Corrigé Analyse L'Opérateur
Corrigé Analyse L'Opérateur
Corrigé Analyse L'Opérateur
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TD 1
Initiation au langage cinématographique
Corrigé de l’entraînement sur L’Opérateur
1. Présentez le film.
L’Opérateur est un film américain réalisé par Buster Keaton et sorti en 1928.
Cette séquence peut être découpée en deux parties. Dans la première, le réalisateur a surtout
recours à des travellings, soit ascendants soit descendants, qui servent l’accompagnement de Luke.
La vitesse de ces travellings s’accorde aux déplacements du personnage : les travellings ascendants
sont lents pour souligner la montée laborieuse de Luke, tandis que les descendants sont
particulièrement rapides quand il s’agit de le filmer dévalant les escaliers. La mise en scène s’adapte
au corps et aux sentiments du personnage : la lenteur signifie également sa déception, tandis que la
rapidité souligne son empressement. Par leur aspect répétitif, les travellings participent au comique
de situation et de répétition de la séquence. La caméra use par moments de légers pano-travellings
latéraux quand Luke parvient à chacun des paliers de l’immeuble, afin de le maintenir au sein du
cadre.
Dans la deuxième partie de l’extrait, Luke court dans la rue et la caméra le suit à nouveau,
mais à l’aide de panoramiques latéraux très rapides. Nous remarquons que Luke court tellement vite
que la caméra peine à le suivre : le personnage semble diriger la caméra qui s’adapte à ses
mouvements et déplacements.
Enfin, nous notons que les décors participent également aux choix de mise en scène : en
effet, les mouvements verticaux de la caméra servent à filmer l’imposant hôtel de Luke (par un
trucage des décors qui permet le déplacement de l’appareil le long des étages), tandis que les
panoramiques latéraux filment les rues horizontales. Le corps de Luke est donc soumis à la
verticalité et à l’horizontalité des décors urbains qu’il franchit allégrement à la rencontre de Sally.
3. Quelles différences constatez-vous entre les manières dont sont respectivement filmés
Luke et les autres personnages (en particulier Sally) ?
Comme nous le disions précédemment, tous les mouvements de caméra sont consacrés à
l’accompagnement de Luke. Les autres personnages de cette séquence sont filmés en plans fixes,
car leur corps reste statique. Cette dichotomie se retrouve également dans la construction des cadres
respectifs : Luke évolue au sein de cadres centrifuges (ses actions dépassent les bords de l’image et
se poursuivent dans le hors-champ), tandis que les personnages secondaires sont filmés dans des
cadres centripètes (leurs actions se concentrent au sein de l’image).
Les échelles de plans diffèrent également. Luke est surtout filmé en plans de demi-ensemble
ou plans moyens (donc en plans larges), en raison de la grande activité de son corps soumis aux
aléas de son environnement. L’image des autres personnages est capturée le plus souvent en plans
taille ou en plans rapprochés poitrine (en plans serrés), tout particulièrement Sally. Les expressions
de leurs visages sont, par conséquent, plus remarquables. Seul le dernier plan de la séquence, en
réunissant Luke et Sally, accorde un traitement similaire aux deux protagonistes.
4. Analysez ce photogramme.
Sally est filmée de trois quarts, en plan rapproché poitrine et selon un angle de vue normal.
Elle se tient au centre de l’image en avant-plan, et la blancheur de son teint contraste avec les
nuances de gris et le noir des éléments du décor.
Buster Keaton a opté pour un éclairage en trois points typique du cinéma hollywoodien. La
lumière principale (key light) est orientée sur le profil droit de la jeune femme, particulièrement
illuminé par rapport au profil gauche éclairé par une lumière d’appoint (full light) qui sert à atténuer
les ombres. Sa silhouette se détache du décor sombre grâce à l’usage d’une lumière de décrochage
(back light) qui permet de souligner le contour de sa silhouette. Cette lumière a pour fonction de
sublimer le visage de Sally et de dramatiser davantage sa relation amoureuse avec Luke. Par la
même occasion, en se concentrant sur Sally, la lumière opère aussi une hiérarchisation entre le
personnage féminin et les décors, relégués à l’arrière-plan.
Ce photogramme comprend quelques effets de perspective. Les montants de la porte, de la
boîte téléphonique et le pan du mur à droite créent des lignes de force verticales. La porte située à
l’arrière-plan surcadre imparfaitement la silhouette de Sally. Ce surcadrage et les effets de
sublimation accordés au personnage féminin créent de Sally une représentation idéale, brossée
comme un portrait au sens pictural du terme.