Vive La République Rifaine ! - Article de Robert Louzon

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Vive laRépublique Rifaine!

par ROBERT LOUZON

Une Visite à l'Exposition des Arts Décoratifs


par LEON CLÉMENT

Un cas de fraternisation :
par UN TEMOIN
Mayence 1924
LA RÉVOLUTION SOMMfURE du n° 7 (Juillet ig25)
PROLÉTARIENNE
Revue Mensuelle Syndicaliste Communiste
Vive la République Rifaine
Parmi nos lettres : ! R. LOUZON.

La propagande antimilitariste auprès


LE 14NOYAU» des soldats. -
Idéologie, charabia
PIERRE MONATTE, ALFRED ROSMEB,
et déraison.
Une Ligue-
Syndicats
syndicaliste.
et Parti.
Y. DELAGABDE, M. CHAMBELLAND, Quelques réflexions sur le Con-
R. LOUZON, A. GARNERY, grès des métaux parisiens UN DÉLÉGUÉ.
V. GODONNÈCHE, ALBIN VILLEVAL,
GEORGES AIRELLE, J. AUFRÈRE,
D. ANTONINI,G. LACOSTE, F. CHARBIT,
L. MARZET, F. RICHERAND
décoratifs.
Une visite à l'Exposition des Arts
Dans l'Internationale Commu-
LÉON CLÉMENT.

niste :
Adresser toute la Correspondance relative
à
à la Rédaction et l'Administrationà :
; :
La nouvelle crise du P. C. allemand.
;
Choses de France les élections

Permanence
p. MONATTE
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7 heures
municipales

Mayence 1924.
la guerre au Maroc
aux calendes grecques.

NOTES ÉCONOMIQUES
UN COMMUNISTE.
UN TÉMOIN.

Le triomphe international de la Banque. Chronique des


monopoles. (R. LouzoN.)
fWGB, ALGeaiE,COLONIES EXTÉRIEUR
FAITS ET DOCUMENTS
Sixmois Sixmois 15fr. Les faits du mois. La lettre de Vatin-Pérignon. Le
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La deuxième

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Vive la République Rifaine !


\e
Painlevé a déclaré à plusieurs reprises
i *issue
e tout«notre empire de l'Afrique du Nord ».
pCest là exagération évidente si on veut
que
de la guerre du Rif dépendait l'avenir toute l'Afrique du Nord :
sur la piste. La route tunisienne est l'image de
deux civilisations
cheminant côte à côte, mais chacune sur sa
route.
dire par là une
qu'il suffit qu'Abd el Krim se main- C'est là une situation qui fut due longtemps,
tIenne victorieusement nord de l'Ouergha
pour qu'un soulèvementaugénéral et immédiat pour une part, à l'absence de tout désir chez
éclate dans toute l'Afrique du Nord, mais l'indigène de se mêler à la civilisation occiden-
ce tale. Cette civilisation qui avait fait irruption
3U1 est vrai c'est la question du Rif liée chez lui à coups de canon ne lui disait rien qui
que est
JntUllement à tout le problème de l'Afrique du vaille. Sa première attitude à l'égard du conqué-
Nord, qu'elle
a une importance décisive pour rant fut de se replier sur lui-même; rester le
ce récent mouvement qui a pris naissance en plus étroitement attaché b ses coutumes et à sa
unisie et en Algérie à l'époque de la Révolu- civilisation traditionnelle, telle fut sa manière
ion Jeune Turque, et qu'on désigne, bien à tort de protester contre la violence qui lui avait été
d'ailleurs
sous le nom de nationalisme indigène faite.
car il en est tout le contraire. Mais la non-pénétration de la civilisation
occidentale dans le monde arabe fut surtout
La France I)'a pas colonisé due à la volonté des «civilisateurs».Bien entendu
le capitalisme français n'était pas venu en
pour civiliser. Afrique pour civiliser, mais pour exploiter.
Or, maintenir la population indigène dans son
au
:
En Algérie, en Tunisie, Maroc, les Français
s Illstallèrentavec leur civilisation leurs
et leurs chemins de fe»'. leurs banques etroutes
smes, leurs charrues et leurs autos, leurs tri-
leurs
antique civilisation était pour lui le moyen de
s'assurer les plus grands profits.
En Europe, il avait dû bon gré mal gré
Unaux et leur absinthe. Mais cette civilisation élever la situation matérielle et sociale de ses
était pour prolétaires parce que dans la période d'immense
eux, exclusivement pour eux, non
Pour leurs colonisés. création technique qu'il parcourait, il luiJallait
Algérie soit déjà vieilleBien que l'occupation de des ouvriers habiles, intelligents, créateurs,
de près d'un siècle,
es indigènes continuent à vivre, qualités incompatibles avec la condition d'es-
lon française de leur ancienne sous la «protec- clave. Mais aux colonies, où il ne venait qu'ap-
»,
b Jen matériellement vie, aussi porter et non créer sa technique, tout ce qu'il
P endant que le colon que socialement. demandait de la main-d'œuvre, c'était qu'elle
de sa terre le moindre français fait débarrasser fût le plus souple et le plus dépouvue de besoins
aboure à la brabant, lerestant de brousse, et
cultivateur indigène
possible, deux choses que l'anciennecivilisa-
ontinue à contourner les touffes de jujubier tion, sa pauvreté matérielle et son arbitraire
politique, lui garantissait mieux que tout autre.
e son araire primitive; pendant que le jeune Dès lors maintenir l'Islam dans l'Islam,
rançais dans les écoles construites pour lui
va conserver l'Arabe dans sa crasse physique et
apprendre les rudiments de la science, le fils morale, tel fut le dernier mot de la politique de
11 bourgeois arabe
ne reçoit comme instruc-
IOn que la lecture du Coran agrémentée de
colonisation.
oups Quand, par extraordinaire, il s'élevait une
jouit dede bâton:notre pendant que le Français voix pour réclamer une autre politique, une poli-
que
tuelle lui ceaccorde société occidentale ac- tique dite d'« assimilation », c'était un toile
de liberté et de garanties, général.
indigène même riche est maintenu sans droits, EnAlgérie, traiter quelqu'un d' «assimilateur»
soumis au seul bon plaisir de l'autorité.
Pas plus est la plus sanglante des injures; même le com-
Pas plus dans que les races ne se mélangèrent, munisme n'a pas soulevé autant de haine que
leur
re se pénétrèrent. Lesensemble les civilisations
ne fèrrant pas
l' « assimilation ».
le pied de leurs bêtes, indigènes
chaussée empierrée des
utes les blesse; aussilaménage-t-on Les colonisateurs.
Tunisie
Ur le bord des routes de larges pistesende terre, Le monde des colonisateurs, de ceux qui
et pendant que le cheval du colon
commerçant européen circule sur ou
le chameau :
l'auto du jouissent de la civilisation européenne, est
la chaussée, formé de trois groupes principaux les financiers,
ou l'âne de l'Arabe chemine à côté les colons et les fonctionnaires.
Le capitalisme fii)at)cier. à évangéliser, mais à faire des affaires. C'était
d'un rapport beaucoup plus certain. Depuis lors,
Les financiers sont représentés en Afrique l'Eglise d'Afrique est devenue une puissance
par tout ce que la métropole compte de' mieux temporelle de premier ordre. Elle plante des
dans le genre. Haute Banque et Grande Indus- vignes, fabrique l'eau-de-vie, commerce avec
les nouveaux territoires, lisez :
trie se disputentl'honneur de « mettre en valeur»
extraire les
bénéfices que peuvent procurer l'exploitation
les vins, achète des mines, spécule sur les ter-
rains, commandite industriels et commerçants
de toute espèce. Cela à tel point qu'à Tunis
des richesses minières, la construction des par exemple il est devenu difficile d'acheter
ports et des voies ferrées, l'avance des fonds un sac de chaux ou de ciment, ou quelques mètres
nécessaires au commerce. de bois d'œuvre, ou de louer une maison, sans
payer par là plus ou moins directement un tribut
Dans les grandes affaires d'Algérie et de à l'Eglise.
Tunisie, tout l'armoriai de la finance française
figure. C'est le puissant P.-L.-M., synthèse
»
L'autre groupe est formé des « grands par-
lui-même de la finance française, avec le juif
Rotschild, le protestant Mallet et le très catho-
:
lementaires. Opportunistes et radicaux se sont
équitablement partagés le gâteau tandis qu'on
donnait au radical Mougeot les phosphates de
lique de Vogue, comprenant dans son sein à la Kalaa Djerda et au non moins « républicain»
fois les représentants de la Banque de Paris et Chailley-Bert,ancienrapporteur du budget
des Pays-Bas et ceux de l'Union Parisienne, tunisien, les minerais de fer de Douaria, la plus
comme aussi ceux des armateurs et des métal-
lurgistes, - qui s'adjuge les lignes les plus
productives de l'Algérie; tandis que la Société
de Construction des Batignolles se réserve le
grosse part des terres sialines était distribuée
aux anciéns ministres de Méline, Cochery et
Boucher, à raison d'une trentaine de mille
d'hectares pour chacun d'eux.
réseau tunisien. C'est Schneider, le métallur-"
giste, qui s'emparedu fer de l'Ouenza, tandis Au Maroc, le capitalisme financier, semblable
qu'Hersent, le grand maître des Travaux Publics dans ses caractères généraux, y présente cepen- 4
depuis Suez, s'attribue Bizerte, port et ville, et dant un caractère de plus.
cependant que le belge Empain installe ça et là Entre 1830 ou 1880 et 1910, le capitalisme ;
a
ses tramways, le Crédit Foncier de France
!

franchit la Méditerranée sous les espèces du commencé à' se transformer. La marche au -


Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie. monopole a progressé à pas de géants. Cela va :
Mais c'est la Haute-Banque protestante avec influer sur le mode d'installation du capita- ;
Mirabaud (1) qui s'assure la plus belle part
ellese fait concéder les phosphates de Gafsa, le
: lisme aux colonies. En Algérie et en Tunisie,
vieilles colonies, tout le capitalisme financier 1
plus beau gisement du monde, elle crée la est représenté, tous les différents groupes de
Compagnie Algérienne qui devient rapidement
le principal établissement de crédit de toute
la finance y sont installés sur un pied de sen-
sible égalité; si certains sont mieux partagés
que d'autres, aucun d'eux n'y a cependant une
;
l'Afrique du Nord et elle participe largement à
la Société de Mokta el Hadid, maîtresse de la
plupart des gisements de fer d'Algérie et de :
part tellement plus grande qu'on puisse dire de
lui c'est lui l'Algérie, c'est lui la Tunisie.
Il n'en est pas de même au Maroc. Au Maroc,
Tunisie.
Au-dessous deces dreadnoughts, un grand comme en Indochine, tous deux tard venus i
nombre de seigneurs de moindre importance, à la colonisation, un groupe et un seul, s'y est
depuis Félix Potin ou la Bénédictine de Fécamp taillé la part du lion. Ce groupe, bien entendu,
qui plantent des vignes, jusqu'au Bon Marché ne possède pasabsolument tout, mais comme il ]
qui installe ses succursales. occupe les positions essentielles dans tous les -
domaines, toute l'activité économique est en j

vee à deux groupesspéciaux


mentaires et celui des curés.
:
Parmi ces représentants secondaires du capi-
talisme financier une place à part doit êtreréser-
celui des parle-
Le musulman de l'Afrique du Nord est
fait sous sa dépendance; il est le véritable
maître du pays. Au Maroc, ce groupe, est celui
de la Banque de Paris et des Pays-Bas.
On a dénombré jusqu'à 25 Sociétés maro- i
extrêmement rebelle à la propagande chré- caines qui sont sous son contrôle, ou dans les-
tienne. Malgré la multitude de prêtres et de quelles elle possède au moins une grosse parti-
pères blancs qui encombrent la terre d'Afrique, cipation, et ce chiffre est très probablement
le nombre des conversions y est à peu près nul. inférieur à la vérité. Sa filiale principale est la
Aussi, il y a une cinquantaine d'années, un Compagnie Générale du Maroc, qui a. pour
homme que tous ceux qui l'ont connu s'accordent objet « toutes opérations de nature à favoriser
à reconnaître comme un homme d'affaires de le développement du Maroc ». Par celle-ci ou
premier ordre, le cardinal Lavigerie, eut l'idée par ses autres filiales, la Banque de Paris et des
géniale d'employer ses missionnaires, non plus Pays-Bas s'occupe de tout au Maroc, de chemins
de fer, de construction de ports, d'aménage-
jnent de chutes d'eau, d'éclairage électrique,
(1) Il est important de noter que la banque Guet d'entreprises agricoles, de vente de terrains
îet
et Cle, qui fournit en 1923 des armes à Abd el Krim de construction de maisons, d'abattoirs, de ;
pour chasser les Espagnols, appartient au groupe
Mirabaud. commerce du blé, de services d'autos-cars ! i
Le capitalisme industriel. sur les Hauts-Plateaux, c'est plutôt le petit et
le moyen.
A côté du capitalisme financier figurent les
capitalistes industriels. Ceux-ci sont essentiel- Cette nuance économique a produit une diffé-
ement représentés par les colons. Bien que le rence de nuance politique. Le colon algérien
col°n5 en effet, s'occupe est anticlérical (1), il est maçonnisant et radical;
d'agriculture et non le colon tunisien ou marocain est au contraire
mdustrie proprement dite, il présente tous calotin et réactionnaire. En Algérie, on trans-
les caractères
du capitaliste industriel et non forme les églises en étables, tandis qu'en Tunisie
ceux du paysan.
on en construit chaque année de nouvelles. Mais
Le sol de l'Afrique du Nord est d'une produc-
ivité sensiblement inférieure à celle du sol de
France. Il résulte cultivateur qui
ravailleraitenson champque le la seule aide de y
cela n'entraîne point de différencedans la
d'être du colon à l'égard de l'indigène c'est
chez tous le même mépris ou la même haine;
:
manière

et même, comme il arrive souvent, c'est le plus


arnule ne pourrait jouiravec de conditions de sa
petit patron, en l'espèce l'Algérien, qui est le
VIemférieures à celles dont que
il jouirait en France plus brutal.
en travaillant dans de mêmes conditions. Les
terres ne manquant Les fonctionnaires.
donc pas encore en France, il n'y
a aucune raison que, sauf sur quelques
points privilégiés, lepour Français s'établisse en Le troisième élément important de la société
torique comme
ilest plus facile paysan cultivateur. En revanche
en Afrique qu'en France
établir des exploitations agricoles suffisam-
ment importantes pour nécessiter l'emploi d'un
:
française est formé par les fonctionnaires. La
France a installé en Afrique toute son adminis-
tration traditionnelle préfets et sous-préfets
(en Tunisie et au Maroc ils s'appellent contrô-
leurs adjoints), magistrats et percepteurs, insti-
assez grand nombre d'ouvriers, qui par la plus-
alue qu'ils produisent peuvent procurer à
eur maître un niveau de vie plus élevé que
celui du paysan de France. Si donc malgré tous
;
tuteurs et postiers. En Algérie, la plupart de
ces fonctionnaires sont nés en Algérie en Tunisie
et au Maroc, ils sont au contraire pour la plu-
les efforts
de l'Administration et tout le bat- part des Français de France, venus là pour voir
tage de la propagande, il du pays ou jouir d'émoluments supérieurs.
ne s'est pas constitué
en Afrique une classe paysanne française, en Leur mentalité est d'une importanceprimor:
Revanche il s'y est formé une classe de capita- diale, puisque si l'Etat français avait voulu
les, tout à fait identiques à nos patrons indus- amener à la civilisation française la population
Mels d'Europe, véritables 'chefs d'industrie, indigène, c'est par eux qu'il aurait agi.
figeant eux-mêmes personnellement le travail, Or, en règle générale, les fonctionnaires
consacrant à l'amélioration ou à l'extension sont dans le Nord-Afrique des adversaires déter-
de leur exploitation la totalité de leurs minés de l'indigène. Messieurs en faux-col, ils
capitaux, mais n'étantpresquepas eux-mêmes à la ont pour l'indigènele même mépris qu'ils avaient
Proche
ou à la charrue, pas plus que le patron en France, il n'y a pas longtemps encore, pour
un atelier de mécanique n'est lui-même au l'ouvrier en casquette. Et comme l'indigène est
tour. à peu près totalement dépourvu de moyens de
Selon les régions, le caractère capitaliste du défense, leur mépris se manifeste ouvertement,
colon est plus moins accentué. En Algérie où voire même physiquement. Un camarade
ou
nombre de tribus indigènes furent expropriées
de leurs terres
par la force, l'Etat put distribuer
d'Alger me racontait qu'un de ses voisins
indigènes (c'était avant Tours) lui dit un jour :
gratuitement les
colons; le fait
vites conduisitque
terres ainsi expropriées aux
ces concessions étaient gra-
à faire des lots très petits (on
ne pouvait tout de même pas faire cadeau à un
« Vois-tu, nos

:
plus grands ennemis à nous,
Arabes, ce sont les socialistes ».Tête du cama-
rade. Et l'autre d'expliquer « Oui, le Français
riche n'est pas très bon pour nous, il nous injurie
même individu de plusieurs centaines d'hec- ou nous frappe si nous ne travaillons pas assez,
<rt*es), et cela
permit également d'imposer aux mais après tout, il nous donne quelque chose,
onataires des obligations rigoureuses les em- il nous paye en salaire, tandis que le postier ou

:
pêchant au moins pendant longtemps de pou-
voir vendre en Tunise et au Maroc, au contraire,
111 l'Etat,
du moinsjusqu'à présent, dut acheter
l'instituteur ne nous donne rien, et il nous
traite pire que le patron. Or instituteurs et
postiers se disent tous socialistes ». Cela est
vrai. Le mépris du chargé de fonctions publi-
es terres qu'il voulait mettre à la disposition
de la colonisation,
ne purent être ques pour le «sale bicot », le « tronc de figuier n,
onnées gratuitementcelles-ci ne manque pas une occasion de se manifester,
à
Rendit crédit, mais on aux colons; on les leur surtout en Algérie, à cause de l'origine algérienne
les leur vendit; dès
~s les lots purent être plus grands, et il fut de la plupart des fonctionnaires. Et il se mani-
lnOlllS commode d'empêcher les acheteurs de
les revendre à leurs
voisins. Il s'ensuit la
concentration est moins grande en Algérieque '.ju'en au fait qu'un
peut-être dû également, pourune part,
(1) Cela estgrand
nombre des républicains déportés
Tunisie en 1851 par l'Empire en Algérie s'y établirent défini-
erniersou au Maroc. Chez les colons de ces deux tivement après leur libération. Leurs descendants
capitalismepays c'est le grand et même très grand forment encore une part importante de la population
qui domine; en Algérie, au moins algérienne.
feste pour rien, pour le plaisir, il n'a pas l'excuse
de la brutalité du patron qui, elle, au moins, a
pour but d'accroître la plus-value.
Cette mentalité se trouve même parmi ceux
qui professent les opinions les plus avancées. Un
instituteur algérien s'affirmant anarchiste se
vantait un jour de n'avoir jamais aucun élève
indigène dans sa classe, car s'il en venait par
extraordinaire un, il le battait comme plâtre,
jusqu'à ce qu'il ne revienne plus. Quant à la
:
parcourir ainsi et, qu'il considère dès lors comme
sa propriété, il sème, à l'automne aux points les
moins secs, le long des oueds ou dans les dépres-
sions, quelques sacs de blé ou d'orge qu'il
reviendra récolter, s'il a plu, l'été.
Aucune stabilité donc, ni dans le travail, ni
dans la résidence. La vie dans ces conditions
ne saurait dépendre de la bonne organisation
du travail, mais uniquement de l'étendue et de
la qualité des terrains de parcours auxquels on a
-

motion « esclavagiste » de Sidi-bel-Abbès qui


devait être proposée au4e Congrès de l'Inter-
accès. Elle dépend donc avant tout de la conquête.
Conquérir, si on le peut, chez les autres, se *
nationale, elle n'était point le résultat d'une défendre, en tous cas, contre la conquête du 5
fantaisie individuelle, elle représentait très voisin, telle est la nécessité primordiale de la ;
exactement l'état d'esprit des milieux fonction^ vie.
naires avancés d'Algerie. Elle avait d'ailleurs L'organisation sociale y est donc avant tout 1
été rédigée par un professeur d'école primaire une organisation militaire. La tribu a, à sa tête, j
supérieure, qui est l'un des chefs les plus actifs un chef muni de pleins pouvoirs, non point un
du mouvement de revendication des fonction- chef d'apparat, mais un vrai chef, un chef
naires. militaire choisi avant tout pour ses mérites j
personnels, et auquel on obéit sans discuter,
La société il)digèl)e. parce que c'est une nécessité à la guerre d'obéir 3

sans discuter. Donc chez l'Arabe pouvoir per-


Si on en excepte les Juifs (1), la population sonnel, pouvoir du plus brave à la guerre,
indigène de l'Afrique du Nord compte deux chargé d'assurer la conquête ou la conservation
grands groupes, les Arabes et les Berbères. La de là terre; c'est le régime féodal dans toute sa
population dite arabe est presqu'aussi pure- pureté.
ment autochtone que la population berbère, Ce régime, pour les raisons que nous avons

tement arabisée lors de la conquête arabe elle


a reçu des conquérants non seulement la reli-
:
mais à la différence de celle-ci elle a été complè- dites, convenait remarquablement à l'Admi-
nistration française, aussi celle-ci s'empressa-
t-elle de le laisser subsister. Les guerres entre
1

gion, mais aussi la langue. Les populations


dites berbères sont au contraire celles des popu-
lationsprimitives qui comme les autres ont bien
;
tribus, celles-ci d'ailleurs tendant à devenir
plus ou moins sédentaires, ont disparu le rôle
pour lequel l'autorité avait été impartie au
]

été converties à l'islamisme, mais qui, en re- chef de tribu n'existe donc plus, mais on a ]
vanche, ont gardé leur propre langue, la langue néanmoins maintenu et même renforcé cette ;
berbère qui n'a rien de commun avec la langue autorité. Cheikhs, caïds, aghas et bach-aghas
arabe. subsistent, chacun continuant à jouir dans son
Si ces Berbères n'ont été ainsi qu'à moitié ressort d'un pouvoir autocratique. avec l'in-
arabisés, ils le doivent à ce qu'ils habitaient vestiture de l'autorité française. Les petits et
des régions montagneuses, difficilement péné- grands seigneurs féodaux arabes ne tiennentplus
trables pour le conquérant. La différence entre maintenant leur pouvoir que de l'Etat français J
Berbères et Arabes est donc celle entre gens de comme le seigneur du XVIIIe siècle ne tenait
la montagne et gens de la plaine, différence pro- plus le sien que de l'autorité royale, mais ce
fonde qui a engendré une organisation sociale pouvoir sur les administrés se maintient total.
très différente. Féodalité dégénérée, mais féodalité tout de
même. Loin de détruire la féodalité, les « civi-
Les Arabes- »
lisateurs se sont contentés de la légaliser. -
En Afrique, la plaine et le plateau, toujours A côté du chef militaire, les sociétés féodales ;
ont presque toujours possédé un autre pouvoir,
plus ou moins arides, donnent naissance à
l'économie de la steppe. L'Arabe fait parcourir
à ses troupeaux des centaines de kilomètres,
changeant de région avec les saisons, et même
:
dont l'autorité renforce et contrebalance à la
fois l'autorité du chef militaire c'est le chef
religieux. La société arabe ne fait pas exception:
en face du caïd, chef militaire, le marabout,
,
se déplaçant continuellement au cours d'une chef religieux.
même saison, au fur et à mesure que le maigre A l'égard du marabout, la politique du « pays
pâturage qu'il trouve ça et là est consommé. des lumières » aété la même qu'à l'égard des
Sur les terrains que sa tribu est habituée à ]
caïds de grande tente. Loin de chercher à les -
détruire, la France n'a songé qu'à renforcer :
(1) Pour ne pas donner à cet article des dimensions leur pouvoir. Le marabout est l'enfant chéri de
inacceptables, nous sommes obligé de laisser de côté, l'Administration française. Elle protège toutes
;
malgré leur importance, un grand nombre de ques-
tions. C'est ainsi que nous n'avons point parlé des ses exactions (1), elle le voit avec la plus grande
Italiens et des Espagnols et que nous ne parlons point
des Juifs, tous éléments ethniques dont le rôle est
(1) En Tunisie, le plus gros marabout est celui du 4
pourtant considérable en Afrique du Nord. Nous
devons nous borner à l'essentiel du point de vue qui Kef dont la richesse n'a d'égale que la brutalité. jJ
nous occupe. Maintes fois la presse arabe jeune-tunisienne a de-
complaisance s'enrichir des dépouilles de ses générale de tous les hommes majeurs, la
coreligionnaires; plus le nombre de zaouias (les djemaa, qui réunit chaque semaine et décide
se
couvents musulmans) augmente et plus elle se de tout, confiant l'exécution de ses décisions à
rejouit. amin constamment révocable, et qui ne
Marabouts et grands caïds sont les deux piliers un peut prendre aucune décision sans elle.
de la domination de la démocratie française Les Berbères occupent actuellement trois
Afrique. en
grands massifs montagneux dont chacun pos-
Les Berbères. Le sède une individualité géographique marquée.
groupe berbère le moins important,
Toute autre est l'organisation berbère. La lequel les caractères que nous venons de décrire
et
chez
société berbère est exactement le contraire de sont les moins accusés, est celui qui occupe le
la société arabe; elle est l'inverse de la société massif de l'Aurès, dans le sud du département de
leodale. Constantine; le plus important, et surtout le
Protégé par ses montagnes, le Berbère n'a pas mieux connu, est formé par les Kabyles, qui
besoin d'une organisation militaire; à quelques occupent le massif du même nom, non loin de
hommes il tient facilement
en respectune :
foule la côte, à l'est d'Alger; le troisième, enfin, est
dagresseurs (1). En revanche, il est souvent au Maroc c'est lui qui occupe le Rif.
un véritable cultivateur, car souvent il a de Cette société démocratiqueberbère s'est natu-
1eau. Les torrents qui, descendus dans la plaine, rellement beaucoup moins bien accommodée
- »
yont rapidement s'y convertir en oueds dessé- du joug de la « démocratie financière française
ches, ont dans ses montagnes de l'eau presque que la population arabe proprement dite. Lors-
toute l'année. Cette eau est un trésor dont, avec que les chefs arabes eurent été vaincus, ils se
de l'ingéniosité, définitivement, trop heureux de se
on peut tirer parti. Le Berbère soumirent
est donc amené à aménager le flanc de sesmon- voir confirmés dans leurs privilèges, et eux sou-
tagnes en terrasses èt à y établir tout un système mis, leurs troupes ne pouvaient également que
d'irrigation. Les jardins s'accrochent ainsi è la rester soumises. Depuis la défaite d'Abd el
Montagne, et malgré la pauvreté du sol un Khader, chef arabe pur, grand chef de plaine,
Patient travail arrive à en tirer des produits la plaine arabe n'a plus connu de soulèvements
réguliers, la plupart du temps insuffisants pour dignes d'être notés. Chez les Berbères, au con-
Nourrir la famille du cultivateur toute l'année, traire, on ne pouvait acheter les chefs, puisqu'il
mais qui n'en attachent pas moins celui-ci au n'y avait pas. de chefs. Aussi la montagne ber-
sol, en raison même du travail qu'ils exigent. bère continua-t-elle à lever à chaque occasion
Le Berbère
va complèter sa ration en allant favorable l'étendard de la révolte
travailler quelques mois à la ville ou dans la soulèvement qui suivit la guerre de 1870 fut
plaine, mais il revient toujours à
:
le grand

son jardin chéri. un soulèvement purement berbère, limité aux


A cette société l'organisation de la plaine ne massifs de la Kabylie et de l'Aurès. Et pendant
saurait convenir. N'ayant pas besoin de chefs, la dernière guerre, ce fut dans l'Aurès également
us sont tous égaux. La société berbère est que se produisit le seul soulèvement important
démocratie, plein une
au sens du mot (2). « Le monde d'Algérie, soulèvement qui débuta par le meurtre
berbère, dit Renan, offre spectacle singulier d'un sous-préfet et d'un administrateur et
ce
dun ordre social très réel, maintenu sans une exigea en 1917 l'enlèvement du front français
ombre de gouvernement distinct du peuple pendant près de six mois de toute une brigade
lui-même. C'est d'infanterie.
» une « société où le peuple est
tout et suffit à tout, où le gouvernement, la
police, l'administration de la justice ne coûtent La trai)sforn)atioi).
rien à la communauté » (3). Le seul organe du Mais deux civilisations peuvent indéfini-
pouvoir chez les Berbères, c'est l'assemblée ment cheminer côte à côte ne sansqu'il ne se pro-
duise entre elles des frottements qui amènent
mandé qu'on réprime ses crimes; toujours l'autorité
française a fait la sourde oreille. Les Jeunes Tunisiens peu à peu une pénétration de l'une dans l'autre.
nt également maintes fois protesté contre les scan- Malgré la réserve montrée par la population
dales des zaouias et dénoncé la besogne d'abrutis- musulmane vaincue à l'égard de la civilisation
sement à laquelle se livrent les congrégations musul- de l'Infidèle victorieux, et malgré les efforts du
manes : le Résident général y a répondu en se faisant
ecevoir en grande 'pompe par les plus fanatiques de colonisateur pour que le colonisé ne s'initie pas
ces congrégations. à sa civilisation, ce dernier s'est réveillé un jour
imprégné des idées occidentales.
,~ (1) Le Berbère
se bat cependant souvent, mais c'est tout
uniquement « pour l'honneur », non pour la; conquête.
Jues guerres berbères, dit Renan, ne sont que des
ret?ume
Les agents de la traqsforrqatioi).
Il Quels
». Une fois l'honneur satisfait, chaque village Les deux premiers éléments de la population
chez conditions,
sation militaire lui.
est
Dans ces
évidemment inutile.
une organi-
qui furent ainsi transformés furent les « intel-
(2) Il est entendu que tout ceci ne s'applique qu'aux lectuels » et le prolétariat.
B
rc»erbères montagnards. Les tribus qui ont gardé la Malgré tout le désir qu'elle en avait, il n'était
langue berbère
parce que protégées par d'autres
obstacles que la montagne, pas possible à l'autorité française d'interdire
: tels les Touareg du Sahara,
ont une toute autre organisation sociale.
D (3) Ernest Renan La Société berbère. (« Revue des
eux-Mondes
», 1873.)
complètement l'accès de l'enseignement moyen
et supérieur à la population indigène. On mit à
cet accès toutes les entraves possibles, mais on
ne put l'empêcher totalement. Quelques Arabes, La rature du "ilatloi)ali.%Me iQdigèqe".
fort peu nombreux d'ailleurs, parvinrent donc
à devenir avocats, médecins, professeurs. La population indigène se trouvant ainsi
soumise dans ses éléments les plus importants
On ne pouvait non plus interdire complète- à l'influence de la civilisation occidentale,
ment aux indigènes l'accès desadministrations mais d'autre part sa situation politique et juri-
publiques, au moins dans les postes subalternes. dique restant la même, il se produisit ce qui se
Il se créa ainsi avec les fonctionnaires une
seconde catégorie d'intellectuels indigènes, celle-
ci relativement plus nombreuse, en Tunisie
surtout. Ces deux éléments, le premier, plus
libre, formant la pointe de choc, le second four-
:
produit toujours en pareil cas, lorsque la super-
structure politico-juridique ne cadre plus avec
l'infrastructure économique un vaste mouve-
ment prit naissance pour mettre d'accord celle-là
avec celle-ci. C'est ce mouvement qu'on appelle
nissant la masse, allaient constituer le premier du nom impropre de nationalisme indigène.
échelon de la pénétration de l'Occident dans la Le terme de nationalisme indigène ne serait
société indigène.
exact que pour un mouvement qui se donnerait
Le second échelon fut le prolétariat, Les colo-
nisateurs avaient besoin de main-d'œuvre. La pour but de restaurer dans son intégralité le
vieil ordre national indigène. Or il s'agit de tout
main-d'œuvre européenne, italienne, espagnole, le contraire. La vieille société indigène, il n'y
maltaise fut employée de préférence, mais elle
était insuffisante, on dut donc également s'adres- a pas à la restaurer, elle subsiste encore dans tous
ses traits essentiels, grâce aux bons soins dont
ser à la main d'œuvre indigène, d'où la création l'entoure l'Etat français. Les revendications
d'un prolétariat indigène, salarié, travaillant des soi-disant nationalistes sont, tout au con-
avec les mêmes outils et aux mêmes travaux traire, des revendications d'occidentalisme, des
que le prolétariat d'Europe, et se trouvant par revendications empruntées directement aux
rapport au patronat dans les mêmes rapports revendications traditionnelles des peuples euro-
juridiques que celui-là. péens.
Les plus importantes agglomérations prolé- Ce n'est pas la revendication du droit à la
tariennes se trouvent dans les exploitations vieille civilisation nationale, c'est la revendica-
minières. Mais il s'y manifeste le même phéno- tion du droit à une civilisation étrangère, à la
mène que celui qu'on observe en France dans civilisation européenne.
des conditions analogues. De même que cer- C'est donc en ce sens beaucoup plutôt un
taines grandes entreprises métallurgiques fran- mouvement anti-national qu'un mouvement
çaises, dont le Creusot est le type, la mine tuni- national. Aussi tout ce qui représente encore
sienne est située en plein bled, sans aucun con- dans la population indigène l'esprit conserva-
tact avec d'autres entreprises. Une telle exploi- teur, islamique, tout ce qu'il y a de Vieux
tation prend alors rapidement le caractère d'un Turbans, de marabouts, de Cheikhs-ul-islam et
véritable fief féodal, où la Compagnie est maî- de Grands Caïds, est contre le mouvement
tresse de tout, et autour duquel elle élève une national, et avec le gouvernement français. C'est
véritable muraille de Chine qui arrête tous les là ce que l'histoire du mouvement nous montrera
bruits du dehors. Dès lors, bien que massé, le plus précisément.
le prolétariat s'y trouve en fait isolé, et il en
résulte que, aussi bien en Afrique qu'en Europe, Brève histoire du nQouven)er)t.
il y est capable de sursauts de colère et de
révolte, mais qu'il ne parvient point à y créer Les causes du mouvement, ainsi que nous
des mouvements profonds et durables. Le Pavons montré, sont dues à la situation même du
prolétariat minier n'a donc joué à peu près pays, elles sont la conséquence nécessaire, bien
aucun rôle dans le réveil du Nord-Afrique. qu'involontaire, de la colonisation. Mais, ainsi
Il n'en est pas de même pour le prolétariat qu'il arrive souvent, il a fallu une étincelle
indigène des villes. Se trouvant dans des condi- extérieure pour que le mouvement se déclanche.
tions générales presque rigoureusement iden- Cette étincelle fut la Révolution Jeune Turque
tiques à celles de l'ouvrier des villes européennes, de 1908. Le renversement du régime hamidien,
l'ouvrier indigène de la ville a acquis, ou tout au le remplacement des Vieux Turbans par des
moins est en passe d'acquérir, une mentalité hommes qui s'intitulaient eux-mêmes des j
presque identique à celle de l'ouvrier des villes hommes d'Union et de Progrès, les grandes *
de France. De même que pour effectuer le tra- réformes non seulement politiques mais sociales
vail qu'on exige de lui il a dû abandonner l'ample qui l'accompagnèrent, et dont la plus impor-
gandourah, pour adopter des vêtements ajustés tante fut peut-être l'abandon du voile par les
à la mode européenne, de même il doit aban- femmes de Constantinople, créèrent un point
donner chaque jour un peu plus de sa mentalité de ralliement pour toutes les forces progres-
de nomade et de pasteur pour acquérir celle sives qui couvaient silencieusement jusque-là
qu'enfante la production industrielle. dans l'Islam; elles lui donnèrent l'occasion de
Tel est le second mode de pénétration de la se*manifester publiquement, et de prendre
civilisation occidentale. Celui-ci n'a commencé ainsi conscience d'elles-mêmes
à se manifester que postérieurement au premier,
mais c'est sans aucun doute lui qui a l'avenir le En Tunisie le leader du mouvement fut un
plus grand. jeune avocat musulman,Bach-Hamba. Il fonde
tangue française; :
quelques années avant la guerre un journal de
son programme est droits
politiques et instruction
Vers la même époque,
du peuple.
disposer de toute une organisation commerciale
internationale, reliée à Casablanca et à Rabat,
Alors qu'en Algérie ou en Tunisie le capitalisme
sorte de protes- indigène n'est encore que fort peu de chose, il
tantisme musulman prendunenaissance. Taalbi est au Maroc une puissance.
cent l'Esprit Libéral du Coran, où il se prononce De cette puissance, le Marocain se rend
Pourla suppression des Congrégations, l'éman- compte. Aussi est-ce avec une tranquille certi-
cipation de la femme, la fraternisation avec le tude que ces grands commerçants indigènes
ulf et le Chrétien. confient à ceux à qui ils savent pouvoir
Après la guerre, le mouvement s'amplifie. se confier que la France devra à bref délai
Il se concentre autour d'une revendication évacuer le Maroc. C'est là d'ailleurs également
inique : l'octroi d'une Constitution; autrement l'avis de ceux parmi les Français qui sont là-bas
dIt la suppression du régime de décrets-lois qui savent voir, en particulier celui, paraît-il,
auquel est soumis depuis quarante ans la Tuni- de Lyautey.
sie, et son remplacement par un régime consti- •
tutionnel où la loi serait faite par une assemblée
clue, composée
La réactioi) de "la France"
pour moitié de représentants de
la colonie française
et sa conséquence.
et pour moitié de représen- Contre d'aussi insolentes prétentions à devenir
tants de la population indigène. Afin de soutenir
cette revendication, un parti régulier fut fondé, des civilisés, l'Etat français a bien entendu,
le Parti Libéral Constitutionnel, réagi avec toutes ses forces. C'est par la vio-
ou du Destour,
selon le mot arabe qui signifie Constitution. lence qu'on répondit aux demandes des Jeunes
Ce
parti compte actuellement plusieurs dizaines Tunisiens et des Jeunes Algériens.
de milliers de membres. La totalité de A Bach-Hamba et à ses amis qui réclamaient
la presse arabe appartient.presque Et on peut dire l'instruction obligatoire, on répondit par l'état
y de siège (il devait durer près de dix ans), par
sans exagération qu'il a derrière lui la totalité
ue la population arabe des villes, et l'exil et par la déportation. Bach-Hamba dut
une grande fuire en Turquie, pendant que ses collabora-
partie de celle de la campagne.
Cette année, une nouvelle forme du mouve-
ment s'est manifestée avec l'entrée en scène du
prolétariat indigène revendiquant le droit syn-
teurs étaient administrativement condamnés à
la déportation dans les îles du Sud-Tunisien
on laissait condamner l'auteur du Coran Libéral
;
dical, avec liberté de s'organiser comme il à mort pour blasphème par un tribunal religieux,
*entend, liberté de nommer ses coreligionnaires et si tout de même on n'osait point laisser exé-
aux bureaux de ses organisations. cuter la sentence, on s'arrangeait pour que le
En Algérie, les revendications « nationalistes » ;
« blasphémateur » doive prendre lui aussi la
route de l'exil pour apprendre au parti Destpur
-
ont un caractère encore moins national si pos-
sible : les « nationalistes» algériens, avec à leur
tête l'Emir Khaled, réclament" tout simplement
à réclamer une Constitution, au nom des Droits
de l'Homme on a supprimé il y a trois ans toute
liberté à la presse arabe en soumettant ses
d'être. citoyens français, c'est-à-dire de ne plus journaux au régime de l'autorisation préalable;
être soumis à cet immonde régime d'arbitraire et enfin pour apprendre aux ouvriers tunisiens
administratif que Pera a décrit en détail dans à réclamer le droit syndical, on commença par
le dernier numéro de la Révolution Prolétarienne, les fusiller à Bizerte, puis à emprisonner leurs
et à être représentés, comme les autres citoyens, secrétaires syndicaux sous l'inculpation de
dans les assemblées locales et
au parlement complot contre la sûreté de l'Etat, ce qui est
français. la forme moderne de la lettre de cachet, en
Tunisie comme en France. Voici bientôt six
Au Maroc, le mouvement a un caractère sensi- mois qu'ils sont détenus.
blement différent. Dans soumis à un En Algérie, on obligea à l'exil, sous la menace
ce pays,
régime d'autocratie militaire absolue, aucune de l'internement, l'Emir Khaled pour menées
agitation politique, si faible soit-elle, ne peut anti-françaises, parce qu'ayant réclamé le
se donner cours.
Les Marocains n'en sont pas moins le peuple
droit d'être citoyen français!
Alors il se produisit ce qui, immanquablement
elu
, de l'Afrique du Nord. Le fameux proverbe dans ces conditions, devait se produire, ce quià
que « le Tunisien est une femme, l'Algérien un peu près en même temps, sous l'empire des
homme, et le Marocain lion » a une portée mêmes conditions, à plusieurs dizaines de mil-
un
qui dépasse de beaucoup le domaine de la guerre. liers de kilomètres de là, se produisait en Chine.
A la fois intelligent et travailleur, le Marocain Lorsque Sun Yat Sen renversa la dynastie
est, plus que tout autre, apte à la civilisation mandchoue et proclama la République afin que
occidentale. Ne,pouvant tourner son activité la Chine puisse désormais marcher sur la voie
Vers l'obtention des libertés politiques, il l'a du progrès occidental, il comptait pour occiden-
employée à conquérir l'économie. taliser la Chine sur l'aide des Occidentaux,
Le Marocain, le Marocain musulman, est mais bientôt il dut s'apercevoirqu'il n'y avait
devenu grand commerçant. Il envoyé quelques-
a pas de plus acharnés adversaires de l'extension
tuis des siens fonder des maisons à Liverpool, à de la civilisation occidentale que les civilisés
Londres, à Hambourg, qui lui permet de occidentaux eux-mêmes. Pour occidentaliser
ce
la Chine, il fallait d'abord débarrasser la Chine les forces réactionnaires, même lorsqu'elles
de l'Occident. combattaient le même ennemi que lui. Malgré
Les Jeunes Africains sont conduits chaque les avances de l'Empire, l'Internationale refusa
:
jours, par les faits eux-mêmes à la même con-
clusion que Sun Yat Sen pour pouvoir se
franciser, il leur faut d'abord se débarrasser de
de s'allier à lui contre les hommes de Juin;
malgré l'appel d'hommes ayant pourtant un
passé comme Grangier et Eudes, les ouvriers
la France. Et c'est ainsi, mais ainsi seulementque
le mouvement tend à prendre un caractère
national, un caractère de lutte pour l'indépen-
dance nationale. Il ne faut donc pas être dupe
boulangiste;
parisiens refusèrent de s'associer à la campagne
et « l'Action Française
cependant combat la démocratie bourgeoise
», qui

des mots; répétons-le parce que c'est capital :


pour ces nationalistes il ne s'agit pas de ressus-
autant que nous, a néanmoins toujours vu
tomber ses appels à la classe ouvrière dans le
plus profond mépris. Les bolcheviks russes
citer je ne sais quel vieil idéal national, il firent de même; bien qu'ils eussent, avec grande
s'agit de créer au contraire un régime nouveau, raison, mis au premier plan de leur programme
le créer non sur le modèle de l'ancienrégime du la lutte contre le gouvernement de Kerenski,
pays, mais au contraire sur le modèle de celui c'est avec Kerenski qu'ils s'associèrent contre
de l'oppresseur. Le mouvement nationaliste Kornilov, et non avec Kornilov contre Kerenski.
actuel de l'Afrique du Nord est aussi éloigné du Le fait que les nationalistes coloniaux com-
fanatisme musulman que Sun Yat Sen l'était battent le même ennemi que nous serait donc
des Boxers. tout à fait insuffisant pour que nous nous
allions à eux. Si le nationalisme colonial était
La Révolutlol) et les un mouvement réactionnaire, un mouvement
n)ouven)ei)ts rçatiorçaux. tendant à rétablir l'antique civilisation orien-
tale, si c'était un mouvement de marabouts
La grande question, celle que se posent avec et de grands seigneurs, nous ne pourrions pas
une certaine angoisse nombre de camarades, prendreposition pour lui. Mais comme il s'agit
l'attitude à adopter vis-à-vis des mouvements exactement du contraire, notre devoir est clair.
nationaux indigènes, me paraît maintenant Berthon
un jour, à la Chambre, appliquait à

:
facile à résoudre, du moment qu'on ne se mé- notre attitude
prend plus sur la nature de ces mouvements. en Tunisie le mot du Manifeste
Communiste: Le prolétariat soutient la bour-
L'argument opportuniste ils luttent contre geoisie chaque« fois que celle-ci agit révolution-
le capitalisme occidental comme nous, cela nairement. Berthon avait tout à fait raison. La
suffit pour que nouj nous allions à eux, est un situation « Afrique est, malgré les
argument de politicien digne de ceux qui très analogue
réduisent Lénine à une réédition de Machiavel, il s'agit aujourd'hui
en
:
apparences,
à celle de l'Europe il y a un siècle
mais un argument qui sera toujours, heureu- 'gène, pour la bourgeoisie indi-
sement, sans aucune prise sur le prolétariat. Une bourgeoisie comme il s'agissait il y a un siècle pour la
occidentale, de se débarrasser des
classe ne mène pas sa guerre comme des souve- entraves qui sont mises à
rains rivaux conduisent les leurs en s'alliant pour la bourgeoisie occidentale son développement;
selon les besoins avec tel ou tel contre tel autre; provenaient des résidus de
.ces entraves
elle ne s'allie qu'avec ceux dont la lutte est dans sa propre féodalité;
la bourgeoisie africaine, ces entraves lui
la même direction de l' évolution que la sienne pour sont imposées par la bourgeoisie française.
propre; le prolétariat a conscience quel'œuvre Nous devons briser les entraves mises au déve-
qu'il a à réaliser est une œuvre immense où il loppement de la population africaine,
comme nos
ne s'agit pas d'obtenir, grâce à des combinai- pères ont brisé celle mises à leur propre dévelop-
sons momentanées, un avantage d'un jour, mais pement.
qu'il s'agit de changer les fondements mêmes C'est donc cette politique formulée par Marx.
de la société, ce qui ne.peut s'obtenir par des et pratiquée inlassablement, particulier
trues de diplomatie. Le prolétariat a toujours Blanqui, que nous devons appliquer en par
à l'égard
été prêt à aider des mouvements autres que le des mouvements nationaux bourgeois des colo-
sien propre, mais cela non à cause des avantages nies,
plus ou moins momentanés qu'il peut en retirer ;
il ne les aide que s'ils doivent conduire à 1 éta- en
en remarquant d'ailleurs que, au moins
ce qui concerne l'Algérie et la Tunisie, les
économiques de la bourgeoisie indigène
blissement de conditions propres à faciliter son assises sont très faibles, tandis que celles du prolétariat
propre développement, s'ils sont ce qu'on peut sont déjà très larges, si bien qu'il n'y aura pas
appeler d'une manière générale, bien que ces besoin de pousser beaucoup pour transformer
termes aient été passablement gal vaudés, des dans
mouvements progressifs, et non des mouvements geoiseces pays une Révolution nationale bour-
réactionnaires. en une Révolution prolétarienne.
Telle a été la règle qui a dicté la conduite du Le Rif et le njouven)et)t
prolétariat européen durant tout le XIXe siècle. i)atioi)al
Malgré que la bourgeoisie dut l'en remercier
presque toujours en le mitraillant, il a toujours
de l'Afrique du Nord.
aidé celle-ci, quand il s'agissait pour elle de se
:
JSTous arrivons maintenant à la seconde ques-
débarrasser des dernières entraves féodales. tion qu'il nous faut résoudre quelle place occupe
Par contre, il s'est toujours refusé à s'allier avec la guerre rifaine dans ce mouvement général
démancipation de l'Afrique du Nord, et en les idées qui s'élaborent chez les indigènes
conséquence quelle attitude devons-nous avoir colonisés par l'Occident.
a son égard ?
le reste dépend:?
Et d'abord une première question dont tout
République rifaine
faut-il dire Adb el Krim ou
Autrement dit, nous
trouvons-nous devant un grand seigneur, ana-
Nous nous trouvons donc en face d'un phé-
nomène sensiblement analogue à celui que nous
a offert la Russie. Au lieu que ce fût dans les
pays où le prolétariat était le plus ancienne-
ment développé, que la Révolution proléta-
logue à ces grands caïds de l'Atlas dont le Glaoui rienne éclate, elle a éclaté dans le pays le der-
est le type, et qui n'a pris le titre de président nier venu au capitalisme, là où le socialisme
de la Republique que pour donner le change
Ou au contraire, la République rifaine est-elle
? avait les racines les moins anciennes et, semble-
t-il, les moins profondes, mais parce que c'était
une réalité, Abd el Krim n'étant que le conduc- là aussi que le capitalisme offrait le moins
teur que les paysans rifains se sont momenta- de résistance. Le prolétariat russe n'en est
nément donnés pour coordonner les opérations pas moins le porteur de l'Idée prolétarienne
de guerre ? tout entière; la Révolution russe n'en a pas
moins été la conséquence du mouvement pro-

:
Ce que nous avons dit de la société berbère
nous donne la réponse. Tous ceux qui ont décrit
le Rif ont fait
une même comparaison le Rif
c'est une secondeKabylie, le Rifain est le Kabyle
du Maroc. Ce qui signifie que depuis des siècles,
létarien occidental dans son entier.
Pareillement, l'acharnement que mettent
les Rifains à combattre pour leur indépendance
est pour une large part la conséquence du
et même, sans doute, depuis des millénaires, mouvement général vers l'indépendance qui
le Rif est organisé selon le type de la vieille agite toute l'Afrique du Nord. Comme le mon-
société berbère, cette société ultra-républicaine trent de nombreuses déclarations d'Abd el Krim,
ou la djemaa, l'assemblée du peuple, est le ils sont les porteurs de cette Volonté de déve-
Pouvoir. Une société dit Renan, « partout loppement, d'occidentalisation, qui anime toutes
que,
oit la race berbère a échappé à la domination les populations de l'Afrique du Nord. Ils appar-
de l'étranger nous trouvons organisée en petites tiennent donc bien au mouvement général
republiques indépendantes groupées par fédé- d'Afrique du Nord. Ils y appartiennent aussi
rations de peu d'étendue ». Ces fédérations de par le fait que, forts de l'expérience de leurs
peu d'étendue ce sont les tribus, chacune de ces voisins, ils savent qu'ils ne pourront se civi-
douze tribus qui habitent le Rif. Le rôle d'Abd liser qu'à la condition de se tenir hors du joug
el Krim, le fait qu'il existe, signifie seulement des < civilisateurs ».
que pour la dure lutte qu'ils ont à mener pour Dès lors, une république rifaine indépendante
conserver leur indépendance, les paysans rifains sera un point d'appui de premier ordre pour
ont senti le besoin d'unir entre elles leurs tribus tout le mouvement de l'Afrique du Nord.
sous la forme d'une Confédération dont le per- Toutes proportions gardées elle sera pour les
sonnage d'Abd el Krim n'est que la représenta- populations du Maroc, de l'Algérie, de Tunisie
tion matérielle. et même peut-être pour celles d'Egypte et de
Nous sommes donc certainement en face d'une l'Inde, ce que la Russie des Soviets est pour le
République, d'une République berbère, et prolétariat européen. Si, depuis la guerre, les
non Etats capitalistes tremblent facilement devant
en face d'un féodal arabe. Dans la guerre actuelle,
qu'on le veuille ou non, le Rif représente, sous leurs prolétariats, s'ils leur accordent presque
une forme arriérée si l'on veut, mais certaine, la sans lutte un certain nombre de concessions,
Republique des Travailleurs, la République «où c'est avant tout à cause du point d'appui formi-
le peuple est tout et suffit à tout face d'une dable dont le prolétariat dispose du fait seul
République d'Oligarques où lev, en peuple n'est de l'existence de la République des Soviets.
rien. Telle est la première raison pour laquelle Le jour pareillementoù il y aura en Afrique
dans le conflit actuel nous devons être résolu- du Nord une République indigène se dévelop-
rent du côté de la République rifaine. pant normalement en dehors de toute ingérence
En second lieu, s'il est évident que le frotte- européenne, cet exemple fera plus que toute
ment avec la civilisation occidentale n'a pas propagande. Elle sera, par son existence seule,
été au Rif aussi prononcé qu'ailleurs, il est
non un moteur d'action; par là elle hâtera le jour
nioins certain qu'il a eu lieu. Les combats où les populations nord-africaines ayant re-
contre les Espagnols qui durent à peu près sans couvré la liberté de leur développement, seront
Interruption depuis dix ans sont un mode comme définitivement entraînées dans le torrent général
un autre de prise de contact avec la civilisation de la civilisation.
occidentale. D'autre part, les Rifains comme
I les Kabyles quittent régulièrement leurs mon-
tagnes au moment des grands travaux agricoles
:
Telle est la seconde raison pour laquelle
nous devons dire Vive la République Rifaine !
R. LouzoN.
Pour aller louer leurs bras dans la plaine;
depuis longtemps c'est Oranie française que
les Rifains vont ainsiens'embaucher la
boisson ou la vendange. C'est là un mode pour
de contact seulement, cette fois, avec la
non
civilisation de l'Occident, mais également avec
propagande
La tait
Un camarade nous racon- tion hâtive, maladroite, reste sans résultat réel. Et affirmer
ces jours derniers ses que les soldats mis en présence de la foule ne tireraientpas
antimilitariste propres impressions de ca- est s'aveugler volontairement et se payer de mots. Les
auprès des soldats. serne, vieilIes seulement de soldats sont recrutés tels qu'ils puissent tirer, sauf bien
quelques mois. Invité immé-
diatement à les rédiger, il l'a fait dans la lettre suivante: rares exceptions, au premier ordre; et ce n'est pas une
préparation hâtive de quelques jours à la veille d'événe-
La propagande antimilitariste, très active dans la ments graves qui pourrait modifier leurs dispositions.
région parisienne en novembre-décembre 1924, s'est Au contraire une préparation lente, continue, graduée
sensiblement atténuée depuis. Il se peut que les événements est nécessaire et nécessaire aussi la propagande dans les
actuels amènent une recrudescence de cette propagande, régions paysannes où ces hommes sont recrutés.
aussi voudrais-je noter l'erreur grave qui a risqué et Ces tracts à Téloquence pathétique sont, heureusement,

Cette erreur est une erreur psychologique :


risquera encore dans l'avenir de la rendre à peu près accompagnés
ineiffcace. matérielles. Elles n'ont qu'un défaut
la mécon- avoir été ramassées
:
d'un certain nombre de revendications
elles paraissent
assaisonner
;
naissance absolue du public que cette propagande veut et dorer la pilule. En
toucher les tracts distribués, les papillons collés, sont les
au hasard pour
?
tentatives sérieuses de les réaliser pratiquement
mêmes qui le seront aussi à Strasbourg, à Perpignan ou à qui, à la lecture, auraientpu séduire le soldat, créer
le reste
effet sont-elles complétées par des
Telles
une
Quimper-Corentin, Or, ils sont tout au plus accessibles à certaine sympathie
de jeunes soldats déjà touchés avant leur incorporationpar pour ceux qui les lui auraient fait
obtenir, paraissent bien avoir été mises là simplement
les idées antimilitaristes et communistes.
?
Est-ce le cas pour la région parisienne Absolument par
moyen pratique n'est proposé
pas. Le recrutement dans cette région se divise en deux semble ainsi avouer n'y avoir pour
:
acquit de conscience, puisque, réalisables, aucun
les réaliser et on

:
négligeables 1° jeunes gens qui, par une protection du de l'armée.
ciel ont trouvé à Paris ou à proximité un emploi de tout
:
songé qu'au moment où
groupes importants, les autres cas étant en comparaison les événements obligeaient àfaire appel à la sympathie

Un exemple parmi ces revendications, dont certaines,

:
repos, et decttrx-là inutile deparlerpluslongtemps; 20 défendables
paysans recrutés fort judicieusement dans les régions à
politiquement les plus arriérés de la France Bretagne,
et justifiées, paraissent prématurées même

Ouest.Pour chaque recrutement laproportion des cul- immédiatement (toujours en novembre-décembre) séduit
:
ceux qui seraient appelés à en bénéficier, une avait

tivateurs dépasse 80/100 (tout petits exploitants et ma- les hommes qui en avaient eu connaissance les voyages
nœuvres), celle des illettrés complets approche 1/10. gratuits pour les permissionnaires; les paysans pauvres
Quelle influence peuvent avoir sur eux les tracts distri- habitant à cinq ou six cents kilomètres devaient être
bués? La plupart des idées, la totalité souvent, ainsi enchantés d'une telle proposition. Or ceux qui la faisaient
ont-ils, dans la mesure de leurs moyens, essayé de la faire
brutalement exposées, leur échappent.
?
mule:
Que signifie pour eux, par exemple, l'étincelante for-
« A bas les officiers fascistes! » ? Savent-ils, dans
?
aboutir Un élu du parti a-t-il fait une proposition
effective en vue de réaliser cette amélioration, capable de
l'ensemble, ce qu'est un fasciste Pas plus que Treint. faire naître une certaine sympathie pour ceux qui l'au-
?
Si extraordinaire que cela puisse paraître, ont-ils même raient obtenue Je ne crois pas. En tout cas, la campagne
déjà lu, ou en tout cas compris ce mot ? J'en doute. n'a pas été efficacement poursuivie en ce sens.De même
Outre que, le comprendraient-ils, rien, dans la conduite pour les revendications analogues.
extérieure de la majorité de leurs officiers, ne leur paraî- En résumé, la propagande antimilitariste, dans la
traitjustifier ce terme. Leurs officiers, certes, sont en géné- région parisienne, souffre des erreurs suivantes
ral de bons réactionnaires, prêts, sans doute, l'ordre venu 1° ignorance du public visé, méconnaissance de son
:
et sans scrupule excessif, à faire tirer sur la foule, mais origine et de sa mentalité; 2° caractère accessoire donné
cela, aussi bien si l'ordre venait d'un Painlevé que d'un aux revendications matérielles précises et immédiatement
Mussolini. Et si bon nombre sont disposés à accueillir réalisables, qui devraient au contraire passer au premier
avec plaisir un imitateur de ce dernier, est-il bien sûr plan et aideraient sérieusement à gagner un public
? à
que, convenablement payés, ils refuseraient leurs services essentiellementdifficile toucher; 3° caractère intermittent
à un gouvernement communiste Là encore, abus d'un et par brusques à-coups de celte propagande, faite seule-
mot trop prodigué, coup de poing dans le vide, éloquence ment dans les périodes où l'on croit possibles et imminents.
vaine. des mouvements de masses; 4° ton trop déclamatoire,
De même, la plupart des développements politiques simpliste, et inutilement brutal des tracts qui devraient
sont absolument sans effet, parce que lus par des éléments au contraire amener progressivement des hommes igno.
dont Véducation politique n'est pas même ébauchée. rants de toute question politique et sociale à la neutralité,
?
La raison C'est que, semble-t-il, ces campagnes de d'abord, puis à la neutralité bienveillante, enfin. Mais
propagande ne sont amorcées qu'enprévision de mouve- il faut bien se convaincre que cela demanderait un effort
ments risquant, dans des limites de temps rapprochées, long, continu et acharné à une sympathie réelle et
de mettre en présence population et troupe. Cette prépara- agissante.
Une abonnée, qui signe Une D'un instituteur du Rhône à
Idéologie, Vieille », nous écrit : « Syndicats propos de la lettre d' # un
et Parti. communiste de province »
Charabia et Devant l'abrutissement systéma- :

déraison. J'attendais avec impatience la réponse que vous deviez


tiquede la classe ouvrière, on en faire à la lettre d'un camarade cotnmuniste publiée au
arrive à se demander, si cela ne J'apprécie votre effort et votre revue est actuellement
correspond pas à un plan habilement conçu par les nu 5.
conséquence :
ennemis-nés du prolétariat, les capitalistes. Et comme un organe sérieux qui se rapproche de l'ancienne V.O.

ou des traîtres ?
les meneurs actuels sont-ils des déments
Certes, de tout temps il y a eu des mauvais bergers, qui
Pourtant un malaise subsiste : l'ancienne V. O. était
une revue syndicaliste, et votre titre actuel est revue
syndicaliste-communiste. Je sais bien que le motcommu-
niste ne peut effrayer un syndicaliste, mais ce mot a pris
conduisirent leurs troupes à la défaite, pensant la mener
a la victoire, mais le plus souvent ces hommes se trom- un sens étroit et il évoque malgré tout une alliance entre
syndicat et Parti communiste. Votre correspondant vous
pèrent sincèrement, et malgré leurs erreurs furent salués
comme d'honnêtes hommes par ceux même qui les combat- pose

avaient une action conforme à ce qu'ils prêchaient.


:
nettement la question des rapports entre Parti com-
muniste et syndicats « le Parti doit aspirer à diriger, à
taient avec le plus d'acharnement. C'est que ces hommes imprégner, à influencer le mouvement syndical », et
« au moment décisif, il ne peut y avoir que direction du
Il en va tout autrement aujourd'hui. Ceux qui se dé- Parti sur la classe ouvrière ».
clarent superrévolutionnaires,sont dans leur action les C'est bien là toute la question qui divise nos syndicats.
plus pales radicaux. Ils parlent d'éducation idéologique Le malheur est que si les communistesdonnent leur pensée
:
des « masses » et pour ce faire, emploient le plus beau dans les groupes du Parti, ils ne la donnent pas dans les
charabia qui sepuisse imaginer. Ils parlent de méthode et groupes syndicaux et ils excellent à faire des diversions
ne sont qu'incohérence, et enfin tout comme nos bons
curés, ils servent lesintérêts des travailleurs en leur disant:
Je
par des questionspersonnelles. n'ai pas encore entendu
soutenir au syndicat même, la tactique du P. C. par rap-
* Donnez, donnez mes frères! ».
Pour excuser les phrases creuses et les formules vides
port aux syndicats. Il y a là un manque de franchise qui
Je
a fait beaucoup de mal. suis persuadé que, dans notre
de sens employées par nos éducateurs, les bienveillants syndicat de l'enseignement,il n'y aurait pas eu de scission
disent: Que voulez-vous,notreparti est un parti d'ouvriers, si les discussions avaient été maintenues sur ce terrain et
et nos militants ne connaissent que le langage des pri- à cette hauteur.
maires. Et nous, qui jusqu'à présent avions cru que Vous devez, vous, poser nettement la question, et en
seuls, les savants et lespédantspouvaient n'être pas clairs, réfléchissant je crois que vous avez bien fait de ne pas
qu'au contraire le langage des ouvriers était un outil mer- répondre au camarade qui vous avait envoyé cette demande
veilleux, pouvant être compris par tous.
:
de précisions. Avant vous pourriez ouvrir un débat comme
Enfin, si nous consultons la presse révolutionnaire de celui qui eut lieu dans la V. O. ~aM<-t/ Faut-il ad/~cr auP.
adhérer aM JP. C.?
1882 à nos jours, journaux de toutes les tendances, Ce n'est plus la même question,
depuis les social-démocrates jusqu'aux anarchistes, plus grave. Le syndicalisme avait de hautes ambitions.
journaux de Paris ou de province, je défie de trouver à Doit-il accepter ce que lui laisse votre correspondant l'ac-
quelque époque que ce soit un pareil assemblage de mots tion corporative et réformiste et délaisser son programme
révolutionnaire pour le confier au Parti communiste ?
:
mais elle est encore

ne voulant rien dire.


Doit-il consentir à cette diminutiondu rôle qu'il s'était
Pourtant jusqu'à ces dernières années, au temps donné
béni, où être révolutionnaire n'était ni une sinécure, ni ? y
S'il consent, il aura bien entendul'approbation
une profession, la plupart de ces journaux étaient écrits du Parti. Mais s'il garde son idéal il se met en concur-
par de vrais ouvriers, après leurjournée de travail. Et rence avec lui, ou mieux, en guerre de défense. Certes
les vieux militants de province se souviennent de ce il y aurait mieux à faire, mais qui a provoqué cela sinon
que représentaient d'efforts et de dévouement individuel le Parti, par ses prétentions à faire des syndicats, un or-
tous ces petits canards chargés d'aller porter la bonne gane d'exécution des décisions prises dans le Parti.
parole à l'usine et dans les campagnes. Ces petits canards Pour moi, je pense que vous devez reprendre votre
qui ont fait grand ce parti de la Révolution, que sont titre syndicaliste. Le syndicalisme ne peut accepter ce
en train de détruire à coup de thèses ceux qui ne savent rôle secondaire que lui assigne le Parti. C'est nécessaire à
plus qu'être des fonctionnaires. sa vitalité. Tant que nous n'aurons pas une organisation
Mais alors (Toit vient ce changement, et dans le langage, unique comprenant Syndicats, Partis, Coopératives,
et dans l'action, de ceux qui assument la mission de nous
chaque mouvement doit conserver son idéal qu'il ne pla-
mener à la bataille? cera jamais trop haut. On peut pas aujourd'hui parler
d'alliance entre Parti et syndicatspuisque le Parti crie
Problème troublant !.
Tous ne sont pas des profiteurs ou des traUres!

Cela tient, je crois, à ce que la longuepériodedefélicité


bien haut qu'il n'en veutpas et qu'il se considère dès main-
tenant comme le directeur des syndicats.
*
relative que nous avons eu en France a fait que l'ouvrier **
s'est désolidarisé de ses frères de misère. Les plus favo- UneLiaue
Une Liaue La lettre publiée dans le numéro
risés oublièrent les liens qui les rattachaient aux exploités. de malen a provoqué une autre,
syndicaliste.
Moins traqués par le besoin,ilspuren t étudier et se con-
vaincre de la légitimité de leurs revendications; mais
avec la conscience de leurs droits, ils perdirent l'élan
impérative.D'ailleurs, voyez :
celle-ci pressante, que dis-je ?

Oui, Monatte, il nous faut une « ligue syndicaliste ».


spontané de la sainte colère devant la misère des plus Pourquoi faire? Mais pour organiser, dans les deux
faibles. Cessant de se plaindre avec eux, de s'exalter avec C. G. T., les militants qui ne veulent ni du syndicalisme
eux, ils perdirent le langage qui soulève les foules, le de gouvernement, ni du syndicalisme de parti. C'est le
langage qui élève l'homme au-dessus de lui-même et ren- cas, j'en suis sûr, de bien des amis de la revue.
verse les Bastilles. La crise de l'Internationale m'a dépouillé des illusions
A la bonté et au sentiment on substitua la froide idéo- qui m'avaient fait croire à la possibilité d'un véritable
logie. Parti communiste en France. Je suis revenu à mes « pre-
mières ».Je ne conserve confiance qu'en le mou-
Plus d'idéal, plus d'enthousiasme, plus de foi en une vement amours syndical. C'est bien l'arme d'émancipation ou-
humanité plus belle. vrière par excellence. Dire que tout y est rose, aujourd'hui
Mais de l'analyse et de la raisonjusqu'à la déraison. surtout, serait loin d'être vrai, c'est entendu. C'est juste-
ment pour cela que nous devons y consacrer le meilleur ils entendent respecter les décisions de Bourges et
de notre effort. D'où nécessité d'une organisation. protester chaque fois qu'ils verront porter atteinte
La « Révolutionprolétarienne » est une bonne liaison à l'indépendance de leur organisation. Ils se refu-
par l'écrit. Il nous faut une liaisonpaur l'action. Je suis sent à considérer les syndicats comme les groupes
aujourd'hui plus qu'hier partisan de la revue. Mais de travail du Parti et à mettre leurs caisses à la
»
je voudrais que son travail de« débourrage et d'éducation
tende surtout à rendre sa vraie figure
dispositionde sa propagande.
au mouvement La facilité avec laquelle les camarades de la di-
syndical. Nous ne la lui rendrons pas sans nous orga- rection violent les statuts quand ceux-ci les gênent
niser sérieusement. est d'autant plus regrettable qu'ils viennent d'être
Que ceux qui croient utile de perdre un temps précieux modifiés.
à tenter de ranimer le cadavre du Parti, ne sentent pas la Non seulement la C. E. est composée d'une ma-
nécessité de ce travail, c'est naturel. Mais toi, exclu pour nière tendancieuse et des plus critiquables, mais
« syndicalisme aigu », tu te dois de reprendre en mains
l'organisation des militants restés
syndicalistes.
ou redevenus - sa désignation a été faite en violation des statuts.
Sur vingt membres, neuf sont fonctionnaires per-
manents dans une organisation ou dans une autre.
Je ne suis pas plus convaincu aujourd'hui que l'autre Ils dirigent en fait l'organisation. Non seulement
mois de l'utilité d'une telle ligue. Mais il y a une chose on n'y admet que des membres du Parti, mais en-
:
qui me chiffonne plus que tout le reste. C'est de m'en-
tendre dire « Tu dois reprendre en mains. »
Reprendre en mains., reprendre en mains. Dites-
core faut-il que ceux-ci soient bien orthodoxes.
Lorsque, en fin de séance, on procéda à la no-
donc, camarade, si vous vous preniez vous-même un mination de la C. E. (dont les pouvoirs sont très
peu par la main ? étendus), un secrétaire indiqua, sans le vouloir, que
la liste des noms qu'il présentait avait été confec-
tionnée par"la fraction communiste du Syndicat et
QUELQUES REFLEXIONS que tous les candidats appartenaient au Parti à
sur le l'exception d'un seul, soigneusement choisi.
CONGRÈS MÉTAUX PARISIENS Or la nomination d'une C. E., contrairement aux
DES statuts, ne figurait pas à l'ordre du jour du Con-
grès, et aucune liste, aucun appel n'avait été pré-
senté aux sections.
Le dimanche 28 juin, s'est tenu à la Grange-aux- a
Alors qu'il y de nombreuses réunions à faire et
qu'il serait bon d'appeler autour de la C. E. tous
Belles, le Congrès des sections de l'Union syndi-
cale de la Métallurgie-Voiture-Aviation de la Ré- les camarades, qui sans être absolument d'accord
gion parisienne. sur tous les points, peuvent quand mêmeassurer
Depuis le 1er janvier 1925 ce syndicat est réor- un travail syndical, on écarte tous ceux qui ne
ganisé sur la base des sections syndicales d'usines; sont pas dans « la ligne ». La direction tient à
celles-ci sont appelées tous les quatre mois à se repousser tout contrôle et à être entièrement libre.
faire représenter dans un congrès afin de discuter La confusion règne sur bien des points. Ainsi.
de la gestion de l'organisation. on accepte la tenue d'un congrès d'usines et en
Ce serait abuser de la Révolution Prolétarienne même temps oncontinue à préconiser la formation
des Comités d'unité prolétarienne, en opposition
que d'en donner un compte rendu même un
peu plus impartial que celui qu'en a donné l'Hu.. avec les Comités d'usines. Afin de combattre cette
manité, mais quelques commentaires sont utiles. tactique des Congrès d'usines qui donna des ré-
Au moment où l'on décida la transformation du sultats pendant le temps où elle fut pratiquée, les
syndicat sur la base des sections syndicales d'usines, secrétaires de l'organisation écrivent et déclarent
un certain pessimisme exista chez bien des mili- « qu'ils ne servaient qu'à défendre les besoins ma-
tants. Or il apparaît que, malgré les difficultés tériels des travailleurs ». Cala, paraît-il, n'est pas
matérielles rencontrées et la répression patronale, du travail syndical!
Quant à la propagande pour les Comités d'usines
ces sections ont pu se constituer; les syndiqués ont
commencé parperdre l'habitude de s'ignorer dans en vue du contrôle ouvrier, on dit et on écrit qu'il
l'usine. ne sera nécessaire d'en parler que lorsque l'on sera
Les sections ayant envoyé des délégués repré- sût. de les instituer sur une base révolutionnaire !
sentaient à peu près le tiers des syndiqués. C'est C'est de la pure démagogie.
peu, direz-vous, un tiers des syndiqués ayant, par La direction se plaint qu'on ne luiapporte que
voix de délégation, participé à la gestion de l'or- des critiques et non des suggestions. Alors, pour-
ganisation. C'est un progrès,en comparaison des quoi refuse-t-elle d'examiner un programme d'ac-
deux cents ou trois cents présents aux anciennes tion positive présenté par une section de cent
assemblées générales. Il convient donc de recon- soixante-dix membres ?
Notre syndicat forme un groupement de cinq à
naître cet effort et de persévérer dans ce sens.
Mais, ce qui fut frappant et regrettable, c'est le six mille membres. C'est peu comparativement aux
manque de discussion de la part des délégués. Les deux cent mille ouvriers métallurgistes de la ré-
rapports succédaient aux rapports sans que nul gion. Cela devrait être une raisonsuffisante pour
débat ne s'engageât, en dehors de l'intervention des que ceux qui ont la charge de la direction usent
camarades de l'opposition. De pareilles assemblées d'un peu moins de sectarisme et ne se croient pas
manquent de vie. Il aurait certainement été bon obligés d'apporler dans l'organisation syndicale
d'appeler les délégués à donner un peu plus d'ex- les querelles et les discussions intestines du Parti.
plications sur ce qui se passe dans leurs usines. Il est inadmissible de tenir à l'écart et de traiter
Un courant d'opposition s'est manifesté contre en pestiférés des camarades qui ont le plus grand
la direction du syndicat. Celle-ci a cru bon d'as- souci de l'organisation.
similer à une minorité de tendance tous les cama- Certes, il existe actuellement un grand besoin
rades qui apportèrent des objections, des plus justes d'unité et de paix entre les camarades. Ce n'est
souvent. Rien n'est plus inexact. Ces camarades
sont et restent des syndicalistes-communistes. Mais
pas une raison pour exploiter
profit d'une tendance. - UN délégué. ;isi'
ces sentiments an
Une Visite à l'Exposition des Arts Décoratifs

Je n'ai pas l'intention d'énumérer ici les détails L'architecture a besoin de place pour se mani-
de l'Exposition des Arts Décoratifs. De nombreu- fester et pour donner sa mesure. La variété dans
ses publications les ont décrits
Je voudrais simplement
et commentés.
tenter de dégager les
les conceptions ne peut suppléer aux belles har-
monies, elles ont leur charme mais il est évident
tendances générales de cette nouvelle manifesta- que le fait de rapprocher un ensemble d'archi-
tion d'art moderne. tectures aux formes disparates fait perdre à cha-
Disons de suite que cette Exposition des « Arts cune d'elles un peu de sa valeur. Des formes di-
Décoratifs » constitue vraiment une belle expres- verses, orientale, belge, italienne, française et
sion de vie nouvelle, absolument intéressante. On russe forment un chaos de lignes et de couleurs
paraît enfin avoir compris que tout art décoratif s'harmonisant difficilement, alors que placées
doit être le langage éloquent de la vérité, c'est- dans leur cadre, elles acquièrent une valeur
à-dire celui de la vie d'une société, telle qu'elle qu'elles n'ont pas ici.
s'exerce avec ses besoins renouvelés et ses ten- Cependant, par ce qui existe, on peut malgré
dances progressives. tout se rendre compte de l'importance de cer-
Le machinisme, dans son sens général et dans taines conceptions inconnues jusqu'à ce jour tant
tout ce qu'il comporte d'activité, c'est-à-dire le.;; au point de vue des lignes générales que de la

ches de confort et d'hygiène ;


usines et l'ensemble de l'organisation industrielle, décoration extérieure ou intérieure.
les moyens de transport, l'habitation et ses recher- Parmi les grandes choses, nous devons citer la
l'urbanisme, cette transformation de l'ancien Grand-Palais en une
nouvelle affirmation des cités, le tourisme lui- sorte d'immense temple, beau par les lignes et
même, ont des moyens nouveaux de s'affirmer, diieme par son aspect d'un temple antique. Avec
et l'art décoratif doit s'inspirer de toutes ces un peu d'imagination, on peut se représenter ce
exigences. que pourraient créer les artistes qui ont conçu
On a cru pendant longtemps que cet art ne cette œuvre, s'ils avaient à leur disposition, au
devait s'appliquer qu'aux bibelots, aux frivolités, lieu de staff, des matériaux robustes. Nous trou-
ausuperflu, et constituer de ce fait, une sorte vons là de la ligne droite, simple, mais grandiose,
d'étalage de richesses de mauvais goût dans les par son développement aboutissant à des escaliers
;
intérieurs
nioderne
plus ou moins cossus de la bourgeoisie majestueux, qui, dans l'ensemble, donne une im-
c'est un grand progrès déjà d'affirmer pression parfaite du monument collectif.
que notre recherche d'art décoratif est subor- Les quatre tours centrales ont également belle
donnée à l'utilisation pratique et rationnelle de allure. Elles sont consacrées aux vins de France.
l'objet à embellir. Elles ont de la poésie dans leur dessination. Elles
Cette conception nous conduira à la disparition ont du charme dans leur élément de construction.
de cette habitude de copier en de mauvais pasti- Elles constituent en une surface relativement
serviles qui ne reflètent ni l'intelligence l'âme béton armé a permis cette forme, cette robus-
du passé. De ce fait, plus de décoration passe- tesse, en même
;
ches les arts anciens, et à nous éloigner des copies étroite une utilisation pratique de la hauteur le
ni
temps que cette élégance. Ajou-
partout appliquée aussi bien aux meubles qu'aux tons que telle une cathédrale, ce système de cons-
;
vêtements, sans tenir compte de la structure même truction laisse dans ses parties inférieures des
de l'objet à décorer plus de faux art corinthien, surfaces vides destinées à recevoir des vitraux qui
dorique ou ionique servant de motif décoratif ne manquent pas de beauté.
;
à toutes les lamentables façades des maisons ou
des palais plus de couleurs appliquées suivant
des partis pris théoriques invariables, enseignés veaux :
Le théâtre, à notre époque, a des besoins nou-
spectacles de danses ou des foules ani-
mées ; il est mis au point par l'exemple qui en
comme
;
officiel
des dogmes impérieux
:
dans les écoles d'art
enfin, disparition, souliaitons-le, de tous
est donné ici.
Nous retrouvons toujours la ligne droite et sobre
ces lamentables styles dits Henri II, Louis XV dans la Galerie des boutiques, et ce long rectan-
ou Louis XVI dont les meubles hideux constituent gle pourrait être monotone,_- si, semblable
souvent le mobilier envié de la plupart de nos arcades de notre rue de Rivoli, il comportait aux des
bourgeois parvenus. boutiques banales et uniformes, mais ici elles sont
A notre époque, l'art décoratif s'est enrichi variées par des harmonies de couleurs, des lignes
de nombreuses applications industrielles, dans les charmantes et
tissus, les verreries, le bois, la céramique, dans offrent avec leurs intimes façades nous
l'apport de nouveaux matériaux de construction fois, nous une variété infinie de décoration. Toute-
n'en dirons pas autant de cette autre
servant à l'habitation moderne. Galerie des boutiques du Pont Alexandre III, où
* cette recherche de la ligne sinueuse n'offre aucune
** grâce, interrompant dans l'espace la perspective
L'Exposition des Arts Décoratifs n'est pas par- sans bénéfice esthétique.
f
faite
- elle ne pouvait pas l'être
déterminera malgré
cest ce qui importe. tout
mais elle Nous avons la note intime représentée, entre
des courants d'idées et autres, par une fraction du pavillon de la Ville
de Paris, section
Elle a le défaut, comme toutes les Expositions, qui nous donne enfantine des écoles primaires
d ne pas constituer
de une note de joie par ses coloris.

ter autant que possible le fatras des manifestations


collectives précédentes.
!
un ensemble. Toutefois, il son mobilier et son agencement scolaire. C'est
nous paraît que les organisateurs ont tenté d'évi- vraiment la maison des enfants Et cette forme
nous fournit un argument précieux pour détruire
à tout jamais l'ensemble des usages et des règle-
ments servant à l'architecture actuelle de nos et simultanément une influence orientale, persane,
écoles enfantines. bysantine et arabe, cette dernière s'âffirmant par
Le pavillon des jouets est drôle, amusant, mais la recherche des harmonies de couleurs, des formes
surtout pour les grandes personnes, tellement il fantaisistes multiples, mais déterminées toutefois
est difficile de faire rire les enfants avec l'esprit par un souci de logique parfaite. Disons d'ailleurs,
des grands. que ce ne sont là que des influences lointaines,
Quant à la Cour des Métiers, l'apellation fort indirectes, et non la copie inintelligente, servile,
belle me paraît supérieure à la réalité. La cour a que nous avons critiquée plus haut et dont nous
du charme, tel un atrium de grande villa. Sa vas- souhaitons à tout jamais la disparition.
que centrale est délicieuse, mais nous aurions Nous laissons, bien entendu, de côté les attrac-
voulu voir des éléments construetifs, plus robustes et
tions ridicules le mercantilisme qui s'est installé
là sans pudeur, et. sans art.
et plus nombreux destinés à une synthèse aussi
vaste que celle des métiers modernes. Les pein-
tures murales formant fresques n'offrent que les
professions fantaisistes des désœuvrés, elles ont
de la couleur et de l'animation, mais ce n'est pas
pas cette forme nouvelle : la lumière ;
Mais comme art décoratif, ne méconnaissons
elle pro-
jette avec discrétion ou avec éclat ses faisceaux
féériques sur toutes choses. Le soir elle trans-
là à notre sens, un symbolede l'art des métiers. forme l'eau en des gemmes éblouissantes, elle
Le pavillon des Soviets est curieux, il s'oppose accentue les reflets d'or des mosaïques. C'est une
par sa grande simplicité aux pavillons voisins. gamme infinie de couleurs. Et nous avons ainsi
Cette construction est en quelque sorte sans l'impression qu'au milieu de cette Exposition,
façade, si l'on entend par ce terme l'extériorisa- les jeux de lumière contribuent à mettre en valeur
tion habituelle des monuments, laquelle est sou- tout cet ensemble de richesses, résultat d'un re-
vent un trompe-l'œil. Ce parti pris de sobriété marquable effort collectif.
décorative produit un effet heureux et les objets LÉON CLÉMENT.
qui sont exposés là acquièrent toute leur valeur
réelle en agissant par leur beauté sur l'esprit
des visiteurs. Ceux-ci sont d'abord surpris par la
simplicité même du pavillon, mais réconfortés par
A travers les livres
la sincérité qui se dégage de cet ensemble. L'archi-
tecte a utilisé la plus grande ligne possible dans
un terrain rectangulaire. Il a pris comme axe la
NOUS AVONS REÇU :
: :
G.-H. Bousquet Précis de Sociologie d'après Vilfredo
diagonale même de ce rectangle. Le toit, aux Pareto. Un vol. in-8. Prix 10 fr. (Payot, édit.).
panneaux alternés, constitue une originalité cons- :
Gaston Depresle : Anthologie des Ecrivains Ouvriers.
Préface de H. Barbusse. Prix 7 fr. (Editions«Aujour-
tructive et décorative incontestable.
:
L'Exposition est encadrée par une série de
portes dont l'une surtout est à retenir la porte
dite d'Honneur, avenue Nicolas II.
Lucien Fabre:
d'hui », 6, rue Labrouste, XVe).
Le Tarramagnou. Prix
(Edit. de la ,f Nouvelle Revue Française»).
: 7 fr. 50
:
P. Clerpet : Les Industries de la Soie en France. Prix
0 fr. (Collection Armand Colin).
*
** F. Revol : Le Syndicalisme paysan et les grh-es pay-
Quant aux petites choses,eillessont dans la sannes de 1920, 1921 et 1922 dans le Nord du Palatinat
Rhénan. (Les Presses Universitaire.1?.).
plupart des cas, parfaites. Ce sont des parterres
de fleurs exquis, des coloris inconnus à ce jour,
des recherches d'harmonies nouvelles, des vas-
:
A. Martinot : Les Délires de l'Impérialisme et les
Folies marocaines. Prix 7fr. 50. (Figuière, édit.).
Le Syndicalisme, hase derio-luaniscition sociale.
ques, des fontaines, des bancs recouverts de mo-
saïques aux formes gracieuses et aux couleurs
multiples. Dans les boutiques, les objets usuels :
Brochure publiée par le Groupe d'études syndicales
et sociales d'Asnières. Prix : 1 fr. 50. (S'adresser
Chausse, 21, rue Emile-Zola, Asnières.).
:
tasses, coupes, verres, encriers, tissus, tapis,
:
E. Cazalis : Syndicalisme ouvrier et Evolution sociale.
Lettre et préface de J. Caillaux. Prix 9 fr. (Rivière,
livres, reliures, décors divers, donnent un charme édit.).
qui a un air de fête. Il nous paraît, en somme,
M. Boghitchévitch : Les Causes de la Guerre. Prix :
« art nouveau », sans logique et sans esprit, a
disparu il fut cependant une réaction contre Prix
l'excès du mauvais art classique et une étape, tel : :
que le temps d'extravagance de l'ancien art, dit 7 fr. 50. (Cahiers internationaux,
; Rieder, écit.).
Romain Rolland Le Jeu de l'Amour et de la Mort.
7 fr. 50. (Albin Michel, édit.).
:
Ch. Saroléa Ce que j'ai vu en Russie soviétique.
notre art actuel, qui va par ses tendances nou- (Hachette, édit.).
velles vers un art grandiose.
Nous croyons à un épanouissement de beauté en depuis :
G. Pirou : Les Doctrines économiques en France
1870. Prix 6 fr. (Collection Armand Colin.).
notre siècle lorsque les peuples auront acquis tous
les moyens matériels et moraux de :
H. Sée : La France économique et sociale au
s'affinmer : XVIII siècle. Prix 0 fr (Collection Armand Colin.).
Villes à construire ou à reconstruire, quartiers qo»--
entiers de grandes cités à abattre et à réédifier
suivant des plans absolument nouveaux et con- Tous les moyens sont bons"
formes aux besoins modernes; habitations spa-
cieuses et éclairées, le tout lié étroitement à un
développement de la culture technique comprenant Désusclade a juré ses grands dieux, à la réunion
celui de la culture artistique. Ajoutons que tout d'information de la Seine, qu'il n'avait jamais dit
cela est subordonné, bien entendu, à des condi- que tous les moyens seraient bons pour nous com-
tions sociales absolument différentes des nôtres. battre, y compris le mensonge.
:
En résumé, il nous semble retrouver dans cette
Expositiondeux influences, savoir le retour à
Il a traité Lacoste de menteur.
Vous ne voudriez pas qu'un loustic qui érige
la conception géométrique, à la ligne verticale le mensonge en système rechigne à en commettre un
des monuments des antiquités égyptiennes, grec- pour rattraper la gaffe que lui reprochent ses co-
ques, et de ceux du XIIIe siècle de notre ère, pains.
Dans Hoternationale Communiste
LA NOUVELLE CRISE La Centrale fut réunie en session élargie. (On
sait que les participants de ces sortes de choses
DU P. C. ALLEMAND
Les dernières lourdes défaites communistes en
Allemagne développent leurs conséquences. Notre
:
ne sont que des fonctionnaires et des bureaucra-
tes.) 'VHumanité en a publié un compte rendu
scandaleusement mensonger « tous des moyens
sont bons ». Mais la Pravda, cette foi plus hon-
Parti est de nouveau en état de crise. Deux ten-
dances se disputent âprement la prééminence, et
nête, nous donne un meilleur récit.
D'abord, des aveux de Ruth Fischer
«
:
La tactique rigide selon laquelle le Parti, pra-
se donnent sans aménité la réplique. tiquement, se comporte envers le Parti monarchiste
Il n'en pouvait être autrement, ces défaites comme envers les partis pseudo-républicains, N'A
étant
, dues à la politique et méthodes désas-
»
treuses des faux « léninistesaux imposés comme
dirigeants au Parti non consulté. Ces défaites
FAIT EN RÉALITÉ QUE RENFORCER L'INFLUENCE DE
CES DERNIERS et a empêché le rassemblement des
masses pour une lutte réelle contre la réaction.
deux millions de voix ouvrières perdues en moims Notre tactique a donné la possibilité aux social-
d'un an sont le résultat de la prétendue « bol- traîtres de nous montrer les alliés de la réaction
chevisation ». monarchiste. »
Le correspondant de la Pravda à Berlin, avait Continuant de réciter sa leçon, Fischer injuria
dû convenirdes responsabilitésdu Parti (1), tandis grossièrement le « brandlerisme » pour donner le
que l'Humanité se livrait au bluff le plus grossier.
Le scandale de l'élection d'Hindenburg assurée par
les communistes a obligé l'Exécutif à imposer une
ler, et continua en ces termes :
change au moment où elle donne raison à Brand-

« Un embrouillement s'avéra dans les rangs du


véritable volte-face à la direction du Parti. Le Parti parce que une série de camarades dirigeants,
bon sens reprend ses droits, mais à quel prix
L'Humanité, bourrant indécemment les pauvres
! parmi lesquels des membres mêmes du C. C., ne
comprirent pas la nécessité d'une telle manoeuvre.
crânes de ses lecteurs, avait loué sans réserves Ainsi, la manœuvre proposée par notre délégation
la Centrale allemande d'avoir maintenu la candi- à l'Exécutif et par celui-ci, approuvée ensuite par
dature Thaelman et assuré l'élection d'Hinden- la majorité du C. C.,ne put être réalisée à
burg. Pendant ce temps, Zinoviev, comprenant (
temps !).A la fin des élections présidentielles,
tardivement l'énormité de son erreur car c'est le C. C. changea immédiatement de tactique. »

-
lui qui dicte à Ruth Fischer la conduite du Parti
se décidait à proclamer la nécessité de défen-
dre la République, même bourgeoise, contre la
Il était temps, n'est-ce pas, de changer de tac-
tique ? Fischer explique ensuite que le C. C. est
revenu à la « lettre ouverte » (dont l'initiative

:
monarchie. est de 1921 et revient à Radek) et s'est montré
Cette formule, dépourvue d'ailleurs de fran- prêt à soutenir le gouvernement « pseudo-répu-
chise, ne pouvait avoir qu'une signification ne blicain
faire préférer », en Prusse et en Allemagne, par l'absten-
pas le jeu de la pire réaction, le tion des communistes au Landtag et au Reichstag,
républicain bourgeois au féal des Hohenzollern. assurant ainsi la majorité républicains : tac-
Première revanche pour Radek, Brandler, etc., tique de front unique aux haut »»
accusés il y a un an du crime d'avoir fait une lence, de «front unique «par en par excel-
chefs Mais le
distinction entre le fascisme et la République de Parti ne comprenait plusentre
novembre ! rien à tout cela, Fis-
cher est obligé de l'avouer : « Cette volte-face
Il était trop tard. L'élection d'Hindenburg eut dans notre tactique ne fut pas suffisamment (!)
lieu, et notre Parti, qui avait détourné de lui, en comprise dans les rangs du Parti (1). » Il y avait
moins d'un an, deux millionsd'ouvriers, avait de quoi.
donné à la classe ouvrière une nouvelle raison C'est une vraie banqueroute de la politique de
de tenir en suspicion le Parti communiste. l'Exécutif en Allemagne, et une banqueroute frau-
Mais tandis que les sots et les aventuriers du duleuse. « Tous les moyens sont bons », mais ils
« léninisme de 1924 » se congratulaient, de conduisent à la défaite.
France en Allemagne, et vice versa (les corres- Un autre numéro de la Pravda donne des préci-
pondancesde Berlin de VHumanité, à cet égard, sions complémentaires sur cette lamentable paro-
sont significatives) l'Exécutif décidait de répudier die de session de la Centrale. L'envoyé de l'Exé-
la tactique imbécile qui rassemblait huit millions cutif défendit le C. C. allemand, affirmant que
de prolétaires allemands. autour du parti social- « la lutte contre ce dernier est une lutte contre
démocrate, et de revenir à la politique de Brand- l'Internationale ». Pas moins. Alors, à quoi bon
ler et de Radek. ce simulacre de délibération si toute critique est

en ont assez de ces pirouettes. En même temps,


Mais voici le plus beau :
Cette volte-face nouvelle ne rehausse guère no- par avance flétrie de la sorte ?
tre prestige devant les fameuses « masses », qui
« Le représentant du Parti français, Victor, dit
elle provoque dans notre Parti même une forte les ouvriers français ne peuvent pas compren-
reaction. Une gauche, plus gauche que la gauche, que dre pourquoi le P. C. A. n'a pas retiré la candi-
proteste et crie au « brandlerisme ». dature Thaelman, en raison du danger de l'élec-
tion d'Hindenburg. »
(1) Voir son témoignage textuellement rapporté
dans
d le n° 5 de la Révolution prolétarienne. (1)Pravdadu13mai.
Ainsi, l'Humanité approuve ouvertement la
sottise criminelle condamnée de toutes parts, et
4 mai
1924
7décembr
1924
e 29 mars
1925
ensuite le soi-disant représentant français déclare BERLIN (3 circ.) :
sans rire que les ouvriers français ne compren-
? Soc. démocrates.. 578.689 887.060 945.547
nent pas. Inconscience ou cynisme
Nouveaux extraits de Fischer :
« L'opposition (il s'agit de la sur-gauche) révèle
Communistes
HALLE-MERSEBURG
Soc. démocrates.
: 471.512

110.971
432.176

135.078
349.489

143.420
dans ses argument* de fortes tendances luxembour-
gistes. »
Donc, c'est tantôt la droite, tantôt la gauche
HAMBOURG
Soc.
:
Communistes.
démocrates.
183.881

173.587
163.617

203.431
136.896

214.257
qui est « luxembourgiste ». Fischer n'a pas le Communistes 114.365 90.250 67.577
répertoire varié. Par contre, quelle impudeur. RHIN-WESTPHALIE
Rosa Luxembourg insultée par Fischei. Holà
N'insulte pas qui veut.
! (4 cire.) :
Soc. démocrates. 578.140 816.596 824.749
« Les critiques demandent où sont les limites de
la nouvelle politique du front unique; il ne peut
être de théorie pour la tactique et la manœuvre.
Totaux :
Communistes 765.492 531.176

Soc. démocrates. 1.441.387 2.042.165 2.127.983


377.171

L'unique garantie contre l'opportunisme est notre Communistes 1.535.250 1.217.219 931.133
passé (!!!) et le fait que le Parti russe éprouvé Les résultats de la hpnteuse « bolchevisation »
est d'accord avec cette politique. » sont éloquents. Dans les forteresses prolétariennes,
les communistes perdent 604,117 voix et les socia-
passé !
Il faut se fier à Ruth Fischer, en raison de son
Or, on se demande précisément ce qui est
le plus inquiétant, de son passé, de son présent ou
listes en gagnent 686.596. 'Les pertes communistes
sont particulièrement fortes à Hambourg, capitale
de sonavenir. de la « gauche », domaine de Thaéhman.
Les mensonges de VHumanité n'y changeront
« L'opposition diten concluant Ruth Fischer rien, hél'aL.
bavarde qu'elle conquerra les masses et s'empa-
rera de la direction du Parti au prochain Congrès.
Toute cette opposition ultra-gauche n'est qu'une CHOSEtS DE FRANCE
maladie infantile, néfaste ait Parti. » (1)
Après cela intervinrent Rosenjberg et Scholem, LES ÉLECTIONS MUNICIPALES
ces étoiles, qui défendirent la « vieille ligne ». Le Il ne faut pas accorder aux élections municipales
vote donna 35 voix à la majorité soutenue par plus d'importance qu'elles n'en méritent; donc, ne
l'Exécutif et toute une série de représentants à pas imiter les faux « léninistes » de 1924 qui ont
tout faire des autres partis, et 15 voix à l'oppo- battu outrageusement la grosse caisse et prétendu
sition.
Celle-ci n'a pas à seplaindre de ce premier ré-
sultat. Ceux qui ont lu, dans la Révolution prolé-
létarienne (n° 5) le récit de Geschke sur les métho-
des du Parti, seront émerveillés de voir une oppo-
;
tout avaler à cette occasion, comme d'incurables
social-démocrates qu'ils sont. Mais on doit les ap-
précier à leur valeur de symptôme donc, une fois
de plus, ne pas suivre l'exemple des faux « léni-
nistes »,devenus soudain muets comme des carpes
quand il s'estagide tirer la leçon de l'événement.
sition grouper 15 voix. Il est vrai que cette lutte
se livre entre bureaucrates, le Parti n'ayant pas
la parole. Quand la prondra-t-il ? à :
Le camarade italien Seoccimaro nous disait en
janvier, Moscou Le parti français fait de grands
De toutes ces citationsde la Pravda, VHumanité
sort une fois de plus couverte de honte. Elle a
menti lors des élections présidentielles. Elle a menti
sur l'intervention de Zinoviev. Elle a menti à pro-
dîmes tranquillement :
progrès et la preuve en sera la grande victoire qu'il
remportera aux élections de mai. Nous lui répon-
Le parti français est en
pleine régression et, en fait de victoire, il rempor-
pos de la session de la Centrale. Elle a menti cons-
tamment. dit:
tera, hélas, une sérieuse râclée. Seoccimaro répon-
Dans ce cas, tout ce que les représentants
français nous racontent ne serait que bluff et men-
Mais il faut mettre en pleine lumière un de ses
songe, et l'Exécmtif aurait à en tirer les consé-
mensonges de prédilection, cent fois répété. A l'en quences.
croire, la social-démocratie sedésagrège, se décom- Maintenant, Seoccimaro est fixé. La grande vic-
pose, ne compte plus, et si elle atteint 8 millions toire annoncée n'a été qu'une grande défaite. En
de voix, c'est qu'elle gagne « des voix petites-bour- fait de « ceinture rouge », évoquée par les déma-
geoises » (sic). Comme les communistes, de leur gogues, ceux-ci ont dû se mettre eux-mêmes une
?
côté, ont perdu deux millions de voix, on se de-
mande où est passé le prolétariat allemand C'est
peut-être lui qui a voté en majorité pour Hinden-
ceinture rose pâle.
En règle générale, les communistes ne peuvent
burg? De même, la décadencedel'Humanité s'ex-
obtenir aux élections municipales d'aussi favora-
bles résultats qu'auxélections législatives, vu l'in-
bourgeois, nous gagnons des ouvriers
ne s'agit que de mentir).
!
pliqueaisément : nous perdons des lecteurs petits-
(Puisquil
tervention des considérations locales et de pres-
sants intérêts particuliers. Un léger recul était
donc à prévoir, dans cette période qui n'avait rien

santes : ;
Or, les chiffres confondent une fois de plus les
moniteurs. Prenons les statistiques des neuf circons-
criptions les plus prolétariennes elles sont saisis-
« d'ascendant ». Seuls, les dirigeants du Parti ne
l'ont pas prévu, et ont même prévu le contraire.
Preuve de plus de leur nullité. Nous avons affaire
à de véritables analphabètes politiques.
Si encore ils n'étaient qu'analphabètes ? Ils sont
depuis longtemps jugés comme brouillons excités
(1) Pravda du 14 mai. et perroquets irresponsables. Cette fois, ils se sont
montrés de plus politiciens avides, arrivistes pres- Le P. S. F. est l'oî-(
l'organisation électorale d'une par-
ses. Quelle ruée aux candidatures ! 'Le Parti s'était tie importante des masses ouvrières passives et
donné comme règle de ne pas faire de ses fonc demi-passives. Si chez les communistes la propor-
tionnaires des candidats. La décision du Parti, tion entre les organisés et les électeurs était, sup-
Pnse en Congrès et confirmée par l'Internationale, posons de 1 à 10 ou à 20, cette proportionserait
a été scandaleusement violée. Cette fois,on ne s'est pour les socialistes de 1 à 50 ou 100. Notre objec-
même pas donné la peine de faire un simulacre de tif dans une campagne électorale corniste pour une
consultation du Parti. Le bon plaisir des bureau- bonne part à détacher de la masse ouvrière passive
crates fait loi. Le Parti sait désormais que ses dé- une portion importante d'ouvriers qui s'éveillent
cisions ne comptent pas. pendant les élections. Et pour l'atteindre, il ne faut
Un léger recul était à prévoir, à condition
toutefois de travailler sérieusement. L'embourgeoi
sement croissant des socialistes donnait à notre
Parti desconditions de propagande très favorables.
pas sous-estimer l'adversaire. »
Ici encore, inutile d'ergoter : c'est Trotsky
qui a vu clair, alors que l'Exécutif ne compre-
nait rien à notre situation et à nos partis ou-
Mais les méthodes ineptes des bureaucrates imposés vriers. Mais on ne tint aucun compte de sa lettre.
au Parti sans que celui-ci ait étéconsulté, permet Il n'empêche qu'elle reste comme un témoignage
taientde prévoir un grand recul, et il s'est d'intelligence politique et que le Message necompte
Produit. que comme illustration de l'incompétence, de la
Le Parti a perdude 200,000 à 300,000 voix, peut
être davantage, c'est-à-dire au moins 30 pour cent
légèreté des pseudo-léninistes qui conduisent notre
des suffrages obtenus l'année précédente. Ses bu-
Internationale de défaite en défaite.
La classe ouvrière est de -plus en plus déçue
reaucrates n'osent pas donner de chiffres d'ensem- du Parti voilà ce qui ressort nettement du
ble. Ils ont une aversion pour l'addition. Cela se résultat des élections. Il est impossible qu'il ne
comprend : l'arithmétique est une science exacte, se trouve pas quelques poignées d'ouvriers révo-
et tout ce qui est exact leur est antipathique. lutionnaires sérieux, dans les principaux Partis
L'exactitude est une déviation « trotskiste ». Pas communiste pour prendre conscience des réalités
de danger qu'ils y tomlbcnt. etdu danger que court le communisme livré à
Les pseudo-léninistes se sont livrés pendant des des coteries.
mois à une campagne hystérique tendant à iden-
tifier le parti socialiste au « fascisme ». Le fas- LA GUERRE AU MAROC
ciste Blum, le fasciste Renaudel, île fasciste Bon-
cour, voilàcequ'on lisait quotidiennement dans Tout ce qu'il y a de sain et de viril dans le
leurs barbouillages écœurants. Or, en vue du second prolétariat doit s'associer au Parti communiste
tour de scrutin, ils ont découvertqu'a/m de barrer en lutte contre la guerre au Maroc. L'ardeur de
la route au fascisme, on doit voter pour les socia- celui-ci dans son agitation prouve que les bureau-
listes, lesquels sont eux-mêmes des « fascistes ». crates installés sur son dos n'ont pu en extirper
On se demande, après cela, comment on pourrait tout faculté combattive. C'est un signe réconfor-
dépasser cette cime d'incohérence. tant, parmi tant de symptômes lamentables.
Les socialistes pardon, les fascistes sont Mais il eut été étonnant que les « léninistes»
maîtres de toutes les grandes villesde France, sanf de 1924 ne sabotent l'action anticoloniale en y
Paris au régime électoral spécial. La Pravda a fait introduisant de ces trouvailles dont ils ont le
:
grand cas de la victoire communiste de Douarne-
nez aux dieux ne plaise que nousdénigrions l'im-
portance de Douarnenezpour la révolution dans
secret. Cela n'a pas manqué. Les adeptes de la
« volaille à plumer », de « l'impérialisme rouge »,
du « tribunal révolutionnaire », de la « terre :ï
les deux hémisphères. Mais au risque de subir une coups de fusil », du « fascisme est là », de la
fois de plus l'accusation de « trotskisme », nous « période prérévolutionnaire », de la « terreur
affirmons que Lyon, Marseille, Bordeaux, Stras-
bourg, Limoges, Lille, Roubaix, Tourcoing, Tou-
»
blanche en France », du « léninisme et de la
« bolchevisation » nous ont fabriqué l'abdelkri-
louse, Grenoble, Rennes, Tours, Le Creusot, misme.
ont plus d'importance encore. Et nous tenons à la Le besoin s'en faisait vivement sentir. Il y avait
disposition du Comité Exécutif de l'Internationale
et du Bureau politique russe un Petit Larousse
longtemps que ces «théoriciens » (sic)de génie
n'avaient rien inventé. Une fois de plus, ils ont
illustré qui leur permettra de connaître la diffé- mis dans le mille. Il est vrai qu'ils se préparent
rence entre Marseille et Douarnenez. Il est vrai ainsi des thèmes pour, dans trois mois, « reconnaî-
que M. Pierre Larousse est peut-être, lui aussi, un »
tre leurs fautes (sic).
»
« trotskiste ? Par les temps qui courent, il faut
s'attendre à tout.
Cet abdelkrimisme, qu'ils croient être une
variété du « léninisme », est en réalité une sorte
En janvier 1924, le Congrès communistede Lyon
reçut un Message de l'Exécutifdisant notamment
d'abdelcrétinisme et présente un danger qu'on
ne peut s'abstenir de dénoneer, quelque intérêt
que le Parti socialiste n'est qu'un mort pour lequel qu'il y aurait à ne pas faire de réserves sur l'ac-
ne votent plus que de rares ouvriers. Inutile d'er- tion communiste engagée. Il y va d'intérêts révo-
goter : l'Exécutif s'est trompé on ne peut plus lutionnaires trop importants pour qu'on puisse
lourdement. Il s'est trompé malgré les avertisse- paraître s'associer, fût-ce par le silence, à une
ments répétés de l'auteurde ces lignes, que nous politique insensée. Heureusement, nous ne con-
citerons à l'occasion. Mais ilest intéressant de noter fondons pas le Parti dont nous sommes soli-
ici l'opinion formulée par. Léon Trotsky quand daires avec ses dirigeants déplorables.
le projet de message lui fut soumis. Dans une Les communistes ne peuvent avoir une tactique
lettre à Kussinen,pour l'Exécutif, le 7 janvier passe-partout valable èn toutes circonstances
1924, Trotsky écrivait entre -autres : pour toute colonie ou nation semi-coloniale. Seuls,
« 3. Il est parlé trop à la légère du parti socia- des « léninistes de 1924 » peuvent croire cela.
liste français comme d'un mort pour lequel ne Mais Lénine les eût cinglés d'importance. Rien
votent que de « rares ouvriers ». C'est un-e illusion. n'exige tant l'esprit dialectique du marxisme que
l'application de notre politique anti-impérialiste lières, c'est-à-dire de leur mission de combattre le
et notre solidarité envers les peuples opprimés. mouvement bourgeois et démocratique ».
Les dirigeants communistes français se sont Etc., etc. On voit que cette politique n'a pas
comportés à l'égard d'Abd el Krim comme nos grand'chosede commun avec celle des néo-léninistes
camarades russes vis-à-vis de Sun Yat Sen, c'est- de 1924,qui égarent le Parti et la C. G. T. U.
à-dire en le considérant comme le représentant
d'un mouvement révolutionnaire national prolé-
A propos des « couleurs communistes
parle Lénine, il n'est pas mauvais de
> dont
relever l'af-
tarien, et en le traitant en allié quasi-communiste. firmation de l'Humanité (édition du Midi, nous
Cette parodie servile est une lourde faute. Les ignorons si celle de Paris a commis la même
communistes russes se sont associés, et dans twe bourde) selon laquellele drapeau rouge flotte sur
certaine mesure seulement, à Sun Yat Sen, et ils le Rif. Il est exact que le rouge est lacouleur du
ont eu raison,car ils ont fait ainsi alliance avec un drapeau marocain, mais ce rouge-là, n'en déplaise
parti vraiment populaire, ralliant l'avant-garde des aux néo-léninistesde 1924, n'est pascelui du dra-
prolétaires et des paysans pauvres et la fois contre peau prolétarien; il flotte aussi sur Fez et Tanger,
l'impérialisme étranger et contre les cliques mili-
taires et féodales chinoises. Ce n'est pas une rai-
son pour que les communistes français s'associent
sur Rabat et Casablanca. Il existe même un autre
drapeau rouge flottant sur un point du monde
a
c'est à Zanzibar, où il n'y pasd'étatprolétarien,
:
sans mesure à Abd el Krim, représentant des caté- mais un « protecteur » anglais. Faut-il s'attendre à
gories sociales très différentes, poursuivant des ob- voir l'Humanitécélébrer, un deces jours, la « bol-
jectifs très différents. chcvisation » zanzibarite ?
Les députéscommunistes ont invoqué l'exemple
de Mustapha Kemal. Ils se sont une fois de plus
« Le Maroc aux Marocains », oui, mais pas à
Abd el Krim avec l'aide des communistes français.
lourdement trompés. Kemail pacha s'est trouvé in- Il sembleraitquecertains néo-léninistes aient com-
carner un mouvementd'indépendance vraiment na- mencé à lecomprendre, à en juger par l'indi-
tional, non l'action de tribusguerrières d'une pro- gnation manifestée contre les paroles de M. Pain-
vince. Et pourtant l'Internationale communiste, loin levé accusant lescommunistes de connivence avec
de s'allier à lui, l'a combattu de toutes ses forces, Abd el Krim. Cette indignation est trop légitime,
a soutenu et soutient contre lui le parti commu- mais elle signifie que les communistes n'identifient

:
nisme turc qu'il décime. L'Etat soviétique a pu con-
clureavec lui un accord diplomatique, comme avec
l'Allemagne capitaliste à Rapallo mais l'Interna-
tionale ne le connaît que pour le combattre. Et,
puisque les dirigeants communistes ne le savent pas,
pas leur cause à celle du chef rifain ? Sans quoi.
quel mal y aurait-il à soutenir celui-ci ? Il est
vraiment temps de clarifier cette incohérente poli-
tique aboutissant, dans le meilleur des cas, à d'in-
solubles contradictions.
il est grand temps de le leur apprendre (1).
Leur politique est absolument contraire à celle AUX CALENDES GRECQUES
de l'Internationale communiste, à laquelle ils sont
demeurés étrangers. Les éloges que Zinoviev en a Deux jours avant une certaine Conférence (?)
faits prouvent simplement encore une fois que nationale du Parti, annoncée pour le 28 juin,
YHumanitéinformait du renvoi de cette conférence
celui-ci, livré à lui-même, privé des instructions
de Lénine,est incapable des'orienter, et qu'il parle en.septembre.
à la légère, quitte à se rétracter trois mois plus Tout simplement.
»
tard, à « reconnaître ses fautes (sic). L'information ne dit pas s'il s'agit de septembre
1925 ou de septembre 1935. De sorte qu'on reste
Lénine, dans ses thèses votées par le 2e Congrès perplexe. Avec les « léninistes »de 1924, tout est
de l'Internationale, rappelait « la nécessité de com- possible.
battre l'influence réactionnaire du clergé, des mis- Peu de temps auparavant, les membres du Parti
sions chrétiennes, etc. » c'est-à-dire des religieux avaient eu la bonne surprise de lire une « résolu-
musulmans. Il recommandait nettement « de com- tion du Comité central » inattendue. Ces trois
battre le panislamisme, le panasiatisme et autres
mouvements similaires qui tâchent d'utiliser la lutte
émancipatrice contre l'impérialisme européen et
américain pour rendre plus fort le pouvoir des
:
pages indigestes peuvent être résumées exactement
ainsi Nous sommes des incapables et des brutes;
mais on garde les mêmes et l'on recommence.
C'est gentil aux saboteurs du communisme
impérialistes turcs et japonais, de la noblesse, des d'avoir de temps à autre un petit accès de fran-
grands propriétaires fonciers, du clergé, etc. » Il chise. Il y a progrès. L'opposition se voit donner
soulignait à plusieurs reprises la nécessité de com- raison sur toute la ligne (c'estle cas de le dire),
battreles propriétaires fonciers, les chefs militaires
et religieux, « les survivances ou les manifestations ou presque. Seulement elle a eu tortd'avoir raison,
voilà tout.
de l'esprit féodal ». Mais qui aconvoqué pour le 28 juin une Confe-
Il préconisait « de combattre énergiquement les
tentatives faites par des mouvements émancipateurs rence ? Qui l'a renvoyée en septembre ? Pour
quelles raisons l'a-t-on convoquée 1 Pour quels mo-
qui ne sont en réalité ni communistes, ni révolu- tifs l'a-t-on renvoyée ?
tionnaires, pour arborer les couleurs commu- Et l'opinion dit Parti, dans tout cela ?
nistes ». Il formulait enfin nettement : Le Parti, on ne lui demande pas son avis. Il n'a
« L'I. C. ne doit soutenir les mouvements révo- qu'à être content d'avoir une coterie qui pense (!)
lutionnaires dans les colonies et les pays arriérés
qu'à la condition que les éléments communistes et qui s'agite en son nom.
soient groupés et instruits de leurs tâches particu- Défense de poser des questions indiscrètes. On
commande une conférence parce que cela nous
plaît. On y introduira qui nous convient. On y
votera ce qui nous sied. On la décommande parce
(1). Ce

:
n'est pas, hélas, la seule chose qu'ils igno-
rent. On a pu lire, l'an dernier, dans l'Humanité,
cette énormité « Sun Yat Sen menace de bombar-
der Canton. » Sans commentaires.
que nous avons changé d'avis.
C'est ce qui s'appelle la « démocratie ouvrière ».
UN COMMUNISTE.
MAYENCE 1924
0-$--«

1 La lutte contre l'occupation 1° Contre une nouvelle guerre impérialiste, lutte


de la Ruhr. par tous les moyens; en cas de guerre, grève géné-
rale révolutionnaire et insurrection;
Il y aurait une belle étude historique à écrire 2° Pour la suppression des traités de Versailles,
sur les grands procès politiques qui ont marqué de Saint-Germain, etc.;
la vie de la Troisième République. 30 Pour l'arrêt des armements;
A chaque époque de troubles, de tension, de con- 40 Pour la propagande révolutionnaire dans l'ar-
flits mettant aux prises plusieurs fractions de la
bourgeoisie, ou la bourgeoisie et le prolétariat, le mée et pour la fondation de cellules révolutionnai-
système répressif et juridique, ordinaire ouextra-
ordinaire de l'Etat français, est entré en action et semi-coloniales
la
;
res parmi les troupes, surtout les troupes coloniales

pour le compte de tout ou partie de la classe pos-


sédante. Et à chaque fois dans ce pays, dont il
serait vain de rappeler les traditions et les préju-
de
50 Contre

6° Contre le pacifisme bourgeois,


;
la théorie et la pratique désastreuse
défense de la patrie bourgeoise
pour le désar-
gés démocratiques, l'opinion publique a été remuée mement des organisations réactionnaires et pour
et émue. l'armement du prolétariat.
Sans évoquer les grandes luttes d'avant-guerre, Naturellement, les jeunes socialistes repoussèrent
souvenons-nous : des procès de trahison marquant ces propositions, mais sur cette base, l'action des
« le tournant de 1917 » ; de l'affaire des marins
Jeunesses communistes commença et lorsque les
soldats français entrèrent à Essen, le Il janvier
et armée de l'Entente à la Révolution russe
a
;
de la mer Noire à l'heure de l'opposition directe

grand complot de 1920 concluant la crise révolu-


tionnairequi secoué le monde bourgeois de 1917
du 1923, ils lurent sur tous les murs de la ville cette
déclaration des Jeunesses communistes de France
(affichée par les soins des Jeunes communistes
à 1921; du complot de 1923 voulantprévenir la allemands) :
lutte contre la guerre de la Ruhr !
Complot préventif avorté, procès manqué.
« Soldats !
« Si vous avancez dans la Ruhr, pensez que vous
quoique ayant soulevé une émotion que Poincaré êtes destinés à servir d'instrument contre les inté-
faillit payer cher. A la fin de 1923, il prit sa rêts du prolétariat d'Allemagne, de France et du
revanche, et dans des conditions ne permettant pas monde entier. »
le contrôle de l'opinion publique, l'affaire de Ainsi commencée, la pénétration communiste
Mayence fut ouverte. sein de l'armée française se poursuivit au cours aude
Trotskv disait dans le fameux discours du 28 toute l'année. Elle prit naturellement diverses for-
vraient
«
relire. :
juillet 1924, que tous les membres du Parti de-
ou lire aujourd'hui
Au premier abord, l'occupation de la Ruhr
mes, mais elle ne cessa de se manifester par la
collaboration des communistes des deux pays. Les
jeunes camarades des J. C. de la Ruhr et de la
pouvait sembler un épisode peu important pour Rhénanie affichaient dans les villes occupées tous
l'Europe ensanglantée et épuisée, qui avait traversé les appels communistes. Chaque matin les autorités
quatre années de la plus horrible guerre. Au fond, d'occupation trouvaient à leur réveil quelque ma-
cette occupation fut comme une courte répétition nifestation nouvelle de cette courageuse effron-
de la guerre impérialiste. Les Allemands ne résis- terie, quelque nouveau pied de nez de ces « Fri-
tèrent pas, car ils ne le pouvaient pas, et les Fran- dolins » que Victor Hugo aurait aimés. Et, d'autre
çais envahirent la région industrielle sur laquelle part, les communistes français mobilisés cher-
pivotait l'économie allemande. Par suite, l'Allema- chaient dans la population ouvrière des amitiés,
gne et jusqu'à un certain point le reste de l'Eu- des points d'appui pour leur propagande.
rope se trouvèrent en quelque sorte en état de Il y eut des affiches :
guerre. »
L'Internationale communiste avait compris toute
l'importance de l'opération impérialiste et la né- vous ne tirerez sur les ouvriers allemands
:!
Celle du Comité exécutif de l'I. C. J. : « Jamais
»
cessité d'une résistance prolétarienne. Inutile d'in-
sister sur les conférences tenues les 6 et 7 janvier,
a Essen, et le 18 mars à Francfort. Débarrassé des
Celle du Parti communiste français « Aux
soldats de la Ruhr, la classe ouvrière française »
Celle « des ouvriers affamés de la Ruhr à leurs
!
journalistes fantaisistes, des poètes décadents ou camarades en uniforme de France et de Belgi-
verbeux, des politiciens roués et pleutres dont l'in- que » etc.
fluence pesait sur son développement, le Parti com- Il y eut l'édition spéciale de l'Humanité, la
muniste français mena pour la première fois Caserne (dans laquelle on défendait les revendica-
une lutte systématique, pratique, technique contre tions matérielles des soldats), le Drapeau rouge
l'impérialisme. C'est la plus belle page de son his- destiné aux troupes belges, la Caserne coloniale,
toire. destinée aux troupes indigènes.
Cependant l'Internationale communiste des Jeu- Il eut les tracts et les brochures de propa-
nes participait à ces deux conférences, prenait une gandey et de documentation; il y eut les papillons
part importante dans l'organisation de la campa- en français et en arabe, que les paysans bretons
gne, et proposait aux deux Internationales socia- et les « crouyas » africains voyaient avec effare-
listes de Jeunes dont la fusion n'était pas ment à la porte de leurs eantonmements.
:
encore effectuée
forme
le front unique, sur cette plate- Mais lorsque la défaite de l'industrie et la débâ-
cle des financesallemandes eurent provoqué cette
crise qui pouvait porter le prolétariat au pouvoir, ronnant. Cette juvénile confiance, qui confinait par-
l'Internatianale communiste devait consacrer toutes fois à l'aveuglement, explique de grosses erreurs de
ses forces à la désagrégation des troupes d'occu- l'appareil.
pation. La victoire complète de la Révolution alle- Il n'est pas de besogne plus complexe que la
mande était impossible tant que la forteresse pro- propagande antimilitariste, que la pénétration au
létarienne de la Ruhr était entre les mains de sein de l'armée bourgeoise.
l'impérialisme français, la présencedes troupes de Déjà le recrutement d'un régiment n'est pas
Poincaréétant une menace pour les forces révo- homogène, peu de sentiments profonds unissent
lutionnaires d'Allemagne. Déjà victorieux des ma- tous ses membres, lorsqu'il n'est pas dans une
gnats allemands, les ouvriers de la Ruhr avaient situation extraordinaire. C'est déjà une difficulté
dû reculer sans combattre, devant les tanks fran- pour le propagandiste qui ne trouve pas toujours
çais. Le mot d'ordre de fraternisation qui demeu- le mot d'ordre précis répondant aux aspirations
rait une formule un peu abstraite jusque-là, pre- de tous les soldats qu'il veut toucher.
nait à la veille d'événements que nous espérions juge que sur des souvenirs littéraires,
décisifs, un sens concret, une valeur primordiale. s'ilS'il nevoit
A tout prix les soldats français et belges devaient scènes ne en la vie militaire qu'une suite de
affirmer leur solidarité à leurs frères révoltés d'Al- du particuliercourtelinesques, s'il passe trop rapidement
lemagne. Dans chaque régiment, avec les quelques action au général, s'il ne base pas son
éléments acquis ou sympathisants dont on dispo- revisée, sur une information sûre, constamment
sait, il fallait organiser uniecellule, capable de méfianceil risque de rencontrer l'indifférence, la
la majorité du d'opposer la résis.. ou même de provoquer le mécontente-
gagner ment. Or, ce qui est essentiel, ce n'est pas la
tance »
passive
à la
aux
!
corps,
ordres
Révolution
des officiers et
«
même de constitution d'un appareil de propagande, c'est
passer la liaison des propagandistes avec les soldats.
Il faut avoir vécu ces heures d'angoisse pour L'ignorance de certains agitateurs des condi-
comprendre la portée tragique de la question que tions matérielles et morales de la vie militaire
se posaient là-bas des camarades soldats, souvent explique le manque de mesure dont ils faisaient
isolés, toujours privés d'informations sûres :
preuve parfois. Distribuer une centaine de jour-
d'assassiner la Commune allemande » ?
« Pourrons-nous empêcher les troupes françaises najux dans une usine n'est pas chose facile.
Est-ce plus aisé, dans
Fiévreusement on organisa un appareil avec des heurte, à chaque pas, à une caserne, lorsqu'on se
la discipline militaire
militants de toute origine, on intensifia la propa-
gande, on courut à travers toute la Rhénanie pour On s'est illusionné sur les résultats de cette
tenir en haleine ceux dont on connaissait les sen- distribution de journaux, et aussi sur son impor-
timents et l'impatience. tance. En fait, elle a été assez restreinte. Et il y
Et ce fut l'échec d'octobre, le recul auquel on aurait beaucoup à dire sur la vanité de longs et
copieux articles. Le tract, le papillon, l'affiche
assista de loin, la rage au cœur, la vision déses- lorsqu'elle est possible ont une autre valeur.
pérante de ces ouvriers d'Essen décidés au pillage
et à la vengeance. Ce fut enfin la répression des Mais si la propagande pour la fraternisation
autorités françaises prolongeant l'action de la n'a pas porté ses fruits, cela tient surtout à une
Reichweir en Saxe et à Hambourg ! cause, autrement grave, et dont l'organisation
n'est pas responsable.
II. Les résultats de l'action. En fait, le terrain n'était pas préparé. Les mili-
tants parisiens, habitués des meetings et des
La répression. manifestations, lecteurs de notre presse, ne peu-
vent imaginer à quel point la « bochophobie »
Le prolétariat français a toutes les faiblesses des contamine encore l'esprit des paysans et même
vieux peuples à civilisationséculaire. Tantôt blasés, des ouvriers français. Certes, il y a quelque pro-
;
tantôt fébriles, nos meilleurs militants sont souvent grès, aujourd'hui, après l'échec de la politi-
victimes de leurs nerfs. Ainsi deux opinions extrê- que de Poincaré les masses populaires ont peut-
mes, également dangereuses, ont été émises lors- être été impressionnées par le pacifisme larmoyant
que l'on a évalué les résultats de l'action dans et hypocrite du Bloc des Gauches. Mais en jan-
la Ruhr et en Rhénanie. vier 1923, la grosse majorité des troupes d'occu-
Aux uns les difficultés de la tâche ont enlevé pation entrait dans la Ruhr, avec la volonté
tout espoir. rageuse d'en finir avec ces « Boches » qui ne
Aux autres quelques manifestations caractéris- voulaient pas payer. En finir. même. « par un
tiques ont donné de grosses illusions.
Dès que l'action a commencé en France, dès laquelle les soldats se résignaient ;
coup de torchon ». c'était là l'éventualité à

que la propagande a pénétré dans les troupes d'oc- révoltés d'entre eux étaient bien loin de frater-
et les plus
niser avec ceux qu'ils jugeaient responsables de
cupation, des militants et non des moindres
n'ont pas craint de dire et d'écrire que nous avions leurs ennuis.
déjà conquis l'armée, que «celle-ci ne marcherait Nous n'avons pas suffisamment tenu compte
pas en cas de Révolution allemande ». de cet état d'esprit populaire. Emportés par l'en-
On croira
;
même les camarades responsables thousiasme de notre adhésion à la Révolution
que les casernes sont inondées de tracts et russe, nous avons cru liquidé tout le « jusqu'au
cantines, sur la nécessité de soutenir des grévistes avant des masses»
allemands.
Nous avons parlé des défauts d'un vieux peuple. encore ?
;
que des discussions fébriles s'engagent, dans les boutisme »; nous étions bien au delà « d'un pas on
et nos propagandistes à l'ar-
mée, nos camarades mobilisés étaient sont-ils
toujours surpris, souvent désarmés,
Ajoutons l'inexpérience et les insuffisances d'une par l'incroyable ignorance de leurs auditeurs et
organisation jeune. Dans des circonstances aussi compagnons.
graves, il fallait se garder de tout optimisme clai- Depuis six ans nous aurions dû mener une eam-
pagne systématique (1) contre la politique de de jeunes camarades que tous les discours subis
guerre et le traité de Versailles qui la prolonge. avant leur mobilisation.
Elle n'a commencé qu'en 1923 et peut-on dire La cellule communiste doit se lier à l'appareil;
»
qu'elle se poursuit aujourd'hui ? Cependant, si elle doit aussi « rayonner dans le régiment, tout
nous avions sérieusement touché aux points sen- en conservant son homogénéité propre et son
sibles l'impérialisme français, notre lutte actuelle caractère clandestin. (Le fait de tenir au courant
contre la guerre du Maroc en serait plus profonde de toute l'action entreprise de vagues sympathi-
et plus efficace. Et en 1923, la propagation du sants a coûté cher à quelques propagandistes mili-
mot d'ordre de la fraternisation en aurait été taires ou civils.)
grandement facilitée. Il n'est pas interdit de se réunir après la
Quoi qu'il en soit, quelles que soient nos réser- soupe (dans une chambre de sous-officier par
ves, nos critiques, on peut sans aucune exagé- exemple), pour faire de la musique. Il n'est pas
ration »
affirmer que le « travail dans l'ar- interdit d'évoquer
mée rhénane a donné des résultats appréciables, jour, et
de lire à haute voix les nouvelles du
des souvenirs de la vie pari-
qu'il est, depuis la révolution bolchevique, la pre- sienne sentimentale ou sociale !
Ma foi, on n'est pas toujours maître des con-
mière entreprise sérieusement organisée de désa-
grégation d'une armée bourgeoise. versations qui s'engagent, et ce n'est pas notre
Les bases mêmes de l'agitation étaient solides. faute si le communisme apporte seul des répon-
ternisation avec les ouvriers allemands, mais discussion »
Il s'agissait non seulement d'exhorter à la fra- ses précises aux questions posées aux cours d'une
« omnibus
Nous connaissons
sur l'actualité politique.
régiment où un véritable
encore de défendre les revendications matérielles «cercle d'études un
et morales des soldats et de lutter contre la pro- » fut constitué, grâce à quelques
militants adroits et énergiques. Trois d'entre eux
pagande réactionnaire à l'armée. ont payé cela de huit mois d'emprisonnement,
Revendications prenantes, earr les troupes d'oc- et la répression a dispersé les autres. Mais le bon
cupation subissent un régime d'exception, carac- grain n'a pas été perdu.
térisé par une aggravation du service (jusqu'à Travaillée par les communistesallemands, la
dix heures de garde par jour, dans les débuts de population ouvrière de la Ruhr manifesta aux
l'affaire de la Ruhr) par la suspension fréquente soldats
des permissions, par la sévérité de la censure une sympathie, vite partagée.
s'exerçant sur leurs loisirs, leurs propos, leur kirchen, Dans les centres prolétariens, à Essen, à Gelsen-
à Kray des cas de refus d'obéissance
correspondance. furent signalés, chaque fois
Lutte indispensable, car l'idéologie réaction- eurent à disperser des groupesque nos troupes
prolétaires. Des
naire, nationaliste et cléricale s'offre sous toutes soldats français et belges furent condamnés pour
ses formes, dans les lieux fréquentés par les sol- s'être joints à des manifestations et avoir chanté
dats. (Que de choses il faudrait dire, par exem-
ple, sur l'œuvre des « Foyers du Soldat », et le de « l'Internationale ». Dans le Palatinat, au cours
l'aventure séparatiste (qu'il faudra étudier
véritable but que se sont proposé ses fondateurs !) un jour, car elle est grosse d'enseignements), des
Quant aux résultats pratiques de cette agita- détachements refusèrent de faire la besogne des
tion,
t c'est avec une certaine discrétion que nous nationalistes rhénans.
devons les étudier. D'ailleurs, il est difficile de Nous manquons sans doute de renseignements
préciser la valeur de certains facteurs moraux suffisants sur ces faits, et il n'est guère facile
essentiels. d'en recueillir. Celui qui écrira un jour l'histoire
Le but principal était l'organisation de cellules révolutionnaire du prolétariat français devra
communistes dans l'armée. « Une cellule dans Far- fouiller dans les archives des conseils de guerre
mée,a-t-on dit avec raison, vaut davantage que où il trouvera les traces d'actions courageuses
10,000 tracts non seulement distribués, mais même « demeurées sans gloire, au milieu des ténèbres ».
arrivés aux mains des soldats. » Le moral de l'armée était atteint. Si dans l'en-
Par la cellule les communistes résistent aux ten- semble elle n'était pas gagnée, du moins avait-on

organisation de classe, ils s'arment contre les de l'occupation ;


tations et aux corruptions multiples de leur état détruit en partie ses préjugés nationalistes; les
militaire, ils se tiennent en contact avec leur cadres subalternes s'inquiétaient des longueurs
des régiments entiers subis-
mensonges de la presse bourgeoise, la seule qui saient des influences prolétariennes.
Les communistes parisiens avaient tort d'être
puisse passer la frontière et pénétrer dans les
casernes (2). La nécessité de commenter et de certains de la désobéissance collective, en cas
critiquer les informations et campagnes de nos d'action contre la Révolution allemande. Mais
adversaires fit plus pour l'éducation politique l'état-major et le gouvernement ne comptaient
plus sur une obéissance passive et générale. Et
ils avaient raison. Leurs craintes, la répression
(1) Nous ne voulons pas dire que rien n'a été fait. qu'elles ont provoquée sont un hommage rendu à
Nous n'oublions ni les brochures de Ker, ni la cam- la propagande communiste.
pagne contre le plan Dawes. Mais ce qui a été fait
F
a-t-il touché la grande masse ? Notre ami Hasfeld
de la Librairie du Travail créé les « Bonnes sion émane la circulaire suivante :
Le 4 avril 1923, de l'état-major de la 478 divi-
Veuilles » a
éditions à 0 fr. 10, puis à 0 fr. 25,
-
« Il y a lieu de s'attendre à une recrudescence de
susceptibles de pénétrer partout. Cette excellente ini- propagande commimiste. Les communistes français
tiative n'a jamais été sérieusement soutenue. auraient l'intention de profiter du maintien de la
classe 1921 pour essayer de provoquer un mouvement
(2) Encore faut-il qu'elle soit tolérée par le pro- de protestation de la troupe et déclencher une propa-

l
lecteur de 'Œuvre était suspect! Wiesbaden;
consul rhénan ? En octobre 1924, cinq mois après la
victoire du Cartel des Gauches, la vente du Quotidien
était interdite dans les casernes de un
gande antimilitariste.analogue à celle qui eut lieu en
1921, ait moment du rappel de la classe 1919.
Il y a lieu d'expliquer
supérieures qui imposent le aux
hommes les raisons
maintien de la classe et
9
d'exercer une surveillance active, mais discrète (1) En décembre 1923, 120 camarades civils et 15
sur les militaires, spécialement sur ceux signalés soldats furent arrêtés.
comme susceptibles d'être des propagandistes.
Tout incident sera signalé au général comman-
L'affaire de Mayence commençait.feg
dant la 47° division (2e bureau) et doit donner lieu
à enquête menée d'accord avec le commissaire spécial III. La préparation policière.

'i
du territoire de la 47e D. I. Le résultat de l'enquête
sera transmis sans délai, sous forme de compte La suppression des journaux communistes, la |||
fR.;

rendu. » lacération des affiches communistes ne suffisant .,


Du même, le 19 octobre 1923 : plus à arrêter une propagande d'autant plus né-
« Certaines publications françaises sollicitent des
faste aux yeux des autorités d'occupation qu'elle "1
militaires de la Buhr des renseignements sur les situa- gênait la sinistre farce du séparatisme rhénan (1),
tions matérielle et morale, ainsi que sur le caractère la répression s'était déjà exercée activement contre î
des relations avec les ouvriers allemands.
Les renseignements doivent être envoyés par l'inter-
médiaire de camarades permissionnaires ou des
familles.
Les chefs de corps exerceront une surveillance dis-
crète sur les sujets dangereux se trouvant dans leur
unité.
Cette surveillance portera particulièrement sur les
à tendance communiste

en donnera une idée :


!),
les organisations prolétariennes de la Ruhr (notons
qu'à cette époque il n'y avait plus dans les terri-
toires occupés d'activité prolétarienne qui ne fût
Un court extrait d'une brochure d'André Marty

« Le camarade Copp, du groupe de DinsUiken et


rapports de ces hommes avec leurs camarades ou le camarade Muller se refusant à remettre la liste
l'élément civil et sur leur correspondance. » des membres du groupe communiste, furent condam-
Au début de l'occupation de la Ruhr, les auto- nés à plusieurs mois de prison.Plus de cent ans de T
rités militaires ménageaient les communistes alle- prison furent distribués à 4 camarades de Neustadt,
mands. On voulait flatter la population ouvrière, 8 de Bochum, 4 de Dusseldorf, 2 de Buir, 5 de Wies-
baden, 3 de Pirmasens, 3 de Hambourg, 2 de Werden,
pour se servir d'elle contre les magnats indus- 1 de Hombrun, 1 de Scholten, 3 d'Essen, 4 de
triels. La presse française parlait, avec indul-
gence, des « communes » ouvrières de Gelsen-
kirchen et de Recklinghausen. Le général Degoutte
Herne. »
Mais Maginot avait donné l'ordre de « frapper
||j
autorisait « Mme Clara Zetkin » à donner une
série de conférences dans les territoires occupés.
à la tête », d'atteindre toute l'organisation, de
monter une machine de guerre contre le Parti com-
Les officiers, le 1er mai 1923, disaient à leurs hom- muniste, à la veille des élections de 1924, lorsque
le gouvernement Poincaré,cédant déjà sous la <
mes des manifestants chantant « l'Internatio-
nale » ou la « Marseillaise
leursalliés.
» : Ce sont nos meil-
pression des banquiersaméricains, voulait, en pour- ?
chassant la révolution, ranimer la confiance de la
Le Parti communiste allemand ne voulut en bourgeoisie. £
L'ordre fut exécuté. Une surveillance très active
aucune façon faire le jeu de l'impérialisme fran-
çais. sur les civils étrangers et français séjournant en i
Les industriels allemands vaincus, il tourna Rhénanie, quelques imprudences des propagandis-f
tes imputables à leur inexpérience et à leur
toutes ses forces contre les autorités d'occupation, time légi-
la Micum et le Comité des Forges. impatience (un mouvement révolutionnaire ë
Déjà en mai 1923, au cours des grèves qui semblant encore possible et imminent), permirent
éclatèrent dans la Ruhr, les troupes françaises des sinon de frapper la tête. qui eut du nez et i
assurèrent l'ordre. Par la suite, elles collaborè- bre jambes du moins de rassembler, en décem-
»
rent avec « la police bleue autorisée à rentrer plot.1923, les éléments d'un impressionnant com-
en territoire occupé. Que fallait-il pour cela ? Des journaux, des f
Mais lorsque le K. P. D. eut pris position contre tracts, des listes d'adresses, des dollars, et surtout ::.
« Guno et Poincaré », lorsque l'Internationale grand nombre d'inculpés. On eut cela aisément.
communiste des jeunes eut intensifié la propa- un reste. c'est-à-dire les preuves ou les aveux, ":
gande au sein des troupes d'occupation, la chasse Lel'habileté professionnelle »
« des policiers devait
au communisme fut organisée.
;
Les journaux communistes furent successive- en
»
peu de temps l'obtenir. Nous allons voir par
quels procédés. Et ce qui suit pourrait être dédié

murale ;
ment interdits des patrouilles de « lacération aux vieilles barbes de la Ligue des Droits de
eurent mission de détruire toute la propagande l'Homme.
dans tous les territoires occupés, les Les premiers arrêtés furent naturellement des
arrestations de jeunes communistes allemands se Allemands.
multiplièrent. Ils devaient parler. Pour mieux leur
faire comprendre ce devoir impérieux, on n'hésita
Aux heures décisives pour la Révolution alle- à utiliser les moyens de. pression policière
mande, une brigade de la Sûreté générale s'ins- pas déjà employés à l'égard des saboteurs nationa-
talla en Rhénanie. listes. Précisons bien (les vieilles barbes en ques-
Aulendemain de l'échec, lorsqu'un ultime tion ayant souvent l'oreille dure et l'intelligence
mouvement dans la Rhur et dans le Palatinat était assoupie). Il s'agit de moyens de torture perfec-
prévu, à la suite de la fameuse tournée d'inspec- tionnés. Le
tion de M. Maginot, le « grand complot
décidé.
»fut bon, évidemment.passage à tabac, la matraque, c'est
Mais cela laisse des traces, et
cela n'est pas toujours efficace.
(1) Citons à ce sujet, ce naïf aveu d'un capitaine
du 8e R. I., parlant à ses hommes, en septembre 1923, (1) Il faut suivre à ce sujet la campagne que le
!
à Rellinghausen : « Attention à ce que vous écrivez
à vos familles. Toutes vos lettres sont lues »
Dédié aux ligueurs des Droits de l'Homme qui s'in-
citoyen Jules Uhry, mène dans l'Ere Nouvelle contre
« les proconsuls rhénans ». L'Humanité n'en souffle
mot. Cependant, elle est au moins aussi intéressante
dignent du rapt de la lettre de M. Vatin-Pérignon. que celle de Daudet contre la police politique.
c
Il yale « fauteuil électrique », il y a le « pince, Lozeray, torturé, signa, sans le lire, un compte
nez ». Citons FHumwnité du 1er mars 1924 : rendu d'interrogatoire bourré d'affirmations fantai-
sistes et grotesques,dû au génie inventif de M. Jou-
« Le commissaire, en personne; introduit dans le
nez d'Hermann Laub, des Jeunesses communistes de lin, commissaire à Ludwigshafen (1)).
Ludwigshafen,u/n, instrument qui lui cause d'effroya- Ben Lekhal, emprisonné dans les locaux disci-
bles douleu/rs, et 't01¿t en lui laissant cet instrument plinaires du 28e Tirailleurs, fut également. « ques-
dans le nez, le commissaire ,sans soud des hurlements tionné » (dans toute l'acception du mot) par le
du malheureux, lui donne des coups de poing de droite colonel et un adjudant de ce régiment.
et de gauche sur le nez. » (1). Les sous-officiers et les soldats maintenus en
Au mois d'octobre 1923, cinq camarades de état d'arrestation pouvant plus difficilement être
Herne furent odieusement torturés dans des con- frappés, furent menacés sans succès, d'ailleurs
ditions analogues. L'un d'eux, le camarade Dos- et maintenus au secret dans « les étuves gla-
kowsky, craignant de ne pouvoir résister plus long- cées » de la prison militaire de Landau ou des
temps, se suicida dans la prison militaire de Herne. cachots régimentaires de Wiesbaden.
Geste digne des stoïques de l'antiquité, qui donne Enfin au bout d'un mois de. préparation poli-
la mesure des atrocités policières et de l'héroïsme cière, on fut obligé d'envoyer tous les dossiers
dont un révolutionnaire est capable. volumineux, mais incomplets, au proconsul De-
On arrêta non seulement ceux qui avaient été goutte. Celui-ci n'attendit pas plus longtemps. Il
pris sur le fait, non seulement presque tous les avait son « affaire ».
militants qualifiés du Parti et des Jeunesses de Dans la prison militaire de Mayence, à l'aube de
Rhénanie, mais encore tous les suspects
qui avaient transporté des paquets dont ils
ceux
igno- - l'année 1924, furent écrouésune centaine de civils
et une quinzaine de soldats (dont quelques-uns
raient le contenu ceux qui avaient eu ou pou- avaient été, dans le courantdu mois de décembre,
vaientavoir eu des relations avec les propagan-
distes.
Certains moins héroïques que Doskowsky - :
arrêtés une première fois, puis relâchés) sous la
double inculpation
1° D'avoir voulu provoquer le mécontentement,
sous les coups des brutes policières, direntce qu'ils exciter à la rébellion et fomenter des mutineries
savaient et même ce qu'ils ne savaient pas. Quel- dans l'armée de la Rhénanie et de la Ruhr;
ques-uns parlèrent parce qu'ils étaient payés pour 2° D'avoir introduit, colporté ou distribué dans
cela. La police allemande prêtant généreusement les casernes et cantonnements des publications in-
ses locaux, ses hommes, ses instruments d'informa- terdites.
tion à la Sûreté française, on finit par aboutir à
:
des arrestations jugées capitales celle d'Assen- On ajouta par la suite à la charge de Lozeray et
de quelquesautres, une inculpation supplémentaire.
macker, de Cologne, celles de camarades de natio-
nalitéétrangère : le Yougoslave Konstaintinovitch, Celle d'espionnage. parce qu'ils avaient voulu
l'Italien Bencovitch, l'Autrichien Dycka, et surtout
celle de l'Arabe Ben Lekhal, arrêté à Siegburg et
celle de notre camarade parisien Robert Lozeray,
le recrutement des régiments. Espionnage ?
recueillir des renseignements sur l'emplacement et
profit de qui 1 On ne l'a pas dit. Un communiste
Au

arrêté à 'Ludwigshafen. doit espionner sans motif pour s'entraîner, se pré-


Sur celui-ci, qui se rendait en Rhénanie pour parer à ses trahisons futures.
s'informer desconditions d'existence des soldats,
qui avait la mission nécessaire de rétablir le con- IV. Le procès.
tact entre les prolétaires mobilisés et leur organi-
sation de classe, on trouva une liste d'adresses mi- Le capitaine Rolland gros homme maladroit,
litaires ; adresses rassemblées un peu au hasard, qui veut jouer au psychologue et qui a tous les
de soldats qui n'étaient pas tous communistes ni défauts des Jésuites, sans en avoir les qualités
même sympathisants, dont quelques-uns, d'ailleurs, fut chargéde l'instruction.
furent indignes de la confiance imprudente qu'on Mais devant lui les inculpés pour la plupart
leur avait témoignée. revinrent sur les déclarations qu'on leur avait
Le 17 décembre, Lozeray était arrêté, le 18, le imposées ou plutôt refusèrent de leur reconnaître
20 et le 21, une vingtaine de soldats étaient, à une valeur. Le philosophe galonné en fut à peine
Wiesbaden, à Landau, à Mayence, à Worms, visités troublé.
par la police, fouillés, laborieusement interrogés et Au début, il fut assez bien servi par la lâcheté
emprisonnés pour la plupart. Dans la chambre des pour ne pas dire plus de quelques soldats
sous-officiers Hardouin et Lingat, du 9e R. A .D., inculpés. Noustairons les noms, par pudeur autant
à Landau, on trouva les mêmes journaux, tracts et que par pitié. L'un d'eux, par exemple, pour obte-
papillons que chez les communistes allemands. La nir sa mise en liberté, rapporta fidèlement au capi-
taine les propos tenus en prison par sescodétenus,
« liaison organique » était ainsi prouvée. On avait
tous les matériaux du complot. Le plan était dressé. au cours de la promenade quotidienne.
Il suffisait pour édifier un nouveau monument de Mais quels étaient donc les inculpés Nous ?
littérature policière de le développer; exercice avons déjà parlé des Allemandsdont le groupe
de style auquel les emprisonnés ne collaborèrent énergique comprenait des femmes, des mères, des
pas de bonne grâce. La déclaration qui comblait jeunes hommes et des jeunes filles de quinze à
une lacune, qui liait des éléments dissemblables, qui seize ans. Nous avons cité les étrangers, représen-
donnait
d 't à 1,l'œuvre une base et une ossature solides, tation vivante de l'Internationale.
ils se refusèrent souvent à l'accorder. Il fallut reve-
niraux grands moyens. (1) Lire, à ce sujet, l'Humanité du 27 juillet 1924.
Le nom de M. Joulin doit passer à la postérité ainsi
que celui de son collègue de Bochum, Muller-le-tor-
(1) Au sujet des atrocités policières, il faut tionnaire. M. Joulin voulait faire dire à Lozeray qu'il
sulter l'Humanité du
let 1924.
1er
con-
mars, du 2 mars, du 27 juil-
de suite pourquoi.
»
était « l'homme de confiance de Doriot. On saisit
Parmi les soldats, le noyau du 9e R. A. D. atti- A Mayence, les communistes emprisonnés, qui

qui répondit au capitaine rapporteur :


rait plus particulièrement les sympathies des
autres inculpés et l'estime des gardiens. Hardoum
« Avant
d'être sous-officier, j'étais ouvrier. » Lingat, anar-
chisant avant sa mobilisation, qui, aujourd'hui, a
fraternisaient dans la prison même, qui avaient
organisé le 1er mai, une manifestation suivie,d'une
répression imbécile, à laquelle répondit la grève
de la faim, apprirent avec joie les résultats des
élections.
rejoint le Parti; Albert 'Lemire,quipouvait se Certainsque le mot d'ordre de la fraternisation
tous les papiers compromettants ayant avait circulé dans les masses, pendant la campa-
dégager
été trouvés chez Hardouin et Lingat
nettement ses responsabilités (1)
et qui prit
tous les trois
gne électorale, la défaite du Bloc National en
France, suivant le succès communiste du 4 mai en
furent devant les juges de Mayence des représen- Allemagne, fut pour eux.la garantie d'une libéra-
tants qualifiés du prolétariat militaire. Sommés de tion proche. Après six mois d'emprisonnement, de
»
dénoncer leur « fournisseur en publications dan- souffrances, d'isolement redoutable, la confiance re-
gereuses, ils résistèrent sans effort à toutes les
pressions, et Lemire répondit iau nom des trois : naissait. De France, des lettres pleines d'espoir leur
parvenaient.
Mais Degoutte ne lâchait pas sa proie. Irrité
« La délation n'est pas une morale pour nous. »
Tout cela, évidemment, est normal. Un commu- par l'échec de son ministre, craignant une disgrâce
niste ne trahit pas. C'est vrai. Mais une telle affir- prochaine, profitant d'ailleurs d'une ignorance du
mation prend une valeur singulière lorsqu'on peut grand public français ignorance dont la presse
l'illustrer par de tels exemples. communiste était responsable il donna l'ordre
D'ailleuns il faut se rendre compte de la situa- de frapper rapidement les inculpés, de mettre le
tion dans laquelle se trouvaient les inculpés, privés nouveau gouvernement devant le fait accompli.
de tout relation avec Paris, pouvant à peine com-
muniquer avec leurs avocats, maintenus au secret De i'Œuvre du 5 juin 1924, tirons ces ob ser-
pendant plus de cinquante jours. vations et informations intéressantes :
Pendant cinquante jours. au bout desquels il On sait que cette affaire dormait depuis des mois,
fallut bien convenir qu'on ne tirerait plus grand'- d'un profond sommeil. Brusquement, sitôt connus les
chosed'eux. résultats des élections dit 11 mai et en prévision de
Sans oser l'avouer, le capitaine Roland en était l'amnistie, que n'allait point manquer de voter la
sûr. Il s'entêta à boucher les trous du monument nouvelle Chambre, on la réveilla. Par la voie la plus
policier que les démentis ou le silence des inculpés, rapide, en l'espèce la voie télégraphique, les avocats
parisiens des inculpés, à qui l'on avait négligé de
les contradictions des témoins de l'accusation communiquer le dossier, furent prévenus que le conseil
avaient ébranlé. Il s'énerva à courir après des de guerre siégerait, à Mayence, le mardi 3 juin, à
pistes fantaisistes, il se vautra dans l'illégalité, il 9 heures.
joignit la maladresse à l'arbitraire. Avant-hier donc, quelques-uns de ces défenseurs,
On avait, au début, arrêté les soldats au petit Mes Noguères, Maurice Pas, Viel, Gelma, Maranges,
se présentaient devant le tribunal militaire.
bonheur. Pour avoir eu des relations amicales avec
les trois inculpés du 9" R. A. D., un jeune démo-
bilisé fut arrêté dans son atelier, traversa toute
la France menottes au poing et fut finalement
conclusions, visant:
Dès l'ouverture de l'audience, ils déposèrent des

;
1° l'absence d'inculpation préa-
lable; 2° les violences exercées sur les inculpés; 3° le
caractère secret de l'instruction 4° la mise au secret
amené à Mayence. des prévenus; 5° la violation du secret des communi-
Sur le compte d'un autre, son avocat Me Fernand cations avec le défenseur; 6° la nullité de certaines
Izouard qui n'est pas communiste, loin de là ! ordonnances de l'officier rapporteur; 7° la violation
- s'exprimera en ces termes (Humanité du 13 avril
1924) :
du droit des prévenus à se pourvoir; 8° la nullité
de l'ordre de mise en jugement.
Les conclusions retenaient en outre : 1° que l'ins-
« On a surpris sur lui une lettre qu'il écrivait à truction comporte des lacunes préjudiciables aux in-
ses parents. Il tenait, comme vous allez le voir, des culpés; 2° qu'une disjonction arbitraire est proposée:
propos bien audacieucc. Ne prétendait-il pas qu'un de 3° que les dossiers ne sont pas complets.
ses camarades, accusé de propagande antimilitariste, Est-il besoin d'ajouter qu'à la demande du capi-
ne s'y serait certainement pas livré si les soldats de
l'armée d'occupation eussent été mieux traités Il?
a été poursuivi pour cette lettre interceptée. Le voilà
taine Roland, rapporteur, les conclusions de la défense
furent rejetées à l'unanimité ?
inculpé de propagande antimilitariste et passible de Au nom de ses confrères, Me Noguères lut alors
quinze ans de prison. » une énergique déclaration, protestant contre cette pro-
Il fallut bien, cependant, se décider à renvoyer
ceux que l'on gardait dans l'espoir que la peur ces mots :
cédure de « justice brusquée » et se terminant sur
A Mayence, il faut frapper et vite des jeunes
en ferait des témoins à charge contre leurs cama- qu'il a déjà
rades. On conserva les meilleures pièces, et lente- gens que Paris amnistiera demain
amnistiés.
ment le capitaine Roland élabora l'acte d'accusa- Nous n'avons à favoriser aucun calcul, nous
tion. n'avons à considérer que le droit.
Le 11 mai, Poincaré est vaincu, le Cartel des Collaborateurs de la justice, et ne servant qu'elle,
Gauches triomphe, le communisme s'affirme comme le respect que nous lui portons nous défend de don-
une force imposante, Doriot est tiré de prison par ner par notre présence une apparence de légalité aux
les ouvriers de la banlieue parisienne. débats qui vont s'ouvrir et qui sont viciés dans leur
principe même.
(1) Lemire est un ouvrier, jeune, et pourtant expé-
»
rimenté, un « vieux militant des Jeunesses. Il reve-
nait, libéré, se mettre au service de son Parti. Les
prises :
Prenez vos responsabilités, messieurs, les nôtres sont
la défense se retire.
En effet, les cinq défenseurs quittèrent ensemble
bureaucrates de son Parti l'ont exclu non seule- la salle du conseil de guerre, à la grande stupéfaction
ment, Monatte, parce qu'il refusait de prendre posi- des juges.
tion contre vous, mais encore parce qu'il pouvait L'après-midi, trois officiers furent commis pour
avoir dans les Jeunesses une influence nuisible au remplacer d'office les avocats absents. Mais les pré-
prestige d'un Doriot ou d'un Ferrât. venue refusèrent unanimement de répondre hors la
présence de leurs défenseurs réguliers aux questions
du président.
« PAR ORDRE
a employés.)
» (ce sont les termes mêmes qu'il
Hier, mercredi, la même scène se renouvela et l'au- Cen'est pas encore toute la vérité. Ce n'est
dience fut remplie par un long monologue du colonel
Jean, présidant ce procès sans débats.
On passa alors à l'audition des témoins. La plupart
n'apportèrent à la barre aucune révélation nouvelle.
Mais soudain, un gros incident se produisit.
constante et normale : »;
pas seulement une fois que le conseil de revision a
statué « PAR ORDRE c'est pour lui une pratique
nous avons le droit de le due
et nous sommes en mesure d'en apporter les preuves.
Un jeune témoin de quinze ans vint affirmer que Un autre jugement fait d'avance
ses premières déclarations lui avaient été arrachées C'est celui qui vient d'être rendu le 10 juillet par
par la violence. Il les rétracta formellement, malgré le conseil de revision de Mayence.
les menaces dit commissaire dit, gouvernement. L'im- ?
Quoi Celid qui a cassé le jugement du conseil de
pression fut énorme.
Aujourd'hui et peut-être les jours suivants, se guerre au profit de nos amis?
Parfaitement. Et d'avoir obtenu satisfaction nous
powrsmvra ce simulacre de procès, les prévenus sans n'en sommes que plus à l'aise pour révéler la triste
défense persistant dans leur mutisme et les juges mi- parodie de justice à laquelle s'est livré le conseil de
litaires persévérant dans leur illégalité. revision.
Cette relation de la première audience du pro- Voici comment les choses se sont passées.
cès ne serait pas complète si nous n'ajoutions que Après les plaidoiries, le conseil de revision se retire

seurs, on trouvait cette phrase admirable :


dans l'arrêt qui rejetait les conclusions des défen-

« La procédure réunit tous les éléments néces-


pour délibérer.
Le greffier le suit aussitôt dans la salle des déli-
bérations, ce qui est formellement interdit par le code
saires pour apprécier de justice militaire, et, un quart d'heure après, le
LE DEGRÉ DE CULPABILITÉ DE
CHACUN DES ACCUSÉS. »
Vous avez bien lu. Degré de CULPABILITÉ ! Dès
la première audience, avant tout débat, les accusés
conseil de revision entre en séance.
Le greffier procède alors à la lecture du jugement
qu'il vient de « rédiger » (il ne faut pas l'oublier)
EN UN QUART D'HEURE.
sont reconnus coupables et il ne s'agit plus que Il lit, d'une voix monotone et aussi rapidement que
d'apprécier dans quelle mesure, à quel degré ils possible, un interminable jugement. il semble qu'il ne
le sont. Voilà ce qu'on peutappeler de la justice s'arrêtera jamais. IL LIT AINSI SANS ARRET
PENDANT CINQUANTE MINUTES UN JUGE-
expéditive. Les juges de l'affaire Dreyfus n'avaient MENT QU'IL EST CENSE AVOIR ECRIT EN UN
tout de même pas été aussi fort. au moins dans QUART D'HEURE. On comprend la supercherie,
leurs affirmations publiques. monstrueuse et imbécile.
On se souvient de la suite du procès. Des Mais précisons encore. Parlons chiffres.
témoins qui reviennent sur leurs déclarations, des A 18 h. 35, le conseil se retire pour délibérer.
policiers français et allemands qui s'embrouillent A 19 heures, on appelle, illégalement, le greffier
dans leurs inventions rocambolesques; un pauvre dans la salle des délibérations pour « rédiger le ju-
diable de caporal Mustapha dont les sentiments gement ».
A 19 7t. 15, le conseil rentre en séance.
de « bon mulsuman » (sic) et l'espoir d'un avan- A 19 h. 30, on commence la lecture dit jugement.
cement rapide, ont fait un mouchard et un traître; A 20 h. 20, on finit la lecture dit jugement.
des avocats d'office,officiers, paradant pour les Cet horaire est plus éloquent que toutes les dé-
petites poules du public et voulant ouvrir à leurs monstrations, il indique, sans dénégation possible, que
;
clients réfractaires. « les portes dit chemin de la
vérité sociale « (sic) un réquisitoire marmonné et
expédié comme une messe, du ventripotent capi-
taine rapporteur; enfin, le verdict frappant trente-
deux camarades, vingt-huit civils et quatre soldats,
tions..
le jugement était préparé d'avance, qu'il avait été
»
apporté de « l'extérieur dans la salle des délibéra-
C'est la preuve même de la forfaiture.
Voilà la « justice militaire », voilà les garanties
de peines dont le total atteignit cent trente-trois de la justice sous le Bloc des Gauches ! Nous allons
voir ce qu'en disent les honnêtes gens profession-
années de prison. nels.
Loin de conclure l'affaire, ce verdict devait la Nous sommes en mesure de dire d'où viennent les
poser devant la classe ouvrière. Celle-ci avait déjà
renduson jugement en élisant Doriot; elle devait
« ordres » donnés aux tribunaux militaires, nous
sommes en mesure de révéler le mécanisme secret et
prolonger ce premier geste. Mais à peine fut-elle »
abject de la « justice à l'armée du Rhin.
touchée par quelques articles et discours. On pré-
féra laisser le procès suivre son cours normal, et
le 10 juillet, le conseil de revision l'étudiait (1).
!
On n'arrêtera pas le scandale.
Si, hélas le scandale fut arrêté.
Mais cette menace fit son effet.
Les défenseurs avaient déposé un mémoire énumé- De hauts fonctionnaires du ministère de la
rant toutes les illégalités commises, et Maurice Guerre, des collaborateurs intimes du général Nol-
Paz et Me Noguères y venaient remplir la tâche let, s'étonnaient eux-mêmes de l'inexistence d'une
qu'ils n'avaient pu assumer devant le conseil de campagne de presse.
On s'attendait à des révélations dangereuses.
guerre.
Le conseil de révision cassa le jugement du con-
seil de guerre. Dans quelles conditions ?
;
qui ne vinrent pas on craignait une lutte systé-
matique. qui ne fut pas menée. Mais l'inquiétude
L'Humanité du 15 juillet nous renseigne à ce de certains chefs fut une des causes de la libéra-
suj et : tion de nos camaradesqui ne s'opéra cependant
Nous avons relaté hier l'aveu stupéfiant du com-
mandant Roques au conseil de revision de Mayence :
en audience publique cet officier a déclaré que dans
qu'au bout d'un mois, après le verdict du conseil
de revision !
V. Conclusions.
une précédente affaire le conseil avait statué sous
une « PRESSION EXTERIEURE », qu'il avait jugé L'importance de l'affaire de Mayence ne devait
échapper à personne.
(1) Cependant Wagenfeld, à qui le capitaine rap- Dès le début, elle posait devant l'opinion ou-
porteur avait refusé sa mise en liberté, malgré l'avis vrière toute la question de la politique de la Ruhr,
des médecins, venait de mourir, tuberculeux. elle était une affirmation vivante du principe corn-
muniste, de fraternisation des soldats français et Une pareille déclaration constitue proprement un
des ouvriers allemands. scandale. -
L'opinion ouvrière jusqu'au procès n'a Penser que des pourparlers et des compromis sont
possibles entre le Parti communiste et le gouverne-
pas été touchée. Par réperoussion, les soldats de ment de la Bourgeoisie de Gauche, penser que, pen- <"
l'armée rhénane, même ceux qui étaient easernés dant que de pareils compromis sont engagés, le Parti
à Mayence, ignoraient tout du complotque l'on doit se taire et interrompre sa campagne, voilà qui
montait et des motifs qui animaient les victimes mérite une vigoureuse protestation et des sanctions. »
de la répression. Il importe de préciser ici qu'une Ce n'est pas dans un esprit tendancieux que nous jT
campagne dans le pays lorsqu'elle est systémati- rappelons ces choses. Mais l'appareil de la justice V?
quement menée se prolonge toujours dans l'ar- militaire, contre lequel on n'a pas su lutter, entre
mée, par la voie normale. lorsque ce n'est pas par à nouveau en action pour entraver les campagnes
la propagande antimilitariste elle-même.
Le Parti communiste se devait à lui-même de a
contre la guerre du Maroc. Et on laissé passer
une magnifique occasion de lui porter des coups
<
£
prendre devant le pays, la responsabilité entière mortels. T'
de l'agitation menée dans l'armée rhénane autour En fait et l'on s'en aperçoit en lisant les
du mot d'ordre de fraternisation. L'affaire de articles trop discrets que l'Humanité consacre à la
Mayence devait être au premier plan de son action.
Après le procès, les conséquences de l'affaire de répression actuelle on n'a pas encore compris
Mayenne s'élargirent encore. Ce n'était plus seule- que la bourgeoisie ne nous sait jamais gré de gj
notre silence.
ment Poincaré et sa politique qui étaient en cause. L'affaire de Mayence a mis en relief deux dan-
C'était toute la justice militaire, tout le régime
proconsulaire de Dégoutté !
Si la justice militaire avait été particulièrement
gers qui menacent également une organisation pro-
létarienne de combat. :
scandaleuse au cours de cette affaire, c'est qu'elle
Certains militants, encore influencés par l'idéolo-
gie social-démocrate, répugnent à l'illégalité, à
V

s'exerçait dans des territoires soumis à. « une


occupation non pacifique » (ce délicieuxeuphé-
nisme est de M. Poincaré, lui-même). Quand nous
l'action secrète, à toutes les obligations pénibles
qu'elle comporte.
parlions de proconsulat de Degoutte, ce n'était pas D'autres, au contraire, se plaisent dans le mys-
seulement une formule. La presse ne passait la tère. Un goût romantique pour l'aventure leur
frontière qu'avec son autorisation, c'était lui qui fait négliger la liaison avec les masses et crain-
dirigeait la justice militaire sans que les garanties dre toute publicité, comme s'il s'agissait simple-
les plus élémentaires fussent respectées, c'est lui ment de jouer avec lapolice une angoissante partie
qui mobilisa la force armée pour l'exécution de de « cache-tampon ».
ses décisions et le succès de sa politique. La Ruhr Le difficile justementest de passer dès que
était gouvernée par le seul Degoutte, cela est possible de l'illégailité dans la légalité.
Avait-on suffisamment réfléchi aux dangers d'une Dans le premier trimestre de 1924, il eût été
telle puissance concentrée entre les mains d'un gé- opportun d'arracher l'affaire de Mayence, au secret
néral réactionnaire ? d'une longue instruction. L'agitation électorale en
Ce qui est certain, c'est que le mouvement donnait l'occasion. On avait tout à y gagner et J,',
d'idées provoqué dans les masses populaires par la plus rien à y perdre, la police connaissant déjà ';
victoire du Cartel permettait le succès d'une cam- tout ce qu'elle pouvait connaître.
pagne menée contre les conseils de guerre et contre Quoi qu'il en soit, l'affaire de Mayence marque
Dégoutté campagne dont notre Parti aurait tiré une date importante dans l'histoire du prolétariat -'
tout le bénéfice.
A-t-on fait le nécessaire,au moins pour que
les victimes soient promptement libérées ?
celle des marins de la mer Noire !
français. Non moins importante, peut-être, que
Marty et ses compagnons furent des héros, au
<
4

Pour répondre à cette question, citons cet extrait sens plein du mot. Ils dressèrent contre une aven-
d'un rapport élaboré au Comité national des Jeu-
nesses communistes, en juillet 1924 et intitulé
»
: ture criminelle, une protestation que leur isole-
ment, l'absence de toute liaison entre eux et la ;
-

« L'affaire de Mayence et la position du Parti classe ouvrière, rendait plus tragique et plus glo-
« La dernière campagne de l'Humanité fut extra-
:

ordinairement faible, presque inexistante.En un mois


rieuse!
Les condamnés de Mayence ne pouvaient, à ce
(du 17 juin au 24 juillet) treize articles ou commu- point de vue, être comparés aux marins de la mer
niqués seulement parurent dans l'Humanité. Ces ar- Noire. Mais, à Mayence, ce n'étaient pas quelques
ticles fourmillent d'erreurs et sont notoirement in-
sitffisants pour la grande majorité d'entre eux. LES hommes que l'on jugeait, on voulait atteindre l'or-
ganisation qui avait entrepris la préparationrévo-
;;
CAMARADES QUI AURAIENT DU DIRIGER TOUTE LA CAM-
PAGNE SONT SYSTÉMATIQUEMENT ÉCAE^ÉS. On peut dire lutionnaire de l'armée, on voulait frapper le Parti
sans exagérations que la plupart des arguments mas- communiste.
sues qui auraient dû alimenter la campagne n'ont pas A l'électoralisme, à l'agitation superficielle, au
été utilisés et que la campagne a été environ le dixième verbalisme, Lénine et les vrais léninistes ont subs-
de ce qu'elle aurait dû être. titué la politique de la pénétration dans tous les
Les interventions parlementaires furent, elles aussi,
groupes prolétariens : la politique de la présence.
d'une faiblesse extrême. Ils ont été compris par de jeunes ouvriers sans ?
ment :
Les meetings prévus n'eurent pas lieu.
Comment expliquer cela ? De deux façons seule-
Ou bien l'incapacité de la direction de
l'Humanité, 0ib bien le sabotage. Vers la fin de juin,
ambition doctrinale et dans la Rhénanie, dans la
R.uhr, dans les villes occupées, dans les casernes,
dans les prisons, sur les bancsdu conseil de guerre, :
,
alors que les Jeunesses protestaient déjà, le cama-
rade Calzan, directeur politique de l'Humanité, re-
fusa de publier un article de Maurice Paz objectant :
le communisme a été présent et actif.
Ce sera son impérissable honneur !
Il faut s'en souvenir pour oublier toutes les
N
-;:

« Vu la violence de l'article en question, il pour- désillusions et les amertumes du temps présent.


rait nuire à nos camarades de Mayence, alors que des
démarches étaient tentées pour leur libération. » UN TÉMOIN.
Le triomphe international , autoriser la Banque d'Angleterre à sortir librement
son or d'Angleterre; le triomphe économique de la
de la Banque. Banque ne sera absolument définitif que lorsque le
retour à l'étalon d'or sera total, c'est-à-dire lorsque la
Banque d'Angleterre pourra se payer le luxe d'offrir
Les deux grands éléments dirigeants de la société de rembourser ses billets en or, à guichets ouverts,
bourgeoise actuelle sont l'industrie et la banque; selon mais il est dès maintenant suffisant pour assurer le
que c'est l'une ou l'autre qui a la prépondérance, l'Etat pouvoir politique aux Big Five, les « Cinq Grosses »,
bourgeois, expression des forces économiques domi- ainsi qu'on nomme les cinq grandes Banques de la
nantes, suit telle politique ou telle autre. Cité.
Les années qui suivirent immédiatement la guerre
furent marquées par la prépondérance de l'industrie,
**
les industriels ayant été fortement enrichis par la En France, après l'armistice, ce fut également
guerre tandis que leurs rivaux, les banquiers, dont l'industrie, l'industrie lourde, le Comité des Forges, qui,
l'actif était surtout constitué par des créances en sous les espèces du Bloc National, s'installa au pouvoir.
voyaient la valeurdiminuer au fur et à mesure que se Fort de ses nouvelles et formidables acquisitions en
dépréciait la monnaie. Lorraine ex-allemande, au Luxembourg et dans la
Le moment que nous vivons est au contraire carac- Sarre, sans compter celles dans les pays vassaux de
térisé par la dégringolade des industriels et l'ascension l'Europe Centrale, le Comité des Forges put tenir
des banquiers.
**
Ce fut en Angleterre que le retour offensif de la banque
se manifesta d'abord. C'était en Angleterre que
:
sensiblement plus longtemps que la Fédération des
Industriels britanniques. Mais lui aussi avait son talon
d'Achille il lui manquait le coke. La défaite de la
Ruhr, en lui ôtant tout espoir de conquérircet aliment
essentiel à la marche de ses hauts fourneaux, sapait
la position destout
industriels était la moins solide. Ainsi la base de sa puissance économique et par là même
en effet qu'il a été exposé plusieurs fois ici même,
l'industrie britannique connaît des raisons profondes son pouvoir politique. Les élections du 11 mai enregis-
trèrent sa défaite.
de décadence. Le coup de fouet de la guerre lui avait Avec le Cartel des Gauches la banque s'installait
pourtant permis d'occuper le pouvoir après l'armistice. au pouvoir. Par l'établissement de Caillaux (1) aux
La Fédération des Industriels britanniques fut à ce Finances, et par le déclenchement de la guerre du Rif,
moment le véritable gouvernement de la Grande- ce pouvoir a atteint son apogée.
; »
Bretagne. La « Coalition entre libéraux et conserva-
teurs fut son œuvre Lloyd George fut son homme.
Mais la crise économique mondiale de 1920-1921
lui porta le coup fatal. Handicapée par ses raisons
**
Mais l'industrie allemande, les magnats de la Ruhr,
permanentes de décadence, elle ne put s'en sortir. jusqu'à hier, continuaient à tenir bon. C'était le pou-
Voici maintenant cinq ans pleins pendant lesquels il voir des magnats allemands qui formait l'épine dorsale
:
lui fut impossible de redonner une activité normale à
ses usines il y a toujours un million et quart de
chômeurs officiels, et la plupart des non-chômeurs
doivent travailler à temps réduit.
de la domination de l'industrie en Europe,car c'était
eux dont la positiqn technique générales
plus forte. En plus des raisons
était de beaucoup la
quiavaient
fait partout profiter les industriels de la guerre, il y
:
Cette déchéance économique entraîna la déchéance
politique la chute de Lloyd George en fut le premier
acte, l'écrasement quasi total aux dernières élections
du parti libéral, le vieux parti traditionnel du capita-
avait en effet pour les industriels allemands une cause
particulière de supériorité. Possesseurs pour la plupart
avant la guerre d'usines et de mines de fer en Lorraine
allemande, au Luxembourg et dans la Sarre, ils avaient
lisme industriel (1), en fut le dernier. touché de l'Etat allemand au lendemain de la guerre
Pendant que l'industrie anglaise déclinait, la banque des sommes colossales pour les dédommager de la perte
de ces entreprises désormais passées entre les mains du
au contraire s'élevait. Son avenir économique dépen- vainqueur; ces sommes, ils les avaient immédiatement
dait ayant tout du retour de la livre à la valeur or. réemployées, partie en construisant de nouvelles usines
Ce retour, en même temps qu'il revalorisaitles créances
Possédées par les banques, devait leur permettre de dans la Ruhr pour compléter celles qu'ils y possédaient
déjà, et partie pour s'assurer le contrôle d'entreprises
remplir à nouveau à plein leur rôle d'intermédiaire déjà existantes. Cela leur avait permis de bâtir ces
entre les différents détenteurs de capitaux, les prê- gigantesques konzerns, où la concentration capitaliste
teurs ayant par là l'assurance d'être remboursés en atteint son maximum.
une monnaie de même valeur que celle prêtée, puisque Devenus maîtres ainsi, à une dizaine tout au plus, du
en une monnaie d'une valeur réelle, la valeur de plus colossal ensemble métallurgique et minier de l'Eu-
l'or. Or, depuis quelques mois la livre est suffisamment
proche de sa parité avec l'or pour que l'Etat ait pu rope, ils marchèrent avec une brutalité toute germa-
nique à la conquête du pouvoir politique, par tous les
moyens, y compris l'assassinat. L'assassinat d'Erzber-
(1)I.la Banque qui eut presque toujours un pied dans
chacun des deux grands partis bourgeois anglais eut soin
de lâcher à peu près complètement le parti libéral avant la (1)Les camarades désireux de saisir sur le vif la rivalité
débâcle. Le ralliement au parti conservateurde Mac-Kenna, des banquiers et industrielsferont bien de lire le livreécrit
Président de la plusimportante banque de Londres, vieux par Caillaux il y a trois ou quatre ans, Où va la France?
libéral, et ancien ministre libéral des finances, est caracté- Où va lEurope? Ce n'est qu'un long cri de haine contre les
ristique à cet égard. industriels qui refusent de subir le contrôledes banquiers.
ger et celui de Rathenau (1) furent plus ou moins CHRONIQUE DES MONOPOLES
directement leur œuvre. Ce dernier meurtre, et la
constitution du ministère Cuno qui s'en suivit, marqua
l'apogée de leur pouvoir.
Mais aujourd'hui les crises nombreuses qu'eut à Le Monopole à la
subir depuis deux ans l'industrie de la Ruhr ont fini, campagne.
semble-t-il, par ébranler leur puissance. Les magnats Un récent rapport du Conseil d'Administration de la
ne sont plus en mesure de surmonter avec leurs seules Distillerie du Blavet nous fournit un remarquable
forces la crise de mévente qui sévit depuis quelques exemple de la manière dont les paysans, lorsqu'ils se
mois en Allemagne, sur les produits métallurgiques et laissent faire, tombent sous la coupe des monopoles.
sur le charbon. Dans les premiers jours de juin en effet La Distillerie du Blavet est une société qui se livre,
on apprit successivement que l'un des fils de feu Hugo ainsi qu'un grand nombre d'autres industriels, à la dis-
Stinnes se retirait de l'affaire paternelle, puis que tillation des pommes en Bretagne. Jusqu'à l'année
celle-ci n'avait pas d'argent pour faire face à ses pro- dernière chaque distillateur achetait séparément ses
chaines échéances, et enfin que ce n'était pas là seule- pommes sans entente avec les autres. C'était donc la
ment la situation du konzern Stinnes, mais également concurrence qui fixait les prix. Le paysan vendait
celle des konzerns Klockner et Otto Wolf. Ce fut la à celui qui lui offrait le prix le plusfort.
panique.
;
Mais la banque veillait l'heure de sa revanche allait Les distillateurs réalisaient ainsi un profit normal,
sonner. Les successeurs de Stinnes, de l'orgueilleux
Stinnes dont l'idée directrice, dans la fondation de son
konzern, avait été de se soustraire au joug de la banque,
allaient être obligés de passer sous les fourches caudines
:
mais pas de surprofit. Ce n'était guère « moderne ».
L'an dernier, sous l'impulsion de l'un d'eux, nommé
Laloux, ils se modernisèrent ils établirent un monopole.
Pour cela ils constituèrent le Groupement des utilisateurs
defruit? à cidre et à poiré, groupement dont les adhérents
de celle-ci. s'engagent à n'acheter leurs fruits chacun que dans une
Les banquiers berlinois offrirent à Hugo Stinnes région déterminée qui lui est assignée par le groupe-
junior de le sauver de la déconfiture. Dans une grande ment. Les paysans se trouvent ainsi partout devant un
conférence tenue sous la présidence du président de
la Reichsbank elle-même, les banques offrirent au
konzern une avance de 90 millions de marks-or, soit
près d'un demi-milliard de francs, pour six mois, offre
:
seul acheteur, dont ils sont obligés d'accepter les prix.
Les résultats ne se sont pas fait attendre les béné-
fices bruts réalisés par les deux usines de la Distillerie
qui fut acceptée. Par cette acceptation la gigantesque
entreprise aux 500,000 ouvriers, créée pour échapper
à la banque, tombait sous le contrôle de la banque. ;
du Blavet ont été en 1924 de 3,128,350 francs, au lieu
de seulement 831,407 francs en 1923; ils ont donc
presque quadruplé il est certain qu'il a dû en être à
:
L'organe de celle-ci, la Gazette de Francfort, ne put

:
s'empêcher de danser la danse du scalp « Dans la
conjoncturenouvelle, s'écria-t-elle, il a fallu abandonner
la devise orgueilleuse d'Hugo Stinnes Diviser pour
peu près de même pour tous les autres distillateurs.
Le surprofit dû à la monopolisation a été de taille.
Il convient cependant de ne pas généraliser. Il ne
faut pas oublier en effet que cela se passe en Bretagne,
régner ».
La signification de cet événement était si évidente
qu'un journal financier français, qui comme tous les
journaux bourgeois français est fort peu enclin à consi-
:
la région de France où le paysan est le plus arriéré. Là
au contraire où le paysan est évolué, c'est un phéno-
mène très différent qui se produit par ses coopératives
le paysan tend à éliminer le commerçant ou l'industriel

:
dérer les événements sous l'aspect de luttes entre les
classes et les sous-classes, ne put cependant faire
autrement que d'en donner ce commentaire «Les déci-
sions prises consacrent à nouveau, dans une question
importante, la victoire des banques sur les magnats de
intermédiaire.
La Coopérative Centrale des fermiers américains est
devenue l'un des plus grands, sinon le plus grand négo-
ciant en grains du plus important marché de blé du
monde, Chicago; les éleveurs australiens sont en
l'industrie ». train de faire construire une énorme filature où ils
Ainsi donc nous assistons partout en Europe au triom- fileront la laine de leurs propres troupeaux et dans
phe de la banque. Aux Etats-Unis par contre la puis- certaines régions de France même, les coopératives
sance des industriels, autant qu'on puisse s'en rendre paysannes ont pris ces derniers temps un développe-
compte, paraît rester entière. L'activité de Morgan ment tel que le marchand en gros a été totalement
n'ébranle point le pouvoir de la Standard Oil. chassé, ou a dû voir rogner considérablement ses béné
fices coopératives laitières dans le Jura, dans
-les
** :
Charentes, dans les Alpes-Maritimes, coopératives
vinicoles dans tout le Midi, coopératives oléicoles en
Examinant cette même question, il y a quelques Provence, de plantes à parfum dans la région de
années, alors que la banque commençait seulement Grasse, etc.
son retour offensif, j'écrivais que la victoire resterait Propriétaire de l'essentiel, les moyens de production,
à l'industrie. Mon opinion ne s'est pas modifiée. L'in-
dustrie possède une base économique beaucoup plus le paysan possède pour lutter contre les monopoles,
certaine que la banque dont le rôle, comme celui de par les moyens même de l'Economie capitaliste,
tous les intermédiaires, est appelé à diminuer d'impor- des ressources que l'ouvrier prolétaire ne saurait avoir.
tance au fur et à mesure des progrès dans les moyens
de communication et d'échange. Les bénéfices du trust anglais du pétrole.
C'est donc beaucoup plutôt, à mon sens, l'industrie
qui subordonnera la banque que la banque qui subor- Les deux grandes sociétés qui constituent le trust
donnera l'industrie, mais cela ne se passera évidemment anglais du pétrole, la Shell et la Royal Dutch, viennent.
pas sans soubresauts, sans que par moments la banque de publier leurs bilans pour 1924 : les bénéfices nets
revienne au pouvoir, même parfois durant des périodes réalisés par la Shell sont de 5,046,993 livres sterling,
assez longues. C'est au début d'une période de cette et ceux de la Royal Dutch de 87,983,567 florins, soit
sorte que nous nous trouvons. environ en tout 1 milliard 200 millions de francs, au
Il est d'ailleurs probable qu'avant le triomphe défi- cours actuel du change.
nitif de l'industrie, le prolétariat aura mis d'accord les Si on ajoute à cela que ces deux sociétés ne possèdent
deux formes rivales du capitalisme, en les supprimant pas tout le capital des filiales qu'elles contrôlent, que
toutes deux. par conséquent dans leurs propres bénéfices ne rentre
qu'une partie des bénéfices de celles-ci, que d'autre part
la puissante Anglo-Persian Oil, qui ne fait point partie
(1( Rathenau était personnellement un industriel, puisque constitutive du trust, y est cependant intimement
grand chef de l'A. E G., la plus grande boîte d'électricité
de l'Allemagne, mais l'A. E. G., qui n'avait pu échapper à
l'absorption par Stinnes queparl'aidedes banques, était
»
liée, on se rend compte de l'ampleur formidable que
revêtent les opérations d'une « machine qui permet
de tels bénéfices, et de la puissance non moins formi-
précisément le type des entreprises industriellesplacées sous dable qu'elle confère aux maîtres de la machine.
le contrôle des banquiers. Rien d'étonnant donc à ce que
Rathenau ait été politiquement le représentant de la R. LouzoN.
banque, et non de l'industrie.
LES FAITS DU MOIS
LUNDI 1er JUIN. Angleterre: Au Congrès commu- JEUDI 11. Chine: Un meeting de 25,000 étudiants
niste de Glasgow, les délégués français et allemands et ouvriers, à Shangaï, décide l'interruption des rela-
réussissentà se faire entendre. tions"économiques avec l'Angleterre et le Japon et
si satisfaction n'est pas obtenue, d'étendre la grève
Chine: Manifestations violentes contre l'impéria-
lisme européen à Shangaï.
MARDI 2. Le Comité national des mineurs confé-
dérés repousse le front unique.
générale à tout le pays.
JEUDI 13. :
Conférence de Douai les vieux syndi-
cats de mineurs acceptent la réduction à 0 fr. 60 de
Les P. T. T parisiens parlent de grève générale
contre la suppression par le Sénat du crédit de
la prime de 1 fr. 20.
DIMANCHE 14. Elections cantonales dans la Seine;
70 millions destiné au relèvement des salaires. médiocres résultats pour les communistes.
Danemark: Les marins se joignent à la grève Caillaux annonce à Beauvais la « grande péni-
générale. tence
MERCREDI 3. Le groupe socialiste se prononce
contre les projets financiers de Caillaux.
Portugal: La C. G. T. décide la grève générale
MARDI 16.
».

les déclarations de Painlevé


et 84 s'abstiennent.
:
Les socialistes se divisent au vote sur
17 votent pour, 2 contre
Vatin-Pérignon est « démissionné » de chef du
pour protester contre la déportation des militants
:
syndicalistes.
Chine A Shangaï plus de 100,000 grévistes dans
les usines étrangères. 21'grévistes tués et 65 blessés
cabinet civil de Lyautey.
Application des règlements sur les lignes de la
T. C. R. P.
par la police. MERCREDI 17. Les communistes sont exclus de la
JEUDI 4. Inauguration du pavillon soviétque à réunion des Commissions qui entendent Painlevé
l'Exposition des Arts décoratifs. Incident de Monzie. La C. A. du parti socialiste se déclare résolue à
Angleterre: Une conférence des Trade-Unions renoncer à la politique de soutien.
examine le projet des mineurs de reconstituer la Le ministre du Commerce déclare rompre toutes
quadruple
VENDREDI 5.
alliance.
:
Guerre au Maroc combats dans la
région de Tanouat.
relations avec la Fédération postale unitaire.
JEUDI 18. Au vote sur le renvoi à la suite d'une
interpellation de Renaud Jean, les socialistes s'abs-
tiennent, montrant ainsi, paraît-il, qu'ils ne suivent
Danemark: Le grand conflit ouvrier qui durait
depuis plusieurs mois se termine par un projet de
conciliation. :
pas le gouvernement.
Etats-TJnis Mort du sénateur La Follette.
VENDREDI 19. Les socialistes organisent un réfé-
SAMEDI 6. Congrès des réseaux de l'Etat et du P. O. rendum sur leur politique de soutien. Le débat sur
Une délégation de femmes communistes se rend le Maroc est renvoyé à mardi. Vatin-Pérignon est
à la présidence du Conseil pour protester contre la nommé directeur de l'administration générale du
guerre au Maroc. Maroc.
;
Chili: Grève générale dans les exploitations de
nitrates l'état de siège proclamé dans trois provinces.
DIMANCHE 7. Débat sur l'orientation syndicale au
Dernier jour de l'application des règlements à la
Chine:
T. C. R.P.
Grève générale et boycottage des mar-
Congrès des Indirectes. Piquemal l'emporte sur chandises anglaises, japonaises et américaines sont
Waroquier. décidés à Canton.
Belgique: Le parti ouvrier accepte la participation SAMEDI 20. Belgique: La grève de la métallurgie
au ministère Poullet : il aura cinq portefeuilles. de Charleroi s'étendra le 1er juillet à l'ensemble du
LUNDI 8. Arrestations de communistes à Tours, pays.
Concarneau, Commentry, Marseille, etc. DIMANCHE 21. Manifestation de révolutionnaires
Chine: Les révolutionnaires de Canton seraient Chinois à l'ambassade de Chine à Paris.
attaqués par des troupes du Yunnam.
MARDI 9. Doriot lit à la Chambre une , lettre du
chef de cabinet du maréchal Lyautey.
LUNDI 22. -Le Conseil national économique cons-
titué par le gouvernement tient sa première séance..
Arrestation de trois ouvriers chinois.
Painlevé part en avion pour le Maroc. MARDI 23. Déclarations de Painlevé à la Chambre
MERCREDI 10. Sadoul serait poursuivi par la sur le Maroc. Interpellation de Doriot.
justice civile sous l'inculpation d'intelligences avec
l'ennemi.
- du Congrès des agents des
Ouverture à Toulouse
P. T. T. confédérés.
Chine:
Congrès national du Syndicat des cantonniers.
Des fusiliers marins français et anglais
tirent à Canton sur des manifestants chinois. Plus
de 30 morts et 70 blessés.
MERCREDI 24. Congrès des cheminots du réseau Ce sont Nacivet et Séguy d'une part, le colonel Vin-
de l'Est. cent d'autre part.
JEUDI 25. Grève d'un jour à l'Hôtel des Postes, en Dès le début des hostilités, j'ai rappelé cette consigne
réclamation du paiement de l'indemnité de 125 francs. générale que l'on devait tenir à ta disposition toute la
Congrès des fonctionnaires. documentation.
VENDREDI 26. La Chambre est saisie des projets Depuis quinze ou vingt jours, j'ai adressé à des agents
Caillaux pour arrêter la crise financière. un certain nombre de lettres-synthèses que je crois très
explicites et complètes et où je réponds par avance aux
Mort d'Amédée Bousquet. questions que tu me poses.
Congrès de la Fédération unitaire des Cheminots. »
Enfin, Vincent « pige et « sait ». Son remarquable
article d'ensemble dans l'Illustration du 16 m'en apporte
Ouverture à Carmaux du Congrès des mineurs
confédérés. une preuve excellente.
SAMEDI 27. Chambre et Sénat adoptent les projets Je sais bien que les uns comme les autres ont des
Caillaux. Abstention des socialistes à la Chambre. défauts.Mais je suis bien obligé de me servir de ce que
j'ai, puisque, par ailleurs, ils ont de grandes qualités.
DIMANCHE 28. Le Congrès des fonctionnaires décide Et ceci est mon excuse de ne pas t'avoir écrit, à toi,
de se faire représenter au Congrès interconfédéral car je croyais sincèrement que tout ce que j'écrivais à
d'unité. Séguy et à Nacivet t'était donné, croyant que tu les
Congrès du Syndicat des métaux parisiens. voyais presque quotidiennement puisque leur rôle fait
LUNDI 29. Le Conseil national du Textile-Vêtement qu'ils sont actuellement la source de tous les tuyaux
préconise une grève générale de 24 heures en protes- sûrs et de « leurs commentaires opportuns ».
tation contre la guerre du Maroc. Etablis donc avec eux une liaison de « giberne et
demande-leur de te communiquer mes papiers.
»
MARDI 30. Interpellation Berthon sur l'application Quant aux journalistes, « une bonne poignée .', qui
des lois scélérates à la propagande communiste.
Le Congrès des mineurs confédérés décide un et sont actuellementà Fez, je crois qu'ils sont bien orientés
mouvement limité de grève générale pour le 27 juillet certains que leurs correspondances seront de nature à dissiper
si les réductions de salaires ne sont pas rapportées malentendus ou certaines légendes.
Quoi qu'il en soit (une certaine lettre que j'écrivis
t à Piopp, qui est communiquée à Séguy et à Nacivet,
répond à ces critiques) je réponds à tes questions :
1° Critique de la surprise qui se décompose en trois
La lettre du chef du cabine temps.
La lettre de civil du maréchal Lyautey, que a) Nous n'avons pas été renseignés;
Vatin-Pérignon Doriot a lue à la tribune de la b) Nous avons eu tort d'établir un chapelet de petits
Chambre, est intéressante à deux
titres.Elle montre admirablement comment on s'y prend postes qui ont été vite encerclés et qu'il a fallu dégager.
pour cuisiner la presse et l'opinion publique. C'est un dec)l'Ouergha. Nous avons eu tort d'aller en mai 1924 au nord
document de choix. Mais ce qui est plus important, elle
montre quel est l'état d'esprit de Lyautey et de son entou-
rage, comment on s'est préparé à la « grosse affaire » de tellement
Réponse :
Le maréchal a été tellement bien renseigné et avait
la conquête du Rif, «d'accord avec les autrespuissances». janvier 1924 bien prévu ce qui allait se passer que, depuis

à la cour du roiLyautey. M. Vatin-Pérignon fut :


La révélation d'une telle confession avait jeté le désarroi avait perçu (Voir ses rapports au gouvernement) il
contraint
d'offrir sa démission, d'avance acceptée naturellement. (évacuation, entente) nous attaquerait
On ne comprend pas que l'Humanité n'ait pas marqué
;
1° Qu'Abd el Krim, devdnt la carence espagnole

2° Que son attaque seraiL soudaine, brusquée (leçon


avec vigueur ce premier résultat de sa campagne. A-t-elle des événements de la zone espagnole).
pensé que e mérite d'avoir limogé un lieutenant de 3° Qu'elle serait < à allure de propagande » par la
Lyautey reviendrait non à l'effort communiste mais à terreur, dans les tribus soumises.
Painlevé et au Cartel des Gauches ? Stupide pensée, et C'est pourquoi, EN MAI 1924, alors qu'Abd elKrim,
gui a permis au clan militaire de se ressaisir et de revenir trop occupé avec les Espagnols, ,,ols, ne pouvait réagir,
réagir, il a
» -
à la charge. «Démissionné le 16juin, Vatin Pérignon probable voulu
était,réintégréle19, comme directeur de l'administration meilleur
constituer, au
de
nord
l'envahisseur,
de Fez, point vital et but
un front stratégiquement
générale du Maroc. L'Humanité ne remarquait pas gha.
la
que celui que nous offrait rive sud de l'Ouer-
plus la rentrée que la sortie de l'homme de confiance de En mai 1924, ce front a été constitué sur une ligne
Lyautey. Elle l'avait abattu, mais avait paru ne pas stratégique, sorte de « hauts de Meuse marocains, au
s'en apercevoir et lui avait ainsi permis de se relever, lui nord de l'Ouergha sans coup férir.
»
et la politique du maréchal qui s'exprime dans cette lettre Depuis mai 1924, ce front a été renforcé, fortifié et
fameuse : relié à l'arrière par un système de routes, ponts, voies
ferrées.
RÉSIDENCE GÉNÉRALE DE FRANCE AU MAROC Ce front était, au point de vue fortification,constitué

Le chef du Cabinetcivil Postes destinés :


par une série de postes s'appuyant les uns les autres.
a) A tenir le pays sous notre obédience aussi long-
25 mai 1925.
Mon cher ami, temps que possible.
Je reçois à l'instant tes intéressantes lettres du 19-22. b) A surveiller l'avant (service de renseignements).
D'abord, qu'il soit bien entendu que de pareilles c) A arrêter l'ennemi le temps nécessaire pour porter
lettres venant de toi me sont toujours infiniment pré- les groupes mobiles à pied-d'œuvre.
cieuses, et que tu n'as vraiment pas à t'excuser de me d) A le fixer.
les écrire. Tu comprends bien que vis-à-vis du « front» Ce dispositif a été choisi, je le répète, parce que le
»
parisien, je fais un « tout de mes moyens d'action et maréchal SAVAIT que l'attaque serait brusquée.
je m'efforce, pour la cohérence, l'efficacité et aussi
l'allégement de ma tâche, à les constituer en « équipes» » »
Ne confondons pas « surprise et « soudaineté ».
L'ATTAQUE«soudaine ne nous a pas surprit :
et toi, le neveu, toi si bien placé par ton poste actuel
et par ceux que tu assembles, tu es, je te l'assure, l'une a) Parce que nous savions qu'elle serait soudaine.
des pièces maîtresses de mon action. C'est ainsi que je b) Parce que, depuis un an, nous avions établi un
t'ai toujours considéré. Aujourd'hui plus que jamais. front fortifié conçu précisément pour arrêter une attaque
Ceci posé, n'oublie pas que tu as, à Paris même, des soudaine.
sources d'information pour le détail comme pour la Le dispositif a magnifiquement joué son rôle. Les
synthèse tout à fait au point et munies. groupes mobiles ont pu arriver à pied-d'œuvre sans
« pépins»
l'arrivée des ces
renforts.
»
Et groupes ont pu « tenir le coup jusqu'à ouvrier devaient être représentées. Nous nous permet-
tons de penser que la tactique du front unique n'a pas
Ces renforts étaient prévus et prêts, soit en Algérie, été appliquée comme il aurait fallu.
soit en France. C'est là un secret de la mobilisation Ne bluffons pas. Bluffer c'est le moyen de réduire

::
générale que l'on n'avait pas et que l'on n'a pas à
révéler.
1er Echelon Algérie.
2e Echelon France.
l'importance réelle de ce congés. Il ne pouvait pas y
avoir 1.250.000 ouvriers représentés à ce congrès. En
ce cas tout le prolétariat parisien l'aurait été et l'on
en était loin. Il y aurait eu davantage de confédérés et
de socialistes. Parmi les confédérés, il n'y a guère que
Ces deux échelons restaient dans leurs garnisons. Or, le délégué du Comité de Vigilance du Livre confédéré
pourquoi les entasser au Maroc, avec toutes les dépenses qui soit intervenu à la tribune. Et parmi les socialistes
que cela représente, si l'éventualité en vue de laquelle ils surtout des camarades belges. Ne pouvait-il pas y
étaient prévus ne se réalisait pas ? avoir plus de confédérés et de socialistes?
Le dispositif fortifié des postes, celui des groupes A une assemblée des Conseils syndicaux, réunie pour
mobiles casernés au Maroc devaient permettre à ces préparer la campagne en faveur du Congrès du 5juillet,

::
deux échelons d'arriver à pied-d'œuvre en temps utile. Raynaud, secrétaire de l'U. D. de la Région parisienne,
C'est ce qui s'est produit puisque nous avons des
FRONT
(
ports (Casa-Kenitra), des routes partout, jusqu'au
( Aïn Aïcha, Kiffane, vers el Bâli), des che-
mins de fer voie de 0,60, Oudjda-Fez; voie de 0,60,
Kénitra-Ouezzan; voie normale, Casa à Fez (inaugurée
:
fit un long diseours qui ne laissa pas le temps aux repré-
sentants des syndicats d'apporter leur point de vue.
Un camarade fit pourtant observer « Il semble qu'on
se résigne trop facilement à constituer des Comités
d'action composés uniquement des organisations de la
le 25 avril). C. G. T. U., du P. C., des J* C. et de l'A. R. A. C. Il

:
Les voies de communication créées par le maréchal faudrait s'efforcer au contraire d'entraîner d'autres
permettaient cette concentration par échelons et la groupements de la classe ouvrière. Et pour cela, il
concentration, troupes et matériel, s'est faite le plus n'est qu'un moyen appliquer la tactique du front
facilement du monde. unique à la fois par en haut et par en bas. La C. G. T. U.
Qu'après cela, on n'aille plus dauber sur la « surprise»,
« l'imprévoyance », le « service des renseignements
les « postes de 1924 ».
» et
afait à la C. G. T. des propositions d'action commune
contre la Guerre du Rif, autour desquelles d'ailleurs
l'agitation nécessaire n'a pas été faite. Il serait utile
!
Quant à la pensée politique" comme tu le dis, un
peu de patience, que diable Toute la question est de
savoir ce que fera l'adversaire, puisque nous ne pouvons
que le Bureau de l'Union unitaire propose le front
unique au Bureau de l'Union confédérée, et que paral-
lèlement chacun de nos syndicats se mette en rapport
pas aller chez lui. avec le syndicat lafayettiste correspondant. »
Ou bien il traitera. Mais qu'est-ce que cela vaudra
pour l'avenir ?
Quelle fut la réponse de Raynaud ? - « Pour l'ins-

:
Ou bien il continuera à nous attaquer, tantôt sur
un point, tantôt sur un autre C'EST LA GUERRE
PERPÉTUELLE.
Ou bien NOUS POURRONS ALLER CHEZ LUI,
tant, nous n'avons pas à faire appel au Bureau confé-
déré. Il faut d'abord déterminer le mouvement d'unité
à la base. Après nous pourrons nous adresser aux chefs.»
C'est selon cette tactique que s'engagea la campagne
d'accord avec les autres puissances et C'EST UNE pour le Congrès du 5 juillet. Chaque matin le Comité
TRES GROSSE AFFAIRE. d'Action lança dans l'llumanité des appels aux ouvriers
Que l'on ne demande pas au maréchal de faire comme socialistes et confédérés. Par la suite, en même temps
Primo de Rivera qui a annoncé ce qu'il allait faire, ce qu'on nous faisait connaître les propositions simul-
qui lui a coûté ce que tu sais. Son repli, pris dans un tanées d'action commune de la Fédération commu-
effroyable remous d'insurrection, et effectué dans des niste à la Fédération socialiste de la Seine et de
conditions tellement onéreuses, sanglantes, et pour tout l'U. D. unitaire à l'U. D. confédérée, on nous apprenait
que ces propositions étaient restées sans résultat.
dire déshonorantes, qu'il vaut mieux dans l'intérêt de !)
:
nos relations avec l'Espagne, les oublier.
Il est un point bien certain c'est que le maréchal
est entièrement, effectivement et matériellement d'ac-
cord avec le gouvernement, et que ce dernier fait tout
Seulement (s'en est-on bien rendu compte
argument, mauvais sans doute, mais un argument
la tactique
employée aboutissait à fournir aux réformistes un
tout de même, pour justifier leur refus. « Comment !
pouvaient-ils expliquer, on nous demande de participer
ce qu'il faut, tout ce qu'il doit. Le devoir de tous les à un Congrès alors qu'il est déjà organisé sans notre
bons Français qui n'oublient pas que nous jouons concours. »
l'avenir du Maroc, c'est-à-dire notre avenir méditer- Ceci dit, nous pensonsque, quelles que soient les fautes
à fond.
Quant aux personnalités :
ranéen : Algérie, Tunisie, c'est sur ce point de le soutenir
Herriot, Boncour, la
liaison est assurée. Blum, comme tu le dis, est au courant
de tactique commises, l'unité de la classe ouvrière se
:
réalisera pour appliquer les deux actions envisagées
par le Congrès ouvrier grève générale de protestation
de 24 heures, envoi d'une commission d enquête au
par Berthelot et cette liaison ne peut que se resserrer. Je Maroc. Les socialistes ne peuvent se contenter du
ne t'en dis pas plus pour aujourd'hui. rapport que leur a ramené Cluzel, le plus discrédité
Un article dans laDépêche de Toulouse serait excellent. de leurs députés. Il faut exiger la cessation immédiate
Tu en as les éléments dans cette lettre et dans l'article des hostilités au Maroc. C'est le sang des ouvriers et
de Vincent (Illustration du 16. et d'une giberne d'une des paysans qui est répandu sur le sol rifain. La riposte
heure (Voirlecture de papiers) avec Séguy ou Vincent. du Prolétariat doit être et sera vigoureuse. Et cela,
Charge-toi de Romier, Bainville, Simond, grâce à ces malgré les chefs, qui tenteraient de saboter son action
»
divers éléments. Mais que des « messieurs comme eux
le
donnent l'exemple aux freluquets. Ce n'est pas moment
**
»
de « giberner n, c'est celui de se «taire et de «tenir >•. L'Unité syndicale et La Fédération des Fonc-
du domaine politique pour la replacer sur le PLAN
r
Leur effort doit tendre à faire sortir la question iffaine la Fédération des tionnaires sera représentée
NATIONAL. Fonctionnaires au Congrès interconfédéral
d'unité qui se tiendra le
Tiens-moi au courant. A toi en toute affection. mois prochain. Ses délégués y joueront un rôle
Signé:VATIN-PERIGNON. d' « observateurs » si une seule C. G T. est présente,
rôle actif si les deux C. G. T. y participent.
unC'est
A une heureuse décision prise par le Congrès
Fédéral des Fonctionnaires, qui a su l'arracher à ses
Le
Le Comité d'Action de la
Congresouvrier Région propres dirigeants. Laurent, Glay et Waroquier y
Parisienne a convo- étaient hostiles. Mais l'intervention de Métayer, des
et le front unique. qué (un peu tardivement, le Douanes, traduisait trop le désir d'unité des syndicats
fait a été reconnu) à la date de fonctionnaires, même de ceux qui ne sont pas de la
du 5 juillet un Congrès Ouvrier ayant pour tâche de minorité, pour que la Fédération ne reçût pas mandat
dresser l'ensemble du prolétariat contre la nouvelle de rester fidèle à l'engagement qu'elle prit, lors de la
et criminelle guerre du Maroc. scission, de travailler pour le rétablissement de l'unité
A ce Congrès, toutes les tendances du mouvement syndicale.
Waroquier et Laurent se sont laissé gagner par le
scepticisme et ont oublié l'engagement pris alors. Le
Congrès a été sage de le leur rappeler.
:;
contre les camarades chômeurs, mais dès que le travail
fut repris, sa vengeance s'exerça sans répit 80 gré-
vistes furent congédiés en quelques jours dans les
ri
.?
0g
La neutralité de la Fédération 4les Fonctionnaires, ateliers les primes étaient réduites ou supprimées;
ainsi que le réclamait la résolution suivante votée par »
sur les voitures, les « bons de tabac pleuvaient dru
le Congrès des Indirectes,
point
résolution qui exprime sur les receveurs et les machinistes, les privant eux g;
le de vue de l'active minorité des Fonction- aussi de primes sur la recette. 17
naires
une neutralité passive :
doit être une neutralité active et non pas La direction de la Société voulait prendre sa revanche
et essayer ainsi à la veille des élections à la Commis-
Considérant que la situation des travailleurs et celle
des fonctionnaires en particulier va tous les jours en
sion mixte
du jeune et vigoureux Syndicat unitaire. Mais la riposte
de diminuer l'influence grandissante
ne s'est pas fait attendre. Pour répondre à ces provo-
~j
'3
i
empirant du fait de l'aggravation de la crise économique cations, le Syndicat décida d'appliquer à la lettre les £
et financière; règlements sur la circulation des voitures, ce qui eut f
Considérant que les éléments dirigeants de la bourgeoi- pour résultat de réduire considérablement le trafic. ,~
sie se refusent à tout sacrifice pour les redressements Exécutée avec un ensemble parfait, la décision du
nécessaires et qu'ils entendent reporter sur les salariés les Syndicat atteignait au point vulnérable la richissime
charges qui leur incombent; Société. Le Petit Parisien écrivait que cette tactique i-
Considérant que la crise de cherté de vie résulte de la lui faisait perdre 70,000 francs par jour. Le Matin, lui, c
politique d'une minorité parasitaire, organisée nationa- avouait plus de 100,000 francs de pertes quotidiennes. v:

i
En vérité le trafic a été réduit de plus de moitié.
lement et internationalemetit, et qui fait peser sur l'en- Pour comble de malheur, juste à la veille de ce mou-
semble des travailleurs la lourde tyrannie de ses monopoles vement, le préfet de police venait de prendre un arrêté
de fait; interdisant aux autobus de « se doubler ». Cela ne pou-
Considérant que le problème des traitements et salaires vait pas mieux tomber, car même s'il s'était trouvé ;?
quelque watman pour passer outre au mot d'ordre
revient à réfréner les bénéfices usuraires du mercantilisme
et à prélever sur le superflu des unspour assurer le néces- »
du Syndicat, il ne pouvait « doubler une voiture qui
saire des autres; se trouvait devant lui. Le préfet de police s'aperçut
un peu tard de sa bévue et, sur l'ordre de Mariage, ||?
Considérant qu'en plus des incidences de la crise écono- s'empressa de rapporter malencontreuse décision.
mique et financière, le monde du travail voit surgir la N'empêche qu'elle a bien sa servi nos camarades.
risme ;
menace du fascisme et les retours dangereux du milita-
Considérant enfin qu'en face de la coalition des profi-
Depuis cette deuxième bataille où encore une fois
la S. T. C. R. P. eut le dessous, la fureur de M. Mariage
est à son comble. Le Conseil de discipline siège en per-
teurs de toute espèce les travailleurs ne dressent que des
orces éparses qui s'usent les unes contre les autres,
Proclame l'urgente nécessité de reconstituer l'unité
;
manence : des contrôleurs sont rétrogradés, des machi-
nistes passent receveurs, etc. la répression devient
plus féroce qu'après la grève de mai.
j
]

ouvrière sur le plan national et international, afin de M. Mariage est d'autant plus acharné à frapper les ,
militants unitaires que les élections à la Commission
dresser le bloc du travail contre !e bloc du capital; mixte ont lieu le 9 juillet et qu'il a peur comme de la
Affirme que l'ennemi n'est pas dans les rangs des peste de voir ses travailleurs y déléguer des candidats ;

::
salariés mais qu'il est enface et que c'est contre celui-là unitaires. Il faudra, cependant, qu'il s'y résigne. La )
;
et celui-là seul, qu'ilfaut se dresser collaboration déférente des Jaccoud et consorts au |
Marque avec la plus vive satisfaction la part prépondé-
rante prise par les trade-unions anglaises et l'internatio-
nale des transports au mouvement d'unité et condamne
sein de la Commission mixte est terminée. Une ère
et son personnel. F. C.
P.
nouvelle s'ouvre dans les rapports entre la S. T. C. R.
£

:: ENTRE NOUS
toute manœuvre tendant à frapper de suspicion cette ten-
tative de rapprochement;
Déclare que les organisations syndicales n'ont pas à
s'arrêter aux considérations politiques dont les adver-
saires de l'unité font étatpour faire échouer l'entente;
Répète que le syndicalisme doit se sufifre à lui-même, La moitié de ce numéro est consacrée à la guerre du
qu'il n'a pas à prendre à l'extérieur ses directives et ses Maroc. Nous n'avons voulu retarder ni l'étude de
mots d'ordre et qu'on ne saurait reprocher aux trade- Louzon sur l'Afrique du Nord, ni celle d'Un témoin
unions anglaises d'avoir obéi à des suggestionspolitiques; sur le procès de Mayence. Celle de Louzon permet de
Demande que la Fédération des Fonctionnaires au comprendre le mouvement d'émancipation du Maroc.
lieu de rester dans l'expectative, participe de tout son L'autre relate le récent et précieux exemple de fra-
pouvoir au rapprochement, étant bien entendu que toute ternisation entre soldats français et ouvriers alle-
ingérence politicienne sera écartée ;
Toutefois, considérant que sa position de neutralité
mands lors de l'occupation de la Ruhr.
D'autres articles sont forcément retardés. Mais ils
a permis à la Fédération de se garder de la scission et peuvent attendre; la tâche urgente, c'est la prépara-
que cette autonomie lui donne l'autorité nécessairepour
s'entremettre entre les fractions rivales,
Le Congrès se prononce nettement pour le maintien de
-
A
tion de la lutte contre, la guerre coloniale du Maroc.

Vautonomie fédérale tant que lafusion des deux C. G. T. Renouvelez, Renouvelez.


ne sera pas réalisée, sous la réserve que cette neutralité La plupart des abonnés dont l'abonnement expirait
sera active el non passive; il n'admet pas qu'on s'installe <
dans l'autonomie; en juin nous ont envoyé leur renouvellement. Que les
Il exprime sa fermevolonté de voir une C. G. T.
retardataires se hâtent, afin de nous éviter la peine
de faire recouvrer par la poste.
unique se dresser au-dessus de tous les partis et réaliser Quelques-uns se sont étonnés de n'avoir pas reçu
l'accession du travail au pouvoir. -la circulaire de fin d'abonnement et ont adressé sans
La deuxième bataille Société des Transports attendre leur renouvellement. Une erreur s'est pro-
en Commun de la Région duite. Dans les premiers mois, des abonnements ont
dans les Transports Parisienne n'a pas su accepter été inscrits d'après leur date d'arrivée sans tenir
en commun. !apremière défaite que lui a
mfllge le Syndicat unitaire compte que l'abonnement partait du premier numéro.
au
lendemaindu 1er Mai. Pour obtenir la reprise du travail, Que nos abonnés nous aident à réparer eux-mêmes
elle s'était bien engagée à ne prendre aucune sanction cette erreur.
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par Rosa LUXEMBOURG.
prison. 2 50 V. Les Syndicalistes français et
la guerre,
IL Un coup d'œil en arrière. 1 50
VI.
parG. DUMOULIN.
Pendant la guerre civile
épuisé
a) Pierre MONATTE. Lettre de
démission du Comité con- Pétrograd, mai-juin 1919. Im-
fédéral (décembre 1914).
9,4). pressions
~ictor et Réflexions, par
b) Alfred ROSMER. Première Victor SERGE.
SERC.E. épuisé
lettre aux abonnés de la
Vie Ouvrière (nov. igi5).
VII. « Les Fêtes du Peuple
Jean
2 50 »
par MARGUERITE.
c) La circulaire de lancement

I
VIII. Idées sur l'organisationsociale. 2 »
de la Vie Ouvrière (avril par James GUILLAUME.
1919).

russe 50
III. Deux conséquences de la Révo-
IX. Réflexions sur l'avenir syndical. 1 25

I
lution par P. MONATTE.
et
catsouvriers.parTh.
a) DRIDZOLOSOVSKY. Conquête
ou destruction desSyndl-
X.Lecontrôleouvrier etles
ARGENCE ParTh ARGENcEetA et lesCo-
HERCLET. 1
Co-
A. HRT
6) Pierre PASCAL.Les résultats
moraux de l'Etat sovié-
XI. Les Syndicats
par A. CHLAPNIKOFF.
russes »

etCilicie.
tiste. XII. Les anarchistes et l'expé-
rlencede Révolutionrusse. la
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