription en compte,
elle n’est éteinte que par compensation. Si le solde est déjà débiteur (ou
insuffisamment créditeur) il n’y a point compensation.
Le compte de dépôt ne comporte pas de différé mais seulement un disponible.
Pour entrer en compte, les créances doivent être certaines, liquides et exigibles,
à défaut, elles restent en dehors du compte.
L’accord des parties est en principe nécessaire pour qu’une créance entre en
compte de dépôt, et le créancier peut laisser à son gré la créance hors du
compte. Il faut toutefois observer que très souvent cet accord a été donné par
avance, lors de la conclusion de la convention de compte et que, dès lors,
l'entrée en compte de la créance présente un caractère automatique. Aussi pour
qu'une créance reste hors du compte, le client doit l'indiquer par avance à son
banquier.
Le compte de dépôt n’est pas soumis au principe d’indivisibilité dont les
conséquences restent substantielles en matière de compte courant.
b- régime juridique
COMPTES SPECIAUX
On distingue :
1. les comptes épargne
2. les comptes multiples
3. les comptes à titulaires multiples
La simple ouverture d’un compte épargne ne suffit pas en elle-même pour que
le compte ainsi ouvert soit juridiquement qualifié de compte épargne. Les
parties doivent conférer au dépôt la nature d’épargne.
➢ Des articles 166 et 167 c. monn. créd., il résulte que le compte épargne
est un contrat réel dans la mesure où il constitue un contrat de dépôt qui repose
sur la remise de la chose déposée par l’épargnant. Il n’en demeure pas moins
que la banque peut valablement ouvrir un compte épargne en contrepartie d’un
crédit accordé à son client ou même en contrepartie d’obligations à sa charge
devenues exigibles au profit du bénéficiaire.
➢ L’ouverture du compte épargne donne lieu à la délivrance par la banque
d’un livret personnel au titulaire du compte. Le livret d’épargne constitue le titre
de créance du déposant (art. 168 c. monn. créd.). Il en résulte que la créance ne
peut exister indépendamment du livret. Constituant un véritable titre de créance,
le déposant peut valablement sur base dudit livret enclencher par devant le juge
des référés une procédure de référé provision.
Le livret d’épargne n’est pas un acte authentique mais un acte sous seing privé.
Il jouit d’une force probatoire absolue à l’égard de la banque. Cela, d’autant
plus que le livret émane de la banque par l’intermédiaire de ses propres
employés de sorte que le juge peut valablement ne retenir que ledit livret
comme moyen de preuve à l’exclusion de tout autre moyen. Le livret est prévu
dans l’intérêt des deux parties : la banque exige le livret pour payer et le client
s’en prévaut pour protéger son compte de sorte qu’aucune opération ne puisse
avoir lieu sans présentation de ce livret. Aussi, il n’est requis du client pour
prouver les dépôts que de se prévaloir des écritures qui sont apportées sur le
livret dans la mesure où la loi lui confère une force probatoire absolue.
➢ Opérations sur livret. Les versements et les retraits ne peuvent être
effectués que sur présentation du livret au guichet émetteur sur lequel seront
transcrites toutes opérations, le retrait par chèques ou virements étant interdits.
Il en sera ainsi même si la personne se présentant au guichet dispose d’une
procuration à cet effet de la part du titulaire.
Il en résulte que la banque ne peut verser des fonds en l’absence du livret ni
effectuer de virement à partir du compte épargne sous peine de responsabilité et
de restitution de l’ensemble des sommes qu’elle aurait ainsi versées. En
revanche, lorsqu’il résulte des circonstances, que le client s’est désisté de son
droit de présenter le livret pour chaque opération, la responsabilité de la banque
ne saurait être engagée. En effet, les dispositions de l’art. 169 c. monn. créd. ne
sont pas d’ordre public.
2- Comptes multiples
Une même personne peut demander l’ouverture de plusieurs comptes dans un
même établissement de crédit soit dans la même agence soit dans les agences
différentes.
a- Autonomie des comptes
Chaque compte fonctionne de manière indépendante par rapport à l’autre,
abstraction faite du lieu, de la tenue des comptes et de la même et unique
identité de leur titulaire.
Ce principe a des conséquences pratiques :
- la compensation entre les comptes ne joue pas en cas de redressement
judiciaire du client sauf éventuellement après clôture des comptes.
- La provision d’un chèque ne sera pas appréciée en fonction de la situation
d’ensemble du client mais en fonction du seul compte sur lequel le chèque est
tiré.
1- Comptes indivis
Plusieurs personnes peuvent disposer d’un compte unique. Il en est ainsi par
exemple des associés de fait qui peuvent ouvrir un compte indivis pour les
besoins de leur activité commerciale exercée dans le cadre d’une société créée
de fait.
Conformément au droit commun, les comptes indivis ne peuvent fonctionner
que sous la signature de tous les titulaires. Le retrait effectué par un seul
titulaire engage la responsabilité de la banque. Cependant, les co-titulaires
peuvent valablement désigner un mandataire de l’un d’entre eux voire un tiers.
Si le compte est débiteur, les indivisaires seront tenus conjointement c’est-à-dire
que le banquier doit diviser son action en paiement entre les co-titulaires. Au
contraire, ils seront tenus solidairement dans deux hypothèses : si la solidarité
passive et l’indivisibilité est stipulée comme c’est le plus souvent le cas et, si le
compte a le caractère commercial notamment parce que les titulaires sont
commerçants. Dans cette dernière hypothèse, la solidarité sera présumée.
A la clôture du compte, le banquier ne peut pas se dessaisir du solde qu’avec
l’accord de tous les indivisaires à moins qu’il soit justifié d’un partage régulier.
2- Comptes joint
Le compte joint se caractérise par la solidarité qu’il instaure dans les rapports
entre les co-titulaires du compte et la banque. Cette solidarité a un aspect actif
dans la mesure où chacun des co-titulaires est créancier de la totalité du solde
créditeur du compte et peut faire fonctionner seul le compte (art. 11 et suivant c.
oblig. c.). Chaque co-titulaire en sa qualité de dépositaire solidaire a le droit de
disposer individuellement de l’ensemble des sommes portées au compte. La
solidarité a aussi un aspect passif parce que chacun de ces titulaires est débiteur
solidaire de la totalité du solde débiteur du compte.
Relation entre les co-titulaires. Les droits de chacun des co-titulaires sont régis
par la convention qui les unit. L’article 11 c. oblig. c., bien que permettant au
créancier de demander le paiement de la totalité de la dette, ne lui permet pas
pour autant de disposer de la totalité de la créance ; il est réputé être mandataire
des autres créanciers en ce qui concerne la portion de la part qui lui revient.
Ainsi le compte joint ne constitue pas une exception au régime matrimonial
libanais reposant sur la séparation des biens que dans la mesure où il permet à
chacun des époux durant la vie conjugale, de dépenser pour les besoins de cette
vie sauf convention contraire. Cependant, si cette vie commune se termine,
chacun des époux restitue ce qu’il aurait personnellement apporté au solde du
compte dans le respect des règles du droit commun.
Relation avec les tiers. A l’égard des tiers, la solidarité ne se présume pas sauf
convention expresse. Cependant, en cas de faillite de l’un des co-titulaires du
compte-joint, la totalité du solde créditeur compte joint est réputée appartenir au
co-titulaire failli sauf preuve contraire.
Compte joint et compte conjoint « et/ou ». Parfois les comptes à plusieurs
titulaires sont ouverts accompagnés des formules « et », « ou » ou même « et/ou
», la question se pose de savoir qu’elle est la portée de chacune des formules
ainsi employées ?
Le compte conjoint (« et ») est ouvert au nom de plusieurs titulaires en vertu
duquel ces derniers sont tenus d’une même obligation indivisible ; il y a lieu
d’appliquer l’article 72 c. oblig. c. aux termes duquel : « Lorsqu’il y a plusieurs
créanciers, d’une obligation indivisible, sans qu’il y ait entre eux solidarité, le
débiteur ne peut demander l’exécution qu’au nom de tous et s’il y est autorisé
par eux ».
En revanche, le compte joint (« ou ») se caractérise par la solidarité entre les
titulaires du compte régie par l’article 11 c. oblig. c.
Aussi lorsque deux parties ouvrent un compte en utilisant cumulativement les
formules « et/ou », chacun des co-titulaires peut individuellement clôturer le
Master1- opérations bancaires- 2022
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La compensation du compte joint avec d’autres comptes tenus par les différents
cotitulaires ne peut valablement se réaliser qu’après acceptation unanime de
tous les cotitulaires.
En cas de décès de l’un des titulaires du compte joint, le ou les co-titulaires
disposent de la totalité de ce compte sans aucune restriction. En outre, la banque
n’est tenue de fournir aucun renseignement aux héritiers du co-titulaire décédé,
sauf « clause contraire expressément prévue au contrat du compte joint
En cas d’action judiciaire entre les co-titulaires du compte joint, la banque doit
bloquer le compte dès notification de ladite action.
Opérations de crédit
L’opération de crédit est tout acte par lequel une personne agissant à titre onéreux,
met ou promet de mettre des fonds à la disposition d’une autre personne ou prend,
dans l’intérêt de celle-ci, un engagement par signature tel qu’un aval, un
cautionnement, ou une garantie.
Le code de la monnaie et du crédit libanais classe les emplois des banques en
opérations à court terme et en opérations à moyen ou long terme (art. 157 c. monn.
créd.) :
1- Les crédits à court terme sont essentiellement les concours momentanés apportés
par les banques à la trésorerie de leurs clients ou les crédits dont le
remboursement se trouve normalement assuré par le dénouement, dans un délai ne
dépassant pas une année, des opérations pour lesquelles ils ont été consentis (art.
158 c. monn. créd.).
2- Les crédits à moyen ou long terme sont ceux qui engagent le banquier à titre de
prêteur, dans le financement d'opérations ou de projets qui, de par leur nature, ne
permettent pas au client de rembourser, dans le délai d'une année, les sommes
qu’il a empruntées pour les réaliser (art. 159 c. monn. créd.).
L’octroi de crédit à titre onéreux fait l’objet d’un monopole consenti aux banques et
autres établissements dûment homologués par la BDL.
1- Ouverture du crédit
Aux termes de l’article 310 alinéa 1 c. com.: « Par le contrat d’ouverture de crédit, le
créditeur s’engage à tenir à la disposition du crédité certaines sommes, que celui-ci
pourra utiliser en tout ou par fractions successives, suivant ses besoins, pendant un
délai déterminé. Le client reste libre d’utiliser ou non la somme mise à sa disposition.
Seul l’emploi des sommes mises à la disposition du client réalise le crédit. Mais le
banquier, lui, est obligé d’accorder le crédit. Le client n’aura aucune obligation, ni
d’utiliser le crédit promis ni bien entendu de payer les intérêts stipulés. A noter,
toutefois, qu’il contracte ordinairement l’obligation de verser une rémunération en
contrepartie de l’engagement ferme pris par celui-ci : on parle alors de « commission
d’engagement » d’un taux évidemment beaucoup plus faible qu’un taux d’intérêt.
L’article 313 c.com. consacre expressément la possibilité de consentir une ouverture
de crédit à un tiers bénéficiaire, avec stipulation de paiement à faire ou d’engagement
à prendre par le banquier donneur de crédit, au profit d’une personne autre que son
client. Cependant, le code de commerce ne contient pas une réglementation complète
du crédit ouvert en faveur des tiers. Cette réglementation est à chercher dans la
convention des parties et dans les usages.
L’ouverture du crédit porte intérêts sur les sommes avancées à partir du jour de
l’utilisation. En droit libanais, il résulte de l’article 767 c. oblig. c. que l’écrit comme
condition de validité de la production des intérêts n’est exigé que pour les matières
civiles et seulement lorsque le taux dépasse le taux légal fixé à 9 %. En revanche, aux
termes de l’article 4 de la loi n° 5439 du 20 septembre 1982: « Nonobstant tout texte
contraire, en ce qui concerne le taux de l’intérêt, sont considérés commerciaux tous les
prêts consentis par les banques et établissements financiers inscrits sur la liste des
établissements financiers qu’il s’agisse de prêts non garantis ou garantis par des
sûretés personnelles ou réelles dont les garanties foncières ».
-Crédits internes-
a- Prêt
Le prêt bancaire est un contrat de prêt d’argent qui se réalise par la remise des fonds
au bénéficiaire (art. 754 c. oblig. c.). Celui-ci s’engage en contrepartie, à servir
l’intérêt convenu et à rembourser dans les délais impartis soit en une fois soit par des
versements échelonnés, mensuels, trimestriels etc.
b- Avance en compte
Le banquier qui consent une avance en compte permet à son client de rendre son
compte débiteur dans la limite d’un maximum qui, dans la plupart des cas, est donné
au client à titre d’indication sans que le banquier s’engage à prolonger son concours
pendant une période déterminée. La pratique en connaît une multitude, la plus
importante étant le découvert. Le découvert dit aussi « avance en compte » est
l’autorisation donnée par la banque au titulaire d’un compte de rendre ce compte
débiteur.
1 - Cautionnement bancaire
Le cautionnement est un contrat par lequel une personne s’oblige envers un créancier
à exécuter l’obligation du débiteur, si celui-ci ne l’accomplit pas (art. 1053 c. oblig.
c.). Le cautionnement est conclu à titre onéreux. En contrepartie de son intervention,
la banque touche une commission qui varie selon les risques et l’importance de
l’opération.
2 - Ducroire de banque
Par la convention ducroire, un intermédiaire entre un créancier et un débiteur, garantit
au premier, moyennant une rémunération supplémentaire le cas échéant, l’exécution
du contrat passé. Cette clause figure spécialement dans le contrat de commission (art.
Master1- opérations bancaires- 2022
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3 - Aval
L’aval est un engagement cambiaire donné par une personne, le donneur d’aval, qui
apporte sa garantie au paiement de l’effet par un débiteur de la lettre de change. (art.
346 al. 1 c. com.).
c- Crédits mobilisables
d- Titrisation
La titrisation est l’opération par laquelle, toute personne cède ses actifs [ou avoirs] ou
créances à un fonds commun, dirigé par une société spécialisée, qui finance leur
acquisition par l’émission de titres négociables, certificats de titrisation ou titres de
créances
-Crédits internationaux-
1- Crédits à l’exportation
a. crédits fournisseur
Les crédits – fournisseur permettent à l’exportateur d’obtenir immédiatement le
paiement des créances commerciales qu’il détient sur des clients étrangers. Il
s’agit de :
- crédits de préfinancement
- mobilisation des créances nées sur l’acheteur étranger après livraison.
- l’affacturage international.
Par crédits de préfinancement, il faut entendre celui qui intervient non plus seulement
au stade du paiement mais aussi dans le processus de production en raison des coûts
élevés.
La mobilisation auprès du banquier de l’exportateur se réalise par l’escompte des
effets de commerce détenus par l’exportateur sur l’importateur représentant les
créances de l’exportateur sur celui-ci. Dans cette hypothèse, l’acheteur paiera au
banquier le montant de ces effets. Si l’acheteur ne règle pas le montant des effets, la
banque pourra toujours se retourner contre son client l’exportateur, sauf forfaitage
consistant en un « escompte sans recours d’effets commerciaux avalisés ou g0arantis
par une banque du pays de l’importateur ».
L’affacturage international met en relation quatre personnes selon le schéma suivant :
L’exportateur libanais transmet sa créance à son factor au Liban. Mais comme ce
dernier n’est pas en mesure d’apprécier la solvabilité de l’importateur, il va s’adresser
à son tour à un factor du pays de celui-ci, lequel, appréciera la solvabilité du débiteur
étranger sous sa responsabilité dans la mesure, notamment, où il va répondre à l’égard
du factor de l’exportateur de la solvabilité de l’acheteur étranger. Ce mécanisme met
en œuvre plusieurs rapports contractuels distincts les uns des autres : contrat de
factoring entre l’exportateur et son factor national ; contrat d’achat – vente entre
l’exportateur et l’importateur ; contrat de mandat entre le factor de l’exportateur et
celui de l’importateur en vertu duquel ce dernier recouvre la créance transmise au
premier par le fournisseur.
b. crédits acheteur
Le crédit – acheteur est accordé à un acheteur étranger afin de lui permettre de payer
l’exportateur libanais. Il porte sur la totalité du montant de la créance de ce dernier.
L’exportateur libanais ne supporte donc plus le risque financier de non-paiement par
l’acheteur, transféré, désormais, à l’établissement du crédit prêteur. Le banquier de
l’exportateur promet à l’importateur de lui accorder les crédits nécessaires sous la
condition de conclure le contrat commercial.
2- Crédits à l’importation