Nature Du Document
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Le mardi, jour néfaste pour les élèves du Msid, me laisse dans la bouche un goût d’amertume. Tous les mardis sont
pour moi couleur de cendre. Il faisait froid, ma nuit avait été peuplée de cauchemars. Des femmes échevelées
menaçaient de me crever les yeux, m’envoyaient au visage les pires injures. Parfois, l’une d’elles me balançait à travers la
fenêtre et je m’enfonçais lourdement dans le vide. Je criai. Une main, combien douce, se posa sur mon front. Le matin, je
me rendis au Msid selon mon habitude.
Le Fqih avait son regard de tous les mardis. Se yeux n’étaient perméables à aucune pitié. Je décrochai ma planchette
et me mis à ânonner les deux ou trois versets qui y étaient écrits. A six ans, j’avais déjà conscience de l’hostilité du
monde et de ma fragilité. Je connaissais la peur, je connaissais la souffrance de la chair au contact de la baguette
de cognassier. Mon petit corps tremblait dans ses vêtements trop minces. J’appréhendais le soir consacré
aux révisions. Je devais, selon la coutume, réciter les quelques chapitres du Coran que j’avais appris depuis mon
entrée à l’école.
A l’heure du déjeuner, le maître me fit signe de partir. J’accrochai ma planchette. J’enfilai mes babouches qui
m’attendaient à la porte du Msid et je traversai la rue. Ma mère me reçut assez froidement. Elle souffrait d’une terrible
migraine. Pour enrayer le mal, elle avait les tempes garnies de rondelles de papier copieusement enduites de
colle de farine. Le déjeuner fut improvisé et la bouilloire sur son brasero entama timidement sa
chanson. Lalla Aïcha, une ancienne voisine, vint nous rendre visite. Ma mère la reçut en se plaignant de ses maux
tant physiques que moraux. …
- Qu’a-t-il ton fils ? demanda-t-elle. Et ma mère de répondre :
- Les yeux du monde sont si mauvais, le regard des envieux a éteint l’éclat de ce visage qui évoquait un bouquet de
roses. Te souviens-tu de ses joues qui suaient le carmin ? et de ses yeux aux longs cils, noirs comme les ailes du corbeau ?
Dieu est mon mandataire, sa vengeance sera terrible.
- Je peux te donner un conseil ; dit Lalla Aïcha : montons tous les trois cet après-midi à Sidi Ali Boughaleb. Cet enfant ne
pourra pas supporter le Msid ; si tu lui faisais boire de l’eau du sanctuaire, il retrouverait sa gaîté et sa force.
Ma mère hésitait encore. Pour la convaincre Lalla Aïcha parla longuement de ses douleurs de jointures, de ses jambes
qui ne lui obéissaient plus, de ses mains lourdes comme du plomb, des difficultés qu’elle éprouvait à se retourner dans
son lit et des nuits blanches qu’elle avait passées à gémir comme Job sur son grabat. Grâce à Sidi Ali Boughaleb, patron
des médecins et des barbiers, ses douleurs ont disparu.
- Lalla Zoubida, c’est Dieu qui m’envoie pour te secourir, t’indiquer la voie de la guérison, je vous aime, toi et
ton fils, je ne retrouverai jamais le goût ni de la nourriture, ni de la boisson si je vous abandonne à vos
souffrances. Ma mère promit de visiter Sidi Ali Boughaleb et de m’emmener cet après-midi même.
I. MISE EN 1. Quels sont les personnages déjà vus dans l’incipit de - Mettre
SITUATION La Boîte à Merveilles ? le narrateur, sa famille, la l’apprenant dans - Se rappeler
le bain 05 min
Chouafa, Rahma, Fatma Bziouya… thématique - Mobiliser
2. A quel personnage le narrateur donne-t-il - Annoncer ses prérequis
importance ? à la voyante l’objectif
3. Annoncer l’objectif de la leçon : Identifier le portrait
des personnages/ Identifier les rôles du discours dans le
récit
II.
IDENTIFICATION
DU TEXTE