0 - Cours de Ecotoxicologie 2021
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ÉCOTOXICOLOGIE ET ÉCOSYSTÈMES
AQUATIQUES
Pr SBIHI Karim
Chapitre I
I. Histoire de l’Écotoxicologie
I. L'écotoxicologie est une discipline récente à l'interface de l'écologie et de la
toxicologie. Elle est née de la reconnaissance du fait qu'un nombre croissant de polluants
contaminent la biosphère. L’écotoxicologie étudie le comportement et les effets d'agents
polluants sur les écosystèmes, qu'il s'agisse d’agents d’origine artificielle (médicaments,
perturbateurs endocriniens, ...) ou d'agents naturels dont l’homme modifie la répartition et/ou
les cycles dans les différents compartiments de la biosphère. Parmi les objectifs de
l'écotoxicologie, figurent la connaissance et la prévention. De nouveaux thèmes de recherche
liés aux progrès technologiques sont apparus récemment comme les effets des nanoparticules
et des micro-plastiques. Il est aussi de plus en plus demandé aux écotoxicologues de prévoir
les effets des polluants, en nature, intensité et durée, et les risques associés.
1. L’origine de l’écotoxicologie
L'écotoxicologie est une discipline apparue dans les années 1970 reprenant les méthodes de la
toxicologie en les élargissant au champ de l'environnement. Elle est issue de la toxicologie de
l'environnement apparue peu après la Seconde Guerre mondiale, qui se souciait de l'impact
des substances toxiques sur l'environnement. Le terme "écotoxicologie" apparaît pour la
première fois en 1969 sous la plume du toxicologue français René Truhaut Professeur
titulaire de la Chaire de toxicologie de la Faculté de Paris pour désigner "la branche de la
toxicologie qui étudie les effets toxiques des polluants naturels ou synthétiques sur les
organismes vivants des écosystèmes". Cette nouvelle discipline connait d'emblée un
développement spectaculaire. En 1972, en collaboration avec les Professeurs Frédéric
Coulston (U.S.A.) et Friedhelm Korte (R.F.A.), René Truhaut fonde l' "International
Academy of Environmental Safety" dont il assume la présidence durant deux années (1974 et
1975), puis en devient Président d'honneur. René Truhaut développe la philosophie de
l'écotoxicologie dans un exposé devant l'Académie des Sciences de Paris ainsi que dans un
article paru dans "Ecotoxicology Environmental Safety" lequel a été l'objet d'une demande
extraordinaire de tirages à part qui s'élevait à plus de 7000 exemplaires en 1979. Il définit les
objectifs, les principes et les perspectives de l’écotoxicologie dans plusieurs articles. Son rôle
de père de l'écotoxicologie est reconnu au niveau des plus hautes instances internationales
comme l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) et le Comité Scientifique International
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sur les Problèmes de l'Environnement (S.C.O.P.E.). En août 1984, René Truhaut a été élu à la
Présidence du Comité Scientifique des Communautés Européennes sur l'écotoxicité et la
toxicité des produits chimiques. La médaille du mérite des Communautés Économiques
Européennes ainsi que la médaille du Conseil de l'Europe qui lui ont été attribuées témoignent
de sa reconnaissance comme père de l’écotoxicologie. Les universités de Metz et Orsay ont
largement contribué à l'extension de cette discipline dans les années 1980/90. Ces premières
études ont largement contribué au développement de cette discipline avec la mise en place de
biomarqueurs.
a. La maladie Itai-Itai
La maladie ItaiItai littéralement "aïe aïe" en japonais est apparue dès 1912 dans la
province de Toyama (Honshu) au Japon, en raison d'une intoxication au cadmium liée à
l'exploitation de la mine Kamioka (Figure 1).
Elle a été nommée ainsi par la population
locale à cause des violentes douleurs aux
articulations et à la colonne vertébrale. La
rivière Jinzu ainsi que ses affluents ont été très
fortement contaminés en cadmium durant cette
période. Or cette rivière était utilisée pour
l’irrigation des cultures de riz mais aussi
comme source d'eau potable. Les poissons de la
Figure 1. La mine Kamioka, Toyama,
rivière Jinzuont vu leur mortalité augmenter et Japon
le riz consommé par les habitants contenait une concentration très importante en cadmium. Le
cadmium a la particularité de se fixer et de rester longtemps dans le corps humain. Il remplace
dans les complexes protéiques d'autres métaux essentiels à l'organisme comme le cuivre ou le
zinc. Il en résulte un fonctionnement physiologique anormal et une cytoxicité qui se traduisent
par un déficit d'absorption du calcium. La maladie ItaiItai provoque un ramollissement des os
et une insuffisance rénale. Les premiers cas de maladie dus à l'intoxication au cadmium ont
été signalés en 1912. Environ 200 personnes ont été officiellement reconnues comme victimes
de la maladie itai- itai.
b. La maladie de Minamata
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Pendant des décennies, les usines chimiques de la société Shin Nippon Chissoont déversé
du méthylmercure dans les eaux de la baie de Minamata, un port situé sur l’île Khushu au
Japon (Figure 2).
Ce polluant a ainsi contaminé l'eau et les
fonds marins et par la suite les poissons, puis
les pêcheurs et leur famille qui s'en
nourrissaient. Cette contamination a entraîné
des troubles du système nerveux et des
malformations chez les nouveau-nés.
L'absorption de mercure par l'organisme
provoque des troubles du système nerveux.
Figure 2. L’usine chimique Chisso,
Le tableau clinique est celui d'une Minamata, Japon
encéphalopathie diffuse avec atteinte du cervelet avec les symptômes suivants : troubles
mentaux, difficultés d'élocution, ataxie, paralysie, convulsions, réduction du champ visuel,
difficultés de l'audition et, dans les cas les plus graves, coma convulsif suivi de mort
II. Définitions
1- Définitions
L'écotoxicologie - comme son nom l'indique - tente de combiner deux sujets très
différents : l'écologie et la toxicologie.
TOXICOLOGIE : Étude des effets négatifs des produits chimiques sur les organismes
vivants. (Klaagen et Eaton, 1991).
ECOTOXICOLOGIE: L’écotoxicologie est concernée par les effets toxiques des agents
chimiques ou physiques sur les organismes vivants, spécialement sur les populations et les
communautés à l’intérieur des écosystèmes et elle inclut les interactions de ces agents avec
l’environnement et leurs voies de transfert. (Butler, 1978). L’écotoxicologie est définie
comme science "dont l'objet est l’étude des modalités de contamination de l'environnement
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par les agents polluants naturels ou artificiels produits par l'activité humaine ainsi que de leurs
mécanismes d'action et effets sur les êtres vivants qui peuplent la biosphère par Ramade.
Forbes & Forbes ont défini l’écotoxicologie comme "le champ d’étude qui intègre les effets
écologiques et toxicologiques des polluants chimiques sur les populations, les communautés
et les écosystèmes (transport, transformation …) et
dans l’environnement. Aussi l’écotoxicologie est
définie comme "l'étude des effets nuisibles des
produits chimiques sur les écosystèmes" par
Walker et al.
Alors que la toxicologie classique limite ses
études aux organismes, l'écotoxicologie tente de
mesurer l'impact des substances chimiques non
seulement sur les individus mais aussi sur les
populations, les communautés et les écosystèmes
(Figure 3). Figure 3. champs d’investigation de
l’écotoxicologie et de la toxicologie de
l’environnement.
2- Les Caractéristiques et les
composantes propres à l’écotoxicologie
L’écotoxicologie c’est une discipline jeune, sujette à des forces et des impératifs sociaux,
ce qui donne cette discipline le caractère complexe à travers l’Étude des sources, de la
dispersion, de l’accumulation et des effets des polluants toxiques sur les populations, les
communautés, les écosystèmes et la biosphère, avec une interdisciplinarité évidente (biologie,
écologie physique…)
L’écotoxicologie étudie les effets des polluants toxiques sur le fonctionnement des
écosystèmes (biotope + biocénose), en considérant d’une part le devenir de polluants dans
l’organisme (toxicocinétiques), et d’autre part les réponses au niveau du tissu et du système
cible (toxicodynamie) et leurs répercutions à un niveau supérieur d’organisation biologique.
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Ces deux approches facilite à cette discipline d’atteindre son objectif de la " protection de
la structuration et protection du fonctionnement des écosystèmes."
a. Définition
Un Toxique ou xénobiotique désigne tout produit naturel ou synthétique, qui possède des
propriétés toxique, même à faibles concentration et qui provoque des troubles néfastes
(passagers ou durables) de façon immédiate ou différée (aigüe ou chronique).
Exemple: Médicaments, produits chimiques industriels, les poisons naturels et les polluants
environnementaux.
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UIZ-FPT Écotoxicologie et Écosystèmes aquatiques
Un principe important en toxicologie veut que toutes les substances chimiques soient
toxiques, car il existe toujours une dose pouvant causer un effet nocif. Mais le fait d’inhaler,
de toucher et même d’ingérer des substances chimiques n’entraîne pas nécessairement
l’apparition d’un tel effet.
La dose est la quantité d’une substance à laquelle un organisme est exposé. Des doses
croissantes résultent généralement en une augmentation de l’intensité et de la diversité des
effets toxiques. C’est ce qu’on appelle la relation dose-effet ou exposition-effet (relation entre
l’exposition et l’intensité d’un effet) (Figure 4).
L’exemple suivant illustre bien cette relation : si une personne inhale accidentellement
une substance très volatile, la manifestation des effets toxiques dépend de la quantité de
vapeurs inhalées et du seuil d’apparition de ces effets (figure 5). Ainsi, au-delà de la dose
seuil, les effets seront d’autant plus toxiques que la personne aura inhalé davantage de
vapeurs.
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La notion de seuil toxique est importante, car elle peut servir à fixer des normes. La
valeur seuil représente la quantité minimale sous laquelle il ne se produit pas d’effet. Au-
dessus de ce seuil, l’effet observé dépend de la dose (Figure 4), et ce, bien qu’il y ait
théoriquement des exceptions: par exemple, les cancérogènes génotoxiques. Ce seuil
s’explique par le fait que le corps humain est constitué d’un grand nombre de cellules, de
tissus et d’organes ayant une sensibilité variable et qu’il possède des mécanismes de défense
ou d’adaptation.
Le même principe s’applique à une population d’individus, car l’effet ou les nombreux
effets possibles peuvent se manifester différemment chez plusieurs personnes exposées à une
même dose d’un toxique. C’est ce qu’on appelle la relation dose-réponse ou exposition-
réponse, soit la relation entre l’exposition et le nombre d’individus qui présentent un effet
donné. La figure 6 illustre bien qu’à certaines doses toutes les personnes ne sont pas atteintes.
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Définition : Polluant est toute substance naturelle ou d’origine anthropique que l’homme
introduit dans un biotope donné dont elle était absente ou encore dont il modifie ou augmente
la teneur (dans l’eau, l’air ou les sols selon le biotope) lorsqu’elle y est spontanément
présente.
Selon Bang (1980), la pollution est essentiellement un jugement de valeur sur ce que chacun
souhaite trouver dans l’environnement ; ce jugement étant ou non étayé par des données
scientifiques et implique toujours un choix.
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Selon Moriarty (1983), le terme polluant se rapporte aux substances présentes dans
l’environnement, en partie à cause des activités humaines et qui ont des effets délétères sur les
organismes vivants.
On peut considérer comme polluant:
Toute modification d’un processus physique qui conduit à accroître les flux d’énergie
ou les niveaux de radiation dans l’environnement.
Espèce allochtone introduite dans un écosystème éloigné de son aire d’origine.
Déchets solides généralement inertes.
Déchets stables comme les métaux lourds et les halogénés
Déchets dégradables, essentiellement du matériel organique sujet aux attaques
bactériennes et à certains processus oxydatifs
Fertilisants: nitrates et phosphates
Produits phytosanitaires.
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classification de polluants :
Quels sont les contaminants qui nous préoccupent le plus actuellement ? Nombre d'entre
eux sont reconnus et font l'objet d'une attention particulière depuis des décennies, tandis que
d'autres ne sont devenus préoccupants que récemment. Pour des raisons d'espace, seuls les
contaminants conventionnels ou émergents les plus importants sont présentés ici.
Par convention, les contaminants chimiques sont divisés en deux grandes catégories :
organiques et inorganiques. Les termes organique et inorganique ont été appliqués à l'origine
pour indiquer si le produit chimique provenait d'organismes vivants (organique) ou de sources
minérales (inorganique)
- Les polluants organiques (carbonés) : composés du vivant qui contiennent les éléments
Carbone et Hydrogène au minimum, et qui présentent une toxicité importante à l’égard des
êtres vivants. Exemples : les pesticides (organochlorés : DDT), les polychlorobiphényles
(PCB), les hydrocarbures (HAP), les dioxines et furannes, les chlorofluocarbones (CFC), les
phtalates.
- Les polluants inorganiques (minéraux) :
*composés métalliques : se retrouvent à l’état naturel dans l’environnement
principalement sous forme d’éléments traces (concentrations dans les milieux aquatiques de
l’ordre du ng ou µg/L). Les métaux les plus fréquemment rencontrés dans l’environnement
sont les suivants (Tableau 1):
Tableau 1 : Métaux les plus rencontrés dans l’environnement
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Tous ces éléments représentent un potentiel polluant, ils sont toxiques pour les organismes et
les hommes à de relatives faibles concentrations.
*composés non-métalliques : les nitrates et les phosphates (responsables du phénomène
d’eutrophisation), les cyanures, les fluorures, l’amiante, etc.
Cependant, ces éléments peuvent présenter des formes organiques, comme par exemple le
mercure (méthylmercure) et l’étain (tributylétain), qui s’avèrent être plus biodisponibles et
donc plus toxiques pour l’environnement et les organismes vivants.
Depuis quelques années, d’autres polluants sont rejetés dans l’environnement. Ils présentent
un danger pour les organismes. Ce sont en particulier les retardateurs de flamme bromés
(polybromodiphényls, polybromodiphényléthers), les composés organiques perfluorés (PFOS,
PFOA, …), les médicaments, les cosmétiques, les drogues, les peptaïbols et les
nanoparticules.
Il faut noter aussi qu’il y a un autre classe de pollution, c’est la pollution physique
radioéléments qu’est générée par la radioactivité. Elle peut avoir plusieurs origines :
Naturelle (ex: Radon), Industrielle : pendant la production d'électricité nucléaire, Militaire :
notamment lors d'essai de bombes atomiques, Médicale : l'utilisation de substances
radioactives pour des examens médicaux, Accidentelle : lors d'accident nucléaire comme
Tchernobyl.
Un polluant peut se disperser très rapidement dans les différents compartiments (air, eau et
sol) de l’environnement. Si on s’intéresse aux pesticides par exemple, bien qu’ils soient
appliqués sur une culture, on les retrouve également dans les sols, dans les rivières et dans
l’air (Figure 7).
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Figure 7 : Dispersion d’un pesticide dans l’environnement suite à l’application sur une plante
Sur ce schéma, on voit que le pesticide se disperse dans le sol, dans les nappes
phréatiques, par infiltration, dans l’air, par volatilisation, où il peut être dégradé (on parle de
photo-décomposition) et/ou redéposé à un autre endroit et dans les eaux de surface (rivière,
lac, etc.) par ruissellement.
Dans ce dernier cas, le polluant se répartit selon ses propriétés et selon les conditions du
milieu. Par exemple, un produit faiblement soluble dans l’eau a tendance à s’accumuler dans
les sédiments (ex : les PCB) ou encore à flotter en surface (nappe d’hydrocarbures). A
l’inverse, un polluant soluble sera plutôt réparti dans la colonne d’eau de la rivière (par
exemple le dioxyde de soufre SO2).
Tous les polluants ne sont pas volontairement et directement introduits dans les milieux
naturels comme le sont les pesticides. .
Par exemple, concernant les médicaments, leur consommation par la population
représente la principale source de rejet. Après administration, le médicament est absorbé,
métabolisé (= transformé par le corps), excrété, puis rejeté dans les eaux usées. Le résidu
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gagne ensuite les stations d’épuration urbaines qui n’en dégradent qu’une partie. Le traitement
de ces stations est en effet inégalement efficace pour éliminer ces composés.
Finalement, une fraction variable du médicament est rejetée dans les effluents de stations
d’épuration qui sont alors dilués dans les eaux de surface.
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PARTIE I
Chapitre II
Notions de toxicité
Composantes toxiques des systèmes naturels
Comportement, métabolisme et mode d’action
des xénobiotiques
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I. Notions de toxicité
1. la toxicologie
La toxicologie est depuis longtemps reconnue comme étant la science des poisons. Elle
étudie les effets nocifs des substances chimiques sur les organismes vivants
Selon Truhaut (1974) la toxicologie est « discipline qui étudie les substances toxiques ou
poisons, c.-à-d. les substances qui provoquent des altérations ou des perturbations des
fonctions de l’organisme conduisant à des effets nocifs dont le plus grave, de toute évidence,
est la mort de l’organisme en question ».
D’après Ramade 2007, la toxicologie est « l’étude des mécanismes de contamination, de
biotransformation et l’action des toxiques aux échelles moléculaire, cellulaire à celle des
organes en fin à celle des êtres vivants pris dans leur intégrité, ainsi que des conséquences
physiopathologiques qui en découlent ».
Un Toxique ou xénobiotique désigne tout produit naturel ou synthétique, qui possède des
propriétés toxique, même à faibles concentration et qui provoque des troubles néfastes
(passagers ou durables) de façon immédiate ou différée (aigüe ou chronique).
Les produits chimiques font partie intégrante de notre vie. Le développement scientifique
et technologique s’accompagne de leur augmentation importante, tant en diversité qu’en
quantité et, par conséquent, de l’augmentation du nombre de personnes qui y sont exposées.
Ils se trouvent partout dans l’air que nous respirons, dans nos aliments, nos médicaments, nos
cosmétiques, etc. et nous y sommes fréquemment exposés dans nos loisirs, dans notre milieu
de travail, etc.
3. Notion de toxicité
La toxicité (du grec τοξικότητα toxikótêta) est la mesure de la capacité d’une substance
chimique, radionucléide, molécule organique, etc (xénobiotique). à provoquer des effets
néfastes et mauvais pour la santé ou la survie chez toute forme de vie (animale telle qu’un être
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humain, végétale, fongique, bactérienne), qu'il s'agisse de la vitalité de l'entité ou d'une de ses
parties (ex. : foie, rein, poumon, cœur, chez l'animal).
Définition: la toxicité est le pouvoir inhérent à une substance chimique à engendrer des
effets nocifs sur un organisme vivant ou un milieu. Cette propriété qualifié cette substance
comme substance toxique
4. Facteurs influençant la toxicité d’une substance
4.1 Toxicité et la dose du toxique (Voir Chapitre 1)
Un principe important en toxicologie veut que toutes les substances chimiques soient
toxiques, car il existe toujours une dose pouvant causer un effet nocif. Mais le fait d’inhaler,
de toucher et même d’ingérer des substances chimiques n’entraîne pas nécessairement
l’apparition d’un tel effet.
La dose est la quantité d’une substance à laquelle un organisme est exposé. Des doses
croissantes résultent généralement en une augmentation de l’intensité et de la diversité des
effets toxiques. C’est ce qu’on appelle la relation dose-effet ou exposition-effet (relation
entre l’exposition et l’intensité d’un effet) (Figure 9).
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La dose est souvent exprimée en tant que quantité (mg/kg de poids corporel) de
xénobiotique ayant pénétré l'organisme. Elle peut être exprimée de différentes manières:
• La dose d'exposition, est la concentration dans le milieu (air, eau, aliment ...) d'un
polluant durant une certaine période;
• La dose retenue ou absorbée (également appelée charge corporelle) est la quantité
présente dans l'organisme à un moment donné pendant ou après une exposition ;
• La dose tissulaire est la quantité de substance dans un tissu spécifique ;
• La dose cible est la quantité de substance (généralement un métabolite) liée à la
molécule critique. La dose cible est la quantité de produit chimique (en mg) fixée par mg de
macromolécule spécifique dans un tissu. Pour utiliser ce concept, il faut disposer
d'informations sur le mécanisme d'action au niveau moléculaire.
La dose cible est associée plus précisément à l'effet toxique. La dose d'exposition ou la
charge corporelle, plus facilement disponibles, sont liées de manière moins précise à l'effet
toxique.
La notion de dose comporte souvent un paramètre temporel, même s'il n'est pas
toujours exprimé.
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Une dose seuil est le niveau de dose en dessous duquel aucun effet observable ne
survient. Il existe des seuils pour certains effets, notamment les effets toxiques aigus, mais
non pour d'autres, par exemple pour les effets cancérogènes (initiateurs formant des adduits à
l'ADN). Une simple absence de réponse dans une population donnée ne saurait cependant être
interprétée comme la preuve de l'existence d'un seuil. Elle peut être due à un simple.
phénomène statistique: un effet toxique ne se produisant qu'à faible fréquence pourra ne pas
être décelé dans une petite population.
Lorsque le toxique pénètre dans l'organisme par toutes les voies, sauf la voie
pulmonaire, la toxicité s'exprime par la Dose Effective 50 (DE 50 ). Elle correspond à la
quantité de substance (exprimée en masse de toxique par kg de poids corporel) qui en
moyenne produit un effet (vomissement, tremblement, ...) sur la moitié de la population. La
Dose Létale 50 (DL 50 ) correspond à la quantité de substance (exprimée en masse de
toxique par kg de poids corporel) qui produit la mort de la moitié de la population. Lorsque la
substance administrée pénètre dans l'organisme par inhalation, la notion de dose est remplacée
par celle de concentration, Concentration Effective 50 (CE 50 ) et Concentration Létale 50
(CL 50 ). La concentration s'exprime par la formule :
Va/(Va+Vd)*100
avec Va= volume de gaz toxique et Vd = volume d'air dans lequel il est situé. Ces
concentrations sont exprimées en mg.m-3 ou (ppm).
Cette distinction entre dose et concentration se décline pour les différents paramètres
toxicologiques qui pourront être dérivés à partir de la relation dose-effet tel que NOAEL et
LOAEL
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L’étude expérimentale ne permet pas toujours d’avoir accès à ce NOAEL. Il est alors
proposé de déterminer la dose ou la concentration théoriquement la plus faible pour laquelle
un effet indésirable est observé. C’est la dose minimale pour un effet nocif observable
(DMENO ou LOAEL en anglais pour Lowest Observed Adverse Effect Level). Plus
précisément, elle correspond à la plus faible dose de substance pour laquelle on constate une
augmentation statistiquement (ou biologiquement) significative en fréquence ou en sévérité
d’un effet nocif observé dans le groupe exposé par rapport au groupe non exposé.
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a) Le toxicité aiguë
La toxicité aiguë résulte d’une exposition au toxique sur un temps court par rapport à la
durée de vie de l’organisme. Elle est généralement liée à une forte dose mais peut également
être associée à une concentration plus faible d’une substance très toxique. Elle conduit à de
graves troubles physiologiques voire à la mort des organismes.
La toxicité aiguë peut être mesurée par la concentration létale (CL) pour un
pourcentage de la population exposée pour une durée déterminée. La concentration effectrice
(CE) est celle provoquant un effet observé. Ainsi, la CL50 (48 h) définit la dose qui provoque
la mort de 50 % des organismes exposés à un toxique pendant 48 heures. La dose létale (DL)
est la dose transférée dans l’organisme par ingestion, inhalation ou contact, provoquant la
mort.
L’indice DL50 sert fréquemment pour exprimer la toxicité aiguë ainsi que pour classer
et comparer les toxiques. Il a cependant une valeur très limitée, car il ne concerne que la
mortalité et ne donne aucune information sur les mécanismes en jeu et la nature des lésions. Il
s’agit d’une appréciation grossière et préliminaire (première analyse) qui peut être influencée
par plusieurs facteurs tels l’espèce animale, le sexe, l’âge, le moment de la journée, etc.
b) La toxicité chronique
La toxicité chronique fait suite à une exposition à un polluant, généralement à de faibles
concentrations, mais sur une longue durée. Elle concerne aussi les pathologies qui se
développent dans la durée. Les effets chroniques sont favorisés par des contaminants qui
s’accumulent durablement dans les tissus de l’organisme. Elle se traduit souvent par des effets
tels que des perturbations de la reproduction, des malformations lors du développement, des
retards de croissance, des cancers, une baisse de l’immunité...
Ces effets ne peuvent être mis en évidence qu’à l’échelle de la vie de l’organisme. C’est le cas
en particulier des molécules dites CMR, c’est-à-dire cancérigènes, mutagènes ou toxiques
pour la reproduction.
Dans le cas de la toxicité chronique, ce sont plutôt des seuils d’innocuité qui sont
recherchés. La mesure est souvent la plus forte dose sans effet nocif observé no-observed
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adverse effect limit (NOAEL) ou, exprimée en concentration dans le milieu, la no-observed
effect concentration (NOEC), ou encore, la concentration effectrice à 10 % par exemple,
CE10. Ces mesures sont d’interprétation délicate car l’absence d’effet ou des effets limités ne
peuvent être évalués de manière convaincante que par des expérimentations de longue durée,
souvent coûteuses et plus difficiles à mener. D’autre part, les effets recherchés peuvent être
délicats à détecter comme dans le cas de la perturbation du fonctionnement d’un organe ou le
développement très lent d’un cancer.
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Note. – Les particules de dimensions supérieures à 30 µm pénètrent rarement dans les voies
respiratoires supérieures.
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c- La voie digestive
Les toxiques peuvent être ingérés à la suite d’une ingestion accidentelle, de
l’absorption de nourriture ou de boissons contaminées, ou par ingestion de particules
éliminées par le tractus respiratoire. Ces substances peuvent être d'emblée toxiques ou le
devenir en fonction de la quantité qui aura pu pénétrer dans l’organisme.
C’est la voie la plus fréquente empruntée par les toxiques. Elle permet leur résorption
et parfois contribue à leur biotransformation.
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Des changements adaptatifs causés par un produit chimique dans un tissu ou un organe
peuvent être accompagnés de changements fonctionnels et morphologiques. De tels
changements peuvent être réversibles si on prévient ou arrête l’exposition. Cependant, dans
certains cas, l’interruption de l’exposition n’est pas suivie d’une récupération. Il s’agit alors
de changements irréversibles. Ainsi, pour un tissu tel que celui du foie, qui a une importante
capacité de régénération, la majorité des atteintes sont réversibles ; au contraire, elles sont
généralement irréversibles lorsqu’il s’agit d’une atteinte du système nerveux central, les
neurones ne pouvant pas être facilement
remplacés. Des effets tels que la
cancérogénicité et la tératogénicité sont
généralement considérés comme des effets
irréversibles.
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Le comportement des polluants dans le milieu est variable (Figure 14), il dépend
essentiellement des facteurs abiotiques (paramètres physicochimiques) et certains facteurs
biotiques (action des microorganismes) il peuvent être:
Complexés ou réagit avec d’autres substances (antagonisme/synergie)
Piégés et stockés dans une phase de la matière (colloïdes, MES, sédiments…)
Transformés (dégradation) ou biotransformés (biodégradation) avec formation
dérivés plus au moins toxiques.
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Figure 14 : Comportement du polluant dans son environnement (d'après Ballerini et al., 1998)
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Le polluant, après son absorption par l’organisme, ne peut exercer son effet que s’il franchit
les différentes barrières membranaires et physiologiques mise en jeu par l’organisme. En
effet, la toxicité des xénobiotiques dépend de la combinaison des processus compétitifs de la
toxicocinétiques et la toxicodynamiques:
La toxicodynamie s’intéresse à l’influence qu’exerce un toxique sur l’organisme et
aux facteurs qui interviennent dans la réponse toxique.
La toxicocinétique s’intéresse à l’influence qu’exerce l’organisme sur un toxique.
Cette influence découle des processus (l’absorption, la distribution, le métabolisme,
l’élimination) qui gouvernent le cheminement du toxique dans l’organisme (Figure
15).
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période plus ou moins longue. En revanche, ils peuvent causer des effets toxiques dans
d’autres tissus ou organes où ils sont présents en quantités moindres. La nature, l’intensité et
la localisation de ces perturbations dans l’organisme diffèrent d’un produit à l’autre et
dépendent souvent de la dose.
c. La biotransformation (ou le métabolisme)
Pendant ou après son transport dans le sang, le toxique peut entrer en contact avec
différentes cellules de l’organisme qui ont la capacité de le transformer.
L’ensemble des réactions de la transformation métabolique est appelée
biotransformation, tandis que les produits de la biotransformation sont appelés métabolites.
Il peut en résulter un produit moins toxique (détoxification) ou plus toxique (activation),
l’accumulation ou l’élimination du produit et de ses métabolites.
La principale fonction des biotransformations est de rendre hydrosolubles des molécules
lipophiles afin d’en favoriser l’élimination de l’organisme : en effet, les molécules lipophiles
passent les membranes pendant les phases d’absorption et de distribution, mais à l’inverse
leur liposolubilité ne permet pas leur élimination par voie rénale sous forme inchangée. Elles
seront alors soit excrétées directement par voie biliaire, soit biotransformées avant excrétion
rénale ou biliaire.
Les biotransformations des toxines sont essentiellement hépatiques (foie) et intestinales
même s'il existe aussi un métabolisme pulmonaire, rénal ou plasmatique. On distingue deux
types de biotransformations, classées en phase I et phase II :
- Métabolisme de phase I : réactions d’activation. Le métabolisme hépatique par
réaction de phase I est dû à des réactions de fonctionnalisation, consistant à modifier ou
adjoindre des groupements fonctionnels par des réactions d’oxydation, de réduction et
d’hydrolyse. Une réaction de fonctionnalisation est illustrée au-dessous, permettant de
transformer un toxine lipophile en un métabolite hydrophile, via le cytochrome P450.
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d. L’excrétion
Ce processus consiste à rejeter le produit inchangé ou ses métabolites à l’extérieur de
l’organisme. L’excrétion peut se faire par voie rénale (l’urine), gastro-intestinale (les selles),
pulmonaire (l’air expiré), cutanée (la sueur) ou lactée (le lait).
Par exemple, le sang transporte de nombreux produits vers les reins, dont plusieurs
déchets provenant du métabolisme. Les reins filtrent le sang, remplissant ainsi une fonction
essentielle au maintien de l’équilibre des éléments sanguins, et assurent l’élimination de
nombreux produits.
- Les effets peuvent être décelés à des plus bas niveau d’organisation (moléculaire,
cellulaire et tissulaire) jusqu’au plus hauts niveaux (individus, populations et
communautés);
- Les effets à court et à moyen termes peuvent être aigus à sub-chroniques se traduisant
par des lésions ± graves selon les niveaux de contamination (lésions tissulaires,
inhibition de certains fonctions, perturbations de comportement…)
- Les effets à long terme se traduisant par des lésions chroniques affectant la structure
des population (perturbations reproductionnelles). Ces effets pourraient ainsi se
transmettre aux communautés d’un écosystème en affectant leur diversité et leur
productivité, ils causeront probablement à long terme le dysfonctionnement de tout
l’écosystème.
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Inhibition fonctionnelle et Mortalité : Dans le cas d’une toxicité aigüe, tous les
polluants sont capables d’induire une perte irréversible de fonctionnalité (perte de
mobilité, arrêt de fonctions physiologiques vitales…) et causer la mort des
organismes, c’est le cas des HAPs, PCBs, pesticides et métaux lourds
Cancérogénèse : Le cancer est une maladie qui se caractérise par une croissance et une
multiplication incontrôlée de cellules anormales dans un organe ou un tissu de
l’organisme. En se multipliant, ces cellules anormales forment une masse appelée
tumeur. Il existe deux types de tumeurs : la tumeur bénigne et la tumeur maligne.
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On appelle tumeur bénigne la tumeur qui n’envahit pas le tissu d’origine ou qui ne se
propage pas dans d’autres organes. On appelle tumeur maligne celle qui peut envahir
et détruire les tissus sains avoisinants ou se répandre dans le corps. C’est cette dernière
que l’on qualifie de tumeur cancéreuse. Un agent qui cause le cancer est qualifié de
cancérogène. Une tumeur maligne qui se répand (dissémination) forme ce que l’on
appelle des métastases. La métastase est une cellule cancéreuse qui quitte le foyer de
croissance initial et s’attaque aux tissus avoisinants, emprunte la circulation
lymphatique pour atteindre les ganglions, passe dans le sang et colonise d’autres
organes, formant ainsi des foyers secondaires. La transformation d’une cellule
normale en cellule cancéreuse peut survenir à n’importe quel moment de la vie de la
cellule. Cette transformation peut être la conséquence d’une agression par un
cancérogène. Généralement, une telle transformation suppose une cascade
d’événements biologiques dont l’ensemble du processus peut s’échelonner une longue
période au cours de la vie d’une personne. Chaque type de cancer est différent et la
progression d’un même cancer est différente d’une personne à l’autre.
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PARTIE I
Chapitre III
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primordial [Boillot, 2008]. Rivière [1998] souligne également que le choix du modèle dépend
du scénario et que la possibilité de réalisation d’un scénario est également très dépendante des
modèles disponibles.
Ces informations permettent donc de mieux comprendre la raison de l’existence de
méthodologies différentes retracées dans la littérature mais également le besoin de devoir en
développer d’autres.
L’EDRE, telle qu’elle est conceptualisée actuellement remonte au début des années
1990. Mais, elle correspond au produit de plus d’un demi-siècle de réflexions et
d’expérimentations. Ces dernières sont étroitement liées avec les fortes préoccupations
manifestées dans les années 1950-1960, en Amérique du Nord et en Europe, vis-à-vis de la
protection des écosystèmes (de l’environnement) suite à leurs expositions à des pollutions
d’origine anthropique. Ces préoccupations ont donc conduit à l’élaboration d’un nombre
important de législations en matière de protection de l’environnement aquatique surtout (par
exemple, la loi américaine interdisant les déversements de produits pétroliers dans les zones
côtières dès 1961). Par la suite, une série d’accidents liés aux produits chimiques à cette
époque est venue renforcer la raison d’être de ces premières inquiétudes vis-à-vis des effets
des polluants sur l’environnement. L’Académie des Sciences américaine, comprenant le
besoin d’une rationalisation des prises de décision en matière d’environnement, développe et
conceptualise, dans les années 1980, une approche méthodologique d’évaluation des risques
pour la santé publique. Il s’ensuivit une série de travaux de recherche, dont ceux de Suter et
Barnthouse, qui ont été repris par l’US EPA et qui proposa, en 1992, un premier guide
méthodologique pour la gestion des sites industriels pollués [Bermond, 2002] ; [Perrodin,
2006].
Près d’une dizaine d’années de travaux par la suite ont permis d’améliorer ce premier
guide, qui est devenu « The Guideline for Ecological Risk Assessment (Ligne directrice
pour la conduite d’une EDRE) ». Il a été publié par l’US EPA en 1998 et il constitue,
jusqu’à présent, un référentiel pour la majorité des instances nationales et internationales
(Organisation de Coopération et de Développement Economique OCDE, Health Canada,
Union Européenne) dans le domaine de l’EDRE [Forbes et Forbes, 1994a] ; [Rivière, 1998] ;
[Bermond, 2002]. Les travaux conduit par les instances de différents pays les ont porté à
adapter cette méthodologie générale en fonction des domaines dans lesquels des besoins
d’EDRE se faisaient sentir. Parmi ces
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Le schéma classique qui est utilisé par la plupart des auteurs ([US EPA, 1998] ;
[Suter II, 1993] ; [Rivière, 1998] ; [Emmanuel, 2004] ; [Donguy et Perrodin, 2007] ;
[Boillot, 2008]), pour la conduite de méthodologies d’EDRE, comporte trois phases : 1) la
formulation du problème, 2) l’analyse et 3) la caractérisation du risque.
la phase d’évaluation du danger qui est une étape préliminaire qui vise à
caractériser de façon relative le potentiel que présente une situation de
contamination à engendrer un effet néfaste (le danger) [CEAEQ, 1998] ;
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i. Formulation du problème
L’objectif de cette phase initiale du processus d’EDR est de cadrer les phases
d’analyse et de caractérisation du risque. Au cours de cette phase fondamentale de
définition du problème, l’évaluateur de risque aura à : procéder à certaines investigations,
identifier précisément les données à acquérir, les techniques de mesure ou d’évaluation,
générer les hypothèses préliminaires, définir le cadre d’interprétation des résultats [Rivière,
1998] ; [Babut et Perrodin, 2001] ; [Bermond, 2002] ; [Suter II, 2006].
La méthodologie générale développée par l’US EPA [1998] présente les trois
principales étapes de cette phase :
- la description détaillée du contexte et l’intégration des données disponibles
- la sélection des paramètres d’évaluation et l’élaboration du modèle conceptuel
- l’élaboration d’un plan d’analyse
C’est également au cours de l’élaboration de cette phase de formulation du problème
que le type d’approche de caractérisation des effets écotoxicologiques est sélectionné
(substances ou bioessais). L’approche substance se base sur l’analyse physico-chimique
des stresseurs (ex : plomb, PCBs, médicaments…) et utilise les valeurs des Bases de
Données Internationales (BDI) d’écotoxicologie alors que l’approche bioessais considère
les stresseurs en tant qu’une entité (ex : effluent, déchet, sédiment…) sur laquelle sont
réalisées des bioessais [Donguy et Perrodin, 2006] ; [Donguy et Perrodin, 2007] ;
[Boillot, 2008].
La caractérisation de l’exposition
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organismes cibles. Cette analyse peut être réalisée à l’aide de calculs théoriques ainsi
que sur la base de résultats expérimentaux [Babut et Perrodin, 2001].
Cette phase aboutit à la détermination d’une (de plusieurs ou d’un ensemble de)
valeur(s) de caractérisation de l’exposition. Cette valeur correspond à la concentration du
(des) stresseur(s) à laquelle les cibles sont exposés par voie de contact et par ingestion [Suter
II, 2006]. Dans le cas d’une approche « substances », on parle de la PEC (Predicted
Environnemental Concentration), alors que dans le cas d’une approche « matrice », on
parle du pourcentage de la matrice dans le milieu [Donguy et Perrodin, 2007]. Il
s’agit dans les deux cas de la concentration que l’on s’attend à trouver dans le milieu suite aux
différents apports. Cette détermination peut s’avérer complexe car il faut tenir compte de
nombreux facteurs de modification pouvant intervenir dans les voies de transfert : dilution,
évaporation, biodégradation, bioaccumulation, changement de spéciation des substances,
caractéristiques de l’écosystème, etc.. L’exposition peut également être directe ou indirecte, à
long ou à court terme, aiguë ou diffuse [Rivière, 1998] ; [RECORD, 2006] ; [Donguy et
Perrodin, 2006] ; [Boillot, 2008].
Cette étape permet de relier une dose d’exposition à des effets observés chez une espèce
donnée, une communauté ou même des fonctionnalités de l’écosystème [Bermond, 2002].
Concrètement, elle s’appuiera sur les approches biologiques qui incluent principalement
des bioessais et des bioindicateurs.
La finalité de cette étape est de définir dans quelle mesure les organismes de
l’écosystème cible sont significativement sensibles aux stresseurs auxquels ils sont exposés
[Donguy et Perrodin, 2006]. Elle aboutit à l’acquisition de différentes valeurs d’effets
écotoxicologiques (NOEC, CE 20 , CE 50 , …) permettant de calculer la valeur d’absence
d’effet significatif vis-à-vis de l’écosystème cible que l’on nomme parfois CSE
(Concentration Sans Effet) [Boillot, 2008].
Cette étape de caractérisation des effets peut être réalisée sur site et/ou en laboratoire.
On peut également la conduire sur la base de deux types d’approches : les approches dites «
substances » et/ou les approches dénommées « approche matrice » ou « approche
bioessais ». En ce qui concerne les approches « matrice » ou « bioessais », elles peuvent
être réalisées au moyen d’essais mono-spécifiques et/ou pluris-pécifiques. Les détails se
rapportant à ces différentes approches sont présentés dans le paragraphe consacré à la
présentation des approches utilisées pour la caractérisation des effets écotoxicologiques.
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Caractérisation du risque
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Nous avons choisi de présenter les grandes lignes de l’une des méthodes les plus
utilisées, la méthode du quotient.
La méthode du quotient en évaluation des risques écologiques ou écotoxicologiques
se base sur le même principe utilisé en évaluation des risques sanitaires, pour calculer les
indices de risque (Hazard Index) [Rivière, 1998]. Cette méthode aboutit au calcul d’un
Indice de Risque (IR) qui peut être appliqué à différentes approches de caractérisation
des effets. L’IR se calcule au moyen de l’équation suivante :
Sur la base des valeurs obtenues pour IR, on peut distinguer les cas où les milieux
récepteurs sont [Donguy et Perrodin, 2007] :
compatibles avec les usages constatés sans exposer les écosystèmes cibles à
des niveaux de risques excessifs : le risque est dit « acceptable » lorsque IR ≤ 1
;
incompatibles avec les usages constatés et que les écosystèmes cibles
sont exposés à des niveaux de risques excessifs : le risque est dit «
inacceptable » lorsque IR > 1.
Le Tableau 6 illustre la possibilité d’appliquer le calcul de l’Indice de Risque à une EDR
conduite sur la base d’une approche « substances » ou à une EDR conduite selon une
approche « matrice ».
Tableau 6 : Modalités de calcul de l’Indice de Risque (IR) pour les approches substances et
bioessais (tiré de [Donguy et Perrodin, 2007])
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c) – Chaîne de mesure:
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La chromatographie
Spectrométrie de masse
Principe : Le spectromètre de masse est un appareil qui fait correspondre à chacune des
masses des éléments d’un corps (atomes, molécules, fraction ou association de molécules,
radicaux, etc.), après ionisation, sous vide élevé, une indication chiffrée renseignant sur la
présence et les quantités relatives des éléments constitutifs de ce corps. Les mesures sont
qualitatives, car le spectre constitue une empreinte digitale plus ou moins caractéristique,
selon l’échantillon, de sa structure moléculaire et les conditions de ionisations, et
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Spectroscopie
Principe : L’introduction dans une flamme d’hydrogène, peu ionisée, de composés carbonés
engendre des ions que l’on peut détecter sous forme d’un courant électrique (mesuré entre une
électrode et le brûleur qui constitue la seconde électrode). Ce phénomène est à la base de
l’analyseur par ionisation de flamme FID (Flame Ionisation Detector) et des détecteurs FID
utilisés en chromatographie.
Composés détectables : Cette méthode est spécifique à la détermination du taux en COV ;
les composés carbonés sont rapportés en ppm volumiques de carbone (ppmC). Elles sont
surtout utilisée pour déterminer le taux d’hydrocarbures totaux (HC).
Limites : La réponse FID est moins précise pour les alcènes, les arènes et surtout les
composés oxygénés : aldéhydes, éthers, etc.
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- Ces méthodes biologiques sont complémentaires aux informations recueillies par les
mesures de concentration dans le milieu (= mesure de niveau d’exposition
b) Tests écotoxicologiques
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le cas où l'on veut mesurer la mobilité d'espèces, il doit être le plus sédentaire possible
pour refléter les conditions locales.
Il doit avoir une taille rendant possible l’étude de ces différents tissus et de leurs
composantes (muscles, os, organes dans le cas d'un animal…).
Il doit tolérer les contaminants avec des effets sub-létaux.
Il doit survivre hors du milieu naturel et tolérer différentes conditions de laboratoires
(pH, température…).
Une relation entre la concentration en contaminants dans le milieu externe et la
concentration dans l’organisme doit exister.
Certains bioindicateurs sont aussi des biointégrateurs ; ils peuvent être doublement
utiles dans le cadre de programmes de biosurveillance.
Peu sujets à des variations génétiques (sensibilité aux toxiques constante)
- Les différentes manifestation de toxicité
Les tests sont classés selon le rapport durée d’exposition sur durée du cycle de vie de
l’organisme test et selon les critères d’effet mesurés : mortalité, croissance,
reproduction, activités enzymatiques, etc.. Ainsi, on distingue : des tests de toxicité aiguë,
des tests de toxicité chronique et des tests de génotoxicité
- Les essais de toxicité aiguë sont des essais à court terme, au cours desquels les effets
doivent se révéler sur une courte durée (de quelques heures à quelques jours en
fonction du cycle de vie de l’animal) après administration d’une dose unique de
substance. Si aucun effet n’est observé, la substance n’a pas de toxicité aiguë,
dans les conditions de l’essai ; ce qui ne veut pas dire pour autant que cette
substance ne présente pas de toxicité chronique. Ces essais permettent d’établir une
relation entre la concentration d’exposition et l’intensité de l’effet. Les résultats
sont généralement exprimés par une CE 50 (Concentration Efficace) qui est la
concentration pour laquelle les effets sont observés pour 50 % des individus testés.
Comme exemple d’effets observés, on peut citer la survie, la létalité ou l’inhibition de
la mobilité.
- Les essais de toxicité chronique permettent de déterminer la toxicité chronique (à
moyen ou a long terme) vis-à-vis de l’organisme test. Le temps d’exposition
correspond en moyenne, à 1une durée >8/10 de la vie de l’organisme et doit intégrer
plusieurs stades de son cycle de vie. Suite à cette période d’exposition, si
aucun effet n’est observé alors la substance ne présente pas de toxicité chronique vis-
à-vis de l’organisme test. Les essais à moyen et long terme permettent de
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Plusieurs études mettent l’accent sur le fait que les activités anthropiques
génèrent un nombre importants de polluants différents qui vont atteindre le milieu récepteur
et qui constitueront dès lors un mélange de substances auquel les organismes de ce
milieu récepteur seront exposés. Dans d’autres situations, c’est déjà un mélange de
polluants qui aboutit au milieu récepteur. Ces situations font ressortir les limites de
l’approche « substances » qui ne tient pas compte de l’exposition simultanée à deux ou
plusieurs substances toxiques. Cette co-existence de deux ou plusieurs polluants peut
modifier l’expression de leur toxicité.
Dans le cas d’une co-existence de deux ou plusieurs polluants, leur assimilation peut
s’effectuer par des processus compétitifs ou non compétitifs et trois cas de réponse de
l’organisme ou des organismes exposé(s) sont possibles : l’additivité (additivity), la
synergie (synergism) et l’antagonisme (antagonism), qui sont représentés au moyen de
l’exemple sur la Figure 17.
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Figure 17 : Exemple des trois réponses possibles en terme d’inhibition de la croissance d’une
algue soumise au stress de mélanges de deux métaux (M 1 et M 2 ) par rapport à un témoin.
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d’organisation trophiques. Calow [1996] note pour sa part que les résultats d’un essai pluri-
spécifique ne sont pas forcément plus généralisables que ceux d’essais mono-spécifiques.
Les bioindicateurs sont des espèces ou groupes d'espèces qui par leur présence et/ou
leur abondance sont significatifs d'une ou plusieurs propriétés de l'écosystème dont ils font
partie. Ce sont en particulier les organismes « sténo », c’est à dire des organismes qui
manifestent des exigences strictes à l'égard d'un certain facteur du milieu et ne supportent que
de très faibles variations de ce facteur.
Ce sont en particulier les organismes « sténo », c’est-à-dire des organismes qui
manifestent des exigences strictes à l'égard d'un certain facteur du milieu et ne supportent que
de très faibles variations de ce facteur.
Exemple: La disparition d’espèces sténohalines reflète une modification de la salinité
du milieu. En observant dans un milieu donné, la disparition d'espèces "sténo" vis à vis d'un
certain facteur, on peut en déduire que ce facteur a été modifié.
Principe: Est d'observer des effets, au niveau de l'individu et/ou d'une population. Ces
effets doivent être mesurables via l'observation de divers degrés d'altérations
morphologiques, comportementales, tissulaires ou physiologiques (croissance et
reproduction), conduisant dans les cas extrêmes à la mort de ces individus ou à la
disparition d'une population.
Avantages: Outils simples: l’inventaire des organismes indicateurs de pollution présents
dans le milieu. Déterminent le niveau de la contamination des milieux par simple
analyse de présence/absence de bioindicateurs. Une bonne signification écologique :
évaluation du niveau de pérturbation de l’écosystème.
Limites d’utilisation: Ne permettent pas une détection précoce de la pollution (basés
sur la mortalité, disparition ou abondance). Ils sont utilisés comme outils de diagnostic et
non pas comme outils préventif
Exemples :
- Biosurveillance de la qualité de l'air
La bioindication relative à la qualité de l'air est l'utilisation d'organismes sensibles à un
polluant donné présentant des effets visibles macroscopiquement ou microscopiquement, afin
d'évaluer la qualité de l'air. Celle-ci apporte une information semi-quantitative sur la
contamination atmosphérique et permet d'apprécier directement les impacts
environnementaux des polluants. L'observation d'organismes bio-indicateurs complète le plus
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Exemple 1 : métallothionéines
Les métallothionéines, protéines soufrées (Figure 18) de faible masse moléculaire,
jouent un rôle primordial dans la régulation des teneurs internes en métaux essentiels (Cu, Zn)
et la détoxication des métaux non-essentiels (Ag, Cd, Hg). Leur ubiquité´ dans le règne
animal, ainsi que l’induction expérimentale de leur synthèse par les métaux précités en font
des biomarqueurs potentiels de la contamination de l’environnement. Cette utilisation repose
sur l’existence d’une corrélation entre les concentrations métalliques dans le milieu et leur
propre abondance dans les tissus des organismes qui y vivent. Cette relation a été´ mise en
évidence expérimentalement chez de nombreuses espèces
.
Figure 18 : Structure d’une métallothionéines
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synaptique à côté des récepteurs de l’ACh. De plus, l’AChE se trouve parmi les
enzymes les plus rapide de la nature avec une efficacité d’hydrolyse (turnover) de 1000
à 20 000 molécules / secondes selon l’espèce.
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