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Introduction

La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une pathologie respiratoire chronique et


invalidante, caractérisée par une obstruction progressive et irréversible des voies aériennes. Elle
représente une cause majeure de morbidité et de mortalité dans le monde, avec un impact significatif
sur la qualité de vie des patients. En raison de ses complications graves et de ses fréquentes
exacerbations, la prise en charge de la BPCO nécessite une approche pluridisciplinaire, dans laquelle la
réanimation joue un rôle crucial. Cet exposé vise à explorer les interventions clés en réanimation pour
stabiliser les patients atteints de BPCO lors des phases critiques et à souligner leur importance dans
l’amélioration du pronostic vital et fonctionnel.

Prévalence

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) touche environ 8 à 10 % des adultes de plus de


40 ans en Algérie, avec une prévalence accrue chez les fumeurs et dans les zones urbaines exposées à
une forte pollution atmosphérique. Les principales causes incluent le tabagisme, la pollution de l'air et
les expositions professionnelles. Cette maladie entraîne une lourde charge socio-économique en raison
des hospitalisations fréquentes et de l'impact sur la qualité de vie des patients. Malgré quelques
initiatives de sensibilisation et de réduction du tabagisme, une meilleure surveillance et prévention
restent nécessaires

Définition de la BPCO

Lorsqu’on parle de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), on fait


référence à un ensemble de maladies respiratoires chroniques qui se caractérisent par:

1. Des signes cliniques (toux, expectoration, dyspnée) et/ou des antécédents


d'exposition aux facteurs de risque de la maladie ;

2. Des anomalies fonctionnelles respiratoires :


- un trouble vésicatoires obstructif (TVO) peu réversible sous bronchodilatateur
- un rapport VEMS/CVF < 70 %,
- des perturbations des échanges gazeux

3. Des lésions des parois alvéolaires et/ou des bronchioles évoluant à long terme
vers l’emphysème.
Quand la dyspnée apparaît, une IRC invalidante est prévisible une dizaine d’années plus tard

On distingue :
1. La bronchite chronique simple, définie par une hypersécrétion muqueuse bronchique, permanente ou
récidivante, survenant la plupart des jours, au moins trois mois par an pendant au moins deux années
consécutives sans que l’on puisse individualiser une affection broncho-pulmonaire préexistante ;
2. La bronchite chronique avec TVO : bronchite chronique avec obstruction permanente des voies
aériennes (VEMS < 80 % valeur théorique en état stable), réversible ou pas. Responsable d’une toux
productive chronique et d’une dyspnée d’effort d’apparition progressive.
3. La bronchite chronique obstructive avec insuffisance respiratoire (IRC) : bronchite chronique
obstructive avec hypoxémie de repos persistante. Elle est responsable de toux, dyspnée sévère avec
tachypnée, asthénie, céphalées et cyanose.

Facteurs de risque
Tabagisme actif : durée et nombre de paquets-années, principal facteur de risque de la BPCO (80 à 90 %
des BPCO sont dues au tabac). Le tabac à lui seul nécessite de se poser systématiquement la question de
BPCO.
Tabagisme passif
Sur la présence éventuelle d’autres facteurs de risque ; polluants professionnels (poussières minérales,
végétales, gaz, produits chimiques), pollution atmosphérique (facteur de risque aggravant à court
terme).

Signes cliniques
Ils sont d’apparition très progressive et non corrélée à l’atteinte spirométrique. Toux et expectoration
puis dyspnée d’effort, puis au repos en sont les symptômes.

L’examen clinique est normal à la phase initiale de bronchite chronique, puis vont apparaître
progressivement au stade de bronchite obstructive, puis d’insuffisance respiratoire

Diminution du murmure vésiculaire


Sibilants expiratoires
Thorax fixé en hyperinflation
Diminution du VEMS et du débit expiratoire de pointe (Peak-Flow)

La mesure du débit expiratoire de pointe est utile pour le dépistage, mais comporte un risque de sous

estimation du syndrome obstructif (SO).


Les troubles extra respiratoires ne sont pas rares : Dénutrition, troubles musculaires,
ostéoporose.

Une décompensation respiratoire aigue peut se produire avec :

État fébrile
Aggravation de la dyspnée, de la toux et du volume des expectorations
Purulence des expectorations

Les signes cliniques de gravité sont

La dyspnée de repos
La cyanose
FR > 25/mn, tachycardie > 110/mn

Examens para cliniques

la RP est indispensable, non pour le diagnostic, mais pour rechercher des lésions
associées (cancer du poumon - emphysème).
La spirométrie est l’examen diagnostique indispensable minimal (grade A). Un rapport VEMS/CV < 80 %
après broncho dilatateurs, confirme l’existence du SO

Un avis pneumologique est nécessaire si signes chroniques pour réaliser une


fibroscopie (grade A)

Dyspnée d’effort et signes cliniques d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) feront demander une
gazométrie (IRC)

Prise en charge
Il est important d’aborder la gravité de la maladie, souvent méconnue et de diagnostic très tardif.
sevrage tabagique seule mesure efficace pour retarder l’apparition de l’IRC. Les 3 techniques
recommandées : substitution nicotinique, thérapie cognitive,
médicaments : bupropion (Zyban®)et varénicline (Champix®), en rappelant le conseil minimal et
l’entretien motivationnel. Bien avoir la notion que la plupart des fumeurs se sont arrêtés sans
médicaments.
réduction du risque professionnel éventuel.
vaccination antigrippale annuelle et antipneumoccocique (Pneumo 23®) tous les 5 ans.
corticothérapie : elle est un recours pour certaines BPCO mais n’est pas la panacée. La corticothérapie
orale maximum 15 jours est conseillée dans les poussées aigues (consensus). Le traitement de fond est
controversé (4 grandes études récentes confirment l’absence de réponse certaine à leur utilisation).
anticholinergiques inhalés : aucune preuve sur l’amélioration du pronostic.
B2mimétiques : évaluation insuffisante sur l’évolution de la maladie.

Théophylline : effet modeste, effets secondaires fréquents.


Mucolytiques : effet bénéfique modeste sur la fréquence et durée des exacerbations, effet délétère
modeste sur la fonction respiratoire.
Oxygénothérapie à domicile : améliore la survie des BPCO hypoxiques (prévention du cœur pulmonaire
chronique), le traitement continu est plus efficace que le traitement nocturne.
Antibiothérapie à long terme : aucune preuve d’efficacité.

Rôle du kinésithérapeute dans la BPCO (Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive)

1. Évaluation initiale :

Recueil des antécédents médicaux et histoire de la maladie.

Évaluation des symptômes :


Dyspnée.

Toux.

Fatigue.

Mesure de la capacité respiratoire (spirométrie, tests fonctionnels).

Analyse des limitations fonctionnelles et impact sur la qualité de vie :

Utilisation de questionnaires (CAT, mMRC).

Test de marche de 6 minutes (6MWT) pour évaluer l’endurance.

2. Rééducation respiratoire :

Objectifs :

Amélioration de la ventilation.

Réduction de la dyspnée.

Augmentation de l'efficacité respiratoire.

Techniques de désencombrement bronchique :

Drainage autogène.

Expiration lente prolongée.

Expiration forcée (huffing).

Exercices de ventilation dirigée :

Respiration diaphragmatique.

Respiration à lèvres pincées (pursed-lip breathing).

3. Renforcement musculaire :

Renforcement des muscles respiratoires (ex. : Powerbreathe, Threshold).

Renforcement des membres inférieurs et supérieurs pour améliorer :

Endurance.

Capacités fonctionnelles.

4. Réhabilitation à l’effort :
Activité physique adaptée :

Marche.

Vélo.

Exercices de step.

Entraînement progressif pour augmenter la tolérance à l’effort.

5. Éducation thérapeutique :

Formation sur :

La gestion de la maladie.

L’utilisation des bronchodilatateurs et des dispositifs d’inhalation.

Enseignement des stratégies préventives :

Éviter les irritants.

Vaccination.

Maintien de l’hydratation.

6. Prévention et gestion des exacerbations :

Reconnaissance des signes d’aggravation.

Conseils pour agir rapidement en cas d’exacerbation.

Rôle de la réanimation dans la BPCO

Gestion des exacerbations sévères :

Surveillance continue des paramètres vitaux.

Administration d’oxygénothérapie.

Mise en place d’une ventilation non invasive (VNI).

Intubation et ventilation mécanique si nécessaire.

Optimisation des échanges gazeux :

Correction de l’hypoxémie.
Réduction de l’hypercapnie.

Prise en charge des complications :

Traitement des infections respiratoires.

Gestion de l’insuffisance cardiaque droite (cœur pulmonaire).

Stabilisation du patient :

Utilisation de bronchodilatateurs et corticoïdes en intraveineuse.

Équilibre hydro-électrolytique et nutritionnel.

Transition vers la réhabilitation respiratoire :

Préparation à la sortie de réanimation.

Coordination avec l’équipe de rééducation.

Conclusion

La prise en charge de la BPCO en réanimation représente un enjeu majeur pour stabiliser les patients
lors des exacerbations sévères et prévenir les complications graves. Grâce à des interventions adaptées,
telles que la ventilation non invasive, l'oxygénothérapie et le traitement des infections, il est possible
d'améliorer le pronostic vital tout en préparant le patient à une réhabilitation efficace. Cette étape
cruciale dans la gestion de la BPCO illustre l'importance d'une collaboration entre les différents acteurs
de santé pour optimiser les soins et la qualité de vie des patients.

Bibliographie
Davidson, Médecine interne, Principes et pratique, Maloine 2004
Révision des recommandations "GINA" sur l’asthme, et "GOLD" sur la BPCO [CBIP] [2007]
Standardisation des explorations fonctionnelles respiratoires [SPLF] [2006]
Prise en charge des infections respiratoires basses de l'adulte immunocompétent.
XVe conférence de consensus en thérapeutique anti-infectieuse. [SPILF] [2006]
Antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections
respiratoires basses de l'adulte et de l'enfant - [2005] [AFSSAPS]
Mise au point sur l'antibiothérapie par voie générale en pratique courante dans les infections
respiratoires - [2005] [AFSSAPS]

Programme d'actions en faveur de la broncho-pneumopathie chronique obstructive


(BPCO) 2005-2010 : « connaître, prévenir et mieux prendre en charge la BPCO » -[2005] Ministère de la
Santé et des Solidarités
Actualisation des recommandations de la SPLF pour la prise en charge de la BPCO -[2003] [SPLF]
Seconde édition française des recommandations européennes pour les explorations fonctionnelles
respiratoires - [2001] [SPLF]

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