Trib Fam 080518 163653B

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expédition

numéro de répertoire délivrée à délivrée à délivrée il

201s1 J~~o
date de la prononciation
le le le

08 05- 2018 €
BUR

BUR
€.
BUR
numéro de rôle

16/3653/B

D ne pas présenter à
l'inspecteur

Tribunal de première
~n stance francophone de
Bruxelles,
ORU-DRU

ribunal de la Famille

Jugement sur requête


105ème chambre FAM
présenté le

ne pas enregistrer
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, Tribunal de la Famille -16/3653/B - p. 2

EN CAUSE DE:

Monsieur X, domicilié à (...);

Ayant pour conseil Maître Céline VERBROUCK, avocat dont le cabinet est établi à 1040 Bruxelles,
boulevard Louis Schmidt, 56; e-mail: [email protected];

Vu la déclaration d'acquisition de la nationalité belge souscrite par le déclarant le 19 août 2016


devant l'officier de l'état civil de la commune de Woluwe-Saint-Pierre par application de l'article 12
bis du Code de la nationalité belge;

Vu l'avis négatif notifié par Monsieur le procureur du Roi le 19 octobre 2016 et réceptionné par le
déclarant le 20 octobre 2016;

Vu la lettre recommandée du déclarant du 24 octobre 2016 invitant l'officier de l'état civil de la


commune de Woluwe-Saint-Pierre à transmettre le dossier au tribunal;

Vu les conclusions et le dossier de pièces déposés par le déclarant au greffe le 16 mars 2018;

Entendu le déclarant, assisté de son conseil, Maître MOENS loco Maître VERBROUCK, avocat, en ses
explications, à l'audience publique du 10 avril 2018;

Entendu Madame DUMONT, substitut du procureur du Roi, à l'audience publique du 10 avril 2018.
******

La déclaration a été souscrite le 19 août 2016. Elle est donc soumise aux dispositions de la loi du 4
décembre 2012 modifiant certaines dispositions relatives à la nationalité belge.

Tous les délais prévus par la loi ont été respectés.

La demande, régulière en la forme, est recevable.


******

La déclaration souscrite vise l'article 12 bis, § 1, 2•, du Code de la nationalité belge, qui se lit comme
suit:
« Peuvent acquérir la nationalité belge en faisant une déclaration conformément à l'article
15 : ... r l'étranger qui :
a) a atteint l'âge de dix-huit ans;
b) et séjourne légalement en Belgique depuis cinq ans;
c) et apporte la preuve de la connaissance d'une des trais langues nationales;
d) et prouve son intégration sociale :
- ou bien par un diplôme ou un certificat délivré par un établissement d'enseignement
organisé, reconnu ou subventionné par une Communauté ou par /'École royale militaire et qui
est au moins du niveau de l'enseignement secondaire supérieur;
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, Tribunal de la Famille -16/3653/B - p. 3

- ou bien en ayant suivi une formation profe�sionnelle d'au moins 400 heures reconnue par
une autorité compétente;
- ou bien en ayant suivi un cours d'intégration prévu par l'autorité compétente de sa
résidence principale au moment où il entame son cours d'intégration;
ou bien en ayant travaîllé de manière Ininterrompue au cours des cinq dernières années
comme travailleur salarié et/ou comme agent statutaire nommé dans la fonction publique
et/ou comme travailleur indépendant à titre principal;
e) et prouve sa participation économique:
- soit en ayant travaillé pendant au moins 468 journées de travail au cours des cinq dernières
années en tant que travailleur salarié et/ou agent statutaire dans la fonction publique;
- soit en ayant payé, en Belgique, dans le cadre d'une activité professionnelle indépendante
exercée à titre principal, les cotisations sociales trimestrielles dues par les travailleurs
Indépendants pendant ou moins six trimestres au cours des cinq dernières années;
La durée de la formation suivie dans les cinq ans qui ont précédé la demande visée au r, d),
premier et/ou deuxième tirets, est déduite de la durée de l'activité professionnelle requise de
468 jours minimum ou de la durée de l'activité professionnelle indépendante à titre
principal».
a} Avis du procureur du Roi
Le 19 octobre 2016, le procureur du Roi a notifié au déclarant un avis négatif, motivé par les
éléments suivants :
« Au moment de la déclaration, l'intéressé ne résidait pas en Belgique depuis cinq ans
couverts par des titres de séjour légal au sens du Code de la nationalité belge, ceux-ci ne
débutant que le 19/08/2016.
En outre, travaillant pour une institution internationale - en l'occurrence, la Commission
européenne-, l'intéressé ne prouve ni sa connaissance d'une des trois langues nationales, ni
de son intégration sociale, ni de sa participation économique.
Il n'est donc pas satisfait aux conditions de l'article 12bis, § 1, 2• du Code de la nationalité
belge"·
À l'audience, le ministère public maintient son avis négatif.
b} Arguments du déclarant
Le 16 mars 2018, le déclarant a déposé des conclusions et un dossier de pièces au greffe. Il les
commente à l'audience.
Il soutient tout d'abord qu'il justifiait, à la date de sa déclaration de nationalité (souscrite le 19 aoOt
2016), d'un séjour légal en Belgique d'au moins cinq ans, celui-ci ayant débuté le 7 octobre 2004. 11
expose s'être vu délivrer à cette date un titre de séjour spécial par le Ministère des Affaires
étrangères, eu égard à sa qualité de fonctionnaire auprès de la Commission européenne'. Il

Élément confirmé par l'historique des titres de séjour du 19 août 2016, par le certificat de résidence historique du
19 août 2016 et par fattestatlon de la Directlon générale des ressources humaines de la Commisston européennè
Tribunal de première Instance francophone de Bruxelles, Tribunal· de la Famille 16/3653/8 - p. 4

considère que le titre de séjour spécial doit être pris en compte pour la durée de son séjour légal. Il
se fonde à cet égard sur:
le Protocole sur les privilèges et immunités de l'Union européenne, qui confère aux
fonctionnaires de l'Union européenne et aux membres de leur famille un droit de séjour de
plein droit dans les États membres de l'Union;
- l'article 21 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (liberté de circulation);
- la Directive 2004/38/CE du Parlement européen et du Conseil du 29 avril 2004 relative au
droit des citoyens de l'Union et des membres de leurs familles de circuler et de séjourner
librement sur le territoire des États membres;
- les articles 10 et 40bis de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le séjour,
l'établissement et l'éloignement des étrangers; ainsi que sur
des décisions de jurisprudence (pièces i à 13 du déclarant) (Conclusions du déclarant,
pages 7-14 et page 29).
Le déclarant se réfère par ailleurs à l'attestation de la Direction générale des ressources humaines de
la Commission européenne, datée du 20 décembre 2017 (pièce 5 du déclarant)'; ce document
indique notamment qu'il a travaillé en qualité de « Fonctionnaire titulaire » depuis le« 16/09/2004 ,,
« à ce jour». il considère que cette période de travail ininterrompu, effectuée en cette qualité de
fonctionnaire européen et couvrant plus que les cinq ans précédant sa déclaration de nationalité,
peut servir de preuve de sa connaissance d'une langue nationale, de son intégration sociale et de sa
participation économique (Conclusions du déclarant, pages 14-28 et page 30).
c} Sur la preuve des conditions de base (généralités)
Les conditions prévues par l'article 12 bis,§ 1, du Code de la nationalité belge doivent être remplies
au moment de la déclaration de nationalité. En effet, selon cette disposition, le déclarant doit avoir
« atteint /'tige de dix-huit ans», séjourner« légalement en Belgique depuis cinq [ou dix] ans», etc.
pour pouvoir acquérir la nationalité belge et avoir le droit de faire « une déclaration conformément à
l'article 15 » à cette fin; i1 s'en déduit qu'à défaut - c'est-à-dire si une ou plusieurs des conditions
légales ne sont pas remplies à la date de la déclaration -, il ne dispose tout simplement pas de ce
droit'. Il s'ensuit que les pièces relatives à des éléments postérieurs à la déclaration ne peuvent être
admises. Ainsi, l'attestation d'ACTIRIS relative à la connaissance du français par le déclarant (pièce 6)
ne peut être prise en compte, dès lors qu'elle précise que le test linguistique a eu lieu le 7 décembre
2016 - soit après à la déclaration (souscrite le 19 août 2016).

du 29 juin 2016, tous joints à sa déclaration de nationalité.


Un document Identique, mals daté du 29 Juin 2016, était joint à sa déclaration de nationalité.
3
Ceci est confirmé par l'arrêté royal du 14 janvier 2013 portant exécution de la loi du 4 décembre 2012 modifiant le
Code de la nationalité belge, qui Impose de Joindre à la déclaration toutes les preuves établissant que les conditions
prévues par l'artlcle 12 bis,§ 1, du Code de la nationalité belge sont remplies. Par ailleurs, la logique de la procédure
mise en place par la loi pour l'acquisition de la nationalité belge requiert également que les conditions légales soient
rempiles à la date de la déclaration. le procureur du Roi est en effet habilité à examiner la déclaration et ses
annexes, puis à remettre un avls négatif u lorsque les conditions de base.., ne sont pas remplies» {art. 15, § 3, du
Code de la nationalité belge).
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, Tribunal de la Famille -16/3653/8 - p. 5
· ·· · ···· -•·• •---------------

Par ailleurs, il incombe au déclarant de démontrer que les conditions prévues par l'article 12 bis, § 1,
du Code de la nationalité belge sont remplies4 •
d} Sur le séjour légal
Il ressort de l'historique des titres de séjour, joint à la déclaration de nationalité, qu'un titre de séjour
spécial a été délivré au déclarant par le Ministère des' Affaires étrangères en date du 7 octobre 2004.
Ce titre a été renouvelé à plusieurs reprises, la dernière fois avec une validité jusqu'au 7 octobre
2019. Cependant, le 19 août 2016, ce titre de séjour a été remplacé par une carte E+, valable
jusqu'au 26 juillet 2021.
L'avis négatif ne tient compte que de la période couverte par la carte E+ (cf. ci-dessus, point a).
Le point à trancher en l'espèce est dès lors de déterminer si le titre de séjour spécial, couvrant la
période du 7 octobre 2004 au 18 août 2016, peut être pris en compte pour la durée du séjour légal
du déclarant.
En vertu de l'article 7bis du Code de la nationalité belge :
« § 1er. Pour l'application des dispositions du présent Code en matière d'acquisition ou de
recouvrement de la nationalité belge, l'étranger doit avoir fixé sa résidence principale en
Belgique sur la base d'un séjour légal, et ce, aussi bien au moment de l'introduction de sa
demande ou déclaration que durant la période la précédant immédiatement. Tant le séjour
légal que la résidence principale doivent êt�e ininterrompus.
§ 2. On entend par séjour légal:
1 • en ce qui concerne le moment de l'introduction de la demande ou déclaration : avoir été
admis ou autorisé au séjour illimité dans le Royaume au à s'y établir en vertu de la loi sur les
étrangers;
2 ° en ce qui concerne la période qui précède : avoir été admis ou autorisé à séjourner plus de
trois mais dans le Royaume ou autorisé à s'y établir conformément à la loi sur les étrangers
ou la loi de régularisation.
Le Rai détermine, par arrêté délibéré en Conseil des ministres, les documents qui seront pris
en considération en tant que preuve du séjour visé à l'alinéa 1er.
§ 3. Dans les cas prévus par le présent Code, le caractère ininterrompu du séjour défini au § 2
n'est pas affecté par des absences temporaires de six mois maximum et ce, pour autant que
ces absences ne dépassent pas au total une durée d'un cinquième des délais requis par le
présent Code dans le cadre de l'acquisition de la nationalité ».
Les articles 3 et 4 de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 portant exécution de la loi du 4. décembre 2012
énumèrent plusieurs « documents de séjour à prendre en considération en tant que preuve du séjour
légal» au sens de l'article 7bis, § 2, du Code de la nationalité belge. La circulaire du 8 mars 2013
concernant certains aspects de la loi du 4 décembre 2012 précise que cette énumération est
«exhaustive». L'arrêté royal ne mentionne pas que son énumération est incomplète (pas de
«notamment» ou autre précision équivalente).

4
Art. 15, § 5, lu en combinaison avec l'arrêté royal du 14 janvier 2013 portant exécution de la loi du 4 décembre 2012
modifiant le Code de la nationalité belge - spéc. les art. 1 à 11-, et avec l'art. 870 du Code judiciaire.
ïribunal de première instance francophone de Bruxelles, Tribunat de la Famille -16/3653/8 - p. 6

Les articles 3 et 4 de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 excluent donc toute preuve du séjour légal
autre que celles qu'ils énumèrent.
Conformément à l'arrêté royal du 14 janvier 2013, le ministère public (et, avant lui, l'Office des
étrangers) refuse(nt) de prendre en considération le titre de séjour spécial, non visé par les
dispositions précitées de cet arrêté. Le déclarant soutient néanmoins que ce titre, dont Il a bénéficié
du 7 octobre 2004 au 18 août 2016, doit être pris en compte pour la durée du séjour légal.
L'article 7bls, § 2, alinéa 1, 2' du Code de la nationalité belge, pris isolément, autorise la prise en
compte du titre de séjour spécial, puisque ce dernier a concrètement eu pour effet que le déclarant a
en l'espèce « été admis ou autorisé à séjourner plus de trois mois dans le Royaume,, avant sa
déclaration. Cependant, l'article 7bis, § 2, alinéa 2 du Code de la nationalité belge habilite le Roi à
dresser la liste des « documents qui seront pris en c<;msidération en tant que preuve du séjour » et,
comme indiqué ci-dessus, les articles 3 et 4 de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 portant exécution de
la loi du 4 décembre 2012 excluent le titre de séjour spécial des preuves admissibles. le libellé de
cette habilitation légale ne contient rien qui permettrait de conclure que I' « exclusion » précitée lui
serait contraire, de sorte qu'aucun recours à l'article 159 de la Constitution, en tant qu'il vise la
compatibilité des normes réglementaires aux normes de rang légal au sens strict, ne peut être
envisagé.
En revanche, le contrôle de légalité prévu par l'article 159 de la Constitution, en tant qu'il concerne la
compatibilité des normes réglementaires à la Constitution, doit être appliqué en l'espèce.
Les articles 10, 11 et 191 de la Constitution fondent le principe d'égalité de traitement des étrangers
se trouvant sur le territoire belge. Conformément à la Jurisprudence bien connue de la Cour
constitutionnelle, le principe d'égalité « [n'exclut] pas qu'une différence de traitement soit établie
entre des catégories de personnes, pour autant qu'elle repose sur un critère objectif et qu'elle soit
raisonnablement iustif/ée » (souligné par le Tribuna1)5 • L'article 159 de la Constitution habilite le juge
judiciaire à écarter une norme réglementaire contraire au principe constitutionnel d'égalité de
traitement6, Or, les articles 3 et 4 de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 créent une différence de
traitement entre les étrangers disposant de titres .de séjour légal que ces articles énumèrent, d'une
part, et les étrangers disposant d'autres titres de séjour légal, d'autre part. En l'occurrence, cette
différence de traitement affecte directement le déclarant, puisque son titre de séjour spécial lui a
concrètement permis de séjourner légalement en Belgique du 7 octobre 2004 au 18 août 2016 - soit
plus de trois mois, comme requis par l'article 7bls du Code de la nationalité belge. Sous cet angle, la
différence de traitement épinglée oppose deux catégories d'étrangers bénéficiant chaque fois d'un

' Cf. par exemple : c. const. (alors Cour d'arbitrage), n' 1/1994 du 13 janvier 1994 ; c. Const. (alors Cour d'arbitrage),
n' 109/99 du 14 octobre 1999. Dans le même sens, d. par exemple: Cass. (1re ch.), RG D.96.0005.N, 20 Juin 1997,
Arr. Coss., 1997, p. 685; J. T., 1998, p. 255; Pas., 1997, 1, p. 721; R. W., 1997-98, p. 851; Cass. (3e ch.),
RG S.13.0008.F, 21 septembre 2015, Arr. Cass., 2015, p. 2096; J. T. T., 2015, p. 501; Pas., 2015, p. 2083.
6
Cf. par exemple: Liège. 8 octobre 2015, lus & Actores, 2016, p. 45. Cet arrêt cite abondamment D. RENDERS e.a,
Droit administratif- TOme Ill: Le contrôle de /'administration, Bruxelles, larcier, 2010, n• 850 et s., p. 397 et s. Cf.
également M. PÂQUES; Principes de contentieux administratif, Larder, Bruxelles,, 2017, p. n .. 69 et s., p. 133 et s.
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, Tribunal de la Famille -16/3653/B - p. 7

séjour légal de plus de trois mois. L'arrêté royal précité ne fournit cependant aucune justification à ce
propos; le Rapport au Roi précédant cet arrêté non plus.
Cette absence de justification est d'autant plus frappante que la carte E+ - qui, elle, est prise en
considération par les articles 3, 5 ° et 4, 7 ° de l'arrêté royal du .14 janvier 2013 7 - est délivrée aux
citoyens de l'Union européenne après cinq ans de séj.our légal en Belgique'. En l'espèce, ne pas tenir
compte de ce séjour légal de (plus de) cinq ans consacré par la délivrance de la carte E+ et fondé ici
sur un titre de séjour spécial, tout en exigeant que le déclarant démontre cinq années de séjour
fondé sur la carte E+, reviendrait en réalité à lui imposer de justifier d'un séjour légal de (plus de) dix
ans - alors que l'article 12 bis,§ 1, 2°, b), du Code de la nationalité belge n'exige qu'un séjour légal de
cinq ans.
Par conséquent, en tant qu'ils excluent sans justification toute preuve du séjour légal autre que celles
qu'ils énumèrent, les articles 3 et 4 de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 sont contraires aux
articles 10, 11 et 191 de la Constitution; ils doivent être écartés en application de l'article 159 de la
Constitution. Le déclarant peut dès lors démontrer à l'aide d'autres titres que ceux énumérés par
l'article 4 de l'arrêté royal du 14 janvier 2013, qu'il séjourne légalement en Belgique.
À cet égard, le titre de séjour spécial délivré au déclarant du 7 octobre 2004 au 18 août 2016 peut
être admis. En effet, il a été délivré en vertu de l'arrêté royal du 30 octobre 1991 relatif aux
documents de séjour en Belgique de certains étrangers, lequel a été adopté en exécution de
l'article 10 de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le séjour, l'établissement et
l'éloignement des étrangers9 • Ce document constitue: un titre de séjour légal au sens de l'article 7bis
du Code de la nationalité belge, puisqu'il concerne un « étranger dont le droit de séjour [de plus de
trois mois10] est reconnu par un traité international [h, par une loi [12] ou par un arrêté royal [ 13] »,

7
Ainsi que le confirme en l'espèce l'avis négatif (cf. ci-dessus).
8
Art. 42qulnqules de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement
des étrangers; art. 55 de l'arrêté royal du 8 octobre 1981 sur l'accès au territoire, le séjour, l'établissement et
l'éloignement des étrangers.

Cf. le préambule de l'arrêté royal du 30 octobre 1991.


10
Cf. les premiers mots de l'art. 10, § 11 de la loi du 15 décembre 1980: « Sous réserve des dispositions des articles 9
et 12, sont de plein droit admis à séjourner plus de trois mois dans le Royaume: ... >>.
11
En l'espèce, puisque le déclarant est fonctionnaire européen, le traité international applicable est le Protocole sur
les privilèges et immunités de l'Unlon européenne (Protocole n" 7 annexé aux Traité sur l'Union européenne et
Traité sur le fonctionnement de l'U.nlon européenne). L'art. 11 de ce protocole précise que « Sur Je territoire de
chacun des États membres et quelle que soit leur nationalité, les fonctionnaires et autres agents de l'Union: ... b) ne
sont pas soumis, non plus que leurs conjoints et les membres de leur famille vivant à leur charge, aux dispositions
limitant l'immigration et aux formalités d'enregistrement des étrangers». Cf. également l'arrêt C.J.U.E., 21 Juillet
2011, Dias, C�325-/09, cité ci-dessous, qui renvoie au Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. Il faut
notamment y ajouter la Directive 2004/38/CE du Parlement européen et du Conseil du 29 avril 2004 relative au
droit des citoyens de l'Union et des membres de leurs familles de circuler et de séjourner librement sur le territoire
des États membres, spéc. l'art. 7.1, b), qui donne à « tout citoyen de l'Union le droit de séjourner sur le territoire
d'un autre État membre pour une durée de plus de trois mois a) s'il est un travailleur salarié ou non salarié dans
l'État membre d'accueil, ou b) s'il dispose, pour lui et pour les membres de sa famille de ressources suffisantes afin
de ne pas devenir une charge pour le système d'assistance sociale de l'État membre d'accueil au cours de son séjour,
et d'une assurance maladie complète dans l'État membre d'accueil >l (souligné par le Tribunal). Cette disposition du
droit dérivé européen est transposée en droit belge par l'art. 40, § 4, 1-2" de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès
---------------------
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, Tribunal de la Famille -16/3653/B - p. 8
.,.,,,,,_

comme prévu par l'article 10, § 1, 1 ° de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le séjour,
l'établissement et l'éloignement des étrangers - soit une admission ou une autorisation« à séjourner
plus de trois mois dans le Royaume ... conformément à la loi sur les étrangers », requis par le Code de
la nationalité belge 14 • Il répond ainsi à la définition du séjour légal prévue par ce code. La
circonstance que ce document ne figure pas dans l'énumération de l'article 4 de l'arrêté royal du 14
janvier 2013 est indifférente, par application de l'article 159 de la Constitution (cf. ci-dessus);
La Cour de Justice a au demeurant jugé que le droit d'un ressortissant de l'Union européenne de
séjourner dans un autre État membre que le sien « constitue un droit conféré directement par [le
Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne] » 15, ce qui « empêche de qualifier d'illégal, au
sens du droit de l'Union, le séjour d'un citoyen en considération de la seule circonstance qu'il ne
dispose pas d'une carte de séjour » 16•
Tout ceci impose de constater que le déclarant justifie d'un séjour légal en Belgique depuis le
7 octobre 2004 - soit, à la date de la déclaration (souscrite le 19 août 2016), depuis (plus de) cinq
ans, comme requis par l'article 12bis, § 1, 2•, b), du Code de la nationalité.
e) Sur la preuve de l'intégration sociale
Selon l'article 12 bis, § 1, 2•, d), dernier tiret, du Code de la nationalité belge, le déclarant peut
prouver son intégration sociale en démontrant avoir « travaillé de manière ininterrompue au cours
des cinq dernières années comme travailleur salarié et/ou comme agent statutaire nommé dans la
fonction publique et/ou comme travailleur indépendant à titre principal» (souligné par le Tribunal).
Selon l'article 7, 4°, de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 portant exécution de la loi du 4 décembre
2012 modifiant le Code de la nationalité belge :
« la preuve de l'intégration sociale, laquelle ne pourra s'établir que de la manière suivante

d} soit par des documents attestant que l'int�ressé a travaillé de manière ininterrompue au
cours des cinq dernières années comme trdvailleur salarié et/ou comme agent statutaire
nommé dans la fonction publique et/ou en tant que travailleur indépendant à titre principal.
À cette fin, l'intéressé produira les documents suivants:

au territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers.


12
Cf. spéc. l'art. 40bis, § 4, 3" de la loi du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le séjour, l'établissement et
l'éloignement des étrangers. Cette disposition transpose l'art. 7.1, b) de la Directive 2004/38/CE du Parlement
européen et du Conseil du 29 avril 2004 relative au droit des citoyens de l'Union et des membres de leurs familles
de circuler et de séjourner librement sur le territoire des États membres, qui donne à « tout citoyen de l'Union le
droit de séjourner sur Je territoire d'un autre État membre pour une durée de plus de trois mois a) s'il est un
travailleur salarié ou non salarié dans l'État membre d'accueil, ou b) s'il dispose, pour lui et pour les membres de sa
famille de ressources suffisantes afin de ne pas devenir une charge pour Je système d'assistance sociale de l'État
membre d'accueil au cours de son séjour, et d'une assurance maladie complète dans l'État membre d'accueil».
" Cf. l'arrêté royal du 30 octobre 1991 relatif aux documents de séjour en Belgique de certains étrangers.
14
Art. 7bis, § 2, 2° du Code de la nationalité belge, lu en combinaison avec l'art. 1, § 2, 2 ° du même code.
15
C.J.U.E., 21 Juillet 2011, Dias, C-325/09, Rec., p. 1-6387, ECLl:EU:C:2011:498, point 48.
16
C.J.U.E., 21 Juillet 2011, Dias, C-325/09, Rec., p. 1-6387, ECLl:EU:C:2011:498, point 54.
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, Tribunal de la Famille -16/3653/B -p. 9

si l'intéressé est ou o été agent statutaire da�s la fonction publique, il produira la preuve de
sa nomination définitive accompagnée d'atte�tatian(s) délivrée(s) par le service compétent de
l'administration publique» (souligné par le Tribunal).
Le Code de la nationalité belge, l'arrêté royal dû 14 janvier 2013 portant exécution de la loi du
4 décembre 2012 modifiant le Code de la national_ité belge et la circulaire du 8 mars 2013 relative à
certains aspects de la loi du 4 décembre 2012, ne définissent pas ce qu'il convient d'entendre par
« fonction publique ». Les travaux préparatoires de la loi du 4 décembre 2012 ou le Rapport au Roi de
l'arrêté royal du 14 janvier 2013 non plus.
La question se pose donc de savoir si ces termes ne visent que les administrations belges (fédérales,
fédérées, communales, etc.) ou s'ils comprennent également les administrations européennes
établies à Bruxelles. S'agissant des travailleurs salariés du secteur privé, le Code de la nationalité
belge ne requiert pas que l'employeur soit de nationalité belge, ni - par exemple - que la langue de
travail au sein de cet employeur soit une langue nationale. Un déclarant ayant qualité de travailleur
salarié du secteur privé pourra donc prouver son intégration sociale17 en démontrant uniquement
qu'il a travaillé de manière ininterrompue pendant'les cinq ans précédant sa déclaration d'acquisition
de la nationalité belge, pour un employeur (belge ou étranger) établi en Belgique". Or, les
articles 10, 11 et 191 de la Constitution fondent le principe d'égalité de traitement des étrangers se
trouvant sur le territoire belge. Par ailleurs, le juge saisi est autorisé à choisir, parmi les
interprétations possibles d'une loi, celle qui 1.a renq conforme à la Constitution plutôt que celle qui lui
est contraire". Aussi, faute de disposition contrair� dans le Code de la nationalité belge, et eu égard
aux dispositions précitées de la Constitution, le Tribunal ne peut que supposer que le législateur et
l'exécutif n'ont pas entendu créer de différence de traitement entre les salariés étrangers du secteur
privé (belge ou étranger) ou les salariés ou fonctionnaires étrangers du secteur public belge, d'une
part, et les salariés ou fonctionnaires étrangers du secteur public européen, d'autre part. Il s'en
déduit que les mots « fonction publique» doivent s'entendre comme englobant non seulement les
administrations belges, mais aussi la Commission européenne.
À l'audience, le ministère public a mis en doute que la Commission européenne puisse être
considérée comme faisant partie de la « fonction publique». Ceci revient à perdre de vue que, dans
l'ordre juridique européen, la Commission européenne assume notamment les rôles de gardienne
des traités'0, de pouvoir exécutif européen", de membre du pouvoir législatif européen" et de

17
Ainsi que sa connaissance d'une langue natlonale et sa· participation économique (cf. cl�dessous - points f et g).
18
Il suffit que le travail soit effectué en Belgique, l'art. 1, § 2, 7' du Code de la nationalité belge et la circulaire du 8
mars 2013 précisant que<< Je travail effectué à l'étranger>> ne peut être« pris en compte>>.
19
Cass., 20 avril 1950, Pas., I, p. 560 (arrêt Wale/fe).
20
Art. 17.1 du Traité sur l'Union européenne et art. 258 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne.
21
Art. 17.1 du Traité sur l'Unlon européenne, ainsi que· les art. 108, 314 et 317 du Traité sur le fonctionnement de
l'Union européenne.
22
Art.17.2 du Traité sur l'Union européenne {monopole de la Commission en matière d'initiative législative),
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, Tribunal'de la Famille -16/3653/B - p. 10

représentante de l'Union auprès des pays tiers". Elle répond de ses actes devant le Parlement
européen24 et est assistée par une administration composée notamment de fonctionnaires25, dont la
structure est d'ailleurs « calquée sur Je modèle des fonctions publiques nationales » 26 • Elle est donc
incontestablement une autorité publique".
L'article l ", § 2, r, du Code de la nationalité belge définit la « journée de travail» en renvoyant aux
« articles 37 et 38 de l'arrêté rayai du 25 novembre 1991 portant réglementation du chômage». La
première de ces deux dispositions vise en particulier le « travail effectif normal et les prestations ...
effectuées dans une profession ou une entreprise assujetties à la sécurité sociale, secteur chômage ».
Comme l'observe le déclarant (ses conclusions, page 23), ces dispositions ne sauraient être
comprises comme signifiant que le « travail ininterrompu » ou une « journée de travail » doit
exclusivement avoir été accompli(e) pour un tel employeur, sous peine d'empêcher les « agents
statutaires dans la fonction publique » étrangers ;de prouver leur intégration sociale ou leur
participation économique par leur travail au sein d'une administration (belge ou européenne - cf. ci­
dessus), alors que ceux-ci sont expressément visés par les dispositions légales et réglementaires
applicables28 • L'article l", § 2, r, du Code de la nationalité belge et les dispositions auxquelles il
renvoie ne servent qu'à préciser le décompte des journées de travail du déclarant ou candidat belge,
mais ils ne concernent pas le statut de son employeur (au sens large) au regard de la sécurité sociale
belge. Autrement dit, ces dispositions n'ont pas pour objet d'exiger que l'employeur (au sens large)
soit assujetti à la sécurité sociale belge.
Comme indiqué ci-dessus, l'article 7, 4 °, de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 exige que la
démonstration qu'un « agent statutaire dans la fonction publique » « a travaillé de manière
ininterrompue au cours des cinq dernières annéei; [précédant sa déclaration de nationalité] » - et
donc la démonstration de son intégration sociale - soit apportée par « la preuve de sa nomination
définitive accompagnée d'ottestation(s) délivrée(s) ,par Je service compétent de l'administration
publique». Or, le déclarant produit une attestation de la Direction générale des ressources humaines
de la Commission européenne, datée du 20 décembre 2017 et indiquant notamment que le
déclarant a travaillé en qualité de « Fonctionnaire titulaire » depuis le « 16/09/2004 » « à ce jour»

" Art.17.1 du Traité sur l'Union européenne et art. 207 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne.
24
Art.17.8 du Traité sur l'Union européenne et art. 234 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne.
25
Règlement n• 31 (CEE) ou n• 11 (CEEA) fixant le statut des fonctionnaires et le régime applicable aux autres agents
de la Communauté économique européenne et de la Communauté européenne de l'énergie atomique (J.0.C.f.,
P 45 du 14 juin 1962).
16 e
S. VAN RAEPENBUSCH, Droit institutionnel de l'Union européenne, 2 éd., Larcier, Bruxelles, 2016, p. 250.
17 er
Cf. par exemple: L. DEFALQUE et P. NIHOUL, « Chronique semestrielle de droit communautaire {1 janvier- 30 juin
2005), J. T., 2005, p.632 (« Or, la Commission européenne est une autorité administrative ... »).
28
Cf. en particulier l'art. 12bls, § 1, 2°, d), quatrième tiret, di.J Code de la nationalité belge(« et prouve son intégration
sociale: ... ou bien en ayant trava;Jfé de manière ininterrompue au cours des cinq dernières années comme
travailleur salarié et/ou comme agent statutaire nommé dans fa [onction publique et/ou comme travailleur
indépendant à titre principal») et l'art. 12bis, § 1, 2 °, e), 'premier tiret du même code(<< et prouve sa participation
économique: soit en ayant travaillé pendant au moins 468 Journées de travail au cours des cinq dernières années en
tant que travailleur salarié et/ou agent statutaire dans la [onction publique»).
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, Tribunal de la Famille -16/3653/8 - p. 11

(pièce 5 du déclarant). Ce document émane du « service compétent» de la Commission européenne


et atteste que le déclarant a travaillé de manière ininterrompue au cours de la période de cinq ans
concernée. Il répond aux exigences précitées et démontre l'intégration sociale du déclarant à
suffisance de droit.
/) Sur la preuve de la connaissance d'une longue nationale
Selon l'article 1, 5 °, de l'arrêté royal du 14 janvie/ 2à13 portant exécution de la loi du 4 décembre
2012 modifiant le Code de la nationalité belge, la connaissance d'une des trois langues nationales
peut être démontrée par « des documents attestant que l'intéressé a travaillé de manière
ininterrompue au cours des cinq dernières années comme travailleur salarié et/ou comme agent
statutaire nommé dans la fonction publique et/ou en tant que travailleur indépendant à titre
principal. À cette fin, le demandeur produira les documents suivants: ... c) si l'intéressé est ou a été
agent statutaire dans la fonction publique, il produira la preuve de sa nomination définitive
accompagnée d'attestation(s) délivrée(s) par le service compétent de l'administration publique ... ».
En l'espèce, le déclarant produit l'attestation requise, démontrant qu'il a travaillé de manière
ininterrompue au cours de la période de cinq ans concernée, comme exposé ci-dessus (point e); il
prouve donc également sa connaissance d'une langue nationale à suffisance de droit.
g) Sur la preuve de la participation économique
Le déclarant peut prouver sa participation économique en démontrant avoir « travaillé pendant au
moins 468 journées de travail au cours des cinq dernières années» (art. 12 bis,§ 1, 2° , e) du Code de
la nationalité belge). Ceci ne peut « s'établir que s_elon les moyens de preuves suivants: ... c) si
l'intéressé est ou a été agent statutaire dans lq fonction publique, il produira la preuve de sa
nomination définitive accompagnée d'une ou des attestotions(s) délivrée(s) par le service compétent
de l'administration publique justifiant l'accomplissement d'au moins 468 journées de travail au cours
des cinq dernières années précédant immédiatement le dépôt de la déclaration ... » (art. 7, 5 °, c), de
l'arrêté royal du 14 janvier 2013 portant exécution de la loi du 4 décembre 2012).
En l'espèce, le déclarant produit l'attestation requise, démontrant qu'il a travaillé de manière
ininterrompue au cours de la période de cinq ans concernée, comme exposé ci-dessus (point e). Il
s'en déduit qu'il a nécessairement accompli « au moins 468 journées de travail» pendant cette
période. La circulaire du 8 mars 2013 concernant certains aspects de la loi du 4 décembre 2012 le
confirme expressément
« si l'intéressé apporte déjà la preuve de son intégration sociale par l'accomplissement d'une
activité professionnelle salariée durant les cinq années qui précèdent sa déclaration
conformément à l'article 12bis, § 1er, 2 °, d), CNB, il sera présumé d'office avoir effectué les
468 jours légalement requis. Le même raisonnement s'applique mutatis mutandis pour
l'intéressé qui exercerait une activité indépendante durant les cinq années requises».
Le Tribunal n'aperçoit pas pour quel motif il en irait différemment pour I' « agent statutaire (nommé)
dans la fonction publique».
Le déclarant prouve donc également sa participation économique à suffisance de droit.
Tribunal de première instance francophone de Bruxelles, Tribunal de la Famille - 16/3653/B - p. 12

h) Conclusion
Au vu de ce qui précède, l'avis négatif du procureur du Roi doit être déclaré non fondé.
Il s'impose dès lors de faire droit à la demande du déclarant, toutes les conditions légales lui
permettant d'obtenir la nationalité belge étant réunies.

S' agissant d'une procédure unilatérale, il y a lieu de délaisser au déclarant ses propres dépens.

******

PAR CES MOTIFS,

Vu les articles 4 et 9 de la loi du 15 juin 1935 sur l'emploi des langues en matière judiciaire;

Vu le Code de la nationalité belge;

LE TRIBUNAL DE LA FAMILLE,

Déclare être régulièrement saisi;

Déclare l'avis négatif de Monsieur le procureur du Roi recevable mais non fondé;

En conséquence, dit qu'il y a lieu de faire droit à la demande d'acquisition de la nationalité belge
faite en application de l'article 12 bis du Code de la nationalité belge, par:

Monsieur X,
né à Levenshulme, Manchester (Royaume-Uni)
le 7 février 1966
résidant au moment de la déclaration et actuellement à 1150 Bruxelles, avenue Van Crombrugghe,
110;
Et que l'officier de l'état civil compétent peut dès lors procéder à l'inscription de la déclaration dans
ses registres;

Délaisse à Monsieur X ses propres dépens.

Ainsi jugé et prononcé à l'audience publique de la 105ème chambre FAM du tribunal de première
instance francophone de Bruxelles, tribunal de la famille,
le O 8 -05· 2018
où étaient présents et siégeaient:
2

Vu ln déc/nrntio11 de 11atio11alité faite le 19 août 2016 deva11t /'Officier de l'Etat civil de ln com111u11e de
Woluwé-Sni11t-Pierre sur pied de l'article 12bis, § 1, 2 ° du Code de la 11atio11alité belge;

Vu l'avis négatif de Monsieur le Procureur du Roi du 19 octobre 2016;

Vu ln demande de saisine du Trib1111nl de Première i11stn11ce, e11voyée par courrier recommandé le 25


octobre 2016;

I.FAITS:

Monsieur X est de nationalité britannique, né le 7.02.1966 à Manchester.

Il réside en Belgique depuis le 16.09.2004 en vue de travailler pour la Commission


europée1rne où il travaille toujours actuellement.

Il est propriétaire d'une maison à Woluwé-Saint-Pierre depuis 2008.

Il a rencontré son épouse et la mère de son fils en Belgique.

Son fils, Oscar est né en Belgique et a toujours vécu en Belgique.

Ils sont tous les deux membres d'un club de hockey et Oscar est également membre d'tm
club de karaté.

Les amis et cmrnaissance de Monsieur X démontrent également qu'il est tout à fait intégré
socialement en Belgique.

Depuis son arrivée en Belgique, il séjour légalement sous couvert d'un titre de séjour spécial.
Il a obtenu le 19.08.2016 une carte de séjour E+, en qualité de citoyen de l'Union europée1rne.

Monsieur X a fait tme déclaration de nationalité le 19.08.2016, sur la base de l'article 12bis, §1
", 2° du Code de la nationalité.

Le Procureur du roi s'est opposé à l'acquisition de la nationalité belge par mon client aux
motifs qu'il ne serait en séjour légal au sens du Code de la nationalité belge que depuis le
19.08.2016 et qu'il ne prouverait ni sa connaissance d'une des h·ois langues nationales, son
intégration sociale, ni sa participation éconon1i que.
3

I. RECEYABILITE

La demande de saisine du Tribunal ayant été effectuée le 25 octobre 2016 (pièce 1), elle a été
faite endéans le délai de 15 jours suivant la notification de l'avis négatif du Procureur du Roi,
et elle doit être déclarée recevable.

II. DISCUSSION

Le concluant ne peut se rallier à l'avis négatif du Procureur du Roi.

En effet, les conditions requises par le Code de la nationalité en vertu des articles 12bis, § 1,
2 ° et 7bis sont toutes remplies.

III.1. Eu droit

L'article 12bis, § 1, 2 ° du Code de la Nationalité belge dispose comme suit :

« Art. 12bis. § 1er. Peuvent acquérir la nationalité belge en faisant une déclaration
conformément à l'article 15: [. .. ]
2 ° l'étranger qui:
a) a atteint l'âge de dix-liuit ans;
b) et séjourne légalement en Belgique dep11is cinq ans;
c) et apporte la preuve de la connaissance d'11ne des trois lang11es nationales;
d) et pro11ve son intégration sociale:
- 011 bien par 1111 diplôme 011 un certificat délivré par 11n établissement d'e11seigne111e11t
organisé, reco111111 011 s11bventionné par une Comm1111auté 011 par l'Ecole royale militaire et qui
est nu moi11s du 11ivenu de l'e11seigne111ent secondaire supérieur;
- ou bie11 e11 nyo11t suivi une for111otion professionnelle d'au moi11s 400 lteures reconnue por
1111e 011torité compéte11te;
- ou bien en alfOilf suivi 1111 cours d'i11tégration prév11 par /'autorité compéte11te de sn
réside11ce pri11cipnle nu 111ome11I 011 il e11/ome son cours d'i11tégratio11;
- 011 bie11 en nyn11I travaillé de manière i11i11terrompue ou co11rs des cinq dernières a1111ées
co111111e travailleur salarié et/011 comme agent statutaire 110111mé da11s la fonction publique et/ou
co111111e travailleur i11dépe11da11t à titre pri11cipol;
e) et prouve sa participation éco110111ique:
- soit e11 m;a11f travaillé pe11da11t ou moi11s 468 jo11rnées de travail au cours des cinq
dernières a1111ées en tant que travailleur salarié et/ou agent stat11tnire dn11s la fonction
p11bliq11e;
- soit en aya11t payé, e11 Belgiq11e, dans le cadre d'11ne activité professio1111elle i11dépe11dn11te
exercée à titre pri11cipal, les cotisations sociales trimestrielles dues pnr les travailleurs
i11dépe11dnnts pe11da11t a11 moi11s six trimestres 011 cours des ci11q dernières a1111ées;
Ln durée de la for111atio11 suivie da11s les cinq ans qui ont précédé ln demande visée n11 2 °, d),
premier et/011 deuxième tirets, est déduite de la d11rée de /'activité professionnelle requise de
468 jours minim11111 on de ln durée de /'activité professio1111elle i11dépendante à titre pri11cipnl.

4

L'article 7bis du même Code prévoit que :

« § 1er. Pour /'npplicatio11 des dispositions d11 présent Code en 111ntière d'ncq11isitio11 011 de
reco11vre111ent de ln nationalité belge, l'étranger doit avoir fixé sa réside11ce principale e11
Belgique s11r ln base d'1111 séjour légal, et ce, aussi bien n11 1110111e11t de /'i11trod11ction de sa
de111n11de 011 déclaration que durant ln période ln précédant immédinte111e11t. Tant le séjour
légal que ln résidence principale doivent être ininterro111p11s.

§ 2. 011 entend par séjour légal:

1 ° en ce qui concerne le moment de /'introduction de ln demande 011 déclaration : avoir été


admis 011 autorisé nu séjour illimité dans le Royaume 011 à s'y établir en vertu de ln loi sur les
étrangers;
2 ° en ce qui concerne ln période qui précède: avoir été admis 011 autorisé à séjourner plus de
trois mois dans le Royaume 011 autorisé à s'y établir confor111ément à ln loi sur les étrangers 011
la loi de régularisation.
Le Roi détermine, par arrêté délibéré en Conseil des ministres, les documents qui seront
pris en considération en tant que preuve du séjour visé à l'alinéa l" ».

Au terme de ces deux dispositions, 6 conditions sont requises pour acquérir la nationalité
belge par déclaration

Le déclarant a plus de 18 ans;


Le déclarant a sa résidence principale en Belgique pendant les cinq am1ées
précédant la déclaration;
Le déclarant est admis au séjour illimité en Belgique le jour de l'introduction de sa
de1nande;
Le déclarant est admis de manière ininterrompue au séjour de plus de trois mois en
Belgique en application de la loi sur les éh·,mgers ou la loi de régularisation (séjour
légal).
Le déclarant doit prouver de son intégration sociale en Belgique;
Le déclarant doit apporter la preuve de sa participation économique en Belgique.

Quelques notions méritent des éclaircissements

a) Ln 11otion de« réside11ce pri11cipale »


L'article],§ 2, 1 ° CNB définit la notion de résidence principale comme« le lieu de l'inscription
a11 registre de la population, a11 registre des étrangers 011 nu registre d'attente».

Cette définition a été insérée par l'article 2 de la loi du 4 décembre 2012 modifiant le Code de
la nationalité belge afin de rendre l'acquisition de la nationalité belge neutre du point de vue
de l'immigration, entrée en vigueur le 1" janvier 2013 1 •

1 .M.B., 14 décembre 2012.


5

Les h·avaux préparatoires de la loi du 4 décembre 2012 justifient l'adoption de cette nouvelle
définition comme suit

« Le parquet et les officiers de l'état civil demandent que /'011 utilise ln définition de la
résidence principale du Code civil. L'inscription nn registre nntionnl est une nécessité
procéd11rnle. En effet, si une personne n'est pns inscrite:

- ln compétence de l'officier de l'étnt civil ne peut pns être vérifiée;


- cette personne peut introduire plusieurs demandes si11111/tnné111ent;
- ln police doit vérifier sur place que le séjour est effectif»'.

La volonté du législateur est donc clairement de lever toute ambiguïté quant à la résidence
effective de l'intéressé.

Afin d'identifier les catégories de personnes inscrites dans les registres susvisés, il convient
de se référer à l'arrêté royal du 16 juillet 1992 qui précise ce qu'il faut entendre par registres
de la population et regish·e des étrangers'.

Son article 1" définit ainsi le regish·e de la population comme étant « le fichier nlphnbétiq11e
mentionnant les informntions concemnnt les personnes visées pnr ln loi du 19 juillet 1991 relative aux
registres de la population et aux cartes d'identité[ ... ]».

Cet article précise, en son alinéa 2, que « ledit registre mentionne également des infonnntions
relatives aux fonctionnaires et autres ngents étrangers des Co11111111nn11tés européennes ainsi que leur
n
conjoint et les membres de le11r fa111ille vivnnt leur clwrge, établis dans le Royaume conformément n
l'nrticle 16 du Protocole sur les privilèges et i11111111nités des Co111111unn11tés européennes du 8 avril
1965, approuvé par la loi du 13 mni 1966, lesquels font l'objet d'une mention dans les registres de la
pop11lntion ».

Le Protocole visé par cet article, tel que modifié par le Traité de Lisbonne', comporte m1e
série de dispositions relatives aux privilèges des fonctimmaires européens et des membres de
leur famille.

Il s'ensuit que le registre de la population mentionne non seulement les informations


concernant les perso1mes visées par la loi du 19 juillet 1991 relative aux registres de la
population et aux cartes d'identité mais également les informations relatives aux
fonctionnaires européens et des membres de leur famille.

Dans ses insh·uctions destinées à harmoniser les pratiques des administrations communales
dans la tenue à jour des informations au registre national, coordom1ées le l"' octobre 2013, le
SPF intérieur confirme l'inscription des fonctimmaires européens dans les registres de la
population

2 Chambre des rt'pn�sentants, session 20]0-2011, Amendements, 53-0476, n ° 8, p. 5.


·1 Arrêté royal du 16 juillet 1992 relatif aux registres de la population et au registre des étrangers, M.B., 15 aollt
1992
.J J.O., C 306 du 17 décembre 2007; le traité a modifié l'intitulé du Protocole, s'intitulant désormais "Protocole sur
les privilèges d immunités de l'Union européenne>>.
6

« Dn11s le cadre des 111issio11s qui lui so11t i111pnrties, ln Direction du Protocole du SPF Affaires
étrangères est cltnrgée, e11tre n11tres, de ln délivra11ce des cartes d'identité spéciales n11x
diplo111n/es et n11tres 111e111bres de 111issio11s diplo111ntiq11es el co11s11lnires, ninsi q11'n11x 111e111bres
de leur fnmille.

Un nombre important des perso1111es susvisées, 110/n111111e11t le perso1111el nd111i11istrntif el


technique des n111bnssndes, est inscrit n11 Registre 11ntionnl sous ln codification pnrtiwlière
TI210/4 - « étrangers A.R. d11 30/10/91 (cf point 448 des instructions pour ln te1111e ii jour
des i11for111ntio11s n11 Registre nntionnl).

Ils sont mentionnés dnns le registre de ln pop11lntion sur ln bnse de b11//etins de re11seigne111ents
individuels fo11mis pnr ln Direction d11 Protocole d11 SPF Affaires étrangères. Ln dnte ii
prendre en considération pour ln 111ention est celle de l'entrée en fonctions fig11rnnt sur les
bulletins de renseig11e111e11ts précités.[. .. ]

Cette méthode de trnvnil est égnle111e11t d'npplicntion pour les personnes e11 possession d'une
cnrte d'identité spéciale qui sont éve11t11elle111ent inscrites nux registres TI 210/2 (registre de
pop11lntion) en TI 210/3 (fo11ctio1111nire UE) » 5•

En outre, la loi du 8 aoùt 1983 organisant un registre national des persmrnes physiques
dispose que « sont inscrites n11 Registre nntionnl :

1 ° les perso11nes i11scrites n11x registres de pop11lntion 011 n11x registres des étrangers tenus
dnns les co1111111111es;
2 ° les personnes inscrites n11x registres te1111s dnns les 111issions diplo111ntiq11es et les postes
co11s11lnires belges ii l'étrn11ger.
3 ° les person11es i11scrites nu registre d'attente[ ... ] »6 •

Il découle de ce qui précède que les fonctionnaires de l'Union européenne et les membres de
leur famille sont mentionnés dans le registre de la population sous une codification
particulière, laquelle est similaire à une inscription dans le registre. Ils sont par ailleurs
inscrits au registre national.

Pareil raisonnement a récemment été suivi par Votre Tribunal et le Tribunal de première
instance du Brabant Wallon : la preuve de la résidence principale étant apportée par
l'inscription au registre national (pièces 7,9 et 10-12).

Il faut en conclure que les fonctionnaires européens et les membres de leurs familles ont tme
« résidence principale» en Belgique, au sens de l'article 1, § 2, 1 ° du Code de la nationalité,
alors même qu'ils sont titulaires d'tm titre de séjour spécial.

5
Service public fédéral intérieur, « Registre national des personnes physiques - Instructions pour la tenue à jour
des infonnëltions », version coordonnée au 1er octobre 2013, disponible à l'adressl.' suivante:
http:ljwww .ibz.rrn.fg(ly_,_bgjfile,1dmin/user upload/Rt>gistrl'/fr/instructîons/1 NSTRUCTIONS 20131001.pdf. n°
169.
6
J\'1.B., 21 avril 1984
7

b) Ln 11otio11 de« séjour légal»


L'article ?bis du Code de la nationalité érige en condition générale pour l'obtention de la
nationalité belge par déclaration le fait d'avoir un séjour légal en Belgique.

En son § 2, la disposition précitée définit la notion de « séjour légal »

« 1 ° en ce qui conceme le 1110111ent de l'introduction de ln de111n11de 011 déclnrntion: avoir été


nd111is Oil nlltorisé nu séjour illi111ité dnns le Royn11111e oil à s'y établir en vertu de ln loi Sil/' les
étrnllgers;
2 ° en ce qlli co11ceme ln période qlli précède : avoir été admis 011 autorisé à séioumer
plus de trois mois daus le Ro11au111e 011 autorisé à s'y établir co11fonné111e11t à Ill loi sur
les étraugers 011 la loi de régularisation».

La « loi sur les étrangers» visée par le Code de la nationalité est la loi du 15.12.1980 sur
l'accès au territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des étrangers.

Le séjour légal vise donc un droit de séjour, découlant de la loi du 15.12.1980.

S'agissant de ressortissants de l'Union europée1me, conjoint de ressortissants de l'Union


europée1me fonctionnaires européens, le droit de séjour découle de plein droit du droit de
l'Union européenne (1) et trouve son fondement légal dans les articles 10 et 40bis de la loi du
15.12.1980 (2).

Il en découle que les personnes se trouvant dans la sihtation décrite ci-dessus sont en séjour
légal au sens de l'article 7bis du Code de la nationalité.

1. Le droit de séjour de plein droit

Dans le cas susvisé, le droit de séjour de plein droit découle à la fois du Protocole sur les
Privilèges et Inummités (a) et de la directive 2004/38 (b).

a. Sur base du Protocole sur les Privilèges et Immunités

L'article 11, b) du Protocole n ° 7 sur les Privilèges et Immunités, aimexé au Traité sur le
fonctionnement de l'Union europée1me (ci-après TFUE), prévoit que:

« Sur le territoire de chnclln des États 111e111bres et quelle qlle soit leur 11ntio11nlité, les
fo11ctio1111nires et autres agents de l'Union ne sont pns so11111is, 11011 plus que lrnrs conjoints et
les 111e111bres de le11rfn111il/e vivant à leur charge, n11x dispositions limitant l'i111111igrntio11 et
nllxjor111nlités d'enregistrement des étrangers».

Il en découle que les fonctionnaires de l'Union européenne et les membres de leur famille
jouissent d'un droit de séjour de plein droit dans les Etats membres de l'Union dans le cadre
de l'exercice de leurs fonctions.

b. Sur base de la directive 2004/38


8

Le droit de séjour de descendants à charge de ressortissants de l'Union europée1rne


bénéficiant d'tm tih-e de séjour en vertu de la directive 2004/38/CE est légal de plein droit en
verh1 des dispositions suivantes du droit de l'Union :

l'article 21 du TFUE prévoit que:

« Tout citoyen de l'Union n le droit de circuler et de séjourner libre111e11t sur le territoire des
Étnts membres, sous réserve des li111itntions et conditions prévues pnr les trnités et pnr les
dispositions prises pour leur npplicntion »,

les articles 7 et suivants ainsi que 16 et suivants de la Directive 2004/38/CE qui prévoit
notamment que

« Le droit -fondn111entnl et personnel de séio11r


J
dnns 1111 nutre Étnt me111bre est conféré
directement aux citouens de l'Uuion par le traité et ne dépend pas de l'acco111plisse111e11t
de procédures ad111i11istmtives 7 » (considérant 11).

« Les j11stificntifs requis pnr les n11/orités compétentes pour ln dé/ivrnnce d'une nttestntion
d'enregistrement 011 d'une carte de séjour devrnient être précisés de manière exhaustive, afin
d'éviter que des prntiq11es nd111i11istrntives 011 des interprétations divergentes ne constituent 1111
obstncle disproportionné à /'exercice du droit de séjour des citoyens de /'Union et des membres de
le11rfnmille » (considérant 14).

A1ticle 3
Bénéficinires
1. Ln présente directive s'applique à tout citoyen de l'Union qui se rend 011 séjo11me dans 1111 État
membre nuire que celui dont il n ln 11ntio11nlité, ninsi qu'nux membres de sa famille, tels que
définis à l'article 2, point 2), qui /'nccompag11ent 011 le rejoignent.

Article 7
Droit de séjour de plus de trois 111ois
1. Tout citoyen de l'Union n le droit de séjoumer sur le territoire d'1111 n11tre Étnt 111e111bre pour
une durée de plus de trois mois:
n) s'il est 1111 trnvnil/e11r snlnrié 011 11011 snlnrié dans l'Étnt 111embre d'ncc11eil; 011
b) s'il dispose, pour lui et pour les me111bres de sa famille, de ressources s11ffisn11tes afin de ne pas
devenir une chnrge pour le systèll!e d'assistance sociale de l'Étnt ll!embre d'accueil nu cours de
son séjour, et d'une assurance 11wlndie colllplète dans l'État ll!embre d'nccueil; 011,
c) - s'il est inscrit dans 1111 étnblissement privé 011 public, agréé 011 finnncé par l'État 111embre
d'ncc11eil sur ln base de sn législation ou de sa pratique administrative, pour y suivre à titre
principnl des études, y compris u11e_f<m1wtion professio1mel/e el
- s'il dispose d'une nssurance mnladie complète dans l'Étnt membre d'accueil et garantit à
/'autorité nationale compétente, pnr le biais d'une déc/am/ion 011 par tout autre moyen équivalent
de son choix, qu'il dispose de ressources su[fisnntes pour lui-même et pour les membres de sa
fnmille afin d'éviter de devenir une charge pour le systè111e d'assistance socinle de l'Étnt membre
d'ncc11eil nu cours de leur période de séjour; 011

7
Nous soulignons
9

d) si c 'est /Ill 11le111bre de ln fn111i//e ncco111pngllnllt Dl/ rejoig11n11t /Ill citoye11 de l'Ullio11 qHi IHi-
111ê111e satisfait nllx collditio11s é11011cées nllx points n), b) Dl/ c).

Article 16
Règle générale polir les citoyens de l 'UlliOII et les 111e111bres de lellr Jn111ille
1. Les citoyens de l'Union nyn11t séjoHrné légnle111ent pendnllt HIie période ininterromplle de
cinq ans sur le territoire de l'État 111e111bre d'accueil ncqHièrent le droit de séjollr permanent
sl/r son territoire. Ce droit n'est pns soumis nllx conditions prévues nll chapitre III.

Article 19
Document nt/estant de ln per111a11e11ce dl/ séjollr pour les citoyens de l'Union
1. Les États 111embres, après vérification de ln durée de séjour, délivrent nllX citoyens de
l'Union qui ont 1111 droit de séjollr permanent 1111 docHment nttestnnt de ln permanence du
séjollr nu mo111enl dl/ dépôt de ln demande.
2. Le doc11111ent attestant de ln per111nnence dl/ séjour est délivré dès qHe possible».

Le séjour d'un citoyen de l'Union enh·ant dans les conditions de la directive 2004/38 est donc
légal de plein droit et permanent en vertu des articles 20 et 21 du TFUE et de la directive
2004/38/CE du Parlement et du Conseil du 29 avril 2004.

La CJUE a clairement confirmé cette interprétation, déjà en 1976:

« Le droit des ressortissants d'1111 État 111e111bre d'entrer sl/r le territoire d'un autre État 111e111bre
et d'11 séioHrner, n11x fins voHIHes pnr le traité, constitlle lin droit directe111ent conféré pnr celui-ci
Oll, selon le cas, pnr les dispositions prises pour ln 111ise en œ11vre d11dit traité (voir arrêt du 8
avril 1976, Royer, 48/75, Rec. p. 497, point 31) »,

« Ln délivrance d'lln titre de séio11r n un ressortissant d'l/11 État membre doit être considérée 11011
co111111e l/11 acte constitutif de droits, lllnis co111111e un acte destiné n constater, de ln part d'un État
111e111bre, ln sitllntion individuelle d'lln ressortissant d'llll nlltre État 111e111bre nu regard des
dispositions dl/ droit co111111l/11nl/taire (arrêts Royer, précité, point 33, et du 25 juillet 2002,
MRAX, C-459/99, Rec. p. 1-6591, point 74) ».

La Cour de justice a rappelé plus récemment encore cette jurisprudence dans tm arrêt du 21
juillet 2011, Dias (C-325/09, Rec._p._1-6387) (cf. points 48, 54):

"Le droit des ressortissnllts d'llll Étnt 111e111bre d'entrer Sllr le territoire d'ull nlltre État
111e111bre et d'y séjollrner, nllx _fills voull/es pnr le traité, collstitlle l/11 droit directement collféré
par cellli-ci Oll, selon le cas, par les dispositions prises polir la mise en œllvre dlldit Imité. Ln
délivrance d'lln titre de séjollr n 1111 ressortissant d'un État 111e111bre doit être considérée !/Oil
co111111e 1111 acte co11stit11tif de droits, 111nis co111111e l/11 nc/e destiné n constnter, de ln part d'l/11
État /lle111bre, ln silllntion individHelle d'lln ressortissnllf d'l/11 nlltre Étal 111e111bre nu re�nrd
des dispositions dl/ droit de l'Union. Le caractère déc/nmtif des caries de séjollr i111pliqlle qHe
ces cartes ne _f<mt Qll'nttester lin droit préexistant. Pnr co11séqHe11t, de 111ê111e qHe ce cnmctère
e111pêcl,e de qHnlifier rl'illégnl, nll sens rill droit de l'U11io11, le séjollr d'l/11 citoyen en
co11sidémtio11 de ln sel/le circo11stn11ce qH'il Ile dispose pas rl'lllle en rie de séjollr, il fait obstacle
10

ii ce que soit co11sidéré co111me légnl, nu se11s du droit de l'Union, le séjour d'un citoyen de
celle-ci en rniso11 du seul /nit qu'u11e telle cnrte lui n été vnlnble111e11t délivrée".

Il en découle que le droit de séjour d'un citoyen de l'Union européenne, membre de la


famille d'un citoyen de l'Union europée,me qui enh·e dans les conditions de la directive
2004/38 est en séjour légal de plein droit en Belgique, indépendamment de son statut
diplomatique ou non.

Il en découle que le citoyen de l'Union qui entre dans les conditions de la directive 2004/38
est en séjour légal de plein droit en Belgique.

2. Le droit de séjour découlant de la loi du 15.12.1980

Le droit de séjour de plein droit découlant du Protocole des Privilèges et Immunités trouve
son expression dans l'article 10 de la loi du 15.12.1980 (a) et le séjour de plein droit découlant
de la directive 2004/38/CE dans l'article 40/Jis de la loi du 15.12.1980 (b).

a. Sur base de l'article 10

L'article 10, §l e', 1° de la loi du 15.12.1980 prévoit que:

« Sous réserve des dispositions des nrticles 9 et 12, sont de vlein droit nd111is ii séio11r11er vl11s
de trois mois 8 dnns le Roynume:

1 ° l'étrnnger dont le droit de séjo11r est reconnu pnr 1111 trnité inter11ntionnl, pnr une loi 011
pnr 11n nrrêté roynl ( ... )».

Cette disposition constitue la base légale des titres de séjour découlant d'une convention
internationale ou d'un arrêté royal, comme le titre de séjour spécial des fonctionnaires
européens.

Dans ce cadre, le SPF Affaires étrangères délivre une carte d'identité spéciale valable pour
une durée de 5 ans dont les modalités sont régies par l' Arrêté royal du 30 octobre 1991 relatif
aux documents de séjour de certains étrangers en Belgique, pris en application de l'article 10,
§1", 1 ° de la loi du 15 décembre 1980 comme le précise explicitement le préambule:

" Vu ln loi du 15 décembre 1980 sur l'nccès nu territoire, le séjour, l'étnblisse111e11t et


l'éloignement des étrn11gers, notnmmen/ l'nrticle 10, nlinén 1er, 1 °, modifié pnr ln loi du 28
j11i11 1984 (. .. ) ».

De plus, la note circulaire relative à la procédure administrative en vue de l'enregistrement


des membres du persmmel des organisations internationales établies en Belgique ainsi que
les membres de leur famille stipule que

8 Nous soulignons,
11

« 1111e carte d'identité' spéciale, délivrée grnt11ite111wt pnr ln Direction du Protocole - Pl.l est
un titre de séjour te111pomire9 pour la Belgique( .. .) Ln carte d'identité spéciale n u11e
validité de 5 ans, sauf si ln durée de ln fo11ctio11 précisée dans le for11111lnire de
re11seig11eme11ts est inférieure » 10•

En conclusion, la carte de séjour spéciale est délivrée conformément aux dispositions de la loi
du 15 décembre 1980 sur l'accès au territoire, le séjour, l'établissement et l'éloignement des
éh·,mgers et en particulier l'article 10, §1", 1° .

En outre, la carte de séjour spéciale a une validité supérieure à 3 mois.

Au surplus, lors des élections communales, les personnes éh·angères - non UE -qui se sont
vues délivrer un tih·e de séjour spécial conformément à l'arrêté royal du 30 octobre 1991
précité ont été considérées comme remplissant la condition du titre de séjour légal pour
pouvoir voter.

L'avis de la Direction « élections » des affaires intérieures, adressé aux communes en vue des
élections communales du 14 octobre 2012 le confirme:

« Les personnes étrangères 111e111bres du corps diplo111ntiq11es 011 jo11issn11t d'i11111111nités


nnnlog11es à celles du corps diplomatique se voient délivrer un document de séjour spécial par
le SPF Affaires étrangères, co11for111é111ent à l'arrêté royal du 30 octobre 1991 relatif nux
documents de séjour e11 Belgique de certains étrangers. Ces personnes (qui font l'objet d'une
mention aux registres de population) remplissent ln condition d'inscription aux registres de
population et à la possession d'un titre de séjour légal en Belgique, la condition de résidence
ininterrompue de 5 nns en Belgique devant encore être vérifiée » 11 •

A fortiori, si le titre de séjour spécial délivré en application de l'arrêté royal du 30 octobre


1991 a été considéré cmmne « un titre de séjour légal » permettant à des éh·angers - non UE
- de voter, il en va de même pour la déclaration de nationalité à laquelle une citoyenne UE
procède en vertu de l'article 12bis, §1er, 5°, du Code de nationalité belge. En d'autres termes,
Je titre de séjour spécial est un titre de séjour légal permettant de bénéficier des dispositions
de l'article 12bis, §1er, 5 °, du Code de la nationalité belge.

Dans une décision du 25.03.2016, le Tribunal de première instance du Brabant wallon a


confirmé la qualité de séjour légal pour les titulaires d'une carte d'identité spéciale, en

9
Le titre est temporaire (5 ans), pas le séjour. En vertu du Traité et des dispositions de la Directive 2004/3/CE, le
citoyen se voir reconnaître un droit de séjour illimité tfans un État membre de son choix.
w Note circulaire du 19 juin 2012 relative à la procédure ildministrative en vue de l'enregistrement des membres
du personnel des organisations internationnles établies en Belgique ainsi que les membres de leur famille (réf.
Pl.3/PRO.03.01), point 2.5, http://diplomatie.be\�ium.be/fr/binnrics/Enregistrcment%20personnel%200.I. tcm313-
182605.pdf
11 Direction élection, SPF Intérieur, Avis aux Communes, élections communales du 14 octobre 2012, Inscription
des citoyens étrangers qui résident en Belgique et qui ne sont pas ressortissants d'un état membre de l'Union
européenne, p. 3 http://www.elections.fgov.be/fileadmin/user upload/Elections/comrnunales2012/fr/Avis�
DocEtra ngers�20120405. pd f.
12

avançant que la liste des documents requis pour prouver tm séjour légal, telle que dressée à
l'article 4 AR 2013, n'est pas exhaustive (pièce 6).

En effet, « l'exigence de « séjour légnl » nu sens de l'nrtic/e 7/Jis [...] doit correspondre, de manière
générale, à 1111 titre permettant de « séjoumer plus de trois mois dnns le roynume ou [de] s'y établir
co11forméme11/ à ln loi sur les étrangers ou ln loi de régulnrisntion »»(pièce 6). De plus, il s'appuie
sur une note de l'Office des Etrangers du 20.02.2013 (pièce 11) dans laquelle l'Office dit
explicitement de prendre en compte pour le calcul des années de séjour pour l'acquisition du
statut de séjour permanent, « les séjours accomplis pnr les fonctio1111nires européens, titulaires
d'une carte d'identité spéciale» (pièces 7 à 9). Pour le surplus, le Tribunal ajoute que « ln même
sol11tion doit lro11ver à s'appliquer, pnr nnnlogie, nnx cartes d'identité spéciales, délivrées n11x me111bres
de lnfamille desfo11clion11nires européennes» (pièces 7 à 9).

Il en découle que les fonctimmaires européens et les membres de leurs familles, titulaires
d'une carte de séjour spéciale, doivent être considérés comme étant autorisé à séjourner plus
de h·ois mois dans le Royaume conformément à la loi sur les étrangers (article 10 de la loi du
15.12.1980), au sens de l'article 7bis, §2, du Code de la nationalité.

b. Sur base de l'article 40bis

L'article 40bis de la loi du 15.12.1980 prévoit que :

« § 1er. Snns préj11dice de dispositions pl11s fnvornbles contennes dnns les lois 011 les règlemmts
européens dont les membres de fn111ille d11 citoyrn de l'Union po11rrnient se prévaloir, les dispositions
ci-après leur sont npplicnbles.
§ 2. Sont considérés comme membres de fn111ille d11 citoyen de l'Union
( )
3 ° les desce11dn11ts et les descendnnts de son conjoint 011 pnrtennire visé n111 ° 011 2 °, âgés de nwins de
vingt et 1111 nns 011 q11i sont à lenr charge, q11i les ncco111png11e11t 011 les rejoignent, pour n11tn11t que
l'étranger rejoint, son conjoint 011 le pnrtennire enregistré visé en nit le droit de garde et, en cns de
gnrde pnrlngée, à ln condition q11e l'n11tre tit11lnire d11 droit de garde nit donné son nccord;
(.. .)
§ 3. Les 111e111bres de famille visés n11 § 2 qui sont citoyens de l'Union ont le droit d'nccompngner 011
de rejoindre le citoyen de l'Union visé à /'nrticle 40, § 3, pour n11tnnt qu'ils remplissent ln condition
énoncée à l'article 41, nlinén 1er. Les membres de famille qui ne sont pns citoyens de l'Union doivent
remplir ln conditionfixée à l 'nrtic/e 41, nlinén 2.
§ 4. Les 111embres de famille visés n11 § 2 qui sont citoyens de l'Union ont le droit d'nccompngner 011
de rejoindre le citoyen de l'llnion visé à /'nrticle 40, § 4, nlinén1er, 1 ° et 2 °, pour une période de plus
de trois mois ponr n11tnnt q11 'ils remplissent ln condition fixée à l'nrticle 41, nlinén 1er. Les 111e111bres
defn111ille qui ne sont pns cito1Jens de l'Union doivent remplir ln condition fixée à l'article 41, nlinén 2.
Le citoyen de l'Union visé à l'article 40, § 4, nlinén 1er, 2 °, doit égnlement apporter ln preuve q11 'il
dispose de ressources su[fisnntes nfin que les membres de snfamille visés n11 § 2 ne deviennent pns une
c/,nrge pour le système d'aide sociale d11 Royaume n11 cours de leur séjour, et d'une nssurnnce mnlndie
co11vrnnt l'ensemble des risq11es po11r les 111embres de sn fn111il/e dn11s le Royn11me. Dn11s le cndre de
l'évnl11ntio11 des resso11rces, il est te1111 compte de ln sit11ntio11 perso1111el/e du citoye11 de /'U11io11, qui
e11glo/Je 11otnmme11t ln 11nt11re et ln rég11lnrité de ses reve1111s et le 11ombre de me111bres de ln famille q11i
sont à sn charge.
13

Le citoye11 de l'U11io11 visé à l'nrtic/e 40, § 4, nli11én 1er, 3 °, peut être ncco111png11é 011 rejoi11I
1111iq11e111e11t par les 111e111bres de famille visés nux § 2, nli11én 1er, 1 ° et 2 °, ni11si que pnr ses e11fn11/s 011
pnr les enfn11/s des membres de ln famille visés aux 1 ° el 2 °, qui so11t à sa charge, pour autant qu'ils
sntisfnssent, selon le cns, il ln conditio11 de l'article 41, nlinén 1er 011 2.
Le membre de ln fnmille visé nu§ 2, nlinén 1er, 5 °, doit npporler ln preuve q11 'il dispose de ressources
s11ffisnntes pour subvenir à ses propres besoins ni11si q11 'i, ceux de so11 e11fnnt, citoyen de l'Union, pour
11e pas deve11ir 1111e clinrge pour le système d'nide socinle du Royaume et d'1111e nss11rn11ce mnlndie
co11vrn11I l'e11se111b/e des risques Cil Belgique. Dnns le cndre de l'évn/11ntio11 des ressources, il est te1111
compte 110/nmment de leur nature et de leur régularité».

L'article 40bis de la loi du 15.12.1980 constihte la transposition en droit belge de la directive


2004/38 et est pris « sans préjudice de dispositions plus fnvornb/es ».

Par conséquent, le droit de séjour découlant de l'article 40bis de la loi du 15.12.1980 existe de
plein droit, le tih·e de séjour n'est que déclaratif en ce sens qu'il ne fait que confirmer un droit
préexistant.

Comme le précisent les Pr. J.-Y. CARLIER et S. SAROLEA: « Ln délivrnnce du titre est une «
recon11nissn11ce » du droit de séjour (art. 42, § 2, LE) que l'inscriptio11 nu registre « constate »
(art. 42, § 2, LE). Il s'agit en d'autres termes d'un ncte déc/nrntif et non co11stit11tif de droit.
L'nrtic/e 25 de ln directive citoyens stipule expresséme11t ln distinctio11 nette entre le titre de séjour et
le droit de séjour. Celui-ci n'est pas conditionné pnr celui-là. « Ln possession d'une ntteslntion [...]
d'un document [... ] 011 d'une carte [...] ne peut en n11c1111 cas constituer une co11dition préalable à
l'exercice d'un droit[... ] ln qunlité de bénéficinire des droits po11vnnt être nt/estée par /011I nuire 111oyen
de preuve ». En d'autres ter111es, ln délivrnnce d'un titre, l'inscription nu registre des étrn11gers so11t
des actes déc/nrntifs, 11011 constitutifs de droit. Ils 11e pe11ve11I conditio11ner l'nccès aux droits reco111111s
il tout européen. Ceci avait déjà été so11lig11é bien nvnnt ln directive 2004/38 par ln j11risprudence de ln
Cour ;, propos de ln libre circ11lntio11 d'1111 trnvnille11r i11dépe11dn11t : « le droit, pour les
ressortissn11ts d'un État membre, d'entrer sur le territoire d'11n nuire Étnl 111e111bre et d'y séjourner
est direcle111e11I conféré[...] par le Imité[...] indépendnmme11I de /011I titre de séjour délivré pnr l'Étnl
d'ncc11eil » cnr « l'octroi de ce litre est[ ...] à co11sidérer no11 comme 1111 acte co11stit11tif de droits, mnis
comme 1111 ncte destiné à cons/nier [ ... ] ln situation i11divid11e//e », C.]., Royer, 1976, dispositif el pt
33 » ,
12

Dans le même ordre d'idée, le Conseil d'Etat a considéré que la carte F (regroupement
familial) a un effet déclaratif et non constihttif de droit, dès lors, l'expiration de la carte ne
signifie pas la fin du séjour (CE, (14e ch.) arrêt n ° 223.000 du 26 mars 2013). Le Conseil du
contentieux des étrangers suit également cette interprétation (voy. not. RvV, arrêt 11 °78 933
du 10 avril 2012).

Récemment, Voh·e Tribunal a confirmé ce raisonnement dans un jugement du 13.04.2016 en


précisant gue « elle était admise de plein droit nu séjour en sn qunlité de citoyenne de l'U11io11
européenne (grecque) » (pièce 4). Le Tribunal de première instance du Brabant Wallon avait
déjà suivi le même raisonnement dans tme décision du 18.07.2014 (pièce 7).

12 Carlier, J.-Y., Saroléa, S.,« Section première - Européens)) in Droit des étrangers, Bruxelles, Éditions Larder,
2016, p. 296;
14

JI en découle que les membres de la famille de citoyens de l'Union européenne travaillant en


Belgique et titulaires d'une carte E+ doivent êh·e considérés comme étant de plein droit
autorisés à séjourner plus de trois mois dans le Royaume conformément à la loi sur les
étrangers (article 40bis de la loi du 15.12.1980), au sens de l'article 7bis, §2, du Code de la
nationalité, quelle que soit la carte de séjour qui leur a été délivrée.

Enfin, Voh·e Tribunal considère également que: « e11 tant qu'ils excluent sn11s justification toute
preuve du séjour légal autre que celles qu'ils énumèrent, les articles 3 et 4 de l'arrêté royal d11 14
jn11vier 2013 sont contraires aux articles 10, 11 et 191 de ln Constil11tio11; ils doivent être écartés en
application de l'article 159 de ln Constitution. Le déclarant peut dès lors démontrer à l'aide d'a,1/res
titres que ceux énumérés par l'article 4 de l'arrêté royal du 14 janvier 2013, qu'il séjourne légalement
en Belgique » (pièce 10).

c) Ln comznissance de ln langue
L'article l" de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 précise que la preuve de la connaissance
d'une des langues :nationales pourra s'établir de la manière suivante :

« 1 ° soit un diplôme ou un certificat délivré par u11 établissement d'enseignement organisé,


reconnu ou subventionné par 1111e Commu11n11té ou par l'Ecole royale militaire, obtenu dans
l'une des trois langues nationales, et qui est nu moins du 11ivenu de l'enseignement secondaire
supérieur;

2 ° soit 1111 diplôme ou 1m certificat délivré par 1111 étnblisseme11t d'enseignement de l'Union
européen11e reco1111u équivnle11t par une Commu11n11té, q11i est nu moi11s du 11ivenu de
l'enseignement seco11daire supérieur el q11i atteste de ln connaissance minimale d'une des trois
la11g11es nationales corresponda11t au nivea11 en vertu de /'article 1er, § 2, 5 ° du Code de la
nationalité Belge;
3 ° soit 1111 d0Cllme11I ntlesta11t qu'u11e formatio11 professionnelle d'au 11101/ls 400 heures
recon11ue par 1111e n11/orité compéte11te a été suivie;
4 ° soit u11 docume11t attesta11t q11'1111 cours d'i11tégratio11 prév11 par l'autorité compéte11te de
ln résidence pri11cipnle de l'i11téressé nu 1110me11t où cel11i-ci entame so11 cours d'intégration a
été suivi;
5 ° soit des documents attestant que l'intéressé a travaillé de mn11ière ini11terromp11e nu cours
des ci11q dernières n1111ées comme travailleur salarié et/ou comme nge11t stnt11tnire 11ommé dans
ln fo11ctio11 p11bliq11e et/ou en tn11t que travailleur i11dépendn11t à titre pri11cipnl. A celte fin, le
demn11de11r produira les documwls suivn11ts:
a) si l'i11téressé est ou a été travnilleur salarié dn11s le secteur privé, il prod11ira des
docume11ts dé11ommés "comptes i11dividuels "délivrés par /'employeur;
b) si l'i11téressé est ou a été travailleur salarié dn11s ln fo11ctio11 publiq11e, il produira une ou
des ntteslntio11(s) délivrée(s) par le service compétent de /'ndmi11istrntio11 publiq11e;
15

c) si l'i11téressé est 011 a été age11t statutaire da11s la fonctio11 publique, il produira la preuve
de sa 110111i11atio11 défi11itive acco111pag11ée d'attes/alio11(s) délivrée(s) par le service co111pétenl
de l'ad111i11istratio11 publique;
d) si l'i11téressé exerce 011 a exercé une activité professio1111elle e11 /a11I q11 'indépendant à litre
principal, il produira ln preuve de l'affilialio11 à une caisse d'assurance sociale pour
travailleurs indépenda11ts accompagnée de la preuve d11 paie111e11t des cotisations sociales
tri111estrielles durant la période légale111e11/ req11ise;
6 ° soit 1111e attestatio11 de réussite d'1111e des trois /a11g11es 11atio11a/es attesta11t d'1111 niveau de
la11g11e corresponda11I à celui exigé en vertu de l'article 1er,§ 2, 5 °, d11 Code de la 11atio11alité
belge délivrée par 1111 étab/isse111ent orgn11isé, reconnu 011 s11bventio11né par une Co1111111111n11té;
7 ° soit 1111 certificat ling11istiq11e portant sur la connaissance d'une des trois /n11g11es
1wtionn/es délivré par le B11rea11 de Sélection de l'Administration fédérale (SELOR) nttestn11t
d'1111 niveau de ln11g11e correspondant à celui exigé en vertu de l'article 1er,§ 2, 5 °, d11 Code de
ln 11ntio11nlité belge;

8 ° soit 1111e nttestntion de réussite d'une des trois langues nationales attestant d'1111 11ivea11 de
langue correspondant à celui exigé en vertu de l'article 1er,§ 2, 5 °, du Code de la nationalité
belge délivrée par les Offices régionaux de lafor111ntio11 professionnelle et de l'e111ploi ».
Il en découle que la cmmaissance de la langue peut être prouvée soit en démontrant
l'intégration sociale, soit pas une attestation de réussite d'tme des droits langues nationales
délivrée par Actiris, l'ONEM, la VDAB, le SELOR ou un établissement organisé, reconnu ou
subventionné par une Communauté.

d) Ln notion d'« intégration sociale» et de« participation économique»

n. Ln notion d'intégration sociale dans la loi, l'arrêté royal et la circulaire

L'article 12bis, §1", 2 °, d) du Code de la nationalité énumère les modes de preuve admissibles
en vue de prouver l'intégration sociale:

« - 011 bie11 par 1111 diplôme 011 1111 certificat délivré par 1111 étab/isse111e11t d'e11seig11e111e11t
orga11isé, reco111111 011 s11bve11tion11é par une Com1111111a11té 011 par l'Ecole royale militaire et qui
est au moins du niveau de l'e11seig11eme11t secondaire supérieur;
- 011 bie11 e11 aya11t suivi une for111atio11 professio1111e//e d'au 111oi11s 400 heures reco111111e par
1111c autorité co111pétrnte;

- 011 !,irn en nya11/ suivi 1111 cours d'i11tégrntio11 prévu par l'autorité co111péte11te de sn
réside11ce pri11cipnle au 111ome11t où il e11ta111e so11 cours d'i11tégrntio11;
16

- 011 bien en ayant travaillé de 111a11ière i11i11terro111p11e 1111 cours des cinq dernières années
co111111e travailleur salarié et/011 co111111e agent stat11taire 110111111é dans la fonction p11bliq11e et/011
co111111e travailleur i11dépe11dn11t ii titre principal».

L'article 7,4 ° de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 précise que la preuve de l'intégration sociale,
laquelle ne pourra s'établir que de la manière suivante

a) soit par 1111 diplôme 011 1111 certificat délivré par 1111 établissement d'enseignement organisé,
reconnu 011 s11bve11tio1111é par une Com1111111a11té 011 par l'Ecole royale 111ilitaire, obten11 dans
/'11ne des trois langues 11atio11a/es et qui est 1111 moins d11 niveau de l'enseig11e111wt secondaire
supérieur;

b) soit pnr 1111 document attestant q11'11ne jor111atio11 professionnelle d'au 111oi11s 400 heures
reconnue par une a11torité compétente a été suivie;

c) soit par 1111 doc11111ent attestant q11'11n cours d'intégration prévu par l'autorité co111péte11te
de la résidence principale de l'intéressé 11111110111ent où ce/11i-ci entame son cours d'intégration
n été suivi;

d) soit par des doc11111ents attestant que /'intéressé a travaillé de 111a11ière ini11terromp11e au
cours des cinq dernières années co111111e travailleur salarié et/011 co111111e agent statutaire
110111111é dans la fonction publique et/011e11 tant que travailleur indépendant ii titre principal. A
cette fin, l'intéressé prod11ira les doc11111ents suivants:

- si l'intéressé est 011 a été travailleur salarié dans le secte11r privé, il produira des doc11111ents
dé110111111és "comptes individ11els "délivrés par l'employeur;

- si l'intéressé est 011 a été travailleur salarié dans la fonction p11bliq11e, il produira une 011 des
attestation(s) délivrée(s) par le service co111péte11t de /'administration publique;

- si l'intéressé est 011 a été agent statutaire dans la jonction publique, il prod11ira la preuve de
sa 110111inatio11 définitive acco111pag11ée d'attestation(s) délivrée(s) par le service co111péte11t de
l' ad111inistratio11 pnblique;

- si l'intéressé exerce 011 a exercé une activité professionnelle en tant qu'indépendant ii titre
principal, il produira la preuve de /'affiliation ii 1111e caisse d'assurance sociale po11r
travailleurs indépendants [ncco111pngnée} de ln preuve du pnie111e11t des cotisations sociales
fri111esfrielles durant la période légale111e11/ requise».

La circulaire du 8 mars 2013 précise quant à elle

« En ce qui concerne ln question de savoir ce que recouvre ln condition " avoir travaillé de
manière i11i11terro111p11e depuis cinq ans ", il conviendra d'interpréter celle condition
nofn111111ent ii ln lumière de la définition de ln "jo11rnée de travail "contenue ii l'article 1er,§
2, 7 °, CNB ».

b. La notion de participation éco110111iq11e dans la loi, l'arrêté myal et la


circ11laire
17

L'article 12bis, §le,, 2 °, e) du Code de la nationalité énumère les modes de preuve admissibles
en vue de prouver la participation économique:

« -
soit e11 nyn11I trnvnillé pendn11I n11 111oi11s 468 jo11mées de lrnvnil n11 cours des ci11q
demières n11nées e11 ln11I que trnvnille11r snlnrié et/011 nge11t stn/11/nire dn11s ln fo11ctio11
publique;
- soit en nynnt pnyé, en Belgique, dn11s le cndre d'1111e activité professionnelle i11dépe11dn11te
exercée à titre pri11cipnl, les cotisnlio11s sociales tri111eslrielles dues pnr les lrnvnilleurs
indépendn11ts pendn11t n11 111oi11s six tri111eslres nu cours des cinq dernières années ».

L'article l ", §2, 7° du Code de la nationalité définit la « journée de travail » comme « les
jo11rnées de trnvnil et les joumées de trnvnil nssi111ilées n11 se11s des nrticles 37 et 38 de l'arrêté roynl du
25 novembre 1991 portnnt régle111e11tntio11 du chô111nge, étn11t e11te11d11 que le trnvnil effectué à
l'étranger et les journées y nssi111ilées ne s011/ pns pris e11 co111pte. Si, nu cours de ln période de
référence de cinq nns, l'étrnnger n lrnvnillé, d'une pnrt, co111111e trnvnilleur snlnrié et/ou ngent
stntutnire 110111111é dnns ln fonction publique et, d'autre pnrt, co111111e trnvnilleur indépendant à titre
principal, chaque tri111eslre presté co111111e i11dépendn11I à litre principal sern co111ptnbilisé à raison de 78
journées de travnil. Le travnil à te111ps partiel, expri111é en heures, est pris en co111pte suivant ln for111ule
utilisée en application de l'arrêté royal du 25 11ove111bre 1991 portant réglementation du chômage et de
ses arrêtés ministériels d'exécution».

Les articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 portant réglementation du


chômage disposent que

Art. 37.§ 1er. Pour l'npplication du présent chnpilre, sont prises en considération co111111e
prestations de travnil, le lravnil effectif 11or111nl el les prestations s11pplé111e11laires snns repos
co111pe11sntoire, effectuées dans 1111e profession 011 1111e entreprise assuietties à la sécurité
sociale, secteur c/rô111nge, pour lesquelles si11111ltn11é111e11I:
1 ° n été pnyée 1111e ré1111111ératio11 nu 111oi11s égale nu snlnire 111i11i11111111 fixé pnr une disposition
légnle 011 régle111e11tnire 011 une co11ve11lio11 collective de travail qui lie l'entreprise 011, à défnut,
par /'usage;
2 ° ont été opérées sur ln ré1111111ératio11 pnyée, les rete1111es régle111e11lnires pour ln sécurité
sociale, y co111pris celles pour le secteur c/1ô111nge.

Si les do1111ées rein/ives nux snlnires el n11 /e111ps de trnvnil so11/ co1111111111iq11ées de 111n11ière
globale pnr tri111eslre nu service co111péte11t pour ln perceplio11 des colisnlions de séwrité
sociale, et si les pres/nlions de /rnvnil el le snlnire correspo11dn11I 11e peuve11t pns être situés
dnns 1111 tri111es/re, les prestations de trnvnil et le snlnire correspo11dn11t qui sont situés dnns le
tri111estre pe11dn11t lequel 1111e période de référence prend cours et/011 pe11dn11t lequel ln période
de référe11ce prend fin, so11t crnsés être situés dnns ln période de référe11ce.
Pour le calcul d11 110111bre de jours de trnvnil du /rnvnille11r qui n effectué des activités
nrtistiq11es dn11s ln période de référe11ce qui lui est npplicable et lorsque ces activités 011/ été
ré11u111érées pnr 1111e ré1111rnérntio11 à ln tâche:
18

1 ° ln ré1111111érntio11 à ln tiicile q11i ré111u11ère l'nctivité artistique est co11sidérée couvrir de


111n11ière égale cilnq11e jour cn/e11drier de toute ln période de ln relntio11 de trnvnil qui correspond
à ln déclnrntio11 i111111édinle de /'e111ploi;
2 ° 1111 en/cul est effectué sur bnse tri111estrielle ell fonctioll de ln ré11111nérntio11 à ln tiiclze qui
confor111é111e11t nt1 1 ° est située dnns cilnq11e trimestre;
3 ° il est u11iqt1e111ent te1111 compte de ln partie de ln ré11111nérnlio11 à ln tiiclze q111
co11for111é111eut nt1 1 ° est située dnns ln période de référence.
Le ,vlinislre détermine, après nvis du comité de gestion:
1 ° les règles s11ivnllt lesq11elles les prestations de trnvnil sont converties en jo11mées de
trnvnil;

2 ° les co11ditions n11xq11el/es les prestations de trnvnil exclues ell vertu de /'nlinén 1er, 1 °,
sont prises en collsidérntion lorsque ln ré111t1nérntion vient à être régularisée;
3 ° les co11ditio11s n11xqnel/es les prestations de trnvnil exclues en vertu de /'n/inén 1er, 1 °,
sont prises e11 considérntion lorsque ln ré1111111érntion ne peut pns être régularisée ,l cnt1se de ln
carence de /'n11cien employeur;
4 ° les collditiolls nt1xq11el/es les retenues pour ln sécurité sociale sont ce11sées avoir été
opérées;
5 ° les conditions n11xq11elles les rég11/nrisntions de cotisations de séct1rité sociale consécutives
,l l'ins11ffisnnce 011 à /'absence de cotisations peuvent être prises e,z co11sidérntion.
§ 2. Le trnvnil effectué ,l l'é/rnnger ll'est pris e11 considérntion que dans les limites des
conventions bi/ntérnles et intemnlionnles et pour autant que le trnvnil/e11r nit, après le trnvnil
effectué ,l /'étrn11ger, ncco111pli des périodes de trnvnil co111111e snlnrié selon ln régle111e11tntion
belge, pe11dnnt nu moins trois 111ois.
§ 3. Pour /'npplicntion des parngrnplzes précédents, l'indemnité perçue pnr /'apprenti dnns le
cndre d't1n conlrnt d'nppre11tissnge n'est pns considérée comme une ré11111nérntion qui sntisfnit
nu § 1er, 1 °.
§ 4. Pnr dérogation nu § 1er, les prestations de trnvnil d'un trnvnilleur diamantaire ne sont
pas prises e,z considération si elles ont été effectuées dnns 11n atelier qui 11'a pns été agréé
confor111é111e11t à /'arrêté royal dt1 17 avril 1970 concemnnt l'ngréntion des ateliers de
/'industrie din111nntnire.
Art. 38. § 1er. S011t nssi111ilées ,l des jo11mées de trnvnil pour l'npplicntion des nrlic/es (30 à
36bis)
1 ° n) les jo11mées qui ont do11né lieu nu paiement d'une inde11111ité e11 npplicntion de ln
législntion rein/ive ,l l'nssnrnnce obligatoire soins de sm1té et inde11111ités, ln répnrnlion des
do111111nges résultant des accidents dt1 trnvni/, des accidents st1r le cile111i11 du trnvnil et des
111nlndies professionnel/es, /'nsst1rnnce clzô111nge el ln pension d'invalidité pot1r ouvriers
1/1111Clll'S;
19

b) les jours de vncn11ces légales et les jours de vacances en vertu d'1111e co11ve11tio11 collective
de trnvnil re11d11e obligatoire, s'ils ont do1111é liw n11 pnie111e11t d11 pécule de vacances, ainsi que
les jours couverts pnr le pécule de vncn11ces qui sont situés dn11s 1111e période de cl1ô111nge
complet;
c) ln période qui n do1111é lieu nu pnie111e11t d'une allocation de transition prévue dnns ln
régle111entntion nux pensions, sous les conditions déterminées n11 § 3.
2 ° les journées d'absence du trnvnil nvec maintien de ln rém1111érntio11 sur lesq11elles ont été
retenues des cotisations de sécurité sociale, y compris celles pour le secteur chômage;

3 ° les jours fériés 011 de remplacement durant une période de chômage temporaire;
4 ° les jours d'incnpncité de travail nvec rémunération garantie deuxième semaine et les jours
d'incapacité de travail avec complément 011 nvnnce conformément à ln convention collective de
trnvnil n °12bis 011 n °13bis;
5 ° les jours de repos compensatoire;
6 ° les jours de grève, de lock-out et les jo11rs de chômage temporaire par suite de grève 011 de
lock-out;

7 ° le jour de carence;
8 ° les joumées chômées pour cause de gel qui ont été indemnisées pnr le Fonds de sécurité
d'existence des ouvriers de ln constmction;
9 ° les jours d'exercice de ln fonction de juge social;
10° autres journées d'absence du travail snns maintien de ln rém1111ératio11 à raison de
mnxim11111 dix jours par année civile.
11 ° les journées d'absence d11 travail en vue de fo11rnir des soins d'accueil.
12 ° les jo11rs nu cours desquels 1111e fon11ntion professio1111elle nu sens de /'article 27, 6 °, dont
le nombre d'heures atteint, pnr CIJcle, en 111oye1111e pnr semaine, nu moins 18 heures n
effectivement été suivie 011 nu cours desquels le travnilleur n été actif dn11s le cadre d'un stage
visé à /'article 36qunter, à co11c111-re11ce de 96 jours mnxi11111111.
Les journées assimilées à des jo11mées de trnvnil sont prises en co11sidératio11 rln11s ln même
mesure et sont calculées de ln 111ême 111n11ière que les journées de trnvnil qui les précèdent.
§ 2. Les journées pendant lesquelles le trnvnil/e11r 11'0 pns été en 111es11re d'effectuer son
trnvnil à l'étranger pnr suite d'une situation visée n11 § 1er ne sont prises en co11sidératio11 que
dans les limites des conve11tio11s bilntérnles et i11tenrntio11n/es et pour nutn11t que le trnvnilleur
nit, après le trnvnil effectué à /'étranger, ncco111pli des périodes de trnvnil comme snlnrié se/011
ln régle111e11tntion belge, pendant nu moins trois 111ois.

§ 3. Ln période qui n do1111é lieu n11 pnie111e11t d'1111e nllocntio11 de trn11sitio11 ne peut être prise
en compte que si cette nllocatio11 de trn11sitio11 a été pni1ée pour ln période nrnxi111nle prévue pnr
ln régle111e11tatio11 n11x pensions. Dn11s ce cns elle est prise Cil co111pte à co11c11rre11ce de 624
20

jours dans 1111 régime de travail à temps plein, à situer immédiatement nvn11t ln date où le droit
à l'nllocntio11 de tra11sitio11 n été épuisé».
L'article 7,5 ° de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 précise que la preuve de la participation
économique ne pourra s'établir que de la manière suivante :

« n) si l'intéressé est 011 n été travailleur salarié dans le privé, il produira 1111 011 des co111pte(s)
individuels(s) délivré(s) par l'employeur j11stifin11t l'accomplissement d'n11 moins 468
journées de travail nu cours des ci11q dernières années précédn11t im111édinteme11t le dépôt de ln
déclnratio11;
b) si /'i11téressé est 011 n été travailleur salarié dn11s ln fo11ction pllblique, il produira une Oil
des nttestntio11(s) délivrée(s) par le service compétent de l'administration p11bliqlle justifiant
l'accomplissement d'n11 moins 468 journées de travail n11 cours des cinq demières années
précédn11t immédiatement le dépôt de ln déclaration;
c) si l'intéressé est 011 n été agent statutaire dans ln fonction publique, il prodllirn ln prellve
de sa 110minntio11 définitive nccompng11ée d'une Oil des nttestntions(s) délivrée(s) par le service
compétent de l'nd111i11istration p11bliq11e justifiant l'accomplissement d'au moins 468 journées
de trnvnil nu cours des cinq dernières années précédant immédiatement le dépôt de ln
déclaration;
d) si l'intéressé exerce 011 n exercé llne activité professionnelle indépendante à titre principal,
il produira 1111 document nt/estant du paiement des cotisations sociales trimestrielles dues
pendant n11 moins six trimestres n11 cours des cinq dernières n11nées précédant immédiatement
le dépôt de ln déclaration;

e) si /'i11téressé n, n11 cours des ci11q dernières années précédant immédiatement le dépôt de sa
déclaration, suivi une fonnntion visée à l'article 12bis, § 1er, 2 °, d) premier et/oil deuxième
tiret, d11 Code de ln nntionnlité belge, ln durée de ln 011 des for111ntions susmentionnées devra
être déduite de ln durée de l'activité professio11nelle requise de 468 jours minimum 011 de ln
durée de l'activité profession11elle i11dépendn11te à titre principal. Dn11s cette hypothèse, il
appartiendra nu de111nnde11r d'apporter ln preuve de l'nccomplisse111e11t du solde éve11t11el des
jours de travail restn11ts de ln mn11ière établie précédemment».
La circulaire du 8 mars 2013 précise :

« Si l'intéressé est travailleur salarié, il devra prouver avoir travaillé pendant n11 111oins
1111
468 journées de travail nu cours des cinq dernières n1111ées. Il est à observer que si /'intéressé
apporte déjà ln preuve de son i11tégration sociale par l'nccomplisse111ent d'une activité
profession11elle salariée d11ra11t les cinq années qui précèdent sn déclaration co11formé111ent à
l'article 12bis, § 1er, 2 °, d), CNB, il sera présumé d'office avoir effectué les 468 jours
légnle111e11t requis. Le même rniso1111e111e11t s'applique 11111tntis m11tn11dis pour l'i11téressé qui
exercerait 1111e activité i11dépe11dn11te d11rn11t les cinq n1111ées requises ».

c. Ln synthèse
21

• Sur la définition du« travail ininterrompu» et des« jours de travail»

Il ressort des développements précédant que l'arrêté royal du 14 janvier 2013 et la circulaire
du 8 mars 2013 lient le concept de « jour de h·avail », tant dans l'analyse de l'intégration
sociale que dans celle de la participation économique, à l'article l ", §2, 7° du Code de la
nationalité qui renvoi! aux articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991.

L'article 1", §2, 7° du Code de la nationalité exclut explicitement le travail effechté à


l'étranger et les journées y assimilées, sans pour autant exclure le travail effectué en Belgique
pour une entreprise ou une institution étrangère ou internationale.

Il y a donc lieu de souligner que le Code de la nationalité lui-même n'exclut pas le h·avail
effectué en Belgique pour une organisation internationale, comme l'Union européenne.

Tel n'était d'ailleurs pas l'objectif du législateur dans la mesure où la question de la prise en
compte du travail des fonctionnaires de la Commission europée1me est restée sans réponse
dans les débats parlementaires13 •

Toutefois, deux dispositions règlementaires pourraient être interprétées comme un obstacle à


la prise en considération d'une prestation de travail en tant que foncti01maire ou conh·actuel
pour les institutions européennes

Premièrement, les articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 auxquels


renvoi! l'article l" du Code : ceux-ci excluraient la prise en compte d'une prestation de
travail pour les institutions européennes que dans la mesure où l'article 37 précise que les
prestations doivent être effectuées « dans une profession ou une entreprise assujettie ii ln sécurité
sociale, secteur chômage», ce que ne seraient pas les institutions europée1mes.

Cependant, le renvoi aux articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 ne nous


semble pas exclure la prise en compte, pour la preuve de l'intégration sociale ou de la
participation économique des périodes de travail effectuées comme agent contractuel ou
fonctionnaire titulaire au sein des instih1tions europée1mes.

1.
Premièrement, il a été jugé que les articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991, qui
concernent le calcul des jours de travail pour les travailleurs salariés en vue de déterminer
l'admissibilité au chômage, n'excluent pas les prestations effectuées comme agent
contractuel pour les instihttions europée1mes, pour ce qui concerne l'admissibilité au
chômage:

13 Voy.« L'intervenant donne l'exemple d'un fonctionnaire contractuel de la Commission européenne, dont la
volonté d'intégration sociale et de porUcipation économique est bien réelle. Cette personne entre-t-elle en ligne
de compte pour l'acquisition de lo nationalité belge?» (La Chambre, Doc. Pari., DOC53, 0476/015, p. 104).
22

«Il a été jugé(4) que les périodes d'activités com111e agent conlrnc/11e/ pour ln Co111111ission
européenne doivent être prises en co11sidérntio11 pour le en/cul d11 singe. Le j11geme11I considère
q11e le texte de l'nrticle 37, § 1er, de l'arrêté roynl d11 25 novembre 1991, q11i vise les
pres/nlio11s accomplies dn11s 1111e entreprise assujettie ii ln sécurité sociale 11'exc/11/ pas le
régime pnrtic11/ier de sécurité sociale en vig11e11r en Belgique pour ces agents contrnct11e/s,
régime q11i comprend l11i aussi 1111 secteur chômage. Il ajoute q11e, s'il fnllail interpréter le texte
a11 sens où il ne vise q11e le régime belge de sécurité sociale, une restriction serait i11sla11rée q11i
risquerait d'entraver el de décourager l'exercice d'1111e activité professionnelle a11 sein d'une
instit11tio11 de l'Union. Or, 11ne telle restriction est co11da11111ée, en matière de pe11sio11, par la
jurisprudence de la Cour de justice de L11xe111bo11rg (5) » 14 •

Dans la mesure où les périodes d'activité comme agent contrachtel pour les instihttions
europée1mes doivent êh·e prise en considération pour le calcul du stage ouvrant le droit au
chômage, il doit en être de même pour le calcul de la période de travail pour démontrer la
participation économique et l'intégration sociale, vu le renvoi de l'article l" du Code de la
nationalité aux articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991.

Il y a d'ailleurs lieu de souligner que la jurisprudence exposée ci-dessus 15 était déjà rendue
publique au moment de l'adoption de la loi du 4 décembre 2012 instaurant l'article 1", 7° du
Code de la nationalité de sorte qu'il y a lieu de considérer que cette interprétation de l'article
37 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 était connue du législateur au moment du vote.

Par analogie, il doit en êh·e de même pour les périodes de travail comme fonctionnaires
titulaires pour les instihltions européennes dès lors que les périodes de travail conune
fonctimmaire nommé au sein des institutions belges, auxquels les fonctimmaires des
instihttions européennes peuvent être assimilés, peuvent prouver leur intégration sociale et
leur participation économique, selon l'article 12bis, §1" du Code de la nationalité, sur la base
de leur période de travail en qualité de fonctimmaire.

2.
Deuxièmement, tme interprétation de l'article 1"' du Code de la nationalité combiné avec les
articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 dans tm sens qui exclurait la prise en
compte d'une période de travail, comme contractuel ou comme fonctionnaire, pour les
instihttions européennes que dans la mesure où l'article 37 précise que les prestations
doivent être effechtées « dans 11ne professio11 011 11ne entreprise ass11jetlie ii la sécurité sociale,
secteur chômage », apparaît, à l'analyse, non conforme à l'esprit général et à la formulation du
Code de la nationalité.

En effet, l'article 12bis, §1", 2° vise, tant en ce qui concerne l'intégration sociale qu'en ce qui
concerne la participation économique, les périodes de travail en tant que travailleur salarié,
agent stahttaire ou contrach1el nommé dans la fonction publique et les indépendants.

14 "'
Guide social permanent-Sécurité sociale: commentaires, Partie 1, livre IV, titre Il, chapitre 1, n 90, p. 245, et
les notes: (4) Trib. trav. Bruxelles (17e ch.), 14 févr. 2012, J.T.T., 2012, p. 236; (5) C.J.C.E. no C-293/03, 16 déc.
2004, Gregorio My, Rec. C.J.C.E., 2004, p. 12 013 et Chron (pièce 15).
D.S., 2005, p. 579; C.J.C.E., nos C-286/09 et 287/09, 9 juill. 2010, Ricci et Pisanesni.
15
Trib. trav. Bruxelles (17e ch.), 14 févr. 2012, J.T.T., 2012, p. 236 (pièce 16)
23

Or, les articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 ne concernent que l'accessibilité
au chômage pour les travailleurs engagés dans un contrat de travail et l'expression de
l'article 37 qui vise des prestations effectuées« dans 1111e profession 011 11ne e11treprise ass11jettie n
la sécurité sociale, secteur chômage» ne concerne que ces derniers également.
Par conséquent, si la plupart des travailleurs salariés qui effectuent des prestations en
Belgique travaillent « da11s une professio11 011 1111e e11treprise ass11jettie;, la séC11rité sociale, secteur
chômage», tel n'est pas le cas des agents statutaires nommés dans la fonction publique et des
indépendants qui sont soumis à un régime différent.

Plus particulièrement, les agents statutaires de l'Etat belge ne peuvent être considérés
comme effechiant des prestations« dn11s 1111e profession 011 1111e entreprise assujettie II la sécurité
sociale, secteur chômage » au sens de l'article 37 de l'article 37 et 38 de l'arrêté royal du 25
novembre 1991 dans la mesure où les périodes de travail en qualité de fonctimmaire ne
permettent d'accéder au droit au chômage que sous un régime particulier et moye1mant des
conditions spécifiques mise en place par la loi du 21 juillet 1991 16

Il en résulte que s'il y avait lieu d'interpréter l'article l" du Code de la nationalité en ce sens
que par «travail», il faut entendre un h·avail effectué en Belgique dans le cadre d'tme
profession ou d'une entreprise assujettie à la sécurité sociale, secteur chômage uniquement,
cela reviendrait à exclure la possibilité pour les agents statutaires, des instihttions
europée1mes, mais également de l'Etat belge, de prouver leur participation économique ou
leur intégration sociale sur la base du h·avail.

Or, telle n'est certainement pas la volonté du législateur ou l'esprit du code de la nationalité
puisque le Code prévoit expressément la possibilité de prouver son intégration sociale et sa
participation économique sur la base de périodes de travail en qualité de fonctionnaire.

Une telle interprétation reviendrait à priver d'une partie de son effet utile l'article 12bis, §1",
2°, d), 4'"" tiret et l'article 12bis, §1", 2°, e), l" tiret.

Il en découle nahuellement que cette interprétation ne doit pas être retenue et que
manifestement le renvoi aux articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 n'a pas
pour vocation de définir le type de relation de travail, de cadre jmidique de la prestation de
travail, ou encore la qualité de l'employeur ou l'institution pour laquelle les prestations de
travail sont effectuées.

Au contraire, il est plus cohérent et conforme à l'esprit du Code de la nationalité de


considérer que le renvoi aux articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 ne
concerne que la définition du temps de travail qui doit ou ne doit pas êh·e pris en compte,

16
Voy. not.: Brochure du SPF Sécurité Sociale, {< La Sécurité sociale, tout ce que vous avez toujours voulu
savoir», 2017 https://socialsecurity.belgium.be/sites/default/files/alwa-0617-fr O.pdf: « Bien que ne cotisant
pas non plus au régime du chômage, les fonctionnaires nommés bénéficient d'un régime spécifique qui leur
permet (sous certaines conditions) de bénéficier des a/locations de chômage en cas de licenciement. Un régime
similaire s'applique aux militaires») et pour plus de détails: P. JOASSART, « Le droit au chômage du
fonctionnaire », in. Lo règlementation du chômage: vingt ans d;application de l'arrêté royal du 25 novembre
1991, dir. J.-F. NEVEN, S. GILSON, Kluwer, 2011 (pièce 16).
24

quelle que soit la qualité et le statut de l'employeur, de l'employé, de l'agent statutaire, de


l'instih1tion pour laquelle les prestations de travail sont effech1ées, du travailleur, etc., la
seule restriction étant que le travail doit avoir été effectué en Belgique et que les charges
sociales liées à la fonction doivent avoir été honorées, s'il y échet.

Cette interprétation, qui doit êh·e préférée dès lors qu'elle permet une plus grande cohérence
du Code de la nationalité et qu'elle est conforme à la volonté du législateur, est également
conforme à la lettre du Code puisque ce dernier renvoi aux articles 37 et 38 de l'arrêté royal
du 25 novembre 1991 pour la définition d'tm « jour de h·avail » et non la définition d'un
« travail ».

Cette interprétation du Code de la nationalité et de la portée à dmmer au renvoi aux articles


37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 ne fait pas obstacle à la prise en compte d'une
période de travail effectuée par un agent statutaire ou contrach1el pour les instih1tions
européennes.

Il en résulte que l'article l" du Code de la nationalité ne fait pas obstacle à la prise en
considération d'1me période de h·avail en tant que fonctimmaire ou conh·actuel au sein des
institutions europée,mes pour la preuve de la participation économique ou l'intégration
sociale et que cela reviendrait à ajouter une condition à la loi, contraire à son esprit, de
considérer qu'il n'y a pas lieu de tenir compte de telles prestations pour la preuve de
l'intégration sociale ou la participation économique.

Deuxièmement, l'article 7, 4 ° et 5° de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 qui liste les


modes de preuve de l'intégration sociale et de la participation économique, liste ne
comprenant pas les attestations d'emploi par les institutions européennes.

Ce deuxième obstacle potentiel ne résiste pas non plus à une analyse plus approfondie
puisqu'il est prévu que l'intéressé peut produire « u11e 011 des nltestntio11(s) délivrée(s) pnr le
service co111péte11t de l'nd111inistrntio11 publique» pour les agents contrach1els ou « ln preuve de sn
110mi11ntion définitive nccompngnée d'une 011 des ntlestation(s) délivrée(s) par le service compétent de
l'administrntion publique» pour les agents statutaires.

La notion d'administration publique n'est pas légalement définie, ni dans le Code de la


nationalité, ni plus généralement en droit public belge.

La notion consacrée en droit belge est celle d'« autorité administrative» et force est de
constater que le législateur a choisi, dans le Code de la nationalité et son arrêté d'exécution,
d'utiliser une autre expression, non définie légalement,

Dès lors, pour définir cette notion d'administration publique, il y a lieu de se référer au sens
con1111un :

« Une instance go11verne111e11tale est une ad111i11istrntio11 p11bliq11e. Il s'ngit gé11érnle111rnt d'1111
go11ver11eme11t, d'1111 État, d'i11stit11tio11s 011 d'établissements publics q11i i11sta11re11t des politiques
25

publiques, offre des services ttott tttnrcltnttds ott vettd des bietts et services tnnrcltnttds it titre
nccessoi res » (https://fr. wikipedia.org/wiki/Administra tion publique).

Les institutions europée1mes (La Commission europée1me, le Parlement Européen, le Conseil


européen, ... ) peuvent donc être qualifiées d'administrations publiques et les attestations
visées par l'article 7, 4 ° et 5 ° de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 peuvent être valablement
délivrées par les instihltions européennes elles-même.

Il en résulte que l'article 7, 4° et 5 ° de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 ne fait pas obstacle à la
prise en considération d'une prestation de travail en tant que fonctimmaire ou contrach1el au
sein des institutions européennes pour la preuve de la participation économique ou
l'intégration sociale et que cela reviendrait à ajouter une condition à la loi, contraire à son
esprit, de considérer qu'il n'y a pas lieu de tenir compte de telles prestations pour la preuve
de l'intégration sociale ou la participation économique.

• Sur la compatibilité avec la Constitution

A supposer qu'il y ait lieu d'interpréter l'article 7 de l'arrêté royal du 25 novembre


1991 et les articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 conune excluant la possibilité
de démontrer l'intégration sociale et la participation économique sur la base d'une
attestation de travail d'une des institutions européennes, il y a lieu de conclure que ces
dispositions sont contraires aux articles 10, 11 et 191 de la Constitution et d'en écarter
l'application en vertu de l' article 159 de la Constitution.

En effet, ces dispositions créeraient alors une différence de h·aitement enh·e deux catégories
d'étrangers, à savoir les étrangers qui exercent leur activité comme agent stahitaire ou
contrach1el pour les institutions belges, et les étrangers qui travaillent comme agent
contractuel ou stah1taire pour les institutions europée1mes d'auh·e part.

Ces deux catégories d'éh·angers se trouvent dans des situations comparables dès lors qu'ils
travaillent en Belgique, comme agent conh·ach1el ou statutaire, pour des institutions
publiques, qui sont directement rattaché à l'intérêt général de la société belge.

Ces deux catégories d'étrangers sont traitées différemment puisque les uns peuvent
démonh·er leur intégration sociale et leur participation économique, en vue d'obtenir la
nationalité belge sur la base de l'article 12bis, §1", 2 ° , par une attestation de l'adminish·ation
publique pour laquelle ils travaillent, et acquérir la nationalité belge après 5 ans de résidence
en Belgique, alors que les autres ne le peuvent pas et sont condamnés dès lors à attendre 10
ans de résidence en Belgique et justifier par d'autres moyens leur participation à la vie de
leur commtmauté d'accueil pour pouvoir prétendre à la nationalité belge.

Il y a lieu par ailleurs de souligner que le personnel salarié des instih1tions europée1mes et les
fonctimmaires ne sont pas, dans le cadre de leurs fonctions, des représentants de l'Etat dont
ils sont les ressortissants, comme les seraient par exemple des représentants diplomatiques
ou politiques auprès des instih1tions belges, européennes ou internationales.
26

En effet, les institutions européennes constituent une adminish·ation supranationale intégrée


qui met en œuvre le projet de l'Union europée1me, dont la Belgique fait partie intégrante.
Elles instaurent des politiques publique en partie directement votées par l'ensemble des
citoyens européens et notamment les citoyens belges.

Le système de recrutement et le h·aitement des fonctimmaires et travailleurs salariés est


extrêmement varié et complexe. Toutes les persmmes h·availlant pour les institutions
europée1mes ne sont pas recrutées depuis leur pays d'origine et toutes ne bénéficient pas
d'un statut privilégié en tant qu'expatriés. La plupart sont soumis aux mêmes conditions que
des belges qui sont recrutés depuis la Belgique.

Dès lors, le critère de différenciation enh·e ces deux catégories d'étrangers n'est pas pertinent.

Enfin la différence de h·aitement n'est pas raisonnablement justifiée au regard d'un objectif
légitime, à la lumière des arrêtés royaux, le rapport au Roi, le Code de la nationalité ou les
travaux parlementaires.

Il convient dès lors, s'il y a lieu d'interpréter les arrêtés royaux susvisés comme excluant la
possibilité de prouver son intégration sociale ou sa participation économique grâce au travail
en tant qu'agent contrachtel ou pour les institutions européeimes, d'écarter ces dispositions
règlementaires en application de l' article 159 de la Constitution.

- A supposer que Votre Tribunal considère que c'est en vertu de l'article l" du Code
de la nationalité, en ce qu'il revoit à l'article 7 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 qui
devrait être interprété comme excluant la possibilité de démontrer l'intégration sociale et la
participation économique sur la base d'une attestation de h·avail d'tme des institutions
europée1rnes, que la période de travail effectuée comme statutaire ou cotnractuel pour les
institutions européennes ne peut être pris en compte pour la preuve de l'intégration sociale
et de la participation économique au sens de l'article 12bis, §1", 2 °, il y aurait lieu de poser la
question suivant à la Cour Constih1tionnelle:

« L'nrlicle 12bis, §1''', 2 ° d11 Code de ln 11ntio11nlilé, 111 en co111binnison nvec l'article l", 7 ° d11
111ê111e Code, viole-1-il les nrlicles 10, 11 et 191 de ln Constil11lion, lus séparément et
co11joi11te111e11/ nvec l'article 4, §3 du TUE, les articles 18, 20, 21 et 45 du TFUE, ln Directive
2004/38/CE du Pnrle111e11/ et du Conseil d11 29 avril 2004 relative nu droit des citoyens de
l'U11io11 el des 111e111bres de leurs fn111illes de circ11ler el séjo11mer libre111e11t sur le territoire des
Etals 111e111/Jres, interprété e11 ce se11s q11e les périodes de lrnvnil effect11ées pnr 1/11 ressorlissn11t
d'1111 nuire Etnl 11ie111bre de /'U11io11 e11ropée1111e, citoyen e11ropém, e11 ln11I q11'ngenl co11lrncl11el
011 fo11ctio1111nire des i11sli/11lio11s de l'U11io11 wropéen11e, 11e sont pns prise en co111ple po11r ln
pre11ve de l'inlégrntion sociale el de ln pnrticipnlio11 écono111iq11e n11 sens de l'nrticle 12/Jis, §1",
2 ° d11 Code de ln nnlionnlité? ».

• Sur la compatibilité avec le droit de l'Union européenne


27

A tih·e liminaire, il y a lieu de souligner que la question relève du champ d'application du


droit de l'Union européenne, quand bien même les règles relatives à la nationalité relève de
la compétence des Etats membres, dans la mesure où elle concerne tm ressortissant d'un
autre Etat membre de l'Union européenne séjournant légalement sur le territoire d'un auh·e
Etat membre de l'Union europée1me (voy. not. CJUE, n °C-148/02, 2 oct. 2003, Gnrcin Avel/o,
www.curia.europa.eu). Il ne s'agit dès lors pas d'une situation purement interne.

Il est aujourd'hui bien établi dans la jurisprudence de la Cour de justice que les États
membres doivent, dans l'exercice de leur compétence en matière de nationalité, respecter le
droit de l'Union (voy. not. CJUE, n ° C-369/90, 7 juil. 1992, Miclteletti; n ° C-200/02, 19 oct.
2004, Zhu et Chen; n ° C-135/08, 2 mars 2010, Rottmnn, www.curia.europa.eu).

Or, l'absence de prise en considération des périodes de travail effectuées en Belgique en


qualité d'agent contractuel ou fonctionnaire au sein des institutions européennes pour la
preuve de la participation économique et l'intégration sociales qui sont des conditions
nécessaires pour l'obtention de la nationalité belge, entre en contradiction avec le droit de
l'Union europée1me à divers égard.

Cela porte une atteinte disproportimmée à la liberté de circulation des citoyens de l'Union et
aux droits attachés à la citoyenneté européenne garantis par les articles articles 20 et 21 du
TFUE et la Directive 2004/38/CE du Parlement et du Conseil du 29 avril 2004 relative au droit
des citoyens de l'Union et des membres de leurs familles de circuler et séjourner librement
sur le territoire des États membres; à la libre circulation des travailleurs de l'Union, en
violation de l'article 45 du TFUE; et viole l'article 4§3 du TUE relatif au devoir de
coopération loyale,

En effet, la libre circulation est directement attachée au stahit de citoye,meté européenne qui
est a vocation à être le stahlt fondamental des ressortissants des États membres (voy. not.
CJUE, n ° C-369/90, 7 juil. 1992, Micheletti; n ° C-200/02, 19 oct. 2004, Zhu et Chen; n ° C-135/08,
2 1nars 2010, Rott11um, ,v,v,v.curia.europa.eu).

Il est par ailleurs de jurisprudence constante que les agents des instihttions europée1mes ont
la qualité de h·availleur migrant au sens de l'article 45 du TFUE, ancie1mement article 39
TCE, de sorte qu'ils doivent bénéficier d'une pleine liberté de circulation et d'une égalité de
traitement (voy. not. CJUE, n ° C-293/03, 16 déc. 2004, Gregorio My, §37,
,vw,v.curia.europa.eu).

Enfin, la législation belge, interprétée comme décrit ci-dessus, engendre une restriction
susceptible d'entraver et de décourager l'exercice d'une activité professionnelle au sein d'une
instihition de l'Union europée1me, dès lors que les fonctionnaires ne pourraient prétendre à
la nationalité belge sm la base de cette activité professionnelle et donc parfaire lem
intégration en Belgique, en violation de l'article 4§3 du TUE, anciennement article 10 CE, qui
impose une obligation de coopération loyale avec les institutions européennes.

Dans ce sens, la Cour de justice a déjà jugé que: « L'article 10 CE, en liaison nvec le stn/11t de,;
jà11cti01rnnires des Co1111111111n11tés européennes, doit être interprété e11 ce sens qu'il s'oppose à une
28

règleme11tntio11 11ntio11nle q11i 11e permet pas de te11ir compte des n1111ées de trnvnil q11'1111 ressortissn11t
co1111111111n11tnire n accompli nu service d'1111e i11stit11tio11 co1111111111n11tnire aux fi11s de l'o11vert11re d'1111
droit?, 1111e pe11sio11 de retraite n11ticipée n11 titre d11 régime 11ntio11nl" CJUE, n° C-293/03, 16 déc.
2004, Gregorio My, §37, www.curia.europa.eu).

Le même raisonnement devrait s'appliquer en l'espèce.

En conséquence, en vertu du principe de l'interprétation conforme, bien établi dans la


jurisprudence de la Cour de justice, selon lequel le juge national se doit d'interpréter le droit
interne qu'il doit appliquer de la manière la plus conforme au droit européen (voy. not.
CJUE, 11 °157/86, 4 févr. 1988, Murplzy; n°C-106/89, 13 nov. 1991, Mnrlensi11g
www.curia.europa.eu), il y a lieu d'interpréter le droit belge d'une manière qui ne porte pas
atteinte aux dispositions de droit européen précitées et donc de considérer que les articles 1"
et 12bis, en combinaison avec les articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 et de
l'article 7 de l'arrêté royal du 14 janvier 2013 et préférer l'interprétation proposée aux pages
21 et suivants des présentes conclusions.

Si une telle interprétation ne pouvait êh·e retenue par Votre Tribtmal, il y aurait lieu
d'écarter l'application du droit belge conh·aire au droit de l'Union européenne en vertu du
principe de la suprématie du droit de l'Union européenne sur le droit national, principe
également établi par la jurisprudence de la Cour de justice qui considère que « ln j11ridiction
11ntio11nle a l'obligation d'appliquer i11tégrnleme11t le droit comm1111n11tnire et de protéger les droits que
celui-ci confère aux particuliers, e11 laissant nu besoi11 inappliquée toute disposition dn11s ln mesure où
son application, dans les circonstances de l'espèce, aboutirait ?, 1111 résultat co11traire nu droit
com1111111nutnire » (voy. not. CJUE, 11° 157/86, 4 févr. 1988, Murplzy; n °C-262/97, 26 sept. 2000,
E11gelbrec/1t, www.curia.europa.eu).

Si Votre Tribunal avait une hésitation quant à l'interprétation à donner aux dispositions
européermes précitées aux fins de déterminer si la législation nationale est conforme au droit
européen, il y aurait lieu de poser la question préjudicielle suivante à la Cour de justice de
l'Union européenne

«L'article 4, §3 du TUE, les articles 18, 20, 21 et 45 d11 TFUE, les articles 3, 7 et s11ivn11ts et
16 et s11ivnnts de ln Directive 2004/38/CE du Pnrleme11t et du Conseil du 29 avril
2004 relative n11 droit des citoyens de l'U11io11 et des membres de le11rs familles de circuler et
séjo11rner librement s11r le territoire des États meml,res, doive11t-ils être i11terprétés en ce sens
qu'ils s'oppose11t ?, une législntio11 11ntio11nle qui co11ditio1111e l'obte11tio11 de ln 11ntio11nlité?, ln
preuve de /'i11tégrntio11 sociale et ln participation économique sur ln base de périodes de travail
et q11i exclut, dans /'npprécintio11 de ces co11ditio11s, ln prise e11 co11sidérntio11 de périodes de
travail effect11ées par 1111 ressortissn11t d'1111 autre Etat membre de l'U11ion e11ropée1111e, citoye11
e11ropée11, résidant légnleme11t e11 Belgique, en qualité d'nge11t coutrnct11el 011 fo11ctio1111nire nu
sei11 des i11stit11tio11s de l'U11io11 e11ropée1111e ? ».
29

III.2. En l'espèce

1.Résidence en Belgique

Il ressort de l'historique des adresses au dossier du Parquet que Monsieur X est inscrit en
Belgique depuis le 6.05.1997. Il a été radié pour le Royaume-Uni de 16.03.1998 au 22.04.1999,
date à laquelle il a été réinscrit à Etterbeek. Ensuite, en raison de son déménagement
d'Etterbeek à Ixelles, il a été radié pendant 4 mois, du 27.05.2004 au 28.09.2004. Ensuite, il n'a
plus été radié et est resté inscrit à Ixelles puis à Woluwé-Saint­Pierre du 28.09.2004 à ce jour.

À ce titre, il est inscrit dans le registre de la population conformément à l'article 1" de


l'arrêté royal du 16 juillet 1992 relatif aux registres de la population et au regish·e des
étrangers.

Il découle de ce qui précède que Monsieur X est valablement inscrit dans le registre de la
population et qu'il réside en Belgique depuis plus de 5 ans au sens de l'article 12bis, § 1, 2°
du Code de la nationalité belge.

2.Séjour légal

Par ailleurs, Monsieur X est titulaire de plein droit d'un droit de séjour en Belgique tant que
citoyen de l'Union européenne, depuis son retour en Belgique en 1999, sur la base des articles
40 et suivant de la loi du 15.12.1980. Il est à ce tih·e titulaire d'un droit de séjour légal
découlant de la loi sur les étrangers au sens de l'article 7bis du Code de la nationalité
belge devant être pris en compte pour la condition du séjour légal en Belgique pour les
cinq années précédant l'introduction de la déclaration de nationalité, tel que stipulé dans
l'article 12bis, § 1, 2° du Code de la nationalité belge.

Au surplus, il était également titulaire d'un droit de séjour légal en Belgique, sur base du
Protocole sur les privilèges et immtmités de l'Union europée,me, annexé au Traité sur
l'Union européenne et au Traité sur le fonctionnement de l'Union europée1me et plus
directement de l'article 10°, §1''', 1° de la loi du 15.12.1980 qui renvoie au Protocole, depuis
1999, jusqu'à l'obtention de sa carte de séjour de type E+, le 26.07.2016. Il était donc titulaire
d'un droit de séjour légal découlant de la loi sur les étrangers au sens de l'article 7bis du
Code de la nationalité belge.

Ensuite, depuis le 26.07.2016, il est titulaire d'une carte de séjour en qualité de citoyen de
l'Union européenne résident en Belgique depuis plus de 5 ans en Belgique. Il était donc
également titulaire pendant cette période d'tm droit de séjour légal découlant de la loi sur
les étrangers au sens de l'article 7bis du Code de la nationalité belge.

Monsieur X dispose donc sans interruption d'un séjour légal en Belgique dans les 5 années
précédant sa déclaration de nationalité.
30

3. Connaissance de la langue

Conformément à l'interprétation qu'il y a lieu de donner aux articles 1", §2, 7 ° et 12bis, §1",
2° du Code de la nationalité, ainsi qu'aux articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre
1991 et l'article 7, 4° et 5° de l'arrêté royal du 14 janvier 2013, Monsieur X démontre son
intégration sociale et il y a lieu de considérer qu'il démontre par ce fait également sa
cmmaissance d'au moins tme des langues nationales.

A tih·e surabondant, Monsieur X démontre sa connaissance du français par la production de


l'attestation d' Actiris qui montre un score général B2 (pièce 6).

4. Intégration sociale

Conformément à l'interprétation qu'il y a lieu de dmmer aux articles J e,, §2, 7° et 12bis, §1",
2° du Code de la nationalité, ainsi qu'aux articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre
1991 et l'article 7, 4° et 5° de l'arrêté royal du 14 janvier 2013, Monsieur X démonh·e son
intégration sociale par l'attestation de la Commission europée,me qui fait état de ses services
ininterrompus comme fonctionnaire depuis plus de 5 ans (pièces 4 et 5).

5. Participation économique

Conformément à l'interprétation qu'il y a lieu de dmmer aux articles l", §2, 7 ° et 12bis, §J e,,
2° du Code de la nationalité, ainsi qu'aux articles 37 et 38 de l'arrêté royal du 25 novembre
1991 et l'article 7, 4° et 5° de l'arrêté royal du 14 janvier 2013, Monsieur X démonh·e sa
participation économiquer par l'attestation de la Commission europée1me qui fait état de ses
services ininterrompus comme fonctimmaire depuis le 16 septembre 2004, ce qui dépasse
largement les 468 jours de travail requis par le Code de la nationalité (pièces 4 et 5).

6. Absence de faits personnels graves

Enfin, Monsieur X n'a été l'auteur d'aucun fait persmmel grave comme il ressort de son
extrait de casier judiciaire au dossier du Parquet.

PAR CES MOTIFS,

PLAISE AU TRIBUNAL DE PREMIERE INSTANCE,

Déclarer la demande principale recevable et fondée,

En conséquence,

A titre principal, déclarer non-fondé l'avis négatif de Monsieur le Procureur du Roi, le mettre
à néant et dire pour droit qu'il y a lieu de faire droit à la demande d'acquisition de la
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nationalité belge de Monsieur X en application de l'article l2bis, § 1er, 2° du Code de la


nationalité belge,

A titre subsidiaire et avant dire droit, poser la question préjudicie1le suivante à la Cour
Constitutionnelle:

« L'nrticle 12bis, §1..,, 2 ° rl11 Carle rie ln 1111tio1111/ité, /11 e11 co111bi1111iso11 nvec l'nrticle 1er, 7 ° rl11
111ê111e Carle, viole-t-il les nrticles 10, 11 et 191 rie ln Co11stit11tio11, lus sépnré111ent et
co!ljoi11te111ent nvec l'nrticle 4, §3 rlu TUE, les articles 18, 20, 21 et 45 rl11 TFUE, ln Directive
2004/38/CE rl11 Pnrle111e11t et rl11 Conseil rl11 29 nvril 2004 relntive 1111 rirait ries citoyens de
/'U11io11 et des 111e111bres de leurs fm11illes rie circuler et séjo11mer libre111e11t St//' le territoire ries
Etnts 111e111bres, interprété e11 ce sens que les périodes de trnvnil effectuées pnr 1111 ressortissnnt
d'1111 nutre Etnt 111e111bre de l'U11io11 e11ropée1111e, citoyen e11ropée11, e11 tnnt q11'11ge11t co11trnct11el
011 fo11ctio111111ire ries i11stit11tio11s de l'U11io11 e11ropée1111e, ne s011t pns prise en compte pour ln
preuve de l'intégrntio11 socinle et de ln pnrticipntio11 éco110111iq11e 1111 se11s de l'nrticle 12bis, §1..,,
2 ° ri11 Code rie ln 1111tio11nlité? »,

A tih'e infiniment subsidiaire et avant dire droit, poser la question préjudicielle suivante à la
Cour de justice de l'Union européetme

« L'nrticle 4, §3 d11 TUE, les nrticles 18, 20, 21 et 45 rf II TFUE, les nrticles 3, 7 et s11iv1111ts et
16 et suiv1111ts rie ln Directive 2004/38/CE d11 Pnrle111e11t et rf11 Conseil rf 11 29 nvril
2004 relntive 1111 rirait ries citoyens rie l'U11io11 et ries 111e111bres de leurs J11111il/es rie circuler et
séjo11mer libre111e11t sur le territoire ries Étnts 111e111bres, rfoivC11t-ils être interprétés Cil ce sens
qu'ils s'opposent 11 une législntion 1111tio1111le qui co11ditio1111e l'obte11tio11 de ln 1111tio1111lité 11 ln
prer1ve rie l'i11tégrntio11 socinle et ln pnrticipntio11 éco110111iq11e sur ln bnse de périodes de trnvnil
et qui exclut, rf1111s l'npprécintio11 rie ces co11riitio11s, ln prise en co11sidérntio11 de périodes de
trnvnil effectuées pnr 1111 ressortiss1111t rf'1111 1111tre Etnt 111e111l1re rie l'U11io11 e11ropée1111e, citoyen
européen, résid1111t légnle111e11t en Belgique, en q1111lité rf'nge11t co11trnct11e/ 011 fo11ctio111111ire 1111
sei11 ries i11stit11tio11s rie l'U11io11 e11ropée1111e ? »,

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Céline VERBROUCK
Avocate
Bd Louis Schmidt 56
1040 Brussel

Tèl.: 02.894.45.70-73
Fax.: 02.894.45.71

R.G. N ° 17/845/B

Inventaire des pièces

1. Avis négatif du Parquet;


2. Lettre de saisine du Tribtmal;
3. Carte de séjour E+ de Monsieur X;
4. Attestation de h·avail de la Commission europée1me;
5. Attestation de travail détaillée de la Commission européenne;
6. Attestation de réussite du test de langue Actiris;
7. Trib. fam. Bruxelles (12'"" ch.), 13.04.2016, RDE, 2016, 11°187, p. 127;
8. Trib. fam. Bruxelles (12ème ch.), 29.08.2016, RG 15/1326/B, inédit;
9. Trib. fam. Nivelles (32ème ch.), 25.03.2016, RG 15/717/B, inédit;
10. Trib. fam. Brabant Wallon (7'"'' ch.), 18.07.2014, RG 14/51/B, inédit;
11. Trib. fam. Brabant Wallon (7'"" ch.), 13.10.2017, Rép. N°6359, inédit;
12. Trib. fam. Brabant Wallon (7'"" ch.), 13.10.2017, Rép. N°6365, inédit;
13. Trib. fam. Bruxelles (105'"" ch.), 12.12.2017, RG 15/2903/B, inédit;
14. Note du 20.02.2013 de l'Office des Etrangers à l'attention des bourgmesh·es du
Royaume de Belgique concernant la carte d'identité spéciale et l'acquisition du séjour
permanent;
15. Guide social permanent - Sécurité sociale: commentaires, Partie!, livre IV, titre II,
chapitre!, (extrait);
16. Trib. trav. Bruxelles (17e ch.), 14 févr. 2012, J.T.T., 2012, pp. 236 et suiv.;
17. P. JOASSART, « Le droit au chômage du fonctionnaire», in. Ln règlementation du
chômage: vingt ans d'application de l'arrêté royal du 25 11ove111bre 1991, dir. J.-F. NEVEN,
S. GILSON, Kluwer, 2011.

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