Algèbre Bilinéaire M Boucetta - Extrait-1
Algèbre Bilinéaire M Boucetta - Extrait-1
Algèbre Bilinéaire M Boucetta - Extrait-1
Algèbre bilinéaire
Mohamed Boucetta
28 mars 2009
2
Table des matières
3
4 TABLE DES MATIÈRES
Exemples -
1. Si V = C([0, 1], K) est l'espace vectoriel des fonctions continues sur
[0, 1], l'application intégrale qui à tout f ∈ V associe son intégrale
R1
0
f (t)dt est une forme linéaire sur V .
2. Soit Mn (K) l'espace vectoriel sur K des matrices carrées d'ordre n
à coecients dans K . L'application trace est l'application
Tr : Mn (K) −→ K
n
X
qui à une matrice M = (mij )1≤i,j≤n associe Tr(M ) = mii . C'est
i=1
une forme linéaire sur Mn (K) qui vérie, pour tous M, N ∈ Mn (K),
Tr(M N ) = Tr(N M ). (1.1)
5
6 CHAPITRE 1. FORMES LINÉAIRES ET DUALITÉ
Proposition 1 Soit ` une forme linéaire non nulle sur un espace vectoriel
V de dimension n. Alors
dim ker ` = n − 1.
Exemples -
1. L'ensemble
H = {(x, y, z) ∈ R3 ; x − y + z = 0}
est un hyperplan de R3 , car si ` : R3 −→ R est l'application dénie
par
`(x, y, z) = x − y + z,
alors ` est une forme linéaire non nulle et ker ` = H .
2. L'ensemble
H = {f ∈ C([0, 1], R); f (0) = 0}
est un hyperplan de C([0, 1], R), car si ` : C([0, 1], R) −→ R est l'appli-
cation dénie par
`(f ) = f (0),
alors ` est une forme linéaire non nulle et ker ` = H .
V = H ⊕ D.
Xn n
X
`(u) = `( ui ei ) = ui `(ei ).
i=1 i=1
Ainsi ` est entièrement déterminée par la donnée de (`(e1 ), . . . , `(en )) qui n'est rien
d'autre que la matrice de ` dans B et la base canonique de R.
1.1.2 Dualité
Supposons encore V de dimension nie et considérons une base quelconque
B = (e1 , . . . , en ) de V . Dénissons la famille B∗ = (e∗1 , . . . , e∗n ) d'éléments du dual
V ∗ par les formules ½
∗ 1 si i = j,
ei (ej ) = (1.2)
0 si i 6= j,
pour i, j = 1, . . . , n. Notons que, pour tout 1 ≤ i ≤ n, la forme e∗i est la forme
linéaire dont le noyau est l'hyperplan engendré par (e1 , . . . , êi , . . . , en ) (le terme en
chapeau est enlevé) et telle que e∗i (ei ) = 1.
Théorème 2 Soit V est un espace vectoriel de dimension nie n. Alors son dual
V ∗ est un espace vectoriel de même dimension n et, pour toute base B = (e1 , . . . , en )
de V , B∗ = (e∗1 , . . . , e∗n ) est une base de V ∗ appelée base duale de B.
L'expression d'une forme linéaire ` dans B∗ est donnée par
n
X
`= `(ei )e∗i . (1.3)
i=1
f : V1 −→ V2
est une application linéaire, son application linéaire duale (ou sa transposée) est
l'application
f t : V2∗ −→ V1∗
dénie en posant pour tout ` ∈ V2∗ et pour tout u ∈ V1 ,
M (f t ) = t M (f ), (1.5)
φ : V −→ V ∗∗
Nous nirons ce chapitre par une proposition très utile dans les chapitres sui-
vants.
Voici une formule qui permet le calcul eectif de la base B qui intervient dans
la Proposition 4. Choisissons une base B0 = (e1 , . . . , en ) de V et posons B =
(f1 , . . . , fn ). Notons P = (pij )1≤i,j≤n la matrice de passage de B0 à B et Q =
(qij )1≤i,j≤n la matrice de passage de B∗0 à B∗ . On a, pour tous i, j = 1, . . . , n,
n
X n
X
fi = pki ek et `i = qki e∗k ,
k=1 k=1
et donc
n
X n
X n
X
`j (fi ) = pki `j (ek ) = pki qhj e∗h (ek ) = pki qkj ,
k=1 k,h=1 k=1
car e∗h (ek ) = 1 si h = k et 0 sinon. On déduit alors que (`1 , . . . , `n ) est duale de
(f1 , . . . , fn ) si et seulement si, pour tous i, j = 1, . . . , n,
n
X ½
1 si i = j,
pki qkj =
0 si i 6= j.
k=1
Nous allons montrer que (`1 , `2 ) est une base de (R2 )∗ et déterminer la
base B = (f1 , f2 ) telle que B ∗ = (`1 , `2 ).
Notons B0 = (e1 , e2 ) la base canonique de R2 . On a, d'après l'égalité
1.3,
`1 = `1 (e1 )e∗1 + `1 (e2 )e∗2 = e∗1 + e∗2 , et `2 = `2 (e1 )e∗1 + `2 (e2 )e∗2 = e∗1 + 2e∗2 .
µ ¶
1 1
Soit Q = la matrice de passage de B∗0 à (`1 , `2 ). Comme det Q =
1 2
1 6= 0, (`1 , `2 ) est une base de (R2 )∗ et Q est la matrice de passage de
B0∗ à B∗ . D'après 1.7,µla matrice¶ de passage P µde B0 à B ¶est donnée par
2 −1 2 −1
P = t Q−1 . Or, Q−1 = et donc P = . Finalement,
−1 1 −1 1
B = (2e1 − e2 , −e1 + e2 ) .
1.2. EXERCICES 11
1.2 Exercices
Exercice 1 Pour chacune des applications suivantes, montrer que c'est une forme
linéaire, déterminer une base de son noyau et un supplémentaire de ce noyau :
1. `1 : R2 −→ R, `1 (x, y) = x − y.
2. `2 : R4 −→ R, `2 (x, y, z, t) = x − y + 2z − t.
3. `3 : C4 −→ C, `3 (z1 , z2 , z3 , z4 ) = z1 + z2 − 3z3 + z4 .
Solution -
1. (a) Pour tous u1 = (x1 , y1 ), u2 = (x2 , y2 ) ∈ R2 et pour tout a ∈ R,
3. (a) Pour tous u = (z1 , z2 , z3 , z4 ), v = (z10 , z20 , z30 , z40 ) ∈ C4 et pour tout
a ∈ C, on a
`3 (u + av) = `3 (z1 + az10 , z2 + az20 , z3 + az30 , z4 + az40 )
= (z1 + az10 ) + (z2 + az20 ) − 3(z3 + az30 )
+(z4 + az40 )
= z1 + z2 − 3z3 + z4 + a(z10 + z20 − 3z30 + z40 )
= `3 (u) + a`3 (v).
Donc `3 est une forme linéaire sur C4 .
(b) On a ker `3 = {(z1 , z2 , z3 , z4 ) ∈ C4 ; z1 +z2 −3z3 +z4 = 0}. Or, d'après la
Proposition 1, dimC ker `3 = 3 et donc pour donner une base de ker `3 ,
il sut d'y choisir une famille de 3 vecteurs linéairement indépendants.
Les vecteurs e1 = (1, −1, 0, 0), e2 = (3, 0, 1, 0) et e3 = (1, 0, 0, −1)
sont dans ker `3 . Vérions qu'ils sont linéairement indépendants. Pour
(a, b, c) ∈ C3 , on a
a + 3b + c = 0
−a = 0
ae1 + be2 + ce3 = (0, 0, 0, 0) ⇔ ⇔ a = b = c = 0.
b=0
−c = 0
Finalement, {e1 , e2 , e3 } est une base de ker `3 . D'après le Théorème
1, toute droite vectorielle non contenue dans ker `3 est supplémentaire
à celui-ci. La droite vectorielle engendrée par (1, 0, 0, 0) répond à la
question.
Solution -
1. Pour tous (x1 , y1 , z1 ), (x2 , y2 , z2 ) ∈ R3 et tout a ∈ R, on a
`1 ((x1 , y1 , z1 ) + a(x2 , y2 , z2 )) = `1 (x1 + ax2 , y1 + ay2 , z1 + az2 )
= x1 + ax2 − (y1 + ay2 ) + 2(z1 + z2 )
= x1 − y1 + 2z1 + a(x2 − y2 + 2z2 )
= `1 (x1 , y1 , z1 ) + a`1 (x2 , y2 , z2 ).
1.2. EXERCICES 13
Donc `1 est une forme linéaire sur R3 . D'une manière analogue, on vérie
aisément que `2 et `3 sont des formes linéaires.
2. D'après 1.3, on a
Donc B∗1 = (`1 , `2 , `3 ) est une base de (R3 )∗ . D'après 1.7, la matrice de
passage P de B à B1 est donnée parP =t Q−1 . Pour
−1
calculer Q , nous
x X
allons résoudre le système linéaire Q y = Y . Ce système s'écrit
z Z
x + 2y + z = X
−x − y = Y
2x + 3y − z = Z
La résolution des deux premières équations par les formules de Cramer nous
donne
¯ ¯
¯ X +Z 5 ¯
¯ ¯
¯ Y −1 ¯ 1
x = = − (X + 5Y + Z),
¯ 2 ¯ 2
¯ 3 X +Z ¯
¯ ¯
¯ −1 Y ¯ 1
y = = (X + 3Y + Z).
2 2
1
De la dernière équation, on déduit que z = 2x+ 3y − Z = 2 (X − Y − Z). On
−1 −5 −1 −1 1 1
obtient alors que Q−1 = 12 1 3 1 et P = 12 −5 3 −1 ,
1 −1 −1 −1 1 −1
et donc B1 = (− 12 (e1 + 5e2 + e3 ), 12 (e1 + 3e2 + e3 ), − 21 (−e1 + e2 + e3 )).
14 CHAPITRE 1. FORMES LINÉAIRES ET DUALITÉ
Solution -
1. Pour tous f, g ∈ C ∞ (R) et tout a ∈ R, on a
dk (f + ag) = (f + ag)(k) (0) = f (k) (0) + ag (k) (0) = dk (f ) + adk (g),
∗
et donc dk ∈ (C ∞ (R)) . Montrons maintenant que (d0 , . . . , dn ) est une famille
libre. Soient (a0 , a1 , . . . , an ) une famille de nombres réels telle que
a0 d0 + a1 d1 + . . . + an dn = 0.
Ainsi, pour toute fonction f ∈ C ∞ (R), on a
a0 d0 (f ) + a1 d1 (f ) + . . . + an dn (f ) = 0,
soit
a0 f (0) + a1 f (1) (0) + . . . + an f (n) (0) = 0 ∀f ∈ C ∞ (R). (1.8)
Par un choix judicieux de fonctions particulières, nous allons montrer que
a0 = . . . = an = 0. Nous allons procéder par récurrence sur n. En eet, si on
prend f = 1 dans 1.8, on obtient a0 = 0. Supposons que a0 = 0 = . . . = ak =
0. Prenons f (x) = xk+1 dans 1.8. Puisque f (k+1) (0) = (k + 1)! et f (p) (0) = 0
pour tout p ≥ k + 1 et en vertu de l'hypothèse de récurrence, on obtient
(k + 1)!ak+1 = 0, soit ak+1 = 0, ce qui achève le raisonnement par récurrence
et montre que a0 = . . . = an = 0. La famille (d0 , . . . , dn ) est donc une famille
∗
libre (C ∞ (R)) .
1.2. EXERCICES 15
2. Nous allons raisonner par absurde. Supposons que C ∞ (R) est de dimension
∗
nie n. D'après le Théorème 2, (C ∞ (R)) est aussi de dimension nie n et
∗
donc toute famille à n + 1 éléments dans (C ∞ (R)) est liée. Or, la famille
construite dans à la question précédente contient n + 1 éléments et elle est
libre ; ceci est une contradiction.
`k (P ) = P (ak ).
1. Montrer que (`0 , . . . , `n ) est une base de (Kn [X])∗ et trouver la base de Kn [X]
dont c'est la base duale.
2. Soient f : [0, 1] −→ K une fonction continue. Montrer l'existence d'une fa-
mille unique (b0 , . . . , bn ) de scalaires telle que
Z 1 n
X
∀P ∈ Kn [X], f (t)P (t)dt = bk P (ak ).
0 k=0
Solution -
1. Pour tous P, Q ∈ Kn [X] et pour tout a ∈ K, on a
φf (P ) = b0 `0 (P ) + . . . + bn `n (P ),
Solution -
Par dénition d'un hyperplan, il existe `0 ∈ V ∗ \ {0} tel que H = ker `0 . Nous
allons montrer que H 0 est la droite vectorielle engendrée par `0 . Choisissons v0 ∈ V
tel que `0 (v0 ) = 1. On a, d'après le Théorème 1, V = (Kv0 ) ⊕ H. Soit ` ∈ H 0 et
1.2. EXERCICES 17
De la même manière, on a `0 (v) = k et donc, pour tout v ∈ V , `(v) = `(v0 )`0 (v).
Cette relation montre que ` = `(v0 )`0 et permet de conclure.
Solution -
L'application φ est une forme linéaire si et seulement si, pour tous u, v ∈ V et
a ∈ K, on a
Explicitons la quantité Q. On a
Solution -
1. (a) On a
φ(M − φ(M )In ) = φ(M ) − φ(M )φ(In ) = 0.
Donc, d'après 1.12, det(M − φ(M )In ) = 0 et donc φ(M ) est une valeur
propre de M .
(b) Ecrivons M = S +N où S est une matrice diagonale supérieure dont les
termes diagonaux sont ceux de M , et N une matrice diagonale inférieure
dont tous les termes diagonaux sont nuls.
Le polynôme caractéristique de N est (−1)n X n et donc 0 est la seule
valeur propre de N , d'après (a), φ(N ) = 0. Les valeurs propres de S
sont {m11 , . . . , mnn } et donc, d'après (a), φ(S) ∈ {m11 , . . . , mnn }. Or,
φ(M ) = φ(S) + φ(N ) = φ(S), ce qui permet de conclure.
2. (a) Les vecteurs
colonnes de la matrice M = M0 + In sont tous égaux
1
à ... et donc M est de rang 1. D'après le théorème du rang,
1
dim ker M = n − 1 et, par suite, 0 est valeur propre de M de mul-
tiplicité n − 1. Si 1 est valeur propre de M alors M serait diagonalisable
et il existerait une matrice inversible P telle que M = P −1 DP où D est
la matrice diagonale dont un seul terme diagonal est non nul et vaut 1.
On déduit que Tr(M ) = Tr(D) = 1. Or, Tr(M ) = Tr(In ) = n ce qui
constitut une contradiction si n ≥ 2. On déduit que 1 n'est pas valeur
propre de M , c'est-à-dire, det(M − In ) = det(M0 ) 6= 0 et donc M0 est
inversible.
(b) Raisonnons par absurde et supposons qu'il existe un hyperplan H de
Mn (K) tel que H ∩ GLn (K) = ∅. Soit φ une forme linéaire sur Mn (K)
tel que ker φ = H . On a φ(In ) 6= 0 et, quite à multiplier par φ(In )−1 , on
peut supposer φ(In ) = 1. La condition H ∩ GLn (K) = ∅ est équivalente
à 1.12. Or, d'après 1. (b), φ(M0 ) = 0, ce qui contredit 1. (a) et le fait
que M0 est inversible.
Chapitre 2
2.1.1 Généralités
Dénition 3 1. Une forme bilinéaire sur V est une application B : V × V −→
R vériant, pour tous u, v1 , v2 ∈ V et pour tout a ∈ R,
Notons que B(V ), S(V ) et A(V ) sont des espaces vectoriels réels.
Exemples -
1. Si (`1 , . . . , `p ) est une famille de formes linéaires sur V et (aij )1≤i,j≤p une
matrice carrée X réelle d'ordre p, alors l'application B : V × V −→ R dénie
par B(u, v) = ai,j `i (u)`j (v) est une forme bilinéaire sur V . En général,
i,j
B n'est ni symétrique ni antisymétrique.
R1
2. L'application C([0, 1], R) × C([0, 1], R) −→ R qui à (f, g) 7→ 0
f (t)g(t)dt est
une forme bilinéaire symétrique sur C([0, 1], R).
3. L'application Mn (R) × Mn (R) −→ R qui à un couple de matrices (A, B)
associe Tr(AB) est une forme bilinéaire symétrique sur Mn (R) (voir 1.1).
19
20 CHAPITRE 2. FORMES QUADRATIQUES RÉELLES
Xn n
X X
B( xi ei , yi ei ) = xi yj B(ei , ej ).
i=1 i=1 1≤i,j≤n
Xn n
X
B( xi ei , yi ei ) = t XM Y, (2.1)
i=1 i=1
x1 y1
où M = (B(ei , ej ))1≤i,j≤n , X = ... et Y = ... .
xn yn
La matrice M est appelée matrice de la forme bilinéaire B dans la base B.
La proposition suivante décrit l'eet d'un changement de base sur la matrice
d'une forme bilinéaire.
M2 = t P M1 P. (2.2)
Exemples -
3
1. Soit B la forme bilinéaire sur
R dont la matrice dans la base canonique B
1 1 1
de R3 est donnée par M = 0 0 2 . Nous allons calculer B(x, y) et
−1 4 3
la matrice de B dans B0 = ((1, 1, 1), (−1, 1, 1), (1, 1, −1)) (après avoir vérié
que B0 est une base). D'après 2.1, si x = (x1 , x2 , x3 ) et y = (y1 , y2 , y3 ),
1 1 1 y1
B(x, y) = (x1 , x2 , x3 ) 0 0 2 y2
−1 4 3 y3
y1 + y2 + y3
= (x1 , x2 , x3 ) 2y3
−y1 + 4y2 + 3y3
= x1 (y1 + y2 + y3 ) + 2x2 y3 + x3 (−y1 + 4y2 + 3y3 ).
Xn X n
X X
q( xi ei ) = mij xi xj = mii x2i + 2 mij xi xj .
i=1 1≤i,j≤n i=1 1≤i<j≤n
En plus, si une telle base B existe, alors la matrice de q dans M est donnée par
M = (mij )1≤i,j≤n .
Dénition 7 Le rang d'une forme quadratique q sur V noté rgq est le rang de sa
matrice dans n'importe quelle base de V .
où
Xn Xn
m2i m1i
L1 (u) = x1 + xi et L2 (u) = x2 + xi .
i=3
m12 i=3
m12
En posant `1 = L1 + L2 et `2 = L1 − L2 , on obtient
1 1
q(u) = m12 `1 (u)2 − m12 `2 (u)2 + q 0 (x3 , . . . , xn ). (2.10)
2 2
On itére ce qui vient d'être fait à la forme quadratique q 0 qui apparaît dans 2.9
et 2.10 et qui ne dépend que de x2 , . . . , xn pour arriver de proche en proche à la
formule souhaitée.
Exemples -
1. On considère la forme quadratique sur R3 dénie par
1 2 1 2 11 121 2
q(x, y, z, t) = (x + y + z − 4t) − (x − y − 3z − 4t) +2(z + t)2 − t .
4 4 4 8
et donc, pour i, j = 1, . . . , n, on a
p
X ½
ai si i ≤ p et i = j
S(fi , fj ) = ak `k (fi )`k (fj ) = (2.11)
0 sinon.
k=1
26 CHAPITRE 2. FORMES QUADRATIQUES RÉELLES
De l'expression de M et du fait que les réels (a1 , . . . , ap ) sont tous non nuls, on
déduit que rgq = p et
D'un autre côté, les nombres réels (a1 , . . . , ap ) sont tous non nuls et peuvent
être distingués selon leurs signes. On pose alors
Le couple d'entier (s, t) déni par 2.14 est en fait un invariant de q , c'est-à-dire que,
ne dépend pas de la réduction de Gauss qui a servi à le dénir. Plus précisement,
on a le théorème important suivant.
Dénition 9 Le couple d'entier (s, t) déni dans le Théorème 5 est appelé signa-
ture de q .
Exemples -
1. Nous avons vu que l'application det : M2 (R) −→ R est µ une forme
¶ quadra-
a b
tique. Nous allons calculer sa signature. On a, si A = alors
c d
1 1 1 1
det(A) = ad − bc = (a + d)2 − (a − d)2 − (b + c)2 + (b − c)2 .
4 4 4 4
On obtient ainsi une réduction de Gauss de la forme quadratique det et on
déduit que sa signature est (2, 2) et qu'elle est non-dégénérée.
Nous allons maintenant construire une base q -orthogonale de M2 (R). Pour
cela, considérons les formes linéaires qui apparaîssent dans la réduction de
Gauss ci-dessus, soit
1 −1 0 0
la matrice de passage de B∗ à (`1 , `2 , `3 , `4 ). D'après 1.7, la matrice de pas-
sage P de B à B1 est donnée par P = t Q−1 . Pour calculer Q−1 , nous allons
résoudre le système 0
a a
b b0
Q
c = c0 .
d d0
Ce système est équivalent à
a+b = a0
c+d = b0
c−d = c0
a−b = d0
Alors B = (e+ + − − 0 0
1 , . . . , es , e1 , . . . , et , e1 , . . . , er ) est une base q -orthogonale de V véri-
ant en outre
q(e+
i ) = 1, i = 1, . . . , s, q(e−
i ) = −1, i = 1, . . . , t et q(e0i ) = 0, i = 1, . . . , r.
Si (x+ + − − 0 0
1 , . . . , xs , x1 , . . . , xt , x1 , . . . , xr ) sont les coordonnées d'un vecteur u dans la
base B alors
X s Xt
q(u) = (x+ 2
i ) − (x− 2
i ) . (2.16)
i=1 i=1
En vertu de ce qui précède, on déduit le théorème suivant.
Théorème 6 Soit q une forme quadratique sur V de dimension n et soit (s, t) la
signature de q . Alors q admet une base q -orthogonale
B = (e+ + − − 0 0
1 , . . . , e s , e 1 , . . . , et , e 1 , . . . , er )
vériant
q(e+
i ) = 1, i = 1, . . . , s, q(e−
i ) = −1, i = 1, . . . , t et q(e0i ) = 0, i = 1, . . . , r.
De plus, si (x+ − −
1 , . . . , xs , x1 , . . . , xt , x1 , . . . , xr ) sont les coordonnées d'un vecteur u
+ 0 0
i=1 i=1
et
ker q = vect{e01 , . . . , e0r }.
B = (e+ + − −
1 , . . . , es , e1 , . . . , en−s )
telle que
Xs n−s
X s
X n−s
X
q( x+ e
i i
+
+ x − −
e
i i ) = (x+ 2
i ) − (x− 2
i ) .
i=1 i=1 i=1 i=1
2.2 Exercices
Exercice 8 Soit B une forme bilinéaire sur un espace vectoriel V et soit q sa forme
quadratique associée.
1. Montrer l'identité de Cauchy
Solution -
1. La formule s'obtient par un calcul direct utilisant la bilinéarité de B . En eet,
on a, pour tous u, v ∈ V ,
Exercice 9 Soit Rn [X] l'espace vectoriel des polynômes réels de degré inférieur ou
égal à n (n ≥ 1). Pour tout P, Q ∈ Rn [X], on pose
Z 1
B(P, Q) = tP (t)Q0 (t)dt et q(P ) = B(P, P ).
0
Solution -
1. Pour tous P1 , P2 , Q ∈ Rn [X] et tout a ∈ R, on a
Z 1
B(P1 + aP2 , Q) = t(P1 (t) + aP2 (t))Q0 (t)dt
0
Z 1 Z 1
= tP1 (t)Q0 (t)dt + a tP2 (t)Q0 (t)dt
0 0
= B(P1 , Q) + aB(P2 , Q),
et donc B est linéaire à gauche.
D'un autre côté, pour tous Q1 , Q2 , P ∈ Rn [X] et tout a ∈ R, on a
Z 1
B(P, Q1 + aQ2 ) = tP (t)(Q1 + aQ2 )0 (t)dt
0
Z 1 Z 1
= tP (t)Q01 (t)dt + a tP (t)Q02 (t)dt
0 0
= B(P, Q1 ) + aB(P, Q2 ),
et donc B est linéaire à droite, ce qui achève de montrer que c'est une forme
bilinéaire.
R1 R1
Remarquons que B(1, X) = 0 tdt = 12 , et B(X, 1) = 0 t2 × 0dt = 0 et donc
B n'est ni symétrique ni antisymétrique.
R1
2. Par construction q est une forme quadratique et q(1) = B(1, 1) = 0 t×0dt =
0, et donc 1 est un vecteur isotrope et q n'est pas dénie.
3. Notons que la forme polaire S de q n'est pas B mais sa symétrisée
1
S(P, Q) = (B(P, Q) + B(Q, P )) .
2
Donc la matrice de q dans Bn est la matrice Mn = (mij )1≤i,j≤n+1 avec
1¡ ¢
mij = B(X i−1 , X j−1 ) + B(X j−1 , X i−1 ) .
2
Donc
µ Z 1 Z 1 ¶
1 i+j−2 i+j−2
mij = (j − 1) t dt + (i − 1) t dt
2 0 0
µ ¶
1 j−1 i−1 i+j−2
= + = .
2 i+j−1 i+j−1 2(i + j − 1)
Finalement µ ¶
i+j−2
Mn = . (2.19)
2(i + j − 1) 1≤i,j≤n+1
1 1
0 4 3
4. D'après 2.19, la matrice de q dans B2 est M2 = 1
4
1
3
3
8
et donc,
1 3 2
3 8 5
d'après 2.5,
1 2 2 2 1 2 3
q(a + bX + cX 2 ) = b + c + ab + ac + bc.
3 5 2 3 4
32 CHAPITRE 2. FORMES QUADRATIQUES RÉELLES
½µ ¶ ¾ µ ¶
a b 1 1
Exercice 10 Soit V = ∈ M2 (R); a − d = 0 et soit J = .
c d 1 −1
On dénit l'application B : V × V −→ R en posant, pour tous M, N ∈ M2 (R),
B(M, N ) = Tr(M JN ).
2.2. EXERCICES 33
Solution -
1. Pour tous M1 , M2 , N ∈ V et tout a ∈ R, on a
B(M1 + aM2 , N ) = Tr((M1 + aM2 )JN )
= Tr(M1 JN + aM2 JN ) = Tr(M1 JN ) + aTr(M2 JN )
= B(M1 , N ) + aB(M2 , N ),
et donc B est linéaire à gauche.
D'un autre côté, pour tous N1 , N2 , M ∈ V et tout a ∈ R, on a
B(M, N1 + aN2 ) = Tr(M J(N1 + aN2 ))
= Tr(M JN1 + aM JN2 ) = Tr(M JN1 ) + aTr(M JN2 )
= B(M, N1 ) + aB(M, N2 ),
et donc B est linéaire à droite ; ceci achève de montrer que B est une forme
bilinéaire. µ ¶
a b
2. Pour tout ∈ V , on a
c a
µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶
a b 1 0 0 1 0 0
=a +b +c
c a 0 1 0 0 1 0
et donc B engendre V . D'un autre côté,
µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶
0 0 1 0 0 1 0 0
=a +b +c
0 0 0 1 0 0 1 0
équivaut à a = b = c = 0 et donc B est libre. Ainsi B est une base de V .
µ ¶
a b
3. Soit M = ∈ V . On a
c a
µµ ¶µ ¶µ ¶¶
a b 1 1 a b
q(M ) = Tr
c a 1 −1 c a
µµ ¶µ ¶¶
a+b a−b a b
= Tr
c+a c−a c a
µµ ¶¶
a(a + b) + c(a − b) b(a + b) + a(a − b)
= Tr
a(c + a) + c(c − a) b(c + a) + a(c − a)
= a(a + b) + c(a − b) + b(c + a) + a(c − a) = 2(ab + ca).
34 CHAPITRE 2. FORMES QUADRATIQUES RÉELLES
Soit
q(M ) = 2(ab + ca). (2.20)
0 1 1
En vertu de la Proposition 7, la matrice de q dans B est M = 1 0 0 .
1 0 0
µ ¶
a b
4. Eectuons une réduction de Gauss de q (cf. Théorème 4). Soit M = ∈
c a
V . On a, d'après 2.20,
1 1
q(M ) = 2a(b + c) = (a + b + c)2 − (a − b − c)2 .
2 2
D'après cette expression et d'après le Théorème 5, q est de signature (1, 1),
elle est dégénérée et rgq = 2. De plus, d'après la Proposition 9, elle n'est ni
positive ni négative et donc non dénie. µ ¶
a b
De cette expression, on déduit aussi, en vertu de la Proposition 8, que ∈
c a
ker q si ½µ
et seulement¶si a + b +
¾ c = a − b − c = 0, soit a = 0 et b = −c. Ainsi
0 a
ker q = , a∈R .
−a 0
5. µ
F est une¶ droite vectorielle engendrée par la matrice identité I3 . Ainsi M =
a b
∈ F ⊥ si et seulement si S(M, I3 ) = 0 où S est la forme polaire de
c a
q . La forme polaire S de q est la symétrisée de B , c'est-à-dire,
1
S(M, N ) = (Tr(M JN ) + Tr(N JM )) .
2
Donc
µµ ¶µ ¶¶ µµ ¶µ ¶¶
1 a b 1 1 1 1 1 a b
S(M, I3 ) = Tr + Tr
2 c a 1 −1 2 1 −1 c a
µµ ¶µ ¶¶ µµ ¶¶
a b 1 1 a+b a−b
= Tr = Tr
c a 1 −1 c+a c−a
= b + c.
½µ ¶ ¾
a b
Ainsi F ⊥ = , a, b ∈ R .
−b a
4. q : R5 −→ R, q(x, y, z, t, s) = xy − xt + yz − yt + ys + zt − zs + 2st.
Solution -
1. On a
3. On a, si u = (x, y, z, t),
4. On a, si u = (x, y, z, t, s),
Exercice 12 Soit Rn [X] l'espace vectoriel des polynômes réels de degré inférieur
ou égal à n (n ≥ 1) et soit d un entier tel que 1 ≤ d ≤ n. Pour tout P ∈ Rn [X], on
pose
q(P ) = (P 2 )(d) (0)
où P (d) est le polynôme dérivée à l'ordre d de P .
1. Montrer que q est une forme quadratique sur Rn [X] et déterminer sa matrice
dans la base B = {1, X, . . . , X n }.
2. Déterminer la signature de q , son rang et son noyau.
Indication : On pourra utiliser les formules de Leibniz et Taylor
d degP
X X P (k) (0) k
(P Q)(d) = Cdk P (k) Q(d−k) et P = X .
k!
k=0 k=0
(a) Montrer que q est non dégénérée et donner une base q -orthonormale de
Rn [X].
(b) Déterminer le q -orthogonal de P et montrer que P est un sous-espace
vectoriel totalement isotrope.
Solution -
1. On considère l'application S : Rn [X] × Rn [X] −→ R dénie par
Nous allons montrer que S est une forme bilinéaire sur Rn [X]. En eet, pour
tous P1 , P2 , Q ∈ Rn [X] et tout a ∈ R, on a
(d) (d)
S(P1 + aP2 , Q) = ((P1 + aP2 )Q) (0) = (P1 Q + aP2 Q) (0)
= (P1 Q)(d) (0) + a(P2 Q)(d) (0) = S(P1 , Q) + aS(P2 , Q),
et donc S est linéaire à gauche et, puisque S(P, Q) = S(Q, P ), elle est linéaire
à droite. En conclusion, S est une forme bilinéaire symétrique sur Rn [X].
Maintenant, puisque q(P ) = S(P, P ), q est une forme quadratique et S est
sa forme polaire.
La matrice M = (mij )1≤i,j≤n+1 de q est donnée par
¡ ¢(d)
mij = S(X i−1 , X j−1 ) = X i+j−2 (0).
La formule suivante est facile à vérier : pour tous p, q ∈ N, on a
½
p! si p = q,
(X p )(q) (0) = (2.21)
0 si p 6= q.
On en déduit l'expression de mij :
½
(i + j − 2)! si i + j − 2 = d,
mij =
0 si i + j − 2 6= d.
1 X k ³ (k) ´2
m−1
m
= C2m (P (m) (0))2 + C2m P (0) + P (2m−k) (0)
2
k=0
1
m−1
X ³ ´2
k
− C2m P (k) (0) − P (2m−k) (0) .
2
k=0
k 2m−k
qui est une conséquence de la formule C2m = C2m .
On considère les formes linéaires `0 , . . . , `m , 0 , . . . , b̀m−1 dénies sur
b̀
Rn [X] par
On a alors
m m−1
1X k 1 X k b̀
q(P ) = C2m `k (P )2 − C2m k (P )2 . (2.23)
2 2
k=0 k=0
Pour que 2.23 soit une réduction de Gauss de q , il sut que `0 , . . . , `m , b̀0 , . . . , b̀m−1
soient linéairement indépendantes (cf. Théorème 4). Vérions qu'elles
b0 , . . . , λ
le sont. Soient λ0 , . . . , λm , λ bm−1 des réels tels que, pour tout
P ∈ Rn [X],
b0 b̀0 (P ) + . . . + λ
λ0 `0 (P ) + . . . + λm `m (P ) + λ bm−1 b̀m−1 (P ) = 0. (2.24)
1
m
X ³ ´2
k
= C2m+1 P (k) (0) + P (2m−k) (0)
2
k=0
m
1X k ³ ´2
− C2m+1 P (k) (0) − P (2m−k) (0) .
2
k=0
On a alors
m m
1 X 2m+1 1 X 2m+1 b̀
q(P ) = Ck `k (P )2 − Ck 2
k (P ) . (2.27)
2 2
k=0 k=0
Comme dans le cas paire, on montre que cette expression est une réduc-
tion de Gauss de q et on déduit que la signature de q est (m + 1, m + 1),
rgq = 2m + 2 = d + 1, ker q est un sous-espace vectoriel de dimension
n − d et (X d+1 , . . . , X n ) est une base de ker q .
Le tableau suivant résume tout ce qui précéde.
est une base q -orthogonale (`i et b̀i sont dénies dans 2.26). Nous allons
déterminer B1 .
2.2. EXERCICES 41
+ b−
Finalement, (P0+ , . . . , Pm , P0 , . . . , Pbm
−
) est une base q -orthonormale de
R2m+1 [X].
(2m+1)
(b) Rappelons que la forme polaire de q est donnée par S(P, Q) = (P Q) (0).
P ∈ P ⊥ si et seulement si, pour tout 0 ≤ j ≤ m, S(X 2j+1 , P ) = 0. Or,
¡ ¢(2m+1)
S(X 2j+1 , P ) = X 2j+1 P (0)
2m+1
X
k
= C2m+1 (X 2j+1 )(k) (0)P (2m+1−k) (0)
k=0
2.21 2j+1
= C2m+1 (2j + 1)!P (2(m−j)) (0).
P ⊥ = V ect{X, X 3 , . . . , X 2m+1 } = P
q1 , q2 : Mn (R) −→ R
Solution -
1. Soit M ∈ Mn (R). On a M = M + + M − où M + = 12 (M + t M ) et M − =
1 t
2 (M − M ). Or M
t +
= 12 (t M + t (t M )) = M + et donc M + est symétrique et
de la même manière on vérie que M − est antisymétrique. Ainsi Mn (R) =
Sn (R) + An (R). Cette somme est directe car une matrice qui est à la fois
symétrique et antisymétrique est nulle.
2. On considère S1 et S2 dénies sur Mn (R) × Mn (R) par
n X
X n
S1 (M, N ) = Mij Nji ,
i=1 j=1
X
S2 (M, N ) = Mij Nji
1≤i,j≤n
+(M11 + . . . + Mnn )(N11 + . . . + Nnn ). (2.28)
De ces expressions, on déduit que, pour toute matrice symétrique non nulle
M , qi (M ) > 0. Ainsi la restriction de qi à Sn (R) est dénie-positive.
2.2. EXERCICES 43
(e1 , . . . , e n(n+1) , f1 , . . . , f n(n−1) ) est une base de Mn (R) et elle est q1 -orthogonale
2 2
puisque (e1 , . . . , e n(n+1) ) et (f1 , . . . , f n(n−1) ) le sont et, en vertu de 4., pour
2 2
tout i, j , S1 (ei , fj ) = 0. D'après le Théorème 5, q1 est une forme quadratique
non dégénérée de signature ( n(n+1) 2 , n(n−1)
2 ).
De la même manière, on montre que q2 est une forme quadratique non dégé-
nérée de signature ( n(n+1) 2 , n(n−1)
2 ).