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Bouira Techniques Danalyse Physico-Chimique 1

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Techniques d’analyse physico-chimiques 1

Chapitre I : généralité sur les méthodes de séparation

I-1. Introduction
Les techniques d’analyse en chimie représentent l’ensemble de tous les procédés et
méthodes qui permettent de caractériser, identifier et séparer les constituants d’un mélange.
On distingue deux types de mélanges :
Mélange homogène : Un mélange homogène est un mélange d'au moins deux substances
dans lequel une seule phase est visible (un seul constituant visible). Les différents
constituants sont impossibles à distinguer (figure 1).On distingue :

- Mélange homogène liquide –solide : eau – sucre


- Mélange homogène liquide –liquide : eau – alcool

Figure 1 : Mélange homogène (liquide-solide et liquide-liquide)


Mélange hétérogène : C’est un mélange dont les constituants peuvent-être distingués à l’œil
nu. On distingue :
- Mélange hétérogène solide –solide : fer – sable
- Mélange hétérogène liquide –solide : eau – sable
- Mélange hétérogène liquide –liquide : eau – huile (figure 2)

Figure 2 : mélange hétérogène (eau -huile)

1
I-2. Séparation des constituants d’un mélange hétérogène
I-2. 1. Mélange hétérogène solide-liquide
Les deux méthodes utilisées sont la filtration et la centrifugation
I-2. 1. a. La filtration
La filtration est une technique de séparation permettant de séparer les constituants d’un
mélange hétérogène solide-liquide à travers d’un milieu poreux (filtre). Le filtre permet de retenir
les particules qui sont plus grosses que les trous du filtre. Le liquide qui passe à travers le filtre est
nommé filtrat, tandis que la fraction retenue par le filtre est nommée résidu. On distingue deux
types de filtration :
- Filtration par gravité (simple).
- Filtration sous pression réduite.

Filtration par gravité (simple)


Cette technique permet de séparer la phase solide de la phase liquide d’un mélange hétérogène,
comme le montre la figure 3 ci-dessous :

Figure 3 : filtration simple

Filtration sous pression réduite


La pompe à vide (à eau), par son appel d’air, crée une dépression dans la fiole, le mélange à
filtrer est alors aspiré au travers du papier filtre comme cela est illustré par la figure 4 suivante :

Figure 4 : filtration sous pression réduite


2
I-2. 1. b. La centrifugation

C’est une technique de séparation des mélanges hétérogènes liquide-solide en fonction de leur
différence de densité en les soumettant à une force centrifuge. L’appareil utilisé est une machine
tournante à grande vitesse appelée centrifugeuse (figure 5).

Figure 5 : Centrifugeuse de laboratoire

Technique :
La séparation s’opère par l’action de la force centrifuge Fc sur les composés (figure 6).
=4 . . . ( − )

V : Volume de la solution
R : rayon de la centrifuge
n : nombre de tours
ds : densité de la solution
dl : densité de liquide

Figure 6 : forces appliquées sur les composés

3
Remarque
L’efficacité d’une centrifuge dépond de :
- Volume de particules : V augmente, FC augmente, sédimentation rapide
- De la différence des densités : les particules les plus grosses et les plus lourdes
sédimentent plus vite.
- n : si n augmente, la sédimentation s’effectue plus vite.
Le nombre de tours n varie de : 3000 tours/ min – 50000 tours/min
I.3.Séparation des constituants d’un mélange de deux liquides non miscible
La séparation se fait par décantation, au cours d’une synthèse organique, on peut avoir à
séparer deux phases liquides non miscibles, on général une phase organique et une phase aqueuse
(figure 7).

Figure 7 : processus de séparation par décantation


Le principe
Les deux phases n’ayant pas la même densité (d), il est possible de les séparer par décantation
à l’aide d’une ampoule à décanter. Les phases se places de bas en haut par ordre décroissant de
densité.
Protocole expérimentale
1- vérifier que le robinet est fermé.
2- Verser le mélange à séparer dans l’ampoule à décanter et fermer l’ampoule.
3- Retourner l’ampoule et dégazer en ouvrant le robinet.
4- Fixer l’ampoule à l’aide d’un support, enlever le bouchon et attendre la démixtion
(séparation) des phases.
5- Finalement récupérer la phase souhaitée en ouvrant le robinet.
Comment identifier la phase organique et la phase aqueuse ?
- La phase la plus dense est située en bas.
- Une comparaison des densités permet de connaitre à priori la position de la phase
aqueuse.
Remarque

4
Comment éliminer l’eau qui resterait dans la phase organique ?
Cette opération est basée sur la technique de séchage : Le séchage permet la neutralisation des
traces d’eau et solvants organiques résiduels, par l’utilisation des agents desséchants comme,
MgCl2 , Na2SO4 , MgSO4…..

5
Techniques d’analyse physico-chimiques 1

Chapitre II : Séparation par rupture de phase

Cas d’une solution liquide homogène


On réalise la rupture de phase par rupture d’homogénéité de la solution par deux méthodes :
- Augmentant de la concentration des substances par élimination du solvant (vaporisation).
- Modification de la solubilité des substances dans la solution (recristallisation).

1. Elimination du solvant
On provoque la précipitation du soluté par évaporation du solvant (élimination partielle du solvant),
c’est-à-dire on réalise la concentration de la solution.

1. a. Elimination du solvant à la pression atmosphérique (à l’air libre)


Comme illustrée par la figure 1 ci-dessous, l’élimination du solvant à la pression atmosphérique
nécessite souvent une élévation importante de température. Cette méthode entraine ainsi des risques
tels que :

- L’oxydation de substances fragiles.


- L’altération de substances thermolabiles

Figure 1 : Elimination du solvant sous pression atmosphérique

1. b. Elimination du solvant sous pression réduite


On utilise généralement un évaporateur rotatif (figure 2) dans lequel le ballon contenant la
solution à concentrer est animé d’un mouvement de rotation qui évite les soubresauts et accélère
l’opération en augmentant la surface d’évaporation. Les avantages de cette méthode sont :

6
- Evaporation à l’bri de l’air, ce qui permet d’éviter l’oxydation de substances à séparer.
- Evaporation à des températures plus basse, ce qui permet d’éviter l’altération de substances
thermolabiles

Figure 2 : évaporateur rotatif

2. Modification de la solubilité des substances à séparer dans la solution


On réalise cette technique de plusieurs façons :

2. a. Recristallisation
Principe de technique :
Cette technique est basée sur la variation de la température. Ainsi, la substance à séparer est
soluble dans le solvant chaud est insoluble dans le solvant froid. Une dissolution de substances à
chaud suivie d’un lent retour à la température ordinaire entraine l’apparition de cristaux (figure 3).

Figure 3 : Technique de recristallisation

7
2. b. Relargage

Le relargage est un procédé de séparation qui consiste à ajouter à la solution, un nouveau


soluté plus soluble que le premier qui entraine la séparation d’un solide ou d’un liquide (figure 4).

Figure 4 : Technique de relargage

Composés relargables
Sont de natures différentes, un composé est d’autant plus facile à relarguer qu’il présente
une partie hydrophobe importante.
Par exemple :
- Un savon est séparé de sa solution aqueuse par adjonction de chlorure de sodium( NaCl).
- L’acétone, miscible à l’eau est relarguée par adition d’un sel, tel que le sulfate d’ammonium
au mélange initial.

Agents relargants
Les agents relargants sont essentiellement des électrolytes minéraux. On utilise couramment
le sulfate d'ammonium et le chlorure de sodium. Ils doivent être solubles dans le solvant(plus
généralement l’eau). On peut classer d’après leur pouvoir relargant décroissant les différents anions
et cations selon les séries de Hofmeister comme suit:

> > > > >

> !" > # > !$ > %&

Avantage
C’est méthode de séparation qui présente moins de risques d'altération que les méthodes qui
utilisent le chauffage pour éliminer le solvant, pour cela présente un grand intérêt en biochimie.

8
Techniques d’analyse physico-chimique 1

Chapitre III : Extraction par un solvant non miscible (extraction liquide-liquide)

III-1. Introduction
La méthode d’extraction par un solvant non miscible est parmi les méthodes les plus
utilisées en analyse chimique. Elle est simple, rapide et efficace. Cette technique est basée sur le
transfert d’un soluté initialement contenu dans un solvant, vers un autre solvant non miscible, choisi
pour son grand pouvoir dissolvant vis-à-vis le soluté et sa faible solubilité vis-à-vis le initiale. En
extraction liquide- liquide, le soluté est partagé entre les deux solvants non miscibles selon sa
solubilité dans chacun d’entre eux.
Au laboratoire, l’extraction se fait le plus couramment à l’aide d’ampoules à décanter de formes
diverses (figure 1).

Figure 1 : Mise en œuvre pratique d’une extraction

III-2. Le partage
Soit un mélange binaire (solvant A + soluté S), est mis en contact avec un deuxième solvant
B non miscible et retenu par sa capacité à extraire préférentiellement les molécules du soluté. Le
9
soluté, qui est soluble dans les deux solvants (deux phases), est distribué entre eux dans une
proportion définie. Le partage du soluté est un processus dynamique qui implique un échange
constant de molécules du soluté dissous à travers la zone de contact des deux solvants non
miscibles. L’équilibre est atteint lorsque l’énergie libre du soluté à une valeur identique dans chacun
des deux solvants (phases).

III-3. Coefficient de partage


En raisonnant à partir de l’énergie libre nécessaire pour transporter une mole de soluté S
d’un solvant (phase) dans l’autre, il est possible de déterminer un coefficient de partage K qui est le
rapport des concentrations de la substance S dans les deux solvants (phases) après réalisation de
l’équilibre:

)*
'=
)+
(1)

III-4. Taux de distribution


Il est fréquent que le coefficient de partage ne soit pas directement utilisable pour rendre
compte du résultat d’une extraction. En effet, les solvants peuvent présenter une solubilité
réciproque non négligeable, mais surtout la substance S peut se trouver dans l’une et l’autre phase
sous plusieurs formes dont une seule intervient dans le partage. Il convient alors de faire apparaitre
une nouvelle notion : le taux de distribution (répartition). C’est le rapport entre les concentrations
totales de la substance S dans les deux solvants (phases) :

∑ )*
,= ∑ )+
(2)

III-5. Rapport de quantité


Le but à atteindre, est d’extraire la plus grande quantité possible de substance à l’aide d’un
solvant extractif. De ce fait, il est utile de déterminer, chaque fois qu’un équilibre est réalisé, la
quantité extraite dans le solvant B soit QB et celle qui reste dans le solvant initial A soit QA. On
introduit alors un rapport de quantité α tel que :

/*
.= /+
(3)

Par ailleurs, la concentration C est reliée à la quantité Q contenue dans un certain volume V par la
relation :

/ = ). 0 (4)

En combinant les équations (3) et (4) il vient :


10
)* 0* 0*
.= ='
)+ 0+ 0+
(5)

Cette équation montre bien que α dépend des volumes des solvants A et B.

III-6. Expression du rendement


Il correspond, comme cela a été mentionné ci-dessous, au rapport entre la quantité totale de
soluté extraite par le solvant B et la quantité initiale QA0 en solution dans le solvant A.

Le rendement est donc :

∑ /*
1=
/+2
(6)

∑ 34 : Représente la somme de toutes les quantités QB extraites lors de chaque équilibre.

III-7. Extraction simple


Elle consiste à extraire dans une seule opération le maximum de soluté S initialement en
solution dans le solvant A, par un solvant B choisi pour son grand pouvoir dissolvant vis-à-vis de S
et sa faible solubilité vis-à-vis de A. La séparation des deux phases par décantation constitue un
étage ; l’extraction simple est donc dite extraction à un étage. Si la substance s’est répartie entre les
deux phases selon un équilibre parfait, l’étage est dit théorique. La phase correspondant au solvant
B, qui a dissous une partie du soluté est appelée couche extraite ou extrait. La phase correspondant
au solvant A, qui a été appauvrie en substance S, mais en contient encore une plus ou moins grande
quantité, est appelée couche raffinée ou simplement raffiné.
III-7.1. Etude quantitative
III-7.1. a. Cas d’une distribution régulière
- Détermination du rendement
Le rendement d’extraction d’un composé X distribué entre deux solvants A et B, non
miscibles peut-être calculé à partir d’un certain nombre de données connues. Ce sont :
VA : Le volume de solvant A.
VB : Le volume de solvant B.
/+2 : La quantité de matière initiale du composé X dans le solvant A.
/*5 : La quantité de matière du composé X extraite par le solvant B.
/+5 : La quantité de matière restante du composé X dans le solvant A.
Dans ce cas, le rendement est donné par la relation suivante :
/* 5
.= /+5
(7)

Par Ailleurs, la conservation de matière après équilibre peut s’exprimer comme suit :
11
/+2 = /*5 + /+5 (8)
De l’équation 7 on peut tirer :
/* 5
/ +5 =
.
(9)
Et reporter 378 par son expression dans (9)
5
/+2 = /*5 ( 5 + )
.
(10)

Il est donc possible d’exprimer la quantité de matière extraite /*5 en fonction de


/+2 comme suit :
.
/*5 = /+2 ( )
5 .
(11)

Et ainsi de calculer le rendement :


/* 5 .
1= =5
/+2 .
(12)

D’autre part, on peut tirer 348 d’après (9)


/*5 = . /+5 (13)
En remplaçant 348 par son expression dans 8, on obtient :
/+2 = /+5 ( 5 + . ) (14)
Il est donc possible de calculer la quantité de matière restante dans le solvant A :
/+2
/ +5 = 5
.
(15)

Le rendement peut alors être exprimé sous forme d’une différence puisque :
/*5 = /+2 − /+5 (16)
Soit :
5
/*5 = /+2 ( 5 − 5 .
) (17)
Et :
/*5 5
1=/ =5−5 (18)
+2 .

En remplaçant le rapport de quantité par sa valeur obtenue en (5) il vient :


5 0+
1=5− 0 =5−0
' 0*
(19)
5 ' * +
0+

Dans le cas d’une distribution régulière entre des solutions non idéales, il est nécessaire de
remplacer le coefficient de partage K par le taux de distribution D et le rendement devient :
5 0+
1=5− 0 =5−0
, 0*
(20)
5 , * +
0+

Remarque
L’expression 18 permet de se rendre compte, que le rendement n’est jamais égal à 1.
12
Remarque
Le rendement est d’autant meilleur que le deuxième terme est plus petit (relation 19).
III-7.1. b. Cas d’une distribution quelconque
Pour une distribution quelconque, la détermination de rendement d’extraction s’opère graphiquement
(car la distribution n’est plus constante), et ceci par la représentation graphique de la courbe : CB= f(CA) de la
figure 2.

Figure 2 : Détermination graphique du rendement

Le raisonnement part des constatations suivantes :


- Tout point situé sur la courbe correspond à l’équilibre après extraction donc aux
concentrations )+5 et )*5 correspond le point P1.
- Avant l’extraction, la concentration )*2 est nulle, la situation à ce moment correspond à
un point P0 d’abscisse )+2 et d’ordonnée nulle.
- La pente de la droite P0P1 est :
)*5
9:;<: =
) +5 − ) +2

Pour calculer ce rapport, on fait intervenir la loi de conservation de la matière :


/+2 = /*5 + /+5
Soit : )+2 0+ = )+5 0+ + )*5 0*
En regroupant les termes de VA Il vient donc :
()+2 − )+5 )0+ = )*5 0*
De cette expression il est aisé de déduire, que la pente est :
)*5 0+
9:;<: = =
) +5 − ) +2 0 *
13
Exemple :
7
=2
4

le taux de distribution est donc > = = 8/3


?8
48 =8 et 78 =3
@8

Le rendement :
7 1 4
D =1− =1− = = 57%
+> 8
7 4 1 + 3 ∗ 1/2 7

III-8. Extraction répétées


Le rendement d’une extraction n’est vraiment satisfaisant que si le solvant extractif dissout
beaucoup mieux le soluté que le solvant initial. Dans la grande majorité des cas, le solvant initial
contient encore des quantités de soluté trop importantes. Il convient alors de réaliser l’extraction
avec un nouveau volume de solvant extractif et de répéter ainsi l’opération jusqu’à obtention d’un
rendement satisfaisant.

III-8.1. Expression de coefficient de partage


Sin on réalise n extraction, le coefficient de partage peut s’écrire comme suit :

48 4J 4L
#= = =⋯=
78 7J 7L

Avec :

48 : La concentration du soluté dans le solvant B après la première extraction.

78 : La concentration du soluté dans le solvant A après la première extraction.

4J : La concentration du soluté dans le solvant B après la deuxième extraction.

7J : La concentration du soluté dans le solvant A après la deuxième extraction.

4L : La concentration du soluté dans le solvant B après n extraction.

7L : La concentration du soluté dans le solvant A après n extraction.

III-8.2. Expressions des quantités de matières


La quantité de matière restante dans le solvant A après n extractions est:
37M
37L =
(1 + NO )(1 + N ) … (1 + NQ )
La quantité de matière extraite par le solvant B après n extractions est :
1
34L = 37M ( 1 − )
(1 + NO )(1 + N ) … (1 + NQ )
14
III-8.3. Expressions du rendement
Le rendement est exprimé donc comme suit :
1 1
D=1− =1−
(1 + N)Q
(1 + # )
4 Q
7

Remarque :
- Le coefficient de partage a été choisi aussi grand que possible, il en résulte que le
terme 1 + # possède une valeur importante et de toute façon supérieure à 1.
R

- L’inconvénient de l’extraction répétée (opération successive) est que l’on utilise n fois
plus de solvant que pour une extraction simple. Ceci conduit à évaporer une quantité
importante de solvant et donc à une perte de temps et d’énergie.

III-8.4. Détermination du rendement en cas de limitation du volume de solvant extractif utilisé


Il convient donc de se fixer le volume VB de solvant extractif à utiliser en 1, 2,3…ou n fois
et de déterminer les meilleures conditions opératoires. L’étude de rendement est réalisée dans le cas
le plus fréquent où le volume total est fractionné en n volumes élémentaires égaux vB. On peut donc
écrire :

4 = S4

Or le rapport de quantité correspondant à chaque étage est :

S4 # 4
N=# =
4 7

L’expression du rendement est donc :

1
D=1−
#
(1 + )
4 Q
7

Remarque :

- Le rendement augmente avec l’augmentation de nombres d’étages.

15
Techniques d’analyse physico-chimiques 1

Chapitre IV : Séparation par changement d’état

IV.1. Introduction

Le passage de la matière d’un état à l’autre (figure 1) ne dépond que de la température et de la


pression, cette modification de l’état est utilisée depuis très longtemps à des fins séparatives.

Figure1 : Changement d’état de la matière

IV.2. Notions générales

IV.2. a. Diagramme des phases

L’allure générale de diagramme des phases est illustrée par la figure 2 suivante :

Figure 2 : diagramme de phases

16
Deux paramètres influencent l’état de la matière : La température T et la pression P. L’axe
des abscisses correspond à la température (T) et l’axe des ordonnées correspond à la pression (P).
On analysera donc ce diagramme comme suit :
Le diagramme de phases comporte :
- Trois zones (Solide, Liquide et Gaz) : Chaque zone correspond au domaine de stabilité de
l’une des phases (solide, liquide et gazeuse). Ainsi, la matière n’existe que sous une seule
phase (mono phase).
Le diagramme de phases est caractérisé également par des courbes dites d’équilibre qui séparent ces
différentes zones et indiquent les conditions de température et de pression pour lesquelles deux
phases (états) peuvent coexister en équilibre.
- Courbe de vaporisation : Equilibre liquide-vapeur : la matière se trouve sous deux phases,
liquide-gaz simultanément.
- Courbe de fusion : Equilibre solide-liquide : la matière se trouve sous deux phases, solide-
liquide simultanément.
- Courbe de sublimation : Equilibre solide-gaz : la matière se trouve sous deux phases, solide
-gaz simultanément.
Les trois courbes d’équilibre se rejoignent au point triple (T).
Point triple : Le point triple se trouve à l'intersection des trois courbes de changement de phase
('état). Ce point est caractérisé par la coexistence de trois phases (solide, liquide, gaz)
simultanément.
On voit apparaître également un point particulier appelé le point critique (C).
Point critique : La courbe d'équilibre liquide – gaz se termine au point critique (C) dont les
coordonnées ne dépendent que de la nature de la matière étudiée. Le point critique indique la limite
où il n'est plus possible de distinguer l'état liquide de l'état gazeux, on parle alors d’un état fluide
(fluide supercritique).
L’examen de ce diagramme permet donc de comprendre comment toute augmentation ou
diminution de l’un des deux facteurs peut entrainer un changement d’état.

- De la même manière une substance à l’état liquide au point B peut passer l’état gazeux par
simple diminution de la pression, augmentation de la température ou de ces deux actions
combinées : c’est le cas de la distillation.

IV.2. b. Sublimation
Comme le montre le diagramme des phases, si une substance S à l’état solide se trouve dans
les conditions de température et de pression définies par les coordonnées du point A, toute
diminution de la pression, toute augmentation de la température ou parfois le changement
17
simultané dans ces mêmes sens de ces deux facteurs entraîne le passage de la substance S de
l’état solide à l’état gazeux.
Cependant, certains composés organiques (ou minéraux) sont sublimables à pression
ordinaire : acide benzoïque, camphre, chlorure mercurique. Il est facile de réaliser l’opération au
laboratoire en chauffant le solide et en recueillant les vapeurs sur une paroi froide.
Mais le plus souvent, on opère sous pression réduite dans un tube scellé sous vide que l’on
chauffe modérément.
Ces deux méthodes permettent de sublimer, soit la substance, soit le solvant, à basse
température et donc avec le minimum d’altération, puisqu’on opère en absence d’oxygène.

IV.2. c. Distillation
La distillation est une méthode de séparation utilisée pour obtenir la séparation des constituants
d’un mélange généralement liquide, en utilisant les volatilités différentes de ces constituants. La
phase liquide sous l’action de la chaleur passe à l’état de vapeur. Les vapeurs obtenues sont
condensées par refroidissement, le liquide ainsi recueilli s’appelle le distillat. L’efficacité de la
séparation dépend des propriétés physiques des constituants, de l’appareillage utilisé et des
méthodes de distillation mises en œuvre. La séparation des mélanges de composés miscibles se fait,
soit par distillation simple, soit par distillation fractionnée ou rectification. Concernant la séparation
des mélanges de composés non miscibles se fait par la technique dite : entrainement à la vapeur.
La distillation fait intervenir deux états de la matière : l’état gazeux et l’état liquide. Chacun de
ces états obéit à des lois qui lui sont propres. En effet, il est important de se rappeler de ces lois
pour bien comprendre les principes mis en œuvre.

Etat gazeux
Equation d’état des gaz parfaits
Les lois de Boyle-Mriote, de Charles-Gay-lussac et l’hypothèse d’Avogadro-Ampère ont
permis d’établir que dans des conditions idéales, il existe une relation (équation d’état) entre la
pression P, la température T et le volume V occupés par n moles de gaz.

90=;TU

R étant la constante des gaz parfaits.

Loi de Dalton
La loi de Dalton énonce que la pression au sein d'un mélange de gaz parfaits est égale à la
somme des pressions partielles Pi de ses constituants.

18
V = W VX = VO + V + VY + ⋯
X

La pression partielle d’un constituant i peut donc être exprimée en fonction de P et de la


fraction molaire Xi comme suit :

VX = ZX V

Q[
ZX =
Q\
Avec :

ni : Nombres de moles d’un constituant i.


NT : Nombres de moles d’un constituant i.

Etat liquide
Trois cas différents doivent être envisagés :
Cas d’un liquide formé d’un seul constituant
Tension de vapeur ]
Lorsqu’à une température T, un corps pur liquide est introduit dans une enceinte vide de
volume V limité, on note la formation au-dessus de la phase liquide d’une phase gazeuse : c’est le
phénomène de vaporisation. Au bout d’un temps plus ou moins long, il s’établit un état permanant
caractérisé par une pression constante de la vapeur : le liquide et la vapeur sont en équilibre. La
pression atteinte est la pression de vapeur saturante ou la Tension de vapeur saturante du corps.
Donc la pression de vapeur saturante ou tension de vapeur d’un corps pur est la pression à laquelle
le liquide et la vapeur existent simultanément.
Cette tension de vapeur exprime la tendance qu’ont les molécules à s’échapper : plus la
tension de vapeur d’un composé sera forte, plus il sera volatil (éther, chloroforme).

Ébullition
Si on augmente par chauffage la température, la tension de vapeur augmente également.
Lorsqu’elle devient égale à la pression ambiante (pression atmosphérique), le liquide entre
ébullition.

Cas d’un mélange de liquide miscibles

La tension de vapeur de ce mélange est égale à la somme des tensions de vapeur partielles
qu’exerce chacun des constituants.

] = ]5 + ]^ + ]_ + ⋯

19
Cas d’un mélange de composés liquides non miscibles
Chaque constituant se comporte comme s’il était seul. La tension de vapeur du mélange
n’est plus égale à la somme des tensions de vapeur partielles donc n’est plus fonction des
proportions relatives de chaque constituant, mais correspond à la somme des tensions de vapeur de
chacun pris individuellement à la température considérée.

IV.3. Séparation d’un mélange de composés miscibles par distillation simple


La distillation simple est utilisée pour séparer les constituants d’un mélange liquide en
mettant à profit la différence de volatilité existant entre les corps purs.

IV.3.a. Représentation graphique


Pour un mélange de deux composés A et B (B étant plus volatil), en ordonnée sont portées
les températures (T) et en abscisse la composition de mélange exprimée en pourcentage x (en
fraction molaire) en composé B le plus volatil (figure 3).

Figure 3 : Diagramme d’équilibre de deux composés A et B

Les équilibres entre la phase liquide et vapeur sont représentés par deux courbes déterminées
expérimentalement :
- Une courbe inférieure, la courbe d’ébullition ou de vaporisation représente les compositions
du mélange liquide aux températures à partir desquelles le liquide commence à se vaporiser.
- Une courbe supérieure, la courbe de condensation ou de rosée représente les compositions
de la vapeur aux températures auxquelles la vapeur commence à se condenser.
- Ces deux courbes se rejoignent aux deux extrémités correspondant aux températures
d’ébullition de chacun des constituants. Trois domaines sont ainsi délimités : une zone sous
la courbe de vaporisation correspondant à la phase liquide, une zone au-dessus de la courbe
de rosée correspondant à la phase vapeur et entre les deux une troisième zone dans laquelle
la phase vapeur et phase liquide coexistent. Dans cette dernière zone, pour une température

20
donnée T, il y a en équilibre un liquide et une vapeur. Ce liquide et cette vapeur ont chacun
une composition fixe, différente pour l’un et l’autre. Pour les connaître, il suffit de
déterminer les abscisses des points d’intersection de la parallèle d’ordonnée T à l’axe des
abscisses. Le point d’intersection avec la courbe de vaporisation donne la composition du
liquide XL celui avec la courbe de rosée la composition de la vapeur XV.

IV.3.b. Etude graphique de la distillation en absence d’azéotrope


Considérons à la température T un mélange binaire idéal liquide AB, de composition XL0
toujours exprimée en fonction du composé le plus volatil. Il est représenté sur le diagramme liquide-
vapeur par le point C de coordonnées T et XL0 (figure 4).

Figure 4 : équilibre lors d’une distillation simple

Si l’on augmente progressivement la température, on constate qu’au-dessous de la


température T0 ce mélange reste sous forme liquide, mais dès que cette température est atteinte il
entre en ébullition. Deux phases sont alors en équilibre : la phase liquide restant dans le ballon et la
phase vapeur dont la composition XV0 est l’abscisse du point d’intersection de l’horizontale
d’ordonné T0 avec la courbe de condensation. Cette vapeur est donc plus riche en composé B et par
condensation donne un liquide de même composition.

XV0 = XL0

Le distillat ainsi recueilli à une composition XL0-1 différente du liquide qui lui a donné
naissance.

Le distillat n’est pas le constituant B à l’état pur mais un mélange plus riche en composé B
que le mélange initial.

`a2 < `a2 5

21
Ceci signifie donc que si la vapeur s’est enrichie en composé le plus volatil, le mélange
liquide s’en est appauvri d’autant. Effectivement, l’analyse montrerait que le contenu du ballon,
après condensation de la vapeur et recueil du distillat aurait une composition XL1 inférieure à XL0.
Si cette opération est renouvelée, le mélange XL1 entre en ébullition à une température T1
plus élevée que T0 et la composition XV1 de la vapeur est moins riche en composé B que celle
obtenue précédemment.

`05 < `02

Le liquide restant dans le ballon a également une composition XL2 inférieure à XL1.
La conduite d’une distillation n’est que la répétition multiple des opérations précédentes :
tout au cours de la distillation, on assiste à une évolution des températures et des concentrations
dans les sens indiqués par les flèches sur la figure 3.
Augmentation des températures d’ébullition qui tendent vers celles du composé le moins
volatil A.
Appauvrissement de la vapeur en composé A le moins volatil et du liquide restant dans le
ballon en composé B le plus volatil.
A un certain moment la composition du liquide restant dans le ballon atteint la composition
XLi dont la vapeur en composé B, XVi est analogue à la composition du mélange initial :
`a2 = `0c

A ce moment la poursuit de la distillation ne se justifie plus puisque la vapeur recueillie ne


présente aucun enrichissement.

IV.3.c. Cas de mélanges binaires donnant lieu à la formation d’azéotropes


Les diagrammes d’équilibre de tels mélanges diffèrent des précédents. En effet, les courbes
d’ébullition et de rosé se rejoignent non seulement aux températures d’ébullition des corps purs,
mais également en un point M correspondant à une température TM du mélange A- B (figure 5).
Pour cette composition le mélange est dit azéotropique (qui bout sans changement d’état). Il se
comporte comme un corps pur : la température reste constante au cours de l’ébullition et la
composition de la vapeur reste identique à celle du liquide.

22
Figure 5 : évolution des mélanges azéotropiques
Deux types d’azéotropes peuvent se rencontrer :
- Azéotrope à maximum, dit négatif, car il a une influence négative sur la volatilité. Exemple :
mélange chloroforme acétone (figure 5-a)
- Azéotrope à minimum, dit positif, qui est le type le plus fréquent comme le mélange éthanol
eau.car il a une influence négative sur la volatilité mélange chloroforme acétone (figure 5-b)
Pour un mélange dont la composition se situe à gauche du point M tout se passe comme si l’on
distillait un mélange du composé A et de l’azéotrope M.
S’il se situe à droite comme un mélange de l’azéotrope et du mélange B.
L’évolution des températures et celle de la composition de la vapeur s’explique de même
manière que précédemment.
- Dans le cas des azéotropes à maximum, selon la position de XM par rapport à celle du
mélange à distiller ; ce composé est A lorsque le mélange se situe à gauche du mélange de
XM ou B s’il se situe à droite.
- Dans le cas des azéotropes à minimum, c’est toujours l’azéotrope lui-même qui se comporte
comme le composé le plus volatil.
- La formation d’azéotropes est souvent un obstacle à la bonne séparation des mélanges.

VI.4. Distillation fractionnée (Rectification)


La distillation simple ne permet pas d’isoler un composé à l’état pur. Au contraire, la distillation
fractionnée permet d’atteindre ce résultat.
L’appareillage est constitué par (figure 6) :
- Un ballon de distillation
- Une colonne de rectification
- Un réfrigérant vertical muni d’un dispositif de reflux

23
Figure 6 : distillation fractionnée

VI.4. a. Fonctionnement de la distillation fractionnée


Le chauffage du ballon entraine l’ébullition. La vapeur formée s’élève dans la colonne et
atteint le réfrigèrent où elle se condense. Au début de l’opération la totalité du liquide condensé est
renvoyée vers le ballon (reflux total).
Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la source de chaleur, c’est-à-dire du ballon, la
température décroit et les différents équilibres susceptibles de se produire correspondent à des
teneurs de plus en plus grandes en produit le plus volatil.
Lorsque les équilibres sont ainsi établis, la colonne a atteint son régime de fonctionnement et
l’on condense alors une partie de la vapeur en tête de colonne en ne maintenant qu’un reflux partiel.
Le taux de reflux θ qui est théoriquement le rapport entre le nombre de molécules du produit
le plus volatil renvoyé vers le ballon L et celui de ces molécules recueillies dans le distillat D peut
être considéré en première approximation comme le rapport des volumes du liquide refluant et du
distillat :

d=
>

L’efficacité des colonnes est exprimée en les assimilant à des appareils à plateaux construits : on
parle alors de plateaux théoriques. Le nombre de ces plateaux N est donné par la relation :

!=
$

L : la longueur de la colonne
H : la hauteur équivalent à un plateau théorique
Les meilleures rectifications étant obtenues avec le plus grand nombre de plateaux théoriques.

24
VI.4. b. Distillation d’un mélange de liquides non miscibles
Cette opération à une très grande importance du point de vue analytique, elle permet de réaliser
le dosage de l’eau par entraînement au xylène ou au toluène que le dosage de composés organiques
même de point d’ébullition élevé par entrainement à la vapeur d’eau.

VI.4. c. Température d’ébullition du mélange


L’ébullition se produit lorsque la tension de vapeur totale ] est égale à la pression P de la phase
gazeuse (pression atmosphérique) soit :
9 = ] = ]5 + ]^
VI.4. d. Détermination graphique de la température d’ébullition
Comme illustré par la figure 7 ci-dessous, la courbe ]5 = e(U) s’arête en un point E1 de
coordonnées (P, TE1) qui correspond au premier produit lorsqu’il est pur. A partir d’un point O
d’ordonnée 0 pris comme origine, on trace un nouvel axe des abscisses, qui est une parallèle à l’axe
précédent. L’axe des ordonnées est pris dans le sens de P vers O, c’est-à-dire dans le sens inverse de
l’axe initial. Dans ce nouveau système de coordonnées, on trace la courbe ]^ = e(U) . Les deux
courbes se coupent en un point E. L’ordonnée de ce point dans le premier système est O est dans le
second système est ]^ .

Figure 7 : détermination graphique de la température d’ébullition de deux liquides non miscibles

VI.4. f. Composition du distillat

Le rapport des masses m1 et m2 présentes dans le volume de vapeur est :

fO %O O
=
f %

25
Techniques d’analyses physico-chimiques 1

Chapitre V : Méthodes chromatographiques

V-1. Introduction

L’invention de la chromatographie est attribuée au botaniste russe Mikhail Semenovich


TSWETT (1872-1919), suite à ces travaux de purification des pigments foliaires sur une colonne de
carbonate de calcium (la craie).

V-2. Définition
La chromatographie est une méthode analytique de séparation des constituants d’un mélange
(liquide, gazeux ou liquide) basée sur la différence d’affinité des substances à analyser à l’égard de
deux phases, l’une stationnaire (fixe), l’autre mobile (la répartition des substances à séparer entre la
phase stationnaire et la phase mobile).

V-3. Classification des méthodes chromatographiques


Il est possible de faire une classification des techniques chromatographiques comme suit :

Classification selon la nature des phases


La phase mobile est, par définition, un fluide (liquide ou gaz) ; la phase stationnaire peut-
être un solide finement pulvérisé, ou un liquide immobilisé sur un support (un support poreux qui
ne participe pas à la chromatographie).on classe généralement les différents types de
chromatographie en fonction de la nature de la phase mobile :
- Chromatographie liquide (CL).
- Chromatographie gazeuse (CG).
- Chromatographie en phase supercritique (CS).

Classification selon le phénomène chromatographique


Le classement se fait selon le phénomène le plus dominant :

- Chromatographie d’adsorption : la phase stationnaire est solide de propriétés adsorbantes.


- Chromatographie de partage : la phase stationnaire est une phase liquide non miscible à la
phase mobile et fixée sur un solide.
- Chromatographie par échange d’ions : la phase stationnaire est formée de
macromoléculaire portant des groupements fonctionnels acides ou basiques.

26
- Chromatographie d’exclusion : la phase stationnaire est constituée le plus souvent par un
gel.

Classification d’après le procédé utilisé


1-Selon la présentation de la phase stationnaire, on distingue :
- Chromatographie sur colonne : la phase stationnaire est contenue dans une colonne en
verre ou en métal.
- Chromatographie planaire ou chromatographie de surface: la phase stationnaire est de
faible épaisseur et de grande surface.
- Chromatographie sur papier: une feuille de papier considérée comme support maintient par
imbibition une phase stationnaire liquide.
- Chromatographie sur couche mince (CCM): la phase stationnaire est retenue sur une
surface plane, verre, polymère, ou feuille d’aluminium qui est recouverte d’une mince
couche (0.2 à 2.5 mm d’épaisseur) de gel de silice, cellulose, alumine ou de grains de résines
échangeuses d’ions.

2- Selon les modalités de migration de la phase mobile, on distingue :


- Chromatographie par développement : la migration de solutés est menée de telle sorte que
ceux-ci demeurent sur la phase stationnaire. Suivant la direction de la migration on parle de
chromatographie ascendante, descendante, circulaire ou bidimensionnelle.
- Chromatographie d’élution : l’élution ici est poursuivie jusqu’à ce que chaque substance
soit entrainée hors de la phase stationnaire.

V-4. Principes
La séparation est basée sur la distribution d’un soluté entre deux phases, l’une étant mobile
(gaz ou liquide), l’autre stationnaire (solide ou liquide). Les substances à séparer sont entrainées par
la phase mobile à travers une phase stationnaire. Il y’a donc une rétention des différentes substances
sur la phase stationnaire, qui va les séparer l’une à l’autre : ce qui crée un état d’équilibre entre les
deux phases. A ce moment, comme en extraction, on définit le coefficient de partage K du soluté
entre les deux phases :
)g
'=
)h

CS : concentration du soluté dans la phase stationnaire


CM : concentration du soluté dans la phase stationnaire

27
V-5. Processus de séparation

Chromatogramme
Diagramme montrant l’évolution du signal du détecteur en fonction de temps de rétention
(élution) comme le montre la figure ci-dessous :

Figure 1 : Chromatogramme

On définit ainsi les paramètres de séparation suivant :


Tr : Temps de rétention
Uij : Temps de rétention réduit
Tm : Temps mort
w : largeur du pic à mi-hauteur
h : hauteur du pic
l : largeur du pic à la base
Une bonne séparation en chromatographie implique :
- Que les divers constituants du mélange soient retenus sur la colonne, donc présente une
affinité suffisante pour la phase stationnaire.
- Que les différents pics soient bien séparés.
- Que l’analyse soit aussi rapide que possible.

V-6. Aspects théoriques


On définit ainsi les paramètres suivants :
V-6. 1. Notions de temps :

V-6. 1. a. Temps mort : Temps mis par un composé non retenu par la phase stationnaire de la
colonne, pour parcourir le trajet entre l’entrée et la sortie de la colonne (temps mis par la phase
mobile pour traverser la colonne).

28
V-6. 1. b. Temps de rétention : Temps mis par les substances d’un composé à analyser pour
parcourir le trajet entre l’entrée et la sortie de la colonne.

V-6. 1. c. Temps de rétention réduit : Temps de séjour des substances dans la phase stationnaire.

Avec : Uij = Ui − Uk

V-6. 2. Notions de vitesse


V-6. 2. a. Vitesse linéaire moyenne du soluté V
La vitesse linéaire moyenne de progression du soluté V est égale à :

a
0=
Ui

L : longueur de la colonne.

V-6. 2. b. Vitesse linéaire moyenne de la phase mobile l


La vitesse linéaire moyenne de la phase mobile est égale à :

a
l=
Uk

V-6. 3. Notions de volume

V-6. 3. a. Volume de rétention ou volume d’élution


Volume de la phase mobile nécessaire pour amener la substance à sa concentration maximum au
bas de la colonne. Il est exprimé par la relation suivante :
0i = Ui ,
D : débit optimal de la phase mobile
V-6. 3. b. Volume du pic
Il correspond au volume de phase mobile dans laquelle 95% du soluté se trouve dilué en sortie de
colonne, il est égal par définition à :

0mcn = o. ,

V-6. 3. c. Volume mort

On peut l’exprimer en fonction de débit et de temps mort comme suit :

0k = Uk ,

29
V-6. 3. d. Volume de la phase stationnaire

0k
0p =
q

q : Facteur dépond de la conception de la colonne.

V-6. 3. f. Volume de rétention réduit


On peut également définir un volume réduit en tenant compte de Vm et Vr :

0ij = 0i − 0k

V-6. 4. Facteur de capacité #′


C’est le rapport du temps passé par une espèce dans la phase stationnaire sur le temps passé par
cette même espèce dans la phase mobile.

Ui − Uk Uij
's = =
Uk Uk

V-7. Paramètres décrivant la colonne et le chromatogramme

- Modèle des plateaux théoriques


La théorie des plateaux est sans doute la meilleure théorie permettant d’expliquer les
phénomènes de séparation chromatographique. Fictivement on assimile la colonne
chromatographique à une suite de plateaux sur lesquels s’établit l’équilibre Soluté/Phase
stationnaire/Phase mobile. Ainsi, l’efficacité d’une colonne s’évalue généralement à partir de l’un
des paramètres suivants :

a- La hauteur équivalente à un plateau théorique H.


b- Le nombre de plateaux théoriques N
Ces deux grandeurs sont liées par la relation :

a
t=
u

Plus N est grand, plus la colonne est efficace, plus la séparation est bonne. On peut atteindre des
valeurs de N de l’ordre de 100000.

30
- Détermination de Nombres de plateaux théoriques N
Les formules de définition du nombre de plateaux théoriques sont :

Ui ^
t = 5v( )
o

Ui ^
t = w. wx( )
y

Selon ces deux relations, il est possible de calculer N pour un soluté donné, directement à partir
d’un chromatogramme.

V-8. Séparation et résolution


V-8.1. Facteur de sélectivité entre deux solutés α
La mesure de la sélectivité d’une séparation entre deux composés est réalisée à l’aide du
facteur de sélectivité α. ce facteur décrit la position, l’un par rapport à l’autre, de deux pics
adjacents (figure 2). Il est définit par la relation suivante :

's^ Ui^ − Uk
.= s =
'5 Ui5 − Uk

C’est le rapport des facteurs de capacité de deux solutés dont on veut réaliser la séparation.
α est toujours supérieur à 1.

V-8.2. Facteur de résolution entre deux pics R


Le facteur de résolution R permet de traduire numériquement la qualité de la séparation
entre deux pics. Ce facteur est donné par la relation suivante :

Ui^ − Ui5
T = ^( )
o^ + o 5

On peut également exprimer la résolution en fonction de la largeur du pic à mi- hauteur


comme suit :

Ui^ − Ui5
T = 5. 5zz( )
y^ + y5

Sachant que : = 1.7 {


En pratique, une bonne résolution (séparation) suppose que T > 1.5 (figure 2).

31
Figure 2: Influence de la résolution sur la séparation

V-8.3. Optimisation de la séparation

Relation de Purnell
La relation de Purnell relie les facteurs de sélectivité et capacité à la résolution dans le cas de deux
pics A et B très proches :

5 .−5 's*
T= ( )( )|t*
x . 5 + 's*

Les termes qui apparaissent dans l’expression de R révèlent ce qui suit :


1- Le nombre de plateaux théoriques N reflète l’efficacité de la colonne.
2- Le facteur de sélectivité α donne l’information sur la proximité des pics.
- Si α = 1 pas de séparation.
- Si α passe de 101 à 1.2, la valeur de R double.
- Si . > 2 la valeur de R est invariable.
3- Le facteur de capacité 's* nous informe sur les temps de rétention.
- Si 's*= 0, R= 0
- Si 's* augmente, R augmente.

Variation de R avec N
La valeur de R est proportionnelle à la racine carrée du nombre de plateaux théoriques N
comme l’exprime la relation suivante :

t T
}t5 = (T5)^
^ ^

V-9.Influence de la vitesse de la phase mobile

32
Equation de Van Deemter
La vitesse de la phase mobile dans la colonne, qui dépend de son débit, influence la qualité
de la séparation. Pour une colonne remplie elle prend le nom d’équation de Van Deemter :
*
u=++ +)l
l
A, B et C sont trois coefficients expérimentaux reliés aux paramètres physico-chimiques des solutés
et de la colonne ainsi qu’aux conditions opératoires. Le terme A est nulle pour une colonne
capillaire.
l : vitesse linéaire de la phase mobile.
H : l’hauteur équivalente à un plateau théorique.

Figure 3 : Courbe de Van Deemter

L’équation de Van Deemter montre qu’il existe un débit optimal pour chaque colonne,
correspondant au minimum H. comme le montre la figure 3, la courbe représentative de cette
équation est une branche d’hyperbole qui passe par un minimum pour :

*
l~m<ck•o = €
)

V-10. Chromatographie en phase gazeuse


V-10. 1. Principe
- Méthode de séparation de composés gazeux ou susceptibles d’être vaporisés dans
décomposition
- Échange de molécule gazeuse entre phase stationnaire et phase mobile
V-10. 2. Phase stationnaire : liquide ou solide

33
Film polymérique qui recouvre ou qui est greffé sur la paroi interne de la colonne capillaire
(figure 4)

Figure 4 : Phase stationnaire dérivée du diméthylpolysiloxane

Paramètres de choix de la phase stationnaire

On choisit la phase stationnaire selon les critères suivants :

- Faible tension de vapeur


- Stable thermiquement
- Inerte chimiquement

Polarité de la phase stationnaire

Le tableau ci-dessous résume l’effet de la polarité de la phase stationnaire :

Substances à séparer Exemples Type de phase stationnaire


Molécules non polaires hydrocarbures apolaire
Carbone - hydrogène
Liaison C-C
Molécules polaires Alcools, amine, acide polaire
Carbone – hydrogène + carboxylique, diols, esters,
Br, Cl, N, O,P ,S) éthers …
Liaison C-C
Molécules polarisables Alcènes, alcynes, Moyennement polaire
Carbone – hydrogène hydrocarbures
Double liaison (carbone aromatiques
carbone), triple liaison
(carbone carbone)

V-10. 3. Phase mobile :


Gaz de haute pureté et chimiquement inertes vis-à-vis du soluté et la phase stationnaire, comme :
l’Hélium (He), l’azote (N2), l’Argon(Ar) et l’hydrogène(H2).

34
V-10. 4. Effet de la température sur la séparation
La température T est un paramètre majeur en chromatographie en phase gazeuse (CPG).
Le volume de rétention VR avec la température varie selon l’expression suivante :
Log(VR) = (a/T) + b

Si T augmente, le volume de rétention diminue et donc le temps de rétention diminue.


Plus la température est forte, plus la séparation est rapide, A très forte température, il n’y a plus de
séparation.
V-10. 5. Appareillage
En chromatographie en phase gazeuse (CPG), un chromatogramme est constitué en première
approximation de trois organes essentiels (figure 5):
- Injecteur
- Colonne
- Détecteur

Figure 5 : schéma descriptif d’un chromatographe

Les injecteurs
Un très grand choix d'injecteur est disponible sur le marché en fonction de la nature du
mélange à séparer (solide, liquide, polaire, etc). On injecte à l’aide d’une micro seringue ou vanne,
l’échantillon que l’on veut analyser, dans un tube. On introduit ensuite un gaz vecteur, qui le
volatilise et l’entraine vers la colonne. On distingue trois modes d’injection :
- injection directe par seringue
- injection en mode split/ splitless
- injection on-column à froid.
Les colonnes
Ils existent deux types de colonnes en CPG, les colonnes remplies et les colonnes
capillaires.

35
Les colonnes remplies
Sont fabriquées en acier inox ou en verre, leur longueur varie de 0.5 à 3 m, leur diamètre
intérieur étant compris entre 10 et 4 mm. Sont remplies d'un support inerte imprégné d'une phase
stationnaire, le diamètre des particules est entre 100 et 200 mm. Le taux d'imprégnation des phases
stationnaires varie entre 1 et 10% en masse (figure 6).

Figure 6: colonne remplié

Les colonnes capillaires


Sont constituées d’un tube de silice fondu à l’intérieur duquel est déposée une phase stationnaire
de diamètre interne (figure 7).
- La longueur de la colonne : L = 5 – 100 m.
- Diamètre interne : d = 100 – 350 µ m.
- Epaisseur de la phase stationnaire e = 30 µ m.

Figure 7 : colonne capillaire

Rapport des phases


Pour comparer ou prévoir le comportement des colonnes capillaires, on détermine le rapport
de phase :

0h
q=
0g

En introduisant le diamètre interne de la colonne d et l’épaisseur de la phase stationnaire ef,


on obtient :


q=
x:

36
V-11.Chromatographie sur couche mince (CCM)

La chromatographie sur couche mince est une technique de chromatographie planaire dont
la phase mobile est liquide. La phase stationnaire (adsorbant en silice de 250µ m) est fixée sur un
support (plaque) plan en aluminium ou en verre. La phase mobile se déplace uniquement par l’effet
des forces de capillarité.
Le processus de séparation inclus les étapes suivantes :
1- Dépôt de l’échantillon.
2- Entrainement par la phase mobile.
3- Révélation de la CCM :
- A l’œil nu si le produit est coloré.
- A la lampe UV : si les molécules absorbent les UV à 254 nm seront visibles (noyaux
aromatiques par exemple).
- Avec un révélateur chimique : l’iode est le premier révélateur à tester, il permet de révéler
les doubles liaisons et les halogénures. De nombreux révélateurs existent comme : l’acide
Phosphomolybdique, KMnO4, Vanilline et Ninhydrine..

Mesure de rapport frontal Rf


Le rapport frontal (rétention frontale) est caractéristique d’un produit dans un éluant donné
pour une phase stationnaire donnée (figure 7).

ƒ „ …† † „ ƒ… † é ℎ
= =

ƒ „ …† † „ ˆ … ƒ… S $

Figure 7: Chromatographie sur CCM

37
Référence:
- G. MAHUZZIER , M. HAMON, D.FERRIER et P PROGNON , Chimie analytique, méthodes de
séparation, Tome 2, 3e édition. MASSON.
-Z. KABOUHE, cours et exercices de chromatographie.
-A. ROUSSAC, F. ROUESSAC, Techniques instrumentales d’analyse chimique.
- www.google.com.

38

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