Les Plantes Magiques V5.0

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ABRAXAS

Figure 1: Mandragore d’après le manuscrit Hortus Sanitatis, Mainz : Jacob


Meydenbach, 1491. Collection National Library of Medicine

© 2010-2013 Abraxas
Publication Nr 3, contact: http://abrasax.alloforum.com
Version 5.0 du 05.08.2013
Les plantes magiques

Introduction.

Cette publication que vous tenez entre les mains, ou plutôt à l’air du numérique que
vous lisez sur votre écran, ne se veut ni un recueil de formule bizarre ni une liste
exhaustive des différentes plantes et de leur utilisation. Ce livre a pour but de
présenter et de donner goût à la découverte des plantes d’une manière générale et
tout particulièrement dans leur dimension spirituelle et thérapeutique à travers
l’histoire et les cultures.

Pour faire cette publication je me suis aidé de nombreux livres dont vous trouverez
une bibliographie en annexe, je cite le plus possible les sources, en particulier pour
ce qui concerne la spiritualité, car non seulement cette dernière est par essence
polymorphe, mais aussi car les différents auteurs, au sein d’un même référentiel
spirituel, ne partagenent pas forcèment les mêmes croyances. La plupart des
correspondances ésotériques que l’on retrouve habituellement dans les livres qui
aborde ce sujet déliquat, sont empruntées à Culpeper1, et elles se retrouvent chez
bon nombres d’auteurs dont le plus connu dans les cercles ésotériques occidentaux
reste Cunningham et son encyclopédie des herbes magiques, qui est d’ailleurs la
source principale de la plupart des livres plus moderne en langue française sur le
sujet2. Mais ces correspondances, et nous aurons l’occasion de nous étendre sur ce
sujet, sont loin d’être universelles ou absolues, nous tenterons donc, à travers ces
pages, d’aborder ce sujet d’une manière volontairement neutre d’apriori, car par
définition la spiritualité est du domaine de la réalité subjéctive, à contrario les
informations scientifiques sont plus par essence du domaine de la réalité objective.

Le mélange d’information scientifique et de notion plus spirituelles peut paraitre


paradoxale ou plutôt contradictoire, nous verrons qu’au contraire, les
correspondances spirituelles étaient le plus souvent des tentatives d’explication
causale sur des effets que nous pouvons aujourd’hui parfaitement comparer avec les
informations issus de la phytothérapie moderne.

Le but de cet ouvrage n’est donc absolument pas de vous présenter une vision
spirituel dogmatique, mais bien de présenter les différences qui peuvent exister, les
interrogations que celles-ci entrainent, les doutes et la remise en cause, à la fois sur
ce système des correspondances, mais également sur son utilisation à travers les
âges et les cultures.

Cette publication a volontairement choisi de ne présenter aucune plantes qui


pourraient être assimilées à du poison, malgré l’importance que ces dernières ont pu
avoir tout au long de l’histoire de la spiritualité humaine. Les plantes « sorcières »
comme la mandragore, la Jusquiame, la Belladone qui furent en Europe des plantes
magiques par excellence, ne seront donc pas abordées dans ses pages. Nous
rappelerons juste ici, à toute fins utiles, que ces plantes sont des psychotropes et des
poisons, dont l’utilisation est dangereuse, leur emploi comme plantes magiques et
chamaniques a cependant traversé les âges et ceux qui sont intéressés par le sujet

1
Culpeper a répertorié ces correspondances, pour autant elles ont des sources parfois plus anciennes et on
retrouve certaines de ces correspondances dans les écrits de Paracelse et d’anciens grimoires comme le Picatrix.
2
On peut noter cependant « les plantes sorcières » de P. Manoury, qui est une vraie publication originale sur le
sujet et une lecture à conseiller à tous ceux qui sont intéressé par les plantes magiques. Ce dernier a également
servi de base (en ce qui concerne les correspondances) à d’autres auteurs de la langue française sur le sujet.

1
Les plantes magiques

pourront se reporter aux très bonnes et nombreuses publications déjà existantes sur
le sujet3.

Nous ne présenterons également pas de plantes rares ou protégées dans ces pages
et nous nous limiterons aux plantes communes en Europe. Ce choix murement
réfléchi est né de notre propre frustration, lors de notre découverte des plantes, de
ne trouver qu’une poignée de celles qui étaient mentionnées dans les différents
ouvrages sur le sujet. Et pour cause, certaines sont rares ou interdites à la cueillette,
d’autres exotiques et ne poussent pas en Europe, d’autre encore sont difficilement
identifiable. L’autre raison est évident un amour profond de la nature et la
constatation que malgrès les rappels et les mises en gardes de nombreux
promeneurs insouciants causent parfois de dégats inutiles à une flore qui souffre
déjà bien assez de nos entorses à l’environnement qui nous entoure.

C’est pour ces raisons que nous avons décidé de nous limiter en ces pages à des
plantes qui sont communes, facilement identifiables, non toxiques et ayant un usage
spirituel prouvé et documenté dans l’histoire et les différentes traditions.

Dans un premier temps, nous commencerons par une courte introduction sur
l’histoire de l’utilisation des plantes médicinales et magiques, car nous tenterons de
le montrer, les deux sont intimement lié. Puis nous poursuivrons en abordant
quelques notions de botaniques et tenteront de vous faire partager la fascination que
peut exercer la magie inhérente à la nature même de l’environnement dans lequel
nous vivons. Puis, nous aborderons les principales préparations existantes en
phytothérapie et dans le référentiel alchimique et magique, pour finir nous
présenterons de manière détaillés les différentes plantes que nous avons choisi
d’aborder.

Les fiches de plantes incluent une présentation botanique simple vous permettant de
les identifier facilement. Les considérations spirituelles se veulent les plus complètes
possibles et présentent donc un ensemble de textes de références sur le sujet,
certains traduit pour la première fois en français de sources allemandes ou
anglaises. Nous nous sommes cependant limité dans cette publication au référentiel
pourtant déjà très large de la magie et de l’histoire dans le cadre de l’hermétisme
gréco-égyptien et des traditions magico-religieuses européennes. Les plantes sont
donc présentées dans le cadre de leur représentation historique (principalement aux
travers des textes grecs et romains de l’antiquité), puis au vu de leur utilisation
traditionnelle thérapeutique et magique (en prenant pour source le Picatrix, Agrippa,
Culpeper, Hildegarde de Bingen et Paracelse) et pour finir sous un angle plus
moderne aussi bien magique (Cunningham, Manoury, d’Estissac, Conway) que
thérapeutique4.

Il semble qu’on ait perdu non pas la connaissance, mais plutôt l’usage de ces
plantes, les laboratoires pharmaceutique du monde entier en sont eux conscient et
ont, depuis l’avénement de l’ère de la science, commencé un véritable pillage
écologique de cette manne que la nature nous donne gratuitement.

3
Dont l’excellent « plantes des dieux » de Richard Evans Schultes et Albert Hofman aux Editions du Lézard.
4
Pour cela nous nous sommes principalement aidés de plusieurs ouvrages qui sont décrit dans la bibliographie.

2
Les plantes magiques

Les risques liées à une mauvaise identification des plantes sauvages peuvent
être mortels, n’utilisez pas de plantes sauvages pour la consommation ou
l’automédication.

Les risques d’infections parasitaires sont possibles en consommant des


plantes sauvages crues, de préférence faites cuire les plantes ou les fruits que
vous ramassez dans la nature et que vous voulez consommer.

Les risques d’infections par des agents pathogènes dans des préparations
phytothérapeutiques faite maison sont élevées, respectez les règles d’hygiène
élémentaires si vous voulez fabriquer vous-même des préparations. N’utilisez
pas vos propres préparations phyto-thérapeutique pour des affections grâves,
évitez le contact de ces préparations sur des plaies, avec les yeux ou les
muqueuses.

Evitez d’utiliser des plantes médicinales en automédication, en particulier si


vous suivez un traitement médicamenteux5, les interactions entre les
substances actives des plantes et les médicaments peuvent être dangereuses
pour votre santé. Si vous êtes malades, consultez un médecin, si vous voulez
suivre un traitement phyto-thérapeutique faite appel à un professionnel de la
santé.

N’utilisez jamais de plantes médicinales pour soigner les enfants, les femmes
enceintes ou les personnes immunodépressives.

Les plantes peuvent provoquer des réaction allergiques violentes, que ce soit
par voie interne ou par simple contact. Dans le cas de traitement phyto-
thérapeutique, faite toujours des tests de réaction allergique6. Une attention
particulière doit être apportée lors de l’utilisation d’huiles essentielles qui
peuvent être irritantes, allergènes ou tout simplement toxiques. Evitez toute
consommation d’huiles essentielles par voie interne sans avis médical, ne
mélanger pas des huiles essentielles ensemble sans en connaitre les
interactions, évitez d’utiliser les huiles essentielles pures.

Cette publication n’a pas été faite ni par un professionnel de la santé, ni par un
scientifique7, les informations sur la composition chimique des plantes ainsi
que les propriétés phyto-thérapeutiques sont issus des publications ayant une
caution scientifique et que nous citons en parti en fin d’ouvrage, pour autant

5
Pour rappel, la pilule contraceptive est un traitement médicale, certaines plantes peuvent empecher son bon
fonctionnement (voir typiquement la fiche sur le millepertuis).
6
Par exemple :mettez une petite portion de la préparation (quelques gouttes) dans le pli de l’avant-bras et
attendez au moins 48h, si vous notez l’apparition de signes de réaction allergique, comme par exemple des
irritations, des rougeurs, des sensations de picotement, alors ne prenez surtout pas de risque et arrétez tout.
7
Ni d’ailleurs, et vous vous en rendrez compte à travers ces pages, par un croyant prosélyte d’une quelconque
spiritualité ou religion., ne voulant pas trop influencer le lecteur, nous avons tenté autant que faire ce peu, de
rester neutre sur ces questions spirituelles.

3
Les plantes magiques

aucune garantie scientifique ne peut être donnée quant à la validité de ces


informations tel que présenté dans cette publication.

Cette ouvrage n’est pas une publication de phytothérapie, les indications


médicinales sont avant tout illustrative pour la compréhension de l’histoire de
ces plantes dans les différentes cultures et spiritualités, et pour mieux
appréhender leur dimension spirituelle et magique.

4
Les plantes magiques

......................................................................... 7
I. Histoire ...........................................................................................................................8
II. Utilisation médicinale ..................................................................................................13
III. Utilisation magique .....................................................................................................16
IV La magie du règne végétal ...........................................................................................19
....................................................................... 24
I. L’identification..............................................................................................................25
II. La coupe ......................................................................................................................29
III. Séchage et stockage ....................................................................................................35
............................................. 37
I. Les tisanes. ....................................................................................................................39
II. Les sirops .....................................................................................................................40
III. Les huiles....................................................................................................................42
IV. Les teintures et alcoolatures ........................................................................................43
V. Les hydrolats et les huiles essentielles ..........................................................................45
VI. Les sels de bains .........................................................................................................52
VII. Les Cérats et les Crèmes ............................................................................................55
............................................................... 58
I. Les Charmes..................................................................................................................59
II. Les potions et les philtres. ............................................................................................63
III. Les Bains et les Sels....................................................................................................66
IV. Les huiles ...................................................................................................................68
V. Les Encens et fumigations............................................................................................71
VI. Les élixirs Spagiriques. ...............................................................................................73
......................................................................... 76
I. Les éléments..................................................................................................................80
II. Les planètes .................................................................................................................87
III. Les couleurs................................................................................................................93
IV. Les signe du zodiaque. ................................................................................................96
V. L’utilisation des correspondances............................................................................... 104
...................................................................... 105
I. Le Millepertuis ............................................................................................................ 107
II. La bétoine ou L'Épiaire officinale............................................................................... 119
III. L’armoise ................................................................................................................. 131
IV. L’Achillée millefeuille .............................................................................................. 151
V. La Sauge .................................................................................................................... 169
VI. La Verveine .............................................................................................................. 175
VII. La Camomille.......................................................................................................... 199
VIII. La Violette ............................................................................................................. 207
IX. La Menthe ................................................................................................................ 214
X. Le pissenlit ................................................................................................................ 219
XI. L’Aigremoine ........................................................................................................... 226
XII. Le Thym et Le Serpolet ........................................................................................... 230

5
Les plantes magiques

XIII. La Lavande ............................................................................................................ 236


XIV. La Valériane .......................................................................................................... 239
XV. La Pervenche .......................................................................................................... 242
Glossaire ............................................................................................................... 246
Index des plantes ................................................................................................. 247
Table des illustrations .......................................................................................... 249
Bibliographie ......................................................................................................... 251

Figure 2 - Osteopermum, by Dmtri popov, Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported, Wikimedia
Commons

6
Les plantes magiques

Figure 3 - John William Waterhouse, 1885 Magic Circle

Dans ce monde les plantations nécessitent quatre éléments. On moissone ce qui provient à la
fois de l’eau, de la terre, du vent et de la lumière. De même les plantations de Dieu résultent
de quatre éléments : la foi, l’espérance, l’amour et la gnose.
Evangile de Philippe - 100

7
Les plantes magiques

I. Histoire

Notre terre à plus de 4 milliards d’années et les plantes sont apparues presque en
même temps que la vie sur terre il y a plus de 3 milliards d’années, de leur apparition
jusqu’à nos jours notre écosystème c’est adapté, notre environnement, notre terre,
est un gigantesque système complexe et symbiotique ou chaque élément interagi
avec son environnement. Les plantes jouent dans cet environnement un rôle que
nous sous-estimons et qui a et continue a jouer un rôle extrêmement important dans
le développement de l’humanité8.

Depuis la découverte d’un squelette de néandertalien, accompagné des restes de


huit plantes médicinales dans la grotte de Shanidar9 au Kurdistan et les recherches
effectuées sur les squelettes de Sidron10, on fait remonter l’utilisation par l’homme de
plante médicinale jusqu'à la préhistoire, c’est-à-dire jusqu’au prémisce de l’humanité.

L’Homo Sapiens a quant à lui certainement cherché très tôt des remèdes aux
maladies qui l’accable, car c’est là une caractéristique de l’intelligence animal11.

C’est particulièrement vers 10.000 ans avant J-C, et le début de la sédentarisation


que les Hommes ont véritablement commencé à utiliser de manière plus organisée et
systématique les plantes, aussi bien pour se nourrir que pour se soigner, réalisant
rapidement que certaines plantes avaient des effets sur leurs organismes et sur leurs
psychismes.

La domestication des plantes a occasionné une situation existentielle auparavant


inaccessible ; elle a par conséquent incité des créations et des renversements de valeurs qui
ont modifié radicalement l’univers spirituel de l’homme prénéolithique12
Histoire des croyances et des idées religieuses – Tome I – Mircea Eliade, 1976 –
Bibliothèque historique Payot.

A partir de ce tournant presque toutes les civilisations utiliseront les plantes, et ceux
pour les deux raisons majeures qui font que les praticiens magiques les utilisent
encore aujourd’hui ; c'est-à-dire, pour leurs propriétés magiques et pour leurs

8
Nous reviendrons dans le paragraphe IV sur l’importance du règne végétal pour l’humanité et pour notre
planète dans son ensemble, car nous sommes, est-il seulement utile de le rappeler, étroitement lié à notre planète.
9
Ce squelette nommé Shanidar IV datant de plus de 60.000 Avant JC fut découvert en 1960 par Ralph Solecki, il
y a des doutes sur la signification de la présence de ces plantes médicinales. Shanidar IV : A Neandertal flower
burial in northern Iraq, Ralph.S Solecki, Science, 1975, Vol.190 Pages 880-881.
10
Des recherches sur le tartre des dents des néandertalien de la cave espagnol d’El Sidrón ont montré des traces
de composés chimiques que l’on trouve également dans des plantes comme l’achillée millefeuille et la
camomille, ces plantes étant amers et à faible valeur nutritive, les chercheurs en déduisent qu’elles pourraient
avoir été utilisé à des fins médicinales. Neanderthal medics? Evidence for food, cooking, and medicinal plants
entrapped in dental calculus, Karen Hardy, Stephen Buckley, Matthew J. Collins, Almudena Estalrrich and Don
Brothwell, et al.Naturwissenschaften, 2012, Volume 99, Number 8, Pages 617-626 :
http://www.springerlink.com/content/k38296n440584ngl/?MUD=MP
11
L’ensemble du monde animal utilise les plantes pour se soigner, comment les animaux en sont capable reste
une énigme pour la science moderne : instinct ou véritable intelligence et transmission d’un savoir
intergénérationnelle ? Peut-être sont-ce tout simplement, comme certaines traditions spirituelles le pense, les
esprits de la nature qui guide les animaux vers la bonne plante ou le bon remède ? Les hommes ont en tous les
cas beaucoup appris des observations de la nature.
12
Ce renversement de valeurs dont parle Eliade, va bien au-delà de la simple publication et concerne la place de
la femme dans la société et la mythologie, la notion d’appartenance, de propriété (terrienne), etc. liés au passage
d’une vie nomade à une vie sédentaire et qui ont profondément bouleversé l’organisation sociale et spirituelle.

8
Les plantes magiques

propriétés médicinales, les deux étant, comme nous essaierons de le montrer dans
cette publication, indissociables13.

Les plus anciennes preuves de l’utilisation de plantes médicinales par l’Homme à des
fins thérapeutique, viennent de la découverte d’un corps momifié dans les glaciers
d’Autriche, ötzi, datant de 4.564 avant JC. Cet homme, vraisemblablement important,
portait sur lui un champignon, le Polypore du Bouleau (Piptoporus betulinus)14,
antibactérien, anti-diarrhéique et anti-inflammatoire, les archéologues ayant étudié
cet extraordinaire découverte, pensent que ce champignon été probablement utilisé
par ötzi pour combattre les infections dont il était atteint15.

Les plus anciennes traces écrites nous viennent quant à elles de Mésopotamie, ou
l’on retrouve des listes de plantes associées à divers déités. Mais c’est surtout dans
l’Egypte ancienne et tout particulièrement dans le Papyrus de Lahun (ou papyrus
Kohun), datant de 1.900 avant JC que l’on retrouve les plus anciennes indications
thérapeutiques sur l’utilisation des plantes médicinales. Ce papyrus, divisé en deux
parties, a la particularité de traiter de gynécologie pour la première partie et de
médecine vétérinaire pour la deuxième.

Le texte le plus connu de l’Egypte antique est cependant le Papyrus Ebers qui est
daté à 1.550 avant J-C, qui contient, pas moins de huit-cents préparations
différentes, preuve, s’il en fallait, du haut développement de la civilisation égyptienne.

Début de l’invocation pour la pose d’un soin sur n’importe quel parti du corps de l’Homme :
« Je suis sorti d’Héliopolis avec les grands des grandes maisons, les seigneurs des gardiens,
les maitres de l’éternité. Finalement je suis [aussi] sorti de Sais ensemble avec la mère des
dieux. Ils m’ont donné leur protection. Ce sont chez moi les paroles, que le tout-puissant a
faites, pour combattre les effets, d’un dieu, d’une déesse, d’un mort, d’une morte […]
J’appartiens à Ra, il a dit : je suis celui qui le protège (NDT : le malade) de ses ennemis. Son
régent est Thot, car c’est lui, qui laisse les écrits parler ; lui qui fait les traités ; il donne des
conseils aux savants, aux médecins, qui sont derrière lui, pour libérer [des maladies] celui,
dont le dieu souhaite qu’il (NDT : le médecin) le garde en vie. Je suis un de ceux dont le dieu
veut, qu’il me garde en vie.
Papyrus Ebers 1 (1,1 - 1,11) – Traduit de l’allemand par Abraxas

Le principe des correspondances magiques des plantes nous viennent


principalement des babyloniens qui utilisaient une relation astrale dans la préparation
de leur remède à base de plantes, et d’après les textes qui datent entre 1300 et 1100
avant JC, ces préparations devaient être exposées à la « lumière astrale » des
étoiles, le plus souvent sous le patronage de la déesse GU.LA16, symbolisée par la

13
Il est d’ailleurs triste et troublant de ne voir parfois, dans les livres « ésotériques » sur le sujet, que l’aspect
« magique ». Dans ces publications, nous qualifierions volontiers cet aspect magique de magie « mental » tant
elles se limitent souvent à des hypothèses malheureusement non vérifiable, éloignées de toute tradition, et dont
les soi-disant effets sont fortement subjectifs, liés entre autre a une certaine individualisation et autosuggestion
inhérente à l’ « idée magique » moderne. A contrario les effets « physiques » des plantes sont démontrables, « ce
qui est en haut est comme ce qui est en bas », nous dit la table d’émeraude, cela vaut bien évidemment dans les
deux sens.
14
The Man in the Ice, Konrad Spindler, Crown Publishing Group, 1996, p114ss
15
Il souffrait, entre autre de borréliose et trichinose. (Ibid)
16
GU.LA est la déesse de la guérison et des médecins, fille du dieu du ciel An, c’est également le nom de la
constellation de « la grande figure », bien que cette dernière soit plus tardivement associée au dieu Ea, dieu des
eaux, représenté ayant deux sources jaillissant de ces épaules, ce qui donna notre « verse-eau » moderne (voir :

9
Les plantes magiques

constellation de la Lyre ou de la Vierge à laquelle les herbes et les préparations


étaient exposées17.

Ces conceptions de la nature, où les étoiles et les éléments sont liés aux plantes et
aux animaux, seront ensuite reprise par les penseurs grec et égyptiens tel Bolos de
Mendes (-100 avant J-C) et Zosime de Panopolis (vers 300) qui le premier exprimera
cette théorie des sympathies qui traversera les siècles :

Un est le Tout, par lui se développe le Tout et vers lui retourne le Tout; et si l'Un ne contient
pas le Tout, le Tout n'est rien.
[…]
Le minéral donne et la plante reçoit. Les astres donnent et les fleurs reçoivent. Le ciel donne
et la terre reçoit. Tout s'enlace et tout se déplace. Tout se mélange et tout se recompose. Tout
se mêle et tout se démêle
Zosime de Panopolis. Mémoires authentiques, Les Belles Lettres, 1995

La vision d’un homme lié profondément à la nature se développa ensuite dans le


monde entier aussi bien en inde avec l’Ayurveda, ou en chine avec le Shang Han
Lun ou bien encore en Grèce et dans tout l’occident par le père de la médecine
moderne Hippocrate18 (-460 à -370 avant JC) qui le premier fera la distinction entre
usage interne et usage externe et développera la notion de « dose » qui en
médecine permet de faire la distinction entre le remède et le poison.

Au niveau de l’étude spécifique des plantes, la botanique se développa avec


Théophraste (-372 -288 avant JC, disciple d’Aristote) et son « Historia Plantarum »,
étude qui sera développée et enrichie par Pline l’Ancien (23-56 après JC) dans son
« Histoire naturelle ». Mais le véritable
père de notre connaissance des plantes
est Dioscoride et son « De materia
Medica » (aux environs de l’an 78). La
force de cet ouvrage est son organisation
et le niveau de détail apporté à la
description de chaque plante. On
retrouve ainsi les caractéristiques
botaniques, l’habitat, les propriétés
médicales, les différentes préparations,
les contre-indications et le plus important
le dosage19. Puis ce sera Claude Galien
(129-231) qui étendra encore la
Figure 4: Galien et Hippocrate - Peinture murale du XIIe connaissance médicale et en particulier
siècle – AGNANI – Italie
celle des préparations phyto-
thérapeutiques.

Ces penseurs et érudit grecs, qui resteront longtemps les principales sources
d’enseignement en occident sur la médecine et la pharmacologie, influencerons

Naissance des constellations et du zodiaque en Mésopotamie, Roland Lafitte : http://roland.laffitte.pagesperso-


orange.fr/ZOD.pdf et http://www.uranos.fr/PDF/ETUDES_01_T01_FR.pdf)
17
Astral magic in Babylonia, Erica Reiner
18
Corpus Hippocratum en ligne sur : http://remacle.org/bloodwolf/erudits/Hippocrate/table.htm
19
Voir également : Galien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Galien et le Pseudo Matthiole :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Matthiolus

10
Les plantes magiques

également les penseurs arabe tel Geber (721-815) ou Avicenne (980-1037), qui
développerons plus avant cette philosophie de la nature, et plus important encore de
nouvelles techniques de préparation, tel l’alambic20 ou la distillation par entrainement
à la vapeur, qui sont encore des techniques utilisées aujourd’hui pour la distillation
d’huile essentielle.

Au moyen-âge, cette somme de connaissance, héritée de la pensée gréco-romaine


et développée par les penseurs arabes sera diffusée dans tout l’occident par des
auteurs comme Albert le Grand (1193-1206) ou Roger Bacon (1214-1294) qui
reprirent cette « al-kīmiyā» arabe et la développèrent, en particulier dans son aspect
« spéculatif ». Puis plus tard Paracelse (1493-1541), qu’on cite souvent comme le
père de la Spagirie, reprendra alors l’alchimie opérative et lui donna un nouveau
sens, développant ainsi les prémices des préparations chimiques à base de plantes:

L’alchimie ne consiste donc pas, comme il est coutume de le dire, à faire de l’or, à faire de
l’argent. L’intention est ici, au contraire, de préparer des arcanes et de les utiliser pour lutter
contre les maladies.
Alchimia, Der dritte grund medicinae. (Paragranum, 1530, Ed. Sudhoff, VIII, p181-203)
op. cité dans Paracelse, de l’alchimie, Presses universitaires de Strasbourg traduction
de Lucien BRAUN

L’utilisation de plantes médicinales et de remèdes traditionnelle perdurera ainsi


jusqu’au XVIIIème siècle avec l’utilisation de différent traités et codex de
pharmacopée, en France en 1732 apparait un premier condensé de ce savoir en
langue française, le Codex Medicamentarius qui contient la liste de 936 préparations
galéniques dont 730 à base végétale, 104 minérales et 102 animales, la pharmacie
passe de naturiste à chimiste, avec des préparations de plus en plus complexe et ce
codex révisé en 1748 devient par arrêt du parlement un indispensable dans toutes
les officines.

La chimie se développe véritablement au début du XVIIIème et deviendra avec les


travaux et les idées de Robert Boyle (1627-1691) puis de Lavoisier (1743-1794) une
science exacte, signant le déclin de l’alchimie opérative21. Cette nouvelle science
permis alors la production de médicament synthétique et dès le XIXème les premiers
laboratoires pharmaceutiques commencèrent à breveter le vivant, ainsi les
laboratoires Bayer (fondé en 1863) brevetèrent l’aspirine en 1899, son principe actif
est issus de l’écorce de Saule, remède ancestrale cité aussi bien dans le papyrus
Ebers que par Hippocrate. Les laboratoires Sandoz (fondé en 1886) brevetèrent en
1948 le LSD, molécule synthétique qui se trouve a l’état naturelle dans l’ergot de
seigle et qui au moyen-âge était responsable du « mal des ardents », explication
rationnelle moderne d’une part des légendes sur la sorcellerie et les possessions
démoniaques de cette période trouble de l’histoire. On pourrait continuer cette liste
indéfiniment.

20
L’ « al-anbiq» n’est pas le seul mot arabe qu’on retrouve dans la langue française, il y en a beaucoup, et
beaucoup sont liées à cette transmission de savoir, on pense immédiatement à l’alchimie (al-kīmiyā) mais aussi à
l’élixir (al-iksīr = médicament), qui est également synonyme de la « quintessence » alchimique.
21
Et pourtant ces derniers ne rejetaient pas forcément l’alchimie, même s’ils réfutèrent certaines des théories
alchimistes de l’époque. Il se plaçait néanmoins dans la tradition des alchimistes arabes, Geber disait d’ailleurs :
« l’essentiel en chimie, c’est que de faire un travail pratique et de conduire des expérimentations » (Op Cité
dans : Holmyard, E. J. (1931). Makers of Chemistry. Oxford: Clarendon Press. p. 60.)

11
Les plantes magiques

A partir de ce tournant dans l’histoire humaines, qui nous le voyons n’est rien en
comparaison de l’histoire de notre planète et de la flore qui nous entoure, nous avons
pour ainsi dire pratiquement céssé d’utiliser les préparations galéniques citées
précédemment pour nous orienter vers une exploitation du tout chimique et vers une
culture du profit à tout prix, culture qui n’est simplement pas viable à long terme.

Notre monde moderne semble avoir oublié l’altruisme Hippocratique, et même si nos
médecins prononcent toujours « Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque
me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la
recherche de la gloire. »22 Notre système moderne est loin de l’altruisme de la
médecine grec ou chinoise23 et parfois plus proche des marchants du temple de la
bible. Aujourd’hui l’exercice de la médecine est devenu un parcours du combattant
entre patients insatisfaits, état laxistes ou parfois trop interventionnistes et
laboratoires mondiaux. Ce que nous offre gratuitement la nature nous est maintenant
revendu pour enrichir quelques laboratoires qui luttent pour imposer leur monopole
sur la nature24.

A cette progression de la science et de la médecine moderne, s’opposa


parallélement un déclin toujours plus accentué des religions, des spiritualités et des
médecines naturelles. Aujourd’hui on assiste paradoxalement à un renouveau des
médecines dites « non-conventionnelle » et à une émergence de nouvelles
spiritualités, venant combler le vide laissé par la religion et l’abandon progressif de ce
que Mircea Eliade appelé la solidarité mystique entre l’homme et la végétation25.

22
Serment D’Hippocrate (version moderne française)
23
Ma grand-mère qui est née à Shanghai au début XXème siècle nous racontait souvent qu’à son époque, en
chine, le malade donnait ce qu’il voulait ou plutôt ce qu’il pouvait au médecin qui le soignait, un médecin était
d’ailleurs surtout rémunéré pour que le patient « ne tombe pas malade », si ce dernier était malade c’est que le
médecin n’avait pas fait correctement son travail et donc le patient ne payait rien pour le traitement.
24
La médecine est une vocation, et les médecins « donnent » beaucoup d’eux-mêmes, cependant ces derniers
sont soumis aux pressions des patients, de l’état et des laboratoires pharmaceutiques. Les patients sont souvent
les premiers à mettre une pression sur les médecins, il traite mal leur corps et leur esprit et vont chez le médecin
pour avoir « une ordonnance », comme on va faire ses courses. La médecine ce transforme en un bien de
consommation courante comme un autre, et les pilules deviennent les remèdes miracles à tout nos problèmes.
L’intervention étatique pour la nécessaire mais délicate accesibilité des soins aux malades crée une demande
peut-être parfois surévalués et superflus et les laboratoires eux l’entretiennent savemment par des incitations aux
médecins et également par de bonne communication marketing. La situation est complexe est les premier
coupables de cet état de fait c’est nous-mêmes et notre état d’esprit, vis à vis de notre propre santé et vis-à-vis
des médecins qui ne sont pas uniquement là pour nous prescrire des médicaments.
25
Dans « Histoire des croyances et des idées religieuses, Tome I »

12
Les plantes magiques

II. Utilisation médicinale

Il existe, pas moins de 20.000 espèces de végétaux dans le monde dont l’homme tire
un usage condimentaire, cosmétique ou médicinale26. Cet usage parfois traditionnel
tend de plus en plus à vouloir être rationalisé par la science moderne et en particulier
par les laboratoires pharmaceutiques et cosmétiques qui ont bien compris l’enjeu de
ces ressources naturelles.

Les plantes possèdent divers principes actifs qu’on peut classer


comme suit :
∗ les métabolismes primaires (sucre et fibres), qui sont
indispensable à la vie en particulier les glucides, source
d’énérgie pour le corps humain,
∗ les composés phénoliques (comme les flavonoïdes et les
tanins) qui sont principalement des antioxydants,
∗ les acides gras27, stéroïdes28 et les terpènes et térpénoides
(composant des huiles essentielles),
∗ et finalement les alcaloïdes qui de par leur base azotée
sont proches des protéines fabriquer par le corps humains
(par exemple l’action de la morphine comme antidouleur,
est du à sa similarité avec l’endorphine produite
naturellement par le cerveau humain).
Ce sont ces principes actifs qui ont une action thérapeutique,
et peuvent servir aussi bien en prévention que pour combattre
les maladies.

Mais isoler un principe actif ne suffit pas, sur ce point les


phytothérapeutes et les mages antiques se rejoignent. La
plante est un tout, ou plutôt une partie d’un tout, comme
chacun d’entre nous. Le principe actif d’une plante n’est pas
seul à avoir un effet, et la recherche moderne vient parfois
soutenir cette vision. En effet certains effets secondaires
des principes actifs contenus dans les plantes, sont
parfois annihiler ou compenser par d’autres principes
actifs contenus dans la même plante. De plus, les
nouvelles techniques d’analyses des composées Figure 5 - Asclépios, image issus du Nordisk
familjebok (1876-1899), Wikimedia Commons. Le
organiques contenues dans la flore qui nous entoure, fils d’appolon, neveu d’artémis, qui fut l’éléve du
nous permettent de découvrir une complexité centaure Chiron, était vénéré comme dieu de la
insoupsonnés des végétaux et la présence en quantité médecine.
infinitésimal d’un très grand nombre de substances.

26
Beaucoup des plantes « condimentaire » que nous utilisons dans notre alimentation ont un usage médicinal, le
romarin, l’estragon, le thym sont autant d’exemple de plantes ayant ces deux usages. De même des plantes
« cosmétiques » comme la rose ou la lavande sont également avant tout des plantes médicinales et c’est leur
action sur notre organisme qui est recherché dans les produits cosmétiques.
27
Comme par exemple les acides linoléiques (les fameux oméga 3 et 6) qui est sont des composants
« essentiel », car le régne animal est incapable des synthétiser mais en a besoin et dont les carences chez
l’homme peuvent provoquer des sécheresses de la peau, un déficit immunitaire et des allergies.
28
Le choléstérol, la testostérone, l’oestrogéne sont autant d’hormones stéroides dont la composition est proches
de certains stéroides produit par certains végétaux

13
Les plantes magiques

Les plantes nous soignent, elles nous nourrissent, elles améliorent notre quotidien en
filtrant la pollution, en oxygénant l’air elles favorisent notre concentration et notre
éveil. Il existe un lien très fort qui nous unit aux plantes, un lien plus subtil que le seul
principe actif.

La médecine d’Hippocrate voyait la maladie comme une dysharmonie, comme un


déséquilibre. De la même manière la médecine chinoise voit les plantes chaudes et
les plantes froides, celle qui balance le Ying et le Yang. Pour les grecs, chaque
plantes par analogie avait une correspondance avec les éléments de la pensée
ésotérique occidentale que sont le feu, l’eau, l’air et la terre.

Les utilisations médicinales des plantes étaient dans l’antiquité, vu aussi bien d’un
point de vue de leur action physique et thérapeutique que d’un point de vue plus
immatériel et spirituelle. Ainsi leur action, comme toute actions magiques était triple,
elle est physique (Corpus Mundi), analogique ou symbolique (Spiritus Mundi) et
spirituelle ou astrale (Anima Mundi).

Aujourd’hui il existe très peu de médicaments issus des plantes pour lesquelles nous
n’avons pas de substitue de synthèse. En France le métier d’ « herboriste » a disparu
au début du XXème siècle, et on voit renaitre lentement, suite à l’intérêt du grand
public pour cette forme de médication, quelques praticiens qui proposent des
remèdes phyto-thérapeutiques.

L’utilisation des plantes médicinales offrent l’avantage certains d’être la plupart du


temps accessible gratuitement à tout un chacun, les remèdes thérapeutiques sont
également facile à préparer pour les préparations les plus simples comme l’infusion
et sont donc souvent utiliser en automédication familiale. Mais cette utilisation
présente aussi l’inconvénient de présenter des risques certains que nous avons déjà
partiellement exposé et dont nous reparlerons. Cette utilisation n’est donc
absolument pas anodines et de plus en plus de personnes s’intéressent à nouveau à
ces pratiques ancestrales à ces gestes que nous avons oubliés.

Témoin de ce renouveau de la phytothérapie en France, la liste des plantes


médicinales en vente libre29, d’une trentaine de plantes dans les années 80, la
France autorise, depuis 2008, 148 plantes médicinales en vente libre. En France
toujours, seul les professionnels de la santé qui suivent une formation spécifique
peuvent se réclamer phytothérapeute, certaines écoles privées délivrent cependant
des diplômes. Il est cependant toujours préférable de s’adresser à des
professionnels, idéalement des médecins généralistes ayant suivi une spécialisation.

29
L’article Article D4211-11 du code de la santé publique définie officiellement « Les plantes ou parties de
plantes médicinales inscrites à la pharmacopée qui figurent dans la liste suivante peuvent, sous la forme que la
liste précise, être vendues par des personnes autres que les pharmaciens »

14
Les plantes magiques

On peut également mentionner, que la


conviction, la croyance en l’autorité, la
crédibilité, le « pouvoir soignant » de n’importe
quel type de préparations médicinales
engendre invariablement, par les mystères de
la puissance de l’esprit humain, des effets
placebos. Mais ces derniers ne sont
certainement pas à négliger devant les trésors
d’ingéniosité que l’industrie déploie pour nous
piéger dans les propres défauts de notre
psychisme, et surtout si l’on considére que les
médicaments qui sont mis sur le marché ne
font parfois pas bien mieux que ce fameux effet
placébo. On nous brandis ce dernier sous le
nez, quand on cherche la facilité de la
réfutation des effets magiques, mais on s’en
sert à l’opposé, pour prouver que des remèdes
seraient « meilleurs » pour nous30.

Si nous appliquons à nos propres conclusions


des biais cognitifs dont nous pouvons être plus
ou moins conscient, les industriels de la santé
ont un biais d’évaluation évident, ou pesent
souvent leurs propres intérêts de manière plus
importante que les notres. Les études avec
répartition aléatoire à double insu pratiquées
lors des essais cliniques sont certainement
parfois écartées lors qu’elles indiquent qu’un
groupe témoin guérit tout aussi bien qu’un
groupe traité, et les différents « scandale » sur
des médicaments non-fiables et finalement
dangereux pour la santé, ne sont peut-être que
la pointe émérgé de ces conflits d’intérêts qui
minent nos systèmes de sociétés.

Il est évidemment toujours plus facile d’aborder l’action physique des plantes, voir
leur représentation symbolique ou analogique, que d’appréhender totalement leur
action spirituelle ou psychique. Cette action spirituelle varie, comme nous l’avons
déjà dit, suivant les traditions, les croyances et les différents types de préparations
existantes, de la plus simple, à la plus complexe.

La phytothérapie moderne, se penche principalement sur les actions physiques des


plantes et certaines médecines non-conventionnelle dont, l’Ayurveda, l’Homéopathie
ou encore la Spagirie se penche également sur la relation symbolique et spirituelle
de ces plantes, rejoignant la vision antique et« magique » de l’utilisation des plantes.

30
Quand on pense au effets secondaire de certains médicaments, on se demande pourquoi le principe même de
l’effet placebo n’est pas plus étudié et appliqué comme principe altérnatif de médecine, sa simple existence est
en « soi » une confirmation de l’existence de ce qui pouvait être percu comme des pouvoirs véritablement
« magique » dans l’antiquité.

15
Les plantes magiques

III. Utilisation magique

Les plantes sont magiques, à bien des égards. On leur donne le nom de simples31, et
la magie des plantes et certainement une des plus simple à mettre en œuvre car elle
ne s’encombre ni d’un matériel couteux ni d’un cérémoniel complexe32. Il suffit de
suivre et d’observer le cours des choses pour entrer de pleins pieds dans la magie
des simples.

On utilise les plantes magiques, comme talisman, comme constituant d’encens ou


encore de ce que Franz Bardon appellait des « condensateurs » et pour finir dans la
constitution de potion ou d’élixir dont les plus complexes sont les élixirs
« spagiriques » véritables « voie humide » pour atteindre la pierre philosophale des
alchimistes.

Pour cela les mages font appel à des lois d’analogie et de correspondance, suivant
les principes énoncés, entre autre, par la médecine de Paracelse. Ces lois ne sont
pas des lois naturelles, mais des lois symboliques et subjectives, qui peuvent
dépendre du référentiel de chaque praticien magique. C’est une des raisons qui
explique que certaines correspondances varient fortement d’un auteur à l’autre.

Les correspondances principales sont celles des subdivisions de la nature classique


telles que l’on les retrouve dans une grande partie de l’ésotérisme aussi bien
occidental qu’oriental. Il s’agit donc de subdiviser le réel, ou le grand tout, que l’on ne
peut pas appréhender, en des subdivisions plus petites. On retrouve donc des
plantes rattachés aux principes masculins et féminins, puis on les rattache
également : aux cinq éléments, aux sept planètes et aux douze signes du
zodiaque33.

Leur influence sur l’Homme devient alors une science à part entière, car l’Homme,
d’après l’ésotérisme occidental et oriental est une représentation microcosmique,
c'est-à-dire terrestre, du macrocosme, c'est-à-dire de l’univers et par extension d’une
réalité spirituelle qui interfère avec notre réalité matérielle.

31
Au moyen-âge les plantes médicinales était appelé les « simples médecines » ou plus couramment « simples »
liées au faite que les remèdes à base de ces plantes n’étaient pas des composés complexes, mais la plupart du
temps, la plante seule, utilisée en application interne ou externe, rendant cette pharmacopée très facile d’accès ce
qui entraina un grand engouement pour les jardins « de simples » en particulier dans les monastères.
32
Nous verrons plus loin qu’il peut en être autrement, mais les plantes magiques peuvent être utilisées de
manière très simple, comme talisman ou encens sans que l’on ait besoin d’un matériel couteux, dans la présente
publication nous tacherons également de montrer que « même » les remèdes considérés comme complexes, tel
les crèmes ou encore les huiles essentielles peuvent en effet être obtenues avec des outils que tout le monde a
chez soi et sont en fait relativement simple à préparer.
33
On pourrait également les rattachés à d’autres « ensemble symbolique » ésotérique, tel que les 22 lames du
tarot, les lettres de l’alphabet hébreux, l’arbre de vie kabbalistique avec ses dix sephirot et ses 22 sentiers, les 36
décans du zodiaques, les 72 noms de dieux, les anges et les « entités » des sphères planétaires de la magie
évocatoires, les huit trigrammes et les 64 hexagrammes de l’ésotérisme chinois, et ainsi de suite suivant le
référentiel magique. Les références aux éléments et aux planètes sont cependant les plus courantes, les références
aux signes du zodiaque, comme nous le verrons plus tard sont issus de la tradition astrologique et sont plus
complexe à appréhender.

16
Les plantes magiques

Nous avons déjà mentionné que les


différents auteurs qui traitent du sujet ne
présentent pas toujours les mêmes
correspondances, ces différences ne sont
pas uniquement liées aux différences de
référentiel, mais également au fait qu’une
plante, au sein même d’un référentiel
défini, n’a bien souvent pas qu’une seule
correspondance (par exemple planétaire
ou élémentaires), mais bel et bien
plusieurs. Typiquement dans le cas des
correspondances astrologiques, ce que les
auteurs qui ont écrits sur le sujet nous
présente, c’est dans la plupart des cas la
correspondance planétaire dominante, en
aucun cas une signature complète suivant
la « science » astrologique.

Ce qui s’était développé en une science


complexe pendant plus de deux
millénaires et maintenant relégé au rang
d’une simple croyance ésotérique, d’une
médecine parallèle, d’une pseudoscience,
d’une magie...Nous avons perdu notre lien
avec la nature qui nous entoure, nous
avons désappris à vivre en harmonie avec
notre environnement, et cela se retrouve
aussi bien dans nos habitudes de
consommation34 que dans nos modes de
vie, c'est-à-dire dans notre manière de
nous loger, de nous vêtir et de nous
soigner.

Pratiquer la magie des plantes, revient


donc pour ses praticiens, à
Figure 6 - Circe Invidiosa (lat. Circé Jalouse), par John « réapprendre » à vivre en harmonie avec
William Waterhouse (1849–1917). illustration tiré d'une notre environnement. Le mage est un
scéne des métamorphoses d'Ovides ou Circé verse une
potion magique là ou sa rivale, Scylla se baigne. « médium », il crée un lien, un pont, entre
la réalité spirituelle et la réalité matérielle,
la plante devient le « récipient », le
« contenant » de ce lien entre la réalité
astrale et la réalité matérielle, à travers
l’esprit du mage.
34
Au moment où j’écris ces lignes il n’existe pas encore de preuves formelles, mais certains liens ont pourtant
été démontré entre notre alimentation et les cancers (voir également Policy and action for cancer prevention :
Food, Nutrition and Physical Activity. 2009, par le WCRF/AICR. :
www.aicr.org/assets/docs/pdf/advocacypapers/WCRF_Policy_US_Summary_final.pdf) . Notre alimentation est
de plus en plus chimique, trop riches en sels, en graisse saturé, en sucre et trop pauvre en vitamine, en bref nous
consommons de plus en plus de plat tout prêt et de moins en moins de fruits et de légumes frais. De plus
l’agriculture intensive et nos conditionnement laisse des traces dans notre alimentation, empoisonnement à
l’aluminium, au bisphénol-A, aux hormones, à la dioxyne etc. Nous sommes ce que nous mangeons.

17
Les plantes magiques

Une action magique se crée donc suivant un référentiel donné, qui doit être
« personnel », en ce sens que chaque mage, va finalement créer dans son mental,
un lien qui lui est propre. Utilisez une recette « toute prête », dans quelque contexte
que cela soit, ne fait aucun sens si on ne la comprend pas. La magie est avant tout
une composante de la volonté (je veux) de celui qui opère, de sa compréhension (je
sais), de son ressenti (je sens) et de tout cela découle ce que l’on appelle la
« conscience » magique, cette dernière ne peut être par essence que subjective.

Les mots, les incantations, les rites, sont là, avant tout pour renforcer ces
composantes dans le mental de celui qui opère. Plus le rite est complexe, plus la
volonté est renforcé35, plus les liens analogiques et symbolique sont personnels et
plus la compréhension est grande36, le ressenti quant à lui se développe par
l’expérience au sens propre et figuré37.

La présentation de l’utilisation « magique » est donc la plus perilleuse puisque


terriblement subjective, et dans ce domaine on ne peut simplement pas affirmer
qu’une chose serait plus « vrais » qu’une autre, cela reviendrait à affirmer que le
Dieu chrétien serait plus « vrais » que les dieux indous. C’est cette « croyance »
fondamentale en la liberté de « croire » justement qui nous a incité à présenter la
palette la plus large possible de ces différentes utilisations magiques, sur lesquels
nous reviendrons en détails dans les pages qui suivent.

35
En résumé, plus on investit d’énergie dans une action, et plus, dans notre mental, notre volonté s’en trouve
renforcé pour que cela « réussisse ». Les rituels sont une sorte de conditionnement mental de la volonté, et c’est
en ce sens qu’il faut les appréhender.
36
Il s’agit bien évidemment ici de mettre également son propre « savoir » en action, ce savoir s’apprécie au
regard de ce que l’on comprend de l’action entreprise, des mots prononcés, de ce qu’ils « signifient » dans un
contexte spirituel et surtout comme « liant » entre la sphère matérielle et la sphère spirituelle par l’utilisation de
symbole ou d’archétype. L’utilisation d’incantation « ancienne », voir en latin ou en hébreux, fait appel à une
force « égrégorique », renforcé par une utilisation parfois millénaire, le mage met alors en action une force qui
fut ou est encore alimenté par l’ensemble des praticiens magiques qui utilise le même référentiel. En ce sens la
personnalisation peut être limitative mais elle est indispensable si l’on ne se sent pas à l’aise avec une incantation
ou, au sens plus large, avec un référentiel donné. Dans un cadre magique, la compréhension est fondamental, il
est donc plus efficace d’agir parfois « instinctivement » mais en accord avec sa propre compréhension, que
d’utiliser un référentiel qu’on ne comprend pas. Il faut donc faire « sien » le rite qu’on utilise il faut qu’il
devienne « personnel », c'est-à-dire qu’il soit en accord avec la personnalité de celui qui l’utilise.
37
Il faut du temps pour « expérimenter » par soi-même et parfois faire le tri entre ce qui marche et ce qui ne
marche pas et surtout pour développer sa propre expérience, c'est-à-dire son propre savoir, sur les opérations
magiques.

18
Les plantes magiques

IV La magie du règne végétal

En biologie et en simplifiant largement, on peut dire que jusqu’au XIXème siècle la


nature était divisée en trois règnes38 fondamentaux, le règne minéral, le règne
végétal et le règne animal. Les premiers penseurs grecs qui entamèrent la
classification de la nature avaient une conception plus spirituel et considéraient que
la nature était un tout, dès lors ces frontières entre le minéral, le végétal, l’animal et
même le divin n’étaient pas fixes mais mouvantes, certaines espèces pouvaient
appartenir à plusieurs règnes.

Malgrès sa « fixité » le végétal reste un régne loin de l’inaction que le mot végétal,
qui signifie originellement croissance, laisse sous-entendre.

Depuis Linné les classifications se sont faites de plus en plus précises et le terme de
« règne végétal » ne signifie plus aujourd’hui, ce qu’il pouvait signifier autrefois. On
« comprend » aujourd’hui sous ce terme, les champignons, les algues et les plantes
à proprement parler qui possèdent plus de 284.000 espèces connues dont pas
moins de 234.700 sont des plantes à fleurs ou angiosperme39.

La nature est magique à bien des égards, si l’Homme s’extasie aujourd’hui devant la
complexité et l’apparente harmonie des mystères de notre cosmos, il en oublie
parfois que la réalité terrestre est tout aussi complexe, tout aussi harmonieuse et tout
aussi mystérieuse. Le règne végétal possède des caractéristiques étonnantes, et en
premier lieu parce qu’à travers le cycle des saisons, le règne végétal est l’un des
premiers gardien du temps.

Le cycle de vie et de mort apparente de la nature, qui constitue ce cycle qui semble
immuable des saisons, a fortement marqué la conception spirituelle de l’Homme. Les
mythes liés à la mort et au renouveau de la nature sont une constante, un fil
conducteur dans l’étude comparative des religions et des mythologies40. Ce cycle
nous renvoie au questionnement profond de l’humanité sur la mort et sur la
survivance à cette dernière qui sont des thématiques centrales des spiritualités
humaines, il n’est donc pas étonnant de trouver de nombreuses relations entre la
nature et la spiritualité ainsi que de nombreuses métaphores ou images y renvoyant.

Je serai comme la rosée pour Israël, Il fleurira comme le lis, Et il poussera des racines comme
le Liban.
Ses rameaux s'étendront; Il aura la magnificence de l'olivier, Et les parfums du Liban.
Ils reviendront s'asseoir à son ombre, Ils redonneront la vie au froment, Et ils fleuriront comme
la vigne; Ils auront la renommée du vin du Liban.
Éphraïm, qu'ai-je à faire encore avec les idoles? Je l'exaucerai, je le regarderai, Je serai pour
lui comme un cyprès verdoyant. C'est de moi que tu recevras ton fruit.
Livre d’Osée – 14.5-8

38
On ne peut s’empécher de faire une analogie a la Sephirat Malkuth de l’arbre de vie kabbalistique et cela
renvoie aussi au « à toi le règne, la puissance et la gloire » du notre père, qui comme l’indique Eliphas Levi dans
Dogme et Rituel à également une signification kabbalistique.
39
Les plantes : comprendre la diversité du monde végétal, 2007 Edition Québec Amérique, p8
40
On pense à Tamouz, Adonis, Osiris, Perséphone et bien d’autres encore, James Frazer à réuni et analysé ces
différents mythes dans le deuxièmes volume de son Rameau d’Or : Le Dieu qui meurt ; Adonis ; Atys et Osiris

19
Les plantes magiques

Nous avons cité Zosime précédemment qui disait « le minéral donne, la plante reçoit
», on peut se questionner devant la pertinence de cette parole, pouvait-il mesurer à
son époque la justesse de son propos ? Les plantes sont un des maillons essentiel
de la vie sur cette planète, elles participent à de nombreux cycles qui sont
indispensables pour notre propre survie. La première fonction des plantes c’est la
transformation de l’énergie solaire41, les plantes utilisent cette énergie pour fournir la
quasi-totalité de la matière organique et de l’énergie nécessaire à la vie sur terre.

Elles plongent leur racines dans le sols et y trouvent les minéraux nécessaires à leur
besoin, elle consomment le dioxyde de carbone de l’atmosphère et nous fournissent
en retour l’oxygène dont nous avons besoin pour vivre et finalement elle pompent et
filtrent l’eau qui est l’élément indispensable à toute vie. Avec l’eau et le carbone, par
le cycle de la photosynthèse les plantes fabriquent les sucres, les glucides, qui sont
la base énergétiques du règne animal qui lui n’a pas la capacité d’utiliser l’énergie
solaire pour se nourrir. Les plantes sont donc la base indispensable des réseaux
trophiques et des fragiles ecosystemes que l’homme dérégle de manière de plus en
plus irrémédiable depuis une centaine d’année.

Dans son interraction avec le sol, les plantes consomment les minéraux en se
nourissant au sein de ce qu’on appel le complexe argilo-humique. La terre est
composée d’humus produit par la décomposition des végétaux morts, et tout
particulièrement par la décomposition des feuilles tombées en automne, et elle est
également composé d’argile qui sont principlement des silicates d’aluminium et que
les plantes n’utilisent pas. En théorie ces deux composés ne se mélangent pas bien
entre eux, mais par l’action de la pédaufaune, c’est-à-dire des insectes du sols et tout
particulièrement des lombrics, ces deux substances s’unissent pour donner au sols
ses capacités nourissières pour les plantes et plus important encore de rétention de
l’eau de pluie.

L’utilisation intensive d’insecticide et d’engrais qui détruisent cette faune variée vivant
sous nos pieds, qui modifient l’acidité des sols et qui détruisent ce complexe,
entraine un appauvrissement continue des sols dans un cercle vicieux qui risque de
devenir irréparable42. Cet apprauvrissement des sols entraine un besoin d’apport en
minéraux supplémentaires, mais modifie leur perméabilitié et ces derniers ne sont
plus capable de retenir ou de filtrer correctement l’eau. Les résultats en sont
catastrophiques, pollution des nappes phréatiques, inondation dès que les pluies
deviennent trop abondantes et pertes de fertilité des sols, c’est un cercle
extrèmement vicieux, renforcé par la deforestation qui rend nos sols de plus en plus
infertile pour le plus grand profits des industriel de l’agro-chimie43. Cet état de fait est

41
Les champignons, qui font partie usuellement du règne végétal, se distinguent par leur incapacité à transformer
l’énérgie solaire, ils doivent donc se fournir en carbone par absorption, le plus souvent par la décomposition
d’autre organisme. Il existe principalement deux types de ces échanges, soit ils sont de types parasitaires, soit ils
sont de types symbiotiques, ce qui se retrouve typiquement dans les échanges entre les racines des arbres et
certains champignons, les racines fournissent des sucres aux champignons et ces derniers fournissent de l’eau et
des minéraux aux racines, c’est ce qu’on appel le complexe ectomycorhizien..
42
Voir également le rapport de la FAO State of the World’s Land and Water Resources for Food and
Agriculture, 2011, Food and Agriculture Organization of the United Nations :
http://www.fao.org/docrep/017/i1688e/i1688e.pdf
43
C’est un cercle vicieux puisque l’utilisation de produit chimique appauvri les sols qu’on va tenter de
« ressourcer » avec ces même produit chimique qui deviennent ainsi de plus en plus « indispensable » pour
pouvoir cultiver industriellement.

20
Les plantes magiques

connu et si la communeauté européenne à entamer son projet de directive-cadre sur


la protection des sols44, ils nous restent encore beaucoup à faire :

(1) Le sol est essentiellement une ressource non renouvelable en ce sens que les vitesses de
dégradation peuvent être rapides alors que les processus de formation et de régénération
sont extrêmement lents. C’est un système très dynamique qui remplit de nombreuses
fonctions et joue un rôle crucial pour l'activité humaine et la survie des écosystèmes. Ces
fonctions sont la production de biomasse, le stockage, le filtrage et la transformation des
éléments nutritifs et de l'eau, et l’hébergement du vivier de la biodiversité; le sol joue aussi un
rôle de plateforme pour la plupart des activités humaines; il fournit des matières premières,
tient lieu de réservoir de carbone et sert à la conservation du patrimoine géologique et
architectural.

(2) La dégradation ou l'amélioration des sols a des incidences considérables sur d'autres
domaines d'intérêt communautaire, tels que la protection des eaux superficielles ou
souterraines, la santé humaine, les changements climatiques, la protection de la nature et de
la biodiversité et la sécurité des aliments.

(3) Le sol est une ressource naturelle d’intérêt général qui subit les effets de la pression
croissante qui s’exerce sur l’environnement et qui, en tant que tel, doit être protégé de la
dégradation45.
COM(2006) 232 final, 22.9.2006, Proposition de DIRECTIVE DU PARLEMENT EUROPÉEN
ET DU CONSEIL définissant un cadre pour la protection des sols et modifiant la
directive 2004/35/CE

Les plantes sont pour nous, de véritables petit laboratoire de chimie, elles
contiennent un nombre impressionant de substance active, dont l’Homme a toujours
cherché à tirer profit, aussi bien d’un point de vue médicinale que d’un point de vue
industriel. Il n’est pas rare de retrouver plusieurs centaines de substance chimiques
différentes dans une seule plante, mais cela n’est pas si étonnant quand on sait que
les plantes sont des organisme beaucoup plus complexe qu’il nous parait au premier
abord, ainsi le riz à environs deux fois plus de géne que l’être humain.

Cette complexité du végétal a été ignoré pendant de nombreuses années, ce n’est


que depuis une vingtaine d’année et la découverte surprennante que les arbres
« communiquent » entre eux46, qu’un nouveau champs de recherche fondamental à
vu le jour, celui de l’ « ethologie végétale47 ». Depuis, on a découvert d’étonnante
propriétés chez les végétaux et mis en lumière que ces dernier avaient un certains
nombre de mécanisme leur permettant de communiquer entre eux, mais aussi de
« percevoir » leur environnement, à tel point que les chercheurs en viennent à parler
d’ « intelligence » du monde végétal48, alors qu’on pensait jusqu’à lors que seul le
monde animal en était capable.
44
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2006:0232:FIN:FR:PDF
45
Dans son „exposé des motifs“ cette proposition de directive qui n’a, en 2013, pas encore été adopté, est
beaucoup plus explicite et précise: « Les sols subissent les effets de la pression croissante qui s’exerce sur
l’environnement dans toute la Communauté, et qui est créée ou aggravée par des pratiques agricoles et
forestières inadéquates, par les activités industrielles et le développement touristique ou urbain. Ces activités
réduisent la capacité des sols à continuer de remplir correctement leurs diverses fonctions essentielles ».
46
Baldwin, I. T., Schultz, J. C. (1983). Rapid changes in tree leaf chemistry induced by damage: evidence for
communication between plants. Science, 221, 277-279
47
Dés le début du 20ème siècle des chercheurs comme Auguste Gravis soutenait la capacité étonnante d’évolution
et de modification des plantes facent aux facteurs externe, ce dernier à développer le concept de voie « anatomo-
éthologique » (A.Gravis, 1930, Observations anatomiques et éthologiques sur le Genista radiata. — Bull. Soc. R.
Bot. Belg., 72: 110-118.).
48
Science & Vie N°1146, 2013, Plantes : elles sont intelligentes, mars 2013, p51-67

21
Les plantes magiques

Les végétaux développent des mécanismes étonnant de survie en synergie et en


symbiose avec leur environnement, certains sont connu de longue date, comme par
exemple la symbiose qui existe entre les angiospermes, c’est-à-dire les plantes à
fleurs et les insectes polinisateurs comme l’abeille. De même, les « fruits » des
plantes qui par l’ingestion de ces derniers par les espèces animal, vont disperser les
graines dans la nature, ou encore l’écureuil qui cache ses reserves de gland dans la
terre qui « en oublie » certaine qui donneront de nouveaux arbres au printemps
suivants.

Mais les végétaux ont des mécanismes


encore plus impressionant et beaucoup plus
subtiles. Les chercheurs en éthologie
végétales ont ainsi mis en évidence que
certains végétaux sont capables de
subtilement changer leur propre structure
chimique, par exemple le tabac va, lorsqu’il est
attaqué par la chenille, secréter une substance
qui va stimuler chez la chenille la production
d’une « odeur » qui attire un de ses prédateurs
naturels49. De telles mécanismes existent chez
d’autres plantes, qui sont même capable de
communication entre espèces identiques, elles
peuvent ainsi « prévenir » leur congénéres
lors d’une attaque d’insecte de manière à ce
que ces dernières secréte également une
substance attirant les prédateurs naturelles de
ces attaquants50. On a également relevé des
systèmes symbiotique entre les arbres et les
champignons, ainsi que chez ces derniers des
mécanismes de défenses et d’entraide entre
les arbres plus vieux et ceux plus jeunes. De
telles mécanismes montrent à minima
Figure 7 - Ross and the General Sherman Tree. Neal
Parish from Oakland, CA - Creative Commons - l’existence d’une conscience de groupe et la
Wikimedia Commons. Cet séquoia géant de plus de possibilité que les plantes puissent avoir la
2000 ans fait 83m de haut, 11m de diameter et conscience d’être, possibilité que l’on pensait
environs 1500m3.
jusqu’alors restreinte au monde animal.

Devant tant de merveille, et surtout devant la complexité du monde végétal et la


possibilité de communication, de conscience et d’intelligence de ce monde végétal,
on ne peut que regarder les rites anciens de déférences vis-à-vis du monde végétal
avec un autre regard. Les rites antiques avaient souvent une composante visant à
« remercier » la plante, voir à tenter de lui communiquer son intention, la ceuillette
n’était pas un acte annodin, mais un acte empris de respect envers le monde
végétal. De même les rites de ceuillette, dont certains sont extrémement complexes,
et qui visent à ceuillir la plante « au bon moment », était peut-être également des

49
Allmann, S., Baldwin, I. T., 2010: Insects betray themselves in nature to predators by rapid isomerization of
green leaf volatiles. Science, 329, 1075-1078
50
Baldwin, I. T., Halitschke, R., Paschold, A., von Dahl, C. C., Preston, C. A., 2006: Volatile signaling in plant-
plant interactions: "Talking trees" in the genomics era. Science, 311(5762), 812-815

22
Les plantes magiques

explications « rationelles » pour l’époque, visant à expliquer pourquoi les plantes


n’avaient pas les même propriétés en fonction de leur période, mais aussi des
méthodes, de ceuillette. Car les végétaux « changent » leur propre composition
chimique en fonction de leur environnement, et une armoise ceuilli avant la floraison
aura une composition différente d’une armoise ceuilli après, cette « différence » est
remarquable facilement à l’odeur et au gout, et c’est certainement l’une des raisons
profondes de ces différents rites de ceuillettes que nous aborderons dans les pages
suivantes.

Depuis le début du XXème siècle, nous avons entrepris un véritable travail de


déstruction systèmatique de ce que les grecs de l’antiquité considéraient comme la
« terre mere », nous avons ainsi détruit environs un tiers51 des plus vieux organismes
vivant de cette planète que sont les arbres52. Et malgrè la certitude que les forêts
sont indispensable à notre survie, cette tendance ne va pas en diminuant.

On peut dire qu’avec notre agriculture intensive, qui pollue et détruit la nature à une
vitesse vertigineuse, nous nous sommes rapidement et brutalement éloigné d’une
tradition millénariste, et on comprend mieux encore pourquoi Mircea Eliade écrivait
que nous avons perdu cette solidarité mystique entre l’homme et la végétation.

51
Situation des forêts du monde, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Rome,
2012, p11 : d’après de 11ème rapport de la FAO sur la situation des forêts dans le monde, la surface des forêts sur
terre correspond à 4 milliard d’hectare soit environs 30% des terres du globe et depuis 5000 ans l’homme aurait
détruit pas moins de 1,8 milliard d’hectare et sur le XXème siècle uniquement pas moins de 1 milliard d’hectare
avec une acceleration expontielle depuis les années 50, si nous devions continuer à ce rythme les forêts auraient
totalement disparu en une centaine d’année à peine.
52
Par exemple, les séquoias géant peuvent avoir plusieurs millénaires et l’arbre le plus vieux du monde serait
agé de plus de 7.000 ans.

23
Les plantes magiques

Figure 8 - John William Waterhouse - Spring Spreads One Green Lap of Flowers (1910, oil on canvas)

24
Les plantes magiques

I. L’identification

Le premier problème que l’on rencontrera lors de ces premières ballades dans la
nature sera le problème de l’identification des plantes. Nous ne rentrerons pas dans
ce chapitre dans des considérations trop complexes concernant les différences
morphologiques et botaniques des plantes, il existe pour cela de très bonnes
formations53 et de très bons ouvrages dans le commerce.

N’en déplaise donc aux botanistes nous allons devoir simplifier légèrement les
différentes catégories existantes et les méthodes d’indentification. Sans rentrer dans
un vocabulaire trop complexe.

On peut très facilement confondre plusieurs plantes entre elles, d’une part parce qu’il
existe pour chaque plantes différentes variétés appartenant à la même espèce et
d’autre part parce qu’il existe des plantes possédant des caractéristiques physiques
identiques, voici à titre d’exemple deux plantes :

Sauriez-vous les distinguez dans la nature ? Et bien si vous n’en êtes pas capable
vous risquer quelques soucis, la plante de gauche et la grande Cigüe (Conium
maculatum) un poison mortel, celle de droite est du cerfeuil (Anthriscus cerefolium),
un condiment utilisé couramment, les deux font parties de la même famille les
Apiacées dans laquelle on retrouve également l’angélique, l’aneth et le fenouil.

53
Certaines se trouvent en ligne par exemple : http://floranet.pagesperso-orange.fr/gene/index.htm ; ou encore le
modules de formation en biologie végétale de l’université de Louvain : http://www.afd-
ld.org/~fdp_bio/content.php?page=home&skin=home

25
Les plantes magiques

On ne s’improvise donc pas herboriste ou botaniste, les confusions entre plantes


peuvent avoir des conséquences graves, voire mortelles. Dans cette publication,
nous avons essayé de nous limiter aux plantes qui sont facilement identifiables et
qui, même si on se trompe sur la variété de l’espèce donnée, n’engendre pas de
risque pour la santé, cela étant dit, nous ne pouvons que conseiller l’achat d’un livre
spécialisé sur le sujet54, ou encore mieux de découvrir la flore de votre région avec
un professionnel.

Vous ne trouverez également pas dans les pages qui suivent de plantes rares,
protégées ou exotiques, toutes les plantes présentées dans cette publication sont
communes. Nous ne parlerons donc pas de Gentiane ou d’Arnica, qui sont des
plantes de montagne protégés, même si ces dernières sont largement utilisées en
phytothérapie55.

Lors de vos ballades donc, nous ne pouvons que vous inciter de commencer par
prendre les plantes en photos afin de pouvoir ultérieurement les identifier56. Dans les
fiches de plantes que nous présentons nous nous arrêtons sur trois indicateurs qui
vous permettront de reconnaitre les plantes, la fleur, la feuille et la tige.

La Tige :

Les tiges peut avoir plusieurs forme, carré, triangulaire, cannelées, etc. elles peuvent
également être creuses ou pleines, contenant latex ou pulpe. Toutes ces indications
permettront de reconnaitre différentes espèces entre-elles.

On distingue également les tiges suivant le port qu’elles adoptent on distingue


plusieurs types : les plantes à tige dressée n’ont pas besoin de support et se
dressent d’elles-mêmes, les plantes à tige rampante au contraire restent au sol, les
plantes volubiles s’enroulent autour d’un support, celle grimpantes s’accrochent à
une surface à l’aide d’aiguillon et pour finir les plante montantes, sont celles de
souche vivace dont les tiges aériennes sont plus fines et herbacées.

Pour identifier au mieux une plante il ne faut pas hésiter à la toucher, la sentir, la
forme de la tige et sa structure son ainsi facilement identifiable et il en va de même
pour les feuilles.
54
Voir Bibliographie en fin d’ouvrage
55
Il faut comprendre que ces plantes utilisées dans des médicaments ou des préparations commercialisées sont
issus d’une agriculture dédié et ne sont plus comme avant récolter dans la nature.
56
Accessoirement cela vous permettra d’illustrer également vos notes et vos recherches si vous décidez un jour
de les mettre par écrit.

26
Les plantes magiques

La feuille :

On distingue les feuilles par leurs formes, leur bords et leur nervures, ils existent une
multitude très variées de formes de feuilles en voici quelques exemples :

Les bords des feuilles peuvent également être très variées voici les bords les plus
courants :

Pour finir on distingue les nervures, ils


en existent également un nombre
quasi aussi important que les
différentes formes de feuilles, pour
simplifier nous en distinguerons trois
principales :

27
Les plantes magiques

La fleur :

Voici le schéma complet d’une fleur en coupe.

Encore une fois nous ne rentrerons pas dans de trop complexe considération
botanique. Le plus simple pour reconnaitre une fleur est la forme de la corolle c'est-à-
dire la forme que l’ensemble des pétales donnent à la fleur.

Cette corolle de la fleur est soutenue par un « calice » qui est lui-même formé par
des sépales généralement de couleurs vertes. La fleur possède en outre un système
de reproduction composé d’étamines (partie mâle qui produisent le pollen) et du
pistil (partie femelle)

Concernant la corolle proprement dites on distingue les corolles à un seul pétale


(gamopétale), comme par exemple en forme de cloche (campanulée) qu’on retrouve
par exemple dans le muguet ou encore avec plusieurs lobes ou « lèvres » comme
c’est le cas de la fleur caractéristiques des labiées, et on distingue celle à plusieurs
pétales (dialypétales) comme la rose (et toute les rosacées).

Dans les pages consacrées aux différentes plantes, nous reprendrons point par point
ces repères : la tige, les feuilles et la fleur. Normalement ces trois indicateurs
devraient vous permettre d’identifier très facilement les plantes que nous
mentionnons dans cet ouvrage et qui sont relativement communes. Il reste des
indicateurs essentiels que nous ne pourrons que partiellement transmettre, car nous
n’abordons ici que l’aspect visuel des plantes, pour les reconnaitre il faut aussi les
toucher et les sentir, nous donnerons quelques indications quand cela est possible
mais n’hésitez pas à découvrir « pleinement » c'est-à-dire avec l’ensemble de vos
cinq sens les plantes57.

Une fois que vous aurez identifié avec certitude votre plante, vous pourrez alors
passez à la cueillette proprement dite.

57
Il parait cependant évident qu’il faut d’abord identifier la plante avant de la toucher ou de la froisser, imaginer
le résultat sur des orties !! Certaines plantes sécrètent des substances toxiques ou irritantes et il faut donc faire
attention quand on manipule des plantes sauvages qu’on ne connait pas.

28
Les plantes magiques

II. La coupe

Traditionnellement on récolte les plantes le matin, après que la rosée se soit


évaporée et par une journée sec, car il faut que la plante ne soit pas humide. La
récolte est une opération très importante, et chaque plante possède des périodes de
récolte spécifiques, aussi bien pour un usage magique que pour un usage phyto-
thérapeutique.

Pour l’usage magique on coupe traditionnellement les plantes en fonction de leur


signe astrologique et de leurs affinités planétaires58. On coupe également les plantes
en fonction de la lune, traditionnellement en lune ascendante pour les feuilles et les
fleurs, la tradition magique rejoint en ce sens les techniques traditionnelles de
jardinage59. En effet, d’après ces dernières, c’est en lune ascendante la sève monte
dans les tiges et les branches, et c’est donc à cette période que l’on effectue coupe,
greffe et semis. A contrario, en lune descendante la sève descend dans les racines,
et c’est donc à cette période que l’on effectue, rempotage, plantation et repiquage,
pour l’acte magique c’est donc en lune descendante que l’on récoltera les racines60.

Dans les vieux grimoires on trouve également toutes sortes d’indications : il faut
parfois tracer la veille un cercle autour de la plantes, pour emprisonner son âme ; il
faut également se purifier en s’aspergeant d’eau, en se lavant, en pratiquant
ablution, prière ou jeune. Outre les incantations spécifiques à chaque plantes, il faut
parfois prendre des précautions pour éviter le mauvais œil ou parfois même la mort.

Etant donné que les auteurs parlant de la magie des plantes divergent bien souvent
sur la période de récolte la plus propice et sur la manière, il convient souvent de se
référer au période de coupe préconisé par l’herboristerie moderne, et qui
correspondent le plus souvent à la période ou la plante a le plus de substance active.
Ainsi on récolte tout simplement les plantes en fleurs au moment de leur floraison,
idéalement avant l’épanouissement complet de ces dernières, les racines et les
écorces en automne.

Pour un usage magique, cependant il est d’usage de couper les plantes aux heures
planétaires correspondantes et comme nous l’avons déjà dit en fonction de la lune,
cette dernière est également déterminante dans la préparation des élixirs spagiriques
où les opérations sont influencées par sa position dans les signes du zodiaque.

Il est également d’adage de dire une parole visant à visualiser les effets de la plantes
et l’usage qu’on veut en faire, ainsi on retrouve dans le Grand Albert :

58
Nous développerons ce point dans le chapitre sur les correspondances planétaires.
59
Ces techniques traditionnelles ne reposent pas, contrairement à la croyance populaire, sur des faits
scientifiquement prouvées, mais au contraire sur des réminiscences de croyances magiques qui remontent à
l’antiquité. Elles font parties, comme l’astrologie, de ce groupe de croyance qui ont très vaillament résisté à l’ère
du tout rationel et qui reste encore aujourd’hui très populaire, peut-être également car elles sont « orphelines » de
l’environnement spirituel dans lequel elles ont trouvé naissance.
60
Descendante et ascendante ne se référent pas à la forme de la lune qui est croissante ou décroissante mais à sa
position dans le ciel.

29
Les plantes magiques

[…], mais on doit savoir qu'en l’arrachant, on nommera les vertus de l'herbe, et l'usage que
l'on veut en faire.
Le Grand Albert – Ed Beringos - 1774

Par exemple comme celle proposée par Hildegarde de Bingen pour le hêtre :

Quand les feuilles du hêtre n’apparaissent pas encore complètement, va prêt de cette arbre
saisis une branche de la main gauche, en tenant un petit couteau de la main droite et dis :
« Je coupe ta verdeur parce que tu purifies toutes les humeurs qui entraînent l'homme sur des
chemins d'erreur et d'injustice, par le Verbe vivant qui a fait l'homme sans le regretter ».
Sainte Hildegarde de Bingen - Livre des subtilités

Ou encore cette formule plus générique issus des traditions magiques gréco-
égyptienne :

Nunc vos potentes omnes herbas deprecor, exoro vos maiestatemque vestram, quas parens
tellus generavit et cunctis gentibus dono dedit medicinam sanitatis61.
Op.Cité dans T. Hopfner, Griechisch-ägyptischer Offenbarungszauber (1921).

Cette courte citation est un exemple des rites magiques de l’antiquité, on a gardé
trace de deux « Precatio » adressés aux plantes et à la déesse terre, ces
« Precatio » sont repris dans différents codex dont le plus ancien est le codex
Leidensis du VIème siècle, mais leurs origines semblent plus lointaine et on les fait
remonter jusqu’au IIIème. On distingue la « Precatio Terrae Matris » et « Precatio
omnium herbarum » voici les deux suivant la version de Mc Ernerney :

Incipit precatio omnium herbarum.


Nunc vos potentes omnes herbas deprecor; exoro maiestatemque vestram, vos quas parens
tellus generavit et cunctis gentibus dono dedit. Medicinam sanitatis in vos contulit
maiestatemque ut omni generi humano sitis auxilium utilissimum. Hoc supplex exposco
precorve. Huc adestote cum vestris virtutibus quia qui creavit vos ipse permisit mihi ut
colligam vos, favente hoc etiam cui medicina tradita est. Quantumque vestra virtus potest,
praestate medicinam bonam causa sanitatis. Gratiam, precor, mihi praestetis per tutelam
vestram ut omnibus viribus quidquid ex vobis fecero, cuive homini dedero, habeat effectum
celerrimum et eventus bonos, ut semper mihi liceat, favente maiestate vestra, vos colligere;
ponamque vobis fruges et gratias agam per nomen maiestatis qui vos iussit nasci.
Op cite - McEnerney, John I.: Precatio terrae and Precatio omnium herbarum- dans
Rheinisches Museum für Philologie - 1983, vol. 126, no2, pp. 175-187

Figure 9 - Mosaïque provenant d'une villa romaine de Sentinum v.


200-250 ap. J.-C. Éon (Aiôn), dieu de l'éternité, est représenté dans
une orbe céleste constellée des signes zodiacaux, entre entre un arbre
vert et un arbre dégarni (été et hiver). À ses pieds la terre-mère
Tellus (Gaia romaine) avec quatre enfants, les quatre saisons
personnifiées.

61
Ce qui signifie en substance : Je vous invoque, herbes puissantes et j’adresse mes prières à votre grandeur, car
vous êtes issus de la terre qui vous a donné à tous les hommes comme remèdes. (traduction Abraxas)

30
Les plantes magiques

Precatio Terrae
Dea sancta Tellus, rerum naturae parens,
quae cuncta generas et regeneras sidera,
quae sola praestas te tutelam gentibus,
caeli ac maris diva arbitra rerumque omnium,
per te quiescit natura et somnum capit,
itemque lucem reparas et noctem fugas;
tu Ditis umbras tegis et immensum chaos,
tu ventos imbres tempestates contines
et cum libet dimittis et misces freta
fugasque soles et procellas concitas,
itemque cum vis hilarem promittis diem.
Alimenta vitae tribuis perpetua fide
et eum reeesserit anima in tete refugimus
et quidquid tribuis in te euneta reeeidunt.
Merito voearis magna tu mater deum
pietate quia vieisti divum numina
et illa vere es gentium et divum parens
sine qua nee moritur quicquam nec nasci potest.
Tu magna tuque divum regina es, deal
Te, diva, adoro tuumque ego numen invoco
facilisque praestes hoc mihi quod te rogo
referamque, diva, gratias merita fide.
Exaudi me, quaeso, et fave coeptis meis.
Hoc quod peto a te, diva, mihi praesta volens.
Herbas quascumque generat tua maiestas salutis causa tribuis cunetis gentibus. Hanc mihi
permittas medicinam tuam. Veni ad me cum tuis virtutibus. Quidquid ex his fecero, habeat
eventum bonumj cuique easdem dedero, quique easdem a me acceperint, sanos eosdem
praestes. Nune, diva, postulo ut hoc mihi maiestas praestet quod te supplex rogo.
Op cite - McEnerney, John I.: Precatio terrae and Precatio omnium herbarum- dans
Rheinisches Museum für Philologie - 1983, vol. 126, no2, pp. 175-187

On trouve dans les textes antiques un nombre considérable d’incantation et de rites


relatifs à la cueillette des plantes, de la simple circambulation à des rites plus
complexes qui commencent généralement par un rite de purification de l’opérateur,
puis se poursuive par des incantations et des offrandes qui peuvent durer sur
plusieurs jours:

Le tracement du cercle magique ou le circuit que l’on fait autour de la plante […] signifie une
prise de possession de la plante avec ses vertus et sa personnalité […] D’autre part, il purifie
la plante et la rend plus apte, en dégageant ses qualités de toute souillure naturelle ou
démoniaque, à produire l’effet médicinal ou magique auquel on la destine […]Enfin il la
protège contre les influences étrangères qui pourraient annihiler ses vertus ou, tout au moins,
en frustrer l’herboriste : antipathie, ensorcellement, action vengeresse des divinités
propriétaires ou des démons protecteurs des plantes
Herbarius: recherches sur le cérémonial usité chez les anciens pour la cueillette des
simples et des plantes magiques par Armand Delatte – Faculté de Philosophie et
Lettres – Liège – 1938, p78

A.Delatte dans « Herbarius » relate ainsi comment ces anciens rites furent assimilés
dans les croyances populaires et qu’il était coutume dans certaines régions de
France de faire des offrandes à l’Origan ou à la menthe de miette de pain ou de sels
pour « transférer » maladie ou fièvre du malade vers la plante. Ces coutumes étaient
des réminiscences de rites plus anciens, dans lesquels on cherchait à s’excuser d’un
vol envers la terre-mère, voire d’un crime contre la nature. On retrouve trace de ces
offrandes dans la magie gréco-égyptienne, il fallait ainsi verser sur la plante du sang,

31
Les plantes magiques

de l’huile ou encore des préparations spécifiques pour s’accorder les faveurs de la


plante. On retrouve ces rituels dans le Papyrus de Paris, ainsi que des incantations
spécifiques :

Tu as été semée par Cronos, accueillie par Héra, conservée par Ammon, enfantée par Isis,
nourrie par Zeus pluvieux ; tu as poussée grâce au Soleil et à la rosée. Tu es la rosée de tous
les Dieux, le cœur d'Hermès, la semence des premiers dieux, l'œil du Soleil, la lumière de la
Lune, la dignité d'Osiris, la beauté et la gloire du ciel, l'âme du démon d'Osiris, celle qui festine
en tous lieux, le souffle d'Ammon.
Comme tu as élevé Osiris, élève-toi ; lève-toi comme le Soleil. Ta grandeur égale le zénith ;
tes racines sont aussi profondes que l'abîme ; tes vertus sont dans le cœur d'Hermès ; tes
rameaux sont les os de Mnévis ; tes fleurs, l'œil de Horus ; tes graines la semence de Pan. Je
te purifie par la résine ainsi que les dieux, en vue de ma santé ; soit purifié aussi par ma prière
et donne-nous de la force comme Arès et Athéna. Je suis hermès. Je te prends avec la bonne
fortune, le bon démon et à l'heure favorable, au jour convenable et favorable pour tout
Papyrus de Paris (l.2978 ss.) Op cité dans Herbarius: recherches sur le cérémonial usité
chez les anciens pour la cueillette des simples et des plantes magiques par Armand
Delatte – Faculté de Philosophie et Lettres – Liège – 1938- p100

Une des périodes de coupes les plus commune est, nous l’avons déjà dit, le solstice
d’été, qu’on appelle traditionnellement la fête de la Saint-Jean62. Il existe un grand
nombre de plantes qui se nomment également « herbes de la Saint-Jean », notons
en particulier le millepertuis, l’armoise et l’achillée millefeuille. Le solstice d’été est le
moment ou le soleil est le plus incliné par rapport à l’axe de rotation de la terre, c’est
le jour le plus long de l’année et donc le jour où l’énergie du logos solaire est la plus
forte. C’est pour cette raison que le solstice d’été fut traditionnellement une période
où l’on coupait les plantes.

On connait l’importance qu’a prise cette date, dès le moyen-âge, pour la réalisation de toutes
les opérations occultes que les chrétiens ont héritées de la magie antique. Originellement, à
ce qu’il semble, le jour de la Saint-Jean a été choisi pour une raison astrologique : il coincide,
en effet, avec la date du solstice d’été. Ce qui n’était conseillé au début que pour certaines
plantes, appelées spécialement, de ce fait, herbes de la Saint-Jean : le mille-pertuis,
l’armoise, la verveine, la menthe, la scrofulaire, etc., a fini par devenir une prescription
générale. On ne pourrait dénombrer les plantes auxquelles s’applique cette règle.
Herbarius: recherches sur le cérémonial usité chez les anciens pour la cueillette des
simples et des plantes magiques par Armand Delatte – Faculté de Philosophie et
Lettres – Liège – 1938

Retenons que d’un point de vue purement énergétique et symbolique, l’année se


divise en deux parties ponctuées par le solstice d’été et le solstice d’hiver. Dans la
première la nature va « renaitre » après la mort symbolique du soleil63 (le solstice
d’hivers) et croître et grandir jusqu’à son apothéose au solstice d’été, puis vient une

62
Cette fête est bien entendu beaucoup plus ancienne que la chrétienté, qui l’a juste « christianisé » en fête de la
saint Jean, cependant on fête encore de nos jours ces fêtes en allumant de grand feu, réminiscence de fête
ancestrale.
63
Ce cycle de « mort » et de « renaissance », nous l’avons déjà mentioné dans les pages précédente, est un des
premiers éléments de la spiritualité humaine, car lié très fortement à la culture agricole que l’homme connait
depuis la préhistoire, il n’est donc pas étonnant que nombre de dieux et de divinité « solaire » suivent ce rythme
de mort et de renaissance, on peut citer entre autre Tammuz (Dumuzi) de la culture mésopotamienne, l’Osiris
égyptien (démembré par Seth puis reconstitué par Isis), la Déméter grec, Mithra, Sol Invictus et finalement
Jésus, qui comme l’ensemble ces divinités « solaires » est mort et renait symboliquement le jour de noël, le 25
décembre, c'est-à-dire non loin du solstice d’hivers.

32
Les plantes magiques

deuxième phase de décroissance et de mort qui aboutit à la mort symbolique du


soleil au solstice d’hiver.

De cette symbolique ancestrale on


comprend rapidement pourquoi la
récolte des plantes « magiques », se
faisait traditionnellement dans la
première moitié de cette année
solaire, c'est-à-dire traditionnellement
de l’équinoxe du printemps jusqu’à
l’équinoxe d’automne.

On coupe les plantes avec un objet


coupant, idéalement une serpette (il
en existe de poche qui se replie), ou
avec un couteau tranchant. Pour un
usage magique, on utilise
traditionnellement un outil qui ne
servira qu’à ca et que l’on aura
préalablement consacré. Certains
textes anciens font souvent
référence a des outils en or, ou bien
simplement a l’utilisation d’offrande
tel que des pièces d’or, cela dit une
lame en acier fera très bien l’affaire.

Figure 10 - Edward Robert Hughes - vers 1908,


Midsummer Eve (la nuit de la St-Jean).

Il n’est souvent pas nécessaire de cueillir la plante entière. Si vous n’avez besoin que
des fleurs, prélevez uniquement les plus belles fleurs de chaque plantes en prenant
soin d’en laisser. Si vous avez besoin de la plante entière, alors coupez là à raz mais
ne la déterrez pas (sauf si vous avez besoin des racines). La pluparts des plantes
médicinales sont des vivaces qui repousseront si vous ne les déraciner pas.

Certaines plantes sont protégées et sont interdit à la coupe, en particulier en


montagne, renseignez-vous avant de ramassez des plantes et faites particulièrement
attention en montagne ou beaucoup d’espèces sont protégées, même certaines qui
pourraient vous paraitre relativement commune64. Les plantes mentionnées dans ce
livre, pour autant qu’elles soient correctement identifiées, ne font pas partie des
espèces protégées et sont communes dans l’ensemble de l’Europe.

Lors de la coupe on prendra soin d’éliminer et de trier les plantes malades ou sèches
on fera également attention à retirer tous les insectes et larves qui pourrait se trouver
dans les plantes avant de les mettre au séchage. Normalement il n’est pas
nécessaire de laver les plantes, par précaution il vaut cependant mieux laver toutes

64
Par exemple la violette des collines (Viola collina) est protégé en Franche-Comté et région PACA uniquement
et ressemble beaucoup à la violette commune..

33
Les plantes magiques

plantes qu’on destine à une consommation cru65 avec de l’eau vinaigrée. Les racines
seront lavées (sauf indication contraire66) et brosser avant d’être mis à sécher.

Il faut noter également que le séchage diminuera substantiellement le poids des


plantes que vous aurez séchées. Certaines plantes verrons leur poids diviser par 10
(c’est le cas de Calendula officinalis) la plupart verrons leur poids diviser en moyenne
par quatre. Il faut donc récolter plus que ce dont vous aurez besoin pour vos
préparations.

65
ATTENTION : Un certain nombre d’agent pathogènes, et tout particulièrement les parasites, résistent
également au lavage telle l’Échinococcose, maladie provoqué par un parasite du renard ou du chien et qui peut
s’attraper par la consommation de plantes crues. Le séchage et la cuisson tue cependant la plupart des parasites.
L’échinococcose étant transmise au plante par les défections de renard, chien ou chat on préféra toujours cueillir
des feuilles, fruits ou fleurs destinées à la consommation crue, quand ces dernières se trouvent à plus de 30cm du
sol. Le risque d’infection à l’Echinococcose est plus élevée dans les régions montagneuses, l’infection à
l’Echinococcose est extrêmement grave et ne se soigne pas, le seul traitement possible étant chirurgical pouvant
aller jusqu’à la transplantions du foie. Les autres maladies possible sont la toxoplasmose particulièrement
dangereuse pour les femmes enceintes et les personnes immunodéficience et les distomatoses (comme la douve
du foie), ces dernières sont plus rares et accidentelles, du moins en Europe.
66
Comme par exemple pour la guimauve dont les mucilages risquerait de disparaitre lors du lavage.

34
Les plantes magiques

III. Séchage et stockage

Le séchage est certainement la partie la plus critique et la plus importante de la


récolte de vos plantes. Un mauvais séchage et celle-ci perdront leur principe actif.

Les plantes se sèchent presque systématiquement à l’abri de la lumière, dans un


endroit bien aéré et surtout à l’abri de l’humidité. Un grenier ou un garage feront
parfaitement l’affaire. A défaut une pièce sombre de la maison qu’on prendra soin
d’aérer pendant la journée.

Figure 11 - Séchage de plantes dans une grange, (c) Abraxas

Pour les fleurs on utilise traditionnellement des claies, c'est-à-dire des cadre de bois
sur lesquels on dispose un grillage fin (ou à défaut une moustiquaire en nylon). On
peut aussi suspendre les plantes en bouquets, mais cette technique offre des
inconvénients (disparité du taux d’humidité, tassement qui peuvent provoquer des
oxydations ou des brunissements des plantes).

On peut aussi utiliser un séchoir, ceux-ci se présente habituellement sous la forme


de petite armoire en bois pouvant contenir les claies, et possédant un petit chauffage
avec une aération pour laisser l’air chaud s’échapper. On sèche ainsi habituellement
les plantes entre 30 et 40° et la durée de séchage varie de un à sept jours.

Les plantes doivent ensuite être stockées à l’abri de la lumière et surtout à l’abri de
l’humidité. On peut stocker ces plantes de manière intermédiaire dans des cartons
car ceux-ci ont la propriété d’absorber les restes d’humidité. On peut stocker de
petites quantités de plantes dans des verres de pharmaciens teintés ou bien dans
des bocaux teintés (ou à défaut dans des vieux pots de confiture). L’important est
que les plantes soient stockées à l’abri de l’air et dans la mesure du possible de la
lumière.

35
Les plantes magiques

Les plantes séchées doivent conserver leur couleurs, des plantes grisâtres ou sans
couleurs sont le signes d’un mauvais séchage ou de plantes qui ont été conservées
trop longtemps.

Pour une utilisation thérapeutique on préfèrera toujours se fournir en pharmacie ou


chez un revendeur spécialisé, en effet les plantes présentes dans la nature peuvent,
comme nous l’avons déjà indiqué, être les vecteurs de nombreuses maladies et
sources d’infections, de plus il existe souvent des sous-espèces de la même plante
dont les caractéristiques botaniques pourront être identiques, mais dont la
composition chimique peut varier. Même si ces différentes sous-espèces ne
présentent pas, dans la plupart des cas, de risques pour la santé, certaines ne sont
cependant pas adaptées pour les soins phyto-thérapeutiques.

Idéalement on essayera donc de constituer un jardins de simple, l’avantage de faire


son propre jardin et que l’on peut se procurer des plantes et des cultivars dont on
aura l’assurance de la provenance et l’exactitude de leur correspondances phyto-
thérapeutique, de plus on peut protéger ces plantes de manière à réduire le risque
de contamination par des parasites ou des microbes, et l’on peut donc consacrer une
partie de son jardin de simples, à la culture de plantes aromatiques ou médicinales
que l’on pourra consommer crues.

Pour une utilisation purement magique, on peut cependant sans autre utiliser des
plantes prisent dans la nature, elles n’en sont généralement que meilleur, pour
autant que l’on ne les utilisent pas pour la cuisine ou des préparations qui devront
être ingérées.

Figure 12 - Jardin d'herbe aromatique, dans le jardin Botanique de Faial à Horta (acores), Portugal, Wikimedia
Commons

36
Les plantes magiques

Figure 13 - Joseph Wright, 1771, The Alchemist Discovering Phosphorus or The Alchemist in Search of the
Philosophers Stone

37
Les plantes magiques

Avant d’aborder les préparations magiques, nous commencerons par les


préparations phyto-thérapeutiques de bases. Car c’est principalement de ces
dernières, et de leur méthode de fabrication que découle la fabrication des
préparations magiques.

Les plantes possèdent de nombreux composants chimiques, pour les isoler ou les
utiliser il existe plusieurs possibilités, soit en utilisant les plantes fraiches, soit en
utilisant les plantes séchées. Les composants chimiques des plantes sont soit
solubles dans l’eau, soit solubles dans l’huile on parle donc de composant
hydrosoluble et de composant liposoluble.

Les plantes sèches contiennent habituellement moins de principes actifs, cependant


pour des raisons pratiques, il est souvent plus facile d’utiliser des plantes séchées,
cela permet entre autre d’utiliser de plus grande quantité de plantes pour certaines
préparations et donc d’avoir un rendement plus important. Cela dit, sauf contre-
indication on peut utiliser indifféremment des plantes séchées ou des plantes
fraiches, même si comme nous l’avons déjà mentionné il faut faire attention avec les
plantes fraiches qui peuvent être porteuse de bactérie, par conséquent si on veut
utiliser des plantes fraiches sans les cuire ou les chauffer il faudra impérativement les
nettoyer au préalable67.

Il existe donc plusieurs préparations phyto-thérapeutiques de la simple infusion a la


fabrication plus complexe de crème ou de distillat. Contrairement aux idées reçues
on peut facilement fabriquer ou obtenir la plupart de ces préparations avec des outils
à disposition de tous, le chapitre suivant va aborder la fabrication des préparations
de bases.

67
Mais cette précaution ne sera pas suffisante pour garantir l’élimination de tous les agents pathogènes. Les
règles d’hygiene sont très importantes lors de la fabrication de préparation phyto-thérapeutique car les risques de
contamination sont extrèment important. Il est préférable de ne pas faire maison des préparations qui seront faite
à partir de plantes fraiches et également d’éviter les préparations qui sont destinés à être en contact avec des
plaies ouvertes ou avec les yeux.

38
Les plantes magiques

I. Les tisanes.

Les tisanes se fabriquent par infusion, décoction ou macération des plantes dans
l’eau et ce sont les plus simples et les plus connues des préparations, il s’agit ici
d’extraire les composés hydrosolubles dans l’eau, cependant on ne doit pas
confondre les différents modes de préparations, en effet la décoction se fait à une
température plus élevée que l’infusion et certains principes actifs seront détruits.

Pour l’infusion, on fait chauffer de l’eau (plus rarement de l’huile ou de l’alcool), puis
on la verse sur les plantes séchées dans une tasse ou un récipient spécifique et on
laisse infuser.

Les infusions se trouvent facilement dans le commerce, on trouve entre autre des
infusions de verveine, de camomille, de tilleul, de cynorhodons et bien entendu de
thé sous forme de sachet.

On peut également fabriquer soi-même son thé ou des mélanges de plantes sèches
prêtes à l’emploi, voici la recette du « Thé Suisse », telle qu’elle était inscrite au
codex officinale de 1839 (N°518) sous le nom de « Species Dictae Thea Helvetica »:

Thé Suisse
A part égale on mélange les plantes séches suivantes :
Feuilles et sommités d'Absinthe (Absinthium officinale )
-- de Bétoine (Betonica officinalis)
-- de Bugle (Ajuga reptans}
-- Calament (Métissa calamintha)
-- de Chamédrys (Teucrium Chamœdrys')..
-- d'Hysope (Hyssopus officinales)
-- Lierre terrestre ( Gléchoina hederacea )
-- de Millefeuille (Achillœa Millefolium)
-- d'Origan (Origanum vulgare )
-- de Pervenche (Vinca major)
-- de Romarin ( Rosmarinus officinalis )
-- de Sanicle (Sanicula Europœa)
-- Sauge (Salvia officinalis )
-- Scolopendre (Scolopendrium officinarum)
-- de Scordium (Teucrium Scordium )
-- de Thym (Thymus vulgaris).
-- de Véronique (Veronica officinalis )
Fleurs d'Arnica (Arnica montana )
-- de Pied-de-Chat (Gnaphalium dioicum )
-- de Scabieuse (Scabiosa arvensis)
-- de Tussilage (Tussilago farfara)

39
Les plantes magiques

Une autre recette célèbre qui a gagné ces lettres de noblesse de par son utilisation
massive par les pharmaciens avant que l’herboristerie ne disparaisse en France est
la tisane des quatre fleurs, diurétique, tonique, amaigrissante, luttant contre les
douleurs articulaires et la constipation. Cette tisane pectorale, originellement
uniquement composée de pied de chats, de coquelicot, de mauve et de tussilage
contient dans sa version finale sept fleurs, elle aide efficacement contre la toux, les
maux de gorge et les refroidissements :

Tisane des quatre Fleurs


A part égale on mélange les fleurs des plantes séchées suivantes :
-- Mauve (Malva Sylvestris)
-- Pied de chat (Antennaria dioica)
-- Violette (Viola Odorata)
-- Tussilage (Tussilago farfara)
-- Coquelicot (Papaver rhoeas)
-- Bouillon Blanc (Verbascum thapsus)
-- Guimauve (Althea officinalis)
On laisse infuser environs 50g de mélange pour un litre et l’on boit chaud avec du
miel.

Pour la décoction on met les plantes avec de l’eau dans une casserole avec un
couvercle (pour ne pas que les substances volatils s’échappent) et on porte
lentement à ébullition, on filtre avec une passoire ou à travers un tissus
généralement pour une utilisation immédiate. Le temps de préparation est variable
de 2 à 15min mais en moyenne 10min suffise amplement pour préparer une
décoction.

La décoction est principalement utilisée pour toutes les parties dures : racines,
graines et bois. Mais on peut très bien utiliser des plantes fraiches ou séchées voir
une tisane préalablement filtrée en particulier si l’on souhaite fabriquer du sirop.

Figure 14 - Une infusion de thé vert, photo par KaiMartin, Creative


Commons Attribution-Share Alike 3.0.

40
Les plantes magiques

II. Les sirops

Pour préparer un sirop on utilise comme base une tisane ou un mélange de tisane
que l’on filtre. On met ensuite la tisane filtrée à feu doux en rajoutant du sucre
généralement en proportion 1.8 pour 1.

Sirop de Violettes :
Pour 1000g de pétales de violettes frais.
Trempée dans 6L d’eau froide, agitez pendant quelques minutes puis récupérez les
pétales sur un linge propre, pressez légèrement pour évacuer l’eau de lavage.
Mettre les pétales dans un bol, versez dessus 2L d’eau bouillante et laisser infuser
pendant 12heures, filtrer le mélange.
Mettre l’infusion au bain marie et rajouter 4Kg de sucre.

Les sirops à base fruits sont plus difficile à préparer, vous pouvez utiliser un
extracteur de jus pour obtenir le jus de fruit, puis recuire avec du sucre, mais le sirop
risque d’avoir alors une consistance de gelée à cause des pectines présentes dans
le fruit.

En fait c’est la technique habituelle pour la fabrication de confiture68, soit on utilise un


extracteur de jus, soit on fait simplement cuir les fruits dans une marmite avec un
poids équivalent de sucre, on laisse alors le mélange à bouillir jusqu’à
épaississement et on verse dans des pots en verre préalablement stérilisés.

Figure 15 - Sirop d'érable - Wikimedia


Commons (Public Domain)

68
Dont Nostradamus semblait friand, car il a écrit des livres entiers consacrés à la fabrication de confiture.

41
Les plantes magiques

III. Les huiles

Les huiles sont des corps gras liquides qui ne sont pas solubles dans l’eau. Les
plantes possédant des composant liposolubles, c'est-à-dire soluble dans l’huile, on
peut préparer des préparations phyto-thérapeutiques avec une huile de base. Pour
ces préparations, qui peuvent servir de base pour d’autre préparations ou tel quel en
massage ou en usage interne on fait macérer les plantes dans l’huile. On distingue la
macération à chaud et la macération à froid.

Pour la macération à froid on place les plantes fraiches dans un contenant remplie
au 2/3 et on remplit d’huile, la macération dure entre 2 et 4 semaine. On filtre et on
garde l’huile dans un récipient à l’abri de la lumière et de la chaleur. Cette technique
est particulièrement utilisé pour les huiles aromatisés que l’on peut utiliser dans notre
alimentation de tout les jours, il existe de nombreuse variante de ces huiles mais la
plus connu est certainement l’huile piquante de nos pizza :

Huile Piquante :
Dans une bouteille d’huile d’olive on insère :
- 5 à 10 petites branches de romarin et/ou de thym
- 5 à 10 petits piments rouges que l’on aura préalablement percé au couteau
- Une cuillère à café de grains de poivres
- Un petit morceau d’ail
On laisse l’huile dans la cuisine prêt d’une fenêtre pendant 2 à 4 semaine.

Pour la macération à chaud on place 100g de plantes sèches avec 1L d’huile dans
un bain marie couvert et on laisse pendant 2 heures à feux doux en remuant de
temps en temps. On peut utiliser cette méthode pour les fleurs sèches de camomille,
de millepertuis, pour les pétales de roses et pour les sommités fleuries d’absinthe et
de rue.

Les macérations d’huile se font dans une huile pure comme l’huile d’amande ou plus
fréquemment l’huile d’olive, car cette dernière se conserve plus longtemps.

On peut mélanger également des huiles essentielles à une base d’huile, ces
préparations sont principalement utilisé pour faire des huiles de massages dans ce
cas on utilise des huiles de macadamia, de pépin de raisin, d’amande douce, de
Jojoba, de noix de coco ou encore de noisette. Le rajout d’huile essentielle
antibactérienne, tel que l’arbre à thé ou encore d’huile de germe de blé, riche en
vitamine E, permet une meilleure conservation de l’huile et de tout produit
cosmétique en général69.

69
On trouve également en référence l’huile de pépin de pamplemousse, mais son effet antibactérien n’est pas
prouvé et la qualité des préparations dans le commerce est largement remise en question par les analyses
effectués par des laboratoires indépendants, dans le doute il convient de se limiter a ce qui a fait ses preuves,
c'est-à-dire l’huile essentielle d’arbre à thé, qui peut être allergène (il convient donc de faire des tests avant) et ne
doit pas être ingérer en grande quantité. L’huile de germe de blé et l’huile qui contient le plus de vitamine E,
environs 200 à 300mg pour 100g d’huile.

42
Les plantes magiques

IV. Les teintures et alcoolatures

La macération alcoolique est appelée teinture pour les plantes sèches et alcoolature
pour les plantes fraiches, elle permet l’extraction de certains principes volatiles des
plantes qu’on ne peut pas extraire autrement.

Pour la fabrication de teinture il faut préférer un alcool fort titrant à 60° ou plus, vous
pouvez éventuellement en acheter en pharmacie, mais préciser bien à votre
pharmacien ce que vous comptez en faire car on ne doit pas utiliser d’alcool
dénaturé ou d’alcool de ménage qui contiennent habituellement une part variable de
méthanol qui est toxique, on prendra exclusivement de l’alcool éthylique.

On trouve dans certains pays d’Europe des alcools à plus de 60°, en particulier
l’absinthe et la Stroh qui peuvent titrer à 80° voi r plus, cependant ces alcools sont
souvent déjà des macérations de plantes et on préféra donc utiliser un alcool le plus
neutre possible, l’idéal étant l’alcool à 90° vendu en pharmacie, ou en supermarché
dans certains pays70, le prix de ce dernier et les quantités à disposition étant
rédhibitoire en France, vous pouvez également vous procurer du rhum blanc
ou de la vodka et utiliser les techniques de distillation décrite plus loin pour
obtenir un alcool plus fort, sachez cependant que cela est interdit dans la
plupart des pays européens et comporte des risques.

Si vous utilisez de l’alcool à 90°, utilisez la tab le suivante pour obtenir le


titrage d’alcool voulu (pour 100ml d’alcool à 90°):
Pour de l’alcool à 85% rajoutez : 6ml d’eau
Pour de l’alcool à 80% rajoutez : 12ml d’eau
Pour de l’alcool à 75% rajoutez : 20ml d’eau
Pour de l’alcool à 70% rajoutez : 30ml d’eau
Pour de l’alcool à 65% rajoutez : 40ml d’eau
Pour de l’alcool à 60% rajoutez : 50ml d’eau
Idéalement, utilisez de l’eau distillée pour vos préparations.
Figure 16 - Flacon compte-
goutte teinté , idéal pour
Voici quelques recettes de teinture conserver les teintures

Teinture de Benjoin
100g de Benjoin grossièrement pillé au mortier
500ml d’alcool à 80°
On laisse macérer pendant dix jours puis on filtre, on prépare de la même manière la
teinture de myrrhe

70
Il faut cependant bien faire attention à acheter de l’alcool consommable, c’est-à-dire de l’éthanol, l’alcool « de
ménage » vendu dans certains pays est dit « dénaturé », c’est-à-dire qu’il contient des proportions variable de
méthanol ou d’autre substance qui le rende impropre à la consommation.

43
Les plantes magiques

Teinture d'absinthe
260g de feuilles et sommités sèches de petite absinthe, on la récolte dès la floraison
par un temps sec et ensoleillé.
Faire macérer pendant quinze jours dans 1L d’alcool à 85°. Agiter régulièrement (tous
les jours) et filtrer.

Teinture d'angélique
200 g de racines d'angéliques concassées, qu’on récolte en automne de la première
année de pousse
Faire macérer à la température de 25° environ dans 0.5L d’alcool à 85°, laisser
reposer le mélange pendant 5 jours jusqu’à ce que la totalité des racines se dépose
au fond puis filtrer le mélange.

Teinture de mélisse
Laisser macérer 250g de feuille de mélisse sèche dans 1L d’alcool à 85° pendant
15jours puis filtrer le mélange.

Pour les alcoolatures on utilise principalement des plantes fraiches et de l’alcool à


80° en proportion 1 pour 1 (c'est-à-dire pour 100g de plantes fraiches l’équivalent en
alcool) on laisse macérer pendant 10 jours puis on filtre et on exprime.

44
Les plantes magiques

V. Les hydrolats et les huiles essentielles

Les Huile essentielle (HE) sont plus ou moins solubles dans l'alcool de 70 à 80% et
plus facilement encore dans de l’alcool de 90 à 96 %. Elles sont aussi solubles dans
les huiles et les graisses mais pratiquement insolubles dans l'eau (hormis quelques
composants qui se dissolvent en plus ou moins petites quantités selon les HE), pour
les obtenir « pur » on utilise un processus de distillation.

La distillation par entraînement à la vapeur d'eau des fleurs, feuilles ou branchages


des plantes permet, lorsque la vapeur d'eau traverse les plantes, puis est
condensée, d’obtenir une huile essentielle et un hydrolat (dans le cas de distillation
de fleur on parle alors d’eau florale). Les huiles essentielles sont plus légères que
l'eau (la densité de l'eau étant de 1, les densités des HE sont en moyenne entre
0,750 et 0,990) cependant, certaines HE sont plus lourdes que l'eau. Dans la
majorité des cas l’huile essentielle surnagera donc en surface de l’hydrolat à la fin du
processus de distillation, pour certaines huiles dont la densité est proche de l’eau on
peut également augmenter la densité de l’hydrolat en saturant le mélange obtenu de
sel.

La composition chimique d’un hydrolat n’est pas comparable avec une simple
infusion, en effet l’hydrolat renfermera, en plus des composant hydrosoluble, une
certaine quantité de composant volatil identique a ceux des huiles essentielles.

Selon les plantes on utilisera différentes parties pour l’extraction des huiles
essentielles. Les rendements sont variables selon les plantes, la plante ayant le
moins grand rendement est la rose (l’HE étant contenu dans les pétales) il faut
quatre tonnes de pétales de rose pour obtenir 1 kilo d’HE ce qui correspond à un
rendement de 1 pour mille.

Quantitativement, les teneurs en HE des plantes sont plutôt faible, assez souvent
inférieures à 1%. Le moment de la récolte influencera beaucoup sur la teneur en HE
des plantes récoltés. Les plantes sont généralement distillées à l'état frais. Le
tableau suivant récapitule les rendements (en %) ainsi que les parties utilisées et le
temps de distillation nécessaire.

Durée de
Nom commun Nom scientifique Partie Utilisée Rendement Densité distillation
Angelica
Angélique Archangelica Racine/Graine 0.4% à 2% 0,853 à 0,918
Anis vert Pimpinella Anisum Fruit 1.5% à 6% 0,975 à 0,990
Aneth Anethum graveolens Fruit 3% à 5% 0,900 à 0,915
24h (avec arrêt
intermédiaire à
Céleri Apium Graveolens Graine 1.5% à 3% mi-temps)
Camomille
allemande
(Matricaire) Matricaria recutita Capitule 0.3% à 0.8%
Chamaemelum
Camomille romaine nobile Capitule frais 0.4% à 1.5% 0,905 à 1,063
Carotte Daucus carota Graine 0.2% à 0.3% 0,870 à 0,887 3h à 4h

45
Les plantes magiques

Carvi Carum carvi Graine 3% à 6% 0,907 à 0,920


Coriandre Coriandrum sativum Graine 3% à 4% 0,870 à 0,885
2h (avec arrêt
Cupressus Rameaux jeunes avec intermédiaire à
Cyprès sempervirens peu de bois 0.4% à 1% mi-temps)
4h (avec arrêt
Cupressus Cônes seuls encore verts intermédiaire à
Cyprès sempervirens et frais 0.2% à 1% mi-temps)
Citronnelle Cymbopogon Nardus Feuille 0.6% à 1% 0,882 à 0,960
Artemisia 0.25% à
Estragon Dracunculus Feuille 0.5% 0,900 à 0,945 2h
Fenouil doux Foeniculum vulgare Fruit 2% à 6% 0,964 à 0,980
2h (avec arrêt
intermédiaire à
Genièvre commun Juniperus communis Bois (concassé) 0.50% mi-temps)

Genièvre commun Juniperus communis Baie (Mûre et écrasée ) 0.6% à 2%


Plante entière (avant 0.1% à
Géranium rosat div. pélargoniums floraison) 0.33%
Syzygium Clou (bouton floral
Girofle aromaticum désséché) 14% à 20% 1,050 à 1,070
0.15% à
Hysope officinal Hyssopus officinalis Sommité fleurie 0.9% 0,926 à 0,945 2h à 3h
Laurier noble Laurus nobilis Feuille 1% à 3% 0,915 à 0,932 3h
0.5% à
Lavande officinale Lavande vraie Epi en fleur 0.85% 0,882 à 0,897 1h à 1h30
lavandula spica ou
Lavande aspic latifolia Epi en fleur 0.6% à 1% 0,882 à 0,897 1h à 1h30
Lavandin super Epi en fleur 1.5% à 2% 0,882 à 0,897 1h
Lavandin grosso Epi en fleur 1.8% à 2.3% 0,882 à 0,897 1h
Lavandin abrial Epi en fleur 2% à 3% 0,882 à 0,897 1h
Marjolaine Origanum majorana Herbe entière 0.2% à 0.5% 0,870 à 0,910 2h
Mélisse officinale Feuille (Avant floraison) 0.02% 2h
Menthe poivrée Feuille/Sommité fleurie 0.2% à 2% 2h
Hypericum 0.025% à
Millepertuis Perforatum 0.05% 4h
0.18% à
Myrte Feuille 0.35% 0,890 à 0,915 2h
Plante entière (pendant
Origan vulgaire Origanum vulgare la floraison) 0.1% à 0.2% 0,870 à 0,910 2h
Aiguille, Rameau et
Pin sylvestre Pinus sylvestris Cône 0.1% à 0.8% 2h à 3h
Rosmarinus Rameau et Sommité
Romarin officinal officinalis fleurie 1.5% à 2% 2h
Rose pâle Rosa Centifolia Pétale 0.02%
Sarriette des Plante entière (pendant 0.18% à
montagnes Satureja montana la floraison) 0.8% 0,900 à 0,925 1h30 à 2h
Sauge officinale Salvia officinalis Feuille/Sommité fleurie 1% à 2.5% 0,892 à 0,909 2h
Sauge sclarée Salvia sclarea Feuille/Sommité fleurie 0.10% 0,892 à 0,909 1h à 2h
Plante entière (pendant
Thym Thymus vulgaris la floraison) 0.15%à 2.5% 0,900 à 0,935 1h30 à 2h
Valériane officinale Valeriana officinalis Racine sèche 0.5% à 0.9% 0,920 à 0,965
Verveine odorante ou
citronnelle Aloysia citrodora Feuille 0.1% à 0.7% 2h

46
Les plantes magiques

La distillation est un processus relativement ancien, dont les premières méthodes par
cornu furent popularisées par Gerber, mais c’est à Avicenne qu’on attribue le principe
de distillation par entrainement à la vapeur d’eau, utilisé pour la distillation des huiles
essentielles.

Le principe de la distillation est relativement simple, à une pression normal, la


température d’évaporation de l’eau est aux alentours de 100°C alors que celle des
huiles essentielles est aux alentours de 150 à 200°C , l’huile essentielle va être
entrainée par la vapeur d’eau, puis la vapeur en se condensant va donner un distillat
à la surface duquel les huiles essentielles, qui ne sont pas soluble dans l’eau, vont
se rassembler.

On utilise pour la distillation des alambics, ceux-


ci sont composés d’un récipient contenant l’eau
et la plante, d’une colonne de refroidissement
(généralement composé d’un serpentin plongé
dans un liquide refroidissant) et d’un récipient
pour recueillir le distillat.

Il faut savoir qu’en France on ne peut pas


vraiment acquérir d’alambic, sans avoir une
autorisation écrite du service des douanes et
cette autorisation n’est pas accessible pour les
particuliers. Les alambics qu’on trouve dans le
commerce sont donc, pour les particuliers, des
objets de décoration, qui peuvent
éventuellement servir à la distillation des huiles
essentielles, mais pour cela il faudrait un nombre
de « passe » tout simplement aberrant au vu des
rendements des plantes.

On peut cependant fabriquer à faible cout un appareil de distillation, pour cela


on aura besoin d’un récipient adapté à la cuisson pouvant supporter la
pression de la vapeur d’eau, il existe dans le commerce
principalement deux appareils qui sont
particulièrement adapté, la cocotte-minute
authentique (à ne pas confondre avec les
autocuiseurs) et les extracteurs de jus, ces
derniers sont particulièrement adaptés pour la
distillation des plantes, en effet leur contenance est
souvent plus importante que les cocotte-minute
(15L pour les modèles standard d’extracteur contre 6L pour
une cocotte-minute classique), de plus ils ont l’avantage
d’avoir des systèmes de confinement qui permettent de
mettre les plantes dans un panier, de tel sortes que celles-ci
ne soient pas en contact avec l’eau et possède également un
tube en sortie que l’on peut utiliser facilement pour le
connecter à un système de refroidissement (voir figure ci-

47
Les plantes magiques

contre). Par contre il ont le désavantage de ne pas pouvoir être mis sous pressions,
par conséquent les rendements seront éventuellement moins bon qu’avec une
cocotte minute.

Pour le système de refroidissement, procurez-vous 3m de tube en plastique du


même diamètre que celui de votre extracteur (pour le modèle en photos 10mm),
choisissez pour cela soit des tubes de gazinière, soit des tubes pour aquarium, les
deux sont résistant à la chaleur et sont assez souples pour l’utilisation que nous
voulons en faire. Enroulez le tube autour d’une bouteille en plastique en laissant
dépassez environs 10 cm de chaque côté de la bouteille, fixez le tube en serpentin
autour de la bouteille à l’aide de scotch, remplissez la bouteille d’eau (attention pas
au maximum laissez environs 4 à 5cm vide et mettez-la au freezer. Une fois l’eau
gelée vous obtiendrez normalement un tube de refroidissement ressemblant à la
figure ci-dessous. Vous pouvez sans autre utilisez ce tube pour une distillation
jusqu’à deux heures (au-delà la bouteille n’est plus refroidi), vous pouvez également
plonger la bouteille dans une bassine remplie d’eau froide que vous renouvellerez
régulièrement afin de garder l’ensemble à une température basse.

48
Les plantes magiques

Il ne vous reste plus qu’a récolter les plantes que vous voulez distiller, normalement
vous pouvez utiliser des plantes sèches, pour autant que celle-ci aient été séchées
dans de bonne conditions. Si vous faites cette expérience pour la première fois,
préférez l’utilisation de plantes fraiches. Pour la plupart des plantes qui fleurissent on
utilise principalement la fleur, parfois la plante entière (par exemple pour la lavande),
dans le doute préférez prendre la plante entière, quitte à faire plusieurs passages.
Tassez bien les plantes dans le bac à plantes.

Figure 17 - Pannier de thym serpollet, (C) Abraxas

La contenance du bac à plante de l’extracteur ne sera pas plus de 1 à 3Kg de


plantes fraiches (suivant les plantes), vous pouvez mettre entre 3L (environs 1h30 de
distillation avec une plaque chauffante au max) et 5L (environs 2h30 de distillation)
d’eau. Si c’est la première fois que vous faites l’expérience préférez un volume limité
d’eau et un temps de distillation court (3L pour 1h30 de distillation). Ne distillez pas

49
Les plantes magiques

plus longtemps que nécessaire, mieux vaut faire plusieurs passage avec de
nouvelles plantes fraiches à chaque fois, vous aurait un meilleur résultat.

Pour recueillir le distillat, vous pouvez utiliser une bouteille en verre (jamais en
plastique), si vous faire plusieurs passes utilisez plusieurs bouteilles, il convient de
bien laver les bouteilles avant de les utiliser, et idéalement de les désinfecter en les
laissant dans l’eau bouillantes pendant quelques minutes avant de les utiliser.

Pour récupérer l’huile transvasez les différents distillats que vous aurez obtenues
dans une seule bouteille de manières à ce que le distillat monte jusqu’au goulot (la
surface étant plus petite vous récupérerez plus facilement l’HE) laissez reposez une
journée à l’ombre, puis utilisez une seringue ou une pipette pour récupérer l’huile et
mettez-la dans un contenant approprié (idéalement une petite bouteille en verre
teinté).

Avec une installation de ce type vous n’aurez jamais un rendement professionnel,


cela devrait néanmoins vous permettre d’obtenir quelques gouttes d’huile
essentielles, dans tous les cas vous obtiendrez un hydrolat que vous pourrez
réutiliser, les proportions obtenues seront d’environ 1 pour 4 c'est-à-dire que si vous
mettez 3L d’eau vous obtiendrez environs 75cl d’hydrolat. Pour obtenir un minimum
d’huiles essentielles il faudra que vous utilisiez au minimum entre 4 et15Kg de
plantes fraiches et que vous fassiez éventuellement plusieurs passes en réutilisant
l’hydrolat obtenue et en le remélageant avec de l’eau et des plantes fraiches.

50
Les plantes magiques

Les Huiles peuvent se conserver jusqu’à 12mois, l’hydrolat lui se conserve moins
longtemps, vous devez idéalement le stocker dans une bouteille en verre teinté et
dans un endroit sec. L’idéal bien sûr c’est de l’utiliser immédiatement.

Les hydrolats peuvent servirs pour parfumer la lessive, les bains et également en
application cutanés pour certains problèmes de peau. Ils sont également l’un des
constituant de bases des crémes dont nous détaillerons la fabrication dans les
chapitres suivants.

51
Les plantes magiques

VI. Les sels de bains

Les sels de bains ne nécessitent pas un matériel couteux et la plupart des lecteurs
auront déjà la grande majorité des ingrédients à la maison.

Les sels de bains sont connus depuis l’antiquité et était utilisé par les chinois,
égyptiens, les grecs et les romains qui leur conféraient un grand nombre de vertus
thérapeutique, Hippocrate conseillait l’immersion de ses patients dans des bains
avec des sels pour diverses pathologies.

Les sels de bains change l’équilibre osmotique de l’eau, ce qui a pour effet de
réduire l’effet de perturbation ionique de l’eau (par la production de cations et
d’anions dans l’eau) sur la peau et par la même l’apparition typique de la peau ridée
par un bain. Les sels de bains à base de phosphate ont également un effet nettoyant
pour la peau, il l’adoucisse et fonctionne comme un gommage. Les sels de bains les
plus concentrés augmente également la densité de l’eau et augmente la sensation
de flottement et de bien-être. Les sels de bains « basique » améliorent le nettoyage
et la régénération de la peau, ils combattent également efficacement les
démangeaisons.

Les sels de bains sont également d’excellent véhicule pour des agents cosmétiques
ou médicinaux et tout particulièrement les huiles essentielles, qui ne s’utilisent jamais
pur dans le bain71. On peut aussi rajouter des plantes séchées pour une utilisation
magique, cosmétique ou thérapeutique.

71
On les mélange usuellement avec une base d’huile naturelle, rarement de l’huile d’olive mais plus souvent de
l’huile de jojoba ou de l’huile d’amande.

52
Les plantes magiques

Les principaux sels de bains sont les suivants :

Sulfate de Magnésium (MgSO4), ou sels d’Epsom, produit dans l’eau des cations
magnésium (Mg2+) et des anions sulfate (SO42-), ces ions sont également
absorbés par la peau et combattent les inflammations. Il est utilisé en cosmétique
dans le bain pour traiter les problèmes de peau (comme l’acné, les herpes, les
furoncles, etc.) et comme minéralisant et relaxant.
Chlorure de Sodium (NaCl), c’est le sel de table, on utilise soit du sel marin fin
(pour les sels de bains poudre), du gros sel ou encore du sel gemme (comme par
exemple le sel d’Himalaya). Il produit dans l’eau des cations sodium (Na+) et des
anions chlore (Cl-). Le sel de table a également une légère action bactéricide et
combat la prolifération des micro-organismes.
Bicarbonate de Sodium (NaHCO3), véritable « indispensable » pour la maison de
par la variété très large des utilisations possibles72. Le bicarbonate agit comme
antiseptique et combat les infections. Il sert également comme nettoyage en
profondeur de la peau, il a le même effet qu’un gommage. Il réduit les
démangeaisons et attendrit la peau, il est utilisé pour combattre l’eczéma, pour
calmer les coups de soleil, pour combattre mycose, verrues, piqures d’insectes et
boutons de fièvre.

Certains sels de bains contiennent également du borax ou du carbonate de sodium,


mais ce sont des produits toxiques qu’il ne vaut mieux pas utiliser dans une recette
maison.

On mélange également parfois des minéraux argileux, tout particulièrement la


kaolinite, les argiles sont des matériaux essentiels du cycle de vie des plantes et leur
utilisation dans des sels de bains renforce la composante « terre » particulière à ces
derniers.

La fabrication de sels de bains, avec les composant cité ci-dessus, est extrêmement
simple, et les erreurs dans le dosage n’auront pas d’effet néfaste. De plus les sels de
bains sont d’excellent cadeau que vous pourrez faire à vos proches en les mettant
dans de jolis pots.

On utilise les différents sels en différentes proportions, mais on prend toujours peu
de bicarbonate de soude, la plupart du temps en proportion 1 pour 5 et plus rarement
en proportion 1 pour 3. Le bicarbonate étant sous forme de poudre, si on utilise des
sels sous formes cristalline, comme par exemple le sel gemme, alors on réduira la
proportion de bicarbonate. Il existe beaucoup de recette différentes, et le plus simple
reste d’expérimenter par soi-même, en particulier pour les proportions d’huiles
essentielles, certains préféreront « charger » plus leur sels de bains de tel ou tel
essences qu’ils apprécient particulièrement, pour 300g de sels de bains on peut
mettre jusqu'à une trentaine de gouttes d’huiles essentielles, qu’on peut également
diluer au préalable dans une huile de base.

On mélange tous les ingrédients dans un gros saladier, en commençant d’abord par
les sels, on remue bien pour que le mélange soit bien homogène, puis en tournant
avec une cuillère à bois on verse les huiles essentielles gouttes à gouttes. On peut
72
On s’en sert pour adoucir l’eau, comme agent nettoyant, comme désodorisant, pour lutter contre les acariens,
on s’en sert également en cuisine pour aérer les préparations et faciliter la digestion.

53
Les plantes magiques

aussi utiliser ses mains, en particulier pour les mélanges sous formes de poudre, en
prenant alors soins de bien se laver les mains avant, on peut frotter le sel entre ses
deux mains pour éliminer les gruaux et bien diffusé les huiles essentiels.

Recette simple pour faire un sel sous forme de poudre :

Sel de Bain (Base)


Sel d’Epsom 150g
Sel marin 100g
Bicarbonate de sodium 50g
Huiles essentielles 15gt

Et voici quelques recettes pour des sels sous formes de cristaux :

Pour l’hiver:
Sel gemme 230g
Bicarbonate de soude 45g
Huile essentielle d’Eucalyptus radiata 5gt
Huile essentielle. de Pinus silversti (pin sylvestre) 5gt
Huile essentielle de Aniba Rosaeodora (bois de rose) 5gt
Feuilles sèches d’alchémille (Alchemilla vulgaris 15g

Relaxant:
Sel gemme 230g
Bicarbonate de soude 45g
Huile essentielle de Citrus amara (petigrain paraguay) 5gt
Huile essentielle de Litsea cubeba (verveine exotique) 5gt
Huile essentielle d’Eucalyptus citriodora 5gt
Fleurs séches de Calendula officinalis (souci) 15g

Soins :
Sel gemme 230g
Bicarbonate de soude 45g
Huile essentielle de Rosmarinus officinalis (rosmarin) 5gt
Huile essentielle de Lavandula augustifolia (lavande) 5gt
Huile essentielle Junisperus communis (genièvre) 5gt
Fleurs séches de Centaurea cianus (bleuet) 15g

On prend habituellement une tasse ou trois cuillères à soupe de sels pour un bain.

54
Les plantes magiques

VII. Les Cérats et les Crèmes

Un crème est une émulsion c'est-à-dire une préparation qui permet de mélanger
deux produit qui sont normalement non soluble l’un dans l’autre comme l’huile et
l’eau. La préparation phyto-thérapeutique correspondante est la crème hydratante,
inventé par Claude Galien et qu’on appelle également Cérat de Galien. D’après
Culpeper la formule était la suivante :

Prenez quatre once de cire blanche, une livre de macérât d’huile de rose, faire fondre dans un
récipient double, puis transvasez le dans un autre [récipient], lentement incorporez de l’eau
froide, et transvasez fréquemment d’un récipient à l’autre, en agitant jusqu’à ce qu’il soit
blanc, pour finir lavez à l’eau de rose, en ajoutant un petit peu d’eau de rose et du vinaigre de
rose.
Nicholas Culpeper (1650), London Dispensatory (traduction Abraxas)

D’après le codex officinal de 1866 la recette du Cérat de Galien était la suivante :

Huile d’amande douce 400g


Cire Blanche 100g
Eau distillé de Rose 300g
Faites chauffer au bain-marie la cire, l'huile et la moitié de l'eau, jusqu'à ce que la cire soit
liquéfiée. Coulez dans un mortier de marbre chauffé, et remuez continuellement le mélange.
Quand il sera presque entièrement refroidi, incorporez-y le restant de l'eau de rose, que vous
introduirez par petites parties, eu agitant continuellement et vivement le cérat.
Codex medicamentarius. Ed. Jean-Baptiste Baillière, 1866

Préparer une émulsion, pour autant qu’on ait les bons ingrédients et la bonne
méthode n’est pas si compliquer qu’on veut bien le croire, on en prépare en fait
régulièrement en cuisine, la mayonnaise étant, l’exemple le plus proche de notre
crème hydratante.

Pour préparer une crème on a besoin de trois ingrédients principaux :


Une phase aqueuse : cette dernière peut-être n’importe laquelle des
préparations à base d’eau : infusion, décoction, macération ou hydrolat
Une phase huileuse : on peut utiliser une grande variété de préparation,
notamment des préparations à base d’huile pure, c'est-à-dire des huiles
essentielle diluée dans une base d’huile (amande, olive ou jojoba) ou alors
une macération huileuse (à chaud ou à froid). On peut également utiliser des
pommades. Dans le passé on a également largement utilisé le blanc de
baleine pour la préparation de crème.
Un émulsifiant, dans la préparation de Galien c’est la cire d’abeille qui joue ce
rôle, on peut également utiliser de la lécithine de soja ou de la lanoline.

Notons que les recettes modernes, comme pour les sels de bains, mentionne
souvent le Borax, ce dernier est un produit toxique, interdit à plus de 5% dans toute
préparations destiné aux petits enfants et par conséquent il est plus prudent de le
bannir totalement, le borax sert à la fois d’agent émulsifiant et de conservateur, mais
il n’est pas indispensable. D’ailleurs les recettes du cérat de Galien dans la
pharmacopée française n’en contenaient traditionnellement pas.

55
Les plantes magiques

Pour renforcer le pouvoir de conservation de la crème il suffira de rajouter des


conservateur naturelles, c'est-à-dire de la vitamine E d’origine végétale ou de l’huile
essentielle d’arbre à thé (faite un test allergique avant), voir des mélanges contenant
ces différents conservateurs naturelles en différente proportion.

Pour faciliter l’émulsion on peut utiliser de la lécithine de Soja à la place du Borax,


et/ou chauffer également le mélange aqueux avant de l’incorporer à la phase
huileuse. Sans ajout d’un émulsifiant en plus de la cire d’abeilles, le travail risque
d’être plus fastidieux et de prendre plus de temps.

On aura également besoin d’un certain nombre d’ustensiles pour la préparation de la


crème, ces dernier seront de préférence en verre ou à défaut en inox.
Un thermomètre de cuisine
Deux bols en verre ou en inox
Deux casseroles
Un fouet à main ou électrique
Une balance.
Un pot pour mettre la crème
Les ustensiles doivent être propre et désinfectés avant d’entrer en contact avec la
préparation pour cela plongez-les quelques minutes dans l’eau bouillante en les
laissant sécher la tête en bas sur une surface propre (ou un linge propre) sans les
essuyer ou utilisez de l’alcool en particulier si vous utilisez des contenant en
plastiques.

Voici la recette de base pour 100g de crème :

Cérat de Galien (Base)


13g de cire d’abeille (blanche ou jaune)
53.5g d’huile végétale de votre choix
33g d’hydrolat de votre choix
1,3g de Lécithine de Soja
2 gouttes de Vitamine E d’origine végétale ou 2 gouttes d’HE d’arbre à thé.

Pour fabriquer notre crème on opère de la manière suivante :

1. On fait fondre la cire avec l’huile dans un bol au bain-marie, à feu doux, en
touillant idéalement avec un agitateur en verre, jusqu’à ce que le mélange atteigne
65°. Si on veut mettre des huiles essentielles, on les mettra de côté et on ne
chauffera que l’huile pure, on peut par contre rajouter dès le départ des gouttes de
vitamine E d’origine végétale à la phase huileuse, ce qui améliorera la conservation.
On fera également chauffer la phase aqueuse de manière à ce qu’elle atteigne
également 65° en prenant soin de ne pas la laisser bouillir, cet étape ne serait pas
indispensable si on utilisait du Borate de Sodium qu’il faudrait alors incorporer à la
phase aqueuse avant l’étape suivante.

2. On sort alors les bols du bain-marie, on attend que la température de la phase


huileuse descende vers 50° et on commence à battre régulièrement la phase
huileuse, si on le fait à la main on décrit des 8 au fond du bol on verse en même
temps doucement et par filet la phase aqueuse à l’intérieur, si on le souhaite on

56
Les plantes magiques

rajoute les huiles essentielles lorsque le mélange commence à avoir la consistance


de la crème. Il est important de battre sans arrêt le mélange jusqu’à refroidissement
complet, pour éviter les bulles d’air il faut battre lentement mais régulièrement.

On versera alors la crème dans un pot, idéalement opaque (c'est-à-dire qui ne laisse
pas passer la lumière) on prendra également soin de noter la composition et la date
de fabrication. La crème ne se conservera pas plus d’un mois au réfrigérateur. Pour
la prendre on utilisera de préférence une spatule afin de ne pas contaminer en micro-
organisme le mélange. Il faudra faire attention à tout changement d’odeur ou de
consistance du mélange, cela étant dit si vous suivez les indications (désinfecter les
ustensiles et contenant, stockage au froid et à l’abri de la lumière, utilisation de
spatule, rajout de conservateur naturelles) alors votre crème devrait pouvoir se
conserver jusqu’à 6 semaine. Préférez cependant faire de petite quantité et par
précaution, ne l’utilisez pas au-delà d’un mois.

Si vous utilisez des huiles essentielles, faite particulièrement attention et renseignez-


vous avant, aussi bien au niveau des risques d’allergies que de la toxicité de ces
produits naturelles. Pour la base huileuse, Galien utilisait de l’huile d’olive, on peut
utiliser de l’huile d’amande douce, mais cette dernière peut provoquer des réactions
allergiques. On peut également utiliser de l’huile de jojoba, de l’huile de paraffine ou
encore de l’huile de Germe de blé qui contient naturellement de la vitamine E.

Concernant la phase aqueuse, Galien utilisait de l’eau de rose qui tonifie et rafraichit
la peau, cette dernière est légèrement astringente et nettoie la peau en douceur. On
peut également utiliser de l’hydrolat de bleuet (décongestionne et adoucit), de
l’hydrolat de camomille (apaisant et adoucissant) particulièrement indiqué pour les
peaux sèches et sensibles.

En fait, de nombreuse combinaisons sont possibles, on peut tout à fait mélanger


plusieurs hydrolats et décoctions ensemble pour la phase aqueuse et plusieurs
huiles de bases avec des huiles essentielles, pour autant qu’on respecte les
proportions mentionnées plus haut. Pour obtenir un mélange plus liquide on peut
augmenter la proportion de phase aqueuse en proportion équivalente à la phase
huileuse, on obtiendrait alors un lait plus ou moins visqueux suivant les proportions
utilisées.

57
Les plantes magiques

Figure 18 - John William Waterhouse, 1907, Jason and Medea.

Déjà neuf jours se sont écoulés; déjà la nuit couvre de son ombre la terre pour la neuvième
fois, depuis que Médée, portée sur son char traîné par des dragons ailés, a parcouru la
Thessalie: elle revient, et déjà les dragons ont dépouillé leur vieille écaille, rajeunis par la
seule odeur des végétaux qu'elle a cueillis.

Elle s'arrête et descend devant la porte du palais d'Éson. Elle ne veut d'autre toit que le ciel.
Elle évite les profanes regards des mortels. Elle élève deux autels de gazon, l'un à droite pour
Hécate, l'autre à gauche pour Hébé; elle les entoure de verveine et d'agrestes rameaux. Elle
ouvre la terre, elle y creuse deux bassins, et plongeant le couteau dans la gorge d'une brebis
noire, elle épanche son sang dans les deux fosses, répand dans l'une une coupe de vin, dans
l'autre une coupe de lait chaud; et, prononçant quelques paroles magiques, elle invoque les
dieux de la terre; elle conjure le roi des pâles ombres, et Proserpine son épouse, de ne pas
hâter pour Éson le ciseau de la Parque homicide.
Ovide - Les Métamorphoses – VII.234 - Traduction de G.T. Villenave, Paris, 1806

58
Les plantes magiques

I. Les Charmes

Les charmes sont les préparations à base de


plante sèches servant à la protection ou
l’enchantement d’objet ou de personnes, les
plus connues sont certainement les sachets,
ces derniers se préparent de manière simple
en utilisant un bout de tissus carré d’environs
10 à 20 cm de côté, on place les herbes
sèches au milieu et on noue les coins avec
un ruban ou une ficelle qu’on noue
traditionnellement plusieurs fois, avec
diverses incantations, le principe étant que le
nœud représente symboliquement la mise en
Figure 19 - Français 599, fol. 16v, Médée pratiquant la
place du charme. magie

Pour un charme de protection, d’après Cunningham il faut dire (en substituant le mot
maison suivant ce qu’on veut protéger) :

Je noue ceci pour protéger cette maison et tous ceux qui y vivent.
Noue douze fois, en répétant cette phrase. Une fois terminée, debout face au nord, lève ton
couteau magique d’une main forte, le sachet dans l’autre. Avec le bout de la lame sur le
sachet dit les mots suivants :
Que ce que j’ai créé ce soir
Serve de gardien et de protection pour cette maison
Et tous ceux qui y vivent
Que cela me serve parfaitement
Scott Cunningham, Magical Herbalism (Traduction Abraxas)

Les sachets peuvent avoir divers but, de protection qu’on met au porte des maisons
ou qu’on porte sur soi, comme c’est d’usage avec l’armoise en chine par exemple. Ils
peuvent servir également à augmenter les capacités de clairvoyance ou utiliser en
coussins il provoque des rêves divinatoires. Porter en amulette ils peuvent avoir
divers usages, protection, augmentation des capacités de clairvoyance, réalisation
de souhaits, ou tout simplement chance.

Il nous reste des traces de ces anciennes coutume, par exemple le trèfle à quatre
feuille, charme de chance porté sur soi, l’ail qui protégeait du mauvais œil dans les
traditions gitanes et que l’on a transposé dans les mythes liés au vampire, ou encore
l’aconit « tue-loup », sensé protégé son porteur des attaques de loup pendant ses
voyages et qui se retrouve également dans les mythes liées au loup-garou.

Il existe moult recettes et incantation dans les anciens grimoires, en particulier


concernant les charmes d’amour ou d’amitié, on retrouve ainsi l’incantation suivante
dans le Picatrix, qu’il faut dire au-dessus d’un talisman ou d’un charme d’amour :

59
Les plantes magiques

J’unis N.N avec N.N, comme le feu, l’air, l’eau et la terre sont unis, je manipule l’esprit73 de
N.N, comme les rayons du soleil font se mouvoir la lumière et la force du monde, et je rends
beau N.N aux yeux de N.N, comme le ciel est beau par ses étoiles [et comme] les plantes
[sont] belles par leur fleurs, et j’élève l’esprit de N.N au-dessus de l’esprit de N.N, comme le
feu est au-dessus de l’air et l’eau au-dessus de la terre. N.N ne mangeras pas, ni ne boiras, ni
n’aura de plaisir ni de joie sauf en présence de N.N.
Picatrix : Das Ziel des weisen von Pseudo Magriti – Hellmut Ritter & Martin Plessner -
1962 - Warburg institute (Traduction Abraxas)

Bien entendu, ce genre de magie ne „fabrique“ pas de l’amour, comme on le voit, il


s’agit ici de l’asservissement d’une conscience, de la négation même du libre-arbitre,
hors l’amour est par définition une expression du libre arbitre et ce genre de magie
n’entraine que déception pour ceux qui en font usage. Ce genre de magie était
cependant coutumier de la magie antique et est encore largement en usage de nos
jours74.

D’après James Frazer dans le Rameau d’or, il était coutume de fabriquer des
sachets de feuilles fermés par des rubans rouges que l’on plaçait au-dessus des feux
de la Saint-Jean. Ces derniers servaient a « déclarer sa flamme », on jetait alors le
sachet au-dessus du feu dans les mains de son amoureux, ou alors on les gardait
précieusement pendant l’année, on en brulait une partie pour purifier ou protéger la
maison et ses habitants, pour se protéger des orages ou même pour soigner. Un
sachet d’armoise fabriquer le jour de la Saint-Jean était réputé pour être la meilleure
protection contre le mauvais œil. Toujours d’après Frazer, on se couronnait
d’armoise durant les feux de la Saint-Jean pour se protéger des fantômes, des
sorcières et de la maladie.

Une autre méthode de fabrication est en effet la couronne de fleurs ou de plantes,


cette tradition est très ancienne, les grecs et les romains couronnaient les poètes et
les vainqueurs de laurier, plante d’Apollon, la déesse Flora avait sa couronne de
fleurs et Bacchus sa couronne faite de vigne. Cette tradition c’est perdue au cours
des siècles, même si nous avons encore quelques réminiscences, ainsi on tresse
encore traditionnellement des couronnes de fleurs qu’on met sur la statue des saints
ou de la vierge lors de fêtes chrétiennes. Par analogie kabbalistique, la couronne
(Kéther) représente la présence divine, la compassion et la connaissance divine, elle
renforce l’association symbolique de l’homme et de l’arbre kabbalistique.

73
Pneuma dans le texte, c’est l’esprit au sens d’âme, ce mot signifie « souffle » c’est la conscience dans le corps
humains, c’est également le « souffle de vie » sensiblement identique au « ka » des égyptiens, qui chez eux était
l’origine même de la magie, la Héka (litt. L’activation du souffle de vie).
74
Cela étant dit nous mentionnons cette incantation à titre illustrative uniquement et, car cela va à l’encontre de
nos principes concernant la magie, nous n’avons dans cette publication mis aucune recette, ni aucune
incantation, ni même fait référence aux propriétés spécifique de certaines plantes liés à la magie d’amour. Car
comme nous l’avons dit ce genre de magie est « tout » sauf de l’amour.

60
Les plantes magiques

Figure 20 - Guirlande sur une statue d'Hanuman (Wikimedia Commons)


La fabrication des couronnes est assez simple, il suffit de nouer les tiges entre elles,
on fabrique ainsi les couronnes de pâquerettes, d’armoise, de millepertuis, de
violettes et de bouillon-blanc. On peut aussi utiliser une corde ou des fibres
naturelles qu’on passera dans les fleurs, cette méthode est largement utilisée en
Inde pour la fabrication de toutes les guirlandes de fleurs rituelles75 qui sont utilisées
pour rendre honneur aux dieux, pendant des festivités, ou encore pendant les
mariages. Dans l’antiquité gréco-romaine ces guirlandes étaient utilisées pour
symboliser l’abondance et les festivités et sont encore utilisés pendant les rites
païens de Beltaine76 et de la nuit Walpurgis avec la même symbolique.

On peut fabriquer également des pendules à base de plante, ces derniers s’utilisent
de la même manière que les pendules de la radiesthésie.

75
En inde on trouve aussi des cérémoniels précis pour la fabrication de ces guirlandes, les fleurs doivent ainsi
être cueilli le matin après un bain rituel, elles ne doivent être senti par personnes et ne jamais toucher le sol, et en
les ramassant on répète des noms divins.
76
Beltane ou Beltaine, le feu de bel (belenos et Belisama), fété le 1er mai est la deuxième plus grande fête
celtique après Samhain (fété le 1er novembre), c’est la fête qui marque le renouveau de la nature du passage de la
saison sombre à la saison claire, on y allumait de grand feu, dans certains rites régionaux il est encore de
tradition de cueillir des fleurs pour le 1er mai, tradition qui perdure encore avec le muguet. A Hawaï c’est
également le jour de la fête des guirlandes. Cette fête est encore fêté par les pratiquant de la Wicca.

61
Les plantes magiques

Figure 21 - Beltaine - Illustration par Julia Helen Jeffrey77

77
http://www.myspace.com/juliajeffrey

62
Les plantes magiques

II. Les potions et les philtres78.

Les potions sont le plus souvent des décoctions simples, qui sont bu afin de profiter
des effets « magiques » des plantes, ces dernières sont toujours à apprécier au vu
de leur propriétés phyto-thérapeutiques. D’une part parce que les anciennes
recettes, se faisaient souvent au vu de ces propriétés, et d’autre part parce qu’il est
important de connaitre les effets que ces préparations pourraient avoir sur
l’organisme ou le psychisme et de respecter les indications et contre-indications
usuel pour ces plantes.

On en trouve moult recettes dans les anciens grimoires, qu’il faut parfois savoir
déchiffrer et ne pas prendre au pied de la lettre, ainsi la fameuse « aile de chauve-
souris » est un autre nom populaire du houx, le « sang » désigne habituellement la
sève de sureau ou la résine de sang de dragon et l’ « oreille de souris » ou « oreille
de rat » désigne habituellement la piloselle (Hieracium pilosella) dont le mérite furent
vanté par Hildegarde de Bingen. A contrario « la corne de licorne » était des
défenses de Narval qui s’échangeait à prix d’or durant le moyen âge et la « bave de
crapaud » pouvait, suivant les recettes, être du mucus de crapaud qui contient de la
bufotoxine, toxique à haute dose.

Cette tradition de « coder » le nom des plantes ou même des matières minérales
remonte à la plus haute antiquité comme nous l’indique Berthelot en citant le
Papyrus de Leyde79 :

Les noms sacrés des plantes donnent lieu à des rapprochements analogues entre le papyrus,
les écrits alchimiques et l’ouvrage, tout scientifique d’ailleurs, de Dioscoride. Voici le texte du
papyrus V (col. 12 fin et col. 13).
« Interprétation tirée des noms sacrés dont se servaient les scribes sacrés, afin de mettre en
défaut la curiosité du vulgaire. Les plantes et les autres choses dont ils se servaient pour les
images des dieux ont été désignées par eux de telle sorte que, faute de les comprendre, on
faisait un travail vain, en suivant une fausse route. Mais nous en avons tiré l’interprétation de
beaucoup de descriptions et renseignements cachés. »
Suivent 37 noms de plantes, de minéraux, etc., les noms réels étant mis en regard des noms
mystiques. Ceux-ci sont tirés du sang, de la semence, des larmes, de la bile, des excréments
et des divers organes (tête, cœur, os, queue, poils, etc.) des dieux égyptiens grécisés
(Héphaïstos ou Vulcain, Hermès ou Mercure, Vesta, Hélios ou Soleil, Cronos ou Saturne,
Hercule, Ammon, Arès ou Mars); des animaux (serpent, ibis, cynocéphale, porc, crocodile,
lion, taureau, épervier), enfin de l’homme et de ses diverses parties (tête, œil, épaule). La
semence et le sang y reparaissent continuellement: sang de serpent, sang d’Héphaïstos, sang
de Vesta, sang de l’œil, etc.; semence de lion, semence d’Hermès, semence d’Ammon; os
d’ibis, os de médecin, etc. Or cette nomenclature bizarre se retrouve dans Dioscoride. En
décrivant les plantes et leurs usages dans sa Matière médicale, il donne les synonymes des
noms grecs en langue latine, égyptienne, dacique, gauloise, etc., synonymie qui contient de
précieux renseignements.
M. Berthelot – Collection des anciens Alchimistes grecs – 1887 – Ed. Steinheil.

78
Les « philtres » sont des potions visant à modifier le comportement d’une personne, on en a surtout gardé les
fameux « philtres d’amour », ces derniers étaient parfois complètement farfelu, parfois beaucoup plus efficace et
utilisaientt les propriétés aphrodisiaque de certaines plantes.
79
Le papyrus de Leyde date du IIIème siècle et est attribué à Bolos de mendés ou « pseudo démocrite »

63
Les plantes magiques

Cette codification des recettes, voir des incantations, se retrouvent quasi


systématiquement dans les ouvrages de magies, jusqu'à aujourd’hui, on peut citer
entre autre l’utilisation d’alphabet magique par Franz Bardon, dans son pratique de la
magique évocatoire, pour coder le nom de certaines entités80.

On retrouve également dans les anciens grimoires, des recettes qui font référence à
la quête de l’immortalité, aux potions de jouvence, ou élixir de longue vie des
alchimistes occidentaux et orientaux. Voici un exemple de ces recettes tiré du petit
Albert :
81
Manière de faire un sirop pour conserver la vie .
Prenez huit livres de suc mercurial, deux livres de suc de bourrache, tige & feuilles, douze
livres de miel de Narbonne ou autre, le meilleur du pays, mettez le tout bouillir ensemble un
bouillon pour l'écumer, & le passez par la chauffe à hypocras & le clarifiez.
Mettez à part infuser pendant vingt-quatre heures, quatre onces de racine de gentiane,
coupée par tranches dans trois chopines de vin blanc, sur des cendres chaudes, agitant de
tems en tems; vous passerez ce vin dans un linge sans l'exprimer.
Mettez cette collature dans lesdits sucs avec le miel, faisant bouillir doucement le tout, & cuire
en consistance de sirop; vous les mettrez à rafraîchir dans une terrine vernissée, après dans
des bouteilles, que vous conserverez en un lieu tempéré pour vous en servir comme il est dit,
en en prenant tous les matins une cuillerée.
Lucius Parvus Albertus, Secrets merveilleux de la magie naturelle et cabalistique du
Petit Albert, chez les heritiers de Beringos frates, 1752

Les potions pouvaient également être utilisées comme eau de nettoyage, de


purification ou de lavage, aussi bien de soi que des outils magiques. Une autre
utilisation courante consiste à préparer des potions qu’on verse dans un bol ou un
chaudron et qu’on utilise comme miroir magique, ou alors qu’on utilise sur une boule
de cristal pour renforcer la capacité de clairvoyance.

Potion de clairvoyance : Le chaudron, outil traditionnel des sorcières, était souvent employé
pour la préparation de potion de clairvoyance. La sorcière remplissait le chaudron d’eau de
source puis le plaçait sur un feu par un trépied. Quand l’eau se mettait à bouillir, elle jetait
dans le récipient des feuilles en poudre de laurier sauce, d’armoise et de potentille. La
sorcière manipulait alors directement le couvercle pour diriger et concentrer la vapeur
s’échappant de l’eau bouillante. En la respirant, elle entrait dans un état psychique et donnait
les prédictions à ses clients.
[…] Infusion de clairvoyance : Pour faire une infusion de clairvoyance, faite bouillir un demi-
litre d’eau. Dans une théière, mettez 15 grammes d’armoise, de thym, de romarin ou
d’achillée, et versez l’eau dessus. Laissez infuser pour 10 min, puis filtrez en utilisant du
bambou ou un filtre non métallique. Adoucissez avec un peu de miel si vous le souhaitez, de
trèfles ou d’orange étant traditionnels. […] Ces thés sont particulièrement utiles pour
développer vos capacités de clairvoyance en particulier si bu avant chaque tentative de
clairvoyance. Ils sont particulièrement apaisants et efficace s’ils sont versés dans le bain rituel.
Magical Herbalism – Scott Cunningham (Traduction Abraxas)

80
Bardon utilisait l’alphabet Payoab de Quintscher et de l’Adonisme pour coder le nom des entités, en particulier
les intelligences de la sphère lunaire qui ne sont autres que les demeures lunaire (voir à ce sujet le chapitre sur les
correspondances).
81
Il faut donc prendre environs 3,6Kg de sève fraiche de mercuriale (Mercurialis perennis à ne surtout pas
confondre avec Mercurialis annua dont la sève est un poison), 1Kg de Bourrache fraiche (Borago officinalis),
faire bouillir avec 5,5 Kg de miel, on exprime ensuite au travers d’un sac de laine (chausse d’Hippocrate) et on
laisse reposer. Puis préparer environs 100g de racine de gentiane coupée dans 1,5L de vin blanc à feu doux en
agitant de temps en temps, on suppose donc ici qu’il faut faire une tisane de gentiane, pour cela on les plonge
dans le vin bouillant, on retire du feu au bout de 2 min et on laisse reposer toute la nuit, on filtre, puis on verse
les deux mélanges ensemble et on recuit a feux doux en remuant jusqu’à obtenir la consistance du sirop.

64
Les plantes magiques

Les potions peuvent aussi servir de condensateurs fluidiques, ceux qui seraient
intéressés par ce type de condensateur peuvent se référer au chapitre qui leur est
consacré dans la publication sur la baguette magique.

Puisque nous sommes au chapitre des potions et des philtres, le moment nous parait
opportun pour parler de ce que l’on appelle la magie d’amour, magie rose ou magie
rouge, pour ceux qui veulent absolument donner une couleur aux choses. Il faut bien
comprendre que ceux qui nous vendent des « retour d’affection » sont des
charlatans, la magie ne peut pas créer de l’amour, elle peut bien sur aller à l’encontre
du libre-arbitre d’une personne, et comme le suggère la définition même des
« philtres » modifier le comportement de telle ou telle personne. Mais l’amour ne peut
pas être créé, car l’amour est l’expression même du libre arbitre. Forcer quelqu’un à
nous aimer est impossible, tout au plus on peut forcer cette personne à être attacher,
dépendant, ou encore à nous admirer béatement, mais tout cela n’est pas de l’amour
c’est un simulacre d’amour qui ne fera que rendre malheureux le bénéficiaire du sort
ou de l’enchantement. Les anciens le savaient pertinemment et nous pouvons ici
citer les paroles de sagesse d’Ovide :

C'est une erreur grossière que d'avoir recours à l'art des sorcières thessaliennes, ou de faire
usage de l'hippomane arraché du front d'un jeune poulain. Les herbes de Médée, les chants
magiques des Marses ne pourraient faire naître l'amour. Si les enchantements avaient ce
pouvoir, Médée eût captivé pour toujours le fils d'Eson, Ulysse eût été retenu par Circé. Il est
donc inutile de faire boire aux jeunes filles des philtres amoureux : les philtres troublent la
raison et n'engendrent que la fureur.
Moyens illusoires de faire durer l'amour [2,97-106] - OVIDE - L'ART D'AIMER, LIVRE II,
M. Heguin de Guerle - M. F. Lemaistre, Ovide. L'Art d'aimer, Paris, Classiques Garnier,
1927

La magie c’est toujours occupé des problèmes les plus communs des hommes, et
l’amour est une de nos préoccupation les plus importantes, il n’est donc pas étonnant
de voir que de nombreuses plantes étaient et sont encore utilisés, soit pour
provoquer le désir, soit pour de la divination. Tout particulièrement les coutumes du
XIVème et du début du XXème siècle, sont le reflet des préoccupations de l’époque,
et il n’est pas rare de trouver de nombreuses recettes, spécifiquement adressé aux
jeunes filles, pour que ces dernières puissent voir par divination leurs futurs maris, ou
tout simplement savoir quand elles se retrouveront mariées. Ce genre de rituel est
naturellement tombé en désuétude dans la deuxième moitié du XXème siècle, mais
on retrouve encore dans de nombreux ouvrages une correspondance des plantes
pour la magie d’ « amour ». Nous mentionnons ces correspondances dans les pages
qui suivront, mais chacun devra les apprécier pour ce qu’elles sont réellement, c’est-
à-dire des reliquats d’une époque révolu.

65
Les plantes magiques

III. Les Bains et les Sels

Le bain est un acte rituel majeur dans


la plupart des religions : les ablutions
du christianisme (baptême), du
Judaïsme (Mikvé), de l’Hindouisme,
de l’Islam (Wudhû) du Shintoïsme
(Misogi) et du Taoïsme. L’eau est par
sa nature même, de dissolvant
universel, purificatrice, c’est par elle
donc, que le praticien va se purifier
avant d’accomplir un acte sacré. Elle
est dans sa polarité positive vivifiante,
soignante, nourricière, et dans sa
polarité négative : dissolvante,
fermentant ; elle permet donc
Figure 22 - Le Baptême de jésus - Dome en mosaique du d’évacuer et de dissoudre les
baptistère des ariens à Ravenne (Italie) datant du Vème siècle
après J.C. A droite on retrouve Jean-Baptiste et à gauche le énergies résiduelles.
diable (Wikimedia Commons)
Le sel est lui aussi un des outils rituels majeurs de différentes spiritualités, il sert
principalement de purifiant naturel on s’en sert entre-autre pour nettoyer et purifier
les pierres82 ou les outils magiques, ou encore en combinaison avec de l’eau pour
exorciser ou purifier un lieu. Comme il en a longtemps été extrait, il symbolise
habituellement la terre.

Dans le cadre d’une utilisation magique il n’est donc pas forcément nécessaire de
consacrer les sels. On peut cependant utiliser le rituel suivant :

Exorcisme du sel. Les mains étendues l'opérateur dira,


In isto sale sit sapientia, et ab, omni corruptione sicut mentes nostras et corpora nostra, per
Hochmael et virtute Ruach-Hochmael, recedant ab isto fantasmata Hylae ut sit sale coelestis,
sub terrae et trae salis, ut nuterietur bos triturans et addat spei nostrae cornua tauri volantis.
83
Amen.
Puis on lira la consécration du sel.
Consécration du sel.
Consecro te sale, ad demiurgum. Consecro te sale ad magiam. Consecro te utilitatem meam
solum. Amen
Pierre Manoury – Formulaire de magie Appliquée

Les sels vont renforcer les bains purificateurs avant certains rituels et peuvent
également permettre de renforcer certaines capacités occultes s’ils sont associés
avec des plantes.

82
Certaine pierres ne supportent ni l’eau, ni les sels.
83
Cette exorcisme se retrouve également chez Eliphas Levi dans « Dogme et Rituel », volume 2, Levi rajoute de
la cendre et propose le rituel d’exorcisme suivant : « Revertatur cinis ad fontem aquarum viventum, et fiat terra
fructificans, et germinet arborem vitae per tria nomina, quae sunt Netsah, Hod et Jesod, in principio et in fine,
per Alpha et Oméga, qui sunt in spiritu azoth. Amen », ces deux rituels ainsi que les incantations spécifiques qui
suivent dans l’ouvrage de Levi sont pour exorciser l’eau avant de pratiquer un invocation aux Sylphes.

66
Les plantes magiques

On rajoute les plantes aux bains, soit sous forme de plantes séchées ou fraiche, soit
sous forme de décoction ou d’infusion ou finalement sous formes d’huiles84, ces
dernières symbolisant alors le feu.

Il convient ici de se référer aux propriétés des plantes qu’on ajoute dans le sel ou
dans le bain, citons cependant quelques classiques comme la lavande, le romarin, la
rose, la marjolaine.

Cunningham présente un grand nombre de recette pour les bains de purification à


base de plantes, de sels de bains ou encore d’huile basé sur les propriétés des
plantes par exemple :

Bain contre les malédictions


4 parties de romarin
3 parties de genévrier
2 parties de laurier
1 part d’armoise
[…]
Bain d’Exorcisme
2 parties de basilic
2 parties de romarin
1 part d’achillée millefeuille
1 part de Cumin
1 pincée de Rue
Scott- Cunningham - The Complete Book of Incense, Oils & Brews

On peut également utiliser des colorants alimentaires pour renforcer des


correspondances spécifiques, ce que propose d’ailleurs Cunningham pour les sels
de bains.

Un bain préparé avec du sel, de l’huile contient déjà trois des quatre éléments à
savoir respectivement la terre pour le sel, le feu pour l’huile et l’eau du bain, les
vapeurs qui émanent du bain sont notre quatrième élément l’air et un bain magique
est l’union de ces quatre éléments en « conscience » dans le mental de celui qui le
prend. La respiration devient lors de ces bains, un acte particulier, une respiration qui
passe non seulement par nos poumons mais aussi paradoxalement par notre peau,
qui nous permet d’assimiler des effets bénéfiques et magiques des plantes.

84
On utilise pour cela les huiles essentielles (voir à ce sujet les recettes de sels de bains dans le chapitre sur les
préparations phytothérapiques) ou encore sous forme d’huile composé (voir à ce sujet le chapitre suivant
consacrés aux huiles).

67
Les plantes magiques

IV. Les huiles

On utilise principalement les huiles en onction, ou comme nous l’avons vu au


chapitre précédent, en ajout à d’autres préparations comme les bains.

L’onction est une des opérations magiques les plus répandus, de la même manière
que la préparation d’eau consacrée, ou d’eau lustrale, on retrouve dans beaucoup de
religions et de rites, cette utilisation spécifique de l’huile pour « oindre ». Ces rites
remontent aux prémices de l’humanité, quand l’homme croyait que « par similitude »
il pouvait acquérir les vertus d’animaux ou d’ennemis, en mangeant ou en s’induisant
du sang ou de la graisse de ceux dont il voulait transférer les vertus. La graisse des
animaux était par conséquent considérée comme l’une des meilleurs partie et
souvent offert en sacrifice aux dieux, de la même manière les dieux pouvaient par
une « onction » transférer leur pouvoir ou leur charge sur des humains, ainsi on
retrouve en Egypte des relief de temple ou « pharaon » est « oint » par Horus et par
Thot.

L’huile et les baumes pouvant également servir pour les soins, l’huile d’onction en
vint à acquérir dans l’inconscient collectif et dans les rituels des différentes religions,
une utilisation très large, allant du simple charme de chance jusqu’à la sanctification
d’objet sacré.

Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les anciens de l'Église, et que les anciens
prient pour lui, en l'oignant d'huile au nom du Seigneur; la prière de la foi sauvera le malade,
et le Seigneur le relèvera; et s'il a commis des péchés, il lui sera pardonné.
Epitres de Jacques 5.14-15

Cette huile d’onction se retrouve dans l’ensemble de la tradition judéo-chrétienne, et


sa fabrication est détaillée dans l’Exode :

L'Éternel parla ainsi à Moïse: " Tu prendras aussi des aromates de premier choix: myrrhe
franche, cinq cents sicles; cinnamone odorant, la moitié, soit deux cent cinquante; jonc
aromatique, deux cent cinquante, enfin casse, cinq cents sicles au poids du sanctuaire; puis
de l'huile d'olive, un hîn. Tu en composeras une huile pour l'onction sainte, manipulant ces
aromates à l'instar du parfumeur: ce sera l'huile de l'onction sainte.
Exode 22-35

Dans la religion chrétienne on retrouve ces huiles d’onctions qui sont


traditionnellement gardé dans des ampoules individuelles en étains réunis dans un
coffret, dit « coffret aux saintes huiles », qui est le plus souvent gardé à clef dans une
armoire à l’intérieur même des églises, c’est dire l’importance que cet objet de culte a
dans la religion chrétienne. On retrouve ainsi l’oléum sanctum et le sanctum
chrema85, qui sont utilisées dans les rites du baptême et l’oleum infirmorum pour

85
C’est le Saint-Chrême, d’après l’abbé Migne dans son Dictionnaire de Liturgie (1863), ce dernier est composé
d’un mélange d’huile d’olive et de baume de la Mecque (Commiphora opobalsamum). Toujours d’après Migne,
l’huile sainte, ou huile des catéchumènes est et doit être composé uniquement d’huile d’olive, il y a ici une
référence symbolique et analogique de l’olivier avec la chrétienté.

68
Les plantes magiques

l’onction des malades et l’ « extrême onction » ou dernier sacrement, ces huiles sont
bénies le jeudi saint par un évêque86 de la manière suivante:

Adjutorium nostrum in nomine Domini87


Qui fecit caelum et terram
Exorcizo te, creatura olei, per Deum + patrem omnipotentem, qui fecit caelum et terram, mare,
et omnia, quae in eis sunt. Omnis virtus adversarii, omnis exercitus diaboli, et omnis incursus,
omne phantasma satanae eradicare, et effugare ab hac creatura olei, ut fiat omnibus, qui eo
usuri sunt, salus mentis et corporis, in nomine Dei + Patris omnipotentis, et Jesu + Christi Filii
ejus Domini nostri, et Spiritus + Sancti Paracliti, et in caritate ejusdem Domini nostri Jesu
Christi, qui venturus est judicare vivos et mortuos, et saeculum per ignem,
Amen
Domine, exaudi orationem meam
Et clamor meus ad te veniat.
Dominus Vobiscum.
Et cum spiritu tuo.
[…]
Domine Deus omnipotens, cui astat excercitus Angelorum cum tremere, quorum servitium
spirituale cognoscitur, dignare respicere, bene + dicere, et sancti + ficare hanc creaturam olei,
quam ex olivarum succo eduxisti, et ex infirmos inungi mandasti, quatenus sanitate percepta,
tibi Deo vivo et vero gratias agerent : praesta, quaesumus ; ut hi, qui hoc oleo, quo in tuo
nomine bene + dicimus, usi fuerint, ab omni languore, omnique infirmitate, atque cunctis
insidiis inimici liberentur, et cunctae advertitates separentur a plasmate tuo, quod pretioso
sanguine Filii tui redemisti, ut numquam laedatur a morsu antiqui serpentis. Per eumdem
Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum : Qui tecum verit et regnat in unitate Spiritus
Sancti Deus, per omnia saecula saeculorum.
Amen
Rituel de Bénédiction de l’Huile d’après le Rituel Romain (dans le « Rituel de Toul » -
1700)

En magie, on prend, pour faire des huiles d’onctions, soit des huiles complexes,
composées et consacrées pour ce but, soit des huiles essentielles simples et on s’en
sert pour « oindre » ou consacrer divers objet. A titre d’exemple voici la manière de
consacrer les bougies d’après Moryason dans son livre « la lumière sur le
royaume » :

86
On trouve le rituel complet pour ces trois huiles à l’adresse suivante :
http://www.liturgialatina.org/pontificale/087.htm
87
Notre secours est dans le Nom du Seigneur. Qui a fait le ciel et la terre. Je te purifie, créature de l’huile, Par
Dieu + le Père Tout-puissant, créateur du Ciel et de la Terre, et de la Mer, et de tout ce qu'ils contiennent. Toute
force de l’adversaire, toute armée du démon, et toute incursion, tout fantasme de Satan, soyez arrachés et
expulsés de cette créature de l’huile, afin qu’elle devienne pour tous ceux qui s’en serviront, santé de l’esprit et
du corps. Au Nom de Dieu + le Père Tout-Puissant, et de Jésus-Christ + son Fils et notre Seigneur et de l'Esprit
Saint + Consolateur, dans la charité de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui viendra Juger les vivants et les morts, et
purifier le monde par le feu. Amen ! Seigneur exauce ma prière ! Et que mon cri parvienne jusqu’à Toi ! Que le
Seigneur soit avec nous ! Et avec notre esprit ! Seigneur, Dieu Tout-Puissant, devant qui se tient en adoration
profonde, toute l'armée des Saints Anges, toujours prête à rendre tout service spirituel, daigne jeter ton regard sur
cette Huile, la bénir + et la sanctifier + car tu as prescrit d'en oindre les malades, afin qu'en recouvrant la santé,
ils te rendent grâces, à toi, Dieu Vivant et Vrai. Accorde, nous t'en supplions, à tous ceux qui se serviront de
cette huile, qu'en ton Nom nous + bénissons, qu'ils soient délivrés de toute maladie, de toute langueur, de toute
infirmité, ainsi que de toutes les embûches de l'ennemi. Qu'ils soient protégés contre toute adversité, car tu les as
rachetés par le Précieux Sang de ton Fils Bien-aimé, afin qu'ils ne soient jamais blessés par la morsure de
l'antique serpent. Nous te le demandons, Père, par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen !

69
Les plantes magiques

Lorsque le Feu fait fondre la cire il libère le message ou la charge qu'elle contient. On fixe
cette charge ou ce message sur la cire au moyen de l'huile. Cette charge s'opère par la
pensée et le désir exprimé à haute voix de préférence tandis que l'on ajoute à la bougie un «
condensateur fluidique » : l'huile. (Une huile végétale : huile de maïs, d'olive, d'arachide,
etc...). […] la charge énergétique bénéfique qui a été appelée, est conservée par l'huile et
transmise […]
Prenez une coupe très propre et remplissez-la d'une huile végétale. Bénissez ensuite cette
huile en traçant au-dessus de la coupe le Signe de la Croix des Éléments. […] Les doigts
doivent être pointés vers la coupe. Dites, pendant que vous tracez le Signe de la Croix : « Au
nom de YOD-HÉ-VAW-HÉ manifesté par le Pouvoir de SCHIN, Amen. » […] au moyen de
votre pouce droit préalablement trempé dans l'huile bénie, huilez-les […]
La lumière sur le royaume – Alexandre Moryason

Bien sur cette tradition d’oindre n’était pas exclusivement réservé à l’huile, en inde on
utilise du lait pour l’onction rituel des statues et on retrouve beaucoup de rituels de
consécration ou de sanctification qui utilise de l’eau bénite ou lustrale88.

Figure 23 - Samuel oint David, d'après 1 Samuel 16:1-13, détail d'une porte en bois de la Synagogue de Dura Europos,
Syrie. (Wikimedia Commons)

88
Sur la préparation de l’eau lustrale voir : http://abrasax.alloforum.com/outils-magiques-lustrale-t4111-1.html

70
Les plantes magiques

V. Les Encens et fumigations

Le principe des encens est multiple, les fumigations faites de résines ou de plantes,
mélangée ou simple, ont à la fois une fonction de purification, de consécration, de
protection, d’augmentation des capacités psychiques ou magiques, mais aussi un
rôle de médium, en servant de transport symbolique d’une réalité matérielle vers une
réalité spirituelle. On retrouve dans l’exode la recette donné par dieu de l’encens à
utiliser pour les rites religieux :

L'Éternel dit à Moïse: "Choisis des ingrédients: du storax, de l'ongle aromatique, du galbanum,
divers ingrédients et de l'encens pur; le tout à poids égal. Tu en composeras un parfum,
manipulé selon l'art du parfumeur; mixtionné, ce sera une chose pure et sainte.
Exode 34-37

La fumée qui monte vers le ciel, transporte ainsi un message, le plus souvent une
simple prière, vers la ou les divinités. Dans l’antiquité, il était d’usage de bruler les
sacrifices pour le transporter dans la sphère de réalité de la divinité à qui l’on offrait
les sacrifices. En magie on utilise pour cela soit des bougies, soit de l’encens, on
peut également utiliser de petit papier que l’on jette dans le feu.

La fumée des encens et plus généralement des feux de bois ou de plantes, dégage
également des substances actives, qui pouvaient entrainer des états de conscience
modifiés, on utilisait donc des fumigations pour la divination l’exemple le plus connu
étant la pythie de l’oracle de Delphes. En magie on utilise des préparations visant à
renforcer les capacités de divination :

Encens de la vue magique : C’est une formule multi usage, à bruler en lisant les tarots, en
utilisant des cristaux, en méditation, etc. Il est composé de mastic, de patchouli, de cannelle,
de genévrier et de santal.
Magical Herbalism – Scott Cunningham (traduction Abraxas)

On sait aujourd’hui que les fumées d’encens sont cancérigènes de par la forte
présence d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (carbonyles et benzène), il
convient donc d’en utiliser avec parcimonie et d’aérez si vous opérez en intérieur afin
de ne pas augmenter la pollution intérieur de votre appartement.

D’après Cunningham dans son « Magical Herbalism » un encens constitué à part


égale d’Oliban, de Bétoine et de Sang de Dragon serait particulièrement puissant et
utile lorsque l’opérateur effectue des rituels de protection.

L’encens était traditionnellement de l’Oliban qu’on peut utiliser pur pour toute sorte
d’opération. On trouve cependant des recettes particulières en fonction des rituels ou
des correspondances planétaires ainsi chez Piobb :

71
Les plantes magiques

Poudre pour fumigation (d’après leurs correspondances planétaires).


Soleil : Safran 5g
Bois d'Aloès 5g
Baume 5g
Graine de Laurier 5g
Clous de Girofle 5g
Myrrhe 5g
Oliban 5g
Musc 1 pincée
Ambre Gris 1 pincée
Faire une pâte, laisser sécher avant de réduire en poudre.

Lune : Graines de Pavot Blanc Mars : Euphorbe


Storax Bdelyon
Benjoin Sel Ammoniaque
Camphre Racine d'Ellébore
Tête de grenouille (Reconcule) Poudre de fer aimanté
Œil de Taureau (Œillet Rouge) (gomme de ferula persica)
[…] Soufre
Mercure :Mastic […]
Oliban Jupiter :Graine de Frêne
Clous de Girofle Bois d'Aloès
Quintefeuille Storax .
Poudre d’Agate Benjoin ..
(Agatophyllum) Poudre d’azur
[…] (Asuret du canada)
Vénus : Musc Bout de plume de paon
Ambre gris (Coquelicot)
Bois d’Aloès […]
Roses rouges Saturne: Graine de Pavot Noir
Poudre de corail rouge Graine de Jusquiame
(Piment des jardins) Racine de mandragore
[…] Poudre de fer aimanté (id.)
Poudre de Myrrhe .
P.V Piobb – Formulaire de Haute-Magie

On trouve également des mélanges prêt à l’emploie dans beaucoup de boutique


ésotériques, cependant voici la recette de quelques-uns de ces encens qui sont
souvent utilisé en magie opérative :

Encens Pontifical
- Oliban 350g
- Myrrhe 200g
- Benjoin 200g
- Storax 150g

Encens de Jérusalem
- Bois de santal 300g
- Oliban 230g
- Myrrhe 150g
- Benjoin 75g
- Storax 75g

72
Les plantes magiques

VI. Les élixirs Spagiriques.

La Spagirie est l’art de séparer et de réunir les principes actifs des plantes. En
alchimie les plantes possèdent des principes philosophiques : le sel, le mercure et le
souffre.

Hermès […] appel ces trois substances l’esprit, l’âme et le corps […] vous devriez savoir qu’il
s’agit de rien d’autres que de nos trois Principia, c'est-à-dire le mercure, le souffre et le sel,
desquels les sept métaux sont issus. Mercure est l’esprit, le souffre est l’âme, le sel est le
corps.
Paracelse. Op. Cité dans Holmyard, E. J. (1931). Makers of Chemistry. Oxford:
Clarendon Press. p. 114 (traduction Abraxas)

Le mercure (☿) est le principe de vie, l’esprit, l’eau de vie. Le mercure est un principe
passif et féminin, indéfini, élastique et malléable, à la fois aérien et aqueux, associé
également à la lune et à Diane.

Le souffre ( ) est l’âme, la conscience, l’âtmâ de la tradition hindou, le soufre est un


principe ardent, créateur, masculin et actif associé au soleil et à Apollon.

Le sel (⊖) est la terre, le principe solide, le corps, le véhicule, la matière au sens
propre du terme. C’est un principe incombustible et non-volatil.

On reconnait ici que ces trois principes sont rattachés aux trois sphères de réalité de
la tradition hermétique, le corps (Corpus Mundi), l’esprit (Spiritus Mundi) et l’âme
(Anima Mundi). Le souffre et le mercure représente la loi des polarités (eau/feu,
féminin/masculin, lumière/ténèbres, etc.) dont Nicholas Flamel dit qu’ils représentent
les serpents attachés au caducée de mercure.

Ces trois principes se manifestent dans la sphère matérielle sous quatre formes, la
forme plasmatique (le feu, chaleur et lumière), la forme gazeuse (l’air et les principes
volatils), la forme aqueuse (l’eau et l’humidité) et la forme solide (la terre)89. Ces
éléments se réunissent pour former un cinquième, la « quinta essentia », la
quintessence. Certaines préparations du Codex Medicamentarius portaient encore
au 18ème siècle le nom de quintessence et c’est sous ce nom qu’on retrouve
également certaines préparations alchimiques.

Bien des alchimistes ont été à la recherche de la quintessence ; on l’obtient en débarrassant


les arcanes des quatre autres corps – ce qui reste c’est l’arcane. Cet arcane est un chaos qui
est susceptible d’être conduit par les astres aussi aisément qu’une plume se trouve emporté
par le vent. La préparation des remèdes consiste par conséquent à savoir séparer les quatre
corps des arcanes, à connaitre quelle force astrale est active dans les arcanes, puis à repérer
comment l’Astre agit dans telle ou telle maladie ; enfin de trouver la force astrale, qui, dans et
par l’arcane, est à même de lutter contre la maladie.
Alchimia, Der dritte grund medicinae. (Paragranum, 1530, Ed. Sudhoff, VIII, p181-203)
op. Cité dans Paracelse, de l’alchimie, Presses universitaires de Strasbourg traduction
de Lucien BRAUN

89
Pour de plus ample information sur les quatre éléments et leur relation dans les différentes sphères ainsi que
dans les traditions magiques, se référer à la publication du forum Nr1 « les cinq éléments ».

73
Les plantes magiques

La quintessence est la force qui lie toute choses nous apprend Raymond Lulle, c’est
le principe akashique des hindous, le substrat de notre réalité et de tout ce qui est,
c’est le principe spirituelle qui est le cœur de toute choses et sans laquelle les autres
éléments ne seraient que de la matière morte.

En résumé, l’alchimie considère un principe divin, qui est l’union des deux polarités,
la prima matéria et la prima energia, le souffre et le mercure, le fixe et le volatile,
l’épais et le subtile, Solve et Coagula, le soleil et la lune.

Dans la spagirie, l’alcool90 éthylique est le porteur du principe mercurien, l’alcool est
obtenu par fermentation des plantes et la transformation des sucres en alcool et
dioxyde de carbone par de micro-organismes, puis séparé par le processus de
distillation tel que nous l’avons vu au chapitre précédent. Ce principe mercurien est
non-différencié et non conscient, passif, comme les eaux primordiales des différentes
mythologies de la création, et par conséquent il n’est pas spécifique mais est
commun à toute les plantes, pour autant il y a alcool et alcool comme il y a eau et
eau et la plante d’origine joue un rôle dans la spagirie.

Le souffre se présente sous deux formes, sous un principe volatile, les huiles
essentielles, et sous un principe fixe obtenue de manière plus complexe. Les huiles
sont véritablement l’âme, l’essence de la plante, d’où leur nom d’huiles essentielles.

Le sel, ou il serait plus juste de dire « les sels », représente le corps de la plante,
étant donné qu’ils sont incombustibles91, on les obtient par incinération puis par
calcination de la plante ou des résidus de distillation.

…car tout ce qui dans le feu fume et part en fumé c’est du mercure, tout ce qui brule et se
92
consume c’est du souffre et tout ce qui est cendres, c’est également du sel.
De Natura Rerum, 1584, Jobin, Livre VI-p38. (Traduction Abraxas)

Pour obtenir les sels, on brule la plante puis on met environs trois fois le volume
d’eau distillé, puis on porte lentement à ébullition en mélangeant régulièrement. On
laisse ensuite le mélange reposer et on filtre, le résidu filtré est appelé « Caput
Mortem » et représente les sels qui ne sont pas hydrosolubles : calcium, phosphore
et magnésium. On répète plusieurs fois l’opération puis on laisse évaporer à
température basse, par exemple en laissant le mélange au soleil ou sur un radiateur
pendant plusieurs jours, le sel obtenu doit être blanc.

90
Le mot Alcool vient de Paracelse qui l’utilise pour la première fois en parlant de l’esprit de vin, à l’époque
l’al-khol est un produit maquillant venu des pays arabes et devint synonyme de poudre très fine et
métaphoriquement quelque « la meilleur ou la plus fine » des parties d’une chose, il est probable que Paracelse
ait vu l’esprit de vin comme la meilleur partie du vin et donc le nomma « alcool de vin ». (d’après Holmyard, E.
J. (1931). Makers of Chemistry. Oxford: Clarendon Press. p. 112.)
91
Les sels, par exemple le calcium ont des points de fusion relativement élevé ce qui fait qu’ils ne sont pas
détruit par le processus de calcination. Cette méthode d’obtention de sels minéraux est très ancienne et la cendre
de bois ou de plantes était utilisée pour diverses applications dans toute l’antiquité.
92
[..]dann alles was im feuer raucht und verraucht, ist Mercurius, was brennt und verbrennt ist Sulphur, was
alles was Aschen ist, das ist auch ein Saltz. La phrase est sortie de son contexte, ici paracelse entant surtout
prouver que les „humeurs“ hippocratique ne sont pas généré par les éléments mais par ces trois substances qu’il
définit.

74
Les plantes magiques

On commence toujours par l’extraction des huiles essentielles (souffre), puis on


laisse le résidu de la distillation à macérer dans un contenant approprié qui laissera
s’échapper les gaz du processus de distillation mais ne laissera pas l’air ambiant
rentrer. Puis on distille pour obtenir l’alcool (mercure). On prend finalement le résidu
de cette distillation qu’on calcine, c'est-à-dire qu’on laisse l’ensemble à des
températures élevées (entre 400° et 500° dans des f ours), dans certaines recettes
alchimiques on le fait plusieurs fois de suite pendant plusieurs jours jusqu’à ce qu’on
obtienne un résidu sous forme de cendre grise qui servira de base à l’extraction des
sels comme expliqué plus haut. Les sels de souffre sont obtenue par le même
procédé, mais au lieu d’utiliser les plantes restantes suite à la distillation, on utilise le
résidu liquide de la distillation qu’on fait d’abord cuire jusqu’à l’obtention d’une pate
dur et noirâtre.

On le voit la fabrication d’élixir spagirique est complexe et demande du temps et de


la persévérance. Cette publication n’est pas un manuel de spagirie et nous ne
développerons pas plus, ceux qui sont intéressé par cet art particulier pourrons
développer plus avant dans les ouvrages consacré au sujet93.

Figure 24 - Le lion vert dévorant le soleil – Reproduction de la 18ème gravure sur bois du Rosarium Philosophorum
dans son édition de 1550.

93
Voir à ce sujet la bibliographie en fin de publication.

75
Les plantes magiques

Figure 25 - Vovelle Zodiacale, Egerton MS 2572, British Library

La Nature est un temple où de vivants piliers


Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent


Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Charles Baudelaire – Les fleurs du mal - Correspondances

76
Les plantes magiques

Nous avons déjà abordé dans l’introduction les correspondances des plantes
magiques. Il est maintenant temps de détailler ces dernières, qui peuvent être
relativement complexe au premier abord, mais qui comme nous allons le voir font
appel à des relations analogiques. Typiquement, l’association des planètes fut faite
en correspondance avec le caractère des dieux, et les propriétés « magiques » ou
« astrologiques » des planètes de la tradition ésotérique.

Notons d’abord que les correspondances sont basées sur deux lois d’analogie que
tout semble opposer :

Le même système de correspondance, appliqué aux trois règnes de la nature, fournissait les
éléments de la thérapeutique. Les astrologues avaient le choix entre deux façons au moins
d'entendre la thérapeutique : une à la fois magique et scientifique, qui consiste à opposer à
une influence nocive une influence antagoniste; l'autre, magique aussi et surtout religieuse,
qui considère l'auteur occulte de la maladie comme seul capable de la guérir en cessant de la
causer, ce à quoi il faut ou le décider ou le contraindre.
Auguste Bouché-Leclercq, 1899, L’Astrologie Grecque, éd. Ernest Leroux, p534

Ces deux systèmes de construction des correspondances cohabitent étrangement


dans l’ensemble des systèmes et des référentiels spirituel et ésotériques, ainsi
Eliphas levy indique, ayant certainement noté cette différence, sa préférence pour la
loi d’analogie « antagoniste » :

Les lois occultes sont souvent diamétralement opposées aux idées communes. Ainsi, par
exemple, le vulgaire croit à la sympathie des semblables et à la guerre des contraires ; c'est la
loi opposée qui est la vraie.
Eliphas Levi, Dogme et Rituel, 1861

Qu’importe la méthode, ces correspondances se basent toute sur un principe de


subdivision du réel, en partant de la plus simple, la division binaire jusqu’à la plus
complexe la division zodiacale.

Chaque plante est une étoile terrestre. Ses propriétés célestes sont inscrites sur les couleurs
des pétales, et ses propriétés terrestres sur la forme des feuilles ; toute la Magie y est
contenue puisque les plantes représentent tout l'ensemble des puissances astrales.
Il a trois clés différentes que l'on peut employer pour reconnaître à ses propriétés extérieures
les vertus intérieures d'une plante : la clé binaire, la clé quaternaire ou des éléments, ou
zodiacale ; et la clé septénaire ou planétaire
Les Plantes magiques - Paul sédir - Chacornac, 1902

La division binaire correspond à la classification des plantes suivant leur nature


masculine et leur nature féminine. Les plantes masculines sont généralement solaire,
et les plantes féminines, lunaires ; cette subdivision de la nature est certainement la
plus simple à aborder.

Puis vient la division ternaire, qui se résume en les trois éléments classiques, le feu,
l’air et l’eau. La division ternaire est également le corps, l’esprit et l’âme, que nous
avons déjà abordée dans le chapitre sur la spagirie. On rajoute traditionnellement la
terre comme étant la somme des trois éléments classiques, c'est-à-dire la sphère de
matérialisation du feu, de l’eau et de l’air, on obtient alors le quartenaire. A ce
quartenaire s’ajoute un cinquième élément, la quintessence, qui est tout à la fois le
substrat de la réalité mais également le contenant des quatre autres éléments.

77
Les plantes magiques

Puis vient le septénaire, soit les correspondances planétaires, ces dernières se


divise en deux luminaires (représentation du binaire) que sont le soleil (masculin) et
la lune (féminin) et les cinq planètes du système solaire, qu’on associe également au
cinq éléments à savoir, mars (feu), mercure (air), vénus (eau), saturne (terre) et
Jupiter94 (quintessence).

Puis viennent les correspondances zodiacales, elle-même regroupées en quatre


groupes de trois associés aux éléments et associés aux planètes. La vraie
« science » ou « art » de ces correspondances, s’apprécie au regard de l’astrologie.

Les plantes magiques, furent et sont encore associées à ces différentes subdivisons
du réels suivant plusieurs logiques et plusieurs traditions.

Les premières associations sont avant tout d’ordre mythologique, c’est à dire des
associations faites à des divinités tutélaires de telle ou telle plante, ces divinités elles-
mêmes sont souvent associées à des planètes, des constellations ou des étoiles
fixes, ces associations étaient courantes dans les pratiques magiques babyloniennes
et égyptiennes et ce sont de ces associations primordiales que découlent certaines
des associations que l’on retrouve dans les traités antiques et modernes sur le sujet :

[…] les astrologues […] n'ont pas manqué non plus de précurseurs qui ont imaginé le partage
des catégories de choses, prises dans tous les règnes de la Nature. La mythologie avait
disséminé ses dieux dans l'air, l'eau, la terre, avant que les astrologues n'eussent disserté sur
les affinités des corps célestes avec le froid, le chaud, le sec et l'humide. Les poètes avaient
chanté le Soleil d'or et la Lune d'argent ou parlé du fer de Mars avant que la chimie
astrologique n'eût adjugé chaque métal à une planète déterminée. On connaissait les
végétaux, les animaux que préféraient certains dieux ; le chêne et l'aigle de Zeus, le laurier et
le dauphin d'Apollon, le myrte et la colombe d'Aphrodite. La médecine astrologique, qui est
fondée tout entière sur les affinités des organes d'une part, des médicaments de l'autre, avec
les astres, a été devancée par les superstitions populaires. La démonologie, qui attribue les
maladies à la possession du corps par des puissances occultes, est la première forme des
religions, qui ne s'en dégagent jamais complètement et y retournent lorsque vient pour elles la
décrépitude. Les astrologues n'ont fait que démarquer et transposer le bagage d'amulettes,
phylactères, recettes magiques, dont ils ont hérité.
Auguste Bouché-Leclercq, 1899, L’Astrologie Grecque, éd. Ernest Leroux, p311

Avec Hippocrate, la médecine de l’époque développe le principe des humeurs et


classifie alors les plantes en chaude, sèche, humide et froide, associant ainsi les
plantes avec les éléments, ces derniers sont vu, par leur déséquilibre, comme
responsable des maladies, et leur effets sont vu, par analogie aux actions des
éléments dans le corps.

A la fin du moyen-âge et au début de la renaissance, la médecine occidentale


redécouvre l’iatromathématique issus de l’astrologie égyptienne95, et la médecine se

94
Ces deux derniers sont parfois inversé, soit saturne pour la quintessence et Jupiter pour la terre, ces
correspondances nous apparaissent cependant fausses. Saturne est clairement le siège d’une certain forme de
matérialité, quand Jupiter en tant que « père » des dieux, il correspond à cette quintessence, comme étant la
source des autres éléments.
95
Notons cependant que si ces associations existaient, comme nous l’avons déjà exposé, bien avant la
renaissance, elle n’était pas forcément aussi structuré. L’astrologie du moyen-age et surtout de la renaissance
était vu comme une science et fut étudié comme telle, c’est à cette époque que se développe et se popularise ces
associations et cette vision, qui à survécu jusqu’à nos jours, d’une astrologie que l’on pourrait qualifier de

78
Les plantes magiques

confond alors avec l’astrologie et l’alchimie, les correspondances qui se développent


alors sont celles liés à la vision d’un homme dont chaque partie est dominée par un
signe, lui-même influencé par une planète. On retrouve alors des associations
planétaires qui découlent de ces associations zodiacales. Ces associations des
plantes et des astres sont tout particulièrement défendu et développé par Paracelse
qui « dénonce » le référentiel élémentaire hippocratique comme étant faux :

[…] sache que les préparations devront être conduites, ici aussi, de façon à demeurer en
liaison avec les astres, car ce sont eux qui achèvent l’œuvre du médecin. Il convient donc de
penser les remèdes en correspondances avec eux ; le dosage aussi (18). Ne parlez plus du
froid, du chaud, du sec et de l’humide ; par contre le médecin se trouve sur la bonne voie s’il
sait se référer à Saturne, à Mars, à Vénus, au pôle. Mais il faut qu’il sache se rapporter l’un à
l’autre Mars en tant qu’astre et Mars en tant que force qui fait croitre les plantes ; qu’il sache
les faire correspondre, se conjuguer. C’est en cela que réside l’art véritable qu’aucun médecin
– des origines jusqu’à moi – n’a vraiment su atteindre.
[…]
C’est pourquoi l’art ne consiste pas à répéter « la mélisse est un remède pour la matrice, la
marjolaine un remède pour la tête ». Les sots parlent ainsi. C’est de Vénus ou de la Lune que
doit venir l’instigation, Di tu veux que les simples aient l’effet que tu souhaites, il faut qu’ils
soient accordés à un ciel favorable, sinon tu n’auras aucun résultat. Voilà l’erreur qui a envahi
la médecine : ils disent « contente toi d’administrer ; si ça agit, ça agit ! » Le premier valet de
ferme venu est capable de pratiquer une telle médecine ! Nul besoin d’Avicenne, ni de
Galien ! Médecin de cette espèce, comment pouvez-vous prétendre donner des instructions
concernant les maladies de la tête, du cerveau, du foie ? Comment pouvez-vous vous
permettre de tels conseils alors que vous n’entendez rien aux choses du Ciel ? C’est le Ciel
qui dirige et qui agit.
Alchimia, Der dritte grund medicinae. (Paragranum, 1530, Ed. Sudhoff, VIII, p181-203)
op. Cité dans Paracelse, de l’alchimie, Presses universitaires de Strasbourg traduction
de Lucien BRAUN

Aujourd’hui, tout se mélange, on peut lire sur le sujet tout et son contraire, et surtout
des mélanges de référentiel qui semblent totalement incompatible les uns avec les
autres, aucun auteur ne prend cependant le soin d’expliquer pourquoi telle ou telle
plante à telle ou telle correspondance.

Le premier à avoir réellement fait un travail de synthèse reste Cunningham dans son
encyclopédie des plantes magiques, mais lui non plus malheureusement n’explique
rien, en fait il reprend principalement des informations tirées de divers ouvrages qu’il
cite dans une bibliographie érudite et très complète sur le sujet, sur les
correspondances astrologique et élémentaires il reprend principalement Nicholas
Culpeper, qui essaye quant à lui de détailler parfois le pourquoi de ces
correspondances. Le plus souvent les correspondances de Culpeper sont faites en
relation avec les propriétés médicales des plantes, et les associations planétaires et
astrologiques qui en découlent, ainsi une plante aphrodisiaque serait associée avec
le scorpion, une plante bonne pour la digestion avec la balance, une plante contre
les maux de tête avec le bélier96.

« mathématique ». Mais à contrario de l’astrologie qui développe des relations « variable » basé sur le calcul, ces
associations des signes avec les végétaux, les animaux, mais également les regions du globe et les minéraux, sont
paradoxalement « fixes ».
96
Voir 5.IV

79
Les plantes magiques

I. Les éléments

De la même manière que les éléments soutiennent le monde, ils construisent également les
connexions du corps humains, et leurs effets émanant se diffusent dans l’Homme, pour qu’il
soit soutenu par eux, de la même manière qu’ils exercent leurs effets dans l’univers entier
Feu, Air, Eau, Terre sont dans l’Homme, et il en est composé. Du Feu il a la chaleur, de l’air la
respiration, de l’eau le sang et de la terre la chair, de la même manière [vient] du feu la vision,
de l’air l’audition, de l’eau le mouvement et de la terre la marche debout. Le monde se porte
bien, quand les éléments remplissent leur devoir, la chaleur, la rosée et la pluie, chacun au
bon moment, tombent mesuré pour réchauffer la terre et apporté fruit, fertilité et santé –
lorsqu’ils tombent tous ensemble soudainement et irrégulièrement sur la terre, alors tout ceci
vole en éclat et réduit à néant cette fertilité et cette santé - de la même manière les éléments
entretiennent les Hommes quand ils sont correctement actif en lui, et le rende en bonne santé,
mais lorsqu’ils sont l’un contre l’autre, ils le rende malade et le tue.
Hildegarde Von Bingen – Heilwissen – Kapitel 9 (Traduction Abraxas)

Au début de la médecine gréco-romaine, ce sont surtout les dieux, les esprits, la


magie et les forces surnaturelles qui sont causes des maladies, et par conséquent la
médecine était avant tout une forme de magie sacerdotale, ou le médecin essayait
de s’accorder la faveur de certaines déités ou certains esprits pour la guérison du
malade, la théorie des quatre éléments appliqués à la santé et la médecine
représente la première tentative de l’Homme d’appliquer des connaissances
d’observations de la nature à l’établissement de théorie scientifique de
systématisation des maladies et de leur traitements. Elle correspond donc à un
véritable bond dans le développement de la médecine.

La théorie des qualités et des


humeurs élémentaires fut popularisé
par les écrits d’Hippocrate (-460, -370
av JC), même si son origine pourrait
être beaucoup plus ancienne97. Elle fut
reprise par les penseurs grecs qui
suivirent comme Galien qui développa
la théorie des tempéraments et les
penseurs arabes comme Avicenne qui
l’étendit quant à lui aux aspects
émotionnels. Elle fut utilisé jusqu’au
19ème siècle et la progression de la
microbiologie de Louis pasteur et la
pathologie cellulaire de Rudolf
Virchow. Aujourd’hui la méthodologie
scientifique liée à la théorie des
humeurs a été totalement invalidés.

Les plantes magiques, étaient dans la


théorie des humeurs hippocratiques, Figure 26 - vaulx (j. de), premières oeuvres , 1483 BNF Français 150,
classifié suivant leur qualité fol. 4, Éléments et humeurs
élémentaire, ces dernières sont
parfaitement illustrer par le schéma ci-contre:

97
Karl Sudhoff, dans. Essays in the History of Medicine. Medical Life Press, New York, 1926, suppose une
origine mésopotamienne.

80
Les plantes magiques

Le feu est donc sec et chaud, l’air chaud et humide, l’eau froide et humide et la terre
sèche et froide. Pour la médecine Hippocratique les éléments sont représenté par
des « fluides » qui circulent dans le corps, ce sont les « χυµός », les chymos, ce qui
signifie littéralement les jus. Ces fluides sont respectivement : le Sang qui est chaud
et humide et correspond à l’air, le flegme ou pituite qui est froid et humide et
correspond à l’eau, la bile jaune qui est chaude et sèche et qui correspond au feu, la
bile noire qui est sèche et froide et qui correspond à la terre.

Dans la théorie des humeurs, une maladie est le produit d’un déséquilibre entre ces
quatre fluides (et donc quatre éléments) qui sont tous présent dans l’organisme et
contribuent à son bon fonctionnement.

Le corps de l'homme a en lui sang, pituite, bile jaune et noire; c'est là ce qui en constitue la
nature et ce qui y crée la maladie et la santé. Il y a essentiellement santé quand ces principes
sont dans un juste rapport de crase, de force et de quantité, et que le mélange en est parfait; il
y a maladie quand un de ces principes est soit en défaut soit en excès, ou, s'isolant dans le
corps, n'est pas combiné avec tout le reste.
Hippocrate – Œuvres complètes – Livre VI – Traduction d’E. Littré, 1849

Pour Hippocrate cet équilibre étaient


naturellement influencé par les saisons, en
hivers le flegme est plus froid et domine
l’organisme, au printemps le sang augmente
en raison de l’humidité causé par les pluies
et de l’augmentation de température même
si le flegme est toujours présent en quantité,
en été c’est la bile jaune qui domine avec le
sang qui garde encore sa force, et pour finir
en automne c’est la bile noir qui domine.

Pour Galien c’est au médecin de corriger le


déséquilibre des humeurs, pour cela il
dispose de la diététique, des préparations
médicamenteuses ou bien d’action
Figure 27 - Médecin pratiquant une saignée sur un chirurgicale, la plus connue et la plus
patient. Aryballe attique à figures rouges v. 480-470 av. populaire jusqu’au 19ème siècle ayant été la
J.-C., Musée du Louvre
saignée dont le but était d’évacuer le trop
plein de sang.

Pendant tout le moyen-âge, la théorie des humeurs et la classification des plantes en


sèches, chaudes, froides et humides aura une grande influence sur les habitudes
alimentaires mais également sur toute la médecine et les préparations médicinales.
Ainsi il était conseillé au tempérament cholérique de ne pas trop prendre d’épices
(qui étaient réputées chaudes et sèches) mais de plutôt consommé du poisson (qui
était froid et humide).

La théorie des humeurs fut également associée aux théories astrologiques aux
moyen-âge et à la représentation de l’Homme zodiacal que nous aborderons aux
chapitres suivants. Nicholas Culpeper (1616-1654), qui fut une grande source
d’inspiration pour les herboristes anglo-saxons, utilisa largement la théorie des

81
Les plantes magiques

humeurs à travers ces correspondances astrologiques dans son « English


Physician »

Cette théorie, qui fut l’un de fondement de la médecine occidentale durant plus de
deux millénaires, si elle fut une cassure et un développement à l’époque de son
invention, elle montre également comment un système a pu s’enfermer avec
éloquence sur lui-même et stopper toute progression dans l’étude des maladies et de
leur traitement. A l’époque de Galien ces substances humorales, n’était pas que
physiques mais représentaient également des concepts psychiques, alors que dès le
moyen-âge la médecine occidental regarda ces humeurs d’un point de vue purement
organique et érigea la théorie des humeurs en une véritable science. Seul Paracelse
à son époque critiqua activement la théorie des humeurs et essaya de présenter un
référentiel purement alchimique basé sur les sept corps planétaires.

[…]Dès lors, s’il en est ainsi, le médecin doit mettre fin à sa rengaine épelant degrés,
complexions, humeurs et qualités ; il lui faut franchement reconnaitre la nature du remède en
le comprenant dans sa relation avec le ciel ; il faut qu’il apprenne que les astres agissent en
haut comme en bas. […] A partir de là ce qui dans le remède concerne le cerveau est conduit
au cerveau par la lune, ce qui se rapporte à la rate est conduit par Saturne, et ce qui
appartient au cœur y est conduit par le soleil, de même façon Vénus conduit aux reins, Jupiter
au foie, Mars à la Bile. […] Si donc tu connais ce qu’est l’Astre, et si connais ce qu’est la
maladie, alors tu sauras quel chemin il faut suivre et quel est ton pouvoir. Les arcanes nous
apprennent que les humeurs, les qualités, les complexions, ou de dire « ceci est mélancolie »,
« ceci est phlegme », sont choses sans fondement.
Alchimia, Der dritte grund medicinae. (Paragranum, 1530, Ed. Sudhoff, VIII, p181-203)
op. Cité dans Paracelse, de l’alchimie, Presses universitaires de Strasbourg traduction
de Lucien BRAUN

82
Les plantes magiques

Description et tableau de classifications des plantes suivant les humeurs


hippocratiques :
Issus de : Pietro Andrea Mattioli, Les commentaires, sur les six livres de Pedacius Dioscoride de la
matière médicinale, Traduction de A. du Pinet, Pierre Rigaud, 1605

83
Les plantes magiques

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Les plantes magiques

85
Les plantes magiques

On remarque de cette liste, la disproportion que nous avons déjà indiqué entre les
plantes sèches et chaudes, et les autres qualités élémentaires, pour ce qui est
spécifiquement des plantes chaude et humide, on notera également qu’aucune
plante n’est intrinsèquement chaude et humide, à l’exception du basilic98 pour le
reste il s’agit des huiles, des beurres ou des graines de différentes origines.

98
Le Basilic est naturellement « chaud et sec », mais devient « chaud et humide » lorsqu’il est cultivé, cela
rejoint la notion de Galien, pour qui les plantes cultivé sont d’humeurs plus douce que leurs homologues
sauvages.,

86
Les plantes magiques

II. Les planètes

Celui qui désire devenir un vrai thérapeute doit chercher à comprendre la composition d’une
prescription selon la conjonction des herbes et des astres du firmament.
Paracelse - Peste I

Les relations planétaires des plantes devraient suivre les développements de


l’astrologie moderne. En effet, les astrologues prennent en considération dans leurs
calculs l’ensemble des corps célestes (incluant Neptune, Uranus et Pluton). Il faudrait
cependant, dans le cadre de l’astrologie, faire une distinction entre les « principes
planétaires » et les planètes99. La tradition alchimique ne considère elle, que sept
planètes, soit deux luminaires : la Lune et le Soleil, représentant respectivement le
principe binaire (féminin et masculin) et cinq planètes proprement dites : Mars,
Vénus, Mercure, Jupiter et Saturne, qu’on associe également aux cinq éléments.

Figure 28 - Système héliocentrique de Copernic, De revolutionibus Orbium Coelestium, vers 1530.

Pour la classification des plantes, la spagirie considère que chaque plante possède à
des degrés plus ou moins élevés les forces spécifiques d’une ou plusieurs planètes,
les classifications sont faites suivant les influences les plus fortes, cela ne veut pas
dire que la plante n’a qu’une seul correspondance planétaire, mais que la
correspondance indiqué est la plus dominante dans la plante, parfois on indiquera
plusieurs planètes dont les influences sont dominantes dans une plante.

Agrippa quant à lui nous indique que pour chaque planète, il existe une plante
particulièrement dominante :

99
Nous reviendrons sur ce point dans le chapitre sur les correspondances zodiacales.

87
Les plantes magiques

Et pour les planètes celles-ci: pour Saturne la joubarbe, pour Jupiter l’aigremoine100, pour
Mars le peucédan101, pour le Soleil le tagetes, pour Venus l’herbe à coupure102, pour Mercure
la molène103, pour la Lune la pivoine
Agrippa – La philosophie occulte – Livre 1 – Chap. XXXIII (traduction Abraxas)

On retrouve également dans le Grand Albert une liste de sept plantes associés aux
sept planètes :

Les sept herbes suivantes, si l’on en croit l’Empereur Alexandre, tirent leurs propriétés des
influences des planètes.
La première est de Saturne & s’appelle Offodilius. […].
La seconde est du Soleil & se nomme Poligoine, Corrigiale ou Renouée ; […].
La troisième est de la Lune & on l’appelle Chrynostates […]
La quatrième est de Mars & on l’appelle Arnoglose […]
La cinquième est de Mercure & se nomme Pedadilius ou Pentaphilon en françois
quintefeuille. […]
La sixième est de Jupiter qui se nomme communément Acharon & par quelques-uns
Jusquiame […].
La septième est de Vénus & on rappelle Pisterion quelques-uns a nomment aussi Colombaire
ou Verveine […].
104
Les admirables secrets d'Albert le Grand, Beringos fratres, 1774,p75-79

On retrouve des listes de plantes associés aux planètes dans de nombreux traités de
magie ou de spagirie, ancien ou moderne, ainsi par exemple Lenain cite :

Les arbres et les plantes consacrés aux planètes :


Saturne influe sur l asphodèle, le pin, le cyprès, le figuier noir, les pavots noirs, l’ellébore noir,
le grand persil ou ache la joubarbe, le cumin, la rue, le benjoin et en général toutes les racines
odoriférantes telles que la racine de mandragore et le coste au coq.
Jupiter influe sur la buglosse, l’aigremoine, le macis, les dragées aux chevaux, la jusquiame,
l’épi de blé, le mastic, la menthe, l’inula campana, l’ivraie, le peuplier, le chêne, le frêne, le
coudrier, le poirier, le pommier, la vigne et le prunier et tous les fruits odoriférants comme la
noix muscade et les girofles.
Mars influe sur l’ail, l’euphorbe, les oignons, les échalotes, les poireaux, les radis, les raves, la
moutarde, l’ortie, le chardon, la peucedanne, le plantain, la semence d’ortie, la scammonée, le
petit laurier, le cornouiller et tous les arbres qui ont des épines et en général tous les bois
odoriférants comme le cyprès et le baume.
Le Soleil influe sur le tournesol, la renouée, la pivoine, la chélidoine, le gingembre, la
gentiane, le dictame, le lierre, la menthe, la lavande, la marjolaine, le romarin, le laurier, le
citronnier, le safran, le baume, le bois d aloès, le girofle, le poivre, le palmier et le cèdre et en
général toutes sortes de gommes odoriférantes comme l’ambre, l’encens, le mastic, le
benjoin, le storax, le laudanum et le musc.

100
Agrimonia eupatoria
101
Peucedanum officinale
102
Incertains, pourrait être : achillea millefolium, Asplenium trichomanes, Origanum heracleoticum, Ferula
galbaniflua, nula helenium
103
Verbascum thapsus
104
Offidilius (parfois orthographié offodilus) est interprété par Doreene Valiente comme étant la Jonquille
(Narcissus pseudonarcissus), alors que Piobb dans son Formulaire de Haute magie (p 203) mentionne les mêmes
correspondances que celles qu’on retrouve dans les cahier de l’adepte (ou inversement), et pense qu’il s’agit de
la fougère ophioglosse, le nom latin de la fougère mentionné par Piob « ophioglossum » signifie littéralement
langue de serpent, dans le même ordre d’idée il pourrait s’agir d’Ophicius, c’est-à-dire de la serpentaire . La
Chrynostates (christotate) est interprété par Valiente comme étant le Choux Gras (Chenopodium album) et
comme étant la criste-marine par Piobb et pour finir l’arnoglose (arnoglosse) est interprété par Valiente comme
le Plaintain et Piobb pense qu’il s’agit de l’Arnica, cependant « arnóglosson » qui vient du grec et signifie langue
de mouton, était un terme utilisé au moyen-age pour désigner le Plantain et est mentionné comme tel par
Dioscoride.

88
Les plantes magiques

Vénus influe sur la verveine, la violette, les cheveux de Vénus, l’orange, la valériane, le thym,
la coriandre, le santal, le myrte et le buis et toutes les fleurs odoriférantes comme les roses
etc.
Mercure influe sur le fumeterre, la pimprenelle, la marjolaine, l’ache de différentes espèces, la
quintefeuille, la cannelle la casse, le radis, les écorces, la graine de laurier et toutes les
graines odoriférantes.
La Lune influe sur le sélénotropion qui est toujours tourné vers la Lune ; comme le tournesol
vers le Soleil, sur le palmier qui pousse un rameau à chaque lever de la Lune, sur l’herbe
chinostares qui croît et décroît comme la Lune, sur l’hysope, la pivoine et l’olivier surnommé
l’agneau sans tache ou l’arbre chaste et sur toutes les feuilles odoriférantes comme les
feuilles d’inde de myrte et de laurier
Lazare Lenain, La science cabalistique ou l'art de connaître les bons génies, 1823,
Amiens.

Figure 29 - Le système solaire - CC Wikimedia Common

Traditionnellement, on retrouve égalements des correspondances de ces planètes


avec les organes humains, les plantes et les signes du zodiaque. Voici les
correspondances communément admises dans la spagirie et la magie105 :

En premier viennent les deux luminaires, on peut dire que l’ensemble des plantes ont
une relation au soleil et à la lune106.

105
On retrouve ces correspondances dans le Formulaire de haute magie de P.V Piobb et dans également dans le
livre de Manfred Junius (Practical Handbook of plant alchemy) et également chez Pierre Manoury (Les Plantes
Sorcières). On peut également les comparè avec celles dévelopé dans l’alchimie et l’astrologie arabe, indienne et
chinoise et à part quelques différence liés aux référentiel symbolique et analogique, les correspondances sont les
mêmes, tout particulièrement en ce qui concerne les deux luminaires, ainsi que mars, vénus et saturne, mercure
et Jupiter, deux planètes qui sont parfois interverti, elles ont en effet des associations plus différenciées suivant
les traditions.
106
En particulier d’un point de vue « zodiacale » car c’est la course du soleil et la course de la lune dans les
constellations qui sont la bases de l’astrologie dans les différentes traditions, nous reviendrons sur ce point dans
le chapitre consacré au correspondance zodiacale.

89
Les plantes magiques

Le soleil : il a une influence considérable sur l’ensemble du vivant sur notre planète.
Le soleil domine l’esprit et la volonté, l’énergie et la vitalité et la force vitale d’une
manière plus générale. Il est donc tout naturel que ce dernier, véritable cœur de
notre système planétaire, soit également associé au cœur humain, à la circulation
sanguine et à la vitalité d’une manière plus général. Son signe est le lion et son
encens l’Oliban. Les plantes solaires sont tonifiantes, affecte la circulation, le cœur,
la rate, le thymus.

La lune : elle reflète de manière atténuée la lumière du soleil et transporte son


énergie à travers les signes du zodiaque durant un mois synodique. Elle influence
l’eau sur terre et dans l’ensemble du règne vivant. La lune influence la croissance, la
fertilité, les émotions, la réflexion et la mémoire. Son signe est le cancer et son
encens le jasmin et l’hysope. Elle est associée à l’estomac, l’œsophage, la poitrine,
l’utérus et les ovaires, l’ensemble des fluides corporels, le cervelet et le pancréas

Ces deux luminaires sont respectivement associés à un signe du zodiaque, notons


que la lune n’est pas, astronomiquement parlant une planète, c’est un satellite
naturel de la terre, de même que le soleil est une étoile. Les cinq véritables planètes
du système solaire, s’apprécie dans l’ordre que la nature leur a donné et ont des
correspondances à deux signes du zodiaque respectivement107.

Mercure : planètes associé à Hermès et à Thot, c’est la planète « médiateur » par


excellence, elle est entre le masculin et le féminin, associé à l’air. Mercure influence
l’esprit d’une manière générale et par conséquent : la méditation, l’intellect et la
raison. Elle influence également la nervosité, la dextérité et l’équilibre d’une manière
générale aussi bien physique qu’énergétique. Ses signes sont les gémeaux et la
vierge et son encens l’absinthe, la valériane et l’anis. Elle est associée au système
nerveux, au système auditif, a l’ensemble du système vocal et respiratoire, aux bras
et aux jambes, aux pieds et aux mains, à l’abdomen et au cerveau.

Vénus : la plus brillante des planètes, associée à la déesse de l’amour et de la


sexualité dans diverses mythologies108. C’est la planète des arts, de l’harmonie, de la
proportion, de l’affection, elle réunit les opposé et aide à la relaxation. Ses signes
sont le taureau et la balance et ces encens le santal, le storax et le galbanum. Elle
est associée au système reproducteur, à la régénération des cellules et du corps
d’une manière générale, a l’ensemble du visage, à la gorge, aux reins, aux organes
reproducteur, au nez et à l’odorat.

Mars : mars est une planète, qui comme le dieu auquel elle est associée, est violente
et intensifie les effets, elle représente le principe actif et l’énergie dynamique. Ses
signes sont le scorpion et le bélier et ses encens le soufre, l’ail et le cyprès. Elle est
associée au système musculaire, à l’ensemble du processus de production de
chaleur dans l’organisme, aux organes sexuels, à la formation du sang.

Jupiter : la plus grande des planètes du système solaire, le dieu des dieux est celui
qui régule dans l’organisme la circulation des différents fluides vitaux et la croissance
corporel, c’est la planète de l’expansion. Ses signes sont le sagittaire et les poissons

107
On a donc 5x2=10 signes zodiacales associés aux planètes +2 signes associés aux luminaires ce qui donne nos
douze signes du zodiaque.
108
Vénus, Aphrodite, Ishtar.

90
Les plantes magiques

et ses encens le mastic, la violette et le benjoin. Elle est associée au foie, au


système veineux, au système digestif et aux poumons.

Saturne : la planète qui représente pour la plupart la négativité et la mauvaise


chance, saturne est l’opposé de Jupiter, elle est agressive pour ceux qui manque de
contrôle d’eux-mêmes, de discipline ou ceux qui manque de connaissance d’eux-
mêmes, c’est la planète des restrictions et des limitations, mais aussi le gardien du
monde et de la connaissance surnaturel. Ses signes sont le capricorne et le verseau
et ses encens la myrrhe, la mandragore et le pavot, Saturne est associée
principalement au vieillissement, aux os et aux articulations, aux dents et à la vessie.
C’est également la planète des dépressions et de la stérilité.

Les planètes sont également associées aux éléments ou plus exactement aux
qualités élémentaires que sont les sec, le chaud, l’humide et le froid :

Ainsi Saturne dirige les êtres froid et sec, Jupiter les chauds et humide, Mars les chaud et sec,
Vénus ceux de peu de chaleur et de forte humidité, Mercure ceux de faible de chaleur et de
grande sécheresse et la lune les froids et humide.
Picatrix : Das Ziel des weisen von Pseudo Magriti – Hellmut Ritter & Martin Plessner -
1962 - Warburg institute (Traduction Abraxas)

D’après Albert le Grand, chaque planète est


également associé à une partie de la plante,
ainsi les racines sont associés à saturne, la tige
à mars, les feuilles à la lune, les fleurs à vénus,
l’écorce et les graines à mercure et les fruits à
Jupiter. Il nous indique également :

La manière de se servir des secrets que l’on vient de


montrer ci-dessus, est de savoir la domination des
bonnes ou mauvaises planètes, avec leur heures & leur
jours.
Les admirables secrets d'Albert le Grand - Chez les
Héritiers de Beringos fratres, 1774.

Pour le calcul des heures planétaires, on


considère que chaque jour de la semaine est
associé à une planète :
Dimanche pour le soleil
Samedi pour Saturne
Vendredi pour Vénus
Jeudi pour Jupiter
Mercredi pour Mercure
Mardi pour Mars
Lundi pour la Lune

Les heures planétaires se déroule dans l’ordre


suivant: Soleil, Vénus, Mercure, Lune, Saturne,
Jupiter, Mars. Chaque première heure d’une
journée planétaire est régis par la planète en
Figure 30 - L'Homme Naturel - Eine kurtze question, Ainsi la première heure du mercredi
Eröffnung und Anweisung der dreyen Prinzipien est l’heure de mercure, puis les heures
und Welten im Menschen , Johann Georg Graber,
Johann Georg Gichtel , 1736.

91
Les plantes magiques

planétaires s’écoule dans l’ordre mentionné précédemment. L’heure planétaire n’est


pas égale à notre heure normale, la durée d’une journée est divisée par 12 pour
obtenir la durée d’une heure planétaire, comme nous l’indique Lenain :

Les anciens mages ont reconnu que le nombre douze divisait le ciel, d’autant plus qu’il se lève
en tout temps six signes de jour et six de nuit, soit que les jours fussent longs ou courts; c’est
de là qu’ils ont divisé le jour et la nuit en douze parties parallèles. (N’y a t-il pas douze heures
de jour ? Jésus Christ, en saint Jean, chapitre 11, verset 9.) Ils ont également attribué une
planète à toutes les divisions du jour et de la nuit ; et comme les jours ne sont point égaux, il
résulte de là que les heures planétaires ne le sont pas non plus ; et si l’on veut savoir de
combien de minutes se compose une heure de planète, en tel jour ou en tel climat que ce soit,
il faut faire le calcul suivant, savoir : supposons que le jour où l’on désire connaître l’influence
des planètes soit de quinze heures, on multiplie le nombre des heures par cinq, ce qui donne
75 minutes, c’est à dire la 12e partie du jour ; conséquemment les 12 heures planétaires de ce
jour-là se composent chacune de 75 minutes. Il reste donc 9 heures pour la nuit ; multipliez ce
nombre par 5, il donne 45 ; c’est à dire, les 12 heures de la nuit se composent chacune de 45
minutes ; et vous suivrez le même procédé en tout temps et en tout lieu.
Lazare Lenain, La science cabalistique ou l'art de connaître les bons génies, 1823,
Amiens.

Il existe d’autre système bien sûr, dont certains fixes qui considèrent que les jours
planétaires commencent à des heures fixes et se terminent à des heures fixes en
prenant l’heure officielle comme étalon. Ces systèmes nous paraissent néanmoins
faussés. Si l’on pense que ces systèmes remontent à la plus haute antiquité, alors le
seul instrument de la mesure du temps était le cadran solaire, ou plus exactement le
gnomon, ces derniers étaient divisés en douze parties égales et la première heure
commençait au lever du soleil. Le calcul des heures planétaires suivait donc la
course du soleil et les systèmes de mesures du temps de l’époque. Il est donc
logique, voir normale, dans l’idée que les plantes et les hommes ont un lien avec le
macrocosme et avec la nature, de suivre ce cycle naturel du soleil. L’idéal est donc
d’utiliser ou de fabriquer soi-même un cadran solaire pour mesurer le temps et les
heures planétaires.

Certains pourraient se poser la question, pourquoi les anciens avaient-ils utilisé une
division en douze, cela est lié à l’approximation de la mesure du temps des anciens
mésopotamien qui divisait l’année en 12 mois lunaires de 30 jours. De la même
manière l’astrologie divise le zodiaque en 12 signes de 30° chacun, ce qui
représente également une approximation par rapport au cycle naturel. Ce sont des
héritages de la culture mésopotamienne et de leur système de numérotation
sexagésimale109.

109
C'est-à-dire une base 60 qui est égale à 12x5, on retrouve encore cette base dans la division de la mesure du
temps moderne (60s=1min ; 60min=1h ; 12x2h =1 jours ; 30jours= 1 mois lunaire ; 12*30=360 jours = 1 année)
et également dans les systèmes de mesure angulaire (360°=12x30°, soit le nombre de signes du zodiaque).

92
Les plantes magiques

III. Les couleurs

Les couleurs sont généralement associés aux éléments et aux planètes. Le spectre
de la lumière visible fut divisé en sept couleurs principales (rouge, orange, jaune,
vert, bleu, indigo et violet) par Newton et par Goethe110, dans un cadre magique on
considère cependant que le blanc et le noir sont des couleurs à part entière et on a
principalement les couleurs suivantes : blanc, noir, jaune, rouge, vert, bleu ce sont
les 6 couleurs principales que l’on retrouve partout, pour la septième couleur les avis
divergent, on retrouve soit le violet, soit l’orange, soit encore une association aux
« multi couleurs »

Les correspondances des couleurs et des planètes ont, comme les autres
correspondances, leurs origines lointaines dans les spiritualités mésopotamiennes et
furent adapté puis changé par les alchimistes pendant le dernier millénaire. Pour
comprendre ces correspondances telles qu’elles se présentent dans la tradition
« classique » aujourd’hui il faut faire un passage par les métaux.

L’Histoire de ces correspondances et de leur symbolique est par ailleurs largement


expliqué par Berthelot dans son livre sur les alchimistes grecs. Les premières
correspondances des couleurs, des planètes et des métaux nous viennent de la
simple observation, regardons plus avant chaque planète.

Le soleil, c’est certainement l’analogie la plus simple, le soleil est jaune et brillant et a
de tout temps et dans l’ensemble des référentiels était associé à l’Or, métal que l’on
trouve à l’état naturel. Il faut aussi comprendre que dans les anciens temps l’Or
pouvait désigner un ensemble de métaux qui présentait ces caractéristiques, au fur
et à mesure du développement de la métallurgie, l’ Art de l’enluminure et de la dorure
se perfectionnèrent et on trouva des techniques de substitution pour rendre le rendu
de l’Or sans pour autant utiliser ce métal précieux, ces techniques de « fabrication de
l’or » (qui n’en était pas) furent tenu secrète et passé d’artisan en artisan, elles sont
certainement pour une bonne part dans les légendes de la fabrication de l’Or par les
alchimistes.

La lune est également une analogie simple, de par ses reflet et sa couleur blanche
brillante, la lune fut de tout temps et de tout référentiel associé à l’argent. On lui
associa également le mercure qui avant d’être identifié comme tel s’appela d’abord le
« vif-argent » et était comme le métal de l’argent, représenté par le symbole de la
lune.

Mars est une planète « rouge » cela est dû à la présence d’hématite (oxyde de fer)
sur sa surface, mars fut donc associé à la couleur rouge, il était associé au fer à
cause de la couleur de certains minerais de fer (en particulier les oxyde de fer) tel la
bauxite, l’hématite et la terre d’ocre. On l’associé également au sang, lui aussi rouge,
même si les anciens ne savait pas que cela était également dû à la présence de fer.

110
Dans « théorie des couleurs »

93
Les plantes magiques

Vénus, Aphrodite était d’après la légende né sur les côtes de Chypre, ile qui lui était
dédié et dont la racine a donné étymologiquement le mot latin Cuprum c'est-à-dire
cuivre, car Chypre était réputé pour ces mines de cuivre. Les minerais de cuivre se
trouvent sous plusieurs formes à l’état naturel, principalement les azurites (bleu) et
les malachites (vert). L’association de vénus avec le cuivre lui viendrait d’après
Berthelot de ces teintes bleuté, pour lui ces teintes rappel les sulfates de cuivres
c'est-à-dire le vitriol bleu des alchimistes et donc les anciens alchimistes ont tout
naturellement associé cette planète avec ce métal. Nous avons cependant avec
vénus la première incohérence entre l’observation « physique » et la couleur qui lui
fut attribué, en effet on associe principalement le vert avec vénus, c'est-à-dire la
couleur de l’oxyde de cuivre et de la malachite et non la couleur des sels de sulfate
de cuivre qui eux sont bleues de même que l’azurite qui est également un des
principaux minerai de cuivre.

Saturne fut quasi systématiquement associé au plomb, à cause de la teinte blanche


sombre de ce métal et de cette planète, c’est donc tout naturellement que le noir fut
associé à saturne.

Jupiter et mercure ont des associations qui ont largement variés durant les siècles.
Les premières associations voyaient Jupiter associé à l’electrolum (alliage argent-or)
parfois au bronze (alliage cuivre-étain), ces alliages étaient considéré comme des
métaux à part, tandis que mercure était une planète associé à l’étain voir à une
composition de l’ensemble des métaux. Vers l’an mille et le développement
considérable de l’alchimie, ces dernier se rendirent compte que d’une part
l’electrolum n’était pas un métal à part et d’autre part que le mercure était un métal à
part entière (considéré jusque-là comme une sorte d’argent), l’étain fut alors associé
à Jupiter et le Mercure à mercure.

Aujourd’hui les correspondances que nous a transmis la tradition alchimique et qui


sont communément admises sont les suivantes :

Planète Métal Couleur Symbolisme Sephirot


Soleil Or Jaune/Orange Richesse, Tipheret
pouvoir,
énergie
Lune Argent Blanc Pureté, virginité Yesod
(Mauve)
Jupiter Etain Bleu/Indigo Divinité/royauté, Chesed
sagesse, justice
Saturne Plomb Noir/Violet Mystère, mort/ Binah (Noir)
connaissance,
initiation, magie
Mars Fer Rouge Colère, Geburah
violence,
agressivité
Venus Cuivre Vert Chance, Netzah
infidélité, nature
Mercure Mercure Multicolore Changeant, Hod (Orange)
équilibré

94
Les plantes magiques

Nous avons noté directement dans ce


tableau les différences de correspondances
qui sont les plus communément admise, en
particulier celles liées à la kabbale. On
retrouve parfois ces différences/incohérences
chez certains auteurs, Bardon explique ainsi
que les êtres surnaturelle liés à la sphère de
mercure apparaissent dans un halo orangé,
mais que ces être sont eux-mêmes
opalescent, de la même manière les êtres
« solaire » apparaissent dans un halo jaune
et sont eux-mêmes jaune à orangé.

Pour revenir aux plantes et a ces


correspondances de couleurs, ces dernières
n’était pas vraiment systématiquement
utilisées par les anciens, ainsi Agrippa dresse
une liste des éléments de la nature sous
l’influence de chaque planète par des
affinités propres de ces plantes avec la
planète, pour lui, les plantes héliotrope
comme le tournesol sont associés au soleil,
celle douce et suave à vénus et pour mercure
celles qui sont de « nature mixte » et de
« couleurs variées ».
Figure 31 - Arbre de vie kabbalistique d'après la Golden Dawn
- illus. issus de "The Complete Golden Dawn" par Israel
Regardie.

Il serait évidemment intellectuellement plus satisfaisant si les correspondances de


couleurs, d’éléments de planètes et de signes pouvaient être cohérentes les unes
avec les autres, ce n’est malheureusement pas le cas, et à part une ou deux
exceptions, les associations de couleurs ne sont souvent pas cohérentes avec les
associations planétaires ou élémentaires.

95
Les plantes magiques

IV. Les signe du zodiaque.

Nous l’avons déjà abordé les plantes sont associés également aux signes du
zodiaque, Agrippa fait remonté cette tradition à l’antiquité:

Apulée attribue certaines herbes particulières aux signes et aux planètes, ainsi la
sanguinaire111 au bélier, la verveine qui pousse droite au taureau, la verveine qui pousse
courbe aux gémeaux, la consoude au cancer, le cyclamen112 au lion, le calament113 à la
114
vierge, l’armoise à la balance, le myosotis au scorpion, le mouron au sagittaire, la patience
115 116
au capricorne, la serpentaire au verseau, la clématite au poisson
Agrippa – La philosophie occulte – Livre 1 – Chap XXXIII (traduction Abraxas)

Ici, nous entrons véritablement dans ce que l’on peut appeler, le problème de
l’astrologie. Le premier problème est lié à la définition même des constellations, en
effet l’astrologie, et les signes du zodiaque tel que nous les connaissons sont nés en
Mésopotamie, puis ont été repris par les égyptiens, les grecs et finalement les arabes
qui communiquèrent ce système développé dans tout l’occident.

Les astrologues mésopotamiens, établirent le


zodiaque en observant la course du soleil et des
étoiles dans le ciel et ils établirent une première liste
de 17 constellations, puis pour le rapprocher de leur
système de mesure ils réduisirent ces constellations
à douze, en prenant des portions équivalente du ciel.
Le zodiaque correspond à cette portion du ciel, que
le soleil semble traverser dans la course d’une
année.117 Malheureusement la définition, la
délimitation même des constellations même si elle a
certainement survécu dans les grandes lignes, a
également variés dans le temps pour arriver à nos
constellations « astronomiques » modernes.

Ces constellations « astronomiques » que nous


connaissons ne sont pas de tailles régulières et donc
ne représente pas des zones de 30° égales entre
elles. Mais l’astrologie ignore les constellations
réelles et l’ensemble du système astrologique
moderne est basé sur une zone de constellations,
comme si la division du ciel en douze partie était

111 Figure 32 - Kudurru de Nazi-Maruttash, roi de Babylone - Musée du Louvre


Sanguinaria Canadensis (XIIIème av. JC)
112
Cyclamen purpurascens
113
Calamintha officinalis
114
Rumex obtusifolius
115
Dracunculus vulgaris
116
Aristolochia clematitis
117
Sur la figure ci-contre on observe la déesse GU.LA, déesse de la médecine, la constellation bien
reconnaissable du scorpion et trois planète associés aux dieux mésopotamiens, le croissant de lune : Sin, le
soleil : Shamash et l’étoile à huit rayon qui symbolise Ishtar c'est-à-dire vénus. L’ensemble des constellations
telles que nous les connaissons furent établi par les mésopotamiens, certaines étaient légèrement différente dans
leur représentation symbolique de celle que nous connaissons aujourd’hui, d’autre comme l’improbable
« poisson-chèvre » , le capricorne ont survécu jusqu’à notre époque moderne.

96
Les plantes magiques

parfaite, et que chaque constellations fasse exactement 30°, cette division est la
zone qui en découle sont « imaginaire » et ne corresponde pas ou plus à une réalité
astronomique.

Le deuxième problème est liés à la précession des équinoxes, en résumant d’une


point d’un observateur vue de la terre la zone du zodiaque semblerait se déplacer
légèrement d’1 degré tous les 72 ans, ce qui fait que le soleil ne se trouve pas
aujourd’hui dans les même constellations qu’il y a 4000 ans, il serait décalé
d’environs 60° soit deux signes du zodiaque. L’astr ologie, fais comme si cette zone
ne se déplaçait pas et considère donc que les étoiles et la position des planètes
doivent s’apprécier comme si nous nous trouvions à l’époque de Ptolémée (aux
alentours de 150 av JC).

Les anciens astrologues babylonien ne « théoriser » pas l’astronomie et l’astrologie


telle que nous le concevrions aujourd’hui, il se bornait à observer et à consigner leurs
observations, et comme nous l’avons déjà indiqué, leurs constellations
« astronomiques » devaient selon toute vraisemblance être différentes des nôtres.

Aujourd’hui donc, si l’on se penche sur les différents systèmes astrologiques, on


retrouvera une astrologie dite « tropicale », c’est l’astrologie classique qui suit le
modèle expliqué plus haut et une astrologie dite « sidérale » qui prend en
considération les étoiles tels qu’elles se présentent réellement, c’est le modèle
encore en utilisation en inde.

Il nous semble pertinent de mentionner ces différences, car d’un point de vue
hermétique : « ce qui est en haut, est comme ce qui est en bas118 », on ne peut donc
pas se satisfaire de calculs savants, basés uniquement sur une zone imaginaire qui
ne correspond plus aux réalités célestes. Comme la quasi-totalité des
correspondances astrologiques sont basées sur le zodiaque tropicale, on pourrait en
déduire qu’elles sont toute fausses, ou encore se persuader que l’erreur c’est
corrigée d’elle-même en réattribuant symboliquement et analogiquement des
correspondances correctes, malgré un nom de signe qui ne correspondrait plus.

Les signes du zodiaque sont associés aux éléments comme suit : les signes de feu
sont Le Bélier, Le Lion et le Sagittaire ; les signes d’eau, Le cancer, le scorpion et le
poisson ; les signes d’air, le gémeau, la balance et Le verseau ; les signes de terre,
Le taureau, La vierge et Le capricorne.

Si l’on reprend les associations des signes avec les éléments, des signes avec les
planètes et des planètes avec les éléments on arrive aux premières incohérences
dans ce système. Pour illustrer encore plus nous rajouterons dans notre analyse
croisée les correspondances du corps humain avec les planètes et les signes, sur
lesquels nous reviendrons plus en détails.

118
Table d’émeraude

97
Les plantes magiques

Signe Elément Corps Planète Elément Corps humains Qualité planétaire


Signe humains planétaire
Bélier Feu Tête, Mars Feu Muscle, chaleur, sexe Energie
Visage masculin, formation du dynamique,
sang Violence
Taureau Terre Cou, Gorge Vénus Eau Système reproducteur, Régénération
visage, gorge, reins,
odorat
Gémeaux Air Epaule, Mercure Air Nerfs, système auditif, Dextérité, équilibre,
Bras, Main vocal , respiratoire, bras, intellect
jambes, main & pieds,
abdomen, cerveau

Cancer Eau Poitrine, Lune Eau Estomac, gorge, poitrine, Croissance,


Estomac sexe féminin Fertilité, Emotions,
Mémoire
Lion Feu Dos, Cœur Soleil Feu Cœur, circulation Vitalité, Force
Vierge Terre Ventre, Mercure Air Nerfs, système auditif, Dextérité, équilibre,
intestins, vocal , respiratoire, bras, intellect
plexus jambes, main & pieds,
abdomen, cerveau

Balance Air Lombes, Vénus Eau Système reproducteur, Régénération


reins visage, gorge, reins,
odorat
Scorpion Eau Sexes, Mars Feu Muscle, chaleur, sexe Energie
anus masculin, formation du dynamique,
sang Violence
Sagittaire Feu Fesses, Jupiter Esprit Foie, digestion, poumons, Croissance
cuisse, veines corporel,
artères Expansion
Capricorne Terre Genoux, Saturne Terre Os, Articulation, dent, Veillissement,
Peau vessie connaissance,
restrictions
Verseau Air Mollet, Saturne Terre Os, Articulation, dent, Veillissement,
chevilles vessie connaissance,
restrictions
Poisson Eau Pieds, Jupiter Esprit Foie, digestion,poumons, Croissance
orteils veines corporel,
Expansion

98
Les plantes magiques

Nous ne développerons pas plus sur l’incohérence de ces correspondances


zodiacales, nous livrons ici quelques pistes de réflexions et quelques références, les
cherchant sincères pourront par eux-mêmes approfondir119.

Les associations zodiacales sont d’après les auteurs antiques120:

La série des signes du Zodiaque, considérée


comme mesure et prototype du corps humain,
avait sur la série planétaire le double avantage
d'être fixe, tandis que l'autre était discutée, et
d'offrir un plus grand nombre de divisions,
surtout si l'on faisait intervenir les décans .
Manilius ne connaît ou n'expose que la
mélothésie121 zodiacale : on a chance de
retrouver chez lui les raisonnements naïfs que
les autres ont soin de cacher. Ici, nous
sommes déçus : par exception, il est très bref
et ne raisonne pas ; il ne prend même pas le
temps de formuler la règle très simple qu'il
applique. Elle consiste à étendre pour ainsi dire
le corps humain sur le cercle déroulé du
Zodiaque, en faisant poser la tête sur le Bélier
(le Bélier « tête du monde ») et les pieds sur
les Poissons, qui, eux, n'ont pas de pieds, mais
compensent cette fâcheuse inaptitude par le
fait qu'ils sont deux. Donc, la tête étant dévolue
au Bélier, le cou correspond au Taureau,
l'animal à la forte encolure ; les épaules et les
bras, membres géminés, aux Gémeaux ; la
poitrine, à la carapace du Cancer ; les flancs,
au Lion ; le bas-ventre ou vessie, à la Vierge ;
les fesses, qui tiennent le corps en équilibre
dans la station droite, à la Balance ; le pubis,
au Scorpion; les cuisses, au Sagittaire ; les
genoux, au Capricorne agenouillé ; les jambes,
au Verseau, et les pieds aux Poissons.
Auguste Bouché-Leclercq,1899,
L’Astrologie Grecque, éd. Ernest Leroux,
Figure 33 - Homme Zodiacal, Egerton MS 2572, British
p319
Library
Ces associations sont « classiques » en ce sens qu’elles se retrouvent ensuite dans
l’ensemble des traités de médecines du moyen-âge qui parle des correspondances
anatomique de l’homme avec le zodiaque122.

On retrouve ici l’ordre classique de nos constellations astrologiques, en commençant


par le bélier, la première des constellations dans l’astrologie classique, qui est

119
Dans mon propre chemin d’étude sur l’ésotérisme, je considère que ma compréhension des associations
analogiques des éléments est développé mais pas suffisante, que ma compréhension des associations analogiques
planétaires en ai a ces balbutiements, par conséquent l’étude du zodiaque me semble encore trop difficile, sans
avoir au préalable parfaitement maitrisé les divisions précédentes, je ne suis donc certainement pas le meilleur
exemple à suivre sur le sujet. Dans ma propre utilisation des plantes magiques, je note les correspondances
zodiacales mais je ne les utilise pas
120
Si manilius est un des plus anciens auteurs dont les écris mentionent ces associations, ces dernières sont
parfois attribué à une tradition beaucoup plus ancienne, ainsi Empiricus les attribue aux chaldéens.
121
Influence astrale sur les membres du corps.
122
Cf les deux illustrations de ce chapitre toute deux tirés de traité datant du XVème siècle.

99
Les plantes magiques

associé ici à la tête, puis on descend le corps humains en associant donc les
poissons aux pieds et aux orteils.

100
Figure 34 - L’Homme Zodiacal - Les très riches heures du Duc de Berry – 1412 - (Musée de Chantilly
Les plantes magiques

Ces relations astrologiques, qui se répandirent au moyen-âge dans les différents


almanachs (ou heures) sont également liés à une certaine idée de la diététique de
l’époque qui se décomposait en suivant les saisons et suivaient le fil des fêtes
liturgiques.

D’après Manfred Junius, c’est l’opération alchimique en elle-même qui doit suivre la
course de la lune dans les constellations, ainsi on retrouve :

Chaque signe du zodiaque est vu en connexion avec le travail alchimique correspondant :


Bélier pour la calcination
Taureau pour la congélation
Gémeaux pour la fixation
Cancer pour la dissolution
Lion pour la digestion
Vierge pour la distillation
Balance pour la sublimation
Scorpion pour la séparation
Sagittaire pour l’incinération
Capricorne pour la fermentation
Verseau pour la multiplication
Poisson pour la projection.
La position de la lune pour chaque jour peut-être vu dans une éphéméride.
Manfred Junius – Practical Handbook of plant alchemy (traduction abraxas)

Cette vision « alchimique », reprend la tradition antique de la position de la lune dans


les signes, mais en la simplifiant. Dans l’astrologie moderne, ce sont surtout ces 12
signes zodiacaux, d’essence solaire qui sont pris en considération, cependant dans
l’astrologie antique on considérait aussi bien ces signes solaires que ce que les
anciens appelaient les « demeures », « maison » ou « station » lunaire, et qui elle
sont divisé en 28 et qui correspondent à la position de la lune dans les signes du
zodiaque suivant la classification faite par exemple par l’astrologie arabe, tel qu’on la
retrouve dans le Picatrix :

Et je veux également te faire connaitre une règle fixe concernant les planètes qui domine
notre monde, tout particulièrement que tu ne dois pas faire d’opération tant que la lune n’est
pas favorable pour ces opérations, car la lune exerce de toute évidence, des effets visibles,
desquels je te décrirais plus tard un certain nombre. Mais maintenant je veux te nommer les
effets, que la lune exerce à travers ses différentes stations, d’après ce que, particulièrement
l’enseignement hindous, enseigne sur les 28 stations :
Picatrix : Das Ziel des weisen von Pseudo Magriti – Hellmut Ritter & Martin Plessner -
1962 - Warburg institute (Traduction Abraxas)

L’astrologie antique considérait donc aussi bien la course du soleil dans le zodiaque
pendant une année (12 mois) que la course de la lune pendant un mois lunaire (28
jours), unifiant ainsi le Ying et le Yang, l’aspect féminin et l’aspect masculin de
l’influence des deux luminaires sur la vie elle-même et sur le cycle naturel.

101
Les plantes magiques

Figure 35 - Carte céléste du Macrocosme – Miniature d’ouverture du Zubdat al-Tawarikh (Histoire du Monde), 1583
- Topkapi Palace Museum

Cette vision de l’influence de la lune dans les demeures lunaires, se retrouve chez
Athanasius Kircher dans « Oedipus Aegyptiacus », chez Agrippa dans sa
« philosophie occulte » ainsi que dans d’autres œuvres et groupement
ésotériques123. Elle se confronte néanmoins exactement au même problème que
l’astrologie classique et peut-être approché suivant la vision tropical ou la vision
sidérale.

Certains auteurs ésotériques, donnent des associations entre les plantes et les
signes astrologiques spécifiques. La plupart sont issus en réalité des associations
donné par Cullpeper et se référe donc purement au référentiel médical et à la
mélothésie zodiacale développé vers la fin du moyen-âge et le début de la
renaissance, ou les plantes qui affectent une partie du corps sont associées avec le
signe qui la gouverne.

123
On pense ici en particulier aux travaux de Yeats dans la Golden Dawn sur ces demeures lunaires, voir à ce
sujet l’excellent site : http://www.yeatsvision.com/

102
Les plantes magiques

On retrouve également quelques associations qui ne suivent pas ce référentiel, en


particulier celles de Paschal Berverly Randolph124 qui propose une classification
simple, en fonction de la période de récolte ou de fleurissement:

Bélier: Genista, Houx, Chardon, Bardane, Fougère, Ail, Chanvre, Moutarde, Ortie, Oignon,
Pavot, Radies, Rhubarbe, Poivre.
Taureau : Blette, Plantain, Lin, Pied d’alouette, Ancolie, Lilas, Mousses, Epinard
Gémeaux : Troène, Jasmin, Dents de chiens, Herbes des champs, Garance des teinturiers,
Chèvrefeuille, Tanaise commune, Verveine, Achillée
Cancer : Concombre, Courge, Melon, Plante d’eau : Nénuphar
Lion : Anis, Camomille, Primevère, Asphodèle, Aneth, Rose sauvage, Euphraise, Fenouil,
Choux, Lavande, Lilas jaune, Sureau, Pavot, Chrysanthème, Menthe, Gui blanc, Persil,
Mouron.
Vierge : Chicorée, Millet, Cornouiller, Saule pleureur, Laitue, Chèvrefeuille des bois,
chèvrefeuille des jardins, Bois de Santal, Valériane, Blé, Orge, Avoine, Seigle
Balance : Cresson des fontaines, rose blanche, fraise, Primevère, Raisin, Violette, Pensée
sauvage, Mélisse, verveine odorante, Citron, pensée.
Scorpion : Prunellier, Betterave, Bruyère, Haricot, Ronce, Poireau, Saule, Absinthe
Sagittaire : Aigremoine, Bétoine, Mauve
Capricorne : Ciguë, Jusquiame, Belladone, Pavot noir.
Verseau : Nard, Encens, Myrrhe
Poissons : Plante et herbes des mers, fougères et mousses, qui poussent dans l’eau.
Comme on le voit, ce sont des plantes, qui généralement, fleurissent ou bien sont récoltés,
lorsque le soleil est dans le signe correspondant.
Die Heilige Magie der Sterne125, Paschal Beverly Randolph, 2008, Traduction Abraxas

Pour finir sur cette vision astrologique et zodiacale des correspondances, il faut
également mentionner qu’il existe des correspondances aux décans, ces derniers
étant des divisions ternaires des douze signes du zodiaque on a donc une division
en 36 décans, pour lesquels on retrouve des correspondances aux plantes et à leur
utilisation, en particulier en relation avec l’astrologie du récepteur ou de l’émetteur
d’un acte magique lié aux plantes.

La mélothésie par décans (la même avec subdivisions ternaires), probablement mise en
vogue par le célèbre « Néchepso », était connue de Celse et attribuée par lui aux Égyptiens. «
Selon eux », dit-il, « trente-six génies ou dieux de l’air » — on en compte quelquefois plus
encore — « se sont partagé le corps de l'homme en trente-six parties. Chacun d'eux a été
désigné pour veiller sur une de ces parties. Ils savent les noms de ces dieux dans la langue
du pays »
Auguste Bouché-Leclercq,1899, L’Astrologie Grecque, éd. Ernest Leroux, p320

124
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5607173v/f1.image et http://www.morgane.org/randolph+eulis.html et
en anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/Paschal_Beverly_Randolph
125
Il s’agit d’un texte originellement publié dans : Hermetische Lehrbriefe über Sternenweistum und Alchemie,
Paul Köthner, 1924, Theosophisches Verlagshaus, dans ce livre Köthner apporte des traductions de textes
d’auteurs anglais et francais.

103
Les plantes magiques

V. L’utilisation des correspondances.

On le voit l’utilisation des correspondances n’est pas évidente, et suivant les divisions
du réel peut aller d’une simple représentation analogique binaire à une division en
trente-six décans. De plus, les méthodes de calculs que ce soit concernant les
heures planétaires ou encore les thêmes astrologiques varient fortement d’un
référentiel à un autre.

La magie est un art, plus qu’une science, c’est l’art de créer un lien ou un pont entre
une sphère spirituelle et une sphère matérielle, pour se faire le mage utilise sa propre
sphère mental, c'est-à-dire qu’il fait un lien entre la réalité terrestre et la réalité
spirituelle par son esprit.

Les lois d’analogies sont donc à apprécier suivant un référentiel, qui peut largement
varier d’un praticien à l’autre126. La magie, dans le mental, correspondant à l’action
des éléments qui se manifestent eux même en volonté (feu) en compréhension (air)
en sensation (eau) et cet ensemble résulte dans la conscience (terre) pleine et
entière des actes magiques, le substrat de ces éléments, la quintessence ou
l’Ākāsha comme le nomme la tradition hindou, se manifeste en croyance, et cette
dernière découle automatiquement des autres éléments dans le mental. Ces derniers
reviennent donc à se poser plusieurs questions sur ce que l’on veut, ce que l’on sait,
ce que l’on sent, ce que l’on fait et finalement ce que l’on croit.

Cela revient à dire que l’utilisation de ces correspondances s’apprécie au regard de


la tradition culturel et magique à laquelle on adhère, à ce que l’on croit, ce que l’on
sait et surtout ce que l’on comprend de ces correspondances. De fait si l’on ne
comprend pas pourquoi on devrait faire une opération en correspondance avec un
élément particulier d’une tradition, que cela soit un geste, une parole ou encore
l’utilisation d’une heure particulière, d’une correspondance planétaire, astrologique
ou encore élémentaire, alors pourquoi le faire ?.

De nos jours, nous avons fait de la nature notre esclave et nous ne lui rendons plus
le respect que les anciens pouvaient avoir. Les rituels et rites d’offrandes ou de
protection contre les « représailles » des esprits de la nature ou des plantes, sont
donc, dans les référentiels magiques modernes, souvent « omis », les
correspondances « arrangées » pour les faire cadrer dans des ensembles magiques
semi-cohérent, car il semble bien qu’on ai perdu le lien d’avec cette vision antique
d’un tout indivisible qui « devait » être cohérent dans l’esprit de l’opérateur. Cette
cohérence n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’idéal des traditions
magiques modernes, bien au contraire.

Il n’y a pas de vérité « prête à l’emploi », ou encore « une tradition » absolue, le


mage est un médium et cette capacité de « lier ou délier » dans le « ciel comme sur
la terre » est dépendante de la descente de l’énergie « divine » de la création, de
l’astral vers le mental de celui qui opère.
126
Même si les différentes traditions font appel à des archétypes qui sont relativement commun, à ce sujet on
peut se référer au livre « Symboles de la Science sacrée » de René Guenon, ainsi qu’aux travaux d’historien
comme Mircea Eliade, Margaret Murray, Joseph Campbell ou James Frazer qui explorent l’idée d’une tradition
primordiale, idée défendu également par Guénon.

104
Les plantes magiques

Je suis l'inventeur de la médecine et, dans le monde entier,


je suis réputé secourable ; je possède la maîtrise des plantes.
Hélas pour moi, puisqu'aucune herbe ne guérit l'amour,
mon art, utile à tous, est inutile à son maître.
Autour d’appolon I.520 - OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE I - Trad. de A.-M. Boxus et
J. Poucet, Bruxelles, 2005

105
Les plantes magiques

Les plantes suivantes ont été sélectionnées à la fois pour :

leurs propriétés et leurs utilisations magiques, attestées à travers un nombre


variés de cultures et de traditions
leurs relative innocuités, qui rend leurs utilisations en phytothérapie faciles et
relativement sures
leurs présences relativement communes et leurs statuts non protégées.
leurs facilités d’identifications et l’absence de risques liés à d’éventuelles
confusions.

Il s’agit donc de plantes à faible toxicité, commune dans la nature et usuel dans la
tradition magique, ces critères que nous nous sommes imposés pour la présente
publication, limitent automatiquement le nombre de plantes traité, par contre les
plantes présentées ici étant facilement trouvable dans la nature, elles représentent
une base de travail solide, qui pourra servir de « clef de lecture » ou de déchiffrage,
à la fois des autres ouvrages traitant de ce sujet, mais aussi pour vos propres
expérimentations et recherches.

En suivant les propriétés indiqués dans les pages qui suivent vous pouvez utiliser
ces plantes dans diverses préparations telles qu’elles sont indiqués aux chapitres
précédents. Vous trouverez cependant certaines recettes spécifiques pour chaque
plantes. La magie étant une composante de l’imagination, libre à vous, de laisser
libre court à votre créativité dans l’utilisation de ces plantes dans un cadre spirituel,
nous n’avons, dans les pages qui précèdent qu’effleuré l’ensemble des possibilités
qui s’offrent à un esprit ingénieu armé d’une volonté féroce et d’un zest de croyance
en soi et en les pouvoirs de la nature.

Comme nous l’avons dit, la magie des plantes peut être très simple, jusqu’à
largement complexe. Il ne faut cependant pas croire, qu’un « élixir spagirique »
préparé par une tierce personne, aura plus de pouvoir, qu’une simple décoction que
vous créerez vous-même. En fait c’est tout le contraire, c’est l’ « énergie » que vous
dépensez, c'est-à-dire votre propre créativité, votre investissement personnel, qui
renforce votre propre croyance et surtout votre propre désir de voir tel ou tel effet se
produire, que cela soit « psychologique » ou « magique », le résultat ne pourra qu’en
être renforcé, et à force de succès vous renforcerez d’autant votre propre force
magique.

Les plantes deviennent « magiques » à partir du moment où l’on rétablit ce « lien »


naturelle, qui nous uni à l’ensemble de la création et tout particulièrement à la Terre.
On doit donc réapprendre à vivre en communion avec notre environnement, les rites
mentionnées dans les pages précédentes ne sont pas indispensable à une utilisation
magique, cependant les offrandes, les prédications magiques sont toutes des
marques de respect vis-à-vis d’un vol et d’une blessure que l’on inflige à notre
environnement en cueillant les plantes.

Dans les pages qui suivent nous avons noté les différentes « paroles magiques »
spécifiques et traditionnelles qui existaient pour chaque plantes à défaut il en existe
des « génériques » que nous avons noté plus avant.

106
Les plantes magiques

I. Le Millepertuis

1. Fiche signalétique :

Nom scientifique : Hypericum


perforatum

Nom commun : Millepertuis commun,


chasse- diable, herbe aux fées, herbe aux
mille vertus, herbe de Saint Eloi, herbe de la
Saint-Jean, Barbe de Saint-Jean,
millepertuis perforé, herbe à mille trous,
herbe aux cent trous, fleur de Notre-Dame,
faux-lin, lin sauvage, herbe percée, herbe à la
brûlure, herbe aux piqûres, herbe du
charpentier, trascalan, truchereau, trucheron,
trucheron jaune

Autre appellation : Herrgottsblut (sang du


seigneur), Hexenkraut (herbe des sorcières),
Johanniskraut (Herbe de Jean), Mannskraft
(force de l’homme), Sonnwendkraut (herbe
du solstice d’été), Walpurgiskraut (herbe de
Walpurgis),alfblut (sang de fée), Balm of
warrior (baume du guerrier), St John’s wort
(herbe de saint jean), Touch and heal (touche
et soigne), Gods' Wonderplan (Plante
merveilleuse de Dieu), Grace of God Figure 36 - Hypericum Perforatum - Otto Wilhelm Thome, Flora von
(Grâce de Dieu ), scopia regia, fuga Deutschland, 1905
daemonum

Famille : Clusiacées

Genre : Masculin

Planète : Soleil

Elément : Feu

Signe : Lion

Propriété magique : Protection, Force, Bonheur

Propriété médicale : antibactérienne et antivirale, anxiolytique (lutte contre la


dépression) , neuro-sédative (calme les douleurs des nerfs), antiprurigineux (lutte
contre les démangeaisons), astringente (resserre les tissus), eupeptique (favorise la
digestion), hypoglycémiante (diminue le taux de sucre) , hypotensive (diminue la
pression artérielle) , fébrifuge (combat la fièvre), photo sensibilisatrice (augmente la

107
Les plantes magiques

sensibilité au soleil), vasodilatatrice (dilate les vaisseaux sanguins), vermifuge


(élimine les parasite intestinaux), émolliente (amolli ou adouci les parties
enflammées), vulnéraire (aide la cicatrisation).

Figure 37 - Millepertuis en fleur dans un champ, (C) Abraxas

108
Les plantes magiques

2. Comment la reconnaitre ?:

Cette plante possède de forte caractéristique qui lui sont propres, elle possède des
fleurs en étoile à 5 pétales, ces fleurs contiennent deux pigments l’un jaune
(hypérine) et l’autre rouge (hypéricine), quand on frotte la fleur entre ses doigts il s’en
dégage une coloration rouge à violette qui teint fortement les doigts.

Les feuilles contiennent des petites capsule d’huile que l’on voit très bien par
transparence, en tenant la feuilles devant une source de lumière, ce sont ces milliers
de petite poches translucides qui ressemblent à des trous, qui ont donnés le nom de
la plante, millepertuis en français (« pertuis » signifiant ouvertures) et « perforatum »
pour le nom scientifique.

Il existe plusieurs espèces de millepertuis, la famille des Hypericum contient pas loin
de 378 membres différents, seul 4 variantes de l’Hypericum Perforatum peuvent être
confondu plus ou moins facilement avec l’Hypericum Perforatum Linné (celui qu’on
utilise en phytothérapie), les feuilles seront plus petite sur l’une, plus grosse sur
l’autre, et plus mince sur la dernière, les feuilles sont tels que sur l’illustration ci-
dessus. Pour reconnaitre Hypericum Perforatum il faut aussi observer sa tige qui
n’est pas creuse, à la différence des autres du genre Hypericum. Un autre indicateur
est que la tige n’est pas tout à fait ronde et comporte deux coté saillants127 en la
tenant entre ses doigts et en parcourant sa circonférence en s’en rend facilement
compte.

Caractéristique Botanique :
Plante glabre à souche ligneuse ;
Tige : 20 à 80 cm, dressée et ferme à deux lignes saillantes
Feuilles : sessiles, généralement ovales à linéaire, plus pâles en dessous, ponctuées de
points transparents et bordées de points noirs
Fleurs : jaune vif ponctué de noir, large panicule ; sépales lancéolés-aigus, non ciliés ;
pétales 2 fois plus longs que le calice; étamines plus courtes que les pétales ; capsule
ovale, 2 fois plus longue que le calice, munie de 2-3 bandelettes et de vésicules
irrégulièrement disposées.
Habitat : Lieux secs incultes, dans toute l’Europe.

127
On dit de sa tige qu’elle est anguleuse et qu’elle possède deux arêtes longitudinales

109
Les plantes magiques

Composition chimique :

Naphtodianthrones : hypéricine (dérivé de l'émodoldianthrone), pseudo-, proto-,


protopseudo-, cyclo-hypéricines, dérivés de la skyrine
Dérivés du phloroglucinol : hyperforine (dérivé prénylé), adhyperforine...
Flavonoïdes : Quercetine, Quercitrine et Isoquercitrine, Rutine, Campferol,
Myricetine, hypéroside,, biflavones (biapigénine, amentoflavone...)
Huile essentielle : carbures terpéniques (α-pinene, β-pinene), 2-méthyloctane, n-
alcanols...
Xanthones
Phenolic carboxylic acids : Caffeic acid, Chlorogenic acid, Genistic acid, Ferrulic acid-
Procyanidines sous forme d'oligomères du catéchol et de l'épicatéchol (Procyanidin ,
Epictechin, Epicatechin polymers).
Comme beaucoup de plante de nombreux tanins (sous forme d’acide tannique)
Aminoacids : GABA, Cysteine, Glutamine, Luecine, Lysine, Ornithine, Proline ,
Threonine
D’autres composants soluble dans l’eau: Peptides, Polysaccharides

Figure 38 - Hypericum perforatum (St. John's wort), photographed in the town of Skaneateles, New York, R. A.
Nonenmacher, Wikimedia Commons

110
Les plantes magiques

3. Histoire

Le nom scientifique Hypericum nous viens de Dioscoride qui appelait la plante


UERIKON, l’origine de ce nom n’est pas connu et il existe plusieurs interprétations,
on divise ainsi ce mot en « Hyper » qui signifie « au-dessus » ou « au-delà » et
« Eikon » qui signifie « image » ou « représentation », d’après Edmund C. Jaeger128
c’est parce que la plante était suspendu au-dessus d’icône religieuse comme
symbole de protection, d’autres interprétations traduisent ces termes grecs par « qui
chasse les fantômes » ou encore «dépassant l’imagination».

Une autre explication est que le nom de la plante serait dérivé du nom du titan
Hypérion, père d’Hélios, le soleil, lui-même appelé parfois Hyperion. Hélios portant
sa couronne solaire tels les pétales des fleurs du millepertuis.

Certains auteurs du moyen âge l’ont également appelé « Corona Regia », la


couronne royale. On s’en servait également à cette époque pour chasser les esprits
mauvais d’où son nom de « Fuga Daemonum », la chasse diable, au moyen âge on
croyait en effet que les troubles mentaux étaient du a des possessions démoniaques,
hors il est aujourd’hui prouvé que le millepertuis est un anxiolytique efficace. Ainsi
Matthiole rapporte :

Quelques-uns ont laissé par écrit que les diables


haïssent si fort l’hypericum que du seul parfum que
l’on fera aux lieux où ils habitent ils s’enfuiront &
pour ce aussi le nomme-on, Chasse diable
Pietro Andrea Mattioli, Les commentaires, sur les
six livres de Pedacius Dioscoride de la matière
médecinale,Traduction de A. du Pinet, Pierre
Rigaud 1605

Les plus anciennes références sur cette


plantes sont, comme pour beaucoup de
plantes médicinales, le « de materia
medica », de Dioscoride et l « Histoire
naturelle » de Pline. Il n’est cependant pas
aisé de savoir avec précision à quel type
d’Hypericum ces auteurs font références,
on peut cependant distinguer deux grandes
espèces connu sous le nom D’Hyperikon,
ce sont l’Hypericum Perforatum, et
l’Hypericum Androsaemum (millepertuis
androsème), en phytothérapie moderne,
l’Androsème est tombé en désuétude bien

Figure 39 – Herbarium 14ème-15ème siècle, BNF Hébreu qu’il semble avoir les mêmes propriétés
1199, fol. 45, Flore : millepertuis que l’espèce Perforatum.

128
dans A source-book of biological names and terms, 1972

111
Les plantes magiques

XXVI.LIII. [1] Même propriété dans l'hypéricon, appelé encore chamaepitys, ou corion. […]La
graine, dans une gousse, est noire, et mûrit en même temps que l'orge. Cette graine est
astringente; elle resserre le ventre; elle est diurétique; on la prend avec du vin pour les maux
de vessie. XXVII.X. L'androsaemon ou, suivant d'autres, ascyron, a de la ressemblance avec
l'hypéricon dont nous avons parlé, […]. Les branches supérieures, broyées, rendent un suc
couleur de sang; elles ont une odeur résineuse. […] On l'emploie en purgatif, pilée avec la
graine et prise en potion le matin, ou après le repas, à la dose de deux drachmes, soit dans
de l'eau miellée, soit dans du vin, soit dans de l'eau pure, la potion entière allant à un setier.
Elle évacue la bile. Elle est surtout excellente pour la coxalgie;[…]on fait boire du vin aux
personnes robustes, de l'eau aux personnes faibles. On s'en sert en topique pour la goutte,
les brûlures et les plaies; elle est hémostatique.[…]
Pline – Histoire naturel Livre 26 & 27

Un des premiers médecins à avoir précisément identifié ses propriétés fut Paracelse.
Médecin allemand du 16ème siècle il utilisait la plante contre les troubles mentaux, les
dépressions légères et les affections du psychisme, comme il nous l’explique dans
son livre sur les mystérieux secrets de la nature :

Dieu a, avec la Perforata, créé pour les Hommes, une volonté et une arcane particulière[…]
Cette médecine est comme le soleil qui illumine toute choses, bonnes et mauvaises[…] Cette
médecine est une force et un pouvoir, qui chasse toute les maladies[…] Par cette force elle
chasse les fantôme de la nature[…] Les veines sur les feuilles sont un signe, que Perforata,
chasse toutes illusions fantasmatiques (« Phantasmata ») extérieur et intérieur à l’Homme.
Car les illusions fantasmatiques font venir des apparitions (« Spectra »), et l’Homme voit des
esprits et des fantômes et entend des fantaisies. Ce sont les maladies qui poussent les gens à
se suicider. […] La plante entière montre que l’ensemble des symptômes peuvent être soigné
chez l’Homme, ou que ceux-ci ce manifeste. C’est une médecine universelle pour tout
l’Homme. […] Notez donc, […] que Phantasmata est une maladie sans corps et sans
substance. Un esprit ne nait que dans un autre esprit, et c’est de lui que l’homme est dominé
[…] il donne aux hommes d’autres pensées, une autre conception à l’opposé de la nature et
des sens innés. Contre cette maladie il n’existe pas beaucoup de médecine. Seul Perforata et
les coraux me sont connus. […] C’est seulement dans cette médecine qu’est la force et le
pouvoir contre cette maladie.[…] Si on veut utiliser perforata contre les Phantasmata, on doit
la cueillir suivant les indications célestes, de manière à ce que les influences soit également
contre les esprits. Au mieux, elle devrait être cueilli en Mars, Jupiter ou Venus, pas suivant la
lune, mais plutôt contre elle. Elle ne devrait pas être cueilli l’après-midi ou bien le soir, mais
plutôt au lever du soleil et à l’aube quand le soleil est rouge. Elle est le mieux quand d’autres
bonnes plantes croissent prés ou sous elle. Plus elle grandit longtemps, et mieux cela est, elle
aura ainsi plus de fleurs, et elle sera dans le temps ou les fleurs sont les plus hautes.[…] tous
les médecins doivent savoir que Dieu a pourvu cette herbe de grands arcanes, ne serait-ce
qu’à cause des esprits et des fantaisies qui poussent l’homme au désespoir. Cela n’arrive pas
à cause du diable, mais par la nature. Car dieu à créer pour chaque maladie une médecine.
Paracelse Archidoxorum Aureoli Ph. Theophrasti Paracelsi De secretis naurae
mysteriis - III,5,page 629-632) – Traduit de l’allemand par Abraxas

Pour Paracelse, tout comme pour d’autres auteurs cette herbe de la Saint-Jean était
une véritable « panacée » capable de soigner tout les maux.

112
Les plantes magiques

4. Utilisation magique :

Cunningham dans son Encyclopédie des plantes magiques nous indique un certain
nombre de propriétés, pour la plupart issus du folklore lié aux fêtes de la Saint-Jean
et propose ainsi des propriétés typiques que l’on retrouve également pour d’autres
plantes liés au solstice d’été.

Porté, l’herbe de st-jean éloigne fièvre et coup de froids, rend les


soldats invincibles, et attire l’amour. Si elle est cueilli lors du
solstice d’été ou un vendredi, et porté, elle gardera à distance les
maladies mental et soigneras la mélancolie. Quand elle est
placée dans un pot et accroché à une fenêtre, l’herbe de Saint-
Jean protège contre les éclairs, les feux et les mauvais esprits.
La fleur et la feuille sont utilisés toute deux pour cela. On la
sèche aussi au-dessus des feux du solstice d’été et on l’accroche
aux fenêtres pour protéger la maison des fantômes,
nécromanciens et autres malfaiteurs, on la brule également pour
bannir les esprits et les démons.
N’importe quel parti de la plante placé sous l’oreiller, permet aux
femmes célibataires de rêver de leur futur mari. Utilisé dans les
rituels ou porté pour détecter d’autres magiciens ; elle fut
également tenu devant la bouche des sorcières accusé pour
essayer de les forcer à se confesser.
Cunningham’s Encyclopedia of Magical Herbs – Traduction
Abraxas

Ces propriétés liés aux maladies mentales et à la mélancolie quant à elle viennent de
son utilisation médicinale tel que Paracelse le mentionne et que nous détaillerons
dans la partie phyto-thérapeutique.

Dans le petit Albert le millepertuis entre dans la composition de plusieurs baumes et


« eau » comme la fameuse eau céleste, qui comprend pas moins de 30 ingrédients.
Le petit Albert contient bon nombres de ces recettes dont certaines sont assez
farfelues comme celles de l’huile de millepertuis « à la sauce » petit Albert :

[…] je vais proposer un souverain antidote, qui triomphera de toutes sortes de venins et de
poisons. Vous prendrez dans la saison des feuilles de millepertuis, avant qu'il ait jeté sa fleur,
autant que vous en pourrez tenir dans vos deux mains. Mettez-les infuser au soleil, dans
quatre livres d'huile d'olive, durant dix jours puis vous les exposerez sur le fourneau au bain-
marie, dans de l'eau chaude et ensuite vous en exprimerez le suc à la presse et le mettrez
dans un vaisseau ou bouteille ou bocal de verre fort et, quand le millepertuis sera fleuri et en
graine, vous mettrez une poignée de cette semence et de ces fleurs dans le bocal et le ferez
bouillir sur le feu au bain-marie l'espace d'une heure, puis vous y ajouterez trente scorpions,
une vipère et une grenouille verte, dont vous ôterez les têtes et les pieds et, après les avoir
fair encore bouillir un peu de tems, vous y mettrez deux onces de chacune des drogues
suivantes, pilées ou hachées: racine de gentiane, de dictamum blanc, de la petite & grande
fortelle ou sa racine, de la tormentille, de la rhubarbe, du bol d'Arménie, préparé, de bonne
thériaque & un peu d'émeraude pulvérisée. Vous exposerez tout cela au soleil durant les jours
caniculaires, aprés avoir bien bouché le bocal, & enfin vous le mettrez en digestion, durant
trois mois, dans du fumier chaud; & après ce tems vous passerez cette composition dans un
couloir, & la garderez précieusement dans un vase d'étain ou de verre fort, pour vous en
servir. L'usage est de s'en frotter autour du cœur, aux tempes, aux narines, flancs & au long
de l'épine du dos, & vous éprouverez que c'est un antidote contre toutes sortes de venins. Il
est bon aussi pour guérir les morsures des bêtes venimeuses.
Lucius Parvus Albertus, Secrets merveilleux de la magie naturelle et cabalistique du
Petit Albert, chez les heritiers de Beringos frates, 1752

113
Les plantes magiques

Il était d’usage et relativement populaire au moyen-âge d’avoir toute sortes de


remèdes contre les venins et les morsures, la plupart sont cependant totalement
folklorique et les praticiens modernes devraient les considérer de manière
anecdotique.

Une autre recette issue du petit Albert et également typique de ces grimoires
moyenâgeux concerne la vigueur et la virilité que le baume suivant promet
d’améliorer :

Comme il se pourrait faire que la femme se dégoûterait de l'homme s'il n'était robuste dans
l'action de Vénus, il doit se précautionner non-seulement par les bons aliments, mais encore
par des secrets que les anciens & modernes chercheurs des merveilles de la nature ont
éprouvés. Il faut, disent-ils, composer un baume de la cendre de stellion, d'huile de
millepertuis & de civette, & en oindre le grand doigt du pied gauche & les reins une heure
avant que d'entrer au combat; & l'on en sortira avec honneur & satisfaction de sa partie.
Lucius Parvus Albertus, Secrets merveilleux de la magie naturelle et cabalistique du
Petit Albert, chez les heritiers de Beringos frates, 1752

Pour Hildegarde de Bingen en revanche le millepertuis n’est bon qu’à nourrir le bétail
et ne possède aucune propriété particulière.

Le Millepertuis fais également partie des 24 plantes cité par le Sepher Raziel (Liber
Salomonis) et rapporte que le jus de millepertuis peut servir d’encre magique pour la
domination d’esprit:

La neuvième herbe est l’Hypericon et c’est une herbe moyenne dont le jus ressemble à du
sang. C’est une grande puissance car avec le jus de celle-ci et du croco blanc et d’Artemisia
et avec un fumigation de radicis Valeriane si l’on écrit avec quelles amitiés l’on veut d’un
Prince des esprit de la loi et le diable sait que d’ici peu cela sera comme l’on aura souhaité.
Sepher Raziel (Liber Salomonis) Ms Sloane 3846 & Ms Sloane 3826, (Traduction
Abraxas)

Une formule semblable est rapporté par C.J Thompson dans Mysteries and Secrets
of Magic (1927), sans pour autant cité l’origine du manuscrit dont elle est tirée:

Pour avoir l’amitié […] d’un prince des esprits de ta sphère, prend le jus d’Hypericon, safran,
artemisia et la racine de valériane et celle-ci fais une fumigation.
C.J Thompson, Mysteries and Secrets of Magic, 1927 (Traduction Abraxas)

Le millepertuis est la plante solaire par excellence, tout en elle rappelle le soleil, son
nom scientifique qui nous rappel « Hyperion », le dieu soleil de la mythologie grec, sa
couleur jaune, qui est l’association quasi-universelle du soleil dans les différentes
spiritualités, ses cinq pétales rappelant les rayons du soleil et qui lui valurent le
surnom de « Corona Regia », la couronne royale, qui rappelle également la
représentation symbolique de Kéther et du soleil. Ces fleurs, qui en les pressant,
versent le sang symbolique de notre logos solaire ce qui lui vaut un de ces noms
commun en allemand « Hergottsblut » (Sang du seigneur).

Cette plante emmagasine l’énergie solaire, pour atteindre son paroxysme au solstice
d’été, à la Saint-Jean, dont le millepertuis est une des herbes sacrées, et elle est
capable de nous redonner cette énergie quand nous en avons le plus besoin, ainsi
son effet « antidépresseur » vient parfaitement combler les petites dépressions

114
Les plantes magiques

cycliques que nous avons tous en hivers dues au manque de soleil. Sa capacité à
emmagasiner cette énergie solaire, se retrouve également dans son effet photo-
sensibilisant nous montrant bien qu’il s’agit d’une plante à utiliser pendant les
périodes hivernales où le soleil vient à manquer.

De part cette relation particulière au soleil et au feu, le millepertuis en magie,


renforce considérablement la volonté de l’opérateur et fait par conséquent un
excellent condensateur, en particulier pour une utilisation en combinaison avec la
baguette magique. C’est une plante « tonifiante » qui amène vitalité et énergie. Sa
relation au feu et au soleil en font également une excellente plante pour les
exorcismes et les renvois d’énergies négatives, ainsi qu’en protection.

L’huile magique de millepertuis129 est particulièrement indiquée pour l’exorcisme de


n’importe quels outils magiques, avant une consécration à proprement parler et peut
également servir en renforcement d’une charge par la volonté, pour se faire on frotte
de l’huile sur l’objet qu’on veut charger en précisant à haute voix son intention, et on
répète le processus avant chaque utilisation de l’objet.

L’encens à base de millepertuis peut servir lors de n’importe quel rituel d’exorcisme
ou en combinaison avec d’autres encens comme renforcement des propriétés
magiques des encens et/ou des forces de l’opérateur, on peut pour cela l’utiliser en
substitution, voir en combinaison avec de l’Oliban.

Mikael d’Estissac dans son livre sur les plantes magiques indique également ces
propriétés particulières de la plantes, même si il les explique différemment130 :

Il ne faut pas négliger les qualités de cette plante qui sont nombreuses et bénéfiques. Le
Millepertuis canalise la pureté et la force de Tipheret ; ce qui explique ses pouvoirs de
protection et de guérison. Sa seule présence en un lieu chasse les influences négatives, aussi
l'appelait-on au Moyen âge la "fuite du démon".
Conseil pratique : Les fumigations de Millepertuis sont extrêmement bienfaisantes, si on les
allie à des fumées d’Encens. Confectionnez un onguent à base de Millepertuis, dont vous
vous frictionnerez le plexus solaire avant de vous coucher. Vous serez ainsi protégé du
succubat-incubat ainsi que des visiteurs nocturnes invisibles qui seraient tentés de toucher
votre corps pendant le sommeil.
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

Nous rajouterons également que prise en infusion, outre ses effets d’altération
psychiques antidépressive et légèrement euphorisante, le millepertuis renforce la
volonté et les forces de l’opérateur et peut donc par conséquent s’en servir avant
quasiment toutes les opérations magiques.

On retrouve parfois dans certains ouvrages moderne, des relations du millepertuis


avec la divination et la clairvoyance, cette plantes n’a pourtant aucune affinité
particulière avec ces pratiques magiques, cette relation vient selon toute
vraisemblance de vielle coutume régional, dans lesquels les feuilles de millepertuis,
et plus particulièrement les trous visibles par transparence, étaient « lus » pour
donner des oracles, de la même manière qu’on lit le marc de café.

129
Voir les pages suivantes pour la fabrication de cette huile.
130
D’Estissac utilise un référentiel kabbalistique, ici Tipharet est également associé au soleil, voir à ce sujet
Chap.5§III, sur les correspondances des couleurs qui inclue une table de correspondance.

115
Les plantes magiques

5. Utilisation Phyto-thérapeutique.

Aujourd’hui le millepertuis a gagné ses lettres de noblesses comme antidépresseur,


particulièrement efficace contre les dépressions légères et passagères. La plante
ayant en effet une très faible toxicité (si on la compare à l’aspirine par exemple) et
même si, comme tout médicament, il existe aussi bien des contre-indications que des
associations médicamenteuses à éviter.

On cite en particulier comme contre-indication la prise de


contraceptif oraux, le millepertuis vendu en pharmacie
pouvant bloquer l’efficacité des contraceptifs. Il existe
d’autres contre-indications, comme pour toute plantes
renseignez-vous auprès de votre médecin ou de votre
pharmacien si vous suivez un traitement.

Cela dit, aucun accident n’a jamais été reporté avec la


plante dans son utilisation médicamenteuse. La plante
n’est cependant utiliser de nouveau dans les
pharmacopées que depuis le milieu des années 90 et il
manque certainement des données empiriques pour
pouvoir évaluer cette plante dans son utilisation
thérapeutique.

Une autre contre-indication concerne l’exposition au soleil,


cela est due aux propriétés photo-sensibilisatrice de la
plante, particulièrement en utilisation par voie interne. Ces
dernières ont été observé chez les bovins ainsi que
quelques rares cas chez l’homme. Elles peuvent
également se manifester lors d’application externe en
particulier si les fleurs sont manipulées et que l’hypericine
(le pigment rouge) se dépose sur la peau, même si cette
dernière propriété est variable suivant les individus. Par
précaution on conseille donc souvent de ne pas utiliser
cette plante avant une exposition prolongé au soleil, en
particulier si vous avez une peau claire et que vous êtes
déjà sensible au soleil. Par mesure de précaution,
Figure 40 - Millerpetuis, livre des l’utilisation de millepertuis doit être stoppé au moins
simples médecines, vers 1520-
1530, BNF Français 12322, fol.
quatorze jours avant une exposition au soleil ou avant
141v. l’utilisation de solarium.

Concernant son utilisation comme antidépresseur, c’est surtout en Allemagne que la


plante a connu le plus de succès ces quinze dernières années, mais les autres pays
d’Europe, et l’Amérique ne sont pas en reste, puisque la consommation de produit
dérivé du millepertuis ne cesse d’y augmenter.

116
Les plantes magiques

L’Huile de millepertuis :

Voici un remède très répandus, qu’on trouve parfois dans certains magasin Bio et
qu’il est très facile de fabriquer. On dit de la plante qu’elle fut utilisé par l’ordre de
malte, plus connus sous le nom d’ordre des hospitalier de St-jean de Jérusalem, et
on dit qu’il utilisait cette huile pour soigner les croisées et les pèlerins blessés.

Pour fabriquer cette huile il vous faut un grand bocal (genre gros pot de confiture), on
remplie le bocal de fleur fraichement cueillie qu’on aura au préalable triés pour sortir
les exemplaires abimées et en enlevant les impuretés et les insectes. On remplit
ensuite le bocal avec de l’huile, idéalement de l’huile biologique en pression a froid.

On laisse ensuite le bocal au soleil pendant une à deux semaines (voir un mois
complet131), en secouant le mélange de temps à autre. L’huile va prendre une
teinture rouge caractéristique, on filtre ensuite l’huile à l’aide d’une gaze ou d’un filtre
à café dans un récipient à fermeture hermétique, pour obtenir un mélange plus pur
on peut renouveler l’opération en utilisant l’huile ainsi obtenus avec de nouvelles
fleurs fraiches.

131
Paracelse pensait qu’il ne fallait pas économiser le temps que l’on laisser la préparation au soleil. Des
recherches modernes ont montrés que c’est véritablement par l’action de la lumière que les composées chimiques
de la plante se transforme et que l’huile n’en est ainsi que plus efficace.

117
Les plantes magiques

On utilise l’huile ainsi obtenu pour traiter les brulures légères, les douleurs
musculaires ou articulaires, la sciatique et les démangeaisons. Pour les brulures on
peut rajouter quelque goutte d’huile essentiel de lavande, pour les douleurs
musculaires quelques gouttes d’huile d’achillée millefeuille.

Attention néanmoins, comme nous l’avons déjà dit, cette huile est photo-
sensibilisante, ce qui signifie qu’il ne faut pas s’exposer au soleil après l’avoir
appliqué au risque d’avoir des brulures sévères.

Autres préparations phytothérapique

On utilise principalement les infusions d’Hypericum (plantes entière) pour les


dépressions, l’anxiété, la nervosité, elles sont particulièrement indiquées lors de la
ménopause ou pour traiter les symptômes prémenstruels. On l’utilise aussi avec le
sureau en cas de coup de froid ou d’infection. La teinture a les mêmes effets (on
laisse la plante dans un mélange alcool/eau à 25% fort pendant 2 semaines puis on
filtre) mais est plus forte que l’infusion. On peut aussi utiliser l’infusion en bain pour
traiter les blessures légères et les bleues.

On utilise également la crème de fleurs d’Hypericum pour traiter la sciatique, les


douleurs nerveuses, les crampes ainsi que pour réduire les inflammations des seins
lors de l’allaitement. On peut aussi l’utiliser pour stopper les saignements légers et
comme antiseptique.

Figure 41 - Deux illustrations de la plante comme "chasse démon", Fuga démonum, A Droite : Herbarium 15ème
siècle, BNF Latin 17844, fol. 126, à Gauche :Herbarium 15ème siècle, BNF Latin 17848, fol. 82v, texte : ypericon alii
fuga demon

118
Les plantes magiques

II. La bétoine ou L'Épiaire officinale

1. Fiche signalétique :

Nom scientifique : Stachys officinalis ,Betonica


officinalis

Nom commun : Épiaire officinale, Bétoine,


Bétoine pourpre,

Autre appellation : Vettonica


(gaulois), Bétoyne (écriture
médiévale), Thé suisse

Famille : Lamiacées ou Labiées

Genre : Masculin

Planète : Jupiter

Elément : Esprit

Signe : Bélier

Propriété magique : Protection, Purification,


Amour

Propriété médicale : béchique (guérit la


toux), carminative (favorise l’expulsion
des flatuosités contenues dans l’intestin),
cholagogue (facilitent l'évacuation de la
bile), émolliente (amolli, adouci les
parties enflammées), expectorante (fait
cracher), hypotensive (réduit la tension
artérielle), vulnéraire (guérit les plaies),
tonique (fortifie l’organisme), fébrifuge (combat la
fièvre), apéritive (donne de l’appétit), astringente (resserre
les tissus), stomachique (favorise
la digestion) et sédative. Les racines sont purgative (purge le corps) et émétique
(provoque des vomissements)

119
Les plantes magiques

Composition chimique :
Stachydrine : cardiotonique, stimule le flux sanguin dans la région pelvienne et l'utérus,
augmente les sécrétions de lait, diminue la pression sanguine, combat les rhumatismes
Trigonelline, méthylbétaïne de l'acide nicotinique, prévient les carries, antispasmodique,
immunostimulant, diurétique, aphrodisiaque, stimule l’appétit, preventif du diabète, augmente
les sécrétions de lait
Betaïne & Choline, activité lipotrope c.a.d facilitant l’élimination des graisses et
hepatoprotective c.a.d préventif des dommages au foie, prévient les maladies cardiaques,
Des Huiles essentiels comme D-camphre : remède contre les troubles circulatoires
hypotoniques, traitement des maladies infectieuses et catarrhales aiguës dues à des
refroidissements, ainsi que traitement des vertiges, action anti-inflammatoire et tonifiante,
Delphinidine : antioxydant contre le vieillissement cellulaire, améliore l'élasticité et la densité
de la peau, renforce la résistance des petits vaisseaux sanguins de l'épiderme
Hyperoside : antioxidant et anti-inflammatoire
Rutine : renforce la résistance de la paroi des petits vaisseaux capillaires,
Acide Betulinique : substance anticancéreuse, antibactérienne, et antivirale
Acide Oléanolique : vasodilatateur
Acide Rosmarinique : antioxydant, bactéricide / fongicide, anti-inflammatoire
Acide Ursolique : Stimule la production de collagène, réduit les rides, lisse et raffermit la peau
Acide lithospermique, inhibe l’intégrase du VIH, stimule la croissance capillaire,
Antigonadotropes c.a.d qui inhibe la production des hormones sexuels et donc l’ovulation et la
production de sperme.
Acide chlorogenique et isochlorogenique: antioxydant particulièrement intéressant pour le foie
et la vésicule biliaire, propriétés bactéricides, fongicides et antivirales, preventif du diabète et
des maladies cardiovasculaire.
D’autres Acides : 4-Caffeoylquinique, Ascorbique, Aspartique, Tannique, Glutamique,, P-
Coumarique
Harpagide & Acétylharpagide : Spasmolytique c.a.d employé contre les spasmes et les
convulsions
Des oligo-éléments : entres autres : Zinc, Sélénium, Sodium, cobalt, Chrome, Fer, Potassium,
Magnésium, Manganèse, Calcium et Phosphore
Ces autres constituant sont graisse, eau, Bétonicine, Turicine, Melittoside, Scutellarein-7-O-
Beta-D-Glucoside ,Achilléine ,Alanine ,Apigenin ,arginine, Beta-carotène ,Betanine ,Cystéine
,Phénylalanine, Glycine ,Histidine, Isoleucine, Leucine ,Lysine ,Methionine ,Threonine
,Tyrosine ,Valine ,Thiamine ,Riboflavin ,Niacin et une grande quantités de Tanins (antioxydant
environs 15% de la plante)[/*]

120
Les plantes magiques

2. Comment la reconnaitre ?:

La bétoine pousse en touffe plus ou moins éparse avec à la base de chaque tige des
large feuille verte dentelé au nervure apparente. Des feuilles plus petites sont
également visibles le long de la tige par paire juste à la base des fleurs. Les fleurs
sont violettes à rose pâle et possède la forme caractéristique en lèvre de beaucoup
de labiées comme le thym ou encore le lamier, la lèvre supérieur est simple, la lèvre
inférieur à trois lobes.

La tige qui peut atteindre jusqu’à 60cm a une forme carré et possède une nervure
centrale. On trouve la bétoine le long des routes et dans les champs non-cultivés.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige : 20 à 60cm, dréssée
Feuilles : pétiolées oblongue en forme de cœur, nérvées-réticulées et crénelées de
manères régulières, verte légérement velues à glabre
Fleurs : Purpurine en épi ; calice tubuleux, en cloche, velu ou glabrescent, faiblement
nervé, à dents lancéolées-aristées, à peine ou le double plus courtes que le tube ;
corolle d'environ 15 mm., à tube saillant, sans anneau de poils, à lèvre supérieure
entière, pubescente, dépassant beaucoup les étamines.
Habitat : Commune dans toute l’europe, aime le bord des chemins, pré ou bois.

121
Les plantes magiques

Il existe plusieurs autre type de Stachys qui poussent dans la nature et peuvent
éventuellement être confondu, le lieu de récolte est surtout la forme et la texture des
feuilles indiqueront cependant facilement de quelle type de stachys il s’agit.

En montagne on trouvera de l’Épiaire hérissée132


(Stachys pradica ou Betonica Hirsuta) et de l’épiaire
des alpes (Stachys Alpina) qui se distingue toute les
deux par un aspect laineux, la tige et les feuilles
étant hérissé de poils, l’épiaire hérissé était utilisée
comme remède traditionnel dans les alpes en
infusion pour la tension et les migraines133.

On trouve également dans les chemins forestiers et


les bois l’Epiaire sylvestre (Stachys Sylvatica) dont
les feuilles sont plus grandes et de forme
triangulaires (comme l’ortie), ces dernières dégagent
une odeur désagréable quand on les froissent134.

La confusion n’est cependant pas grave, la bétoine hérissée étant un reméde


traditionel des montagnes qui s’utilise comme la bétoine officinale et l’épiaire
sylvestre étant comestible et même apprécié des gourmets.

Soupe à l’épiaire des bois


Faire cuire 1Kg de pommes de terre dans une eau salée, faite les sécher 20min dans
un four préchauffée à 180°C, puis passez-les au mou lin à légume dans une
casserole. Ajoutez 50cl de bouillon de légumes et 100 g de jeunes feuilles d’épiaires
(celles qui poussent vers le haut de la plante) préalablement lavée dans une eau
légérement vinaigrée, faire cuire pendant 10min à feu doux puis passez au mixeur.

132
On appelle également épiaire hérissé le taxon « Stachys ocymastrum », qui ne peut cependant être confondu
avec Stachys pradica, car ces fleurs sont blanches. Stachys ocymastrum est très rare et protégé, Stachys Pradica
est également rare, on la trouve principalement en montagne, dans l’est de la France du Doubs jusqu’au Var.
133
D’après : Vieux remèdes des Alpes aux éditions Ouest France.
134
On l’appelle également « ortie puante », elle dégage une odeur d’humus frais, elle est très appréciée en
cuisine, utilisée entre autre par Marc Veyrat dans son livre de recette de plante sauvage, elle se substitue a l’ortie
dans les recettes, elle rajoute un gout de cèpe et se marie particulièrement bien dans toute les recettes au
champignon, on peut en faire des soupes (avec patate et poireau comme pour l’ortie) ou la manger en omelette.

122
Les plantes magiques

3. Histoire

Son nom vulgaire, Bétoine, vient du celte bew (tête) et ton (bon) et signifie "bon pour
la tête", on la longtemps appelé Betonica Officinalis mais l’appellation moderne la
nomme Stachys officinalis pour la rapprocher du genre des épiaires dont elle fait
parties. Connu depuis l’antiquité Pline lui accorde nombre de propriétés, et en
particulier des propriétés presque magiques contre les serpents :

Les Vestons, peuple d'Espagne, ont trouvé la plante appelée vettonica (bétoine, queue de
renard, betonica alopecurus, L.) en Gaule, serratula en Italie, cestros ou psychotrophon en
Grèce. Cette plante, la plus estimée de toutes, produit une tige anguleuse haute de deux
coudées; et dès la racine elle jette des feuilles dentelées, et assez semblables à celles du
lapathum (patience). La graine est pourpre. On sèche et on pulvérise les feuilles; on s'en sert
en beaucoup de cas. Avec cette plante on fait un vin et un vinaigre qu'on emploie pour fortifier
l'estomac et éclaircir les yeux. Cette plante a d'ailleurs tant de renom, que l'on regarde comme
en sûreté contre tous les maléfices une maison dans laquelle elle a été semée. (Livre XXV - §
XLVI)
On applique sur ces plaies (de serpent) la bétoine principalement, dont la vertu, dit-on, est si
grande, que des serpents renfermés dans un cercle formé avec cette plante se flagellent de
leur queue au point d'en mourir. (Livre XXV - § LV.)
Le suc de la bétoine et celui du plantain sont aussi des antidotes contre les scorpions. (Livre
XXV - § LXXV)
La graine de la bétoine fait évacuer par le bas toutes les substances nuisibles; ou la prend
dans du vin miellé ou du vin cuit, ou, pulvérisée, à la dose d'une drachme dans quatre cyathes
de vin vieux; il faut faire vomir, puis administrer de nouveau la potion. Ceux qui prennent
chaque jour de cette plante n'éprouveront, dit-on, aucun mal des substances nuisibles (Livre
XXV - § LXXIX)
Dans l'ophtalmie, s'il y a gonflement, on emploiera avec avantage l'absinthe broyée avec du
miel, ainsi que la bétoine en poudre (Livre XXV - § XCII.)
La bétoine, à la dose de trois oboles dans de l'eau, s'emploie contre les expectorations
purulentes ou sanguinolentes, ainsi que la racine de persolata, à la dose d'une drachme, avec
onze pignons. (Livre XXVI - § XV)
Pline - Histoire Naturelle

On lui accorde un nombre impressionnant de vertus et d’après Antonius Musa


(médecin de césar) qui écrivit un livre entier sur la plante elles en posséderaient en
tout 47. La liste de ces 47 vertus nous est rapportée entre autre par Culpeper dans
son Complete Herbal de 1653 :

L’herbe est rattachée à la planète Jupiter, et au signe du bélier. Antonius Musa, physicien de
l’empereur Auguste césar, écrivit un livre entier sur les vertus de cette herbes, et parmi
d’autres vertus dit d’elle, qu’elle préserve le foie et le corps des hommes des dangers des
maladies épidémique, et également de la sorcellerie, elle aide ceux qui sont dégoutés et ne
peuvent digérer leur repas, ceux qui ont des estomac faibles et des remonté acides […] elle
aide contre la jaunisse, l’épilepsie, la paralysie, les convulsions ou les tendinites, la goutte et
ceux qui sont sujet d’œdème, ceux qui ont des migraines[…] La poudre mélangé avec du miel
est bonne pour toute sorte de toux ou de coup de froid, respiration rauque ou difficultés
respiratoire[…] La décoction faite avec de l’hydromel et un peu de menthe pouillot et bonne
pour ceux qui ont des fièvres putrides [..] et pour évacuer le sang et les humeurs […] , la
même décoction faite avec du vin et bue, tue les vers, ouvre les obstruction du foie et de la
rate, soigne […] les douleurs dans le dos et les cotes, les douleurs intestinales, les coliques,
et mélangé au miel purge le ventre, aide à provoquer les règles [..] et les accouchements. Elle
aide également à expulser les caillots, de la vessie ou des reins. La décoction avec du vin
gargarisé dans la bouche, soigne les douleurs dentaires. Elle est recommandée contre les
morsures de serpents […]

123
Les plantes magiques

Un drachme de poudre de bétoine pris avec un peu de miel dans du vinaigre, rafraichit
merveilleusement ceux qui sont peiné par les voyages. Elle stoppe les saignements de la
bouche et du nez et aide ceux qui crache du sang, et ceux qui sont troué ou ont une rupture,
et elle est bonne pour ceux qui sont meurtri de quelques manières. L’herbe verte meurtrie, ou
bien le jus appliqué sur une plaie interne, ou externe sur la tête ou le corps, soigneras
rapidement et fermeras [les plaies], de même que chaque veines ou sinus qui sont coupé, et
rassembleras os cassés ou bris, ou écharde qui soient entrés dans le corps. Elle n’est pas
moins profitables pour les vielles plaies ou les ulcères, même fistuleux et creux. Mais certains
conseil de mettre un peu de sels pour ces cas, en l’appliquant avec du saindoux, cela aide les
plaies purulente, et autres brulures et pousse. La fumée ou la décoction encore chaude reçus
à travers une cheminée dans les oreilles, soulage la peines de celles-ci, détruit les vers et
soignes les plaies de ceux-ci. Le jus fait de même.
C’est une herbe vraiment précieuse, cela est certains, et particulièrement adapté à être gardé
dans la maison, aussi bien en sirop, conserve, huile, onguent et emplâtre. Les fleurs sont
habituellement conservées.
Culpeper - Complete Herbal (1653) – Traduction abraxas

D’une manière quasi systématique cette plante se retrouve dans


tous les grands ouvrages de botaniques de l’antiquité jusqu’au
moyen âge :

Ses racines sont utiles comme celles de l'ellébore, miellée, font vomir
le flegme. On donne à boire les feuilles au poids de une drachme en
eau simple ou avec du miel, aux spasmés, au poids de trois drachmes
dans du vin pour les morsures d'animaux. Ce que fait pareillement
l'herbe emplâtrée sur la morsure. Elle aide contre les venins [...]
Elle provoque l'urine et lâche le corps. Bue avec de l'eau elle guérit les
frénétiques. On la donne au poids d'une drachme dans du vin aigre
miellé à ceux qui sont travaillés du foie ou de la rate. Après le souper,
avec du miel, elle fait digérer. Dans l'hémoptysie, on la donne dans un
cyathe de vin trempé d'eau au poids de trois oboles. Bue en eau elle
aide aux sciatiques et aux douleurs de vessie et des reins et avec de
l'eau miellée au poids de deux drachmes aux hydropiques affligés de
fièvre et ils n'en auront point avec vinaigre miellé. Elle guérit la
jaunisse. Prise avec du vin au poids d'un drachme elle provoque le flux
menstruel. Avec dix cyathes ou bichets d'eau miellée et au poids de
quatre drachmes elle purge le corps
Dioscoride, Sur la matière médicale, IV, 1.

Quant au petit Albert il s’attarde principalement sur son efficacité


contre les maux de tête, mais de manière préventive et comme
souvent dans cet ouvrage pour utilisation peu orthodoxe :
Figure 42 - Page de De materia Medicis de Disoscure sur la bétoine– D’après le manuscript
de Naples

Comme l’homme n a rien de plus estimable que sa raison & qu’il lui arrive souvent de la
perdre par l’excès du vin il est convenable de lui donner quelque préservarif pour s’en garantir
quand vous serez convié à quelques repas où vous craignez de succomber à la douce
violence de Bacchus vous boirez avant que de vous mettre à table deux cuillerées d’eau de
bétoine & une cuillerée de bonne huile d’olive & vous pourrez boire du vin en toute sûreté…
Lucius Parvus Albertus, Secrets merveilleux de la magie naturelle et cabalistique du
Petit Albert, chez les heritiers de Beringos frates, 1752

124
Les plantes magiques

[…]fractures de tête, les vices et les


douleurs des yeux, les vices et les
douleurs des oreilles, la cécité, les
douleurs de ventre, pour stimuler
l'appétit, pour la toux, les
accouchements difficiles et fébriles,
les frissons, le sang rejeté par la
bouche, pour lutter contre les effets de
l'ivresse, pour ceux qui souffrent d'un
refroidissement général du corps,
pour la jaunisse, pour les fatigues de
la route, pour les chutes de chariot,
pour stimuler l'intelligence, pour les
vomissements, contre les vers, et
enfin, comme contrepoison
Pseudo-Apulée, Herbarius.

Figure 43 - Betoyne – detail du folio 3v - MS. Ashmolean 1431 Pseudo-Apuleius,


Herbal England, St. Augustine's Abbey, Canterbury; 11th century, c. 1070-1100

Encore présente au Codex


officinale de 1732 dans plus de
18 préparations officinales, la
bétoine fut, après avoir été vanté
par les anciens, complètement
délaissé et n’était déjà au début
du 19ème siècle, plus qu’utilisé
sous forme de poudre
sternutatoire à priser ou à fumer
(composé à proportion égale de
feuille d’Asarum, de Bétoine et de
Marjolaine ainsi que de fleurs de
muguet).

Figure 44 - Bétoine - antonius musa, de herba


vettonica– folio 20v - Lat. 6862, , Bibl. Nat, Paris

125
Les plantes magiques

4. Cueillette

On récolte la bétoine de Juin à Aout, c'est-à-dire pendant toute la période de la


floraison. Il existe des prières spécifiques pour la bétoine, ainsi, on trouve ces prières
adressée à la plante qui sont peut-être l’hymne attribué à Esculape dont Albert le
Grand nous dit qu’il était utilisé pour conjurer la bétoine qui servait aux opérations.

"Bétoine, toi qui as été découverte la première par Esculape ou par le centaure Chiron, sois
favorable à mes prières. Je t'implore, herbe puissante, par celui qui a donné l'ordre que tu sois
créée, et que tu serves à une foule de remèdes ; veuille aider à composer les 47 remèdes que
voici."
Antonius Musa

Ou encore

Herbe bétoine qui au commencement fut trouvée par Esculape, je te requiers par cette prière,
'toi qui es appelée Dame de toutes les Herbes, de bien vouloir m'aider dans toutes choses
que je voudrai.
Mattheus Platearius - Livre des simples médecines (1470)

Figure 45 - Esculape découvrant la bétoine - antonius musa, de herba vettonica - Lat. 6862, folio 18 vo, Bibl. Nat,
Paris

126
Les plantes magiques

5. Utilisation Magique :

Grande oublié des ouvrages de magie moderne, cette plante, comme le montre son
histoire fut une des grandes plantes magiques de l’antiquité jusqu’au début du
XVIIIème siècle. Il existe pourtant un nombre considérable de références
bibliographiques qui nous parle de son utilisation magique, le plus connu est
certainement celui d’Hildegarde de Bingen qui lui accorde des propriétés pour le
moins étonnante :

Si quelqu'un est tellement sot et bête que toute connaissance lui fasse défaut, il faut écraser
de la bétoine et la mettre ainsi sur sa poitrine pour la nuit avec un linge par-dessus jusqu'au
matin ; répéter souvent et il retrouvera de la connaissance." […] Si un homme a été trompé
par une femme ou une femme par un homme, grâce à des pratiques magiques ou a été
victime de quelque tour de cette espèce, ou a été ensorcelé par des espèces d'incantations
fantastiques ou diaboliques, si bien que l'homme ainsi envoûté brûle d'amour pour la femme
ou la femme pour l'homme, il faut rechercher de la bétoine qui n'ait encore servi pour aucun
médicament ou filtre car, si quelque drogue de cette espèce a été faite avec elle, celle-ci ne
vaut plus rien pour la médecine puisqu'elle a été rendue inactive par les incantations. Quand
on a trouvé, recueillir les feuilles, placer une feuille dans chaque narine, une feuille sous la
langue, tenir une feuille dans chaque main, placer une feuille sous chaque pied et regarder la
bétoine de toute la force de son regard de son corps ; répéter souvent jusqu'à ce qu'on aille
mieux. On sera guéri de cette folie amoureuse, à condition de ne rien boire, rien manger ou
rien introduire dans le corps qui puisse exciter cette passion." […] Qui est habituellement
torturé par les mauvais rêves prendra de la bétoine avec soi en allant se coucher et pendant
son sommeil, et il remarquera qu'il est moins sujet aux fantasmagories des rêves."
Hildegarde de Bingen

La plante était historiquement, nous l’avons vu, tenu en très haute estime de telle
sorte qu’on lui attribué toute sorte de pouvoir magiques et en particulier de
purification et protection comme nous l’indique Matthiole :

La betoyne est conue d’un chacun & est cette herbe douée de grandes vertus & proprietes De
sorte que en Italie quand on veut bien estimer une personne ils disent qu’il est aussi vertueux
que la betoyne. Antonius Musa Médecin de l’Empereur Auguste a fait un traité exprès de la
betoyne auquel entre autres choses il en parle ainsi La betoyne […] contregarde & les ames &
les corps des personnes & mêmes garde ceux qui vont de nuit de tous charmes & dangers
Elle preserve aussi les lieux sacré & les cimetières des esprits malins & des visions estranges
& finalement cette herbe est sainte en toutes choses.
Pietro Andrea Mattioli, Les commentaires, sur les six livres de Pedacius Dioscoride de
la matière médecinale,Traduction de A. du Pinet, Pierre Rigaud 1605

Franz Bardon dans son « pratique de la magie évocatoire », propose un encens pour
les opérations de Jupiter fais à partir de bétoine. L’ensemble des auteurs ésotérique
qui parle de cette plantes magiques s’accorde sur sa correspondance avec Jupiter.
La plante est également toujours utilisée comme, protection et purification. Ainsi on
retrouve dans la Wicca :

127
Les plantes magiques

La Bétoine est ajoutée aux mélanges et aux encens de purification et de protection, et il est de
tradition au solstice d’été d'en brûler sur un charbon ardent, et de sauter à travers la fumée
pour purifier le corps des maladies et des démons.
Pour protéger une maison, on fait pousser de la Bétoine dans le jardin et on en disperse près
des portes et des fenêtres. Ceci forme une sorte de mur protecteur autour de la propriété, à
travers lequel aucun mal ne peut passer.
La Bétoine est aussi une bonne plante à porter sur soi lorsqu'on fait des avances amoureuses
à quelqu'un. Et si vous souhaitez réconcilier un couple en conflit, vous pouvez ajouter de la
Bétoine à leur nourriture.
Lorsqu'on en porte sur soi la Bétoine protège des intoxications, renforce le corps, et elle est
réputée guérir le "mal des lutins"
Cunningham’s Encyclopedia of Magical herbs.

On retrouve également cette utilisation spécifique de la bétoine comme protection


contre les influences négatives dans le livre de Dunwich :

Pour prévenir les cauchemars ou les visions désagréables qui interfère avec ton sommeil,
prend des feuilles de bétoines et place les sous ton oreiller avant d’aller au lit.
Quand elles sont repartis sur le sol autour de ton lit, les feuilles de bétoine chasserait tout les
mauvais esprits et les influence négatives.
Herbal Magick - A Witch’s Guide to Herbal Folklore and Enchantments, Gerina Dunwich
(traduction Abraxas)

Et Conway dans son livre sur la Wicca reprend ces propriétés et propose plusieurs
recettes d’encens et de fumigation à a partir de bétoine, en voici un exemple :

Cette Herbe, sacré chez les druides […] est une herbes très puissante et protectrice qui est
utilisé pour chasser les esprits mauvais et stopper les cauchemars. Bruler en encens, en
particulier au solstice d’été, pour purifier et protéger. Si on parsème l’herbe sèche près des
portes et fenêtre, cela forme une barrière protectrice.[…]
Poudre de protection. En lune montante, ou nouvelle lune, un mardi ou un samedi
Composition : 1 cuillère à soupe de sang de dragon, ¼ de cuillère à café de graines d’anis
vert, ¼ de coupe (env. 3 ml) de marjolaine, ¼ de co upe de bétoine, ½ coupe de racine de
calamus (env. 6 ml), ½ coupe de patchouli, 1 cuillè re à soupe de menthe pouillot, 1/8 coupe
(env 1,5 ml) d’armoise. 6 gouttes d’huile d’œillet et 7 gouttes d’huile de santal.
Utilisation : parsemé la poudre dans votre véhicule ou dans votre maison
Incantation : Protège moi des démons et du mal. Je demande protection en disant ce charme.
D.J. Conway – Wicca : The complete Craft – Traduction Abraxas

L’association faite par Culpeper avec le bélier est liée à ses propriétés analgésiques
et à son utilisation traditionnelle contre les maux de tête, qui sont rattachés à ce
signe.

La bétoine influence principalement l’esprit et le mental et favorise ainsi tout type


d’actions à distance. Elle favorise le calme mental, et est donc particulièrement
recommandé pour les exercices de méditation ou de visualisation. Elle permet
également de neutraliser ou de protéger contre tout type d’influence touchant le libre
arbitre ou la faculté de jugement d’un individu et forme littéralement une barrière de
protection mentale. Elle aide grandement pour les rêves, elle favorise les prises de
consciences et l’exploration des différentes sphères en particulier de la sphère
mentale.

128
Les plantes magiques

6. Utilisation Phyto-thérapeutique

La bétoine est une plante qui d’après sa composition et la liste de ces vertus
médicinales, mériterait vraiment que la médecine moderne se penche plus avant sur
ses applications pratiques.

En phytothérapie moderne on ne garde de la bétoine que deux utilisations


principales, en usage interne contre les maux de tête et les névralgies faciales ainsi
qu’en usage externe comme cicatrisante ou calmante pour les petites plaies et les
infections cutanées. On utilise pour cela traditionnellement les feuilles, fraiches,
séchées ou sous formes de poudre, mais on peut tout à fait utiliser toute les parties
aériennes pour l’ensemble des préparations.

En Usage interne la bétoine peut se prendre en infusion en petite proportion, une


cuillère à café de poudre pour une tasse d’eau pour soigner les maux de tête mais
également comme calmante pour apaiser la tension nerveuse et le stress. L’infusion
ou la décoction dans du vin sont également bonne pour l’estomac, facilitant la
digestion, stimulant l’appétit et aidant à l’élimination des gaz intestinaux. L’infusion
est également connue pour « provoquer » les menstruations et en soulager les
douleurs, mais la plante est rarement utilisée pour cela aujourd’hui.

On utilisait autrefois la bétoine comme tabac, à la fois contre les maux de tête et
contre les affections des voies respiratoires, on utilise encore aujourd’hui la plante en
inhalation des vapeurs de la décoction pour combattre l’asthme, la bronchite et la
toux.

On peut également utiliser la bétoine en sels de bains associés à l’huile essentiels de


lavande et au romarin pour son action calmante, relaxante et légèrement sédative.

En usage externe on utilise les compresses imprégnées de l’infusion suivante135:

Compresse de Bétoine et de Pâquerette


20g de pâquerette (plate entière)
20g de Bétoine (fleurs et racines)
En infusion dans 50cl d’eau.

Ces compresses sont utilisées contre les infections cutanées, contre les contusions,
pour soigner les petites plaies et les ulcères variqueux.

135
D’après Phytothérapie – La santé par les plantes – Reader’s Digest / Vidal

129
Les plantes magiques

Figure 46 - Bétoine, différente illustration issus d’herbier ; en haut à droite: Herbarium, BNF Latin 17848, fol. 68v, en
haut à gauche :Herbarium 15ème siècle, BNF Latin 17844, fol. 32, en bas:Herbarium 15ème siècle, BNF Latin 17844,
fol. 111v.

130
Les plantes magiques

III. L’armoise
1. Fiche signalétique :

Nom scientifique : Artemisia vulgaris

Nom commun : Armoise commune,


Armoise citronnelle, Couronne de Saint
Jean, Ceinture de Saint Jean, Herbe à
cent goûts, Remise, Artémise, Herbe de
Saint Jean, Herbes de feu, Tabac de
Saint Pierre.

Autre appellation: mugwort136,


sagebrush (herbe des sages),
Motherwort (Herbe mère), common
wormwood137 (bois au vers commun),
beifusss (au pied), Fliegenkraut (herbe au
mouches), Gänsekraut (herbe de l’oie138),
Sonnenwendekraut (Herbe du soltice
d’été), Sonnenwendegürtel (ceinture du
solstice d’été), Jugfernkraut (Herbe aux
vierges), Weiberkraut (Herbe des
femmes), Johannisgurtelkraut (herbe de la
ceinture de St-Jean), Besenkraut (herbe au
Figure 47 - Armoise - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal- balais) ; herba regia, parthenion, matrona,
Pflanzen mater herbarum, matrum herba, dianaria
herba
Famille : Astéracées

Genre : Féminin

Planète : Lune139

Elément : Eau

Signe : Balance

Propriété magique : Protection, Divination

136
Il existe plusieurs interprétation sur la signification de ce mot : en vieil anglais « mug » se rapproche de
l’allemand « Mucke » qui signifie mouche on retrouve cette association dans l’appellation « fliegenkraut » qui
signifie herbe à mouche (et non herbe pour le vol). Ce n’est pas parce que cette herbe était désagréables aux
insectes, comme on peut le lire ailleurs, mais au contraire parce que ceux-ci venait se poser sur les branches
séchées que l’on plaçait dans la maison, il suffisait alors de secouer ou taper la branche pour tuer les mouches..
137
Wormwood est le nom commun de l’absinthe, car cette dernière était utilisée pour ses propriétés vermifuges.
138
Dans certaines régions d’Allemagne cette dernière est utilisé pour aromatisé les volailles.
139
En grande majorité les auteurs moderne l’associe à Vénus, ce qui n’est pas en soit incompatible avec la lune,
cette dernière nous semble néanmoins la meilleur des associations et nous expliquerons pourquoi dans le
paragraphe consacré à son utilisation magique.

131
Les plantes magiques

Propriété médicale : Antispasmodique, emménagogue, tonique, vermifuge,


vulnéraire.

132
Les plantes magiques

2. Comment la reconnaitre ?

Il existe pas moins de 400 espèces du genre Artemisia qui poussent dans le monde
et au moins 40 espèces principales qui poussent en Europe, certaines sont
relativement facile d’identification, d’autres souvent confondus, ce qui en soit n’est
pas forcément dramatique, vu que la majorité des plantes de cette espèces ont des
vertus médicinales.

L’armoise « vulgaire » n’est donc pas forcément évidente à reconnaitre du premier


coup d’œil, pour autant une fois que vous en aurez vu et senti pour la première fois,
vous ne la raterez plus, cette plante étant extrêmement commune en Europe.

Un des indicateurs pour reconnaitre l’armoise sont donc ces feuilles dentelés de
manière caractéristiques. La plante peut atteindre jusqu’à 2m mais on trouve des
exemplaires beaucoup plus petit suivant le stade de développement, les feuilles
peuvent donc être relativement grande.
Les feuilles possèdent un verso vert blanchâtre possédant des poils épairs et une
face vert foncé lisse et sans poils. Froissées ces feuilles dégagent un léger parfum
odorant.
Les fleurs sont très petites et ont une couleur qui va du jaunâtre au rouge, elles ont
un parfum encore plus fort qui peut devenir insistant voir désagréable quand la fleur
s’épanouie totalement.
La tige, rougeâtre est parcouru de petits poils fins et de sillon légers, elle n’est pas
parfaitement ronde et en la parcourant des doigts on sent les sillons et la forme
caractéristique de la tige.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige : 60 à120 cm. striée, rougeâtre, un peu pubescente, rameuse ;
Feuilles : pennatipartites ou bipennatipartites, auriculées à la base, à segments assez
largement oblongs-lancéolés, aigus, glabres en dessus, blanches-tomenteuses en
dessous ;
Fleurs : globuleuses ; jaunâtres et/ou rougeâtres.
Habitat : Lieux incultes, dans toute l’Europe.

133
Les plantes magiques

Composition chimique :
Lactone sesquiterpénique : Artémisine (luttant contre le paludisme et la malaria),
Vulgarine, Pilostachyne.
Hydroxycoumarine : Esculétine (lactone dérivé de la coumarine, anticoagulant,
augmente le drainage lymphatique, aide à lutter contre les varices), Umbelliferon
Coumarine :
Huile essentielles : Cineol, Camphre, Thujon
Flavonolglycoside : Quercitine, Rutine
Polyine
Tripertene
Carotinoide
Des oligo-éléments : entres autres : Arsenic, plomb, calcium, phosphore, iode,
potassium, chlore, cuivre, chrome, magnésium, nickel, strontium, souffre, zinc
Ces autres constituants sont graisse, eau, tanins

Citons quelques armoises qu’on ne peut pas particulièrement confondre avec


l’armoise commune mais qui illustre les variétés existantes du genre Artemisia

L’aurone (Artemisia abrotanum), plus petite


avec des feuilles vertes très effilées pouvant
tiré vers le rouge, les fleurs sont jaunes,
plante condimentaire et médicinale, utilisé
pour agrémenter viandes et poissons, elle a
des propriétés identiques aux autres
armoise, principalement utilisé pour ces
propriétés tonique, diurétique, diaphorétique,
stomachique et en usage externe pour ces
propriétés cicatrisante et astringente.

L'absinthe (Artemisia absinthium), c’est


l’armoise dont on tire l’alcool du même nom par
macération puis distillation (avec d’autres
plantes), l’absinthe a un aspect plus laiteux que
l’armoise commune, les feuilles sont vert
argentés, les fleurs sont jaunes, plante
condimentaire et médicinale, utilisé pour son gout
amer, elle a des propriétés sensiblement
identique au autres armoises : tonique,
stomachique, emménagogue, cholagogue elle
est aussi réputé comme vermifuge et utilisé en ce
sens.

L'armoise annuelle (Artemisia annua), c’est


l’armoise utilisé en chine pour la moxibustion et
également un des remèdes naturelle utilisé en
Asie contre le paludisme, l’armoise annuelle est
une des plus grandes armoises et peut atteindre
jusqu’à trois mètres, elle est moins présente en
France que les autres armoises, les feuilles sont
plus effilées et plus dentelées.

134
Les plantes magiques

L’estragon (Artemisia dracunculus), plante


cultivé, rarement sauvage, feuille longue et fine non
dentelée, plante condimentaire et médicinale,
largement utilisé en cuisine pour accompagner viande
poisson et sauce et tout particulièrement dans la sauce
béarnaise ou sa saveur est reconnaissable, utilisé
comme vermifuge et diurétique, comme appétitive, en
infusion comme névralgique et apaisante contre les
insomnies.

Le génépi, dont il existe deux types, le génépi


noir ou génépi vrais (Artémisia Spicata ou
Artemisia genipi) et le génépi blanc (Artemisia
umbelliformis). ces deux types d’armoises on les
même caractéristiques et on les utilise toutes les
deux pour la fabrication du génépi (liqueur).
Plante de rocaille, poussant uniquement en haute
montagne, utilisé comme plante condimentaire et
médicinale, les feuilles ont la même odeur que
l’absinthe elles sont plus petite que l’armoise,
blanchâtre, les fleurs sont au bout de longue
tiges et sont jaunes beaucoup plus grosses que
sur les autres espèces du genre Artemisia. Les
deux espèces sont protégées en France.

On le voit il existe une grande variété d’armoise différente, dans le langage courant
cependant l’armoise désigne l’Artemisia Vulgaris, nous n’avons présenté ici que des
espèces relativement proches, par le passé, les auteurs antiques ne faisait pas les
mêmes distinctions botanique que nous, et certaines « armoises » de l’époque n’en
sont plus aujourd’hui.

135
Les plantes magiques

3. Histoire

L’armoise est une plante magique, citée et commentée par de nombreux auteurs
antiques et modernes, il existe même des livres entiers qui lui sont consacré. Elle fut
utilisée depuis l’antiquité ainsi les égyptiens utilisèrent l’absinthe comme vermifuge :

Un autre [remède] pour chasser le vers hefat : afa (laitue sauvage),1 ; sam (absinthe), 1 ; hesa
(du mucus végétale), 1, mélange comme une seule chose et mange. Cela évacuera tout les vers
(djedfet) qui sont dans son ventre.
Papyrus Ebers 64- Op cité dans « Ancient Egyptian Medicine par John Francis Nunn
(traduit de l’anglais par Abraxas)

Son Histoire est emprunte de légende et on appelait l’armoise, Mater Herbarum, « la


mère de toute les herbes » la « toute sainte », la première de ces légendes nous est
rapporté par Pline, qui raconte que cette plante fut nommé d’après Artémis II, épouse
et sœur de Mausole, qui fut administrateur de la Carie (aujourd’hui Turquie) à
l’époque de la Grèce antique, à sa mort, Artémis, qui lui succéda à la tête de la
région, aurait pris la décision d’ériger le Mausolée d'Halicarnasse en l’honneur de
son défunt maris, une des fameuses sept merveilles du monde. D’après
l’encyclopédie Britannica, cette « reine » exceptionnelle, fut également une botaniste
renommé dans l’antiquité :

Des femmes même ont ambitionné de donner leur nom à des plantes: ainsi Artémise, femme de
Mausole, adopta la plante appelée auparavant parthenis. D'autres prétendent que cette plante a
été ainsi nommée de la déesse Artémis Ilithye, attendu qu'elle est employée particulièrement pour
les maladies des femmes.
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXV – Chapitre XXXVI)

Cette plante donc, fut autrefois appelé « parthenis » ce qui signifie « vierge » et la
deuxième origine de son nom, comme le mentionne Pline nous ramène à la déesse
de la virginité Artémis, déesse protectrice des femmes et de l’accouchement. Une
autre légende rapporté par Jane Ellen Harrison140 , indique que ce serait la déesse
qui aurait pris le nom de la plante et
non l’inverse et d’ajouter qu’elle
aurait donné cette herbe au
centaure Chiron141.

Pline nous indique que l’on aurait


donné son nom à cette plante car
elle était, dans l’antiquité, utilisé
pour des troubles typiquement
féminin comme nous l’indique
également Dioscoride :
Figure 48 Armoise - Folio 8r - MS. Bodleian. 130
Pseudo-Apuleius, Dioscorides, Herbals; De virtutibus
bestiarum in arte medicinae, in Latin and English
England, Bury St. Edmunds; late 11th century
140
Dans “Myths of Greece and Rome”
141
D’après une illustration d’un manuscrit du XIème siècle qui n’est malheureusement pas cité par Jane Hellen
Harrison, mais il s’agit certainement d’un pseudo-Apuleus senblable au MS Ashmole 1452 (voir illustration page
suivante). Chiron fut entre autre l’instructeur d’Esculape le dieu de la médecine

136
Les plantes magiques

Figure 49 - Armoise d’après le Dioscoride de Vienne - Codex Vindobonensis med. Gr. 1 (fol. 20 verso)

137
Les plantes magiques

L’armoise nait pour la plus grande partie sur la marine branchue et feuillue, comme est l’absinthe,
mais ses feuilles sont plus grandes, & plus grosses. Elle est de deux espèces. L’Une est plus
belle, & plus grasse, avec feuilles plus larges, & les tiges plus grosses. L’autre est plus subtile, & a
la fleur blanche, petite, menue, & de fâcheuse odeur. Elle fleurit l’été. Il y a d’aucuns de ceux qui
habitent au pays méditerranéen, qui nomment l’Armoise herbe à une tige étant une plante subtile
qui produit une seule tige, pleine de fleurs menues, & rousses de couleur. Cette Armoise flaire
une odeur plus agréable, que l’autre. Toutes deux échauffent, & dessèchent. Etant bouillies on les
mets (avec utilité) dans les bains qui se font pour asseoir dedans les femmes, pour provoquer le
flux menstruel, le fruit, & les fecondines, & les inflammations, & oppilations de la matrice. Elles
rompent les pierres, & provoquent l’urine retenue. Emplâtrées sur la panetière, elles provoquent le
flux menstruel. Le suc mis avec Myrrhe dans la nature des femmes, tire tout ce, que tirent les
bains fait pour s’y asseoir dedans. L’on boit le haut feuillage, & comme chevelure de l’Armoise aux
poids de trois drachmes pour toute les choses susdites. L’Armoise à feuilles subtiles nait auprès
des haies, & des lieux cultivés. Les feuilles & fleurs froissées flairent à l’odeur de marjolaine.
Broyée, & incorporée avec huile d’Amandes, mise sur l’estomac, elle en ôte la douleur. Son suc
oint avec l’huile Rosat vaut aux douleurs des nerfs.
Dioscoride, de la matière médicale - Livre 3 – CVIII (éditions française de 1559)

Un mot sur cette associations, Artémis, Diane142 chez les romains, est une des
déesses principales de la féminité avec Aphrodite/Vénus, la première représente la
« vierge blanche », la femme « pur » et paradoxalement la protectrice des femmes
enceintes et de leur douleurs, la deuxième est la femme « lascive » ou « sexuel », ce
sont les deux images ambivalente de la féminité, comme on retrouve l’opposition
entre l’Apollon protecteur des arts et mars dieu de la guerre.

Artémis/Diane est une déesse lunaire, à tripe


visage, c’est Diane, le croissant de lune, Séléné la
lune pleine et Hécate la lune noir et déesse de la
magie143. Cette plante, donc associé à la lune elle-
même est une plante qui fut très rapidement dans
la culture populaire une plante magique « par
excellence »144.

Cette relation de Diane et d’Hécate comme étant


déesses de la magie, des enchatements, des
charmes et des plantes magiques est
magnifiquement illustré par le texte suivant tiré de
l’énéide, ou Didon, prévoyant son suicide pour se
joindre définitivement à Enée prépare un rituel
magique visant à la lier, dans la mort éternelle à
son amant :
Figure 50 - Le centaure Chiron et la déesse artémis/diane tenant deux
plantes du genre Artemisia – détail du Folio 18r- MS. Ashmole 1462 -
Miscellaneous medical and herbal texts, in Latin England, late 12th
century
142
Le culte de diane était particulièrement fort à Ephèse et son temple était également l’une des sept merveilles
du monde, le temple de diane et le mausolée érigée par Artemis II était en effet dans la même région et proche
l’un de l’autre.
143
Artemis comme son jumeau appolon était une déesse de la guérison, et son double spirituel et maléfique
hécate la déesse des sorcières, les deux possédaient des jardins de plantes, soignante pour la première, maléfique
pour la seconde, et c’est dans le jardin d’Hécate que Médée visita, ainsi dans la légende des argonautes on
apprend que ce jardin d’hécate possédait de la mandragore, de l’acconit et d’autres plantes « bannies ».
144
D’autant que la déesse Diane est un personnage très important dans la spiritualité Wiccane et en particulier
dans la branche « dianique » et dans la stégaria de Graven Rimassi, on retrouve d’ailleurs dans « the Gospel of
the Witches » de Charles G. Leland cette association du principe « féminin » par Diane ou Aradia, et du principe
masculin par Appolon ou Lucifer.

138
Les plantes magiques

De son côté, la reine, après avoir fait dresser à ciel ouvert,


dans un endroit retiré l'immense bûcher de bois de pin et de chêne,
fait tendre la cour de guirlandes et de couronnes de feuillage funèbre ;
sur le bûcher, elle pose les vêtements et le glaive qu'Énée a laissés
et, sur le lit, elle place son effigie, consciente de ce qui va se produire.
Des autels se dressent tout autour. La prêtresse, cheveux défaits,
d'une voix tonnante appelle trois fois les cent dieux, et l'Érèbe et le Chaos,
et la triple Hécate, les trois faces de la vierge Diane.
En outre, elle avait répandu de l'eau, symbole de la source de l'Averne ;
elle fait chercher des herbes tendres, cueillies au clair de lune
avec des faucilles d'airain, et gorgées du lait d'un noir poison.
On cherche aussi, arraché au front d'un poulain en train de naître
un charme amoureux, subtilisé à sa mère.
Près des autels, offrant de ses mains purifiées la farine sacrée,
un pied dégagé de liens, la robe dénouée, Didon, près de mourir
prend à témoin les dieux et les astres avertis du destin.
Ensuite, elle invoque, au cas où elle existerait, une puissance divine,
équitable et douée de mémoire qui se préoccupe des amants mal aimés.
Virgile - ÉNÉIDE, LIVRE IV 500-520 - LE ROMAN D'ÉNÉE ET DE DIDON – Traduction par
Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet

Ce texte est exceptionnel car il décrit une opération magique, la prêtresse utilise ici
des témoins classique, vêtement et objet ayant appartenus à la personne à atteindre
ainsi qu’une image le représentant. Elle officie devant un autel, ne porte aucun nœud
sur elle car les liens et les nœuds sont exclus des pratiques magiques145, elle fait
référence au chiffre trois de manière symbolique et magique et enfin elle fait appel à
« Hécate la triple » la déesse de la magie et des enchantement qui est
spécifiquement dans ce texte rapproché de Diane « aux trois faces » c’est-à-dire
Phoebée pour le ciel, Hécate pour les enfer et Artémis sur la terre, elle règne donc
sur les trois mondes, on donnait d’ailleurs à Hécate le nom de « Trivia » c’est-à-dire
de déesses des croisements et des carrefours, les « trivium ».

Diane, dont le nom même rappel étymologiquement le ciel, est une déesse dont les
légendes sont très proches des constellations, son compagnon de chasse « Orion »
tué par le « Scorpion », sa suivante Callista qui eut un fils de Zeus, Arcas et qui tout
deux furent transformés par Zeus en « la Grande ours » et « la petite ours »

Agrippa dans sa philosophie occulte associe d’ailleurs l’armoise a un grand nombre


d’étoile fixe : La tête d’algol (Algol dans la constellation de Persée), L’étoile de la
chèvre (Capella l’étoile la plus brillante du Cocher), le grand chien (Sirius dans Canis
Major, l’étoile la plus brillante du ciel), le cœur du lion (Régulus dans la constellation
du lion), la queue de la petite ours (l’étoile polaire, polaris »), Spica (dans la
constellation de la vierge), la queue du capricorne (Deneb Algedi dans la
constellation du Capricorne).

145
L’explication en est simple, les nœuds et les liens sont spécifiquement utilisé en magie pour renforcer, lier ou
simplement concrétiser un charme ou un enchantement, si l’opérateur porte sur lui des nœuds et fait une
opération magique, il court le risque que par inadvertance, une fois le rituel terminé, il « dénoue » un lien ou un
nœud porté sur lui et ainsi « dénoue » symboliquement et magiquement le charme ou l’enchantement du rituel,
dans le texte de l’Enéide Didon porte spécifiquement une seule sandale dénouée, certainement parce que la
deuxième est sensé la lier à Enée.

139
Les plantes magiques

Diane avait également un culte relativement inhabituel nommé « Rex Nemorensis »,


dans lequel le haut prêtre était celui qui survivait a un combat rituel, lancé par un
prétendant au poste à l’ancien « roi » ou prêtre du temple, pour cela il devait d’abord
cueillir un rameau d’or sur un arbre sacré. James Frazer, dans son œuvre
monumental qui se nomme justement le « rameau d’or » rapproche ce culte des
anciens cultes agraires de mort et de renaissance que l’on retrouve avec Balder,
Doumouzi/Tamnus, Osiris, Adonis etc. On peut ainsi rapprocher Diane/Artémis des
parèdres de ces dieux de la fertilité, que sont principalement Ishtar et Isis, d’ailleurs
Pline nous apprend en parlant du type Artemisia:

II y a plusieurs espèces d’absinthe […]. Il convient de faire connaître l'usage de cette plante […]
employée spécialement dans les cérémonies religieuses du peuple romain. En effet, dans les
fêtes latines il se fait des courses de quadriges au pied du Capitole, et on donne au vainqueur de
l'absinthe à boire, nos ancêtres ayant jugé sans doute que c'était assez l'honorer que de lui
donner pour prix la santé […] Il est aussi une absinthe marine […]. Les initiés aux mystères d'Isis
en portent un rameau à la main146.
(Livre XXVII – XXVlll & XXIX)
Pline - Histoire Naturelle

L’armoise était en effet en Egypte associé à la déesse Isis, cette dernière était
d’ailleurs comme Artémis associé à la constellation de la vierge, qui aux origines de
la création du zodiaque se nommait AB.SIN ou Subultu, c'est-à-dire l’épi et était
associé à la déesse Sala, la déesse de la fécondité, et c’est cette constellation qui
pris le nom de « parthenis » chez les grecs.

Dans la littérature antique, vu le grand nombre d’Artemisia, et la relative


ressemblance de certaines espèces il n’est pas facile de savoir à quel plantes
exactement font référence les auteurs ainsi Pline parle tour à tour d’Armoise,
d’Absinthe ou d’Ambroise :

L'ambrosia est un nom vague, qui a flotté entre beaucoup de plantes, mais qui en désigne
spécialement une, […]cette plante est-elle nommée par quelques-uns botrys ; d'autres la
nomment artemisia . Les Cappadociens s'en font des couronnes. On l'emploie comme résolutif.
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXVII - XI.)

Pline accorde aux espèces du genre de nombreuses propriétés qui ne sont pas loin
des propriétés thérapeutiques pour lesquelles ont emploie encore aujourd’hui le
genre Artemisia, c’est à dire comme apéritive, tonique, vermifuge, emménagogue,
etc. :

146
Voir également à ce sujet le chapitre 6.VI sur la verveine qui était également associé au mystère d’Isis.

140
Les plantes magiques

II y a plusieurs espèces d'absinthe: la santonique, appelée ainsi d'une cité des Gaules; la
pontique, du Pont, […]; celle d'Italie est beaucoup plus amère;[…]. L'absinthe fortifie l'estomac;
aussi fait-on, comme nous l'avons dit, un vin d'absinthe. On en donne à boire la décoction dans
l'eau, […] celle-ci resserre l'estomac, fait sortir la bile, est diurétique, amollit le ventre, le guérit s'il
est douloureux, chasse les vers, et dissipe les faiblesses d'estomac et les flatuosités, avec le sili,
le nard celtique et un peu de vinaigre. Elle fait cesser le dégoût, elle aide la digestion; elle enlève
les crudités, avec la rue, le poivre et le sel. Les anciens donnaient l'absinthe en purgatif. […]
Contre les flatuosités, on la prend par petits coups, chaude dans de. l'eau; pour les affections du
foie, avec le nard celtique; pour les affections de la rate, avec du vinaigre, ou de la bouillie, ou une
figue. Dans du vinaigre, elle combat les mauvais effets des champignons et ceux de la glu ; dans
du vin, ceux de la ciguë, et le venin de la musaraigne, du dragon marin et du scorpion. L'absinthe
est très bonne pour éclaircir la vue : on en fait un topique avec le vin cuit, pour les fluxions des
yeux ; avez le miel, pour les contusions. La vapeur de la décoction guérit les oreilles, ou si elles
suppurent on pile l'absinthe avec du miel. Trois ou quatre petites branches d'absinthe, avec une
racine de nard celtique et six cyathes d'eau, sont diurétiques et emménagogues. L'absinthe est en
particulier emménagogue, prise avec du miel ou en pessaire dans de la laine. Avec du miel et du
nitre, c'est un remède pour l'angine. Dans de l'eau , elle guérit les épinyctides. On en fait un
topique pour les plaies récentes avant qu'elles aient été touchées par l'eau; on s'en sert en outre
pour les ulcérations de la tête. On l'emploie particulièrement en cataplasme pour les douleurs
viscérales, avec de la cire de Chypre ou avec des figues. Elle guérit les démangeaisons. Il ne faut
pas la donner dans la fièvre. Bue pendant la navigation, elle empêche le mal de mer; portée sur le
ventre, elle empêche le gonflement des aines. Flairée, elle provoque le sommeil. Elle produit le
même effet mise sons le chevet à l'insu de la personne. Placée dans les hardes elle les préserve
des vers. En onction, dans l'huile, ou brûlée en fumigation, elle chasse les cousins. L'encre à
écrire dans laquelle on a mêlé du suc de cette plante garantit l'écriture contre les rats. La cendre
d'absinthe mêlée avec de l'huile rosat et de l'onguent rosat noircit les cheveux.
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXVII – XXVlll)

On le voit Pline lui accorde aussi quelques propriétés plus magiques, comme la
particularité de « provoquer le sommeil » ou « porter sur soi » de protéger des vers
ainsi que d’être un remède contre les venins « de la musaraigne, du dragon marin et
du scorpion ». Mais ce sont surtout les « pouvoirs » de protection de la plantes qui
restèrent dans la culture populaire comme il nous l’indique au livre XV:

Ils disent encore que les personnes qui portent sur elles de l’armoise n’ont rien à craindre des plus
pernicieux médicaments, ni d’aucun animal, ni même du soleil.
Pline - Histoire Naturelle Livre XV – LXXXI
.
Ces traditions perdurèrent, ainsi James Frazer dans le Rameau d’or, décrit
longuement les traditions liées aux plantes magiques du solstice d’été à savoir le
millepertuis, la verveine et l’Armoise. Ainsi il nous apprend que les jeunes hommes et
femmes portaient des couronnes ou des ceintures d’armoise, origine lointaine de ses
noms communs en français « Couronne » et « Ceinture de Saint-Jean ». En quittant
la fête ils les jetaient dans le feu en disant « que toute ma mauvaise chance s’en
aille et qu’elle soit brulée avec ces [plantes] », on croyait également que ces
couronnes protégeaient contre le mauvais œil et qu’en regardant à travers ces
guirlandes de fleurs, les feux allumés lors de cette fête particulière, on en était
protégé pour toute une année. On accrochait également de l’armoise aux portes et
aux fenêtres car elle était réputée comme une bonne protection contre la sorcellerie.

141
Les plantes magiques

Une autre de ces utilisations populaire était contre la lassitude des voyages, ainsi,
Pline dit au livre XXVI : « Le voyageur qui porte de l'armoise et de la sauge attachées
sur lui ne ressent point, dit-on, de lassitude. ». Les soldats romains et d’après
Cunningham les coureurs de marathon également, utilisait la plante en substitue de
chaussure, certainement à cause de ces branches souples et de ces feuilles douces,
cette pratique se transforma en croyance populaire, on croyait en effet au moyen-âge
que la plante attaché aux chaussures ou porté au pied permettait d’accroitre la
vitesse et de diminuer la fatigue, cette croyance populaire, très répandu, lui donna
son nom commun en allemand « Beifuß » (au pied) et on retrouve dans le petite
Albert cette fameuse recette pour les voyageurs :

Vous recueillerez de l'herbe que l'on appelle armoise, dans le temps que le Soleil fait son
entrée au premier degré du signe du Capricorne; vous le laisserez un peu sécher à l'ombre, &
en ferez des jarretières avec la peau d'un jeune lièvre; c'est-à-dire, qu'ayant coupé la peau du
lièvre en courroies de la largeur de deux pouces, vous en ferez un redouble, dans lequel vous
coudrez ladite herbe, & les porterez aux jambes: il n'y a point de cheval qui puisse suivre long-
tems un homme de pied, qui est muni de ces jarretières. Si vous faites pisser sur vos jambes
une fille vierge avant le Soleil levé, non-seulement vous serez soulagé de la lassitude du jour
précédent, mais aussi vous ferez ce même jour beaucoup plus de chemin qu'à votre ordinaire
sans vous lasser. Observez le tems que la Lune sera en conjonction avec Mercure; &
l'observation sera encore meilleure, si elle se fait un mercredi du printemps; puis vous
prendrez un morceau de cuit de peau d'un jeune loup dont vous ferez deux jarretières, sur
lesquelles vous écrirez avec votre sang les paroles suivantes: Abumalith cados ambulevit in
fortitudine cibi illius, & vous serez étonné de la vitesse avec laquelle vous cheminerez, étant
muni de ces jarretières à vos jambes. De peur que l'écriture ne s'efface, il sera bon de doubler
la jarretière d'un padou de fil blanc du côté de l'écriture.
Lucius Parvus Albertus, Secrets merveilleux de la magie naturelle et cabalistique du
Petit Albert, chez les heritiers de Beringos frates, 1752

On retrouve également cette propriété dans le Bald's Leechbook, livre de médecine


en Viel anglais du Xème siècle et qui dit :

Figure 51 - Bald Laeceboc - détail d'une page fac-similé éxtraite de Cockayne, Oswald. 1863. Leechdoms,
Wortcunning and Starcraft of Early England

De peur qu’un voyage à pied, fatigue trop un homme. Qu’il prenne de l’armoise dans sa main
ou la porte dans sa chaussure, de peur qu’il ne soit extenué. Et quand il la cueillera avant le
lever du soleil, qu’il dise ces mots « Tollam te Artemisia ne lassus sim in via » et fasse un
signe de croix en la ramassant.
Bald Læceboc – Op cite dans “"English medicine in the Anglo-Saxon times; two
lectures delivered before the Royal college of physicians of London, June 23 and 25,
1903” – (traduction Abraxas)

142
Les plantes magiques

L’armoise était vraiment une


des plantes magiques dont
l’usage était le plus répandu, il
nous reste peu de trace des
traditions païennes, la plupart
des textes et des fêtes ont été
christianisés, nous retrouvons
cependant l’armoise dans un
des rares textes encore
disponible sur le paganisme, le
Lacnunga, compilé à la fin du
Xème siècle il contient un
charme très connu nommé en
anglais « le charmes des neufs
herbes » et dont voici le
début :

Gemyne ðu, mucgwyrt, hwæt þu


ameldodest,
hwæt þu renadest æt Regenmelde.
Una þu hattest, yldost wyrta.
ðu miht wið III and wið XXX,
þu miht wiþ attre and wið onflyge,
þu miht wiþ þam laþan ðe geond
lond færð.

N’oublie pas, armoise, de ce que tu


révélé
Ce que tu établis à Regenmelde
Tu été appelé Una, la plus vielle des
herbes,
Tu as le pouvoir contre trois et contre
trente,
Tu as le pouvoir contre les poisons et
contre les infections,
Tu as le pouvoir contre l’ennemi
détestable qui erre sur terre.
Lacnunga (MS Harley 585 - British
Figure 52 – Charme des neufs Herbes (160r-163v) - Folio 161v - Ms library) -Nine Herb Charms
Harley 585 - fin du Xème début du XIème. (Traduction Abraxas)

L’armoise fut une plante, nous l’avons vu extrêmement importante dans un grand
nombre de pharmacopée et de traditions à travers le monde, on la retrouve dans la
quasi-totalité des grands traités sur les plantes de l’antiquité jusqu’à nos jours, ainsi
Hildegarde de Bingen qui met en valeur l’armoise pour les maux d’estomac et les
inflammations :

143
Les plantes magiques

CVII : L’Armoise (Biboz)


L’Armoise est tout à fait chaude, et son suc est fort utile ; si on l’a fait cuire pour la manger
comme légume, elle soigne les intestins malades et réchauffe un estomac froid. En cas de
douleurs après manger ou après boire, il faut faire cuire de l’Armoise soit avec de la viande
soit avec de la graisse ou comme plat de légumes, ou dans une autre préparation ; quand on
la mange, elle enlève et fait disparaitre toute la pourriture accumulée à cause des aliments et
des boissons pris auparavant.
Et si quelques humeurs mauvaises, à la suite d’une plaie et d’une infection inflammatoire, se
rassemblent en un point du corps, il faut prendre de l’Armoise, l’écraser et ajouter du miel, et,
avec cela, frotter l’endroit douloureux. Ajouter aussitôt une couche de blanc d’œuf et mettre et
mettre un linge par-dessus. Répéter jusqu’à guérison.
Le Livre des subtilités des créatures divines: Les Plantes, les éléments, les pierres, les
métaux – Hildegarde de Bingen - Editions Jérôme Millon, 1988

De même Culpeper présente l’armoise, et inclus des correspondances planétaires et


zodiacales:

C’est une herbe de vénus, en conséquent [elle] entretient les parties du corps qu’elle domine,
[et] soigne les maladies des parties qui sont sous ses signes, le taureau et la balance.
L’armoise est employée efficacement bouilli en décoction avec d’autres herbes à appliquer
pour faire venir les règles des femmes, pour aider à l’accouchement, et éjecter les après-
accouchements. De même pour les obstructions et les inflammations de la mère. Elle casse
les caillots et dégage les passages urinaires, là où ils sont bloqués. Le jus d’[armoise] fait
avec de la myrrhe et utilisé en suppositoire, a les mêmes effets, de même que la racine. En
onguent fait avec de la graisse de porc, elle élimine les kystes et les nœuds durs et les
noyaux, et soulage les douleurs du cou de manière efficace si on lui ajoute de la Margueritte.
La plante fraiche, ou le jus frais pris, est un remède spécial contre les overdoses d’opium.
Trois drachmes de la poudre de ces feuilles séchés prise dans du vin, est une aide certaine et
rapide contre la sciatique. Une décoction d’[Armoise] faite avec de la camomille et de
l’aigremoine et prise dans un bains chaud, enlève la douleur des sinus et les crampes.
Culpeper - Complete Herbal (1653) – Traduction abraxas

144
Les plantes magiques

4. Cueillette

L’armoise se ramassait traditionnellement à la Saint-Jean c’est à dire au solstice


d’été. On ramassait la plante le jour d’avant et on préparait les ceintures, couronnes
et autres décorations que l’on utilisait pour cette fête. On les gardait une année
durant comme protection et on jetait celle de l’année précédente dans le feu afin de
chasser le mauvais œil

D’après Armand Delatte qui cite le manuscrit 24245 de la bibliothèque nationale de


France et Marcellus, il faut cueillir la plante, comme beaucoup d’autre d’ailleurs, de la
main gauche, et de préférence quand le soleil est dans la constellation de la
vierge147.

Pour la cueillette, à part de cueillir la plante comme pour toute les autres plantes
médicinales par un temps sec et ensoleillé, il faut ramasser l’armoise quand elle est
juste en fleur et avant que les boutons ne s’ouvrent. Après ou pendant cette
floraison, les feuilles deviennent amer et peuvent être même d’une odeur ou d’un
gout incommodant voir désagréable.

L’incantation pour la cueillette mentionné plus haut « Tollam te Artemisia ne lassus


sim in via » signifie en substance « Je te cueille Armoise pour ne pas être fatigué sur
la route » et n’est donc absolument pas une formule de cueillette générique comme
on peut le lire dans certains ouvrages sur le sujet, mais plutôt une incantation
magique spécifique pour activer ses soi-disant pouvoir antifatigues pour la marche.

147
Cette particularité n’est pas expliqué dans les ouvrages précitées, cependant au vu de son historique et de son
association avec SA.LA et artémis on comprend aisément pourquoi les anciens attendait que le soleil soit dans la
constellation de la Vierge, son association tardive avec d’autres constellations fut faites suivant le référentiel
zodiacale (voir Chap 5.IV).

145
Les plantes magiques

5. Utilisation Magique.

Byfuss in synem huss hait, dem mag der tuffel keyn schaden fugen
Celui qui a de l’armoise chez lui, le diable ne peut lui causer d’ennuis
Vieux proverbe allemand (traduction abraxas)

Nous l’avons brièvement abordé, l’armoise était une plante magique par excellence,
et c’est pourquoi elle était appelé « le mère des herbes »148, on la retrouve ainsi dans
la présentation du Sepher Raziel des 24 herbes associées aux 24 heures du jours
qui nous indique qu’elle était conseillé dans toute opérations magiques et tout
spécialement dans l’invocation des esprits et des vents:

La deuxième herbe est Artemisia et c’est la mère et la première des herbes. Mais comme
l’autre (la première herbe NDT) est appelé Corona Regis, c’est à dire la couronne du roi, nous
la mettons en premier. Sur elle ils disent tous qu’en toute choses que tu fais tu devrais en
mettre. Et la feuille est verte sur une face et blanche sur l’autre. Et elle croit doucement. Et
avec elle tu appelleras les vents et les esprits que tu veux et tu en profiteras.
Sepher Raziel (Liber Salomonis) Ms Sloane 3846 & Ms Sloane 3826, (Traduction
Abraxas)

Ces principales propriétés, outre celle folklorique mais persistante liés au voyage,
était en premier lieu la protection contre les forces mauvaise et la divination. Elle était
omniprésente dans la culture populaire, en témoigne ce passage de Shakespeare :

Il [Obéron] touche les yeux de Titania avec une herbe.


149
Sois comme tu as coutume d’être ; Vois comme tu as coutume de voir ; La fleur de Diane a
sur la fleur de Cupidon Cette influence et ce bienheureux pouvoir."
Songe d’une nuit d’été – William Shakespeare (traduction de François-Victor Hugo)

Ce passage illustre l’utilisation de la plante comme combattant les effets des


charmes et de la sorcellerie. Elle était également réputé pour ses pouvoirs de
protection ainsi Eugène Rolland indique dans son flore populaire que : « L’armoise
cueilli le jour de la Saint-Jean et tressé en couronne préserve la maison de la foudre
et des voleurs », et d’indiquer que suivant la tradition populaire elle « met en fuite le
diable »150.

Les associations planétaires et zodiacales de cette plantes, nous viennent


principalement de Culpeper et ont été reprise dans l’ensemble de la tradition
moderne des plantes magiques, on retrouve donc quasi systématiquement cette
association à vénus et aux signes du taureau et de la balance151. Cependant on
retrouve également une association à Mars de l’absinthe, qui se retrouve pour
l’armoise chez Pierre Manoury.

148
En anglais on trouve également l’appelation « mother-wort »
149
D’après Mats Ryden dans Mats Ryden, « the contextual significance of Shakespeare’s plant names” – studia
Neophilologica, 56 – 1984, la « fleur de diane » mentionné par ce dernier, et qui a le pouvoir de modifier la
perception, ne serait autre que l’armoise
150
Flore Populaire ou Histoire naturelle des plantes dans leur apports avec la linguistique et le folklore, tome
VII, Eugène Rolland, 1908, p64
151
Agrippa dans la philosophie occulte l’associe également à la balance

146
Les plantes magiques

Cunningham dans son encyclopédie des plantes magiques, reprend en grande partie
Pline, les auteurs antiques dont Culpeper, ainsi que les traditions populaires et
rapporte l’ensemble des propriétés magiques de cette plantes, il insiste cependant
une propriété propre à la plante, sa capacité à augmenter les facultés de divinations.

Utilisation magique :
Cette plante, qui joue un rôle essentiel parmi les herbes de la Saint-Jean, tire son nom de la
déesse Artémis (Diane chez les Romains) qui l'aurait découverte. Connue et utilisée dans
l'Antiquité, l'Armoise, au moins autant que l'angélique, est le type même de la plante miracle.
À une époque ou à une autre, il n'est guère de pouvoirs qu'on ne lui ait attribués.
Pour se donner des « ailes aux talons », les coureurs de marathon enduisaient leurs sandales
de suc d'Armoise. La plante devait être cueillie la veille, au coucher du soleil, selon un rituel
bien précis qui comprenait, outre les prières à la déesse, des strophes entières de vers que
l'on chantait à la plante.
Le suc sert également à nettoyer les boules de cristal et les miroirs magiques. Le médium qui
pose ses supports (cartes, tarots, marc de café, boule de cristal, etc.) sur une couche de
feuilles d'Armoise accroît ses pouvoirs psychiques.
Nous retrouvons, naturellement, les traditions communes à la plupart des herbes du solstice :
rêves intuitifs ou prophétiques si l'on dort sur un oreiller bourré d'Armoise fraîche ; protection
contre les bêtes sauvages, les morsures et piqûres, les chiens enragés, vipères, farfadets,
gnomes, sylphides ; guérison ; chance. On porte de l'Armoise sur soi, ou l'on accroche des
pieds dans la maison.
La plante est associée aux accouchements et aux maladies des femmes, rejoignant en cela
les autres herbes patronnées par Diane-Artémis.
Elle est aphrodisiaque, évidemment : en infusion, en décoction, avec ou sans miel, parfois
poivrée ou mélangée avec de la cannelle.
Les Aïnos du Japon empilent de l'Armoise coupée dans la chambre d'un malade : ils
exorcisent ainsi les esprits de la maladie qui exècrent l'odeur de cette herbe.
En Chine, on suspend les tiges au-dessus de la porte pour attirer sur la maison la faveur de
l'Esprit des Vents.
La veille de l'Ascension, les femmes d'Avola, province de Syracuse, assemblaient des
rameaux de cette plante en forme de croix qu'elles plaçaient sur les toits, croyant que durant
la nuit Jésus-Christ les bénirait en remontant au ciel. On gardait ces croix d'Armoise pendant
une année. Placées dans les étables, elles garantissaient le cheptel contre la maladie. On leur
attribuait aussi le pouvoir d'apaiser instantanément un cheval emballé.
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

Dans son « Magical Herbalism », il explique plus avant comment utiliser l’armoise
dans les rituels de divination :

Encens de Divination : Beaucoup de sorcière utilisent des boules de cristal pendant leurs
séances de divination. Pour renforcer le cristal, frotter le avec des feuilles d’armoise. Pendant
la divination, brulez un encens composé d’armoise et d’absinthe à part égale. Mettez la boule
au milieu de votre autel entre deux bougies blanches, avec l’encensoir derrière la boule.
Magical Herbalism – Scott Cunninghamm (Traduction Abraxas)

Les propriétés « divinatoires » de l’armoise se retrouvent dans les croyances


populaires qui voulaient que l’armoise ou l’absinthe portée sur soi ou sous l’oreiller
provoque des rêves prémonitoires152. Ainsi que la singulière utilisation de l’armoise
dans les rituels d’évocation magiques rappelé par Agrippa dans sa philosophie
occulte. En effet, d’après Agrippa, le jus d’armoise appliqué sur la lame d’une épée

152
Voir James Frazer – Le Rameau d’Or.

147
Les plantes magiques

et passé dans la flamme, permet de voir les esprits invoqués qui se cachent à l’œil
de l’opérateur153.

Pour d’Estissac, ce n’est pas tant la plante en elle-même qui accroit les capacités
des médiums, mais plutôt sa correspondance solaire et ces propriétés de
« purifications ».

Associée à la chaste déesse Diane Artémis, l'armoise est Solaire. Elle porte en elle la
guérison, l'harmonie et une vision claire des choses. Elle facilite donc la voyance.
On dit fréquemment que l'armoise accroît les facultés des voyants s'ils posent leur support
(boule, cartes, tarots, etc.) sur un tapis d'armoise.
Il serait plus juste de préciser que la plante purifie ces supports de tous les contacts qu'ils ont
subis.
C'est en ce sens que la voyance, libérée de tous les parasites éthériques et psychiques fixés
sur ces supports est facilitée.
Conseil pratique: Dans un cabinet de consultation de voyance, il est bon de faire brûler
régulièrement de l'armoise avec de l'acacia, du basilic et de l'encens
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

Cette association solaire, parait plus que douteuse et les explications de d’Estissac
nous semblent difficilement défendable. S’il est vrai que le soleil est particulièrement
indiqué pour toute sorte de rituel d’exorcisme, l’armoise est une plante « féminine »
par excellence, comme le montre non seulement son histoire, mais aussi ses
propriétés phyto-thérapeutiques ainsi que ces caractéristiques physiques, en effets
les feuilles « typiques » du genre Artemisia avec une face clair et une face plus
sombre sont un reflet analogique de la lune. La plante est donc tout naturellement à
associer à la lune, comme le fait d’ailleurs Deanna J.Conway :

Une herbe de la lune, son parfum et son encens aide à la divination et à la clairvoyance.
Norse Magic - Deanna J. Conway (Traduction Abraxas)

De plus la lune est également la planète qui domine l’estomac et le système


reproducteur féminin, hors l’armoise fut et est encore utilisé pour ces propriétés
phyto-thérapeutiques liées à l’appétit, la digestion et le cycle menstruel. Si Culpeper
l’associe à Vénus, c’est certainement par analogie avec l’association zodiacale qu’il
partage avec Agrippa, c'est-à-dire la balance, signe qui traditionnellement gouverne
le ventre et les reins.

L’association de l’armoise avec la lune se retrouve également dans le système de la


golden Dawn, même si Israel Regardie ne la mentionne pas dans son Garden of
Pomegrenates, on la retrouve dans le Liber 777 de Crowley ou l’armoise se retrouve
associé avec la lettre Gimmel (‫ )ג‬de l’alphabet hébreux, avec le 13ème chemin de
l’arbre de vie reliant Kether à Tipheret, l « intelligence unificatrice », qui est
également la Papesse du Tarot que Waite appelle la « Grande prêtresse » et que
Regardie associe à Hécate, Diane, Artemis, la lune, et même avec la Shekinah.

153
En effet les esprits “retors » et « malin » ne cache une fois évoquer et attende que l’opérateur sorte du cercle
pour le malmené, ainsi d’après Agrippa cette simple opération permet de voir leur reflet dans l’épée magique
qu’utilise l’opérateur au moment de l’évocation.

148
Les plantes magiques

Enfin une dernière utilisation magique de l’armoise est celle de la vielle racine cueilli
au jour de la Saint-Jean à minuit vrais, pratique typiquement anglo-saxonne que
rapporté dès le XVIIème siècle John Aubrey, un des premiers « investigateur » et
reporter des phénomènes paranormaux, dans son Miscellanies, ou il explique avoir
observé de jeunes filles fouillant la terre le soir de la saint-jean, en leur demandant ce
qu’elles faisaient ces dernières lui répondirent qu’elle cherchaient un charbon qu’on
ne doit ramasser qu’une journée dans l’année et à une heure seulement, et celle qui
s’endort avec ce charbon rêve de son futur maris. Ces charbons étaient réputés
posséder de grands pouvoir magiques pouvant protéger des maladies, ces vielles
coutumes ce sont transmises en particulier dans la Wicca anglo-saxonne ainsi on
retrouve :

Un petit « charbon » (on dit qu’il s’agit d’une « vielle racine acide ») trouvé dans le sol à coté
de la racine de l’armoise est réputé pour être une des plus puissante de toute les amulettes
naturelles. Cependant, la tradition occulte considère qu’à moins que l’armoise ne soit
déracinée au soir ou à minuit de l’aube de la Saint-Jean, le « charbon » trouvé sous elle ne
sera sans aucune valeur d’amulette.
Pour ceux suffisamment chanceux pour déterrer un tel trésor, un « charbon » d’armoise offrira
une protection contre tous les « animaux vénéneux », chassera le mal et la sorcellerie,
soignera tout les maladies (incluant la folie et les épidémies), inspirera des sentiments
d’envies chez [ceux qui sont] frigides, amènera la fertilité à ceux maudit par la stérilité, et
induira des rêves prophétiques (particulièrement concernant [les] mariages avec les
partenaires futures) si placé sous un oreiller avant le couché.
Herbal Magick - A Witch’s Guide to Herbal Folklore and Enchantments, Gerina Dunwich
(traduction Abraxas)

149
Les plantes magiques

6. Utilisation Phytotérapeutique

L’armoise favorise la digestion en stimulant la sécrétion des sucs gastriques, elle a


des propriétés cholagogue et cholérétique.

On emploie aujourd’hui principalement l’armoise ainsi que l’absinthe en cas de perte


d’appétit pour les gastrites, l’armoise a un effet moins fort que l’absinthe. Dans la
médecine populaire on l’emploie encore pour les maux d’estomac et les diarrhées.
L’infusion ainsi que l’huile essentielle ont des propriétés antibactérienne et
antimycosique.
On l’emploie également comme tonique, pour combattre les névroses, l’agitation et
l’insomnie, ainsi que lors de règles irrégulières ou décalées.

On utilise principalement les plantes séchées en infusion, en prenant de 0.5 à 2 g de


plantes 3 fois par jours.

L’huile essentielles (rendement 1L pour 500Kg) est de couleur jaune verdâtre, elle
est utilisée en parfum, contre l’agitation, les insomnies, elle apaise le système
nerveux et donne harmonie et paix intérieur. En application externe elle est utilisée,
mélangé à une base d’huile, pour améliorer la circulation de la peau, atténuer les
douleurs des crampes, des maux de têtes, des articulations, des règles. On l’utilise
également dans le bain pour améliorer la circulation et pour ses propriétés relaxantes
et tonifiantes.

Absinthe : Vin d’absinthe apéritif, tonique. 30 gr de sommités ou de feuilles dans un litre de vin
blanc. Laissez macérer 4 jours. Filtrez. Un verre à liqueur avant le repas: apéritif et tonique.
Un verre à liqueur après le repas : digestif. Un verre à liqueur le matin à jeun : vermifuge.
Les plantes sorcières – Pierre Manoury

150
Les plantes magiques

IV. L’Achillée millefeuille

1. Fiche signalétique :

Nom scientifique : Achillea


millefolium

Nom commun : Millefeuille154,


Herbe de la Saint-Jean, herbe
de Saint-Joseph, herbe de
Notre-Dame, herbe à dinde,
herbe au charpentier, herbe
aux cochers, herbe aux
militaires, herbe aux
coupures, saigne-nez155,
herbe de sang, sourcil de
Vénus, enrêve, herbe du
diable, tête de jument, dent de
loup, queue de renard.

Autre appellation : Yarrow


common yarrow, gordaldo,
nosebleed plant, old man's
pepper, devil's nettle,
sanguinary, milfoil, soldier's
woundwort, thousand-leaf,
thousand-seal, militaris,
supercilium veneris156, bellocandium,
vigentiana, Achilles, Figure 53 - Achillea Millefolium - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen
Allheil, Barbarakraut,
Bauchwehkraut, Fasankraut, Feldgarbe, Gänsezungen, Garbenkraut, Gerwel,
Grensing, Gotteshand, Gotteskraut, Grillenkraut, Heil aller Schäden,
Herrgottrückenkraut, Judenkraut, Jungfernaugenbrauen, Kachelkraut,
Katzenschwanz, Katzenzahl, Kelke, Magaretenkraut, Neunkraft, Releke, Rippel,
Rippenkraut, Röhlke, Schafrippe, Schafzunge, Sichelkraut, Tausendblatt,
Teufelsnessel, Soldatenkraut

Famille : Astéracées

Genre : Féminin

154
Variations : feuilles à mille-pattes, herbe à cent feuilles
155
Variations : herbe du nez, herbe à narines, herbe à la saignée, saigne-langue, saignée
156
D’après Heinrich Marzell, il s’agit là d’une appellation tardive qui n’apparait qu’entre le 6ème et le 7ème siècle
dans les manuscrits de dioscorides (voir : Geschichte und Volkskunde der deutschen Heilpflanzen, Heinrich
Marzell,, 2002, p265)

151
Les plantes magiques

Planète : Vénus

Elément : Eau

Signe : Capricorne157

Propriété magique : Protection, Amour, Divination

Propriété médicale Antispasmodique, Astringent, Vulnéraire, Tonique, Active la


transpiration, Hypotenseur, fait baisser la fièvre, diurétique léger et antiseptique
urinaire.

2. Comment la reconnaitre ?

L’achillée millefeuille est une plante très commune, et peut-être la plante médicinale
et magique la plus répandue et la plus utilisé dans le monde158, ainsi on récences
pas moins de 77 tribus amérindiennes ayant en tout 355 usages différents pour cette
plante159.

On la trouve facilement le long des routes ou dans les prés, ainsi qu’en montagne.
Elle fait partie de la famille des astéracées et ces dernières sont en générales dures
à distinguer les unes des autres, cela étant dit l’achillée millefeuille possède un
nombre de caractéristique marquante qui la distingue facilement des autres plantes
de la même famille et également des autres fleurs du genre Achillea.

157
Aucun livre sur le sujet ne lui attribue d’association astrologique particulière, le capricorne, puisqu’il est
associé à la peau, parait l’association la plus logique ici.
158
Le Pissenlit étant également une des plantes médicinales les plus connues et les plus usitées dans le monde
aussi bien pour un usage médicinale qu’un usage culinaire, alors que l’achillée est, à cause de son amertume,
utilisé principalement pour des raisons médicinales
159
Voir : Handbook of Medicinal Plants, Zohara Yaniv, Uriel Bachrach, 2005, page 131

152
Les plantes magiques

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige : droite, ronde parcouru de sillon, légèrement laineuse, de 7 à 20cm de hauteur
pouvant atteindre jusqu’à 80cm.
Feuilles : très caractéristique de la plante, elle lui donne son nom, composées,
étroites, très découpées en dents de scie, légèrement velues, de couleur verte
parfois légèrement grisé, pouvant atteindre de 5 à 15cm de longueur, elles sont
fortement aromatique, elle apparaissent avant la tige dès le printemps ou sont parfois
seul sur les pelouses, elles sont facilement reconnaissable.
Fleurs : capitules regroupées en grappes de couleur blanche pouvant parfois avoir de
teinte jusqu’au rose.
Habitat : présente dans l’ensemble des régions tempérées du monde : Amérique,
Europe, Asie, Afrique du nord.

Composition chimique :

Lactones sesquiterpéniques : achilline, achillicine, rupicolines A et B ; achillifoline,


milléfine, dihydroparthénolide, bachanolide ; taurémisine, dihydroreynosine
Flavonoïdes: hétérosides d’apigénine et de lutéoline, rutine, vitexine, vicénine,
orientine, isorientine, schaftoside et isoschaftoside, swertisine ; casticine, artémétine,
salvigénine, népétine, cirsiliol
Huile essentielles : monoterpènes, 1,8-cinéole, ascaridol, sabinène, camphre, linalol
Coumarines et acides phénoliques
Dérivés polyacétyléniques : ponticaépoxyde, cis-matricariester et trans-matricariester
Composés azotés (alcaloïdes) : bétaïne, choline , stachydrine et homostachydrine,
achilléine, bétonicine
Eau et petite quantité de tanins

Il existe environs une centaine d’achillée différentes, l’achillée étant également une
plante très appréciée dans nos jardin, et outre les espèces naturelles, il en existe de
nombreux cultivar. Pour la simple Achillea Millefolium on compte pas moins de
trente-cinq sous-espèces et autant de micro-espèces, cette grande diversité de la
plante s’explique par sone extraordinaire pouvoir adaptatif, l’Achillea Millefolium
s’adapte en effet par polyploïdie160 à son environnement naturel direct.

Cela explique également en partie sa grande répartition géographique et la diversité


des actions thérapeutiques qu’on lui attribue à travers le monde, par exemple l’
Achillea millefolium L. ssp. millefolium, c’est-à-dire l’achillée millefeuille au sens strict
du terme et tel que reconnu par la pharmacopée et la phytothérapie moderne, ne
contient pas de chamazulène alors que la sous-espèce Achillea millefolium L. ssp.
Collina, contient une grande quantité de chamazulène dans son huile essentiels161.

Cette variation de la composition chimique des différentes sous-espèces d’achillée


millefeuille ne semble pour autant ne pas être une contre-indication à son utilisation
en phytothérapie, au vu de son utilisation millénaire, cependant il convient de
renforcer légèrement les précautions d’usage et faire des test allergènes quand on
pense utiliser la plante en automédication.

160
Changement du nombre de chromosomes
161
British Herbal Compendium: A Handbook of Scientific Information on Widely Used Plant Drugs, Peter R.
Bradley, 1992, p227.

153
Les plantes magiques

3. Histoire

L’achillée millefeuille tire son nom du héros


grec de la Guerre de Troie, Achille, qui d’après
Pline fut celui qui découvrit cette plante :

Achille, élève de Chiron, a aussi découvert une plante


qui guérit les blessures, appelée pour cela achilléos.
162
C'est avec cette plante qu'il guérit, dit-on, Télèphe .
[…].
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXV - XIX.)

Cette légende, d’Achille ayant appris la


médecine auprès de Chiron, se retrouve dans
l’Iliade d’Homère, quand blessé par les
troyens, Eurypile s’adresse à Patrocle, ami
d’Achille en ces termes :
Figure 54 - Achilles éduqué par le centaure Chiron, (IIème siècle
après JC) Peinture murale, Museo Archeologico, Napoli, Inv 9109.

Sauve-moi donc en me conduisant jusqu'à mon


vaisseau noir ; extrais par incision la flèche de ma
cuisse, lave avec une eau tiède le sang noir qui en
coule, et, sur la plaie, étends ces doux remèdes,
ces excellents remèdes que tu as, dit-on, appris
auprès d'Achille, qui les apprit lui-même de
Chiron, le plus juste des Centaures.
Iliade, Chant XI – Homère, traduction nouvelle
de Mario Meunier. Union Latine d'Éditions,
Paris 1943.

L’achillée millefeuille était, dans l’antiquité gréco-


romaine, un remède souverain contre les
blessures, et une des plantes vulnéraires qu’ils
tenaient en haute estime : Figure 55 - Achille pansant Patrocle atteint par
une flèche, Médaillon d'un kylix attique à figures
rouges, v. 500 av. J.-C, Altes Museum – Berlin
En Étrurie, on donne le nom de mille-feuille à une petite plante des prés garnie des deux côtés
de feuilles en forme de chevelu ; elle est souveraine pour les plaies. Les Étrusques affirment
qu'avec de l'axonge elle rapproche et cicatrise chez les bœufs les tendons qui ont été
tranchés par le contre.
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXIV – XCV).

Comme c’est souvent le cas dans les manuscrits antiques, il est parfois difficile de
savoir avec précision, et cela malgré les indications botaniques, à quelle plante, les
anciens faisaient références en parlant de la « mille-feuille », cela étant dit, il est plus
que probable que Pline dans le texte qui suive fasse référence aux différentes
achillées existantes, certaines ayant en effet les même propriétés vulnéraires mais
des caractéristiques botaniques différentes, en particulier au niveau des feuilles :

162
D’après Appolodore c’est de la rouille de la lance d’achilles que téléphe pu être soigner de sa blessure
(Apollodore, Bibliothèque- Epitomé III-20) la même légende est rapporté par Hygin et Eurypide

154
Les plantes magiques

Quelques-uns nomment cette plante panacée héracléon, d'autres sidéritis163, et ils en font
chez nous la mille-feuille: ils disent qu'elle a une tige d'une coudée, et est rameuse, et
couverte dès le bas de feuilles plus petites que celles du fenouil. D'autres, tout en convenant
que cette dernière plante est bonne pour les plaies, affirment que la vraie achilléos a une tige
bleuâtre, haute d'un pied, sans branches, et garnie élégamment de tous côtés de feuilles
rondes isolées.
D'autres lui attribuent une tige carrée, les sommités du marrube, et la feuille du chêne; ils
prétendent aussi que cette plante cicatrise les nerfs coupés. […].
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXV - XIX.)

Il est plus que probable que Pline face ici référence aux descriptions données par
Dioscoride dans sa matière médicale, ou il parle de l’ « achillea Sideritis » :

L’achillee, que d’aucuns appellent Achillea


Sideretis, produit des tiges longues de douze doigts
et quelquefois plus grandes, quasi de figure
semblable à fuseaux, environnees de feuilles
menues par le travers, comme est la coriandre, de
couleur rougeatre, ployables, d’une odeur moult
médicinale et non mésagréable. Elle produit en la
sommité une emouchette ronde, de fleurs blanches,
purpurines, et de couleur d’or. Elle nait en terroirs
gras et de bon rapport. Le haut de son feuillage
broyé et emplatré, conjoint les plaies fraiches et les
affleure d’inflammation. Il restreint le flux de sang et
paraillement le flux menstruel appliqué par-dessous
aueclaine et à cette occasion les femmes qui sont
tourmentées du flux de la matrice, s’asseient
dedans la décoction. Outre cela on la boit pour la
dysenterie.
Dioscoride, de la matière médicale - Livre 4 –
XXVIII (éditions française de 1559)
Figure 56 - Achillée millefeuille – détail du folio 26v - MS.
Bodleian. 130 Pseudo-Apuleius, Dioscorides, Herbals; De
virtutibus bestiarum in arte medicinae, in Latin and English
England, Bury St. Edmunds; late 11th century

Dioscoride fait cependant une distinction


entre cette dernière et ce qu’il appelle « la
millefeuille militaire », qui par sa
description semble plus proche de notre
achillée millefeuille :

La Millefeuille militaire est une petite plante, haute d’une palme, & quelquefois plus grande, les
feuilles de laquelle ressemblent aux pennes des oiseux, moult courtes, & entaillées à la sortie.
Les feuilles ressemblent au Comin sauvage, spécialement en leur rudesse, & brevité, &
toutefois elles sont plus courtes : l’émouchette est plus espesse, & plus pleine. Elle produit en
la sommité de la tige des sestus subtils desquels se forme l’émouchette comme celle de
l’Aneth, copolée de fleurs petites & blanches. Elle naist par les champs aspres, & au long des
chemins. Elle est en grand usage aux usceres vieux, & aux nouveaux, & aux flux de sang, &
aux fistules.
Dioscoride, de la matière médicale - Livre 4 – LXXXVIII. (éditions française de 1559)

163
Il s’agit ici de la Crapaudine Faux-Scordium (Sideritis scordioides) dont les feuilles sont fortement dentées,
cette dernière est décrite par Dioscoride (4.27) qui la nomme également Heraclea. Le terme et l’appellation
sideritis étant cependant utilisé par un grand nombre d’auteurs antique pour désigner un grand nombre de plantes
différentes ayant les vertues communes d’être cicatrisante.

155
Les plantes magiques

Ce nom de militaire, lui vient également de sa grande utilisation par nombre de corps
militaire, au temps des tournois on l’appelait également en anglais Soldier’s
Woundwort ou encore Knight’s milefoil164 car elle était utilisé comme base d’un
onguent de soin préparé dans les châteaux et les monastères165. Ainsi la célébre
bénédictine Hildegarde de Bingen, parlait de l’achillée en ces termes :
166
De Garwa L’achillée est quelque peu chaude et sèche, et elle a des pouvoirs spécifiques et
fins sur les blessures. Car quand un homme est blessé par un coup, qu’on nettoie sa plaie
avec du vin, et qu’on fasse cuire doucement de l’achillée dans de l’eau, puis après avoir
essoré l’eau, qu’on la mette chaude à l’intérieur d’un tissus puis sur la blessure[…] autant de
fois que nécessaire. Mais une fois que la blessure a commencé à se refermer, alors après
avoir mis de côté le tissus, qu’on mette l’achillée directement sur la plaie, et elle deviendra
d’autant plus saine et totalement guérie.
Naturkunde: das Buch von dem inneren Wesen der verschiedenen Naturen in der
Schöpfung , Hildegarde von Bingen, ed. Müller, 1959, p40 (traduction Abraxas)

Hildegarde y voit non seulement un remède contre les plaies externe, mais aussi un
remède contre les plaies „interne“, elle rajoute:

Que celui qui a des plaies internes, que ce soit parce qu’il ait été blessé par un épieu ou bien
qu’il soit serré167 de l’intérieur, qu’il pulvérise de l’achillée, et qu’il boive cette poudre dans de
l’eau. Et quand il ira mieux, qu’il prenne cette poudre dans du vin chaud, jusqu’à ce qu’il soit
guérit.
Naturkunde: das Buch von dem inneren Wesen der verschiedenen Naturen in der
Schöpfung , Hildegarde von Bingen, ed. Müller, 1959, p40 (traduction Abraxas)

Son utilisation pour traiter les coupures et les plaies est attesté à travers l’histoire et
les différents peuples, en plus de son utilisation potentiel par les néandertaliens168 et
les indiens d’Amérique, elle était également utilisée par les précolombiens169.

Elle fait aujourd’hui toujours officiellement partie de la pharmacopée de nombreux


pays dont l’autriche, la république tchèque, la France, l’Allemagne, la Hongrie, la
Suisse et la Roumanie, elle fait également partie de la pharmacopée indienne de
l’ayurvéda

164
Herbe des blessures des soldats, millefeuille du chevalier, on l’appellait aussi simplement « woundwort » ou
en francais herbes aux blessures, nom usuel que la plante a encore.
165
Magic fragrance, Rosetta E. Clarkson, 1937
166
Le nom original allemand « de Garwa » qu’hildegarde nous a transmi est également à l’origine du nom
anglais « gearwe » qui donnera « yarrow », voir : Herbal Simples Approved for Modern Uses of Cure, Fernie,
William Thomas, 1830, p616
167
« innerlich zusammengeschnürt », il peut s’agir ici de plusieurs choses, constipation, angoisse ou plus
probablement un symptôme d’une trop grande tension artérielle.
168
Voir Chapitre 1-I
169
Ethnobotany of Mexican Compositae : an analysis of Historical and modern sources, M. Heinrich, 1996, in
Procedings of the international Compositae Conference, p 475-503

156
Les plantes magiques

Figure 57 - Achille et Chiron, Amphore "nicosthénienne" à figures rouges, Signée par Pamphaios, Vers 525 - 515
avant J.-C, Musée du Louvre

157
Les plantes magiques

4. Cueillette

L’achillée, dont un des noms usuel est « herbe de la Saint-Jean170 », est également
comme le millepertuis et l’armoise une herbe qui était traditionnellement cueilli au
solstice d’été.

Elle fait partie des trente-deux « herbes de la Saint-Jean » que, au solstice d'été, les prêtres-
magiciens allaient récolter en entourant la cueillette de rites religieux. D'où sa solide
réputation dans les campagnes comme plante médicinale et magique.
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

Dans la sphère Anglo-Saxonne de l’écosse à l’Angleterre, il était également coutume


pour les jeunes filles de ramasser cette plante soit à la sainte Agnès171, soit dans la
nuit du 1er mai172, dans le but de faire des rêves prémonitoires sur leur futur époux. Il
existe plusieurs description des rituels et des incantations pour le ramassage de
l’achillée dans ce but. On a ainsi plusieurs indications sur la coupe:

L’achillée doit être ramassé par la racine avec un couteau à manche noir, placée dans un bas
du pied gauche, attachée avec la jarretière du pied droit, placée sous l’oreiller, et la fille révéra
de son futur mari.
Folklore, Vol VII, 1896, p300 (traduction Abraxas)

Notons que l’utilisation de couteau à manche noir se retrouve dans bon nombre de
coutume populaire de divers région d’Europe et correspond à l’Athamé de la Wicca,
même si son origine semble être plutôt issus des clavicules de Salomon173.

Parfois les indications de cueillette sont liés à un lieu et adapté au christianisme :

Pour voir un amoureux en rêve, cueille de la millefeuille de la tombe d’un jeune homme et en
faisant cela dit : « millefeuille, douce millefeuille, la première que j’ai trouvé, et du sol au nom
de jésus je t’ai ramassé. Comme Joseph, la douce marie pour femme pris et aima, ainsi cette
nuit dans un rêve j’espère que mon véritable amour apparaitra »174.
Encyclopedia of Superstitions 1949 Par Edwin Radford, Mona A. Radford, p105,
traduction d’abraxas

Une autre variante, fortement similaire, indique qu’il faut ramasser 9 tiges d’achillée,
les coudre dans un tissus rouge et placer le tout sous l’oreiller. Les incantations
doivent également être faites pendant la cueillette :

170
Ce nom usuel est porté par le Millepertuis, l’Armoise et l’Achillée millefeuille.
171
Saint-Agnès est la patronne des jeunes filles. De nombreuses pratiques folklorique existent pour la nuit de la
Saint-Agnès (20-21 janvier) dans le but pour les jeunes filles de découvrir leur futur mari. Ces coutumes se
retrouve dans le poème de Keats « La veille de la Saint-Agnes », ou il écrit : « Les jeunes vierges pouvaient avoir
des visions délicieuses. Et recevoir la douce adoration de leur amoureux. Vers l’heure de miel au milieu de la
nuit. Si elles savaient accomplir les rites propices » (La veille de la Sainte-Agnès, John Keats ; traduction de la
Duchesse de Clermont-Tonnerre, 1913). Voir également : http://fr.wikipedia.org/wiki/Agn%C3%A8s_de_Rome.
172
Ireland: her wit, peculiarities, and popular superstitions: with anecdotes, legendary and characteristic, date
inconnu, p53
173
Dans les clavicules de Salomon plusieurs outils sont décrit, l’épée, le couteau à manche noir, le couteau à
manche blanc et la serpe ou serpette, le couteau à manche noir était spécifiquement pour le tracé du cercle et non
pour la cueillette des plantes qui se faisait soit avec le couteau à manche blanc soit avec la serpe.
174
La traduction n’est pas littérale mais essaye de garder un semblant du rythme et des rimes de l’original :
« Yarrow, sweet yarrow, the first I have found, ans in the name of Jesus I pluck from the ground. As Joseph
lovec sweet Mary and took her for his dear, so in a dream this night I hope my true love will appear.

158
Les plantes magiques

Bonne soirée, bonne soirée, belle achillée


Et trois fois bonne soirée à toi ;
Allons, dis-moi avant la matinée
175
Qui mon véritable amour sera
Encyclopedia of Superstitions 1949 Par Edwin Radford, Mona A. Radford, p263,
traduction d’abraxas

Enfin une autre version est ainsi:

Oh belle herbe de l’arbre de Vénus


Ton vrais nom est achillée
Qui mon âme sœur sera
Je t’en prie demain, révèle moi176
Flowers and flower lore, Volume 1, Hilderic Friend, 1892, p98 (Traduction Abraxas)

Il est également indiqué que l’on ne doit pas parler après avoir cueilli l’achillée et
l’avoir mise sous son oreiller, jusqu’au lendemain, encourant alors le risque que rien
ne se passe177. Sa réputation d’herbe des amoureux, fit également qu’en Angleterre,
les demoiselles d’honneur amenaient la plante aux mariage comme « amour de sept
ans »178. Cunningham rapporte également :

Un pied de Mille-feuille suspendu à la tête du lit de noces, et que l'on y laisse sécher, assure
aux époux un amour d'au moins sept ans ; telle était la croyance des habitants de Nuoro, en
Sardaigne.
Les paysans sardes faisaient aussi entrer la plante dans la composition de charmes d'amour.
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

Ces différentes incantations que nous venons de voir sont certainement des
réminiscences de culte beaucoup plus ancien, ainsi on retrouve dans le fameux
recueil du folkloriste écossais Alexander Carmichael179 :

175
Good-morrow, good-morrow, fair yarrow, And thrice good-morrow to thee ; Come, tell me before to-
morrow, Who my true love shall be."
176
Thou pretty herb of Venus’ tree, Thy true name it is Yarrow:Now who my bosom friend must be,Pray tell me
to-morrow.
177
Ireland: her wit, peculiarities, and popular superstitions: with anecdotes, legendary and characteristic, date
inconnu, p53
178
Herbal Simples Approved for Modern Uses of Cure, Fernie, William Thomas, 1830, p616-619
179
Alexander Carmichael (1832-1912), était un folkloriste dont l’œuvre Carmina Gadelica est certainement la
plus célèbre, acclamé à sa sortie, cette œuvre est aujourd’hui critiqué on reproche ainsi à Carmichael d’avoir
parfois modifié les sources afin de le faire cadrer avec un style plus victorien, populaire au moment de la sortie
de l’ouvrage. Cependant, Carmina Gadelica, reste un ouvrage de référence pour l’étude du folklore écossais, et
est particulier parce qu’il conserve une part de l’héritage de la spiritualité « celtique » intégré au christianisme et
au pré christianisme qui furent préservé dans le sud de l’écosse et tout particulièrement dans les iles du sud qui
étaient plus ouverte à la « religion de la nature » que leurs compatriotes protestant du nord, qui ne gardèrent que
peu de ces traditions.

159
Les plantes magiques

180
AN EARR-THALMHAINN

BUAINIDH mi an earr reidh,


Gum bu treuinide mo bhas,
Gum bu bhlathaide mo bheuil,
Gum bu ceumaide mo chas;
Gum bu h-eilean mi air muir,
Gum bu carraig mi air tir,
Leonar liom gach duine,
Cha leon duine mi.

L’Achillée
Je ramasserais la belle achillée
Pour que ma main soit plus vaillante
Pour que mes lèvres soit plus chaleureuse
Pour que mon pieds soit plus agile
Que sur l’océan je sois une ile
Que sur la terre je sois un roc
Que je puisse nuire à n’importe qui
Que nul ne puisse me nuire.

EARR THALMHAINN

BUAINIDH mi an earr reidh,


Gum bu cheinide mo chruth,
Gum bu bhlathaide mo bheuil,
Gum bu gheinide mo ghuth.
Biodh mo ghuth mar ghath na grein,
Biodh mo bheuil mar ein nan subh.

Gum bu h-eilean mi air muir,


Gum bu tulach mi air tir,
Gum bu reuil mi ri ra dorcha,
Gum bu lorg mi dhuine cli,
Leonaidh mi a h-uile duine,
Cha leoin duine mi.

L’Achillée
Je ramasserais la belle achillée
Pour que mon visage soit plus agréable
Pour que mes lèvres soit plus chaleureuse
Pour que ma parole soit plus sobre
Que ma parole soit comme un rayon du soleil
Que mes lèvres soit comme le jus de fraise

Que sur l’océan je sois une ile


Que sur la côte je sois une colline
Que dans la lune décroissante je sois une étoile
Que pour le faible je sois un bâton
Je peux blesser qui que ce soit
Nul ne peux me blesser moi

Carmina gadelica : hymns and incantations with illustrative notes on words, rites, and
customs, dying and obsolete (traduction Abraxas)

180
Le nom est gaélique et signifie, celle qui habille la terre, ces autre noms sont: lus chosgadh tia fola, la plante
qui arrête les saignements ;Athair thalmhainn, le père fondateur ; Cathair thalmhainn, la trone principal. D’après
Gaelic names of plants (Scottish and Irish) Collected and arranged in scientific order, with notes on their
etymology, their uses, plant superstitions, etc., among the Celts, with copious Gaelic, English and scientific
indices, John Cameron Sunderland ,1883

160
Les plantes magiques

5. Utilisation Magique

L’achillée était une plante traditionnellement rattaché à la sorcellerie et au sorcière,


ainsi, en 1616, lors du procès pour sorcellerie d’Elspeth Reoch, cette dernière admit
avoir utilisé de l’achillée dans ces incantations magiques, elle ramassait une achillée
spécifique (Achilliea Ptarmica) le genoux droit à terre en la prenant entre le pouce et
le majeur et prononçait “In nomine Patris, Filii, et Spiritus Sancti”, avec cette plante
elle pouvait soigner la maladie de carré et pouvait obtenir des facultés de prédiction
du futur181.

Dans le folklore irlandais on retrouve cette achillée associée au fameux cappeen


d'yarrag ou caipín dearg, qui en irlandais signifie chapeau rouge182, et qui d’après
Conway183 était un signe que le porteur, des magiciens ou des membres du petit
peuple, avait des capacités « magiques », de même Nigel Jackson dans Call of the
Horned Piper184 laisse sous-entendre que c’est le chapeau avec l’achillée qui donnait
au sorcière le pouvoir de voler, ces différentes interprétation moderne des pouvoirs
magiques de l’achillée sont issus d’un folklore plus ancien, ainsi W.B Yeats rapporte
le conte traditionnel suivant :

Une nuit, Shemus Rua fut tiré de son sommeil par des bruits dans la cuisine. Se glissant
jusqu’à la porte, il vit une demi-douzaine de vielle femme assis autour du feu, plaisantant et
riant, sa vielle gouvernante, Madge, émoustillé et guillerette, aidant ses sœurs sorcières185 a
trinquer avec des verres de Punch. Il commença par admirer l’impudence et l’imprudence de
Madge, qu’elle montrait dans l’invitation et dans la débauche, mais se souvint dans l’instant de
186
son insistance à prendre un confortable lait chaud qu’elle avait amené au chevet de son lit
avant qu’il ne s’endorme. S’il l’avait bu il aurait été maintenant sourd au jubilations des
sorcières. Il les voyait et les entendait boire son bien avec un air tellement moqueur, qu’il été à
la limite de se jeter sur elles, balais à la main, mais il se retint.
La cruche étant vide, l’une d’elle cria, « Est-ce que c’est l’heure de partir ? », et au même
moment mettant un chapeau (cap) rouge, elle ajouta :
« Par l’achillée et la rue,
Et mon chapeau rouge aussi,
187
Hâtons nous vers l’Angleterre . »
Faisant usage d’une branche qu’elle tenait dans la main comme une monture, elle grimpa
gracieusement jusqu’à la cheminée, suivi par les autres.
Fairy and Folk Tales of the Irish Peasantry, William Butler Yeats,1888, p169-
170,Traduction Abraxas. Cette histoire est tiré de Legendary Fictions of the Irish Celts,
Patrick Kennedy

181
Herbal Simples Approved for Modern Uses of Cure, Fernie, William Thomas, 1830, p616-619
182
D’après Encyclopedia of Occultism and Parapsychology ,2001, les sorcières d’Irlande mettaient leur chapeau
rouge avant de voler, l’encyclopédie suggère également que l’ingestion d’amanite tue-mouche (amanita
muscaria) appelé également « chapeau rouge », champignon hallucinogène et traditionnel de la pharmacopée
chamanique, aurait pu induire des expériences hallucinogène similaire de déplacement dans les airs et serait à
l’origine de cette légende.
183
By Oak, Ash, & Thorn: Modern Celtic Shamanism, D. J. Conway, p115
184
Voir tout particulièrement le chapitre 15, généreusement mis à disposition en français sur le site du sidh:
http://www.le-sidh.org/site/article_406.html
185
Crone dans le texte original, ce terme était employé à l’époque de manière péjorative, et dans ce texte signifie
une vielle femme de nature maléfique ayant des pouvoirs magiques. Aujourd’hui le terme est utilisé dans
certains cercle Wicca pour désigner les femmes d’un certains âge et d’une sagesse certaine, ainsi qu’un aspect de
la triple déesse.
186
Posset, il s’agit d’un mélange de lait et de vin, parfois agrémenté d’épice, boisson typiquement anglaise
populaire du moyen-age jusqu’au XIX siècle et aujourd’hui tombé en désuétude.
187
"By yarrow and rue,And my red cap too,Hie over to England."

161
Les plantes magiques

En Allemagne la plante est également une plante associé à la magie et au sorcière,


elle était également utilisé en amulette pour ses pouvoirs de protections188, les
usages et légendes du district du Haut-Palatinat rapporte qu’elle est si puissante que
le Diable lui-même l’évite189, et que c’est pour cette raison que les habitants en mette
aux fenêtres190. Des coutumes similaires sont rapporté par Cunningham :

Utilisation magique : Portée sous ses vêtements, une tige fraîche de Mille-feuille protège des
« influences malignes ». En Vendée, on se servait de la plante pour exorciser.
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

En Angleterre on appelait aussi l’achillée jouet du diable, ou ortie du diable191 pour


indiquer son emploie par ceux « sous le pouvoir de Satan »192 qui utilisaient la plante
pour la divination et les sorts, cette appellation tardive de la plante, prouve s’il en
était besoin, sa grande popularité de plantes magiques, et la volonté de l’église
d’éradiquer ces pratiques. Nous avons déjà mentionné dans le chapitre sur la
cueillette la grande variété de ces pratiques magiques, ou la plante étaient employée
par la jeune fille pour connaitre leur futur époux193. Néanmoins on trouve d’autre
raison pour cette utilisation du nom du « diable » dans les noms usuels de cette
plante, et en particulier liés à ses pouvoirs de protection et d’exorcisme.

En France, elle etait également utilisé en protection, Rolland rapporte également194


qu’il était coutume dans le Pas-de-Calais de caché des brins de millefeuille dans un
bouquet qu’on fait toucher par le Saint-Sacrement lors de la Fête-Dieu, et que ces
brins portés en talisman protège de «tous les mauvais sorts ».

Les capacités de protection attribué à la plante sont particulièrement mis en valeur


par d’Estissac, qui mentionne tout particulièrement cette propriété, ainsi que celle liés
à l’amour dont nous avons déjà longuement parlé:

188
Von Hexen, Zauberern und magischen Gestalten: Hexenverfolgung in der Jugendliteratur der Gegenwart- ein
Thema mit aktuellen Bezügen, Heinke Killian, 2009, p35
189
Un certain nombre de site internet allemand rapporte également que le diable se „perdrait“ à compter les
nombreuses feuilles de l‘achillée, et que cela l’empêcherait de commettre ses mésactions, nous n’avons
cependant pas été à même de trouver des sources fiables pour cette affirmation, les sites qui mentionnent cette
annecdote, mentionnent également d’autres annecdotes tout aussi fausses ou sans aucune références sérieuses,
nous pouvons citer entre autre : son utilisation par les druides (pour les prédictions météorologique et pour les
soins des coupures), qu’elle aurait été donné par Aphrodite à Achilles, ou encore qu’Achilles aurait été baigné
dans un bain d’achillée (et non dans le Styx comme dans la légende la plus populaire), on lit encore que
l’achillée serait né de la rouille de la lance d’achille. Il nous semble qu’il s’agit ici d’une part de mauvaise
compréhension des textes de références (en particulier antique) et d’autre part de pure et simple affabulation
pour rendre les sites plus interessant..
190
Aus der Oberpfalz- Sitten und Sagen,, Franz Xaver von Schönwerth, Rieger, 1859, p220.
191
« Devil’s plaything » ou « Devil’s nettle », également parce que la plante appliqué sur le visage crée une
sensation de démangeaison voir : Herbal Simples Approved for Modern Uses of Cure, Fernie, William Thomas,
1830, p616-619
192
Bizarre plants: magical, monstrous, mythical, William A. Emboden, 1974, p74
193
On accordé également à de nombreuses plantes de tels pouvoirs, certainement parce que cette question était
un sujet de préoccupation centrale de l’époque. Nous verrons également avec le pissenlit des pratiques similaires
et également très variés.
194
Ibid.

162
Les plantes magiques

L’achillée de nature vénusienne et porteuse du Feu de cette sphère, procure le dynamisme, le


courage et renforce le désir amoureux.
Celui qui porte sur lui des feuilles d'achillée est chargé d'une vibration "électrique" qui chasse
les influences maléfiques.
La plante fait partie des herbes de la Saint-Jean qu'on brûle en juin, lors du solstice d'été. Ces
feux ont pour but d'évoquer intensément les énergies du feu cosmique canalisé par Tipheret
via Netzach.

Conseil pratique: la poudre de feuille d'achillée séchée, mêlée à d'autres fumigations, offre
une protection intense. Placez cette poudre dans un sachet de toile rouge et vous verrez
comme vous vous sentirez à l'abri et comme, votre magnétisme étant renforcé, vous
exercerez une attraction plus grande sur vos amis et sur les personnes du sexe opposé. La
puissance du feu de l'achillée explique pourquoi elle est utilisée dans les cérémonies
d'exorcisme et de désenvoûtement
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

En Ireland et en Angleterre, on utilisait aussi l’achillée, cueilli au premier mai, bouilli


avec sept autres herbes, connu comme « les sept herbes de soins », afin de la faire
boire aux vaches et des protéger ainsi contre le mauvais œil et les fées195. Gerina
Dunwich rapporte également des coutumes similaires de protections :

Il est dit que si l’on met de l’achillée sur le pas de sa porte, le diable n’osera pas rentrer dans
la maison. Cette procédure est également recommandé pour chasser les esprits malins et la
négativité, de même que pour repousser la mauvaise chance et les sorts malins [..]
Herbal Magick - A Witch’s Guide to Herbal Folklore and Enchantments, Gerina Dunwich
(traduction Abraxas)

Cunningham donne également à cette achillée la capacité d’influencé le psychisme


de celui qui la porte sur lui, donnant courage et chassant la peur:

Des feuilles et sommités fleuries de cette Achillée, disposées dans les diverses poches de ses
habits, dissipent toute crainte et décuplent le courage ; de là vient, certainement, le nom d' «
herbe aux militaires196 ».
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

La plante porté sur soi, en plus de courage et de protection, était également et


simplement une garantie d’attirer le succès :

[…]un charme remplis d’achillée séchée est crédité comme apportant le succès à son porteur,
en même temps il était admis à la connaissance de secret traditionnels (murmuré uniquement
au initié) que [l’achillée] était la première herbe que le sauveur avait mis dans sa main étant
encore enfant.
Herbal Simples Approved for Modern Uses of Cure, Fernie, William Thomas, 1830, p616-
619 (traduction Abraxas)

195
Ireland: her wit, peculiarities, and popular superstitions: with anecdotes, legendary and characteristic, p63
196
L’origine du nom « herbe au militaire » vient de la traduction de son nom grec chez Dioscoride et non de ces
propriétés magiques rapporté par Cunningham.

163
Les plantes magiques

Cette relation de l’herbe avec jésus, nous est rapporté également par Eugène
Rolland qui dans son Flore populaire indique que son nom d’herbe de Saint-Joseph
vient d’une légende populaire qui veut que Joseph, le père de jésus qui était
charpentier de métier se blessa un jour et que « l’enfant Jésus alla lui chercher une
herbe pour le guérir qui se trouva être la millefeuille »197. De cette légende populaire
lui vient également certains de ces noms usuels en langue française comme : herbe
au charpentier, charpentaire, carpentaria, kérpantine. La Saint-Joseph étant
également fêté le 1er mai, et cette plante, comme nous l’avons déjà vu, faisant partie
intégrante des tradition populaire liées à la nuit du 1er mai, on peut également penser
que c’est là une autre origine de ce nom usuel.

Parallèlement à ses propriétés vulnéraire, l’achillée était aussi paradoxalement


utilisée pour provoquer les saignements :

Citons enfin une pratique de « magie » passablement marginale : tous les enfants du siècle
dernier savaient se ramoner le nez avec la Mille-feuille, provoquant un fort saignement, grâce
auquel ils obtenaient de quitter l'école.
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

La même coutume est rapporté par Eugène Rolland, il indique cependant que les
enfants en se mettant les brins de millefeuille dans le nez « se frappent quelques
coups légèrement, avec la main sur nez ». Et indique également qu’il « font venir le
sang sur la langue, en passant dessus à plusieurs reprises, la feuille de la plante ».
Ces pratiques n’était pas uniquement pour faire l’école buissonnière, mais
également, pratiqué au printemps, pour se préserver des maladies pour l’année à
venir, à cette occasion on disait : « Petite herbe de la Saint-Jean, fais-moi couler
mon sang ». Cette utilisation de la plante lui a valu ces noms usuels de saigne-nez,
herbe du nez, herbe à narines, herbe à la saignée, saigne-langue, saignée

En Angleterre, on utilisait également ces même propriétés pour savoir si un homme


et une femme s’aimait véritablement, pour cela ils mettaient des feuilles d’achillée
dans leur narines et prononçait une formule comme :

Flèche verte ! Flèche verte ! 198


Tu portes une fleur blanche ;
Si nom amour m’aime
Mon nez saignera maintenant.
Herbal Simples Approved for Modern Uses of Cure, Fernie, William Thomas, 1830, p616
traduction Abraxas.

Nous avons longuement parlé de ces propriétés spécifiques de la plantes pour la


magie d’amour, on l’associe ainsi traditionnellement à vénus, mais dans le
référentielle astrologique, cette association n’est pas liés à la relation entre l’amour et
vénus, mais plutôt au fait que vénus est traditionnellement la planète qui régit la
régénération des cellules ainsi Culpeper indique :

197
Flore Populaire ou Histoire naturelle des plantes dans leur apports avec la linguistique et le folklore, tome
VII, Eugène Rolland, 1908, p46
198
Le texte original contient « green arrow », hors l’achillée s’appelle en anglais « Yarrow », la ressemblance
semantique est frappante, soit yarrow est une déformation d’une autre appelation comme « green arrow », soit
plus vraissemblablement il s’agit ici d’un jeu de mot. Eugène Rolland rapporte exactement la même comptine
mais au lieu de « Green arrow » il rapporte « Yarroway »

164
Les plantes magiques

Elle est sous l’influence de venus. Un onguent de cette dernière soigne les plaies, et est
particulièrement indiqué pour les inflammations, comme c’est une herbe de Dame vénus, la
décoction bouilli dans du vin et bu stoppe les règles et le terme des femmes, l’ointement n’est
pas seulement bénéfique pour les plaies fraiches, mais également pour les ulcères et les
fistules, spécialement celles qui sont purulentes. Quand on baigne la tête dans une décoction
cela stoppe la chute des cheveux, prise en interne cela augmente la capacité de rétention de
l’estomac : cela aide [contre] les blennorragies chez l’homme et les leucorrhées chez la
femmes, et aide de telle sorte qu’on ne puisse retenir les eaux, et les feuilles mâchées en
bouche facilite les douleurs dentaires, et toutes ces vertus mises ensemble, mâche l’herbe
pour être déshydraté et renforcé. Achille est supposé avoir été le premier à avoir laissé ces
propriétés à la postérité, les ayant appris de son maitre Chiron, le centaure, et c’est
certainement une herbe particulièrement profitable [contre] les crampes, et c’est pourquoi on
l’appelle Militaris.
Culpeper - Complete Herbal (1653) – Traduction abraxas

Enfin une dernière propriété, particulièrement étonnantes et liés aux coutumes


locales de France, nous est également rapporté par Rolland :

Les enfants s’amusent à un jeu qui est une forme de somnambulisme. Ils se réunissent dans
un pré ; l’un d’entre eux se couche par terre tout de son long ; après qu’il s’est préalablement
déchaussé, ses camarades lui mettent de la millefeuille dans les mains, les oreilles, le nez, la
bouche, sur les yeux et sur les pieds, puis ils dansent en rond autour de lui en frappant des
mains ou en heurtant bruyamment leur sabots l’un contre l’autre. Le gamin étourdi par l’odeur
de la plante et par le bruit ne tarde pas à tomber en rêve, c.à.d à s’endormir à moitié, tout
hébété. […] On l’observe à distance et on lui pose des questions. Il mugit, écume[…]
Flore Populaire ou Histoire naturelle des plantes dans leur apports avec la linguistique
et le folklore, tome VII, Eugène Rolland, 1908, p46ss

La plante aurait donc des capacités de mettre en transe et tout particulièrement se


qui semble être une transe divinatoire, bien qu’on puisse se demander si cette
capacité soit lié à la plante elle-même ou au procédé spécifique de mise en transe
employé. Rolland rapporte également que « les enfants en se couchant, se mettent
une feuille de cette plante sur chaque œil, afin d’avoir de beaux rêves, de là le nom
de la plante : en rêve ».

Notons que l’achillée est utilisé dans le Yi-Jing comme un instrument


de divination199, nommé également achilléomancie200, elle consiste
à prendre cinquante tige d’achillée mille-feuille, on en retire une
puis on fait deux tas au hasard, on compte le tas de gauche
quatre par quatre et l’on ne garde que les quatre dernière
branches (ou moins) qu’on place entre l’index et l’annulaire,
puis on procéde de même avec le tas de droite en placant les
tiges restantes entre l’annulaire et le majeur, on remelange
les tiges restantes et on recommence une nouvelle fois, on
obtient ensuite une suite numérique de quatre chiffre qui
correspond à un hexagramme que l’on peut intérpréter.
Figure 58 - Amulette chinoise contenant les 8 trigrammes principaux du
Yi-jing, Creative Commons Attribution 1.0 Netherlands, Attribution:
Quistnix

199
Voir: Zhouyi: A New Translation with Commentary of the Book of Changes Par Richard Rutt
200
Voir : Origine et évolution de l'achilléomancie chinoise, Vandermeersch Léon., 1990. In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, N4. pp. 949-963

165
Les plantes magiques

Enfin, pour terminer ce tour d’horizon des propriété magiques de l’achillée, nous
mentionnerons un rituel magique spécifique pour l’achillée est rapporté par
Marcellus, pour une propriété spécifique de lutte contre le mal des yeux qui ne se
retrouve dans aucun autre ouvrage sur le sujet :

Celui qui souffre de mal aux yeux201, qu’il cueille l’herbe Millefollium par la racine, et qu’il en
fasse un cerceau, et regardant à travers qu’il dise trois fois « Excicumacriosos202 » et qu’il
porte autant de fois le cerceau à sa bouche, et qu’il crache au milieu de ce dernier, et ensuite
replante l’herbe.
Über Marcellus Burdigalensis, Jacob Grimm203, 1849, p11, traduction d’abraxas.

Figure 59 - Flore : achillée livre des simples médecines, 15ème siècle, Français 1310, fol. 33

201
Peut-être interprété comme étant une blépharite, c’est une infection des paupières d’origine bactérienne ou
allergique, elle se manifeste par un gonflement des paupières accompagné de démangeaison, un larmoiement et
des croutes autour des yeux, autrefois on nommer cette maladie « chassie » ou « lippitude » du latin « lippitudo »
qui signifie « avoir mal aux yeux », Marcellus utilise ce terme « Qui crebro lippitudinis »
202
Adolphe Pictet (1799-1875) considère qu’il s’agit d’une formule celtique et qu’il faut comprendre « exci
Cuma criosos » et le traduit par « vois la forme de la ceinture », arguant que ces dernières ont une valeur
symbolique et sont souvent utilisé dans la médecine celtique. H d’Arbois de Jubainville (1827-1910), critique
cet interprétation « celtique » de l’ensemble des formules de Marcellus et propose quant à lui « ex cicuma crios
is », soit « de hibou devient bélier », voir J.Grim et Marcellus de Bordeaux, Henri d’Arbois de Jubainville, dans
Mémoires de la société de linguistique de paris, tome II, 1875, p66-69
203
Jacob Grimm (1785-1863) est plus connu aujourd’hui pour son recueil de contes européens qu’il a rassemblé
avec son frère Wilhelm, mais ce fut de son temps un linguiste reconnu, il fut ami et entretint une correspondance
avec Adolphe Pictet.

166
Les plantes magiques

6. Utilisation thérapeutique

RAPPEL : Nous l’avons déjà indiqué, mais nous rappelons ici tout particulièrement
qu’il convient de respecter les précautions d’usage en utilisant des plantes
médicinales et en particulier de faire des tests allergènes (par exemple en frottant
une feuille d’achillée sur la peau), cela est tout particulièrement vrais pour l’achillée
dont la composition chimique peut varier suivant les différentes sous-espèces, qu’un
œil avisé ne sera pas forcément à même de remarquer. L’achillée est connu comme
étant une plante pouvant provoquer des réactions allergènes cutanés de types
dermatites.

Usage interne : Perte d’appétit, désordre dyspeptique léger tel que douleur
abdominal spasmodique.
Usage externe : Traitement des petites blessures, inflammation légère de la peau ou
des muqueuse, anti-insecte, en bain de hanche : traitement des spasmes des
hanches.

Les recherches récentes « in vitro » lui attribue également une activité


antibactérienne sur un certain type de bactérie et une activité inhibitrice de l’activité
de Staphylococcus Aurea, Escherichia Coli, Erwinia carotovora et Phytomonas
tumetaciens204.

De son utilisation traditionnel, on ne retient aujourd’hui que son action astringente et


vulnéraire pour la peau, en particulier pour le traitement des blessures et des
coupures, mais elle peut également être utilisé pour d’autre traitement
dermatologique par exemple en masque purifiant :

Masque Purifiant
Mélanger 4 cuillère à soupe de terres savonneuse, 2 cuillère à café de yaourt, 2
cuillères à café d’achillée millefeuille et 1 cuillère à café de miel, appliquez sur le
visage, laissez reposer pendant 20 min jusqu’à ce que le masque soit sec et rincez.
Idéal pour les peaux grasse, les acnés légères et contre les points noirs.

Pour le traitement des blessures, des irritations de la peau et des hémoroides, on


préfèrera l’utilisation de pommade à celle traditionnelle d’onguent de plantes
fraiches :

Pommade à l‘achillée
Faire chauffer 100g de vaseline officinale ou de saindoux dans une casserole (ne pas
laisser cuir). Mettre 1 à 2 grosse poignées de fleurs d’achillée hachée finement,
laisser refroidir et reposer pendant une nuit. Le jour suivant refaire chauffer le
mélange jusqu’à fluidification puis filtrer et mettre la pommade dans un récipient
propre et préalablement stérilisée. Peut se conserver maximum six mois au
réfrigérateur, à utiliser contre les lésions légères, les irritations de la peau et les
hémorroïdes.

204
ESCOP MONOGRAPHS The Scientific Foundation for Herbal Medicinal Products, European Scientific
Cooperative on Phytotherapie (ESCOP), second editions 2009, p175-182

167
Les plantes magiques

On peut également confectionner une huile d’achillée qui aura les même propriétés
et se conservera plus longtemps :

Huile D’achilée.
La préparation d’huile d’achillée est similaire à celle d’huile de millepertuis, on
ramasse pour cela environs trois poignées pleine de fleurs d’achillée que l’on met
dans un récipient propre et que l’on recouvre d’huile d’olive. Puis ont met le récipient
pendant 3 à 4 semaine au soleil en remuant quotidiennement le mélange. On peut
répéter l’opération en remplacant les fleurs plusieurs fois, une fois le mélange prêt on
filtre et on le garde dans un contenant idéalement teinté, l’huile se conserve pendant
6 à huit mois à température ambiante.

Enfin toujours pour le traitement des blessures légères on peut préparer des
compresses :

Compresse de mille-
mille-feuille
Prendre 30 à 50g de plante séchées pour 1 litre d’eau, préparer en infusion, filtrer,
laisser refroidir et appliqué en compresse sur la partie à traiter. Utile pour le
traitement des inflammations et des blessures légères ainsi que pour les
hémorroïdes. L’infusion obtenue peut également être utilisé en bain en diluant le
mélange en proportion 1 pour 10 (1 litre d’infusion pour 10 litre d’eau de bain)..

En Gynécologie on utilisera également la plante pour sa capacité


à réguler le cycle menstruel, la plante peut être utilisé pour réduire
les saignements et soulager les règles douloureuse, on l’utilise
également efficacement pour tout traitement liée à des
inflammations et des hémorragies internes. On utilise pour cela
une infusion similaire à celle qu’on prépare pour fabriquer les
compresses. L’infusion peut également être utilisé efficacement
pour les troubles digestif, car c’est un tonique et un diurétique
léger qui a une action antiseptique sur le système urinaire. De par
sa propriété de faire baisser la fièvre, elle peut également être
utiliser en combinaison avec d’autre plantes pour soigner la
grippe.

L’huile essentielle d’achillée millefeuille possède une magnifique


couleur bleu-vert205, elle concentre les propriétés anti-
inflammatoire de la plante, elle est utilisé en aromathérapie pour le
traitement des douleurs musculaires et osseuses, ainsi que pour
les problèmes cardiovasculaire (varices et ulcères)206.

Figure 60 - Huile essentielle d'Achillea Millefolium, wikimedia Commons

205
D’autre H.E sont également bleu, comme par exemple l’huile essentielles de camomille
206
Essential Oils: A Handbook for Aromatherapy Practice Par Jennifer Peace Rhind,David Pirie, 2012, p144-145

168
Les plantes magiques

V. La Sauge

1. Fiche
signalétique :

Nom scientifique : Salvia


officinalis L.

Nom commun : Sauge


officinale, Herbe
sacrée, Thé d’Europe

Autre appellation :

Famille : Lamiaceae

Genre :

Planète :

Elément :

Signe :

Propriété magique :

Propriété médicale :

Figure 61 - Salvia Officinalis - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen

169
Les plantes magiques

2. Comment la reconnaitre ?

http://www.uni-graz.at/~katzer/engl/Salv_off.html

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige :;
Feuilles :
Fleurs :
Habitat :

Composition chimique :

Triterpènes principalement de l’acide oléanolique et dérivés,également de l’acide


ursolique
Diterpènes : acide carnosique et carnosol, rosmanol, safficinolide
Flavonoïdes: lutéoline, 5-méthoxysalvigénine
Composés phénoliques : principalement acide rosmarinique
Huile essentielle : principamenet thuyone, ces autres consitutuant sont : camphre,
limonène, Sesquiterpènes, 1,8-cinéole bornéol, Salviol
Autre : Eau et Tanins

170
Les plantes magiques

3. Histoire

Government and virtues : Jupiter claims this, and bids me tell you, it is good for the liver, and
to breed blood. A decoction of the leaves and branches of Sage made and drank, saith
Dioscorides, provokes urine, brings down women's courses, helps to expel the dead child, and
causes the hair to become black. It stays the bleeding of wounds, and cleanses foul ulcers.
Three spoonfuls of the juice of Sage taken fasting, with a little honey, doth presently stay the
spitting or casting of blood of them that are in a consumption. These pills are much
commended: Take of spikenard, ginger, of each two drams; of the seed of Sage toasted at the
fire, eight drams; of long pepper, twelve drams; all these being brought into powder, put
thereto so much juice of Sage as may make them into a mass of pills, taking a dram of them
every morning fasting, and so likewise at night, drinking a little pure water after them.
Matthiolus saith, it is very profitable for all manner of pains in the head coming of cold and
rheumatic humours: as also for all pains of the joints, whether inwardly or outwardly, and
therefore helps the falling-sickness, the lethargy such as are dull and heavy of spirit, the palsy;
and is of much use in all defluctions of rheum from the head, and for the diseases of the chest
or breast. The leaves of Sage and nettles bruised together, and laid upon the imposthume that
rises behind the ears, doth assuage it much. The juice of Sage taken in warm water, helps a
hoarseness and a cough. The leaves sodden in wine, and laid upon the place affected with the
palsy, helps much, if the decoction be drank. Also Sage taken with wormwood is good for the
bloody-flux. Pliny saith, it procures women's courses, and stays them coming down too fast;
helps the stinging and biting of serpents, and kills the worms that breed in the ear, and in
sores. Sage is of excellent use to help the memory, warming and quickening the senses; and
the conserve made of the flowers is used to the same purpose, and also for all the former
recited diseases. The juice of Sage drank with vinegar, hath been of good use in time of the
plague at all times. Gargles likewise are made with Sage, rosemary, honey-suckles, and
plantain, boiled in wine or water, with some honey or allum put thereto, to wash sore mouths
and throats, cankers, or the secret parts of man or woman, as need requires. And with other
hot and comfortable herbs. Sage is boiled to bathe the body and the legs in the Summer time,
especially to warm cold joints, or sinews, troubled with the palsy and cramp, and to comfort
and strengthen the parts. It is much commended against the stitch, or pains in the side coming
of wind, if the place be fomented warm with the decoction thereof in wine, and the herb also
after boiling be laid warm thereunto

Pour nétoïer les dents & les gencives & faire croître la chaire
Prenez une once de Mirrhe bien pilée 1 cuillerez de miel blanc du meilleur & un peu de sauge
verte bien pulvérisée & vous en frotterez les dents soir & matin
Petit albert

Sauge :
La Sauge est d’essence solaire, ce qui explique ses pouvoirs d’harmonie, de protection et de
guérison. Ses pouvoirs médicinaux sont le reflet de cette structure occulte et, mélangée à de
l’Ail, elle fait merveille.
Conseil pratique : L’utiliser avec du Quinquina de l’Ail et du Romarin pour purifier
appartements et maisons.
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

1] Θύρσις Grande sauge, plante.


Θύρ Faucon, oiseau.
Θυρσίτης Thyrsite, pierre semblable au corail.
Θύννος Thon, poisson de mer.

171
Les plantes magiques

2] La sauge est la plante consacrée à Bacchus : c'est un arbrisseau bon à tout. Le faucon est
un oiseau semblable à l'épervier de mer, actif, divin. La thyrsite est une pierre semblable au
corail. Le thon est un poisson de mer, bon à manger, semblable au palamyde; il est grand et
bien connu.

3] La sauge sclarée est une plante consacrée à Bacchus : son thyrse est mis au pressoir par
les Ménades dans les fêtes de Bacchus ; c'est une plante de la terre qui pousse pour le plaisir
des hommes. Et maintenant, je dirai ses vertus puissantes dans le vin, qui la rendent si
nécessaire aux hommes dans les pressurages : j'en ferai l'énumération plus tard en prose. Or,
que la terre sache cela.

4] Si quelqu'un broyé quatre parties de cette plante, et quatre de la pierre, en prononçant la


formule dionysiaque, et qu'il jette le tout dans un vase de vin, où chacun boira un seul verre,
tous ceux qui auront bu s'en iront, comme enivrés et reconnaissants en disant : á Seigneur, tu
nous as fait bien plaisir. »

5] Si tu jettes dans le vin l'œil droit d'un thon, en prononçant le nom de Bacchus et ces paroles
: « Que les amis réunis en cercle, qui boivent ici, s'en aillent reconnaissants et heureux », il en
sera ainsi.

6] Si tu coupes, avec un couteau tout en fer, l'aile de l'épervier et que tu la jettes dans le vin
en prononçant la formule dionysiaque et ajoutant : « Seigneur » fais lever les convives
couverts de sang, et qu'ils se frappent mutuellement », la chose arrivera.

7] Si après avoir gravé sur une thyrsite un épervier et l'oiseau tenant un thon, tu renfermes
sous la pierre la racine de la plante et si tu la portes, tu ne t'enivreras pas, et pour tous tu
seras rempli de charme ; avec elle, on est à l'abri du danger et invincible devant les tribunaux.
Or, la formule dionysiaque est celle-ci : « Ei, eïris; (en abrégé) Christ-Jésus, évohé, oioo : a e i
i l ». Et le véritable nom est losu : Ioôb. Ainsi parle Harpocration : quant à Cyranus, voici ce
qu'il dit : « Eïa Bacchus, eïuleu Dionysos. »
Les Lapidaires de l’antiquité et du moyen-âge207, F.De Mély, Tome III, 1902

LXXI. 1. La plante appelée par les Grecs élélisphacos ou sphacos (salvia pomifera, L.) est une
espèce de lentille sauvage plus légère que la lentille cultivée, à feuilles plus petites, plus
sèches et plus odorantes. Il y a encore une autre herbe de ce nom, plus sauvage, d'une odeur
forte (salvia calycina, L.). La première est plus douce; les feuilles ressemblent à celles du
cognassier, mais elles sont blanches et plus petites; on les fait cuire avec les branches. Cette
plante est emménagogue et diurétique. Elle remédie aux piqûres de la pastenague : elle
engourdit la partie blessée. On la fait boire avec l'absinthe pour la dysenterie. Avec le vin, elle
fait venir les règles en retard; en décoction, elle arrête les règles trop abondantes; appliquée
seule, elle étanche le sang des plaies. Elle guérit la morsure des serpents. Bouillie dans du
vin, elle calme la démangeaison des testicules. Nos herboristes d'aujourd'hui prennent pour
l'élélisphacos des Grecs la salvia (sauge), plante semblable à la menthe, blanche et
aromatique. En topique, elle fait sortir les foetus morts; elle expulse aussi les vers qui
s'engendrent dans les oreilles et dans les ulcères

Livre 26 : LXXXIX. [1] Les verrues sont enlevées par l'argémone dans du vinaigre, ou par la
racine du batrachion (XXV, 109 ), qui fait tomber aussi les ongles malades, par les feuilles ou
le suc, employé en topique, des deux mercuriales. Toutes les espèces de tithymale enlèvent
toutes sortes de verrues, toutes les excroissances membraneuses, et les boutons du visage.
Le ladanum donne une belle couleur aux cicatrices. (XV.) Le voyageur qui porte de l'armoise
(XXV, 81) et de la sauge attachées sur lui ne ressent point, dit-on, de lassitude.
XVII. [1] L'autre béchion est appelé par quelques-uns salvia (xxv, 73) (verbascum lychnitis L);
il ressemble au verbascum; on le pile, on le passe, on fait chauffer le suc, et on le prend en
boisson pour la toux et les douleurs de poitrine, préparation qui est efficace aussi coutre le

207
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyranides

172
Les plantes magiques

venin des scorpions et des dragons marins; on s'en frotte utilement avec de l'huile contre la
morsure des serpents. On fait cuire aussi pour la toux un paquet d'hysope, avec un quarteron
de miel

XXIV. La sauge.
La sauge, que les Grecs appellent ἐλέλισϕακος, est très bonne contre les affections du foie,
lorsqu'on la boit avec de l'hydromel ; elle facilite l'expulsion du foetus mort dans la matrice,
active la sécrétion de l'urine et l'écoulement périodique du sang chez les femmes. Brûlée et
appliquée sur la plaie, elle neutralise l'effet des morsures venimeuses, et cicatrise les
blessures saignantes. Un mélange tiède de suc de sauge et de vin apaise les toux invétérées
et les douleurs de côté. Cette herbe, cuite dans du vin et employée en fomentation, apaise les
démangeaisons des parties sexuelles. Le jus de la sauge a, dit-on, la vertu de noircir les
cheveux quand on les en imprègne fréquemment à l'ardeur du soleil.
Macer Floridus : http://remacle.org/bloodwolf/erudits/floridus/plantes.htm

D’une facon générale, les opuscules qui traitent des plantes consacrées aux signes du
zodiaque recommandent d’arracher chacune de ces plantes quand le soleil se trouve dans le
signe correspondant : la sauge (signe du bélier) dans la seconde quinzaine de mars, la
verveine (signe du taureau) dans la seconde quinzaine d’avril, etc. : Hermès Trismégiste dans
le codex Erlangensis, Thessalus, Harpocration.
Herbarius: recherches sur le cérémonial usité chez les anciens pour la cueillette des
simples et des plantes magiques, Armand Delatte, p46.

Autre source antique : http://remacle.org/bloodwolf/erudits/rufus/goutte.htm


http://remacle.org/bloodwolf/erudits/rufus/fragments.htm

173
Les plantes magiques

4. Cueillette

5. Utilisation Magique

6. Utilisation thérapeutique

174
Les plantes magiques

VI. La Verveine
1. Fiche signalétique :

Nom scientifique : Verbena officinalis

Nom commun : Verveine, Herbe


Sacré, Herbe à tous les maux, Guérit-
tout, Herbe de Vénus, Veine de
Vénus, Herbe de sang, Herbe aux
sorciers, Herbe de la merveille
(Provence), Vermaine ; Brébouane ;
Herbe de l'effort; Vratour ; Herbe au
chat; Menthe de chat ; Fleur de
madame ; Columbaire ; Yserne ;
Sang de chatte ; Porte-parole ;
Verbenaire, larme d’Isis, larme de
Juno.

Autre appellation : Ferfaen (en celte),


Simpler's Joy, Holy Herb, Mosquito
plant, Wild hyssop, Blue Vervain,
Devil’s bane, Echtes Eisenkraut,
Taubenkraut, Katzenblutkraut,
Sagenkraut Wunschkraut

Famille : Verbenaceae

Genre : Verbena

Planète : Mercure208
Figure 62 - Verbena officinalis- A. Masclef Atlas des plantes de
France. 1891 Elément : Air209

Signe : Gémeau

Propriété magique : Protection, Purification, Divination, Amour210

Propriété médicale : Tonique (digestive), Sédative

208
La plupart des occurrences de ces plantes la rattache à vénus, nous expliquerons plus loin, pourquoi nous
l’associions principalement à mercure.
209
Tantôt associé à la terre, au feu, ou à la terre, nous lui préférons une association à l’air.
210
Pour ses propriétés liées à l’amour, nous renvoyons d’une part à notre note sur les philtres et les
enchantements liées à l’amour et d’autres part au chapitre ci-dessous sur l’utilisation magique. Cette propriété de
la verveine a « à minima » une certaine réalité éggrégorique.

175
Les plantes magiques

2. Comment la reconnaitre ?

Il existe en langue française deux sortes de verveine, la verveine officinale et la


verveine odorante, cette dernière n’est pas originaire d’Europe et bien qu’elle soit de
la même famille, n’a pas non plus les même propriétés médicinales. Nous parlerons
ici exclusivement de la verveine officinale, et nous enjoignons le lecteur à la
prudence quant au sources diverses existantes sur cette plantes car les deux sont
souvent confondu.

La tige de la verveine ressemble à celle du millepertuis en ce sens qu’elle est


parcouru de deux sillons longitudinaux de part et d’autre, mais à la différence du
millepertuis sa tige est carré. Les feuille ressemble à celle du chêne mais sont plus
fine, les fleurs sont violette et possèdent cinq pétale. Elle est présente dans toute la
France on la trouve facilement dans les lieux incultes ou sur le nord des chemins,
mais c’est également une plante très apprécié de nos jardins.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige : de 40 à 80 cm, légèrement poilue, dressées, quadrangulaire, canaliculées
alternativement sur 2 faces opposées,
Feuilles : pétiolées, ovales ou oblongues en coin, incisées-dentées ou pennatifides
Fleurs : bleuâtres ou liliacées, petites, sessiles, en longs épis filiformes lâches
disposés en panicule terminale ; bractées acuminées, plus courtes que le calice ;
celui-ci pubescent, subtétragone, à 5 dents courtes inégales ; corolle en entonnoir, à
tube saillant, à limbe presque plan et à 5 lobes peu inégaux ; étamines incluses ; fruit
inclus, oblong, se séparant en 4 carpelles
Habitat : Bords des chemins, lieux incultes, dans toute la France. Europe. Asie ;
Afrique ; Amérique

Composition chimique211 :
Flavonoïdes : Apigénine et dérivés, 4'-hydroxywogonine, Artémétine (flavone)
Iridoïdes : verbénaloside (verbénaline), invertine, mulsine, verbénine.
Huile essentielle : verbénone
Polyphénols : dérivés de l’acide caféique (verbascoside), aucubine, lutéoline-7-
diglucuronide
Autres composant: Triterpènes et stéroïdes, acide ursolique , lupéol, béta-sitostérol,
stachyose, mucilages, tanins

211
Voir également : http://www.awl.ch/heilpflanzen/verbena_officinalis/index.htm

176
Les plantes magiques

3. Histoire

La verveine est une plante « sacré » dans beaucoup de culture, comme nous le
rappel Pline qui l’appel également «herbe sainte »

Mais aucune plante n'a parmi les Romains plus de renom que l'hiérabotane (herbe sainte).
Quelques-uns la nomment péristéréos (herbe à pigeon); les Latins, verveine. C'est l'herbe,
comme nous l'avons dit (XXII-III.3), que portaient dans leurs mains les ambassadeurs
envoyés à l'ennemi.
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXV - LIX.)

Cette utilisation spécifique de l’Herbe lui a donné son nom, en effet, « Verbenatus »
qui donne en français Verbenaire se disait de ceux qui portait une couronne d’herbe
sacré et par extension ceux qui portaient la plante dans les rituels spécifiques
romains d’établissement des traités.

Les « Verbena » étaient des plantes sacrées, le nom vient du latin « Verbera » qui
signifie verge ou rameau. Dans le monde antique romain les « Verbena » tantôt au
singulier, tantôt au pluriel semblent désigner plusieurs plantes : laurier, olivier, myrte,
romarin212, et désigne également les couronnes faites des rameaux de ces plantes
pour une utilisation spécifiquement religieuse.

Figure 63 - Columbaris (Verveine) – détail du Folio 6r - MS. Ashmolean 1431 Pseudo-Apuleius, Herbal England, St.
Augustine's Abbey, Canterbury; 11th century, c. 1070-1100.

Verbena, désignait également comme l’indique Pline, l’herbe utilisé par les féciaux,
c’est-à-dire ceux qui concluaient les « foedus », les traités, souvent employé par son
épithète d’ « Herba Pura », l’Herbe pure, cette dernière était utilisé dans les rituels
régissant les traités de guerre ou de paix conclue entre les différent peuples, comme
nous le rapporte Tite-Live, en parlant du traité de paix conclu entre les Albains et les
Romains sous le règne de Tulius Hostiulius :

212
« verbenas vocamus omnes frondes sacratas, ut est laurus, oliva vel myrtus », Servius. ad Verg. A. 12, 120

177
Les plantes magiques

Tous les traités stipulent des modalités différentes, mais on procède toujours de la même
façon. Nous avons appris comment se serait accompli à ce moment-là le rituel alors que des
traités plus anciens n'ont pas laissé de traces.
Le fécial s'adressa au roi Tullus : "M'enjoins-tu, mon roi, de conclure un traité avec le père
patrat du peuple albain ?" Le roi acquiesça. "Ce sont les herbes sacrées, mon roi, reprit le
prêtre, que je te réclame" . "Va cueillir l'herbe pure", fit le roi. Le fécial rapporta de la citadelle
des pousses pures de gazon, puis demanda à Tullus : "Mon roi, fais-tu de moi le messager
royal du peuple romain des Quirites, et associes-tu à cette mission mes instruments et mes
compagnons ?" - "Je fais, répondit le roi, tout ce qui ne peut causer préjudice ni à moi-même
ni au peuple romain des Quirites".
Ce fécial s'appelait Marcus Valérius. Il consacra Spurius Fusius père patrat en lui touchant la
tête et les cheveux avec des tiges de verveine. Le père patrat est là pour accomplir le serment
(ad ius iurandum patrandum), en d'autres termes pour sacraliser le traité. Tout au long de la
cérémonie, il égrène de nombreuses formules en une longue incantation qu'il n'est pas utile
de reproduire ici.
Marcus Valérius donna lecture des clauses, puis il ajouta : "Écoute, Jupiter, écoute, père
patrat du peuple albain, écoute, toi peuple albain : Le peuple romain ne dérogera pas le
premier à ces clauses gravées dans la cire de ces tablettes telles qu'ont été lues d'un bout à
l'autre sans mauvaise foi et telles qu'elles ont été correctement comprises ici et aujourd'hui.
S'il y déroge le premier par une décision officielle de mauvaise foi, alors ce jour-là, Jupiter,
frappe le peuple romain, comme moi-même je frapperai ce porc ici et aujourd'hui. Que la
vigueur de tes coups soient à la mesure de ta force et de ta puissance !". Il se tut et frappa le
porc avec un silex. De même les Albains, avec leurs propres formules incantatoires,
s'engagèrent à leur tour, par l'entremise de leur dictateur et de leurs prêtres, à respecter ce
serment.
TITE-LIVE - Histoire de Rome depuis sa fondation - Livre I-XXIV, Traduction nouvelle de
Danielle De Clercq, Bruxelles, 2001

Cette Herbe était donc sacré utilisé par le roi pour mandater des ambassadeurs, ces
derniers arrachaient « l’Herbe pure » avec sa terre, à la tour du capitole et elle se
rattache donc au Dieu Jupiter, puis ils la portaient sur eux, signe de leur
« inviolabilité », l’herbe devenait alors « Sagmina », c’est-à-dire l’Herbe qui rend
Sacré, qui met sous la protection des dieux, en appelant sur celui qui ne respecte
pas le traité, ou l’ambassadeur, le châtiment divin, la foudre de Jupiter. Plus
tardivement il fut coutume de planter cette plante dans les villages dans des lieux
sacré. Cette association de la plante avec Jupiter nous est également rapportée par
Pline :

C'est avec elle qu'on balaye la table de Jupiter, qu'on fait les purifications et expiations pour
les maisons.
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXV - LIX.)

Cette pratique des romains, d’aspersion d’eau lustrale à l’aide de branche de


verveine, ou encore pour purifier les autels avant les sacrifices en les balayant, font
croire à certains que l’origine de son nom serait à chercher dans le verbe « verrere »
en latin qui signifie balayer213.

Son association dans les rites liés à Jupiter se retrouve également chez Quinte-
Curce:

213
Voir : Dictionnaire des sciences naturelles, Levrault, 1829, Paris, page 16 et suivante.

178
Les plantes magiques

Du côté des Macédoniens ne régnait pas une moins inquiète vigilance: la nuit se passa dans
les alarmes, tout comme si elle eût été choisie pour le combat. (15) Alexandre, dont l'âme
n'avait jamais éprouvé de transes aussi vives, fit venir Aristander pour adresser au ciel des
vœux et des prières. Celui-ci, vêtu d'une robe blanche, portant à la main des branches de
verveine, la tête voilée, disait les prières que le roi répétait, pour se rendre favorables Jupiter,
Minerve et la Victoire. (16) Le sacrifice achevé selon les rites, il retourna dans sa tente pour
s'y reposer le reste de la nuit. Mais il lui était impossible de trouver le sommeil, ni de supporter
le repos: tantôt il se proposait de faire descendre son armée du haut de la colline, contre l'aile
droite des Perses, tantôt d'attaquer de front; d'autres fois il hésitait s'il ne ferait pas mieux de
se porter sur la gauche de l'ennemi. (17) Enfin son corps, appesanti par la fatigue de l'esprit,
tomba dans un profond sommeil
Quinte-Curce – Histoires Livre IV- Chapitre treize. A. Trognon, E. Pessonneaux, Œuvres
complètes de Quinte-Curce, 3 vol., Paris, Panckoucke, 1828-1830

Le Dieu Jupiter, fut également assimilé à d’autre dieu


ainsi, d’après Suétone on offrait de la verveine au Dieu
Sérapis dans son temple d’Alexandrie :

Après s'être pleinement assuré la faveur du dieu, il se retourna. Alors


il crut voir l'affranchi Basilidès qui lui offrait de la verveine, des
couronnes et des gâteaux, suivant l'usage établi dans ce lieu
Vespasien VII.2 - Œuvres de Suétone. Traduction française de La
Harpe refondue avec le plus grand soin par M. Cabaret-Dupaty,
Paris, 1893

Figure 64 - Buste de Sérapis. Marbre, copie romaine d'un original grec du IVe
siècle av. J.-C. qui se trouvait dans le Sérapéion d'Alexandrie - Musée du Vatican

La plante était également spécifiquement dédiée à la déesse Isis, et portait en


Egypte le nom de « larme d’Isis »214 que les Romains et les grecs reprirent comme
« larme de Junon » et « larme d’Héra » respectivement215. La plante était employée
dans les cérémonies liées aux mystères d’Isis, comme le rapport Apulée dans les
métamorphoses :

XI, 17, 1) Arrivés au sacré parvis, le grand prêtre, ceux qui portent les saintes effigies, et ceux
qui sont depuis longtemps initiés aux mystères vénérables, entrent dans le sanctuaire de la
déesse, et y replacent ces images qui semblent respirer. (2) Alors l'un d'eux, à qui l'on donnait
le titre de secrétaire, debout devant la porte, convoque à haute voix une assemblée des
Pastophores (nom que l'on donne à ce sacré collège). (3) Il monte ensuite dans une chaire
élevée, et récite, en lisant dans un livre, des prières pour le grand empereur, pour le sénat,
pour les chevaliers, pour le peuple romain, pour la prospérité de tout ce qui compose le vaste
empire, et conclut par la formule grecque: Que le peuple se retire! (4) parole qui voulait dire
que le sacrifice était agréé, comme le témoigna l'acclamation qui la suivit. Et tous, dans un
transport d'allégresse, apportant des rameaux d'olivier fleuri, des branches de verveine et des
guirlandes, les déposent devant la statue d'argent élevée à la déesse sur une estrade, et se
retirent chez eux après lui avoir baisé les pieds. (5) Quant à moi, je n'avais garde de
m'éloigner d'un seul pas; je demeurais les yeux fixés sur la déesse, réfléchissant à mes
infortunes passées
Apulée Métamorphose - 13. Le livre d’Isis - M. Nisard, Pétrone, Apulée, Aulu-Gelle.
Œuvres complètes, Paris, 1860

214
Voir Bulleting de l’Institut Egyptien, N°9 (Ser. 3) La science Pharmaceutique chez les anciens egypiens,
Dinkler, p78ff, Le caire, 1899
215
Chez les grecs Heras-Dakrion, voir Dictionnaire d’Histoire Naturelle, Tome XIV, Paris, 1817

179
Les plantes magiques

Cette double association Isis (Héra) /Sérapis (Jupiter), explique en partie sa grande
popularité, car les rites qui se développèrent autour de Sérapis et d’Isis au début du
IIème siècle furent particulièrement populaire.

Cette Herbe était également utilisée pour des rituels de divination par les Gaulois
comme nous l’explique Pline :

Il y en a deux espèces : […]. Les Gaulois emploient l'une et l'autre pour tirer les sorts et
prédire l'avenir
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXV - LIX.)

Et il indique ensuite toute la valeur que les magiciens accordaient à cette plantes, qui
pouvait pratiquement tout faire, et sur les rites spécifiques liés à sa cueillette :

Mais les mages surtout débitent des folies sur cette plante : ils disent que si on s'en frotte on
obtient ce qu'on veut, on chasse les fièvres, on se concilie les amitiés, on guérit toute maladie;
qu'il faut la cueillir vers le lever du Chien, de manière à n'être vu ni de la lune ni du soleil, et
après avoir donné en expiation à la terre des rayons et du miel; qu'il faut la circonscrire avec
le fer, l'arracher de la main gauche et l'élever en l'air, puis faire sécher à l’ombre, séparément,
les feuilles, la tige et la racine. Ils ajoutent que si on asperge une salle à manger avec l'eau où
elle est trempée, les repas deviennent plus gais. On la pile dans du vin, contre les morsures
des serpents.
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXV - LIX.)

Ces explications de Pline sur les rites liées à la cueillette et les propriétés magiques
de la plante, furent reprisent par Matthiole dans son commentaire de Dioscoride,
cependant ce dernier au contraire de Pline ne fait pas de distinguo claire entre les
rites « des gaulois » et les « folies » des «mages », ces rites sont donc souvent
« interprété » comme étant des rites d’origine celtique, ce qui n’est pas mentionnée
tel quel par Pline.

La relation de la plante au Druide


semble venir de la description de
Charles Guillaume Loys de
Bochat216 d’un Simpulum d’argent
trouvé en suisse en 1633 et ou
l’antiquaire interprète de voir un
druide, ou Aesus, une branche de
gui ou de verveine à la main,
s’inspirant ici largement du texte de
Matthiole, cette interprétation est
Figure 65 – Fac-similé du Simpulum décrit par Bochat et tiré de
cependant largement disputé mais
son ouvrage (Mémoire critique) - les personnages représenté sont
clairement des divinités gréco-romaines
relativement reprise dans les
ouvrages sur l’utilisation des plantes magiques par les celtes. On retrouve ainsi de
nombreux détails, qui semblent se rajouter, ou se broder sur le texte de Pline:

216
Dans : Mémoires Critiques, Pour servir d'Eclaircissements sur divers Points de L'Histoire Ancienne De La
Suisse Et Sur Les Monuments D'Antiquité Qui la concernent,1747, Lausanne

180
Les plantes magiques

A certaine époque de l’année le corps des druides, deux à deux, vêtus de robes et de longs
manteaux de laine blanche, la tête couronnée de verveine, une chaîne d’or au cou, aux
poignets des bracelets de même métal, à leur côté un couteau à lame d’or, une baguette
d’ivoire en main, signe de leur puissance occulte, se rendaient en procession à la pierre de
sacrifice Les victimaires marchaient en tête conduisant pour les immoler des captifs ou des
esclaves couverts de fleurs Les ovates portaient divers attributs religieux ou des branches de
verveine Les bardes suivaient en récitant des prières à la louange d’Hiésus Les écoliers
marchaient après, suivis d’un druide vêtu d’une tunique blanche, couvert d’un chapeau orné
d’ailes, et portant en main une branche de verveine entourée de deux serpents : ce druide
représentait Hiésus ou le Dieu fort ; les écoliers étaient entourés de lenas couronnées de
verveine portant les attributs du sacrifice Trois druides suivaient l’un tenant le pain qu’on
devait offrir l’autre le zythus, le troisième une main d’ivoire attachée au bout d’une verge
image de la justice ils précédaient l’archidruide Puis venaient la noblesse et les guerriers en
armes le peuple suivait dans l’attitude du recueillement et du respect
Alexandre Ducourneau, La Guienne, historique et monumentale, Volume 1,Partie 1,
217
Bordeaux, 1842, p233

Ou encore des versions pour le moins romancé :

Après avoir passé la nuit à chanter au milieu des fleurs les merveilles de la nature la
Druidesse Évellina fut revêtue par ses jeunes compagnes d’une tunique d’un lin blanc comme
le lis de la vallée et sa taille flexible comme un roseau fut enserrée par une ceinture sur
laquelle étaient tracés des signes magiques Sur sa tête on posa un voile orné de bandelettes
et une couronne de verveine on chaussa ses pieds de sandales pourpres où était tracé un
pentagone.
Jean Baptiste Bouché, Druides et Celtes, ou Histoire de l'origine des sociétés et des
sciences, Paris, 1848

Ces versions romancé qu’on retrouve également chez Chateaubriand :

Tout à coup, à l'une des extrémités de la galerie, un pâle crépuscule blanchit les ombres. La
clarté augmente par degrés et bientôt je vois paraître Velléda. Elle tenait à la main une de ces
lampes romaines qui pendent au bout d'une chaîne d'or. Ses cheveux blonds, relevés à la
grecque sur le sommet de sa tête, étaient ornés d'une couronne de verveine, plante sacrée
parmi les druides. Elle portait pour tout vêtement une tunique blanche : fille de roi a moins de
beauté, de noblesse et de grandeur.
François-René de Chateaubriand, Les Martyrs, 1809

Version qui semble avoir largement inspiré Eliphas Levi quand il dit :

Velléda vécut et mourut vierge. Elle était déjà vieille quand les Romains envahirent les
Gaules: c'était une espèce de pythie qui prophétisait dans les grandes solennités, et dont on
recueillait les oracles avec vénération; elle était vêtue d'une longue robe noire sans manches,
la tête couverte d'un voile blanc qui lui descendait jusqu'aux pieds; elle portait une couronne
de verveine et avait à sa ceinture une faucille d'or; son sceptre avait la forme d'un fuseau, son
pied droit était chaussé d'une sandale et son pied gauche portait une sorte de chaussure à
poulaine
Eliphas Levi, Dogme et Rituel, 1858, Paris.

Et Grandville dans son « fleurs animées » nous livre une superbe illustration en
écrivant :

217
Bien que cet ouvrage est obtenue un prix à sa parution, il fut aussi vivement critiqué de par ses insuffisances,
il ne comporte en effet aucune note bibliographie et aucun renvoie à un texte historique permettant d’en vérifier
le contenu.

181
Les plantes magiques

En France, nous possèdons une Fleur nationale dont personne ne peut contester les droits ;
son origine se perd dans la nuit des temps. Cette fleur c’est la verveine.
Elle me rappelle Vélléda, la pâle et touchante prêtresse, les mystèrieuses profondeurs des
forêts ou vivaient nos pères. Je vois la druidesse danser autour de la plante magique, puis se
baisser et la couper avec une faucille d’or qui brille aux rayons de la lune ; […] Qui dirait à voir
cette petite plante si simple, si gracieuse, si timide aujourd’hui, qu’elle a joué autrefois un rôle
si terrible, si important ?
Les fleurs animées. Tome 2, par J.-J. Grandville ; Garnier Frères, 1899, Page 94

Figure 66 - La verveine d'après Les Fleurs Animee, J.J. Grandville, 1847.

Ces sources semblent avoir été reprise de ci, de là par de nombreux auteurs dont en
première ligne, pour la connaissance des plantes magiques, scott Cunningham qui
écrit, en parlant de la verveine, un des articles les plus long de son ouvrage et n’est,
lui non plus, pas avare de détails.

182
Les plantes magiques

Les Celtes et les Germains ont, eux aussi, beaucoup utilisé cette plante dans leurs rituels de
magie et de sorcellerie. On couronnait de Verveines fleuries les filles vierges qui avaient été
initiées aux mystères druidiques. Il semble en effet que, bien avant les Romains, les Bretons
et les Carnutes avaient une institution rappelant, dans ses grandes lignes, le collège des
vestales fondé par Numa Pompilius. On ne peut s'empêcher de faire certains rapprochements
troublants. Rappelons que Numa Pompilius, second roi de Rome (714-671 av. J.-C.) est le
père fondateur à qui l'on attribue traditionnellement l'organisation religieuse de Rome. Or il
prétendait recevoir des inspirations de la nymphe Egérie dans le bois d'Aricie. La Verveine en
fleurs était le signe distinctif du haut rang dans la hiérarchie sacrée qu'avaient atteint ces
prêtresses gauloises, lointaines inspiratrices, peut-on penser, de cette nymphe Egérie qui
souffla à Numa les premiers rudiments de ce qui allait devenir le panthéon romain. Plus on se
penche sur l'histoire des mythologies et des religions, plus on s'aperçoit que rien ne se perd,
rien ne se crée.
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

L’utilisation de cette herbe dans les rituels


magiques de l’antiquité est cependant
largement documentée dans la littérature
antique, ainsi Virgile dans les Bucoliques
rapporte l’utilisation de la verveine, ici dans un
rite amoureux :

Apporte de l'eau, Amaryllis, et pare ces autels de molles


bandelettes ; [65] brûle la grasse verveine et l'encens
mâle : je veux essayer par un sacrifice magique de tirer
de leur lâche tiédeur les sens de mon amant : oui, je n'ai
plus qu' à recourir aux enchantements.
VIRGILE - BUCOLIQUES – VIII - Trad. de la
collection M. Nisard, Paris, 1850

Si les romains et les grecs accordaient à cette


plante quelque vertu liée au sentiment
amoureux, cette dernière ne semble pourtant
pas avoir été une plante dédiée à la déesse
vénus218. Son nom commun de « veine de
vénus », « Veneris Vena » en latin, dont
certains auteurs prétendent qu’elle tire son
nom de Verveine, semble plutôt lié à
l’utilisation de cette plantes dans les philtres et
les charmes amoureux qui étaient pratiqué au
moyen âge219.
Figure 67 - Herbarium 15ème siècle Latin 17844,
fol. 19, Flore : verveine. Inscription : herba
La verveine était cependant dédié à d’autres
berbena sive erba sancti johanis dieu, en plus de Jupiter et Junon que nous
avons déjà abordé, elle porte parfois l’épithète

218
Contrairement a ce que l’on peut lire dans certains ouvrage, en particulier « Plantes et herbes aromatiques.
Saveurs et vertus, Sylvie Verbois, 2002. Qui semble avoir inspiré de nombreux article sur le net. Egalement dans
Storl, Wolf Dieter: "Pflanzen der Kelten - Heilkunde, Pflanzenzauber, Baumkalender", AT-Verlag, Aarau (CH)
2000, page.352/353 qui la mentionne comme „l’herbe des druides“ et rajoute que la verveine qui se nomme
„herbe de fer“ en allemand, était mélangé a l’eau utilisé dans les forges et que son nom lui vient aussi de que
cette plante ne perdait pas ses propriété magiques lorsqu’elle était déterré ou touché avec du fer.
219
Voir : Dictionnaire des sciences naturelles, Levrault, 1829, Paris, page 16 et suivante.

183
Les plantes magiques

« Herculanea », quoique ce dernier, porté par un certain nombre de plante, semble


plutôt faire référence à ses propriétés vulnéraire, et à sa « force », comme c’est le
cas des autres plantes qui porte ce nom.

On retrouve également l’épithète « Persephonion », la plante étant parfois vouée


autant à la fille qu’a sa mère « Demeter », la verveine était en effet dédié, sous le
nom de « Demetrias », aux cérémonies purificatrices des cultes d'Eleusis

Figure 68 - Pinax of Persephone and Hades on the throne. Found in the holy shrine of Persephone at Locri in the
district Mannella. Locri was part of Magna Graecia and is situated on the coast of the Ionian Sea in Calabria in Italy.
Picture taken by AlMare in the Museo Nazionale Archeologico at Reggio Di Calabria in Italy, September 2002.
Creative Commons – Share alike – Wikimedia.

184
Les plantes magiques

4. Cueillette

La verveine est, nous l’avons déjà indiqué, une plante du solstice d’été, Marcellus
(« Herba verbenae solstitio» XXII.35 et XIV.5) et le Ps. Apulée (III.7) rapporte que la
cueillette de la verveine doit être faite au solstice d’été.

Pline indique qu’il faut la cueillir vers le lever du Chien, constellation particulièrement
visible du à la présence de Sirius, cette constellation n’est pas visible au solstice
d’été mais se « lève » à la fin de l’été et n’est alors visible que très tôt le matin, il
indique également qu’il ne faut être vu « ni de la lune, ni du soleil », ce qui n’est pas
inhabituel dans les indications spécifique liées à la cueillette des plantes magiques,
l’indication visant à se cacher d’un forfait que l’on commet contre la nature et les
dieux, Pline indique également qu’il faut donner du miel en expiation à la terre, ici
encore pour s’excuser du crime que l’on vient de commettre. Cette présentation du
rituel de cueillette par Pline, fut, nous l’avons déjà abordé, attribué tour à tour au
peuple gaulois, au germains et même selon Cunningham a une pratique typiquement
française :

En France, on cueille traditionnellement cette plante à la Saint-Jean, lorsque Sirius apparaît


dans le ciel ; mais il faut que le soleil soit complètement couché, et la lune invisible.
L'infusion des herbes ainsi récoltées selon les règles est employée dans les rituels
d'exorcisme appliqués à des lieux, des bâtiments, mais ne concernant pas directement une
personne ou un animal ; on asperge abondamment le site maudit en criant les incantations
appropriées.
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

Pline indique également, que pour l’arracher il faut faire un cercle autour de la plante
avec du fer220, puis l’enlever de la main gauche. On retrouve une notion similaire
dans le Codex Vindobonensis 13647 (f.130) :

C'est l'Herbe qui s'appelle Verbena, Verveine, si tu veux la déterrer alors va la nuit un mardi et
la nuit un jeudi et joint un petit anneau sur le dessus de l'herbe qui soit d'argent pur et dit
aussi: herbe bienveillante je te conjure en l'honneur de la sainte trinité de notre seigneur
221
Jésus-Christ. Herbe bienveillante je te conjure au nom du père, et du fils et du saint esprit .
[…]
Si l'on veut maintenant déraciner l'herbe alors fais-le le troisième jour quand le soleil se lève.
Alors tire l'herbe à travers l'anneau et prend garde qu'elle ne touche la terre, et […]
Codex Vindobonensis 13647 (Wien, Österr. Nationalbibl., Cod. 13647)- f. 130 – Op cité
dans Joseph Haupt, Ueber das md. Arzneibuch des Meisters Bartholomaeus, in:
Sitzungsberichte der phil.-hist. Classe der kaiserl. Akad. der Wissenschaften, Bd. 71,
Wien 1872, S. 451-566. (Traduction par Abraxas)

Armand Delatte relate d’autre coutume semblable dans son « Herbarius » avec de
l’or ou de l’argent et ou l’opérateur doit faire un cercle autour de la plante, il interprète
la pratique cité plus haut comme suit .

220
Armand Delatte pense qu’il faut lire « ferrum » et non « ferro », ce qui aurait alors le sens de glaive, l’idée
étant ici de faire un cercle autour de la plante avec l’outil qui servira à la couper, cette pratique étant commune a
un certain nombre d’indication de coupe magique.
221
Nous n’avons pas traduit l’intégralité de la prédication, d’une part parce qu’elle semble être un ajout chrétien
à des pratiques païennes, l’ensemble de la conjuration est plutôt longue et sans grand intérêt de par sa nature
profondément chrétienne qu’on retrouve dans d’autres prière similaire, et d’autres part car le texte originale du
texte présenté par Joseph Haupt est en allemand médiéval et donc particulièrement dur à traduire fidèlement.

185
Les plantes magiques

la prescription qui figure dans une recette du codex Vindobonensis 13647 (f.130), de toucher
avec un anneau d’argent la verveine qu’on veut arracher. La vertu de l’anneau est double : il
sanctifie et consacre, mais il purifie et il écarte les mauvaises influences
Herbarius: recherches sur le cérémonial usité chez les anciens pour la cueillette des
simples et des plantes magiques par Armand Delatte – Faculté de Philosophie et
Lettres – Liège – 1938

Delatte rapporte également que dans les manuscrit fr. 24244 (f34) et 24245 (ff 77v et
104v) de la Bibliothèque nationale on trouve des indications pour couper la plante au
heure de vénus et un vendredi, en particulier en relation a son utilisation dans des
opérations magiques « érotiques » et cela correspond ici à sa relation à la déesse du
même nom.

On retrouve donc également cette coutume de la coupe un vendredi, jour de vénus,


accompagné de conjurations spécifiques dans les croyances populaire liés au rites et
sort spécifique incluant la verveine dans les charmes d’amour :

Conjuration pour se faire aimer : il faut, par trois vendredis, à huit heures du matin, faire autour
d’une verveine trois tours à rebours et bénédiction de la main gauche, et le dernier vendredi
l’arracher de la main gauche, et en la ceuillant dire les mots : « o pega vervena, o pega, o
pega, Lucia vervena, Lucia vervena, Lucia, o Luna, Luna ». Puis il faut faire poudre de cette
verveine, en disant « Je te conjure au nom de Vénus et de Cupidon, du Soleil et de la Lune
que celle de toi je toucherai ne puisse nul autre aimer que moi et m’aime comme toi-même ».
Puis en touchant la fille, dites : « Audi filia (ici le nom de la fille) et inclina auram tuam et
obliviscere populum tuum et domum patris tui et sequere me ».
Extrait d’un cahier manuscript de la Bretagne, e.p feu L.F Sauvé op.cité dans Eugène
Rolland, Flore populaire ; Volumes VIII, paris, 1967, p42

On retrouve dans le grand Albert une indication pour couper la verveine quand « le
soleil est dans le bélier », ce qui correspond à la période fin mars à mi-avril, et ne fais
botaniquement parlant pas beaucoup de sens, d’autant qu’aucune des propriétés
qu’il lui accorde ne semble vraiment associer au bélier qui régit la tête dans le
référentiel qu’il utilise :

Les Chaldéens nomment la treizième Ophanas les Grecs Helioron & les François Verveine
Cette herbe suivant les Magiciens étant cueillie lorsque le soleil est dans le signe du Bélier &
mêlée avec de la graine de pivoine d’un an guérit ceux qui font sujets au mal caduc Si on la
met dans de la terre grasse pendant sept semaines il s’en formera des vers qui en touchant
les hommes les feront mourir Que si on la met dans un colombier tous les figeons d alentour s
y assembleront Ou bien si on expose au soleil de la poudre de cette composition, il paraitra
bleuâtre Si on jette de cette poudre dans une compagnie ou entre deux amants ils auront peu
de temps après des différents & des bruits ensemble
Les admirables secrets d'Albert le Grand, Beringos fratres, 1774

On voit également dans ce texte quelques associations qui semblent bizarre au


premier abord, d’une part concernant les « pigeons » alors que son nom de
Colombaire, Péristéréos ou Pisterion lui vient justement du fais que Pline rapport que
les pigeons aime-t-a s’y percher.

On donne le nom de péristéréos à une plante dont la tige est haute, garnie de feuilles, et qui
pousse d'autres tiges de sa tête. Cette plante est très recherchée des pigeons, d'où lui vient le
nom qu'elle porte. Les chiens n'aboient pas, dit-on, après ceux qui en ont sur eux.
Pline - Histoire Naturelle (Livre XXV – LXXVIII)

186
Les plantes magiques

Et d’autre part dans son utilisation pour amener la discorde dans un couple, alors
que nombre des enchantement et sort que nous n’avons fait que survoler jusqu’ici
sont liés à l’amour, y compris ceux mentionnées dans le grand Albert et que nous
verrons au chapitre sur l’utilisation magique.

Figure 69 - Verveine Herbier du Pseudo-Apulée – folio 26v - Lat. 6862, , Bibl. Nat, Paris

187
Les plantes magiques

5. Utilisation Magique.

La verveine a eu, et a toujours une grande réputation, on la retrouve largement dans


les grimoires du moyen-âge et en particulier dans le petit Albert. Il contient un certain
nombre de recette contenant de la verveine, « pour faire danser une fille nue en
chemise », mélangé à du thym, marjolaine myrte, noyer et fenouil qu’il faut avoir
« cueilli la veille de la S. Jean au mois de juin avant le soleil levé ». Il rajoute
également que le parfum de « la verveine & le laurier sont d'un bon usage pour
empêcher que les Gnomes ne nuisent au travail de ceux qui sont occupés à chercher
sous terre les trésor » il ajoute que ces derniers sont capables de cacher la nature
des métaux mais que mis à fondre dans un « feu, composé de bois de laurier, de
fougère & de verveine; le charme se dissipant par ce moyen, les métaux retourneront
en leur première nature », dans un autre charme le feu de verveine est utilisé pour
cuire une mandragore sensée apporté la bonne fortune. La verveine entre également
dans la composition d’une lampe « Pour faire paraitre une chambre pleine de
serpents », de la fameuse « main de gloire » et dans un bâton magique protégeant le
voyageur, il faut alors « sept feuilles de verveine, cueillies la veille de saint Jean-
Baptiste»

Outre l’association au solstice d’été, et sa coupe traditionnelle à la saint Jean


mentionnée, entre autre dans le petit Albert, on a comme association principale de
cette plante, la planète vénus, elle fait ainsi partie, selon le Grand Albert, des sept
plantes associées aux sept planètes :

La septième est de Vénus & on rappelle Pisterion quelques-uns a nomment aussi Colombaire
ou Verveine Sa racine étant mise sur le cou guérit les écrouelles les parotides les ulcères & la
perte d’urine si on en fait une emplâtre on la mettra sur l’endroit où est le mal Elle est
souveraine pour les écorchures qui se font dans le fondement & pour les hémorroïdes Si on
boit son suc avec du miel dans de l’eau chaude elle donne bonne haleine & libre respiration
Elle rend amoureux parce que son suc fait beaucoup de sperme De plus si quelqu’un la porte
sur foi il fera fort vigoureux dans le coït pourvu qu’il n’ait rien autre que cette herbe Si on la
met dans une maison une terre ou une vigne on en tirera de grands revenus De plus la racine
est bonne pour celui qui veulent planter des vignes & des arbres & les enfants qui la porteront
sur eux seront bien élevés & aimeront la science il seront éveillés & de bonne humeur. Elle est
encore fort utile dans les purgations &c chassie enfin les esprits malins & les démons.
222
Les admirables secrets d'Albert le Grand, Beringos fratres, 1774,p79

Agrippa dans la philosophie occulte la mentionne également comme une plante


associé à vénus et au soleil et indique qu’elle était utilisé pour la divination, les
expiations et pour chasser les esprits maléfiques. Plus loin on comprend cette
apparente dichotomie entre la relation au soleil et à vénus de la plante, Agrippa
indique en effet que la plante est associé au taureau, pour la verveine droite et au
gémeaux pour la verveine couché223. Le taureau étant associé à la déesse Vénus et
le Gémeau à Phébus224 dans le référentiel d’agrippa. On retrouve exactement les
même associations astrologiques dans « Les Véritables Clavicules de Salomon,
traduites de l'Hébreux en langue Latine par le Rabin Abognazar225 » mais l’auteur
utilise, comme le grand Albert, le nom « Peristerion » pour la plante.

222
Reprise également dans le formulaire de magie de Papus.
223
Voir Chapitre 5.IV cit.
224
Phébus est Appolon et est une divinité solaire, cependant le gémeau est traditionnellement associé à mercure.
225
Voir : http://www.esotericarchives.com/solomon/l1203.htm .

188
Les plantes magiques

Manoury l’associe, comme Junius Manfred, principalement à vénus, il l’associe


également au signe du gémeau et à la vierge226 ainsi qu’a mercure en influence
secondaire, il la classe dans les plantes amer et conseille de la récolter en juin. Il
mentionne également la tradition magique « classique » de cueillette de la plante
quand le soleil est dans le signe du Taureau, mais la tien pour erronée, le soleil
passant du 20 avril au 20 mai dans le signe du Taureau, il lui préfére donc une
association plus « logique » pour une cueillette en juin comme il indique c’est-à-dire
une association au gémeau227

Dans le référentiel de la Golden Dawn Israel Regardie228 associe la verveine avec la


lettre Bes (B), la deuxième lettre de l’alphabet hébreux qui correspond au douzième
chemin sur l’arbre de vie reliant Kether à Binah et associé également au Bateleur du
Tarot, c’est le chemin de l’ « intelligence transparente », du changement, associé à la
planète mercure, au dieu Hermès et Thot, à la sagesse particulière qui vient à la fois
de Chockmah et de Hod. Ces associations se retrouvent également chez Crowley
dans son Liber 777 et dans Magick without Tears.

L’association mercurienne de la plante par la Golden Dawn, se rapproche également


de ses propriétés médicinales, en effet si l’on ne devait regarder que ces dernières,
telles qu’elles sont encore utilisés aujourd’hui, on aurait principalement une action
sédative sur le système nerveux centrale, qui est régit par la planète Mercure, et une
action tonique sur le système digestif, qui est régit par Jupiter, dieu auquel, nous
l’avons vu dans la partie historique, la plante était spécifiquement dédié.

Toni Ceron, utilisant le même référentiel alchimique que Junius Manfred et Manoury,
insiste particulièrement sur l’aspect mercurien de la plante :

Symboliquement elle est aussi la plante du lâcher-prise qui rompt le cordon ombélical. Plante
mercurienne, c'est-à-dire du mouvement, des contradictions et de la curiosité. En Médecine
Ayurvédique la Verveine passe pour renforcer le chakra de la gorge (associé à la glande
thyroïde).
Toni CERON: "Référence thérapeutique de 214 Elixirs" aux Editions Col du Feu

Pour lui c’est la plante qui permet de littéralement « Balayer devant sa porte », de se
débarrasser du poids des choses non abouties, la plante aide à être en paix avec
soi-même et d’éviter de trop s’accrocher à l’«autre» pour combler un éventuelle
malaise intérieur liés à un manque d’attention, c’est en ce sens qu’il la qualifie de
mercurienne c’est-à-dire de plante du changement et du mouvement, du « lâcher
prise ». Cette conception se rapproche de celle de, Bach, qui inclue la verveine dans
la liste de ses 36 préparations, et qui indique que la verveine est la plante pour ceux
qui sont trop enthousiaste et qui cherche à imposer leur convictions, la plante est
alors censé apporter alors la modération

Ces association mercurienne se retrouve chez Levi qui mentionne dans son Dogme
et Rituel, tome 2, pour l’exorcisme de l’eau dans l’invocation spécifique des sylphes,
la fabrication d’un aspersoir fais avec des branches de verveines, indication que l’on
226
Gémeau et Vierge sont les deux signes de mercure.
227
Le soleil passe du 21 mai au 21 juin dans le signe du gémeau dans un référentiel « astrologique », dans un
référentiel « astronomique » le soleil passe en gémeau du 21 juin au 21 juillet.
228
Dans Israel Regardie, A Garden of Pomegranates,Second Edition, St-Paul, 1985 p70-71

189
Les plantes magiques

retrouve dans divers éditions des clavicules de Salomon229, qui rajoutent qu’il faut
couper les herbes le « jour et à l’heure » de mercure :

Vous ferez pour vous-même un aspersoir de verveine, fenouil, pervenche, sauge, valériane
menthe, marjolaine, basilique et romarin, ramassé au jour et heure de Mercure, la lune étant
en son croissant Puis vous couperez un manche d’un seul coup d’une branche vierge de
noisetier, de la longueur de trois mains. Attachez ensemble ces herbes avec un fil filé par une
fille vierge230; puis graver les symboles suivant sur un côté et sur l’autre. vous vous en
servirez en toutes vos opérations; il le faut faire. Après ceci tu pourras utilisé l’eau, en utilisant
l’aspersoir quand cela sera nécessaire, et sache que n’importe où tu aspergera cette eau, cela
chassera les fantômes, et il ne seront pas capable de nuire ou d’empêcher personne.
S. Liddell MacGregor Mathers, The key of Salomon (Traduction Abraxas)

Levi indique également la verveine dans le rituel de consécration de l’épée magique,


qu’on « renfermera dans de la soie avec des branches de verveines qu’il faudra
bruler le 7ème jour » (Dogme et Rituel, tome 2), mais plus généralement il considère
la couronne de verveine (voir de verveine et d’or) comme un véritable outil magique
que le mage doit porter lors des rituels, s’inspirant ici de son utilisation historique par
les romains et par les celtes231.

Les anciens croyaient que la verveine possédaient de nombreuse vertus, en


particulier liés au charme d’amour comme nous l’avons déjà vu dans le chapitre
précédent, Thomson en récence un certain nombre dans son ouvrage sur les
mystère de la magie :

Place de la verveine dans ta bouche, et embrasse la fille en disant ces mots : « Pax tibi sum
sensum conterit in amore me », et elle t’aimera.
C.J Thompson, Mysteries and Secrets of Magic, 1927 (Traduction Abraxas)

Gerina Dunwich, indique que ce genre de charme était (et est encore) utilisée par les
sorciers et sorcières gitanes :

La verveine est également une plante que les gitans favorisent pour attirer l’amour, de même
que pour attirer la bonne chance. On dit qu’il faut ramasser la verveine le premier jour de la
nouvelle lune avant le lever du soleil ou elle ne sera pas efficace magiquement. Porte toujours
les fleurs sèches dans un sachet ou place les sous l’oreiller avant de dormir, et à en croire les
gitans, tu inviteras l’amour d’un autre.
Herbal Magick - A Witch’s Guide to Herbal Folklore and Enchantments, Gerina Dunwich
(traduction Abraxas)

Il n’est pas impossible qu’un certain nombre de ces pratiques, soient dérivées de
grimoire moyenâgeux comme le Grand Albert, qui recense un également une grande
variétés de pratiques liées à la plante:

229
On le retrouve dans la version traduite par Mather (voir :
http://www.esotericarchives.com/solomon/ksol2.htm ), mais dans le Grimorium Verum il n’est fait mention que
de menthe, marjolaine et romarin, voir : http://library.cubicpath.org/Magick/GRIMOIREVERUMTRANS.PDF
230
Chez levi on retrouve : « L'aspersoir se fait avec des branches de verveine, de pervenche, de sauge, de
menthe, de valériane, de frêne et de basilic, liées par un fil sorti de la quenouille d'une vierge, avec un manche de
noisetier qui n'ait pas encore porté de fruits, et sur lequel vous graverez avec le poinçon magique les caractères
des sept esprits. »
231
L’utilisation de couronne de verveine par les gaulois/celtes restent cependant douteuse comme nous l’avons
expliqué au chapitre historique.

190
Les plantes magiques

Si on veut se faire aimer d’un homme OU d’une femme on se frottera les mains avec du jus de
verveine & ensuite on touchera celui qu’on voudra amouracher ce secret a été souvent
éprouvé.
Les admirables secrets d'Albert le Grand, Beringos fratres, 1774, P151

Un grand nombre de ces charmes amoureux sont relatés par Eugène Rolland, outre
l’exemple cité au chapitre sur la cueillette, un autre rituel rapporté par Rolland est le
suivant :

Autre Incantation pour se faire aimer : Le premier vendredi de la nouvelle lune, il faut avoir un
couteau neuf et aller cueillir une verveine. Il faut se mettre à genoux, la face tournée vers le
soleil levant et, coupant la dite herbe avec le couteau, dire: « Sara isquina safos ; Je te cueille,
herbe puissante, afin que tu me serves à ce que je voudray » Puis vous vous lèverez sans
regarder derrière vous. Etant dans votre chambre tous la ferez sécher et pulvériser et vous
ferez avaler cette poudre à la personne.
XVIIe s., J.Cousin, Seer. mag.,1868, p45 op cité dans Eugène Rolland, Flore populaire ;
Volumes VIII, paris, 1967, p42

Ou encore :

Autre incantation pour se aimer: Prenez de la verveine que vous pilerez et en frotterez le talon
de votre main gauche, puis avec cette main, tous formerez un signe de croix à votre front,
ensuite à celui de la fille, en disant: « Cathos, que ton désir seconde au mien comme celui de
Saint-Joseph avec Marie ».
XVIIe s., J.Cousin, Seer. mag.,1868, p7 op cité dans Eugène Rolland, Flore populaire ;
Volumes VIII, paris, 1967, p42

Rolland relate également quelque légende populaire relative à l’utilisation de la


verveine cueilli au solstice d’été pour « n’estre point las en allant », « escalader
facilement les montagnes » ou« faire dix lieux à l’heure », et rapporte également que
« au sabbat les diablotins se font des jarretières de verveine pour marcher sans
fatigue »232, légende qui ressemble à celle relative à l’armoise, cependant cette
dernière semble avoir une origine plus ancienne dans les croyances relatives à cette
propriété particulière de la plante, et il est pensable que ces propriétés aient été
appliquées à toute les herbes de la St-Jean233.

L’ensemble des coutumes populaires décrite par Eugène Rolland, y compris les plus
anecdotiques, sont reprise par Cunningham ::

Si l'on frotte les poules avec de la Verveine sauvage, on est assuré de les vendre un bon prix
au marché (Dinan, Côtes-du-Nord).
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

Cette légende de la verveine liées à la bonne fortune, est également mentionnée par
Rolland est on la retrouve sous diverse forme dans la wicca :

232
Eugène Rolland, Flore populaire ; Volumes VIII, paris, 1967, p41
233
Dans les pratiques populaires liées au célébration du solstice d’été, James Frazer mentionne souvent la
verveine en association avec l’armoise (voir III.3), en particulier liées à l’amélioration de la vue et à quelques
pratiques de types divinatoire sur l’amour.

191
Les plantes magiques

La verveine est également une herbe qui amène la bonne fortune. Si vous l’achetez, vous
devriez dire :
Je n’achète pas de la verveine à cause de l’herbe
Mais à cause de la fortune qu’elle renferme.
Dans les temps anciens, la verveine était regardé comme une herbe magique puissante,
particulièrement pour les invocations et pour la divination. Pour cette dernière propriété, on
retrouve la connexion au sort ou à la fortune au petit sort dit lorsqu’on achète la plante. Les
sorcières héréditaires disent que si quelqu’un propose de vous vendre de la verveine vous ne
devriez ni décliner ni négocier le prix.
Cela est lié à la croyance qu’une fée habite dans la plante. Cette fée garantie la bonne
fortune, de celui qui l’invoque, ce qui est accompli en touchant l’herbe avec son cœur, lèvre et
ensuite son nez (à ce moment on inspire profondément la senteur de l’herbe, et en faisant
cela on invoque la fée).
Raven Grimassi, Hereditary Witchcraft: Secrets of the Old Religion, 1999 (Traduction
Abraxas)

Cette idée que la plante se trouve habitée, ou bien à une relation avec les fées se
retrouve également chez Leland:

Je me lève le matin à l’aurore la plus tôt


Et je me promène à travers de plaisante vallée
Jusqu’au montagne ou belles prairies
Cherchant la chance alors que j’erre toujours
Cherchant de la rue et de la verveine au douce senteurs,
Car elle apporte bonne fortune en toute chose
Je les garde en sécurité en mon sein
Pour que personne ne le sache – car c’est un secret
Et sacré également, et ainsi je dis le sort :
« O verveine ! Soit toujours un bénéfice,
Et que ta bénédiction soit sur la sorcière
Ou sur la fée qui t’a donné à moi ! »
Charles Leland Aradia or the Gospel of Witch, Traduction Abraxas

Cunningham rapporte également cette relation particulière de l’herbe avec les fées
et les démons dans les croyance populaire liées au solstice d’été :

Les Allemands ont reporté sur la Verveine certains passages des légendes anglaises
concernant les fougères. Alors que dans les campagnes anglaises c'était durant la nuit
fantastique de Midsummer (solstice d'été : la Saint-Jean) que les légions infernales et les
bataillons de fées se livraient un combat titanesque pour la précieuse graine de fougère à
l'aigle, les villageois d'outre-Rhin affirmaient que tout au long de la terrible nuit de Walpurgis
(nuit du 30 avril au 1er mai), les sorcières et les démons se donnaient rendez-vous sur la
montagne du Brocksberg pour palabrer âprement, et finalement en venir aux mains avant le
lever du jour, pour la possession d'une Verveine gigantesque qui sortait de terre uniquement
cette nuit-là et rendait Prince de ce Monde celui qui réussissait à s'enfuir en la portant sur son
dos, car elle pesait aussi lourd qu'un chêne de cinq ans.
Il fallait l'arracher du sol une fraction de seconde avant l'apparition de l'aurore, sinon les
sorcières se précipitaient sur l'insensé et le mettaient en pièces ; mais dès que filtrait la toute
première lueur de l'aube, toutes ces fantasmagories dantesques s'évanouissaient d'un seul
coup. Toutefois, le chercheur audacieux devait encore rester sur ses gardes: la région est en
effet pleine de cadavres d'imprudents que l'on a assassinés au petit matin pour leur voler la
Verveine géante du Brocksberg.
Les femmes blanches, apparitions nocturnes, présentent aux personnes qu'elles rencontrent
une branche de chêne ou d'herbe de la croix (Verveine). Si l'on accepte ce talisman, on sera
doté d'autant d'années de puissance et de joie que la branche a de feuilles ; mais au bout de
ce temps, l'âme de celui qui aura conclu le marché appartiendra au diable (Cornouailles
anglaise).
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

192
Les plantes magiques

Mais, à part ces références moderne, nous n’avons pas trouvé


de références plus ancienne sur une quelconque relation de la
plante aux fées, par contre on retrouve certaine occurrence de
la plante comme protection contre les entités négatives, ainsi le
Grand Albert dit qu’elle « chasse les démons », et on retrouve
son utilisation par exemple dans le charme italien de la
Cimaruta, charme qui était principalement utilisé au 19ème
siècle234 et qui sont désormais pratique intégrante de la
Stregheria, popularisé entre autre dans les années 1980 par
Raven Grimassi :
Figure 70 - Cimaruta - Encyclopedia of Wicca and witchcraft, Raven Grimassi.

La vervaine est une des herbes sacrés de la sorcellerie italienne. Le charme magique italien
235
connu sous le nom de cimaruta comporte des fleurs de verveine qui symbolise la
protection.[…]Lorsqu’on trace un cercle magique pour les opérations on peut rependre de la
verveine tout autour du cercle pour une protection additionnel.
Raven Grimassi, Hereditary Witchcraft: Secrets of the Old Religion, 1999 (Traduction
Abraxas)

On retrouve également des rituels de protection incluant la verveine ainsi


P.Christian236, célèbre pour son interprétation du tarot, rapporte dans son histoire de
la magie, la pratique populaire suivante :

Avez-vous quelque ennemi dont vous redoutez la violence Ecrivez votre nom sur une feuille
de verveine avec le sang d’un corbeau ou d’une poule blanche portez cette feuille sur vous et
cet ennemi ne pourra vous toucher.
Histoire de la magie: du monde surnaturel et de la fatalité à travers les temps et les
peuples, P.Christian, 1870, Paris

Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans des ouvrages plus modernes, des
variantes, utilisant la Verveine à des fins de protections, comme chez Gerina
Dunwich, ici pour protéger des mauvais rêves :

Pour prévenir les cauchemars, place une poignée de feuilles de verveine dans ton lit, porte les
dans un petit sachet autour de ton cou, ou boit les en infusion juste avant de te coucher.
Herbal Magick - A Witch’s Guide to Herbal Folklore and Enchantments, Gerina Dunwich
(traduction Abraxas)

234
Voir Gunther, R.T, The Cimatura its structure and development, in Foklore 16, 1905, p132-161
235
Le Cimaruta est un charme fait à partir d’une racine de rue est comprenant différent symbole dont le plus
souvent une clé, une dague, une lune, une fleur de verveine, une main et un serpent. Ces symboles sont là pour
éloigner le mauvais œil. La verveine spécifiquement est utilisé ici comme symbole de protection.
236
Nom d’emprunt de Jean Baptiste Pitois (1811-1877), plus connu pour son livre « L’Homme rouge des
tuileries », publié en 1863, dans lequel il utilise pour la première fois les termes « lame » et « arcane » qui seront
reprisent ensuite par tous les praticiens de cartomancie, il publia également dans le même ouvrage des cartes
spécifique (voir également : http://www.green-door.narod.ru/pctarot-hrt.html ) en changeant les noms de
certaines arcanes, en 1870 dans son « histoire de la magie » il publie un tarot d’inspiration égyptienne (voir :
http://green-door.narod.ru/pctarot.html ), souvent cité comme étant source d’inspiration pour les tarots de
Falconnier, Papus, Wirth, et Waite (qui s’inspire également de Wirth) (voir également l’excellent article de
Spartakus Freeman : http://www.melmothia.net/3340/le-talisman-de-charles-fourrier/ et aussi : http://meta-
religion.com/Esoterism/Tarot/a_history_of_egyptian_tarot_deck.htm )

193
Les plantes magiques

Toujours d’après le même ouvrage, cette relation au rêve de la verveine et non


seulement utile comme protection, mais également comme ayant la propriété
d’induire des rêves divinatoires.

Pour induire des rêves de nature prophétique, oint ton chakra du troisième œil avec du jus de
verveine par une nuit de pleine lune. Ferme tes yeux, ouvre ton esprit, et endors-toi
doucement. En te réveillant, prend soin de noter tes rêves sur un papier (ou utilise un
enregistreur vocale) pour empêcher de les oublier plus tard. S’il sont interpréter correctement,
il te donneront une vision des évènements à vernir.
Herbal Magick - A Witch’s Guide to Herbal Folklore and Enchantments, Gerina Dunwich
(traduction Abraxas)

Rappelons, à toute fin utiles, que Pline mentionne spécifiquement une utilisation pour
la divination par les gaulois, et qu’Agrippa dans la philosophie occulte ne lui accorde
pas d’autres utilisations que pour chasser les esprits maléfiques et pour la divination.
On retrouve également dans les croyances et coutumes populaire cette usage de la
verveine pour la divination.

Le sorcier, qui veut savoir quelle maladie a celui qui vient le consulter, cueille, en décours de
la lune, trois branches de Verveine qu'il laisse macérer pendant trois jours et trois nuits dans
du vinaigre. Au lever de la lune, il reconnait, à la manière dont les feuilles sont entrelacées, de
quelle maladie son client est atteint
G.Symphor-Vaudoré, Lettres d’un vieux Laboureur, 1867, p88 op. cité dans Eugène
Rolland, Flore populaire ; Volumes VIII, paris, 1967, p41

Il est également possible que ces pratiques et coutume trouve leurs origines, de
même que celle liés au sort amoureux du Grand Albert, qui avec son parèdre le petit
Albert, fut particulièrement populaire dans l’ensemble de la France.

Pour connaitre si une personne mourra d’une maladie ou si elle en reviendra allant la voir
prenez de la verveine à la main & quand vous ferez proche le lit du malade vous lui
demanderez comment il se porte s il dit qu’il se porte mieux il en échappera s il répond le
contraire il n’en reviendra pas.
Les admirables secrets d'Albert le Grand, Beringos fratres, 1774, P151

Ces pratiques divinatoires semblent cependant être tombé en désuétude. Nous


retiendrons donc qu’en magie, l’utilisation moderne de cette plante se fait
principalement pour la protection, la purification et pour les charmes d’amour comme
nous l’indique Cunningham :

Pendant la Renaissance, la Verveine entrait dans de nombreux parfums à brûler ; elle avait
ses « catalyseurs » et ses « répulsifs », et chaque recette de parfum pour encenser était
destinée à un usage rigoureusement codifié. Puis la mode passa et les magiciens se
détournèrent de la Verveine à brûler. En revanche, pulvérisée ou en morceaux, la plante resta
un composant privilégié des mélanges d'amour et des charmes protecteurs. Aujourd'hui elle
est employée à ces fins.
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

Mais dans le même chapitre il nous indique également une certaine dichotomie dans
cette utilisation des charmes amoureux, dans le même ordre d’idée que ce que l’on
retrouve dans le Grand Albert, mais cette fois pour annuler tout désir amoureux :

194
Les plantes magiques

Pour demeurer chaste pendant une longue - une fort longue ! - période, voici ce qu'il faut faire
: le premier jour de la nouvelle lune, courez à travers la campagne dès qu'il commence à faire
clair, mais avant le lever du soleil. Une fois arrivé à l'endroit où vous avez repéré beaucoup de
Verveines sauvages, coupez-en trois, choisies parmi les plus hautes. Exprimez-en le jus et
buvez-le, pieds nus dans un fossé rempli d'eau croupie. Selon les anciennes prescriptions des
magiciens italiens, cette méthode à la portée de tous devrait vous faire perdre tout désir
sexuel pendant sept ans !
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

Il propose également de l’utiliser en encens pour les célébrations du solstice d’été,


pour les offrandes et les purifications ainsi qu’en bain pour les purifications, en
sachets pour les sorts d’amour ou en protection. Toujours selon Cunningham l’huile
de verveine a les propriétés suivantes :

Elle aide pour obtenir des objets matériels. Elle stimule également la créativité. Aide ceux qui
désire le succès dans les arts créatifs.
Scott Cunningham, Magical herbalism: the secret craft of the wise, second edition, 2003
(Traduction Abraxas)

Pour finir d’Estissac insiste sur la relation de la plante avec Vénus et Netzah, la
Séphira qui lui correspond. Pour lui cette plante à des propriétés particulièrement
purificatrice

Vénusienne et ignée, chaude et odorante, irradiante de sérénité et de joie, la Verveine agit tel
un souffle de jouvence sur ceux qui font appel à ses nombreux pouvoirs. Elle purifie les lieux
et les êtres de toute impureté générée par des abus sexuels et prépare ainsi le terrain à des
cérémonies magiques à caractère sacré ou tout simplement à la prière et à la méditation.
C'est pourquoi les mages d'autrefois avaient l'habitude de se laver tous les jours dans des
bains où avait infusé de la verveine afin de préparer un rituel d'importance.
L'usage de la verveine harmonie avec le plan de vénus-Netzach, en calmant et purifiant le feu
excessif. Donc, si la planète Vénus est mal aspectée dans votre thème astrologique et que
cette position est à l'origine de vos problèmes relationnels, d'une carence de séduction, de
déboires sentimentaux, la verveine vous aidera à réorienter ce courant vénusien dans votre
vie et finira par vous le rendre favorable (si toutefois un effort d'introspection est effectué afin
de voir ce qui dans votre attitude éloigne autrui, etc...)
Allié à la rose le pouvoir de la verveine est exalté et magnétise l'aura de façon durable.
Conseil pratique: A utiliser avec du Basilic, en essence, dans des bains salés, avant des
rituels magiques ou pour se purifier lorsque l’on se sent oppressé. La Verveine est une
composante de toute pratique magique tendant à agir sur les relations, les sentiments et le
bien-être en général.
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

Nous avons déjà largement abordé les différentes associations qui sont faites de
cette plantes avec les planètes, l’association « jupitérienne » est historique et
mythologique, l’association « mercurienne » est alchimique, la relation
« vénusienne » pour finir, semble principalement liée à l’utilisation magique de cette
plante dans les rites et charmes amoureux, qui sont largement documentés dans les
pratiques populaires et qui semblent avoir été particulièrement influencé par les
grimoires de magie du moyen-âge.

195
Les plantes magiques

Au vu de ce que nous avons abordé dans ce chapitre, nous pensons que la verveine
à une dominante mercurienne237 et que s’il fallait l’associer à un signe du zodiaque,
alors nous ne retiendrions que le Gémeau, qui dans ce contexte (cueillette en juin,
association à mercure) fais le plus de sens.

Mais les sages qui liront ces pages sauront certainement en avoir une utilisation plus
utile :

Si on veut donner de la joie & du divertissement à une compagnie dans un repas on prendra
quatre feuilles de verveine que l’on fera tremper dans du vin dont on arrosera ensuite l’endroit
où le repas se fera tous ceux qui y seront conviés paraîtront contents & joyeux.
Les admirables secrets d'Albert le Grand, Beringos fratres, 1774, P151

237
En plus des associations cité plus haut, la verveine est également associé avec saturne par Zalewski dans :
Zalewski, Christine L., Herbs in Magic and Alchemy: Techniques from Ancient Herbal Lore (Saint Paul, MN:
Llewellyn Publications, 1990, et aux gémeaux (mercure donc en association secondaire), cette association est
liée au référentiel de la Golden Dawn car Binah y est associé à Saturne et que la verveine represente le chemin
entre Kether et Binah, mais cela étant dit, Regardie toujours dans le même référentiel, l’associe clairement à
mercure. Cunningham associe la verveine odorante avec mercure, cette dernière n’existait pas avant 1742 en
Europe et donc n’est pas connu des anciens alchimistes ou des historiens gréco-romains.

196
Les plantes magiques

6. Utilisation Phyto-thérapeutique

Elle fait partie de la pharmacopée de plusieurs peuples à travers le monde, les


indiens d’Amérique du nord (Scully, 1970) l’utilise dans le traitement des
refroidissements, en infusion contre la jaunisse et les infections parasitaires ainsi que
comme calmant, et mélangé à de la graisse contre les inflammations

Cullpeper lui accorde un nombre impressionnant de propriétés médicinales :

C'est une herbe de Vénus, et excellente pour la matrice afin de renforcer et remédier à tous
les ennuis [causé] par le froid à celle-ci, comme le plantain pour [les ennuis causé par] le
chaud. La verveine est chaude et seche, elle ouvre obstructions, [les] purifie et [les] guérie.
Elle aide [pour] la jaunisse, l'hydropisie et la goutte, elle tue et expulse les vers dans le ventre,
et provoque une bonne couleur dans le visage et le corps, renforce et soigne les maladies de
l'estomac, le foie et la rate; aide [pour] la toux, la respiration sifflante, et l'essoufflement, et
tous les défauts des reins et de la vessie, expulsant le gravier et la pierre. On la croit bonne
contre les morsures de serpents et autres bêtes venimeuses, contre la peste, et les fièvres
tierces et quartes. Elle consolide et guérit aussi toutes les blessures, à la fois internes et
externes, les saignements persistants, et utilisé avec du miel, guérit tous les ulcères anciens
et les fistules des jambes ou d’autres parties du corps, comme aussi les ulcères qui se
produisent dans la bouche, ou utilisé avec de la graisse de porc, elle aide les gonflements et
les douleurs dans les parties secrètes de l'homme ou de la femme, également pour durillons
ou les hémorroïdes; appliqué avec un peu d'huile de roses et le vinaigre sur le front et les
tempes, elle soulage les douleurs tenace et les maux de tête , et est bon pour ceux qui sont
des anxieux. Les feuilles broyées, ou le jus d'eux mélangé avec un peu de vinaigre, nettoie
merveilleusement la peau, et enlève boutons, taches de rousseur, fistules, et d'autres telles
que les inflammations et les déformations de la peau dans toute les parties du corps. L'eau
distillée de la plante quand elle est en pleine force, égoutté dans les yeux, les purifie des
pellicules, nuages, ou brouillards, qui obscurcissent la vue, et renforce merveilleusement les
nerfs optiques. Ladite eau est très puissant dans toutes les maladies précitées, soit [en prise]
interne ou [externe], que ce soient pour d’anciennes cicatrices de plaies, ou des blessures
récentes. La racine séchée et pelée, est connu pour être parfaitement efficace contre toutes
les manies scorbutiques et scrophuleuse du corps, en étant apposé à la pointe de l'estomac, à
l’aide d’un morceau de ruban blanc,[qu’on passera] autour du cou.
Culpeper - Complete Herbal (1653) – Traduction abraxas

La verveine était traditionnellement utilisé en application externe dans le traitement


des inflammations et fut durant tout le moyen-âge particulièrement recommandé pour
le traitement des yeux, ces recommandations furent également donné, liées au
coutumes du solstice d’été simplement en touchant, portant ou simplement en
regardant à travers un anneau fait de la plante.

Hildegarde de Bingen vente également ces propriétés décongestionnantes et


vulnéraire.

De Ysena : La verveine est plus froide que chaude, et quand la chaire de l’Homme est putride
que ce soit suite à des ulcères ou des vers, alors qu’il (le malade) fasse cuire de la verveine
dans l’eau et qu’il pose un linge de lin sur la plaie ou sur la zone putride avec les vers et mette
la verveine moyennent chaude après avoir modérément exprimé l’eau sur le linge de lin, que
tu auras posé sur la zone de chair putride. Et quand cela sera sec, pose de la même manière
d’autre (verveine) cuite dessus, et fait cela aussi longtemps, jusqu’à que toute putréfaction ait
disparu. Mais si quelqu’un à la gorge qui enfle, qu’il chauffe modérément de la verveine dans
l’eau, et qui la pose moyennement chaude sur sa gorge et noue un linge par-dessus, et qu’il
fasse cela, jusqu’à ce que le gonflement disparaisse.

197
Les plantes magiques

Hildegard von Bingen (traduction Abraxas) op.cité dans Naturkunde: das Buch von
dem inneren Wesen der verschiedenen Naturen in der Schöpfung. Nach den Quellen
übers. und erläutert von Peter Riethey§, 1959, Ed Müller, p47

Marcellus rapporte que si l’on fait une amulette de racine de verveine et qu’on la met
sur un malade, alors cette dernière fais disparaitre les tumeurs, cette propriétés pour
le moins étonnante et reprise par de nombreux auteurs mais n’a bien évidemment
aucune réalité thérapeutique.

Malgré de nombreuse recherche clinique, les mécanismes d’actions, ainsi que les
propriétés de la verveine reste mal connu. L’ensemble des propriétés qui lui sont ou
furent accordés non pas pu être démontré par des tests cliniques.

De son usage traditionnelle il ne reste que l’utilisation comme tonique du système


digestif et comme sédatif léger, on l’emploie alors dans le traitement de l’anxiété, du
stress, de l’insomnie et plus généralement pour apaiser la tension nerveuse et
soulager maux de tête et migraine. On l’utilise principalement en prise interne soit
sous forme d’infusion soit sous forme de teinture.

La Larousse des plantes médicinale conseille son infusion pour traiter les symptômes
prémenstruel.

198
Les plantes magiques

VII. La Camomille

Nom scientifique :

Nom commun :

Autre appellation :

Famille :

Genre :

Planète :

Elément :

Signe :

Propriété magique :

Propriété médicale :

Composition chimique :

kkkkk.

Figure 71 - Chamaemelum nobile- Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen

199
Les plantes magiques

Comment la reconnaitre ?

XXX.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige :;
Feuilles :
Fleurs :
Habitat :

200
Les plantes magiques

Figure 72 - Camemelos (camomille) – détail du folio142v - Ps . Dioscoride, De herbis femininis, Vienne,


Osterreichische Bibliothek, ms. 93.

201
Les plantes magiques

Figure 73 – Camomille - Herbier du Pseudo-Apulée – folio 40r - Lat. 6862, , Bibl. Nat, Paris

202
Les plantes magiques

Camomile

IT is so well known everywhere, that it is but lost time and labour to describe it. The virtues
thereof are as follow.

A decoction made of Camomile, and drank, takes away all pains and stitches in the side. The
flowers of Camomile beaten, and made up into balls with Gill, drive away all sorts of agues, if
the part grieved be anointed with that oil, taken from the flowers, from the crown of the head to
the sole of the foot, and afterwards laid to sweat in his bed, and that he sweats well. This is
Nechessor, an Egyptian's, medicine. It is profitable for all sorts of agues that come either from
phlegm, or melancholy, or from an inflammation of the bowels, being applied when the
humours causing them shall be concocted; and there is nothing more profitable to the sides
and region of the liver and spleen than it. The bathing with a decoction of Camomile takes
away weariness, eases pains, to what part of the body soever they be applied. It comforts the
sinews that are overstrained, mollifies all swellings. It moderately comforts all parts that have
need of warmth, digests and dissolves whatsoever has need thereof, by a wonderful speedy
property. It eases all pains of the cholic and stone, and all pains and torments of the belly, and
gently provokes urine. The flowers boiled in posset-drink provokes sweat, and helps to expel
all colds, aches, and pains whatsoever, and is an excellent help to bring down women's
courses. Syrup made of the juice of Camomile, with the flowers, in white wine, is a remedy
against the jaundice and dropsy. The flowers boiled in lye, are good to wash the head, and
comfort both it and the brain. The oil made of the flowers of Camomile, is much used against
all hard swellings, pains or aches, shrinking of the sinews, or cramps, or pains in the joints, or
any other part of the body. Being used in clysters, it helps to dissolve the wind and pains in the
belly; anointed also, it helps stitches and pains in the sides.

Nechessor saith, the Egyptians dedicated it to the Sun, because it cured agues, and they were
like enough to do it, for they were the arrantest apes in their religion that I ever read of.
Bachinus, Bena, and Lobel, commend the syrup made of the juice of it and sugar, taken
inwardly, to be excellent for the spleen. Also this is certain, that it most wonderfully breaks the
stone. Some take it in syrup or decoction, others inject the juice of it into the bladder with a
syringe. My opinion is, that the salt of it, taken half a dram in the morning in a little white or
Rhenish wine, is better than either; that it is excellent for the stone, appears in this which I
have seen tried, viz., that a stone that has been taken out of the body of a man being wrapped
in Camomile, will in time dissolve, and in a little time too.
Culpeper - Complete Herbal (1653) – Traduction abraxas

Genre : Masculin
Planète : Soleil
Élément : Eau
Pouvoirs : Chance, gains matériels, affection, purification.
Utilisation magique :
La Camomille est réputée attirer l'argent ; les joueurs qui veulent mettre le maximum de
chance de leur côté se lavent les mains dans une infusion.
Elle est utilisée comme encens pour la méditation et le sommeil ; pour éveiller l'amour, on
ajoutera une infusion de Camomille à l'eau du bain.
C'est aussi une herbe purificatrice et protectrice. Répandue autour de votre demeure, elle
chasse les sorts, éloigne les malédictions.
L’encyclopédie des Herbes Magiques – Scott Cunningham

1] Πολύγονος Polygonum, plante.


Πορφύριον Porphyrion, oiseau.
Πορφύτα θαλλασία Pourpre de mer.
Πορφυρίτης Porphyre, pierre bien connue de tous.

2] Polygonum, plante; quelques-uns l'appellent camomille.

203
Les plantes magiques

3] Porphyrion, oiseau d'eau douce qui abonde dans les rivières.

4] Pourpre de mer ; quelques-uns l'appellent cirycion; il est semblable à une coquille.

5] Porphyre, pierre connue surtout en Mélanitide.

6] La racine de la plante, récoltée pendant le déclin de la lune, empêche les yeux d'être
malades. Son suc, préparé comme il est indiqué, agit contre beaucoup d'affections
congestives des yeux : car, dans beaucoup de maladies, les yeux de l'homme sont attaqués.

7] Au surplus, pour ne pas prolonger notre discours, voici les maladies des paupières : le
prurigo, les lentes, la maladie pédiculaire, le manque de cils, le trichiasis, le retournement des
cils, le chalazion, les orgelets, les verrues, la chute des cils, l'engorgement des paupières, en
tout onze maladies ; sous les sourcils : les aspérités des paupières, les humeurs aqueuses,
l'ulcère, la croissance des poils, cela fait quatre affections; dans les angles des yeux : les
pustules cuisantes, l'ophtalmie sèche, les taches sur la cornée, l'ulcération, l'égylops,
l'anchylops, la fistule, l'ulcère rongeant, l'érosion, neuf affections. Au globe de l'œil : les
membranes sur la cornée, l'albugo, les épanchements de sang, les têtes de mouches, le
néphélion, l'amblyopie, [six affections. A la pupille] : la dilatation, la congestion,
l'affaiblissement, l'atrophie, le dépérissement, le glaucome, la mydriase, le doublement de la
pupille, l'hipparion, la nyctalopie, la myopie, l'obscurcissement, cela fait douze. Autour de l'œil
: l'inflammation, le phimosis, la sensation de brûlure, les troubles, les petits abcès, le chancre,
l'ulcère, les douleurs, les petits abcès tubéreux : cela fait neuf.

8] Il y a onze variétés de fluxions : violente, subite, chaude, douce, froide, tiède, faible, aiguë,
chronique, sablonneuse, nitreuse.

9] Ce qui fait soixante affections [62].[1] Or, Voici la formule du remède pour toutes les
affections susdites: suc de la plante, vi onces; nerprun indien, vi drachmes; aloès indien, vi dr.;
myrrhe, iv dr. ; safran, iv dr. ; encens, iv dr. ; opium, iv dr. ; acacia noir, ii dr. ; eau de pluie, v
onces. Délaye dans un vase de verre.

Il vaut mieux mettre du vin que de l'eau. C'est un précieux remède contre toutes les fluxions et
les maladies des yeux et leur affaiblissement : il arrête en effet tous les écoulements. En
outre, employé comme friction, au bain, ainsi qu'en ablution, c'est un excellent remède.

Pour la migraine. 10] La chair crue du porphyrion, mise en cataplasme sur le front, guérit la
migraine.

11] Donc sur la pierre porphyre grave l'oiseau, et sous ses pattes, un caducée : après avoir
enfermé sous la pierre la pointe de l'aile de l'oiseau, porte-la pour te préserver des maux de
tête et des douleurs de la migraine. Elle est aussi excellente pour les yeux rhumatisants.
Prépare l'anneau et le collyre au décours de la lune.
Cyranides : http://remacle.org/bloodwolf/alchimie/cyranides/livre1.htm

204
Les plantes magiques

Anglo-Saxon leechcraft : an historical sketch of early English medicine : lecture memoranda, American
Medical Association, Atlantic City, 1912

205
Les plantes magiques

Tonique pour peaux grasses.


Prèparez une infusion en versant dans ½ litre d’eau bouillante : 55g de fleurs de
camomilles fraiches, 55g de romarin frais et 1 cuillère à café de jus de citron. Laissez
reposer 24heures, filtrer et conservez au réfrigirateur.

206
Les plantes magiques

VIII. La Violette

Nom scientifique :

Nom commun :

Autre appellation :

Famille :

Genre :

Planète :

Elément :

Signe :

Propriété magique :

Propriété médicale :

Composition chimique :

kkkkk.

207
Les plantes magiques

Violette, livre des simples médecines, XVème siècle, BNF Français 623, fol. 182v.

208
Les plantes magiques

livre des simples médecines, vers 1480, BNF Français 9136, fol. 291v, Flore : violette

209
Les plantes magiques

livre des simples médecines , 15éme siècle, BNF Français 9137, fol. 308v, Flore :
violette

210
Les plantes magiques

livre des simples médecines , vers 1520-1530, BNF Francais 12322, fol. 165, Flore :
violette

ibn butlân, taqwim es siha


(trad. anonyme), tacuinum
sanitatis, 15ème siècle, Latin
9333, fol. 36, Récolte des
violettes

211
Les plantes magiques

Comment la reconnaitre ?

XXX.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige :;
Feuilles :
Fleurs :
Habitat :

212
Les plantes magiques

Violets

Both the tame and the wild are so well known, that they need no description.

Time : They flower until the end of July, but are best in March, and the beginning of April.

Government and virtues : They are a fine pleasing plant of Venus, of a mild nature, no way
harmful. All the Violets are cold and moist while they are fresh and green, and are used to cool
any heat, or distemperature of the body, either inwardly or outwardly, as inflammations in the
eyes, in the matrix or fundament, in imposthumes also, and hot swellings, to drink the
decoction of the leaves and flowers made with water in wine, or to apply them poultice-wise to
the grieved places: it likewise eases pains in the head, caused through want of sleep; or any
other pains arising of heat, being applied in the same manner, or with oil of roses. A dram
weight of the dried leaves or flower of Violets, but the leaves more strongly, doth purge the
body of choleric humours, and assuages the heat, being taken in a draught of wine, or any
other drink; the powder of the purple leaves of the flowers, only picked and dried and drank in
water, is said to help the quinsy, and the falling-sickness in children, especially in the
beginning of the disease. The flowers of the white Violets ripen and dissolve swellings. The
herb or flowers, while they are fresh, or the flowers when they are dry, are effectual in the
pleurisy, and all diseases of the lungs, to lenify the sharpness in hot rheums, and the
hoarseness of the throat, the heat also and sharpness of urine, and all the pains of the back or
reins, and bladder. It is good also for the liver and the jaundice, and all hot agues, to cool the
heat, and quench the thirst; but the syrup of Violets is of most use, and of better effect, being
taken in some convenient liquor: and if a little of the juice or syrup of lemons be put to it, or a
few drops of the oil of vitriol, it is made thereby the more powerful to cool the heat, and quench
the thirst, and gives to the drink a claret wine colour, and a fine tart relish, pleasing to the
taste. Violets taken, or made up with honey, do more cleanse and cool, and with sugar
contrary-wise. The dried flower of Violets are accounted amongst the cordial drinks, powders,
and other medicines, especially where cooling cordials are necessary. The green leaves are
used with other herbs to make plaisters and poultices to inflammations and swellings, and to
ease all pains whatsoever, arising of heat, and for the piles also, being fried with yolks of eggs,
and applied thereto.
Culpeper - Complete Herbal (1653) – Traduction abraxas

Contrairement au Vétiver, l’émanation de cette plante au parfum doux et sucré féminise en lui
apportant l’élément passif qui lui manquait. Ainsi une femme au rayonnement viril que les
hommes ont tendance à considérer plus comme un « copain » qu’une conquête éventuelle,
gagnera-t-elle à se parfumer de Violette. Cette plante provoque l’amour, puisqu’elle est
Vénusienne et capte le feu intense de cette Sphère (le plan de Yetzirah de Vénus-Netzach),
mais si elle l’attise pendant quelque temps, elle ne lui donne pas la force de la stabilité. Elle
joue davantage sur le désir que sur le sentiment, et lorsque le premier rejoindre le second, elle
le transforme en une passion dévorante qu’elle finit par consumer. Voilà pourquoi il est
déconseillé d’utiliser uniquement la violette pour une affaire amoureuse du moins si on veut la
bâtir sur des bases solides. Si on veut assouvir une relation passionnelle, on obtiendra des
effets remarquables si l’on ajoute de la Primevère.
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

213
Les plantes magiques

IX. La Menthe

Nom scientifique :

Nom commun :

Autre appellation :

Famille :

Genre :

Planète :

Elément :

Signe :

Propriété magique :

Propriété médicale :

Composition
chimique :

kkkkk.

Figure 74 - Mentha piperita. - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen

214
Les plantes magiques

Comment la reconnaitre ?

XXX.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige :;
Feuilles :
Fleurs :
Habitat :

215
Les plantes magiques

Figure 75 - Menta (Menthe) – detail du folio 29r - MS. Ashmolean 1431 Pseudo-Apuleius, Herbal England, St.
Augustine's Abbey, Canterbury; 11th century, c. 1070-1100

216
Les plantes magiques

Of all the kinds of Mint, the Spear Mint, or Heart Mint, being most usual, I shall only describe
as follows:

Descript : Spear Mint has divers round stalks, and long but narrowish leaves set thereon, of a
dark green colour. The flowers stand in spiked heads at the tops of the branches, being of a
pale blue colour. The smell or scent thereof is somewhat near unto Bazil; it encreases by the
root under ground as all the others do.

Place : It is an usual inhabitant in gardens; and because it seldom gives any good seed, the
seed is recompensed by the plentiful increase of the root, which being once planted in a
garden, will hardly be rid out again.

Time : It flowers not until the beginning of August, for the most part.

Government and virtues : It is an herb of Venus. Dioscorides saith it hath a healing, binding
and drying quality, and therefore the juice taken in vinegar, stays bleeding. It stirs up venery,
or bodily lust; two or three branches thereof taken in the juice of four pomegranates, stays the
hiccough, vomiting, and allays the choler. It dissolves imposthumes being laid to with barley-
meal. It is good to repress the milk in women's breasts, and for such as have swollen,
flagging, or great breasts. Applied with salt, it helps the biting of a mad dog; with mead and
honeyed water, it eases the pains of the ears, and takes away the roughness of the tongue,
being rubbed thereupon. It suffers not milk to curdle in the stomach, if the leaves thereof be
steeped or boiled in it before you drink it. Briefly it is very profitable to the stomach. The often
use hereof is a very powerful medicine to stay women's courses and the whites. Applied to the
forehead and temples, it eases the pains in the head, and is good to wash the heads of young
children therewith, against all manner of breakings-out, sores or scabs, therein. It is also
profitable against the poison of venomous creatures. The distilled water of Mint is available to
all the purposes aforesaid, yet more weakly. But if a spirit thereof be rightly and chymically
drawn, it is much more powerful than the herb itself. Simeon Sethi saith, it helps a cold liver,
strengthens the belly, causes digestion, stays vomits and hiccough; it is good against the
gnawing of the heart, provokes appetite, takes away obstructions of the liver, and stirs up
bodily lust; but therefore too much must not be taken, because it makes the blood thin and
wheyish, and turns it into choler, and therefore choleric persons must abstain from it. It is a
safe medicine for the biting of a mad dog, being bruised with salt and laid thereon. The powder
of it being dried and taken after meat, helps digestion, and those that are splenetic. Taken with
wine, it helps women in their sore travail in child-bearing. It is good against the gravel and
stone in the kidneys, and the stranguary. Being smelled unto, it is comfortable for the head
and memory. The decoction hereof gargled in the mouth, cures the gums and mouth that are
sore, and mends an ill-savoured breath; as also the Rue and Coriander, causes the palate of
the mouth to turn to its place, the decoction being gargled and held in the mouth.

The virtues of the Wild or Horse Mint, such as grow in ditches (whose description I purposely
omitted, in regard they are well known) are serviceable to dissolve wind in the stomach, to
help the cholic, and those that are short-winded, and are an especial remedy for those that
have veneral dreams and pollutions in the night, being outwardly applied. The juice dropped
into the ears eases the pains of them, and destroys the worms that breed therein. They are
good against the venomous biting of serpents. The juice laid on warm, helps the king's evil, or
kernels in the throat. The decoction or distilled water helps a stinking breath, proceeding from
corruption of the teeth, and snuffed up the nose, purges the head. Pliny saith, that eating of
the leaves hath been found by experience to cure the leprosy, applying some of them to the
face, and to help the scurf or dandriff of the head used with vinegar. They are extremely bad
for wounded people; and they say a wounded man that eats Mint, his wound will never be
cured, and that is a long day.

217
Les plantes magiques

Menthe :
La menthe verte, la Menthe poivrée, la Menthe des champs la Menthe aquatique compte
parmi les nombreuses espèces de cette plante mercurienne. Elle offre une purification intense
dans les lieux lourdement chargés.
Conseil pratique : Absorbez quelques gouttes d’Essence de Menthe sur un sucre lorsque vous
vous sentez irrité et que votre sommeil est agité. Si la qualité vibratoire d’un lieu vous inquiète,
remplissez un seau d’eau, jetez-y 3 grosses poignées de sel de mer. Puis comptez une
trentaine de gouttes d’Essence de Menthe et avec le mélange obtenu, aspergez le lieu en
ayant soin de bien cerner la pièce, tout le long de chaque mur et déposez celle-ci çà côté du
seau. Vingt quatre heures après, jetez l’eau et l’Ail dans les toilettes.
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

218
Les plantes magiques

X. Le pissenlit

Nom scientifique :

Nom commun : dent de lion,


laitue des chiens, chicorée
sauvage, chicorée jaune,
salade de la taupe, groin de
porc, pourcin, dent de chien,
chiendent, tête de
moine/prêtre, couronne de
moine/prêtre, florin d’or, œil
de bœuf, herbe de ménage,
belle-femme. Mure et
chargé de graine :
chandelle, lanterne,
lampion, bougie, lune,
étoile, éclair, fleur de
tonnerre, belle gueule, tête
de loup, mouton, poil de
chat, plume d’oie, duvet,
ange, barbe de dieu, vol au
vent, sorcier

Autre appellation : Caput


hominis, corona monachi,
morsus demonis, urinaria

Famille : Figure 76 - Taraxacum sect. Ruderalia - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-
Pflanzen
Genre :

Planète :

Elément :

Signe :

Propriété magique :

Propriété médicale :

Composition chimique :

kkkkk.

219
Les plantes magiques

220
Les plantes magiques

Comment la reconnaitre ?

XXX.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige :;
Feuilles :
Fleurs :
Habitat :

221
Les plantes magiques

Figure 77 - Dandelion (Pissenlit) - Folio 8v - MS. Bodleian. 130 Pseudo-Apuleius, Dioscorides, De virtutibus bestiarum
in arte medicinae, in Latin and English England, Bury St. Edmunds; late 11th century.

222
Les plantes magiques

Descript : It is well known to have many long and deep gashed leaves, lying on the ground
round about the head of the roots; the ends of each gash or jag, on both sides looking
downwards towards the roots; the middle rib being white, which being broken, yields
abundance of bitter milk, but the root much more; from among the leaves, which always abide
green, arise many slender, weak, naked, foot-stalks, every one of them bearing at the top one
large yellow flower, consisting of many rows of yellow leaves, broad at the points, and nicked
in with deep spots of yellow in the middle, which growing ripe, the green husk wherein the
flowers stood turns itself down to the stalk, and the head of down becomes as round as a ball:
with long seed underneath, bearing a part of the down on the head of every one, which
together is blown away with the wind, or may be at once blown away with one's mouth. The
root growing downwards exceedingly deep, which being broken off within the ground, will yet
shoot forth again, and will hardly be destroyed where it hath once taken deep root in the
ground.

Place : It grows frequently in all meadows and pasture-grounds.

Time : It flowers in one place or other almost all the year long.

Government and virtues : It is under the dominion of Jupiter. It is of an opening and cleansing
quality, and therefore very effectual for the obstructions of the liver, gall and spleen, and the
diseases that arise from them, as the jaundice and hypocondriac; it opens the passages of the
urine both in young and old; powerfully cleanses imposthumes and inward ulcers in the urinary
passage, and by its drying and temperate quality doth afterwards heal them; for which purpose
the decoction of the roots or leaves in white wine, or the leaves chopped as pot-herbs, with a
few Alisanders, and boiled in their broth, are very effectual. And whoever is drawing towards a
consumption or an evil disposition of the whole body, called Cachexia, by the use hereof for
some time together, shall find a wonderful help. It helps also to procure rest and sleep to
bodies distempered by the heat of ague fits, or other wise. The distilled water is effectual to
drink in pestilential fevers, and to wash the sores.

You see here what virtues this common herb hath, and that is the reason the French and
Dutch so often eat them in the Spring; and now if you look a little farther, you may see plainly
without a pair of spectacles, that foreign physicians are not so selfish as ours are, but more
communicative of the virtues of plants to people

Pissenlit:
Mercure le gouverne; il lui donne le pouvoir de calmer les nerfs, d’améliorer l’activité mentale,
de favoriser aussi bien les jeux que le commerce.
conseil pratique: Avant des examens, faire brûler du Pissenlit avec du Benjoin. Utilisez-e
régulièrement dans votre local commercial avec de la Manne, du Thym et du gui
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

223
Les plantes magiques

Eugène Rolland238 rapporte un nombre impressionnant d’us et coutume liés au


pissenlit, tous liés à des présages et des oracles, il indique qu’on appelait le fruit du
pissenlit le voleur, et si quelqu’un le touchait il serait volé dans l’année. On pensait
également que le simple fait de toucher le pissenlit en fleurs pouvait apporter le
malheur

On soufflait le pissenlit pour savoir si l’on était aimé, si toutes les graines s’envolaient
du premier coup, on été aimé, si il en restait quelques-unes on été appréciait et si il
en restait beaucoup l’autre nous été indifférent . On disait également que si quelqu’un
n’était pas capable de souffler le pissenlit d’un coup c’est qu’il été trompé, ou qu’il
n’était pas aimé. Si une fille n’était pas capable de souffler d’un seul coup, c’est
qu’elle n’était pas prête pour le mariage, et le nombre de reprise indiquait le nombre
d’année avant qu’elle ne se marie, on pensait également que s’il ne restait qu’un
fragment d’aigrette c’était signe de bataille entre ses amoureux rivaux. Si au contraire
elle soufflait d’un seul coup, c’est qu’elle était encore vierge, ou bien qu’elle aurait
prochainement un habit neuf, ou de la couleur de son choix. D’une manière générale
si une personne soufflait l’aigrette d’un seul coup, c’est qu’elle sera heureuse dans
tout ce qu’elle entreprendra, qu’elle sera marié dans l’année, qu’elle recevra sous
peu une bonne nouvelle, qu’elle est aimé, qu’elle sera heureuse en mariage ou
encore qu’elle dit la vérité. En soufflant le pissenlit la direction des aigrettes données
des indications sur un prochain mariage : si elles volaient à droite on se marierait
bientôt, si elle volaient à gauche il y aurait des obstacles, si elle volaient vers soi ou
montait en l’air on été aimé, si elles s’éloignait ou descendait c’était le contraire, si
elle se dirigeait vers une autre fille c’était signe que celle-ci prendrait l’amant de celle
qui soufflait, ou que cette dernière se marierait dans l’année. La direction des
aigrettes pouvaient également donné des indications plus factuel sur le futur époux,
s’il serait blond ou bruns, qu’elle métier il exercerait

De même pour prévoir le temps qu’il ferait, si le duvet montait en l’air c’était signe de
beau temps, s’il descendait c’était signe qu’il allait pleuvoir, si on arrivait pas à
souffler d’un coup c’était signe qu’il allait pleuvoir.

D’une manière générale le pissenlit était un signe de bonheur ou de malheur, ainsi si


une aigrette porté par le vent se dirigeait vers quelqu’un c’était pour lui signe de
bonheur, si le duvet montait c’était signe de bonheur, s’il descendait signe de
malheur

On faisait de frisettes, c’est à dire fendait la tige en quatre et on la mettait dans l’eau
ou elle se recroquevillait. On utilisait également cette caractéristique de la tige pour
savoir si la personne à coté était hostile en mettant la tige dans l’eau avec son fruit, si
la tige se tortillait, c’est que la personne à coté était hostile.

On faisait des petites trompettes avec la tige qu’on appelait contélèro ou en encore
piperèl, en la cueillant on disait « tchérimandri » ou encore « Pinto, pinto, pinto, si
t’siffles bin ; J’te béra du bon vin ; Si t’siffles pas bin, J’te béra du pissa d’cavalo ».

238
Tome VII – p190-196

224
Les plantes magiques

On disait également que si une fille faisait crever cette trompette en soufflant dedans,
alors un garçon lui ferait un enfant dans l’année sans qu’elle soit mariée.

225
Les plantes magiques

XI. L’Aigremoine

Nom
scientifique :

Nom commun :

Autre
appellation :

Famille :

Genre :

Planète :

Elément :

Signe :

Propriété
magique :

Propriété
médicale :

Composition
chimique :

kkkkk.

Figure 78 - Agrimonia Eupatoria, Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé Flora von Deutschland, Österreich und
der Schweiz 1885, Gera, Germany

226
Les plantes magiques

Comment la reconnaitre ?

XXX.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige :;
Feuilles :
Fleurs :
Habitat :

227
Les plantes magiques

Figure 79 - MS. Bodleian. 130 Pseudo-Apuleius, Dioscorides, Herbals (extracts); De virtutibus bestiarum in arte
medicinae, in Latin and English England, Bury St. Edmunds; late 11th century – Aigremoine – Fol. 47r

228
Les plantes magiques

Descript : This has divers long leaves (some greater, some smaller) set upon a stalk, all of
them dented about the edges, green above, and greyish underneath, and a little hairy withal.
Among which arises up usually but one strong, round, hairy, brown stalk, two or three feet
high, with smaller leaves set here and there upon it. At the top thereof grow many small yellow
flowers, one above another, in long spikes; after which come rough heads of seed, hanging
downwards, which will cleave to and stick upon garments, or any thing that shall rub against
them. The knot is black, long, and somewhat woody, abiding many years, and shooting afresh
every Spring; which root, though small, hath a reasonable good scent.

Place : It grows upon banks, near the sides of hedges.

Time : It flowers in July and August, the seed being ripe shortly after.

Government and virtues : It is an herb under Jupiter, and the sign Cancer; and strengthens
those parts under the planet and sign, and removes diseases in them by sympathy, and those
under Saturn, Mars and Mercury by antipathy, if they happen in any part of the body governed
by Jupiter, or under the signs Cancer, Sagitarius or Pisces, and therefore must needs be good
for the gout, either used outwardly in oil or ointment, or inwardly in an electuary, or syrup, or
concerted juice: for which see the latter end of this book.

It is of a cleansing and cutting faculty, without any manifest heat, moderately drying and
binding. It opens and cleanses the liver, helps the jaundice, and is very beneficial to the
bowels, healing all inward wounds, bruises, hurts, and other distempers. The decoction of the
herb made with wine, and drank, is good against the biting and stinging of serpents, and helps
them that make foul, troubled or bloody water.

This herb also helps the cholic, cleanses the breast, and rids away the cough. A draught of the
decoction taken warm before the fit, first removes, and in time rids away the tertian or quartan
agues. The leaves and seeds taken in wine, stays the bloody flux; outwardly applied, being
stamped with old swine's grease, it helps old sores, cancers, and inveterate ulcers, and draws
forth thorns and splinters of wood, nails, or any other such things gotten in the flesh. It helps to
strengthen the members that be out of joint: and being bruised and applied, or the juice
dropped in it, helps foul and imposthumed ears.

The distilled water of the herb is good to all the said purposes, either inward or outward, but a
great deal weaker.

It is a most admirable remedy for such whose livers are annoyed either by heat or cold. The
liver is the former of blood, and blood the nourisher of the body, and Agrimony a strengthener
of the liver.

I cannot stand to give you a reason in every herb why it cures such diseases; but if you please
to pursue my judgment in the herb Wormwood, you shall find them there, and it will be well
worth your while to consider it in every herb, you shall find them true throughout the book.

Aigremoine:
Belle feuilles régulières, fleurs jaunes, longues tiges, c’est l’Aigremoine que les anciens
appelaient “Eupatoire”. De nature jupitérienne, elle canalise l’Elément Eau et s’avère propice
pour tout ce qui concerne le domaine régi par cette Sphère. L’accès à un emploi, une
promotion dans la profession, de meilleures relations avec les banquiers, une amélioration de
la position sociale seront obtenues par un usage approprié de cette plante. Dans le temps,
elle jouait un rôle important dans les procès, elle symbolisait la justice. Si les feuilles
d’Aigremoine, tendues devant le juge vers le suspect, penchaient vers le sol et se fanaient, on
était à coup sûr en présence d’un sorcier… Drôle de justice!!!
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

229
Les plantes magiques

XII. Le Thym et Le Serpolet

Nom scientifique :

Nom commun :

Autre appellation :

Famille :

Genre :

Planète :

Elément :

Signe :

Propriété magique :

Propriété médicale :

Composition chimique :

kkkkk.

Figure 80 - Thymus serpyllum - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-


Pflanzen

230
Les plantes magiques

Comment la reconnaitre ?

XXX.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige :;
Feuilles :
Fleurs :
Habitat :

231
Les plantes magiques

Historique

XXXI. [1] Même nombre de thyms : l'un blanc, l'autre foncé. Le thym fleurit vers le solstice
d'été; alors les abeilles viennent à la récolte, et c'est un présage pour le miel : en effet, les
apiculteurs espèrent un bon produit quand la floraison du thym est abondante. Les pluies lui
nuisent, et en font tomber la fleur. On ne peut apercevoir la graine du thym, et cependant la
graine de l'origan, très petite, n'échappe pas à la vue. Mais qu'importe que la nature l'ait
cachée? On sait qu'elle est dans la fleur; on sème celle-ci, et la plante se multiplie. Que n'ont
pas tenté les hommes? Le miel de l'Attique passe pour le meilleur du monde entier :

[2] on a donc transplanté du thym de l'Attique, plante qu'à grande peine, comme nous disons,
on reproduit par sa fleur. Mais une autre condition naturelle rendit vaines ces tentatives : le
thym de l'Attique ne vit qu'a proximité des exhalaisons marines. Autrefois on pensait qu'il en
était ainsi de toute espèce de thym, et que pour cette raison il n'en venait pas en Arcadie.
Alors on croyait aussi qu'à plus de trois cents stades de la mer l'olivier ne poussait pas (XV,
1). Aujourd'hui nous savons que dans la province Narbonnaise les campagnes pierreuses
sont remplies de thym ; c'est presque le seul revenu du pays, des milliers de moutons y
venant de contrées lointaines paître cette plante.

[…]

LXXXIX. [1] Le thym doit être cueilli en fleur et séché à l'ombre. Il y en a de deux sortes : le
blanc, à racine ligneuse, et croissant sur les coteaux; il est plus estimé; l'autre, qui est plus
foncé et porte des fleurs noirs. L'un et l'autre passent pour très propres à éclaircir la vue, pris
soit dans les aliments, soit dans les médicaments; préparés de même, ils sont bons contre la
toux invétérée. En loch, avec du vinaigre et du sel, Ils facilitent l'expectoration; avec du miel,
ils dissolvent les grumeaux de sang;

[2] appliqués extérieurement avec de la moutarde, ils diminuent les fluxions chroniques de la
gorge, ainsi que les affections de l'estomac et du ventre. Toutefois il faut en user modérément,
parce qu'ils échauffent. Ils resserrent le ventre. S'il y a des ulcérations dans les intestins, il faut
en mettre le poids d'un denier (2 gr., 85) dans un setier (0 Iltr., 54) de vinaigre et de miel;
même précaution si la douleur est dans le côté, ou entre les épaules ou dans la poitrine. Dans
du vinaigre avec du miel, ils sont avantageux pour les affections des hypocondres: cette
potion se donne aussi dans l'aliénation mentale et dans la mélancolie.

[3] On la donne dans l'épilepsie; lors de l'accès, l'odeur du thym fait revenir les malades. On
dit même que les épileptiques doivent dormir sur du thym mollet. Le thym soulage dans
l'orthopnée, dans l'asthme et dans les retards des règles. Il expulse les foetus morts, bouilli
dans de l'eau jusqu'à réduction du tiers: aux hommes on le donne, avec du miel et du vinaigre,
contre les flatuosités comme aussi contre les gonflements du ventre et des testicules, et
contre les douleurs de vessie; appliqué avec du vin, il guérit les tumeurs et les fluxions; avec
du vinaigre, les callosités et les verrues. On l'applique avec du vin, dans la coxalgie; pilé avec
de l'huile et versé sur de la laine, dans les maladies articulaires et dans les luxations. On en
fait prendre en boisson dans les maladies articulaires, à la dose de trois oboles (2 gr., 25),
dans trois de vinaigre et de miel ; pilé avec du sel, dans l'anorexie.

Pline - Histoire Naturelle (Livre XXI – XXXI & LXXXIX.)

232
Les plantes magiques

Utilisation Magique

Il est sous la domination de venus, et sous le signe du bélier, et par conséquent


principalement associé à la tête. Il provoque l’urine et les règles, et soulage les douleurs
ventrales, les crampes, les ruptures et les inflammations du foie. Si vous faites un vinaigre de
cette herbe, de la même manière qu’on fabrique un vinaigre de rose […] et anointer la tête
avec, cela stoppe la douleur de cette dernière. C’est également particulièrement bon à utiliser
pour la léthargie ou la frénésie, bien que ce soit deux maladies opposées. Il aide a évacuer le
sang, la toux et les vomissements ; il renforce la tête, l’estomac, les reins et la matrice, chasse
le vents et casse les caillots.
Culpeper - Complete Herbal (1653) – Traduction abraxas

Les Eléments Solaires vibrent dans cette plante. Protection, vigueur, éclat, richesse: telles
sont les propriétés du Thym. Ses émanations, lorsqu’il crépite sur des charbons ardents,
chassent les influences néfastes, assainissent l’environnement et dégagent le mental lorsque
celui-ci se laisse envahir par la tristesse. Le Thym renforce les pouvoirs du Tilleul, du
Romarin, de la Lavande.
Conseil pratique: Avant de vous coucher, brûlez du Thym et du Tilleul tandis que quelques
gouttes d’Essence de Menthe et de Lavande embaumeront les tissus de votre chambre…
Associé à de la Manne, du Gui et de l’Oranger, le Thym fait affluer l’argent
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

Figure 81 - Serpillos (Thym) – detail du folio 32v - MS. Ashmolean 1431 Pseudo-Apuleius, Herbal England, St.
Augustine's Abbey, Canterbury; 11th century, c. 1070-1100

233
Les plantes magiques

Figure 82 - Flore : serpolet - Bartholomaeus mini, tractatus de herbis , 15ème siècle, Latin 6822, fol. 123v.

234
Les plantes magiques

dioscoride, sur la matière médicale (trad. abû sâlim al-malatî), 12ème siècle, Arabe 4947, fol.
57v, Flore : thym

235
Les plantes magiques

XIII. La Lavande

Nom scientifique :

Nom commun :

Autre appellation :

Famille :

Genre :

Planète :

Elément :

Signe :

Propriété magique :

Propriété médicale :

Composition chimique :

kkkkk.

Figure 83 - Lavendula Angustifolia, Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-


Pflanzen.

236
Les plantes magiques

Comment la reconnaitre ?

XXX.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige :;
Feuilles :
Fleurs :
Habitat :

237
Les plantes magiques

Being an inhabitant almost in every garden, it is so well known, that it needs no description.

Time : It flowers about the end of June, and beginning of July.

Government and virtues : Mercury owns the herb; and it carries his effects very potently.
Lavender is of a special good use for all the griefs and pains of the head and brain that
proceed of a cold cause, as the apoplexy, falling-sickness, the dropsy, or sluggish malady,
cramps, convulsions, palsies, and often faintings. It strengthens the stomach, and frees the
liver and spleen from obstructions, provokes women's courses, and expels the dead child and
after-birth. The flowers of Lavender steeped in wine, helps them to make water that are
stopped, or are troubled with the wind or cholic, if the place be bathed therewith. A decoction
made with the flowers of Lavender, Hore-hound, Fennel and Asparagus root, and a little
Cinnamon, is very profitably used to help the falling-sickness, and the giddiness or turning of
the brain: to gargle the mouth with the decoction thereof is good against the tooth-ache. Two
spoonfuls of the distilled water of the flowers taken, helps them that have lost their voice, as
also the tremblings and passions of the heart, and faintings and swooning, not only being
drank, but applied to the temples, or nostrils to be smelled unto; but it is not safe to use it
where the body is replete with blood and humours, because of the hot and subtile spirits
wherewith it is possessed. The chymical oil drawn from Lavender, usually called Oil of Spike,
is of so fierce and piercing a quality, that it is cautiously to be used, some few drops being
sufficient, to be given with other things, either for inward or outward griefs

La lavande a la merveilleuse propriété d’être le canal de plusieurs Sphères cosmiques et


d’offrir par voir de conséquence des bienfaits insoupçonnés. Traditionnellement attribué à
Mercure, elle véhicule en premier saturne-Binah. Cette plante règne en maîtresse dans tous
les rituels où l’Aspect MERE de l’Univers est évoqué: rituels Isiaques au pouvoirs immense et
aux conséquences bénéfiques infinies! La lavande est bénéfique aux enfants, très liés à leurs
mère par les lois de la nature, en les protégeant et en leur apportant un environnement
agréable sur le plan des émotions et propice à leur épanouissement et à leurs croissance. La
Lavande nettoie donc les astralités humaine, efface les angoisses, favorise l’aménité, la
douceur, restructure profondément un psychisme délabré et permet un sommeil apaisé.
Conseil pratique: Elle entre dans la composition d’onguents destinés à guérir des plaies
éthériques. Boire chaque jour quelques gouttes d’Essence de Lavande, en asperger la
chambre à coucher est un remède à bien des maux de nature occulte. Ses émanations
attireront dans le foyer des énergies de joie, d’entente et de paix. Ne pas oublier que la
Lavande constitue, avec le Basilic, l’ingrédient de base de toute demande de guérison. Si
vous voyez que de gros nuages noirs s’amoncèlent au dessus de votre couple, et que vous
voulez calmer la violence latente de votre partenaire (que ce soit un homme ou une femme),
ajouter à votre parfum ou à votre eau de toilette habituelle quelques gouttes d’Essence de
Lavande. Son action est aussi remarquablement efficace auprès des nouveaux-nés, des
malades et des mourants.
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

238
Les plantes magiques

XIV. La Valériane

Nom scientifique : Valeriana


Officinalis

Nom commun :

Autre appellation : Valentia


(Diosc.), Valeriana, erba
benedicta, amantillia, dania,
morsus diaboli, marinella,
theriacaria, amantisia, serpillum
majus, herba gattae, herba
sanetae clarae, maturella, sacti
georgii herba, cardiaca, valeriana
minor, nardus sylvestris,herbe
aux chats, herbe à chat, herbe
aux coupures, guérit tout, herbe à
douleur, langue d’oie, herbe du
loup, chasse puce, herbe notre
dame, herbe de saint-sébastien.

Famille :

Genre :
Figure 84 - Valeriana Officinalis, Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-
Planète : Pflanzen

Elément :

Signe :

Propriété magique :

Propriété médicale :

Composition chimique :

kkkkk.

239
Les plantes magiques

Comment la reconnaitre ?

XXX.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige :;
Feuilles :
Fleurs :
Habitat :

240
Les plantes magiques

Descript : This hath a thick short greyish root, lying for the most part above ground, shooting
forth on all other sides such like small pieces of roots, which have all of them many long green
strings and fibres under them in the ground, whereby it draws nourishment. From the head of
these roots spring up many green leaves, which at first are somewhat broad and long, without
any divisions at all in them, or denting on the edges; but those that rise up after are more and
more divided on each side, some to the middle rib, being winged, as made of many leaves
together on a stalk, and those upon a stalk, in like manner more divided, but smaller towards
the top than below; the stalk rises to be a yard high or more, sometimes branched at the top,
with many small whitish flowers, sometimes dashed over at the edges with a pale purplish
colour, of a little scent, which passing away, there follows small brownish white seed, that is
easily carried away with the wind. The root smells more strong than either leaf or flower, and is
of more use in medicines.

Place : It is generally kept with us in gardens.

Time : It flowers in June and July, and continues flowering until the frost pull it down.

Government and virtues : This is under the influence of Mercury. Dioscorides saith, That the
Garden Valerian hath a warming faculty, and that being dried and given to drink it provokes
urine, and helps the stranguary. The decoction thereof taken, doth the like also, and takes
away pains of the sides, provokes women's courses, and is used in antidotes. Pliny saith, That
the powder of the root given in drink, or the decoction thereof taken, helps all stoppings and
stranglings in any part of the body, whether they proceed of pains in the chest or sides, and
takes them away. The root of Valerian boiled with liquorice, raisins, and anniseed, is singularly
good for those that are short-winded, and for those that are troubled with the cough, and helps
to open the passages, and to expectorate phlegm easily. It is given to those that are bitten or
stung by any venomous creature, being boiled in wine. It is of a special virtue against the
plague, the decoction thereof being drank, and the root being used to smell to. It helps to
expel the wind in the belly. The green herb with the root taken fresh, being bruised and applied
to the head, takes away the pains and prickings there, stays rheum and thin distillation, and
being boiled in white wine, and a drop thereof put into the eyes, takes away the dimness of the
sight, or any pin or web therein. It is of excellent property to heal any inward sores or wounds,
and also for outward hurts or wounds, and drawing away splinters or thorns out of the flesh

Valériane:
C’est un Feu doux et pur qui dirige les vibrations de la valériane. Solaire, donc, elle apporte
l’harmonie et calme les maladies cardiaques. Elle influence ainsi la pression du sang, éloigne
les angoisses et, de son Feu pur, transmute le Feu négatif de la colère et la nervosité. La
Valériane est donc excellente pour vaincre les dépressions nerveuses et les mélancolies. De
plus, elle crée, autour de celui qui en fait un usage magique, un mur de dissuasion de nature
élémetale Feu et Air. Ainsi les personnes indésirables ne s’approcheront pas d’elles-mêmes
de l’utilisateur.
Conseil pratique: A brûler avec du Basilic et de la Menthe pour vaincre les dépressions
nerveuses, les grandes angoisses, le désespoir, etc… Si vous souhaitez éloigner une
personne de votre domicile (parce qu’elle vous ennuie ou vous perturbe du point de vue
occulte), brûlez alors de la Valériane avec de l’Encens pur ou pontifical.
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

241
Les plantes magiques

XV. La Pervenche

Nom scientifique :

Nom commun :

Autre appellation :

Famille :

Genre :

Planète :

Elément :

Signe :

Propriété magique :

Propriété médicale :

Composition chimique :

kkkkk.

Figure 85 - Vinca minor, Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé Flora von Deutschland, Österreich
und der Schweiz 1885, Gera, Germany

242
Les plantes magiques

Comment la reconnaitre ?

XXX.

Caractéristique Botanique :
Plante vivace,
Tige :;
Feuilles :
Fleurs :
Habitat :

243
Les plantes magiques

Descript : The common sort hereof hath many branches trailing or running upon the ground,
shooting out small fibres at the joints as it runs, taking thereby hold in the ground, and rooteth
in divers places. At the joints of these branches stand two small, dark-green, shining leaves,
somewhat like bay leaves, but smaller, and with them come forth also the flowers (one at a
joint) standing upon a tender foot-stalk, being somewhat long and hollow, parted at the brims,
sometimes into four, sometimes into five leaves. The most ordinary sorts are of a pale blue
colour; some are pure white, some of a dark reddish purple colour. The root is little bigger than
rush, bushing in the ground, and creeping with his branches far about, whereby it quickly
possesses a great compass, and is therefore most usually planted under hedges where it may
have room to run.

Place : Those with the pale blue, and those with the white flowers, grow in woods and
orchards, by the hedge-sides, in divers places of this land; but those with the purple flowers, in
gardens only.

Time : They flower in March and April.

Government and virtues : Venus owns this herb, and saith, That the leaves eaten by man and
wife together, cause love between them. The Periwinkle is a great binder, stays bleeding both
at mouth and nose, if some of the leaves be chewed. The French used it to stay women's
courses. Dioscorides, Galen, and ægineta, commend it against the lasks and fluxes of the
belly to be drank in wine.

Comme toutes fleurs et plantes lunaires, la Pervenche est employée en Magie pour inciter au
mariage protéger le foyer, les épouses et les enfants.
De l'usage des herbes, poudres et encens en magie, Mikael d'Estissac

244
Les plantes magiques

Plan suivant possible ( ?) :

La Marjolaine,
La Bardane
La Rue

7. Les arbres Magiques

7.1 Le Sureau
7.2 Le Bouleau
7.3 Le noisetier
7.4 Le Chêne

245
Les plantes magiques

Glossaire
Analgésique : qui diminue la douleur
Antibactérienne : qui lutte contre les bactéries
Antipurigineux : qui lutte contre les démangeaisons
Antispasmodique : qui lutte contre les spasmes (contraction involontaire), lutte contre
les crampes.
Antivirale : qui luttre contre les virus
Anxiolytique : qui lutte contre la dépression
Apéritive : qui donne de l’appétit
Astringent : qui resserre les tissus de la peau

Béchique : qui calme est combat la toux

Carminative : qui élimine les gaz intestinaux


Cholagogue : qui facilite l'évacuation de la bile
Cholérétique : augmente la sécrétion de bile

Dépurative : augmente l’élimination des déchets


Diurétique : augmente la production d’urine

Emétique : qui provoque des vomissements


Emolliente : adoucis, amollis les tissus (la peau)
Emménagogue (gr. Emmênos : amenant) qui provoque les règles
Eupeptique : qui favorise la digestion
Expectorante : qui fait tousser

Fébrifuge : diminue la fièvre

Hémostatique : arrête l’écoulement du sang


Hypoglycémiante : qui diminue le taux de sucre
Hypotensive : qui diminue la pression artérielle

Neuro-sédative : qui calme les douleurs des nerfs

Pectorale : se dit d’un produit luttant contre les affections pulmonaires.


Photo sensibilisatrice : qui augmente la sensibilité au soleil
Purgative : qui purge le corps

Stomachique (favorise la digestion) et


Sédative : qui calme le système nerveux, qui tranquilise

Tonique : (gr. Tonikos : ) fortifie l’organisme, donne du tonus, en application externe


purifie et rafraichie la peau.

Vasodilatatrice : qui dilate les vaisseaux sanguins


Vermifuge : qui élimine les parasite intestinaux
Vulnéraire : (lat Vulnus : Blessure) aidant à la cicatrisation des plaies

246
Les plantes magiques

Index des plantes

247
Les plantes magiques

Figure 86 - Esculape découvrant la bétoine – Facsimilé du


manuscrit d’Antonius Musa

248
Les plantes magiques

Table des illustrations


Figure 1: Mandragore d’après le manuscrit Hortus Sanitatis, Mainz : Jacob Meydenbach, 1491.
Collection National Library of Medicine ................................................................................................... 1
Figure 2: Galien et Hippocrate - Peinture murale du XIIe siècle – AGNANI – Italie ............................ 10
Figure 3 - Séchage de plantes dans une grange, (c) Abraxas.............................................................. 35
Figure 4 - Jardin d'herbe aromatique, dans le jardin Botanique de Faial à Horta (acores), Portugal,
Wikimedia Commons ............................................................................................................................. 36
Figure 5 - Pannier de thym serpollet, (C) Abraxas ................................................................................ 49
Figure 6 - Français 599, fol. 16v, Médée pratiquant la magie ............................................................... 59
Figure 7 - Guirlande sur une statue d'Hanuman, Wikimedia Commons ............................................... 61
Figure 8 - Beltaine - Illustration par Julia Helen Jeffrey ........................................................................ 62
Figure 9 - vaulx (j. de), premières oeuvres , 1483 BNF Français 150, fol. 4, Éléments et humeurs .... 80
Figure 10 - Médecin pratiquant une saignée sur un patient. Aryballe attique à figures rouges v. 480-
470 av. J.-C., Musée du Louvre ............................................................................................................ 81
Figure 11 - Arbre de vie kabbalistique d'après la Golden Dawn - illus. issus de "The Complete Golden
Dawn" par Israel Regardie. ................................................................................................................... 95
Figure 12 - Kudurru de Nazi-Maruttash, roi de Babylone - Musée du Louvre (XIIIème av. JC) .......... 96
Figure 13 - Zodiac Man.- Johannes de Ketham- Fasiculo de medicina. (Venice: Gregori, 1493).
....................................................................................................................... Erreur ! Signet non défini.
Figure 14 - L’Homme Zodiacal - Les très riches heures du Duc de Berry – 1412 - (Musée de Chantilly
............................................................................................................................................................. 100
Figure 15 - Carte céléste du Macrocosme – Miniature d’ouverture du Zubdat al-Tawarikh (Histoire du
Monde), 1583 - Topkapi Palace Museum ........................................................................................... 102
Figure 16 - Hypericum Perforatum - Otto Wilhelm Thome, Flora von Deutschland, 1905.................. 107
Figure 17 - Millepertuis en fleur dans un champ, (C) Abraxas ............................................................ 108
Figure 18 – Herbarium 14ème-15ème siècle, BNF Hébreu 1199, fol. 45, Flore : millepertuis ................ 111
Figure 19 - Millerpetuis, livre des simples médecines, vers 1520-1530, BNF Français 12322, fol. 141v.
............................................................................................................................................................. 116
Figure 20 - Deux illustrations de la plante comme "chasse démon", Fuga démonum, A Droite :
Herbarium 15ème siècle, BNF Latin 17844, fol. 126, à Gauche :Herbarium 15ème siècle, BNF Latin
17848, fol. 82v, texte : ypericon alii fuga demon ................................................................................. 118
Figure 21 - Page de De materia Medicis de Disoscure sur la bétoine– D’après le manuscript de Naples
............................................................................................................................................................. 124
Figure 22 - Betoyne – detail du folio 3v - MS. Ashmolean 1431 Pseudo-Apuleius, Herbal England, St.
Augustine's Abbey, Canterbury; 11th century, c. 1070-1100 .............................................................. 125
Figure 23 - Bétoine - antonius musa, de herba vettonica– folio 20v - Lat. 6862, , Bibl. Nat, Paris..... 125
Figure 24 - Esculape découvrant la bétoine - antonius musa, de herba vettonica - Lat. 6862, folio 18
vo, Bibl. Nat, Paris ............................................................................................................................... 126
Figure 25 - Bétoine, différente illustration issus d’herbier ; en haut à droite: Herbarium, BNF Latin
17848, fol. 68v, en haut à gauche :Herbarium 15ème siècle, BNF Latin 17844, fol. 32, en
bas:Herbarium 15ème siècle, BNF Latin 17844, fol. 111v. ................................................................. 130
Figure 26 - Armoise - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen ........................................... 131
Figure 27 Armoise - Folio 8r - MS. Bodleian. 130 Pseudo-Apuleius, Dioscorides, Herbals; De virtutibus
bestiarum in arte medicinae, in Latin and English England, Bury St. Edmunds; late 11th century .... 136
Figure 28 - Armoise d’après le Dioscoride de Vienne - Codex Vindobonensis med. Gr. 1 (fol. 20 verso)
............................................................................................................................................................. 137
Figure 29 - Le centaure Chiron et la déesse artémis/diane tenant deux plantes du genre Artemisia –
détail du Folio 18r- MS. Ashmole 1462 - Miscellaneous medical and herbal texts, in Latin England, late
12th century ......................................................................................................................................... 138
Figure 30 - Bald Laeceboc - détail d'une page fac-similé éxtraite de Cockayne, Oswald. 1863.
Leechdoms, Wortcunning and Starcraft of Early England .................................................................. 142
Figure 31 – Charme des neufs Herbes (160r-163v) - Folio 161v - Ms Harley 585 - fin du Xème début
du XIème. ............................................................................................................................................ 143
Figure 32 - Achillea Millefolium - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen.......................... 151
Figure 33 - Achilles éduqué par le centaure Chiron, (IIème siècle après JC) Peinture murale, Museo
Archeologico, Napoli, Inv 9109. ........................................................................................................... 154
Figure 34 - Achille pansant Patrocle atteint par une flèche, Médaillon d'un kylix attique à figures
rouges, v. 500 av. J.-C, Altes Museum – Berlin .................................................................................. 154

249
Les plantes magiques

Figure 35 - Achillée millefeuille – détail du folio 26v - MS. Bodleian. 130 Pseudo-Apuleius,
Dioscorides, Herbals; De virtutibus bestiarum in arte medicinae, in Latin and English England, Bury St.
Edmunds; late 11th century ................................................................................................................. 155
Figure 36 - Achille et Chiron, Amphore "nicosthénienne" à figures rouges, Signée par Pamphaios,
Vers 525 - 515 avant J.-C, Musée du Louvre...................................................................................... 157
Figure 37 - Flore : achillée livre des simples médecines, 15ème siècle, Français 1310, fol. 33 . Erreur !
Signet non défini.
Figure 38 - Huile essentielle d'Achillea Millefolium, wikimedia Commons .......................................... 168
Figure 39 - Salvia Officinalis - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen .............................. 169
Figure 40 - Verbena officinalis- A. Masclef Atlas des plantes de France. 1891 .................................. 175
Figure 41 - Columbaris (Verveine) – détail du Folio 6r - MS. Ashmolean 1431 Pseudo-Apuleius, Herbal
England, St. Augustine's Abbey, Canterbury; 11th century, c. 1070-1100. ........................................ 177
Figure 42 - Buste de Sérapis. Marbre, copie romaine d'un original grec du IVe siècle av. J.-C. qui se
trouvait dans le Sérapéion d'Alexandrie - Musée du Vatican .............................................................. 179
Figure 43 – Fac-similé du Simpulum décrit par Bochat et tiré de son ouvrage (Mémoire critique) - les
personnages représenté sont clairement des divinités gréco-romaines ............................................. 180
Figure 44 - Herbarium 15ème siècle Latin 17844, fol. 19, Flore : verveine. Inscription : herba berbena
sive erba sancti johanis ....................................................................................................................... 183
Figure 45 - Verveine Herbier du Pseudo-Apulée – folio 26v - Lat. 6862, , Bibl. Nat, Paris................. 187
Figure 46 - Cimaruta - Encyclopedia of Wicca and witchcraft, Raven Grimassi. ................................ 193
Figure 47 - Chamaemelum nobile- Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen ...................... 199
Figure 48 - Camemelos (camomille) – détail du folio142v - Ps . Dioscoride, De herbis femininis,
Vienne, Osterreichische Bibliothek, ms. 93. ........................................................................................ 201
Figure 49 – Camomille - Herbier du Pseudo-Apulée – folio 40r - Lat. 6862, , Bibl. Nat, Paris ........... 202
Figure 50 - Mentha piperita. - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen .............................. 214
Figure 51 - Menta (Menthe) – detail du folio 29r - MS. Ashmolean 1431 Pseudo-Apuleius, Herbal
England, St. Augustine's Abbey, Canterbury; 11th century, c. 1070-1100 ......................................... 216
Figure 52 - Taraxacum sect. Ruderalia - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen ............. 219
Figure 53 - Dandelion (Pissenlit) - Folio 8v - MS. Bodleian. 130 Pseudo-Apuleius, Dioscorides, De
virtutibus bestiarum in arte medicinae, in Latin and English England, Bury St. Edmunds; late 11th
century. ................................................................................................................................................ 222
Figure 54 - Agrimonia Eupatoria, Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé Flora von Deutschland, Österreich und
der Schweiz 1885, Gera, Germany ..................................................................................................... 226
Figure 55 - MS. Bodleian. 130 Pseudo-Apuleius, Dioscorides, Herbals (extracts); De virtutibus
bestiarum in arte medicinae, in Latin and English England, Bury St. Edmunds; late 11th century –
Aigremoine – Fol. 47r .......................................................................................................................... 228
Figure 56 - Thymus serpyllum - Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen ........................... 230
Figure 57 - Serpillos (Thym) – detail du folio 32v - MS. Ashmolean 1431 Pseudo-Apuleius, Herbal
England, St. Augustine's Abbey, Canterbury; 11th century, c. 1070-1100 ......................................... 233
Figure 58 - Flore : serpolet - Bartholomaeus mini, tractatus de herbis , 15ème siècle, Latin 6822, fol.
123v. .................................................................................................................................................... 234
Figure 59 - Lavendula Angustifolia, Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen. .................... 236
Figure 60 - Valeriana Officinalis, Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen.......................... 239
Figure 61 - Vinca minor, Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé Flora von Deutschland, Österreich und der
Schweiz 1885, Gera, Germany ........................................................................................................... 242
Figure 62 - Esculape découvrant la bétoine – Facsimilé du manuscrit d’Antonius Musa ................... 248

250
Les plantes magiques

Bibliographie
Histoire
Histoire naturelle de Pline – Traduction par M. E Littré - Dubochet, 1848

Magie des plantes


Encyclopédie des plantes magiques, Scott Cunningham – Edition ADA
Les Plantes Sorcières - Traité De Phytothérapie Traditionnelle, Pierre Manoury –
Editions Librairie de l’inconnue
Herbarius: recherches sur le cérémonial usité chez les anciens pour la cueillette des
simples et des plantes magiques, Armand Delatte – Faculté de Philosophie et Lettres
de Liège – 1938
Les Plantes magiques. Botanique occulte, constitution secrète des végétaux, vertus
des simples, médecine hermétique, philtres, onguents, breuvages magiques,
teintures, arcanes, élixirs spagyriques; Paul sédir - Chacornac, 1902

Phytothérapie
Phytothérapie la santé par les plantes, collectif - Editions "Sélection du Reader's
Digest"
Larousse des plantes médicinales, collectif – Editions Larousse
Encyclopédie des plantes médicinales, Docteur Losch – Edition Arnaud de Vesgre
Le livre des bonnes Herbes, Pierre Lieutaghie
Vieux remèdes des Alpes, collectif - Editions Ouest France.

Botanique/Identification de plantes
Quelle est donc cette fleur ?, collectif – Editions Nathan

Cuisine
L’herbier gourmand, Marc Veyrat et François Couplan - Editions Hachette Pratique.

Symbolisme:
Symboles de la Science sacrée, René Guénon – Editions Gallimard
Dictionnaire des symboles, collectif – Collection Bouquin

Ouvrage en langue étrangère:


Picatrix : Das Ziel des weisen von Pseudo Magriti – Hellmut Ritter & Martin Plessner
(traduction),1962 - Warburg institute.
Practical Handbook of plant alchemy – Manfred M. Junius
Norse Magick (1990) - Llewellyn Publications - Deanna "D. J." Conway
Wicca: The Complete Craft (2001) - Crossing Press - Deanna "D. J." Conway
Die Pflanzenwelt in der Griechischen Mythologie, Dr. Phil. Joseph Murr, Verlag der
Wagner’schen Universitätsbuchhandlung, 1890

251
Les plantes magiques

Liens :
Livres
Codex Officinal (Codex Medicamentarius) (édition de 1866) : Google Books
Culpeper The Complete Herbal (En anglais) : http://www.bibliomania.com/2/1/66/113/frameset.html
Site de Philippe Remacle sur : L'antiquité grecque et latine Du moyen âge : http://remacle.org/
Aristote – Traité de l’âme:
Pline : Histoire naturelle – Œuvre complète
Collection des Anciens alchimistes Grecs par M. Berthelot
Marcellus de la médecine
Macer Floridus
BIBLIOTHECA CLASSICA SELECTA, de l’Université Catholique de Louvain (UCL) contient beaucoup
d’ouvrage antique (Ovide, Apulée, Tite-Live, etc.) : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/:
Tacite – La germanie
Paracelse (en allemand): http://www.zeno.org/Philosophie/M/Paracelsus
Scan de livre ancien de paracelse (allemand/latin) :
http://num-scd-ulp.u-strasbg.fr:8080/view/authors/Paracelse,_.html
http://de.wikisource.org/wiki/Paracelsus
http://www.bombastus-ges.de/pdf/
En francais : ftp://ftp.bnf.fr/002/N0026754_PDF_1_-1DM.pdf
Spagyrie (en anglais) : http://www.alchemylab.com/AJ8-1.htm
Picatrix : (en allemand): http://warburg.sas.ac.uk/pdf/FBH295P31zg.pdf
Hildegarde von Bingen – Heilwissen (en allemand): http://gutenberg.spiegel.de/buch/2009/1
Le petit Albert : Google Books
Anglo-Saxon leechcraft : an historical sketch of early English medicine : lecture memoranda, American
Medical Association, Atlantic City, 1912: Internet Archive
Magiferous Plants and Magic in Medieval Medical Botany - Fiachra Bonesetter :
http://www.fiachrabonesetter.com/magiferousthesis.html
Extrait de l’Herbarius d’Armand Delatte: Google Books (Affichage d’extrait)
Plaetarius – Le livre des simples médecines : Gallica (site de la BnF)
Pseudo Apuleius
http://www.bodley.ox.ac.uk/dept/scwmss/wmss/medieval/mss/ashmole/1431.htm
http://www.bodley.ox.ac.uk/dept/scwmss/wmss/medieval/mss/bodl/130.htm
Collection of Herbal : http://www.sil.si.edu/digitalcollections/herbals/explore.htm
Zalewski, Christine L., Herbs in Magic and Alchemy: Techniques from Ancient Herbal Lore (Saint Paul,
MN: Llewellyn Publications, 1990: http://www.scribd.com/doc/51643976/C-L-Zalewski-Herbs-in-Magic-
and-Alchemy
Pietro Andrea Mattioli, Les commentaires, sur les six livres de Pedacius Dioscoride de la matière
médecinale,Traduction de A. du Pinet, Pierre Rigaud 1605 : Google Books
Codex Vindobonensis 13647: http://www.mr1314.de/15172
Dictionnaire d’histoire naturelle : Google Books
P.Christian, Histoire de la Magie : Google Books
Marcellus de la médecine : Google Books
Marcellus « De medicinis » (texte latin complet) : Google Books
Sammonicus : Google Books
Macer Floridus Google Books
Pseudo-Apulée Herbarius – Lat 6862, BnF : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84262821/f1.image
Dogme et Rituel, Eliphas Levi : http://www.gutenberg.org/files/21013/21013-h/21013-h.htm
Papus : traite élémentaire de magie pratique : Gallica
Sepher Raziel (Liber salomonis) : http://www.esotericarchives.com/raziel/raziel.htm
The Golden Bought, james Frazer (livre complet): Google Books
Erica Reiner, Astral Magic in babylonia, American Philosophical Society, 1995 : Google Books
La Pharmacie du Bon dieu : http://fr.scribd.com/doc/28815916/La-Sante-la-Pharmacie-du-Bon-Dieu-
Maria-Treben

252
Les plantes magiques

Divers Site Internet:


http://membres.multimania.fr/jaumotte111/herboristerie.htm
Excellent site, très bien documenté, de nombreuse références : http://encyclopedie.arbre-celtique.com
Présentation de quelques plantes par Vincent Lauvergne : http://portes-inconnu.pagesperso-
orange.fr/grimoire/magieverte4.html
Lien vers des extraits de l’ouvrage de Toni CERON: "Référence thérapeutique de 214 Elixirs" aux
Editions Col du Feu, d’après son site commercialisant des élixirs spagiriques d’après Paracelse :
http://www.elixalp.com/unitaires.php
Images de plantes:
http://botany.csdl.tamu.edu/FLORA/
Illustration libre de droit : http://pharm1.pharmazie.uni-greifswald.de/allgemei/koehler/koeh-
lat.htm

Composition des plantes et propriétés :


http://www.liberherbarum.com/,
http://www.ars-grin.gov/duke/plants.html

Moteur de Recherche du Louvre : http://www.louvre.fr/moteur-de-recherche-oeuvres

Présentation de beaucoup de plantes médicinales avec des références au grimoire d’origine


germanique (en allemand) :
http://www.heilfastenkur.de/
http://www.kraeuter-almanach.de/
Dictionnaire d’allemand médiéval : http://www.mhdwb-online.de/suche.php

253
Les plantes magiques

Note:

Citation diverse:

The 17 herbe is Nepita. And if this with maiorana & Athanasia & trifolio & Saluia, peruca,
edera & arthemesia with ysopo58 be ioyned & gathered together crescente Luna die Jouis
that is to say in the waxinge of the moone in the day of Jouis [Jupiter] in the morrow when the
Sunne wexeth from the first degree of Arietis till into the first of Cancri. And when thou shalt
gather him be thou cleane & washen worshipfully & stand thou toward the East. Know thou
that the house & the place is amended where these 9 herbs were ioyned together & put them
upon the gate of thy house & thou shalt profit euermore. And these 9 herbs ioyned be like to
rubine

The 24 herb is Cicoreya. This is full good in all exorcisms & if it be ioyned with eri~go &
pentafilon & ypericon & vrtica & verbena, and all be together & be borne at the necke & under
the feete & be there the herb of 7 knotts & of 7 leaues z martagon & lilium domesticum &
siluestre, that is tame and wild & herba angelica who euer hath these under the feete or sitteth
about & putteth the other herbs to the necke & hath 7 rings of 7 mettalls in the fingers, know
he that he shall haue might in binding & in loosinge, & in enchantinge & in unenchantinge, &
for to do good & euill in eich place that thou wilt makeinge suffumigation of these 9 things.
thur, albo, thymiamate, mastice, musco, ligno alöes [aloes], cassia, cinamomo. And if thou
suffume thee with the things aboue said in environ & seist these names. Raphial [*Raphael],
Gabriel, Michael, Cherubin, Seraphin, arrielim, pantaseron, micraton, sandalon, complete
meam petitionem & meam voluntatem that is to say, fullfill ye my petition or axing & my will &
they should fullfill it to thee. And these be the more names of the more 9 angells abouesaid.
And know thou them & keepe them. And som~en sayn that they be the 9 orders of angells.
Sepher Raziel (Liber Salomonis)

Si vous voulez connaitre les herbes de la nature, alors suivez ce que j’ai entamé maintenant
et laissé Dioscoride être Dioscoride et Macrum être Macrum. La nature est tellement gratifiée
par dieu, qu’il ne faut pas l’éprouver par l’écoute, mais plutôt à la lumière de la nature [elle-
même].
Paracelse – Traduit de l’allemand par Abraxas

Jeder Arzt soll die Natur und Eigenschaft des Mondes gründlich verstehen. Denn vom Mond
muß es gelernt werden. Er ist das richtige Buch, nicht das, was mit Tinte geschrieben wird. Es
gibt also eine Art von Kräutern, die beim Zunehmen des Mondes, und eine andere, die beim
Abnehmen des Mondes gebraucht werden sollen.
Paracelse

Les remèdes sont créés par Dieu, mais non préparé par lui selon leur dernière perfection (5).
Ils demeurent cachés dans les scories ; et c’est au vulcanus qu’est confié le soin de séparer le
remède des scories(6). Et ce qui est vrai du fer, est vrai des remèdes. Ce que perçoivent les
yeux dans une herbe ou dans les pierres, ou dans les arbres, n’est point remède. Les yeux ne
voient que des scories. Il convient donc de d’abord débarrasser le remède de ses scories ;
alors seulement nous obtenons le vrais remède. C’est cela l’alchimie ; c’est cela l’office du
vulcanus ; c’est là qu’il se montre apothicaire, préparateur de remèdes(7).
Du livre de l’alchimie. Comment sans lui un médecin ne saurait être un vrai médecin
(Labyrinthus medicorum errantium, 1537, ch. V, Ed. Sudhoff, XI, p186-190), op. cité
dans Paracelse, de l’alchimie, Presses universitaires de Strasbourg traduction de
Lucien BRAUN.

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Les plantes magiques

Anthanasisus Kircher, Oedipi Aegyptiaci, Tomi Secundi

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