Opérations Bancaires - 2022

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Opérations bancaires

Les opérations bancaires (ou opérations de banque) proprement dites regroupent


trois catégories :

1. Les comptes en banque :

▪ compte courant,
▪ comptes de dépôts,
▪ comptes spéciaux.

2. Les opérations de crédit :

Les actes par lesquels une personne agissant à titre onéreux, met ou
promet de mettre des fonds à la disposition d’une autre personne ou
prend, dans l’intérêt de celle-ci, un engagement par signature tel qu’un
aval, un cautionnement, ou une garantie.

3. et enfin, les services bancaires :

▪ dépôts,
▪ encaissements et paiements,
▪ opérations relatives aux valeurs mobilières et
produits financiers,
▪ fourniture de renseignements financiers et
commerciaux,
▪ mise à disposition des clients de coffres forts.

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Ouverture du compte

L’ouverture du compte s’exprime par la conclusion d’une convention cadre


entre la banque et le client. Cette convention vise à définir les principales règles
auxquelles seront soumises les opérations futures effectuées par un ou plusieurs
clients en vertu des multiples contrats d’application à venir. Ainsi, nous
évoquerons :
▪ la forme de la convention,
▪ le consentement nécessaire à sa formation,
▪ les capacités et pouvoirs des contractants,

1- La forme de la convention :
L’ouverture du compte est gouvernée par le principe du consensualisme. Sa
validité n’est donc soumise à aucun formalisme. Il n’en demeure pas moins que
cette convention s’exprime de plus en plus de manière écrite. Ainsi, dans la
pratique, la banque met à la disposition de son client virtuel un document écrit
pré-imprimé, la lettre d’ouverture de compte, précisant les conditions générales
de fonctionnement du compte. La personne qui désire entrer en relation avec la
banque doit signer ce document sans possibilité de négociation, la convention
de compte constitue en effet un contrat d’adhésion.
2- Le consentement :
Toute personne, physique ou morale, est libre d’ouvrir le compte qu’elle entend
auprès de l’établissement bancaire qu’elle veut. En principe, la loi n’impose pas
aux individus d’ouvrir un compte bancaire qu’à titre exceptionnel.
En revanche, le banquier est libre d’accepter ou de refuser l’ouverture d’un
compte. La légitimité d’une telle liberté se justifie par le caractère des relations
de la banque avec sa clientèle, d’autant plus qu’une telle relation suppose des
relations durables et peut entraîner la responsabilité du banquier. Également, les
usages bancaires permettent indiscutablement le refus d’ouvrir un compte. De
même, la publicité bancaire ne lie pas le banquier parce qu’elle n’a pas toujours
un caractère assez précis pour constituer une offre au sens technique.
Cela dit, l’hypothèse d’un abus de droit doit être réservée. Le refus sans
justification valable entraîne la responsabilité du banquier.

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3- Capacités et pouvoirs des contractants :

Les postulants auxquels un compte peut être ouvert sont les personnes
physiques et morales satisfaisant à un certain nombre de conditions.

a - Personnes physiques

En premier lieu, la personne qui veut ouvrir un compte bancaire doit être adulte,
c’est-à-dire ayant plus que 18 ans.

Quant au mineur dépourvu de discernement n’a pas la capacité civile et ne peut


d’aucune manière prétendre ouvrir personnellement un compte. En revanche, le
mineur doué de discernement peut valablement conclure une convention
d’ouverture de compte bancaire en son nom et faire fonctionner ledit compte
sous sa seule signature. La doctrine tolère l’ouverture d’un compte personnel
dans la mesure où elle sert à effectuer des actes de la vie courante et de modeste
importance.
En revanche, l’ouverture d’un compte bancaire avec remise de carnets de
chèque ou d’une carte bleue sans autorisation du représentant ne peut être
considérée comme constituant un acte de la vie courante, dès lors que
l’utilisation des instruments de paiement peut rendre le compte débiteur.
De même, le mineur habilité à exercer le commerce et l’industrie a la capacité
commerciale. Il peut donc ouvrir et faire fonctionner un compte bancaire sous
sa seule signature.

De sa part, le débiteur soumis à une procédure de faillite reste capable d’ouvrir


durant la période d’observation de nouveaux comptes en son nom. Cependant, à
partir du jour où il est rendu, le jugement déclaratif de faillite frappe le failli
d’une incapacité générale. Ainsi, il ne peut ni ouvrir un compte ni effectuer des
opérations de banque. Il est seulement autorisé à déposer de l’argent mais non
en retirer ou emprunter.

En ce qui concerne les personnes mariées, le régime matrimonial des libanais


est régi par le principe de la séparation des biens. Il en résulte que chacun des
époux peut se faire ouvrir sans le consentement de l’autre tout compte de dépôt
en son nom personnel.

Et enfin, il faut citer le cas de la personne incapable majeure.


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Théoriquement, un aliéné qui n’est pas soumis à un régime spécial de protection


peut ouvrir un compte bancaire et effectuer les opérations qu’il entend. Ces
opérations sont en principe valables sauf s’il est prouvé que l’aliéné était en état
de démence au moment de leur accomplissement, d’où l’obligation mise à la
charge du banquier de rester vigilant.

Le majeur en tutelle est soumis aux mêmes règles que le mineur en tutelle.
Cependant, le juge pourra l’autoriser à effectuer seul certains actes
limitativement énumérés.

Le majeur en curatelle effectue les actes que le tuteur est habilité à faire sans
autorisation du conseil de famille (ou du juge judiciaire). Il en résulte qu’il peut
ouvrir et faire fonctionner un compte. Cependant, l’assistance de son curateur
pour la réception et l’emploi des capitaux est requise.

Le majeur sous sauvegarde de justice n’est frappé d’aucune incapacité. Donc, il


est libre d’accomplir l’opération bancaire qu’il veut ; étant entendu que cette
opération est susceptible de rescision pour lésion ou de réduction pour excès, à
moins qu’elle ne soit effectuée par une personne dûment mandatée.

b - Personnes morales

Les sociétés en participation et société de fait ne sont pas immatriculées au


registre de commerce et sont dépourvues de personnalité juridique.
Pour les sociétés en participation, la solution souvent adoptée consiste en
l’ouverture d’un compte au nom du gérant de la société destiné aux opérations
de la participation. Dans cette hypothèse, le gérant est le seul titulaire du compte
vis-à-vis de la banque et des tiers. Mais, rien n’interdit théoriquement,
l’ouverture d’un compte au nom de la société elle-même, à condition d’éviter la
communication aux tiers de documents, tels que des formules de chèques, qui
pourrait constituer une révélation de la société, source de responsabilité pour les
associés.
Pour les sociétés, seul un compte au nom d’un mandataire ou compte indivis
sera ouvert. Néanmoins, la pratique révèle que les banques acceptent parfois
d’ouvrir des comptes à des sociétés créées de fait mais ce sont alors les associés
qui constituent les véritables titulaires du compte.

Un compte bancaire peut valablement être ouvert au nom de la société en


formation à la demande d’un ou plusieurs fondateurs. En principe, la société
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régulièrement et définitivement constituée se substitue aux fondateurs dans tous


les actes accomplis par eux. Mais encore faut-il apporter la preuve de la reprise
par la société des engagements contractés par le fondateur.

La simple dissolution de la société n’emporte pas disparition de la personnalité


juridique de la société ainsi dissoute. La société dissoute pourra ouvrir un
compte et procéder aux diverses opérations bancaires par l’intermédiaire de son
liquidateur. L’intitulé du compte doit alors révéler le véritable titulaire du
compte c’est- à-dire « la société en liquidation ».

Les personnes morales en procédure de faillite sont soumises au même régime


auquel sont soumises les personnes physiques.

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OBLIGATIONS DU BANQUIER

Le banquier est soumis à certaines obligations :


1. Information du client.
2. Identification du compte.
3. Vérification d’identité
4. Consultation de la Banque du Liban.
5. Dépôt d’un spécimen de signature.

1- Information du client
Les banques doivent informer leur clientèle et le public des conditions générales
de banque et des différents services ou opérations qu’elles tiennent à leur
disposition. Cette obligation d’information couvre :
- les conditions de fonctionnement du compte,
- le prix (intérêts et commissions),
- les différents services qu’elles assurent,
- le contenu des engagements réciproques de l’établissement de crédit et du
client,

Le banquier est soumis à cette obligation d’information sous peine d’exclure du


rapport contractuel toute condition qui n’a pas été préalablement communiquée
au client.
L’obligation d’information ne s’éteint pas par l’effet de la conclusion de la
convention de compte, mais elle accompagne le compte tant qu’il n’est pas
clôturé : le banquier doit informer le client en cas de modification de ses
conditions. Il doit s’assurer de l’acceptation des conditions modifiées auprès du
client. Cette acceptation pouvant être expresse ou tacite, par exemple, dans ce
dernier cas, au cas où le client continue à traiter avec la banque malgré sa
notification des conditions nouvelles de banque.
L’arrêté n° 11947 du 12/2/2015 relatif aux modalités de réalisation des
opérations bancaires et financières avec les clients fixe désormais le contour et
le contenu de l’obligation d’information mise à la charge du banquier et des
institutions financières opérant sur le territoire libanais.

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2- Identification du compte.
Les comptes doivent nécessairement être identifiés les uns des autres.
Généralement, à l’ouverture du compte, le banquier lui attribue un intitulé qui
correspond dans la majeure partie des cas au nom patronymique du titulaire ou,
s’agissant de personne morale, à la dénomination sociale. Cependant,
l’expression « nom de la personne » ne doit pas être interprétée de manière
restrictive. D’une part, le nom de la personne physique peut être remplacé par
une appellation de pure convenance et ce sera notamment le cas lorsque cette
personne gère plusieurs entreprises ayant des comptes distincts. D’autre part, il
n’est pas exceptionnel de faire figurer sur un compte le nom d’une société
dépourvue de personnalité juridique, société en participation ou société
commerciale créée de fait. L’intitulé n’est donc qu’un procédé d’identification
du compte qui ne correspond pas nécessairement à la personnalité du titulaire.
Un numéro est d’ailleurs ajouté à cet intitulé.
Dans la pratique, les banques établissent des relevés d’identité bancaire (RIB)
qui permettent d’identifier le titulaire du compte et sont susceptibles de
traitement magnétique. De même, le compte peut être identifié par un simple
numéro attribué par la banque.

3- Vérification d’identité.
Le banquier doit vérifier l’identité du client au moment de l’ouverture du
compte. Cette solution trouve application à l’occasion des chèques barrés :
l’article 434 c. com. lib. interdit au tiré de payer un chèque à barrement général
ou spécial à tout autre qu’un banquier ou à un client du tiré.
En réalité, le contrôle d’identité est une règle d’ordre général qui doit jouer pour
l’ouverture de tout compte abstraction faite des opérations projetées. Il suffit de
rappeler à titre d’exemple, les dispositions de la loi n˚ 318 du 20 avril 2001
relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux, qui imposent aux
banquiers soumis au secret bancaire de vérifier l’identité du postulant en
fonction d’un document officiel. Cette obligation trouve sa raison dans le fait
que le titulaire du compte risque d’effectuer des opérations illicites sous un nom
d’emprunt. En outre, elle est nécessaire au banquier parce que s’il s’avère que
l’absence d’une telle vérification a rendu possible ou a facilité des actes
préjudiciables à un tiers, le banquier répondra de sa propre responsabilité.

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Vérification des documents : La vérification porte sur le document officiel.


Celui-ci n’est pas un duplicata mais l’original. Il doit être délivré par une
autorité officielle portant la photographie et la signature de l’intéressé. La
banque ne répond d’aucune responsabilité s’il s’avère que le document régulier
en l’apparence est en réalité un faux.
Les personnes morales peuvent comme les personnes physiques être titulaires
de comptes. Le banquier doit au préalable s’assurer que la société est bien
immatriculée au registre de commerce et que son représentant a tous les
pouvoirs nécessaires pour agir en son nom. La Haute cour pose le principe selon
lequel il appartient à la banque tant lors de l’ouverture du compte bancaire
d’une personne morale que, le cas échéant, en cours de fonctionnement, de
vérifier la conformité des pouvoirs de ses représentants à la loi et aux statuts de
cette personne morale. A cet effet, la consultation des statuts de la société
s’avère nécessaire. Si le banquier manque à ce devoir de vérification, il sera
tenu pour responsable de tout dommage causé non seulement à la personne
morale mais aussi aux tiers.

Vérification de l’adresse. La vérification de l’adresse du postulant ne peut que


rendre fiable l’identité énoncée. La vérification sur place par un agent de la
banque, parfois pratiquée, ne peut être imposée aux banques en raison du temps
qu’elle exige et de son coût élevé.
La vérification de la profession du client n’a de sens que si l’on tient pour fautif
le fait d’ouvrir un compte à une personne exerçant son activité dans des
conditions irrégulières ou dont l’activité est illicite. Or, il semble que la banque
n’ait pas à se préoccuper de ces problèmes. Même si elle a eu connaissance de
la situation, on peut douter que l’ouverture du compte ait un caractère fautif, car
le compte bancaire n’est pratiquement pas un instrument indispensable à
l’activité illicite. De toute manière, le lien de causalité entre l’ouverture du
compte et le dommage subi par un tiers du fait de l’activité irrégulière est fort
indirect. Le banquier n’a pas non plus de recherches à effectuer quant à la
moralité de son client. En ouvrant un compte, il ne garantit en aucune manière
la moralité ou l’honorabilité du titulaire. Certes, s’il était établi que le banquier
n’ignorait pas lors de l’ouverture du compte que le client avait déjà fait un usage
abusif d’un compte bancaire, qu’il avait émis des chèques sans provision dans
des conditions exclusives de sa bonne foi, il pourrait être déclaré responsable
envers les victimes de nouveaux agissements délictueux.

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4- Consultation de la Banque du Liban.


Préalablement à la délivrance des formules de chèques, la banque doit consulter
le fichier des interdits de chèque tenu par la BDL pour vérifier si le client n’y
figure pas.

5- Dépôt d’un spécimen de signature.


A l’ouverture d’un compte, le client et le cas échéant ses mandataires, doivent
déposer un spécimen de leur signature. Ce spécimen est nécessaire à la banque
afin qu’elle puisse authentifier les ordres du client et opérer aussi un contrôle de
sa signature.

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Fonctionnement du compte

Si le fonctionnement de chaque compte est régi par des règles qui sont
spécifiques à sa nature, il n’en demeure pas moins qu’il existe certaines règles
communes au fonctionnement de tous les comptes. Ces règles concernent :
1. les personnes autorisées à faire fonctionner le compte.
2. les retraits.
3. l’obligation mise à la charge du banquier de tenir le compte.
4. les intérêts et commissions prélevés par la banque.
5. la passation en compte.

1. Les personnes autorisées à faire fonctionner le compte


En principe, seul le client c’est-à-dire le véritable titulaire du compte en banque
est habilité à faire fonctionner son compte. Cependant, cette restriction ne
semble concerner que les opérations de débit en ce qu’elle fait supporter les
dettes aux titulaires.
En revanche, il est admis qu’une personne tierce puisse effectuer les
versements qu’elle entend sans que la banque ne puisse lui opposer son défaut
de qualité.

La liberté avec laquelle peut s’effectuer l’opération de virement,


indépendamment de sa cause ou de la qualité de son donneur d’ordre œuvre en
ce sens. Cependant, la liberté qui prédomine l’ordre de virement même ne doit
pas préjudicier au destinataire de bonne foi du virement. En effet, dans la
pratique nous rencontrons certaines opérations de virement dans un but
d’évasion fiscale, de blanchiment d’argent ou autres. Or, le destinataire du
virement peut légitimement ignorer l’origine illicite des fonds ainsi virés voire,
l’origine du virement en lui-même. C’est pourquoi les banques soumettent la
réalisation définitive d’un tel virement à l’acceptation du destinataire.

Quoi qu’il en soit, les opérations de débit ne peuvent émaner que du véritable
titulaire du compte. Lorsque celui-ci se présente au banquier, la présentation
d’une pièce d’identité peut être exigée. En revanche, lorsque l’opération de
débit est à distance comme c’est le plus souvent le cas, la banque devra
impérativement vérifier la signature ou voire les pouvoirs du mandataire légal
ou conventionnel.
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La vérification de la signature est effectuée par sa comparaison avec le


spécimen préalablement déposé à la banque par le client ou son mandataire.
Manuscrite, à la griffe, ou imprimé, cette signature est aussi électronique. Ainsi
en sera-t-il en cas d’utilisation d’un code secret pour le paiement au moyen
d’une carte de crédit dans un magasin équipé d’un terminal d’ordinateur. Dans
l’exécution de son obligation de vérification, le banquier n’est pas tenu dans les
mêmes termes qu’un expert, il doit simplement constater la « conformité
apparente » au spécimen de la signature. La jurisprudence considère que la non-
conformité de la signature ne peut être reprochée à la banque que si elle est
manifeste c’est-à-dire si elle est révélée au premier regard. Il n’en demeure pas
moins que certaines circonstances appellent une meilleure vigilance du banquier
à peine de responsabilité.

Le banquier qui ne procède pas à la vérification supporte le poids du paiement


effectué et voit sa responsabilité engagée sauf à se retourner contre le tiers. La
responsabilité du banquier peut cependant être accompagnée de la
responsabilité du client pour faute notamment, lorsque le vol de la formule sur
laquelle le chèque est établi, résulte d’une grave négligence du client.
La question se pose de savoir si la responsabilité de la banque doit être retenue
quand même le paiement indu a été fait en l’absence d’une faute reprochée à la
banque ?
Ainsi par exemple lorsqu’un banquier effectue un paiement en fonction d’une
signature en conformité apparente au spécimen, faut-il engager sa responsabilité
si la signature s’avère réellement fausse ? La jurisprudence française semble
unanime sur ce point : se basant sur les articles 1239 c. civ. et 1937 c. civ.
auxquels correspondent les articles 293 et 705 c. oblig. c. elle considère que le
banquier en sa qualité de dépositaire des fonds reste tenu de l’obligation de
restitution des fonds au déposant ou sur son ordre.

Le mandataire peut être légal, juridique ou conventionnel. Suivant le cas, ses


pouvoirs seront fixés par la loi, le juge ou par le titulaire du compte. Il devra
alors déposer un spécimen de sa signature auprès de la banque. Sauf restrictions
légales ou stipulations contraires, le mandat n’empêche pas le mandant c’est-à-
dire le client de faire fonctionner le compte. A ce propos, il est à signaler que les
relevés de comptes sont en principe renvoyés au client sauf convention
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contraire. Le mandat s’éteint par l’arrivée du terme conventionnel ou au


moment de la notification au banquier de sa révocation (art. 804 c. oblig. c.) ou
de la renonciation du mandataire. Cependant, les chèques émis avant la
révocation doivent être payés. Une action en répétition de l’indu a été reconnue
au banquier contre le mandataire ayant émis un chèque après sa révocation dans
l’ignorance de cette révocation. Cependant, si le banquier a commis une
négligence préjudiciable au mandataire, sa responsabilité sera engagée.

Le décès du titulaire du compte met fin au mandat (art. 808 c. oblig), mais le
banquier demeure tenu par le mandat tant qu’il n’a pas été informé du décès à
charge pour lui de prouver son ignorance. Les banques ont accepté certains
mandats post-mortem conférant au mandataire l’exécution d’une mission après
le décès du mandat. La jurisprudence admet la validité de tels mandats à
condition qu’ils ne transgressent pas les règles d’ordre public sur la dévolution
successorale.

2. Les retraits
Le titulaire du compte dispose personnellement des fonds inscrits sur son
compte. Un mandataire peut être désigné à cet effet. Outre la possibilité pour le
titulaire de retirer directement les sommes constituant le solde créditeur de son
compte par chèque tiré à son ordre ou à l’ordre d’un tiers et par virement,
d’autres procédés ont été développés par la pratique. Ainsi est-il, par exemple,
de l’avis de prélèvement qui permet à des créanciers de recouvrir directement
auprès de la banque après autorisation du débiteur. De même, la carte de crédit
aboutit à un règlement direct des factures signées par le titulaire de la carte et à
une inscription au débit de son compte.

3. Tenue du compte
Le banquier doit tenir le compte de son client et exécuter sa mission avec «
ponctualité et exactitude ». Pour chaque opération, il en inscrit la nature, la date,
le montant du crédit ou de débit, le solde provisoire qui s’en dégage, etc. Les
créances et les dettes sont portées au compte dont elles deviennent des articles
de crédit ou de débit. Le banquier doit se conformer aux instructions de son
client et les exécuter sans retard ou omission sous peine de responsabilité, en
cas de dommage pour le client ou pour un tiers.
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On enseigne traditionnellement que « le banquier ne peut intervenir, ni pour


empêcher son client d’accomplir un acte irrégulier, ni pour refuser d’exécuter
les instructions données par son client au motif que celles-ci lui paraissent
inopportunes » et ce, sauf anomalies de fonctionnement que la banque doit
relever. Par conséquent, «le devoir de non ingérence interdit à l’établissement
de crédit d’intervenir pour empêcher son client d’accomplir un acte illicite ».

En cas d’erreur dans les opérations, le banquier doit procéder à la rectification


sans rature ou biffage par une écriture de contrepassation. Ainsi en est-il, par
exemple, si le banquier porte en débit une somme qu’il devait inscrire au crédit
du compte. La contrepassation est une facette de la répétition de l’indu lorsque
la banque débite un compte qui avait été débité sans raison. Aussi les conditions
de la répétition de l’indu doivent être réunies : la banque doit avoir crédité le
compte par erreur. Lorsque la banque paie un tiers par erreur, celui-ci doit
rembourser sauf faute de la banque ou si le tiers a reçu ce qui lui était dû ou s’il
a de bonne foi dépensé la somme.

Les relevés de compte sont des relevés périodiques adressés par la banque à sa
clientèle destinés à l’informer de l’état de son compte. Ils précisent les
différentes opérations de débit et de crédit effectuées sur une période
déterminée, ils fixent la position provisoire du compte à une date déterminée, ils
indiquent certaines conditions de banque (taux d’intérêts, commission, etc.). En
outre, les relevés jouent un rôle important dans la preuve des opérations
effectuées et dans celle de l’acceptation par le client des conditions de banque.
En effet, l’approbation du client des écritures qui y figurent révèle son
acceptation. A défaut, le banquier assume la charge de la preuve.

L’approbation expresse par le client ne pose pas de difficultés particulières. La


question s’est posée de savoir si le silence gardé par le client après réception des
relevés de compte vaut approbation des comptes ? S’appuyant sur l’usage, la
jurisprudence décide que le silence vaut approbation du relevé de compte même
si le client n’est pas commerçant. Cette présomption d’accord n’est qu’une
présomption réfragable au résultat de laquelle s’opère un renversement de la
charge de la preuve. La banque n’a plus à prouver sa libération au titre des
débits intervenus. C’est au client de démontrer son absence de libération. Cette
solution s’impose a fortiori si le relevé mentionne qu’à défaut d’opposition dans
un certain délai, l’accord du client est réputé acquis. A défaut de délai

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conventionnel, l’opposition du client pourra s’exercer dans le délai de


prescription du droit commercial c’est à-dire dans le délai de dix ans (art. 262 c.
com. lib.).
L’approbation a une portée limitée. Le relevé de compte ne constitue pas en
lui-même un arrêté définitif du compte. Il permet de constater la matérialité des
opérations mentionnées au relevé mais ne peut nullement renseigner sur leur
nature juridique. De même, le client est toujours en droit de contester leur
légitimité, démontrer, par exemple, que la banque a agi sans mandat, que le
virement a été effectué sans consentement ou sur ordre d’une personne qui n’est
pas son représentant. De même, le titulaire du compte sera toujours en mesure
d’engager la responsabilité du banquier notamment pour inexécution de son
devoir d’information voire de conseil ou pour dépassement de mandat.

4. La passation en compte des opérations

➢ Les créances du client contre la banque entrent au crédit de son compte,


ses dettes au débit. Une inscription en compte les constate. Un avis de crédit ou
de débit avertit le client.
La question se pose de savoir quelles sont les créances concernées ?

- Dans le compte courant, toutes les créances des parties entrent en compte
sauf si elles ont stipulé une réduction de la portée de leur convention.
- Quant au compte de dépôt, les opérateurs ne font entrer en compte que les
créances qu’ils choisissent.

➢ Traditionnellement, on distingue l’entrée des créances en compte de


leur inscription en compte.

- Une créance entre en compte par les effets de la convention c’est-à-dire


qu’elle est voulue par l’accord des parties.
Dans la plupart des cas, l’accord est donné lors de la convention d’ouverture du
compte ; il est alors convenu que toutes les créances à naître seront intégrées par
avance au compte. L’entrée en compte se fait alors automatiquement.

- L’inscription n’est qu’une écriture comptable qui a pour objet de


régulariser une entrée en compte antérieure. Le titulaire du compte peut

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effectuer un dépôt en espèces ou recevoir d’un tiers un versement. Il peut aussi


remettre à la banque des créances de tiers et des chèques.
En pratique, le compte est alors immédiatement crédité mais « sous réserve
d’encaissement » ce qui signifie que la banque se charge du recouvrement des
créances mais que si elle n’y parvient pas - effet impayé par exemple - une
écriture inverse débitera le compte du même montant.

- L’entrée en compte est un procédé de règlement des créances. Dès lors,


pour entrer en compte, il faut que la créance réunisse les conditions requises pour
être payée : certitude, liquidité et exigibilité, mais aussi fongibilité dans la mesure
où le règlement en compte implique une fusion avec d’autres créances.
Si la créance ne satisfait pas à ces conditions elle ne peut être réglée en compte.
S’il s’agit d’un compte de dépôt, elle est le plus souvent laissée en dehors du
compte. S’il s’agit d’un compte courant, la créance ne pourra pas être réglée ;
néanmoins, elle sera affectée au compte.

➢ Le compte courant et parfois le compte de dépôt comportent deux


parties :
- le disponible
- le différé.

Dans le disponible sont inscrites les créances présentant les caractères requis
pour être payées (créances susceptibles d’exécution). Le disponible peut
recevoir une créance à terme ; sans doute aussi une créance sous condition
suspensive mais point une créance éventuelle.
Le « différé » est la partie du compte où sont inscrites les créances dont le
paiement est différé jusqu’au jour où elles présenteront les caractères requis
pour être réglées. Pour entrer en différé, une créance doit ne pas être simplement
éventuelle.

➢ Une fois intégrées, les créances et dettes deviennent des articles du


compte. L’inscription qui constate ce phénomène s’appelle la passation. La date
et la nature de l’opération sont alors indiquées sur le compte. Un solde s’établit
tout naturellement après chaque opération. Pour chaque opération effectuée, la
banque envoie à son client un avis d’opéré. Elle lui envoie également un relevé
périodique de son compte.

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➢ Date d’entrée en compte. Cette date fixe à un moment déterminé quelle


est la position créditrice ou débitrice du client. C’est la date de naissance de la
créance qui doit être prise en compte ou plus précisément celle à laquelle elle a
acquis les qualités nécessaires à son entrée dans le compte. Peu importe que
l’écriture soit intervenue ultérieurement. Elle n’est que la constatation matérielle
de l’opération. Il ne faut pas confondre la date d’entrée en compte avec la date
de valeur qui consiste en un décalage du calcul des intérêts et du jour où les
opérations sont effectuées.

5. Intérêts et commissions

1 - Intérêts

a. Variantes

Les intérêts sont créditeurs lorsque le solde du compte est créditeur et que les
intérêts courent au profit du client. En principe, les intérêts ne courent pas
s’agissant les compte de dépôt et compte courant. Ils courent s’agissant les
comptes à terme et d’épargne. En principe, le taux de l’intérêt créditeur est
librement fixé par les parties et varie selon les durées du dépôt. Cependant, cette
liberté est restreinte du fait de l’existence de la réglementation bancaire.
Les intérêts sont débiteurs lorsqu’ils courent au profit de l’établissement de
crédit, le solde du compte étant débiteur. Si le solde du compte est débiteur,
c’est parce que la banque a accordé un crédit à son client que l’on appelle
habituellement un découvert en banque, exprimant le résultat qu’est le solde du
compte.

b. Intérêt conventionnel

Il est tout à fait légitime pour la banque de réclamer des intérêts en contrepartie
du découvert consenti à son client. La question se pose de savoir si les intérêts
doivent courir de plein droit ?

L’article 766 c. oblig. c. énonce que : « Dans le prêt de consommation il n’est


pas dû d’intérêts, s’il n’en a pas été stipulé. Mais l’emprunteur qui a payé
spontanément des intérêts non stipulés ou supérieurs à ceux qui ont été stipulés,
ne peut les répéter ni les imputer sur le capital ».
Ainsi, en matière de compte de dépôts, les intérêts ne sont dûs que s’ils ont été
stipulés.
En revanche, le solde débiteur d’un compte courant produit intérêts de plein
droit sans qu’une stipulation soit nécessaire )art. 302 c. com.). Les intérêts
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courent sur le solde provisoire dont le montant dépend des créances entrées en
compte. Chaque entrée en compte modifie le solde provisoire et par là même
l’assiette de calcul des intérêts.

Aux termes de l’article 767 c. oblig. c. : « Lorsque les parties ont stipulé des
intérêts sans en fixer le taux, l’emprunteur devra payer les intérêts au taux
légal. En matière civile, le taux de l’intérêt stipulé doit être fixé par écrit
lorsqu’il est supérieur à l’intérêt légal ; s’il n’a pas été fixé par écrit, l’intérêt
n’est dû qu’au taux légal ». En outre, conformément à l’article 4 de la loi
libanaise n° 5439 du 20 septembre 1982, le taux d’intérêt des différents contrats
conclus par les banques ou sociétés financières est toujours réputé être un taux
commercial.

Souvent les banques insèrent une clause de variation par laquelle elles se
réservent le droit de modifier le taux d’intérêt qui peut se référer au taux de base
c’est-à-dire au taux déterminé par la seule banque. La jurisprudence libanaise
annule ladite clause par application des articles 84 et 189 du c. oblig. c. rendant
nulles les conditions purement potestatives sauf, si le client a reçu les relevés de
compte sans formuler aucune protestation ou réserve à l’égard du taux ainsi
appliqué.

Une fois le compte clôturé, une période déterminée peut s’écouler jusqu’au
paiement effectif, la question s’est posée de savoir quel taux d’intérêt fallait-il
appliquer : le taux conventionnel ou le taux légal ?
La jurisprudence décide que le taux conventionnel prend en principe fin avec le
contrat de compte et qu’il convient d’appliquer le taux légal sauf, si un accord
est intervenu entre les parties, pour maintenir, après la clôture du compte, les
intérêts au taux conventionnel.

c. Calcul de l’intérêt

En principe, la créance doit être prise en considération pour le calcul des intérêts
à la date de son entrée en compte. Un usage bancaire non prohibé par la loi
retient une date différente dite « date de valeur » qui est postérieure pour les
articles de crédit et antérieure pour les articles de débit. Par exemple, un chèque
porté au crédit du compte le 20, aura une date de valeur le 23 et un chèque
inscrit au débit du compte la même date aura une date de valeur le 17.
En réalité, le jeu des dates de valeur a pour objectif de rémunérer le service
rendu par la banque pour l’exécution de l’opération considérée. Il faut des délais
nécessaires à la circulation des moyens de paiement à l’intérieur du système
bancaire.

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18

Pour la cour de cassation, les délais d’encaissement constituent la seule


justification des dates de valeur de sorte que seules les opérations
d’encaissement en nécessitant peuvent en être affectées : c’est le cas des remises
de chèque à l’encaissement. Ainsi la date de valeur ne se confond pas avec celle
de l’encaissement.

Or, cette justification ne vaut pas pour des opérations de dépôts, de virement,
de remises d’espèces et des retraits où l’encaissement est immédiat. Ces
opérations doivent être comptabilisées à leur date, y compris pour le calcul des
intérêts.

d. Capitalisation des intérêts

Il résulte de l’article 768 c. oblig. c. que la capitalisation des intérêts ne peut


avoir lieu que si deux conditions sont réunies :
1- La capitalisation doit avoir fait l’objet d’un accord exprès.
2- Seuls les intérêts dûs au moins pour six mois entiers peuvent être
capitalisés.

Les dispositions de cet article sont d’ordre public. Néanmoins, le juge peut
écarter son application et refuser d’ordonner la capitalisation des intérêts, si
c’est par la faute du créancier et par suite du retard ou obstacle apporté par lui
qu’il n’a pu être procédé à la liquidation de la dette.
La capitalisation s’applique sans distinction aux intérêts moratoires qu’ils soient
judiciaires ou conventionnels. En outre, le calcul des intérêts capitalisés ne
s’effectue pas nécessairement selon le taux légal. Néanmoins, une dérogation
est admise à cette règle, elle concerne les comptes courants dont la
capitalisation des intérêts se produit de plein droit (art. 302 c. com.).

2. Commissions

Les banques perçoivent différentes commissions en contrepartie des services


fournis par la banque : « commissions de mouvement », « commissions de tenue
du compte », etc. Les commissions sont librement déterminées par les parties.
La jurisprudence n’exige pas une acceptation formelle du client. Elle voit si ce
dernier a été informé des commissions mises à sa charge et le répute alors les
avoir acceptées sauf protestation ou réserve de sa part.

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Compte courant et compte de dépôt

1- Compte courant
➢ Aux termes de l’article 298 du code de commerce « il y a compte courant
toutes les fois que deux personnes, appelées à se faire des remises réciproques
de valeurs, conviennent de transformer leurs créances en simples articles de
crédit et de débit, formant les éléments d’un compte unique, de sorte que le
solde final de ce compte, lors de sa clôture, constitue seul une créance exigible
et disponible».
➢ Une même personne peut être titulaire de plusieurs comptes courants
indépendants l’un de l’autre. En revanche, la convention de compensation
autorise la banque à procéder à la compensation entre les différents comptes
après clôture des comptes et si le client après notification se refuse à payer. En
outre, le droit de compenser peut procéder du fait de l’existence d’un lien de
connexité entre les comptes.
➢ Intérêts : Le régime des intérêts du compte courant déroge au droit
commun sur un point : aux termes de l’article 302 c. com. : « les remises sont de
plein droit productif d’intérêt au profit du remettant et à la charge du
récepteur… ».
Ainsi, les intérêts courent de plein droit sans besoin d’aucune formalité. En
outre, cet article pose le postulat selon lequel l’intérêt peut ne pas être stipulé.
En effet, l’élément productif d’intérêt n’est pas la convention écrite ou orale
prévoyant les intérêts mais les remises. Les intérêts courent non point à dater de
leur exigibilité mais à compter de la date de réception des sommes d’argent.
L’article 768 c. oblig. c., relatif à la capitalisation des intérêts, ne s’applique pas
au compte courant en cours de fonctionnement. En revanche, après la clôture du
compte, l’inscription de l’intérêt au débit du client ne vaut pas paiement et les
dispositions de l’article 768 c. oblig. c. d’ordre public, doivent s’appliquer.
➢ Indivisibilité : Aux termes de l’article 304 c. com. : « Avant la clôture du
compte courant, aucune des parties ne sera considérée comme créancière ou
débitrice de l'autre. L'arrêté de compte seul fixe l’état de leurs relations
juridiques, produit de plein droit la compensation globale de l'ensemble des
articles de crédit et de débit et détermine le créancier et le débiteur ».

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Le compte courant est indivisible et le principe de l’indivisibilité s’exprime en


deux règles : d’une part, toutes les remises en compte courant perdent leur
indivisibilité pour former un bloc unique soumis à un régime particulier.
D’autre part, les divers articles du compte sont indépendants les uns des autres
et participent aux règles générales du compte courant ; la remise en compte ne
constitue pas un paiement.

➢ Conséquences de l’indivisibilité :
1. La balance ne pouvant s’établir qu’à la clôture du compte, aucune personne
n’est créancière ni débitrice de l’autre. Le solde provisoire ne représente pas
une créance susceptible d’exécution. Le défaut d’exigibilité empêche que la
prescription court avant la clôture du compte ou que s’opère une
compensation entre le solde provisoire et une créance demeurée en dehors du
compte.
2. À défaut de droit susceptible d'exécution appartenant à la partie en faveur de
laquelle s'établit le solde provisoire, une remise en compte courant ne
s'analyse pas en un paiement de ce solde. Dès lors, il n’y a pas lieu
d’appliquer aux remises en compte courant la nullité de droit prévue à
l'article 507 c. com. sur la faillite de certains paiements accomplis en période
suspecte, seule pourrait être appliquée la nullité facultative de l'article 508
c.com. applicable à tous les actes à titre onéreux.
3. La jurisprudence considère que le solde provisoire constitue une créance ou
une dette selon la position du correspondant, apportant ainsi une certaine
limitation à la règle de l’indivisibilité. La saisie du solde provisoire est donc
possible. Sous réserve du secret bancaire, l’article 887 nouv. c. proc. civ.
admet la saisie du solde du compte courant sans autre précision. La généralité
des termes permet de saisir tout solde, dont le solde provisoire.

➢ Clôture du compte courant : Aux termes de l’article 306 c. com. « le


contrat de compte courant prend fin à l’époque fixée par la convention et, à
défaut d’un terme convenu, à la volonté de l’une des parties. Il prend également
fin par le décès, l’incapacité ou la faillite de l’une d’elles ». La clôture du
compte courant a pour effet de fixer le solde du compte et de rendre exigibles
les intérêts et commissions. Si le client ne paie pas, la banque procèdera à la
saisie.

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2- Compte de dépôt
Le compte de dépôt est un compte ouvert par un banquier à un client et
principalement alimenté par des dépôts de fonds dont les retraits s’opèrent
normalement par des tirages de chèques. Il a pour but « d’enregistrer les
opérations de caisse qui diminueront ou augmenteront le dépôt initial ».

a – caractéristiques

Dans le compte de dépôt, la créance d’intérêts dont la banque est titulaire n’est
pas automatiquement payée (et donc éteinte) par sa seule inscription en compte,
elle n’est éteinte que par compensation. Si le solde est déjà débiteur (ou
insuffisamment créditeur) il n’y a point compensation.
Le compte de dépôt ne comporte pas de différé mais seulement un disponible.
Pour entrer en compte, les créances doivent être certaines, liquides et exigibles,
à défaut, elles restent en dehors du compte.
L’accord des parties est en principe nécessaire pour qu’une créance entre en
compte de dépôt, et le créancier peut laisser à son gré la créance hors du
compte. Il faut toutefois observer que très souvent cet accord a été donné par
avance, lors de la conclusion de la convention de compte et que, dès lors,
l'entrée en compte de la créance présente un caractère automatique. Aussi pour
qu'une créance reste hors du compte, le client doit l'indiquer par avance à son
banquier.
Le compte de dépôt n’est pas soumis au principe d’indivisibilité dont les
conséquences restent substantielles en matière de compte courant.

b- régime juridique

Le solde du compte de dépôt est soumis à un régime qui se rapproche du solde


du compte courant : il est en principe insaisissable, il est à la disposition du
client qui peut émettre des chèques sur le compte dont le solde est créditeur.
C’est le solde qui est soumis aux règles de prescription. C'est également lui qui
est productif d’intérêts. Autrement dit, le solde est indivisible, non exigible et
disponible.
A la clôture du compte, la banque doit restituer le solde créditeur ;
l’appropriation indue de ce solde caractérise le délit d’abus de confiance, peu

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important que durant le fonctionnement du compte, la banque ait eu la libre


disposition des fonds.
Les intérêts ne courent pas de plein droit. Une stipulation expresse est
nécessaire et ils ne sont capitalisables que dans les conditions particulières
fixées à l’article 768 c. oblig. c.

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COMPTES SPECIAUX

On distingue :
1. les comptes épargne
2. les comptes multiples
3. les comptes à titulaires multiples

1- Les comptes épargne


Il existe des formes de dépôt en faveur des épargnants destinés à favoriser la
concurrence des banques aux caisses d’épargne et à orienter l’épargne vers
certaines formes de placement. Ainsi par exemple, le compte épargne logement,
les comptes épargne à long terme ou plans d’épargne.

- Le compte épargne – logement vise à encourager tout citoyen libanais,


majeur ou mineur, résident ou non résident à l’épargne, en prévision (et
dans l’intention) d’un crédit futur pour l’achat, la construction ou la
rénovation de sa demeure au Liban.
- Les comptes d’épargne à long terme ou plans d’épargne sont ouverts
auprès des banques par les personnes physiques ou les associations à but
non lucratif (art. 166 du code de la monnaie et de crédit). Il arrive qu’un
grand parent souscrive un plan d’épargne logement au nom de l’un de ses
petits-enfants mineurs et verse, par virement, de sommes au crédit dudit
plan. La jurisprudence considère les opérations comme constitution d’un
don manuel au profit du mineur, elle en déduit que, le souscripteur ne
peut, dès lors, récupérer les sommes versées sans l’accord préalable du
titulaire du plan.

La simple ouverture d’un compte épargne ne suffit pas en elle-même pour que
le compte ainsi ouvert soit juridiquement qualifié de compte épargne. Les
parties doivent conférer au dépôt la nature d’épargne.

➢ Le dépôt de fonds dans le compte épargne nécessite une remise. Cette


remise n’est pas soumise à une forme particulière. Elle peut avoir lieu en
espèces ou par virement. Néanmoins, dans ce dernier cas, le virement doit
nécessairement être effectué en la même devise du compte épargne.

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➢ Des articles 166 et 167 c. monn. créd., il résulte que le compte épargne
est un contrat réel dans la mesure où il constitue un contrat de dépôt qui repose
sur la remise de la chose déposée par l’épargnant. Il n’en demeure pas moins
que la banque peut valablement ouvrir un compte épargne en contrepartie d’un
crédit accordé à son client ou même en contrepartie d’obligations à sa charge
devenues exigibles au profit du bénéficiaire.
➢ L’ouverture du compte épargne donne lieu à la délivrance par la banque
d’un livret personnel au titulaire du compte. Le livret d’épargne constitue le titre
de créance du déposant (art. 168 c. monn. créd.). Il en résulte que la créance ne
peut exister indépendamment du livret. Constituant un véritable titre de créance,
le déposant peut valablement sur base dudit livret enclencher par devant le juge
des référés une procédure de référé provision.
Le livret d’épargne n’est pas un acte authentique mais un acte sous seing privé.
Il jouit d’une force probatoire absolue à l’égard de la banque. Cela, d’autant
plus que le livret émane de la banque par l’intermédiaire de ses propres
employés de sorte que le juge peut valablement ne retenir que ledit livret
comme moyen de preuve à l’exclusion de tout autre moyen. Le livret est prévu
dans l’intérêt des deux parties : la banque exige le livret pour payer et le client
s’en prévaut pour protéger son compte de sorte qu’aucune opération ne puisse
avoir lieu sans présentation de ce livret. Aussi, il n’est requis du client pour
prouver les dépôts que de se prévaloir des écritures qui sont apportées sur le
livret dans la mesure où la loi lui confère une force probatoire absolue.
➢ Opérations sur livret. Les versements et les retraits ne peuvent être
effectués que sur présentation du livret au guichet émetteur sur lequel seront
transcrites toutes opérations, le retrait par chèques ou virements étant interdits.
Il en sera ainsi même si la personne se présentant au guichet dispose d’une
procuration à cet effet de la part du titulaire.
Il en résulte que la banque ne peut verser des fonds en l’absence du livret ni
effectuer de virement à partir du compte épargne sous peine de responsabilité et
de restitution de l’ensemble des sommes qu’elle aurait ainsi versées. En
revanche, lorsqu’il résulte des circonstances, que le client s’est désisté de son
droit de présenter le livret pour chaque opération, la responsabilité de la banque
ne saurait être engagée. En effet, les dispositions de l’art. 169 c. monn. créd. ne
sont pas d’ordre public.

➢ En l’absence de convention expresse, les comptes ouverts auprès d’une


banque au nom d’un même titulaire ne font pas l’objet de compensation entre

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eux. Cependant, la spécificité du compte épargne ne le soustrait pas à la


compensation légale des articles 329 et s. c. oblig. c. Ainsi les parties peuvent
valablement conclure un accord de compensation entre les comptes.
➢ Le compte épargne et le compte courant sont complètement indépendants
l’un de l’autre. Toutefois, il n’existe pas en droit libanais aucun texte législatif
interdisant à la banque et au client de convenir expressément entre eux que l’un
des comptes garantira l’autre, de sorte que le montant de l’un ne soit restitué
qu’après paiement de l’autre.
➢ Aux termes de l’article 168 c. monn. créd., le livret d’épargne n’est pas
transmissible ni par cession ni par endossement.
➢ Aux termes de l’article 171 c. monn. créd., les comptes épargne sont
exemptés de l’impôt sur le revenu institué par le décret-loi n 144 du 12 juin
1959. Néanmoins, les intérêts sont désormais soumis à une taxe de 5% en vertu
de l’article 51 de la loi n° 497 du 30 janvier 2003.
➢ La banque qui ne se conforme pas aux règles régissant le compte épargne
se voit infligée les sanctions disciplinaires des articles 208 et 209 c. monn. créd.
Les sanctions n’empêchent pas la poursuite de la banque devant les tribunaux
compétents.

2- Comptes multiples
Une même personne peut demander l’ouverture de plusieurs comptes dans un
même établissement de crédit soit dans la même agence soit dans les agences
différentes.
a- Autonomie des comptes
Chaque compte fonctionne de manière indépendante par rapport à l’autre,
abstraction faite du lieu, de la tenue des comptes et de la même et unique
identité de leur titulaire.
Ce principe a des conséquences pratiques :
- la compensation entre les comptes ne joue pas en cas de redressement
judiciaire du client sauf éventuellement après clôture des comptes.
- La provision d’un chèque ne sera pas appréciée en fonction de la situation
d’ensemble du client mais en fonction du seul compte sur lequel le chèque est
tiré.

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- Les intérêts sont calculés de manière distincte au regard de la position de


chacun des comptes. Ainsi, par exemple, la banque ne peut refuser le paiement
des intérêts d’un compte créditeur sous prétexte qu’un autre compte est
débiteur.
- Si un compte-créditeur fait l’objet d’une saisie, celle-ci ne saurait être levée au
motif que le client est titulaire dans la même banque d’un autre compte
créditeur.
- Si le banquier n’affecte pas les différentes remises dans les différents comptes
suivant les ordres de son client, sa responsabilité sera alors engagée même à
l’égard des tiers.

b- Interdépendance des comptes


b-1- Accord de compensation des comptes
Cet accord intéresse des comptes qui sont juridiquement distincts. Par cet
accord, les parties décident la fusion d’un compte débiteur avec un compte
créditeur d’où l’appellation encore donnée à ce type d’accord de « lettre de
fusion ». Ici, non seulement le client autorise la banque à compenser le solde
créditeur de l’un des comptes avec le solde débiteur d’un autre compte mais il la
rend maître de l’opportunité d’une telle compensation à tout moment.
L’exercice de cette faculté entraîne la clôture de l’un des comptes au moins.
Pour certains auteurs l’accord est mis en échec par la saisie. En effet, cet accord
ne peut valablement s’appliquer que si les soldes des comptes sont disponibles
or, une fois l’acte de saisie signifié à la banque, ils deviennent indisponibles.
L’accord de compensation ne peut donc plus être appliqué à compter de cette
date.
Cependant, d’autres auteurs estiment que la convention de compensation
engendre une affectation des comptes à leur garantie réciproque qui crée un lien
de connexité autorisant la compensation, nonobstant la saisie-arrêt frappant l’un
des comptes sans qu’il y ait aucune raison de décider différemment que la saisie
soit collective ou individuelle.
D’autre part, l’efficacité de l’accord de compensation est discutée en cas de
redressement judiciaire du titulaire du compte. Si on convient de ce qu’un tel
accord ne peut pas être conclu pendant la période suspecte, les opinions
divergent en ce qui concerne sa mise en œuvre : certains la réfutent d’autres,
l’admettent « nonobstant le prononcé du redressement judiciaire du client » en
raison de la connexité des dettes qui résulte de l’affectation des soldes à la
garantie réciproque des parties.
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b-2- Accord de fusion des comptes


Cet accord, dit également « lettre d’unité de compte », est le contrat en vertu
duquel un même client ouvre auprès d’une banque plusieurs comptes réputés
constituer de simples rubriques, sections ou sous-comptes d’un compte unique.
Il en est de même de la convention de centralisation de trésorerie intra-groupe
par nivellement automatique signée par une société mère pour elle-même, au
nom et pour le compte de ses filiales, en parfaite connaissance de cause. Dès
lors, il n’y a jamais qu’un compte unique à la fois entre les parties et à l’égard
des tiers. Cependant, un accord explicite doit être signé à cet effet entre les
parties lequel doit être interprété de manière restrictive.
Ainsi l’accord de compensation des comptes est fondamentalement différent de
l’accord de fusion des comptes. Dans le premier, les comptes demeurent
distincts avec la faculté reconnue au banquier de réunir les soldes : la fusion
n’est pas automatique, alors que dans le second, bien que formellement ouvert,
les différents comptes ouverts ne constituent jamais que des sections ou
rubriques d’un seul compte tenu par un même titulaire : la fusion est donc
automatique. En pratique, il est toujours difficile de savoir si on est en présence
d’un accord de compensation ou de fusion, il reviendra alors au juge de
s’enquérir sur la commune intention des parties.
Les effets de l’accord de fusion consistent à créer un compte unique. Les
différents comptes ainsi ouverts devront être appréciés en fonction de la
situation globale du client. Ainsi :
a) Le paiement d’un chèque se fera au vu des soldes fusionnés dans
différents sous-comptes.
b) Les intérêts seront calculés sur la base du solde résultant de la fusion des
sous-comptes.
c) L’action en paiement du solde débiteur de l’un des comptes couvert par la
lettre d’unité de compte portera sur le solde global des comptes si celui-ci
est débiteur et la banque ne peut réclamer le solde débiteur d’une des
rubriques et pratiquer une saisie sur le solde créditeur d’une autre
rubrique : la saisie ne peut porter que sur le solde global de l’ensemble
des comptes.
d) De même, les sûretés consenties à l’un des sous-comptes garantiront le
solde fusionné.

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L’accord d’unité de compte est en principe opposable aux tiers :


- Il pourra être invoqué à l’égard d’un créancier saisissant ou d’un porteur
de chèque.
- Le banquier pourra invoquer la fusion à la date du redressement judiciaire
du client. En revanche, si l’accord d’unité de compte a été conclu en
période suspecte, sa validité sera appréciée de la même manière que
l’accord de compensation : si on prouve que le banquier connaissait, à la
date de l’accord l’état de cessation des paiements du client, l’accord sera
nul.

3. Comptes à titulaires multiples


Un même compte peut avoir plusieurs titulaires. La pratique distingue surtout
deux espèces de compte à titulaires multiples : le compte collectif ou indivis et
le compte joint.

1- Comptes indivis
Plusieurs personnes peuvent disposer d’un compte unique. Il en est ainsi par
exemple des associés de fait qui peuvent ouvrir un compte indivis pour les
besoins de leur activité commerciale exercée dans le cadre d’une société créée
de fait.
Conformément au droit commun, les comptes indivis ne peuvent fonctionner
que sous la signature de tous les titulaires. Le retrait effectué par un seul
titulaire engage la responsabilité de la banque. Cependant, les co-titulaires
peuvent valablement désigner un mandataire de l’un d’entre eux voire un tiers.
Si le compte est débiteur, les indivisaires seront tenus conjointement c’est-à-dire
que le banquier doit diviser son action en paiement entre les co-titulaires. Au
contraire, ils seront tenus solidairement dans deux hypothèses : si la solidarité
passive et l’indivisibilité est stipulée comme c’est le plus souvent le cas et, si le
compte a le caractère commercial notamment parce que les titulaires sont
commerçants. Dans cette dernière hypothèse, la solidarité sera présumée.
A la clôture du compte, le banquier ne peut pas se dessaisir du solde qu’avec
l’accord de tous les indivisaires à moins qu’il soit justifié d’un partage régulier.

2- Comptes joint

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Le compte joint se caractérise par la solidarité qu’il instaure dans les rapports
entre les co-titulaires du compte et la banque. Cette solidarité a un aspect actif
dans la mesure où chacun des co-titulaires est créancier de la totalité du solde
créditeur du compte et peut faire fonctionner seul le compte (art. 11 et suivant c.
oblig. c.). Chaque co-titulaire en sa qualité de dépositaire solidaire a le droit de
disposer individuellement de l’ensemble des sommes portées au compte. La
solidarité a aussi un aspect passif parce que chacun de ces titulaires est débiteur
solidaire de la totalité du solde débiteur du compte.
Relation entre les co-titulaires. Les droits de chacun des co-titulaires sont régis
par la convention qui les unit. L’article 11 c. oblig. c., bien que permettant au
créancier de demander le paiement de la totalité de la dette, ne lui permet pas
pour autant de disposer de la totalité de la créance ; il est réputé être mandataire
des autres créanciers en ce qui concerne la portion de la part qui lui revient.
Ainsi le compte joint ne constitue pas une exception au régime matrimonial
libanais reposant sur la séparation des biens que dans la mesure où il permet à
chacun des époux durant la vie conjugale, de dépenser pour les besoins de cette
vie sauf convention contraire. Cependant, si cette vie commune se termine,
chacun des époux restitue ce qu’il aurait personnellement apporté au solde du
compte dans le respect des règles du droit commun.
Relation avec les tiers. A l’égard des tiers, la solidarité ne se présume pas sauf
convention expresse. Cependant, en cas de faillite de l’un des co-titulaires du
compte-joint, la totalité du solde créditeur compte joint est réputée appartenir au
co-titulaire failli sauf preuve contraire.
Compte joint et compte conjoint « et/ou ». Parfois les comptes à plusieurs
titulaires sont ouverts accompagnés des formules « et », « ou » ou même « et/ou
», la question se pose de savoir qu’elle est la portée de chacune des formules
ainsi employées ?
Le compte conjoint (« et ») est ouvert au nom de plusieurs titulaires en vertu
duquel ces derniers sont tenus d’une même obligation indivisible ; il y a lieu
d’appliquer l’article 72 c. oblig. c. aux termes duquel : « Lorsqu’il y a plusieurs
créanciers, d’une obligation indivisible, sans qu’il y ait entre eux solidarité, le
débiteur ne peut demander l’exécution qu’au nom de tous et s’il y est autorisé
par eux ».
En revanche, le compte joint (« ou ») se caractérise par la solidarité entre les
titulaires du compte régie par l’article 11 c. oblig. c.
Aussi lorsque deux parties ouvrent un compte en utilisant cumulativement les
formules « et/ou », chacun des co-titulaires peut individuellement clôturer le
Master1- opérations bancaires- 2022
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compte et retirer la totalité des sommes déposées. De même, la banque est en


droit de payer à n’importe quel co-titulaire ou à tous les co-titulaires réunis tout
ou partie des sommes déposées sans engager sa responsabilité.

La compensation du compte joint avec d’autres comptes tenus par les différents
cotitulaires ne peut valablement se réaliser qu’après acceptation unanime de
tous les cotitulaires.
En cas de décès de l’un des titulaires du compte joint, le ou les co-titulaires
disposent de la totalité de ce compte sans aucune restriction. En outre, la banque
n’est tenue de fournir aucun renseignement aux héritiers du co-titulaire décédé,
sauf « clause contraire expressément prévue au contrat du compte joint
En cas d’action judiciaire entre les co-titulaires du compte joint, la banque doit
bloquer le compte dès notification de ladite action.

La question se pose de savoir, au cas où l’un des co-titulaires d’un compte


collectif (indivis) émet un chèque sans provision, qui sera frappé par
l’interdiction bancaire ?
Il faut distinguer deux hypothèses : si l’un des co-titulaires est désigné
responsable du compte collectif, il sera seul frappé de l’interdiction bancaire
même s’il n’est pas le signataire du chèque sans provision. Il ne pourra plus
émettre de chèques ni sur le compte collectif ni sur ses comptes personnels,
contrairement aux autres co-titulaires qui ne sont interdits bancaires qu’en ce
qui concerne le compte collectif. Si en revanche, aucun des co-titulaires n’a été
désigné responsable du compte collectif, l’interdiction bancaire s’applique au
compte collectif et à tous les comptes détenus individuellement par chaque co-
titulaire.
Le compte-joint est soumis au même titre que les autres comptes bancaires au
secret bancaire. La levée du secret n’est valablement faite que si elle émane de
tous les titulaires du compte joint.

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Opérations de crédit

L’opération de crédit est tout acte par lequel une personne agissant à titre onéreux,
met ou promet de mettre des fonds à la disposition d’une autre personne ou prend,
dans l’intérêt de celle-ci, un engagement par signature tel qu’un aval, un
cautionnement, ou une garantie.
Le code de la monnaie et du crédit libanais classe les emplois des banques en
opérations à court terme et en opérations à moyen ou long terme (art. 157 c. monn.
créd.) :
1- Les crédits à court terme sont essentiellement les concours momentanés apportés
par les banques à la trésorerie de leurs clients ou les crédits dont le
remboursement se trouve normalement assuré par le dénouement, dans un délai ne
dépassant pas une année, des opérations pour lesquelles ils ont été consentis (art.
158 c. monn. créd.).
2- Les crédits à moyen ou long terme sont ceux qui engagent le banquier à titre de
prêteur, dans le financement d'opérations ou de projets qui, de par leur nature, ne
permettent pas au client de rembourser, dans le délai d'une année, les sommes
qu’il a empruntées pour les réaliser (art. 159 c. monn. créd.).
L’octroi de crédit à titre onéreux fait l’objet d’un monopole consenti aux banques et
autres établissements dûment homologués par la BDL.

1- Ouverture du crédit
Aux termes de l’article 310 alinéa 1 c. com.: « Par le contrat d’ouverture de crédit, le
créditeur s’engage à tenir à la disposition du crédité certaines sommes, que celui-ci
pourra utiliser en tout ou par fractions successives, suivant ses besoins, pendant un
délai déterminé. Le client reste libre d’utiliser ou non la somme mise à sa disposition.
Seul l’emploi des sommes mises à la disposition du client réalise le crédit. Mais le
banquier, lui, est obligé d’accorder le crédit. Le client n’aura aucune obligation, ni
d’utiliser le crédit promis ni bien entendu de payer les intérêts stipulés. A noter,
toutefois, qu’il contracte ordinairement l’obligation de verser une rémunération en
contrepartie de l’engagement ferme pris par celui-ci : on parle alors de « commission
d’engagement » d’un taux évidemment beaucoup plus faible qu’un taux d’intérêt.
L’article 313 c.com. consacre expressément la possibilité de consentir une ouverture
de crédit à un tiers bénéficiaire, avec stipulation de paiement à faire ou d’engagement
à prendre par le banquier donneur de crédit, au profit d’une personne autre que son
client. Cependant, le code de commerce ne contient pas une réglementation complète

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du crédit ouvert en faveur des tiers. Cette réglementation est à chercher dans la
convention des parties et dans les usages.
L’ouverture du crédit porte intérêts sur les sommes avancées à partir du jour de
l’utilisation. En droit libanais, il résulte de l’article 767 c. oblig. c. que l’écrit comme
condition de validité de la production des intérêts n’est exigé que pour les matières
civiles et seulement lorsque le taux dépasse le taux légal fixé à 9 %. En revanche, aux
termes de l’article 4 de la loi n° 5439 du 20 septembre 1982: « Nonobstant tout texte
contraire, en ce qui concerne le taux de l’intérêt, sont considérés commerciaux tous les
prêts consentis par les banques et établissements financiers inscrits sur la liste des
établissements financiers qu’il s’agisse de prêts non garantis ou garantis par des
sûretés personnelles ou réelles dont les garanties foncières ».

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-Crédits internes-

1- Crédits à court terme


Les crédits à court terme ont pour fonction d’apporter une aide financière à leur
bénéficiaire pour une période maximale d’un an (art. 158 c. monn. créd.). Ces crédits
sont multiples. Nous proposons de les regrouper en trois formes :
a. prêt
b. avance en compte
c. et crédits par signature.

a- Prêt
Le prêt bancaire est un contrat de prêt d’argent qui se réalise par la remise des fonds
au bénéficiaire (art. 754 c. oblig. c.). Celui-ci s’engage en contrepartie, à servir
l’intérêt convenu et à rembourser dans les délais impartis soit en une fois soit par des
versements échelonnés, mensuels, trimestriels etc.

b- Avance en compte
Le banquier qui consent une avance en compte permet à son client de rendre son
compte débiteur dans la limite d’un maximum qui, dans la plupart des cas, est donné
au client à titre d’indication sans que le banquier s’engage à prolonger son concours
pendant une période déterminée. La pratique en connaît une multitude, la plus
importante étant le découvert. Le découvert dit aussi « avance en compte » est
l’autorisation donnée par la banque au titulaire d’un compte de rendre ce compte
débiteur.

c- Crédits par signature


Les crédits par signature sont les opérations par lesquelles la banque au lieu d’avancer
des fonds, avance sa signature. Elle s’engage envers un tiers en garantie de l’exécution
de l’engagement de son client. On présentera rapidement quelques formules :

1 - Cautionnement bancaire
Le cautionnement est un contrat par lequel une personne s’oblige envers un créancier
à exécuter l’obligation du débiteur, si celui-ci ne l’accomplit pas (art. 1053 c. oblig.
c.). Le cautionnement est conclu à titre onéreux. En contrepartie de son intervention,
la banque touche une commission qui varie selon les risques et l’importance de
l’opération.
2 - Ducroire de banque
Par la convention ducroire, un intermédiaire entre un créancier et un débiteur, garantit
au premier, moyennant une rémunération supplémentaire le cas échéant, l’exécution
du contrat passé. Cette clause figure spécialement dans le contrat de commission (art.
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284 c. com.). En matière bancaire, il s’agira pour la banque de garantir le vendeur


contre l’insolvabilité de l’acheteur par diverses formes cambiaires moyennant une
commission et qui fait généralement perdre au banquier son recours contre le tireur
non fautif.

3 - Aval
L’aval est un engagement cambiaire donné par une personne, le donneur d’aval, qui
apporte sa garantie au paiement de l’effet par un débiteur de la lettre de change. (art.
346 al. 1 c. com.).

4 - Crédit par acceptation


L’acceptation est l’engagement pris par le tiré sur la lettre de change de payer le
montant de cette lettre au porteur quand celui-ci la lui présentera à l’échéance (art. 343
al. 1 c. com. lib.). Cet engagement résulte de la signature apposée sur le titre. Mais
cette signature, le tiré ne l’apposera que s’il est débiteur du tireur et s’il a reçu la
provision de ce dernier. C’est dans ces mêmes termes que la banque accepte la lettre
de change moyennant une commission et compte alors sur la provision que lui
fournira le tireur pour payer à l’échéance.

2- Crédits à moyen et long terme


Ce type de crédit sert en principe à financer les investissements : achat de matériel,
construction immobilière, etc. Ils se regroupent en cinq formes :

a- Prêt à moyen et long terme


b- Crédit- bail
Le crédit-bail ou leasing est régi par la loi libanaise n° 160 du 27 décembre 1999
relative à la réglementation des opérations de crédit-bail. L’article 1 de cette loi définit
le crédit-bail (mobilier) comme « les opérations de location de biens d’équipement et
de matériels d'outillage et de machines achetés par le bailleur en vue de les louer tout
en conservant la propriété à condition de donner au locataire le droit d’en acquérir la
propriété, moyennant un prix convenu dont les conditions sont précisées au moment
de la conclusion du contrat tenant compte, des versements effectués à titre de loyers ».

c- Crédits mobilisables

d- Titrisation
La titrisation est l’opération par laquelle, toute personne cède ses actifs [ou avoirs] ou
créances à un fonds commun, dirigé par une société spécialisée, qui finance leur
acquisition par l’émission de titres négociables, certificats de titrisation ou titres de
créances

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e- Crédits aux consommateurs : Ex : le crédit à la consommation et le crédit


immobilier.

-Crédits internationaux-

1- Crédits à l’exportation

a. crédits fournisseur
Les crédits – fournisseur permettent à l’exportateur d’obtenir immédiatement le
paiement des créances commerciales qu’il détient sur des clients étrangers. Il
s’agit de :
- crédits de préfinancement
- mobilisation des créances nées sur l’acheteur étranger après livraison.
- l’affacturage international.

Par crédits de préfinancement, il faut entendre celui qui intervient non plus seulement
au stade du paiement mais aussi dans le processus de production en raison des coûts
élevés.
La mobilisation auprès du banquier de l’exportateur se réalise par l’escompte des
effets de commerce détenus par l’exportateur sur l’importateur représentant les
créances de l’exportateur sur celui-ci. Dans cette hypothèse, l’acheteur paiera au
banquier le montant de ces effets. Si l’acheteur ne règle pas le montant des effets, la
banque pourra toujours se retourner contre son client l’exportateur, sauf forfaitage
consistant en un « escompte sans recours d’effets commerciaux avalisés ou g0arantis
par une banque du pays de l’importateur ».
L’affacturage international met en relation quatre personnes selon le schéma suivant :
L’exportateur libanais transmet sa créance à son factor au Liban. Mais comme ce
dernier n’est pas en mesure d’apprécier la solvabilité de l’importateur, il va s’adresser
à son tour à un factor du pays de celui-ci, lequel, appréciera la solvabilité du débiteur
étranger sous sa responsabilité dans la mesure, notamment, où il va répondre à l’égard
du factor de l’exportateur de la solvabilité de l’acheteur étranger. Ce mécanisme met
en œuvre plusieurs rapports contractuels distincts les uns des autres : contrat de
factoring entre l’exportateur et son factor national ; contrat d’achat – vente entre
l’exportateur et l’importateur ; contrat de mandat entre le factor de l’exportateur et
celui de l’importateur en vertu duquel ce dernier recouvre la créance transmise au
premier par le fournisseur.

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b. crédits acheteur
Le crédit – acheteur est accordé à un acheteur étranger afin de lui permettre de payer
l’exportateur libanais. Il porte sur la totalité du montant de la créance de ce dernier.
L’exportateur libanais ne supporte donc plus le risque financier de non-paiement par
l’acheteur, transféré, désormais, à l’établissement du crédit prêteur. Le banquier de
l’exportateur promet à l’importateur de lui accorder les crédits nécessaires sous la
condition de conclure le contrat commercial.

Le crédit-bail international encore appelé location financière internationale est un


moyen de financement à moyen ou long terme dont la fonction ne se limite pas
nécessairement à financer des exportations. Ainsi en est-il, par exemple, de
l’hypothèse où le vendeur du bien loué et le locataire sont étrangers alors que la
société de crédit-bail est libanaise, on conviendra ici qu’il n’est pas question du côté
libanais d’un crédit à l’exportation.

2- Crédits à l’importation

a. la lettre de crédit standby


La pratique de la lettre de crédit standby est née de l’interdiction générale faite aux
banques américaines d’émettre des cautionnements sauf pour les opérations dans
lesquelles elles ont un intérêt direct. L'émission de sûretés accessoires est
traditionnellement réservée aux compagnies d'assurances. Pour contourner cette
défense, les banquiers américains ont pris l’habitude de garantir leurs clients en
émettant des lettres de crédit irrévocables pour les opérations commerciales mais plus
encore pour des opérations financières.
b. le crédit documentaire
Le crédit documentaire est l’opération par laquelle une banque (appelée banque
émettrice) s’engage à la demande d’un acheteur (appelé donneur d’ordre ou
ordonnateur) de payer le vendeur (appelé bénéficiaire), ou d’accepter une lettre de
change, contre remise de documents préalablement déterminés. De cette manière, la
banque obtient garantie non pas sur les marchandises mais sur les documents qu’ils
représentent (factures, police d’assurance, etc.). En effet, le créancier est réputé avoir
les marchandises en sa possession si avant qu’elles soient arrivées il en est saisi par un
connaissement. Ces documents confèrent à leur porteur des droits sur les
marchandises qu’ils représentent. Ils sont aisément transmissibles, surtout s'ils sont
rédigés au porteur ou à ordre. C’est à partir de cette notion de représentation des
marchandises par les documents que s'est développée la technique des crédits
documentaires.

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