Partie 1
Partie 1
Partie 1
• Rayonnement Alpha : Particules composées de deux protons et deux neutrons. Elles sont
fortement ionisantes mais faiblement pénétrantes, arrêtées par une feuille de papier ou la peau.
• Rayonnement Bêta : Électrons ou positrons émis lors de la désintégration bêta. Ils pénètrent
plus profondément que les particules alpha, nécessitant quelques millimètres d'aluminium pour
être arrêtés.
• Rayonnement Gamma et Rayons X : Photons de haute énergie qui sont très pénétrants,
nécessitant des matériaux denses comme le plomb ou plusieurs centimètres de béton pour être
atténués.
• Ionisation : Les rayonnements ionisants éjectent des électrons des atomes, créant des ions. C'est
le mécanisme principal des dommages biologiques.
• Excitation : Les électrons sont élevés à des niveaux d'énergie plus élevés sans être éjectés,
libérant de l'énergie sous forme de lumière ou de rayonnements secondaires.
• Effets Biologiques : Les rayonnements peuvent endommager les tissus biologiques, causant
des mutations, des cancers, et des effets déterministes comme les brûlures radiologiques.
Principes de Radioprotection
Pour protéger contre les effets nocifs des radiations, les principes fondamentaux de la
radioprotection sont :
• Gray (Gy) : Mesure de la dose absorbée, correspondant à l'absorption d'un joule de radiation
par kilogramme de matière.
• Sievert (Sv) : Mesure de la dose équivalente, qui prend en compte les effets biologiques
relatifs des différents types de rayonnements.
Normes et Réglementations
Applications de la Radioprotection
Introduction.
La charge électrique du noyau est égale à la charge totale des protons qui le constituent,
à savoir : 𝑍𝑒 (𝑒 = 1.6 10−19 𝐶).
I. Structure de l’atome
Le noyau, comme l’atome est un objet composite. Ses constituants sont appelés les nucléons.
On a découvert, il y a une quarantaine d’années, que les nucléons ont eux-mêmes une
structure, qu’ils sont composites. Pour étudier cette structure, il faut encore descendre par
rapport au Fermi dans l’éhelle des distances : c’est le domaine de la Physique des Particules,
qui sera peut-être étudiée dans un autre cours. Pour les besoins de la Physique Nucléaire, on
peut considérer, en première approximation les nucléons comme des objets ponctuels.
Il existe deux espèces de nucléons, les protons et les neutrons dont voici les caractéristiques:
𝑀𝑒𝑉 Charge (𝐶) Moment magnétique
Masse ( )
𝐶2
𝑒ℏ
Où 𝜇𝑁 = 2𝑚 désigne le magnéton de Bohr nucléaire
𝑝
𝑒ℏ
(noter la différence avec le magnéton de Bohr en physique atomique 𝜇𝐵 = 2𝑚 =
𝑒
5.788381755510−11 𝑀𝑒𝑉. 𝑇−1
• L’existence du moment magnétique des proton et neutron vient de ce que ceux-ci ont un moment
ℏ
cinétique intrinsèque (spin) de valeur . Une autre manière de voir les choses est que le neutron,
2
bien qu’ayant une charge globale nulle, a une densité volumique de charge non nulle, ce qui peut
entrainer l’existence d’un moment magnétique. Le proton est lui chargé.
• Du point de vue de la physique statistique, le proton et le neutron sont des fermions. Un système
de deux fermions identiques obéit au principe d’exclusion de Pauli : ‘‘ deux fermions identiques ne
peuvent pas être dans le même état quantique et la fonction d’onde d’un système de deux fermions
identiques est antisymétrique".
• Le neutron libre est instable ; il se désintègre en
é𝑞𝑢𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛
– l’Angström : 𝟏 Å = 𝒎;
– le femtomètre : 𝟏 𝒇𝒎 = 𝒎, aussi appelé fermi.
2. Nomenclature
On désigne souvent par Nuclide ou Nucléide un système de nucléons, c’est à dire un noyau,
et on le représente par le symbole
Où X est le symbole chimique, Z le numéro atomique (nombre de protons), A le nombre de
masse (nombre total de nucléons) et N le nombre de neutrons ; on omet souvent N puisque
Les nuclides ayant le même Z sont appelés isotopes. Ainsi par exemple
Les isotopes ont les mêmes propriétés chimiques puisque celles-ci sont reliées aux orbitales
atomiques, c’est à dire aux propriétés des électrons.
Les nuclides ayant le même nombre de masse sont appelés isobares, ils appartiennent à des
éléments différents. Par exemple 146𝐶 et 147𝑁 ou bien 64 64 64
28𝑁𝑖 , 29𝐶𝑢 et 30𝑍𝑛
Les nuclides ayant même N sont appelés isotones. Par exemple 136𝐶 et 147𝑁 ; 146𝐶 et 157𝑁 ;
39
19𝐾 et 40
20𝐶𝑎
On appelle fréquemment noyaux pair-pair des nuclides dont Z et N sont pairs et noyaux
impair-impair des nuclides dont Z et N sont impairs. Enfin, on appelle noyaux impairs ceux
dont A est impair, c’est à dire ceux dont Z ou N seulement est impair.
En physique nucléaire, on utilise comme unité de masse des noyaux et des microparticules, en
général, l’unité de masse atomique : u.m.a.
Définition : une unité de masse atomique est égale à 1/12 de la masse d’un atome neutre de
carbone 12𝐶 .
Une mole d’atome de 12𝐶 pèse 12g et contient 𝑁𝐴 = 6.0221023 atomes . un atome de
12 12
𝐶 pèse 𝑚 12𝐶 , d’où : 𝑚 12𝐶 = 𝑁 donc :
𝐴
10−6
1𝑢. 𝑚. 𝑎 = 1,49244210−10 ( ) = 𝑀𝑒𝑉
1,6021910−19
Exemple :
On a établi expérimentalement que la masse du noyau est inférieure à la somme des masses
des nucléons pris séparément :
𝑀(𝐴, 𝑍) <
- Une source d’ions : les atomes dont on veut déterminer la masse sont tout d’abord totalement
ionisés.
1.
Si le récepteur est une plaque photographique, on parle de spectrographe de masse et s’il est
fait de fentes et une électrode à laquelle est lié un ampèremètre ultrasensible, l’instrument est
appelé un spectromètre de masse.
Principe de fonctionnement :
Un jet de vapeur de l’élément à étudier entre dans la source par l’orifice et il est ionisé par un
flux d’électrons perpendiculaire à la source. Les ions formés sont accélérés et concentrés par
les diaphragmes. L’analyseur consiste en un champ magnétique perpendiculaire au plan de la
figure. Ce champ sépare les ions de masses différentes et les focalise sous des angles différents.
Par conséquent, les ions d’un même isotope convergent sur le récepteur en formant une tache
étroite perpendiculaire au plan de la figure (cas d’un spectrographe) ou en créant une impulsion
électrique (cas d’un spectromètre). La position de la tache ou l’intensité de l’impulsion est liée
à la masse de l’ion.
En plus de la masse, il y’a une autre grandeur qui caractérise le noyau, à savoir : le défaut de
masse (ou excès de masse), qui est défini par :
∆𝑀(𝐴, 𝑍) = 𝑒𝑛 𝑢. 𝑚. 𝑎
Spectromètre de masse : Le spectromètre de masse est un appareil qui sépare les ions en fonction de
leur rapport charge/masse. Une version particulière, le spectromètre de masse de Bainbridge, est
illustrée à la figure. Les ions produits par une source sont d'abord envoyés à travers un sélecteur de
vitesse, où la force magnétique est équilibrée de manière égale à la force électrique. Ces ions
𝐸
émergent tous à la même vitesse 𝑉 = 𝐵 puisque tout ion ayant une vitesse différente est dévié de
manière préférentielle par la force électrique ou magnétique, et finalement bloqué dès l'étape
suivante. Ils entrent ensuite dans un champ magnétique uniforme 𝐵0 où ils se déplacent selon une
𝑚𝑉
trajectoire circulaire dont le rayon R est donné par l'équation, 𝑟 = 𝑞𝐵
. Le rayon est mesuré par un
détecteur de particules situé comme indiqué sur la figure.
Un noyau stable est un système lié de A nucléons. Pour le dissocier, il faut lui fournir de
l’énergie. Dans un tel système, les interactions attractives l’emportent sur les interactions
répulsives. Cela a pour effet de donner à l’état lié du système une masse inférieure à la somme
des masses de ses constituants. Cette différence de masse est due à l’énergie de liaison :
𝐸𝑙 (𝐴, 𝑍) = >0
Cette énergie est égale au travail nécessaire qu’il faut fournir pour dissocier le noyau en
nucléons séparés.
𝐸𝑙 (𝐴, 𝑍) =
A partir de ce résultat, on peut faire deux déductions importantes concernant les forces
nucléaires, à savoir :
- L’interaction nucléaire est très intense. Par exemple, l’énergie moyenne d’un nucléon dans
4
le noyau d’hélium 𝐻 𝑒 est de 7Mev, alors que l’énergie d’interaction coulombienne entre
deux protons est de 1MeV.
- Le fait que 𝐸(𝐴, 𝑍) est proportionnelle à A, alors les forces nucléaires ont la propriété de
saturation, c’est à dire que les nucléons interagissent seulement avec leurs voisins
immédiatement proches et non pas avec l’ensemble des nucléons dans le noyau. Si chaque
nucléon pouvait interagir avec le reste des nucléons dans le noyau, c’est-à-dire que les
forces nucléaires aient un caractère analogue à celui des forces coulombiennes, alors
l’énergie de liaison 𝐸𝑙 (𝐴, 𝑍) serait proportionnelle à 𝐴(𝐴 − 1) 𝐴2 et non pas A, car
chaque nucléon pourrait interagir avec (A – 1) nucléons constituant le reste, et comme il
y’a A nucléons dans le noyau, alors le nombre d’interactions serait A (A-1).
En plus des constations précitées, on constate aussi que l’énergie de liaison augmente
chez les noyaux pair – pairs : 4𝐻 𝑒, 12𝐶 , 16𝑂 ,…etc. Cela veut dire que les noyaux ayant un
nombre Z pair et un nombre N pair sont particulièrement stables.
𝑀𝑎𝑡 (𝐴, 𝑍) =
où me est la masse de l’électron et 𝐸𝑒 l’énergie de liaison des électrons dans l’atome. Si l’on
néglige 𝐸𝑒 on trouvera :
𝑀𝑎𝑡 (𝐴, 𝑍) =
Donc :
𝐸𝑙 (𝐴, 𝑍) =
D’habitude, on utilise cette formule parce que les tables des masses disponibles sont faites
pour les masses atomiques.
D’où
𝑆𝑛 (𝐴, 𝑍) =
𝑀(𝐴, 𝑍) =
Et
𝑀(𝐴 − 1, 𝑍) =
En traçant les valeurs de Sn (A, Z) , pour les différents isotopes du plomb, en fonction du
nombre N, on trouve:
A partir de la figure 3, on remarque que Sn (A, Z) est plus grand pour les isotopes ayant un
nombre N pair que pour les autres. Cet effet s’explique par le fait que les nucléons dans le noyau
ont tendance à se grouper par paires avec des moments cinétiques opposés, ce qui augmente la
stabilité des noyaux pair-pairs. C’est ce qu’on appelle par les effets d’appariement.
Par le même raisonnement que ci-dessus, on trouve pour l’énergie de séparation d’un proton
Sp (A, Z)la formule suivante :
𝑆𝑝 (𝐴, 𝑍) =
On remarque aussi que pour un N donné, Sp (A, Z) est plus grand pour les noyaux ayant un Z
pair que pour Z impair.
3. Energie de séparation d’une particule
avec 𝛼 =
D’où
𝑆𝛼 (𝐴, 𝑍) =
Et
𝑀(4,2) =
Donc
𝑆𝛼 (𝐴, 𝑍) =
Le noyau le plus simple est le deuton (d) constitué d’un proton et d’un neutron. Sa masse est
𝑚𝑑 =
Calculons (𝑚𝑝 + 𝑚𝑛 ) =
On voit que 𝑚𝑑
Pour les séparer, c’est à dire vaincre la force nucléaire, il faut fournir une énergie
minimale de 2,225 MeV.
a. Les noyaux très légers sont peu liés, à l'exception de l'hélium-4 (α) dont l'énergie de
liaison de 7 MeV par nucléon est très supérieure à celle de ses voisins, deutérium,
tritium, hélium-3, lithium.
b. Pour 30 <A<210 𝐸𝑚𝑜𝑦 est quasiment indépendant de A, avec une valeur de l’ordre
de 8 MeV par nucléon. Ceci peut-être interprété par la propriété de saturation des
forces nucléaires : un nucléon donné n’est pas lié de la même façon à tous les
nucléons du noyau.
c. 𝐸𝑚𝑜𝑦 passe par un maximum très aplati de 8,7 MeV pour le nickel-62 et diminue
ensuite lentement pour atteindre 7,3 MeV pour l'uranium. Ce sont donc les noyaux de
masses intermédiaires qui sont les plus liés, donc les plus stables.
d. Pour les valeurs de A > 80, 𝐸𝑚𝑜𝑦 la décroissance lente de l’énergie de liaison des
nucléons résulte de l’augmentation de l’influence de la force coulombienne.
e. Les nombres « magiques » (2 , 8, 20, 28, 50, 82, 126) sont des nombres de protons
et/ou de neutrons pour lesquels un noyau est particulièrement stable. Dans le modèle
en couche, ces nombres correspondent à un arrangement en couches complètes.
La structure de 4He (particule α) est particulièrement stable, comparée à ses voisins :
c’est un noyau doublement magique.
2 3 3 4 6 7
H 𝐻 𝐻 𝐻𝑒 𝐻𝑒 𝐿𝑖 𝐿𝑖
𝐸𝑙
𝐸𝑚𝑜𝑦
Nous verrons que cette stabilité particulière explique l'émission de particules alpha par
des noyaux lourds
Les noyaux atomiques stables existent à l’intérieur d’une région limitée de valeurs de A et
Z. A l’extérieur de cette région, un noyau même s’il est formé instantanément, ou bien il se
désintègre ou bien il émet un proton ou un neutron. Cette région s’appelle la vallée de
stabilité. Elle entoure une ligne d’asymptote N Z lorsque Z est au voisinage de zéro. Cette
ligne s’appelle la ligne de stabilité. Les limites de la vallée de stabilité s’appellent en anglais
neutron drip line et proton drip line :
Ce modèle ne permet toutefois pas d’expliquer certaines propriétés plus fines des noyaux
(niveaux d’énergie des nucléons, transitions nucléaires,...), ce que font mieux des modèles
dits à particules indépendantes. Le modèle de la goutte liquide est un modèle collectif.
- le " liquide " nucléaire est incompressible et " universel" : sa masse volumique est
voisine de 2 × 1014 𝑘𝑔. 𝑚−3 (pour comparaison, la masse volumique de l’eau est de
1 𝑘𝑔. 𝑚−3).
- dans son état stable non perturbé, le noyau est sphérique. Le liquide étant
incompressible son rayon est proportionnel à la racine cubique du nombre A de
nucléons :
1
𝑅 = 𝑟0 𝐴3 avec 𝑟0 = constante
- dans le noyau, la densité volumique de charge est constante ; autrement dit, la
probabilité d’existence des protons est la même en tout point du noyau
- la force de cohésion ne dépend pas de la charge (interaction forte). Nous verrons
qu’elle est maximale quand le nombre de protons et de neutrons sont les mêmes.
2. Energie de liaison, formule de Bethe-Weizsäcker
✓ 𝑎𝑣 𝐴 : énergie
2
✓ −𝑎𝑠𝑢𝑟 𝐴3 : énergie de
𝑍2
✓ −𝑎𝑐 1 énergie
𝐴3
(𝑁−𝑍)2
✓ −𝑎𝑠𝑦𝑚 𝐴
✓ 𝛿(𝑍, 𝑁) terme d’appariement
Energie de volume : C’est le terme principal qui résulte des forces d’interaction nucléaire
(attractives). En raison de la saturation de ces forces, l’énergie de liaison qui en résulte est la
même pour tous les nucléons. Le coefficient 𝑎𝑣 correspond donc à l’énergie de liaison moyenne
par nucléon.
Energie de surface : Les nucléons à la surface de la "goutte" ne sont liés qu’aux nucléons
internes, ils ont moins de voisins que ceux situés au cœur du noyau. Il en résulte une perte
d’énergie de liaison, représentée par le terme d’énergie de surface. C’est un terme analogue au
terme de tension superficielle dans une goutte liquide, il diminue l’énergie de liaison totale. Par
ailleurs, il tend à donner une forme sphérique à la goutte. Cette contribution est proportionnelle
2
à la surface de la sphère, donc à 𝑅 2 , donc à 𝐴3 .
Energie coulombienne : La répulsion électrostatique entre protons tend à diminuer l’énergie
de liaison. Le noyau étant sphérique par hypothèse, la diminution sera égale à l’énergie
électrostatique d’une sphère uniformément chargée, de charge totale la charge totale des
protons.
Calculons cette énergie électrostatique, notée 𝐸𝑐 . Soit 𝜌 la densité volumique de charge :
Tapez une équation ici.
Pour calculer 𝐸𝑐 , calculons le travail 𝑑𝑊 nécessaire pour créer la couche sphérique de rayon r
et d’épaisseur 𝑑𝑟. Il faut ammener de l’infini (potentiel 0) jusqu’à une distance r de O (le centre
de la sphère) la charge Tapez une équation ici.. Cette charge se trouve soumise à l’action de la
charge Tapez une équation ici. , que l’on peut considérer comme ponctuelle (voir le Th.
de Gauss), située au centre O de la sphère, et qui crée en tout point de la sphère de rayon r le
potentiel
On a alors
𝒅𝑾 = 𝒅𝒒. 𝑽 = Tapez une équation ici.
L’énergie totale se calcule en sommant toutes les coquilles jusqu’au rayon R du noyau :
1
Avec 𝑅 = 𝑟0 𝐴3 , on en déduit l’expression de 𝑎𝑐 :
𝑎𝑐
3. L’énergie d’asymétrie.
Terme d’asymétrie : Les trois termes discutés ci-dessus sont d’origine classique. Il reste deux
termes d’origine quantique. Ils sont dûs au fait que, dans les noyaux, les nucléons occupent des
niveaux d’énergie quantifiés. Ceci est traité plus complètement dans les modèles à particules
indépendantes comme le " modèle en couches", mais il y a des conséquences dont on ne peut
pas s’abstraire dans le modèle de la goutte liquide. Nous avons supposé que l’énergie de liaison
des neutrons soit identique à celle des protons, une fois que l’on a pris en compte le terme
d’interaction coulombienne. Ceci n’est vrai strictement que si le nombre de neutrons est égal à
celui des protons.
Les noyaux les plus stables sont répartis autour de la droite Z = N. Pour ZN, l’énergie de
liaison du noyau diminue. Pour tenir compte de cet effet d’asymétrie, en introduisant le terme
correctif Ba qui lui correspond, on considère la relation entre l’énergie moyenne de liaison
𝑁−𝑍
𝐸𝑙 (𝐴, 𝑍) et la quantité 𝑥 = , qui caractérise la déviation par rapport à la droite Z = N. Pour
𝐴
𝐸𝑙 (𝑥) =
′
Or pour x = 0, 𝐸𝑙 (𝑥) est maximum c’est à dire que 𝐸𝑙 (0) = 0 , donc :
𝐸𝑙 (𝑥) = ⋯
𝑁−𝑍 2
cela veut dire que le terme correctif pour 𝐸𝑙 (𝐴, 𝑍) doit être proportionnel à 𝑥 2 = ( ) et
𝐴
(𝑁−𝑍)2
pour l’énergie totale de liaison 𝐸𝑙 (𝐴, 𝑍), il doit être proportionnel à 𝑥 2 𝐴 = .
𝐴
L’effet d’asymétrie est de nature purement quantique. Pour retrouver le terme correctif Ba qui
lui correspond, on va utiliser le modèle simple de particules libres dans une boite fermée. Dans
cette boite, les nucléons occupent des niveaux d’énergie définis. D’après le principe d’exclusion
de Pauli, deux nucléons identiques ne peuvent pas occuper un même niveau. On suppose que
ces niveaux sont équidistants dont la distance entre eux est E.
L’énergie d’asymétrie est la différence d’énergie de liaison entre un noyau 𝐴𝑍𝑋 et son isobare
𝐴 𝐴
𝑍𝑋 (𝑁 = 𝑍 = 2 ).
Pour le montrer, imaginons deux puits de potentiel, chacun avec son ensemble de niveaux
d’énergie, identiques, l’un pour les protons et l’autre pour les neutrons. Ces niveaux se
remplissent suivant le principe d’exclusion de Pauli puisque les protons et les neutrons sont
des fermions. Si Z = N les deux puits sont remplis de la même manière ( figure 4)
Figure 5: Illustration du calcul du terme d’asymétrie dans l’énergie de liaison.
Nous désirons voir ce qui se passe si, en gardant le même nombre de masse A, nous faisons
varier le nombre de neutrons par rapport au nombre de protons. Si par exemple, on passe du
neutron. C’est l’un des protons de la couche complète la plus haute (appelons la n) des protons
entre les deux états nucléaires est alors ∆E (fig. 4.b)). Si, toujours avec le même nombre de
(𝑁 − 𝑍)2
8
𝐴
On peut approximer ce tableau en notant que pour passer de 𝑁 = 𝑍 = à 𝑁 = 𝐴 − 𝑍 avec
2
(𝑁−𝑍)2
N > Z, il faut une énergie ≈ ∆𝐸.
8
𝐴 𝐴
|𝐸(𝑁, 𝑍) − 𝐸 ( , )| =
2 2
Comme les neutrons en excédent sont sur les niveaux supérieurs donc moins liés. L’énergie de liaison
totale doit donc être diminuée :
𝐴 𝐴
𝐸(𝑁, 𝑍) − 𝐸 ( , ) =
2 2
Exemple : cas du noyau 3616𝑆 . Son isobare qui se trouve sur la droite de stabilité Z = N est
défini par : Z = N = 36/2 = 18. C’est l’argon 36 36
18𝐴𝑟 . Pour obtenir le noyau 16𝑆à partir de
𝑁−𝑍
18𝐴𝑟 , on devra transformer 𝑥 = 2 = 2 (𝑁 = 20, 𝑍 = 16) protons en
son isobare 36
neutrons :
36
Figure 6: Calcul de l’énergie d’asymétrie dans le cas du noyau 16𝑆
On a supposé les forces nucléaires indépendantes du spin... or, il n’en est rien. Les nucléons
de même nature ont tendance à se grouper par paires de nucléons à spin antiparallèle. Ceci se
voit par exemple avec les noyaux pair-pair qui sont plus liés que les noyaux impairs de masse
comparable. Cet effet est empiriquement corrigé et vaut :
avec 𝑎𝑝 = 12 𝑀𝑒𝑉 . Une valeur plus récente est donnée plus bas.
𝐸𝑙 (𝐴, 𝑍) =
où les coefficients 𝑎𝑣 , 𝑎𝑠𝑢𝑟 , 𝑎𝑐 et 𝑎𝑠𝑦𝑚 sont exprimés en MeV.
L’importance relative des différents termes, à part celui d’appariement, est montrée sur la
figure 6.
Figure 7: Contributions des différents termes dans l’expression de l’énergie de liaison. (c) UdS
𝐸
Les effets purement quantiques et le terme de surface expliquent la croissance de observée
𝐴
La figure 7 montre la qualité de l’accord dans le cas des noyaux pair-pair. L’écart devient
important pour des noyaux dont le nombre de protons ou neutrons est égal à
N ou Z = 2, 8, 20, 28, 50, 82, 126
Ces noyaux ont une énergie de liaison plus élevée que leurs voisins et les nombres correspondants ont reçu
le nom de nombres magiques. Ces propriétés de stabilité pour des nombres données de
constituants suggèrent une analogie avec le modèle atomique, où par exemple, les gaz rares ont
des propriétés de stabilité chimique liée à la couche électronique externe saturée. En physique
nucléaire, on développe de façon similaire un modèle nucléaire en couches. La fermeture de
couche entraîne une plus grande stabilité du noyau, que ne reflète pas la formule de Bethe-
Weizsâcker.
Voici des valeurs parmi les plus récentes trouvées dans la littérature :
- 𝑎𝑣 = 15,409 ± 0,026 𝑀𝑒𝑉
- 𝑎𝑠𝑢𝑟 = 16: 873 ± 0: 080 MeV
- 𝑎𝑐 = 0: 695 ± 0: 002 MeV
- 𝑎𝑠𝑦𝑚 = 22: 435 ± 0: 065 MeV
- 𝑎𝑝 = 11: 155 ± 0: 864 MeV, ce terme est approximé par ap = 12 MeV dans la plupart des calculs.
Figure 8:Comparaison des énergies de liaison par nucléon expérimentales (points) et des valeurs obtenues à partir
de la formule de B-W dans le cas de noyaux pair-pair stables. Les paramètres utilisés sont indiqués dans le
texte.