La Série Exponentielle
La Série Exponentielle
La Série Exponentielle
X Ak
¬ Soit A ∈ Mn (C), montrer que la série est convergente.
k!
k≥0
+∞
X Ak
On définit alors l’exponentielle de la matrice A par exp(A) =
k!
k=0
Soit A ∈ Mn (C).
(a) Justifier que C[A] est un fermé de Mn (C) et montrer que exp(A) ∈ C[A].
(b) Montrer que si A = P BP −1 avec (B, P ) ∈ Mn (C) × GLn (C), alors exp(A) = P exp(B)P −1 .
® On suppose que A ∈ Mn (C) diagonalisable et λ1 , λ2 , ..., λp ses valeurs propres complexes deux à
deux distinctes.
Y X − λk
Pour i ∈ J1, pK on définit le i-ème polynôme d’interpolation de Lagrange par : Li = .
λi − λk
k6=i
(a) Montrer que (L1 , L2 , ..., Lp ) est une base de Cp−1 [X].
¯ Soient A, B ∈ Mn (C).
”On admet que le résultat du produit de Cauchy, vu en cours, reste valable pour les séries de
matrices”.
Partie 2 : Une condition nécessaire et suffisante pour que exp(A) diagonalisable dans Mn (C)
On admet la décomposition de Dunford suivante: pour toute matrice M ∈ Mn (C), il existe un unique
couple de matrices (D, N ) de Mn (C) vérifiant :
M = D + N;
D est diagonalisable;
N est nilpotent
D et N commutent.
On se propose montrer que: A est diagonalisable dans Mn (C) ⇔ exp(A) est diagonalisable dans Mn (C).
On suppose dans cette question que exp(A) est diagonalisable dans Mn (C).
(c) Justifier que exp(N ) = In et conclure que A est diagonalisable dans Mn (C).
Partie 3 : L’exponentielle matricielle réalise une surjection de Mn (C) dans GLn (C)
On se propose de montrer qu’il existe un polynôme P ∈ C[X] telle que exp(P (A)) = A.
¬ Vérifier qu’il existe P ∈ GLn (C) et λ1 , ..., λp ∈ C∗ deux à deux distincts, telles que
D = P diag(λ1 , · · · , λ1 , · · · , λp , ..., λp )P −1 .
® Vérifier que la matrice S(D−1 N ) est un polynôme en A et nilpotente d’indice inférieure au égale à r.
*****Fin****
¬ Soit A ∈ Mn (C).
Ak ||A||k
On a ∀k ∈ N, || || ≤ = uk .
k! k! X
• Si A = 0, alors ∀k ≥ 1, uk = 0, donc la série uk converge.
k≥0
||A||k uk+1 ||A||
• Si A 6= 0, alors ∀k ≥ 0, uk = > 0, on donc appliquer le critère d’Alembert, or
k! uk = k+1 →l=
X
0 < 1, alors la série uk converge.
k≥0
X Ak
Puisque la série uk converge et ∀k ∈ N, 0 ≤ || || ≤ uk , alors d’après le critère de comparaison, la
k!
k≥0
X Ak X Ak
série || || converge, ainsi la série converge absolument.
k! k!
k≥0 k≥0
Comme l’espace Mn (C) est de dimension finie, alors toute série absolument convergente à termes
dans Mn (C) est convergente.
X Ak
Ainsi la série converge.
k!
k≥0
Soit A ∈ Mn (C).
(a) • Comme C[A] est un sous espace vectoriel de dimension finie de Mn (C) car Mn (C) est de
dimension finie (plus précisément, on a dim(C[A]) = deg(πA )), alors C[A] est un fermé Mn (C).
+∞ m m
X Ak X Ak X Ak
• Par définition on a exp(A) = = lim . Pour tout m ∈ N, on pose xm = = Pm (A) ∈
k! m→+∞ k! k!
k=0 k=0 k=0
m
X Xk
C[A] où Pm = , comme C[A] est un fermé de Mn (C) et (xm )m∈N est une suite d’éléments de C[A].
k!
k=0
Alors exp(A) = lim xm ∈ C[A].
m→+∞
m m
X Ak X Ak
(b) Soit m ∈ N, on a pour tout k ∈ N, Ak = P B k P −1 , alors =P P −1
k! k!
k=0 k=0
Comme l’application X 7→ P XP −1 est continue sur Mn (C), car linéaire en dimension finie, par passage
à la limite dans l’égalité (∗), on déduit que exp(A) = P exp(B)P −1 .
(d) Si A ∈ Mn (R), on a det(exp(A)) = exp(T r(A)) > 0, car T r(A) est réel (l’exponentielle réelle est
strictement positive)
Donc B = diag(−1, 1, · · · , 1), n’a pas d’antécédent par exp : Mn (R) → GLn (R).
Ainsi l’application exp Mn (R) dans GLn (R) n’est pas surjective.
® On suppose que A ∈ Mn (C) diagonalisable et λ1 , λ2 , ..., λp ses valeurs propres complexes deux à
deux distinctes.
Y X − λk
Pour i ∈ J1, pK on définit le i-ème polynôme d’interpolation de Lagrange par : Li = .
λi − λk
k6=i
(a) Montrons que (L1 , L2 , ..., Lp ) est une base de Cp−1 [X].
Comme (L1 , L2 , ..., Lp ) est de cardinal p = dim(Cp−1 [X]), il suffit de montrer que cette famille est libre.
p
X p
X
Soient α1 , · · · , αp ∈ C tel que αi Li = 0. Pour tout j ∈ [1, p], on a αi Li (αj ) = 0 , puisque Li (αj ) = δi,j
i=1 i=1
p
X
le symbole de Kronecker, alors αi δi,j = 0, donc αj = 0, car δi,j = 0 si i 6= j.
i=1
(b) Montrons que AX = λX ⇒ exp(A)X = exp(λ)X.
On a AX = λX, alors par ! récurrence simple
! sur k ∈ N, on a Ak X = λk X.
m
X Ak m
X λk
Soit m ∈ N, on a X= X (∗).
k! k!
k=0 k=0
Comme l’application M 7→ M × X est continue sur Mn (C), car linéaire en dimension finie et z 7→ z.X
est continue sur C, car linéaire en dimension finie.
Alors, en passant à la limite dans l’égalité (∗), on déduit que exp(A)X = exp(λ)X.
X p
(c) Montrons que exp(A) = eλi Li (A).
i=1
• Puisque A est diagonalisable, alors πA est scindé à racines simples, et ses racines sont exactement
Yp
les valeurs propres de A, donc πA = (X − λk ), en particulier deg(πA ) = p, on sait que on sait que
k=1
C[A] = vect(In , A, · · · , Ap−1 ) car deg(πA ) = p.
• D’après la question (a), on a exp(A) ∈ C[A], Donc ∃P ∈ Cp−1 [X], tel que exp(A) = P (A),
p
X
puisque (L1 , L2 , ..., Lp ) est une base de Cp−1 [X], alors ∃α1 , · · · , αp ∈ C tel que P = αk Lk . Donc
k=1
p
X
exp(A) = αk Lk (A).
k=1
• Soit i ∈ [1, p], montrons que αi = exp(λi ), comme λi est une valeur propre de A, il existe X ∈ Mn,1 (C)
non nul tel que AX = λX, d’après la question précédente, on a exp(A)X = exp(λ)X.
Xp p
X p
X
D’autre part, αk Lk (A)X = αk Lk (λi )X = αk δk,i X = αi X, car δk,i = 0 si k 6= i.
k=1 k=1 k=1
Donc αi X = exp(λi )X, puisque X est non nul, alors αi = exp(λi ).
p
X p
X
Par suite exp(A) = αk Lk (A) = exp(λk )Lk (A)
k=1 k=1
¯ Soient A, B ∈ Mn (C).
(b) Comme A et −A commutent, alors exp(A) exp(−A) = exp(A + (−A)) = exp(0Mn (C) ) = In
Donc exp(A) ∈ GLn (C) et (exp(A))−1 = exp(−A).
Partie 2 : Une condition nécessaire et suffisante pour que exp(A) diagonalisable dans Mn (C)
On suppose dans cette question que exp(A) est diagonalisable dans Mn (C).
• D’après la question (a) du partie 1, on a exp(D), (resp. exp(N )) est un polynôme en D (resp. N )
et comme D et N sont des polynômes en A, alors exp(D) et exp(N ) sont des polynômes en A, ainsi
exp(D) et exp(D)(exp(N ) − In ) sont des polynômes en A, par suite commutent.
• - Comme D est diagonalisable dans Mn (C), alors d’après la question précédente, exp(D) est di-
agonalisable dans Mn (C).
- Vérifions que exp(D)(exp(N ) − In ) est nilpotente. N étant nilpotente, donc ∃r ∈ N∗ tel que N r = 0,
r−1 r−1 r−1
X Nk X Nk X Nk
par suite exp(N ) − In = − In = . Donc exp(D)(exp(N ) − In )) = exp(D) , puisque
k! k! k!
k=0 k=1 k=1
r−1
X N k−1
exp(D), et N sont des polynômes en A, donc commutent.
k!
k=1 !r
r−1
r r
X N k−1
Alors [exp(D)(exp(N ) − In ))] = (exp(D)) N r = 0, car N r = 0.
k!
k=1
(b) Montrons que exp(N ) = In ⇔ N = 0.
® Soit A ∈ Mn (C). Montrons que exp(A) = In ⇔ A est diagonalisable dans Mn (C) et Sp(A) ⊂ 2iπZ.
⇐ Comme A est diagonalisable dans Mn (C) et Sp(A) ⊂ 2iπZ, alors il existe P ∈ GLn (C) et µ1 , · · · , µn ∈
2iπZ telles que A = P diag(µ1 , · · · , µn )P −1 , donc exp(A) = P exp(diag(µ1 , · · · , µn ))P −1 = P diag(exp(µ1 ), · · · , exp(µn ))P −1 .
On a µ1 , · · · , µn ∈ 2iπZ, alors exp(µ1 ) = · · · = exp(µn ) = 1, d’où exp(A) = P In P = In .
Partie 3 : L’exponentielle matricielle réalise une surjection de Mn (C) dans GLn (C)
On se propose de montrer qu’il existe un polynôme P ∈ C[X] telle que exp(P (A)) = A.
¬ On a D est diagonalisable dans Mn (C), donc il existe P ∈ GLn (C) et λ1 , · · · , λp ∈ C deux à deux
distincts telles que D = P diag(λ1 , · · · , λ1 , · · · , λp , · · · , λp )P −1 avec λk se répète mk fois (mk désigne la
multiplicité de la valeur propre λk ).
Puisque Sp(D) = Sp(A) et A ∈ GLn (C), alors 0 ∈ / Sp(A) = Sp(D), par suite λ1 , · · · , λp ∈ C∗ .
Pour tout k ∈ [1, p], λk est non nul, comme l’application z → 7 exp(z) est surjective de C dans C∗ ,
alors il existe βk ∈ C, telle que λk = exp(βk ).
p
X
On considère le polynôme Q ∈ C[X] défini par Q(X) = βi Li où les Li sont définies dans la partie 1,
i=1
alors pour tout k ∈ [1, p], on a Q(λk ) = βk , donc exp(Q(λk )) = λk .
® • Comme D et N sont des polynômes en A, alors D−1 est un polynôme en A, par suite S(D−1 N )
est un polynôme en A.
r−1
X (−1)k−1
• Puisque D et N commutent, alors D−1 et N commutent, donc S(D−1 N ) = (D−1 N )k =
k
! k=1 !r
r−1 r−1 r−1
X (−1)k−1 −1 k k
X (−1)k−1 −1 k k−1
r X (−1)k−1 −1 k k−1
N , par suite S(D−1 N ) =
(D ) N = (D ) N (D ) N Nr =
k k k
k=1 k=1 k=1
0
¯ (a) On 1 + x = exp(ln(1 + x)) = S(T (x)) + o(xr−1 ), par unicité du développement limité de S(T (x)) à
l’ordre r − 1, on a 1 + x est la partie régulière du développement limité de S(T (x)), comme S(T (x))
est un polynôme, il existe V ∈ C[X] tel que S(T (x)) = 1 + x + xr V (x).
P+∞ −1 k Pr−1 −1 k
(b) On a exp(S(D−1 N )) = k=0 (S(D k! N )) = k=0 (S(D k! N )) car S(D−1 N ) est nilpotente d’indice ≤ r.
r−1
! r−1
X (−1)k−1 −1 k X (S(D−1 N ))k
Alors exp (D N ) = = T (S(D−1 N )) = In + D−1 N .
k k!
k=1 k=0 !
r−1
X (−1)k−1 −1 k
° D’après la question précédente, on a exp (D N ) = In + D−1 N , et d’après la question
k
k=1
r−1 r−1
X (−1)k−1 X (−1)k−1
®, (D−1 N )k est un polynôme en A, donc ∃R ∈ C[X] tel que (D−1 N )k = R(A)
k k
k=1 k=1
D’après la question , il existe Q ∈ C[X] tel que exp(Q(D)) = D.
On a A = D + N = D(In + D−1 N ) = exp(Q(D)) exp(R(A)) = exp(Q(D) + R(A)), car D est un polynôme
en A. Comme D est un polynôme en A, alors il existe P ∈ C[X], tel que Q(D) + R(A) = P (A), d’où le
résultat.
± Pour la continuité de l’application A 7→ exp(A), on a besoin des outils que vous allez voir au
chapitre: suites et séries de fonctions.
² Comme Mn (C) est un C-espace vectoriel, alors Mn (C) est convexe, donc connexe par arcs.
Puisque exp : Mn (C) → GLn (C) continue et surjective, alors GLn (C) = exp(Mn (C)) est connexe par arcs.