0 - Cours de Ecotoxicologie 2021

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Cours de :

ÉCOTOXICOLOGIE ET ÉCOSYSTÈMES
AQUATIQUES

Licence fondamentale Sciences de la vie.


Semestre 6

Pr SBIHI Karim

Année Universitaire 2020/2021


PARTIE I

Chapitre I

Généralités sur l’Écotoxicologie &


Définitions.
UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

I. Histoire de l’Écotoxicologie
I. L'écotoxicologie est une discipline récente à l'interface de l'écologie et de la
toxicologie. Elle est née de la reconnaissance du fait qu'un nombre croissant de polluants
contaminent la biosphère. L’écotoxicologie étudie le comportement et les effets d'agents
polluants sur les écosystèmes, qu'il s'agisse d’agents d’origine artificielle (médicaments,
perturbateurs endocriniens, ...) ou d'agents naturels dont l’homme modifie la répartition et/ou
les cycles dans les différents compartiments de la biosphère. Parmi les objectifs de
l'écotoxicologie, figurent la connaissance et la prévention. De nouveaux thèmes de recherche
liés aux progrès technologiques sont apparus récemment comme les effets des nanoparticules
et des micro-plastiques. Il est aussi de plus en plus demandé aux écotoxicologues de prévoir
les effets des polluants, en nature, intensité et durée, et les risques associés.

1. L’origine de l’écotoxicologie

L'écotoxicologie est une discipline apparue dans les années 1970 reprenant les méthodes de la
toxicologie en les élargissant au champ de l'environnement. Elle est issue de la toxicologie de
l'environnement apparue peu après la Seconde Guerre mondiale, qui se souciait de l'impact
des substances toxiques sur l'environnement. Le terme "écotoxicologie" apparaît pour la
première fois en 1969 sous la plume du toxicologue français René Truhaut Professeur
titulaire de la Chaire de toxicologie de la Faculté de Paris pour désigner "la branche de la
toxicologie qui étudie les effets toxiques des polluants naturels ou synthétiques sur les
organismes vivants des écosystèmes". Cette nouvelle discipline connait d'emblée un
développement spectaculaire. En 1972, en collaboration avec les Professeurs Frédéric
Coulston (U.S.A.) et Friedhelm Korte (R.F.A.), René Truhaut fonde l' "International
Academy of Environmental Safety" dont il assume la présidence durant deux années (1974 et
1975), puis en devient Président d'honneur. René Truhaut développe la philosophie de
l'écotoxicologie dans un exposé devant l'Académie des Sciences de Paris ainsi que dans un
article paru dans "Ecotoxicology Environmental Safety" lequel a été l'objet d'une demande
extraordinaire de tirages à part qui s'élevait à plus de 7000 exemplaires en 1979. Il définit les
objectifs, les principes et les perspectives de l’écotoxicologie dans plusieurs articles. Son rôle
de père de l'écotoxicologie est reconnu au niveau des plus hautes instances internationales
comme l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) et le Comité Scientifique International

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sur les Problèmes de l'Environnement (S.C.O.P.E.). En août 1984, René Truhaut a été élu à la
Présidence du Comité Scientifique des Communautés Européennes sur l'écotoxicité et la
toxicité des produits chimiques. La médaille du mérite des Communautés Économiques
Européennes ainsi que la médaille du Conseil de l'Europe qui lui ont été attribuées témoignent
de sa reconnaissance comme père de l’écotoxicologie. Les universités de Metz et Orsay ont
largement contribué à l'extension de cette discipline dans les années 1980/90. Ces premières
études ont largement contribué au développement de cette discipline avec la mise en place de
biomarqueurs.

2. Les premières études d’écotoxicologie

a. La maladie Itai-Itai

La maladie ItaiItai littéralement "aïe aïe" en japonais est apparue dès 1912 dans la
province de Toyama (Honshu) au Japon, en raison d'une intoxication au cadmium liée à
l'exploitation de la mine Kamioka (Figure 1).
Elle a été nommée ainsi par la population
locale à cause des violentes douleurs aux
articulations et à la colonne vertébrale. La
rivière Jinzu ainsi que ses affluents ont été très
fortement contaminés en cadmium durant cette
période. Or cette rivière était utilisée pour
l’irrigation des cultures de riz mais aussi
comme source d'eau potable. Les poissons de la
Figure 1. La mine Kamioka, Toyama,
rivière Jinzuont vu leur mortalité augmenter et Japon
le riz consommé par les habitants contenait une concentration très importante en cadmium. Le
cadmium a la particularité de se fixer et de rester longtemps dans le corps humain. Il remplace
dans les complexes protéiques d'autres métaux essentiels à l'organisme comme le cuivre ou le
zinc. Il en résulte un fonctionnement physiologique anormal et une cytoxicité qui se traduisent
par un déficit d'absorption du calcium. La maladie ItaiItai provoque un ramollissement des os
et une insuffisance rénale. Les premiers cas de maladie dus à l'intoxication au cadmium ont
été signalés en 1912. Environ 200 personnes ont été officiellement reconnues comme victimes
de la maladie itai- itai.

b. La maladie de Minamata

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Pendant des décennies, les usines chimiques de la société Shin Nippon Chissoont déversé
du méthylmercure dans les eaux de la baie de Minamata, un port situé sur l’île Khushu au
Japon (Figure 2).
Ce polluant a ainsi contaminé l'eau et les
fonds marins et par la suite les poissons, puis
les pêcheurs et leur famille qui s'en
nourrissaient. Cette contamination a entraîné
des troubles du système nerveux et des
malformations chez les nouveau-nés.
L'absorption de mercure par l'organisme
provoque des troubles du système nerveux.
Figure 2. L’usine chimique Chisso,
Le tableau clinique est celui d'une Minamata, Japon
encéphalopathie diffuse avec atteinte du cervelet avec les symptômes suivants : troubles
mentaux, difficultés d'élocution, ataxie, paralysie, convulsions, réduction du champ visuel,
difficultés de l'audition et, dans les cas les plus graves, coma convulsif suivi de mort

II. Définitions
1- Définitions

L'écotoxicologie - comme son nom l'indique - tente de combiner deux sujets très
différents : l'écologie et la toxicologie.

ECOLOGIE : Étymologiquement : Sciences de l'habitat. La science globale des relations des


organismes avec leur monde extérieur environnant dans lequel sont inclues au sens large
toutes les conditions d'existence. (Haeckel, 1866)

TOXICOLOGIE : Étude des effets négatifs des produits chimiques sur les organismes
vivants. (Klaagen et Eaton, 1991).
ECOTOXICOLOGIE: L’écotoxicologie est concernée par les effets toxiques des agents
chimiques ou physiques sur les organismes vivants, spécialement sur les populations et les
communautés à l’intérieur des écosystèmes et elle inclut les interactions de ces agents avec
l’environnement et leurs voies de transfert. (Butler, 1978). L’écotoxicologie est définie
comme science "dont l'objet est l’étude des modalités de contamination de l'environnement

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par les agents polluants naturels ou artificiels produits par l'activité humaine ainsi que de leurs
mécanismes d'action et effets sur les êtres vivants qui peuplent la biosphère par Ramade.
Forbes & Forbes ont défini l’écotoxicologie comme "le champ d’étude qui intègre les effets
écologiques et toxicologiques des polluants chimiques sur les populations, les communautés
et les écosystèmes (transport, transformation …) et
dans l’environnement. Aussi l’écotoxicologie est
définie comme "l'étude des effets nuisibles des
produits chimiques sur les écosystèmes" par
Walker et al.
Alors que la toxicologie classique limite ses
études aux organismes, l'écotoxicologie tente de
mesurer l'impact des substances chimiques non
seulement sur les individus mais aussi sur les
populations, les communautés et les écosystèmes
(Figure 3). Figure 3. champs d’investigation de
l’écotoxicologie et de la toxicologie de
l’environnement.
2- Les Caractéristiques et les
composantes propres à l’écotoxicologie

L’écotoxicologie c’est une discipline jeune, sujette à des forces et des impératifs sociaux,
ce qui donne cette discipline le caractère complexe à travers l’Étude des sources, de la
dispersion, de l’accumulation et des effets des polluants toxiques sur les populations, les
communautés, les écosystèmes et la biosphère, avec une interdisciplinarité évidente (biologie,
écologie physique…)

L’écotoxicologie étudie les effets des polluants toxiques sur le fonctionnement des
écosystèmes (biotope + biocénose), en considérant d’une part le devenir de polluants dans
l’organisme (toxicocinétiques), et d’autre part les réponses au niveau du tissu et du système
cible (toxicodynamie) et leurs répercutions à un niveau supérieur d’organisation biologique.

L’interaction entre ces deux grands phénomènes (toxicocinétiques et toxicodynamie),


définit une balance de réactions biologiques qui déterminera le type et l’intensité de « l’effet »
du toxique sur l’organisme.

3- Les différents domaines et objectifs de l’Ecotoxicologie

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Dans le domaine de la surveillance de l’environnement, l’écotoxicologie peut être


appréhendée par deux approches :

 l’écotoxicologie rétrospective, qui consiste à comprendre et estimer, a posteriori,


l’effet d’un ou plusieurs contaminants sur l’écosystème. Cette approche a pour
objectif la mise en place de réponses adaptées à divers pollutions afin de protéger
l’environnement si celles-ci se reproduisent. L’écotoxicologie rétrospective
gouverne la mise en place de réseaux de surveillance ;

 l’écotoxicologie prédictive ou préventive qui a pour but d’établir et de prévoir,


de manière la plus réaliste possible, le comportement et les effets futurs et à long
terme, sur la biocénose, de substances chimiques pouvant être introduites dans
l’environnement. Ces connaissances peuvent permettre aux industriels de prévoir
l’impact potentiel de leurs rejets avant qu’ils ne soient libérés dans
l’environnement. Cette approche est également utilisée pour autoriser, ou non, la
mise sur le marché de nouvelles molécules chimiques (notamment dans le cadre
de la législation européenne REACH n° 1907/2006 : Registration, Evaluation,
Authorisation and Restriction of Chemicals).

Ces deux approches facilite à cette discipline d’atteindre son objectif de la " protection de
la structuration et protection du fonctionnement des écosystèmes."

4- Notion de « Toxique » ou « Xénobiotique »

a. Définition

Un Toxique ou xénobiotique désigne tout produit naturel ou synthétique, qui possède des
propriétés toxique, même à faibles concentration et qui provoque des troubles néfastes
(passagers ou durables) de façon immédiate ou différée (aigüe ou chronique).

Exemple: Médicaments, produits chimiques industriels, les poisons naturels et les polluants
environnementaux.

Selon le principe de Paracelse « dans un environnement chimique très dense, le risque


toxique nul n’existe pas ». Donc toute substance peut être potentiellement toxique. En effet,
tout dépend de la dose qui cause l’effet toxique.

b. Relation dose-réponse en écotoxicologie:

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En Ecotoxicologie l’étude des effets toxiques consiste à caractériser le « risque » lié à


une substance, qui dépend du « danger » et de la « probabilité d’exposition » des organismes à
cette même substance dans le milieu.

Un principe important en toxicologie veut que toutes les substances chimiques soient
toxiques, car il existe toujours une dose pouvant causer un effet nocif. Mais le fait d’inhaler,
de toucher et même d’ingérer des substances chimiques n’entraîne pas nécessairement
l’apparition d’un tel effet.

La dose est la quantité d’une substance à laquelle un organisme est exposé. Des doses
croissantes résultent généralement en une augmentation de l’intensité et de la diversité des
effets toxiques. C’est ce qu’on appelle la relation dose-effet ou exposition-effet (relation entre
l’exposition et l’intensité d’un effet) (Figure 4).

1. Figure 4. Relation dose-effet (réponse) en écotoxicologie

L’exemple suivant illustre bien cette relation : si une personne inhale accidentellement
une substance très volatile, la manifestation des effets toxiques dépend de la quantité de
vapeurs inhalées et du seuil d’apparition de ces effets (figure 5). Ainsi, au-delà de la dose
seuil, les effets seront d’autant plus toxiques que la personne aura inhalé davantage de
vapeurs.

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Figure 5. Relation entre la dose et l’effet.

La notion de seuil toxique est importante, car elle peut servir à fixer des normes. La
valeur seuil représente la quantité minimale sous laquelle il ne se produit pas d’effet. Au-
dessus de ce seuil, l’effet observé dépend de la dose (Figure 4), et ce, bien qu’il y ait
théoriquement des exceptions: par exemple, les cancérogènes génotoxiques. Ce seuil
s’explique par le fait que le corps humain est constitué d’un grand nombre de cellules, de
tissus et d’organes ayant une sensibilité variable et qu’il possède des mécanismes de défense
ou d’adaptation.

Le même principe s’applique à une population d’individus, car l’effet ou les nombreux
effets possibles peuvent se manifester différemment chez plusieurs personnes exposées à une
même dose d’un toxique. C’est ce qu’on appelle la relation dose-réponse ou exposition-
réponse, soit la relation entre l’exposition et le nombre d’individus qui présentent un effet
donné. La figure 6 illustre bien qu’à certaines doses toutes les personnes ne sont pas atteintes.

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Figure 6: Relation entre la dose et la réponse.

5- Notion de « polluant» et « pollution»

En 1977, Ramade donnait la définition suivante de l’Écotoxicologie : "c’est l’étude des


modalités de contamination de l’environnement par les agents polluants naturels ou artificiels
produits par l’activité humaine ainsi que de leurs mécanismes d’action et effets sur les êtres
vivants qui peuplent la biosphère". Dans cette définition sont présentes les notions de base de
l’écotoxicologie, détaillées ci-après.

a. Qu’est-ce qu’un polluant?

Définition : Polluant est toute substance naturelle ou d’origine anthropique que l’homme
introduit dans un biotope donné dont elle était absente ou encore dont il modifie ou augmente
la teneur (dans l’eau, l’air ou les sols selon le biotope) lorsqu’elle y est spontanément
présente.

Selon Bang (1980), la pollution est essentiellement un jugement de valeur sur ce que chacun
souhaite trouver dans l’environnement ; ce jugement étant ou non étayé par des données
scientifiques et implique toujours un choix.

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Selon Moriarty (1983), le terme polluant se rapporte aux substances présentes dans
l’environnement, en partie à cause des activités humaines et qui ont des effets délétères sur les
organismes vivants.
On peut considérer comme polluant:
 Toute modification d’un processus physique qui conduit à accroître les flux d’énergie
ou les niveaux de radiation dans l’environnement.
 Espèce allochtone introduite dans un écosystème éloigné de son aire d’origine.
 Déchets solides généralement inertes.
 Déchets stables comme les métaux lourds et les halogénés
 Déchets dégradables, essentiellement du matériel organique sujet aux attaques
bactériennes et à certains processus oxydatifs
 Fertilisants: nitrates et phosphates
 Produits phytosanitaires.

b. Que désigne le terme “Micropolluant” ?


Un micropolluant se définit comme une substance détectable dans l’environnement à très
faible concentration (microgramme par litre voire nanogramme par litre). Sa présence est, au
moins en partie, due à l’activité humaine (procédés industriels, pratiques agricoles ou activités
quotidiennes) et peut à ces très faibles concentrations engendrer des effets négatifs sur les
organismes vivants en raison de sa toxicité, de sa persistance (= non biodégradable) et/ou de
sa bioaccumulation (= accumulation dans les tissus de l’organisme).

c. Qu’est-ce qu’une pollution?


 Définition :
La pollution est toute dégradation du milieu naturel (cours d’eau, nappes aquifères, mer, air,
haute atmosphère, végétation, faune…) due aux sous-produits des activités humaines (
industrielles, de transport, éventuellement agricoles), et entraînant pour l’homme une
altération de son environnement, des gènes et des nuisances.
Selon Ramade 2007: « Constitue une pollution toute modification anthropogénique d’un
écosystème se traduisant par un changement de concentration des constituants chimiques
naturels, ou résultant de l’introduction de substances chimiques artificielles; toute perturbation
du flux de l’énergie, de l’intensité des rayonnements, de la circulation de la matière, ou encore
toute altération d’une biocœnose naturelle provoquée par l’introduction d’espèces exotiques
invasives ».

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 classification de polluants :
Quels sont les contaminants qui nous préoccupent le plus actuellement ? Nombre d'entre
eux sont reconnus et font l'objet d'une attention particulière depuis des décennies, tandis que
d'autres ne sont devenus préoccupants que récemment. Pour des raisons d'espace, seuls les
contaminants conventionnels ou émergents les plus importants sont présentés ici.
Par convention, les contaminants chimiques sont divisés en deux grandes catégories :
organiques et inorganiques. Les termes organique et inorganique ont été appliqués à l'origine
pour indiquer si le produit chimique provenait d'organismes vivants (organique) ou de sources
minérales (inorganique)
- Les polluants organiques (carbonés) : composés du vivant qui contiennent les éléments
Carbone et Hydrogène au minimum, et qui présentent une toxicité importante à l’égard des
êtres vivants. Exemples : les pesticides (organochlorés : DDT), les polychlorobiphényles
(PCB), les hydrocarbures (HAP), les dioxines et furannes, les chlorofluocarbones (CFC), les
phtalates.
- Les polluants inorganiques (minéraux) :
*composés métalliques : se retrouvent à l’état naturel dans l’environnement
principalement sous forme d’éléments traces (concentrations dans les milieux aquatiques de
l’ordre du ng ou µg/L). Les métaux les plus fréquemment rencontrés dans l’environnement
sont les suivants (Tableau 1):
Tableau 1 : Métaux les plus rencontrés dans l’environnement

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Tous ces éléments représentent un potentiel polluant, ils sont toxiques pour les organismes et
les hommes à de relatives faibles concentrations.
*composés non-métalliques : les nitrates et les phosphates (responsables du phénomène
d’eutrophisation), les cyanures, les fluorures, l’amiante, etc.
Cependant, ces éléments peuvent présenter des formes organiques, comme par exemple le
mercure (méthylmercure) et l’étain (tributylétain), qui s’avèrent être plus biodisponibles et
donc plus toxiques pour l’environnement et les organismes vivants.
Depuis quelques années, d’autres polluants sont rejetés dans l’environnement. Ils présentent
un danger pour les organismes. Ce sont en particulier les retardateurs de flamme bromés
(polybromodiphényls, polybromodiphényléthers), les composés organiques perfluorés (PFOS,
PFOA, …), les médicaments, les cosmétiques, les drogues, les peptaïbols et les
nanoparticules.
Il faut noter aussi qu’il y a un autre classe de pollution, c’est la pollution physique
radioéléments qu’est générée par la radioactivité. Elle peut avoir plusieurs origines :
Naturelle (ex: Radon), Industrielle : pendant la production d'électricité nucléaire, Militaire :
notamment lors d'essai de bombes atomiques, Médicale : l'utilisation de substances
radioactives pour des examens médicaux, Accidentelle : lors d'accident nucléaire comme
Tchernobyl.

III. Relations entre les organismes,


l’environnement et ses perturbations
1. Exemple d’un polluant directement introduit dans l’environnement :
un pesticide.

Un polluant peut se disperser très rapidement dans les différents compartiments (air, eau et
sol) de l’environnement. Si on s’intéresse aux pesticides par exemple, bien qu’ils soient
appliqués sur une culture, on les retrouve également dans les sols, dans les rivières et dans
l’air (Figure 7).

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Figure 7 : Dispersion d’un pesticide dans l’environnement suite à l’application sur une plante

Sur ce schéma, on voit que le pesticide se disperse dans le sol, dans les nappes
phréatiques, par infiltration, dans l’air, par volatilisation, où il peut être dégradé (on parle de
photo-décomposition) et/ou redéposé à un autre endroit et dans les eaux de surface (rivière,
lac, etc.) par ruissellement.
Dans ce dernier cas, le polluant se répartit selon ses propriétés et selon les conditions du
milieu. Par exemple, un produit faiblement soluble dans l’eau a tendance à s’accumuler dans
les sédiments (ex : les PCB) ou encore à flotter en surface (nappe d’hydrocarbures). A
l’inverse, un polluant soluble sera plutôt réparti dans la colonne d’eau de la rivière (par
exemple le dioxyde de soufre SO2).

2. Exemple d’un polluant introduit indirectement dans l’environnement


: un résidu de médicament.

Tous les polluants ne sont pas volontairement et directement introduits dans les milieux
naturels comme le sont les pesticides. .
Par exemple, concernant les médicaments, leur consommation par la population
représente la principale source de rejet. Après administration, le médicament est absorbé,
métabolisé (= transformé par le corps), excrété, puis rejeté dans les eaux usées. Le résidu

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gagne ensuite les stations d’épuration urbaines qui n’en dégradent qu’une partie. Le traitement
de ces stations est en effet inégalement efficace pour éliminer ces composés.
Finalement, une fraction variable du médicament est rejetée dans les effluents de stations
d’épuration qui sont alors dilués dans les eaux de surface.

Figure 8 : Exemple d’un polluant introduit indirectement dans l’environnement : un résidu de


médicament.

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PARTIE I

Chapitre II

 Notions de toxicité
 Composantes toxiques des systèmes naturels
 Comportement, métabolisme et mode d’action
des xénobiotiques

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I. Notions de toxicité
1. la toxicologie
La toxicologie est depuis longtemps reconnue comme étant la science des poisons. Elle
étudie les effets nocifs des substances chimiques sur les organismes vivants
Selon Truhaut (1974) la toxicologie est « discipline qui étudie les substances toxiques ou
poisons, c.-à-d. les substances qui provoquent des altérations ou des perturbations des
fonctions de l’organisme conduisant à des effets nocifs dont le plus grave, de toute évidence,
est la mort de l’organisme en question ».
D’après Ramade 2007, la toxicologie est « l’étude des mécanismes de contamination, de
biotransformation et l’action des toxiques aux échelles moléculaire, cellulaire à celle des
organes en fin à celle des êtres vivants pris dans leur intégrité, ainsi que des conséquences
physiopathologiques qui en découlent ».

2. Notion d’un toxique ou xénobiotique

Un Toxique ou xénobiotique désigne tout produit naturel ou synthétique, qui possède des
propriétés toxique, même à faibles concentration et qui provoque des troubles néfastes
(passagers ou durables) de façon immédiate ou différée (aigüe ou chronique).

Un poison, ou toxique, est une substance capable de perturber le fonctionnement normal


d’un organisme vivant. Il peut être de source naturelle (ex. : poussières, pollen) ou artificielle
(ex. : urée-formaldéhyde), ou de nature chimique (ex. : acétone) ou biologique (ex. :
aflatoxines, anthrax).

Les produits chimiques font partie intégrante de notre vie. Le développement scientifique
et technologique s’accompagne de leur augmentation importante, tant en diversité qu’en
quantité et, par conséquent, de l’augmentation du nombre de personnes qui y sont exposées.
Ils se trouvent partout dans l’air que nous respirons, dans nos aliments, nos médicaments, nos
cosmétiques, etc. et nous y sommes fréquemment exposés dans nos loisirs, dans notre milieu
de travail, etc.

3. Notion de toxicité
La toxicité (du grec τοξικότητα toxikótêta) est la mesure de la capacité d’une substance
chimique, radionucléide, molécule organique, etc (xénobiotique). à provoquer des effets
néfastes et mauvais pour la santé ou la survie chez toute forme de vie (animale telle qu’un être

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humain, végétale, fongique, bactérienne), qu'il s'agisse de la vitalité de l'entité ou d'une de ses
parties (ex. : foie, rein, poumon, cœur, chez l'animal).
Définition: la toxicité est le pouvoir inhérent à une substance chimique à engendrer des
effets nocifs sur un organisme vivant ou un milieu. Cette propriété qualifié cette substance
comme substance toxique
4. Facteurs influençant la toxicité d’une substance
4.1 Toxicité et la dose du toxique (Voir Chapitre 1)
Un principe important en toxicologie veut que toutes les substances chimiques soient
toxiques, car il existe toujours une dose pouvant causer un effet nocif. Mais le fait d’inhaler,
de toucher et même d’ingérer des substances chimiques n’entraîne pas nécessairement
l’apparition d’un tel effet.
La dose est la quantité d’une substance à laquelle un organisme est exposé. Des doses
croissantes résultent généralement en une augmentation de l’intensité et de la diversité des
effets toxiques. C’est ce qu’on appelle la relation dose-effet ou exposition-effet (relation
entre l’exposition et l’intensité d’un effet) (Figure 9).

Figure 9 : Relation dose ou concentration versus effet ou réponse.

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La dose est souvent exprimée en tant que quantité (mg/kg de poids corporel) de
xénobiotique ayant pénétré l'organisme. Elle peut être exprimée de différentes manières:
• La dose d'exposition, est la concentration dans le milieu (air, eau, aliment ...) d'un
polluant durant une certaine période;
• La dose retenue ou absorbée (également appelée charge corporelle) est la quantité
présente dans l'organisme à un moment donné pendant ou après une exposition ;
• La dose tissulaire est la quantité de substance dans un tissu spécifique ;
• La dose cible est la quantité de substance (généralement un métabolite) liée à la
molécule critique. La dose cible est la quantité de produit chimique (en mg) fixée par mg de
macromolécule spécifique dans un tissu. Pour utiliser ce concept, il faut disposer
d'informations sur le mécanisme d'action au niveau moléculaire.
La dose cible est associée plus précisément à l'effet toxique. La dose d'exposition ou la
charge corporelle, plus facilement disponibles, sont liées de manière moins précise à l'effet
toxique.
La notion de dose comporte souvent un paramètre temporel, même s'il n'est pas
toujours exprimé.

La dose théorique selon la loi de Haber est : D = ct,


où D est la dose, c la concentration du xénobiotique dans le milieu et t la durée
d'exposition au xénobiotique.
La prise en compte du temps est généralement plus importante pour comprendre les
expositions répétées et les effets chroniques que pour les expositions uniques et les effets
aigus.
Le temps de latence est le temps qui s'écoule entre une première exposition et
l'apparition d'un effet ou d'une réponse décelables. Ce terme est souvent employé pour les
effets cancérogènes, où les tumeurs apparaissent longtemps après le début de l'exposition et
quelquefois bien après son arrêt.

4.2 Notion de toxicité relative d’un toxique


En toxicologie, c'est le terme dose qui est privilégié. En écotoxicologie, on utilisera le
terme concentration car c'est la quantité dans le milieu qui est mesurée.
La toxicité relative d’un toxique est expérimentalement caractérisée par certains
paramètres déduits de la relation dose-effet: Dose sans effet, Dose seuil, Dose tolérable
autorisé…(Figure 10)

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 Une dose seuil est le niveau de dose en dessous duquel aucun effet observable ne
survient. Il existe des seuils pour certains effets, notamment les effets toxiques aigus, mais
non pour d'autres, par exemple pour les effets cancérogènes (initiateurs formant des adduits à
l'ADN). Une simple absence de réponse dans une population donnée ne saurait cependant être
interprétée comme la preuve de l'existence d'un seuil. Elle peut être due à un simple.
phénomène statistique: un effet toxique ne se produisant qu'à faible fréquence pourra ne pas
être décelé dans une petite population.

 Lorsque le toxique pénètre dans l'organisme par toutes les voies, sauf la voie
pulmonaire, la toxicité s'exprime par la Dose Effective 50 (DE 50 ). Elle correspond à la
quantité de substance (exprimée en masse de toxique par kg de poids corporel) qui en
moyenne produit un effet (vomissement, tremblement, ...) sur la moitié de la population. La
Dose Létale 50 (DL 50 ) correspond à la quantité de substance (exprimée en masse de
toxique par kg de poids corporel) qui produit la mort de la moitié de la population. Lorsque la
substance administrée pénètre dans l'organisme par inhalation, la notion de dose est remplacée
par celle de concentration, Concentration Effective 50 (CE 50 ) et Concentration Létale 50
(CL 50 ). La concentration s'exprime par la formule :

Va/(Va+Vd)*100
avec Va= volume de gaz toxique et Vd = volume d'air dans lequel il est situé. Ces
concentrations sont exprimées en mg.m-3 ou (ppm).

Cette distinction entre dose et concentration se décline pour les différents paramètres
toxicologiques qui pourront être dérivés à partir de la relation dose-effet tel que NOAEL et
LOAEL

 Pour presque tous les types d’effets toxiques (organospécifiques, neuro-


comportementaux, immunologiques, cancérogènes épigénétiques…), on estime généralement
qu’il existe une dose ou une concentration en dessous de laquelle aucun effet indésirable ne se
produit : il existe un seuil de toxicité. L’objectif est alors de déterminer la dose ou la
concentration en dessous de laquelle la probabilité de survenue de l’effet critique sera en
théorie nulle : la dose maximale sans effet nocif observable (DMSENO ou NOAEL en
anglais pour No Observed Adverse Effect Level). Plus précisément, elle correspond à la
dose la plus élevée pour laquelle on n’observe pas d’augmentation statistiquement (ou
biologiquement) significative en fréquence ou en sévérité d’un effet nocif, dans un groupe
exposé à la substance par rapport à un groupe non exposé.

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 L’étude expérimentale ne permet pas toujours d’avoir accès à ce NOAEL. Il est alors
proposé de déterminer la dose ou la concentration théoriquement la plus faible pour laquelle
un effet indésirable est observé. C’est la dose minimale pour un effet nocif observable
(DMENO ou LOAEL en anglais pour Lowest Observed Adverse Effect Level). Plus
précisément, elle correspond à la plus faible dose de substance pour laquelle on constate une
augmentation statistiquement (ou biologiquement) significative en fréquence ou en sévérité
d’un effet nocif observé dans le groupe exposé par rapport au groupe non exposé.

Figure 10 : Doses critiques sur une relation doses-effets.

4.3 Toxicité et durée d’exposition


La toxicité d’une substance est sa capacité à produire des effets nocifs à un organisme vivant
selon la dose, la fréquence et la durée d’exposition, temps d’apparition des signes cliniques.
On distingue cliniquement trois formes essentielles de toxicité illustrées dans le tableau 2 :
 la toxicité aiguë,
 la toxicité à court terme (subaiguë ou subchronique)
 la toxicité à long terme(ou chronique).

Tableau 2 : Les différentes formes de toxicité

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a) Le toxicité aiguë
La toxicité aiguë résulte d’une exposition au toxique sur un temps court par rapport à la
durée de vie de l’organisme. Elle est généralement liée à une forte dose mais peut également
être associée à une concentration plus faible d’une substance très toxique. Elle conduit à de
graves troubles physiologiques voire à la mort des organismes.
La toxicité aiguë peut être mesurée par la concentration létale (CL) pour un
pourcentage de la population exposée pour une durée déterminée. La concentration effectrice
(CE) est celle provoquant un effet observé. Ainsi, la CL50 (48 h) définit la dose qui provoque
la mort de 50 % des organismes exposés à un toxique pendant 48 heures. La dose létale (DL)
est la dose transférée dans l’organisme par ingestion, inhalation ou contact, provoquant la
mort.
L’indice DL50 sert fréquemment pour exprimer la toxicité aiguë ainsi que pour classer
et comparer les toxiques. Il a cependant une valeur très limitée, car il ne concerne que la
mortalité et ne donne aucune information sur les mécanismes en jeu et la nature des lésions. Il
s’agit d’une appréciation grossière et préliminaire (première analyse) qui peut être influencée
par plusieurs facteurs tels l’espèce animale, le sexe, l’âge, le moment de la journée, etc.
b) La toxicité chronique
La toxicité chronique fait suite à une exposition à un polluant, généralement à de faibles
concentrations, mais sur une longue durée. Elle concerne aussi les pathologies qui se
développent dans la durée. Les effets chroniques sont favorisés par des contaminants qui
s’accumulent durablement dans les tissus de l’organisme. Elle se traduit souvent par des effets
tels que des perturbations de la reproduction, des malformations lors du développement, des
retards de croissance, des cancers, une baisse de l’immunité...
Ces effets ne peuvent être mis en évidence qu’à l’échelle de la vie de l’organisme. C’est le cas
en particulier des molécules dites CMR, c’est-à-dire cancérigènes, mutagènes ou toxiques
pour la reproduction.
Dans le cas de la toxicité chronique, ce sont plutôt des seuils d’innocuité qui sont
recherchés. La mesure est souvent la plus forte dose sans effet nocif observé no-observed

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adverse effect limit (NOAEL) ou, exprimée en concentration dans le milieu, la no-observed
effect concentration (NOEC), ou encore, la concentration effectrice à 10 % par exemple,
CE10. Ces mesures sont d’interprétation délicate car l’absence d’effet ou des effets limités ne
peuvent être évalués de manière convaincante que par des expérimentations de longue durée,
souvent coûteuses et plus difficiles à mener. D’autre part, les effets recherchés peuvent être
délicats à détecter comme dans le cas de la perturbation du fonctionnement d’un organe ou le
développement très lent d’un cancer.

4.4 Toxicité et propriétés du toxique:


L’Etat de la substance (gazeuse, liquide ou solide) à une relation étroite avec la
solubilité et la volatilité des substances chimiques qui jouent un rôle important dans pour
diminuer ou augmenter la toxicité de ces substances.
Depuis plus d’un siècle, les chercheurs étudient les relations entre la structure des
substances chimiques et leur toxicité. Vers le milieu du XIXe siècle, E.V Pelikan (1854),
l’un des premiers toxicologues russes, a prouvé que l’activité toxique était liée à la
composition chimique. La relation entre l’ampleur et les caractéristiques de l’activité
biologique, d’une part, et la structure chimique, d’autre part, notamment chez les composés
organiques, a été signalée par de nombreux auteurs au cours des années suivantes.
La structure chimique d’une substance détermine directement ses propriétés
physiques, chimiques et physicochimiques ; ceci ressort, notamment, du fait qu’il est
possible de prédire nombre de propriétés des composés organiques d’après leur formule
développée. Les propriétés physiques et physico-chimiques des composés chimiques sont si
étroitement liées entre elles que l’on ne peut pas rencontrer dans la réalité toutes les
combinaisons de propriétés. Par exemple un poids moléculaire (PM) élevé ne saurait coexister
avec un point d’ébullition peu élevé, de telle sorte qu’il n’y a pas de gaz de PM élevé …
Le structure chimique des molécules d’une substance détermine non seulement ses
propriétés physicochimiques, mais aussi son aptitude à participer à divers réactions
chimiques ; à leur tour, les propriétés physicochimiques de la substance, jointes à son activité
chimique, en déterminent l’activité biologique et jusqu’à un certain point, la toxicité. Lazarev
(1963) a présenté ces relations sous la forme du diagramme suivant :

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La diminution ou l’augmentation de toxicité d’une substance résultant d’un changement de


structure chimique est en général due soit à des changements d’activité chimique ( par
exemple en raison d’introduction d’halogènes ou de groupes aminés, nitrés ou nitrosés), soit
au fait que les changement correspondants survenus dans les propriétés physicochimiques ont
nettement modifié l’absorption, l’accumulation la distribution et l’élimination du toxique,
c’est-à-dire la relation transport-distribution. Un changement de structure chimique peut
affecter les modalité de transformation du toxique dans l’organisme et provoquer par voie de
conséquence des effets qui sont différents du point de vue non seulement quantitatif mais
qualitatif. Par exemple, les toxicologues connaissent bien la très forte toxicité de certains
dérivés du méthane (méthanol, acide formique, formaldéhyde, chlorure de méthyle, bromure
de méthyle et iodure de méthyle) en raison des transformations particulières que ces composés
subissent dans l’organisme.

4.5 Toxicité et voie de contamination ou pénétration


L’organisme doit être exposé à un produit toxique pour qu’un effet nocif se manifeste.
Dans ce cas, le produit peut agir au point de contact (effet local) ou pénétrer dans l’organisme
(effet systémique).
Certains produits agissent pendant leur contact avec la surface exposée, soit la peau ou
les yeux, par exemple les acides qui causent des brûlures chimiques graves. D’autres doivent
pénétrer dans l’organisme pour provoquer des effets nuisibles. Les principales façons de les
absorber sont l’inhalation (voie respiratoire), l’absorption par la peau (voie cutanée) et
l’ingestion (voie digestive) (figure 11). Un produit peut être absorbé par plusieurs voies
(tableau 3).

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Figure 11. Les voies d’absorption usuelles

Tableau 3. Voies d’absorption de certains produits

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a- La voie respiratoire (inhalation)


Les poumons sont les organes où se font les échanges gazeux entre l’air des alvéoles et
le sang des vaisseaux capillaires qui tapissent les alvéoles pulmonaires. Ils sont le siège de la
respiration, qui permet l’absorption et l’élimination des gaz.
Dans la majorité des milieux de travail, la voie respiratoire représente la principale voie
d’entrée des contaminants. La forte possibilité que l’air ambiant soit contaminé par des
vapeurs, des gaz, des fumées, des poussières, etc. explique cette situation. Il suffit de penser
notamment à l’inhalation de fumées de soudure.
De nombreux facteurs sont à considérer dans l’absorption d’un produit par les poumons.
Pour les gaz et les vapeurs, il s’agira de la concentration, de la durée d’exposition, de la
solubilité dans l’eau et les tissus, de la réactivité et du débit sanguin (tableau 4), et, pour les
particules (ex. : poussières, fibres, fumées, brouillards, brume, pollen, spores), il s’agira des
caractéristiques physiques (le diamètre, la forme, etc.) et de l’anatomie de l’arbre respiratoire
(figure 12).

Tableau 4. Déposition des gaz et des vapeurs


dans les voies respiratoires

Figure 12. Déposition des poussières dans les


voies respiratoires

Note. – Les particules de dimensions supérieures à 30 µm pénètrent rarement dans les voies
respiratoires supérieures.

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b- la voie cutanée (peau)


La peau est une barrière imperméable qui recouvre toute la surface du corps et qui le
protège. Cette enveloppe protectrice fait obstacle à la pénétration de nombreux contaminants.
Toutefois, cette barrière n’offre pas une protection complète, car elle
présente des failles, dont la base des poils et les pores. C’est un passage important, puisque
plusieurs toxiques peuvent pénétrer dans l’organisme en traversant la peau à la suite d’un
contact avec un liquide, un solide ou des vapeurs (ex. : certains solvants employés pour
nettoyer des pièces mécaniques ou encore des diluants ou des décapants qui sont utilisés sans
protection). L’absorption cutanée est influencée par de nombreux facteurs tant physico-
chimiques (ex. : pureté, grosseur de la molécule, solubilité) qu’individuels (ex. : hydratation
de la peau, présence de lésions cutanées) et anatomiques (ex. : endroit du corps mis en contact
avec le toxique) (tableau 5).

Tableau 5 : Effet de l’absorption du malathion chez l’humain en fonction du point de contact

c- La voie digestive
Les toxiques peuvent être ingérés à la suite d’une ingestion accidentelle, de
l’absorption de nourriture ou de boissons contaminées, ou par ingestion de particules
éliminées par le tractus respiratoire. Ces substances peuvent être d'emblée toxiques ou le
devenir en fonction de la quantité qui aura pu pénétrer dans l’organisme.
C’est la voie la plus fréquente empruntée par les toxiques. Elle permet leur résorption
et parfois contribue à leur biotransformation.

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4.6 Toxicité et type et gravité des lésions


Un toxique peut provoquer une réaction immédiate au point de contact avec
l’organisme. On parle alors de toxicité locale. Il en est ainsi de l’exposition aux irritants
respiratoires comme l’anhydride sulfureux et du contact cutané avec des substances
provoquant des brûlures chimiques comme les bases et les acides forts.
Par opposition ; un toxique systémique doit passer par la circulation sanguine et être
acheminé à un organe cible pour exercer son effet délétère, comme l’effet néphrotoxique du
Cd provenant de l’ingestion de nourriture contaminée ou de l’inhalation de particules qui
contient ce métal.

4.7 Toxicité et effet cumulatif (La réversibilité et


l’irréversibilité)
Certains effets toxiques sont réversibles (ils disparaissent plus ou moins rapidement
après l’arrêt de l’exposition) tandis que d’autres sont irréversibles (ils persistent ou
s’aggravent après l’arrêt de l’exposition).

Des changements adaptatifs causés par un produit chimique dans un tissu ou un organe
peuvent être accompagnés de changements fonctionnels et morphologiques. De tels
changements peuvent être réversibles si on prévient ou arrête l’exposition. Cependant, dans
certains cas, l’interruption de l’exposition n’est pas suivie d’une récupération. Il s’agit alors
de changements irréversibles. Ainsi, pour un tissu tel que celui du foie, qui a une importante
capacité de régénération, la majorité des atteintes sont réversibles ; au contraire, elles sont
généralement irréversibles lorsqu’il s’agit d’une atteinte du système nerveux central, les
neurones ne pouvant pas être facilement
remplacés. Des effets tels que la
cancérogénicité et la tératogénicité sont
généralement considérés comme des effets
irréversibles.

4.8 Complexité de l’effet toxique


L’effet toxique est le résultat d’un
processus souvent complexe et il peut entraîner
une série de réactions physiologiques et mé
taboliques (figure 13).

Figure 13 : Effets d’un gaz irritant sur le


système respiratoire

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II. Devenir des polluants dans l’environnement et leurs


effets sur les organismes
On distingue les polluants naturels et les polluants générés par les activités humaines. Ils
ont un impact sur notre environnement et sur notre santé. Tour d’horizon de ces polluants et
de leurs origines !

1. Sources de pollutions naturelles des écosystèmes


Des pollutions d'origine naturels (environnementale) peuvent être dues aux conséquences
directes ou indirectes de catastrophes naturelles, tels que le volcanisme, Les plus grands
pollueurs naturels sont sans conteste les volcans. Ils rejettent d'importants nuages de dioxyde
de soufre. La chaleur qu'ils dégagent produit aussi des oxydes d'azote. Et c'est sans compter
sur les poussières minérales qui ont jadis enseveli Pompéi; à une pollution liée à des
phénomènes naturels, tels que les éruptions solaires ; à une pollution d'un captage
d'eau potable par un animal qui fera ses besoins à proximité, ou qui serait mort et en
décomposition dans l'eau ; à la production de toxines lors du phénomène d'efflorescence
algale. Les toxines naturelles sont des substances chimiques naturellement produites par des
organismes vivants. Ces toxines ne sont pas nocives pour les organismes qui les produisent,
mais peuvent être toxiques pour d'autres êtres vivants, notamment pour l'humain, lorsqu'elles
sont ingérés. Certaines plantes peuvent produire naturellement des composés qui sont
toxiques pour l'humain lorsqu'ils sont ingérés. Par exemple, dans certaines conditions, des
algues microscopiques présentes dans l'océan peuvent produire des composés qui sont
toxiques pour l'humain, sans qu'ils le soient pour les mollusques et crustacés qui les ingèrent.
Lorsque les gens consomment des fruits de mer contenant ces toxines, des malaises peuvent
survenir rapidement. Les mycotoxines constituent un autre groupe de toxines naturelles. Le
terme mycotoxine est dérivé du grec mykes qui signifie champignon et du latin toxicum qui
signifie poison. Les mycotoxines sont des produits chimiques toxiques formés par un
champignon qui peut pousser sur les plantes cultivées, soit dans les champs, soit après la
récolte. Parmi les aliments pouvant être affectés, on peut nommer les céréales, les noix, les
fruits et les fruits secs, le café, le cacao, les épices, les graines oléagineuses et le lait. Il existe
plus de 300 mycotoxines connues possédant des structures chimiques radicalement différentes
ainsi que des modes d'action distincts - certaines s'attaquent aux reins, au foie ou au système
immunitaire et certaines sont carcinogènes. Les mycotoxines communes comprennent les
aflatoxines, l'ochratoxine A, l'alcaloïde de l'ergot, les fumonisines, la patuline, les

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trichothécènes (tels que le déoxynivalénol également connu sous le nom de vomitoxine) et la


zéaralenone. Les pollens sont aussi considérés comme des polluants, car ils incommodent de
nombreuses personnes qui y sont allergiques. l’érosion qui produit des poussières.
Transportées par le vent, elles peuvent parcourir de très longues distances.

2. Sources de pollution Anthropique des écosystèmes


Les pollutions d'origine humaine, dites aussi anthropiques, ont de nombreuses formes en
pouvant être locales, culturelles, ponctuelles, accidentelles, diffuses, chroniques, génétiques,
volontaires, involontaires, etc.
Cette pollution est une diffusion directe ou indirecte dans l'environnement de polluants.
Ce sont souvent des sous-produits involontaires d'une activité humaine, comme les émissions
des pots d'échappement ou des installations de combustion. Les déchets de produits de
consommation courante (emballages, batteries usagées) jetés sans précautions dans
l'environnement biophysique et dans l'environnement humain, constituent également une
source de pollution très fréquente. Il peut aussi s'agir de phénomènes physiques (comme la
chaleur, la lumière, la radioactivité, l'électromagnétisme, etc.).

3. Cheminement des polluants dans le milieu et les organismes


les polluants peuvent suivre différents trajets. Certains sont dégradés très rapidement par
des réactions chimiques, parfois sous l'effet de la lumière, ou encore grâce à l'intervention de
microorganismes (biodégradation). D'autres polluants, dits persistants, contaminent
durablement les milieux (eau, sol, air) soit en restant dans le milieu exemple l'eau et surtout
dans les sédiments, soit en passant dans les organismes vivants et, dans certains cas, en
s'accumulant dans les chaînes alimentaires (bioaccumulation).

3-1 Comportement et distribution des polluants dans le milieu

Le comportement des polluants dans le milieu est variable (Figure 14), il dépend
essentiellement des facteurs abiotiques (paramètres physicochimiques) et certains facteurs
biotiques (action des microorganismes) il peuvent être:
 Complexés ou réagit avec d’autres substances (antagonisme/synergie)
 Piégés et stockés dans une phase de la matière (colloïdes, MES, sédiments…)
 Transformés (dégradation) ou biotransformés (biodégradation) avec formation
dérivés plus au moins toxiques.

29
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 Des flux d’échanges et de transfert de différentes formes chimiques s’établissent


entre les compartiments, biotope et biocénose de l’écosystème (état de saturation,
équilibre…)

Figure 14 : Comportement du polluant dans son environnement (d'après Ballerini et al., 1998)

Paramètres physicochimiques déterminant la distribution des polluants :


 Chaque substance "X" d’un compartiment de l’écosystème est caractérisée par une
concentration (Cx) et d’un coefficient de partage Octanol-Eau (Kow) qui est défini
expérimentalement. Le coefficient de partition (Kow) est le coefficient de partage d'un
produit entre la phase organique (l'octanol) et la phase aqueuse. Les composés à Kow
élevé seront adsorbés en grande quantité dans le sol. Ils ne sont pas entraînés avec
l'eau en profondeur,. Ces propriétés physicochimiques donnent des indications sur la
répartition probable du polluant dans l'eau et dans le sol. L'adsorption dépend aussi des
caractères géologiques du sol tels que la porosité, la perméabilité, la fraction de
matière organique. . .
Kow = Co / Cw
Co = concentration du soluté dans l'octanol
Cw = concentration du soluté dans l'eau.

30
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Aussi le Kow détermine le degré de Liposolubilité (hydrophobicité);


 Ces paramètres caractérisent la spéciation chimique d’un polluant (notamment
métaux lourds) dans le milieu;
 Ils définissent la biodisponibilité d’un polluant et son pouvoir de bioaccumulation;
Biodisponibilité : est la propriété d’un élément ou d’une substance de franchir les membranes
cellulaires et d’atteindre les biomolécules vitales des organismes. C’est un paramètre qui
influencent l’écotoxicité, puisqu’un changement de la biodisponibilité d’un polluant
correspond à un changement de sa toxicité. Un polluant biodisponible est un polluant auquel
les organismes sont réellement exposés.
Bioaccumulation: est l’accumulation de substance toxique dans les tissus des organismes
vivants. Tous les organismes sont capables à différents degrés, d’accumuler (=séquestrer) des
substances toxiques et d’atténuer leurs effets. La bioaccumulation peut entraîner le transfert et
l’amplification des polluants dans les réseaux trophiques (à des fortes concentrations).

3-2 cheminement et distribution des polluants dans l’organisme


Dans l’organisme, les substances toxique sont transportées par le sang ou la lymphe et
distribuées dans les autres parties de l’organisme.

a- Cheminement des polluants et notions "d’organe" ou « tissus cibles"


Les propriétés physicochimiques des xénobiotiques et la nature des tissus sont à l’origine de
l’affinité des polluants pour certains organes ou tissus. Exemple les polluants lipophiles
s’accumulent dans les tissus adipeux (lipidiques) ou sont séquestrés (stockés) jusqu’à une
certaine concentration limite.
Un des principaux rôles de la toxicologie est de déterminer l’effet ou la série d’effets
importants afin de prévenir l’apparition de maladies irréversibles ou invalidantes. Pour cela, il
convient surtout d’identifier l’organe touché en premier ou le plus affecté par l’agent toxique:
cet organe est appelé «organe cible». A l’intérieur de cet organe, il est capital de déceler le ou
les événements importants objectivant une intoxication ou une lésion et permettant de mettre
en évidence une altération de l’organe.
L’organe cible est l’organe principal ou l’organe le plus sensible atteint lors d’une exposition.
Un même produit chimique pénétrant dans l’organisme peut atteindre des organes cibles
différents selon la voie, la dose, le sexe et l’espèce. Une interaction entre produits chimiques,
ou entre produits chimiques et d’autres facteurs, peut également affecter différents organes
cibles.

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b- Phénomènes de pénétration cellulaire et transport des Xénobiotiques dans


l’organisme
Il existe 5 différents types de transport membranaire :
 Diffusion passive : Pour pénétrer dans l’organisme et atteindre le site où elle exercera
sa toxicité, une substance étrangère doit franchir plusieurs obstacles, y compris les
cellules et leurs membranes. La plupart des substances toxiques traversent les
membranes passivement par diffusion. Ainsi, les petites molécules hydrosolubles
passent à travers les canaux aqueux, les molécules liposolubles pénétrant par
dissolution et diffusion à travers la partie lipidique de la membrane. L’éthanol, petite
molécule à la fois hydro- et liposoluble, diffuse rapidement à travers les membranes
cellulaires.
Diffusion des acides et bases faibles. Les acides et bases faibles peuvent facilement
traverser les membranes sous leur forme non ionisée liposoluble, alors que les formes ionisées
trop polaires ne le peuvent pas. Le degré d’ionisation de ces substances dépend du pH. S’il
existe un gradient de pH de part et d’autre d’une membrane, elles s’accumuleront d’un seul
côté. L’excrétion urinaire des acides et des bases faibles est fortement dépendante du pH
urinaire. Le pH fœtal ou embryonnaire est un peu plus élevé que le pH maternel, ce qui
explique la tendance des acides faibles à s’accumuler dans le fœtus ou l’embryon.
Cependant, ce processus est limité aux molécules de faibles poids moléculaires (≤ 500
daltons). La vitesse de diffusion (V) peut être modélisée par la loi de Fick :

 Filtration : L’eau traverse les pores endothéliaux sous l’influence de la pression


hydrostatique ou osmotique. Tout soluté de faible poids moléculaire sera filtré en
même temps que l’eau. Une partie de la filtration se fait au niveau du lit capillaire dans
tous les tissus; elle est particulièrement importante pour la formation de l’urine
primaire dans les glomérules rénaux.
 Diffusion facilitée. Le passage d’une substance peut être facilité par l’existence de
transporteurs membranaires. La diffusion facilitée est comparable à un processus
enzymatique dans la mesure où elle est sous la dépendance d’une protéine fortement

32
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sélective et saturable. D’autres substances peuvent inhiber le transport facilité des


xénobiotiques.
 Transport actif. Certaines substances sont activement transportées à travers les
membranes cellulaires. Ce transport s’effectue par l’intermédiaire de protéines
porteuses selon un processus analogue à celui des enzymes. Le transport actif
s’apparente à la diffusion facilitée, mais il peut se produire contre un gradient de
concentration. Il requiert un apport d’énergie et peut être bloqué par un inhibiteur
métabolique. La plupart des polluants environnementaux ne sont pas transportés de
manière active. La sécrétion et la réabsorption actives au niveau tubulaire rénal des
métabolites acides constituent une exception.
 Phagocytose. Il s’agit d’un processus par lequel des cellules spécialisées comme les
macrophages absorbent des particules en vue de les dégrader. Ce processus de
transport est important, par exemple pour l’élimination de particules au niveau des
alvéoles pulmonaires.

3-3 Mécanismes d’action et établissement des effet toxiques

Le polluant, après son absorption par l’organisme, ne peut exercer son effet que s’il franchit
les différentes barrières membranaires et physiologiques mise en jeu par l’organisme. En
effet, la toxicité des xénobiotiques dépend de la combinaison des processus compétitifs de la
toxicocinétiques et la toxicodynamiques:
 La toxicodynamie s’intéresse à l’influence qu’exerce un toxique sur l’organisme et
aux facteurs qui interviennent dans la réponse toxique.
 La toxicocinétique s’intéresse à l’influence qu’exerce l’organisme sur un toxique.
Cette influence découle des processus (l’absorption, la distribution, le métabolisme,
l’élimination) qui gouvernent le cheminement du toxique dans l’organisme (Figure
15).

33
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Figure 15. Cheminement d’un produit dans l’organisme


a. L’Absorption
On appelle absorption le processus de pénétration d’un produit dans l’organisme. Il s’agit
d’une étape importante, car, tant qu’il n’a pas pénétré dans la circulation sanguine, un produit
ne peut causer d’action toxique systémique, c’est-à-dire à des endroits éloignés du point de
contact initial. Divers facteurs peuvent influencer le processus d’absorption d’un produit : sa
nature, sa solubilité, la perméabilité des tissus biologiques au point decontact, la durée et la
fréquence de l’exposition, etc.
b. Le transport et la distribution
Après avoir atteint la circulation sanguine, le produit peut être transporté dans tout
l’organisme. C’est ce qu’on appelle la distribution. En plus de l’oxygène, de divers éléments
nutritifs essentiels au fonctionnement de l’organisme et des déchets, le sang transporte aussi
des toxiques. Ceux-ci peuvent alors entrer en contact avec des cellules et se fixer dans
certains tissus. Ainsi, les pesticides organochlorés comme le DDT se concentrent dans les
tissus adipeux. Ils peuvent y rester emmagasinés sans causer d’effets toxiques pendant une

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période plus ou moins longue. En revanche, ils peuvent causer des effets toxiques dans
d’autres tissus ou organes où ils sont présents en quantités moindres. La nature, l’intensité et
la localisation de ces perturbations dans l’organisme diffèrent d’un produit à l’autre et
dépendent souvent de la dose.
c. La biotransformation (ou le métabolisme)
Pendant ou après son transport dans le sang, le toxique peut entrer en contact avec
différentes cellules de l’organisme qui ont la capacité de le transformer.
L’ensemble des réactions de la transformation métabolique est appelée
biotransformation, tandis que les produits de la biotransformation sont appelés métabolites.
Il peut en résulter un produit moins toxique (détoxification) ou plus toxique (activation),
l’accumulation ou l’élimination du produit et de ses métabolites.
La principale fonction des biotransformations est de rendre hydrosolubles des molécules
lipophiles afin d’en favoriser l’élimination de l’organisme : en effet, les molécules lipophiles
passent les membranes pendant les phases d’absorption et de distribution, mais à l’inverse
leur liposolubilité ne permet pas leur élimination par voie rénale sous forme inchangée. Elles
seront alors soit excrétées directement par voie biliaire, soit biotransformées avant excrétion
rénale ou biliaire.
Les biotransformations des toxines sont essentiellement hépatiques (foie) et intestinales
même s'il existe aussi un métabolisme pulmonaire, rénal ou plasmatique. On distingue deux
types de biotransformations, classées en phase I et phase II :
- Métabolisme de phase I : réactions d’activation. Le métabolisme hépatique par
réaction de phase I est dû à des réactions de fonctionnalisation, consistant à modifier ou
adjoindre des groupements fonctionnels par des réactions d’oxydation, de réduction et
d’hydrolyse. Une réaction de fonctionnalisation est illustrée au-dessous, permettant de
transformer un toxine lipophile en un métabolite hydrophile, via le cytochrome P450.

- Métabolisme de phase II : réactions de conjugaison ; Les biotransformations par


réaction de conjugaison permettent d'obtenir des métabolites hydrosolubles, donc
éliminables par voie rénale. Les réactions de conjugaison sont principalement dues à des
enzymes transférase, assurant une multitudes de transfert sur une variété de molécules

35
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endogènes (comme le glutathion GSH) exprimées majoritairement dans le foie, mais


aussi dans les poumons et le rein.
Les glutathion S-Transférases GST représentent une des familles d’enzymes
universelles intervenant dans les réactions de conjugaison de divers composés sur le
tripeptide GSH (glutathion).

d. L’excrétion
Ce processus consiste à rejeter le produit inchangé ou ses métabolites à l’extérieur de
l’organisme. L’excrétion peut se faire par voie rénale (l’urine), gastro-intestinale (les selles),
pulmonaire (l’air expiré), cutanée (la sueur) ou lactée (le lait).
Par exemple, le sang transporte de nombreux produits vers les reins, dont plusieurs
déchets provenant du métabolisme. Les reins filtrent le sang, remplissant ainsi une fonction
essentielle au maintien de l’équilibre des éléments sanguins, et assurent l’élimination de
nombreux produits.

4. Chronologie des effets et niveau d’organisation biologique


Les effets des composés toxiques peuvent se manifester de diverses façons et à différents
niveaux d’organisation biologique (Figure 16):

- Les effets peuvent être décelés à des plus bas niveau d’organisation (moléculaire,
cellulaire et tissulaire) jusqu’au plus hauts niveaux (individus, populations et
communautés);

- Les effets à court et à moyen termes peuvent être aigus à sub-chroniques se traduisant
par des lésions ± graves selon les niveaux de contamination (lésions tissulaires,
inhibition de certains fonctions, perturbations de comportement…)

- Les effets à long terme se traduisant par des lésions chroniques affectant la structure
des population (perturbations reproductionnelles). Ces effets pourraient ainsi se
transmettre aux communautés d’un écosystème en affectant leur diversité et leur
productivité, ils causeront probablement à long terme le dysfonctionnement de tout
l’écosystème.

36
UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

Figure 16 : Représentation de la chronologie de l’établissement des effets toxiques en


fonction des niveau d’organisation biologique, montrant la dimension écotoxicologique de la
pollution

5. Effets de quelques polluants chimiques sur les organismes


 Bioaccumulation dans les graisses et les tissus adipeux : Les substances
chimiques non métabolisées sont stockées dans le corps: Les substances
liposolubles (HAPs, pesticides…) dans les adipocytes. Les métaux (Cu, Cd, Hg,
Pb…) se lient à des protéines (métallothionéines, enzymes…)

 Inhibition fonctionnelle et Mortalité : Dans le cas d’une toxicité aigüe, tous les
polluants sont capables d’induire une perte irréversible de fonctionnalité (perte de
mobilité, arrêt de fonctions physiologiques vitales…) et causer la mort des
organismes, c’est le cas des HAPs, PCBs, pesticides et métaux lourds

 Cancérogénèse : Le cancer est une maladie qui se caractérise par une croissance et une
multiplication incontrôlée de cellules anormales dans un organe ou un tissu de
l’organisme. En se multipliant, ces cellules anormales forment une masse appelée
tumeur. Il existe deux types de tumeurs : la tumeur bénigne et la tumeur maligne.

37
UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

On appelle tumeur bénigne la tumeur qui n’envahit pas le tissu d’origine ou qui ne se
propage pas dans d’autres organes. On appelle tumeur maligne celle qui peut envahir
et détruire les tissus sains avoisinants ou se répandre dans le corps. C’est cette dernière
que l’on qualifie de tumeur cancéreuse. Un agent qui cause le cancer est qualifié de
cancérogène. Une tumeur maligne qui se répand (dissémination) forme ce que l’on
appelle des métastases. La métastase est une cellule cancéreuse qui quitte le foyer de
croissance initial et s’attaque aux tissus avoisinants, emprunte la circulation
lymphatique pour atteindre les ganglions, passe dans le sang et colonise d’autres
organes, formant ainsi des foyers secondaires. La transformation d’une cellule
normale en cellule cancéreuse peut survenir à n’importe quel moment de la vie de la
cellule. Cette transformation peut être la conséquence d’une agression par un
cancérogène. Généralement, une telle transformation suppose une cascade
d’événements biologiques dont l’ensemble du processus peut s’échelonner une longue
période au cours de la vie d’une personne. Chaque type de cancer est différent et la
progression d’un même cancer est différente d’une personne à l’autre.

 Stress oxydant et radicaux libres : Plusieurs types de composés ou leurs métabolites


sont à l’origine des radicaux libres et du stress oxydant. Ils peuvent agir sur tous les
niveaux et causer différents effets nocifs comme: La déstabilisation membranaire et
peroxydation lipidique (Cu, métabolites des HAPs et PCBs), Lésions génétiques dues
à l’attaque des acides nucléiques (comme par les adduits à l’ADN).

 Troubles des fonctions physiologiques : Hépatotoxicité, Néphrotoxicité,


Neurotoxicité, Dermatotoxicité, - La toxicité de l’appareil respiratoire, La toxicité
cardiovasculaire.

 Altération des processus de reproduction et de développement.

38
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PARTIE I

Chapitre III

 Méthodes d’évaluation du risque environnemental


 Concept de biosurveillance de l’environnement et
Tests écotoxicologiques

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I. Méthodes d’évaluation du risque environnemental


1. Introduction et terminologie
Plusieurs définitions existent dans la littérature pour l’expression « Evaluation du risque
(EDR ou ER) » et quelques-unes d’entre elles ont été présentées par Rivière [1998] : Suter
[1993] définit l’évaluation du risque comme étant « l’opération qui assigne des niveaux et des
probabilités aux effets négatifs des activités humaines et des catastrophes naturelles ». Pour
Covello et Merkhofer [1993], l’évaluation du risque est une opération systématique pour
décrire et quantifier les risques associés à des produits dangereux, des opérations, des actions
ou des événements ». En ce qui concerne Volmer et al. [1988], ils définissent l’évaluation du
risque comme étant « des méthodes destinées à estimer l’importance et la probabilité d’effets
négatifs des substances anthropogéniques sur l’environnement ». Rodricks [1994] a
également définit cette expression en précisant que « l’évaluation du risque … est un moyen
systématique pour organiser l’information et la connaissance disponibles et pour spécifier le
niveau de certitude scientifique, en relation avec les données, modèles et hypothèses
nécessaires ; l’objectif est d’en tirer des conclusions sur les risques pour la santé, de quelque
nature qu’ils soient ».
Il ressort de ces définitions que l’évaluation du risque est fondée sur la distinction
fondamentale entre danger et risque. Le danger fait référence à la potentialité de l’élément ou
d’un objet considéré d’exercer des effets négatifs sur le milieu et les espèces vivantes, s’il
entre en contact avec eux. Le risque, quant à lui, prend en compte l’existence d’une possible
exposition aux objets dangereux ; le risque est la probabilité d’apparition d’effets toxiques
(d’effets négatifs) après l’exposition des organismes à un objet dangereux [Rivière, 1998].
L’évaluation des risques est une démarche qui peut s’appliquer sous différentes formes
en fonction du domaine d’application : les assurances, l’ingénierie, …. La santé humaine et
l’environnement sont deux domaines scientifiques où s’applique cette démarche. L’évaluation
des risques environnementaux touche tout ce qui a trait aux risques globaux (effet de serre,
changements climatiques, …). Mais quand on s’intéresse aux risques locaux relatifs aux
écosystèmes, aux milieux physiques et aux organismes végétaux et animaux autres que
l’homme, à ce moment on parle d’évaluation des risques écologiques. Dans la mesure où l’on
s’intéresse à des dommages liés à la diffusion de composés toxiques, on a plus tendance à
parler d’évaluation des risques écotoxicologiques [Donguy et Perrodin, 2006]. Rivière [1998]
et Bermond [2002] soulignent que l’évaluation des risques écotoxicologiques, que l’on
appellera (EDREcotox) dans la suite du document, est un domaine scientifique récent.. Pour

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UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

Rivière [1998], les relations entre « écotoxicologie » et « évaluation du risque» sont à


double sens : c’est l’écotoxicologie qui fournit les bases scientifiques et les données qui
permettront l’évaluation du risque, mais inversement, ce sont les besoins de l’évaluation du
risque qui créent et génèrent les études écotoxicologiques. La discipline écotoxicologique
peut être subdivisée en écotoxicologie rétrospective ou en écotoxicologie prédictive.
L’évaluation des risques écotoxicologiques (EDREcotox) peut donc avoir recours à
l’écotoxicologie rétrospective ou l’écotoxicologie prospective.
L’EDREcotox est née en pays anglo-saxon et s’est rapidement diffusée aux Etats-Unis,
au Canada, et à moindre échelle en Europe, pour deux grands types d’application :
l’évaluation des risques liés aux substances chimiques surtout, et le diagnostic de sites
particuliers ou de problèmes écologiques ciblés.
La littérature n’établit pas une différence stricte entre les expressions « Evaluation des
Risques Ecologiques (EDRE ou ERE) » et « Evaluation des Risques Ecotoxicologiques
(ERE ou EDREcotox) » et assez souvent ces deux expressions sont utilisées de manière
équivalente. En effet, généralement on rencontre principalement l’expression « Evaluation des
Risques Ecologiques » pour décrire la démarche conduite en vue d’évaluer les risques pour
les écosystèmes.
L’EDREcotox est considérée comme une pratique scientifique qui est, présentement, en
essor au niveau international [CEAEQ, 1998]. Son développement est en liaison avec les
méthodologies d’EDR existantes.
2. les méthodologies d’évaluation des risques écologiques ou
écotoxicologiques existantes

a) Présentation des méthodologies existantes

Plusieurs auteurs et plusieurs études dans le domaine de l’EDRE ([Rivière, 1998] ;


[CEAEQ, 1998] ; [Suter II, 2006], …) indiquent qu’une EDRE se base toujours sur un
scénario donné. De ce fait, elle est donc spécifique au scénario pour lequel il a été développé.
De manière générale, il s’agit de simuler les effets et le comportement des xénobiotiques dans
un environnement simplifié. Les transferts de substances entre les différents compartiments
abiotiques sont décrits par des systèmes d'équations plus ou moins complexes faisant
intervenir les propriétés physico-chimiques des molécules. En ce qui concerne les
compartiments biotiques, une sélection des espèces représentatives de différents niveaux
trophiques est obligatoire [Devillers, 2000]. Selon Sourisseau [2006], le niveau d’agrégation
du scénario influence de manière significative les résultats des EDRE et se révèle donc

41
UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

primordial [Boillot, 2008]. Rivière [1998] souligne également que le choix du modèle dépend
du scénario et que la possibilité de réalisation d’un scénario est également très dépendante des
modèles disponibles.
Ces informations permettent donc de mieux comprendre la raison de l’existence de
méthodologies différentes retracées dans la littérature mais également le besoin de devoir en
développer d’autres.

b) Contexte d’élaboration des méthodologies existantes

L’EDRE, telle qu’elle est conceptualisée actuellement remonte au début des années
1990. Mais, elle correspond au produit de plus d’un demi-siècle de réflexions et
d’expérimentations. Ces dernières sont étroitement liées avec les fortes préoccupations
manifestées dans les années 1950-1960, en Amérique du Nord et en Europe, vis-à-vis de la
protection des écosystèmes (de l’environnement) suite à leurs expositions à des pollutions
d’origine anthropique. Ces préoccupations ont donc conduit à l’élaboration d’un nombre
important de législations en matière de protection de l’environnement aquatique surtout (par
exemple, la loi américaine interdisant les déversements de produits pétroliers dans les zones
côtières dès 1961). Par la suite, une série d’accidents liés aux produits chimiques à cette
époque est venue renforcer la raison d’être de ces premières inquiétudes vis-à-vis des effets
des polluants sur l’environnement. L’Académie des Sciences américaine, comprenant le
besoin d’une rationalisation des prises de décision en matière d’environnement, développe et
conceptualise, dans les années 1980, une approche méthodologique d’évaluation des risques
pour la santé publique. Il s’ensuivit une série de travaux de recherche, dont ceux de Suter et
Barnthouse, qui ont été repris par l’US EPA et qui proposa, en 1992, un premier guide
méthodologique pour la gestion des sites industriels pollués [Bermond, 2002] ; [Perrodin,
2006].
Près d’une dizaine d’années de travaux par la suite ont permis d’améliorer ce premier
guide, qui est devenu « The Guideline for Ecological Risk Assessment (Ligne directrice
pour la conduite d’une EDRE) ». Il a été publié par l’US EPA en 1998 et il constitue,
jusqu’à présent, un référentiel pour la majorité des instances nationales et internationales
(Organisation de Coopération et de Développement Economique OCDE, Health Canada,
Union Européenne) dans le domaine de l’EDRE [Forbes et Forbes, 1994a] ; [Rivière, 1998] ;
[Bermond, 2002]. Les travaux conduit par les instances de différents pays les ont porté à
adapter cette méthodologie générale en fonction des domaines dans lesquels des besoins
d’EDRE se faisaient sentir. Parmi ces

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UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

études, certaines rentrent dans le domaine des études prospectives (études


préalables à une nouvelles installation industrielle, un nouvel aménagement urbain, à un
traitement d’une pollution existante pour en apprécier les bénéfices environnementaux, …) et
d’autres sont plutôt à caractère rétrospectif (dans le but de comprendre les causes d’un effet
constaté sur les écosystèmes d’un site, mais aussi de tirer profit des enseignements du passé
pour mieux prévoir l’avenir). Ces deux types d’approche sont cependant complémentaires,
chacune étant adaptée à un contexte donné [Perrodin, 2006].
D’autres référentiels peuvent être choisis pour procéder à une classification des
méthodologies existantes. Hayet [2006] a réalisé une étude dans laquelle il a fait
ressortir les trois types d’approches qui sont rencontrées à travers les méthodologies
d’EDRE : une approche « générale », une approche « substances », une approche «
matrice ». Pour y parvenir, il s’est basé sur les résultats d’une étude portait sur l’analyse
comparative de neuf méthodologies d’EDRE existantes et la définition des conditions
préférentielles d’utilisation de chacune de ces méthodologies.
Une synthèse des principales conclusions tirées de cette étude est présentée ci-
dessous (Tableau 5) en reprenant, dans un premier temps, les caractéristiques des trois classes
qui ont été définies, et, dans un second temps, en regroupant ces neufs méthodologies au
moyen de ces classes et de leur applicabilité ([Hayet, 2006] ; [Boillot, 2008]).
 Les méthodologies d’approches dites « générales » ont été développées
afin d’évaluer le risque écologique d’un site pour lequel plusieurs agents
stresseurs, plusieurs vecteurs et plusieurs cibles sont identifiés ;
 Les méthodologies d’approches dites par « matrice » ont été développées
afin d’évaluer le risque écologique d’une "mixture globale" (tel qu’un sédiment
ou un déchet) constituant la source de pollution du scénario étudié.
 Les méthodologies d’approches dites par « substances » ont été développées
afin d’évaluer le risque écologique d’une substance destinée à la
commercialisation.

43
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Tableau 5 : Les différentes approches des méthodologies d'EDRE (applications et principaux


guides) [RECORD, 2006] ; [Boillot, 2008]

c) Principales phases d’une méthodologie d’évaluation des risques écologiques


(EDRE)

Le schéma classique qui est utilisé par la plupart des auteurs ([US EPA, 1998] ;
[Suter II, 1993] ; [Rivière, 1998] ; [Emmanuel, 2004] ; [Donguy et Perrodin, 2007] ;
[Boillot, 2008]), pour la conduite de méthodologies d’EDRE, comporte trois phases : 1) la
formulation du problème, 2) l’analyse et 3) la caractérisation du risque.

D’autres étapes encadrent ce schéma général dont, notamment :

 la phase d’évaluation du danger qui est une étape préliminaire qui vise à
caractériser de façon relative le potentiel que présente une situation de
contamination à engendrer un effet néfaste (le danger) [CEAEQ, 1998] ;

 les étapes de présentation et de gestion du risque au cours des quelles les


résultats obtenus sont communiqués au gestionnaire qui prendra les décisions et
mesures adéquates à la gestion de ce risque.

Les principaux éléments d’informations disponibles pour chacune de ces 3 phases


sont présentés dans les paragraphes ci-dessous.

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UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

i. Formulation du problème

L’objectif de cette phase initiale du processus d’EDR est de cadrer les phases
d’analyse et de caractérisation du risque. Au cours de cette phase fondamentale de
définition du problème, l’évaluateur de risque aura à : procéder à certaines investigations,
identifier précisément les données à acquérir, les techniques de mesure ou d’évaluation,
générer les hypothèses préliminaires, définir le cadre d’interprétation des résultats [Rivière,
1998] ; [Babut et Perrodin, 2001] ; [Bermond, 2002] ; [Suter II, 2006].
La méthodologie générale développée par l’US EPA [1998] présente les trois
principales étapes de cette phase :
- la description détaillée du contexte et l’intégration des données disponibles
- la sélection des paramètres d’évaluation et l’élaboration du modèle conceptuel
- l’élaboration d’un plan d’analyse
C’est également au cours de l’élaboration de cette phase de formulation du problème
que le type d’approche de caractérisation des effets écotoxicologiques est sélectionné
(substances ou bioessais). L’approche substance se base sur l’analyse physico-chimique
des stresseurs (ex : plomb, PCBs, médicaments…) et utilise les valeurs des Bases de
Données Internationales (BDI) d’écotoxicologie alors que l’approche bioessais considère
les stresseurs en tant qu’une entité (ex : effluent, déchet, sédiment…) sur laquelle sont
réalisées des bioessais [Donguy et Perrodin, 2006] ; [Donguy et Perrodin, 2007] ;
[Boillot, 2008].

ii. Phase d’analyse

La phase d’analyse comprend deux opérations parallèles qui permettent d’acquérir


les données nécessaires sur l’exposition des cibles concernés (caractérisation de
l’exposition) et sur les effets observés suite à cette exposition (caractérisation des effets).
Ces deux phases sont en constante interaction [Rivière, 1998] ; [Babut et Perrodin, 2001].

 La caractérisation de l’exposition

La caractérisation de l’exposition consiste à déterminer les probabilités de contact


spatio-temporel entre les stresseurs (le facteur causal) et les « cibles » (récepteurs)[US EPA,
1998]. Elle passe donc par l’analyse des sources, des transferts depuis ces sources, et de la
distribution des stresseurs dans l’environnement. L’exposition dépend à la fois des
concentrations des stresseurs dans les milieux et des caractéristiques et comportements des

45
UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

organismes cibles. Cette analyse peut être réalisée à l’aide de calculs théoriques ainsi
que sur la base de résultats expérimentaux [Babut et Perrodin, 2001].
Cette phase aboutit à la détermination d’une (de plusieurs ou d’un ensemble de)
valeur(s) de caractérisation de l’exposition. Cette valeur correspond à la concentration du
(des) stresseur(s) à laquelle les cibles sont exposés par voie de contact et par ingestion [Suter
II, 2006]. Dans le cas d’une approche « substances », on parle de la PEC (Predicted
Environnemental Concentration), alors que dans le cas d’une approche « matrice », on
parle du pourcentage de la matrice dans le milieu [Donguy et Perrodin, 2007]. Il
s’agit dans les deux cas de la concentration que l’on s’attend à trouver dans le milieu suite aux
différents apports. Cette détermination peut s’avérer complexe car il faut tenir compte de
nombreux facteurs de modification pouvant intervenir dans les voies de transfert : dilution,
évaporation, biodégradation, bioaccumulation, changement de spéciation des substances,
caractéristiques de l’écosystème, etc.. L’exposition peut également être directe ou indirecte, à
long ou à court terme, aiguë ou diffuse [Rivière, 1998] ; [RECORD, 2006] ; [Donguy et
Perrodin, 2006] ; [Boillot, 2008].

 La caractérisation des effets

Cette étape permet de relier une dose d’exposition à des effets observés chez une espèce
donnée, une communauté ou même des fonctionnalités de l’écosystème [Bermond, 2002].
Concrètement, elle s’appuiera sur les approches biologiques qui incluent principalement
des bioessais et des bioindicateurs.
La finalité de cette étape est de définir dans quelle mesure les organismes de
l’écosystème cible sont significativement sensibles aux stresseurs auxquels ils sont exposés
[Donguy et Perrodin, 2006]. Elle aboutit à l’acquisition de différentes valeurs d’effets
écotoxicologiques (NOEC, CE 20 , CE 50 , …) permettant de calculer la valeur d’absence
d’effet significatif vis-à-vis de l’écosystème cible que l’on nomme parfois CSE
(Concentration Sans Effet) [Boillot, 2008].
Cette étape de caractérisation des effets peut être réalisée sur site et/ou en laboratoire.
On peut également la conduire sur la base de deux types d’approches : les approches dites «
substances » et/ou les approches dénommées « approche matrice » ou « approche
bioessais ». En ce qui concerne les approches « matrice » ou « bioessais », elles peuvent
être réalisées au moyen d’essais mono-spécifiques et/ou pluris-pécifiques. Les détails se
rapportant à ces différentes approches sont présentés dans le paragraphe consacré à la
présentation des approches utilisées pour la caractérisation des effets écotoxicologiques.

46
UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

Indépendamment de l’approche adoptée pour la caractérisation des effets, la finalité


principale de cette étape est de disposer de valeurs de PNEC (Previsible No Effect
Concentration) pour chacun des traceurs de risque (si utilisation de l’approche « substances »)
ou pour la matrice (si utilisation de l’approche « matrice »). Si l’approche « substances » a été
retenue, une recherche dans les Base de Données Internationales (BDI) permet, normalement,
de trouver directement des valeurs de PNEC « pré-définies ».
Il existe, cependant, des cas où des valeurs de PNEC « pré-définies » ne sont pas
disponibles pour certaines substances. A ce moment, il est possible d’estimer les valeurs de
PNEC manquantes au moyen de méthode d’extrapolation.
Le principe même d’utilisation du facteur d’extrapolation trouve son fondement dans la
volonté de vouloir extrapoler les effets obtenus avec quelques espèces à tout un écosystème.
Il ressort qu’un certain nombre d’incertitudes est associé à cette démarche :
 les variations inter-spécifiques résultant des différences de sensibilité entre les
différentes espèces de l’écosystème vis-à-vis d’une substance ;
 les variations intra-spécifiques liées à l’état physiologique des individus d’une même
espèce ;
 les variations inter-expérimentateurs et inter-laboratoires ;
 les extrapolations de la toxicité à court terme vers le long terme. Des effets sublétaux
peuvent apparaître à long terme et mettre en danger une population, sans que
cela ne puisse être détectable à court terme ;
 les extrapolations des données de laboratoire qui ne tiennent pas compte de l’état
initial de l’écosystème. Des effets additifs, synergiques ou antagonistes dus à la
présence d’autres substances dans le milieu peuvent jouer un rôle et modifier les
effets de la substance testée sur la biocénose.
Dans le cadre d’une approche « matrice » les résultats obtenus restent très liés à la
matrice testée (nature de la matirce, mode de préparation, mode de conservation, …) et à
la démarche adoptée (nombre d’essai, type de toxicité évaluée, niveaux trophiques
représentés au sein des essais mis en œuvre, …). Dès lors, on ne peut recourir à des donner
de littérature pour estimer les valeurs de PNEC recherchées. De ce fait, dans le cas d’une
caractérisation des effets selon une approche « matrice », il est possible d’utiliser les
recommandations disponibles dans la littérature, notamment celles se trouvant dans le «
Technical Guidance Document (TGD) » [C. E., 2003] pour estimer les valeurs de PNEC
recherchées. Ce manuel recommande :
 de prendre en compte des résultats de l’espèce la plus sensible ;

47
UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

 d’appliquer un facteur d’extrapolation (de sécurité) à ce résultat.

 Caractérisation du risque

La caractérisation du risque consiste à intégrer les renseignements et résultats obtenus


au cours de la phase d’analyse afin : i) de parvenir à une estimation de la nature et de
l’ampleur du risque ; ii) d’interpréter les risques estimés obtenus. Cette interprétation se fait
principalement sur la base de l’incertitude qui est associée aux risques estimés obtenus. Cette
phase de caractérisation se finalise par une conclusion et des recommandations portant sur
l’ensemble des résultats de l’Evaluation des Risques (EDR) [CEAEQ, 1998].
Au cours de cette phase de caractérisation du risque on confronte donc, le degré de
présence du ou des stresseurs et la gravité de leurs effets sur les organismes de l’écosystème
cible. A cette fin, on peut utiliser des équations ou des modèles mathématiques pour estimer
le risque. Le choix du type de méthode repose sur les contraintes opérationnelles auxquelles
l’évaluateur est confronté ou, sur les données dont il dispose. Parmi ces méthodes, on
retrouve :
 l’approche au moyen d’études in situ. Ces études peuvent être réalisées sous
réserves, entre autres, d’établir un lien de causalité et seulement dans le cas
d’une EDRE rétrospective ;
 les méthodes qualitatives caractérisent le risque en deux ou trois
catégories, par exemple fort/faible/moyen, le plus souvent sur la base d’un
jugement d’expert [Rivière, 1998]. Elles sont utilisables pour des démarches
comparatives (deux types de contamination, par exemple).
 les méthodes de comparaison intégrant l’ensemble des relations
stresseurs/réponses permettent d’estimer le niveau de risque associé à un
niveau d’exposition donné. Ces méthodes sont particulièrement utiles pour
tester plusieurs possibilités de réduction des risques, ou lorsqu’il y a
différentes concentrations d’exposition (en fonction du temps ou de la zone
géographique) et/ou d’effet (chronique/aigu) [Solomon et al., 1996] ;
[Klaine et al., 1996].
 la méthode du quotient compare l’estimation de l’exposition au(x)
polluant(s) à celle d’absence d’effets sur les écosystèmes cibles et est
éventuellement associée à une fourchette d’incertitude.

48
UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

Nous avons choisi de présenter les grandes lignes de l’une des méthodes les plus
utilisées, la méthode du quotient.
La méthode du quotient en évaluation des risques écologiques ou écotoxicologiques
se base sur le même principe utilisé en évaluation des risques sanitaires, pour calculer les
indices de risque (Hazard Index) [Rivière, 1998]. Cette méthode aboutit au calcul d’un
Indice de Risque (IR) qui peut être appliqué à différentes approches de caractérisation
des effets. L’IR se calcule au moyen de l’équation suivante :

Sur la base des valeurs obtenues pour IR, on peut distinguer les cas où les milieux
récepteurs sont [Donguy et Perrodin, 2007] :
 compatibles avec les usages constatés sans exposer les écosystèmes cibles à
des niveaux de risques excessifs : le risque est dit « acceptable » lorsque IR ≤ 1
;
 incompatibles avec les usages constatés et que les écosystèmes cibles
sont exposés à des niveaux de risques excessifs : le risque est dit «
inacceptable » lorsque IR > 1.
Le Tableau 6 illustre la possibilité d’appliquer le calcul de l’Indice de Risque à une EDR
conduite sur la base d’une approche « substances » ou à une EDR conduite selon une
approche « matrice ».
Tableau 6 : Modalités de calcul de l’Indice de Risque (IR) pour les approches substances et
bioessais (tiré de [Donguy et Perrodin, 2007])

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II. Concept de biosurveillance de l’environnement et Tests


écotoxicologiques
1) Méthodes chimiques d’évaluation de la pollution
Grâce au développement de méthodes analytiques sophistiquées (chromatographies,
spectrométries de masse, SAA…) il est maintenant possible de balayer un large spectre de
substances et de rechercher simultanément un grand nombre de micropolluants dans le
différentes matrices (milieu, tissus vivants…)

a) Avantages et limites des techniques chimiques

L’approche chimique d’évaluation de la pollution, a l’avantage d’être Sensible et


précise dans la détection des concentrations des polluants; elle Permet aussi une analyse
qualitative et quantitative des polluants, Cependant, elle présente certaines limites quant à sa
fiabilité et du fait de son caractère très ponctuel: Les résultats réalisés en laboratoire ne
renseignent pas sur les effets toxiques sur l’organisme (absence de signification
écotoxicologiques) ce qui rend leur interprétation délicate voire impossible. Ces analyses sont
souvent couteuses et difficiles à mettre en œuvre!

b) Principaux problèmes rencontrés

Les principaux problèmes rencontrés lors de l’évaluation chimique de la pollution


subdivise en deux sortes de problèmes : problèmes méthodologiques et des problèmes
administratives.
Les problèmes d’ordre méthodologiques on peut trouver des problèmes de :
• Spéciation géochimique des micro-polluants: quelle forme ?... Méthodes de
spéciations
• Problème de seuil de détection, analyses de qlq polluants..
• Dissous, particulaire? traitement physique
• Libre, complexé? analyse de la biodisponibilité
Ou bien des problèmes d’ordre administratives tel que l’accès aux milieux étudiés, les
Autorisations d'accès au site d’étude, et la nécessité de moyens spécifiques

c) – Chaîne de mesure:

Principaux étapes pour faire une analyse chimique :Echantillonnage ( prélèvement) ;


Traitement de l’échantillon ( prétraitement) ; méthode d’analyse ; Instrument ; Affichage (
l’ordinateur) ; Enregistrement (ordinateur) ; Traitement des résultats ( Logiciel, SPSS ) et

50
UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

interprétation cohérente à l'aide des méthodes scientifiques ; Diffusion des données (


communication, publication scientifique)

d) Les méthodes analytiques (analyse au laboratoire)

Les techniques utilisées sont celles de la gazométrie : chromatographie, spectrométrie


de masse, analyse par absorption, spectroscopie, détection par ionisation de flamme, etc.

 La chromatographie

La chromatographie (introduite en 1952) constitue une technique incontournable de


l’analyse des gaz. Elle permet de séparer les constituants d’un mélange et, grâce à son
couplage avec divers détecteurs, d’effectuer la plupart des dosages, quelle que soit la teneur
des constituants.
Principe : La séparation chromatographique peut être réalisée avec des mélanges contenant
de nombreux constituants. Le mélange, en très faible quantité est dissous dans un solvant puis
introduit dans la phase fixe, au sommet d’une colonne dont les conditions, de température
notamment, doivent être adaptées au mélange. La colonne est soumise à percolation ce qui
entraîne la migration des substances. Chaque substance ayant sa propre vitesse de migration,
la séparation est bientôt effective entre les différents composés. En gazométrie, la
chromatographie en phase gazeuse (CPG ou CG le plus souvent) est la plus répandue mais
les laboratoires utilisent également la chromatographie en phase liquide (CPL) qui permet la
détection en continu des fractions. La chromatographie liquide haute performance (HPLC)
est fréquemment utilisée. D’autres techniques existent : chromatographie par adsorption,
chromatographie de partage liquide-liquide, chromatographie sur résines échangeuses d’ions,
chromatographie sur papier, chromatographie sur couches minces.
Pour faciliter l’identification des constituants de mélanges complexes, notamment
lorsqu’il ne sont présents qu’à l’état de traces, on utilise fréquemment les couplages
chromatographie / spectroscopie infrarouge et chromatographie / spectrométrie de masse.

 Spectrométrie de masse

Principe : Le spectromètre de masse est un appareil qui fait correspondre à chacune des
masses des éléments d’un corps (atomes, molécules, fraction ou association de molécules,
radicaux, etc.), après ionisation, sous vide élevé, une indication chiffrée renseignant sur la
présence et les quantités relatives des éléments constitutifs de ce corps. Les mesures sont
qualitatives, car le spectre constitue une empreinte digitale plus ou moins caractéristique,
selon l’échantillon, de sa structure moléculaire et les conditions de ionisations, et

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UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques

quantitatives, puisque l’amplitude du signal pour un fragment quelconque est directement


proportionnelle à la masse de produit déposé dans l’appareil. Les banques de spectres
renferment plus de 120 000 produits, organiques pour la plupart. Les moyens informatiques
permettent de comparer le spectre d’un échantillon a priori inconnu avec ceux de la banque et
d’en déduire en quelques minutes son identité ainsi que la quantité présente
Composés détectables : La méthode s’applique à presque tous les gaz et à presque tous les
liquides.

 Analyse par absorption

 Analyse par absorption (ou combustion) et volumétrie


Principe : Un volume de gaz exactement mesuré (V1) est agité avec un réactif spécifique du
constituant C à doser. Après dissolution complète de C, on mesure le volume du gaz résiduel
(V2). La concentration de C dans le gaz est donnée par (V1 − V2) ÷ V1.
Pour les composés pour lesquels il n’existe pas de réactifs absorbants (l’hydrogène H2 ou le
méthane CH4 par exemple), on procède à un dosage par combustion (qui fait varier le volume
de gaz par contraction ou dilatation) et volumétrie.
 Analyse par absorption et colorimétrie
Principe : Cette technique est généralement employée avec des tubes de gels imprégnés, mais
pas toujours (appareils basés sur les changement de coloration). Grâce à une préparation
spéciale, le gel de silice imprégné d’un réactif coloré spécifique au composé change de
coloration sur une longueur proportionnelle à sa teneur dans l’air.
Précautions : Le volume de gaz à analyser doit être déterminé précisément et doit traverser le
tube à vitesse linéaire constante c’est-à-dire que le tube doit être relié à une pompe
appropriée.
Composés détectables : Plus de 100 tubes différents (DRÄGER par exemple) permettent de
déterminer des teneurs de l’air en gaz toxiques ; par exemple, le SO2 avec une solution d’iode.
Plage des mesures : De quelques millionièmes à quelques millièmes.
 Absorption et autres procédés
Après l’absorption, les composés peuvent être dosés par titrimétrie (basée sur la
connaissance de la proportion des éléments d'une solution), spectrophotométrie (basée sur
les rapports entre l’absorption de deux faisceaux de lumière, en fonction de la longueur
d'onde), fluorométrie (basée sur la mesure et l’enregistrement de signaux fluorescents),
néphélémétrie (basée sur la mesure de la concentration d'une émulsion, par comparaison de
sa transparence avec celle d'une préparation étalon), conductimétrie (basée sur la

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conductance d’une solution, c’est-à-dire à la concentration en ions de la solution) ou


ampérométrie (basée sur les variations d’intensité du courant).

 Spectroscopie

La spectroscopie se base sur l’analyse des rayonnements électromagnétiques se traduisant par


un spectre d’absorption du gaz dans des longueurs d’onde spécifiques. Ces méthodes utilisent
l’absorption dans le visible, l’ultraviolet et l’infrarouge, mesurée grâce au spectromètre
souvent appelé spectrophotométre dans les articles.L’absorption dans l’ultraviolet, Détection
par chimiluminescence et photométrie Spectrométrie d’absorption atomique et Spectroscopie
laser à diodes semi-conductrices.
Exemple Spectrométrie d’absorption atomique
Principe : L’élément à doser est dissocié, le plus souvent dans une flamme et placé dans un
état « fondamental ». On mesure alors son absorption sur des longueurs d’onde
caractéristiques.
Composés détectables : Pratiquement tous les métaux et métalloïdes, à l’exception du soufre,
du carbone, des halogènes et des gaz.

 La détection par ionisation de flamme

Principe : L’introduction dans une flamme d’hydrogène, peu ionisée, de composés carbonés
engendre des ions que l’on peut détecter sous forme d’un courant électrique (mesuré entre une
électrode et le brûleur qui constitue la seconde électrode). Ce phénomène est à la base de
l’analyseur par ionisation de flamme FID (Flame Ionisation Detector) et des détecteurs FID
utilisés en chromatographie.
Composés détectables : Cette méthode est spécifique à la détermination du taux en COV ;
les composés carbonés sont rapportés en ppm volumiques de carbone (ppmC). Elles sont
surtout utilisée pour déterminer le taux d’hydrocarbures totaux (HC).
Limites : La réponse FID est moins précise pour les alcènes, les arènes et surtout les
composés oxygénés : aldéhydes, éthers, etc.

2) Méthodes Biologiques d’évaluation de la pollution

Pour tenir en compte de la présence de substances toxiques et de leurs effets sur


l’environnement. L’approche biologique pour l’évaluation des conséquences des
contaminations a été développée:
- Méthodes biologiques de mesure de l’écotoxicité renseignant les niveaux de danger
ou d’effets dans le milieu;

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- Ces méthodes biologiques sont complémentaires aux informations recueillies par les
mesures de concentration dans le milieu (= mesure de niveau d’exposition

a) Notion de la Biosurveillance de l’environnement (Biomonitoring)

La biosurveillance c’est une méthode utilisant le vivant (organisme ou ensemble


d'organismes à tous les niveaux d'organisation biologique moléculaire, biochimique,
cellulaire, physiologique, tissulaire, morphologique et écologique) pour surveiller l'évolution,
des modifications, des altérations, ou la stabilité de la qualité d'un milieu (écosystème).
Le « biomonitoring » (ou biosurveillance ) permet la détection et suivi de la pollution
dans un écosystème au travers des effets des polluants sur les organismes vivants et le milieu.
Plusieurs gammes d’outils sont mi au point, allant du simple test en laboratoire (Test de
bioessais) aux analyses plus complexes menées sur les organismes in situ (Bioindicateurs et
biomarqueurs).
Ces outils sont simples et faciles à mettre en œuvre, en plus de leurs spécificité et leur
forte signification biologique en plus qu’ils peuvent assurer une détection précoce de la
pollution.

b) Tests écotoxicologiques

i. Notion des bioessais mono-spécifiques: test de toxicité


Les bioessais mono-spécifiques sont des tests conduits en laboratoire au cours
desquels une population (homogène) d’organismes aquatiques est exposée à un polluant dont
on veut estimer la toxicité afin d’évaluer les niveaux de concentration provoquant des effets
toxiques (mortalité, baisse de reproduction, baisse de respiration, …). Ces essais sont menés
dans des conditions contrôlées de lumière, température, milieu de culture ou support
d’élevage, ce qui permet, d’une part, de fixer et maîtriser au mieux les facteurs connus pour
influer sur la réponse des organismes et, d’autre part, une comparaison des résultats
obtenus notamment sur différents polluants et entre différents laboratoires. L’accent est
mis sur la standardisation et la reproductibilité des mesures réalisées, de manière à obtenir
une information fiable sur le phénomène de toxicité.
L’utilisation des bioessais monospécifique : ne tiennent pas en compte les multiples facteurs
influençant en milieu naturel.
- Propriétés d’un bon bioindicateur
 Il doit être suffisamment (normalement ou anormalement) répandu sur le territoire
concerné, y être relativement abondant et si possible facilement détectable. Sauf dans

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le cas où l'on veut mesurer la mobilité d'espèces, il doit être le plus sédentaire possible
pour refléter les conditions locales.
 Il doit avoir une taille rendant possible l’étude de ces différents tissus et de leurs
composantes (muscles, os, organes dans le cas d'un animal…).
 Il doit tolérer les contaminants avec des effets sub-létaux.
 Il doit survivre hors du milieu naturel et tolérer différentes conditions de laboratoires
(pH, température…).
 Une relation entre la concentration en contaminants dans le milieu externe et la
concentration dans l’organisme doit exister.
 Certains bioindicateurs sont aussi des biointégrateurs ; ils peuvent être doublement
utiles dans le cadre de programmes de biosurveillance.
 Peu sujets à des variations génétiques (sensibilité aux toxiques constante)
- Les différentes manifestation de toxicité
Les tests sont classés selon le rapport durée d’exposition sur durée du cycle de vie de
l’organisme test et selon les critères d’effet mesurés : mortalité, croissance,
reproduction, activités enzymatiques, etc.. Ainsi, on distingue : des tests de toxicité aiguë,
des tests de toxicité chronique et des tests de génotoxicité
- Les essais de toxicité aiguë sont des essais à court terme, au cours desquels les effets
doivent se révéler sur une courte durée (de quelques heures à quelques jours en
fonction du cycle de vie de l’animal) après administration d’une dose unique de
substance. Si aucun effet n’est observé, la substance n’a pas de toxicité aiguë,
dans les conditions de l’essai ; ce qui ne veut pas dire pour autant que cette
substance ne présente pas de toxicité chronique. Ces essais permettent d’établir une
relation entre la concentration d’exposition et l’intensité de l’effet. Les résultats
sont généralement exprimés par une CE 50 (Concentration Efficace) qui est la
concentration pour laquelle les effets sont observés pour 50 % des individus testés.
Comme exemple d’effets observés, on peut citer la survie, la létalité ou l’inhibition de
la mobilité.
- Les essais de toxicité chronique permettent de déterminer la toxicité chronique (à
moyen ou a long terme) vis-à-vis de l’organisme test. Le temps d’exposition
correspond en moyenne, à 1une durée >8/10 de la vie de l’organisme et doit intégrer
plusieurs stades de son cycle de vie. Suite à cette période d’exposition, si
aucun effet n’est observé alors la substance ne présente pas de toxicité chronique vis-
à-vis de l’organisme test. Les essais à moyen et long terme permettent de

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déterminer une concentration expérimentale (NOEC : No Observed Effect


Concentration) en dessous de laquelle aucun effet toxique n’est observé sur l’espèce
étudiée dans les conditions de l’essai.
Comme exemple d’effets observés, on peut citer la survie : la croissance,
Reproduction, Métamorphose…
- Les tests de génotoxicité évaluent les capacités des polluants à entraîner des
altérations de l’ADN, altérations qui induisent des mutations géniques et/ou des
mutations chromosomiques (altération de la structure des chromosomes)

Remarque : L’approche « substances avec effets combinés »

Plusieurs études mettent l’accent sur le fait que les activités anthropiques
génèrent un nombre importants de polluants différents qui vont atteindre le milieu récepteur
et qui constitueront dès lors un mélange de substances auquel les organismes de ce
milieu récepteur seront exposés. Dans d’autres situations, c’est déjà un mélange de
polluants qui aboutit au milieu récepteur. Ces situations font ressortir les limites de
l’approche « substances » qui ne tient pas compte de l’exposition simultanée à deux ou
plusieurs substances toxiques. Cette co-existence de deux ou plusieurs polluants peut
modifier l’expression de leur toxicité.
Dans le cas d’une co-existence de deux ou plusieurs polluants, leur assimilation peut
s’effectuer par des processus compétitifs ou non compétitifs et trois cas de réponse de
l’organisme ou des organismes exposé(s) sont possibles : l’additivité (additivity), la
synergie (synergism) et l’antagonisme (antagonism), qui sont représentés au moyen de
l’exemple sur la Figure 17.

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Figure 17 : Exemple des trois réponses possibles en terme d’inhibition de la croissance d’une
algue soumise au stress de mélanges de deux métaux (M 1 et M 2 ) par rapport à un témoin.

ii. Notion de bioessais pluri-spécifiques


Dans la littérature, certains auteurs soulignent que la prévision du risque
environnemental (quelles que soient la ou les substances toxiques considérées), évalué sur la
base de tests mono-spécifiques, nécessite une validation à des niveaux supérieurs de
complexité biologique . En ce sens, les études in situ sont donc plus indiquées que
les essais mono-spécifiques puisqu’elles permettent d’étudier les impacts en conditions
réelles d’une contamination du milieu par une (ou des) substance(s) toxiques(s). Mais, elles
posent toutefois d’importants problèmes expérimentaux et sont généralement très coûteuses.
Les microcosmes et les mésocosmes, deux bioessais pluri-spécifiques, permettent de
travailler à des niveaux de représentativité des écosystèmes supérieurs à celui des essais
mono-spécifiques. Ceux sont des systèmes multi-espèces et ils représentent un pont entre le
laboratoire et l’environnement naturel. Ces outils correspondent à des écosystèmes
artificiels clos, constitués des composantes abiotiques de l’écosystème simulé et de
plusieurs espèces représentatives de différents niveaux trophiques du milieu aquatique
simulé.
Les bioessais pluri-spécifiques constituent des outils complémentaires aux
bioessais mono-spécifiques qui permettent d’étudier simultanément les effets d’un ou
plusieurs polluants sur un grand nombre d’espèces, représentatives de plusieurs niveaux

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d’organisation trophiques. Calow [1996] note pour sa part que les résultats d’un essai pluri-
spécifique ne sont pas forcément plus généralisables que ceux d’essais mono-spécifiques.

iii. Notion de « BIOINDICATEUR »

Les bioindicateurs sont des espèces ou groupes d'espèces qui par leur présence et/ou
leur abondance sont significatifs d'une ou plusieurs propriétés de l'écosystème dont ils font
partie. Ce sont en particulier les organismes « sténo », c’est à dire des organismes qui
manifestent des exigences strictes à l'égard d'un certain facteur du milieu et ne supportent que
de très faibles variations de ce facteur.
Ce sont en particulier les organismes « sténo », c’est-à-dire des organismes qui
manifestent des exigences strictes à l'égard d'un certain facteur du milieu et ne supportent que
de très faibles variations de ce facteur.
Exemple: La disparition d’espèces sténohalines reflète une modification de la salinité
du milieu. En observant dans un milieu donné, la disparition d'espèces "sténo" vis à vis d'un
certain facteur, on peut en déduire que ce facteur a été modifié.
 Principe: Est d'observer des effets, au niveau de l'individu et/ou d'une population. Ces
effets doivent être mesurables via l'observation de divers degrés d'altérations
morphologiques, comportementales, tissulaires ou physiologiques (croissance et
reproduction), conduisant dans les cas extrêmes à la mort de ces individus ou à la
disparition d'une population.
 Avantages: Outils simples: l’inventaire des organismes indicateurs de pollution présents
dans le milieu. Déterminent le niveau de la contamination des milieux par simple
analyse de présence/absence de bioindicateurs. Une bonne signification écologique :
évaluation du niveau de pérturbation de l’écosystème.
 Limites d’utilisation: Ne permettent pas une détection précoce de la pollution (basés
sur la mortalité, disparition ou abondance). Ils sont utilisés comme outils de diagnostic et
non pas comme outils préventif
 Exemples :
- Biosurveillance de la qualité de l'air
La bioindication relative à la qualité de l'air est l'utilisation d'organismes sensibles à un
polluant donné présentant des effets visibles macroscopiquement ou microscopiquement, afin
d'évaluer la qualité de l'air. Celle-ci apporte une information semi-quantitative sur la
contamination atmosphérique et permet d'apprécier directement les impacts
environnementaux des polluants. L'observation d'organismes bio-indicateurs complète le plus

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souvent les dispositifs de mesures automatiques, ou orientent les choix de molécules à


analyser.
Les lichens (organisme résultant d'une symbiose algue-champignon) se développent sur
divers substrats (sol), écorces, toits, pierres, etc). Ils réagissent à des doses très faibles de
certains polluants (acides surtout) bien avant les animaux et bien avant que les pierres des
monuments ne soient dégradées. Chaque espèce de lichen résiste à un taux spécifique de
pollution. Quelques espèces profitent d'un enrichissement de l'air en azote. L'observation de
populations de lichens permet ainsi de suivre l'évolution de certaines pollutions au fil du
temps.En forêt, la disparition des lichens peut indiquer des taux élevés de dioxyde de soufre,
la présence de fongicides dans la pluie, ou de polluants à base de soufre et d'azote.
Le trèfle et le tabac permettent de qualifier et quantifier la teneur de l'air en ozone.
Les Pétunias peuvent servir de bioindicateurs de la quantité d'hydrocarbure dans l'air.
- Biosurveillance de la qualité de l'eau
La bioindication relative à la qualité de l'eau est l'utilisation d'organismes sensibles à un
polluant donné présentant des effets visibles macroscopiquement ou microscopiquement, afin
d'évaluer la qualité de l'eau. Celle-ci apporte une information semi-quantitative sur la
contamination du milieu aquatique et permet d'apprécier directement les impacts
environnementaux des polluants.
Les amphibiens, les odonates et les invertébrés benthiques, les diatomées sont
couramment utilisés pour la bio-évaluation de la qualité des zones humides ou des eaux et
sédiments.
L'Indice Biologique Global Normalisé ou IBGN est un indicateur écologique
maintenant utilise en routine. II est normalise par l'AFNOR. Au niveau international
l'utilisation d'indicateurs écologiques fait l'objet de travaux de normalisation en cours. IBGN
est une méthode standardisée utilisée en écologie appliquée afin de déterminer la qualité
biologique d'un cours d'eau. La méthode utilise la détermination des macro-invertébrés d'eau
douce.
L’Indice Biologique Diatomées IBD norme NFT 90- 354 de décembre 2007 permet
d’évaluer la qualité biologique d’un cours d’eau en se basant sur l’analyse de la population de
diatomées présentes dans le milieu étudié.

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iv. Notion de « BIOMARQUEUR »

Biomarqueur: tout changement observable et mesurable au niveau moléculaire,


biochimique, cellulaire physiologique ou comportemental, qui révèle une exposition présente
ou passée d’un individu à une (ou plusieurs) substance (s) chimique (s) à caractère polluant.
Le principe d’un biomarqueur est que sa concentration dans l’organisme reflète que
celui-ci est exposé à un polluant.
Les principales limitations des mesures de biomarqueurs pour l’évaluation de la qualité
des écosystèmes sont :
À l’instar de leur utilisation chez l’homme pour évaluer un risque vis-à-vis de la santé,
plusieurs auteurs proposent l’intégration des biomarqueurs dans des démarches d’évaluation
du risque environnemental, tandis que d’autres mettent l’accent sur leur limites : en effet, si
pour la santé humaine, le risque doit être quantifié pour une espèce, l’homme, et au niveau de
l’individu, à l’inverse, le risque pour l’écosystème devra être établi pour une multitude
d’espèces, à partir d’informations sur une ou quelques espèces, et non seulement pour
l’individu, mais également pour la population. Les principales limitations des mesures de
biomarqueurs pour l’évaluation de la qualité des écosystèmes sont ainsi la difficulté à
discriminer entre réponses adaptatives «naturelles» et réponses au stress chimique, à
extrapoler des réponses d’une échelle d’organisation biologique à une autre (cellule-individu-
population-communauté) et d’une espèce à une autre.
Le manque de connaissances sur la biochimie, la physiologie et le comportement des
organismes aquatiques sentinelles* utilisés, sur l’amplitude des réponses attendues dans un
contexte physiologique normal, limitent en effet souvent l’intérêt des biomarqueurs comme
signature (signal d’alarme) d’un stress pouvant être dû à des causes biotiques* ou abiotiques*,
d’origine naturelle ou anthropogénique.
Certains biomarqueurs peuvent contribuer à caractériser le type de contamination
chimique (Tableau 7). Ils sont généralement classés en biomarqueurs d’exposition,
lorsqu’ils signent l’activation de mécanismes de régulation intrinsèques au métabolisme de
l’organisme (qui jouent alors un rôle de système d’adaptation et de défense), ou en
biomarqueurs d’effet, qui diagnostiquent un dépassement, éventuellement transitoire des
capacités de régulation de l’organisme avec des conséquences sur la viabilité (cellule, tissu,
individu).

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Tableau 7 : Biomarqueurs biochimiques et cellulaires courants en écotoxicologie pour une


recherche d’exposition et/ou d’effet

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Exemple 1 : métallothionéines
Les métallothionéines, protéines soufrées (Figure 18) de faible masse moléculaire,
jouent un rôle primordial dans la régulation des teneurs internes en métaux essentiels (Cu, Zn)
et la détoxication des métaux non-essentiels (Ag, Cd, Hg). Leur ubiquité´ dans le règne
animal, ainsi que l’induction expérimentale de leur synthèse par les métaux précités en font
des biomarqueurs potentiels de la contamination de l’environnement. Cette utilisation repose
sur l’existence d’une corrélation entre les concentrations métalliques dans le milieu et leur
propre abondance dans les tissus des organismes qui y vivent. Cette relation a été´ mise en
évidence expérimentalement chez de nombreuses espèces

.
Figure 18 : Structure d’une métallothionéines

Exemple 2: Acétylcholinestérase AChE : Biomarqueur de pollution par les pesticides

Pour assurer une transmission brève et efficace au niveau du système cholinergique,


l’organisme a besoin d’un contrôle très précis et efficace assurant l’élimination rapide
de l’ACh. Plusieurs processus d’inactivation complémentaires sont employés par la cellule.
Des phénomènes de diffusion et/ou de recapture du neuromédiateur sont utilisés mais
restent secondaire en raison de la rapidité nécessaire au bon fonctionnement du
système. L’action principale est réalisée par une enzyme, l’acétylcholinestérase responsable
de l’hydrolyse de l’ACh. L’hydrolyse conduit à la formation de choline, pouvant être
récupéré par la membrane pré-synaptique par l’intermédiaire du HACU (High Affinity
Choline Uptake) et d’acétate (Figure . 19).
L’AChE termine ainsi, la transmission de l’influx nerveux et restaure l’excitabilité des
synapses. On comprend que la rapidité de la transmission nerveuse dépend de la rapidité de
l’AChE à hydrolyser l’ACh. C’est pour cette raison que l’AChE exprimée au sein des
synapses cholinergiques se trouve plus particulièrement localisée sur la membrane post-

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synaptique à côté des récepteurs de l’ACh. De plus, l’AChE se trouve parmi les
enzymes les plus rapide de la nature avec une efficacité d’hydrolyse (turnover) de 1000
à 20 000 molécules / secondes selon l’espèce.

Figure 19 : Hydrolyse de l’acétylcholine par l’AChE au niveau de la synapse cholinergique

Les cholinestérases et particulièrement


l'acétylcholinestérase (AChE) constituent la cible
privilégiée de nombreuses molécules neurotoxiques
notamment des insecticides organophosphorés (OP) et
carbamates. L'inhibition de l'acétylcholinestérase est
considérée comme un marqueur de l'état
physiologique des animaux. La réduction de l'activité
du cholinestérase est largement utilisée dans la littérature scientifique pour décrire l'exposition
des vertébrés et/ou des invertébrés aux pesticides de la famille des Organophosphorés et des
Carbamates.

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