Ouvrages D'art: Sétra
Ouvrages D'art: Sétra
Ouvrages D'art: Sétra
service d'Études
techniques
des routes
et autoroutes n° 52 - juillet 2006
Ouvrages d'art
SO AR
Bulletin du Centre
des Techniques d'Ouvrages d'Art
urocodes
érification la fatigue des ouvrages
en éton - éthode simplifiée
Fernando Dias
☛ P. 22
Stages ☛ P.41
Directeur de la publication : Jean-Claude Pauc. Comité de rédaction : Hélène Abel-Michel, Emmanuel Bouchon, Angel-Luis Millan (Sétra), Pierre Paillusseau
(CETE du Sud-Ouest), Ferry Tavakoli (CETE de Lyon), Jean-Christophe Carles (CETE Méditerranée), Michel Boileau (DDE 31), Bruno Godart (LCPC),
Claude Bois (MISOA). Rédacteur en chef : Nicole Cohen (Sétra) - tél : 01 46 11 31 97. Coordination : Jacqueline Thirion (Sétra) - tél : 01 46 11 34 82.
Réalisation : Eric Rillardon (Sétra) - tél : 01 46 11 33 42. Impression : Caractère. 2, rue Monge - BP 224-15002 Aurillac Cedex - ISSN : 1266-166X - © Sétra - 2006
Jacques Berthellemy
Site du pont du Ro oul pont présenté dans cet article est le Conseil Général
des Pyrénées Orientales.
Un premier arc ancien en maçonnerie n’offrait qu’une
Le pont du Roboul est un équipement hydraulique. Il ouverture hydraulique insuffisante. Il a été doublé
assure le franchissement du fleuve côtier, le Roboul, par un second arc au début du 20ème siècle. Mais cet
par la route départementale qui dessert Rivesaltes. assemblage d’arcs demeurait trop étroit et dangereux
Il doit permettre aussi à l’eau des orages, qui dévale du fait du trafic important des poids lourds, et se
soudainement des Pyrénées voisines, de se déverser vers trouvait de plus techniquement difficile à élargir.
la mer par le lit du torrent. Le Maître d’ouvrage du
Photo 1 : l’ancien pont en maçonnerie était devenu « l’éléphant blanc » de la route : c’est-à-dire un patrimoine mal adapté et bien gênant
Source : Jacques Berthellemy (Sétra)
Du point de vue hydraulique, les deux arcs de en dégageant une ouverture hydraulique maximale.
maçonnerie n’étaient pas efficaces, du fait de la Le Sétra consulté a proposé un arc offrant les mêmes
largeur de la pile intermédiaire. Des inondations avantages fonctionnels, avec un aspect esthétique
catastrophiques menaçaient par conséquent toujours plus satisfaisant. Le Sétra s’est aussi engagé à mettre
le bourg en amont. Malgré leur valeur architecturale, au point des dispositions constructives économiques.
le Maître d’ouvrage a donc décidé de remplacer les arcs Le Conseil Général des Pyrénées orientales a retenu
en pierre par un pont métallique à poutres latérales, en cette proposition.
réutilisant les pierres pour une autre construction.
La portée principale est de 32 mètres environ.
La largeur du pont est 10,60 mètres.
Principales caractéristiques du pont L’option proposée par le Sétra comporte un tablier
du Ro oul en ossature mixte acier-béton suspendu à deux arcs
latéraux indépendants en acier en forme de caissons,
dont les naissances sont ancrées dans le tablier. La
géométrie du pont s’adapte au franchissement très biais
Le service technique du Conseil Général avait établi un d’un torrent pyrénéen. Le Sétra a assuré l’ensemble de
avant projet de pont en treillis warren qui permettait la conception du tablier, en adaptant légèrement les
de maintenir très bas le profil en long de la route tout culées initialement conçues pour le treillis warren.
À l’appel d’offres, les entreprises n’ont pas remis de Les arcs circulaires ont la section d’un caisson carré
prix moins cher pour la solution en treillis que pour la de 0,55 mètres de côtés environ. Ce caisson s’élargit
solution en arc, car une solution en treillis comporte à la naissance de l’arc. La hauteur de la charpente
aussi de nombreux nœuds difficiles à réaliser, tandis métallique de la poutre de rigidité est de 0,89
que les seuls nœuds complexes de la solution en arc mètres.
autoancré sont au nombre de quatre.
Un trafic important de camions miniers est attendu
Le mandataire retenu est RAZEL, tandis que l’entreprise
sur l’ouvrage. La conception des détails pour la
assurant la fabrication et le montage de la charpente
fatigue a été soignée, avec par exemple des goussets
métallique est URSSA (Vitoria-Gasteiz, pays basque
arrondis de 150 millimètres de rayon soudés en
espagnol).
pleine pénétration, à la liaison entre les pièces de
TC
La hauteur de l’arc est d’environ 6 mètres pour l’option pont et les poutres principales. Les angles aigus des
en arc conçue au Sétra. La distance d’entraxe entre les liaisons entre les pièces de pont biaises d’about et la
deux arcs indépendants est de 12 mètres. Le biais est poutre de rigidité comportent des goussets arrondis de
prononcé avec un angle de 66 grades environ. Un tel 600 millimètres de rayon.
biais est généralement déconseillé mais ne pose pas de
problème sur un pont à arcs auto-ancrés indépendants.
C’est la grande rigidité de flexion générale du pont en
arc auto-ancré, associée à une faible raideur de torsion
d’axe longitudinal, qui rend une telle géométrie biaise
possible.
Choix techniques adoptés auparavant sur Une caractéristique de cet ouvrage réside dans la
géométrie radiale de l’arrangement des suspentes.
les arcs métalliques autoancrés La conception du pont de Saint-Gilles a été menée
au Sétra en liaison avec l’architecte Philippe Fraleu.
L’entrepreneur de charpente métallique était Richard-
Ducros d’Alès.
Les ponts français de ce type qui datent du début du
20ème siècle comportent des suspentes en poutrelles L’utilisation de suspentes radiales, combinées avec une
alvéolées, comme l’ouvrage de franchissement de la rigidité suffisante accordée à la poutre de rigidité du
Marne en aval de Dormans. Les assemblages sont tablier permet :
rivetés (photo 2). • d'éviter le ré-ajustement des tensions des suspentes
Sur le franchissement plus récent de l’Oise à Neuville, sur le chantier par vérinage sous charge permanente
les suspentes sont constituées de tubes à section creuse complète ;
carrée, assemblés à leurs deux extrémités par des • de standardiser les suspentes régulièrement
boulons HR à la charpente (photo 3). distribuées : soutenant des charges sensiblement égales,
elles peuvent être identiques ;
La plupart des ponts récents présentent des suspentes • de standardiser les ancrages supérieurs des suspentes,
en câbles spiralés clos dont tous les fils sont les plus complexes, qui peuvent être tous identiques.
individuellement protégés par galvanisation. C’est
le cas du pont de Saint-Gilles qui franchit le Rhône Le choix de suspentes radiales n’est pas seulement une
en reliant Gard et Camargue, avec une portée de question d’esthétique et a été utilisé pour plusieurs
120 mètres (photo 4). Ce pont en arc qui a été ouvert autres ponts de diverses tailles.
au trafic en 1999 a déjà fait l’objet de publications,
notamment dans le Bulletin ouvrages d’art n°25 [1].
Photo 2 : franchissement de la Marne – Source : Jacques Berthellemy (Sétra) Photo 3 : pont de Neuville-sur-Oise – Source : Jacques Berthellemy (Sétra)
Photo 4 : pont de Saint-Gilles - Les suspentes en câbles clos sont peu perceptibles visuellement – Source : Gérard Forquet (Sétra)
Coupe transversale
perpendiculairement à la suspente Élévation
Fa rication
Photo 12 a – Source : RA EL
Photo 13 : bétonnage en place de la dalle sur coffrage général en Photo 14 : espace de 700 mm à l’about de la charpente - À noter la
bois – Source : RA EL trappe d’entrée pour la visite du caisson d’about
Source : Jacques Berthellemy (Sétra)
La charge d’épreuve est menée avec au maximum Le type de pont expérimenté à l’occasion du
6 camions, de 26 tonnes chacun. franchissement du Roboul permet aussi de franchir
élégamment et dans des conditions économiques
La flèche maximale mesurée à cette occasion n’a été acceptables des voies autoroutières sans appui
que de 8 millimètres. On a pu la retrouver par le calcul intermédiaire sur le terre plein central.
en faisant l’hypothèse que le béton ne fissure pas. Des
fissures du béton armé sont cependant apparues, ce qui Une telle solution améliore la sécurité, tant en phase
confirme que la raideur globale apportée par la dalle de chantier qu’en phase d’exploitation et mérite
subsiste malgré l’apparition de quelques fissures. donc d’être envisagée pour de nombreux passages
supérieurs.
Ces faibles déformations expliquent pourquoi il est
parfaitement possible de concevoir biais un pont en La coupure de la circulation peut être réduite à une
arc autoancré. nuit. Dans de nombreux cas, un montage à la grue est
possible. On peut aussi utiliser un chariot empruntant
La couleur des suspentes, conçues pour être mises en la chaussée pour assurer le lançage dans les conditions
valeur avec le choix de différentes couleurs, semble statiques des appuis définitifs. Dans ce cas, la forme des
varier avec le point de vue de l’observateur. Les piles-culées doit s’adapter pour permettre aux chariots
couleurs définitives ont été retenues par le Conseil de se garer entre les colonnes d’appui comme le montre
Général des Pyrénées Orientales à partir d’une le schéma cinématique ci-dessous ■
proposition de J.M. Garcia, paysagiste.
Les vendangeurs qui jettent un coup d’œil aux
montagnes pyrénéennes, marquent maintenant une
pause en apercevant le pont du Roboul.
Photo 16 : vue du pont depuis la vigne voisine – Source : Gérard Forquet (Sétra)
Tension moyenne
F = 65 tonnes F = 50 tonnes Nota :
mesurée
La présence de fissures affecte peu la capacité en flexion de la structure,
Tension théorique celle-ci étant liée à la présence des armatures en intrados, et non de
F = 60 tonnes F = 57 tonnes
selon calculs la résistance en traction du béton du talon.
La rupture peut théoriquement survenir par excès de compression du
Variations +8% - 12 % béton de l’extrados ou par surtension dans les armatures.
celui de Gagnac) et n’est précédée d’aucun signe de l’itinéraire pendant de nombreux mois n’était
annonciateur perceptible. pas envisageable compte tenu du franchissement
• La fissure (ou fracture) qui se produit ne se referme stratégique de la Garonne que constitue l’ouvrage.
pas (il n’y a pas de remise en compression de la zone A noter qu’à moyen terme, la construction programmée
fissurée), et réduit instantanément la résistance au d’ouvrages, en amont et aval, rendra cette option
cisaillement de la poutre concernée. envisageable.
´ Le risque de rupture « fragile » qui affecte les poutres L’option qui s’est alors imposée a été la « mise
du pont de Gagnac est d’autant plus à prendre en en sécurité » de l’ouvrage. L’objectif étant, par
considération qu’il est imprévisible et irréversible. une solution technique à définir, de permettre
N’étant pas précédé de déformations visibles l’exploitation de l’ouvrage en conservant un niveau
permettant d’alerter le gestionnaire, au contraire de de sécurité compatible avec les charges qu’il supporte.
la rupture ductile, il ne peut être géré par des mesures Ces travaux étant à considérer comme une solution
d’exploitation (limitation, fermeture). d’attente, permettant de prolonger l’utilisation de
l’ouvrage, dans l’optique de son remplacement à
moyenne échéance.
Options sur le devenir de l ouvrage
iveau de protection recherché
En 1998, un comité technique chargé d’éclairer et
faire des propositions au maître d’ouvrage a été mis
en place. Il regroupait un représentant du maître L’Objectif souhaité concernant le pont de Gagnac
d’ouvrage (conseil général), son maître d’œuvre était donc de donner au tablier une sécurité vis-à-vis
(CDOA), des spécialistes du réseau technique (LRPC de la rupture par cisaillement.
et DOA du CETE de Bordeaux) et un bureau d’études
privé (Arcadis ESG). L’analyse montre que le risque de désordre ferait
suite à la rupture d’un certain nombre de fils sur un
La gravité des défauts constatés lors des investigations même toron qu’ils constituent en provoquant des
(précontrainte insuffisante, défaut d’injection sur-tensions locales pouvant conduire à la rupture
généralisé), le sous dimensionnement de la structure du toron.
vis-à-vis de la résistance au cisaillement mis en évidence
par les calculs et les inconnues sur l’état actuel de la Le phénomène est le même avec les torons qui
précontrainte et son évolution dans le temps n’ont constituent un câble. On peut donc imaginer un
pas permis d’envisager de restituer à la structure une enchaînement de ruptures pouvant conduire jusqu’à
résistance compatible avec les règlements actuels. la rupture d’un câble.
Le comité technique s’est alors trouvé confronté à ´ La fragilité de la structure mise en évidence par les
plusieurs options concernant le devenir de l’ouvrage : expertises conduit à craindre qu’un tel évènement soit
susceptible d’entraîner la rupture de la structure.
• la mise sous surveillance ;
• le renforcement de l’ouvrage ;
• la démolition/reconstruction du tablier.
Effort de
traction Réaction
d’appui
Figure 1 Figure 2
L’annexe 2 du guide de l’AFGC présente un certain Pour le maître d’œuvre, la conséquence de cette
nombre de fiches techniques, correspondant à ouverture technique a été la nécessité de réaliser
des procédés d’entreprises à base de matériaux une analyse poussée des offres, en conformité avec
composites. l’importance donnée au critère valeur technique
(pondéré à 80 % dans ce cas), avec vérification et
Les produits présentés ont des formes (tissus, lamelles, comparaison de toutes les notes de calculs et procédés
plats), modules d’élasticité et épaisseurs diverses. utilisés.
De fait, pour obtenir un renforcement donné, les
matériaux seront plus ou moins adaptés en fonction Dans le cas présent, 5 offres ont été reçues, utilisant
de la zone à renforcer : les plats et lamelles étant des tissus (de modules et épaisseurs variables), lamelles
parfaitement adaptés au renforcement du talon des ou plats en fibres de carbone.
poutres mais moins intéressants que les produits
« souples » du type tissus pour les renforcements des A l’issu de l’analyse des offres, c’est une solution de
âmes. renforcement à base de Tissu de Fibres de Carbone
tant pour les âmes que les talons qui a été retenue. En
Et les quantités à mettre en œuvre seront variables d’un l’occurrence le procédé TFC de Freyssinet.
produit à l’autre compte tenu des caractéristiques et
performances différentes des produits entre eux.
Il faut signaler enfin, que ces produits « nouveaux »
évoluent rapidement en ce qui concerne leurs
caractéristiques de résistance puisque, lors des
remises d’offres, certain d’entre eux annonçaient des
performances meilleures que celles indiquées dans le
guide pourtant récent.
onnées générales
TS RÉPARAT O S
un accès maximum aux faces des poutres à renforcer. Les conditions de mise en uvre
Le choix par l’entreprise d’un échafaudage mobile a La mise en œuvre du tissu nécessite une vérification
sur ce point permis un gain de temps important. préalable des températures ambiantes et du support
On notera comme contrainte du chantier, liée à la (pour la résine employée elles devaient être supérieures
faible largeur de tablier et la réservation d’emprises à 5°c, sans dépasser 35°c) mais aussi une comparaison
pour le chantier et les échafaudages, la mise en alternat entre la température du support et le point de rosée de
de la circulation pendant toute la durée des travaux l’air ambiant (support > rosée+3°), comme avant une
(et même quelques fermetures totales de nuit lors des mise en peinture. De fait, l’humidité liée au surplomb
phases de vérinage). de la Garonne a parfois nécessité de décaler l’activité
Ce point a d’ailleurs été complété par une interdiction de pose du tissu en matinée.
de la circulation poids lourds (hors secours et
transports en commun), nous garantissant par suite
une limitation des vibrations de l’ouvrage, afin de ne
La pose du complexe tissu résine
pas nuire à l’adhérence du matériau composite lors de La pose du complexe peut alors se réaliser, suivant
la polymérisation des résines. un plan d’implantation précis, très semblable à un
plan de ferraillage où les aciers seraient remplacés par
Les tests préala les des bandes de tissu numérotées en fonction de leur
longueur et largeur (les largeurs étant imposées par
Avant mise en œuvre du tissu de fibres de carbone, des des standards de fabrication). La découpe à bonne
essais d’arrachement ont été réalisés conformément à longueur des bandes et leur numérotation se déroulant
la norme NF P 18-852. Des essais sur le béton des au préalable.
poutres pour s’assurer de la bonne tenue de la peau Après application d’une couche de résine, la bande de
du béton qui assurera la transmission des efforts au tissu est positionnée puis marouflée. Une deuxième
matériau composite, et aussi des essais d’arrachement couche de résine de fermeture est alors appliquée, puis
de pastilles d’une planche test pour s’assurer de « serrée » pour évacuer l’éventuel excès de résine.
l’adhérence du complexe sur le béton (photo 3). Un
essai a d’ailleurs été reproduit à chaque changement de
lot de résine, en tant qu’essai de convenance. Dans tous
les cas, la barre des 2 Mpa souhaitée a été dépassée.
La préparation du support
La bonne qualité générale du béton a permis
globalement de ne pas recourir à des prestations de
ragréage prévues au marché.
Cependant, pour garantir une adhérence optimale du
complexe au béton des poutres, un sablage léger des
zones à traiter a été réalisé.
Dans le même but, il a été procédé au reprofilage des
angles rentrants, en résine additionnée de sable, et au
meulage des arêtes des talons de poutre.
Photo 3 : essai d’arrachement – Source : Freyssinet
Suivant les zones à renforcer, plusieurs bandes se redonner à l’ouvrage un niveau de sécurité compatible
superposent, se chevauchent, se croisent. avec son usage. Le coût total des travaux ayant été
On peut remarquer, au niveau des goussets supérieurs, de 530 000 € TTC. Soit environ 35 000 € TTC par
le recouvrement de la bande principale par des bandes poutre.
en renfort qui assurent son ancrage (photo 6). L’intérêt du procédé retenu est d’une part sa facilité
La souplesse du matériau employé permet les maillages de mise en œuvre, et d’autre part l’exploitation de
de bandes et l’adaptation aux déformations de profil l’ouvrage « jusqu’au bout » de sa capacité.
des poutres. De fait, le complexe tissu/résine ne sera entièrement
mobilisé qu’après sa mise en tension par déformation
des poutres et apparition de fissures d’effort tranchant,
élai de réalisation susceptibles de se produire après la rupture d’un
Programmé pour une durée de 6 mois de travaux, le câble.
chantier s’est finalement déroulé sur 4 mois. La méconnaissance de l’état exact de l’ouvrage (tension
Le gain de 2 mois sur le délai des travaux a été permis résiduelle, fils rompus, …) n’empêche donc pas son
par le choix d’un échafaudage mobile, ayant permis niveau normal de service jusqu’à l’apparition des
un accès facile à l’ensemble des zones de travail et désordres.
évité de longues phases de montage et démontage Cependant, et c’est la limite de l’intervention réalisée,
d’échafaudages au droit des 4 piles, l’efficacité dès lors que les désordres dans la structure auront
de l’entreprise et le caractère assez répétitif des entraîné la sollicitation du matériau composite, le
interventions permettant leur optimisation. pont devra être fermé. L’échéance de cet événement,
voire son occurrence, restant inconnu.
Conscient de ce fait, le conseil général, maître
Conclusion d’ouvrage de l’opération, accélère son projet de
réalisation d’un autre franchissement de la Garonne,
à une dizaine de kilomètres de là ■
Au final, le chantier a permis en 4 mois de travaux, en
conservant une circulation piétonne et VL alternée, de
(∆σs, EC = σs, max - σs, min) l’étendue en fonction du type de structure et de l’effet
préjudiciable du volume de trafic en fonction de la
L’expression générale de l’endommagement est donnée « longueur de la ligne d’influence ». La définition
par la relation (bulletin Ouvrages d’art du Sétra n°51) : du coefficient λ s,1 obtenu à partir d’abaques en
fonction d’une « longueur de ligne d’influence », n’est
pas toujours très claire. Dans ces abaques NN.1 et
NN.2 de l’ EN1992-2, les différentes interprétations
possibles de la « longueur de la ligne d’influence »
Les valeurs des paramètres ∆σRsk , N* et k2 des courbes peuvent conduire à des erreurs. Par ailleurs, il convient
S-N sont donnés par les tableaux 6.3N ou 6.4N de de définir un domaine d’utilisation de ces abaques.
l’EN1992-1-1. La connaissance de l’origine de ce coefficient peut
permettre d’aider les utilisateurs et ce point est
En remplaçant le spectre [(∆σsi ; ni)i] par (∆σs,equ ; N*), développé par la suite.
la relation devient :
Figure 2 : structures utilisées pour la construction des abaques NN.1 et NN.2 de l’EN1992-1-1
Calcul du coefficient λs 1
LMF3
soit :
(i ; j) circulant avec une distance d dans l’intervalle Pour un trafic de 2.106 PL/an (a = 60 %), le nombre
[m.∆d ; (m+1).∆d], le nombre des cycles d’étendues des convois (i ; j ; [d ; d + ∆d]) est :
∆Mi, j, k(m.∆d) est de :
Les abaques NN.1 et NN.2 sont donc Cette méthode est donc sécuritaire dans le cas de
construits en appliquant ce calcul aux différentes trafic à faible densité de poids lourds.
structures indiquées précédemment, avec
Nobs = 2.106 PL/an ; Nyears = 100 ans.
Les mesures effectuées sur l’autoroute A6, à proximité
d’Auxerre, ont donné lieu au modèle de trafic décrit
ci-dessus. En revanche, concernant la distance
entre poids lourds, ces observations nous donnent
uniquement la probabilité d’avoir une distance
d inférieure à 100 m. Cette probabilité est de de 18 %
avec un trafic de l’ordre de 600 000 camions par an.
La fonction de répartition utilisée pour la calibration
du coefficient λs, 1 a été établie à partir de l’observation
de 24 trafics en Allemagne. Ces observations ont permis
d’établir une relation entre la fonction de répartition
et la densité de trafic, à partir du paramètre a.
Pour le calcul du coefficient λs,1, une forte densité de
poids lourds (Nobs = 2.106 camions/an) a été prise en
compte. La fonction de répartition fa est appliquée
avec un paramètre a = 60 %.
Dans le cas d’un trafic poids lourds moins dense, les
différents convois (i ; j ; d) donnent les mêmes cycles
d’étendues ∆Mi, j, k(d). En revanche, la proportion
des convois avec des véhicules proches diminue. Ces
convois donnent les étendues de contraintes les plus
importantes et les plus préjudiciables vis-à-vis de la
fatigue. Par conséquent le nombre de cycles de ces
étendues est réduit.
Le facteur λs, 2 permet une correction sur le nombre
de camions et la répartition des différents types de
véhicules.
Pour un convoi de type ( i ; j ; d ), l’étendue maximale 1,40 en travée (170 kN). Pour la flexion transversale,
de variation de moment, sur appui ou à mi-travée, le coefficient est également de 1,40.
est obtenue avec 2 camions à 5 essieux (type 3 du (alinéa 101 de l’article NN.2.1 de l’EN1992-2)
tableau 1) circulant avec une inter-distance nulle. Sur
le schéma, sont représentées les positions défavorable Il est important que cette pondération soit appliquée
(∆σs, max) et favorable (∆σs, min) du convoi. aux charges et donc à l’étendue ∆MLMF3. Sur appui,
∆MEC = 1,75.∆MLMF3. Le fait d’intégrer ce coefficient
En comparant l’étendue maximale avec le convoi de à λ s,1 reviendrait à l’appliquer à ∆σ s,EC = ∆σ s,LMF3
2 camions à l’étendue ∆MEC due au camion LMF3,
calculé avec LMF3 non pondéré. Or la relation entre
le rapport est de l’ordre de 1,75 pour la section sur σs et ∆M n’est pas toujours linéaire en béton armé ou
RÉ L
σs
M
Figure 7 : position des camions sur la ligne d’influence d’un ouvrage Figure 8 : section en béton armé - σs en fonction de ∆M
à 3 travées
Pour l’application numérique, nous adoptons les - fat = 1,00 (un coefficient dynamique est pris en
hypothèses suivantes : compte dans le camion LMF3)
MLMF3
Figure 9 : implantation de la voie lente Figure 10 : variation du moment pendant le passage du camion
La section minimale d’aciers est, en supposant z Dans ces cas, la méthode « équivalente » reste sujette
constant : à caution.
As, fat, lim = As x 154,20 / 141.30 soit : En conclusion, les deux méthodes permettent de
As, fat, lim = 13,10 cm2/m traiter une grande partie des configurations d’ouvrages
et de trafics. Il est cependant important de connaître
Avec la méthode générale, nous obtenons les limites d’utilisation de chacune d’elles.
As, fat, lim = 13,80 cm2/m.
Dans certains cas, il pourra être nécessaire d’utiliser la
(bulletin « Ouvrages d’art » n°51 [1]) méthode générale, en complétant le modèle de charges
LMF4 par des données sur la répartition des camions
Les deux méthodes donnent donc des résultats
dans le trafic (distance entre véhicules, croisement de
comparables.
camions sur des voies lentes de sens opposées …) ■
Figure 2 Figure 3
Résultats
RÉ L
Tcomp 66,67% 67,67% 68,44% 69,00% 69,33% 69,44% 69,33% 69,00% 68,44% 67,67% 66,67%
ξF 1/2 0,4889 0,4778 0,4668 0,4558 0,4450 0,4342 0,4236 0,4132 0,4029 11/28
ηF 1/4 0,2502 0,2507 0,2517 0,2529 0,2546 0,2566 0,2589 0,2616 0,2646 15/56
Tcomp 50,00% 48,93% 47,92% 46,99% 46,12% 45,31% 44,56% 43,87% 43,23% 42,64% 42,09%
Domaine 2-3
θ 0,000 0,050 0,100 0,150 0,200 0,250 0,300 0,350 0,400 0,450 0,500
λ’ =
-0,500 -0,554 -0,617 -0,692 -0,781 -0,889 -1,020 -1,183 -1,389 -1,653 -2,000
-1/2(1-θ)2
ξF 11/28 0,382 0,371 0,358 0,344 0,330 0,315 0,301 0,288 0,276 15/56
ηF 15/56 0,2719 0,2775 0,2848 0,2941 0,3056 0,3194 0,3355 0,3535 0,3729 11/28
Tcomp 42,09% 41,59% 41,15% 40,78% 40,49% 40,32% 40,27% 40,37% 40,67% 41,22% 42,09%
État-limite ultime
Domaine 1-2
λ 0,000 -0,020 -0,040 -0,060 -0,080 -0,100 -0,120 -0,140 -0,160 -0,180 -0,200
ξF 1/2 0,4668 0,4342 0,4029 0,3734 0,3462 0,3214 0,2994 0,2802 0,2638 1/4
ηF 1/30 0,0336 0,0342 0,0353 0,0367 0,0385 0,0405 0,0427 0,0451 0,0475 1/20
Tcomp 6,67% 6,27% 5,94% 5,69% 5,48% 5,33% 5,20% 5,11% 5,05% 5,01% 5,00%
aleurs proposées
l état-limite ultime
S
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kraft à trous ? Et accessoirement, comment cuire
FOR AT O S BR
efficacement un gigot bitume !
Stages
Cycle « Inspection des Ouvrages d’Art » module 1 : connaissances de base - 1ère partie 19 au 21 septembre 2006
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L’application de la nouvelle norme béton NF EN 206-1 et de son annexe nationale 28 et 29 novembre 2006
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Ouvrages d'art 52 uillet 2006 43
Sétra
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Aristide Briand
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2006 Sétra - ép t légal : 2 me trimestre 2006 - S : 1266-166