OHADA Benin 1994-01-25 Tribunal de Premiere Instance de Cotonou Adeossi V Sonapra Non-Original

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Ohadata J-08-176

ARBITRAGE - DEMANDE D’EXEQUATUR. - CONVENTION DE NEW YORK DU


10 JUIN 1958 : VIOLATION PAR LES ARBITRES DU PRINCIPE DU
CONTRADICTOIRE.- REJET DE L’EXEQUATUR.

En application de la convention de New York, la demande d’exequatur doit être


rejetée si les arbitres ont violé le principe du contradictoire.

Tribunal de Première Instance de Cotonou, Ordonnance n° 19/94 du 25 janvier 1994,


Revue Camerounaise de l'Arbitrage n° 2 - Juillet - Août - Septembre 1998, p. 15.

Nous, Clotilde MEDEGAN, Président du Tribunal de Première Instance de Cotonou ;


VU la requête en date du 27 décembre 1993 émanant de Maître Saidou AGBANTOU
et Adiss SALAMI, Avocats près la Cour d’Appel de Cotonou - B.P. 1950 Lot 9
N° « Les Cocotiers », Conseils du sieur ADEOSSI Moïse, tendant à ce qu’il plaise
donner force exécutoire à la sentence arbitrale rendue au siège de l’Association
Française Cotonnière du HAVRE le 20 décembre 1993, en lui accordant l’exequatur,
et ce, en application des articles 1020 et suivants du Code de Procédure Civile ;
Attendu qu’au soutien de leur demande, ont produit :
- l’original de la sentence
- une copie authentifiée du « Règlement Général du HAVRE »
- une copie authentifiée des contrats liant les parties ;
Attendu que si le juge de l’exequatur doit rendre sa décision sans examiner l’affaire
au fond (Paris, 9 janvier 1962. Rev. Arbit. 12 in Procédure Civile de Jean VINCENT &
Serge GUINCHARD), il doit exercer tout de même sur la décision étrangère qui lui est
soumise, un pouvoir de contrôle ;
Que ce pouvoir est corroboré dans le cas d’espèce, par les dispositions de l’article V
de la Convention des Nations Unies pour la Reconnaissance et l’Exécution des
Sentences Etrangères, en date du 10 juin 1958, à laquelle le Bénin a adhéré par
ordonnance n° 74-32 du 4 avril 1974 ;
Attendu qu’il résulte de l’esprit et de la lettre de cette disposition, que le juge saisi, en
l’occurrence le Président du Tribunal de Première Instance, aux termes de l’alinéa 1er
de l’article 1020 du Code de Procédure Civile, à laquelle renvoie l’article 111 de la
Convention suscitée, doit se borner à vérifier si la décision dont l’exequatur est
demandé remplit toutes les conditions prévues pour avoir de plein droit l’autorité de la
chose jugée au Bénin ;
Qu’ainsi, il devra d’office apprécier :
- la régularité en la forme de la décision étrangère,
- si les défendeurs ont été à même de comparaître devant la juridiction
étrangère,
- si les délais prévus par la loi étrangère ont été respectés,
- si les droits de la défense n’ont pas été violés,
- si la décision dont on demande l’exequatur a été rendue par un tribunal
étranger reconnu compétent d’après les règles internes,
- si le tribunal était également compétent d’après la loi étrangère,
- si le juge étranger a fait l’application au fond de la loi compétente d’après les
règles internes,
- si la décision rendue n’est pas contraire à l’ordre public interne ;
Attendu que des pièces versées au dossier, il résulte que :
1°/ Le Tribunal Arbitral du HAVRE était compétent au regard de l’article 1er de la loi
n° 63-3 du 26 juin 1963 portant attribution de juridiction en matière d’actions dirigées
contre les Offices, Sociétés d’Etat et tous organismes publics et semi-publics dotés
de la personnalité morale et de l’article 63 du Règlement Général du HAVRE ;
2°/ Que la SONAPRA et le sieur Moïse ADEOSSI ont été régulièrement représentés
à l’instance arbitrale ;
3°/ Que les juges arbitres ont fait application au fond de la loi applicable au litige
d’après les règles internes ;
4°/ Que la sentence arbitrale ne contient rien de contraire à l’ordre public béninois ;
5°/ Que la saisine du Président du Tribunal par voie de requête est régulière, la
sentence arbitrale ayant elle-même été rendue sur requête (Paris, 10 décembre
1901, DP 1905.1.128) ;
Mais attendu que de l’examen du contenu de la sentence, au point de vue procédure,
il ressort que le principe du contradictoire n’a pas été respecté et que partant, les
droits de la défense ont été violés ;
Qu’en effet, les juges arbitres ont fait mention dans la « rubrique Procédure », qu’ils
ont demandé aux parties, le 15 septembre 1993, de préciser par écrit les
observations formulées lors des débats, dans un délai de 15 jours ;
Que seul ADEOSSI a répondu à cette demande ;
Que par ailleurs, après cette date supposée être celle de la clôture des débats, ils ont
cependant rendu deux décisions avant-dire-droit, l’une le 05 octobre 1993, pour
confirmer les termes de leurs missions, à la demande de la SONAPRA, et l’autre en
date du 22 octobre 1993, rejetant le sursis à statuer sollicité par la SONAPRA, motif
pris de ce que deux plaintes avec constitution de partie civile ont été initiées par elle
contre le sieur ADEOSSI, pour fabrication de conventions et faux en écriture et vol de
document (p. 9) ;
Que suite à ce rejet, la SONAPRA ayant adressé de nouveau aux arbitres un
mémoire en date du 08 novembre 1993 tendant à voir déclarer nulle la clause
compromissoire, en raison de son inapplicabilité à tous les litiges relatifs à l’achat et à
la vente de coton entre la SONAPRA et le sieur ADEOSSI, elle fut déclarée
irrecevable en raison de ce que les débats étaient considérés comme clos depuis le
30 septembre 1993 (p. 18 bis) ;
Que curieusement, dans la décision rendue, il est tout à fait notoire que les juges
arbitres ont utilisé les moyens contenus dans le mémoire en réplique du sieur
ADEOSSI en date du 22 novembre 1993, pour statuer sur la nature juridique du
contrat litigieux, en jugeant que ADEOSSI a agi non en qualité de mandataire mais
d’acheteur, d’une part, et subsidiairement sur la validité de la clause compromissoire
(p. 18 bis), d’autre part ;
Qu’ainsi, la date de la clôture des débats n’ayant pas été fixée de façon claire et
précise, en rejetant les conclusions de l’une des parties et en examinant celles de
l’autre postérieures en date, les juges arbitres ont violé manifestement les droits de la
défense ;
Que le principe du contradictoire n’a donc pas été respecté, la SONAPRA n’ayant pu
faire valoir ses moyens au sens des dispositions de l’article V paragraphe 1.b de la
Convention de New York ;
Qu’il ne peut être fait droit en l’état, à l’exequatur sollicité.
PAR CES MOTIFS
Statuant en application des dispositions des articles IV el V de la Convention de New
York et de l’article 1020 du Code de Procédure ;
- Refusons l’exequatur sollicité, la sentence arbitrale ayant violé le principe de
contradictoire et partant, les droits de la défense.

Donnée à notre Cabinet à COTONOIJ le 25 janvier 1994.

q NOTE

L’ordonnance sur requête ci-dessus rapportée constitue une illustration du refus, par
le juge étatique, d’accorder l’exequatur à une sentence arbitrale, sur le fondement de
la Convention de New York du 10 juin 1958 (I), en même temps qu’elle instruit sur les
limites à l’autonomie du tribunal arbitral (II).

I.- Les motifs du refus d’exequaturer résultant de la Convention de New York du


10 juin 1958
L’exposé des faits de la cause (A) permettra de mieux comprendre les motivations du
juge étatique béninois (B).

A. Les faits
La Société Nationale pour la Promotion Agricole {SONAPRA), entreprise publique de
droit béninois, avait agréé la société ADEOSSI & Fils, société privée de droit
béninois, en qualité de vendeur du coton béninois sur le marché nigérian, pour les
campagnes 1989/1990 et 1991/ 1992. Le contrat de vente pour la campagne
1989/1990 reconnaissait l’exclusivité des ventes à la société ADEOSSI & Fils, tandis
que celui de la campagne 1991/1992 lui accordait simplement la priorité des ventes.
Ces deux contrats comportaient, en outre, une clause compromissoire (article 63 du
Règlement Général du Havre - R.G.H.).
Des difficultés sont nées entre les parties pendant l’exécution des contrats de vente
ci-dessus évoqués, chacune des parties formulant des griefs à l’encontre de l’autre.
En effet, la société ADEOSSI & Fils reprochait à la SONAPRA d’avoir violé
l’exclusivité qu’elle lui avait accordée et d’avoir aussi, unilatéralement et sans préavis,
annulé la vente d’un important stock de coton que ladite société ADEOSSI & Fils
affirmait avoir déjà revendu à un acheteur nigérian.
Pour sa part, la SONAPRA reprochait à ADEOSSI & Fils la lenteur avec laquelle
cette dernière enlevait ses stocks de coton, de même que le non-paiement des
sommes d’argent représentant le prix du coton déjà livré.
Les parties se rapprochèrent à plusieurs reprises, mais ne parvinrent pas à régler
leurs différends à l’amiable. C’est alors que la SONAPRA, courant mars 1993, décida
de mettre en œuvre la procédure arbitrale, en vertu de l’article 63 R.G.H. ci-dessus
cité.
Chacune des parties ayant désigné son arbitre, les arbitres ainsi désignés se mirent
d’accord sur le choix du Président du Tribunal, et une sentence arbitrale fut rendue
au siège de l’Association Française Cotonnière du Havre, en date du 20 décembre
1993. Ladite sentence condamne la SONAPRA à payer diverses sommes d’argent à
la société ADEOSSI. C’est cette sentence arbitrale que les juges béninois des
requêtes et d’appel ont refusé d’exequaturer.

B. Les motivations des juges étatiques béninois


Le juge des requêtes a fondé son refus d’exequaturer sur la Convention de New York
du 10 juin 1958. Il faut dire que l’on était bien dans le domaine d’intervention de ladite
Convention, car pour avoir été rendue au Havre, la sentence du 20 décembre 1993
est étrangère au regard du droit béninois, même si les parties en litige sont de
nationalité béninoise et que leurs litiges portent sur des contrats conclus et exécutés
au Bénin.
En effet, « la Convention de New York s’applique à toutes les sentences étrangères,
c’est-à-dire aux sentences rendues dans un autre Etat, ainsi, de l’interprétation
dominante, qu’aux sentences qui ne sont pas considérées comme nationales en
raison des éléments d’extranéité qui caractérisent la cause, même si elles sont
rendues dans l’Etat dans lequel le bénéfice de la Convention est sollicité ».
D’entrée de jeu, le juge rappelle que si la demande d’exequatur exclut tout examen
au fond de l’affaire, elle ne fait pas obstacle au contrôle que ledit juge doit exercer sur
la décision pour laquelle l’exequatur est sollicité.
C’est en exerçant le contrôle sus évoqué que le juge béninois estime que la sentence
arbitrale à violé « le principe du contradictoire, et partant, les droits de la défense »,
puis refuse l’exequatur sollicité. S’il est exact qu’aux termes de la Convention de New
York (article V 1-b), la violation du contradictoire constitue un motif du refus de
l’exequatur, il importe de noter qu’il n’appartient pas au juge de l’exequatur de relever
d’office cette cause de refus, comme l’a fait le juge béninois.
En effet, la Convention de New York divise les causes de refus de reconnaissance et
d’exécution de la sentence entre celles qu’il appartient à la partie qui s’oppose à
ladite exécution d’invoquer, et celles qui peuvent être soulevées d’office par le juge
de l’Etat d’accueil. Ce dernier ne peut relever d’office que la non-arbitrabilité du litige
ou la contrariété de la sentence à l’ordre public, pour refuser d’exequaturer une
sentence arbitrale étrangère.
C’est peut être pour corriger cette démarche quelque peu maladroite du juge des
requêtes que, sur appel de la société ADEOSSI & Fils contre l’ordonnance rapportée,
la Cour d’Appel de Cotonou a, par arrêt n° 41/94 du 7 avril 1994, confirmé ladite
ordonnance tout en lui substituant d’autres motifs. Ainsi, après avoir renoncé, sur la
recevabilité de l’appel, « que la Doctrine et la Jurisprudence admettent en général
sans difficulté que le requérant qui n’a pas obtenu du juge l’ordonnance qu’il sollicitait
puisse exercer un recours », le juge d’appel, au fond, « constate que d’après la loi
béninoise 63-2 du 26 juin 1963, l’objet du différend n’est pas susceptible d’être réglé
par une juridiction étrangère, et que la reconnaissance ou l’exécution de la sentence
seraient contraires à l’ordre public ». Sur quoi, la Cour d’Appel de Cotonou « dit et
juge que l’exequatur de la sentence du Tribunal arbitral du Havre en date du
20 décembre 1993 doit ... être refusée, par application des dispositions de
l’article V 2-a et b de la Convention de New York du 10 juin 1958 ». Cet arrêt de la
Cour d’Appel de Cotonou fixe des limites à l’autonomie de l’arbitre.
II.- Les limites à l’autonomie du tribunal arbitral
En raison de l’autonomie de la clause compromissoire, qui est progressivement
devenue « un contrat dans le contrat », le tribunal arbitral jouit d’une autonomie qui lui
permettrait même d’ignorer une loi étatique quelconque, que ce soit celle applicable
au contrat ou une autre. Or, l’arrêt sus évoqué de la Cour d’Appel de Cotonou, qui
nous semble une bonne application de la Convention de New York par le juge de
l’exequatur, fixe des limites à l’autonomie du tribunal arbitral, en rappelant que la
non-arbitrabilité du litige (A) et la contrariété de la sentence à l’ordre public (B)
constituent des motifs pour refuser l’exequatur à une sentence arbitrale étrangère.

A. La non-arbitrabilité du litige
En règle générale, la convention d’arbitrage est valable, non seulement lorsqu’elle
résulte du consentement exempt de vices et exprimé par des personnes admises à
recourir à l’arbitrage, mais aussi lorsqu’elle porte sur une matière susceptible d’être
tranchée par voie d’arbitrage.
De la sorte, un litige sera réputé non arbitrable, si l’objet de ce litige n’est pas
susceptible d’être réglé par voie d’arbitrage, d’après l’autorité compétente du pays où
la reconnaissance et l’exécution sont requises (art. V 2-a de la Convention de New
York). II se trouve, précisément, que pour le juge béninois, l’objet du différend n’était
pas susceptible d’être réglé par une juridiction étrangère. C’est le lieu de rappeler que
le litige opposait deux parties béninoises à propos de l’exécution d’un contrat de
vente de coton purement interne, l’offre ayant été faite et la marchandise livrée au
Bénin. Les parties avaient inséré dans leur contrat, une clause compromissoire par
référence, l’article 63 du Règlement Général du Havre, lequel prévoit l’arbitrage
comme mode de règlement des litiges résultant de l’exécution du contrat et stipule
que ledit arbitrage se déroulerait « au siège de l’Association Cotonnière du Havre ...
selon les dispositions générales de la loi française et les dispositions particulières
... ». Or, il existe au Bénin, la loi 63-2 du 26 juin 1963, aux termes de laquelle (art. 1),
« est nulle et de nul effet, la clause d’un contrat de vente attribuant à une juridiction
étrangère, le jugement des litiges entre vendeur et acheteur, lorsque la promesse est
faite et la marchandise livrée au Bénin ».
La lecture de la sentence du 20 décembre 1993 laisse apparaître qu’au cours de la
procédure arbitrale, la SONAPRA s’est appuyée sur cette loi 63-2 pour solliciter la
nullité de la clause compromissoire sus évoquée et décliner la compétence du
tribunal arbitral à connaître des différends opposant les parties. Cependant, ledit
tribunal n’a pas, dans le dispositif de sa sentence, répondu à l’exception
d’incompétence ainsi soulevée par la SONAPRA. En éludant cette exception
d’incompétence, le tribunal arbitral a rendu une sentence dont la reconnaissance
serait contraire à l’ordre public béninois.

B. La contrariété de la sentence à l’ordre public


Bien que le juge des requêtes ait relevé que le tribunal arbitral était matériellement
compétent pour connaître du litige opposant les parties, le juge béninois d’appel a
refusé d’exequaturer la sentence du 20 décembre 1993, au motif que la
reconnaissance ou l’exécution de ladite sentence serait contraire à l’ordre public du
Bénin. Lorsqu’on sait que l’article V 2-b de la Convention de New York « a pour objet
d’éviter que la reconnaissance ou l’exécution d’une sentence (étrangère) perturbe
l’ordre juridique de l’Etat sur le territoire duquel elle doit s’exécuter », il est difficile de
ne pas approuver la Cour d’Appel de Cotonou. En effet, comme précédemment
indiqué, au cours de la procédure arbitrale, la SONAPRA a décliné la compétence du
tribunal arbitral en se fondant sur la loi béninoise n° 63/2 du 26 juin 1963, laquelle
interdit le jugement par une juridiction étrangère, quelle qu’elle soit, de tout litige
résultant d’un contrat de vente conclu et exécuté au Bénin. Le tribunal arbitral a omis
de statuer sur cette exception, au mépris du principe de
« compétence-compétence », qui fait obligation au tribunal arbitral de statuer sur sa
propre compétence, lorsque celle-ci est contestée, comme c’était le cas en l’espèce.
Si l’on ne perd pas de vue que c’est la SONAPRA qui avait initié la procédure
arbitrale, il peut être intéressant de se demander si une partie qui accepte une clause
d’arbitrage et participe à la constitution du tribunal arbitral, en application de ladite
clause, est juridiquement fondée à décliner ultérieurement la compétence d’attribution
du tribunal arbitral constitué. En refusant d’exequaturer cette sentence, intervenue
malgré le déclinatoire de compétence soulevé par la SONAPRA, les juges béninois
semblent indiquer que la réponse à la question ci-dessus posée est positive, d’autant
qu’« en droit, cette démarche est parfaitement admissible, car le demandeur a intérêt
à agir ».
A notre avis, on ne pourrait pas opposer la règle nemo auditur à la SONAPRA, en
raison du caractère impératif et d’ordre public de la loi béninoise 63/2 ci-dessus citée.
Cela dit, il convient de relever qu’en omettant de statuer sur le déclinatoire de
compétence soulevé par la SONAPRA, le tribunal arbitral a par le fait même, omis
d’apprécier l’importance qu’il convenait de reconnaître à la loi béninoise n° 63/2.
Mieux, le tribunal arbitral a carrément ignoré cette loi béninoise et ne pouvait, dès
lors, que rendre une sentence difficile voire impossible à exécuter au Bénin. La
censure des juges béninois indique clairement que l’autonomie du tribunal arbitral, en
matière d’arbitrage commercial international, ne saurait autoriser ledit tribunal à
ignorer des règles dont le respect est impératif et fondamental dans un ordre juridique
donné, surtout lorsque comme ici, le tribunal arbitral a eu connaissance de l’une
desdites règles.
La « myopie » du tribunal arbitral en pareil cas, le conduit à rendre une sentence
inefficace, car par la suite, le juge étatique refuse de faire produire des effets à ladite
sentence.
Il apparaît que l’arbitrage perdrait tout intérêt si l’arbitre ne se soucie pas de rendre
une sentence dont l’exécution forcée éventuelle serait autorisée sans difficulté par le
juge étatique.

Gaston KENFACK DOUAJNI


Magistrat - Spécialiste en Contentieux Economique (ENM - Paris)
Membre de la Cour Internationale d’Arbitrage de la CCI – Paris
Substitut du Procureur Général - Douala

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