Vive La République Rifaine ! - Article de Robert Louzon
Vive La République Rifaine ! - Article de Robert Louzon
Vive La République Rifaine ! - Article de Robert Louzon
Un cas de fraternisation :
par UN TEMOIN
Mayence 1924
LA RÉVOLUTION SOMMfURE du n° 7 (Juillet ig25)
PROLÉTARIENNE
Revue Mensuelle Syndicaliste Communiste
Vive la République Rifaine
Parmi nos lettres : ! R. LOUZON.
niste :
Adresser toute la Correspondance relative
à
à la Rédaction et l'Administrationà :
; :
La nouvelle crise du P. C. allemand.
;
Choses de France les élections
Permanence
p. MONATTE
96, quai Jemmapes
: :
Chèque Postal
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734-99 Paris
l'après-midi, de 3 à
CONDITIONS D'ABONNEMENT
7 heures
municipales
Mayence 1924.
la guerre au Maroc
aux calendes grecques.
NOTES ÉCONOMIQUES
UN COMMUNISTE.
UN TÉMOIN.
I. Le PROCÈS de la PRODUCTION du
CAPITAL, précédé d'une introduction
L'exemplaire :2 francs
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à l'ensemble du marxisme, par KARL
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BBN N N ~~,~
ÙE MOUVEMENT flATIONflli DE H'A^IQUE DU f40t;D
:
plus grands ennemis à nous,
Arabes, ce sont les socialistes ».Tête du cama-
rade. Et l'autre d'expliquer « Oui, le Français
riche n'est pas très bon pour nous, il nous injurie
même individu de plusieurs centaines d'hec- ou nous frappe si nous ne travaillons pas assez,
<rt*es), et cela
permit également d'imposer aux mais après tout, il nous donne quelque chose,
onataires des obligations rigoureuses les em- il nous paye en salaire, tandis que le postier ou
:
pêchant au moins pendant longtemps de pou-
voir vendre en Tunise et au Maroc, au contraire,
111 l'Etat,
du moinsjusqu'à présent, dut acheter
l'instituteur ne nous donne rien, et il nous
traite pire que le patron. Or instituteurs et
postiers se disent tous socialistes ». Cela est
vrai. Le mépris du chargé de fonctions publi-
es terres qu'il voulait mettre à la disposition
de la colonisation,
ne purent être ques pour le «sale bicot », le « tronc de figuier n,
onnées gratuitementcelles-ci ne manque pas une occasion de se manifester,
à
Rendit crédit, mais on aux colons; on les leur surtout en Algérie, à cause de l'origine algérienne
les leur vendit; dès
~s les lots purent être plus grands, et il fut de la plupart des fonctionnaires. Et il se mani-
lnOlllS commode d'empêcher les acheteurs de
les revendre à leurs
voisins. Il s'ensuit la
concentration est moins grande en Algérieque '.ju'en au fait qu'un
peut-être dû également, pourune part,
(1) Cela estgrand
nombre des républicains déportés
Tunisie en 1851 par l'Empire en Algérie s'y établirent défini-
erniersou au Maroc. Chez les colons de ces deux tivement après leur libération. Leurs descendants
capitalismepays c'est le grand et même très grand forment encore une part importante de la population
qui domine; en Algérie, au moins algérienne.
feste pour rien, pour le plaisir, il n'a pas l'excuse
de la brutalité du patron qui, elle, au moins, a
pour but d'accroître la plus-value.
Cette mentalité se trouve même parmi ceux
qui professent les opinions les plus avancées. Un
instituteur algérien s'affirmant anarchiste se
vantait un jour de n'avoir jamais aucun élève
indigène dans sa classe, car s'il en venait par
extraordinaire un, il le battait comme plâtre,
jusqu'à ce qu'il ne revienne plus. Quant à la
:
parcourir ainsi et, qu'il considère dès lors comme
sa propriété, il sème, à l'automne aux points les
moins secs, le long des oueds ou dans les dépres-
sions, quelques sacs de blé ou d'orge qu'il
reviendra récolter, s'il a plu, l'été.
Aucune stabilité donc, ni dans le travail, ni
dans la résidence. La vie dans ces conditions
ne saurait dépendre de la bonne organisation
du travail, mais uniquement de l'étendue et de
la qualité des terrains de parcours auxquels on a
-
été converties à l'islamisme, mais qui, en re- chef de tribu n'existe donc plus, mais on a ]
vanche, ont gardé leur propre langue, la langue néanmoins maintenu et même renforcé cette ;
berbère qui n'a rien de commun avec la langue autorité. Cheikhs, caïds, aghas et bach-aghas
arabe. subsistent, chacun continuant à jouir dans son
Si ces Berbères n'ont été ainsi qu'à moitié ressort d'un pouvoir autocratique. avec l'in-
arabisés, ils le doivent à ce qu'ils habitaient vestiture de l'autorité française. Les petits et
des régions montagneuses, difficilement péné- grands seigneurs féodaux arabes ne tiennentplus
trables pour le conquérant. La différence entre maintenant leur pouvoir que de l'Etat français J
Berbères et Arabes est donc celle entre gens de comme le seigneur du XVIIIe siècle ne tenait
la montagne et gens de la plaine, différence pro- plus le sien que de l'autorité royale, mais ce
fonde qui a engendré une organisation sociale pouvoir sur les administrés se maintient total.
très différente. Féodalité dégénérée, mais féodalité tout de
même. Loin de détruire la féodalité, les « civi-
Les Arabes- »
lisateurs se sont contentés de la légaliser. -
En Afrique, la plaine et le plateau, toujours A côté du chef militaire, les sociétés féodales ;
ont presque toujours possédé un autre pouvoir,
plus ou moins arides, donnent naissance à
l'économie de la steppe. L'Arabe fait parcourir
à ses troupeaux des centaines de kilomètres,
changeant de région avec les saisons, et même
:
dont l'autorité renforce et contrebalance à la
fois l'autorité du chef militaire c'est le chef
religieux. La société arabe ne fait pas exception:
en face du caïd, chef militaire, le marabout,
,
se déplaçant continuellement au cours d'une chef religieux.
même saison, au fur et à mesure que le maigre A l'égard du marabout, la politique du « pays
pâturage qu'il trouve ça et là est consommé. des lumières » aété la même qu'à l'égard des
Sur les terrains que sa tribu est habituée à ]
caïds de grande tente. Loin de chercher à les -
détruire, la France n'a songé qu'à renforcer :
(1) Pour ne pas donner à cet article des dimensions leur pouvoir. Le marabout est l'enfant chéri de
inacceptables, nous sommes obligé de laisser de côté, l'Administration française. Elle protège toutes
;
malgré leur importance, un grand nombre de ques-
tions. C'est ainsi que nous n'avons point parlé des ses exactions (1), elle le voit avec la plus grande
Italiens et des Espagnols et que nous ne parlons point
des Juifs, tous éléments ethniques dont le rôle est
(1) En Tunisie, le plus gros marabout est celui du 4
pourtant considérable en Afrique du Nord. Nous
devons nous borner à l'essentiel du point de vue qui Kef dont la richesse n'a d'égale que la brutalité. jJ
nous occupe. Maintes fois la presse arabe jeune-tunisienne a de-
complaisance s'enrichir des dépouilles de ses générale de tous les hommes majeurs, la
coreligionnaires; plus le nombre de zaouias (les djemaa, qui réunit chaque semaine et décide
se
couvents musulmans) augmente et plus elle se de tout, confiant l'exécution de ses décisions à
rejouit. amin constamment révocable, et qui ne
Marabouts et grands caïds sont les deux piliers un peut prendre aucune décision sans elle.
de la domination de la démocratie française Les Berbères occupent actuellement trois
Afrique. en
grands massifs montagneux dont chacun pos-
Les Berbères. Le sède une individualité géographique marquée.
groupe berbère le moins important,
Toute autre est l'organisation berbère. La lequel les caractères que nous venons de décrire
et
chez
société berbère est exactement le contraire de sont les moins accusés, est celui qui occupe le
la société arabe; elle est l'inverse de la société massif de l'Aurès, dans le sud du département de
leodale. Constantine; le plus important, et surtout le
Protégé par ses montagnes, le Berbère n'a pas mieux connu, est formé par les Kabyles, qui
besoin d'une organisation militaire; à quelques occupent le massif du même nom, non loin de
hommes il tient facilement
en respectune :
foule la côte, à l'est d'Alger; le troisième, enfin, est
dagresseurs (1). En revanche, il est souvent au Maroc c'est lui qui occupe le Rif.
un véritable cultivateur, car souvent il a de Cette société démocratiqueberbère s'est natu-
1eau. Les torrents qui, descendus dans la plaine, rellement beaucoup moins bien accommodée
- »
yont rapidement s'y convertir en oueds dessé- du joug de la « démocratie financière française
ches, ont dans ses montagnes de l'eau presque que la population arabe proprement dite. Lors-
toute l'année. Cette eau est un trésor dont, avec que les chefs arabes eurent été vaincus, ils se
de l'ingéniosité, définitivement, trop heureux de se
on peut tirer parti. Le Berbère soumirent
est donc amené à aménager le flanc de sesmon- voir confirmés dans leurs privilèges, et eux sou-
tagnes en terrasses èt à y établir tout un système mis, leurs troupes ne pouvaient également que
d'irrigation. Les jardins s'accrochent ainsi è la rester soumises. Depuis la défaite d'Abd el
Montagne, et malgré la pauvreté du sol un Khader, chef arabe pur, grand chef de plaine,
Patient travail arrive à en tirer des produits la plaine arabe n'a plus connu de soulèvements
réguliers, la plupart du temps insuffisants pour dignes d'être notés. Chez les Berbères, au con-
Nourrir la famille du cultivateur toute l'année, traire, on ne pouvait acheter les chefs, puisqu'il
mais qui n'en attachent pas moins celui-ci au n'y avait pas. de chefs. Aussi la montagne ber-
sol, en raison même du travail qu'ils exigent. bère continua-t-elle à lever à chaque occasion
Le Berbère
va complèter sa ration en allant favorable l'étendard de la révolte
travailler quelques mois à la ville ou dans la soulèvement qui suivit la guerre de 1870 fut
plaine, mais il revient toujours à
:
le grand
:
facile à résoudre, du moment qu'on ne se mé- notre attitude
prend plus sur la nature de ces mouvements. en Tunisie le mot du Manifeste
Communiste: Le prolétariat soutient la bour-
L'argument opportuniste ils luttent contre geoisie chaque« fois que celle-ci agit révolution-
le capitalisme occidental comme nous, cela nairement. Berthon avait tout à fait raison. La
suffit pour que nouj nous allions à eux, est un situation « Afrique est, malgré les
argument de politicien digne de ceux qui très analogue
réduisent Lénine à une réédition de Machiavel, il s'agit aujourd'hui
en
:
apparences,
à celle de l'Europe il y a un siècle
mais un argument qui sera toujours, heureu- 'gène, pour la bourgeoisie indi-
sement, sans aucune prise sur le prolétariat. Une bourgeoisie comme il s'agissait il y a un siècle pour la
occidentale, de se débarrasser des
classe ne mène pas sa guerre comme des souve- entraves qui sont mises à
rains rivaux conduisent les leurs en s'alliant pour la bourgeoisie occidentale son développement;
selon les besoins avec tel ou tel contre tel autre; provenaient des résidus de
.ces entraves
elle ne s'allie qu'avec ceux dont la lutte est dans sa propre féodalité;
la bourgeoisie africaine, ces entraves lui
la même direction de l' évolution que la sienne pour sont imposées par la bourgeoisie française.
propre; le prolétariat a conscience quel'œuvre Nous devons briser les entraves mises au déve-
qu'il a à réaliser est une œuvre immense où il loppement de la population africaine,
comme nos
ne s'agit pas d'obtenir, grâce à des combinai- pères ont brisé celle mises à leur propre dévelop-
sons momentanées, un avantage d'un jour, mais pement.
qu'il s'agit de changer les fondements mêmes C'est donc cette politique formulée par Marx.
de la société, ce qui ne.peut s'obtenir par des et pratiquée inlassablement, particulier
trues de diplomatie. Le prolétariat a toujours Blanqui, que nous devons appliquer en par
à l'égard
été prêt à aider des mouvements autres que le des mouvements nationaux bourgeois des colo-
sien propre, mais cela non à cause des avantages nies,
plus ou moins momentanés qu'il peut en retirer ;
il ne les aide que s'ils doivent conduire à 1 éta- en
en remarquant d'ailleurs que, au moins
ce qui concerne l'Algérie et la Tunisie, les
économiques de la bourgeoisie indigène
blissement de conditions propres à faciliter son assises sont très faibles, tandis que celles du prolétariat
propre développement, s'ils sont ce qu'on peut sont déjà très larges, si bien qu'il n'y aura pas
appeler d'une manière générale, bien que ces besoin de pousser beaucoup pour transformer
termes aient été passablement gal vaudés, des dans
mouvements progressifs, et non des mouvements geoiseces pays une Révolution nationale bour-
réactionnaires. en une Révolution prolétarienne.
Telle a été la règle qui a dicté la conduite du Le Rif et le njouven)et)t
prolétariat européen durant tout le XIXe siècle. i)atioi)al
Malgré que la bourgeoisie dut l'en remercier
presque toujours en le mitraillant, il a toujours
de l'Afrique du Nord.
aidé celle-ci, quand il s'agissait pour elle de se
:
JSTous arrivons maintenant à la seconde ques-
débarrasser des dernières entraves féodales. tion qu'il nous faut résoudre quelle place occupe
Par contre, il s'est toujours refusé à s'allier avec la guerre rifaine dans ce mouvement général
démancipation de l'Afrique du Nord, et en les idées qui s'élaborent chez les indigènes
conséquence quelle attitude devons-nous avoir colonisés par l'Occident.
a son égard ?
le reste dépend:?
Et d'abord une première question dont tout
République rifaine
faut-il dire Adb el Krim ou
Autrement dit, nous
trouvons-nous devant un grand seigneur, ana-
Nous nous trouvons donc en face d'un phé-
nomène sensiblement analogue à celui que nous
a offert la Russie. Au lieu que ce fût dans les
pays où le prolétariat était le plus ancienne-
ment développé, que la Révolution proléta-
logue à ces grands caïds de l'Atlas dont le Glaoui rienne éclate, elle a éclaté dans le pays le der-
est le type, et qui n'a pris le titre de président nier venu au capitalisme, là où le socialisme
de la Republique que pour donner le change
Ou au contraire, la République rifaine est-elle
? avait les racines les moins anciennes et, semble-
t-il, les moins profondes, mais parce que c'était
une réalité, Abd el Krim n'étant que le conduc- là aussi que le capitalisme offrait le moins
teur que les paysans rifains se sont momenta- de résistance. Le prolétariat russe n'en est
nément donnés pour coordonner les opérations pas moins le porteur de l'Idée prolétarienne
de guerre ? tout entière; la Révolution russe n'en a pas
moins été la conséquence du mouvement pro-
:
Ce que nous avons dit de la société berbère
nous donne la réponse. Tous ceux qui ont décrit
le Rif ont fait
une même comparaison le Rif
c'est une secondeKabylie, le Rifain est le Kabyle
du Maroc. Ce qui signifie que depuis des siècles,
létarien occidental dans son entier.
Pareillement, l'acharnement que mettent
les Rifains à combattre pour leur indépendance
est pour une large part la conséquence du
et même, sans doute, depuis des millénaires, mouvement général vers l'indépendance qui
le Rif est organisé selon le type de la vieille agite toute l'Afrique du Nord. Comme le mon-
société berbère, cette société ultra-républicaine trent de nombreuses déclarations d'Abd el Krim,
ou la djemaa, l'assemblée du peuple, est le ils sont les porteurs de cette Volonté de déve-
Pouvoir. Une société dit Renan, « partout loppement, d'occidentalisation, qui anime toutes
que,
oit la race berbère a échappé à la domination les populations de l'Afrique du Nord. Ils appar-
de l'étranger nous trouvons organisée en petites tiennent donc bien au mouvement général
republiques indépendantes groupées par fédé- d'Afrique du Nord. Ils y appartiennent aussi
rations de peu d'étendue ». Ces fédérations de par le fait que, forts de l'expérience de leurs
peu d'étendue ce sont les tribus, chacune de ces voisins, ils savent qu'ils ne pourront se civi-
douze tribus qui habitent le Rif. Le rôle d'Abd liser qu'à la condition de se tenir hors du joug
el Krim, le fait qu'il existe, signifie seulement des < civilisateurs ».
que pour la dure lutte qu'ils ont à mener pour Dès lors, une république rifaine indépendante
conserver leur indépendance, les paysans rifains sera un point d'appui de premier ordre pour
ont senti le besoin d'unir entre elles leurs tribus tout le mouvement de l'Afrique du Nord.
sous la forme d'une Confédération dont le per- Toutes proportions gardées elle sera pour les
sonnage d'Abd el Krim n'est que la représenta- populations du Maroc, de l'Algérie, de Tunisie
tion matérielle. et même peut-être pour celles d'Egypte et de
Nous sommes donc certainement en face d'une l'Inde, ce que la Russie des Soviets est pour le
République, d'une République berbère, et prolétariat européen. Si, depuis la guerre, les
non Etats capitalistes tremblent facilement devant
en face d'un féodal arabe. Dans la guerre actuelle,
qu'on le veuille ou non, le Rif représente, sous leurs prolétariats, s'ils leur accordent presque
une forme arriérée si l'on veut, mais certaine, la sans lutte un certain nombre de concessions,
Republique des Travailleurs, la République «où c'est avant tout à cause du point d'appui formi-
le peuple est tout et suffit à tout face d'une dable dont le prolétariat dispose du fait seul
République d'Oligarques où lev, en peuple n'est de l'existence de la République des Soviets.
rien. Telle est la première raison pour laquelle Le jour pareillementoù il y aura en Afrique
dans le conflit actuel nous devons être résolu- du Nord une République indigène se dévelop-
rent du côté de la République rifaine. pant normalement en dehors de toute ingérence
En second lieu, s'il est évident que le frotte- européenne, cet exemple fera plus que toute
ment avec la civilisation occidentale n'a pas propagande. Elle sera, par son existence seule,
été au Rif aussi prononcé qu'ailleurs, il est
non un moteur d'action; par là elle hâtera le jour
nioins certain qu'il a eu lieu. Les combats où les populations nord-africaines ayant re-
contre les Espagnols qui durent à peu près sans couvré la liberté de leur développement, seront
Interruption depuis dix ans sont un mode comme définitivement entraînées dans le torrent général
un autre de prise de contact avec la civilisation de la civilisation.
occidentale. D'autre part, les Rifains comme
I les Kabyles quittent régulièrement leurs mon-
tagnes au moment des grands travaux agricoles
:
Telle est la seconde raison pour laquelle
nous devons dire Vive la République Rifaine !
R. LouzoN.
Pour aller louer leurs bras dans la plaine;
depuis longtemps c'est Oranie française que
les Rifains vont ainsiens'embaucher la
boisson ou la vendange. C'est là un mode pour
de contact seulement, cette fois, avec la
non
civilisation de l'Occident, mais également avec
propagande
La tait
Un camarade nous racon- tion hâtive, maladroite, reste sans résultat réel. Et affirmer
ces jours derniers ses que les soldats mis en présence de la foule ne tireraientpas
antimilitariste propres impressions de ca- est s'aveugler volontairement et se payer de mots. Les
auprès des soldats. serne, vieilIes seulement de soldats sont recrutés tels qu'ils puissent tirer, sauf bien
quelques mois. Invité immé-
diatement à les rédiger, il l'a fait dans la lettre suivante: rares exceptions, au premier ordre; et ce n'est pas une
préparation hâtive de quelques jours à la veille d'événe-
La propagande antimilitariste, très active dans la ments graves qui pourrait modifier leurs dispositions.
région parisienne en novembre-décembre 1924, s'est Au contraire une préparation lente, continue, graduée
sensiblement atténuée depuis. Il se peut que les événements est nécessaire et nécessaire aussi la propagande dans les
actuels amènent une recrudescence de cette propagande, régions paysannes où ces hommes sont recrutés.
aussi voudrais-je noter l'erreur grave qui a risqué et Ces tracts à Téloquence pathétique sont, heureusement,
:
négligeables 1° jeunes gens qui, par une protection du de l'armée.
ciel ont trouvé à Paris ou à proximité un emploi de tout
:
songé qu'au moment où
groupes importants, les autres cas étant en comparaison les événements obligeaient àfaire appel à la sympathie
:
repos, et decttrx-là inutile deparlerpluslongtemps; 20 défendables
paysans recrutés fort judicieusement dans les régions à
politiquement les plus arriérés de la France Bretagne,
et justifiées, paraissent prématurées même
Ouest.Pour chaque recrutement laproportion des cul- immédiatement (toujours en novembre-décembre) séduit
:
ceux qui seraient appelés à en bénéficier, une avait
tivateurs dépasse 80/100 (tout petits exploitants et ma- les hommes qui en avaient eu connaissance les voyages
nœuvres), celle des illettrés complets approche 1/10. gratuits pour les permissionnaires; les paysans pauvres
Quelle influence peuvent avoir sur eux les tracts distri- habitant à cinq ou six cents kilomètres devaient être
bués? La plupart des idées, la totalité souvent, ainsi enchantés d'une telle proposition. Or ceux qui la faisaient
ont-ils, dans la mesure de leurs moyens, essayé de la faire
brutalement exposées, leur échappent.
?
mule:
Que signifie pour eux, par exemple, l'étincelante for-
« A bas les officiers fascistes! » ? Savent-ils, dans
?
aboutir Un élu du parti a-t-il fait une proposition
effective en vue de réaliser cette amélioration, capable de
l'ensemble, ce qu'est un fasciste Pas plus que Treint. faire naître une certaine sympathie pour ceux qui l'au-
?
Si extraordinaire que cela puisse paraître, ont-ils même raient obtenue Je ne crois pas. En tout cas, la campagne
déjà lu, ou en tout cas compris ce mot ? J'en doute. n'a pas été efficacement poursuivie en ce sens.De même
Outre que, le comprendraient-ils, rien, dans la conduite pour les revendications analogues.
extérieure de la majorité de leurs officiers, ne leur paraî- En résumé, la propagande antimilitariste, dans la
traitjustifier ce terme. Leurs officiers, certes, sont en géné- région parisienne, souffre des erreurs suivantes
ral de bons réactionnaires, prêts, sans doute, l'ordre venu 1° ignorance du public visé, méconnaissance de son
:
et sans scrupule excessif, à faire tirer sur la foule, mais origine et de sa mentalité; 2° caractère accessoire donné
cela, aussi bien si l'ordre venait d'un Painlevé que d'un aux revendications matérielles précises et immédiatement
Mussolini. Et si bon nombre sont disposés à accueillir réalisables, qui devraient au contraire passer au premier
avec plaisir un imitateur de ce dernier, est-il bien sûr plan et aideraient sérieusement à gagner un public
? à
que, convenablement payés, ils refuseraient leurs services essentiellementdifficile toucher; 3° caractère intermittent
à un gouvernement communiste Là encore, abus d'un et par brusques à-coups de celte propagande, faite seule-
mot trop prodigué, coup de poing dans le vide, éloquence ment dans les périodes où l'on croit possibles et imminents.
vaine. des mouvements de masses; 4° ton trop déclamatoire,
De même, la plupart des développements politiques simpliste, et inutilement brutal des tracts qui devraient
sont absolument sans effet, parce que lus par des éléments au contraire amener progressivement des hommes igno.
dont Véducation politique n'est pas même ébauchée. rants de toute question politique et sociale à la neutralité,
?
La raison C'est que, semble-t-il, ces campagnes de d'abord, puis à la neutralité bienveillante, enfin. Mais
propagande ne sont amorcées qu'enprévision de mouve- il faut bien se convaincre que cela demanderait un effort
ments risquant, dans des limites de temps rapprochées, long, continu et acharné à une sympathie réelle et
de mettre en présence population et troupe. Cette prépara- agissante.
Une abonnée, qui signe Une D'un instituteur du Rhône à
Idéologie, Vieille », nous écrit : « Syndicats propos de la lettre d' # un
et Parti. communiste de province »
Charabia et Devant l'abrutissement systéma- :
ou des traîtres ?
les meneurs actuels sont-ils des déments
Certes, de tout temps il y a eu des mauvais bergers, qui
Pourtant un malaise subsiste : l'ancienne V. O. était
une revue syndicaliste, et votre titre actuel est revue
syndicaliste-communiste. Je sais bien que le motcommu-
niste ne peut effrayer un syndicaliste, mais ce mot a pris
conduisirent leurs troupes à la défaite, pensant la mener
a la victoire, mais le plus souvent ces hommes se trom- un sens étroit et il évoque malgré tout une alliance entre
syndicat et Parti communiste. Votre correspondant vous
pèrent sincèrement, et malgré leurs erreurs furent salués
comme d'honnêtes hommes par ceux même qui les combat- pose
Je n'ai pas l'intention d'énumérer ici les détails L'architecture a besoin de place pour se mani-
de l'Exposition des Arts Décoratifs. De nombreu- fester et pour donner sa mesure. La variété dans
ses publications les ont décrits
Je voudrais simplement
et commentés.
tenter de dégager les
les conceptions ne peut suppléer aux belles har-
monies, elles ont leur charme mais il est évident
tendances générales de cette nouvelle manifesta- que le fait de rapprocher un ensemble d'archi-
tion d'art moderne. tectures aux formes disparates fait perdre à cha-
Disons de suite que cette Exposition des « Arts cune d'elles un peu de sa valeur. Des formes di-
Décoratifs » constitue vraiment une belle expres- verses, orientale, belge, italienne, française et
sion de vie nouvelle, absolument intéressante. On russe forment un chaos de lignes et de couleurs
paraît enfin avoir compris que tout art décoratif s'harmonisant difficilement, alors que placées
doit être le langage éloquent de la vérité, c'est- dans leur cadre, elles acquièrent une valeur
à-dire celui de la vie d'une société, telle qu'elle qu'elles n'ont pas ici.
s'exerce avec ses besoins renouvelés et ses ten- Cependant, par ce qui existe, on peut malgré
dances progressives. tout se rendre compte de l'importance de cer-
Le machinisme, dans son sens général et dans taines conceptions inconnues jusqu'à ce jour tant
tout ce qu'il comporte d'activité, c'est-à-dire le.;; au point de vue des lignes générales que de la
-
lui qui dicte à Ruth Fischer la conduite du Parti
se décidait à proclamer la nécessité de défen-
dre la République, même bourgeoise, contre la
Il était temps, n'est-ce pas, de changer de tac-
tique ? Fischer explique ensuite que le C. C. est
revenu à la « lettre ouverte » (dont l'initiative
:
monarchie. est de 1921 et revient à Radek) et s'est montré
Cette formule, dépourvue d'ailleurs de fran- prêt à soutenir le gouvernement « pseudo-répu-
chise, ne pouvait avoir qu'une signification ne blicain
faire préférer », en Prusse et en Allemagne, par l'absten-
pas le jeu de la pire réaction, le tion des communistes au Landtag et au Reichstag,
républicain bourgeois au féal des Hohenzollern. assurant ainsi la majorité républicains : tac-
Première revanche pour Radek, Brandler, etc., tique de front unique aux haut »»
accusés il y a un an du crime d'avoir fait une lence, de «front unique «par en par excel-
chefs Mais le
distinction entre le fascisme et la République de Parti ne comprenait plusentre
novembre ! rien à tout cela, Fis-
cher est obligé de l'avouer : « Cette volte-face
Il était trop tard. L'élection d'Hindenburg eut dans notre tactique ne fut pas suffisamment (!)
lieu, et notre Parti, qui avait détourné de lui, en comprise dans les rangs du Parti (1). » Il y avait
moins d'un an, deux millionsd'ouvriers, avait de quoi.
donné à la classe ouvrière une nouvelle raison C'est une vraie banqueroute de la politique de
de tenir en suspicion le Parti communiste. l'Exécutif en Allemagne, et une banqueroute frau-
Mais tandis que les sots et les aventuriers du duleuse. « Tous les moyens sont bons », mais ils
« léninisme de 1924 » se congratulaient, de conduisent à la défaite.
France en Allemagne, et vice versa (les corres- Un autre numéro de la Pravda donne des préci-
pondancesde Berlin de VHumanité, à cet égard, sions complémentaires sur cette lamentable paro-
sont significatives) l'Exécutif décidait de répudier die de session de la Centrale. L'envoyé de l'Exé-
la tactique imbécile qui rassemblait huit millions cutif défendit le C. C. allemand, affirmant que
de prolétaires allemands. autour du parti social- « la lutte contre ce dernier est une lutte contre
démocrate, et de revenir à la politique de Brand- l'Internationale ». Pas moins. Alors, à quoi bon
ler et de Radek. ce simulacre de délibération si toute critique est
110.971
432.176
135.078
349.489
143.420
dans ses argument* de fortes tendances luxembour-
gistes. »
Donc, c'est tantôt la droite, tantôt la gauche
HAMBOURG
Soc.
:
Communistes.
démocrates.
183.881
173.587
163.617
203.431
136.896
214.257
qui est « luxembourgiste ». Fischer n'a pas le Communistes 114.365 90.250 67.577
répertoire varié. Par contre, quelle impudeur. RHIN-WESTPHALIE
Rosa Luxembourg insultée par Fischei. Holà
N'insulte pas qui veut.
! (4 cire.) :
Soc. démocrates. 578.140 816.596 824.749
« Les critiques demandent où sont les limites de
la nouvelle politique du front unique; il ne peut
être de théorie pour la tactique et la manœuvre.
Totaux :
Communistes 765.492 531.176
L'unique garantie contre l'opportunisme est notre Communistes 1.535.250 1.217.219 931.133
passé (!!!) et le fait que le Parti russe éprouvé Les résultats de la hpnteuse « bolchevisation »
est d'accord avec cette politique. » sont éloquents. Dans les forteresses prolétariennes,
les communistes perdent 604,117 voix et les socia-
passé !
Il faut se fier à Ruth Fischer, en raison de son
Or, on se demande précisément ce qui est
le plus inquiétant, de son passé, de son présent ou
listes en gagnent 686.596. 'Les pertes communistes
sont particulièrement fortes à Hambourg, capitale
de sonavenir. de la « gauche », domaine de Thaéhman.
Les mensonges de VHumanité n'y changeront
« L'opposition diten concluant Ruth Fischer rien, hél'aL.
bavarde qu'elle conquerra les masses et s'empa-
rera de la direction du Parti au prochain Congrès.
Toute cette opposition ultra-gauche n'est qu'une CHOSEtS DE FRANCE
maladie infantile, néfaste ait Parti. » (1)
Après cela intervinrent Rosenjberg et Scholem, LES ÉLECTIONS MUNICIPALES
ces étoiles, qui défendirent la « vieille ligne ». Le Il ne faut pas accorder aux élections municipales
vote donna 35 voix à la majorité soutenue par plus d'importance qu'elles n'en méritent; donc, ne
l'Exécutif et toute une série de représentants à pas imiter les faux « léninistes » de 1924 qui ont
tout faire des autres partis, et 15 voix à l'oppo- battu outrageusement la grosse caisse et prétendu
sition.
Celle-ci n'a pas à seplaindre de ce premier ré-
sultat. Ceux qui ont lu, dans la Révolution prolé-
létarienne (n° 5) le récit de Geschke sur les métho-
des du Parti, seront émerveillés de voir une oppo-
;
tout avaler à cette occasion, comme d'incurables
social-démocrates qu'ils sont. Mais on doit les ap-
précier à leur valeur de symptôme donc, une fois
de plus, ne pas suivre l'exemple des faux « léni-
nistes »,devenus soudain muets comme des carpes
quand il s'estagide tirer la leçon de l'événement.
sition grouper 15 voix. Il est vrai que cette lutte
se livre entre bureaucrates, le Parti n'ayant pas
la parole. Quand la prondra-t-il ? à :
Le camarade italien Seoccimaro nous disait en
janvier, Moscou Le parti français fait de grands
De toutes ces citationsde la Pravda, VHumanité
sort une fois de plus couverte de honte. Elle a
menti lors des élections présidentielles. Elle a menti
sur l'intervention de Zinoviev. Elle a menti à pro-
dîmes tranquillement :
progrès et la preuve en sera la grande victoire qu'il
remportera aux élections de mai. Nous lui répon-
Le parti français est en
pleine régression et, en fait de victoire, il rempor-
pos de la session de la Centrale. Elle a menti cons-
tamment. dit:
tera, hélas, une sérieuse râclée. Seoccimaro répon-
Dans ce cas, tout ce que les représentants
français nous racontent ne serait que bluff et men-
Mais il faut mettre en pleine lumière un de ses
songe, et l'Exécmtif aurait à en tirer les consé-
mensonges de prédilection, cent fois répété. A l'en quences.
croire, la social-démocratie sedésagrège, se décom- Maintenant, Seoccimaro est fixé. La grande vic-
pose, ne compte plus, et si elle atteint 8 millions toire annoncée n'a été qu'une grande défaite. En
de voix, c'est qu'elle gagne « des voix petites-bour- fait de « ceinture rouge », évoquée par les déma-
geoises » (sic). Comme les communistes, de leur gogues, ceux-ci ont dû se mettre eux-mêmes une
?
côté, ont perdu deux millions de voix, on se de-
mande où est passé le prolétariat allemand C'est
peut-être lui qui a voté en majorité pour Hinden-
ceinture rose pâle.
En règle générale, les communistes ne peuvent
burg? De même, la décadencedel'Humanité s'ex-
obtenir aux élections municipales d'aussi favora-
bles résultats qu'auxélections législatives, vu l'in-
bourgeois, nous gagnons des ouvriers
ne s'agit que de mentir).
!
pliqueaisément : nous perdons des lecteurs petits-
(Puisquil
tervention des considérations locales et de pres-
sants intérêts particuliers. Un léger recul était
donc à prévoir, dans cette période qui n'avait rien
santes : ;
Or, les chiffres confondent une fois de plus les
moniteurs. Prenons les statistiques des neuf circons-
criptions les plus prolétariennes elles sont saisis-
« d'ascendant ». Seuls, les dirigeants du Parti ne
l'ont pas prévu, et ont même prévu le contraire.
Preuve de plus de leur nullité. Nous avons affaire
à de véritables analphabètes politiques.
Si encore ils n'étaient qu'analphabètes ? Ils sont
depuis longtemps jugés comme brouillons excités
(1) Pravda du 14 mai. et perroquets irresponsables. Cette fois, ils se sont
montrés de plus politiciens avides, arrivistes pres- Le P. S. F. est l'oî-(
l'organisation électorale d'une par-
ses. Quelle ruée aux candidatures ! 'Le Parti s'était tie importante des masses ouvrières passives et
donné comme règle de ne pas faire de ses fonc demi-passives. Si chez les communistes la propor-
tionnaires des candidats. La décision du Parti, tion entre les organisés et les électeurs était, sup-
Pnse en Congrès et confirmée par l'Internationale, posons de 1 à 10 ou à 20, cette proportionserait
a été scandaleusement violée. Cette fois,on ne s'est pour les socialistes de 1 à 50 ou 100. Notre objec-
même pas donné la peine de faire un simulacre de tif dans une campagne électorale corniste pour une
consultation du Parti. Le bon plaisir des bureau- bonne part à détacher de la masse ouvrière passive
crates fait loi. Le Parti sait désormais que ses dé- une portion importante d'ouvriers qui s'éveillent
cisions ne comptent pas. pendant les élections. Et pour l'atteindre, il ne faut
Un léger recul était à prévoir, à condition
toutefois de travailler sérieusement. L'embourgeoi
sement croissant des socialistes donnait à notre
Parti desconditions de propagande très favorables.
pas sous-estimer l'adversaire. »
Ici encore, inutile d'ergoter : c'est Trotsky
qui a vu clair, alors que l'Exécutif ne compre-
nait rien à notre situation et à nos partis ou-
Mais les méthodes ineptes des bureaucrates imposés vriers. Mais on ne tint aucun compte de sa lettre.
au Parti sans que celui-ci ait étéconsulté, permet Il n'empêche qu'elle reste comme un témoignage
taientde prévoir un grand recul, et il s'est d'intelligence politique et que le Message necompte
Produit. que comme illustration de l'incompétence, de la
Le Parti a perdude 200,000 à 300,000 voix, peut
être davantage, c'est-à-dire au moins 30 pour cent
légèreté des pseudo-léninistes qui conduisent notre
des suffrages obtenus l'année précédente. Ses bu-
Internationale de défaite en défaite.
La classe ouvrière est de -plus en plus déçue
reaucrates n'osent pas donner de chiffres d'ensem- du Parti voilà ce qui ressort nettement du
ble. Ils ont une aversion pour l'addition. Cela se résultat des élections. Il est impossible qu'il ne
comprend : l'arithmétique est une science exacte, se trouve pas quelques poignées d'ouvriers révo-
et tout ce qui est exact leur est antipathique. lutionnaires sérieux, dans les principaux Partis
L'exactitude est une déviation « trotskiste ». Pas communiste pour prendre conscience des réalités
de danger qu'ils y tomlbcnt. etdu danger que court le communisme livré à
Les pseudo-léninistes se sont livrés pendant des des coteries.
mois à une campagne hystérique tendant à iden-
tifier le parti socialiste au « fascisme ». Le fas- LA GUERRE AU MAROC
ciste Blum, le fasciste Renaudel, île fasciste Bon-
cour, voilàcequ'on lisait quotidiennement dans Tout ce qu'il y a de sain et de viril dans le
leurs barbouillages écœurants. Or, en vue du second prolétariat doit s'associer au Parti communiste
tour de scrutin, ils ont découvertqu'a/m de barrer en lutte contre la guerre au Maroc. L'ardeur de
la route au fascisme, on doit voter pour les socia- celui-ci dans son agitation prouve que les bureau-
listes, lesquels sont eux-mêmes des « fascistes ». crates installés sur son dos n'ont pu en extirper
On se demande, après cela, comment on pourrait tout faculté combattive. C'est un signe réconfor-
dépasser cette cime d'incohérence. tant, parmi tant de symptômes lamentables.
Les socialistes pardon, les fascistes sont Mais il eut été étonnant que les « léninistes»
maîtres de toutes les grandes villesde France, sanf de 1924 ne sabotent l'action anticoloniale en y
Paris au régime électoral spécial. La Pravda a fait introduisant de ces trouvailles dont ils ont le
:
grand cas de la victoire communiste de Douarne-
nez aux dieux ne plaise que nousdénigrions l'im-
portance de Douarnenezpour la révolution dans
secret. Cela n'a pas manqué. Les adeptes de la
« volaille à plumer », de « l'impérialisme rouge »,
du « tribunal révolutionnaire », de la « terre :ï
les deux hémisphères. Mais au risque de subir une coups de fusil », du « fascisme est là », de la
fois de plus l'accusation de « trotskisme », nous « période prérévolutionnaire », de la « terreur
affirmons que Lyon, Marseille, Bordeaux, Stras-
bourg, Limoges, Lille, Roubaix, Tourcoing, Tou-
»
blanche en France », du « léninisme et de la
« bolchevisation » nous ont fabriqué l'abdelkri-
louse, Grenoble, Rennes, Tours, Le Creusot, misme.
ont plus d'importance encore. Et nous tenons à la Le besoin s'en faisait vivement sentir. Il y avait
disposition du Comité Exécutif de l'Internationale
et du Bureau politique russe un Petit Larousse
longtemps que ces «théoriciens » (sic)de génie
n'avaient rien inventé. Une fois de plus, ils ont
illustré qui leur permettra de connaître la diffé- mis dans le mille. Il est vrai qu'ils se préparent
rence entre Marseille et Douarnenez. Il est vrai ainsi des thèmes pour, dans trois mois, « reconnaî-
que M. Pierre Larousse est peut-être, lui aussi, un »
tre leurs fautes (sic).
»
« trotskiste ? Par les temps qui courent, il faut
s'attendre à tout.
Cet abdelkrimisme, qu'ils croient être une
variété du « léninisme », est en réalité une sorte
En janvier 1924, le Congrès communistede Lyon
reçut un Message de l'Exécutifdisant notamment
d'abdelcrétinisme et présente un danger qu'on
ne peut s'abstenir de dénoneer, quelque intérêt
que le Parti socialiste n'est qu'un mort pour lequel qu'il y aurait à ne pas faire de réserves sur l'ac-
ne votent plus que de rares ouvriers. Inutile d'er- tion communiste engagée. Il y va d'intérêts révo-
goter : l'Exécutif s'est trompé on ne peut plus lutionnaires trop importants pour qu'on puisse
lourdement. Il s'est trompé malgré les avertisse- paraître s'associer, fût-ce par le silence, à une
ments répétés de l'auteurde ces lignes, que nous politique insensée. Heureusement, nous ne con-
citerons à l'occasion. Mais ilest intéressant de noter fondons pas le Parti dont nous sommes soli-
ici l'opinion formulée par. Léon Trotsky quand daires avec ses dirigeants déplorables.
le projet de message lui fut soumis. Dans une Les communistes ne peuvent avoir une tactique
lettre à Kussinen,pour l'Exécutif, le 7 janvier passe-partout valable èn toutes circonstances
1924, Trotsky écrivait entre -autres : pour toute colonie ou nation semi-coloniale. Seuls,
« 3. Il est parlé trop à la légère du parti socia- des « léninistes de 1924 » peuvent croire cela.
liste français comme d'un mort pour lequel ne Mais Lénine les eût cinglés d'importance. Rien
votent que de « rares ouvriers ». C'est un-e illusion. n'exige tant l'esprit dialectique du marxisme que
l'application de notre politique anti-impérialiste lières, c'est-à-dire de leur mission de combattre le
et notre solidarité envers les peuples opprimés. mouvement bourgeois et démocratique ».
Les dirigeants communistes français se sont Etc., etc. On voit que cette politique n'a pas
comportés à l'égard d'Abd el Krim comme nos grand'chosede commun avec celle des néo-léninistes
camarades russes vis-à-vis de Sun Yat Sen, c'est- de 1924,qui égarent le Parti et la C. G. T. U.
à-dire en le considérant comme le représentant
d'un mouvement révolutionnaire national prolé-
A propos des « couleurs communistes
parle Lénine, il n'est pas mauvais de
> dont
relever l'af-
tarien, et en le traitant en allié quasi-communiste. firmation de l'Humanité (édition du Midi, nous
Cette parodie servile est une lourde faute. Les ignorons si celle de Paris a commis la même
communistes russes se sont associés, et dans twe bourde) selon laquellele drapeau rouge flotte sur
certaine mesure seulement, à Sun Yat Sen, et ils le Rif. Il est exact que le rouge est lacouleur du
ont eu raison,car ils ont fait ainsi alliance avec un drapeau marocain, mais ce rouge-là, n'en déplaise
parti vraiment populaire, ralliant l'avant-garde des aux néo-léninistesde 1924, n'est pascelui du dra-
prolétaires et des paysans pauvres et la fois contre peau prolétarien; il flotte aussi sur Fez et Tanger,
l'impérialisme étranger et contre les cliques mili-
taires et féodales chinoises. Ce n'est pas une rai-
son pour que les communistes français s'associent
sur Rabat et Casablanca. Il existe même un autre
drapeau rouge flottant sur un point du monde
a
c'est à Zanzibar, où il n'y pasd'étatprolétarien,
:
sans mesure à Abd el Krim, représentant des caté- mais un « protecteur » anglais. Faut-il s'attendre à
gories sociales très différentes, poursuivant des ob- voir l'Humanitécélébrer, un deces jours, la « bol-
jectifs très différents. chcvisation » zanzibarite ?
Les députéscommunistes ont invoqué l'exemple
de Mustapha Kemal. Ils se sont une fois de plus
« Le Maroc aux Marocains », oui, mais pas à
Abd el Krim avec l'aide des communistes français.
lourdement trompés. Kemail pacha s'est trouvé in- Il sembleraitquecertains néo-léninistes aient com-
carner un mouvementd'indépendance vraiment na- mencé à lecomprendre, à en juger par l'indi-
tional, non l'action de tribusguerrières d'une pro- gnation manifestée contre les paroles de M. Pain-
vince. Et pourtant l'Internationale communiste, loin levé accusant lescommunistes de connivence avec
de s'allier à lui, l'a combattu de toutes ses forces, Abd el Krim. Cette indignation est trop légitime,
a soutenu et soutient contre lui le parti commu- mais elle signifie que les communistes n'identifient
:
nisme turc qu'il décime. L'Etat soviétique a pu con-
clureavec lui un accord diplomatique, comme avec
l'Allemagne capitaliste à Rapallo mais l'Interna-
tionale ne le connaît que pour le combattre. Et,
puisque les dirigeants communistes ne le savent pas,
pas leur cause à celle du chef rifain ? Sans quoi.
quel mal y aurait-il à soutenir celui-ci ? Il est
vraiment temps de clarifier cette incohérente poli-
tique aboutissant, dans le meilleur des cas, à d'in-
solubles contradictions.
il est grand temps de le leur apprendre (1).
Leur politique est absolument contraire à celle AUX CALENDES GRECQUES
de l'Internationale communiste, à laquelle ils sont
demeurés étrangers. Les éloges que Zinoviev en a Deux jours avant une certaine Conférence (?)
faits prouvent simplement encore une fois que nationale du Parti, annoncée pour le 28 juin,
YHumanitéinformait du renvoi de cette conférence
celui-ci, livré à lui-même, privé des instructions
de Lénine,est incapable des'orienter, et qu'il parle en.septembre.
à la légère, quitte à se rétracter trois mois plus Tout simplement.
»
tard, à « reconnaître ses fautes (sic). L'information ne dit pas s'il s'agit de septembre
1925 ou de septembre 1935. De sorte qu'on reste
Lénine, dans ses thèses votées par le 2e Congrès perplexe. Avec les « léninistes »de 1924, tout est
de l'Internationale, rappelait « la nécessité de com- possible.
battre l'influence réactionnaire du clergé, des mis- Peu de temps auparavant, les membres du Parti
sions chrétiennes, etc. » c'est-à-dire des religieux avaient eu la bonne surprise de lire une « résolu-
musulmans. Il recommandait nettement « de com- tion du Comité central » inattendue. Ces trois
battre le panislamisme, le panasiatisme et autres
mouvements similaires qui tâchent d'utiliser la lutte
émancipatrice contre l'impérialisme européen et
américain pour rendre plus fort le pouvoir des
:
pages indigestes peuvent être résumées exactement
ainsi Nous sommes des incapables et des brutes;
mais on garde les mêmes et l'on recommence.
C'est gentil aux saboteurs du communisme
impérialistes turcs et japonais, de la noblesse, des d'avoir de temps à autre un petit accès de fran-
grands propriétaires fonciers, du clergé, etc. » Il chise. Il y a progrès. L'opposition se voit donner
soulignait à plusieurs reprises la nécessité de com- raison sur toute la ligne (c'estle cas de le dire),
battreles propriétaires fonciers, les chefs militaires
et religieux, « les survivances ou les manifestations ou presque. Seulement elle a eu tortd'avoir raison,
voilà tout.
de l'esprit féodal ». Mais qui aconvoqué pour le 28 juin une Confe-
Il préconisait « de combattre énergiquement les
tentatives faites par des mouvements émancipateurs rence ? Qui l'a renvoyée en septembre ? Pour
quelles raisons l'a-t-on convoquée 1 Pour quels mo-
qui ne sont en réalité ni communistes, ni révolu- tifs l'a-t-on renvoyée ?
tionnaires, pour arborer les couleurs commu- Et l'opinion dit Parti, dans tout cela ?
nistes ». Il formulait enfin nettement : Le Parti, on ne lui demande pas son avis. Il n'a
« L'I. C. ne doit soutenir les mouvements révo- qu'à être content d'avoir une coterie qui pense (!)
lutionnaires dans les colonies et les pays arriérés
qu'à la condition que les éléments communistes et qui s'agite en son nom.
soient groupés et instruits de leurs tâches particu- Défense de poser des questions indiscrètes. On
commande une conférence parce que cela nous
plaît. On y introduira qui nous convient. On y
votera ce qui nous sied. On la décommande parce
(1). Ce
:
n'est pas, hélas, la seule chose qu'ils igno-
rent. On a pu lire, l'an dernier, dans l'Humanité,
cette énormité « Sun Yat Sen menace de bombar-
der Canton. » Sans commentaires.
que nous avons changé d'avis.
C'est ce qui s'appelle la « démocratie ouvrière ».
UN COMMUNISTE.
MAYENCE 1924
0-$--«
que la propagande a pénétré dans les troupes d'oc- révoltés d'entre eux étaient bien loin de frater-
et les plus
niser avec ceux qu'ils jugeaient responsables de
cupation, des militants et non des moindres
n'ont pas craint de dire et d'écrire que nous avions leurs ennuis.
déjà conquis l'armée, que «celle-ci ne marcherait Nous n'avons pas suffisamment tenu compte
pas en cas de Révolution allemande ». de cet état d'esprit populaire. Emportés par l'en-
On croira
;
même les camarades responsables thousiasme de notre adhésion à la Révolution
que les casernes sont inondées de tracts et russe, nous avons cru liquidé tout le « jusqu'au
cantines, sur la nécessité de soutenir des grévistes avant des masses»
allemands.
Nous avons parlé des défauts d'un vieux peuple. encore ?
;
que des discussions fébriles s'engagent, dans les boutisme »; nous étions bien au delà « d'un pas on
et nos propagandistes à l'ar-
mée, nos camarades mobilisés étaient sont-ils
toujours surpris, souvent désarmés,
Ajoutons l'inexpérience et les insuffisances d'une par l'incroyable ignorance de leurs auditeurs et
organisation jeune. Dans des circonstances aussi compagnons.
graves, il fallait se garder de tout optimisme clai- Depuis six ans nous aurions dû mener une eam-
pagne systématique (1) contre la politique de de jeunes camarades que tous les discours subis
guerre et le traité de Versailles qui la prolonge. avant leur mobilisation.
Elle n'a commencé qu'en 1923 et peut-on dire La cellule communiste doit se lier à l'appareil;
»
qu'elle se poursuit aujourd'hui ? Cependant, si elle doit aussi « rayonner dans le régiment, tout
nous avions sérieusement touché aux points sen- en conservant son homogénéité propre et son
sibles l'impérialisme français, notre lutte actuelle caractère clandestin. (Le fait de tenir au courant
contre la guerre du Maroc en serait plus profonde de toute l'action entreprise de vagues sympathi-
et plus efficace. Et en 1923, la propagation du sants a coûté cher à quelques propagandistes mili-
mot d'ordre de la fraternisation en aurait été taires ou civils.)
grandement facilitée. Il n'est pas interdit de se réunir après la
Quoi qu'il en soit, quelles que soient nos réser- soupe (dans une chambre de sous-officier par
ves, nos critiques, on peut sans aucune exagé- exemple), pour faire de la musique. Il n'est pas
ration »
affirmer que le « travail dans l'ar- interdit d'évoquer
mée rhénane a donné des résultats appréciables, jour, et
de lire à haute voix les nouvelles du
des souvenirs de la vie pari-
qu'il est, depuis la révolution bolchevique, la pre- sienne sentimentale ou sociale !
Ma foi, on n'est pas toujours maître des con-
mière entreprise sérieusement organisée de désa-
grégation d'une armée bourgeoise. versations qui s'engagent, et ce n'est pas notre
Les bases mêmes de l'agitation étaient solides. faute si le communisme apporte seul des répon-
ternisation avec les ouvriers allemands, mais discussion »
Il s'agissait non seulement d'exhorter à la fra- ses précises aux questions posées aux cours d'une
« omnibus
Nous connaissons
sur l'actualité politique.
régiment où un véritable
encore de défendre les revendications matérielles «cercle d'études un
et morales des soldats et de lutter contre la pro- » fut constitué, grâce à quelques
militants adroits et énergiques. Trois d'entre eux
pagande réactionnaire à l'armée. ont payé cela de huit mois d'emprisonnement,
Revendications prenantes, earr les troupes d'oc- et la répression a dispersé les autres. Mais le bon
cupation subissent un régime d'exception, carac- grain n'a pas été perdu.
térisé par une aggravation du service (jusqu'à Travaillée par les communistesallemands, la
dix heures de garde par jour, dans les débuts de population ouvrière de la Ruhr manifesta aux
l'affaire de la Ruhr) par la suspension fréquente soldats
des permissions, par la sévérité de la censure une sympathie, vite partagée.
s'exerçant sur leurs loisirs, leurs propos, leur kirchen, Dans les centres prolétariens, à Essen, à Gelsen-
à Kray des cas de refus d'obéissance
correspondance. furent signalés, chaque fois
Lutte indispensable, car l'idéologie réaction- eurent à disperser des groupesque nos troupes
prolétaires. Des
naire, nationaliste et cléricale s'offre sous toutes soldats français et belges furent condamnés pour
ses formes, dans les lieux fréquentés par les sol- s'être joints à des manifestations et avoir chanté
dats. (Que de choses il faudrait dire, par exem-
ple, sur l'œuvre des « Foyers du Soldat », et le de « l'Internationale ». Dans le Palatinat, au cours
l'aventure séparatiste (qu'il faudra étudier
véritable but que se sont proposé ses fondateurs !) un jour, car elle est grosse d'enseignements), des
Quant aux résultats pratiques de cette agita- détachements refusèrent de faire la besogne des
tion,
t c'est avec une certaine discrétion que nous nationalistes rhénans.
devons les étudier. D'ailleurs, il est difficile de Nous manquons sans doute de renseignements
préciser la valeur de certains facteurs moraux suffisants sur ces faits, et il n'est guère facile
essentiels. d'en recueillir. Celui qui écrira un jour l'histoire
Le but principal était l'organisation de cellules révolutionnaire du prolétariat français devra
communistes dans l'armée. « Une cellule dans Far- fouiller dans les archives des conseils de guerre
mée,a-t-on dit avec raison, vaut davantage que où il trouvera les traces d'actions courageuses
10,000 tracts non seulement distribués, mais même « demeurées sans gloire, au milieu des ténèbres ».
arrivés aux mains des soldats. » Le moral de l'armée était atteint. Si dans l'en-
Par la cellule les communistes résistent aux ten- semble elle n'était pas gagnée, du moins avait-on
l
lecteur de 'Œuvre était suspect! Wiesbaden;
consul rhénan ? En octobre 1924, cinq mois après la
victoire du Cartel des Gauches, la vente du Quotidien
était interdite dans les casernes de un
gande antimilitariste.analogue à celle qui eut lieu en
1921, ait moment du rappel de la classe 1919.
Il y a lieu d'expliquer
supérieures qui imposent le aux
hommes les raisons
maintien de la classe et
9
d'exercer une surveillance active, mais discrète (1) En décembre 1923, 120 camarades civils et 15
sur les militaires, spécialement sur ceux signalés soldats furent arrêtés.
comme susceptibles d'être des propagandistes.
Tout incident sera signalé au général comman-
L'affaire de Mayence commençait.feg
dant la 47° division (2e bureau) et doit donner lieu
à enquête menée d'accord avec le commissaire spécial III. La préparation policière.
'i
du territoire de la 47e D. I. Le résultat de l'enquête
sera transmis sans délai, sous forme de compte La suppression des journaux communistes, la |||
fR.;
murale ;
ment interdits des patrouilles de « lacération aux vieilles barbes de la Ligue des Droits de
eurent mission de détruire toute la propagande l'Homme.
dans tous les territoires occupés, les Les premiers arrêtés furent naturellement des
arrestations de jeunes communistes allemands se Allemands.
multiplièrent. Ils devaient parler. Pour mieux leur
faire comprendre ce devoir impérieux, on n'hésita
Aux heures décisives pour la Révolution alle- à utiliser les moyens de. pression policière
mande, une brigade de la Sûreté générale s'ins- pas déjà employés à l'égard des saboteurs nationa-
talla en Rhénanie. listes. Précisons bien (les vieilles barbes en ques-
Aulendemain de l'échec, lorsqu'un ultime tion ayant souvent l'oreille dure et l'intelligence
mouvement dans la Rhur et dans le Palatinat était assoupie). Il s'agit de moyens de torture perfec-
prévu, à la suite de la fameuse tournée d'inspec- tionnés. Le
tion de M. Maginot, le « grand complot
décidé.
»fut bon, évidemment.passage à tabac, la matraque, c'est
Mais cela laisse des traces, et
cela n'est pas toujours efficace.
(1) Citons à ce sujet, ce naïf aveu d'un capitaine
du 8e R. I., parlant à ses hommes, en septembre 1923, (1) Il faut suivre à ce sujet la campagne que le
!
à Rellinghausen : « Attention à ce que vous écrivez
à vos familles. Toutes vos lettres sont lues »
Dédié aux ligueurs des Droits de l'Homme qui s'in-
citoyen Jules Uhry, mène dans l'Ere Nouvelle contre
« les proconsuls rhénans ». L'Humanité n'en souffle
mot. Cependant, elle est au moins aussi intéressante
dignent du rapt de la lettre de M. Vatin-Pérignon. que celle de Daudet contre la police politique.
c
Il yale « fauteuil électrique », il y a le « pince, Lozeray, torturé, signa, sans le lire, un compte
nez ». Citons FHumwnité du 1er mars 1924 : rendu d'interrogatoire bourré d'affirmations fantai-
sistes et grotesques,dû au génie inventif de M. Jou-
« Le commissaire, en personne; introduit dans le
nez d'Hermann Laub, des Jeunesses communistes de lin, commissaire à Ludwigshafen (1)).
Ludwigshafen,u/n, instrument qui lui cause d'effroya- Ben Lekhal, emprisonné dans les locaux disci-
bles douleu/rs, et 't01¿t en lui laissant cet instrument plinaires du 28e Tirailleurs, fut également. « ques-
dans le nez, le commissaire ,sans soud des hurlements tionné » (dans toute l'acception du mot) par le
du malheureux, lui donne des coups de poing de droite colonel et un adjudant de ce régiment.
et de gauche sur le nez. » (1). Les sous-officiers et les soldats maintenus en
Au mois d'octobre 1923, cinq camarades de état d'arrestation pouvant plus difficilement être
Herne furent odieusement torturés dans des con- frappés, furent menacés sans succès, d'ailleurs
ditions analogues. L'un d'eux, le camarade Dos- et maintenus au secret dans « les étuves gla-
kowsky, craignant de ne pouvoir résister plus long- cées » de la prison militaire de Landau ou des
temps, se suicida dans la prison militaire de Herne. cachots régimentaires de Wiesbaden.
Geste digne des stoïques de l'antiquité, qui donne Enfin au bout d'un mois de. préparation poli-
la mesure des atrocités policières et de l'héroïsme cière, on fut obligé d'envoyer tous les dossiers
dont un révolutionnaire est capable. volumineux, mais incomplets, au proconsul De-
On arrêta non seulement ceux qui avaient été goutte. Celui-ci n'attendit pas plus longtemps. Il
pris sur le fait, non seulement presque tous les avait son « affaire ».
militants qualifiés du Parti et des Jeunesses de Dans la prison militaire de Mayence, à l'aube de
Rhénanie, mais encore tous les suspects
qui avaient transporté des paquets dont ils
ceux
igno- - l'année 1924, furent écrouésune centaine de civils
et une quinzaine de soldats (dont quelques-uns
raient le contenu ceux qui avaient eu ou pou- avaient été, dans le courantdu mois de décembre,
vaientavoir eu des relations avec les propagan-
distes.
Certains moins héroïques que Doskowsky - :
arrêtés une première fois, puis relâchés) sous la
double inculpation
1° D'avoir voulu provoquer le mécontentement,
sous les coups des brutes policières, direntce qu'ils exciter à la rébellion et fomenter des mutineries
savaient et même ce qu'ils ne savaient pas. Quel- dans l'armée de la Rhénanie et de la Ruhr;
ques-uns parlèrent parce qu'ils étaient payés pour 2° D'avoir introduit, colporté ou distribué dans
cela. La police allemande prêtant généreusement les casernes et cantonnements des publications in-
ses locaux, ses hommes, ses instruments d'informa- terdites.
tion à la Sûreté française, on finit par aboutir à
:
des arrestations jugées capitales celle d'Assen- On ajouta par la suite à la charge de Lozeray et
de quelquesautres, une inculpation supplémentaire.
macker, de Cologne, celles de camarades de natio-
nalitéétrangère : le Yougoslave Konstaintinovitch, Celle d'espionnage. parce qu'ils avaient voulu
l'Italien Bencovitch, l'Autrichien Dycka, et surtout
celle de l'Arabe Ben Lekhal, arrêté à Siegburg et
celle de notre camarade parisien Robert Lozeray,
le recrutement des régiments. Espionnage ?
recueillir des renseignements sur l'emplacement et
profit de qui 1 On ne l'a pas dit. Un communiste
Au
;
1° l'absence d'inculpation préa-
lable; 2° les violences exercées sur les inculpés; 3° le
caractère secret de l'instruction 4° la mise au secret
amené à Mayence. des prévenus; 5° la violation du secret des communi-
Sur le compte d'un autre, son avocat Me Fernand cations avec le défenseur; 6° la nullité de certaines
Izouard qui n'est pas communiste, loin de là ! ordonnances de l'officier rapporteur; 7° la violation
- s'exprimera en ces termes (Humanité du 13 avril
1924) :
du droit des prévenus à se pourvoir; 8° la nullité
de l'ordre de mise en jugement.
Les conclusions retenaient en outre : 1° que l'ins-
« On a surpris sur lui une lettre qu'il écrivait à truction comporte des lacunes préjudiciables aux in-
ses parents. Il tenait, comme vous allez le voir, des culpés; 2° qu'une disjonction arbitraire est proposée:
propos bien audacieucc. Ne prétendait-il pas qu'un de 3° que les dossiers ne sont pas complets.
ses camarades, accusé de propagande antimilitariste, Est-il besoin d'ajouter qu'à la demande du capi-
ne s'y serait certainement pas livré si les soldats de
l'armée d'occupation eussent été mieux traités Il?
a été poursuivi pour cette lettre interceptée. Le voilà
taine Roland, rapporteur, les conclusions de la défense
furent rejetées à l'unanimité ?
inculpé de propagande antimilitariste et passible de Au nom de ses confrères, Me Noguères lut alors
quinze ans de prison. » une énergique déclaration, protestant contre cette pro-
Il fallut bien, cependant, se décider à renvoyer
ceux que l'on gardait dans l'espoir que la peur ces mots :
cédure de « justice brusquée » et se terminant sur
A Mayence, il faut frapper et vite des jeunes
en ferait des témoins à charge contre leurs cama- qu'il a déjà
rades. On conserva les meilleures pièces, et lente- gens que Paris amnistiera demain
amnistiés.
ment le capitaine Roland élabora l'acte d'accusa- Nous n'avons à favoriser aucun calcul, nous
tion. n'avons à considérer que le droit.
Le 11 mai, Poincaré est vaincu, le Cartel des Collaborateurs de la justice, et ne servant qu'elle,
Gauches triomphe, le communisme s'affirme comme le respect que nous lui portons nous défend de don-
une force imposante, Doriot est tiré de prison par ner par notre présence une apparence de légalité aux
les ouvriers de la banlieue parisienne. débats qui vont s'ouvrir et qui sont viciés dans leur
principe même.
(1) Lemire est un ouvrier, jeune, et pourtant expé-
»
rimenté, un « vieux militant des Jeunesses. Il reve-
nait, libéré, se mettre au service de son Parti. Les
prises :
Prenez vos responsabilités, messieurs, les nôtres sont
la défense se retire.
En effet, les cinq défenseurs quittèrent ensemble
bureaucrates de son Parti l'ont exclu non seule- la salle du conseil de guerre, à la grande stupéfaction
ment, Monatte, parce qu'il refusait de prendre posi- des juges.
tion contre vous, mais encore parce qu'il pouvait L'après-midi, trois officiers furent commis pour
avoir dans les Jeunesses une influence nuisible au remplacer d'office les avocats absents. Mais les pré-
prestige d'un Doriot ou d'un Ferrât. venue refusèrent unanimement de répondre hors la
présence de leurs défenseurs réguliers aux questions
du président.
« PAR ORDRE
a employés.)
» (ce sont les termes mêmes qu'il
Hier, mercredi, la même scène se renouvela et l'au- Cen'est pas encore toute la vérité. Ce n'est
dience fut remplie par un long monologue du colonel
Jean, présidant ce procès sans débats.
On passa alors à l'audition des témoins. La plupart
n'apportèrent à la barre aucune révélation nouvelle.
Mais soudain, un gros incident se produisit.
constante et normale : »;
pas seulement une fois que le conseil de revision a
statué « PAR ORDRE c'est pour lui une pratique
nous avons le droit de le due
et nous sommes en mesure d'en apporter les preuves.
Un jeune témoin de quinze ans vint affirmer que Un autre jugement fait d'avance
ses premières déclarations lui avaient été arrachées C'est celui qui vient d'être rendu le 10 juillet par
par la violence. Il les rétracta formellement, malgré le conseil de revision de Mayence.
les menaces dit commissaire dit, gouvernement. L'im- ?
Quoi Celid qui a cassé le jugement du conseil de
pression fut énorme.
Aujourd'hui et peut-être les jours suivants, se guerre au profit de nos amis?
Parfaitement. Et d'avoir obtenu satisfaction nous
powrsmvra ce simulacre de procès, les prévenus sans n'en sommes que plus à l'aise pour révéler la triste
défense persistant dans leur mutisme et les juges mi- parodie de justice à laquelle s'est livré le conseil de
litaires persévérant dans leur illégalité. revision.
Cette relation de la première audience du pro- Voici comment les choses se sont passées.
cès ne serait pas complète si nous n'ajoutions que Après les plaidoiries, le conseil de revision se retire
Pour répondre à cette question, citons cet extrait sens plein du mot. Ils dressèrent contre une aven-
d'un rapport élaboré au Comité national des Jeu-
nesses communistes, en juillet 1924 et intitulé
»
: ture criminelle, une protestation que leur isole-
ment, l'absence de toute liaison entre eux et la ;
-
« L'affaire de Mayence et la position du Parti classe ouvrière, rendait plus tragique et plus glo-
« La dernière campagne de l'Humanité fut extra-
:
:
s'empêcher de danser la danse du scalp « Dans la
conjoncturenouvelle, s'écria-t-elle, il a fallu abandonner
la devise orgueilleuse d'Hugo Stinnes Diviser pour
peu près de même pour tous les autres distillateurs.
Le surprofit dû à la monopolisation a été de taille.
Il convient cependant de ne pas généraliser. Il ne
faut pas oublier en effet que cela se passe en Bretagne,
régner ».
La signification de cet événement était si évidente
qu'un journal financier français, qui comme tous les
journaux bourgeois français est fort peu enclin à consi-
:
la région de France où le paysan est le plus arriéré. Là
au contraire où le paysan est évolué, c'est un phéno-
mène très différent qui se produit par ses coopératives
le paysan tend à éliminer le commerçant ou l'industriel
:
dérer les événements sous l'aspect de luttes entre les
classes et les sous-classes, ne put cependant faire
autrement que d'en donner ce commentaire «Les déci-
sions prises consacrent à nouveau, dans une question
importante, la victoire des banques sur les magnats de
intermédiaire.
La Coopérative Centrale des fermiers américains est
devenue l'un des plus grands, sinon le plus grand négo-
ciant en grains du plus important marché de blé du
monde, Chicago; les éleveurs australiens sont en
l'industrie ». train de faire construire une énorme filature où ils
Ainsi donc nous assistons partout en Europe au triom- fileront la laine de leurs propres troupeaux et dans
phe de la banque. Aux Etats-Unis par contre la puis- certaines régions de France même, les coopératives
sance des industriels, autant qu'on puisse s'en rendre paysannes ont pris ces derniers temps un développe-
compte, paraît rester entière. L'activité de Morgan ment tel que le marchand en gros a été totalement
n'ébranle point le pouvoir de la Standard Oil. chassé, ou a dû voir rogner considérablement ses béné
fices coopératives laitières dans le Jura, dans
-les
** :
Charentes, dans les Alpes-Maritimes, coopératives
vinicoles dans tout le Midi, coopératives oléicoles en
Examinant cette même question, il y a quelques Provence, de plantes à parfum dans la région de
années, alors que la banque commençait seulement Grasse, etc.
son retour offensif, j'écrivais que la victoire resterait Propriétaire de l'essentiel, les moyens de production,
à l'industrie. Mon opinion ne s'est pas modifiée. L'in-
dustrie possède une base économique beaucoup plus le paysan possède pour lutter contre les monopoles,
certaine que la banque dont le rôle, comme celui de par les moyens même de l'Economie capitaliste,
tous les intermédiaires, est appelé à diminuer d'impor- des ressources que l'ouvrier prolétaire ne saurait avoir.
tance au fur et à mesure des progrès dans les moyens
de communication et d'échange. Les bénéfices du trust anglais du pétrole.
C'est donc beaucoup plutôt, à mon sens, l'industrie
qui subordonnera la banque que la banque qui subor- Les deux grandes sociétés qui constituent le trust
donnera l'industrie, mais cela ne se passera évidemment anglais du pétrole, la Shell et la Royal Dutch, viennent.
pas sans soubresauts, sans que par moments la banque de publier leurs bilans pour 1924 : les bénéfices nets
revienne au pouvoir, même parfois durant des périodes réalisés par la Shell sont de 5,046,993 livres sterling,
assez longues. C'est au début d'une période de cette et ceux de la Royal Dutch de 87,983,567 florins, soit
sorte que nous nous trouvons. environ en tout 1 milliard 200 millions de francs, au
Il est d'ailleurs probable qu'avant le triomphe défi- cours actuel du change.
nitif de l'industrie, le prolétariat aura mis d'accord les Si on ajoute à cela que ces deux sociétés ne possèdent
deux formes rivales du capitalisme, en les supprimant pas tout le capital des filiales qu'elles contrôlent, que
toutes deux. par conséquent dans leurs propres bénéfices ne rentre
qu'une partie des bénéfices de celles-ci, que d'autre part
la puissante Anglo-Persian Oil, qui ne fait point partie
(1( Rathenau était personnellement un industriel, puisque constitutive du trust, y est cependant intimement
grand chef de l'A. E G., la plus grande boîte d'électricité
de l'Allemagne, mais l'A. E. G., qui n'avait pu échapper à
l'absorption par Stinnes queparl'aidedes banques, était
»
liée, on se rend compte de l'ampleur formidable que
revêtent les opérations d'une « machine qui permet
de tels bénéfices, et de la puissance non moins formi-
précisément le type des entreprises industriellesplacées sous dable qu'elle confère aux maîtres de la machine.
le contrôle des banquiers. Rien d'étonnant donc à ce que
Rathenau ait été politiquement le représentant de la R. LouzoN.
banque, et non de l'industrie.
LES FAITS DU MOIS
LUNDI 1er JUIN. Angleterre: Au Congrès commu- JEUDI 11. Chine: Un meeting de 25,000 étudiants
niste de Glasgow, les délégués français et allemands et ouvriers, à Shangaï, décide l'interruption des rela-
réussissentà se faire entendre. tions"économiques avec l'Angleterre et le Japon et
si satisfaction n'est pas obtenue, d'étendre la grève
Chine: Manifestations violentes contre l'impéria-
lisme européen à Shangaï.
MARDI 2. Le Comité national des mineurs confé-
dérés repousse le front unique.
générale à tout le pays.
JEUDI 13. :
Conférence de Douai les vieux syndi-
cats de mineurs acceptent la réduction à 0 fr. 60 de
Les P. T. T parisiens parlent de grève générale
contre la suppression par le Sénat du crédit de
la prime de 1 fr. 20.
DIMANCHE 14. Elections cantonales dans la Seine;
70 millions destiné au relèvement des salaires. médiocres résultats pour les communistes.
Danemark: Les marins se joignent à la grève Caillaux annonce à Beauvais la « grande péni-
générale. tence
MERCREDI 3. Le groupe socialiste se prononce
contre les projets financiers de Caillaux.
Portugal: La C. G. T. décide la grève générale
MARDI 16.
».
::
générale que l'on n'avait pas et que l'on n'a pas à
révéler.
1er Echelon Algérie.
2e Echelon France.
l'importance réelle de ce congés. Il ne pouvait pas y
avoir 1.250.000 ouvriers représentés à ce congrès. En
ce cas tout le prolétariat parisien l'aurait été et l'on
en était loin. Il y aurait eu davantage de confédérés et
de socialistes. Parmi les confédérés, il n'y a guère que
Ces deux échelons restaient dans leurs garnisons. Or, le délégué du Comité de Vigilance du Livre confédéré
pourquoi les entasser au Maroc, avec toutes les dépenses qui soit intervenu à la tribune. Et parmi les socialistes
que cela représente, si l'éventualité en vue de laquelle ils surtout des camarades belges. Ne pouvait-il pas y
étaient prévus ne se réalisait pas ? avoir plus de confédérés et de socialistes?
Le dispositif fortifié des postes, celui des groupes A une assemblée des Conseils syndicaux, réunie pour
mobiles casernés au Maroc devaient permettre à ces préparer la campagne en faveur du Congrès du 5juillet,
::
deux échelons d'arriver à pied-d'œuvre en temps utile. Raynaud, secrétaire de l'U. D. de la Région parisienne,
C'est ce qui s'est produit puisque nous avons des
FRONT
(
ports (Casa-Kenitra), des routes partout, jusqu'au
( Aïn Aïcha, Kiffane, vers el Bâli), des che-
mins de fer voie de 0,60, Oudjda-Fez; voie de 0,60,
Kénitra-Ouezzan; voie normale, Casa à Fez (inaugurée
:
fit un long diseours qui ne laissa pas le temps aux repré-
sentants des syndicats d'apporter leur point de vue.
Un camarade fit pourtant observer « Il semble qu'on
se résigne trop facilement à constituer des Comités
d'action composés uniquement des organisations de la
le 25 avril). C. G. T. U., du P. C., des J* C. et de l'A. R. A. C. Il
:
Les voies de communication créées par le maréchal faudrait s'efforcer au contraire d'entraîner d'autres
permettaient cette concentration par échelons et la groupements de la classe ouvrière. Et pour cela, il
concentration, troupes et matériel, s'est faite le plus n'est qu'un moyen appliquer la tactique du front
facilement du monde. unique à la fois par en haut et par en bas. La C. G. T. U.
Qu'après cela, on n'aille plus dauber sur la « surprise»,
« l'imprévoyance », le « service des renseignements
les « postes de 1924 ».
» et
afait à la C. G. T. des propositions d'action commune
contre la Guerre du Rif, autour desquelles d'ailleurs
l'agitation nécessaire n'a pas été faite. Il serait utile
!
Quant à la pensée politique" comme tu le dis, un
peu de patience, que diable Toute la question est de
savoir ce que fera l'adversaire, puisque nous ne pouvons
que le Bureau de l'Union unitaire propose le front
unique au Bureau de l'Union confédérée, et que paral-
lèlement chacun de nos syndicats se mette en rapport
pas aller chez lui. avec le syndicat lafayettiste correspondant. »
Ou bien il traitera. Mais qu'est-ce que cela vaudra
pour l'avenir ?
Quelle fut la réponse de Raynaud ? - « Pour l'ins-
:
Ou bien il continuera à nous attaquer, tantôt sur
un point, tantôt sur un autre C'EST LA GUERRE
PERPÉTUELLE.
Ou bien NOUS POURRONS ALLER CHEZ LUI,
tant, nous n'avons pas à faire appel au Bureau confé-
déré. Il faut d'abord déterminer le mouvement d'unité
à la base. Après nous pourrons nous adresser aux chefs.»
C'est selon cette tactique que s'engagea la campagne
d'accord avec les autres puissances et C'EST UNE pour le Congrès du 5 juillet. Chaque matin le Comité
TRES GROSSE AFFAIRE. d'Action lança dans l'llumanité des appels aux ouvriers
Que l'on ne demande pas au maréchal de faire comme socialistes et confédérés. Par la suite, en même temps
Primo de Rivera qui a annoncé ce qu'il allait faire, ce qu'on nous faisait connaître les propositions simul-
qui lui a coûté ce que tu sais. Son repli, pris dans un tanées d'action commune de la Fédération commu-
effroyable remous d'insurrection, et effectué dans des niste à la Fédération socialiste de la Seine et de
conditions tellement onéreuses, sanglantes, et pour tout l'U. D. unitaire à l'U. D. confédérée, on nous apprenait
que ces propositions étaient restées sans résultat.
dire déshonorantes, qu'il vaut mieux dans l'intérêt de !)
:
nos relations avec l'Espagne, les oublier.
Il est un point bien certain c'est que le maréchal
est entièrement, effectivement et matériellement d'ac-
cord avec le gouvernement, et que ce dernier fait tout
Seulement (s'en est-on bien rendu compte
argument, mauvais sans doute, mais un argument
la tactique
employée aboutissait à fournir aux réformistes un
tout de même, pour justifier leur refus. « Comment !
pouvaient-ils expliquer, on nous demande de participer
ce qu'il faut, tout ce qu'il doit. Le devoir de tous les à un Congrès alors qu'il est déjà organisé sans notre
bons Français qui n'oublient pas que nous jouons concours. »
l'avenir du Maroc, c'est-à-dire notre avenir méditer- Ceci dit, nous pensonsque, quelles que soient les fautes
à fond.
Quant aux personnalités :
ranéen : Algérie, Tunisie, c'est sur ce point de le soutenir
Herriot, Boncour, la
liaison est assurée. Blum, comme tu le dis, est au courant
de tactique commises, l'unité de la classe ouvrière se
:
réalisera pour appliquer les deux actions envisagées
par le Congrès ouvrier grève générale de protestation
de 24 heures, envoi d'une commission d enquête au
par Berthelot et cette liaison ne peut que se resserrer. Je Maroc. Les socialistes ne peuvent se contenter du
ne t'en dis pas plus pour aujourd'hui. rapport que leur a ramené Cluzel, le plus discrédité
Un article dans laDépêche de Toulouse serait excellent. de leurs députés. Il faut exiger la cessation immédiate
Tu en as les éléments dans cette lettre et dans l'article des hostilités au Maroc. C'est le sang des ouvriers et
de Vincent (Illustration du 16. et d'une giberne d'une des paysans qui est répandu sur le sol rifain. La riposte
heure (Voirlecture de papiers) avec Séguy ou Vincent. du Prolétariat doit être et sera vigoureuse. Et cela,
Charge-toi de Romier, Bainville, Simond, grâce à ces malgré les chefs, qui tenteraient de saboter son action
»
divers éléments. Mais que des « messieurs comme eux
le
donnent l'exemple aux freluquets. Ce n'est pas moment
**
»
de « giberner n, c'est celui de se «taire et de «tenir >•. L'Unité syndicale et La Fédération des Fonc-
du domaine politique pour la replacer sur le PLAN
r
Leur effort doit tendre à faire sortir la question iffaine la Fédération des tionnaires sera représentée
NATIONAL. Fonctionnaires au Congrès interconfédéral
d'unité qui se tiendra le
Tiens-moi au courant. A toi en toute affection. mois prochain. Ses délégués y joueront un rôle
Signé:VATIN-PERIGNON. d' « observateurs » si une seule C. G T. est présente,
rôle actif si les deux C. G. T. y participent.
unC'est
A une heureuse décision prise par le Congrès
Fédéral des Fonctionnaires, qui a su l'arracher à ses
Le
Le Comité d'Action de la
Congresouvrier Région propres dirigeants. Laurent, Glay et Waroquier y
Parisienne a convo- étaient hostiles. Mais l'intervention de Métayer, des
et le front unique. qué (un peu tardivement, le Douanes, traduisait trop le désir d'unité des syndicats
fait a été reconnu) à la date de fonctionnaires, même de ceux qui ne sont pas de la
du 5 juillet un Congrès Ouvrier ayant pour tâche de minorité, pour que la Fédération ne reçût pas mandat
dresser l'ensemble du prolétariat contre la nouvelle de rester fidèle à l'engagement qu'elle prit, lors de la
et criminelle guerre du Maroc. scission, de travailler pour le rétablissement de l'unité
A ce Congrès, toutes les tendances du mouvement syndicale.
Waroquier et Laurent se sont laissé gagner par le
scepticisme et ont oublié l'engagement pris alors. Le
Congrès a été sage de le leur rappeler.
:;
contre les camarades chômeurs, mais dès que le travail
fut repris, sa vengeance s'exerça sans répit 80 gré-
vistes furent congédiés en quelques jours dans les
ri
.?
0g
La neutralité de la Fédération 4les Fonctionnaires, ateliers les primes étaient réduites ou supprimées;
ainsi que le réclamait la résolution suivante votée par »
sur les voitures, les « bons de tabac pleuvaient dru
le Congrès des Indirectes,
point
résolution qui exprime sur les receveurs et les machinistes, les privant eux g;
le de vue de l'active minorité des Fonction- aussi de primes sur la recette. 17
naires
une neutralité passive :
doit être une neutralité active et non pas La direction de la Société voulait prendre sa revanche
et essayer ainsi à la veille des élections à la Commis-
Considérant que la situation des travailleurs et celle
des fonctionnaires en particulier va tous les jours en
sion mixte
du jeune et vigoureux Syndicat unitaire. Mais la riposte
de diminuer l'influence grandissante
ne s'est pas fait attendre. Pour répondre à ces provo-
~j
'3
i
empirant du fait de l'aggravation de la crise économique cations, le Syndicat décida d'appliquer à la lettre les £
et financière; règlements sur la circulation des voitures, ce qui eut f
Considérant que les éléments dirigeants de la bourgeoi- pour résultat de réduire considérablement le trafic. ,~
sie se refusent à tout sacrifice pour les redressements Exécutée avec un ensemble parfait, la décision du
nécessaires et qu'ils entendent reporter sur les salariés les Syndicat atteignait au point vulnérable la richissime
charges qui leur incombent; Société. Le Petit Parisien écrivait que cette tactique i-
Considérant que la crise de cherté de vie résulte de la lui faisait perdre 70,000 francs par jour. Le Matin, lui, c
politique d'une minorité parasitaire, organisée nationa- avouait plus de 100,000 francs de pertes quotidiennes. v:
i
En vérité le trafic a été réduit de plus de moitié.
lement et internationalemetit, et qui fait peser sur l'en- Pour comble de malheur, juste à la veille de ce mou-
semble des travailleurs la lourde tyrannie de ses monopoles vement, le préfet de police venait de prendre un arrêté
de fait; interdisant aux autobus de « se doubler ». Cela ne pou-
Considérant que le problème des traitements et salaires vait pas mieux tomber, car même s'il s'était trouvé ;?
quelque watman pour passer outre au mot d'ordre
revient à réfréner les bénéfices usuraires du mercantilisme
et à prélever sur le superflu des unspour assurer le néces- »
du Syndicat, il ne pouvait « doubler une voiture qui
saire des autres; se trouvait devant lui. Le préfet de police s'aperçut
un peu tard de sa bévue et, sur l'ordre de Mariage, ||?
Considérant qu'en plus des incidences de la crise écono- s'empressa de rapporter malencontreuse décision.
mique et financière, le monde du travail voit surgir la N'empêche qu'elle a bien sa servi nos camarades.
risme ;
menace du fascisme et les retours dangereux du milita-
Considérant enfin qu'en face de la coalition des profi-
Depuis cette deuxième bataille où encore une fois
la S. T. C. R. P. eut le dessous, la fureur de M. Mariage
est à son comble. Le Conseil de discipline siège en per-
teurs de toute espèce les travailleurs ne dressent que des
orces éparses qui s'usent les unes contre les autres,
Proclame l'urgente nécessité de reconstituer l'unité
;
manence : des contrôleurs sont rétrogradés, des machi-
nistes passent receveurs, etc. la répression devient
plus féroce qu'après la grève de mai.
j
]
ouvrière sur le plan national et international, afin de M. Mariage est d'autant plus acharné à frapper les ,
militants unitaires que les élections à la Commission
dresser le bloc du travail contre !e bloc du capital; mixte ont lieu le 9 juillet et qu'il a peur comme de la
Affirme que l'ennemi n'est pas dans les rangs des peste de voir ses travailleurs y déléguer des candidats ;
::
salariés mais qu'il est enface et que c'est contre celui-là unitaires. Il faudra, cependant, qu'il s'y résigne. La )
;
et celui-là seul, qu'ilfaut se dresser collaboration déférente des Jaccoud et consorts au |
Marque avec la plus vive satisfaction la part prépondé-
rante prise par les trade-unions anglaises et l'internatio-
nale des transports au mouvement d'unité et condamne
sein de la Commission mixte est terminée. Une ère
et son personnel. F. C.
P.
nouvelle s'ouvre dans les rapports entre la S. T. C. R.
£
:: ENTRE NOUS
toute manœuvre tendant à frapper de suspicion cette ten-
tative de rapprochement;
Déclare que les organisations syndicales n'ont pas à
s'arrêter aux considérations politiques dont les adver-
saires de l'unité font étatpour faire échouer l'entente;
Répète que le syndicalisme doit se sufifre à lui-même, La moitié de ce numéro est consacrée à la guerre du
qu'il n'a pas à prendre à l'extérieur ses directives et ses Maroc. Nous n'avons voulu retarder ni l'étude de
mots d'ordre et qu'on ne saurait reprocher aux trade- Louzon sur l'Afrique du Nord, ni celle d'Un témoin
unions anglaises d'avoir obéi à des suggestionspolitiques; sur le procès de Mayence. Celle de Louzon permet de
Demande que la Fédération des Fonctionnaires au comprendre le mouvement d'émancipation du Maroc.
lieu de rester dans l'expectative, participe de tout son L'autre relate le récent et précieux exemple de fra-
pouvoir au rapprochement, étant bien entendu que toute ternisation entre soldats français et ouvriers alle-
ingérence politicienne sera écartée ;
Toutefois, considérant que sa position de neutralité
mands lors de l'occupation de la Ruhr.
D'autres articles sont forcément retardés. Mais ils
a permis à la Fédération de se garder de la scission et peuvent attendre; la tâche urgente, c'est la prépara-
que cette autonomie lui donne l'autorité nécessairepour
s'entremettre entre les fractions rivales,
Le Congrès se prononce nettement pour le maintien de
-
A
tion de la lutte contre, la guerre coloniale du Maroc.
MARCEL RIVIÈRE
31, rue Jacob et 1, rue Saint-Benoît, Paris (6*)
P.-J. PROUDHON
(Moscou, 3-19 juillet 1921).
Congrès des Syndicats révolutionnaires
II. Programme d'action de l'Internationale 2 » Œuvres complètes
syndicale rouge (A. Losovsky).,. 2 50
III. Les Syndicats russes et la Nouvelle
Politique (A. Losovsky).
sovsky).,
:.0
IV. Les Syndicats et la Révolution (A. Lo- 0 50 Publiées sous la direction de C. BOU6LÉ
V. Thèses et Résolutions adoptées
Congrès de l'Internationale rougeau
He
(Mos-
0 50
Broché. :
et H. MOYSSET, en 20 volumes In-8°
PRIX DE LA SOUSCRIPTION
fr.
cou, novembre 1922)
VI. Vers le Front unique international (Edo i
,
Fimmen), introduction de Pierre Mo-
25
Relié fr.
320
500
natte)
(Pierre
l'Unité Sémard)
VII, Pour le Front unique des Transports
VIII. L'Internationale Syndicale Rouge et
syndicale (A.
50
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IX.Rapports entre l'I. S. R. et l'I. C. (Pré- Système des contradictions économiques ou philosophie
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face de Dudilieux) 1 50 de la misère. Introductionet Notes de Roger PICARB,
X. Les Anarchistes et le Mouvement 1923. 2 vol. in-So fr.
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dical (Annrè- Guerre 0 50 de Idée générale de la Révolutionau XIXo siècle.
,
XI. Le Grand Stratège de la
Classe (A. Losovsky)
XII. LActivité de l'I. S. R. (Rapport 1 Il 1 vol. in-8* broché.
Introduction et Notes de A. BBRTBOD. 1923.
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Syn- Introduction et Notes de Maxime LXROT.
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dicale Rouge), préface de A. Losovsky. 7 50
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XIII. L'Anarcho-Syndicalisme
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XIV. Résolutions adoptées au III*- Congrès
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La guerre et la paix. Introduction et Notes de
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a) Pierre MONATTE. Lettre de
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fédéral (décembre 1914).
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~ictor et Réflexions, par
b) Alfred ROSMER. Première Victor SERGE.
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VII. « Les Fêtes du Peuple
Jean
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par MARGUERITE.
c) La circulaire de lancement
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VIII. Idées sur l'organisationsociale. 2 »
de la Vie Ouvrière (avril par James GUILLAUME.
1919).
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III. Deux conséquences de la Révo-
IX. Réflexions sur l'avenir syndical. 1 25
I
lution par P. MONATTE.
et
catsouvriers.parTh.
a) DRIDZOLOSOVSKY. Conquête
ou destruction desSyndl-
X.Lecontrôleouvrier etles
ARGENCE ParTh ARGENcEetA et lesCo-
HERCLET. 1
Co-
A. HRT
6) Pierre PASCAL.Les résultats
moraux de l'Etat sovié-
XI. Les Syndicats
par A. CHLAPNIKOFF.
russes »
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