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Équations one-way pour la propagation d’ondes en

écoulements complexes
Clément Rudel

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Clément Rudel. Équations one-way pour la propagation d’ondes en écoulements complexes. Physique
[physics]. Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace (ISAE), 2022. Français. �NNT : �.
�tel-04119727�

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Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace

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Clément RUDEL
le vendredi 9 septembre 2022
5JUSF


Équations one-way pour la propagation d’ondes en


écoulements complexes

²DPMF EPDUPSBMF et discipline ou spécialité  


ED AA : Mathématiques et Applications

6OJUÏEFSFDIFSDIF
Équipe d'accueil ISAE-ONERA MOIS

%JSFDUFVS T EFʾÒTF
M. Sébastien PERNET (directeur de thèse)
M. Jean-Philippe BRAZIER (co-directeur de thèse)
Jury :
M. Christophe AIRIAU Professeur Université Toulouse III - IMFT - Président
Mme Hélène BARUCQ Directrice de recherche INRIA, Pau - Rapporteure
M. Stéphane BORDAS Professeur Université du Luxembourg - Examinateur
M. Jean-Philippe BRAZIER Ingénieur de recherche ONERA, Toulouse - Co-directeur de thèse
M. Gwénaël GABARD Professeur Le Mans Université- LAUM - Rapporteur
M. Sébastien PERNET Ingénieur de recherche ONERA, Toulouse - Directeur de thèse
Remerciements

Les travaux de thèse présentés dans ce manuscrit n’auraient jamais pu voir le jour sans la
rencontre, l’aide et le soutien de nombreuses personnes.
Je tiens à remercier en premier lieu mes encadrants, Sébastien Pernet et Jean-Philippe
Brazier, pour leur aide et toutes les discussions que l’on a pu avoir tout au long de ces trois
années. Que cela soit sur place ou à distance, leurs conseils m’ont permis de surmonter toutes
les épreuves rencontrées (et ce n’est pas ce qui manquait).
Mes remerciements vont également à Hélène Barucq et à Gwénaël Gabard d’avoir accepté
d’être rapporteurs et d’avoir pris le temps de lire et de comprendre ces travaux de thèse. Je
remercie Christophe Airiau d’avoir rempli le rôle de président du jury ainsi que Stéphane Bordas
pour avoir fait partie du jury et Guilherme Coelho Cunhas pour avoir accepté l’invitation pour
cette défense de thèse.
Je voudrais également remercier toutes les personnes que j’ai pu croiser au sein de l’ONERA.
Merci aux doctorants de l’équipe Matthias, Alfonso, Maëlys, Margot, Michaelis, Nadir et aussi
à ceux de "l’autre bâtiment" William, Sofyane, Felix, Julio, Lucien pour toutes ces pauses,
discussions et autres soirées qu’on a pu partager. Autant de nouvelles amitiés qui, je l’espère,
continueront dans le futur.
Je ne peux bien entendu pas oublier de remercier mes amis de longue date Gaëtan et Romain
mais aussi tout le groupe Baptiste, Tom, Théo et Théo avec qui je partage cette amitié depuis
si longtemps et qui m’a grandement aidé durant toutes ces années. Enfin, je peux te dire merci
Charles de m’avoir donné envie de commencer une thèse, maintenant qu’elle est terminée.
Pour finir, ces remerciements ne seraient pas complets sans mentionner ma famille, sans
laquelle rien de tout cela n’aurait vu le jour. Merci donc à mes parents qui m’ont toujours
soutenu et qui le font encore aujourd’hui. Merci également à Carine et à mon frère qui a su me
montrer la voie. Enfin, une pensée particulière pour Elisa qui partage ma vie et les embûches de
la thèse. Maintenant que c’est ton tour, j’espère pouvoir te soutenir autant que tu as pu le faire.

i
ii
Table des matières

Table des figures xi

Liste des tableaux xiii

Introduction 1

I Contexte 5
1 Bruit de jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1 Configuration des jets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Mécanismes du bruit de jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2 Bruit de soufflante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.1 Mécanismes de réduction du bruit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Principe du liner acoustique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.3 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3 Modélisation de la propagation d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.1 Décomposition modale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.2 Exemple du conduit infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.3 Instabilité de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
4 Méthodes numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
4.1 Simulations temporelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.2 Simulations fréquentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

II Équations one-way 39
1 Approche microlocale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
1.1 Opérateurs pseudo-différentiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
1.2 Construction des équations one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
1.3 Implémentation numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2 Approche numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.1 Dérivation exacte des équations one-way numériques . . . . . . . . . . . . . . 52
2.2 Dérivation approchée des équations one-way numériques . . . . . . . . . . . . 57
3 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

III Nouvelle factorisation numérique 63


1 Méthode de factorisation one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
1.1 Identification des espaces invariants par des conditions aux limites non-
réfléchissantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
1.2 Nouvelle factorisation de l’opérateur de propagation . . . . . . . . . . . . . . 70
1.3 Prise en compte du terme source . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
1.4 Gestion des singularités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

iii
iv TABLE DES MATIÈRES

2 Résolution des équations one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78


2.1 Choix des coefficients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
2.2 Méthodes de discrétisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
2.3 Choix de l’algorithme de marche sur x . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
2.4 Comparaison entre l’approche outflow et la nouvelle factorisation . . . . . . . 86
2.5 Coût de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
3 Motivations pour le développement d’une nouvelle approche one-way . . . . . . . 90
3.1 Modèle one-way pour l’équation des ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
3.2 Cas uniforme et variation transverse : approximation de Padé et approximation
numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.3 Effet de la normalisation en présence de variations axiales . . . . . . . . . . . 94
4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

IV Prise en compte des variations selon l’axe de propagation 99


1 Principe de la réflexion/réfraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
1.1 Définition du problème en présence d’une discontinuité . . . . . . . . . . . . . 100
1.2 Réflexion et réfraction d’une onde incidente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
1.3 Réflexion et réfraction de deux ondes incidentes opposées . . . . . . . . . . . 103
2 Prise en compte des variations continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
2.1 Solution 1 : technique de normalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
2.2 Solution 2 : équations one-way true amplitude . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
2.3 Solution 3 : séries de Bremmer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
2.4 Comparaison des trois solutions en utilisant l’équation des ondes . . . . . . . 113
2.5 Échantillonnage du modèle de propagation et réduction du coût de calcul . . 117
3 Cas des variations discontinues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.1 Décomposition de domaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.2 Opérateur de transmission d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

V Application aux écoulements non uniformes 125


1 Les équations d’Euler linéarisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
1.1 Linéarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
1.2 Mise en forme one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
2 Variations de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
2.1 Code de référence 2D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
2.2 Variations localisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
2.3 Variation globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
3 Conduit à section variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
3.1 Projection sur un maillage de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
3.2 Cas sans écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
3.3 Cas avec écoulement non-uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

VI Application aux matériaux absorbants acoustiques 149


1 Caractéristiques du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
1.1 Configuration du conduit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
1.2 Simplification du système one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
1.3 Conditions aux limites transverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
2 Séries de Bremmer et discontinuités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
2.1 Prise en compte des discontinuités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
2.2 Régularisation de la discontinuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
TABLE DES MATIÈRES v

3 Analyse du liner CT73 sur une gamme de fréquence . . . . . . . . . . . . . . . . 157


4 Effet du profil de vitesse sur l’absorption du liner CT57 . . . . . . . . . . . . . . 160
4.1 Cas sans écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
4.2 Cas avec écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
5 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

VII Application au bruit de jet 173


1 Équations d’Euler axisymétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
1.1 Projection dans le repère cylindrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
1.2 Mise en forme one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
1.3 Conditions aux limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
2 Jet en conduit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
2.1 Stabilité de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
2.2 Propagation des modes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
3 Jet chaud subsonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
3.1 Caractéristiques du jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
3.2 Résultats numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

Conclusions et perspectives 193

A Gestion des singularités : équations d’Euler 197

B Condition d’axe en variables caractéristiques 199

Bibliographie 200
vi TABLE DES MATIÈRES
Table des figures

1 Distribution des sources de bruit pour la phase de décollage et d’approche


(source : ICAO Noise Standards) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

I.1 Schéma de la structure d’un écoulement de jet à simple flux . . . . . . . . . . 7


I.2 Schéma de la structure d’un écoulement de jet à double flux . . . . . . . . . . 7
I.3 Exemples de différents systèmes de chevrons (Source : [Zaman et al., 2011]) . 9
I.4 Mise en évidence des structures cohérentes dans un jet à Reynolds Re =
1.05 × 104 (source : [Crow et Champagne, 1971]) . . . . . . . . . . . . . . . . 10
I.5 Illustration de différents types de paquets d’ondes (modes) azimutaux (source :
[Jordan et Colonius, 2013]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
I.6 Illustration des différents types d’ondes acoustiques générées par un jet (source :
[Tam et al., 2008a]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
I.7 Schéma d’un exemple de système actif de réduction de bruit dans un conduit . 14
I.8 Schéma d’un exemple de système passif (tube de Herschel-Quincke) de réduction
de bruit dans un conduit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
I.9 Schéma d’un exemple de système hybride de réduction de bruit dans un conduit
utilisant un piston . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
I.10 Emplacements des liners acoustiques dans un moteur d’avion (source : [Smith,
1989]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
I.11 Schéma des différents types de liners acoustiques fréquemment utilisés dans
l’aéronautique (source : [Rolls-Royce Limited, 2005]) . . . . . . . . . . . . . . 18
I.12 Schéma d’un exemple de liner acoustique dans un conduit . . . . . . . . . . . 19
I.13 Représentation spatiale et spectrale des paquets d’ondes : (a) advection subso-
nique, (b) advection supersonique générant des ondes de Mach et (c) advection
subsonique avec une modulation spatiale provoquant une fuite acoustique
(source : [Jordan et Colonius, 2013]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
I.14 Schéma du conduit infini étudié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
I.15 Évolution dans le plan (x,t) d’une perturbation près de x = 0 à t = 0. (a)
stable, (b) convectivement instable, (c) absolument instable (source : [Charru,
2011]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
I.16 champ instantané d’une LES coloré par la vorticité. Jet à Mach M = 0.9 avec
un nombre de Reynolds Re = 65000 (source : [Bogey et al., 2003]) . . . . . . . 27
I.17 champ instantané d’une DNS coloré par la vorticité. Écoulement au-dessus
d’une cavité de liner acoustique (source : [Zhang et Bodony, 2011]) . . . . . . 27
I.18 Exemple de spectre d’un jet double flux obtenu en utilisant l’équation de
Pridmore-Brown . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
I.19 Différentes zones du spectre permettant de déterminer la nature des ondes de
surface (source : [Rienstra, 2003]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
I.20 Simulation PSE d’un jet à M = 0.73. Contours du champ de pression (source :
[Rodríguez et al., 2012]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

vii
viii TABLE DES FIGURES

I.21 Diagramme classant les méthodes présentées selon l’étendue de leur domaine
d’application en fonction de leur coût de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

II.1 Comparaison de convergence de la méthode d’approximation de Padé classique


( ) et avec rotation de branche ( ) sur les deux segments z ∈ [−3, −1] et

z ∈ [−1, 1] avec θ = 90 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
II.2 Comparaison de convergence de la méthode d’approximation de Padé classique
( ) et avec rotation de branche ( ) sur les deux segments z ∈ [−1 − 2i, −1]

et z ∈ [−1, −1 + 2i] avec θ = 90 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

III.1 Valeur de la partie réelle de αac,1 en fonction du Mach axial et de la valeur de z 2 80


III.2 Valeur de la partie imaginaire de αac,1 en fonction du Mach axial et de la valeur
de z 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
III.3 Exemple de spectre d’opérateur et sa zone d’estimation . . . . . . . . . . . . . 80
III.4 Séparation des méthodes de discrétisation transverse et axiale . . . . . . . . . 81
III.5 Comparaison en terme d’erreur relative L2 entre un schéma de Runge-Kutta
et de Galerkin discontinu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
III.6 Erreur relative en norme euclidienne en fonction du nombre de points de
discrétisation axiale entre la Backward Differentiation Formula ( ) et la
méthode de Galerkin discontinu ( ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
III.7 Convergence sur le spectre de l’opérateur ( ) en fonction de Nβ avec l’approche
outflow ( ) et avec la nouvelle factorisation numérique ( ) pour β± = ±(a + ai),
1 < a < 200 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
III.8 Erreur relative moyenne () et maximale () en norme euclidienne sur le spectre
entre une décomposition en valeurs propres exacte et la méthode de Towne et
Colonius ( ) et la nouvelle factorisation ( ). . . . . . . . . . . . . . . . . 89
III.9 Partie réelle de la pression obtenue grâce à la résolution des équations one-way
exactes ( ) ou approchée par une méthode de Padé avec p = 1 ( ), p = 2
( ) et p = 3 ( ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
III.10 Partie réelle de la pression obtenue grâce à la résolution des équations one-way
exactes ( ) ou approchée par la méthode outflow ( ) ou par la nouvelle
factorisation ( ) avec Nβ = 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
III.11 Valeur de la vitesse de propagation au carré dans le milieu de propagation . . 93
III.12 Erreur relative en norme euclidienne dépendant du nombre de coefficients
utilisée par l’approximation de Padé ( ) et par la nouvelle factorisation ( ) 94
III.13 Valeur au carré de la vitesse de propagation dans le milieu . . . . . . . . . . . 95
III.14 Partie réelle de la pression acoustique en y = 0 obtenue grâce à une résolution
exacte ( ) et par la résolution des équations one-way avec la normalisation
1( ) ou 2 ( ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

IV.1 Réflexion et réfraction d’une onde à l’intérieur d’un domaine présentant des
discontinuités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
IV.2 Réflexion et réfraction d’une onde à travers une discontinuité . . . . . . . . . 102
IV.3 Réflexion et réfraction de deux ondes opposées à travers une discontinuité . . 103
IV.4 Schéma de la résolution des séries de Bremmer . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
IV.5 Valeur au carré de la vitesse de propagation dans le milieu . . . . . . . . . . . 115
IV.6 Partie réelle de la pression acoustique en y = 0 obtenue grâce à une résolution
exacte ( ) et par la résolution des équations one-way avec la méthode de la
normalisation ( ), des équations one-way true amplitude ( ) et par des
séries de Bremmer ( ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
IV.7 Valeur au carré de la vitesse de propagation dans le milieu . . . . . . . . . . . 116
TABLE DES FIGURES ix

IV.8 Partie réelle de la pression acoustique en y = 0 obtenue grâce à une résolution


exacte ( ) et par la résolution des équations one-way avec la méthode de la
normalisation ( ), les équations one-way true amplitude ( ) et par les
séries de Bremmer ( ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
IV.9 Exemple de décomposition d’un domaine de calcul . . . . . . . . . . . . . . . 120
IV.10 Transmission d’onde à travers une interface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

V.1 Domaine de calcul utilisé pour la résolution directe . . . . . . . . . . . . . . . 130


V.2 Partie réelle des perturbations de vitesse axiale le long de l’axe x à y = 0.5
selon le sens de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
V.3 Parties réelle et imaginaire des perturbations de vitesse axiale le long de l’axe
xày=0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
V.4 Comparaison des perturbations de pression (partie réelle) entre une résolution
directe et one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
V.5 Décomposition du résultat one-way en ses contributions gauche et droite . . . 133
V.6 Vitesse axiale de l’écoulement de base utilisé pour les simulations . . . . . . . 134
V.7 Partie réelle des perturbations de vitesse axiale le long de l’axe x en y = 0.5 . 134
V.8 Erreur relative en norme euclidienne en fonction du nombre d’itérations des
séries de Bremmer, en utilisant deux normalisations différentes . . . . . . . . . 135
V.9 Comparaison de la partie réelle des perturbations de vitesse axiale entre la
résolution directe (full wave) et les séries de Bremmer . . . . . . . . . . . . . . 136
V.10 Décomposition du résultat one-way en ses contributions gauche et droite . . . 136
V.11 Vitesse axiale de l’écoulement de base utilisée pour les simulations . . . . . . . 137
V.12 Module des perturbations de vitesse axiale le long de l’axe x en y = 0 . . . . . 137
V.13 Erreur relative en norme euclidienne en fonction du nombre d’itérations des
séries de Bremmer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
V.14 Comparaison de la partie réelle des perturbations de vitesse axiale entre la
résolution directe (Full wave) et les séries de Bremmer . . . . . . . . . . . . . 138
V.15 Décomposition du résultat one-way en ses contributions gauche et droite . . . 138
V.16 Maillage du conduit à section variable dans le repère de base . . . . . . . . . . 140
V.17 Maillage du conduit à section variable dans le repère de référence (de calcul) . 140
V.18 Module des perturbations de pression le long de x au centre du conduit pour
la résolution directe ( ) et les séries de Bremmer ( ). . . . . . . . . . . . 141
V.19 Partie réelle des perturbations de vitesse axiale dans le conduit. Comparaison
(de haut en bas) de la résolution directe avec les séries de Bremmer et ses
composantes droite et gauche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
V.20 Module de la vitesse de l’écoulement de base et lignes de courant (en noir)
dans le conduit convergent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
V.21 Partie réelle des perturbations de pression dans le conduit. Comparaison de
la propagation du mode 1 directement tirée de [Rienstra, 2021] (haut gauche)
avec les séries de Bremmer (bas gauche) et ses composantes droite (haut droite)
et gauche (bas droite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
V.22 Partie réelle des perturbations de pression dans le conduit. Comparaison de
la propagation du mode 3 directement tirée de [Rienstra, 2021] (haut gauche)
avec les séries de Bremmer (bas gauche) et ses composantes droite (haut droite)
et gauche (bas droite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145

VI.1 Configuration du conduit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150


x TABLE DES FIGURES

VI.2 SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration A). Compa-
raison entre les données expérimentales ( ) de [Jones et al., 2005], la simulation
temporelle ( ) de [Pascal et al., 2015] et la méthode one-way utilisant une
décomposition de domaine ( ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
VI.3 Partie réelle de l’impédance le long de x pour un coefficient d = 0.0051 m
( ), d = 0.0255 m ( ) et d = 0.051 m ( ) . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
VI.4 SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration A). Com-
paraison entre la simulation one-way utilisant la méthode de décomposition
de domaine ( ) et les simulations one-way utilisant un coefficient d = 0.051 m
( ), d = 0.0255 m ( ) et d = 0.0051 m ( ) pour la régularisation des
discontinuités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
VI.5 SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration B). Com-
paraison entre les données expérimentales ( ), les résultats numériques multi-
fréquence ( ) et mono-fréquence ( ) de [Özyörük et Long, 2000] et les
simulations one-way avec décomposition de domaine ( ) . . . . . . . . . . . 158
VI.6 SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration B) à f = 3000
Hz. Décomposition des contributions totales ( ) en ses contributions vers la
droite ( ) et vers la gauche ( ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
VI.7 Décomposition du champ 2D de SPL selon le sens de propagation des ondes
pour la Configuration B à f = 3000 Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
VI.8 Partie réelle et imaginaire de l’impédance pour les cas où Mmoy = 0 ( et
) et Mmoy = 0.335 ( et ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
VI.9 SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration A) sans
écoulement de base. Comparaison entre les données expérimentales ( ) de
[Jones et al., 2005], la résolution temporelle ( ) de [Monteghetti et al., 2018]
et les simulations one-way avec décomposition de domaine ( ). . . . . . . . 162
VI.10 Norme relative L2 des solutions one-way vers la droite et vers la gauche dans
chaque domaine en fonction du nombre d’itérations à f = 3000 Hz. les itérations
vers la droite sont représentées par tandis que les itérations vers la gauche
le sont par . Le domaine Ω1 est associé aux symboles , le domaine Ω2 est
associé à et le domaine Ω3 est associé à . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
VI.11 Vitesse axiale sans dimension de l’écoulement de base pour le Cas 1 ( ) et
le Cas 2 ( ) comparée aux valeurs expérimentales ( ) . . . . . . . . . . . . . 164
VI.12 SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration A). Compa-
raison entre les données expérimentales ( ) de Jones et al. [2005], la méthode
de mode matching ( ) de Deng et al. [2019] et les simulations one-way avec
décomposition de domaine dans le Cas 1 ( ) et le Cas 2 ( ). . . . . . . . 166
VI.13 Décomposition de la fluctuation instantanée de vitesse transverse en ses contri-
butions vers la droite et vers gauche pour le Cas 2 pour une fréquence de 2500
Hz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
VI.14 Module des coefficients de la matrice de diffusion du conduit partiellement
traité acoustiquement pour le Cas 1 ( ) et le Cas 2 ( ) . . . . . . . . . . 169
VI.15 Réduction du module des perturbations de pression dans le domaine du liner
(Ω2 ). La réduction des ondes se propageant vers la droite est tracée en continu
() tandis que celle des ondes se propageant vers la droite est tracée en pointillés
(). Le Cas 1 est en bleu () tandis que le Cas 2 est en orange () . . . . . . . . . 170

VII.1 Spectre de l’opérateur pour m = 0 et St = 0.42 . . . . . . . . . . . . . . . . . 181


VII.2 Partie réelle des perturbations de pression normalisées avec le mode KH imposé
en entrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
TABLE DES FIGURES xi

VII.3 Partie réelle des perturbations de pression normalisées avec le mode acoustique
imposé en entrée pour un spectre approché présentant une erreur moyenne de
1 × 10−7 (en haut) et de 1 × 10−9 (en bas) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
VII.4 Partie réelle des perturbations de pression normalisées avec le mode acoustique
imposé en entrée pour un spectre réduit ne prenant en compte que les modes
acoustiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
VII.5 Vitesse axiale de l’écoulement de base du jet, tiré de [Lorteau et al., 2015]
adimensionnée par Uj . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
VII.6 Module des perturbations de pression dans le jet à St = 0.36 et pour m = 0 . 185
VII.7 Partie réelle des perturbations de pression dans le jet à St = 0.36 et pour m = 0185
VII.8 Partie réelle des perturbations de pression dans le jet à St = 0.36 et pour
m = 0 (partie droite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
VII.9 Partie réelle des perturbations de pression dans le jet à St = 0.36 et pour
m = 0 (partie gauche) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
VII.10 SPL à dr = 1.5 pour m = 0 avec St = 0.36. Comparaison entre les données
expérimentales ( ) et les résultats LES ( ), PSE ( ) et one-way ( ) . . 187
VII.11 Module des perturbations de pression dans le jet à St = 0.36 et pour m = 1 . 188
VII.12 Partie réelle des perturbations de pression dans le jet à St = 0.36 et pour m = 1188
VII.13 Partie réelle des perturbations de pression des contributions vers la droite (à
gauche) et vers la gauche (à droite) en xd = 0.3, xd = 1.5, xd = 3 et xd = 4.5 pour
le jet à St = 0.36 et m = 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
VII.14 Iso-surfaces de la partie réelle des perturbations de pression dans le jet à
St = 0.36 et pour m = 1 (partie droite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
VII.15 Iso-surfaces de la partie réelle des perturbations de pression dans le jet à
St = 0.36 et pour m = 1 (partie gauche) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
VII.16 SPL à dr = 1.5 pour m = 1 avec St = 0.36. Comparaison entre les données
expérimentales ( ) et les résultats LES ( ), PSE ( ) et one-way ( ) . . 190
xii TABLE DES FIGURES
Liste des tableaux

III.1 Comparaison du coût de calcul (temps de restitution et mémoire) . . . . . . . . 90


III.2 Comparaison des méthodes one-way présentées . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

VI.1 Dimensions des deux configurations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

VII.1 Configuration du jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184

xiii
xiv LISTE DES TABLEAUX
Introduction

Bien que fortement affecté par la pandémie mondiale du coronavirus du fait de son action sur
la diffusion de ce dernier [Lau et al., 2020], le trafic aérien devrait reprendre un rythme normal
d’ici les prochaines années [Truong, 2021; Gelhausen et al., 2021]. Ainsi, le nombre de vols
augmentant avec le temps, les nuisances sonores en découlant suivent également cette tendance.
Ces nuisances ont un effet réel sur les personnes vivant dans les zones situées à proximité des
aéroports. Il a été montré par de nombreuses études que l’exposition prolongée à cette pollution
sonore peut avoir des effets négatifs sur la santé [Basner et al., 2017; Maria Weihofen et al., 2019]
et sur la psychologie [Baudin et al., 2018]. De plus, cela peut également avoir des conséquences
économiques [Morrell et Lu, 2000] importantes dans les régions environnantes. C’est pourquoi
les autorités imposent des restrictions toujours plus sévères sur le bruit généré par les avions.
Ainsi, des standards furent établis dès 1977 avant d’être modifiés de façon plus restrictive en
2001 et en 2006. Le Advisory Council for Aeronautics Research in Europe (ACARE) préconise
une baisse de 65% du bruit perçu d’ici 2050. Ces conditions exigeantes ont déjà mené à de
nombreuses améliorations [Casalino et al., 2008; Leylekian et al., 2014; Henderson et Huff, 2021],
réduisant fortement le bruit émis par les avions. Ainsi, des moteurs double flux, couplés à des
chevrons situés en sortie de tuyère ou encore à des liners acoustiques installés en différents
endroits sont des exemples de systèmes mis au point pour palier ce problème sur les avions
civils.
Le même problème se pose pour les avions militaires. En effet, contrairement aux avions
civils, il n’y a aucune restriction (ou très peu) sur le bruit émis par les moteurs militaires. De
plus, la principale technologie utilisée pour réduire le niveau sonore, le moteur double flux, ne
peut pas toujours être utilisée dans ce contexte. Ainsi, à l’inverse de l’aviation civile, les niveaux
de bruit moyen produits par les avions militaires ont augmenté au cours des dernières années.
Ce danger, auquel sont exposés les communautés proches des bases militaires ou les équipages
du pont d’envol, a induit un coût d’environ 1 milliard de dollars par an en soins pour la perte
auditive par le U.S Department of Veteran Affairs [NRAC, 2009]. De plus, les forts niveaux de
bruit générés ont également des conséquences non négligeables sur l’environnement immédiat
des bases militaires, que ce soit pour la population ou encore pour la faune sauvage [Kuehne
et al., 2020].
Dans le but de réduire le bruit de manière notable, il est nécessaire de comprendre quelles
sont les sources principales. Ainsi, la Figure 1 présente une distribution de l’importance des
différentes sources de bruit présentes sur les avions de ligne récents pour la phase de décollage
et d’atterrissage. Il est ainsi possible de voir que dans les deux cas, les principales sources sont
le bruit de jet et le bruit de soufflante. Ce sont donc sur ces deux applications en particulier que
nous nous pencherons dans la suite de cette thèse. En particulier, les travaux présentés dans
cette thèse se concentrent sur une méthode numérique permettant de modéliser la propagation
des ondes sonores dans des écoulements plus ou moins complexes et dans des situations proches
de celles que l’on peut retrouver dans un turboréacteur.
L’utilisation de méthodes numériques pour la compréhension et la maîtrise de ces émissions
d’ondes sonores est aujourd’hui devenue incontournable dans le domaine de l’aéroacoustique.
Les études sur le bruit engendré par les turboréacteurs ont commencé très peu de temps après

1
2 LISTE DES TABLEAUX

Figure 1 – Distribution des sources de bruit pour la phase de décollage et d’approche (source :
ICAO Noise Standards)

leur mise au point. Le travail de Lighthill est considéré par beaucoup comme fondateur pour
l’aéroacoustique [Lighthill, 1952, 1954]. Grâce à ses travaux sur les jets notamment, il a posé les
bases théoriques sur le lien entre la turbulence et le bruit de jet, dont les mécanismes ne sont
pas, encore aujourd’hui, complètement compris. Cela provient du fait que le champ acoustique
généré est le résultat d’une dynamique complexe reliée à la turbulence qui est non-linéaire et
instationnaire.
Les méthodes numériques utilisées dans le cadre de l’aéroacoustique ont, bien entendu,
évolué depuis [Colonius et Lele, 2004; Tam, 2012; Moreau, 2022]. Avec l’augmentation de la
puissance de calcul disponible, de nouvelles méthodes plus précises et plus complexes ont ainsi
pu voir le jour. C’est le rôle du Chapitre I de présenter plus en détails les problématiques
physiques qui seront abordées dans ce manuscrit, ainsi que les différentes méthodes utilisées
pour leur étude. Il existe cependant un fossé entre les méthodes basées sur des modèles réduits
et leurs alternatives à haute fidélité. En effet, une approche fournissant un bon rapport entre sa
précision, son domaine de validité et son coût de calcul aurait tout à fait sa place dans l’éventail
de solutions disponibles pour l’étude de tels phénomènes. C’est ainsi la motivation de cette
thèse, qui est de dériver un modèle déjà bien connu que sont les équations one-way dans un
cadre plus général, permettant leur application dans des cas plus complexes. Une présentation
générale des équations one-way, telles qu’elles ont été développées depuis plus de cinquante
ans [Claerbout, 1971], est faite dans le Chapitre II. Cette méthode utilise une factorisation de
l’opérateur de propagation afin de découpler la résolution des équations. Cela permet alors
de résoudre localement les équations pour l’ensemble des ondes se propageant d’un côté ou
de l’autre d’un axe privilégié, de façon totalement indépendante. De plus, l’utilisation d’une
méthode de marche en espace permet à la résolution des équations de se faire avec un coût
de calcul faible. Utilisées dans de nombreux domaines tels que l’acoustique, la géophysique
ou encore l’électromagnétisme, les équations one-way classiques sont cependant limitées à ces
problèmes du fait de la complexité de leur dérivation. Cependant, depuis 2015, une version de
ces équations a été développée dans le but de les appliquer à des problèmes plus complexes
comme l’aéroacoustique [Towne et Colonius, 2015]. Cette formulation des équations one-way,
purement numérique (aucun développement symbolique complexe n’est requis), basée sur la
construction d’une condition aux limites non-réfléchissante, est cependant elle-même tributaire
d’une hypothèse d’écoulement faiblement variable.
Pour palier ce problème, une nouvelle formulation des équations one-way est proposée dans le
Chapitre III. La raison pour laquelle le domaine d’application des équations one-way numériques
de Towne et Colonius ne peut pas être élargi provient du fait que la factorisation de l’opérateur
LISTE DES TABLEAUX 3

de propagation se fait alors de manière implicite. Cela empêche l’application des méthodes
déjà développées pour les équations one-way classiques, permettant de prendre en compte les
ondes réfractées et réfléchies qui apparaissent lorsque le milieu de propagation présente des
variations. La nouvelle factorisation numérique proposée dans ce manuscrit se base sur une
application différente de la même condition aux limites non-réfléchissante que celle utilisée dans
les équations one-way numériques. Cela permet de garder la généralité de ces dernières tout en
extrayant plus d’informations de l’opérateur de propagation. Cette information supplémentaire
permet d’améliorer ou de coupler les équations one-way avec des méthodes comme les équations
one-way true amplitude ou encore les séries de Bremmer. Les ondes réfractées et réfléchies
sont alors prises en compte par le modèle de propagation. Les détails d’un tel couplage avec
la factorisation numérique font l’objet du Chapitre IV. Le cas particulier des discontinuités
est également traité grâce à une technique de décomposition de domaine, faisant appel aux
différents opérateurs formés pour la résolution des équations one-way.
Afin de démontrer les capacités des méthodes de prise en compte des variations associées aux
équations one-way présentées dans cette thèse, elles sont appliquées sur différents cas d’étude.
Toutes ces applications ont pour but de prouver la validité de l’approche développée durant
cette thèse, mais elles permettent aussi de montrer l’intérêt de cette dernière comme outil
d’analyse en vue d’améliorer la compréhension des phénomènes mis en jeu. Ainsi, une première
application, présentée dans le Chapitre V, consiste à comparer les différentes méthodes avec une
résolution directe (i.e. une approximation complète des équations par une méthode d’éléments
finis). Plusieurs cas présentant des écoulements de base variant selon l’axe de propagation sont
ainsi considérés, ainsi que le cas d’un conduit à section variable ne présentant pas d’écoulement.
D’autres simulations sont ensuite faites pour un conduit à section variable différent, présentant
un écoulement cisaillé. Les capacités de décomposition de la méthode one-way sont notamment
illustrées dans ce cas-là.
Le Chapitre VI se concentre sur l’application des équations one-way à la caractérisation
des conduits présentant un tronçon traité avec une paroi absorbante (liner acoustique). La
discontinuité d’impédance au niveau du bord d’attaque et de fuite du liner impose l’utilisation
de la méthode de décomposition de domaine. Une étude de différents liners sur une plage de
fréquence avec et sans écoulement est faite pour des profils d’écoulement différents afin de
démontrer les capacités d’une telle méthode dans ce cadre-là. La capacité de décomposition
des ondes, rendue possible par la résolution des équations one-way, est à nouveau illustrée
cette fois-ci par la formation de la matrice de diffusion, fréquemment utilisée dans le but de
caractériser un liner, associée au conduit.
Enfin, les équations one-way sont appliquées à la problématique du jet dans le Chapitre VII.
Un premier cas simplifié est étudié, permettant de montrer la sélection d’un mode en particulier
ou d’un ensemble de modes pour la propagation. Les simulations one-way sont ensuite faites sur
une configuration plus physique d’un jet chaud subsonique. Les résultats obtenus sont ensuite
comparés aux données expérimentales et à différentes méthodes numériques.
4 LISTE DES TABLEAUX
Chapitre I

Contexte

Sommaire
1 Bruit de jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1 Configuration des jets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Mécanismes du bruit de jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2 Bruit de soufflante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.1 Mécanismes de réduction du bruit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Principe du liner acoustique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.3 Problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3 Modélisation de la propagation d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.1 Décomposition modale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.2 Exemple du conduit infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.3 Instabilité de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
4 Méthodes numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
4.1 Simulations temporelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.2 Simulations fréquentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

Ce chapitre a pour but d’introduire succinctement le contexte physique dans lequel s’inscrit
la méthode des équations one-way présentée dans cette thèse. On se concentre en particulier sur
deux applications directes de cette méthode que sont le bruit de jet dans la Section I.1 et le bruit
de soufflante dans la Section I.2 et en particulier sur l’utilisation de liner acoustique comme
moyen de réduction de bruit. Une rapide présentation est ensuite faite sur la modélisation
mathématique de la propagation d’ondes dans un écoulement avec la Section I.3. La Section I.4
présente un ensemble de méthodes de simulation fréquemment utilisées de nos jours sur l’une
ou l’autre voire les deux problématiques détaillées précédemment. Finalement, la conclusion sur
ce premier chapitre, dans la Section I.5, reprendra les différentes motivations ayant mené à ce
travail de thèse pour ce genre d’applications.

5
6 CHAPITRE I. CONTEXTE

1 Bruit de jet
L’étude du bruit de jet étant une problématique majeure depuis plus de 50 ans, notam-
ment dans l’industrie aéronautique, de nombreuses approches ont été développées pour mieux
comprendre les mécanismes à l’origine de ce phénomène. Tout d’abord, la configuration dans
laquelle apparaît ce genre de problèmes ainsi que les différents moyens de réduction du bruit
de jet seront le sujet de la Section I.1.1. Ensuite, les différents mécanismes impliqués dans un
écoulement de type jet et à l’origine du bruit généré seront présentés de manière non exhaustive
et d’un point de vue expérimental dans la Section I.1.2. Enfin, les détails de la problématique
liée à ce sujet en particulier seront abordés dans la Section I.1.3.

1.1 Configuration des jets


Le contexte dans lequel se situent les phénomènes physiques à l’origine du bruit de jet et
que l’on cherchera à modéliser par la méthode des équations one-way, développée plus loin dans
cette thèse, est présenté dans la Section I.1.1.1. Une rapide revue des différents systèmes utilisés
actuellement pour agir sur ces émissions de bruit est ensuite faite dans la Section I.1.1.2.

1.1.1 Jets simple flux et double flux


L’utilisation croissante des turboréacteurs comme moyen de propulsion pour les avions
modernes pousse ces moteurs à être de plus en plus performants, notamment en terme de
poussée, afin de permettre l’envol d’avions toujours plus lourds et toujours plus grands. Le
principal levier à la disposition des ingénieurs concevant ces turbomachines est le débit d’air
passant au travers du moteur ainsi que la différence de vitesse de l’air entre l’entrée et la
sortie. Cependant, l’expulsion de cet air à des vitesses toujours plus importantes entraîne
un effet non-désiré : une augmentation du bruit émis par le moteur, en majorité dû au jet
présent en sortie de tuyère. En effet, dès les années 1950, comme ce sera évoqué plus tard
(voir Section I.4.1.2), il a été montré que pour un jet subsonique, la puissance acoustique
rayonnée suit une loi en U 8 avec U la vitesse de sortie du jet. Cependant, jouer sur le seul
mécanisme de la vitesse d’éjection de l’air pour réduire le bruit émis n’est pas une option viable.
L’architecture du jet simple peut donc être modifiée en rajoutant un second jet annulaire autour
du premier et possédant une vitesse d’éjection inférieure (turboréacteur à double flux). De cette
façon, en augmentant le débit d’air traversant la turbomachine, la vitesse d’éjection peut être
diminuée tout en conservant une poussée totale identique. Cependant, l’utilisation de ce genre
d’architecture entraîne également une augmentation de la variété des phénomènes apparaissant
au sein du jet, complexifiant d’autant plus la compréhension des mécanismes physiques.
En effet, la structure d’un jet simple est relativement facile à appréhender et peut être
séparée en trois zones distinctes. La première se situe directement à la sortie de la tuyère et est
appelée la zone potentielle du jet. Cette zone est notamment constituée du cône potentiel (dans
le cas d’une tuyère cylindrique), contenant de l’air chaud expulsé à haute vitesse de la tuyère,
et de la couche de mélange. Cette dernière provient d’un phénomène appelé l’entraînement. En
effet, l’air chaud se retrouve au contact d’un milieu froid qui peut être soit au repos (au sol) soit
à une vitesse bien inférieure (en vol). La turbulence présente dans le jet va entraîner le mélange
de ces deux fluides dans la zone de mélange, ralentissant donc l’air provenant de la tuyère et
accélérant celui de l’environnement alentour. Ainsi, cette couche de mélange va s’évaser en
s’éloignant de la sortie de la tuyère et les gradients de vitesse vont donc diminuer. La deuxième
zone, où le cône potentiel aura tendance à disparaître, s’appelle la zone de transition Enfin, la
région située plus loin en aval s’appelle la zone pleinement développée et n’est plus constituée
que par la couche de mélange qui continue de s’évaser. La Figure I.1 reprend schématiquement
les différentes régions présentes dans le cadre d’un jet simple.
1. BRUIT DE JET 7

Figure I.1 – Schéma de la structure d’un écoulement de jet à simple flux

Dans le cas du jet à double flux, ce n’est plus une mais deux zones potentielles qui coexistent
(un cône et une couronne autour). En effet, l’air sortant de la tuyère interne et celui de de la
tuyère externe n’étant pas expulsés à la même vitesse et à la même température, une première
couche de mélange va se former entre l’air ambiant et le cœur potentiel externe mais également
une deuxième entre ce dernier et le cône potentiel primaire, entraînant, de ce fait, leur séparation.
Cela a donc pour effet de créer deux couches de mélange où prennent place les principaux
phénomènes reliés à la radiation d’ondes sonores. Une fois encore, la structure de ce genre de
jet peut être divisée en trois zones distinctes : la zone initiale de mélange où coexistent les
deux cœurs potentiels et les deux couches de mélange, la zone intermédiaire où les gradients de
vitesse deviennent moins brutaux grâce au mélange et où seul le cône potentiel persiste, et enfin
la zone pleinement mélangée où les couches de mélange se rejoignent. Dans cette zone, la vitesse
axiale aura tendance à présenter des gradients moins importants tandis que le cône potentiel a
déjà complètement disparu. La figure I.2 reprend les différentes structures identifiables dans un
écoulement de type jet à double flux.

Figure I.2 – Schéma de la structure d’un écoulement de jet à double flux

L’utilisation d’une architecture à double flux entraîne une diminution des bruits émis par
le jet mais également une diminution de la consommation de carburant requise pour obtenir
une même poussée. Ce sont autant de facteurs qui expliquent pourquoi les avions commerciaux
modernes ont presque tous opté pour ce genre d’architecture (le Concorde reste une exception).
8 CHAPITRE I. CONTEXTE

1.1.2 Réduction du bruit de jet

De nombreux dispositifs ayant pour objectif de diminuer les émissions sonores dues à l’éjection
de jet à haute vitesse sont à l’étude ou existent déjà aujourd’hui sur de nombreux avions. Comme
nous l’avons vu, utiliser une architecture à double flux sur les turboréacteurs entraîne à la
fois une baisse de la consommation de carburant et du bruit émis. De plus, l’augmentation du
ratio de débit d’air passant dans le jet externe par rapport au jet interne (aussi appelé taux
de dilution) a pour effet d’augmenter d’autant plus les bienfaits de cette configuration. C’est
pourquoi, au fil des années, les moteurs équipant les avions commerciaux présentent des taux de
dilution de plus en plus grands. Cependant, l’utilisation de cette technique seule arrive aux bout
de ses possibilités sur les avions modernes du fait des contraintes structurelles et dimensionnelles
de l’appareil. En effet, un taux de dilution supérieur entraîne forcément une augmentation des
dimensions du moteur. Bien que cette augmentation des dimensions ait pour effet de diminuer
le son émis par le jet d’éjection, elle entraîne également une augmentation du bruit émis par
d’autres sources comme les soufflantes présentes à l’avant du moteur. En effet, l’utilisation de
taux de dilution toujours plus importants impose le développement de soufflantes toujours plus
grandes, capables de traiter un débit d’air croissant. Cependant, la rotation à haute vitesse de
ces grandes pales dans l’air, couplée à l’effet du stator, a pour effet secondaire de produire des
ondes sonores dont le traitement se fait, actuellement, par l’intermédiaire de panneaux traités
acoustiquement (liners acoustiques) placés dans la nacelle pour absorber ces ondes sonores (voir
Section I.2).

De nouveaux systèmes ont donc été mis au point comme les chevrons ou les onglets qui ont
pour but de dissymétriser le jet en sortie de tuyère et d’introduire de la vorticité longitudinale
au détriment de la vorticité radiale. Cela a pour effet de scinder le jet en un certain nombre
de jets plus petits [Bradbury et Khadem, 1975] modifiant les caractéristiques des émissions
acoustiques [Hileman, 2004]. Cependant, ces systèmes passifs induisent une introduction de
turbulence, ce qui mène inévitablement à une augmentation de la consommation de carburant.
La forme, le nombre et l’angle de ces chevrons ont donc fait l’objet d’études intensives [Bridges
et Brown, 2004] afin de trouver un compromis acceptable. La figure I.3 montre une sélection
d’exemples typiques de systèmes de chevrons installés sur le bord de fuite de la tuyère. Certains
moteurs récents en sont équipés.

Le gain en terme de réduction de bruit entraîné par ce genre de configurations étant


relativement faible, d’autres méthodes de réduction dites actives (opposés aux systèmes passifs
que sont le double flux et les chevrons) sont à l’étude en ayant, notamment, comme objectif de
pouvoir moduler l’impact du système sur le moteur. Ainsi, il serait possible d’activer le dispositif
dans les moments importants comme le décollage et l’atterrissage (près du sol) tout en le
désactivant une fois l’altitude de croisière atteinte, effaçant de ce fait les possibles effets néfastes
s’appliquant sur la consommation de carburant. L’injection d’eau ou d’air par l’intermédiaire
de micro-jets a permis d’obtenir des réductions significatives de bruit dans certaines plages
de fréquences [Castelain et al., 2008]. D’autres dispositifs utilisant des actionneurs afin de
modifier l’écoulement en différents endroits [Samimy et al., 2004] sont également à l’étude.
Un grand nombre de configurations et de dispositifs visant à réduire les émissions sonores
dues au bruit de jet sont définis, en grande partie, de façon empirique par le biais d’études
paramétriques expérimentales. C’est pourquoi l’utilisation de modèles numériques est d’une
importance primordiale afin de pouvoir à la fois éprouver un grand nombre de configurations
rapidement, mais également mieux comprendre les phénomènes donnant naissance à ces ondes
sonores et apporter les informations parfois nécessaires à la mise au point de tels systèmes.
1. BRUIT DE JET 9

Figure I.3 – Exemples de différents systèmes de chevrons (Source : [Zaman et al., 2011])

1.2 Mécanismes du bruit de jet


Cette section se concentrera sur les différentes connaissances acquises grâce aux expéri-
mentations faites sur plusieurs types de jets. Les jets présentés sont restreints à des cas où
n’apparaît aucune onde de choc pouvant complexifier les phénomènes expliqués. La première
partie (Section I.1.2.1) abordera le sujet des différences d’échelles qui entrent en jeu dans les
jets tandis que la seconde partie (Section I.1.2.2) se concentrera sur les différences apparaissant
entre les jets subsoniques et supersoniques.

1.2.1 Petites et grandes échelles

Le son émis par un jet est aussi appelé bruit de mélange turbulent (turbulent mixing noise)
qui, comme son nom l’indique, provient de la turbulence présente dans la couche de mélange.
Cette turbulence, qui était considérée comme un phénomène chaotique et non structuré, est
aussi appelée turbulence de petite échelle (fine-scale turbulence) et peut être modélisée comme
un ensemble de sources acoustiques quadripolaires convectées par l’écoulement (voir Section
I.4.1.2 et l’analogie de Lighthill). Cependant, en 1967, Mollo-Christensen [Mollo-Christensen,
1967] a remarqué que les fluctuations de pression à l’extérieur du jet se propageaient de manière
cohérente, sous la forme de paquets d’ondes. Il a ainsi supposé l’existence de structures cohérentes
dans l’écoulement du jet, ce qui remettait en cause le caractère purement chaotique attribué
jusqu’alors à la turbulence. Ces observations furent ensuite confirmées par les travaux de Brown
et Roshko [Brown et Roshko, 1974] sur les couches de mélange en 2D et par Crow et Champagne
10 CHAPITRE I. CONTEXTE

[Crow et Champagne, 1971] pour les jets. Ces structures mises en lumière ont été appelées
turbulence de grande échelle (large scale turbulence).

Figure I.4 – Mise en évidence des structures cohérentes dans un jet à Reynolds Re = 1.05 × 104
(source : [Crow et Champagne, 1971])

Crow et Champagne ont, en particulier, réussi à séparer ces structures cohérentes en utilisant
des haut-parleurs afin de mieux contrôler l’amplitude et la fréquence des perturbations (voir
Figure I.4). Ainsi, au moyen de ce forçage acoustique périodique, ces structures ont été amplifiées
et il a été remarqué qu’elles se développaient de façon exponentielle avant d’atteindre un point
de saturation à partir duquel les structures déclinent tout en produisant des harmoniques
[Suzuki et Colonius, 2006]. La Figure I.5 reprend différents modes qui peuvent être excités par
différents forçages. Deux cas sont ici illustrés, un mode axisymétrique qui produit des paquets
d’ondes annulaires et un mode hélicoïdal. Leur expression analytique diffère selon la façon
dont ils sont excités, via leur nombre d’onde azimutal (m). Ainsi, un mode axisymétrique a
un nombre d’onde azimutal m = 0 tandis qu’un mode hélicoïdal possède un nombre d’onde
|m| ≥ 1.
Ces structures de grande échelle sont le résultat d’instabilités apparaissant au sein de la
couche de mélange. Le profil de vitesse de cette couche de mélange présente en effet un point
d’inflexion ce qui, d’après le théorème de Rayleigh, est une condition nécessaire mais non
suffisante pour le qualifier d’instable. Cependant, l’étude des modes induits par cet écoulement
(voir Section I.4.2.1 et [Charru, 2011]) montre que des instabilités dites de Kelvin-Helmholtz
apparaissent dans cette couche limite avant de se développer. Il peut être noté que ces instabilités
ne proviennent pas d’un mécanisme visqueux mais sont d’origine hydrodynamique. Le déclin
de ces instabilités peut soit être dû à l’épaississement de la couche de mélange, du fait de la
divergence du jet, soit à l’apparition de mécanismes non-linéaires. Cette instabilité de Kelvin-
Helmholtz est une instabilité dite générique qui peut apparaître dans tout type de couche de
mélange à haut Reynolds.
Ainsi, les deux échelles de structures turbulentes engendrées à l’intérieur de la couche de
mélange d’un jet ont des effets sur le son produit par ce dernier. La prochaine section va aborder
ce sujet dans le cas des jets subsoniques et supersoniques.
1. BRUIT DE JET 11

Figure I.5 – Illustration de différents types de paquets d’ondes (modes) azimutaux (source :
[Jordan et Colonius, 2013])

1.2.2 Deux types de jets : subsoniques et supersoniques


La mesure du champ sonore produit par un jet est un sujet faisant l’objet d’un grand
nombre d’articles scientifiques depuis le début des années 1970 et reste, encore aujourd’hui, un
domaine actif de la recherche. Historiquement, les recherches ont commencé par l’étude de jets
supersoniques, étant donné qu’ils impliquent des phénomènes plus simples à observer et auxquels
les techniques de l’époque étaient donc mieux adaptées [McLaughlin et al., 1975; Troutt et
McLaughlin, 1982]. Ces expérimentations ont notamment été faites sur des cas présentant un
nombre de Reynolds modéré (Re ≈ 1 × 105 ) loin des applications industrielles intéressantes.
Cependant, Seiner et al. [Seiner et al., 1982] ont montré que les conclusions qui s’appliquaient à
ce genre d’écoulements pouvaient également l’être dans le cas de jets à Mach 2 présentant un
nombre de Reynolds bien plus grand.
Par ces expérimentations, il a également été montré que les deux échelles de turbulence
mentionnées plus haut sont responsables de la création de plusieurs catégories d’ondes sonores.
Ainsi, les turbulences de petite échelle seraient à l’origine de la propagation d’ondes sonores à
haute fréquence selon un angle de 90◦ par rapport à l’axe du jet, tandis que les turbulences de
grande échelle seraient, quant à elles, à l’origine des ondes sonores à basse fréquence rayonnées
avec un angle d’environ 30◦ entre la direction de propagation et l’axe du jet. Cependant, bien que
toutes les échelles de turbulence génèrent du bruit, cette distinction nette entre les deux sources
de bruit reste, encore aujourd’hui, un sujet de discussion dans la communauté scientifique. C’est
notamment le cas des jets subsoniques. En effet, même si dans le cas des jet supersoniques ces
ondes rayonnées (ondes de Mach) sont la source dominante de bruit émis par le jet, le rôle des
turbulences de grande échelle reste discuté dans le cas des jets subsoniques. La Figure I.6 reprise
de [Tam et al., 2008a] montre clairement les deux types d’ondes acoustiques générées par un jet.
Les cas des jets subsoniques et supersoniques peuvent donc être séparés. En effet, dans le cas
des jets subsoniques, la principale source de bruit serait la turbulence de petite échelle même si
12 CHAPITRE I. CONTEXTE

Figure I.6 – Illustration des différents types d’ondes acoustiques générées par un jet (source :
[Tam et al., 2008a])

celle de grande échelle reste une source non négligeable de son. Le fait que les ondes produites
par la turbulence de petite échelle domine dans le cas subsonique et que les ondes rayonnées à
30◦ de l’axe du jet soient moins importantes, fait que le son produit par un jet subsonique est
moins directif que celui produit par un jet supersonique [Tam et Burton, 1984]. Cela dépend
tout de même de la fréquence considérée. Cette séparation n’est cependant pas aussi nette que
cela. En effet, il est possible, dans le cas où l’air est éjecté avec une température largement
supérieure à celle de l’air ambiant, que le jet soit considéré comme subsonique par rapport à la
vitesse du son locale mais soit supersonique par rapport à la vitesse du son à l’extérieur du
jet. De la même façon, il est à noter que même si la distinction entre les petites échelles et
les grandes échelles de turbulence est faite ici, il n’y a aucune limite marquée entre ces deux
échelles et le son émis par un jet possède un spectre d’émission à large bande.

1.3 Problématique
La compréhension de la génération de son à l’intérieur d’un jet est donc un domaine actif et
prolifique au sein de la communauté scientifique impliquée dans l’aéroacoustique. Les approches
expérimentale et numérique sont complémentaires et toutes les deux nécessaires afin de mieux
appréhender les mécanismes complexes qui sont mis en jeu et de pouvoir, ainsi, agir dessus
dans le but de réduire efficacement les émissions de bruit des jets. Encore aujourd’hui, de
nombreux mécanismes restent encore à élucider. Bien que donnant d’excellents résultats, l’étude
expérimentale de ce genre de configurations reste un défi immense, notamment pour rentrer plus
encore en détail dans l’observation et la compréhension des effets instationnaires apparaissant
dans les écoulements.
Les méthodes numériques permettent alors d’avoir accès à certaines informations importantes
pour la caractérisation des phénomènes mais demande un travail de développement important.
Il existe actuellement différentes manières de simuler ce genre de configurations (voir Section
I.4). Une première approche consiste à utiliser des modèles réduits afin de modéliser de manière
efficace les phénomènes voulus. Une autre approche, dite de haute fidélité, tire parti des capacités
de calcul toujours plus grandes pour résoudre directement les équations au dépend d’un coût
de calcul important. Ces différentes approches de simulation ont pour objectif de se rejoindre
dans le futur. Cependant, il y a, pour le moment, encore beaucoup de chemin à parcourir. La
2. BRUIT DE SOUFFLANTE 13

méthode de résolution one-way présentée dans ce manuscrit a pour but de réduire encore l’écart
présent entre les modèles d’ordre réduit classiques et les méthodes plus coûteuses, notamment
en prenant en compte la propagation de différents types d’ondes et leurs interactions entre
elles ainsi que les variations de l’écoulement sans pour autant nécessiter un coût de calcul aussi
important qu’une méthode de simulation directe. De plus, la coexistence d’ondes de nature
différente à la même fréquence (acoustique et hydrodynamique) peut poser problème à certaines
méthodes numériques (voir Section I.4.2.3). Cette difficulté devrait être surmontée par les
équations one-way qui ont pour particularité de propager l’ensemble des ondes ensemble.
La Section I.4 présentera les différentes méthodes applicables, entre autres, à cette problé-
matique du bruit de jet. Cependant, elle n’a pas pour objectif d’être exhaustive à propos de
ces différentes approches et de nombreux articles passant en revue les différentes méthodes
s’appliquant en particulier aux jets existent dans la littérature comme [Tam, 1998], [Tam et al.,
2008a], [Morris, 2012], [Jordan et Colonius, 2013] ou encore [Morris et Viswanathan, 2013].

2 Bruit de soufflante
Avec l’avènement des moteurs à double flux, une autre source de bruit a pris de l’importance
au fur et à mesure des années, en lien avec l’augmentation du taux de dilution. En effet,
l’augmentation de ce taux de dilution signifie qu’un volume plus important d’air doit être traité
par le turboréacteur, ce qui implique donc l’utilisation d’une soufflante aux dimensions toujours
plus grandes. L’interaction de ces grandes pales en rotation dans l’écoulement avec la proximité
immédiate du stator (et potentiellement une vitesse supersonique en bout de pale) a pour
conséquence de créer des ondes sonores avec un large spectre et notamment une contribution
importante dans les hautes fréquences.
À cela s’ajoute l’utilisation d’APUs (Auxiliary Power Unit) au sol, permettant d’alimenter
l’avion quand les moteurs sont éteints, qui contribuent au bruit au sol, à proximité immédiate du
personnel de l’aéroport. Les APUs étant des turbomachines, les sources du bruit sont identiques
à celles des moteurs de l’avion et notamment celui de la turbine, se propageant dans le conduit
d’éjection.
Différents systèmes de réduction du bruit de soufflante sont présentés dans la Section I.2.1
tandis que les liners acoustiques, qui feront l’objet des simulations one-way, seront détaillés
dans la Section I.2.2. Finalement, la problématique propre aux liners acoustiques sera précisée
dans la Section I.2.3.

2.1 Mécanismes de réduction du bruit


La source du bruit ciblé par ce genre de systèmes provenant majoritairement de la soufflante
du moteur, l’application de mécanismes de réduction de bruit se fait à l’intérieur des conduits
du turboréacteur. En effet, le bruit de soufflante étant rayonné vers l’avant et vers l’arrière, les
ondes sonores produites se propagent à la fois au travers du conduit d’admission et dans le
flux secondaire. Ainsi, ces différents conduits sont le seul endroit où les ondes sonores restent
à portée des systèmes de réduction de bruit avant de rayonner dans l’atmosphère. De plus,
même si le discours présenté dans ce manuscrit se concentre sur le bruit de soufflante, ce genre
de système peut s’appliquer (et s’applique) dans toute configuration présentant un conduit
dans lequel la propagation d’ondes sonores pourrait se produire. Cela pourrait donc concerner
les autres sources de bruit dans un turboréacteur, comme le compresseur, la turbine ou la
combustion, mais également dans d’autres domaines comme les systèmes d’aération.
Tout comme pour la réduction du bruit de jet, les systèmes d’atténuation du bruit appliqués
aux conduits se séparent en différentes catégories, selon que ces derniers sont actifs, passifs ou
14 CHAPITRE I. CONTEXTE

encore hybrides. La première catégorie sera présentée dans la Section I.2.1.1 tandis que les deux
autres le seront dans les Sections I.2.1.2 et I.2.1.3, respectivement.

2.1.1 Les systèmes actifs

Bien que les systèmes actifs de réduction de bruit dans un conduit puissent être appliqués
pour toute plage de fréquence, ils sont particulièrement efficaces contre les ondes de basse
fréquence [Peake et Crighton, 2000]. Le principe général consiste à utiliser un haut-parleur afin
de recréer la même onde sonore que l’onde incidente tout en la décalant d’une demi-période
afin d’utiliser un phénomène d’interférence destructive pour réduire le niveau de son en sortie
de conduit [Fuller et von Flotow, 1995]. Ce genre de système est un sujet actif de la recherche
depuis de nombreuses années, notamment en raison de la baisse du prix des différents éléments
électroniques nécessaires au contrôle du signal renvoyé dans le conduit.

Figure I.7 – Schéma d’un exemple de système actif de réduction de bruit dans un conduit

Cependant, un des inconvénients de ces méthodes est que l’onde créée par le haut-parleur
se propage en aval, pour réduire l’amplitude de l’onde sonore incidente, mais également vers
l’amont, créant des ondes parasites et déformant le signal de l’onde incidente. Il existe donc
deux stratégies différentes pour alimenter le contrôleur du haut-parleur avec des informations.
En effet, cette prise d’information peut se faire directement sur l’onde incidente, en amont du
haut-parleur, mais également en aval, après que l’effet du haut-parleur sur le champ sonore a
été appliqué. Dans le premier cas, le contrôleur va utiliser le signal reçu directement par un
microphone placé en avant pour déterminer un signal pouvant être transmis au haut-parleur. Ce
signal capté par le microphone peut donc être perturbé par l’action du haut-parleur lui-même et
entraîner une instabilité du système du fait de la corruption de l’information d’entrée [Romeu
et al., 2001]. Dans le second cas, le microphone sera placé en aval du haut-parleur et recevra le
signal modifié par son action. C’est à partir de cette onde reçue que le contrôleur déterminera
si les changements appliqués sont bénéfiques ou non et si le signal envoyé au haut-parleur doit
être modifié. La Figure I.7 présente le schéma d’un système actif avec prise de l’information
en amont du haut-parleur. On peut y voir une onde sonore incidente se propageant le long du
conduit (en noir) et l’onde en opposition de phase produite par le haut-parleur (en bleu) sensée
diminuer l’amplitude de l’onde résultante se propageant en sortie du conduit par interférence
destructive.
Un autre inconvénient de ce genre de méthodes utilisant un haut-parleur comme moyen
d’atténuer l’onde sonore incidente est que les vibrations engendrées par ce dernier peuvent
également entraîner une propagation d’onde dans le matériau même du conduit. Dans le cas où
ces ondes deviennent assez importantes pour créer une nuisance sonore, des systèmes agissant
sur la structure elle-même doivent être utilisés [Rohlfing et Gardonio, 2014]. C’est notamment
le cas pour des systèmes de ventilation dont l’environnement alentour est relativement calme.
2. BRUIT DE SOUFFLANTE 15

2.1.2 Les systèmes passifs

Une autre approche pour les systèmes de réduction de bruit dans les conduits est celle utilisée
par les systèmes passifs. Ces derniers se basent sur une architecture du conduit particulière dont
les caractéristiques ne varient pas en fonction de l’onde traitée mais sont, au contraire, définies
en amont, au niveau de la conception. L’utilisation de matériaux absorbants acoustiques, qui
est la plus fréquente aujourd’hui, sera présentée dans la Section I.2.2.
Une autre architecture faisant partie de cette stratégie est l’utilisation de tube de Herschel-
Quincke (tube HQ) [Poirier et al., 2011]. Ce système, mis au point au XIXème siècle d’abord
par Herschel en 1833 puis repris par Quincke en 1866 se compose d’un ou de plusieurs tubes
en dérivation avec le conduit principal et dont la longueur dépend de l’onde que l’on cherche
à traiter. De la même façon, le diamètre de ces tubes va influer sur la largeur de la bande de
fréquence dans laquelle ce système va agir.
Ce type de système a pris son essor pour des applications dans l’aéronautique dans les années
2000 [Burdisso et Smith, 2000] notamment pour diminuer l’effet du bruit de soufflante [Burdisso
et Ng, 2003; de la Riva et al., 2005]. Il a fait l’objet de nombreuses études, notamment pour
caractériser son effet lorsque des écoulements sont présents dans le conduit principal [Karlsson
et al., 2008]. Un schéma d’un tube HQ est présenté dans la Figure I.8, qui montre que l’onde
passant par le tube HQ, du fait de sa longueur supérieure à celle du conduit principal, devient
en opposition de phase par rapport à l’onde entrante et, lorsqu’elle est réinjectée, vient diminuer
l’amplitude de l’onde sortante par interférence destructive.

Figure I.8 – Schéma d’un exemple de système passif (tube de Herschel-Quincke) de réduction
de bruit dans un conduit

Cependant, dans le cas des ondes à basse fréquence, ni les tubes HQ, ni les liners acoustiques
ne sont très efficaces. Cependant, d’autres types de systèmes passifs existent dans ce cas là :
les silencieux à membrane. Ces silencieux fonctionnent de la même façon qu’un silencieux
avec une chambre à expansion (un autre type de système passif [Munjal, 1987]), mais leurs
chambres sont séparées du conduit principal par une membrane souple. Ainsi, la réponse de
la membrane à l’onde rasante incidente peut réduire l’amplitude de cette dernière. De plus,
ces cavités peuvent être remplies d’un autre gaz présentant une vitesse du son différente et
pouvant aider au phénomène d’interférence destructive. Ces silencieux existent sous la forme
de silencieux à tambour (drum-like silencer) [Huang, 2006] composés d’une cavité et d’une
seule membrane. Cependant, la taille et la tension de la membrane réduisent son efficacité
dans certains cas. Dans la même catégorie, une autre architecture dite de silencieux à flûte
(flute-like silencer) [Huang, 2009; Zhao et al., 2020] se présente comme un tube HQ dont les
deux extrémités sont bouchées par une membrane souple.
16 CHAPITRE I. CONTEXTE

2.1.3 Les systèmes hybrides

Les solutions hybrides utilisent à la fois les caractéristiques passives des matériaux, mais
également des actionneurs qui agissent lorsque le besoin s’en fait sentir. Ainsi, à basse fréquence,
les actionneurs prennent le dessus, étant donné le peu d’efficacité des systèmes passifs dans ces
plages de fréquence. Au contraire, lorsque les ondes incidentes présentent de hautes fréquences,
les systèmes actifs sont désactivés du fait de leur faible efficacité (notamment due aux temps
de réponse qui ne sont pas forcément de la même échelle) et le système se base donc sur les
caractéristiques passives du conduit (en utilisant des liners, des tubes HQ...).
Une des configurations les plus utilisées est celle d’une plaque perforée séparant le conduit
principal d’une chambre d’expansion. La différence avec un liner acoustique classique est
simplement que la paroi du fond est mobile grâce à l’action d’un piston modifiant de ce fait
l’épaisseur de la cavité [Kostek et Franchek, 2000]. Ainsi, selon la fréquence ciblée (dépendant
du régime auquel se trouve le système), cette épaisseur peut être modifiée à volonté, altérant
ainsi plus ou moins l’onde sortante [Cobo et al., 2004]. La position du piston peut être choisie
par l’intermédiaire d’une prise d’information en aval permettant de déterminer l’efficacité de
ce dernier. Dans le cas des ondes à hautes fréquences, le piston est désactivé et le système se
comporte donc comme un liner acoustique classique (voir Section I.2.2). Un schéma de ce genre
de système hybride est représenté dans la Figure I.9. Il est à noter que le système de calcul
de la position du piston n’est pas ici représenté mais peut provenir, par exemple, d’une prise
d’information par un microphone dans le conduit ou par potentiomètre sur le support du piston
(reliant le moteur au piston) [Kostek et Franchek, 2000].

Figure I.9 – Schéma d’un exemple de système hybride de réduction de bruit dans un conduit
utilisant un piston

Une prise de l’information en amont peut également être faite afin de caractériser l’onde
incidente se propageant dans le conduit. Ainsi, il s’agit d’isoler la fréquence prenant le pas sur
les autres et d’agir en priorité sur cette dernière afin d’optimiser l’effet du système sur l’onde
sortante. Un système utilisant un piston peut également être utilisé dans ce cas-là [Kostek et
Franchek, 2000]. Une autre technique consiste en l’usage de plaques microperforées entre le
conduit et la cavité, tandis que des actionneurs piezo-électriques se chargent de faire bouger la
paroi du fond [Sellen et al., 2006; Betgen et Galland, 2011]. Encore une fois, dans le cas d’un
signal à haute fréquence, les actionneurs sont désactivés, transformant le système en un système
totalement passif.
Il est également à noter qu’une solution utilisant à la fois des systèmes passifs et actifs est
possible [Boulandet et al., 2018] par l’emploi de liners acoustiques ou encore de tubes HQ avec
un système de haut-parleurs dans le même conduit.
2. BRUIT DE SOUFFLANTE 17

2.2 Principe du liner acoustique


L’utilisation de panneaux traités spécifiquement afin de diminuer le son se propageant dans
un conduit s’est répandue depuis de nombreuses années dans l’aéronautique et notamment pour
le traitement acoustique des turbomoteurs. Ainsi, plusieurs types de liners acoustiques ont été
développés au fil des années (Section I.2.2.1). Ces liners sont en particulier caractérisés par
leur impédance (Section I.2.2.2) qui traduit leur capacité à atténuer une onde ou une autre et
à dissiper son énergie. Ils ont fait et font toujours l’objet de nombreuses simulations dans le
but de concevoir des traitement toujours plus efficaces. Ces simulations utilisent des modèles
simplifiés afin de réduire les coûts de calcul induits qui seraient, autrement, bien plus grands,
ce qui limiterait leur potentiel dans les différentes phases de conception, très demandeuses de
données.

2.2.1 Les types de liners


Les liners acoustiques sont donc des dispositifs acoustiques qui sont répartis dans le flux
secondaire des moteurs modernes à double flux. En effet, ce flux secondaire étant seulement
comprimé par la soufflante se trouvant à l’entrée du moteur, les conditions de température
régnant dans l’environnement direct du liner sont moins extrêmes que celles présentes dans
le flux primaire. Les effets dus aux compressions des différents étages du compresseur et les
températures importantes (jusqu’à 2000◦ Celsius) présentes après la chambre de combustion
nécessitent l’utilisation de matériaux particulièrement résistants qui ne sont pas forcément
compatibles avec la fabrication de liner. Ce sont autant de limitations qui restreignent donc
l’utilisation des liners acoustiques classiques au flux secondaire, comme cela est montré dans
la Figure I.10. Cependant, leur extension à des conditions plus extrêmes est aussi un sujet de
recherche actif [Renou, 2010; Taddei et al., 2019].

Figure I.10 – Emplacements des liners acoustiques dans un moteur d’avion (source : [Smith,
1989])

Bien que de nombreux types de liners acoustiques existent, notamment par l’usage de
matériaux poreux comme des mousses, souvent utilisés dans les systèmes de ventilation, les
conditions particulières et les exigences en terme de sécurité, de poids et de maintenance, en
vigueur dans le domaine de l’aéronautique, limitent le choix à environ deux types de liners :
18 CHAPITRE I. CONTEXTE

les liners de type SDOF (Single Degree Of Freedom) ou de type DDOF (Double Degree Of
Freedom).

Figure I.11 – Schéma des différents types de liners acoustiques fréquemment utilisés dans
l’aéronautique (source : [Rolls-Royce Limited, 2005])

Ces différents types de liners sont représentés dans la Figure I.11 par des schémas. On peut
ainsi voir que les liners SDOF se composent de deux peaux recouvrant une âme. La structure la
plus utilisée pour cette âme est une structure en nid d’abeille, du fait des excellentes propriétés
mécaniques de cette dernière. De plus, les cavités étant vides, le poids de ces panneaux reste
relativement faible par rapport à un panneau plein et pour la même résistance, expliquant
ainsi leur usage dans l’aéronautique. La peau supérieure, perforée de nombreux trous, sert de
paroi au conduit traité et permet aux ondes de se propager à l’intérieur des cavités où elles
vont se dissiper. Enfin, la deuxième peau est quant à elle pleine et vient fermer chaque cavité
indépendamment. Cependant, la présence de trous de drainage reliant les cavités ensemble
afin de pouvoir enlever l’eau se trouvant à l’intérieur (pour une problématique de poids) peut,
dans certains cas, altérer les propriétés acoustiques du liner [Zandbergen, 1979]. Cet effet reste
cependant négligeable dans la plupart des cas. Une variante des liners SDOF consiste à remplacer
la première peau par un treillis métallique (wiremesh) permettant d’obtenir une évolution plus
linéaire par rapport à l’écoulement rasant présent dans le conduit [Piot et al., 2016].
Dans le cas des liners DDOF, deux couches de liners SDOF sont superposées avec une plaque
au milieu, appelée septum, elle-même perforée afin de permettre aux ondes de se propager
dans les différentes cavités ainsi créées. Ce genre d’architecture a pour avantage d’augmenter la
gamme de fréquence dans laquelle l’absorption est importante.
2. BRUIT DE SOUFFLANTE 19

L’effet du liner sur l’onde sonore incidente dépendra des différentes caractéristiques du
liner comme les dimensions des cavités, le nombre de perforations... Les plaques perforées
possèdent un rôle résistif tandis que les différentes cavités se comportent comme des résonateurs
de Helmholtz. Mais cet impact dépendra également des caractéristiques de l’onde à traiter. En
effet, du moment que l’intensité des ondes reste assez faible (environ inférieure à 130 dB), les
mécanismes linéaires vont entrer en jeu. Les ondes vont se dissiper sous la forme de chaleur en
raison des frottements visqueux de l’air passant à travers les perforations [Rienstra et Hirschberg,
2008]. De plus, en fonction des dimensions des cavités et de la longueur d’onde, un phénomène
d’interférence destructive peut apparaître, correspondant à la gamme où l’atténuation de bruit
sera maximale.
Dans le cas d’intensités plus fortes, des mécanismes non-linéaires (et hors du cadre de cette
thèse) prennent le pas sur ceux linéaires. Le premier mécanisme provient bien entendu du
caractère non-linéaire des phénomènes en mécanique de fluide et, dans ce cas là, du couplage
des ondes acoustiques avec l’écoulement présent dans le conduit [Tam et al., 2008b]. L’autre
mécanisme non-linéaire prenant de l’importance a commencé à être étudié depuis de nombreuses
années [Ingard, 1953; Ingard et Ising, 1967] avec des observations de tourbillons à partir d’un
certain niveau sonore. Ce n’est que vers la fin des années 1990, début des années 2000, que
l’origine de ce phénomène a pu être montrée [Gely et al., 1999; Tam et al., 2001]. En effet,
l’important niveau sonore des ondes se propageant dans l’écoulement proche de la paroi crée
des détachements tourbillonnaires (vortex shedding) au niveau des orifices présents dans le
liner. L’énergie acoustique de l’onde est donc transformée en énergie cinétique rotationnelle
dans l’écoulement, avant de se dissiper en chaleur du fait de la viscosité de l’air. De plus, il est
montré que l’efficacité du liner augmente lorsque ce niveau sonore important augmente lui aussi.
L’étude de ce genre de phénomène fait encore l’objet de nombreux travaux et il est de mieux en
mieux caractérisé du fait de l’augmentation des moyens de calculs [Zhang et Bodony, 2011].

Figure I.12 – Schéma d’un exemple de liner acoustique dans un conduit

Le principe d’un panneau de liner dans un conduit traversé par une onde est schématisé dans
la Figure I.12. Deux autres phénomènes pouvant apparaître dans ce cas, qui est représentatif de
la réalité, sont la réflection et la réfraction d’onde. En effet, les parois du conduit n’étant pas
uniformément recouvertes d’un liner acoustique, une partie de l’onde incidente se propageant
sera réfléchie au niveau du bord d’attaque et du bord de fuite du liner. L’importance de l’onde
réfléchie par rapport à l’onde incidente et la modification de cette dernière dépendent à la
fois de l’écoulement, de la fréquence de l’onde et des caractéristiques du liner. Capturer ces
phénomènes avec précision est, en particulier, l’un des défis des méthodes de résolution locale
comme la méthode des équations one-way.

2.2.2 Impédance acoustique des matériaux


La complexité des phénomènes apparaissant au niveau du liner acoustique a mené à la
définition d’une grandeur qui permet de modéliser l’effet de la surface sur les ondes rasantes se
propageant dans le conduit. Cette grandeur est appelée, en acoustique, impédance acoustique
20 CHAPITRE I. CONTEXTE

[Rienstra et Hirschberg, 2008]. C’est une relation entre la pression s’appliquant à la paroi et le
mouvement induit perpendiculairement à elle. Ainsi, physiquement, ce mouvement traduit celui
de l’air qui passe par l’un des orifices du liner. Cette grandeur peut être définie dans le domaine
fréquentiel par une relation entre la pression et la vitesse normale à la paroi :

p̂(x, ω)
Z(x, ω) = , (I.1)
v̂(x, ω) · n(x)
avec p̂ et v̂ la pression et le vecteur vitesse de l’air à la paroi en un point x et à la fréquence ω et
n le vecteur normal à la paroi entrant dans le matériau. L’impédance dépend donc localement
du matériau utilisé. Cependant, pour faciliter le traitement, le liner est modélisé par la même
valeur d’impédance partout sur la surface. Dans notre cas, l’impédance acoustique dépend donc
seulement de la fréquence de l’onde. De nombreuses recherches sont menées afin d’exprimer cette
quantité dans le domaine temporel [Chevaugeon et al., 2006; Richter et al., 2011] notamment
par l’utilisation de l’admittance [Monteghetti et al., 2018; Fiévet et al., 2020] qui n’est autre
que l’inverse de l’impédance acoustique et qui est notée Y (x, ω).
Cette impédance acoustique peut être adimensionnée par c0 la vitesse du son dans le fluide
et ρ0 la masse volumique du fluide au repos pour obtenir l’impédance acoustique spécifique.
Cette dernière est donc un nombre complexe dépendant de la position et de la pulsation, noté :

Z(x, ω)
z(x, ω) = = r(x, ω) + iχ(x, ω) , (I.2)
ρ 0 c0
avec r la partie réelle, nommée résistance acoustique spécifique, et la partie imaginaire χ,
la réactance acoustique spécifique. Dorénavant, l’impédance, la résistance et la réactance
acoustique spécifiques seront nommées impédance, résistance et réactance tout court afin
d’alléger le discours. La résistance dépend quasiment exclusivement de la plaque perforée du
liner et caractérise en grande partie l’absorption du liner. Elle rend le matériau absorbant dans le
cas où elle est positive tandis qu’elle transmet de l’énergie dans le cas d’une résistance négative.
Le modèle d’impédance des liners acoustiques utilise donc forcément une valeur positive. La
réactance, quant à elle, caractérise la fréquence d’absorption et dépend de la profondeur des
cavités. Cette absorption est donc maximale quand la réactance tend vers 0. De nombreux
modèles sont utilisés afin de déterminer la valeur de cette impédance pour une configuration et
une fréquence données. Certains d’entre eux sont explicités dans la Section VI.1.3.2.

2.3 Problématique
La mise au point de nouveaux matériaux, servant à la réduction du bruit provenant de
la soufflante et se propageant dans les différents conduits de la turbomachine, est un enjeu
important de développement des avions modernes. Cette conception nécessite un recours
massif aux simulations afin de caractériser correctement et rapidement ce genre de systèmes.
L’amélioration des capacités de calcul permet aujourd’hui d’en apprendre plus sur les différents
phénomènes apparaissant dans les conduits traités et leurs impacts sur la réduction du bruit
en sortie. Cependant, ces capacités restent limitantes, encore aujourd’hui, pour appliquer des
méthodes numériques aussi précises de façon systématique pour la caractérisation des liners.
L’utilisation de modèles réduits pour la simulation, pouvant fournir des résultats précis pour
un coût de calcul moindre, est donc une problématique importante pour le développement des
solutions futures. La méthode des équations one-way est donc présentée comme un modèle
réduit pouvant s’appliquer à la résolution de tels systèmes dans le domaine fréquentiel. De plus,
cette formulation des équations one-way présente plusieurs avantages qui seront développés
tout au long de ce manuscrit. Notamment, le fait que la résolution se fasse dans le domaine
fréquentiel entraîne une expression simplifiée du modèle d’impédance de la paroi (par rapport à
3. MODÉLISATION DE LA PROPAGATION D’ONDE 21

une expression temporelle) tandis que la construction même des équations permet de se passer
de l’utilisation de conditions de non-réflexion de chaque côté du conduit.
La caractérisation de l’effet du liner acoustique sur les ondes réfléchies et réfractées dans
le conduit est également un aspect intéressant pour l’étude de ces traitements acoustiques.
Les équations one-way sont donc également présentées comme un bon modèle afin d’obtenir
rapidement plus d’informations sur ces phénomènes. De par leur nature même, les ondes
réfractées et réfléchies sont naturellement découplées les unes des autres, permettant l’accès
direct aux composantes réfractées et aux composantes réfléchies.
Diverses méthodes de calcul pour ce genre de sujet seront présentées dans la Section I.4.
Cependant, dans l’objectif d’obtenir plus d’informations sur ces méthodes et d’autres, plusieurs
articles passant en revue différentes approches numériques sont disponibles [Richter et al., 2011;
Astley et al., 2011].

3 Modélisation de la propagation d’onde


La propagation des ondes dans les écoulement peut être modélisée de différentes manières.
Les bases de cette modélisation sont présentées dans le cadre des problèmes harmoniques. En
particulier, la décomposition modale des équations est abordée dans la Section I.3.1 et sert
de base à de nombreuses méthodes de calcul et notamment aux équations one-way. Cette
décomposition modale est ensuite appliquée sur un problème simplifié dans la Section I.3.2
afin de mettre en évidence l’existence de modes se propageant dans deux sens le long d’un axe
privilégié. Enfin, la Section I.3.3 décrit les différentes instabilités pouvant apparaître au sein
d’un écoulement.

3.1 Décomposition modale


Les observations sur les structures cohérentes de grande échelle, aussi appelées paquets
d’ondes, mentionnées dans la Section I.1.2.1 et dans [Crow et Champagne, 1971], ont mené au
développement de méthodes dont l’objectif est de comparer leurs caractéristiques (amplitude,
vitesse de phase, longueur d’onde...) à celles de solutions modales d’une perturbation dans un
écoulement de base stationnaire.
La décomposition modale consiste en une approximation des paquets d’ondes par une
somme de modes propres des équations d’Euler (ou de Navier-Stokes) linéarisées autour d’un
écoulement de base. Cette façon de faire est documentée dans de nombreux articles depuis 1970
[Crighton et Gaster, 1976; Michalke, 1984; Tam, 1998]. C’est notamment à cette date-là qu’il
a été remarqué que la longueur d’onde et la vitesse de propagation de ces paquets d’ondes,
mesurées expérimentalement, peuvent être retrouvées par l’utilisation de la théorie de stabilité
linéaire locale.
La structure de ces paquets d’ondes est déterminée par un modèle simplifié [Crighton et
Huerre, 1990] dont la représentation est illustrée dans la Figure I.13. Ainsi, si pour une fréquence
donnée, les fluctuations de pression advectées sont homogènes, elles produisent un champ
d’onde purement évanescent. Cela peut être traduit par une absence de bruit dans le champ
lointain du fait de la décroissance rapide de ces ondes dans la direction transversale. Ce constat
peut être appliqué aussi bien dans le cas subsonique (cas a) que dans le cas supersonique
(cas b). Cependant, si les amplitudes varient, une petite portion de leur énergie est dissipée
acoustiquement. Cela veut dire que les fluctuations de pression advectées perdent une petite
partie de leur énergie par rayonnement acoustique dans le champ lointain, ce qui a pour effet
de produire du bruit (cas c). Il est à noter que dans le cas b, le pic de fréquence se trouvant à
l’intérieur de la zone de rayonnement (en gris), du son est produit mais par l’intermédiaire d’un
autre phénomène, les ondes de Mach.
22 CHAPITRE I. CONTEXTE

Figure I.13 – Représentation spatiale et spectrale des paquets d’ondes : (a) advection subsonique,
(b) advection supersonique générant des ondes de Mach et (c) advection subsonique avec une
modulation spatiale provoquant une fuite acoustique (source : [Jordan et Colonius, 2013])

La modélisation mathématique de ces phénomènes se base sur une décomposition de Reynolds


classique q(x, r, θ, t) = q̄(x, r, θ) + q0 (x, r, θ, t) où q̄ est la moyenne temporelle sur un temps
long du vecteur des variables et q0 est le vecteur de fluctuations. Dans le cas où l’on étudie des
jets ronds et statistiquement stationnaires, le terme de fluctuation peut être décomposé en une
somme de modes de Fourier azimutaux ou temporels. Dans le cas des liners où le conduit n’est
pas forcément cylindrique (bien qu’il puisse l’être dans de nombreux cas), les modes azimutaux
n’existent pas (dans le cas 2D) ou sont généralement laissés en "dérivées spatiales" (et donc pas
considérés lorsque la transformée de Fourier est appliquée) dans la direction transversale. Pour
la suite de cette section, l’hypothèse des modes azimutaux sera considérée. Cette décomposition
peut donc s’écrire :
q0 (x, r, θ, t) = q̂(x, r)ei(mθ−ωt) ,
XX
(I.3)
m ω
où m ∈ Z est le nombre d’onde dans la direction azimutale (θ) et ω est la pulsation. La variable
x correspond à la direction axiale et r à la direction radiale. La fonction q̂ est la fonction de
forme de q 0 dans l’espace de Fourier. En substituant cette forme de q 0 dans les équations d’Euler
ou de Navier-Stokes, on peut obtenir une relation de la forme :
Lω,m qω,m = fω,m , (I.4)
avec Lω,m , qω,m et fω,m les représentations discrètes des opérateurs de dérivation, de q̂(r) et du
terme source, respectivement. Les tailles de Lω,m , qω,m et fω,m sont directement proportionnelles
au nombre de points de discrétisation utilisés. C’est pourquoi l’usage de la décomposition LU
classique pour l’inversion de l’opérateur peut rapidement devenir extrêmement coûteuse en
temps de calcul et en mémoire.
Ce coût grandissant est donc la raison principale pour laquelle d’autres modèles ont été
développés à partir de cette méthode dans le but de diminuer les temps de calcul. Pour cela,
d’autres hypothèses ont été rajoutées afin d’alléger le calcul.

3.2 Exemple du conduit infini


Afin d’illustrer l’approche décrite par la décomposition modale du problème, un problème
de conduit infini rectangulaire dans lequel se trouve un écoulement uniforme est étudié. les
3. MODÉLISATION DE LA PROPAGATION D’ONDE 23

phénomènes pouvant apparaître dans la largeur sont ici négligés et le problème est pris sous sa
forme 2D. La particularité de ce cas est que la présence d’un conduit (et donc d’un écoulement
selon le même axe) entraîne l’apparition d’un axe privilégié pour la propagation des ondes.
L’existence de modes se propageant sur cet axe privilégié dans les deux sens sera mise en
évidence. Les méthodes one-way présentées dans cette thèse se basent sur un raisonnement
similaire afin de découpler le calcul de la propagation des ondes dans un écoulement selon leur
sens.

Figure I.14 – Schéma du conduit infini étudié

La configuration dans laquelle le problème 2D est étudié est montrée dans la Figure I.14. Le
conduit possède donc deux parois situées en y = 0 et en y = h, tandis que la problématique
de l’entrée et de la sortie du conduit est ici négligée grâce à une hypothèse de conduit infini.
Un écoulement uniforme s’écoulant de la gauche vers la droite, avec une vitesse axiale notée
u0 , est présent. Des hypothèses sont faites sur le fluide étudié afin de faciliter l’analyse. Ainsi,
le fluide est supposé non visqueux et non-conducteur de chaleur tandis que les phénomènes
thermodynamiques de dissipation sont négligés (processus adiabatique). De plus, les équations
sont linéaires en termes de variables acoustiques du fait que les perturbations sont suffisamment
petites. Une dépendance e−iωt , avec ω > 0 la pulsation, a été choisie afin de mettre les équations
sous leur forme harmonique. Le champ de pression acoustique peut alors être décrit par l’équation
de Helmholtz convectée, qui prend la forme suivante :
 ∂ 2p
 ∂ 2p ∂p
1 − M2 +
+ 2ikM + k2p = 0 , (I.5)
∂x2 ∂y 2 ∂x
avec M = ua0 le nombre de Mach, k = ωa le nombre d’onde et a la vitesse du son. L’écoulement est
supposé subsonique (i.e. 0 < M < 1). Les parois du conduit sont modélisées par des conditions
de Neumann homogènes :
∂p
= 0 sur Γ . (I.6)
∂y
Cette équation, associée à ces conditions aux limites, admet alors plusieurs solutions de la forme
[Legendre, 2003] :
j
pj± (x, y) = Aj (y)eiα± x (I.7)
avec j ∈ N∗ et : s s
1 2 jπy
 
0
A (y) = et Aj (y) = cos . (I.8)
h h h
À partir de cette forme, il est alors possible d’obtenir une relation de dispersion. Cette
j
relation permet de relier le nombre d’onde axial α± au nombre d’onde temporel k. Cette relation
s’écrit alors :
  j 2π2
− 1 − M 2 α2 + 2kM α + k 2 = . (I.9)
h2
24 CHAPITRE I. CONTEXTE

En introduisant :

kh
K= √ , (I.10)
π 1 − M2
j
et Nm la partie entière de K, si j ≤ Nm , alors α± est réel et vaut :
s
j 2π2  2

−kM ± k2 − 1 − M
j h2
α± = . (I.11)
1 − M2
La fonction pj± est alors appelée un mode propagatif (acoustique). Il est ainsi possible de
différencier les modes pj+ des modes pj− en fonction de la valeur de leur vitesse de groupe ∂ω
∂α
.
Ainsi les premiers sont associés à des modes se propageant dans le sens de l’écoulement (vers la
droite) tandis que les seconds sont associés à des modes se propageant vers l’amont (vers la
j
gauche). Au contraire, le nombre d’onde axial α± est complexe lorsque j > Nm et vaut :
s
j 2π2  2

−kM ± i 1 − M − k2
j h2
α± = . (I.12)
1 − M2
Dans ce cas-là, pj± décroît exponentiellement lorsque x → ±∞. Ce mode est alors appelé
un mode évanescent. Lorsque les équations décrivant la propagation des perturbations sont
plus complètes (Euler ou Navier-Stokes), une nouvelle famille de modes apparaît : les modes
convectifs. Ces modes ont pour particularité de ne se propager que dans le sens de l’écoulement
avec une vitesse similaire à ce dernier et non à la vitesse du son.

3.3 Instabilité de l’écoulement


L’utilisation d’une méthode de décomposition modale permet de mettre en lumière le
phénomène des ondes instables dans certains écoulements. Ces ondes instables sont notamment
le sujet d’étude de la théorie de stabilité locale (voir Section I.4.2.1). Cette dernière utilise les
caractéristiques de la valeur propre associée à un mode propre de l’opérateur afin de déterminer
le comportement de ce dernier (stable ou instable).
Ces instabilités font l’objet d’études depuis de nombreuses années et de nombreuses théories
ont été établies à leur propos. C’est le cas notamment du théorème du point d’inflexion de
Rayleigh qui dit que l’existence d’un point d’inflexion dans le profil de vitesse de l’écoulement
de base est une condition nécessaire (mais pas suffisante) d’instabilité [Rayleigh, 1879]. De la
même façon des théorèmes permettant de faciliter l’étude de ces instabilités ont été énoncés.
Un exemple classique est celui du théorème de Squire qui permet, à basse vitesse, d’associer
un mode tridimensionnel instable à un mode bidimensionnel plus instable encore [Squire et
Southwell, 1933]. Ainsi, il est donc seulement nécessaire d’étudier les perturbations 2D afin de
déterminer la présence d’une condition d’instabilité. En particulier, ces instabilités peuvent être
classées selon deux grandes familles : convectivement ou absolument instables.
La Figure I.15 présente les différents types de perturbations qui peuvent apparaître dans
le cas linéaire. Le premier cas (a) montre l’évolution temporelle d’une perturbation stable : la
perturbation est imposée à t0 = 0 s et le milieu de propagation retourne à son état au repos au
cours du temps. Dans le deuxième cas (b), la propagation d’une instabilité convective provenant
d’une perturbation imposée à t0 est montrée. Cette instabilité prend la forme d’un paquet
d’ondes qui s’éloigne de la source et finit par quitter le milieu en le laissant dans son état au repos.
Finalement, le troisième et dernier cas (c) montre le comportement d’un instabilité absolue
provenant de la même perturbation initiale que précédemment. Cette instabilité contamine
4. MÉTHODES NUMÉRIQUES 25

Figure I.15 – Évolution dans le plan (x,t) d’une perturbation près de x = 0 à t = 0. (a) stable,
(b) convectivement instable, (c) absolument instable (source : [Charru, 2011])

peu à peu le domaine dans toutes les directions à partir du point source. Ces différents types
d’instabilités sont expliqués plus en détails dans l’article de Huerre et Monkewitz [Huerre
et Monkewitz, 1990]. La plupart du temps, les instabilités présentes dans les jets sont des
instabilités convectives provenant des couches de mélange. Dans le cas des liners, des instabilités
absolues ou convectives peuvent apparaître dans certains cas selon l’impédance, l’épaisseur de
couche limite et la vitesse de l’écoulement.

4 Méthodes numériques
Les expérimentations faites depuis plus de cinquante ans ont permis de découvrir des phé-
nomènes et de confirmer des hypothèses à propos du bruit de jet comme de l’étude des liners
acoustiques. Elles continuent encore de gagner en précision grâce à de nouvelles techniques
de mesure. Cependant, les méthodes numériques, développées depuis plus de quarante ans,
permettent l’accès à certaines données et phénomènes autrement inaccessibles par l’expérimen-
tation. Ces méthodes peuvent être séparées en différentes catégories dépendant à la fois de leur
angle d’approche et du coût de calcul qui en découle. Deux types d’approches sont ici présentés
pour la réalisation de ce genre de calculs, applicables aussi bien pour la problématique du bruit
de jet que pour celle de la caractérisation des liners acoustiques. La première est présentée dans
la Section I.4.1 et utilise une approche temporelle afin de capturer la propagation d’ondes dans
l’écoulement. La seconde, se basant sur l’étude du comportement des ondes à une fréquence fixée,
se passe donc dans le domaine fréquentiel et sera le sujet de la Section I.4.2. Cette partie n’a
pas pour vocation à être exhaustive et ne parle donc que de quelques méthodes qui paraissent,
à notre connaissance, être les plus importantes ou les plus fréquemment utilisées pour ce genre
d’applications. Des revues plus exhaustives de ces différentes méthodes et d’autres ont été
écrites par Colonius et Lele [Colonius et Lele, 2004] et plus récemment par Tam [Tam, 2012].
26 CHAPITRE I. CONTEXTE

4.1 Simulations temporelles


L’approche consistant à résoudre les équations dans le domaine temporel pour ce genre de cas
semble directe. Cependant, en y regardant de plus près, la disparité d’échelles des phénomènes
impliqués dans le cas des jets comme des liners acoustiques entraîne une complexité de résolution
importante, demandant de faire appel à de nombreuses méthodes plus ou moins coûteuses et
compliquées à mettre en place. Le sujet des méthodes d’ordre élevé, dites directes, sera abordé
dans la Section I.4.1.1 en présentant les méthodes de Direct Numerical Simulation (DNS) et de
Large Eddy Simulation (LES), qui sont des méthodes de simulation demandant des capacités
de calcul importantes afin de mener à bien leur résolution. Les autres sections parleront des
modèles d’ordre réduit comme l’analogie acoustique (Section I.4.1.2) ou encore de la résolution
des équations d’Euler ou de Navier-Stokes après linéarisation (Section I.4.1.3).

4.1.1 Direct Numerical Simulation (DNS) et Large-Eddy Simulation (LES)


Les avancées continuelles des méthodes numériques et des ressources de calcul permettent
l’émergence de méthodes capables de capturer à la fois le champ hydrodynamique proche et les
ondes sonores rayonnées.
Les DNS restent encore, même aujourd’hui, cantonnées dans des cas présentant de faibles
nombres de Reynolds, du fait que le coût de calcul augmente fortement avec ce dernier. De
nombreux articles ont été publiés sur des simulations de jet par DNS ces vingt dernières années
et montrent de très bons résultats, en comparaison avec les données expérimentales [Freund,
2001; Klein et al., 2003; Muppidi et Mahesh, 2007]. Cette approche, n’utilisant aucun modèle,
calcule de la plus petite à la plus grande échelle de turbulence. Ainsi, au fur et à mesure que
le nombre de Reynolds augmente, la différence entre la plus petite et la plus grande échelle
augmente de la même façon, demandant des maillages raffinés et des temps de calcul élevés. Ce
problème reste le principal frein à l’utilisation de la DNS et la cantonne, pour le moment, à des
cas éloignés des configurations industrielles [Moin et Mahesh, 1998; Yang et Griffin, 2021].
Une approche alternative est celle utilisée par la LES. Elle est mieux adaptée aux moyens de
calcul contemporains, bien que restant coûteuse. Contrairement à la DNS qui va calculer toutes
les échelles, la LES fait appel à des modèles de sous-maille pour simuler la turbulence de petite
échelle, jusqu’à une certaine fréquence de coupure, et se contente de calculer les phénomènes
de grande échelle, plus simples à capturer. C’est un domaine d’étude très actif qui, encore
une fois, montre un très bon accord avec les résultats expérimentaux pour des configurations
simples [Askelvoll et Moin, 1996; Cavalieri et al., 2011; Brès et al., 2017]. Cependant, les LES
sont particulièrement sensibles au modèle utilisé et aux conditions initiales imposées. C’est
pourquoi, depuis seulement quelques années, la résolution permet de simuler la fine couche
limite présente à l’intérieur de la tuyère et responsable, en partie, de la création d’instabilités
dans le jet [Brès et al., 2018]. Un exemple de LES appliquée à un jet est présenté dans la Figure
I.16. Cette figure représente le résultat d’une LES sur un jet à Mach M = 0.9 avec un nombre
de Reynolds Re = 65000. Ce cas a été en particulier choisi car c’est l’un des plus documentés
dans la littérature [Bodony et Lele, 2005, 2008; Brès et al., 2018].
Malgré les bons résultats déjà obtenus, le coût de calcul induit par une LES reste important,
voire hors d’atteinte dans certains cas industriels pour les moyens de calcul actuels. De plus,
ni la LES, ni la DNS ne donnent d’informations sur les mécanismes physiques responsables
du bruit à l’intérieur ou à l’extérieur du jet ou encore sur la manière de le réduire, puisque
la turbulence du jet et les ondes acoustiques sont entremêlées. Une analyse supplémentaire
utilisant une approche statistique, comme la Proper Orthogonal Decomposition [Schmidt et al.,
2018], est donc nécessaire afin d’obtenir ce genre d’informations.
Concernant l’application aux liners acoustiques, la LES reste, encore aujourd’hui, minoritaire
du fait du coût de calcul important amené par la prise en compte de la couche limite et des
4. MÉTHODES NUMÉRIQUES 27

Figure I.16 – champ instantané d’une LES coloré par la vorticité. Jet à Mach M = 0.9 avec
un nombre de Reynolds Re = 65000 (source : [Bogey et al., 2003])

phénomènes apparaissant au niveau du liner acoustique. Ce dernier est d’ailleurs, en général,


modélisé par une condition d’impédance dans le domaine temporel, ayant une expression
complexe à obtenir et à imposer (voir Section I.4.1.3), dans le cas des LES [Burak et al., 2009]
comme des DNS [Olivetti et al., 2015]. Dans les cas où l’écoulement est bien simulé dans les
cavités du liner, les simulations se cantonnent à résoudre le problème pour une seule de ces
cavités [Zhang et Bodony, 2011]. Un de ces résultats est repris dans la Figure I.17 et montre la
vorticité au niveau de l’entrée de la cavité du liner pour un écoulement à Mach 0.5. De plus,
l’apparition d’instabilités sur la partie présentant un traitement acoustique, dans certaines
plages de fréquence et à une certaine vitesse d’écoulement, rend l’application de ce genre de
méthodes encore plus coûteux [Richter et al., 2011].

Figure I.17 – champ instantané d’une DNS coloré par la vorticité. Écoulement au-dessus d’une
cavité de liner acoustique (source : [Zhang et Bodony, 2011])

Cela montre le besoin grandissant de modèles d’ordres réduits efficaces et rapides afin de
pouvoir couvrir la large gamme de cas possibles dans le but de mieux connaître les mécanismes
entrant en jeu. C’est également un moyen de pouvoir tester rapidement un grand nombre
de nouveaux systèmes de réduction de bruit dans des configurations diverses. En effet, le
développement de ces nouvelles technologies requiert de réaliser un nombre phénoménal de
simulations ce qui n’est, à présent, pas possible au moyen d’une DNS ou d’une LES. Cependant,
les résultats obtenus par ces méthodes directes servent de moyens de validation pour les modèles
d’ordres réduits quand les données ne sont pas accessibles expérimentalement [Joslin et al.,
1993].
28 CHAPITRE I. CONTEXTE

4.1.2 Analogie acoustique


Lighthill est considéré comme un des pères fondateurs de l’aéroacoustique théorique avec
ses travaux [Lighthill, 1952] et [Lighthill, 1954] publiés il y a plus de soixante ans. Dans ses
travaux, Lighthill part d’une hypothèse stipulant que le rayonnement acoustique ne modifie pas
la turbulence responsable de son développement. Ainsi, il réécrit les équations de Navier-Stokes
en les séparant sous la forme d’un opérateur de propagation linéaire (L) dans un domaine au
repos et d’un terme source (S) :

L(q) = S(q) , (I.13)


avec q les variables de l’écoulement. Lighthill modélise le rayonnement acoustique du jet par
la propagation d’une source quadripolaire dans un milieu au repos. Ainsi, les équations de
Navier-Stokes (I.13) deviennent les équations exactes de Lighthill :

∂ 2ρ 2 ∂ ρ
2
∂ 2 Tij
− a 0 = , (I.14)
∂t2 ∂xi ∂xj ∂xi ∂xj
avec ρ la masse volumique, a0 la vitesse du son et Tij le tenseur de Lighthill défini par :

Tij = ρui uj + p − a20 ρδij − τij , (I.15)


où ui est la vitesse instantanée du fluide dans la direction i et p la pression. Le symbole de
Kronecker est noté δij tandis que τij représente le tenseur des contraintes visqueuses. La difficulté
de cette analogie est d’exprimer suffisamment bien le terme source (ou tenseur de Lighthill) Tij .
Lighthill a, en particulier, étudié le cas d’un jet froid subsonique à bas Mach pour approcher
Tij avec l’expression Tij ≈ ρui uj . Il a ainsi réussi à mettre en lumière le fait que la puissance
acoustique de ce genre de jets est proportionnelle à Uj8 , avec Uj la vitesse du fluide en sortie de
tuyère, et que cette relation devenait Uj3 pour un jet supersonique.
En se basant sur ce type d’approximation, plusieurs modèles ont été développés au fil des
années tout en ajoutant de plus en plus de complexité dans l’expression de ce terme source [Tam,
1998; Goldstein, 2003] et cette approche est, encore récemment, le sujet d’articles [Karabasov
et al., 2013]. Il est théoriquement possible de calculer le champ acoustique exact du moment que
le terme source imposé est lui-même exact, ce qui est très difficile voire impossible à obtenir.
Cependant, l’expression de ce terme source peut être obtenue par d’autres moyens comme, par
exemple, par l’utilisation d’un modèle de turbulence isotrope [Lilley, 1996], d’un modèle de
turbulence axisymétrique [Khavaran, 1999] ou encore en utilisant une autre simulation RANS
(Reynolds Averaged Navier-Stokes) ou surtout LES [Karabasov et al., 2010]. Cette analogie
nécessite donc des données très précises sur les écoulements pour son initialisation, minimisant
son utilité comme modèle réduit.
Cette analogie acoustique de Lighthill a également été rapidement adaptée pour des écoule-
ments internes [Ffowcs-Williams et Kempton, 1978] par une formulation permettant de prendre
en compte l’effet des conditions aux limites. Cette méthode fut donc naturellement appliquée à
l’étude des écoulements à l’intérieur d’un canal [Doak, 1973] et fait encore l’objet, de nos jours,
de nombreux articles cherchant à l’améliorer [Morfey et Wright, 2007; Papaxanthos et al., 2017],
notamment concernant les liners acoustiques [Mathews et Peake, 2017].

4.1.3 Équations linéarisées


Un moyen de réduire le coût de calcul de ces simulations est d’utiliser l’hypothèse que
dans un grand nombre de cas, les mécanismes linéaires sont suffisants pour décrire précisément
la propagation d’onde dans l’écoulement, étant donné que dans ces conditions-là, les effets
non-linéaires peuvent être négligés. En effet, le seuil de douleur pour l’audition humaine,
4. MÉTHODES NUMÉRIQUES 29

au-dessus duquel des dommages irréversibles peuvent être causés par une écoute prolongée,
correspond à des fluctuations de pression se situant entre 20 et 200 Pa (entre 120 et 140 dB). La
pression atmosphérique, quant à elle, présente une valeur de pression de l’ordre de 105 Pa. La
différence d’ordre de grandeur (de 3 à 4) entre ces valeurs permet de justifier l’utilisation d’une
décomposition des variables de l’écoulement, q, en une somme de la composante stationnaire
représentant l’écoulement de base q̄ et d’une autre, instationnaire, représentant les perturbations
acoustiques q 0 , pondérée par un coefficient ε  1. L’injection de cette décomposition directement
dans les équations permet d’obtenir un nouveau système à résoudre à l’ordre ε qui devient donc
linéaire et dont les variables sont les grandeurs de perturbation, q 0 , tandis que l’écoulement de
base devient une donnée et q̄ un ensemble de coefficients. Ce genre d’hypothèses est également
utilisé dans le cas des simulations dans le domaine fréquentiel (voir Section I.3.1). Des données
très précises sur cet écoulement de base peuvent, bien entendu, être obtenues par l’intermédiaire
de DNS ou de LES moyennées en temps, ce qui reste particulièrement coûteux. Cependant, il est
également possible d’obtenir cet écoulement de base stationnaire par le biais d’une simulation
RANS, abaissant ainsi drastiquement le coût de résolution.
La baisse du coût de calcul induite par ce genre d’hypothèses permet de faire des calculs
prenant en compte la géométrie réelle des liners acoustiques [Jensen et al., 2018] jusqu’à
une certaine limite pour le moment. L’utilisation la plus fréquente de ces méthodes sert à la
caractérisation de l’impédance servant à modéliser les liners [Watson et Jones, 2013, 2018]. En
utilisant ces équations pour la résolution d’un problème inverse, il est possible de déterminer
l’impédance d’un traitement acoustique par rapport à des données expérimentales. En utilisant
un processus itératif, il est possible de minimiser, par exemple, la fonction suivante :
N
X
F (r, χ) = ||pnum (xi ) − pexp (xi )|| , (I.16)
i=1

avec N le nombre de points de mesure, xi leur position, pnum la valeur de la pression résultat
de la simulation numérique et pexp les valeurs de pression retrouvées expérimentalement. La
minimisation de cette fonction se fait donc par l’intermédiaire d’un algorithme d’optimisation
[Stewart, 1967].
Cependant, dans ce cas, cette expression des équations présente également des inconvénients
comme la complexité des conditions d’impédance en temporel [Pascal et al., 2015; Monteghetti
et al., 2018; Fiévet et al., 2020] mais également des conditions d’entrée et de sortie [Hu, 2005]. Ces
dernières sont sensées garantir que le minimum d’ondes parasites reviennent dans le domaine de
calcul. Cependant, un écoulement non-uniforme et la présence d’un mélange d’ondes réfractées
et réfléchies, dans certains cas de natures différentes, peut rendre la dérivation de ces conditions
assez délicate en terme de stabilité [Hu, 1996; Tam et al., 1998].
Concernant l’application aux jets, l’utilisation d’équations linéarisées autour d’un écoulement
de base est une méthode de résolution assez répandue [Mankbadi et al., 1998; Ali et Mankbadi,
1999; Bailly et Juvé, 1999, 2000], même si la problématique des conditions de non réflexion reste
entière dans ce cas-là. Pour le cas des jets, les capacités de calcul permettent aussi de coupler ce
genre de résolution avec une résolution LES [Unnikrishnan et Gaitonde, 2016]. Dans ce cas-là,
l’écoulement de base n’est plus stationnaire et à chaque itération de la LES, une résolution du
système linéaire fournit les petites perturbations.

4.2 Simulations fréquentielles


Une autre approche fréquemment utilisée consiste à résoudre les équations dans le domaine
fréquentiel. La résolution des problèmes se faisant à une fréquence donnée, une décomposition
modale (présentée dans la Section I.3.1) peut être appliquée, facilitant la compréhension des
phénomènes qui apparaissent. La décomposition modale sert de base à certaines méthodes
30 CHAPITRE I. CONTEXTE

de calcul présentées dans la suite de cette section. L’analyse locale de stabilité, consistant en
l’interprétation des modes obtenus, sera présentée dans la Section I.4.2.1. Les méthodes de mode
matching et de Wiener-Hopf seront quant à elles discutées dans la Section I.4.2.2. Finalement,
l’approche des équations de stabilité parabolisées (PSE pour Parabolized Stability Equations)
sera abordée dans la Section I.4.2.3.

4.2.1 Théorie de stabilité locale (LST)


La théorie de stabilité locale consiste en une étude de stabilité linéaire des équations
différentielles, que ce soit, dans notre cas, les équations d’Euler ou de Navier-Stokes. Un bon
aperçu de ce genre de méthodes et de leurs applications est disponible dans le livre de Charru
[Charru, 2011].
Contrairement au cas de la décomposition modale, l’hypothèse d’un écoulement totalement
invariant en x est imposée dans ce cas là. Cette hypothèse est appropriée dans le cas des jets
faiblement divergents ou des écoulements au dessus d’un liner infiniment long dont les effets
(autres que acoustiques) sont négligés. La fluctuation locale est alors définie par un nombre
d’onde axial α et par une amplitude q̂ qui ne dépend plus de x. Ainsi, le terme de fluctuation
défini dans l’équation (I.3) se simplifie de la manière suivante :

q 0 (x, r, θ, t) = q̂(r)ei(αx+mθ−ωt) , (I.17)

avec p̂ la fonction d’amplitude de la pression. Il est possible, par exemple, en introduisant ce


terme dans les équations linéarisées d’Euler dans le cas d’un jet rond, d’obtenir une équation
réduite exprimée en terme de pression et appelée équation de Pridmore-Brown :
! " !#
d2 p̂ 1 1 dρ̄ 2α dū dp̂ m2
+ − − + ρ (ω − αū)2 M 2 − α2 + 2 p̂ = L(p̂) = 0 , (I.18)
dr2 r ρ̄ dr ω − αū dr dr r

avec ū la vitesse de l’écoulement de base, ρ̄ la masse volumique et M le nombre de Mach de


l’écoulement. Cette équation peut être assimilée à un problème aux valeurs propres où α, m et
ω vérifient une relation de dispersion complexe :

D(α, m, ω) = 0 , (I.19)

avec D une matrice contenant toutes les relations de dispersion. Au final, cela revient à la
résolution de deux équations : <(D) = 0 et =(D) = 0. Le nombre d’onde azimutal m est alors
fixé, laissant seulement quatre variables non déterminées : αr , αi , ωr et ωi , les parties réelles et
imaginaires de α et ω, respectivement.
Dans le but de réduire ce nombre de variables à deux pour les deux équations, deux choix
peuvent être faits :
— l’approche de stabilité temporelle (pour les instabilités absolues),
— l’approche de stabilité spatiale (pour les instabilités spatiales en x).
La théorie de la stabilité temporelle sert à étudier l’évolution dans le temps d’une ondes
avec un nombre d’onde α réel et fixé. Le terme de fluctuation s’écrit donc :

q 0 (x, r, φ, t) = q̂(r)ei(αx+mθ−(ωr +iωi )t) , (I.20)

avec (α, m, ωr , ωi ) ∈ R4 . La résolution du problème aux valeurs propres donne des informations
sur les types d’ondes qui se propagent et permet de savoir si elles sont linéairement stables
(ωi < 0), neutres (ωi = 0) ou bien instables (ωi > 0) dans le temps. Cependant, dans notre cas,
nous sommes particulièrement intéressés par la stabilité de l’onde dans sa propagation spatiale
4. MÉTHODES NUMÉRIQUES 31

plutôt qu’à un endroit fixe avec une progression dans le temps. C’est pourquoi l’approche de la
théorie de stabilité spatiale est plus appropriée ici.
L’étude se fait donc sur la stabilité d’une onde dans l’espace, la direction x dans notre cas,
avec une valeur fixée réelle de ω. De la même façon que précédemment, le terme de fluctuation
s’obtient de la manière suivante :

q 0 (x, r, θ, t) = q̂(r)ei((αr +iαi )x+mθ−ωt) , (I.21)

avec (αr , αi , m, ω) ∈ R4 . D’une façon similaire à l’étude temporelle, une onde se propageant
vers x → +∞ est qualifiée de spatialement stable si αi > 0, neutre si αi = 0, ou bien instable si
αi < 0.

Figure I.18 – Exemple de spectre d’un jet double flux obtenu en utilisant l’équation de
Pridmore-Brown

La Figure I.18 illustre par exemple le type de spectre, dans le plan complexe, que l’on peut
obtenir par l’intermédiaire d’une analyse de stabilité locale sur un jet double flux en utilisant
l’équation de Pridmore-Brown. Le spectre est symétrique par rapport à l’axe des réels dans
le cadre des équations d’Euler dont sont issues les équations de Pridmore-Brown. Les modes
acoustiques (en rouge et jaune) peuvent être séparés en deux catégories distinctes : les modes
évanescents et les modes propagatifs. Les modes évanescents sont regroupés autour de l’axe
des imaginaires tandis que les modes propagatifs se concentrent sur l’axe des réels. Ces modes
acoustiques sont présents du fait de la modélisation du champ lointain par les conditions aux
limites (troncature du domaine de calcul, analogue à une paroi d’un conduit fictif, voir Section
VII.1.3.2). Il ne sont pas dûs au jet en lui-même et sont donc fictifs. Ces modes acoustiques
se propagent vers la gauche (en jaune) et vers la droite (en rouge). Les modes convectifs (en
bleu) se propagent dans le sens de l’écoulement (à droite dans notre convention) et devraient
former un segment continu. Cependant, du fait de la discrétisation du problème, ce segment
l’est aussi. Enfin, les 4 modes de Kelvin-Helmholtz (KH, en vert) proviennent de la présence
des deux couches de mélange typiques des jets à double flux (voir Section I.1.1.1). En effet, les
deux points d’inflexion provoqués par ces couches de mélange sont un indice de la présence de
ces modes. Chacune de ces couches est responsable de l’apparition d’un couple de modes KH
symétrique par rapport à l’axe des réels. Ainsi, le mode se trouvant dans la partie supérieure
est stable et décroît en se propageant vers la droite. Au contraire, celui se trouvant dans la
partie inférieure est instable et va donc croître exponentiellement en se propageant. Au fur et à
32 CHAPITRE I. CONTEXTE

mesure que le gradient de vitesse à l’intérieur des couches de mélange se fera de moins en moins
fort avec la divergence du jet, ces modes se rapprocheront de l’axe des réels avant de réintégrer
le segment des modes convectifs, faisant ainsi disparaître toute instabilité 1 .
Cette analyse permet de procéder à une première étude de stabilité et elle est utilisée comme
un outil rapide et précis dans de nombreux articles [Crow et Champagne, 1971; Crighton et
Gaster, 1976; Michalke et Hermann, 1982; Michalke, 1984]. Cette méthode reste cependant
moins utilisée dans le cas des jet à double flux [Talamelli et Gavarini, 2006] même si cela devient
un cas d’étude de plus en plus important puisque plus proche des architecture actuelles des
moteurs aéronautiques utilisant un taux de dilution important. Cela est probablement dû au
fait que les limites de cette approche (i.e. la divergence du jet n’est pas prise en compte) la
rendent assez peu précise dans l’évolution axiale du jet [Crighton et Gaster, 1976].

Figure I.19 – Différentes zones du spectre permettant de déterminer la nature des ondes de
surface (source : [Rienstra, 2003])

Dans le cas des liners acoustiques, le même genre d’analyse peut être faite. Lorsqu’un
écoulement est présent dans le conduit, tout comme pour le jet, des modes évanescents,
propagatifs et convectifs apparaissent avec plus ou moins les mêmes caractéristiques que ceux
montrés dans le cas du jet (hormis le cas des modes KH qui n’apparaissent a priori pas dans un
écoulement de Poiseuille simple). Cependant, l’effet de la condition limite d’impédance apparaît
dans le spectre par un amortissement des modes propagatifs, mais aussi parfois par la création
d’ondes de surface σ. La figure I.19 reprend une classification de ces ondes faite par Rienstra
dans [Rienstra, 2003]. Ces ondes de surface peuvent être décomposées en quatre types différents.
Dans le plan complexe des nombres d’ondes α (la convention +iωt est ici utilisée), les modes
se trouvant à l’intérieur de la forme d’œuf peuvent correspondre à des ondes acoustiques de
surface se propageant à droite (σSR ) ou à gauche (σSL ). Les modes se trouvant quant à eux
en dehors de l’œuf correspondent à des modes hydrodynamiques (qui disparaissent en même
temps que l’écoulement de base) et se propagent, a priori, vers la droite. Ainsi, σHS décroît et
1. Conséquence de la symétrie : les modes KH disparaissent du spectre dès qu’il est stable puisqu’il n’y a
plus de mode instable conjugué
4. MÉTHODES NUMÉRIQUES 33

est donc stable tandis que σHI croît et est donc instable. Ce comportement instable de certaines
ondes dépend de la valeur de l’impédance imposée sur la paroi, de la fréquence (ω) et du profil
de vitesse de l’écoulement de base [Marx, 2015]. Ces ondes instables peuvent avoir un caractère
globalement ou convectivement instable selon l’équation résolue et notamment selon la prise en
compte ou non des effets visqueux [Marx et Aurégan, 2013].
L’inconvénient principal de cette méthode pour l’application aux liners acoustiques provient à
nouveau du fait de son hypothèse de milieu de propagation invariable dans l’axe de propagation.
En effet, il est impossible de prendre en compte l’effet des discontinuités présentes dans la
condition limite dans le cas d’un liner limité à une certaine zone en x et qui induit des phénomènes
de réflexion et de réfraction d’ondes. Elle permet cependant d’obtenir des informations précieuses
sur la nature des ondes se propageant dans le conduit.
Pour conclure, l’analyse de stabilité locale n’est pas une méthode particulièrement adaptée
à l’étude du bruit de jet ou de la propagation d’onde dans un conduit partiellement traité
acoustiquement. C’est, néanmoins, un outil précieux, rapide et précis permettant d’approcher
une solution sur un modèle simplifié ou bien d’en apprendre beaucoup plus sur la nature et
le comportement des ondes impliquées dans ces applications. De plus, c’est un très bon outil
permettant l’initialisation de calculs plus complexes comme les PSE (Section I.4.2.3) ou les
équations one-way (Chapitre II) par l’imposition de modes en entrée de domaine.

4.2.2 Méthodes de mode matching et de Wiener-Hopf


Les méthodes de mode matching et de Wiener-Hopf ont pour objectif de s’appliquer à des
problèmes présentant des discontinuités, notamment en calculant la quantité d’onde réfléchie et
transmise à travers une interface. Elles ne s’appliquent donc, dans le cadre de cette thèse, que
dans le cas du liner acoustique, et ses discontinuités induites par la condition d’impédance, et
non pas dans le cas du jet où les variations, s’il y en a, sont continues et assez lentes

Méthode de Mode Matching (MMM) La méthode de mode matching se base sur une
décomposition modale du problème au niveau des discontinuités. À partir de cette décomposition
et des modes présents, qui doivent faire l’objet d’une classification en fonction de leur sens de
propagation [Gabard et Astley, 2008], une condition de continuité est imposée sur certaines
variables [Gabard, 2010]. Cependant, plusieurs difficultés apparaissent dans l’expression de
cette condition. La première provient de la classification de ces modes. En effet, dans les cas
simples présentant peu de variations dans la direction transversale ou en l’absence d’onde de
surface instable, cette séparation peut être effectuée de façon assez directe. Cependant, lorsque
le spectre de l’opérateur se fait plus complexe, cette décomposition devient beaucoup moins
naturelle et nécessite une étude poussée des modes présents. De plus, la question de savoir sur
quelles variables imposer cette condition de continuité se pose encore. Les formulations les plus
courantes utilisent soit la pression et la vitesse axiale soit la conservation de la masse et de la
quantité de mouvement axiale [Gabard et Astley, 2008]. Les mécanismes présents dans ce genre
de discontinuités n’étant pas encore totalement compris, des discussions existent encore sur
l’usage d’autres conditions. Par exemple, Rienstra a montré que l’utilisation d’une condition de
Kutta au niveau de l’interface influe grandement sur la solution obtenue [Rienstra et Peake,
2005; Rienstra, 2007]. Finalement, les ondes sont transmises à travers les interfaces grâce à cette
même décomposition modale (limitant son application à des conduits ne présentant aucune
variation dans le sens de propagation). La propagation des ondes est ensuite modélisée da
part et d’autre de ces interfaces de façon itérative jusqu’à ce que la convergence soit obtenue.
Cette méthode de résolution est similaire à celle présentée dans la Section IV.3.1 à la différence
que dans cette dernière, la classification des modes se fait de façon automatique et totalement
numérique. Bien que possédant des limites d’application, la méthode de mode matching est donc
34 CHAPITRE I. CONTEXTE

couramment utilisée pour ce genre d’applications [Nennig et al., 2012; Bouley et al., 2017] et a
permis d’en apprendre plus sur le comportement des ondes à la traversée de telles discontinuités.

Méthode de Wiener-Hopf (WH) La méthode de Wiener-Hopf, développée dans l’idée


d’être appliquée aux équations intégrales présentes dans la théorie du transport de neutrons
dans les années 1930, a rapidement trouvé de nombreuses autres applications dans, par exemple,
la mécanique des fractures [Piccolroaz et al., 2007], l’électromagnétisme [Rawlins, 1997; Zich
et Daniele, 2014] et, bien entendu, dans l’aéroacoustique [Rienstra, 1984; Kisil et Ayton, 2018;
Polacsek et al., 2020]. Bien que développée indépendamment et un peu avant, la résolution des
équations de Wiener-Hopf ressemble, sur de nombreux aspects, à la résolution d’un problème de
Riemann. Une rapide explication du principe de cette méthode est faite dans la suite mais des
explications plus complètes et plus rigoureuses peuvent être trouvées dans [Noble et Weiss, 1959]
mais surtout dans [Crighton, 1977] tandis qu’une revue de ses applications les plus récentes est
disponible dans [Kisil et al., 2021].
Dans le cas d’une configuration 2D (selon x et y), sans variations pour x < 0 et x > 0, il est
possible de définir les transformées de Fourier partielles en espace (selon x, l’axe privilégié) de
cette façon :

 Z ∞
+
 P (α) =

 p(x)eiαx dx
0
Z 0 , (I.22)

P (α) = iαx
p(x)e dx


−∞

avec α ∈ C et où la variable du problème est ici la pression. Avec P + une fonction analytique
dans C+ , le demi-plan supérieur de C et P − une fonction analytique dans C− , le demi-plan
inférieur de C. En intégrant les équations (déjà passées dans le domaine fréquentiel) suivant x,
elles peuvent être écrites sous la forme suivante :

K(α)P + (α) + P − (α) = C(α) , (I.23)

où K(α) est le noyau de l’équation de Wiener-Hopf, et C(α) est une fonction analytique de
C. L’étape suivante est, classiquement, de factoriser cette fonction noyau (factorisation de
Wiener-Hopf) sous la forme suivante :

K(α) = K + (α)K − (α) , (I.24)

avec K + et K − deux fonctions analytiques de C+ et C− , respectivement. En injectant cette


factorisation dans les équations, il est ensuite possible, en définissant une fonction analytique
dans C nommée E(α), d’exprimer la solution analytique de P + et P − à un polynôme près
souvent déterminé par les conditions aux limites. L’usage d’une transformée de Fourier inverse
est ensuite nécessaire afin de retrouver l’expression finale de la solution. Cette méthode permet
de prendre en compte le caractère non-infini du conduit dans lequel est calculée la propagation
d’onde, permettant ainsi de modéliser le bruit rayonné en champ lointain à l’embouchure du
conduit [Koch, 1977]. Cependant, cette méthode souffre aussi d’un inconvénient majeur, tout
comme la méthode one-way jusqu’à récemment (voir Chapitre II), qui est qu’elle nécessite une
expression analytique des fonctions K, K + , K − , C et E ce qui, dans le cas des équations d’Euler
ou de Navier-Stokes est extrêmement compliqué, voire impossible, du fait de la complexité de
ces dernières. La méthode de Wiener-Hopf est donc cantonnée, dans le cas de l’aéroacoustique,
à la résolution des équations de Helmholtz et de Helmholtz convectées.
4. MÉTHODES NUMÉRIQUES 35

4.2.3 Équations de stabilité parabolisées (PSE)


Les équations de stabilité parabolisées ont été développées au début des années 1990
[Bertolotti et Herbert, 1991] et ont été utilisées dans un grand nombre d’articles depuis [Chang
et al., 1997; Cheung et Lele, 2009; Gudmundsson et Colonius, 2011; Cavalieri et al., 2013; Sinha
et al., 2014]. De nombreuses améliorations de la méthode ont également vu le jour au fur et à
mesure des années [Haj-Hariri, 1994; Li et Malik, 1996; Andersson et al., 1998] et sont, encore
aujourd’hui, utilisées, notamment pour des études de stabilité sur les jets et les couches limites.
Les PSE sont, en effet, fréquemment utilisées pour l’étude de la transition laminaire-turbulent
de couche limite [Chang et al., 1991] étant donné que ce phénomène et la stabilité de couche
limite sont étroitement connectés.
Les PSE sont basées sur la même hypothèse que celle utilisée dans la décomposition modale,
soit la décomposition du terme de fluctuations (Equation (I.3)) :

q 0 (x, r, θ, t) = q̃(x, r)ei(mθ − ωt) , (I.25)

avec Z x
i α(x)dx
q̃(x, r) = q̂(x, r)e x0 , (I.26)
qui exprime le fait que le nombre d’onde axial α et q̂ peuvent varier selon x. Il en découle l’ap-
parition d’une nouvelle variable pour le même nombre d’équations et donc une indétermination.
C’est pourquoi une nouvelle contrainte doit être ajoutée au système à résoudre dans le but
de lever cette indétermination. L’objectif de cette contrainte est d’assurer le fait que le terme
exponentiel capture autant que possible les variations rapides le long de l’axe de propagation et,
de ce fait, que la fonction de forme q̂ varie aussi peu que possible en x. Ainsi, en utilisant une
analyse de stabilité locale, la relation classiquement obtenue s’écrit :
R∞ ∂ ln(q 0 )
0 |q̂|2 dx
α(x) = −i R ∞ ∂x . (I.27)
0 |q̂| dx
2

En utilisant cette condition, le caractère peu variant de q̂ permet de négliger la dérivée seconde
en x présente dans les équations de Navier-Stokes. Cependant, cela a aussi pour effet de faire
ressortir seulement un mode qui est en général le mode dominant, limitant de ce fait le domaine
d’application des PSE aux cas où des interactions entre les modes n’apparaissent pas ou ont
peu d’impact sur la solution.

Figure I.20 – Simulation PSE d’un jet à M = 0.73. Contours du champ de pression (source :
[Rodríguez et al., 2012])

La Figure I.20 représente les fluctuations de pression obtenues grâce à une résolution utilisant
les PSE pour un jet à Mach M = 0.73 tirée de [Rodríguez et al., 2012]. La forme des paquets
d’ondes des fluctuations de pression peut être clairement discernée.
36 CHAPITRE I. CONTEXTE

La résolution des PSE est faite par une simple méthode de marche en espace selon x,
initialisée en x0 par une condition initiale connue. Cependant, des problèmes de stabilité
numérique ont rapidement été observés après le développement des PSE lors de l’utilisation
d’un maillage trop fin pour la discrétisation axiale [Chang et al., 1991]. Ce problème de stabilité
est dû au fait que les PSE sont mal posées lors d’une résolution par une marche en espace.
En effet, le fait que l’opérateur PSE contienne des modes se propageant vers l’amont [Li et
Malik, 1996] (les équations sont parabolisées et non pas paraboliques) nous oblige à imposer
une condition initiale pour les modes se propageant vers l’aval en entrée du domaine et une
autre condition initiale pour les autres modes en sortie du domaine de calcul. Cela n’étant pas
compatible avec une marche en espace, plusieurs méthodes de régularisation ont été mises au
point afin d’éliminer (ou de réduire) ce problème d’instabilité.

Modes se propageant vers l’amont et vers l’aval Dans le but de montrer la présence
des deux catégories de modes, un exemple basé sur les équations d’Euler linéarisées sans terme
source et dans un écoulement uniforme est utilisé. Il peut s’écrire sous la forme suivante :

∂q̂
= M q̂ . (I.28)
∂x
L’opérateur M gouverne l’évolution spatiale de q̂ et les deux catégories de modes apparaissent
en étudiant simplement les valeurs propres de M :

iαc = , (I.29)

q
±
−ū ± 1 − (1 − ū2 z 2 )
iα = iω , (I.30)
1 − ū2
avec ū la vitesse (constante) de l’écoulement de base selon x et z = ξcω∞ , où c∞ est la vitesse du
son dans l’air ambiant et ξ est le nombre d’onde transversal. La première valeur propre αc décrit
l’évolution des modes de vorticité qui sont convectés en aval à une vitesse de groupe constante ū
(il peut y avoir une multiplicité de modes dans ce cas là). Les valeurs propres α± , quant à elles,
représentent les modes acoustiques et forment des branches dans le spectre de l’opérateur M .
Ces modes traduisent la présence d’ondes acoustiques se propageant dans toutes les directions
(vers l’amont et vers l’aval) et d’ondes évanescentes qui décroissent de façon exponentielle en
x. Il peut être remarqué que dans le cas où l’écoulement de base n’est pas présent, les modes
convectifs disparaissent, contrairement aux deux autres modes.

Méthodes de régularisation L’approche PSE classique est d’amortir numériquement les


ondes acoustiques se propageant vers l’amont et rendant la résolution instable, en utilisant de
façon délibérée une intégration d’Euler implicite sur un maillage grossier. Une condition sur la
taille de maille minimum peut être obtenue :
1
∆x ≤ . (I.31)
<(α0 )

avec α0 le mode dominant propagé.


De nombreuses méthodes ont été développées dans le but d’éviter cette restriction très
limitante. Ainsi, deux façons de procéder sont couramment utilisées. La première consiste à
négliger la dérivée de la pression selon l’axe de propagation dans la fonction de forme q̂ [Chang
et al., 1991; Haj-Hariri, 1994; Li et Malik, 1996]. Cette méthode permet de réduire le pas de
maillage minimum d’un ordre de grandeur. La deuxième méthode stabilise la résolution des
5. BILAN 37

PSE par l’ajout d’un terme d’amortissement [Andersson et al., 1998]. Il permet d’effacer la
limitation sur le pas de maillage si le bon choix de paramètres est fait.
L’application des PSE à la problématique de la propagation d’ondes dans un conduit,
présentant un traitement acoustique, reste assez récente [Fava et Cavalieri, 2019]. Cela est
notamment dû au fait que les discontinuités, entraînant la réflexion et la réfraction d’ondes, ne
peuvent pas être prises en compte, de même que les variations brusques de section.
Les PSE présentent donc comme avantage d’être rapides et faciles à calculer mais elles
deviennent rapidement limitées quand le cas étudié devient plus complexe. En effet, il n’est pas
possible avec cette méthode de prendre en compte plusieurs nombres d’onde simultanément, ce
qui rend difficile la simulation dans les jet à double flux (une problématique importante de nos
jours). Un autre problème de la formulation des PSE est leur difficulté à capturer correctement
les ondes acoustiques rayonnées dans le cas des jets subsoniques, du fait de l’amortissement
présent dans le modèle permettant une résolution stable [Towne et al., 2019] et du fait que leur
longueur d’onde diffère.

5 Bilan
Le contexte applicatif dans lequel se situe cette thèse a été présenté, ainsi que les besoins
importants de nouvelles méthodes numériques. En particulier, les phénomènes, les enjeux et les
systèmes de réduction de bruit impliqués dans le bruit de jet et de soufflante ont été rapidement
expliqués. Concernant la réduction du bruit de soufflante, la présentation s’est concentrée sur
l’utilisation de liners acoustiques dans les différents conduits présents dans une turbomachine.
Il a été vu que dans ce cas, de nombreux phénomènes complexes apparaissent du fait de la
réflexion et la réfraction d’onde au niveau du bord d’attaque et de fuite du liner.
Une rapide revue (non exhaustive) de différentes approches numériques actuellement utilisées
dans le cadre de ces problématiques a également été faite. Que ce soit dans le domaine fréquentiel
ou temporel, les méthodes de résolution ont été expliquées tandis que les avantages et les limites
de chacune d’entre elles ont étés énoncés. Cela permet donc de tracer la Figure I.21 permettant
de montrer de manière directe dans quel cadre les équations one-way développées dans cette
thèse ont pour vocation de s’inscrire. La classification de ces méthodes se fait du point de vue
de l’aéroacoustique et, en particulier, au regard des applications présentées plus haut. C’est
pourquoi, des méthodes assez générales comme le mode matching ou la méthode de Wiener-Hopf,
qui ont des applications dans de nombreux domaines de la physique, de l’ingénierie ou encore
des mathématiques, présentent dans ce schéma un domaine d’application réduit.
On peut ainsi déterminer que deux approches diamétralement opposées sont couramment
utilisées :
— les modèles de haute fidélité,
— les modèles d’ordre réduit.
Les premiers tirent parti de la puissance de calcul sans cesse grandissante des ordinateurs
actuels afin de diminuer le nombre d’hypothèses faites ou de modèles utilisés, dans le but de
réduire au maximum l’impact de ces approximations sur la solution. La seconde approche utilise
des simplifications dépendant du cas étudié, afin de réduire le coût de calcul global tout en
gardant la partie pertinente de la solution. De fait, la première approche, même si elle demande
des moyens de calcul plus importants, permet également de calculer des solutions précises dans
un nombre plus important de configurations. Ces travaux de thèse s’inscrivent au sein du second
type d’approche en utilisant la méthode des équations one-way tout en essayant d’augmenter le
plus possible leur domaine de validité. L’objectif est donc de développer des solveurs rapides
pour les situations complexes décrites précédemment.
38 CHAPITRE I. CONTEXTE

DNS

LES

Analogie
Coût de calcul

Linéaire
ay
-w
ne
O

WH

MMM

LST Temporel
PSE Fréquentiel

Domaine d’application

Figure I.21 – Diagramme classant les méthodes présentées selon l’étendue de leur domaine
d’application en fonction de leur coût de calcul
Chapitre II

Équations one-way

Sommaire
1 Approche microlocale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
1.1 Opérateurs pseudo-différentiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
1.2 Construction des équations one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
1.3 Implémentation numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
2 Approche numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
2.1 Dérivation exacte des équations one-way numériques . . . . . . . . . 52
2.2 Dérivation approchée des équations one-way numériques . . . . . . . 57
3 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

Deux approches différentes pour la construction des équations one-way sont présentées dans ce
chapitre. La méthode des équations one-way vise à résoudre des problèmes de propagation d’ondes
dans de nombreux milieux et dans le domaine fréquentiel. Elle consiste, par l’intermédiaire
de différentes approches, à filtrer les ondes selon leur sens de propagation, permettant ainsi
la suppression des ondes non voulues. La baisse du nombre d’ondes propagées ainsi que la
possibilité d’une résolution locale par l’intermédiaire d’un algorithme de marche spatiale permet
ainsi de réduire le coût de calcul de manière significative par rapport à une résolution directe des
équations linéarisées dans le domaine fréquentiel. Ainsi, dans la Section II.1, les équations one-
way utilisant une approche microlocale sont présentées. Cette approche, classiquement utilisée
depuis plus de cinquante ans dans des domaines aussi variés que la géophysique, l’acoustique ou
encore l’électromagnétisme, utilise la théorie des opérateurs pseudo-différentiels, qui limite son
application à des problèmes complexes. La Section II.2 présente, quant à elle, une approche
purement numérique du problème, récemment proposée par Towne et Colonius. L’utilisation
d’une telle méthode, se servant d’une condition de non-réflexion, permet une application à
des systèmes d’équations hyperboliques généralisés et notamment aux équations d’Euler et
de Navier-Stokes. Au final, les conclusions sur les deux approches one-way présentées dans ce
chapitre sont tirées dans la Section II.3.

39
40 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY

1 Approche microlocale
L’analyse microlocale introduite par Hörmander [Hörmander, 2003] est un outil puissant
pour définir des approximations mathématiquement rigoureuses de solutions issues d’équations
aux dérivées partielles. Elle est basée sur l’étude des singularités des solutions en utilisant
l’ensemble des fronts d’onde. Il s’agit d’une double localisation des singularités : une autour
d’un point et l’autre à l’intérieur d’un cône de propagation dont l’angle dépend de la régularité
de la solution. Ces positions et ces directions déterminent les rayons le long desquels s’effectue
la propagation. En utilisant cette approche, on peut exprimer précisément en quel sens les
ondes sont approchées lorsque l’on résout les équations one-way obtenues par une procédure de
factorisation (ou de découplage) de l’opérateur de propagation associé à une direction privilégiée.
Dans cette section, ces équations one-way sont décrites en utilisant la notion d’opérateurs
pseudo-différentiels dont les bases succinctes, nécessaires à la compréhension de la méthode, sont
expliquées dans la Section II.1.1. Des notions de géométrie différentielle, notamment concernant
le domaine de validité, sont également utilisées. La factorisation d’une équation hyperbolique
générique sous sa forme one-way est ensuite faite dans la Section II.1.2. Finalement, la question
de l’implantation numérique, utilisant des notions de fonction de matrice, est abordée dans la
Section II.1.3.

1.1 Opérateurs pseudo-différentiels


La théorie des opérateurs pseudo-différentiels et le calcul symbolique associé proposent
une approche rigoureuse pour construire et définir des équations one-way caractérisant des
approximations de la propagation en présence d’une direction privilégiée. En effet, depuis les
travaux initiés par Taylor sur le découplage d’opérateurs hyperboliques du premier ordre [Taylor,
1974], nous avons une justification de l’existence de la diagonalisation de l’opérateur (à une
perturbation régularisante près) sous forme d’opérateurs pseudo-différentiels et nous avons
à disposition les bases d’un algorithme permettant la construction d’équations one-way à la
précision voulue en exploitant le calcul symbolique. Dans cette partie, nous commençons par
rappeler (Section II.1.1.1) quelques notions de base de la théorie de ces opérateurs, en particulier
leurs symboles, utilisés pour le développement analytique de la méthode. La définition de
certaines règles de calcul et de manipulation de tels opérateurs est également faite dans les
sections suivantes. Ainsi, le développement asymptotique d’un opérateur est abordé dans la
Section II.1.1.2 tandis que le produit de deux opérateurs et la recherche d’un inverse d’opérateur
sont explicités dans les Sections II.1.1.3 et II.1.1.4, respectivement. Pour une présentation
complète de cette théorie, nous renvoyons le lecteur, par exemple, aux ouvrages [Taylor, 1974;
Hörmander, 2003; Alinhac et Gérard, 2012].

1.1.1 Les opérateurs et leurs symboles


Ces opérateurs sont définis à partir de la transformée de Fourier qui s’exprime :
Z
(Ff )(ξ) = f (y)e−iξ·y dy , (II.1)

avec f ∈ C0∞ (Ω), et ξ la variable duale de y dans l’espace de Fourier.


Un opérateur pseudo-différentiel P agissant sur f a alors pour définition formelle :
1 Z
P f (y) = σ (P ) (y, ξ) (Ff ) (ξ) eiξ·y dξ , (II.2)
(2π)n
où la fonction σ(P ) ∈ C ∞ (Ω × Rn ) est appelée le symbole de l’opérateur P et Ω est un
sous-domaine de Rn .
1. APPROCHE MICROLOCALE 41

Ce symbole est dit de classe S m , avec m ∈ Z, si pour tous indices (α, β) ∈ Z2 et pour tout
sous-ensemble compact K ⊂ Ω, il existe une constante CK telle que :

∂yα ∂ξβ σ (P ) (y, ξ) ≤ CK (1 + |ξ|)m−|β| , (II.3)

où ∂yα et ∂ξβ sont les opérateurs de différentiation selon y et ξ, à l’ordre α et β, respectivement.

Remarque 1. Si p est un symbole d’opérateur de classe S m avec m ∈ Z, alors le symbole


∂yα ∂ξβ p est de classe S m−|β|

Remarque 2. Si p et q sont deux symboles d’opérateurs de classe S m et S n avec (m, n) ∈ Z2 ,


respectivement, le symbole pq est alors de classe S m+n .

Il est possible d’illustrer cette définition par l’exemple simple où l’opérateur pseudo-différentiel
P est une dérivée selon yk . Dans ce cas-là, l’opérateur P s’écrit :

P = . (II.4)
∂yk

Il est associé au symbole de classe S 1 défini par :

σ(P ) = iξk . (II.5)

Nous avons bien :


∂f 1 Z
P f (y) = (y) = iξk (Ff ) (ξ) eiξ·y dξ . (II.6)
∂yk (2π)n
Si p(x, ξ) ∈ S m , alors on dira que l’opérateur associé, P , est d’ordre m et l’ensemble de ces
opérateurs sera noté OP S m .

Remarque 3. Il est à noter que les symboles d’opérateur abordés ici sont un cas particulier
m
des symboles faisant partie de la classe Sρ,δ , où ρ, δ ∈ R [Taylor, 1974] : ils correspondent aux
paramètres ρ = 1 et δ = 0.

Le symbole de l’opérateur pseudo-différentiel P sera dorénavant noté par la même lettre en


minuscule p.
Une propriété importante de ces opérateurs est que si p ∈ S m , alors l’opérateur pseudo-
différentiel d’ordre m associé est un opérateur continu vérifiant :

P : C0∞ (Ω) → C ∞ (Ω) (II.7)


dont l’action peut être étendue à l’espace des distributions à support compact E 0 (Ω) sous forme
de l’opérateur continu suivant :
P : E 0 (Ω) → D0 (Ω) . (II.8)

1.1.2 Développement asymptotique d’un symbole


L’expression du symbole d’un opérateur peut faire l’objet d’un développement asymptotique,
permettant son écriture sous la forme d’une somme de symboles d’ordre inférieur ou égal. Soit
pj ∈ S Mj une famille de symboles d’ordre Mj avec lim Mj = −∞ et pour j ∈ N. Alors, il
j→+∞
M0
existe un symbole p ∈ S tel que, pour tout N > 0 :
N −1
pj ∈ S M N .
X
p− (II.9)
j=0
42 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY

Lorsque la propriété (II.9) est vérifiée, on écrit :


X
p∼ pj . (II.10)
j≥0

Dans cette thèse, les opérateurs mis en jeu sont a priori classiques, c’est à dire que leur symbole
admet un développement asymptotique de la forme suivante : soit p ∈ S m ,
+∞
X
p(y, ξ) ∼ χ(ξ) pm−j (y, ξ) (II.11)
j=0

où χ ∈ C ∞ (Rn ) vérifie : χ(ξ) = 1 si kξk ≥ 1 et χ(ξ) = 0 si kξk ≤ 0.5 et pm−j ∈


C ∞ (Ω × (Rn \ {0})) est une fonction positivement homogène en ξ d’ordre m − l i.e.

pm−j (y, t ξ) = tm−j pm−j (y, ξ), ∀t > 0.

La fonction pm étant le symbole de plus haut ordre dans ce développement asymptotique,


elle est appelée le symbole principal de p. Ce dernier sera aussi noté σp (P ). L’existence de ce
type de décomposition permet d’accéder à des approximations du symbole et donc de l’opérateur
lui-même en ne calculant que les premiers termes pm−j du développement. Cela permet, entre
autres, de proposer des modèles réduits/simplifiés pour réduire le coût de simulations numériques
ou construire des préconditionneurs analytiques permettant d’accélérer certains solveurs itératifs
ou encore d’obtenir une approximation de p quand celui-ci est trop complexe à exprimer.

1.1.3 Composition d’opérateurs


Soient P et Q deux opérateurs pseudo-différentiels de symbole σ(P ) = p et σ(Q) = q
et d’ordre m et n, respectivement (i.e. P ∈ OP S m , Q ∈ OP S n ). Leur composition est un
opérateur pseudo-différentiel d’ordre m + n. Le symbole de cet opérateur P Q est noté p#q et il
vérifie la relation :

1
∂ξk p(y, ξ) ∂yk q(y, ξ) ∼ p(y, ξ) q(y, ξ) + ∂ξ p(y, ξ) ∂y q(y, ξ) + r(y, ξ) , (II.12)
X
p#q(y, ξ) ∼
k=0 k!

où r(y, ξ) est un symbole d’ordre m + n − 2 et la relation p1 ∼ p2 , avec p1 et p2 deux symboles,


traduit le fait que p1 − p2 ∈ S −∞ .
Rappelons qu’un symbole p est de classe S −∞ si, pour tout N , il existe une constante C > 0
telle que :

∂yα ∂ξβ p(y, ξ) ≤ C(1 + |ξ|)−N . (II.13)


et l’opérateur associé à ce symbole, P , appartient donc à OP S −∞ .
Finalement, on peut déduire de cette relation que le symbole principal de P Q est le produit
des symboles principaux de P et Q, c’est à dire :

σp (P Q) = σp (P ) σp (Q) = pm qn (II.14)

1.1.4 Paramétrice d’un opérateur


Lors de la manipulation des équations one-way et de leur résolution, l’inverse d’un opérateur
pseudo-différentiel peut apparaître. Plutôt que de déterminer une expression exacte de cet
inverse, qui peut être complexe à former, une approximation de cet opérateur est, en général,
utilisée. Cette approximation porte le nom générique de paramétrice.
1. APPROCHE MICROLOCALE 43

Soit P ∈ OP S m et Q ∈ OP S −m deux opérateurs pseudo-différentiels. On dit que Q est une


paramétrice de P si et seulement si P Q − I et QP − I sont des opérateurs pseudo-différentiels
d’ordre strictement plus petit que 0. Ici, I désigne l’opérateur identité.
Par exemple, soit Q l’opérateur défini par :
1 Z
Qf (y) = n
q(y, ξ)(Ff )(ξ)eixξ dξ , (II.15)
(2π)
1
avec q(y, ξ) = pm (y,ξ) pour |ξ| suffisamment grande. En multipliant cette expression par l’opéra-
teur P , on obtient :
1 Z
P Qf (y) = (p#q) (y, ξ)(Ff )(ξ)eixξ dξ . (II.16)
(2π)n

En utilisant la règle de composition introduite dans la Section II.1.1.3, on peut donc écrire :

!
1 1
∂ξk p(y, ξ) ∂yk q(y, ξ) ∼ 1 + O
X
(p#q) (y, ξ) ∼ p(y, ξ)q(y, ξ) + (II.17)
k=1 k! |ξ|
On en déduit donc que :
PQ = I + R , (II.18)
avec R un opérateur pseudo-différentiel d’ordre n ≤ −1. Un résultat similaire peut être obtenu
pour la composition QP et Q est donc une paramétrice de P . On peut bien évidemment aussi
améliorer la qualité de la paramétrice en définissant q à partir d’une approximation plus fine de
p. Dans ce cas, l’opérateur R verra son ordre diminuer en conséquence. Cet opérateur R peut
donc être vu comme le résidu pouvant être tronqué à l’ordre de précision désiré.

1.1.5 Commutateur d’opérateurs


Le commutateur entre deux opérateurs pseudo-différentiels est une structure qui apparaît
fréquemment lors des développements impliquant des opérateurs pseudo-différentiels.
Soient P ∈ OP S m et Q ∈ OP S n deux opérateurs pseudo-différentiels. Le commutateur de
ces deux opérateurs est noté [P, Q] et est défini par :

[P, Q] = P Q − QP . (II.19)
En appliquant une nouvelle fois la règle de composition des opérateurs, il vient en terme de
symboles d’opérateurs :

σ ([P, Q]) = p(y, ξ) q(y, ξ) + ∂ξ p(y, ξ) ∂y q(y, ξ) − q(y, ξ) p(y, ξ) − ∂ξ q(y, ξ) ∂y p(y, ξ) + r(y, ξ) ,
(II.20)
m+n−2
avec r(y, ξ) le symbole résidu de classe S . Les symboles pouvant commuter entre eux, les
symboles p et q s’annulent, ne laissant comme symbole principal du commutateur que leurs
dérivées selon ξ ou x. De ce fait, l’opérateur [P, Q] est donc d’ordre m + n − 1.

1.2 Construction des équations one-way


Dans cette partie, la construction classique de l’approximation one-way utilisant une analyse
microlocale est rappelée. Cette approche a été intensivement utilisée et améliorée dans de
nombreux domaines d’application comme la géophysique [Claerbout, 1971; Angus, 2014],
l’acoustique ou encore l’électromagnétisme [Antoine et Barucq, 2001] pendant plus de cinquante
ans. Cependant, peu importe l’application physique finale, la construction des systèmes one-way
44 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY

se base toujours sur les mêmes principes [Halpern et Trefethen, 1988]. Pour illustrer la dérivation
de telles équations, nous allons donc nous baser sur un système général d’équations linéaires et
hyperboliques pouvant s’écrire sous la forme :

∂q ∂q d−1
X ∂q
+ A(x, y) + Bj (x, y) + C(x, y)q = 0. (II.21)
∂t ∂x j=1 ∂yj
Dans ce cas, l’axe x sera considéré comme la direction privilégiée (i.e. la direction de
propagation des ondes) selon laquelle les équations seront parabolisées puis résolues. La variable
y = {y1 , y2 , ..., yd−1 } représente les composantes transverses dans ce problème en dimension d.
Ainsi, l’inconnue q(x, y, t) est une fonction vectorielle tandis que A, B et C sont des fonctions
matricielles dépendant à la fois de x et de y mais qui sont supposées indépendantes de la
variable en temps.
Une transformée de Fourier en temps est appliquée sur l’équation (II.21) afin de pouvoir la
résoudre dans le domaine fréquentiel. La variable duale du temps t est notée ω. En supposant
la matrice A inversible ou diagonalisable, les système (II.21) peut s’écrire sous la forme :

∂q
= M (x, y, Dy , ω) q , (II.22)
∂x
 
où Dy := ∂y1 /i, ..., ∂yd−1 /i .
Le symbole m de l’opérateur M est :
 
d−1
m(x, y, ξ, ω) = −A−1 iω I +
X
Bj (iξj ) + C  (II.23)
j=1

Remarque 4. L’hypothèse d’inversibilité de la matrice A peut être affaiblie et la gestion d’un


tel cas est abordée dans la Section III.1.4.

En supposant que l’opérateur d’ordre 1 ∂x − M est strictement hyperbolique, le résultat


suivant peut s’appliquer [Taylor, 1974; Antoine et Barucq, 2001] : ∃V = V (x, y, Dy , Dt ) ∈ OP S 0
un opérateur inversible tel que w = V q (micro-localement) où w = (w+ , w− ) est solution de :
! ! !
∂ w+ Λ+ 0 w+
= (micro-localement) , (II.24)
∂x w− 0 Λ− w−
où Λ± sont des opérateurs
 pseudo-différentiels
 diagonaux d’ordre 1 dont le symbole principal est
   
de la forme diag λ±
1,j avec λ±
1,j les valeurs propres non nulles du symbole
j=1,...,N ± j=1,...,N ±
principal m1 de M , classées selon leur sens de propagation.
L’égalité au sens "micro-localement" ainsi que la classification des valeurs propres selon
leur sens de propagation découlent directement de la notion de front d’onde des distributions,
introduite par Hörmander (voir par exemple [Hörmander, 2003]). Afin de mieux comprendre
en quoi consiste le front d’onde d’une distribution, nous introduisons dans un premier temps
le support singulier de cette dernière. Ce support singulier n’est autre que le complément de
l’ensemble ouvert sur lequel la fonction u est régulière.
Le support singulier de u ne donnant des informations que sur l’endroit où se trouvent les
singularités de la distribution, l’ensemble front d’onde affine cette information. Ce dernier inclue
des données sur les directions le long desquelles ces singularités se produisent et permet d’en
savoir plus sur les hautes fréquences à l’origine de ces singularités. L’ensemble front d’onde
W F (u) associé à une distribution u peut être caractérisé par :
\n o
W F (u) = char P : P ∈ OP S 0 , P u ∈ C ∞ , (II.25)
1. APPROCHE MICROLOCALE 45

où l’ensemble caractéristique d’un opérateur pseudo-différentiel P d’ordre m est défini par :

char P = {(y, ξ) ∈ (Rn × Rn ) \ {0} : pm (y, ξ) = 0} . (II.26)


L’ensemble W F (u) est un sous-ensemble conique fermé de Rn ×Rn : (y, ξ) ∈ W F (u) implique que
(y, λξ) ∈ W F (u) pour ∀λ > 0. On dit que f = g microlocalement sur I si W F (f − g) ∩ I = ∅.
De plus, si A ∈ OP S m et u ∈ E 0 (Ω) (ou u ∈ D0 (Ω) si A est "Properly supported"), on
a W F (Au) ⊂ W F (u) ⊂ char(A) ∪ W F (Au). Dans notre cas, on cherche des solutions de
l’équation (II.21) qui est de la forme P q = 0 avec P ∈ OP S 1 et donc, on a immédiatement que
W F (q) = char(P ). Les singularités de q sont donc dans l’ensemble caractéristique de P et cet
ensemble est invariant sous les déplacements le long des trajectoires du système hamiltonien
associé à p1 . Les singularités vont en fait se propager le long des bi-caractéristiques contenues
dans char(P ). L’étude de ces trajectoires permet de trier localement les ondes suivant leur sens
de propagation et de proposer des modèles décrivant leur propagation : les équations one-way.
L’approche classique pour construire un modèle one-way pour la propagation suivant x > 0
consiste à prendre une approximation V0 de l’opérateur V et à garder uniquement la partie de

Λ+ associée au symbole principal ; wow = (wow +
, wow ) devient donc solution de :
 +
 ∂wow = Λ+ +
1 wow

∂x . (II.27)



wow = 0
La résolution des équations one-way se fait donc itérativement le long de l’axe x en formant
les opérateurs V0 et Λ+1 en chaque point du maillage en x et en partant d’une condition initiale
donnée.

Remarque 5. Le changement de variable se fait donc en utilisant les opérateurs approchés et


s’écrit donc wow = V0 q tandis que le retour dans l’espace de base devient qow = U0 wow avec
U0 la paramétrice de V0 telle que V0 U0 = I + R avec I l’opérateur identité et R un opérateur
régularisant d’ordre inférieur. On obtient au final un résultat physique qow approché du résultat
exact q par l’intermédiaire de l’approximation des opérateurs de projection et des valeurs propres
Λ+1.

Ainsi, la première partie du système (II.24) est directement approchée tandis que la deuxième

est remplacée par la condition one-way wow = 0 permettant de supprimer du calcul les ondes
se propageant dans le sens opposé. Afin de former ce système, l’hypothèse selon laquelle les
opérateurs pseudo-différentiels impliqués ne dépendent pas de la variable axiale (les coefficients
ont été fixés à leur valeur en x) induit une limitation dans l’application de la méthode one-way
classique concernant les variations du milieu de propagation selon la direction privilégiée. Cette
formulation des équations one-way correspond donc à une version classiquement utilisée depuis
de nombreuses années et qui a été mise au point, à l’origine, par [Claerbout, 1971], pour garantir
la bonne restitution de la longueur d’onde et du temps de propagation de l’onde, même à travers
des matériaux hétérogènes. Au contraire, l’amplitude de l’onde provenant d’un tel modèle n’est
pas restituée avec précision, du fait de l’utilisation d’opérateurs pseudo-différentiels localement
constants selon x, mais également parce-que d’autres phénomènes plus complexes apparaissent
avec la réflexion et la réfraction d’ondes (voir Section IV.1). De par le fait que les équations
one-way sont résolues selon une seule direction, elles ne peuvent pas prendre en compte les ondes
réfléchies dont le sens de propagation est modifié. Cependant, de nombreux modèles d’équation
dits true amplitude one-way ont été développés [Zhang et al., 2005; Stolk, 2004; Barucq et al.,
2008] avec comme objectif de pouvoir au mieux capturer l’effet de la réfraction de l’onde qui
change donc son axe de propagation sans pour autant sortir du cône de propagation. Ce cône de
propagation correspond au cône dans lequel la propagation de l’onde est bien capturée. Selon la
46 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY

qualité de l’approximation one-way, ce cône peut aller jusqu’à 180◦ autour de l’axe privilégié
[Tappert, 1977; Halpern et Trefethen, 1988; Collins et Westwood, 1991]. Cependant, l’usage
de telles méthodes comme les équations true amplitude one-way impose des développements
analytiques des différents opérateurs pseudo-différentiels encore plus sophistiqués, rendant leur
application à des systèmes d’équations plus complexes comme les équations d’Euler ou de
Navier-Stokes très difficile, voire impossible.
L’opérateur Λ+1 est généralement, à ce niveau-là, un opérateur pseudo-différentiel qui prend
la forme de la racine carrée d’un opérateur, possédant par là-même un caractère non local
(dans les directions transverses). En effet, son expression provient directement de la relation
de dispersion inhérente au système d’équation résolu. Ainsi, une discrétisation directe de cet
opérateur peut être complexe à obtenir et le coût de calcul induit peut également rapidement
grimper à mesure que le nombre de degrés de liberté augmente dans les directions transverses.
C’est la raison pour laquelle la résolution numérique de ces équations one-way se base sur la
construction d’approximations d’ordre élevé en utilisant, par exemple, des approximants de
Padé afin de former les opérateurs V0 et Λ+ 1 . La présentation de telles méthodes fait donc l’objet
de la section suivante.

1.3 Implémentation numérique


Afin de résoudre les équations one-way issues de l’analyse microlocale, une discrétisation
du problème doit être faite. Ainsi, les plans de maillage selon x seront résolus les uns après les
autres par un algorithme de marche en commençant par une initialisation avec un ensemble de
données initiales. En chacun de ces points x, la discrétisation dans les dimensions transverses
entraîne le fait que les opérateurs pseudo-différentiels utilisés jusqu’à présent prennent la forme
de matrices discrétisées dont les dimensions dépendent directement du nombre de points de
discrétisation présents dans les directions transverses. Ainsi, la résolution ne se fait plus par la
manipulation directe des expression analytiques de ces opérateurs pseudo-différentiels mais par
le biais de matrices représentant la version discrétisée de ceux-ci.
L’équation (II.27) devant être résolue présente donc un opérateur Λ+ 1 dont l’expression
provient de la relation de dispersion de l’équation. La plupart du temps, cette relation implique
l’utilisation de la racine carrée d’un opérateur. Cependant, dans le cas de la résolution numérique
de ces équations, cette fonction de racine carrée ne s’applique plus à un opérateur pseudo-
différentiel mais à son équivalent discrétisé qui prend la forme d’une matrice. On cherche donc
à trouver la matrice B racine carrée de A telle que BB = A. L’application d’une telle fonction
à une matrice n’est donc pas triviale et nécessite des méthodes de décomposition dont certaines
sont présentées dans la Section II.1.3.1 tandis que les techniques d’approximation ayant pour
objectif de réduire le coût induit sont présentées dans la Section II.1.3.2.

1.3.1 Calcul direct de la matrice racine carrée

De nombreuses méthodes de calcul direct permettent d’obtenir la racine carrée d’une matrice
en utilisant différentes façons de décomposer la matrice (Jordan, Schur...) [Higham, 1987]. La
plus utilisée de ces méthodes est celle de Schur qui utilise une décomposition de Schur afin de
simplifier le problème en cherchant la racine carrée d’une matrice triangulaire supérieure. Cette
méthode (et d’autres) est expliquée en détails dans l’excellent ouvrage de Higham [Higham,
2008]. On se place ici dans le cas où la matrice dont on cherche la racine carrée est non
singulière. Un traitement particulier doit être appliqué dans le cas où cette matrice présente des
singularités, mais il ne sera pas détaillé dans ce manuscrit. Soit A ∈ Cn×n une matrice carrée et
non singulière ; elle peut être décomposée de la façon suivante :
1. APPROCHE MICROLOCALE 47

A = QU Q−1 , (II.28)
où Q est une matrice unitaire, sa matrice inverse Q−1 est donc aussi sa matrice adjointe Q∗
et U est une matrice triangulaire supérieure. Soit sqrt(A) la racine carrée principale de A ; on
cherche donc à calculer cette matrice sous la forme :

sqrt(A) = Qsqrt(U )Q∗ . (II.29)


Le problème revient donc à trouver la racine carrée principale de la matrice U , qui est
triangulaire supérieure. En notant V = sqrt(U ), une matrice elle aussi triangulaire supérieure,
la méthode de Schur consiste à résoudre le système suivant :

vii2 = uii
j−1
X
(vii + vjj )vij = uij − vik vkj , (II.30)
k=i+1

en commençant par obtenir les valeurs sur la diagonale de V puis les valeurs extra-diagonales.
√ √
Il existe cependant une restriction selon laquelle uii = ujj ⇒ uii = ujj et qui impose donc
6 0, étant donné que les valeurs vii sont elles-mêmes non-nulles. Cette condition
que vii + vjj =
permet d’assurer que toutes les valeurs de V puissent être déterminées.
Une amélioration de cette méthode utilisant une résolution par blocs de la méthode de
Schur a notamment été mise au point [Deadman et al., 2013] et permet de réduire de façon
importante le temps de calcul induit. C’est cette méthode-là qui a, notamment, été implantée
dans la fonction sqrtm de MATLAB et qui sera utilisée comme résultat de référence pour la
méthode one-way dans la Section III.3. Cependant, ce genre de méthodes reste, dans les cas
d’applications réels, trop coûteux en terme de coût de calcul du fait des dimensions importantes
des matrices à manipuler. C’est pourquoi des méthodes d’approximation de cette matrice racine
carrée sont employées, permettant ainsi une réduction drastique de ce coût.

1.3.2 Approximation de la matrice racine carrée


La plupart des méthodes menant à une approximation de la matrice racine carrée utilisent
un processus itératif afin de se passer d’une décomposition coûteuse. La méthode de Newton
est un exemple classique de ce genre de processus. Cette méthode se base sur le fait que si l’on
cherche X 2 = A avec X la matrice racine carrée de A et en définissant Xk une approximation
de cette matrice, on peut trouver Xk + E = X avec E une matrice restant à déterminer. On
peut donc écrire :

A = (Xk + E)2 = Xk2 + Xk E + EXk + E 2 . (II.31)


En négligeant le terme E 2 , on peut obtenir la méthode de Newton qui s’écrit donc dans ce
cas :

X E + Ek Xk = A − Xk2

 k k


Xk+1 = Xk + Ek k = 0, 1, 2, ... . (II.32)



X0 donné
La résolution de ce système demande l’application d’une décomposition de Schur. Cela
rend cette méthode, dans l’état, bien plus coûteuse qu’une simple méthode de Schur qui ne
demande qu’une seule décomposition. Cependant, il est possible de montrer que pour tout k,
48 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY

Xk commute avec A. Cela entraîne également que Xk et Ek peuvent également commuter entre
eux, permettant d’écrire la résolution de Newton sous la forme :
1
 
X = Xk + Xk−1 A

k+1
2 k = 0, 1, 2, ... . (II.33)
X = A

0

Le fait d’imposer X0 = A est une des hypothèses les plus classiques avec X0 = I la matrice
unité. Ce système peut donc être itéré à partir de l’hypothèse de base jusqu’à ce que la
convergence soit estimée suffisante. Cette méthode a, au fil des années, fait l’objet de nombreux
développements aboutissant à de nombreuses variantes [Denman et Beavers, 1976; Cheng et al.,
2001], chacune avec leurs avantages et inconvénients en terme de coût de calcul, de stabilité ou
encore de vitesse de convergence [Higham, 2008].
L’action de cet opérateur de type racine carrée est aussi fréquemment approchée en utilisant
des fractions rationnelles dans le cas des équations paraboliques telles que les équations one-way.
La méthode la plus utilisée est celle des approximants de Padé, qui utilise une série de coefficients
afin de former la fonction rationnelle permettant l’approximation. Dans le cadre des équations
one-way,√ le symbole de l’opérateur pseudo-différentiel recherché peut s’écrire sous la forme
+
λ1 = A 1 + z avec A un coefficient et z un symbole d’opérateur. Une approximation de Padé
classique de ce dernier [Brezinski, 2002] s’écrit sous la forme :
N
!
an z X
RN (z) = A 1 + , (II.34)
n=1 1 + bn z

avec RN (z) l’approximation de λ+


1 et an et bn des coefficients réels définis par :

2 nπ nπ
   
an = sin2 et bn = cos2 . (II.35)
2N + 1 2N + 1 2N + 1
L’approximation de Padé développée ici présente, dans le plan complexe, une branche
de coupure le long de l’axe réel négatif à partir de z = −1. Cette formulation classique de
l’approximation de Padé, utilisée pour la résolution d’équation one-way [Bamberger et al.,
1988], a pour défaut d’appliquer l’axe des réels sur lui même. Cela engendre, dans le cas de
l’acoustique, une mauvaise prise en compte des valeurs propres proches de l’axe des imaginaires
(modes évanescents) [Collins, 1991] ou encore des instabilités prenant la forme d’ondes ayant
une augmentation d’amplitude exponentielle quand celles-ci devraient rester négligeables dans
les milieu élastiques [Wetton et Brooke, 1990]. L’introduction de coefficients complexes en lieu
et place des coefficients réels définis par l’équation (II.35) a ainsi mené à une meilleure prise en
compte des valeurs propres complexes, effaçant ainsi les problèmes de stabilité de la méthode.
Introduite par Collins [Collins, 1991], cette méthode a été améliorée [Milinazzo et al., 1997]
et permet une rotation de branche faisant s’éloigner la branche de coupure de l’axe des réels
négatifs, améliorant de ce fait la convergence de l’approximation. C’est cette version améliorée
qui est présentée ci-dessous et qui sera utilisée dans la Section III.3 pour la comparaison de
l’approche microlocale avec les autres méthodes utilisées pour la résolution de l’équation des
ondes sous sa forme one-way.
Ainsi, il est possible d’obtenir une approximation de l’opérateur racine carrée avec un axe
de coupure le long de z = −1 + rei(π+θ) avec r > 0 en le réécrivant sous la forme :

q
λ+
1 (z) = Ae
2 (1 + z)e−iθ , (II.36)
que l’on peut remettre sous sa forme originelle de la façon suivante :

q √
λ+
1 (z) = Ae 2 1 + [(1 + z)e−iθ − 1] = Ae 1 + ze , (II.37)
1. APPROCHE MICROLOCALE 49

102 10−2

101 10−5
Erreur

Erreur
100 10−8

10−1 10−11

10−2 10−14
−3 −2.5 −2 −1.5 −1 −1 −0.5 0 0.5 1
z z
(a) N = 2 et z ∈ [−3, −1] (b) N = 2 et z ∈ [−1, 1]
0
10
102

101 10−4

100
Erreur

Erreur

10−8
−1
10

10−2 10−12

10−3
10−16
−3 −2.5 −2 −1.5 −1 −1 −0.5 0 0.5 1
z z
(c) N = 4 et z ∈ [−3, −1] (d) N = 4 et z ∈ [−1, 1]

101 10−4

10−1
Erreur

Erreur

10−8
10−3
10−12
−5
10

10−7 10−16
−3 −2.5 −2 −1.5 −1 −1 −0.5 0 0.5 1
z z
(e) N = 8 et z ∈ [−3, −1] (f) N = 8 et z ∈ [−1, 1]

Figure II.1 – Comparaison de convergence de la méthode d’approximation de Padé classique


( ) et avec rotation de branche ( ) sur les deux segments z ∈ [−3, −1] et z ∈ [−1, 1] avec
θ = 90◦
50 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY


avec Ae = Ae 2 et ze = (1 + z)e−iθ − 1. En appliquant l’approximation (II.34) sur cette forme
modifiée de l’opérateur, on obtient :
N
!
an ze
λ+
X
1 (z) ≈ RN,θ (ze) = Ae 1 + (II.38)
n=1 1 + bn z
e

La Figure II.1 reprend des résultats des approximations de Padé classique (équation (II.34))
et avec la rotation de branche (équation (II.38)). Les colonnes de gauche et de droite représentent
l’erreur obtenue dans ces deux cas pour un nombre de coefficients N allant de 2 à 8. La partie
de gauche se concentre sur le segment où z ∈ [−3, −1] se trouve sur la branche de coupure de
la méthode classique, qui est la demi-droite ] − ∞, −1]. La méthode utilisant une rotation de
branche avec θ = 90◦ ne semble pas affecté par ce positionnement de z, étant donné que l’erreur
diminue rapidement avec l’augmentation de N . Ce n’est pas le cas pour la méthode classique,
où on retrouve bien la très faible, voire l’absence de convergence dans cette zone, illustrant ainsi
les problèmes de stabilité rencontrés dans le cas des équations one-way avec cette résolution. En
effet, dans le cas de l’acoustique et de l’aéroacoustique, de nombreux modes peuvent se trouver
au niveau de cet axe, dégradant de ce fait la convergence de l’approximation. La partie droite
de cette figure montre, quant à elle, les mêmes résultats mais pour z ∈ [−1, 1]. Ainsi, on peut
voir que les résultats de l’approximation classique sont meilleurs que ceux présentant la rotation
de branche. Cependant, les erreurs obtenues par la version améliorée restent tout de même
remarquablement faibles et elles continuent de baisser significativement lorsque N augmente.
Cependant, l’utilisation d’une méthode présentant une rotation de branche ne fait pas pour
autant complètement disparaître ce problème. En effet, un angle θ = 90◦ est particulièrement
adapté pour le cas présenté ci-dessus, avec z ∈ [−3, −1], étant donné que la branche de coupure
de la version modifiée se retrouve alors parallèle à l’axe des imaginaires et passant par z = −1.
Ainsi, le seul endroit où z se trouve en contact avec la branche de coupure est lorsque z = −1.
Pour le reste des valeurs, la branche de coupure est rapidement assez éloignée pour ne pas
perturber le résultat. C’est pourquoi la Figure II.2 représente les mêmes mesures d’erreur mais
cette fois-ci pour z ∈ [−1 − 2i, −1 + 2i]. De cette façon, les valeurs de z se trouvent directement
sur la branche de coupure de la version modifiée afin de déterminer le comportement de la
solution dans ce cas-là. On peut ainsi voir directement, sur la partie gauche, que la version
classique des approximants de Padé se comporte très bien, avec une bonne convergence même
avec un petit nombre de coefficients, du fait de la proximité moins importante de la branche de
coupure (sauf en z = −1). Concernant la version avec rotation de branche, son comportement
se retrouve être exactement le même que la version classique dans le cas précédent. Ainsi, la
convergence n’a pas lieu lorsque l’on augmente le nombre N de coefficients. Pour ce qui est
de la partie droite, comme prévu, la version classique et la version modifiée se comportent
correctement avec une bonne convergence de l’erreur pour les deux approximations. Au final,
dans ce cas, les comportements des deux méthodes se trouvent échangés du fait que la version
modifiée est exactement dans le même cas de figure que la version classique dans le cas précédent.
La même conclusion peut donc être tirée dans l’autre sens. Ainsi, les deux versions sont similaires
et la rotation de branche n’affecte donc que la position de cette branche de coupure sans dégrader
la méthode dans les autres cas de figures.
Ainsi, au vu de ces résultats, le choix du paramètre θ pour l’approximation des équations
one-way dans le cas de l’équation des ondes (Section III.3) est de 60◦ . En effet, pour ce genre
d’équations, les nombres d’onde spatiaux des modes évanescents et acoustiques présents se
trouvent directement sur l’axe des imaginaires et des réels, respectivement. Avec θ = 90◦ , les
modes évanescents seraient donc assez proches de cette branche de coupure, et cela quelle que
soit leur amplitude. Une valeur θ = 60◦ est un bon compromis qui permet une convergence
rapide sur ces deux types de modes sans souffrir de la baisse de précision due à la branche de
coupure.
1. APPROCHE MICROLOCALE 51

102 10−2

101 10−5
Erreur

Erreur
100 10−8

10−1 10−11

10−2 10−14
−2 −1.5 −1 −0.5 0 0 0.5 1 1.5 2
=(z) =(z)
(a) N = 2 et z ∈ [−1 − 2i, −1] (b) N = 2 et z ∈ [−1, −1 + 2i]
0
10
102

101 10−4
100
Erreur

Erreur

10−8
−1
10

10−2 10−12

10−3
10−16
−2 −1.5 −1 −0.5 0 0 0.5 1 1.5 2
=(z) =(z)
(c) N = 4 et z ∈ [−1 − 2i, −1] (d) N = 4 et z ∈ [−1, −1 − 2i]

101
10−4

10−1
Erreur

Erreur

10−8
10−3
10−12
10−5

10−7 10−16
−2 −1.5 −1 −0.5 0 0 0.5 1 1.5 2
=(z) =(z)
(e) N = 8 et z ∈ [−1 − 2i, −1] (f) N = 8 et z ∈ [−1, −1 + 2i]

Figure II.2 – Comparaison de convergence de la méthode d’approximation de Padé classique


( ) et avec rotation de branche ( ) sur les deux segments z ∈ [−1−2i, −1] et z ∈ [−1, −1+2i]

avec θ = 90
52 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY

Bien que présentant de nombreux avantages, comme une convergence rapide, un coût de
calcul faible et une implémentation facile, ce genre de méthode d’approximation souffre d’une
limitation dans le cas d’équations plus complexes, venant du fait que l’expression de l’opérateur
pseudo-différentiel à approcher doit être explicite. Cela empêche donc sa mise en place comme
solution viable pour la résolution des équations d’Euler ou de Navier-Stokes dans leur forme
one-way. Le même inconvénient s’applique aux autres méthodes d’approximation qui n’ont pas
été explicitées dans cette section, comme une interpolation sur des points de Chebyshev ou une
approximation de moindres carrés [Halpern et Trefethen, 1988].

2 Approche numérique
Depuis quelques années, Towne et Colonius ont développé une approche des équations one-
way de façon complètement numérique [Towne et Colonius, 2015; Towne, 2016], ne faisant donc
pas appel à la formulation analytique des opérateurs pseudo-différentiels qui reste nécessaire
dans le cas de l’approche microlocale. Cela a pour avantage de rendre la construction des
équations one-way totalement générique, permettant donc d’étendre son domaine d’application
à des équations bien plus complexes comme les équations d’Euler ou de Navier-Stokes [Rigas
et al., 2017b; Kamal et al., 2020]. La méthode utilisée pour obtenir ces équations one-way
sert de base à la nouvelle formulation présentée dans ce manuscrit. La dérivation exacte des
équations one-way, sous leur forme discrétisée, est présentée dans la Section II.2.1 tandis que
leur approximation utilisant une condition de non-réflexion est développée dans la Section II.2.2.

2.1 Dérivation exacte des équations one-way numériques


Cette partie présente la dérivation exacte des équations one-way pour un système d’équations
hyperbolique générique. Ce système est construit à partir (II.21) en réalisant une première
discrétisation des variables transverses i.e. y par un schéma ad hoc (différences finies, éléments
finis, etc.). Les équations one-way obtenues serviront de solutions de référence pour les modèles
approchés présentés dans la section suivante (Section II.2.2). En effet, même si la résolution de
tels systèmes exacts est envisageable pour des problèmes de tailles raisonnables, elle se révélera
compliquée et coûteuse dans la plupart des situations physiquement intéressantes.
Le point de départ de cette construction est donc le système d’équations (II.21) semi-discrétisé
transversalement, que l’on peut écrire sous la forme :

∂q ∂q d−1
X
+ A(x) + Bj (x)q + C(x) q = f . (II.39)
∂t ∂x j=1
Comme précédemment, l’axe x est considéré comme la direction de propagation privi-
légiée et sera donc l’axe selon lequel les équations one-way seront intégrées. La variable
y = {y1 , y2 , ..., yd−1 } représente les coordonnées dans les axes transverses dans ce problème à
d dimensions. L’inconnue q(x, t) est à présent une fonction vectorielle qui à (x, t) associe les
degrés de liberté du schéma numérique utilisé pour la discrétisation transverse : par exemple, si
un schéma aux différences finies à Ny points est utilisé, on a :
   
q1 (x, t) q(x, t, y1 )
 .
..
  .. 
q(x, t) :=  ≈ (II.40)
 .
  
. 
qNy (x, t) q(x, t, yNy )
Les matrices A, Bj et C sont les versions discrétisées en y des opérateurs A(x, y), Bj (x, y)
et C(x, y). Elles dépendent uniquement de la variable x puisque nous les avons supposées
indépendantes du temps, étant donné que les équations one-way ont pour vocation d’être
2. APPROCHE NUMÉRIQUE 53

résolues dans le domaine fréquentiel. En particulier, les matrices Bj sont composées de la version
discrétisée des opérateurs différentiels dans la direction yj . Le terme source f sera considéré,
pour la suite du développement, comme nul, dans le but de faciliter la compréhension du
discours et parce-que sa prise en compte dans le cadre des équations one-way numériques, telles
que présentées dans cette partie, n’est pas triviale et sort du cadre de cette thèse. Cependant,
ce terme source fera l’objet d’un développement spécifique dans la Section III.1.3, pour son
application dans la nouvelle formulation proposée dans ces travaux de thèse.
Remarque 6. Bien que nous ayons précisé que la première étape de cette construction consistait
en une discrétisation dans les directions transverses y, cette dernière peut parfois être retardée
en présence de problèmes de complexité raisonnable. Ce sera par exemple le cas dans la Section
V.1.2 où la discrétisation est réalisée juste après la diagonalisation de l’opérateur A(x, y). Cette
approche permet de limiter quelque peu les manipulations de matrices autrement nécessaires
pour passer le système d’équations en variables caractéristiques, mais elle complique l’expression
des matrices à former.
Remarque 7. Il est également à noter que les conditions aux limites transverses, que ce soit
des parois, des impédances ou bien encore des conditions non-réfléchissantes ou des Perfectly
Matched Layers (PML, voir Section V.2.1.2), doivent être implémentées dans le système à ce
niveau là.
Dorénavant, l’utilisation de matrices ou de vecteurs provenant directement de
la discrétisation transverse des opérateurs ou des variables sera noté par la même
lettre que précédemment mais en gras, sans que cela soit mentionné à chaque fois.
À titre d’exemple, q(x, y, t) devient q(x, t), A(x, y) devient A(x), etc.

Afin de pouvoir résoudre les équations dans le domaine fréquentiel, une transformée de
Laplace (ou de Fourier) en temps est appliquée à l’équation (II.39). Comme nous sommes
intéressés par le comportement stationnaire du système, les conditions initiales sont supposées
nulles et n’influeront donc pas sur la solution obtenue. La transformée de Laplace du vecteur
variable q(x, t), décrivant les perturbations, sera notée q̂(x, s) avec la variable duale du temps
s ∈ C, qui peut être décomposée en une partie réelle et imaginaire suivant la notation s = η − iω,
où ω ∈ R représente la fréquence angulaire de notre problème harmonique et η ∈ R sera
utilisé pour l’application du critère de Briggs [Briggs, 1964], permettant de séparer les ondes se
propageant vers la gauche de celles se propageant vers la droite. En dehors de cette utilisation-là,
η sera imposé à 0 pour tout le reste du développement. L’équation (II.39) peut donc s’écrire
dans le domaine fréquentiel sous la forme :
d−1
∂q̂ X
A(x) = −s q̂ − Bj (x)q̂ − C(x) q̂ . (II.41)
∂x j=1

Étant donné que l’équation (II.41) est supposée être une équation hyperbolique unidimen-
sionnelle, la matrice A est naturellement diagonalisable pour chaque point de x et elle présente
des valeurs propres réelles. Elle est, de plus, supposée inversible afin de simplifier la présentation.
Remarque 8. Une fois de plus, des singularités dans le milieu de propagation (vitesse de
propagation nulle par exemple) peuvent apparaître, rendant la matrice A non inversible. Comme
mentionné précédemment pour les équations one-way utilisant une approche microlocale (Section
II.1.2), une méthode permettant de contourner cette limitation est détaillée dans la Section
III.1.4).
Non seulement cela nous permet de savoir que toutes les valeurs propres de A sont réelles,
mais on peut également facilement savoir le nombre exact de valeurs propres positives (N+ )
54 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY

et de valeurs propres négatives (N− ) en fonction des équations utilisées et des données du cas
étudié (vitesse de propagation, vitesse de l’écoulement de base...). Ce nombre de valeurs propres
dépend également du nombre d’équations et de points de discrétisation dans les directions
transverses. Au final, le fait que A soit diagonalisable implique l’existence d’une fonction
matricielle inversible, notée T, telle que :
!
−1 Ã+ 0
T AT = Ã = , (II.42)
0 Ã−

avec à une fonction matricielle diagonale contenant toutes les valeurs propres de A et Ã+ ∈
RN+ ×N+ et Ã− ∈ RN− ×N− deux fonctions matricielles diagonales contenant les valeurs propres
positives et négatives, respectivement. À noter que 0 représente une matrice nulle de taille
N+ × N− ou N− × N+ selon son emplacement.
En utilisant cette matrice de transformation, le changement de variable φ = T−1 q̂ permet
d’écrire les équations sous leur forme caractéristique :

∂φ
= M(s, x)φ , (II.43)
∂x
avec
 
d−1
∂T
M(s, x) = Ã−1 T−1 −sI − Bj − C T − T−1
X
, (II.44)
j=1 ∂x
et I la matrice identité de dimension N = N+ + N− . La matrice M représente l’opérateur de
propagation selon la direction privilégiée x.
En utilisant la séparation de la matrice à suivant le signe de ses valeurs propres sur
l’opérateur de propagation M et le vecteur d’inconnue φ, l’équation (II.43) peut donc s’écrire
sous la forme suivante :
! ! !
∂ φ+ M++ M+− φ+
= . (II.45)
∂x φ− M−+ M−− φ−
La matrice M étant une version discrétisée d’un opérateur de propagation m(x, y, Dy , s) de
même nature que celui utilisé dans le cadre de l’approche microlocale, on peut alors envisager
d’utiliser une diagonalisation de type Taylor [Taylor, 1974]. Dans ce cadre discrétisé, cela consiste
à supposer l’existence une décomposition en valeurs propres de l’opérateur de propagation M
sous la forme :

M = VDU , (II.46)
où D est une matrice diagonale contenant les valeurs propres de l’opérateur de propagation
M et V = U−1 est la matrice de vecteurs propres à droite (ou U la matrice de vecteurs
propres à gauche). On peut ensuite utiliser ces matrices de transformation pour procéder à un
nouveau changement de variable φ = Vψ et l’équation (II.43) peut donc s’exprimer en termes
de variables one-way :

∂ (V ψ)
= VDψ
! ∂x
∂V ∂ψ
⇒ ψ+V = VDψ , (II.47)
∂x ∂x !
∂ψ ∂V
⇒ = Dψ − U ψ.
∂x ∂x
2. APPROCHE NUMÉRIQUE 55

avec ∂V
∂x
la dérivée selon x de la matrice des vecteurs propres dont l’expression n’apparaît pas
dans les équations one-way microlocales classiques du fait de l’hypothèse selon laquelle les
coefficients sont figés. Cependant, même dans l’approche microlocale, il est possible de prendre
en compte ces termes (voir Section IV.2).
En particulier, l’opérateur matriciel W = U ∂V ∂x
est présent seulement dans le cas où des
variations du milieu apparaissent le long de l’axe de propagation. Il couple toutes les composantes
du vecteur de variables one-way ψ (la matrice est généralement pleine) et peut être considéré
comme une matrice de réflexion/réfraction.
Remarque 9. On peut remarquer qu’en utilisant le fait que UV = I et en le dérivant selon x,
on obtient ∂UV
∂x
= ∂U
∂x
V + U ∂V
∂x
= 0. Le terme W peut donc s’écrire W = U ∂V ∂x
= − ∂U
∂x
V.
Ce couplage permet d’avoir des informations sur les ondes réfléchies dans la direction opposée
et sur la modification de longueur d’onde et d’amplitude subie par l’onde réfractée. Néanmoins,
il rend le système mal posé pour une résolution spatiale le long de l’axe x. Ainsi, pour rendre
le système (II.47) bien posé pour ce genre d’intégration, le terme W est négligé, induisant le
découplage total entre les ondes se propageant vers la droite et vers la gauche. Cependant, la
suppression de ce terme entraîne l’apparition d’une hypothèse de milieu faiblement variable
selon l’axe de propagation, pour que le résultat des équations one-way reste précis.
Remarque 10. On verra plus tard dans la Section IV.2 que la nouvelle formulation proposée
dans ce manuscrit permet de prendre en compte ce terme en utilisant un système d’équations
bien posé. Elle permettra d’améliorer les résultats obtenus par ce genre de méthodes dans les cas
où les variations du milieu de propagation ne sont plus négligeables selon l’axe x et cela, quelles
que soient les équations de base utilisées (Euler, Navier-Stokes, ...).
L’équation (II.47) peut donc être réduite sous la forme :
∂ψ
= Dψ . (II.48)
∂x
La résolution de cette équation différentielle ordinaire le long de l’axe x nécessite d’identifier
les ondes se propageant vers la droite ou vers la gauche. Par exemple, pour le calcul de la
propagation vers la droite, il faut utiliser uniquement les valeurs de D contribuant à cette
propagation.
Pour cela, nous utilisons le critère de Briggs [Briggs, 1964] qui permet de séparer correctement
les modes en fonction de leur sens de propagation. La matrice D étant diagonale, la j-ième
ligne de l’équation (II.48) s’écrit donc :
∂ψj
= Dj ψj , (II.49)
∂x
avec Dj la j-ième valeur propre de l’opérateur de propagation M.
Le critère de Briggs mentionné plus haut nous permet de dire qu’un mode se propage vers
la droite si :
1
 
lim = Dj (η − iω, x) = +∞ , (II.50)
η→+∞ i
ou, au contraire, se propage vers la gauche si :
1
 
lim = Dj (η − iω, x) = −∞ , (II.51)
η→+∞ i
où =(z) est la partie imaginaire du nombre complexe z.
Les opérateurs étant discrétisés, leurs expressions analytiques ne sont plus directement
accessibles dans ce cas-là pour déterminer de cette façon le sens de propagation d’un mode.
56 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY

Cependant, lorsque η tend vers +∞, l’opérateur de propagation M tend vers −η Ã−1 . Or, la
matrice Ã−1 étant diagonale, chacune des valeurs diagonales de M tendra donc soit vers +∞,
soit vers −∞. Le comportement de ces valeurs propres peut donc être déduit en fonction du
signe des valeurs de Ãjj . Ainsi, on peut savoir que N+ modes se propageront vers la droite
tandis que N− se propageront vers la gauche. Afin d’utiliser les bons modes pour la résolution
des équations one-way, un tri de ces derniers doit être fait. L’avantage de la méthode approchée
présentée dans la Section II.2.2 est que ce tri se fait de façon implicite, avec un minimum
d’informations sur le problème.
En conservant la même séparation des variables que durant la première diagonalisation qui
utilisait les indices + et −, l’équation (II.48) se décompose de la manière suivante :
! ! !
∂ ψ+ D+ 0 ψ+
= . (II.52)
∂x ψ − 0 D− ψ−
La dernière étape consiste donc, comme dans le cas de l’approche microlocale, à effacer les
ondes se propageant dans la direction opposée à celle voulue. Ainsi, dans ce cas, les ondes se
propageant vers la gauche sont supprimées de la résolution des équations one-way vers la droite
en appliquant la condition one-way :

ψ− = 0 . (II.53)
Cette condition, associée à la première équation du système (II.57), donne le système
d’équations one-way à résoudre afin de calculer la propagation des ondes vers la droite :

 ∂ψ + = D ψ


+ +
∂x . (II.54)


ψ− = 0
De la même façon, les matrices V et U, servant au passage des variables caractéristiques
aux variables one-way et inversement, peuvent être séparées selon la précédente diagonalisation
de la façon suivante :
!
V++ V+−
V= , (II.55)
V−+ V−−
!
U++ U+−
U= . (II.56)
U−+ U−−
Remarque 11. L’idée sous-jacente de la diagonalisation de M étant seulement de découpler la
partie de la solution se propageant vers la gauche de celle allant vers la droite, une diagonalisation
complète de la matrice M n’est pas nécessaire. En effet, la procédure de découplage peut être
réalisée par une décomposition spectrale moins fine qui garantit seulement la séparation des
espaces propres associés aux modes se propageant dans un sens h et dans
i l’autre. Autrement
dit, supposons que l’on ait à disposition une matrice V f = V f V où f ∈ CN ×N+ et
V

f
+ +
f ∈ CN ×N− (ici N = N + N ) sont une base de l’espace propre des modes se propageant
V − + −
respectivement vers la droite et vers la gauche. La construction des équations one-way peut alors
se baser sur la factorisation suivante de la matrice M :
!
f D− 0 f
f
M=V U, (II.57)
0 D+
f

avec D
f et D
+
f deux matrices blocs dont les valeurs propres sont associées aux modes se

propageant vers la droite et vers la gauche, respectivement. De cette façon, la transformation
garantit toujours un découplage entre les variables ψ+ et ψ− sans les découpler modalement en
2. APPROCHE NUMÉRIQUE 57

leur sein. Pour faciliter le reste de la lecture du développement, la notation précédente continuera
d’être utilisée tandis que cette décomposition particulière ne sera utilisée que pour justifier la
nouvelle formulation des équations one-way présentée dans le Chapitre III de cette thèse.

Cette expression des équations one-way (II.54) est valable pour un milieu de propagation
homogène dans le sens de résolution (les variations dans les directions transverses sont prises en
compte dans les matrices D+ , V et U). En présence de variations en x, de nouveaux phénomènes
apparaissent qui seront pris en compte dans le Chapitre IV. En effet, ces variations vont renforcer
le terme de réflexion/réfraction W, qui ne sera plus négligeable. Les ondes se propageant vers
la gauche et vers la droite n’étant plus indépendantes les unes des autres, une résolution un peu
différente est donc nécessaire. Il est à noter que même dans ce cas, les variations n’affectent pas
le bien-fondé de la méthode de séparation des ondes selon leur sens de propagation [Kreiss, 1970]
en gelant localement les coefficients pour l’étude des modes. Cela implique que le raisonnement
à la base du découplage des équations one-way reste valable et permet d’obtenir des équations
bien posées pour une résolution spatiale. L’inconvénient est que l’effet des réflexions et/ou des
réfractions ne sera pas pris en compte par cette formulation des équations one-way.
Afin de pouvoir appliquer numériquement la résolution de ces équations one-way, la manipu-
lation des valeurs propres de l’opérateur de propagation discrétisé M est nécessaire. Cela signifie
que dans le cas de variations du milieu de propagation, une diagonalisation de cette matrice
est requise pour chaque point en x du maillage, ce qui peut rapidement devenir extrêmement
coûteux lorsque cette matrice augmente en taille. De plus, l’utilisation de termes discrétisés
et leur manipulation ne permettent pas de continuer le développement avec des expressions
analytiques. Ainsi, les algorithmes permettant d’obtenir ce genre de décomposition ne conservent
pas la relation des valeurs propres avec l’expression de la matrice de base. En d’autres termes,
cela implique que la séparation des variables selon le signe des valeurs propres de A ne s’applique
pas sur les valeurs propres de D. Un classement de ces dernières et de leurs vecteurs propres
associés est donc nécessaire à chaque diagonalisation pour garantir que les modes sélectionnés
se propagent dans la même direction que la résolution. Or ce tri des modes, notamment dans
le cas de milieux fortement variables, peut rajouter un coût de calcul non négligeable. C’est
pourquoi, pour à la fois réduire les coûts de calcul et garantir la bonne séparation des valeurs
propres de l’opérateur de propagation discrétisé, une méthode d’approximation a été mise au
point dans [Towne et Colonius, 2013, 2014, 2015; Towne, 2016]. Elle se base sur l’utilisation de
conditions de non-réflexion, écrites sous la forme d’une relation de récursion. Cette condition de
non-réflexion est, en particulier, utilisée pour approcher la condition one-way (II.53).

2.2 Dérivation approchée des équations one-way numériques


Dans cette partie, la construction de l’approximation numérique des équations one-way
(II.54) via l’utilisation d’une condition de non-réflexion est présentée. Cette approche, aussi
appelée outflow approach, a été développée par Towne et Colonius dans une série d’articles
[Towne et Colonius, 2013, 2014, 2015] et dans un manuscrit de thèse [Towne, 2016]. L’utilisation
de cette condition de non-réflexion permet de se passer de la construction de la matrice de
valeurs propres D qui peut être coûteuse. Cette condition limite a été présentée par Higdon
[Higdon, 1987] avant d’être dérivée à l’ordre élevé par Givoli et Neta [Givoli et Neta, 2003]. Son
application à des systèmes hyperboliques d’ordre un, comme ceux d’Euler ou de Navier-Stokes,
date de l’article de Hagstrom et Warburton [Hagstrom et Warburton, 2004]. Une autre méthode
se basant sur le même principe a également été développée par Towne dans son manuscrit de
thèse [Towne, 2016] et porte le nom d’approche projective (ou projection approach). Cependant,
dans le cadre de cette thèse, seule la première méthode sera développée en détail, du fait que les
deux approches sont extrêmement similaires, la seconde étant plus complexe et n’apportant rien
58 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY

de plus à la compréhension de la philosophie de résolution. Une courte discussion des ajouts


apportés par cette méthode de projection est faite dans la Section III.1.3.
L’objectif est, ici, d’approcher l’équation (II.54) sans utiliser les matrices D, V ou U. Pour
cela, l’équation à résoudre doit être exprimée en terme de variables caractéristiques φ et non
plus en terme de variables one-way ψ. Ainsi, la première étape pour former l’approximation
de ces équations one-way est d’écrire la condition one-way (II.53) en utilisant les variables
caractéristiques :

ψ − = U−+ φ+ + U−− φ− = 0 . (II.58)


En isolant le terme φ− , on obtient :

φ− = U−1
−− U−+ φ+ . (II.59)
Pour le reste du développement, l’hypothèse selon laquelle U−− est inversible sera admise.
Aucune preuve théorique ne peut être utilisée dans ce cas pour garantir ce résultat, du fait de
l’absence d’expression analytique. Ainsi, dans le cas où cette matrice se trouve être singulière,
toute formation d’un système d’équation one-way sous cette forme devient impossible. Cependant,
ce cas n’a jamais été rencontré pendant ces travaux de thèse, ni par Towne et Colonius dans le
cas des équations d’Euler et de Navier-Stokes [Towne et Colonius, 2015].
Ainsi, en appliquant cette condition sous cette forme directement dans le système d’équations
sous sa forme caractéristique (II.45) et en remplaçant les équations devenues superflues, on
obtient alors le système :

 ∂φ+ = M φ + M φ


++ + +− −
∂x . (II.60)
 −1

φ− = U−− U−+ φ+
Puisque cette méthode d’approximation consiste à se débarrasser de l’expression des valeurs
et des vecteurs propres de M dans l’équation à résoudre, la prochaine étape est de remplacer
la deuxième équation du système (II.60) par une autre expression indépendante de U. Pour
cela, une relation de récursion utilisant des variables auxiliaires φj et ψ j avec j = 0, ..., Nβ
peut être utilisée. Ici, l’entier Nβ correspond à l’ordre de l’approximation. Ainsi, plus le facteur
Nβ devient grand, plus l’approximation se rapproche de la valeur exacte. Il est à noter que les
variables dont l’indice est 0 correspondent aux variables physiques du problème (i.e. φ0 = φ et
ψ 0 = ψ).
Comme il a été vu plus haut, les différentes ondes présentes peuvent être classées selon
leur sens de propagation grâce aux valeurs propres de l’opérateur de propagation M. Cette
caractéristique peut être utilisée dans notre cas afin de supprimer les ondes se propageant vers
la gauche. Cette classification peut être effectuée en utilisant un coefficient qui peut prendre la
forme suivante :
Nβ −1 j
Y α − β+
R : α ∈ C 7→ R(α) = j , (II.61)
j=0 α − β−

avec β+j et β−j , pour j = 0, · · · , Nβ − 1, un ensemble de paramètres complexes à sélectionner.


Plus précisément, pour "sélectionner" les ondes se propageant vers la droite (i.e. maximiser
l’effet des valeurs propres associées aux modes se propageant à droite tout en minimisant l’effet
des valeurs propres associées aux modes se propageant vers la gauche) en utilisant ce coefficient
R, les valeurs des paramètres β± doivent être choisies par l’utilisateur de façon appropriée.
Cependant, une connaissance fine du spectre de l’opérateur n’est pas nécessaire. Il suffit de
déterminer l’emplacement dans le plan complexe, plus ou moins précis, des zones dans lesquelles
se trouvent les modes selon leur sens de propagation. Il est cependant possible d’accélérer la
2. APPROCHE NUMÉRIQUE 59

convergence de l’approximation lorsque le spectre de l’opérateur est connu de façon fine. Pour
cela, il est possible de choisir des β+ proches du groupement des valeurs propres "à droite" et
des paramètres β− proches du groupement des valeurs propres "à gauche". En effet, dans le cas
où α = α+ est une valeur propre "à droite", alors R(α+ ) va rapidement tendre vers 0 tandis
que si α = α− est une valeur propre "à gauche", alors |R(α− )| tendra rapidement vers +∞. Le
choix de la position de ces différents paramètres dans le plan complexe peut être déduit d’une
analyse de stabilité locale [Huerre et Monkewitz, 1990; Charru, 2011]. Cette dernière permet
d’obtenir des informations sur la localisation des valeurs propres de M. De plus, plus les deux
ensembles de paramètres β± sont éloignés l’un de l’autre, plus la méthode d’approximation
convergera rapidement. De plus amples détails sur le choix de ces paramètres et la convergence
de la méthode seront donnés, respectivement, dans les Sections III.2.1 et III.2.4.
Les variables auxiliaires mentionnées plus haut peuvent donc maintenant être introduites
par la relation utilisant le coefficient R(α) suivant :
N
ψk β = R(αk )ψk k = 1, ..., N , (II.62)

avec αk la k-ième valeur propre de la matrice M et ψk un nombre complexe quelconque. Cette


relation peut aussi s’écrire sous la forme récurrente :

αk − β+j j
ψkj+1 = ψk k = 1, ..., N et j = 0, ..., Nβ − 1 , (II.63)
αk − β−j

en posant la condition initiale ψk0 = ψk .


Cette relation de récurrence définit le reste des variables auxiliaires et peut donc s’écrire,
sous la forme matricielle :

(D − iβ+j I) ψ j = (D − iβ−j I) ψ j+1 pour j = 0, ..., Nβ − 1 , (II.64)

où D est la matrice diagonale comprenant les valeurs propres iαj de M et ψ j est le vecteur
 T
ψ1j · · · ψN
j
∈ CN pour j = 0, · · · , Nβ .

Remarque 12. La convention utilisée sur les valeurs propres α (la même que celle utilisée
pour une analyse de stabilité locale, voir Section I.4.2.1) explique la présence du i devant les
paramètres β± .

En introduisant les vecteurs φj définis par la relation ψ j = Uφj dans cette expression et en
multipliant le résultat par la matrice V, on obtient la forme finale de cette relation de récursion :

(M − iβ+j I) φj = (M − iβ−j I) φj+1 pour j = 0, ..., Nβ − 1 . (II.65)

où nous avons utilisé la diagonalisation M = V D U.


Cependant, même si φ+ est connu au niveau de la première station en x (c’est la condition
initiale imposée pour initialiser l’algorithme de marche en x), le nombre d’inconnues reste plus
grand d’une unité que le nombre d’équations (en termes discrétisés, nous avons même Nβ N + N+
équations pour (Nβ + 1) N inconnues). Afin de trouver cette relation supplémentaire nécessaire
pour fermer ce problème, il est possible de montrer que la relation converge vers les équations
one-way exactes (II.54) lorsque Nβ → +∞ et/ou quand les paramètres β± sont bien choisis,
N
sous la simple condition que φ−β = 0. Pour montrer cela, l’équation (II.62) peut être écrite
sous sa forme matricielle suivante :
N ! ! !
ψ +β R++ 0 ψ+
N = , (II.66)
ψ −β 0 R−− ψ−
60 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY

avec R++ et R−− deux matrices diagonales avec les valeurs de R(α) toujours classées dans
l’ordre des valeurs propres "à droite"(α+ ) et "à gauche" (α− ) et ψ = (ψ + ψ − )T = Uφ. En
exprimant le terme de gauche en fonction des variables caractéristiques φ, cette relation devient :
! N ! ! !
U++ U+− φ+ β R++ 0 ψ+
N = . (II.67)
U−+ U−− φ− β 0 R−− ψ−
N
La relation suivante est ensuite obtenue en éliminant les termes φ+β :
N
 
−1
ψ − = R−− U−+ U−1 −1 −1 β
++ R++ ψ + + R−− U−− − U−+ U++ U+− φ− . (II.68)
N
Si la condition φ−β = 0 est imposée, la relation précédente devient alors :
−1
ψ − = R−− U−+ U−1
++ R++ ψ + , (II.69)

ce qui permet de déduire que :

−1
ψ − ≤ R−− U−+ U−1 −1
++ R++ ψ + ≤ R−− U−+ U−1
++ R++ ψ+ . (II.70)
où k · k désigne la norme euclidienne.
Dans cette inégalité, les normes des matrices U−− et U++ et du vecteur ψ + ne seront
pas affectées par le choix des paramètres β± et sont fixées. Au contraire, les normes des deux
matrices R++ et R−− vont tendre vers 0 et vers +∞ lorsque l’ensemble des coefficients β± est
bien choisi. De ces constatations, on peut déduire que l’équation (II.69) tend vers la condition
one-way (II.53).
Deux nouvelles relations ayant été trouvées, les équations one-way approchées telles que
proposées par Towne et Colonius s’écrivent alors :
∂φ+


 = M++ φ+ + M+− φ−
∂x




(M − iβ+j )φj = (M − iβ−j )φj+1 , j = 0, ..., Nβ − 1 .


(II.71)
 N
φ− β = 0






φ(0) donné

Cette méthode converge ainsi sur la condition one-way exacte ψ − = 0 lorsque Nβ → +∞.
Au final, cette méthode reste efficace du moment que Nβ  N , ce qui est généralement le cas
en pratique [Towne et Colonius, 2015]. Elle fait également l’objet de modification dans son
algorithme de résolution, permettant de réduire encore son coût de calcul [Zhu et Towne, 2021].
De plus, cette méthode one-way est relativement facile à implanter et a prouvé sa capacité à
prendre en compte les variations de l’écoulement de base dans les directions transverses mais
avec une hypothèse de milieu faiblement variable selon x [Kamal et al., 2020].

3 Bilan
Les deux constructions des équations one-way, servant de base à la compréhension de la
nouvelle formulation proposée dans cette thèse, ont été présentées dans ce chapitre.
La première, classiquement utilisée dans des problèmes de géophysique, d’acoustique ou
encore d’électromagnétisme depuis plus de cinquante ans, utilise la puissance de l’analyse
microlocale afin de diagonaliser l’opérateur de propagation. La décomposition des ondes en
fonction de leur sens de propagation dans le milieu est ainsi rendue possible. De cette façon,
il est ensuite aisé de filtrer la partie utile de ces ondes et de ne garder que ces dernières pour
3. BILAN 61

la résolution spatiale. Cette résolution se fait localement par l’intermédiaire d’un algorithme
de marche en espace le long de l’axe de propagation. Cependant, l’utilisation d’opérateurs
pseudo-différentiels, du fait de la présence d’une racine carrée d’opérateur dans l’expression
des équations one-way, impose un lourd développement analytique qui se traduit par une
implémentation numérique pouvant se révéler coûteuse dans le cas d’une résolution exacte.
C’est pourquoi de nombreuses méthodes d’approximation sont couramment utilisées afin de
pallier ce problème. La méthode des approximants de Padé a été développée en particulier
et ses paramètres ont été choisis dans le cadre de l’équation des ondes, afin de permettre la
comparaison directe avec la nouvelle formulation des équations one-way proposée dans ces
travaux de thèse. Au final, cette méthode est limitée dans ses applications du fait du lourd
développement analytique nécessaire. En effet, cela entraîne une grande difficulté pour son
application à des équations plus complexes comme les équations d’Euler ou de Navier-Stokes.
De plus, une hypothèse de milieu de propagation faiblement variable s’applique dans le cadre de
son expression classique. Bien que des méthodes aient vu le jour au cours des années pouvant
pallier cette limitation, elles entraînent inévitablement des développements analytiques de plus
en plus lourds, ne levant ainsi pas la restriction à des systèmes d’équations relativement simples.
La deuxième méthode, plus récente, a été proposée par Towne et Colonius dans le cadre de
la mécanique des fluides. Sa construction, purement numérique, permet d’appliquer ce genre
de méthodes à tout type de systèmes d’équations hyperboliques. En effet, l’utilisation d’une
condition limite de non-réflexion pour séparer les ondes se propageant vers la droite de celles
se propageant vers la gauche permet d’obtenir la même décomposition que celle obtenue dans
le cadre des équations one-way microlocales. Cependant, son expression, sous la forme d’une
relation de récursion, permet de s’affranchir des développements analytiques complexes par
l’intermédiaire de la discrétisation des opérateurs très en amont dans le développement de la
méthode. Ainsi, avec l’utilisation de quelques coefficients fournis par l’utilisateur, cette méthode
approche les équations one-way exactes rapidement et pour un coût de calcul faible. Bien que
la limitation sur la complexité des équations pouvant être dérivées sous leur forme one-way soit,
de ce fait, levée, la formulation de ces dernières en termes de variables caractéristiques et non
plus en termes de variables one-way empêche toute applications des méthodes précédemment
développer pour minimiser, voire supprimer, l’hypothèse de milieu faiblement variable selon le
sens de propagation.
Ainsi, bien que le domaine d’utilisation des équations one-way soit augmenté du fait de
la possibilité de les appliquer à des systèmes plus complets, ce domaine reste tout de même
limité à la partie inférieure de l’ellipse représentée dans la Figure I.21. De ce fait, la méthode
de diagonalisation présentée dans la section suivante a pour objectif de donner un cadre pour
les équations one-way, suivant une approche purement numérique, permettant l’application de
méthodes prenant en compte les variations du milieu de propagation autrement que dans les
directions transverses. Cela permettrait d’ouvrir le domaine d’application des méthodes one-way
au haut de l’ellipse, notamment dans le cadre de l’aéroacoustique.
62 CHAPITRE II. ÉQUATIONS ONE-WAY
Chapitre III

Nouvelle factorisation numérique


Sommaire
1 Méthode de factorisation one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
1.1 Identification des espaces invariants par des conditions aux limites
non-réfléchissantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
1.2 Nouvelle factorisation de l’opérateur de propagation . . . . . . . . . 70
1.3 Prise en compte du terme source . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
1.4 Gestion des singularités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
2 Résolution des équations one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
2.1 Choix des coefficients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
2.2 Méthodes de discrétisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
2.3 Choix de l’algorithme de marche sur x . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
2.4 Comparaison entre l’approche outflow et la nouvelle factorisation . . 86
2.5 Coût de calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
3 Motivations pour le développement d’une nouvelle approche one-
way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
3.1 Modèle one-way pour l’équation des ondes . . . . . . . . . . . . . . . 91
3.2 Cas uniforme et variation transverse : approximation de Padé et
approximation numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.3 Effet de la normalisation en présence de variations axiales . . . . . . 94
4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

Il existe plusieurs façons de construire des équations one-way selon l’application visée.
L’approche microlocale permet d’obtenir de précieuses informations sur la propagation d’ondes.
Cela peut se faire grâce à une analyse mathématique rigoureuse mais parfois difficile des
opérateurs mis en jeu. De son côté, l’approche numérique proposée récemment par Towne
et Colonius est plus générique et permet d’élargir le domaine d’utilisation des équations one-
way à des systèmes d’équations plus complexes. Cela a cependant un prix. En effet, cette
approche numérique se basant sur une condition limite non réfléchissante, la factorisation de
l’opérateur de propagation n’est pas explicitement effectuée. Les équations ne sont alors pas
exprimées en termes de variables one-way, qui sont directement reliées aux ondes et à leur sens
de propagation. Cela a pour effet de limiter l’application de cette méthode à des milieux où
seulement de faibles variations peuvent apparaître selon l’axe de propagation de l’onde, alors que
l’approche microlocale, lorsqu’elle peut être utilisée, a potentiellement la capacité d’améliorer la
qualité de l’approximation one-way. Dans ce chapitre, nous proposons une nouvelle méthode de
construction purement numérique des équations one-way. Cette dernière se base sur la même
condition de non-réflexion que précédemment, mais en retire de l’information supplémentaire
permettant de factoriser l’opérateur de façon purement numérique. Cette construction est
expliquée dans la Section III.1. Les détails de la mise en œuvre effective de cette factorisation
sont abordés dans la Section III.2 tandis qu’une première application dans le cadre de l’équation
des ondes est présentée dans la Section III.3. La Section III.4 présente quant à elle un bilan de
la méthode de factorisation numérique appliquée aux équations one-way.

63
64 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

1 Méthode de factorisation one-way


La méthode de construction des équations one-way utilisant une factorisation purement
numérique est présentée dans cette section. La Section III.1.1 présente le principe de l’utilisation
de deux conditions aux limites non-réfléchissantes pour construire deux espaces de taille N+ et
N− . Ces espaces approchent respectivement les espaces invariants des modes se propageant vers
la droite et vers la gauche. Plus précisément, nous calculons à partir de ces deux conditions
deux ensembles de N+ et de N− vecteurs qui engendrent respectivement des espaces vectoriels
permettant de réaliser une extraction approchée selon le sens de propagation de l’information
contenue dans l’onde. Nous appellerons ces vecteurs des pseudo-vecteurs propres. Ils mèneront
à la construction d’une matrice de même nature que la matrice des vecteurs propres à gauche
U , qui sera le point de départ de cette nouvelle factorisation de l’opérateur de propagation.
Autrement dit, cette matrice permet la projection de l’opérateur de propagation et des variables
dans l’espace one-way, où la propagation des ondes est découplée selon leur sens de propagation.
Le développement de cette matrice est abordé dans la Section III.1.2. Contrairement à l’approche
one-way numérique présentée dans le Chapitre II, la méthode proposée permet naturellement la
prise en compte d’un terme source, qui est détaillée dans la Section III.1.3. Enfin, les singularités
pouvant apparaître dans le développement des équations, qui sont dues aux spécificités du
milieu de propagation, sont contournées grâce à un traitement particulier présenté dans la
Section III.1.4. Ces développements sont également présentés dans [Rudel et al., 2022].

1.1 Identification des espaces invariants par des conditions aux li-
mites non-réfléchissantes
Nous nous intéressons à l’identification de deux espaces invariants de l’opérateur de pro-
pagation M(x) pour x fixé. Il s’agit des espaces invariants droit et gauche qui correspondent
respectivement aux espaces engendrés par les modes se propageant vers la droite et vers la
gauche. Nous savons qu’ils sont respectivement de taille N+ et N− . Dans cette partie, nous
utilisons deux conditions auxlimites
 non-réfléchissantes de type (II.71), construites à partir
j
d’un même jeu de paramètres β± pour approcher ces deux espaces. Ainsi, pour chaque point
j
x, il est montré qu’il est non seulement possible d’avoir accès aux informations nécessaires à la
propagation des ondes vers la droite et vers la gauche, mais qu’il est aussi possible d’obtenir
une séparation complète de ces informations. Cette séparation, qui sert de base au découplage
des équations one-way, est nécessaire pour leur bonne résolution locale. De ce fait, la Section
III.1.1.1 aborde le sujet de l’espace invariant gauche par l’utilisation d’une condition de type
vers la droite (i.e. qui permet d’annuler l’onde allant vers la gauche et de conserver celle allant
vers la droite). La Section III.1.1.2 reprend le même développement dans le cadre de l’espace
invariant à droite.

1.1.1 Approximation de l’espace invariant gauche


La méthode de construction des équations one-way de façon totalement numérique présentée
dans la Section II.2 se base sur l’utilisation d’une condition aux limites non-réfléchissante. Cette
condition permet de conserver l’information se propageant dans un sens et de supprimer le
reste lors de la résolution des équations. Cependant, dans l’optique d’augmenter le domaine
d’application de telles équations, l’information se propageant dans les deux directions doit
être conservée. De plus, elle doit faire l’objet d’un filtrage permettant sa séparation afin de
pouvoir appliquer un traitement particulier pour chacune de ses composantes. L’idée est donc
d’appliquer ce type de condition non-réfléchissante dans les deux sens de propagation afin de
déterminer les termes (sous forme discrétisée) responsables de la propagation des ondes dans un
1. MÉTHODE DE FACTORISATION ONE-WAY 65

sens ou dans l’autre.


Pour cela, l’équation (II.71) peut être reprise et reformulée sous la forme compacte suivante :

∂φ+

= M++ φ+ + M+− φ−





 ∂x
N
! ! , (III.1)
φ+ β φ+

r,Nβ

=Z


φ−


0

où la matrice Zr,Nβ , obtenue à partir de la relation de récurrence introduite dans l’équation


(II.65), est définie par :
Nβ −1  −1  
r,Nβ
M − iβ−j I M − iβ+j I .
Y
Z = (III.2)
j=0

Nous utiliserons comme dans le chapitre précédent la décomposition des matrices suivant les
modes à droite et à gauche, c’est à dire : soit B une matrice générique,
 
B++ B+−
B=  . (III.3)
B−+ B−−

À partir de la matrice Zr,Nβ , nous définissons la matrice "préconditionnée" Z


e r,Nβ de la façon
suivante :   r,N −1 r,N 
I++ Z++β Z+−β 
r,Nβ

Ze = 
  . (III.4)
r,Nβ −1 r,Nβ
 
Z−− Z−+ I−−
L’utilisation de cette matrice va nous permettre d’introduire une notion de convergence lorsque
Nβ → +∞. Ceci n’est pas possible directement avec la matrice Zr,Nβ et permet ainsi d’expliquer
pourquoi certains vecteurs issus de Z e r,Nβ permettent de construire une approximation d’un
invariant gauche. Bien entendu, pour réaliser ces manipulations, nous supposerons que les blocs
r,N r,N
Z++β et Z−−β sont inversibles. Cette même hypothèse sera faite pour les blocs diagonaux des
matrices U et V issues des vecteurs propres à gauche et à droite de M. Ces hypothèses seront
toujours réalisées en pratique. De plus, toujours en pratique, le préconditionnement de Zr,Nβ ne
sera généralement pas nécessaire et nous extrairons directement l’information de cette matrice.
Les propriétés de la matrice Ze r,Nβ dépendent du choix d’une famille de paramètres (β j )
± j
que nous caractérisons dans la définition suivante :

Définition 1. On dit que la famille de paramètres (β±j )j∈N est adaptée à l’opérateur de propa-
gation M(x) si et seulement si : pour toutes les valeurs propres iα+ et iα− de M(x), on a la
propriété suivante :
Nβ −1

 Y α+ − β+ j



 lim j = 0




Nβ →+∞
j=0 α+ − β−
. (III.5)
Nβ −1

j
α− − β+


 Y
 lim

= +∞
j

j=0 α− − β−
 Nβ →+∞

Nous supposons pour le reste de cette partie que la famille (β±j )j∈N est adaptée à l’opérateur
de propagation. Pour la détermination effective de ces paramètres, nous renvoyons à la section
III.2.1. Nous pouvons alors montrer le résultat de convergence suivant :
66 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

Théorème 1. Soit (β±j )j∈N une famille de paramètres adaptée à l’opérateur de propagation
M au point x dont la diagonalisation s’écrit M = V D U. On a alors les deux résultats suivants :

e r,Nβ admet une limite notée Z


(i) La sous-suite matrice Z e r qui est définie par :
−+ −+

r,N
e r = U−1 U
e β =Z
lim Z−+ −+ −− −+ (III.6)
Nβ →+∞

(ii) On a l’identité suivante :


     
er
Z er
−+ Z−− M = U−1
−− D−− U−−
er
Z er
−+ Z−− (III.7)
n
De plus, soit S l := Span Ui,∗ ∈ CN+ +N− | i = N+ + 1, ..., N+ + N− } l’espace invariant
gauche engendré par les vecteurs propres à gauche de M. Alors l’espace
n o
Sel := Span Z
e r ∈ CN+ +N− | i = N + 1, ..., N + N
i,∗ + + − . (III.8)

f ∈ Sel , on a :
vérifie la propriété d’invariance gauche suivante : ∀ W
n o
f M ∈ Span U−1 W : ∀ W ∈ S l
W (III.9)
−−

et ∀W ∈ S l , on a : n o
W M ∈ Span U−− W f ∈ Sel .
f : ∀W (III.10)

Démonstration. On commence par démontrer (i). Pour cela, on utilise le fait que Zr,Nβ a les
r,N r,N
même vecteurs propres que M, associés aux valeurs propres R++β et R−−β , c’est à dire :
 
r,N
R++β 0
Zr,Nβ V = V 
 


 (III.11)
r,N
0 R−−β
r,N r,N
avec R++β et R−−β deux matrices diagonales dont les k-ièmes termes sont définis par :
Nβ −1 j
r,N
β
Y α+,k − β+
R++,k = (III.12)
j=0 α+,k − β−j
et par :
Nβ −1 j
r,Nβ Y α−,k − β+
R−−,k = . (III.13)
j=0 α−,k − β−j
En effectuant les produits par blocs, on trouve en particulier la relation :
r,N r,N r,N
Z−+β V++ + Z−−β V−+ = V−+ R++β . (III.14)

Nous pouvons réécrire cette identité comme suit :


 r,N
−1 r,N
 r,N
−1 r,N
Z−−β Z−+β + V−+ (V++ )−1 = Z−−β V−+ R++β (V++ )−1 . (III.15)

En réutilisant le fait que Zr,Nβ a les mêmes vecteurs propres que M, on déduit que
r,N r,N r,N
Z−−β = V−+ R++β U+− + V−− R−−β U−− .
1. MÉTHODE DE FACTORISATION ONE-WAY 67

L’hypothèse sur la famille de paramètres (β±j )j∈N nous permet de passer à la limite et d’en
déduire l’identité :
er + V −1
Z−+ −+ (V++ ) =0 (III.16)
r,N
 r,N
−1 r,N
car lim R++β = 0 et lim Z−−β = 0 puisque lim R−−β = +∞.
Nβ →+∞ Nβ →+∞ Nβ →+∞
On utilise ensuite l’identité U V = I pour trouver la relation :

U−+ V++ + U−− V−+ = 0. (III.17)

On peut encore l’écrire :


V−+ (V++ )−1 = − (U−− )−1 U−+ . (III.18)

En combinant (III.16) et (III.18), on obtient immédiatement (i).


Démontrons à présent (ii). La première partie est immédiate avec le résultat (i). En effet,
   
er
Z er
−+ Z−− M = U−1
−− U−+ I M
 
= U−1
−− U−+ U−− M
 
= U−1
−− D−− U−+ U−− (III.19)
 
= U−1
−− D−− U−− U−1
−− U−+ I
  
= U−1
−− D−− U−−
er
Z er
−+ Z−−

Pour démontrer la propriété d’invariance, on exploite simplement


 l’identité
 précédente. Soit
l r r
W ∈ S . On peut écrire W sous la forme W = Λ−− Z−+ Z−− avec Λ−− une matrice
f e f f e e e e
diagonale de taille N− . On a alors :
 
W
fM = Λ er
Z er M
−+ Z−−
e
−−
   
−1 er er
= Λ −− U−− D−− U−− Z−+ Z−−
e
  n o (III.20)
−1
= Λ
e
−− U−− D−− U−+ U−− ∈ Span U−1
−− W : ∀W∈S l
| {z }
dans S l

La seconde partie de l’invariance se montre exactement de la même manière.

Remarque 13. La matrice U étant la matrice des vecteurs propres à gauche de l’opérateur
de propagation M, ce sont les lignes et non les colonnes qui forment ces vecteurs propres.
e r ou Zr (lorsque nous travaillerons sans le
C’est pourquoi ce sont les lignes de la matrice Z
préconditionnement) qui sont sélectionnées.

En conclusion, l’espace invariant de M associé aux modes propres se propageant vers la


gauche peut être décrit et approché par une partie de la matrice de non-réflexion à droite Z er
r,N
(ou Z
e β ). Il est cependant nécessaire d’utiliser une nouvelle fois une condition aux limites
non-réfléchissante dans le sens opposé (i.e. de type gauche). En effet, cela permettra alors
d’avoir accès à l’ensemble des espaces propres générés par les vecteurs propres de M (et à leur
séparation provenant du sens de propagation) afin de pouvoir factoriser numériquement et
entièrement l’opérateur M. Bien que similaires, les détails de cette application sont abordés
dans la section suivante.
68 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

1.1.2 Approximation de l’espace invariant droit


Dans le cas des équations one-way à gauche (résolution de la droite vers la gauche), l’objectif
est de capturer la propagation des ondes vers la gauche en supprimant celles qui se propagent
vers la droite. Pour cela, le système d’équations (III.21) est reformulé en gardant cette fois-ci une
équation différentielle sur la variable φ− tandis que la condition de non-réflexion est appliquée
pour ne garder que l’effet des valeurs propres α− . Ainsi, une autre formulation de la matrice de
non-réflexion Z peut être obtenue en intervertissant les coefficients β+ et β− dans la relation de
récursion menant à la construction de la matrice Zl . Les équations one-way prennent alors la
forme :
∂φ−

= M−+ φ+ + M−− φ−





 ∂x
! ! , (III.21)

 0 l,N φ +
=Z β

N

φ− β φ−

où la matrice Zl,Nβ est définie par :


Nβ −1  −1  
l,Nβ
M − iβ+j I M − iβ−j I .
Y
Z = (III.22)
j=0

e l,Nβ de Zl,Nβ :
Comme dans la partie précédente, nous introduisons la version préconditionnée Z
l,N −1
 
l,N
 
I++ Z++β Z+−β
e l,Nβ = 
 
Z −1
 . (III.23)
l,N l,N
  
Z−−β Z−+β I−−

Nous avons le résultat sur la caractérisation des modes se propageant vers la droite :

Théorème 2. Soit (β±j )j∈N une famille de paramètres adaptée à l’opérateur de propagation
M au point x dont la diagonalisation s’écrit M = V D U. On a alors les deux résultats suivants :

e l,Nβ admet une limite notée Z


(i) La sous-suite matrice Z el
+− +− et définie par :

l,Ne l = U−1 U
e β =Z
lim Z+− +− ++ +− . (III.24)
Nβ →+∞

(ii) On a l’identité suivante :


     
el
Z el
++ Z+− M = U−1
++ D++ U++
el
Z el
++ Z+− . (III.25)
n
De plus, soit S r := Span Ui,∗ ∈ CN+ +N− | i = 1, ..., N+ } l’espace invariant droit engendré
par les vecteurs propres à gauche de M. Alors l’espace
n o
Ser := Span Z
e l ∈ CN+ +N− | i = 1, ..., N
i,∗ + (III.26)

f ∈ Ser , on a :
vérifie la propriété d’invariance droite suivante : ∀ W
n o
f M ∈ Span U−1 W : ∀ W ∈ S r
W (III.27)
++

et ∀W ∈ S r , on a : n o
W M ∈ Span U++ W f ∈ Ser
f : ∀W . (III.28)
1. MÉTHODE DE FACTORISATION ONE-WAY 69

Démonstration. On commence par démontrer (i). Pour cela, on utilise le fait que Zl,Nβ a les
l,N l,N
même vecteurs propres que M associés aux valeurs propres R++β et R−−β c’est à dire :
 
l,N
R++β 0
Zl,Nβ V = V 
 


 (III.29)
l,N
0 R−−β
l,N l,N
avec R++β et R−−β deux matrices diagonales dont les k-ièmes termes sont définis par :
Nβ −1 j
l,Nβ Y α+,k − β−
R++,k = (III.30)
j=0 α+,k − β+j
et par :
Nβ −1 j
l,Nβ Y α−,k − β−
R−−,k = . (III.31)
j=0 α−,k − β+j
En effectuant les produits par blocs, on trouve en particulier la relation :
l,N l,N l,N
Z++β V+− + Z+−β V−− = V+− R−−β . (III.32)

Nous pouvons réécrire cette identité comme suit :


 l,N
−1 l,N
 l,N
−1 l,N
Z++β Z+−β + V+− (V−− )−1 = Z++β V+− R−−β (V−− )−1 . (III.33)

En réutilisant le fait que Zl,Nβ a les même vecteurs propres que M, on déduit que
l,N l,N l,N
Z++β = V++ R++β U++ + V+− R−−β U−+ .

L’hypothèse sur la famille de paramètres (β±j )j∈N nous permet de passer à la limite et d’en
déduire l’identité :
el + V −1
Z+− +− (V−− ) =0 (III.34)
l,N
 l,N
−1 l,N
car limNβ →+∞ R−−β = 0 et limNβ →+∞ Z++β = 0 puisque limNβ →+∞ R++β = +∞.
On utilise ensuite l’identité U V = I pour trouver la relation :

U++ V+− + U+− V−− = 0 . (III.35)

On peut encore l’écrire :


V+− (V−− )−1 = − (U++ )−1 U+− . (III.36)
En combinant (III.34) et (III.36), on obtient immédiatement (i).
Démontrons à présent (ii). La première partie est immédiate dans le résultat (i). En effet,
   
el
Z el
++ Z+− M = I U−1
++ U+− M
 
= U−1
++ U++ U+− M
 
= U−1
++ D++ U++ U+− . (III.37)
 
= U−1
++ D++ U++ I U−1
++ U+−
   
= U−1
++ D++ U++
fl
Z fl
++ Z +−
70 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

Pour démontrer la propriété d’invariance, on exploite simplement


 l’identité
 précédente. Soit
r l l
W ∈ S . On peut écrire W sous la forme W = Λ++ Z++ Z+− avec Λ++ une matrice
f e f f e e e e
diagonale de taille N+ . On a alors :
 
W
fM = Λ el
Z el M
++ Z+−
e
++
  
−1 el er
= Λ ++ U++ D++ U++ Z++ Z+−
e
  n o . (III.38)
−1
= Λ
e
++ U++ D++ U++ U+− ∈ Span U−1
++ W : ∀W∈S r
| {z }
dans S r

La seconde partie de l’invariance se montre exactement de la même manière.

Ce théorème montre donc que l’espace invariant associé aux valeurs propres α+ peut être
e l . Cette matrice provient de la condition aux limites
caractérisé par l’utilisation de la matrice Z
non-réfléchissante appliquée vers la gauche. Ainsi, en utilisant les matrices Z e l et Z
e r au même
point x, il est possible d’obtenir une caractérisation complète des espaces invariants des modes
se propageant vers la droite et vers la gauche. La combinaison de ces deux matrices va donc
permettre la construction d’une matrice de pseudo-vecteurs propres menant à une factorisation
de la matrice M. Les détails de cette opération sont explicités dans la section suivante.

1.2 Nouvelle factorisation de l’opérateur de propagation


Nous venons de voir que l’utilisation de deux conditions aux limites non-réfléchissantes permet
d’extraire des informations importantes sur les espaces invariants des modes se propageant vers
la droite et vers la gauche. Dans cette partie, nous allons réunir ces résultats afin de construite
une factorisation/diagonalisation de l’opérateur de propagation M qui permettra la dérivation
d’équations one-way. Nous commençons dans la Section III.1.2.1 par traiter le cas "simple" et
instructif des systèmes à deux équations qui aboutit à une diagonalisation de M. La Section
III.1.2.2, quant à elle, présente la méthode dans un cadre général, sur un système présentant un
nombre arbitraire d’équations, qui conduit cette fois-ci à une factorisation de M.

1.2.1 Cas des systèmes à deux équations


De nombreux phénomènes physiques peuvent faire l’objet d’une modélisation par la résolution
d’un système à deux équations. L’exemple de l’équation des ondes est typique de ce genre de
systèmes. Elle est utilisée dans de nombreux domaines comme l’acoustique, la géophysique... Ce
cas sera traité, en particulier, dans la Section III.3 pour un milieu de propagation homogène et
dans la Section IV.2.4 dans le cas d’un milieu hétérogène.
Pour ce type de système, nous allons montrer que les conditions aux limites non-réfléchissantes
décrites dans la section précédente permettent de réaliser une diagonalisation approchée de
l’opérateur de propagation. Nous tenons à préciser que cette explication a un caractère formel et
ne constitue en aucun cas une preuve mathématiquement rigoureuse. Pour cela, nous considérons
un opérateur différentiel générique d’ordre 1 représenté par la matrice 2 × 2, M (x, y, Dy , ω).
On suppose que l’opérateur ∂x − M est strictement hyperbolique. On sait alors (voir Chapitre
II et [Barucq et al., 2008]) qu’il existe V ∈ OP S 0 tel que :
!
Λ+ 0
M =U V microlocalement sur I , (III.39)
0 Λ−

où I est un sous-ensemble approprié du fibré co-tangent, Λ± ∈ OP S 1 dont les symboles


principaux iλ±
1 sont les valeurs propres du symbole principal m1 de M et U est une paramétrice
1. MÉTHODE DE FACTORISATION ONE-WAY 71

de V . En particulier, les valeurs propres du symbole principal m1 de M sont de la forme i λ+ 1 et


− + −
i λ1 avec λ1 (x, y, ξ, w) > 0 et λ1 (x, y, ξ, w) < 0.
Définissons ensuite un opérateur Z r,Nβ en nous basant sur la récurrence issue de la condition
aux limites non-réfléchissante (II.71) :
Nβ −1  −1  
Z r,Nβ := M − iβj− M − iβj+ ,
Y
(III.40)
j=0
 
où les paramètres βj± sont supposés assurer l’existence des opérateurs mis en jeu dans
j∈N
notre démarche et nous renvoyons à la Section III.2.1 pour un choix pratique.
r,N
Le symbole principal z0 β de Z r,Nβ est défini par :
Nβ −1  −1 
r,Nβ

m1 − iβj− m1 − iβj+ .
Y
z0 = (III.41)
j=0

r,N
On constate que z0 β a les mêmes vecteurs propres que m1 . Définissons la décomposition
spectrale de m1 comme suit : !
λ+
1 0
m1 = v0 u0 , (III.42)
0 λ−1

où u0 et v0 sont des matrices 2 × 2 telles que u0 = v0−1 dont les composantes sont dans S 0 . On
a alors immédiatement :
r,Nβ β r,N ! ! ! r,N !
z0,++ z0,+− v0,++ v0,+− v0,++ v0,+− R++β 0
r,Nβ r,Nβ = r,Nβ . (III.43)
z0,−+ z0,−− v0,−+ v0,−− v0,−+ v0,−− 0 R−−
On tire de cette relation :
r,N
β β r,N r,N
z0,−+ v0,++ + z0,−− v0,−+ = v0,−+ R++β , (III.44)
ou encore
 r,N
−1 r,N
 r,N
−1 r,N
β
z0,−− β
z0,−+ + v0,−+ (v0,++ )−1 = z0,−−
β
v0,−+ R++β (v0,++ )−1 . (III.45)
En utilisant
r,N
β β r,N ! ! r,N ! !
z0,++ z0,+− v0,++ v0,+− R++β 0 u0,++ u0,+−
r,Nβ r,Nβ = r,Nβ , (III.46)
z0,−+ z0,−− v0,−+ v0,−− 0 R−− u0,−+ u0,−−

on obtient la relation :
r,Nβ r,N r,N
z0,−− = v0,−+ R++β u0,+− + v0,−− R−−β u0,−− . (III.47)
De plus, si nous supposons comme dans la partie précédente une "adaptation" des coefficients
β± à l’opérateur M dans le sens suivant :
r,N
lim R++β = 0 sur I,
Nβ →+∞
r,N (III.48)
lim R−−β = +∞ sur I
Nβ →+∞

Nβ −1 Nβ −1
λ+ +
λ− +
! !
r,N Y 1 − βj r,N Y 1 − βj
où R++β := et R−−β := − , alors (III.45) nous fournit :
j=0 λ+ −
1 − βj j=0 λ−
1 − βj

 r,N
−1 r,N
lim β
z0,−− β
z0,−+ = −v0,−+ (v0,++ )−1 (III.49)
Nβ →+∞
72 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

r,Nβ
car lim z0,−− = +∞. La relation u0 v0 = I nous donne aussi :
Nβ →+∞

 r,N
−1 r,N
lim β
z0,−− β
z0,−+ = (u0,−− )−1 u0,−+ . (III.50)
Nβ →+∞

On peut par exemple choisir une normalisation suivante des vecteurs propres à gauche :
!
1 u0,+−
u0 = , (III.51)
u0,−+ 1

et (III.50) devient :
 r,N
−1 r,N
β β
lim z0,−− z0,−+ = u0,−+ . (III.52)
Nβ →+∞
 r,N
−1 r,N
Autrement dit, l’opérateur Z−−β Z−+β permet de construire une approximation du mode à
gauche (U−+ 1) au sens du symbole principal. En procédant de la même manière et en utilisant
l’opérateur suivant :
Nβ −1  −1  
l,Nβ
M − iβj+ M − iβj− ,
Y
Z := (III.53)
j=0

on peut écrire la relation suivante :


 l,N
−1 l,N
β β
lim z0,++ z0,+− = u0,+− . (III.54)
Nβ →+∞

 l,N
−1 l,N
L’opérateur Z++β Z+−β permet cette fois-ci de construire une approximation du mode à
gauche (1 U+− ) au sens du symbole principal. En réunissant ces deux résultats, on voit que
les opérateurs Z l,Nβ et Z r,Nβ permettent d’accéder à une approximation des vecteurs propres à
gauche normalisés notée U Nβ et définie comme suit :
l,N −1
 
l,N
 
I Z++β Z+−β
UNβ := 
 
−1
 . (III.55)
r,N r,N
  
Z−−β Z−+β I
 −1
On définit alors VNβ := UNβ et la diagonalisation approchée de l’opérateur M :

M ≈ UNβ DNβ UNβ , (III.56)

où DNβ est définie comme la partie diagonale de UNβ M VNβ .

Remarque 14. Il n’y a pas d’unicité dans le choix de la normalisation de U. Bien que ces
relations restent valables pour les symboles principaux, les relations d’ordres inférieurs seront
modifiées par ce choix. Cela entraîne que certaines de ces normalisations seront plus précises
que d’autres en ce qui concerne les relations d’ordres inférieurs (voir Section III.3.3).

Remarque 15. Dans (III.55), les termes de la matrice peuvent être vus soit comme des
opérateurs soit comme leur version discrétisée suivant la variable transverse y.

1.2.2 Cas général


Dans le cas où le système à résoudre est composé d’un nombre supérieur à deux équations,
comme c’est le cas des équations d’Euler ou de Navier-Stokes, la complexité engendrée ne permet
plus d’appliquer la démarche formelle utilisée dans la section précédente. En effet, lorsque le
1. MÉTHODE DE FACTORISATION ONE-WAY 73

système est composé de trois équations ou plus, certains blocs des matrices Z et U deviennent des
matrices d’opérateurs comportant eux-même plusieurs opérateurs pseudo-différentiels différents
discrétisés. Cela entraîne une indétermination de certains de ces opérateurs dans le cas où
plusieurs vecteurs propres génèrent au moins un des espaces invariants de M. En d’autres
termes, dans ce cas, le nombre de termes inconnus est plus grand que le nombre d’équations à
notre disposition.
Un exemple simple de cette limitation peut être présenté dans le cas d’un système de
trois équations. Considérons, par exemple, les équations d’Euler dans le cas d’un écoulement
subsonique vers les x positifs. Pour ce système, il existe deux valeurs propres associées aux
modes se propageant vers la droite (et donc un espace invariant à droite de dimension deux)
et une seule associée aux modes se propageant vers la gauche (et donc un espace invariant à
gauche de dimension un). En procédant formellement comme dans la section précédente, on
peut établir les deux identités suivantes :
 r,N
−1 r,N
lim β
z0,−− β
z0,−+ = (u0,−− )−1 u0,−+ (III.57)
Nβ →+∞

et −1
l,N l,N

lim β
z0,−− β
z0,−+ = (u0,++ )−1 u0,+− (III.58)
Nβ →+∞

où u0,++ est une matrice carrée 2 × 2 composée de quatre symboles scalaires, u0,−− est un
symbole scalaire et u0,−+ et u0,+− sont respectivement des matrices 1 × 2 et 2 × 1. On voit
immédiatement que si on choisit une normalisation qui implique u0,−− = 1, alors la relation
(III.57) permet de "fixer" une approximation de u0,−+ par la relation :
 r,N
−1 r,N
β β
lim z0,−− z0,−+ = u0,−+ . (III.59)
Nβ →+∞

 r,N
−1 r,N
En d’autres termes, comme dans la section précédente, l’opérateur Z−−β Z−+β permet de
construire une approximation du mode à gauche (U−+ 1) au sens du symbole principal. Il nous
reste donc 6 termes à fixer pour définir une approximation complète de U. Tout d’abord, on
peut réduire ce nombre à 4 en choisissant une normalisation qui fixe deux valeurs : on peut
prendre par exemple u0,++ de la forme :
 
1 a
  . (III.60)
b 1

D’autres valeurs sont bien évidemment envisageables. Malheureusement, l’identité (III.58) ne


fournit que deux relations pour fixer ces quatre valeurs, ce qui nous met face à un problème
sous-déterminé. Cette difficulté nous empêche donc d’accéder directement à une diagonalisation
approchée du type (III.56) de l’opérateur de propagation dans ce cas. Néanmoins, nous n’avons
pas besoin d’une diagonalisation stricte de M pour réaliser un découplage one-way. Une
factorisation de M moins fine mais garantissant une séparation des informations se propageant
dans les deux directions est suffisante. Ce type de factorisation peut être facilement obtenu en
réunissant les points (ii) des théorèmes 1 et 2. En effet, si (β±j )j∈N est une famille de paramètres
adaptée à l’opérateur de propagation M au point x, dont la diagonalisation s’écrit M = V D U,
alors on a :
   
el el U−1 el el
  
Z ++ Z+− ++ D++ U++ 0 Z
  ++
Z +−
 M =
     . (III.61)
er
Z−+
er
Z−− 0 U−1
−− D−− U−− er
Z −+
er
Z −−
74 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

fNβ , à partir des deux matrices


L’idée est alors de définir une matrice de transformation, notée U
r,Nβ l,N
Z̃ et Z
e β qui prend la forme :
 
e β Z l,N
e β l,N
Z
 ++ +− 
fNβ
U :=   . (III.62)
r,N
e β Z r,N
e β
Z−+ −−

Remarque 16. L’identité


  (III.61) ne
 correspond pas à une diagonalisation de M car les blocs
U−1 −1
++ D++ U++ et U−− D−− U−− ne sont pas diagonaux. Par contre, les valeurs propres
fNβ n’est pas
associées à ces blocs sont respectivement D++ et D−− . De plus, la matrice U
directement composée d’approximations des vecteurs propres de U, mais elle garantit une
séparation des espaces invariants gauche et droit.
fNβ l’inverse de la matrice U
Notons V fNβ . On définit alors la matrice :

fNβ := U
D f Nβ M V
fNβ . (III.63)
Cette matrice converge vers la matrice bloc diagonale suivante lorsque Nβ → +∞ :
   
U−1
++ D++ U++ 0
fNβ = 
lim D     .

(III.64)
N →+∞
0 U−1
−− D−− U−−

En pratique, nous verrons que si on choisit judicieusement un nombre Nβ de paramètres, alors


fNβ se comportera de la façon suivante :
D
 
f β N
D
 ++
ε+− 
fNβ = 
D  , (III.65)
ε−+ fNβ
D −−
N
f β et D N
f β les deux matrices blocs contenant les informations sur les valeurs propres de
avec D ++ −−
M tandis que ε+− et ε−+ sont aussi des matrices blocs contenant les résidus de l’approximation
et qui tendent vers 0 lorsque cette dernière converge. Au final, la factorisation approchée de
l’opérateur de propagation s’écrit de la façon suivante :

fNβ D f Nβ f Nβ
M≈M
f =V f U , (III.66)
avec :  
f β N
Nβ D
 ++
0 
D =  . (III.67)
f
f

0 D−−
f

De cette façon, les termes résiduels extra-diagonaux sont négligés, permettant de ce fait
un découplage complet du calcul des ondes se propageant dans un sens et dans l’autre. La
résolution de l’équation (II.54) peut donc se faire de façon bien posée en remplaçant la matrice

D par son approximation D
f
f fNβ ψ,
:φ=V

 ∂ψ + = D

 f Nβ ψ
++ +
∂x . (III.68)


ψ− = 0
fNβ , les valeurs propres de D N
f β et de
Remarque 17. De la même façon que pour la matrice U ++

D−− ne sont pas directement accessibles. Seule l’information sur ces valeurs propres est contenue
f
dedans. Ainsi en procédant à une décomposition spectrale de ces deux matrices séparément, il
est possible de retrouver une approximation du spectre de M.
Afin d’alléger les notations, la factorisation (III.66) sera simplement définie par
M
f =V
fDfU
f dans la suite de ce manuscrit.
1. MÉTHODE DE FACTORISATION ONE-WAY 75

1.3 Prise en compte du terme source


Le terme source volumique, jusqu’ici négligé dans un but de clarté du discours, va pouvoir
être appliqué dans la résolution des équations one-way en utilisant les opérateurs de projection
associés à la factorisation numérique de l’opérateur de propagation. Plus précisément, le terme
source discrétisé, noté f dans l’équation (II.39), est dans un premier temps exprimé dans
l’équation (II.43) écrite en terme de variables caractéristiques :
f−1 T−1 f .
g=A (III.69)
Remarque 18. Sous cette forme, le terme source n’a pas subi la projection des opérateurs de
transformation menant aux variables one-way (i.e. la matrice U).
f De ce fait, cette première
projection appliquée au terme f est incomplète, ce qui mène à une séparation "erronée" des
parties se propageant vers la droite et vers la gauche.
Pour incorporer ce terme source dans l’équation (II.54), il faut alors l’exprimer en terme de
variables one-way en utilisant la matrice U
f :

h=U
fg=U
fAf−1 T−1 f , (III.70)
De cette façon, ce terme source est lui aussi décomposé en fonction du sens de propagation des
modes excités par ses différentes composantes et peut donc s’écrire :
!
h+
h= , (III.71)
h−
avec h+ la partie excitant des modes se propageant vers la droite et h− la partie excitant des
modes se propageant dans le sens opposé.
Par rapport à la méthode one-way développée dans cette section, l’approche numérique
proposée par Towne et Colonius et présentée dans le chapitre précédent (Section II.2) possède
deux inconvénients majeurs. Le premier est que cette méthode, du fait que les équations sont
résolues en termes de variables caractéristiques, ne permet pas de séparer le terme source en
fonction du sens de propagation des modes excités comme dans l’équation (III.71). Ainsi, si
l’expression du terme source g est intégrée dans l’équation (II.71), cette non séparation rend
l’information propagée erronée, menant de ce fait à un résultat incorrect. Dans ce cas là, le
seul moyen d’imposer la propagation d’une onde dans le domaine est de le faire à l’entrée de
ce dernier. Cependant, de la même façon, le signal imposé à l’entrée ne fait pas l’objet d’un
filtrage. Cela entraîne que ce signal doit être choisi avec soin et ne doit comporter que la partie
de l’information qui se propage vers la droite. Une méthode pour garantir cela est d’utiliser une
décomposition spectrale de l’opérateur de propagation qui permet d’avoir accès aux vecteurs
propres directement associés à un sens de propagation. Il suffit ensuite d’imposer en entrée un
vecteur propre ou une combinaison de ces vecteurs pour permettre une propagation d’onde
précise.
Ces deux inconvénients sont effacés dans le cas de l’approche projective, également développée
dans le manuscrit de thèse de Towne [Towne, 2016] et depuis utilisée dans certains articles
[Rigas et al., 2017b; Kamal et al., 2020], souvent de façon hybride avec l’approche outflow. Dans
le cadre de cette approche projective, la condition aux limites non-réfléchissante est également
imposée deux fois (une fois dans chaque sens) pour chaque point en x. Cela permet de projeter
le signal provenant de l’entrée ou d’un terme source dans le but de séparer les contributions
excitant les modes se propageant dans un sens ou dans l’autre et de ne garder que ceux qui
sont pertinents. Cependant, cette méthode projective n’implique pas la construction d’une
approximation des matrices de vecteurs propres de façon explicite, rendant son application
impossible dans le cadre des milieux de propagation présentant des variations importantes selon
la direction privilégiée.
76 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

1.4 Gestion des singularités


Dans le cas d’un système hyperbolique, il les valeurs propres de la matrice A, devant
l’opérateur de dérivée selon la direction privilégiée (équation (II.39)), sont purement réelles.
Cependant, il est possible que dans certains cas, cette matrice soit diagonalisable mais possède
des valeurs propres nulles. La présence de ces valeurs propres nulles entraîne le fait que la matrice
A,
f qui est une matrice diagonale composée de valeurs propres de A, ne soit plus de rang plein
et ne soit donc pas inversible. Or, cette caractéristique inhérente à la matrice A f est nécessaire
dans le but d’isoler les termes dérivés en x et de formuler l’équation (II.43), exprimant ainsi
l’opérateur de propagation dont la factorisation permet la résolution des équations one-way.
Ce genre de singularités, rendant la matrice A f non-inversible peut également apparaître
dans le cas où des conditions aux limites transverses n’impliquant pas de dérivée en x des
variables sont imposées (notamment avec une résolution utilisant des différences finies). C’est par
exemple le cas de la condition d’impédance utilisée pour modéliser l’effet d’un liner acoustique
(voir Section VI.1.3.2). Un autre paramètre pouvant influer sur leur apparition est le milieu de
propagation. En effet, dans les problèmes de mécanique des fluides, les valeurs propres de A
dépendent directement des valeurs de la vitesse axiale de l’écoulement de base et de la vitesse
du son. Ainsi, si la vitesse axiale s’annule ou est égale à la vitesse du son à certains endroits,
des singularités apparaissent pour les équations d’Euler ou de Navier-Stokes.
Pour contourner cette non-inversibilité de la matrice A, f il a été montré, notamment dans
[Majda et Osher, 1975], qu’il était possible de réécrire le problème sous la forme d’un autre
problème de taille réduite qui présente une forme et des caractéristiques similaires à celles de
l’équation (II.43). La gestion de ces singularités est ici traitée dans le cas général des équations
one-way mais plus de détails sur les termes impliqués dans le cas des équations d’Euler sont
disponibles dans l’Annexe A.
L’apparition de cette nouvelle famille de valeurs propres permet une décomposition un peu
différente de celle effectuée dans l’équation (II.42), puisqu’une nouvelle composante doit être
prise en compte. La matrice A f peut donc s’écrire sous la forme :

 
A
f
+ 0 0 !
A
f
± 0
A
f= 0 A − 0 = , (III.72)
 f 
0 0
0 0 0

f est une matrice diagonale de dimension N × N et de rang N + N , avec N le nombre


où A + − +
de valeurs propres positives et N− le nombre de valeurs propres négatives. Les matrices A
f
+
f sont donc des matrices diagonales de dimensions respectives N × N et N × N . Le
et A − + + − −
nombre de valeurs propres nulles est noté N0 et on obtient donc N = N+ + N− + N0 . Enfin,
la matrice diagonale Af est de dimension (N + N ) × (N + N ) et elle est composée des
± + − + −
matrices blocs A+ et A− sur sa diagonale. La même décomposition peut être effectuée sur le
f f
vecteur des variables :
 
φ+ !
φ±
φ =  φ−  =
 
, (III.73)
φ0
φ0

avec φ± le vecteur formé de φ+ et de φ− et dont la dimension est N+ +N− . Dans le développement


nécessaire à la construction des équations one-way, la non-inversibilité de la matrice A
f empêche
l’obtention des équations sous la forme de la relation (II.43). On se trouve donc avec l’équation
suivante, dans un problème à d dimensions, juste avant l’isolation du terme de dérivée en x de
φ:
1. MÉTHODE DE FACTORISATION ONE-WAY 77

 
d−1
f ∂ φ = T−1 −sI −
X
A Bj − C Tφ , (III.74)
∂x j=1

avec les matrices Bj décomposées de la façon suivante :


!
B±±,j B±0,j
Bj = . (III.75)
B0±,j B00,j
Remarque 19. Les indices rattachés aux matrices indiquent les dimensions de cette dernière.
Ainsi, une matrice avec un indice ±± sera de dimension (N+ + N− ) × (N+ + N− ) tandis qu’une
autre matrice avec l’indice 0± sera de dimension N0 × (N+ + N− ). Le même constat peut être
fait pour les vecteurs.
En explicitant les relations ainsi obtenues pour φ± et φ0 , on obtient le système d’équation
suivant :

      
d−1 d−1
 ∂φ ± f−1 −sIφ − 
X X
=A B±±,j + C±±,j  φ± −  B±0,j + C±0,j  φ0 


 ± ±
 ∂x


j=1 j=1
    , (III.76)

 d−1
X d−1
X
0 = −sIφ0 −  B0±,j + C0±,j  φ± −  B00,j + C00,j  φ0





j=1 j=1

avec la matrice A
f inversible puisque cette dernière est diagonale avec des termes diagonaux non
±
nuls. De cette façon, l’expression du terme φ0 est explicitée en fonction de φ± . Les matrices T
et T−1 utilisées dans l’expression de M (équation (II.44)) ont été incorporées dans l’expression
des matrices B±±,j et B±0,j afin d’alléger la notation. Il ne reste donc plus qu’à exprimer le
terme de dérivée en x en fonction de φ± . En injectant la seconde équation dans la première
pour faire disparaître le terme φ0 , on obtient :

  −1 
d−1 d−1 d−1 d−1
∂φ± f−1  X X X X
= A −sI − B±±,j − B±0,j −sI − B00,j  B0±,j 
 φ± . (III.77)
∂x j=1 j=1 j=1 j=1

En remettant cette relation sous la forme de l’équation (II.43), on obtient alors le système
suivant, modifié en termes de variables caractéristique :

∂φ±
= M(s, x)φ±

 f

 ∂x


−1

d−1
X d−1
X
, (III.78)

φ0 = −sI − B00,j B0±,j φ±

  



j=1 j=1

avec Mf une matrice de dimension (N + N ) × (N + N ) qui est considérée comme le nouvel


+ − + −
opérateur de propagation. Les phases suivantes visant à découpler la résolution des équations en
fonction du sens de propagation des modes sont donc exactement les mêmes, avec une relation
supplémentaire afin de retrouver les termes φ0 à partir des φ± obtenus durant la résolution. Il
est à noter que le système à résoudre avec l’algorithme de marche en espace est de dimension
inférieure au problème résolu dans le cas sans singularité qui est lui de dimension N × N .
L’application de la deuxième relation étant numériquement peu coûteuse, la résolution d’un
système présentant de nombreuses singularités permet donc de diminuer les durées de restitution.
C’est par exemple le cas des calculs avec des équations one-way d’Euler ou de Navier-Stokes
dans le cas où aucun écoulement n’est présent.
78 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

2 Résolution des équations one-way


Le cadre des équations one-way ayant été explicité, l’aspect numérique et le choix des
différentes méthodes de résolution font l’objet d’explications plus approfondies dans cette
section. La Section III.2.1 aborde le sujet du choix des coefficients β± permettant de faire
converger les conditions aux limites non-réfléchissantes et donc d’assurer la qualité des équations
one-way. Les différentes méthodes de résolution et de discrétisation utilisées pour les résultats
numériques de cette thèse sont présentées dans la Section III.2.2. Le choix de l’algorithme de
marche en espace qui est au cœur de la résolution des équations est abordé dans la Section
III.2.3 par l’intermédiaire d’un cas test qui servira de comparaison entre les différentes méthodes
présentées dans la section précédente. Finalement, la question de la différence de philosophie
pour la résolution des équations, entre la méthode numérique de Towne et Colonius et la
nouvelle méthode de factorisation numérique présentée ici, est le sujet de la Section III.2.4.

2.1 Choix des coefficients


Le choix des coefficients β± est un sujet important pour s’assurer de la qualité des équations
one-way sous leur forme numérique. En effet, de leur choix dépendra la bonne convergence ou
non du spectre de la matrice D f vers celui de l’opérateur exact M et donc la bonne propagation
des ondes. La présence de ces paramètres dans le système d’équations a pour avantage de
permettre à l’utilisateur de "fournir de l’information" pour la résolution. En effet, en choisissant
des paramètres β+ proches des valeurs propres α+ , qui sont associées à des modes propres
se propageant vers la droite, et des coefficients β− proches des valeurs propres α− , qui sont
associées à des modes propres se propageant vers la gauche, la convergence se fait d’autant
plus rapidement, limitant de ce fait le nombre de coefficients à utiliser. Cela est un avantage,
dans le cas de milieux de propagation présentant des variations selon les directions transverses,
par rapport à d’autres méthodes d’approximation comme les approximants de Padé où les
coefficients ne sont pas choisis par l’utilisateur. En effet, dans ce cas là, comme ce sera montré
dans la Section III.3, plus ces variations augmentent, plus le nombre de coefficients de Padé
nécessaires à une bonne approximation va augmenter du fait de la complexification du spectre.
Cette augmentation, avec l’utilisation de bons coefficients β± , restera limitée dans le cadre
de l’approximation de l’opérateur par des conditions aux limites non-réfléchissantes. Il est
néanmoins important de noter que si l’utilisateur possède très peu d’informations sur le spectre
de l’opérateur, l’approximation convergera quand même vers le spectre exact. En effet, cette
convergence s’effectue même avec un ensemble arbitraire de coefficients. L’enjeu est ici de guider
ce choix afin de minimiser le nombre de coefficients β± dans le but de réduire le coût de calcul
engendré par l’approximation.
Cependant, cette méthode a pour inconvénient de nécessiter une connaissance préalable du
spectre de l’opérateur par l’utilisateur. Cette connaissance est nécessaire afin de converger vers
les bons modes, ceux se propageant vers la droite ou vers la gauche, tout en garantissant leur
bonne séparation. En effet, il suffit qu’un seul mode se propageant vers la gauche soit mélangé
avec ceux se propageant vers la droite pour que les équations one-way deviennent mal posées,
entraînant alors l’instabilité de leur résolution.
Une façon de faire serait de prendre une abscisse x représentative du cas à simuler et de
faire la décomposition en valeurs propres de l’opérateur de propagation M à cette position. Cela
permettrait d’obtenir le positionnement exact des valeurs propres dans le plan complexe et de
pouvoir choisir les coefficients β± en fonction des résultats obtenus. Bien que possible dans le cas
de petites simulations présentant peu de points de discrétisation dans les directions transverses,
cela devient vite coûteux, voire impossible, dans le cas de simulations plus imposantes.
La méthode la plus simple et la moins coûteuse reste d’isoler des zones dans lesquelles
2. RÉSOLUTION DES ÉQUATIONS ONE-WAY 79

choisir les valeurs des coefficients. Pour cela, l’étude du système dans le cadre d’un milieu de
propagation uniforme permet de sélectionner ces zones. Il est ainsi possible d’imposer a priori un
choix intelligent pour les coefficients β± , sans avoir à effectuer de calcul complexe. Pour illustrer
cette méthode, on utilise les équations d’Euler, qui seront résolues sous la forme d’équations
one-way dans les chapitres suivants. Ainsi, pour un problème 2D présentant un écoulement
uniforme allant vers les x positifs, les équations d’Euler adimensionnées et linéarisées peuvent
s’écrire :
 !
∂p ∂Mx ∂My
− iωp + M0 + ρ 0 a2


 + =0
∂x ∂x ∂y







∂Mx 1 ∂p
− iωMx + M0 + =0 , (III.79)




∂x ρ0 ∂x
∂My 1 ∂p


 − iωMy + M0


 + =0
∂x ρ0 ∂y
avec Mx et My les composantes des perturbations de la vitesse selon x et y (elles peuvent être
assimilées à un nombre de Mach local du fait de l’adimensionnement par la vitesse du son a),
p la perturbation de la pression, M0 le nombre de Mach local et ρ0 la masse volumique de
l’écoulement stationnaire de base.
En appliquant la même démarche que celle de la méthode one-way pour obtenir l’opérateur
de propagation M , il est possible, dans ce cas simplifié, de le faire de façon exacte et d’obtenir
l’expression analytique des valeurs propres α de l’opérateur. L’avantage de travailler dans le cas
d’un écoulement uniforme est que l’on peut utiliser une transformée de Fourier dans la direction
transverse et, en notant z la variable duale de y dans l’espace de Fourier, les valeurs propres de
M , qui sont au nombre de trois, prennent la forme [Charru, 2011] :

ω −M0 + r(z) −M0 − r(z)


αc = ; αac,1 = ω ; αac,2 = ω , (III.80)
M0 1 − M02 1 − M02
avec :
q
r(z) = 1 − (1 − M02 ) z 2 (III.81)
Ces trois valeurs propres traduisent la présence de trois modes de nature différente. La
première famille, αc , représente les modes convectifs qui sont advectés à la vitesse de l’écou-
lement. Les valeurs propres αac,1 et αac,2 sont, respectivement, reliées aux modes acoustiques
se propageant vers la droite et vers la gauche. Ces modes acoustiques sont séparés en deux
classes différentes. La première contient les modes propagatifs (α ∈ R) qui vont se propager le
long de l’axe x. La deuxième classe contient, quant à elle, les modes évanescents (α ∈ C) dont
l’amplitude va diminuer de façon exponentielle au cours de leur propagation. Ils ont donc un
impact limité sur la solution, d’autant plus que la partie imaginaire de leur valeur propre est
élevée, entraînant une décroissance toujours plus rapide.
Il est possible, en faisant varier les valeurs de la vitesse axiale (ici entre 0.25 et 0.475) et de
z, de visualiser comment se comportent et se séparent ces deux classes de modes. Ainsi, sur les
Figures III.1 et III.2, nous visualisons les valeurs que prennent les parties réelle et imaginaire
des valeurs propres αac,1 en fonction de ces deux paramètres. La valeur de ω utilisée ici est
de 15. La séparation entre les modes propagatifs et les modes évanescents est nette. En effet,
les premiers se situent sur l’axe des réels et sont donc concernés par les petites valeurs de z
(|z| ≤ 1) tandis que les modes évanescents prennent le dessus lorsque la valeur de z augmente et
tend vers l’infini. La particularité de ces modes est que leurs valeurs propres se trouvent sur une
branche parallèle à l’axe des imaginaires avec une partie imaginaire augmentant avec z. Il peut
également être remarqué que plus la vitesse axiale de l’écoulement a tendance à être grande,
80 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

Figure III.1 – Valeur de la partie réelle Figure III.2 – Valeur de la partie imagi-
de αac,1 en fonction du Mach axial et de la naire de αac,1 en fonction du Mach axial et
valeur de z 2 de la valeur de z 2

plus ces modes acoustiques tendront vers des valeurs négatives sur l’axe des réels. De plus, les
modes évanescents auront tendance à présenter une partie imaginaire plus grande, entraînant
une diminution d’amplitude de plus en plus rapide. L’évolution des valeurs propres αac,2 est
exactement la même dans le sens inverse (i.e. vers des valeurs négatives avec l’augmentation de
z et de M0 ). Au final, en comptant toutes les valeurs propres associées à des modes acoustiques,
elles se séparent en quatre branches : deux le long de l’axe des réels et deux parallèles à l’axe
des imaginaires.

100

50
αi

−50

−100

−40 −20 0 20 40 60
αr

Figure III.3 – Exemple de spectre d’opérateur et sa zone d’estimation

Ces informations permettent d’obtenir des indices sur les zones, dans le plan complexe,
où placer les coefficients β± afin d’obtenir une bonne approximation. En effet, en partant des
formules des valeurs propres pour un écoulement uniforme et en utilisant la valeur minimale et
maximale de vitesse axiale présente dans l’écoulement de base, il est possible de délimiter de
telles zones. La Figure III.3 représente le spectre de l’opérateur de propagation discrétisé, dans le
plan complexe (α = αr +iαi ), dans le cas d’un conduit de section non-uniforme en 2D (les détails
du cas et de la simulation sont présentés dans la Section V.3.3) et dont l’écoulement présente
des variations selon l’axe y et x sur toutes les variables de l’écoulement de base. Les zones
d’estimation basées sur l’écoulement de base se trouvent en orange pour les modes convectifs, en
2. RÉSOLUTION DES ÉQUATIONS ONE-WAY 81

jaune pour les modes acoustiques propagatifs et en rouge pour les modes acoustiques évanescents.
On peut voir que cette estimation reste relativement bonne et permet de définir des zones où
appliquer les coefficients de façon satisfaisante, sans même connaître le spectre au préalable.
En effet, les modes convectifs et propagatifs se trouvant proches de l’axe des réels, il est aisé
d’appliquer des coefficients dans leur zone respective et proche de l’axe. De la même façon,
les modes évanescents n’ont besoin que d’une estimation de la valeur maximale de z pouvant
être capturée par le maillage afin de pouvoir borner la zone dans laquelle les coefficients β±
doivent être placés. Il est également important de noter que même si le critère de Briggs [Briggs,
1964] détermine réellement le sens de propagation des modes acoustiques (les modes convectifs
se propageant forcément dans le sens de l’écoulement), les branches tendant vers les valeurs
négatives pour les parties réelles ou imaginaires peuvent être reliées aux valeurs propres αac,2 ,
associées aux modes se propageant vers la gauche.
La convergence du spectre approché sur le spectre exact sera chiffrée dans la suite de cette
thèse par une valeur d’erreur relative en norme euclidienne. Ainsi, pour obtenir cette valeur,
la décomposition spectrale de l’opérateur de propagation sera comparée aux valeurs propres
des matrices Df
++ et D−− . Le détail de la valeur moyenne et de la valeur maximale sera donné.
f
En effet, l’ensemble de ces modes étant propagés, même si les modes sont, en moyenne, bien
approchés, il suffit qu’un seul d’entre eux ayant une importance significative soit mal approché
pour que la solution résultant de la simulation soit de mauvaise qualité. Enfin, la question de la
convergence sur le spectre en fonction du choix des coefficients β± sera abordée dans la Section
III.2.4.

2.2 Méthodes de discrétisation


La discrétisation précoce des équations dans les directions transverses pendant la construction
des équations one-way numériques permet de séparer la résolution selon deux phases différentes.
En effet, comme le montre la Figure III.4, la discrétisation de l’équation différentielle selon les
directions transverses est complètement découplée de la résolution de l’équation différentielle
ordinaire obtenue le long de l’axe privilégié x. Cela permet donc d’appliquer une méthode de
discrétisation dans un domaine possédant une dimension de moins que le problème complet
initial et également d’utiliser une méthode de résolution différente selon l’axe x. De cette façon,
les méthodes employées peuvent être modulées afin de tirer profit de certaines caractéristiques
des schémas.

Figure III.4 – Séparation des méthodes de discrétisation transverse et axiale

Les différentes méthodes de discrétisation dans la direction transverse utilisées dans le


cadre de cette thèse sont présentées dans la Section III.2.2.1 tandis que certaines méthodes de
82 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

résolution utilisant une marche en espace dans l’axe privilégié, à partir d’une condition initiale
donnée, sont détaillées dans la Section III.2.2.2.

2.2.1 Discrétisation transverse


Dans le cas des simulations 2D réalisées dans cette thèse, la méthode de discrétisation
transverse s’applique donc à un système d’équations différentielles d’ordre 1 en y représentant
un problème monodimensionnel (1D). Ainsi, beaucoup de méthodes peuvent être utilisées :
différences finies, éléments finis, Galerkin discontinues. Le choix a été fait dans cette thèse
d’utiliser une discrétisation par des éléments finis pour la résolution de l’équation des ondes
sous sa forme one-way tandis qu’une approche de type différences finies a été préférée pour
les problèmes de mécanique des fluides impliquant la résolution des équations d’Euler (2D ou
axisymétriques).
Plus précisément, dans le cadre de la résolution de l’équation des ondes sous sa forme one-way,
nous utilisons des éléments finis de classe C 0 de type Lagrange [Arlett et al., 1968; Monk et
Wang, 1999; Cohen et al., 2001]. Nous nous sommes restreints à l’utilisation de fonctions de
base sous la forme de polynômes P 1 mais les versions d’ordre élevé peuvent naturellement être
envisagées, si nécessaire. Ainsi, toutes les méthodes one-way comparées dans la Section III.3
utilisent la même méthode de discrétisation par éléments finis, qui a pour avantage de présenter
une diffusion numérique relativement faible et qui est donc particulièrement adaptée pour une
problématique de propagation d’ondes.
Dans le cadre des équations d’Euler et de Navier-Stokes, une approche aux différences
finies est privilégiée. Le choix a été fait de discrétiser ces équations par l’intermédiaire d’un
schéma compact d’ordre 4 [Gamet et al., 1999] qui a pour avantage de pouvoir être utilisé sur
un maillage non-uniforme (permettant donc les raffinements locaux) tout en garantissant une
approximation d’ordre 4 qui peut monter continûment jusqu’à l’ordre 6 lorsque le maillage
utilisé devient uniforme. Ce schéma permet donc une approximation d’ordre élevé limitant de ce
fait le nombre de points de discrétisation et allégeant d’autant plus le calcul des matrices U,
f Vf
et D. De plus, avec ce genre de méthodes, l’application des conditions aux limites transverses
f
se fait de façon directe. En effet, il suffit de remplacer l’équation au point de discrétisation
concerné afin de bien appliquer la condition voulue. Cela facilite ainsi l’implémentation des
conditions aux limites, parfois complexes, utilisées dans le cadre de la mécanique des fluides.

2.2.2 Discrétisation axiale


Le cœur de la résolution des équations one-way consiste à résoudre une équation différentielle
ordinaire d’ordre 1 selon l’axe privilégié x. Le choix de l’algorithme d’intégration grâce à une
marche en espace est donc important afin de contenir le coût de calcul de la méthode tout en
garantissant une résolution précise. Plus précisément, l’intégration axiale des équations one-way
vers la droite prend alors la forme d’une équation de transport selon x exprimée de la façon
suivante : trouver ψ + : ]0, Lx [→ CN+ tel que :

 ∂ ψ+ = D

 f D (x)ψ + h (x)
++ + + +
∂x , (III.82)


ψ + (0) donnée
où ψ + (0) est une condition initiale imposée à l’entrée du domaine de calcul.
Un schéma de résolution classique pour ce genre de problèmes est celui de Runge-Kutta
[Press, 1992]. En particulier, la déclinaison à l’ordre 4 de cette méthode de résolution numérique
est couramment utilisée car très facile d’implémentation tout en garantissant une précision
satisfaisante. Dans le cadre de l’équation (III.82), la méthode de Runge-Kutta à l’ordre 4 s’écrit :
2. RÉSOLUTION DES ÉQUATIONS ONE-WAY 83

f n ψ n + hn




k1 = D ++ + +
 !
∆x
 1
n+ n+ 21

 n
k 2 = D++
2
ψ + k 1 + h+

 f
 +



 2

 !
fn+ 2 ψ n + ∆x k
1
n+ 1


k = D

+h 2
3 ++ + 2 +

2 , (III.83)
  


k = fn+1 ψ n + ∆xk + hn+1
D


 4 ++ + 3 +



 ∆x
ψ n+1 = (k1 + 2k2 + 2k3 + k4 )


+

6




 0

ψ + donné
avec ∆x le pas d’espace en x du maillage, l’indice n indiquant le point de discrétisation xn , n + 12
indiquant le point xn + ∆x 2
et n + 1 indiquant le point xn + ∆x. Cette méthode, directement
issue des schémas d’Euler, permet donc de calculer la pente de la fonction au point initial de
la maille en x et d’en déduire une approximation au point milieu. Cette valeur est à son tour
utilisée pour affiner l’approximation au point milieu. La pente de la fonction en fin de maille
est alors obtenue par le calcul de k4 . Au final, la valeur de ψ + au point n + 1 est déterminée à
partir de la valeur au point n et des différentes approximations de la pente le long de la maille.
Ce schéma est par exemple choisi, dans cette thèse, pour la résolution de l’équation des ondes
au format one-way.
Cependant, dans de nombreux cas, les équations one-way peuvent être considérées comme
des équations raides dont la stabilité de la résolution peut être difficile à obtenir dans le cas de
schémas explicites comme la méthode de Runge-Kutta. En effet, pour ce genre de problème,
la condition de stabilité de ces méthodes peut devenir trop restrictive et ainsi demander un
en x très petit dans le seul but de garantir la stabilité du calcul. C’est pourquoi des schémas
implicites, souvent inconditionnellement stables, sont préférés pour ce type d’applications.
Dans le but de résoudre l’équation (III.82), la première méthode implicite présentée est
celle de la Backward Differentiation Formula (BDF) dans sa version à l’ordre 2 (BDF2). Tout
comme le schéma de Runge-Kutta, cette méthode se base directement sur un schéma d’Euler
mais formulé de façon implicite [Süli et Mayers, 2003]. La résolution à la n + 1ème itération de
ce schéma s’écrit :
2 fn+1 4 1
 
 I − ∆x D ψ n+1 = ψ n+ − ψ n−1 + h+n+1

+ +
3 3 3 + . (III.84)
 1

ψ + (0) = ψ + donné
Cette méthode d’ordre 2, déjà utilisée dans le cadre de la méthode one-way [Towne et
Colonius, 2015; Rigas et al., 2017a], a pour avantage d’être très peu coûteuse et facile à
implémenter. Cependant, les versions d’ordre supérieur (> 2) de cette approche ont pour
inconvénient de ne plus être inconditionnellement stables [Süli et Mayers, 2003], empêchant de
ce fait la montée en ordre dans le cadre de cette application.
Une autre approche est d’utiliser une méthode de type Galerkin discontinues (GD), qui est
connue pour être bien adaptée à la résolution des équations de transport. En effet, en utilisant
un schéma GD basé sur des flux décentrés en amont (par rapport au sens de propagation),
la résolution de l’équation se fait de façon quasi-explicite, mais avec une stabilité incondition-
nelle [Pietro et Ern, 2012]. Cette méthode a pour avantage d’être naturellement adaptée aux
résolutions d’ordre élevé mais ce dernier sera limité, dans le cadre de ce manuscrit, à un ordre
polynomial de 2 car il permet d’obtenir un bon rapport entre le coût de calcul induit et la
précision de la solution obtenue.
Afin de résoudre l’équation (III.82) par l’intermédiaire de la méthode de GD avec un
ordre polynomial k, il est nécessaire de la mettre sous sa formulation variationnelle. Pour cela,
84 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

l’équation est multipliée par une fonction test v : ]0, Lx [→ CN+ et est intégrée sur chaque cellule
du maillage en x. Ainsi, nous avons ∀ n ∈ [[1, Nx ]] avec Nx le nombre de cellules en x :
∂ψ +
Z Z Z
· v̄dx = D+ (x)ψ + · v̄dx + h+ · v̄dx , (III.85)
Sn ∂x Sn Sn
avec Sn = [xn , xn+1 ] la nème cellule du maillage axial. En appliquant une intégration par parties
sur le terme de gauche, on obtient :

Z
∂v̄
− ψ+ · dx + ψ +|Sn (xn+1 ) · v̄|Sn (xn+1 ) − ψ +|Sn (xn ) · v̄|Sn (xn ) =
Sn ∂x Z Z
D+ (x)ψ + ·v̄dx + h+ · v̄dx .
Sn Sn
(III.86)
La particularité de cette formulation de la méthode GD se situe dans son utilisation de flux
décentrés amont. En effet, dans ce cas précis, l’information provient forcément de l’amont pour
se propager vers l’aval (dans le cadre d’une résolution one-way vers la droite). Ainsi, le terme
de flux devient :

ψ
+|Sn−1 (xn ) ∀ n ≥ 2
ψ +|Sn (xn ) = (III.87)
ψ (0) pour n = 1
+

Il est ensuite possible d’appliquer l’intégration par parties inverse sur le terme de gauche de
l’équation (III.86) afin de la reformuler sous sa forme finale :
Z
∂ψ +  
· v̄dx + ψ (x ) − ψ (x ) · v̄Sn (xn ) =


 +|S n n +|S n−1 n
Sn ∂x





 Z Z
· h+ · v̄dx ∀ n ≥ 2



 D + (x)ψ + v̄dx +
Sn Sn


(III.88)

 Z
∂ψ +  
· v̄dx + ψ (x ) − ψ (0) · v̄S1 (x1 ) =


 +|S1 1 +
S1 ∂x





 Z Z
D+ (x)ψ + · v̄dx + h+ · v̄dx pour n = 1




S1 S1

La dernière étape consiste à sélectionner un espace d’approximation valable à la fois pour la


variable ψ + et pour la fonction test v :
 h iN+ h iN+ 
Vhk 2
= v ∈ L (]0, Lx [) k
| ∀ n ∈ [[1, Nx ]], v|Sn ∈ P (Sn ) (III.89)

où k ∈ N et P k (Sn ) est l’espace polynomial de degré total maximum k défini sur le segment
Sn . Ainsi, pour la première cellule, c’est la condition initiale imposée en x = 0 qui est utilisée
comme flux. C’est ensuite la solution obtenue au niveau de l’extrémité droite de la première
cellule qui est utilisée pour le flux de la seconde cellule. La solution obtenue sur l’extrémité
droite de cette cellule est ensuite utilisée pour le flux de la troisième cellule. En continuant
de cette façon, l’information se transmet de cellule en cellule de façon quasi-explicite tout en
gardant le caractère implicite du schéma de résolution, qui induit une stabilité inconditionnelle.
Dans la Section III.2.3, la méthode GD est comparée à la méthode de Runge-Kutta d’ordre
4 et à la méthode BDF d’ordre 2. Au final un choix sera fait sur la méthode à employer dans le
cas de la résolution des équations d’Euler one-way.
Remarque 20. La méthode GD présentée ici peut être définie d’une façon similaire pour
l’équation associée à la propagation vers la gauche.
2. RÉSOLUTION DES ÉQUATIONS ONE-WAY 85

2.3 Choix de l’algorithme de marche sur x


La comparaison entre la méthode GD et les méthodes BDF et RK est faite dans cette
section et mène à un choix qui sera maintenu pour le reste des simulations dont le cadre est
la mécanique des fluides. Pour la résolution de l’équation des ondes sous sa forme one-way, la
méthode RK à l’ordre 4 est tout de même conservée du fait que le code développé pour ce cas
n’est qu’un prototype servant à illustrer le potentiel de la méthode présentée ici et dont les
performances numériques ne sont pas le sujet principal.
Une première comparaison est faite entre la méthode de Runge-Kutta à l’ordre 4 (RK) et celle
GD à l’ordre polynomial 1. Le système résolu est basé sur les équations d’Euler linéarisées (voir
Section V.1.2) avec un écoulement porteur cisaillé. La Figure III.5 représente la comparaison des
erreurs relatives en norme L2 , calculée à la sortie du domaine. Pour ce calcul, nous avons utilisé
une solution de référence obtenue par une résolution directe des équations d’Euler linéarisées en
utilisant une méthode d’éléments finis d’ordre élevé. Les résultats concernant la méthode RK
ne sont pas affichés pour Nx < 300 en raison de l’instabilité de la résolution dans ce cas. Cette
instabilité n’apparaît pas dans le cas de la résolution utilisant la méthode GD, permettant ainsi
d’obtenir des résultats de bonne précision même en utilisant un nombre de points réduit. Un
autre fait remarquable de cette comparaison est le faible niveau d’erreur induit par l’approche
GD alors que l’approximation polynomiale utilisée est simplement d’ordre 1.

100
Discontinuous Galerkin
Runge-Kutta 4
Error

10−1

101 102 103 104


Nx
Figure III.5 – Comparaison en terme d’erreur relative L2 entre un schéma de Runge-Kutta et
de Galerkin discontinu

Une seconde comparaison est faite entre le schéma BDF d’ordre 2 et la méthode GD2 (i.e.
k = 2). Le domaine de calcul est un rectangle de longueur Lx = 30 et de hauteur Ly = 1 (toutes
les grandeurs sont adimensionnées par une longueur de référence) et présente un écoulement de
base avec un Mach M0 = 0.5. Un terme source est placé au milieu de ce domaine et les équations
d’Euler linéarisées sont à nouveaux résolues sous leur forme one-way. La configuration détaillée
du cas est présentée dans la Section V.2.1.3. Ce cas ne présentant pas de variations selon x,
deux résolutions one-way sont appliquées, une dans chaque sens, afin de pouvoir se comparer
au résultat de référence obtenu grâce à une résolution directe utilisant des éléments finis (voir
Section V.2.1). De cette façon, les ondes provenant du terme source et se propageant à la fois
vers la droite et vers la gauche seront prises en compte par la méthode one-way. Les solutions
one-way ont été obtenues pour une erreur relative du spectre, dans la norme euclidienne, de
2.8 × 10−8 et pour une erreur relative maximale de 1.3 × 10−6 .
L’erreur relative en norme euclidienne entre la BDF2 et le GD2 est représentée dans la Figure
III.6. Cette valeur de l’erreur est calculée sur l’entièreté du domaine à partir du résultat d’une
résolution complète des équations. Il est important de noter que le nombre de points dans la
86 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

100

10−1
Erreur relative

10−2

10−3

10−4
0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 4 000 4 500 5 000
Nombre de points en x

Figure III.6 – Erreur relative en norme euclidienne en fonction du nombre de points de


discrétisation axiale entre la Backward Differentiation Formula ( ) et la méthode de Galerkin
discontinu ( )

direction x (reporté sur l’abscisse) prend en compte les points d’intégration interne aux cellules
de maillage puisque la matrice Z doit également être construite pour ces derniers. Ainsi, pour
ces simulations utilisant un ordre polynomial k = 2, un point d’intégration supplémentaire est
présent dans chaque maille. Il peut être déduit, sans ambiguïté, que la méthode DG2 converge
bien plus rapidement que la méthode BDF2. Par exemple, 5000 points de discrétisation dans la
direction x sont nécessaires pour obtenir une erreur relative de 6.99 × 10−4 avec la BDF2 alors
que seulement 399 points sont utilisés par la méthode DG2 afin d’obtenir une erreur du même
ordre de grandeur (8.6 × 10−4 ). Cela correspond donc à une réduction d’un facteur 10 en terme
de points de discrétisation. Ainsi, même si la méthode GD demande un effort de calcul plus
important que la méthode BDF2 pour un même nombre de points de discrétisation, dans le
cas de la précision du même ordre évoquée ci-dessus, l’algorithme de marche en espace a été
appliqué en 3.99 s pour la BDF2 contre seulement 0.66 s pour le GD2. Cela est dû à un nombre
de points de discrétisation nettement inférieur pour le schéma GD. Ce gain en performance et
en précision est la raison pour laquelle la méthode GD2 sera utilisée dans le reste de cette thèse
pour la résolution des équations one-way (dans les cas issus de la mécanique des fluides).

2.4 Comparaison entre l’approche outflow et la nouvelle factorisa-


tion
Il existe plusieurs différences importantes entre la modélisation one-way numérique proposée
par Towne et Colonius [Towne et Colonius, 2015] et celle présentée dans ce chapitre. En effet,
dans la première, l’assemblage de la matrice Z n’est pas nécessaire puisque le système peut
être résolu par l’intermédiaire d’un système linéaire augmenté de la forme Ax = b avec x
le vecteur composé à la fois des variables physiques φ et des variables auxiliaires φj pour
1 ≤ j ≤ Nβ . De plus, cette résolution peut être faite à l’aide d’une approche creuse (matrice et
solveur associé) demandant des ressources en mémoire relativement peu importantes. Dans la
nouvelle approche, au contraire, la matrice Z doit être formée explicitement. Cela mène à la
résolution successive d’une série de systèmes linéaires de la forme AX = B de taille grandement
inférieure au système précédent. Cette fois-ci, X et B sont deux matrices présentant les mêmes
dimensions que A (A et B étant les deux matrices formées à partir de M et des coefficients β± ).
Cette façon de résoudre les équations one-way est, sans conteste, plus coûteuse en terme de
2. RÉSOLUTION DES ÉQUATIONS ONE-WAY 87

ressources de calcul. Cependant, cette complexité plus importante doit être relativisée du fait
que cette nouvelle méthode de factorisation apporte également quelques avantages par rapport
à l’approche outflow.
En effet, la construction de l’opérateur discrétisé associé aux conditions aux limites non-
réfléchissantes est plus coûteuse, mais le fait d’avoir directement accès à ce dernier permet
d’utiliser des algorithmes de marche en espace bien plus perfectionnés et efficaces comme la
méthode de Galerkin discontinu. Cela permet donc d’utiliser un nombre réduit de points de
discrétisation en x permettant, de ce fait, de diminuer le nombre de matrices à former par
rapport à un schéma comme la BDF à l’ordre 2 (voir Sections III.2.2.2 et III.2.3) qui est
notamment utilisée dans [Rigas et al., 2017b; Kamal et al., 2020].

60 60
Partie imaginaire

Partie imaginaire
40 40

20 20

0 0
−1 0 1 2 3 −1 0 1 2 3
Partie réelle Partie réelle
(a) Nβ = 5 (b) Nβ = 10
60 60
Partie imaginaire

Partie imaginaire

40 40

20 20

0 0
−1 0 1 2 3 −1 0 1 2 3
Partie réelle Partie réelle
(c) Nβ = 15 (d) Nβ = 20

Figure III.7 – Convergence sur le spectre de l’opérateur ( ) en fonction de Nβ avec l’approche


outflow ( ) et avec la nouvelle factorisation numérique ( ) pour β± = ±(a + ai), 1 < a < 200

Une autre différence dans l’application de ces deux approches one-way est le choix des
coefficients β± qui est crucial pour leur bonne convergence et leur précision. En effet, le spectre
de l’opérateur one-way converge toujours vers celui de l’opérateur exact pour un nombre Nβ
suffisamment grand, quel que soit le choix de placement de ces coefficients (les coefficients β+
doivent tout de même être séparés des coefficients β− ). Cependant, cela peut vite rendre le coût
88 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

de calcul important et même rédhibitoire. Au contraire, il est possible de trouver un ensemble de


coefficients β± permettant une convergence rapide sur le spectre de l’opérateur en positionnant,
dans le plan complexe, les coefficients β+ proches de valeurs propres α+ tout en gardant les
coefficients β− proches des valeurs propres α− (voir Section III.2.1). Même si cette façon de
choisir les deux familles de coefficients β± permet une convergence rapide, il n’est pas toujours
évident d’avoir accès à toute cette information sur les valeurs propres. En particulier, c’est le
cas pour les milieux de propagation présentant des variations selon la direction de propagation
entraînant une modification de ce spectre en fonction de la position x. C’est pourquoi une
convergence rapide de la méthode avec un minimum d’information fournie par l’utilisateur est
un avantage non négligeable.
La figure III.7 reprend une partie d’un spectre d’opérateur (concentrée sur les modes se
propageant vers la droite) calculé dans le cas d’un écoulement cisaillé, pour les équations d’Euler
linéarisées, présentant le profil de vitesse axial suivant :

y
 
u0 = τ tanh + Vm , (III.90)
d
avec τ = 0.1, d = 0.1 et Vm = 0.5 (toutes ces grandeurs ont été adimensionnées par la vitesse
du son et une longueur de référence) à ω = 1. On suppose également que la vitesse transverse
v0 = 0 et que p0 , ρ0 et T0 sont des constantes. Le calcul direct des valeurs propres dans le cas des
équations d’Euler linéarisées donne le spectre affiché en bleu. L’approximation de ce spectre par
la méthode de Towne et Colonius et par la méthode présentée dans ce manuscrit est affichée en
orange et en turquoise, respectivement. Le choix a été fait de prendre des coefficients β± répartis
uniformément sur une droite avec un angle de 45◦ par rapport à l’axe des réels et passant par le
point (0, 0) dans le plan complexe (i.e. β±i = ± (a + ai) avec 1 < a < 200). Les coefficients β+
ont des parties réelles et imaginaires positives tandis que les coefficients β− ont, quant à eux,
des parties réelles et imaginaires négatives. Cet ensemble de coefficients est arbitraire et se base
sur une connaissance extrêmement limitée du spectre exact de l’opérateur. Ainsi, ce choix peut
être utilisé sur la plupart des écoulements ou milieux de propagation, bien qu’il soit loin d’être
un choix optimal en terme de convergence. Même si la méthode de l’approche outflow semble
converger rapidement sur le spectre exact, la nouvelle formulation, grâce à l’application d’une
matrice Z dans les deux sens de propagation i.e. Zr et Zl , converge bien plus rapidement vers
les valeurs propres exactes.
Un autre moyen d’observer cette différence de convergence est présenté dans la Figure III.8.
Les valeurs d’erreur relative moyennes et maximales dans la norme euclidienne pour les deux
approches sont ici représentées. Il s’agit ici de l’erreur faite sur l’approximation du spectre de
l’opérateur de propagation. On peut voir que pour une valeur d’erreur moyenne équivalente sur
le spectre de l’opérateur, la nouvelle factorisation demande deux fois moins de coefficients β±
que l’approche numérique de Towne et Colonius. La même conclusion peut être faite concernant
l’erreur relative maximale sur un seul mode lorsque le nombre de coefficients augmente.
Au final, cette comparaison n’est pertinente que dans le cas d’un milieu de propagation
uniforme le long de la direction privilégiée. En effet, lorsque des variations apparaissent, la simple
méthode one-way résolue dans une seule direction perd l’unicité du modèle de propagation. Cette
non-unicité vient du choix de normalisation de la matrice de vecteurs propres U, qui détermine
directement l’importance de l’information contenue dans la matrice de réflexion/réfraction
W qui est négligée. Cela affecte donc la précision du modèle utilisé. Dans les deux cas, cette
normalisation de l’approximation des vecteurs propres est gérée par la formulation récursive de
la condition aux limites non-réfléchissante. Cependant, cette méthode ne permet qu’un contrôle
minime, voire nul, sur cette normalisation. Cela entraîne que l’importance de l’information
négligée avec l’opérateur de réflexion/réfraction peut être petite comme grande sans que le choix
des coefficients β± puisse agir dessus. Il existe des méthodes dont l’objectif est de contrôler cette
2. RÉSOLUTION DES ÉQUATIONS ONE-WAY 89

102
101
100
Erreur relative

10−1
10−2
10−3
10−4
10−5
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

Figure III.8 – Erreur relative moyenne ( ) et maximale ( ) en norme euclidienne sur le


spectre entre une décomposition en valeurs propres exacte et la méthode de Towne et Colonius
( ) et la nouvelle factorisation ( )

normalisation de vecteurs afin de pouvoir minimiser l’information négligée par une formulation
classique des équations one-way [Stolk, 2004; Op ’t Root et Stolk, 2010] (voir Section IV.2.1)
en utilisant la théorie des opérateurs pseudo-différentiels. De la même façon, les équations
one-way true amplitude (voir Section IV.2.2) sont construites dans le but d’obtenir le même
effet en ajoutant un terme correctif dans l’expression des équations one-way. Cependant, ces
méthodes ne sont applicables que dans le cadre de la nouvelle formulation proposée dans cette
thèse, du fait de l’accès direct à une approximation de la matrice de vecteurs propres. De
plus, même l’application de ces méthodes ne garantit pas l’unicité dans le choix du modèle et
permet seulement de retrouver un minimum de contrôle sur la normalisation. Seules les séries de
Bremmer (voir Section IV.2.3) sont développées afin de retrouver cette unicité, en itérant vers
la droite et vers la gauche par l’intermédiaire de résolutions one-way couplées par un échange
d’information.

2.5 Coût de calcul


On aborde dans cette section la question du coût de calcul induit par une résolution des
équations one-way utilisant la factorisation de l’opérateur développée durant cette thèse. Le
cas de référence utilisé implique la résolution des équations d’Euler linéarisées sous leur forme
one-way. L’écoulement de base utilisé ici reprend le cas d’une couche de mélange et est décrit
par l’équation (III.90) avec les mêmes valeurs des différents coefficients que précédemment.
Aucune variation n’est donc présente dans le sens de propagation, impliquant que la résolution
one-way peut être directement comparée aux résultats obtenus dans le cas d’une résolution
complète. Dans ce cas, un terme source est imposé dans l’écoulement (autour du point x0 = 10 et
y0 = 0.5) et une résolution one-way vers la droite et vers la gauche est donc nécessaire. De plus,
la présence d’un mode KH (Kelvin-Helmholtz) instable mène à une amplification exponentielle
des perturbations le long de l’axe x, rendant difficile la capture précise de ce phénomène par les
méthodes d’intégration axiale lorsque la longueur Lx du domaine devient grande. En effet, la
différence d’amplitude de l’onde entre l’entrée et la sortie du domaine peut différer de plusieurs
ordres de grandeur. Cela oblige alors le schéma d’intégration axial a être très peu diffusif pour
garantir une solution précise en sortie. Plusieurs simulations sont effectuées sur un domaine
90 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

de longueur Ly = 1 en transverse et avec différentes valeurs de longueur Lx , afin d’observer le


comportement des méthodes de résolution lorsque le nombre de longueurs d’ondes à l’intérieur
du domaine augmente. Tous les calculs ont été faits sur deux processeurs parallélisés en MPI
avec 8 threads chacun en OpenMP (processeurs Intel Xeon E5-2690V4 cadencés à 2.60 GHz). En
particulier, le temps de restitution et la mémoire utilisée par la résolution directe des équations
d’Euler (voir Section V.2.1 pour les détails) correspondent à une solution numérique présentant
une erreur du même ordre de grandeur que les simulations one-way par rapport à une résolution
directe complètement convergée.

Lx = 20 Lx = 40 Lx = 80
Temps (s) Mém. (GB) Temps (s) Mém. (GB) Temps (s) Mém. (GB)
Directe 13.02 1.39 21.42 3.47 34.62 6.76
OW 5.12 1.77 9.18 3.82 16.97 7.42
OW éch. 0.91 0.42 1.56 0.61 2.66 0.98

Table III.1 – Comparaison du coût de calcul (temps de restitution et mémoire)

Les chiffres présentés dans le tableau III.1 correspondent aux résultats obtenus par une
simulation directe avec une méthode d’éléments finis, par une méthode one-way (OW) et une
méthode one-way échantillonnée (OW éch.). La différence entre les deux méthodes one-way
provient du fait que la première construit toutes les matrices nécessaires au calcul en chaque point
x du maillage et les garde en mémoire pour une potentielle résolution itérative (voir Sections
IV.2.3 et IV.3.1). Au contraire, la méthode échantillonnée profite du fait que l’écoulement soit
ici parallèle pour ne former et ne garder en mémoire qu’un seul jeu de matrices, réutilisé en
chaque point x. De cette façon, les deux extrémités de la gamme de coût de calcul engendrée
par une résolution one-way sont ici représentées.
Le premier cas, présentant une longueur Lx = 20, est résolu par la méthode directe en
13.02 s pour un coût mémoire de 1.39 GB. La méthode one-way complète ne requiert que 5.12 s
pour cette résolution, soit une réduction de 61%, mais utilise 27.3% de mémoire en plus. La
méthode one-way échantillonnée, quant à elle, demande à la fois moins de temps de calcul et de
mémoire avec une réduction de 93% et de 69.8%, respectivement.
La même analyse peut être faite entre la résolution directe et la méthode one-way échan-
tillonnée dans les deux autres cas présentant des longueurs de propagation plus importantes. En
ce qui concerne la méthode one-way complète, le temps de restitution est divisé de moitié par
rapport à la résolution directe tandis qu’un coût supplémentaire d’environ 10% en mémoire est
noté lorsque la longueur du domaine augmente. Cela montre le coût important en mémoire que la
sauvegarde des matrices peut engendrer et l’intérêt que peut avoir la méthode d’échantillonnage
du modèle de propagation, présentée plus en détail dans la Section IV.2.5.

3 Motivations pour le développement d’une nouvelle ap-


proche one-way
Une première application des équations one-way est faite dans le cadre de l’équation des ondes.
La mise en forme one-way de cette dernière est le sujet de la Section III.3.1. La relative simplicité
des termes impliqués dans cette construction permet de déterminer certaines caractéristiques
de ces équations qui peuvent s’appliquer de façon générale aux équations one-way numériques
développées dans ce manuscrit. Dans la Section III.3.2, un premier cas d’application est fait sur
un milieu uniforme et un autre présentant seulement une variation transverse afin de comparer
les différentes méthodes présentées jusque là. Finalement, un cas présentant la limitation des
3. MOTIVATIONS POUR UNE NOUVELLE APPROCHE ONE-WAY 91

équations one-way lorsque le milieu de propagation devient hétérogène dans l’axe est détaillé
dans la Section III.3.3.

3.1 Modèle one-way pour l’équation des ondes


La mise en forme one-way de l’équation des ondes peut se faire directement, de par la
simplicité des expressions impliquées, par l’intermédiaire de l’analyse microlocale évoquée dans
la Section II.1. Ce développement, nécessaire dans le cadre de l’approche microlocale des
équations one-way, ne l’est pas dans le cas de la formulation numérique. Il permet cependant
d’obtenir des informations importantes qui servent notamment à la sélection de paramètres β±
pertinents. Le problème, sous sa forme complète, s’écrit donc, dans le domaine temporel :

∂ 2p
2
− c2 ∆p = 0 , (III.91)
∂t
avec c la vitesse de propagation de l’onde dans le milieu. La variable p peut être, dans le cas de
l’acoustique, assimilée à la perturbation de pression acoustique. Classiquement, il est aisé de
montrer que la solution d’une telle équation peut s’écrire, dans le cas homogène 1D, comme la
somme de deux fonctions : p(x) = f (x − ct) + g(x + ct). La première fonction est reliée aux
ondes se propageant vers les x positifs tandis que la deuxième représente les ondes se propageant
dans le sens opposé. Les équations one-way ont vocation à généraliser cette relation dans le cas
où le domaine n’est plus forcément 1D et où des variations peuvent apparaître dans le milieu,
en ramenant le problème sous la forme d’une équation 1D dont la solution peut être définie de
la même façon. En résolvant l’équation des ondes one-way vers la droite, on cherche la solution
p = f (x − ct) en passant par la variable one-way ψ+ . Il est possible de passer le système dans
le domaine fréquentiel par une transformée de Fourier. Ainsi, p(x, t) devient p̂(x, ω) avec ω la
pulsation. La première étape de la construction du système one-way à résoudre consiste à poser
l’équation des ondes sous la forme d’un système matriciel d’ordre 1. Pour cela, on introduit le
vecteur de variable q composé de la pression p et de sa dérivée selon x. Le problème, en 2D, fait
directement apparaître l’opérateur de propagation sous forme matricielle et s’écrit donc :
! ! ! !
1 0 ∂ p̂ 0 1 p̂
∂ p̂ = ∂ p̂ , (III.92)
0 1 ∂x ∂x
−K 0 ∂x

2 2
avec K = ωc2 + ∂y

2 un opérateur matriciel. Sous cette forme, la matrice, notée A précédemment,

correspond déjà à une matrice identité. Cela permet donc de se passer de la première étape de
diagonalisation. En passant directement à la diagonalisation de l’opérateur de propagation, on
obtient les matrices suivantes :
√ ! ! 1!
i K 0 √1 1
√ 1 1 −iK − 2
D= √ ; V = ; U= 1 , (III.93)
0 −i K i K −i K 2 1 iK − 2

avec D la matrice composée des valeurs propres de l’opérateur de propagation et V la matrice


de vecteurs propres associés. La première valeur propre est associée au mode acoustique se
propageant vers la droite et qui nous intéresse dans ce cas. La résolution des équations one-way
suivant l’approche microlocale se fait donc à partir de ces matrices, en discrétisant l’opérateur
K et en calculant la racine carrée de l’opérateur discrétisé, obtenue par une méthode directe ou
par une méthode d’approximation. Il ne reste alors plus qu’à résoudre l’équation (II.47) sous sa
forme discrétisée grâce à un algorithme de marche spatiale.
92 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

3.2 Cas uniforme et variation transverse : approximation de Padé


et approximation numérique
Le premier cas étudié se fait sur une résolution 1D de l’équation des ondes. Dans ce cas, les
coefficients sont fixés à ω = 5 et c = 10. Les différents résultats sont comparés à une résolution
exacte des équations one-way qui, dans ce cadre, est possible. En effet, le symbole de l’opérateur
racine carrée précédent est simplement :
ω
r=i . (III.94)
c
L’équation one-way devient donc :

∂ ω2
ψ+ = i 2 ψ+ , (III.95)
∂x c
qui est une équation différentielle dont la solution est :
ω2
ψ+ (x) = ψmax ei c2 x , (III.96)
avec ψmax l’amplitude de l’onde. Cette solution analytique permet de comparer directement
le résultat des différentes formulations des équations one-way dans le cas 1D. La question
principale est ici la vitesse de convergence de ces différentes méthodes. Il est à noter que même
si l’onde propagée est purement 1D (du fait de l’uniformité du domaine), la résolution se fait
dans un domaine 2D. Ainsi, l’opérateur K discrétisé est composé, entre autres, d’une matrice
de rigidité afin de prendre en compte le laplacien selon y.

0.5
Pression

−0.5

−1
0 10 20 30 40 50 60 70
x

Figure III.9 – Partie réelle de la pression obtenue grâce à la résolution des équations one-way
exactes ( ) ou approchée par une méthode de Padé avec p = 1 ( ), p = 2 ( ) et p = 3
( )

La convergence de l’approximation utilisant une méthode de Padé avec rotation de branche


est ici illustrée dans la Figure III.9. Ce cas présente une valeur ψmax = 1. On peut clairement
voir que la première simulation n’utilisant qu’un seul coefficient capture bien la longueur d’onde
mais pas l’amplitude. L’effet du deuxième coefficient se fait remarquer sur la valeur de cette
amplitude avant d’obtenir un résultat pouvant être considéré comme convergé dès le troisième
coefficient.
L’avantage de l’approche numérique par rapport à l’approximation de Padé est qu’ici,
l’expression des valeurs propres est connue et ces dernières peuvent donc être situées dans le
plan complexe. Ainsi, en choisissant une valeur de β± proche ±0.5, il est possible d’obtenir un
résultat similaire avec seulement un couple de valeurs. Les résultats obtenus dans ce cas-là sont
illustrés par la Figure III.10.
3. MOTIVATIONS POUR UNE NOUVELLE APPROCHE ONE-WAY 93

0.5

Pression
0

−0.5

−1
0 10 20 30 40 50 60 70
x

Figure III.10 – Partie réelle de la pression obtenue grâce à la résolution des équations one-way
exactes ( ) ou approchée par la méthode outflow ( ) ou par la nouvelle factorisation ( )
avec Nβ = 1

Figure III.11 – Valeur de la vitesse de propagation au carré dans le milieu de propagation

On étudie ensuite un cas dont le milieu de propagation présente une variation dans la direction
transverse. L’équation des ondes est toujours résolue ici, bien qu’elle ne soit pas physiquement
correcte, mais c’est un bon cas représentatif permettant d’illustrer le fonctionnement des
méthodes one-way. La valeur du coefficient c2 (x, y) est représentée dans la Figure III.11. La
vitesse de propagation est donc comprise entre 5 et 15 et la variation est C ∞ grâce à l’utilisation
d’une tangente hyperbolique.
L’erreur relative est calculée à partir de la résolution exacte des équations one-way. En
effet, la fonction sqrtm de MATLAB, utilisant une décomposition de Schur, est employée afin
de calculer la matrice D++ , ce qui permet d’obtenir un résultat de référence. Cette référence
permet de tracer, dans la Figure III.12, la convergence en erreur relative des résolutions one-way
utilisant une approximation de Padé ou la nouvelle factorisation numérique. Il est possible
de voir que la seconde approche, dès le premier couple de coefficients, permet d’obtenir une
approximation du résultat bien meilleure que celle obtenue avec une méthode de Padé. De plus,
la pente de l’erreur avec l’ajout des coefficients suivants est bien plus importante grâce à la
bonne connaissance du spectre de l’opérateur. Cette pente présente ensuite la même valeur
pour les deux méthodes lorsque le nombre de coefficients devient suffisamment grand. Cette
différence de convergence provient du fait que le spectre présente un nombre de modes bien
plus important avec l’augmentation du nombre de points de discrétisation dans la direction
94 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

100
10−1

Erreur relative
10−2
10−3
10−4
10−5
10−6
10−7
0 2 4 6 8 10 12 14
Nombre de coefficients

Figure III.12 – Erreur relative en norme euclidienne dépendant du nombre de coefficients


utilisée par l’approximation de Padé ( ) et par la nouvelle factorisation ( )

transverse. Cela demande donc l’utilisation de plus de coefficients pour l’approximation de Padé
dans le but de converger correctement. Au contraire, l’utilisation des conditions aux limites
non-réfléchissantes dans l’approche numérique permet de fournir des coefficients pertinents
permettant d’accélérer cette vitesse de convergence.

3.3 Effet de la normalisation en présence de variations axiales


Dans le cas où des variations dans le sens de propagation de l’onde apparaissent dans
le milieu, de nouveaux phénomènes se manifestent : la réflexion et la réfraction des ondes
(voir Section IV.1). Cela a pour effet de donner naissance à des ondes se propageant dans le
sens opposé, ne pouvant pas être capturées par une simple résolution one-way, et à des ondes
réfractées, dont l’amplitude et la longueur d’onde peuvent être modifiées. Ces dernières, se
propageant dans le sens initial, pourraient être facilement capturées par les équations one-way.
Cependant, le fait d’avoir négligé la matrice W dans la construction de ces équations peut
devenir un problème majeur dans le cas de fortes variations. En effet, l’unicité du modèle de
propagation one-way n’est plus garantie lorsque ces variations entrent en jeu. Cela est dû au
fait que le choix pris pour la normalisation des vecteurs propres dans les matrices V ou U va
affecter l’importance des termes contenus dans la matrice W, donnant de ce fait un résultat
plus ou moins précis lorsqu’ils sont négligés. Pour illustrer ce mécanisme, un cas sur l’équation
des ondes one-way est présenté avec une vitesse de propagation dépendant à la fois de x et de
y, comme représenté dans la Figure III.13.
Le milieu de propagation possède donc deux grandes variations selon x, où une grande partie
des réflexions et des réfractions auront lieu.
Pour ces simulations, il a été choisi d’utiliser une résolution exacte (en utilisant une décom-
position de Schur) afin de supprimer l’effet de la convergence de l’approximation dans l’analyse
qui suit. En effet, cette méthode présentée dans la Section II.1.3.1 ne nécessite pas l’utilisation
d’une approximation devant converger pour obtenir un résultat de référence. De plus, deux
normalisations différentes sont étudiées. La première (normalisation 1) correspond à celle déjà
explicitée dans l’équation (III.93). La seconde (normalisation 2) prend la forme suivante :
√ √ ! 1 !
i K i K 1 −iK − 2 −K −1
V2 = ; U2 = 1 . (III.97)
−K K 2 −iK − 2 K −1
Cette normalisation, bien que moins naturelle, donne des résultats similaires dans le cas d’un
3. MOTIVATIONS POUR UNE NOUVELLE APPROCHE ONE-WAY 95

Figure III.13 – Valeur au carré de la vitesse de propagation dans le milieu

milieu de propagation ne variant pas selon l’axe privilégié. Cependant, le calcul de la matrice
d’opérateurs W mène à l’obtention de termes légèrement différents, indiquant que la suppression
de ce terme n’est pas la même pour les deux façons de normaliser. Ainsi, on obtient pour la
première normalisation :
1 1 1 1 !
1 K − 2 ∂x K 2 −K − 2 ∂x K 2
W = U ∂x V = 1 1 1 1 , (III.98)
2 −K − 2 ∂x K 2 K − 2 ∂x K 2
avec ∂x l’opérateur de dérivée selon x. Pour la seconde normalisation, on obtient :
1 1 1 1 !
1 K − 2 ∂x K 2 + K −1 ∂x K K − 2 ∂x K 2 − K −1 ∂x K
W = U2 ∂x V2 = 1 1 1 1 . (III.99)
2 K − 2 ∂x K 2 − K −1 ∂x K K − 2 ∂x K 2 + K −1 ∂x K
Dans les deux cas, les matrices d’opérateurs W sont symétriques et elles sont similaires pour
ce qui est de l’ordre des opérateurs impliqués. Cependant, un opérateur supplémentaire d’ordre
0 s’ajoute dans le cas de la seconde normalisation, indiquant que la suppression de cette matrice
aura un effet supérieur dans ce cas-là.

0.5
Pression

−0.5

−1

0 10 20 30 40 50 60 70
x

Figure III.14 – Partie réelle de la pression acoustique en y = 0 obtenue grâce à une résolution
exacte ( ) et par la résolution des équations one-way avec la normalisation 1 ( ) ou 2 ( )

La Figure III.14 montre l’extraction de la partie réelle de la pression acoustique le long de


l’axe x en y = 0 (au milieu du domaine de calcul). Les résultats des simulations one-way utilisant
96 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

les deux normalisations différentes sont directement comparés au résultat d’une simulation
2D directe. Il est clairement visible que les résultats obtenues par les méthodes one-way sont,
premièrement, très différents du résultat de référence mais aussi différents l’un de l’autre. Le
premier phénomène est tout simplement dû au terme W qui est, dans ce cas, d’une importance
non négligeable. Le second provient de la différence de normalisation qui, bien que l’ordre des
opérateurs impliqués dans le terme négligé soit le même, entraîne une différence importante dans
le modèle de propagation utilisé. En particulier, pour la normalisation 2, les termes de la matrice
W sont la somme de deux opérateurs du même ordre. Cela mène alors à un mauvais traitement
des ondes réfléchies, notamment entre x = 15 et x = 55 où ces ondes sont particulièrement
importantes. Cependant, le traitement des ondes réfractées reste lui aussi incorrect puisque dans
les deux cas, l’onde sortant du domaine présente un déphasage important et une amplitude
erronée par rapport au résultat de référence.

Remarque 21. La méthode one-way purement numérique n’est pas employée ici dans le but de
supprimer la question de la convergence dans la discussion qui suit. Cependant, l’approximation
ayant vocation à tendre vers une résolution one-way exacte, elle souffre des mêmes limitations
dans ce cas.

Ce constat de la perte d’unicité du modèle de propagation avec la présence de variations


dans le sens de propagation est commun à toutes les méthodes one-way. Cette perte d’unicité
apparaît de façon plus ou moins importante dès la plus petite variation. Il existe cependant
des méthodes pour parer à ce problème, dont certaines sont présentées dans le cadre de la
nouvelle factorisation dans le chapitre IV. En particulier, pour la factorisation numérique de
l’opérateur, la normalisation des vecteurs propres ne se fait pas de façon directe et très peu de
contrôle peut être exercée sur elle. En effet, ce sont les coefficients β± qui seront la marque d’une
normalisation ou d’une autre, dans le cas de l’application de la condition non-réfléchissante.
Cela se traduit dans les faits par l’obtention de résultats différents pour une approximation du
spectre présentant une erreur du même ordre de grandeur mais avec un choix de coefficients
différent. Ce phénomène est mis en lumière dans les Sections V.2.2 et V.2.3.

4 Bilan
Ce chapitre s’est concentré sur le développement d’une méthode de factorisation purement
numérique et ne faisant pas appel à des développements complexes, des expressions impliquées.
Pour cela, deux conditions non-réfléchissantes, présentées dans la Section II.2 et déjà utilisées
dans le cadre des équations one-way, ont été appliquées de façon à obtenir l’identification
et la séparation des espaces invariants gauche et droit de l’opérateur de propagation. Ainsi,
l’application de ces conditions dans un sens puis dans l’autre permet d’obtenir de façon
indépendante l’espace invariant de cet opérateur selon le sens de propagation de ses modes.
Cela permet alors la construction d’une matrice de pseudo-vecteurs propres permettant une
diagonalisation par blocs de l’opérateur. L’application directe de cette factorisation aux équations
one-way rend possible un calcul de propagation des ondes selon le sens de résolution.
Le cas du terme source, devant subir un traitement particulier, a également été présenté.
En effet, ce dernier doit faire l’objet d’une projection dans le but d’être intégré aux équations
one-way. Cette projection est appliquée afin de séparer les parties du terme source excitant des
modes se propageant vers la droite de celles se propageant vers la gauche. Ainsi, l’intégration
de ce terme source ne rend pas les équations one-way mal posées.
La problématique de la présence d’une ou de plusieurs singularités dans la matrice pondérant
le terme de dérivée axiale a également été abordé. En effet, lorsque cette dernière possède des
valeurs propres nulles (du fait de certaines caractéristiques du milieu de propagation), son
4. BILAN 97

inversion, nécessaire à la construction des équations one-way, devient impossible. Une solution
permettant de contourner cette difficulté est proposée en réduisant le système à résoudre. En
effet, en éliminant les termes liés à cette singularité, il est possible d’obtenir un nouveau système
réduit équivalent.
Ensuite, différents aspects de la mise en œuvre de la résolution ont été présentés. Ainsi, la
méthode permettant de sélectionner les coefficients β± , à partir d’une analyse de stabilité locale
sur un cas simplifié a été expliquée. De la même façon, une rapide discussion sur les différentes
méthodes de résolution (transverse et axiale) a été faite. Ainsi, dans le cas des équations d’Euler
présentées dans le Chapitre V, un schéma aux différences finies compact a été sélectionné pour
la résolution transverse tandis qu’une méthode de Galerkin discontinue a été préférée pour
l’algorithme de marche spatiale en x. Bien que très proches par nature, les différences présentes
dans la philosophie de résolution entre la méthode des équations one-way présentée dans cette
thèse et celle développée par Towne et Colonius [Towne et Colonius, 2015] ont également été
mis en lumière. La plus importante d’entre elles est la formation explicite des matrices de
non-réflexion dans le cadre de la nouvelle approche, ce qui n’est pas nécessaire pour l’approche
outflow. On a également comparé le coût de calcul des équations one-way avec celui d’une
résolution 2D directe.
De plus, les équations one-way sont appliquées dans le cadre de l’équation des ondes.
Cela permet d’illustrer différents aspects inhérents à cette méthode. Le comportement de la
solution en fonction de la convergence de l’approximation est d’abord montré. Ainsi, l’utilisation
de la condition non-réfléchissante permet, lorsque cela est possible, d’utiliser une famille de
coefficients β± permettant d’obtenir une convergence rapide, même lorsque le cas étudié devient
plus complexe. Pour finir, la limitation des simples équations one-way dans le cadre d’un milieu
de propagation variant selon l’axe de résolution est évoquée. Dans ce cas, l’unicité du modèle
de propagation utilisé est perdue. En effet, ce dernier dépend directement du choix fait pour la
normalisation des vecteurs propres. Ainsi, il est montré que plusieurs résultats peuvent être
obtenus sur le même problème lorsqu’un choix différent est fait. La prise en compte de telles
variations nécessite donc un développement supplémentaire des équations one-way, qui fait
l’objet du Chapitre IV.

Méthode coût de calcul complexité convergence applications


Microlocale + – – – –
outflow ++ ++ + +
Factorisation num. + + ++ +

Table III.2 – Comparaison des méthodes one-way présentées

Au final, le Tableau III.2 montre une macro-comparaison sur quatre critères entre les trois
méthodes one-way présentées dans ce manuscrit. Ainsi, la méthode microlocale se retrouve vite
limitée dans les applications visées du fait de sa complexité de mise en place. En effet, bien que
cette méthode permette l’application d’autres méthodes afin de prendre en compte les variations
du milieu de propagation, l’utilisation des opérateurs pseudo-différentiels rend son application
très délicate dans le cadre de la mécanique des fluides. L’approche outflow de Towne et Colonius
possède un bon argument en terme de temps de calcul par rapport à la méthode de factorisation
numérique présentée dans ce chapitre, bien que cela puisse être relativisé selon le cas d’étude.
Pour les deux, l’application des méthodes se fait de façon générique et ne dépend pas du système
d’équations visé, bien que le nombre d’étapes soit plus important pour la méthode présentée ici.
Comme il a été vu, le nombre de coefficients nécessaires afin de fournir une bonne approximation
du spectre de l’opérateur de propagation est inférieur dans le cas de la factorisation numérique.
Pour finir, l’extension du domaine d’application des deux méthodes est identique. En effet,
l’application générique des méthodes leur permet d’être utilisées pour de nombreux problèmes.
98 CHAPITRE III. NOUVELLE FACTORISATION NUMÉRIQUE

Cependant, aucune des deux, sous cette forme, n’est capable de prendre en compte les variations
du milieu de propagation selon l’axe. Le prochain chapitre a pour objectif d’augmenter la taille
de ce domaine de validité pour la méthode de factorisation numérique, avec le couplage des
équations one-way à d’autres méthodes.
Chapitre IV

Prise en compte des variations selon


l’axe de propagation

Sommaire
1 Principe de la réflexion/réfraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
1.1 Définition du problème en présence d’une discontinuité . . . . . . . . 100
1.2 Réflexion et réfraction d’une onde incidente . . . . . . . . . . . . . . 102
1.3 Réflexion et réfraction de deux ondes incidentes opposées . . . . . . 103
2 Prise en compte des variations continues . . . . . . . . . . . . . . . 104
2.1 Solution 1 : technique de normalisation . . . . . . . . . . . . . . . . 104
2.2 Solution 2 : équations one-way true amplitude . . . . . . . . . . . . . 107
2.3 Solution 3 : séries de Bremmer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
2.4 Comparaison des trois solutions en utilisant l’équation des ondes . . 113
2.5 Échantillonnage du modèle de propagation et réduction du coût de
calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3 Cas des variations discontinues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.1 Décomposition de domaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
3.2 Opérateur de transmission d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

L’apparition de variations dans le milieu de propagation d’une onde le long de son axe
privilégié entraîne une modification de sa longueur d’onde et de son amplitude. Ce phénomène
de réfraction, du fait de la résolution locale des équations one-way, n’est pas automatiquement
pris en compte par une application classique de ces dernières. En effet, elles ont été développées,
à l’origine [Claerbout, 1985], pour retranscrire un temps de parcours de l’onde correct même en
présence d’un milieu hétérogène. Cependant, en ce qui concerne l’amplitude de l’onde résultante,
la même affirmation ne peut pas être faite. De la même façon, l’onde réfléchie apparaissant
au niveau de cette variation ne peut pas être prise en compte par une résolution dans un
seul sens. En effet, cette dernière se propageant dans le sens opposé à l’onde incidente, une
autre méthode de résolution doit être utilisée afin de garantir sa bonne retranscription dans la
solution. Le principe de la réfraction et de la réflexion des ondes est expliqué dans la Section
IV.1. Les méthodes appliquées dans le cas de variations continues du milieu de propagation
sont développées dans la Section IV.2. Enfin, la prise en compte de discontinuités dans une
résolution one-way est détaillée dans la Section IV.3. Enfin, un bilan des différentes méthodes
est dressé dans la Section IV.4.

99
100 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

1 Principe de la réflexion/réfraction
Le principe de la réflexion et de la réfraction des ondes dues à la présence de variations
continues ou non du domaine de propagation n’est pas un mécanisme physique trivial à
traiter. C’est pourquoi cette section a pour objectif de poser les bases du problème auquel les
différentes méthodes de résolution présentées dans les sections suivantes vont s’attaquer. Ainsi,
la Section IV.1.1 présentera la définition du problème étudié tandis que les Sections IV.1.2 et
IV.1.3 montreront le principe de la démarche utilisée dans un contexte extrêmement simplifié
permettant d’obtenir les expressions analytiques des termes recherchés.

1.1 Définition du problème en présence d’une discontinuité


Lorsque des variations continues ou discontinues apparaissent dans le milieu de propagation
le long de l’axe privilégié, un phénomène de réflexion et de réfraction apparaît également. La
Figure IV.1 représente un schéma illustrant le comportement des ondes dans le cas où une onde
incidente se propage à travers des discontinuités dans le milieu. Dans ce cas, quatre domaines
sont représentés avec chacun des caractéristiques différentes, bien que homogènes au sein même
1,0
des domaines. Une onde incidente ψ+ est imposée à l’entrée du domaine Ω1 . Dans cette notation
des ondes, comme précédemment l’indice ± indique le sens de propagation de l’onde (+ vers la
droite et − vers la gauche) tandis que le premier exposant indique le domaine de propagation
et que le second indique le nombre de réflexions primaires (d’un + vers un −) subies par l’onde.
Cette onde incidente, lorsqu’elle se propage à travers la première discontinuité, donne naissance
2,0 1,1
à une onde réfractée ψ+ et à une autre réfléchie ψ− se propageant dans le sens opposé. Ce
mécanisme se reproduit de la même façon au niveau de la seconde discontinuité et donne
3,0 2,1
naissance à une seconde onde réfractée ψ+ et à une autre onde réfléchie ψ− . Cependant, cette
onde réfléchie, propagée vers la gauche dans le domaine Ω2 rencontre une autre discontinuité
2,1
menant à la création d’une nouvelle onde réfractée et d’une onde réfléchie ψ+ se propageant
vers la droite. Cette onde entraînera à son tour un ensemble d’ondes et ce jeu de réflexions et
de réfractions continuera en perdant en amplitude à chaque fois. Il est important de noter que
ce phénomène est ici présenté dans le cas de discontinuités pour des raisons de lisibilité, mais
que le même genre de mécanismes est impliqué dans le cas de variations continues.

Figure IV.1 – Réflexion et réfraction d’une onde à l’intérieur d’un domaine présentant des
discontinuités
1. PRINCIPE DE LA RÉFLEXION/RÉFRACTION 101

Par construction, la résolution des équations one-way dans un seul sens ne permet pas de
capturer de tels phénomènes physiques. Plusieurs solutions permettent de prendre plus ou moins
en compte ces mécanismes en agissant sur la gestion des ondes réfractées notamment (voir
Sections IV.2.1 et IV.2.2). Cependant, le seul moyen permettant de retranscrire la complexité
de ces phénomènes est d’appliquer la méthode one-way dans les deux sens de propagation et de
coupler leur résolution par différents moyens (voir Sections IV.2.3 et IV.3.1).
La résolution des équations one-way pouvant s’assimiler à celle d’une équation de transport,
il est possible, dans un cas très simple, de construire des termes de réflexion et de réfraction
applicables aux équations one-way. Cette construction permet d’expliciter la mise en place
d’une telle méthode dont les approches présentées dans la suite seront le pendant numérique
et généralisé. Ce cas simple se base donc sur le milieu de propagation présenté dans la Figure
IV.1, qui est lui-même séparé en quatre sous-domaines uniformes. Ainsi, les seules variations
présentes sont au niveau des trois discontinuités. Il est ainsi possible d’assimiler la résolution
des équation one-way vers la droite à la simple équation de transport 1D suivante :
j
∂ψ+ j
= iαj ψ+ , (IV.1)
∂x
avec αj pouvant être associé à la valeur propre de l’opérateur de propagation dans le domaine
j
Ωj . La solution d’une telle équation peut s’écrire ψ+ = Aeiαj x avec A l’amplitude de l’onde. De
la même façon, il est possible de déterminer l’évolution de l’onde se propageant vers la gauche
grâce à l’équation de transport suivante :
j
∂ψ− j
= −iαj ψ− , (IV.2)
∂x
j
dont la solution prend la forme ψ− = A0 e−iαj x .
L’objectif est donc ici de permettre la décomposition de ces ondes lorsqu’elles rencontrent
une discontinuité en une partie réfractée et une partie réfléchie. Pour cela, il est possible de
ramener ce problème à celui d’une décomposition de domaine dans laquelle la position de la
discontinuité correspond à celle de l’interface entre deux domaines. Le problème complet peut
être assimilé, dans ce cas simplifié, à la factorisation d’une équation de Helmholtz :
! !
∂ ∂
− iαj + iαj ψ j = 0 . (IV.3)
∂x ∂x
Dans ce cas-là, il est classique d’imposer deux conditions à travers l’interface [Collino et al.,
1998]. La première consiste en la continuité de la solution ψ au niveau de l’interface entre un
domaine Ωj et Ωj+1 . Ainsi, au point xd où se trouve la discontinuité, on cherche :

ψ j (xd ) = ψ j+1 (xd ) . (IV.4)

La deuxième condition impose, quant à elle, la continuité de la dérivée normale par rapport
à l’interface (avec des normales orientées dans le même sens), qui peut s’écrire ici :

∂ψ j ∂ψ j+1
(xd ) = (xd ) . (IV.5)
∂x ∂x
Remarque 22. Ces conditions pour la décomposition de domaines ne sont pas, en l’état,
suffisantes pour garantir une bonne convergence dans une méthode itérative et dans le cadre de
la propagation d’onde. Elles sont applicables dans notre cas car la décomposition du problème
en variables one-way permet ce filtrage des ondes entrantes et sortantes de l’interface [Benamou
et Desprès, 1997].
102 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

À partir de ces deux conditions, il est possible de déterminer l’expression du terme de


réflexion et du terme de réfraction associés à la discontinuité entre les deux domaines Ωj et Ωj+1
(voir Sections IV.1.2 et IV.1.3). Cette façon de faire requérant les valeurs de αj et αj+1 , elle sera
difficilement applicable dans un cas général, où celles-ci peuvent être difficiles à obtenir. C’est
donc l’objectif des méthodes utilisant les séries de Bremmer et la décomposition de domaine,
présentées dans les Sections IV.2.3 et IV.3.1, respectivement, que de généraliser cette relation
en utilisant une formulation purement numérique.

1.2 Réflexion et réfraction d’une onde incidente


Dans le cas où une seule onde incidente se propage à travers une discontinuité, une partie
de celle-ci sera réfractée et ira se propager dans le domaine suivant, tandis que l’autre partie
sera réfléchie et se propagera donc le domaine précédent avec un sens de propagation opposé.
Cette situation est représentée par un schéma dans la Figure IV.2.

Figure IV.2 – Réflexion et réfraction d’une onde à travers une discontinuité

Ainsi, la solution ψ j , en mettant de côté la notation prenant en compte le nombre de


réflexions primaires, peut être décomposée en deux composantes se propageant vers la droite
j j
(l’onde incidente) et vers la gauche (l’onde réfléchie) et notées ψ+ ∼ eiαj x et ψ− ∼ e−iαj x ,
respectivement (on suppose le milieu de propagation isotrope de chaque côté de la discontinuité).
De façon similaire, la solution dans le domaine Ωj+1 peut elle aussi être décomposée sous la
j+1 j+1
forme ψ j+1 = ψ+ + ψ− avec la particularité, dans ce cas, d’avoir une partie se propageant
j+1
vers la gauche qui soit nulle (i.e. ψ− = 0). En prenant ainsi en compte cette décomposition, la
première condition (équation (IV.4)) imposée à l’interface entre les deux domaines s’écrit donc :

j j j+1
ψ+ (xd ) + ψ− (xd ) = ψ+ (xd ) . (IV.6)
La seconde condition portant sur les dérivées normales (équation (IV.5)) s’écrit, quant à
elle :
j j j+1
∂ψ+ ∂ψ− ∂ψ+
(xd ) + (xd ) = (xd ) , (IV.7)
∂x ∂x ∂x
et peut s’écrire, en remplaçant les termes ψ par leurs expressions :

j j j+1
iαj ψ+ (xd ) − iαj ψ− (xd ) = iαj+1 ψ+ (xd ) . (IV.8)
1. PRINCIPE DE LA RÉFLEXION/RÉFRACTION 103

À partir de ces deux relations, il est possible d’obtenir l’expression des deux termes inconnus
j+1 j j
que sont ψ+ (xd ) et ψ− (xd ) à partir du terme connu ψ+ (xd ). En effet, dans ce cas là, l’onde
incidente est soit directement imposée à l’interface, soit provient de la propagation d’une onde
obtenue grâce à la résolution de l’équation de transport vers la droite. Ces expressions peuvent
donc s’écrire :

j+1 2αj
ψ+ (xd ) =
 ψ j (xd ) = T+ ψ+j
(xd )
αj + αj+1 +


. (IV.9)
 j αj − αj+1 j j
ψ− (xd ) = ψ (xd ) = R+ ψ+ (xd )

αj + αj+1 +

De cette façon, il est possible de déterminer le coefficient de transmission T+ et celui de


réflection R+ à partir des valeurs propres αj et αj+1 . Ce premier coefficient permet d’initialiser
la résolution des équations one-way vers la droite dans le domaine Ωj+1 afin d’obtenir la solution
ψ j+1 . Le deuxième sert à l’initialisation d’une résolution vers la gauche des équation one-way
j
afin d’obtenir le terme ψ− dans tout le domaine Ωj et de compléter ainsi la solution ψ j . Les
méthodes présentées dans les Sections IV.2.1 et IV.2.2 ont pour objectif d’approcher le mieux
possible le terme T+ (dans le cadre d’une variation continue) d’une façon générique tout en
négligeant le terme R+ du fait de leur résolution dans un seul sens.

1.3 Réflexion et réfraction de deux ondes incidentes opposées


Dans le cas où deux ondes incidentes, provenant du domaine Ωj et Ωj+1 , se propagent à
travers une discontinuité, il faut alors prendre en compte la réfraction et la réflexion de ces
ondes se propageant dans deux sens opposés. La situation étudiée est décrite par le schéma de
la Figure IV.3.

Figure IV.3 – Réflexion et réfraction de deux ondes opposées à travers une discontinuité

De façon similaire au cas précédent, les termes ψ j et ψ j+1 peuvent être décomposés à la
j+1
différence près que le terme ψ− n’est ici plus nul. Ainsi, la condition sur la continuité de la
solution devient :
j j j+1 j+1
ψ+ (xd ) + ψ− (xd ) = ψ+ (xd ) + ψ− (xd ) . (IV.10)
En même temps, la relation imposée sur la continuité de la dérivée normale nous donne :
j j j+1 j+1
∂ψ+ ∂ψ− ∂ψ+ ∂ψ−
(xd ) + (xd ) = (xd ) + (xd ) . (IV.11)
∂x ∂x ∂x ∂x
104 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

En remplaçant à nouveaux les termes par leur expression, on obtient :


j j j+1 j+1
iαj ψ+ (xd ) − iαj ψ− (xd ) = iαj+1 ψ+ (xd ) − iαj+1 ψ− (xd ) . (IV.12)
Dans cette situation, la résolution des équations one-way vers la droite dans le domaine
j
Ωj permet d’obtenir la solution ψ+ (xd ) tandis que celle des équations one-way vers la gauche
j+1
dans le domaine Ωj+1 permet d’obtenir le terme ψ− (xd ). Il est ainsi aisé, à partir de ces
j+1 j
deux relations, d’obtenir la nouvelle expression des termes manquants ψ+ (xd ) et ψ− (xd ) qui
prennent la forme suivante :


j+1 2αj j αj+1 − αj j+1 j j+1
ψ+ (xd ) = ψ+ (xd ) + ψ− (xd ) = T+ ψ+ (xd ) + R− ψ− (xd )


αj + αj+1 αj + αj+1

. (IV.13)
 j αj − αj+1 j 2αj+1 j+1 j j+1

ψ
 − d(x ) = ψ (x d ) + ψ (x d ) = R ψ
+ + (xd ) + T ψ
− − (x d )
αj + αj+1 + αj + αj+1 −

Dans ce cas, chacune des ondes résultantes possède une composante provenant des ondes
incidentes se propageant vers la gauche et vers la droite. Les expressions des quatre coefficients
traduisant ces dépendances sont donc obtenues. Ainsi, la méthode des séries de Bremmer
(présentée dans la Section IV.2.3) a pour but d’obtenir ces coefficients de façon purement
numérique dans le cadre d’une variation continue. De cette façon, les termes obtenus dépendront
à la fois des valeurs propres de l’opérateur de propagation et de la dérivée selon x des vecteurs
propres. La dépendance entre les ondes se propageant vers la gauche et vers la droite sera
prise en compte grâce à un processus itératif. Une résolution itérative des équations one-way
est également nécessaire dans le cas des discontinuités prises en compte par la méthode de
décomposition de domaine présentée dans la Section IV.3.1.

2 Prise en compte des variations continues


Dans le cas de variations continues, la prise en compte des ondes réfléchies peut se faire
d’une façon similaire à l’approche utilisée pour les discontinuités. En effet, le domaine de calcul
étant discrétisé, le calcul des ondes réfléchies peut se faire en chaque point du maillage axial avec
des discontinuités plus ou moins prononcées selon que la variation est forte et que le maillage
est fin. Cette section a donc pour objectif de présenter trois méthodes différentes pour la prise
en compte de telles variations. Une première méthode utilisant une normalisation adaptée des
vecteurs propres afin de négliger le moins d’information possible est présentée dans la Section
IV.2.1. Une seconde méthode utilisant l’information obtenue grâce à la nouvelle factorisation
de l’opérateur est développée dans la Section IV.2.2. La dernière méthode, reposant sur une
résolution itérative des équations one-way fait l’objet de la Section IV.2.3. Toutes ces méthodes
sont ensuite comparées sur deux cas dans le cadre de l’équation des ondes dans la Section IV.2.4
tandis que la question de la réduction du coût mémoire et de calcul est abordée dans la Section
IV.2.5. Les développements des équations one-way true amplitude et des séries de Bremmer
sont également présentés dans [Rudel et al., 2022].

2.1 Solution 1 : technique de normalisation


Comme il a été vu dans la Section III.3.3, le choix dans la normalisation des vecteurs propres
entraîne un effet non négligeable sur la prise en compte des variations du milieu de propagation
suivant l’axe privilégié. En effet, ce choix affecte directement la définition de l’opérateur de
réfraction/réflexion W, qui sera négligé pour réaliser le découplage des composantes one-way.
De plus, afin de garantir la bonne description de l’amplitude de l’onde (et donc ses changements
2. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS CONTINUES 105

dus aux variations du milieu), il est nécessaire de tenir compte de la partie sous-principale D0
de l’opérateur diagonal D dans l’équation one-way. En effet, la partie issue du symbole principal
D1 ne décrit que le sens et la vitesse de propagation de l’onde. Cette partie D0 est un opérateur
d’ordre 0 qui peut se télescoper avec l’opérateur négligé W, lui aussi d’ordre 0 en général. Nous
constatons donc que l’amélioration d’une approche one-way classique en vue de tenir compte de
variations le long de l’axe de propagation demande quelques précautions. Dans [Stolk, 2004], une
normalisation dans le cadre de l’équation des ondes est proposée. Celle-ci permet de réaliser ce
découplage d’ordre élevé de façon rigoureuse. Dans cette partie, nous donnons, dans un premier
temps, la condition nécessaire afin de faire fonctionner cette technique et nous proposons ensuite
une méthodologie pour la réaliser à l’intérieur de l’approche one-way numérique proposée au
chapitre précédent.
La condition nécessaire pour faire fonctionner l’approche proposée par C. Stolk est d’être ca-
pable de réaliser une normalisation de V (opérateur d’ordre 0) induisant une matrice d’opérateur
W de la forme :  
∂V  0 W+−
W := U =  . (IV.14)
∂x W−+ 0
Nous renvoyons à [Op ’t Root et Stolk, 2010] pour l’explicitation de cette normalisation pour
l’équation des ondes.
Remarque 23. Pour la suite de cette explication, si A et B sont deux opérateurs, alors A = B
est vrai à un modulo OP S −1 près. En d’autres termes, on a A − B ∈ OP S −1 .
Rappelons que le système d’équations one-way avant découplage et sans source s’écrit :
∂ψ
= Dψ − Wψ . (IV.15)
∂x
Remarque 24. De la même façon, si u et v sont deux distributions, alors u = v est vrai à un
modulo OP S −1 près. En d’autres termes, il existe R−1 ∈ OP S −1 tel que u − v = R−1 v.
Le problème qui reste à résoudre est de savoir si les termes extra-diagonaux, couplant les
ondes se propageant vers la droite et vers la gauche, peuvent être négligés sans venir perturber
l’approximation de la partie sous-principale. La réponse est positive et se démontre en utilisant
une propriété d’invariance de l’équation one-way. Plus précisément, on effectue le changement
d’inconnue ψ := (I + K−1 ) ψ e avec K
−1 un opérateur pseudo-différentiel quelconque d’ordre
−1. L’équation (IV.15) devient alors :
∂ψ
e
e − ∂K−1 ψ
e − W (I + K ) ψ
(I + K−1 ) = D (I + K−1 ) ψ −1
e . (IV.16)
∂x ∂x
Prenons I − K−1 + R−2 une paramétrice de I + K−1 où R−2 ∈ OP S −2 . L’équation (IV.16) peut
donc se réécrire :
∂ψ
e
e − (I − K + R ) ∂K−1 ψ
= (I − K−1 + R−2 ) (D − W) (I + K−1 ) ψ −1 −2
e . (IV.17)
∂x ∂x
On peut encore écrire en ne gardant que les termes d’ordre strictement supérieur à −1 :
∂ψe
= (D − W + D K−1 − K−1 D) ψ
e . (IV.18)
∂x
Regardons de plus près le terme D K−1 − K−1 D :
D K−1 − K−1 D =
 
D++ K−1,++ − K−1,++ D++ D++ K−1,+− − K−1,+− D−− (IV.19)
  ,
D−− K−1,−+ − K−1,−+ D++ D−− K−1,−− − K−1,−− D−−
106 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

avec [D++ , K−1,++ ] le commutateur entre les deux opérateurs. Or, le premier est d’ordre 1 tandis
que le second est d’ordre −1. Cela entraîne que le commutateur est également un opérateur
d’ordre −1 (voir Section II.1.1.5). On obtient alors jusqu’à l’ordre 0 :

D K−1 − K−1 D =
!
0 D++ K−1,+− − K−1,+− D−− (IV.20)
.
D−− K−1,−+ − K−1,−+ D++ 0
L’opérateur K−1 étant arbitraire jusqu’à présent, il peut alors être choisi tel que :
−W+− + D++ K−1,+− − K−1,+− D−− ∈ OP S −1
. (IV.21)
−W−+ + D−− K−1,−+ − K−1,−+ D++ ∈ OP S −1
Dans ce cas, il vient :
∂ψe
= Dψ e . (IV.22)
∂x
Ce résultat montre que sous la condition (IV.14), on peut négliger les termes (extra-diagonaux)
de W dans l’équation (IV.15) car ψ et ψ e ont les mêmes parties d’ordre élevé.
Nous allons à présent essayer de mettre en place l’approche de normalisation précédente
dans le cadre de la factorisation numérique de l’opérateur de propagation proposée au Chapitre
III. Cette factorisation ne permet d’isoler que l’information sur les espaces invariants gauche et
droit et non chaque espace propre. Cela nous oblige à réaliser une normalisation par bloc de la
matrice Vf de la façon suivante :
   
T++ 0 V
f T
++ ++ V+− T−−
f
V
f := V =  , (IV.23)
f f 
0 T−− V
f
−+ T++ V
f
−− T−−

où T++ et T−− sont respectivement des matrices (inversibles) de dimension N+ ×N+ et N− ×N−
qui dépendent a priori de x. Ce choix induit une matrice U
f normalisée :
f

 −1
T−1

T++ U
f
++ ++ U+−
f
U=  . (IV.24)
f
f 
T−1 U
f
−− −+ T−1
−− U−−
f

Ces nouvelles matrices conduisent à la matrice de réflexion/réfraction notée W


f définie par :
f

∂V
f
f
W=U . (IV.25)
f
f f
f
∂x
Le choix des matrices T++ et T−− peut alors être fait de façon à annuler les termes diagonaux
de la matrice W.
f Par exemple, pour l’annulation de W
++ , la matrice T++ doit vérifier la
f f
f
relation :
∂T++ f ∂ Vf
++ ∂T++ f ∂ Vf
−+
U
f
++ V++
f + U++ T++ + U
f
+− V−+
f + U+− T++ = 0 , (IV.26)
∂x ∂x ∂x ∂x
qui peut se réécrire en regroupant les dérivées par rapport à x de T++ :
!
∂T++  −1 ∂ V
f
−+ ∂ V
f
−+
=− Uf
++ V++ + U+− V−+
f f f U
f
++ +U
f
+− T++ . (IV.27)
∂x ∂x ∂x
Remarque 25. Les termes dérivés selon x peuvent être déterminés numériquement en utilisant
une méthode de dérivation numérique : une méthode aux différence finies centrées d’ordre 2 est
utilisée tout au long de ce manuscrit.
2. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS CONTINUES 107

En fixant une normalisation comme condition initiale à l’entrée du domaine, la résolution de


(IV.27) permet d’obtenir la matrice T++ en chaque point x qui peut donc être appliquée comme
normalisation aux matrices U f et V,
f garantissant ainsi la nullité du terme W
f
++ . Comme dans le
cas analytique présenté en première partie de cette section, cette normalisation doit permettre
de rendre négligeables les termes extra-diagonaux de W f et ainsi, obtenir par la résolution de
f

(III.68) une approximation de la propagation d’onde d’un ordre supérieur, permettant un calcul
précis de l’amplitude au travers d’une variation du milieu.
Il est à noter que dans le cas d’une résolution uniquement vers la droite, il suffit de calculer
T++ et de se passer du terme T−− qui n’entre pas en compte dans ce genre de résolutions. De
la même façon, pour une résolution vers la gauche des équations one-way, seul le terme T−− est
nécessaire et il est obtenu en annulant W f
−− .
Cette méthode, bien que très efficace dans le cadre des systèmes à deux équations comme
l’équation des ondes (voir Section IV.2.4), est difficilement transposable dans le cas général. En
effet, son application aux équations d’Euler donne de bons résultats lorsque l’écoulement porteur
présente seulement des variations dans le sens de propagation. Lorsque cet écoulement devient
2D avec l’apparition de variations dans la direction transverse, cette méthode devient beaucoup
moins efficace, voire pollue le résultat obtenu avec une simple méthode one-way. Cela semble dû
au fait que les termes des pseudo-vecteurs propres, dans les cas à plus de deux équations, sont
mélangés dans les matrices V f
++ et V−+ , entraînant une mauvaise application de l’annulation
f

des termes diagonaux de W. f Pour palier ce problème, une stratégie basée sur les équations
f

one-way dites true amplitude est développée dans la Section IV.2.2. Elle est plus facile à mettre
en place et permet l’obtention d’un résultat correct même en présence de variations transverses.
Afin de faire le parallèle entre cette méthode et les coefficients de transmission et de
réflexion introduits dans la Section IV.1, il est possible d’utiliser une méthode de différences
finies décentrée aval pour expliciter la dérivée selon x de l’équation (III.68). On obtient ainsi
l’expression du terme ψ j+1
+ en fonction de ψ j+ suivante :
 
ψ j+1 = I + ∆xD ψ j+ , (IV.28)
f
f
+ ++

avec j le jème point du maillage axial et ∆x le pas entre les points j et j + 1. En rapprochant
cette expression de la relation (IV.9), il vient que le terme T+ est ici approché. Ainsi, la
propagation de l’onde à travers une variation est prise en compte avec un ordre supplémentaire
(en termes d’opérateurs pseudo-différentiels) par rapport à une résolution one-way classique.
Cependant, le fait que cette résolution ne se fasse que dans un sens entraîne des limitations. En
effet, le terme R+ reste tout de même négligé, faisant de cette méthode un outil intéressant
lorsque seule l’onde sortant du domaine est recherchée et lorsque les ondes réfléchies n’ont pas
un effet trop important sur le résultat final.

2.2 Solution 2 : équations one-way true amplitude


La méthode des équations one-way ne peut pas, par construction, prendre en compte les
effets de la réflexion des ondes apparaissant en présence d’hétérogénéités dans le milieu de
propagation, le long de l’axe de résolution. Cependant, une partie du phénomène de réfraction,
entraînant une modification de la longueur d’onde et de l’amplitude de l’onde incidente, peut
être prise en compte grâce à une formulation des équations one-way dite true amplitude [Zhang
et al., 2005; Barucq et al., 2008]. Ce type de formulation permet de garantir que les équations
soient cinématiquement et dynamiquement correctes [Zhang et al., 2003] tandis que seul le
premier critère est respecté dans la formulation classique des équations one-way. En d’autres
termes, cela veut dire que cette formulation des équations permet de donner un résultat correct
à la fois en termes de longueur d’onde et d’amplitude.
108 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

La nouvelle factorisation de l’opérateur de propagation présentée dans la Section III.1


permet la construction d’une approximation W f de la matrice de réflexion/réfraction. En effet,
l’obtention des matrices V et U en chaque point x du maillage permet, par l’application
f f
d’une méthode de dérivation terme par terme des matrices, d’obtenir cette approximation. Une
méthode de différences finies centrées d’ordre 2 est utilisée dans cette thèse. L’information
supplémentaire ainsi récupérée peut être utilisée afin d’améliorer la précision des équations
one-way, dans le cas de variations. Cette intégration dans la résolution ne devant pas entraîner
le recouplage des termes ψ + et ψ − , seul le terme Wf
++ est alors exploité pour une propagation
vers la droite. La version true amplitude de l’équation one-way numérique s’exprime alors de la
manière suivante : φ = V f ψ tel que ψ = (ψ , ψ )t vérifie,
+ −

∂ψ + f
f ψ −W

 =D ++ +
f
++ ψ +
∂x





ψ + (0) donné . (IV.29)






ψ− = 0

Le même type d’équation peut être obtenu dans le cas d’une résolution vers la gauche en
utilisant la matrice W
f
−− comme terme correcteur. Dans ce cas, la condition initiale est alors
donnée en x = L, soit l’extrémité droite du domaine de calcul. L’expression de cette équation
f ψ tel que ψ = (ψ , ψ )t vérifie :
one-way true amplitude vers la gauche est la suivante : φ = V + −

∂ψ − f

 − f ψ −W
=D −− −
f
−− ψ −
∂x





ψ − (L) donné . (IV.30)






ψ+ = 0

Afin de justifier la pertinence de ces choix, nous pouvons réutiliser la méthodologie basée sur
la propriété d’invariance présentée dans la Section IV.2.1. Pour cela, nous nous replaçons dans
le cadre des opérateurs pseudo-différentiels et nous supposons que la matrice W dans (IV.15)
est pleine (i.e. elle ne vérifie pas forcément la condition (IV.14)). On constate immédiatement
qu’en effectuant le changement d’inconnue ψ := (I + K−1 ) ψ e avec K
−1 vérifiant (IV.21), alors
ψ est solution de :   
∂ψe W++ 0
= D −   ψe . (IV.31)
∂x 0 W−−
Comme dans le cadre de l’approche par normalisation, ce résultat montre que nous pouvons
négliger les termes (extra-diagonaux) de W dans l’équation (IV.15) car ψ et ψ
e ont les mêmes
parties d’ordre élevé.

Remarque 26. Dans cette thèse, nous nous intéressons uniquement à la prise en compte de la
partie sous-principale des opérateurs afin d’améliorer la qualité des solutions one-way en présence
d’hétérogénéités suivant x. Dans le cadre de l’approche microlocale, ce type de raisonnement peut
être poussé à des ordres inférieurs [Antoine et Barucq, 2001]. Cependant, cette approche n’est pas
transposable directement aux équations one-way basées sur la factorisation numérique proposée
dans le Chapitre III. C’est pourquoi nous nous sommes restreints aux termes correcteurs W f
++
et W−− qui sont accessibles avec un traitement dont le coût reste limité.
f

Cependant, cette formulation présente tout de même des limitations. C’est notamment le cas
lorsque les phénomènes de réflexions deviennent importants. En effet, rappelons que la résolution
des équations one-way ne permet de prendre en compte que les ondes se propageant dans un
2. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS CONTINUES 109

seul sens de propagation, excluant de fait la prise en compte de toute onde réfléchie dont le sens
de propagation est, par définition, non compatible. L’application de cette méthode est donc
pertinente dans le cas où le résultat intéressant est l’onde propagée en sortie de domaine, puisque
l’information à l’intérieur du domaine est tronquée d’une partie qui peut être non-négligeable.
Cette formulation true amplitude des équations one-way n’est néanmoins pas dépourvue
d’intérêt. En effet, dans les cas où le milieu de propagation présente des variations modérées (une
seule grande variation localisée ou plusieurs plus petites), ces équations permettent de prendre
en compte la réfraction de l’onde incidente bien plus précisément que l’approche standard. Cette
précision accrue se fait pour un coût de calcul supplémentaire négligeable (construction de
la matrice Wf à partir de deux matrices déjà connues) et son implémentation est directe par
rapport à celle de la nouvelle formulation des équations one-way. En effet, la résolution des
équations one-way true amplitude utilise le même type d’algorithmes de marche spatiale que la
méthode classique. Enfin, comme ce sera évoqué plus tard, l’utilisation de ces équations dans le
cadre des séries de Bremmer apporte des bienfaits non négligeables sur la vitesse de convergence
et sur la stabilité (voir Sections V.2.2 et V.2.3).
Il est à nouveau possible de faire le parallèle entre cette méthode et les coefficients de
transmission et de réflexion de la Section IV.1. En appliquant le même schéma d’Euler explicite
j+1
que dans la Section IV.2.1, mais cette fois-ci sur l’équation (IV.29), le terme ψ+ peut être
exprimé de la façon suivante :
  
j+1 j
ψ+ = I + ∆x D ++ + W++ ψ+ , (IV.32)
f
f f

avec I la matrice identité. En rapprochant cette expression de l’équation IV.9, il vient que le
terme de transmission T+ est ici entier, contrairement au cas de la normalisation. Ainsi, les
seules approximations faites en terme de réfraction proviennent de la méthode de factorisation
en elle-même et de l’approximation du terme de dérivée en x. Le terme de réflexion R− reste,
quant à lui, négligé dans ce cas-là.

2.3 Solution 3 : séries de Bremmer


La méthode des séries de Bremmer se base sur une décomposition de la solution en une
somme infinie de termes selon le sens de propagation de l’onde. Cette décomposition permet un
découplage des équations one-way vers la gauche et vers la droite tout en prenant en compte le
terme W grâce à un processus de résolution itératif. La construction de ces séries est exposée
dans la Section IV.2.3.1 en partant de l’expression (II.47) dont les termes ont été remplacés par
les approximations faites grâce à la méthode de factorisation présentée dans ce manuscrit. La
Section IV.2.3.2 s’intéresse quant à elle à la façon de résoudre cet ensemble d’équations one-way
de façon à ce que le couplage des termes n’entraîne pas une instabilité dans le calcul.

2.3.1 Construction des séries de Bremmer


La méthode présentée dans cette section est basée sur le concept des séries de Bremmer
[Bremmer, 1951], introduite la première fois dans le cadre des approximations WKB en 1D.
Elles ont ensuite été adaptées dans un cadre 2D [Ursin, 1984] avant d’être couplées avec une
résolution des équations one-way utilisant la théorie des opérateurs pseudo-différentiels [de
Hoop, 1996]. C’est sous cette forme que les séries de Bremmer seront construites [Gustafsson,
2000] tout en étant appliquées au formalisme utilisé par la méthode de factorisation numérique.
Le point de départ de la construction de cette méthode est de séparer le système (II.47) selon le
sens de résolution. On obtient ainsi deux types d’équations différentielles ordinaires qui prennent
la forme suivante lorsque la factorisation numérique de l’opérateur est appliquée :
110 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

 ∂ψ + = D
  
++ − W++ ψ + − W+− ψ −
 f f f
∂x , (IV.33)


ψ + (0) = f
pour la résolution vers la droite et

 ∂ψ − = D
  
−− − W−− ψ − − W−+ ψ +
 f f f
∂x , (IV.34)


ψ − (L) = 0
pour la résolution vers la gauche. La résolution des équations est ici faite entre x = 0 et x = L.
De plus, nous avons imposé une condition aux limites non-homogène en x = 0 pour ψ + et
une condition homogène en x = L pour ψ − . Imposer une onde à droite du domaine n’entraîne
aucune modification du raisonnement mis à part un terme supplémentaire qui, pour des raisons
de lisibilité, n’a pas été ajouté ici. Chacun de ces problèmes peut être réécrit sous une forme
intégrale de la façon suivante :
Z x
ψ + (x) = e(D++ −W++ )x f + e(D++ −W++ )(x−τ ) W +− ψ − (τ )dτ , (IV.35)
e f e f f
0

et
Z x
ψ − (x) = e(D−− −W−− )(x−τ ) W −+ ψ + (τ )dτ (IV.36)
e f f
L

Le principe des séries de Bremmer est de considérer ces solutions comme une somme infinie
d’ondes se propageant vers la gauche et vers la droite, c’est à dire :
∞ ∞
ψ i+ ψ i− .
X X
ψ+ = ; ψ− = (IV.37)
i=0 i=1

La somme pour le terme ψ − ne commence pas à l’indice i = 1 car le choix a été fait d’initialiser
par une condition homogène l’équation one-way vers la gauche. De ce fait, on prend ψ 0− = 0 et
ce terme n’apparaît donc pas dans l’expression. En appliquant ces deux décompositions dans
les solutions (IV.35) et (IV.36), on obtient :
∞ Z x
ψ + (x) = e(D++ −W++ )x f + e(D++ −W++ )(x−τ ) W i
X
+− ψ − (τ )dτ , (IV.38)
e f e f f
i=1 0

et
∞ Z x
e(D−− −W−− )(x−τ ) W i
X
ψ − (x) = −+ ψ + (τ )dτ . (IV.39)
e f
f
i=0 L

Les termes de ces séries sont ensuite explicités pour le choix des récurrences suivantes :

ψ 0+ (x) = e(D++ −W++ )x f , (IV.40)


e f

pour le premier terme en +. Les termes en i + 1 pour i ∈ N vérifient la relation :


Z x
ψ i+1
+ (x) = e(D++ −W++ )(x−τ ) W i
+− ψ − (τ )dτ , (IV.41)
e f f
0

tandis que les termes en i + 1 pour i ∈ N de la somme indicée en − sont définis par :
Z x
ψ i+1
− (x) = e(D−− −W−− )(x−τ ) W i
−+ ψ + (τ )dτ . (IV.42)
e f f
L
2. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS CONTINUES 111

Les équations (IV.40), (IV.41) et (IV.42) peuvent être réécrites respectivement sous les formes
différentielles suivantes :
∂ψ 0+  
0 0
= D f
++ − W++ ψ + avec ψ + (0) = f
f (IV.43)
∂x

∂ψ i+1
+
 
i+1 i i+1 (IV.44)
= D ++ − W++ ψ + + W+− ψ − avec ψ + (0) = 0 pour i ∈ N
f f f
∂x
et
∂ψ i+1

 
i+1 i i+1 (IV.45)
= D −− − W−− ψ − + W−+ ψ + avec ψ − (L) = 0 pour i ∈ N.
f f f
∂x
La particularité de ce cas est qu’aucune initialisation n’a été faite à droite du domaine de
calcul (le terme ψ 0− = 0). Cela implique que les termes ψ i+ et ψ i− seront également nuls lorsque
i est impair ou pair, respectivement. Dans le cadre de l’équation des ondes, la convergence
d’une telle série a fait l’objet d’études approfondies [Atkinson, 1960; Wing, 1974] montrant
que cette dernière pouvait se mettre sous la forme d’une série de Neumann, dont certains
critères garantissent la bonne convergence. Cependant, dans le cadre d’équations génériques
et plus complexes comme les équations d’Euler, aucun argument théorique ne vient garantir
ou interdire a priori une telle convergence. C’est pourquoi la convergence de telles séries est
étudiée numériquement dans les cas des Sections V.2.2 et V.2.3. En particulier, elle n’a été mise
en défaut pour aucun des cas d’études présentés dans cette thèse.

2.3.2 Résolution des séries de Bremmer


L’utilisation des séries de Bremmer requiert donc une résolution itérative des équations
one-way vers la gauche et vers la droite, définies par les équations (IV.43), (IV.44) et (IV.45),
pour trouver les termes successifs composant les deux sommes (IV.37). En pratique, ces sommes
étant infinies, la recherche de ces termes se fait jusqu’à ce que la convergence voulue soit
atteinte. Rappelons que nous avons décidé, par souci de concision, d’initialiser le calcul en
imposant uniquement une onde à l’entrée gauche du domaine. Cependant, la démarche peut
être transposée à une initialisation à droite ou même des deux côtés. Ce choix conduit à la
condition ψ 0− = 0. Le calcul commence alors par la détermination du premier terme ψ 0+ (défini
par (IV.43)) par une résolution one-way (true amplitude ou non) vers la droite, décrite par le
système suivant :

∂ 0

0 0


 ψ+ + ε W
f
++ ψ + = D++ ψ +
f
∂x , (IV.46)

ψ 0+ (0)

=f

où ε = 0 permet d’itérer sur les termes des séries de Bremmer par l’intermédiaire de résolutions
one-way classiques et ε = 1 induit l’utilisation de la version true amplitude.
Ce premier terme obtenu décrit la propagation d’une onde partant de l’entrée du domaine
de calcul (à gauche) vers la sortie (à droite). Mais en présence de variations du milieu de
propagation, cette onde va donner naissance à une onde réfléchie, ψ 1− , et sera également affectée
par la réfraction, dont l’effet sera exprimé à travers le terme de l’itération suivante, ψ 1+ . Il est
cependant à noter que dans le cas où ε = 1, ce terme a déjà été pris en compte dans ψ 0+ . Ces
deux termes supplémentaires des séries de Bremmer, ψ 1+ et ψ 1− , sont obtenus en appliquant
deux nouvelles résolutions one-way dans les directions + et −, basées respectivement sur les
problèmes (IV.44) et (IV.45) en prenant i = 0. Plus précisément, nous proposons de résoudre
les équations suivantes :
112 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

∂ 1

1 1 0
ψ + + εW ++ ψ + = D++ ψ + − (1 − ε)W++ ψ +

 f f f

∂x , (IV.47)

ψ 1+ (0)

=0

et
∂ 1

1 1 0
ψ − + εW −− ψ − = D−− ψ − − W−+ ψ +

 f f f

∂x . (IV.48)

ψ 1− (L) = 0

où le paramètre ε ∈ [0, 1] permet de contrôler le caractère explicite ou implicite des termes


correctifs de la réfraction W
f
++ et W−− .
f

0 0
Remarque 27. Le terme W
f
+− ψ − n’apparaît pas dans (IV.47) car ψ − dans la situation traitée
dans cette section.

Le raisonnement peut être continué afin de déterminer les termes d’ordre supérieur ψ 2+
et ψ 2− . Cependant, si le terme ψ 1+ ne dépendait que du terme précédent ψ 0+ , cette nouvelle
itération contient des informations provenant des ondes décrites par ψ 1+ et ψ 1− . Cela est vrai
pour les deux sens de propagation, qui prendront en compte la réfraction et la réflexion de ces
termes d’ordre inférieur. Nous avons donc, à nouveau, deux équations one-way à résoudre :

∂ 2

2 2 1 1
ψ + + εW ++ ψ + = D++ ψ + − W+− ψ − − (1 − ε)W++ ψ +

 f f f f

∂x , (IV.49)

ψ 2+ (0)

=0

et
∂ 2

2 2 1 1
− ψ − + εW −− ψ − = D−− ψ − − W−+ ψ + − (1 − ε)W−− ψ −

 f f f f
∂x . (IV.50)

ψ 2− (L)

=0

où le paramètre ε joue le même rôle que pour l’itération précédente.


On peut finalement écrire les systèmes d’équations one-way à résoudre dans les directions +
et − à l’ordre N > 1 des séries de Bremmer :
∂ N

N N N −1 N −1
ψ + + εW ++ ψ + = D++ ψ + − W+− ψ − − (1 − ε)W ++ ψ +

 f f f f
∂x


, (IV.51)
ψN

+ (0) = 0

et
∂ N

N N N −1 N −1
− ψ − + εW −− ψ − = D−− ψ − − W−+ ψ + − (1 − ε)W −− ψ −

 f f f f
∂x . (IV.52)

ψN

− (L) = 0

Une fois que le processus itératif a convergé (i.e. ψ N


± ≈ 0), le résultat final ψ peut être
r

obtenu en additionnant ensemble toutes les contributions ψ i± :

Nr
ψ i+
!
X
ψ= , (IV.53)
i=0
ψ i−
avec Nr l’ordre des séries de Bremmer.
2. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS CONTINUES 113

Remarque 28. Pour une taille de mémoire suffisante, il est possible de réutiliser les matrices
D, V et W, formées lors de la première résolution, pour les itérations suivantes. Il est ainsi
possible de réduire fortement le coût de calcul de la méthode. En effet, la résolution des équations
par l’algorithme de marche en espace ne représente qu’une petite partie du temps de calcul total.
Le coût en mémoire utilisée et en temps de calcul est évoqué dans la Section III.2.5. De plus,
une méthode permettant de réduire le nombre de matrices à former pour résoudre les équations
one-way, et donc à la fois le coût de calcul et la mémoire requise, est présentée dans la Section
IV.2.5.
Contrairement à la méthode des équations one-way true amplitude, les séries de Bremmer,
qui utilisent une résolution itérative, permettent de capturer précisément les ondes réfléchies qui
se propagent dans les directions + et − et ne sont donc pas limitées de la même façon. Ainsi,
la résolution par séries de Bremmer permet d’obtenir un résultat correct dans l’ensemble du
domaine de calcul.
Il est à nouveau possible d’utiliser un schéma d’Euler explicite afin d’exprimer le terme
N,j+1
ψ+ en fonction de ψ N,j
+ dans le cas où ε = 1. Cela donne la relation suivante :
  
N −1,j
ψ N,j+1 = I + ∆x D ++ − W++ ψ N,j
+ − ∆xW+− ψ − . (IV.54)
f
f f f
+

En rapportant à nouveau cette expression à la relation (IV.13) et en prenant en compte le fait


N −1,j
que ψ N,j
+ est associé à une onde se propageant vers la droite et ψ − à une onde se propageant
vers la gauche, les termes de transmission T+ et de réflexion R− sont bien pris en compte par
cette formulation. Dans le cas où ε = 0, le terme ψ N,j+ pondéré par W++ serait remplacé par
f
N −1,j
ψ+ qui correspond toujours à une onde se propageant vers la droite, ne changeant de ce fait
rien à cette conclusion. Le même développement peut être fait à partir de l’équation (IV.52),
amenant à l’expression de l’approximation des termes T− et R+ . Ainsi, dans la résolution des
équations one-way par les séries de Bremmer, tous les coefficients de réflexion et de réfraction
sont pris en compte et évalués.
Les étapes de résolution des séries de Bremmer sont présentées dans la Figure IV.4. Pour
illustrer ce cheminement, un cas 1D de l’équation des ondes est appliqué sur trois domaines
différents présentant chacun une vitesse de propagation différente. Les discontinuités en x1 =
33.333 et en x2 = 66.666 sont régularisées pour être C ∞ dans le domaine de calcul et la vitesse
du son s’exprime de la façon suivante :
!
x − x1 x − x2
   
c = −τ tanh + Vm + (τ + f ) tanh , (IV.55)
d d+g
avec τ = −15, d = 0.5, f = −5, g = 1 et Vm = 20 + f . Ces fortes variations sont présentes pour
illustrer leur effet sur le résultat final, suite aux réflexions.
Ainsi, au premier ordre, la résolution d’une équation one-way classique est faite dans la
direction + puisque dans ce cas, ε = 0. Les ondes se propageant vers la gauche sont alors nulles
(ψ 0− = 0). Ensuite, le premier terme des séries ψ 0+ est utilisé comme terme source pour la
résolution vers la droite puis vers la gauche dans le but d’obtenir le terme d’ordre 2. Ces termes
correctifs sont à leur tour utilisés comme termes sources pour le résultat d’ordre supérieur. Une
fois la convergence atteinte, ici ψ 4± ≈ 0, toutes les contributions peuvent être additionnées dans
le but d’obtenir le résultat final qui est, ici, comparé à celui d’une simulation directe (full wave).

2.4 Comparaison des trois solutions en utilisant l’équation des ondes


Les méthodes de résolution one-way permettant d’améliorer la prise en compte des variations
du milieu de propagation sont comparées sur deux cas-test basés sur l’équation des ondes. Plus
précisément, nous considérons le problème suivant :
114 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

Figure IV.4 – Schéma de la résolution des séries de Bremmer

 ! ! !
 ∂ p 0 1 p

 = ω ∂2 dans Ω
 ∂x q − c2 (x,y) − 0 q

∂y 2
, (IV.56)

 ∂p


 = 0 sur Γ⊥
∂y
∂p
avec q = ∂x , ω = 5 la pulsation et c(x, y) la vitesse de propagation de l’onde dans le milieu.
C’est cette dernière qui est la conséquence des variations du milieu, étant donné qu’elle dépend
des deux coordonnées. Le domaine de calcul, noté Ω, est défini par ]0, L[×] − 0.5, 0.5[ et
la condition aux limites transverse de type Neumann homogène est appliquée sur Γ⊥ :=
(]0, L[ × {0.5}) ∪ (]0, L[ × {−0.5}). Encore une fois, ce cas, bien que non physique, permet de
bien illustrer les principes et les caractéristiques de chaque méthode.
Un premier cas présentant des variations légères est exposé dans la Section IV.2.4.1. Des
variations plus fortes du milieu sont introduites dans le cas traité dans la Section IV.2.4.2.
2. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS CONTINUES 115

2.4.1 Variations faibles


Le cas présenté dans cette partie a été simulé une première fois grâce à un code 2D utilisant
une résolution directe et permettant d’obtenir un résultat de référence. Ce résultat a également
permis d’initialiser les différentes simulations one-way en imposant la valeur obtenue en x = 0.
Cette onde imposée a donc été projetée par les méthodes one-way afin de ne conserver que la
partie se propageant vers la droite.
Les variations du milieu sont introduites par l’intermédiaire de la vitesse de propagation qui
est exprimée de la façon suivante :
! !
x − x0 y
 
c(x, y) = τ tanh + 1 tanh + cm , (IV.57)
g d
avec τ = 2, x0 = 25, d = 0.05 et cm = 10. Cette expression décrit un premier milieu homogène
dans lequel l’onde se propage avant de rencontrer une variation en x qui vient séparer le
matériau en deux sous-domaine avec deux vitesses de propagation différentes. Toutes ces
variations sont rendues C ∞ par l’utilisation de tangentes hyperboliques. Le champ 2D de la
vitesse de propagation dans ce cas est présenté dans la Figure IV.5. Il est à noter que la longueur
du domaine de calcul pour cette expérience est L = 50.

Figure IV.5 – Valeur au carré de la vitesse de propagation dans le milieu

Les résolutions one-way ont été obtenues à partir d’une discrétisation transverse de type
éléments finis P1 , construite sur un maillage composé de 50 points en y et d’un maillage axial
de 5000 points. Ce nombre important de points est imposé par la stabilité de l’algorithme de
marche en x qui est basé sur la méthode de Runge-Kutta explicite d’ordre 4.
La Figure IV.6 montre une extraction le long de y = 0 (au milieu du domaine) de la partie
réelle de la pression acoustique, obtenue avec les différentes méthodes de calcul. On peut ainsi
voir que les résultats des méthodes one-way normalisée et true amplitude sont confondus tout le
long du domaine. De plus, avant x = 25, qui correspond à l’abscisse de la variation, l’amplitude
retranscrite est plus importante que celle du résultat de référence. Cela est dû au fait que ce
dernier prend en compte l’onde réfléchie en x = 25, contrairement aux deux méthodes one-way
qui ne propagent que l’onde incidente. Il est d’ailleurs facile de remarquer que cette amplitude
est bien modifiée par la variation et qu’au delà de x = 25, ces trois résultats sont confondus. Le
résultat obtenu grâce aux séries de Bremmer est, quant à lui, superposé au résultat de référence
tout le long du domaine. En effet, les phénomènes de réflexion et de réfraction de l’onde étant
pris en compte de manière précise, la solution obtenue converge bien vers la solution de référence
avant et après la variation. Ici, seulement deux itérations sont nécessaires pour les séries de
Bremmer pour obtenir un résultat convergé.
116 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

0.2

Pression 0

−0.2

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
x

Figure IV.6 – Partie réelle de la pression acoustique en y = 0 obtenue grâce à une résolution
exacte ( ) et par la résolution des équations one-way avec la méthode de la normalisation ( ),
des équations one-way true amplitude ( ) et par des séries de Bremmer ( )

2.4.2 Variations fortes


Un second cas est étudié dans cette partie. Les variations suivant x sont, cette fois-ci, plus
importantes et plus nombreuses. En effet, la vitesse de propagation de l’onde est définie par :
! !! !
x − x0 x − x1 y x − x2
 
c(x, y) = − τ1 tanh − tanh tanh + τ2 tanh + τ 2 + cm ,
d+g d+g d d+g
(IV.58)
avec τ1 = −4.5, τ2 = 6, d = 0.1, g = 1 et cm = 10. Deux variations importantes sont donc
imposées en x1 = 10 et en x2 = 35. Tout comme précédemment, l’onde imposée à gauche se
propage dans un milieu homogène avant de rencontrer une première variation qui va séparer le
milieu horizontalement en deux. L’onde va alors se propager à deux vitesses différentes avant de
rencontrer une seconde variation qui vient rendre le milieu à nouveau homogène, avec une vitesse
de propagation différente. Le champ 2D de la vitesse de propagation imposée est représenté sur
la Figure IV.7.

Figure IV.7 – Valeur au carré de la vitesse de propagation dans le milieu

L’intérêt de ce cas est la présence de ces deux variations qui vont entraîner un jeu de réflexions
entre x1 et x2 . En effet, dans cette partie en particulier, l’importance des ondes réfléchies est
non négligeable du fait de l’emprisonnement de ces dernières entre les deux variations.
2. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS CONTINUES 117

Plusieurs simulations ont à nouveau été faites sur ce problème. La première utilise le code
2D de résolution directe afin de fournir un résultat de référence. Le maillage utilisé pour les
résolutions one-way est le même que celui utilisé dans le cas précédent, avec 50 points en
transverse pour la méthode des éléments finis et 5000 points en axial pour la méthode de
Runge-Kutta explicite d’ordre 4. Enfin, le domaine est étendu jusqu’à L = 75.

0.1
0.4

0.2 5 · 10−2

Pression
Pression

0 0

−0.2 −5 · 10−2

−0.4
−0.1
0 20 40 60 10 15 20 25 30 35
x x
(a) Domaine de calcul entier (b) Agrandissement de la partie présentant de nom-
breuses ondes réfléchies

Figure IV.8 – Partie réelle de la pression acoustique en y = 0 obtenue grâce à une résolution
exacte ( ) et par la résolution des équations one-way avec la méthode de la normalisation ( ),
les équations one-way true amplitude ( ) et par les séries de Bremmer ( )

La Figure IV.8 représente une extraction linéaire de la partie réelle de la pression acoustique
en y = 0 et dans tout le domaine de calcul. En particulier, la Figure IV.8b est l’agrandissement
de la Figure IV.8a entre les deux variations (i.e. entre x1 et x2 ) afin de mieux observer l’effet
des ondes réfléchies. Il est ainsi possible de voir que les résultats obtenus par la normalisation
adaptée et par les équations one-way true amplitude sont très proches l’un de l’autre. C’est
particulièrement le cas avant et après les variations. En effet, entre ces deux dernières, les
sinusoïdes obtenues sont en opposition de phase sans que l’une ou l’autre des méthodes ne soit
plus précise. Au final, l’importance trop grande des ondes réfléchies dans ce cas là entraîne
l’obtention de résultats éloignés de celui de référence. Cela est dû à la résolution dans un seul
sens des équations one-way. L’utilisation de séries de Bremmer utilisant un processus itératif de
résolution des équations one-way dans un sens et dans l’autre est ici impérative. Les résultats
obtenus par cette dernière méthode sont superposés à la solution de référence partout dans le
domaine de calcul. C’est notamment le cas dans la zone du milieu, où les ondes réfléchies sont
bien capturées, ce qui se traduit par une longueur d’onde et une amplitude correctes. Au final,
les limitations des méthodes utilisant une résolution one-way dans un seul sens par rapport à
un processus itératif comme les séries de Bremmer ont ici été mises en lumière.

2.5 Échantillonnage du modèle de propagation et réduction du coût


de calcul
La résolution des équations one-way se fait grâce à un algorithme de marche spatiale en
partant d’une extrémité du domaine jusqu’à l’autre. Ainsi, le calcul d’une simple résolution
one-way dans un milieu de propagation homogène selon l’axe privilégié ne requiert pas de
118 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

former le jeux de matrices complet (D, f U f et V)


f en chaque point du maillage axial. En effet,
f

ces matrices, bien qu’étant locales, restent valables dans tout le domaine lorsque l’opérateur
de propagation M est indépendant de x. Il est donc possible de gagner du temps de calcul
et de diminuer la mémoire nécessaire en réutilisant le résultat de la première factorisation de
l’opérateur à chaque itération de la méthode d’intégration axiale.
Cependant, lorsque le cas étudié présente des variations le long de l’axe de propagation, le
coût de calcul peut augmenter du fait que la factorisation de l’opérateur doit être effectuée
en chaque point où une variation apparaît. De plus, dans le cas des séries de Bremmer, une
résolution itérative des équations one-way est faite dans les deux sens. L’augmentation du coût
de calcul peut donc être significative.
Le fait de pouvoir appliquer des méthodes de résolution perfectionnées (méthode GD), grâce
à la nouvelle factorisation des équations, permet de limiter le nombre de matrices à former par
rapport à des méthodes plus basiques (BDF). Une autre solution est de garder en mémoire ces
matrices après la première résolution, afin de ne pas recalculer plusieurs fois les mêmes points
au cours des itérations. Cette solution est particulièrement efficace en terme de temps de calcul
mais la contrepartie est une demande en mémoire plus importante.
Une manière de limiter cette augmentation du coût mémoire est d’utiliser une méthode
d’échantillonnage. Cela consiste à utiliser un critère basé sur les variations du milieu de
propagation dans le but de limiter le nombre de points en x auxquels les matrices doivent être
reconstruites. Au niveau des points où les matrices ne sont pas recalculées, la propagation des
ondes se fait en utilisant celles obtenues au point précédent. De cette façon, l’onde est tout de
même propagée avec un approximation faite sur la variation du milieu. Ce critère est donné
par l’utilisateur en fonction du cas étudié et lui permet de moduler la sensibilité du seuil de
recalcul. De cette façon, moins le critère est sensible, moins le nombre de matrices à calculer est
grand, limitant la mémoire nécessaire pour les garder.
Aucune expression générique d’un tel critère n’est donnée dans cette section. Le choix d’un
critère doit être fait selon le cas étudié et selon l’origine de la variation dans le domaine de
calcul. Ainsi, dans les Sections V.2.2 et V.2.3, les variations provenant de l’écoulement de base,
un critère sur la vitesse axiale sera utilisé. De façon similaire, les variations du cas présenté
dans la Section VI.2 proviennent de la condition limite imposée. C’est donc un critère basé sur
la valeur de l’impédance imposée qui sera utilisé. Plus de détails sur ces différents critères sont
donnés dans les sections concernées.

3 Cas des variations discontinues


Dans le cas des variations discontinues, la rupture brusque de l’évolution des coefficients
à l’intérieur des équations one-way empêche d’évaluer la matrice W par une méthode de
discrétisation classique. Un traitement spécial de ces variations est donc nécessaire pour capturer
correctement les ondes réfléchies et réfractées se propageant hors de la discontinuité. Pour cela,
une méthode de décomposition de domaine, et notamment le processus de résolution itérative
associé, sont expliqués dans la Section IV.3.1. La Section IV.3.2, quant à elle, se concentre sur la
méthode employée au niveau des interfaces pour calculer la réflexion et la réfraction des ondes
se propageant à travers une discontinuité. Un tel traitement des discontinuités a fait l’objet
d’un article [Rudel et al., 2021] dans le cadre des équations d’Euler.

3.1 Décomposition de domaine


Une discontinuité, dans le cas des équations one-way, se traduit par une variation brusque des
coefficients entre deux lignes transverses (successives) de maillage. Cela a pour effet de modifier
3. CAS DES VARIATIONS DISCONTINUES 119

les valeurs présentes dans les différentes matrices nécessaires à la bonne résolution des équations.
Cependant, ces variations de valeurs ne peuvent pas être discrétisées comme c’est le cas dans
les méthodes présentées précédemment. Ainsi, l’application d’une méthode de décomposition
de domaine est nécessaire. Les variables ψ utilisées pour la résolution sont projetées dans un
espace d’application dépendant de l’écoulement de base et des conditions aux limites, appliquées
en haut et en bas du conduit. Lorsque ces conditions aux limites sont modifiées à travers une
discontinuité, si aucun traitement n’est appliqué aux variables one-way, leur projection dans le
domaine physique (i.e. en variables primitives) va engendrer des discontinuités dans le résultat
obtenu. En effet, les matrices de transformation U f et Vf n’étant pas équivalentes de chaque
côté de l’interface, la projection d’une variable par une de ces matrices définissant un espace
d’application différent entraîne un résultat erroné. De plus, l’onde incidente, en se propageant
à travers une telle discontinuité, sera décomposée en une onde réfractée qui continuera sa
propagation dans le sens initial et en une onde réfléchie dans le sens opposé. La prise en compte
de cette seconde doit être faite au niveau de l’interface afin de garantir une résolution précise
du problème.
Cette méthode de décomposition de domaine étant, dans le cadre de ce manuscrit, seulement
appliquée à la problématique des conduits 2D partiellement traités avec un liner acoustique,
c’est cet exemple qui sera utilisé dans le but d’illustrer la méthode. Ainsi, les deux discontinuités
rencontrées dans ce cas proviennent de la rupture d’impédance (i.e. le bord d’attaque et le bord
de fuite du liner) et non de l’écoulement de base qui est, quant à lui, parallèle tout le long du
domaine (i.e. aucune variation de l’écoulement n’apparaît le long de l’axe de propagation).
Afin de faciliter la discussion, les milieux de propagation sont supposés uniformes de part et
d’autre de l’interface. De cette façon, la résolution par des équations one-way est valide dans
tout le domaine de calcul sauf au niveau des discontinuités. Ainsi, le domaine complet peut
être séparé en un certain nombre de sous-domaines par des interfaces situées au niveau des
discontinuités. Le calcul des ondes réfléchies et transmises est donc réalisé au niveau de ces
interfaces et elles serviront à l’initialisation des équations one-way dans chaque sous-domaine.
C’est la raison pour laquelle la résolution des équations one-way doit se faire vers la gauche
et vers la droite dans chaque sous-domaine afin de prendre en compte les ondes se propageant
dans les deux sens.

Remarque 29. L’application d’une méthode GD utilisant des points d’intégration de Gauss-
Lobatto est particulièrement adaptée à la résolution de ce genre de problème. En effet, le
dédoublement des degrés de liberté sur les extrémités des cellules permet de construire les matrices
concernées par le développement exactement à la même abscisse mais avec les caractéristiques
respectives de leur sous-domaine.

Ainsi, pour l’exemple du liner, le domaine de calcul est séparé en trois sous-domaines.
Chacun de ces sous-domaines ne se chevauche pas avec le domaine voisin (sauf au point exact
de l’interface) et possède une ou deux interfaces positionnées sur l’abscisse exacte du bord
d’attaque ou du bord de fuite du liner. Les ondes réfléchies et réfractées seront communiquées
d’un sous-domaine à l’autre à travers ces interfaces et le calcul de ces ondes sera développé dans
la Section IV.3.2.
La Figure IV.9 représente la configuration dans laquelle se fait la résolution du problème.
Le domaine de calcul complet est donc décomposé en trois sous-domaines différents qui seront
mentionnés comme les domaines 1, 2 et 3 pour les domaines allant du plus à gauche au plus à
droite.
La décomposition en sous-domaines nécessite l’utilisation d’un processus itératif afin d’obtenir
un résultat final correct. En effet, étant donné que dans chaque sous-domaine une résolution
one-way vers la droite et vers la gauche est faite, la réflexion et la réfraction de ces ondes
propagées doit être faite à chaque interface. Ces ondes sont utilisées comme initialisation de
120 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

Figure IV.9 – Exemple de décomposition d’un domaine de calcul

l’itération suivante des résolutions one-way vers la gauche et vers la droite. Ainsi, l’information
est transmise de sous-domaine en sous-domaine par l’intermédiaire de ces interfaces. Le résultat
obtenu à chaque nouvelle itération devient donc de plus en plus précis puisque les ondes
réfléchies et réfractées, calculées lors de l’itération précédente, sont prises en compte. Ces
itérations peuvent être continuées jusqu’à ce que la convergence soit jugée satisfaisante.
Remarque 30. Il est à noter que dans le cas où l’écoulement de base n’est plus parallèle et
présente donc des variations selon l’axe privilégié, une résolution par séries de Bremmer est
possible dans chaque sous-domaine. Cela peut se faire sans que la méthode de décomposition de
domaine ne soit affectée.

3.2 Opérateur de transmission d’onde


Au niveau de chaque interface, les ondes incidentes (venant du sous-domaine de droite et de
gauche) doivent être triées afin de communiquer proprement les ondes sortant de l’interface
dans chacun des sous-domaines, et seulement ces dernières. Pour cela, l’information contenue
à l’intérieur des matrices de pseudo-vecteurs propres U f et V f est utilisée pour projeter les
variables one-way d’un domaine sous leur forme physique avant de les projeter à nouveau sous
la forme de variables one-way dans le domaine suivant. L’idée est de conserver la continuité
des variables primitives à travers la discontinuité. Pour cela, la relation suivante est imposée à
chaque interface :

q1 = q2 , (IV.59)
avec q1 le vecteur de variables discrétisées situé à l’interface du côté du domaine 1 et q2
le même vecteur situé au niveau de l’interface mais provenant du domaine 2. Pour le reste
de ce développement, ces exposants auront le même sens lorsqu’ils sont appliqués à d’autres
variables ou matrices. De plus, dans un but d’illustration, l’explication de cette méthode de
décomposition de domaine est faite, ici, pour la première discontinuité (i.e. en prenant l’exemple
du bord d’attaque d’un liner, il s’agit d’une paroi rigide à gauche et une condition d’impédance
à droite) mais le même raisonnement peut être appliqué de façon générale à n’importe quelle
discontinuité. Pour les problèmes de propagation d’onde, la condition (IV.59) seule est connue
pour présenter des problèmes de convergence et des conditions de transmission basées sur une
approximation de l’opérateur de transparence sont généralement utilisées [Collino et al., 1998].
Cependant, dans notre cas, la condition (IV.59) pouvant être exprimée en terme de variables
one-way, les composantes se propageant vers la gauche et vers la droite peuvent être séparées,
rendant l’utilisation d’une autre condition superflue. Afin d’exprimer l’équation IV.59 en terme
de variables one-way ψ 1 et ψ 2 , il est d’abord nécessaire de l’exprimer en terme de variables
caractéristiques :

T 1 φ1 = T 2 φ2 . (IV.60)
3. CAS DES VARIATIONS DISCONTINUES 121

Remarque 31. Dans le cas particulier du liner, l’expression de la matrice T n’est pas affectée
par la discontinuité et l’équation (IV.60) peut donc s’écrire :

φ1 = φ2 . (IV.61)
En appliquant le second changement de variables avec la matrice de pseudo-vecteurs propres,
la condition de continuité prend la forme suivante en terme de variables one-way :

f 1 T1 ψ 1 = V
V f 2 T2 ψ 2 . (IV.62)
Ce double changement de variables impliquant deux matrices peut se mettre sous la forme
fi Ti . De la même façon que précédemment, la matrice S peut être
d’une matrice notée Si = V
séparée en composantes + et −, ce qui donne les relations suivantes :

S1 ψ 1 + S1 ψ 1 = S2 ψ 2 + S2 ψ 2
++ + +− − ++ + +− −
S1 ψ 1 + S1 ψ 1 = S2 ψ 2 + S2 ψ 2
. (IV.63)
−+ + −− − −+ + −− −

Cette expression de la relation de continuité (IV.59) permet d’avoir accès à la séparation


des ondes en leurs composantes se propageant vers la gauche ou vers la droite au niveau
de l’interface. La prochaine étape est donc de déterminer quelle partie des ondes incidentes
est renvoyée dans le domaine initial et quelle partie est transmise au domaine suivant. La
configuration dans laquelle se fait cette décomposition de domaine est illustrée dans la figure
IV.10. L’itération précédente des résolutions one-way vers la gauche et vers la droite de part
et d’autre de l’interface donne l’approximation des ondes incidentes qui prennent la forme de
ψ 1+ et ψ 2− provenant du domaine 1 et 2, respectivement. Ainsi, ces deux variables deviennent
des données du problème. Le système (IV.63) devient donc un problème à deux équations avec
deux inconnues pouvant facilement être résolu. Cette méthode donne alors une approximation
des ondes sortantes dont la précision dépend de la qualité de l’information donnée (dans ce cas
ψ 1+ et ψ 2− ) et s’améliore avec un nombre d’itérations grandissant.

Figure IV.10 – Transmission d’onde à travers une interface

Les valeurs des inconnues (ψ 1− et ψ 2+ ) peuvent donc être facilement exprimées à partir des
ondes incidentes (ψ 1+ et ψ 2− ) sous la forme suivante :
   −1 −1 h
2 2 1 1 2
ψ + = S++ − S+− S−− S−+ S1++ −







    
  −1  −1
 S1+− S1−− S1−+ ψ 1+
− S2+− − S1+− S1−− S2−− ψ 2− . (IV.64)



   −1  
ψ 1 = S1 S2−+ ψ 2+ + S2−− ψ 2− − S1−+ ψ 1+


− −−

Les valeurs obtenues de cette façon peuvent servir d’initialisation aux résolutions one-way
vers la gauche dans le domaine 1 et vers la droite dans le domaine 2.
122 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS

Remarque 32. Cette méthode de décomposition de domaines utilisant une projection en


variables one-way à partir des variables physiques, elle peut donc être appliquée avec n’importe
quelle méthode de résolution dans chaque sous-domaine. Elle peut, de ce fait, permettre des
couplages entre des méthodes one-way et des méthodes directes par exemple.

Remarque 33. La même méthode de décomposition de domaine peut être utilisée sans qu’il
n’y ait aucune discontinuité. Dans ce cas-là, les matrices S1 et S2 se trouvent être identiques,
facilitant ainsi le tri des ondes.

En faisant le parallèle entre cette méthode et l’expression (IV.13), il vient que l’expression
des coefficients T+ , R+ , T− et R− est directement approchée par une expression dépendant des
matrices de transformation. En effet, le principe de cette méthode est directement calqué sur
celui du cas 1D simplifié présenté plus haut et n’est, au final, qu’une généralisation de cette
méthode, à une approximation près.

4 Bilan
Dans ce chapitre, la problématique de l’application des équations one-way à des problèmes
présentant un milieu variant selon le sens de propagation a été abordée. La présentation des
phénomènes de réflexion et de réfraction des ondes, apparaissant dans ce genre de situation,
a d’abord été faite. Un cas simplifié a servi à illustrer les différents mécanismes impliqués
lorsqu’une telle variation est rencontrée par une onde.
La prise en compte de ces phénomènes, lorsque les variations sont continues, a fait l’objet
de différentes méthodes directement adaptées aux équations one-way numériques développées
dans le Chapitre III. Ainsi, la première méthode, se basant sur la résolution d’une équation
supplémentaire dans le but d’obtenir une normalisation des vecteurs propres particulière, est
présentée. Cette normalisation a pour objectif de diminuer l’ordre des opérateurs pseudo-
différentiels négligés. Cela donne lieu à une meilleure approximation de la réfraction des ondes.
Cependant, bien que cette méthode fonctionne correctement dans le cadre de l’équation des
ondes, ce n’est pas le cas pour les équations d’Euler lorsque l’écoulement de base présente des
variations transverses, limitant de ce fait son domaine d’application. Ainsi, la méthode des
équations one-way true amplitude a fait l’objet d’un développement. Cette méthode, utilisant un
terme correcteur afin d’améliorer l’approximation de la réfraction des ondes, permet d’obtenir
des résultats plus précis lorsque l’effet des ondes réfléchies reste négligeable. Enfin, la méthode
des séries de Bremmer a été présentée. Au contraire des deux méthodes citées précédemment,
les séries de Bremmer utilisent des résolutions successives des équations one-way dans les deux
sens afin de reconstruire une somme de contributions. Cette somme de termes a pour objectif
de prendre en compte à la fois les ondes réfractées et les ondes réfléchies se propageant dans les
deux sens.
Ces méthodes ont ensuite fait l’objet d’une application sur l’équation des ondes à partir de
plusieurs cas d’étude. Ainsi, il a été montré que les deux premières méthodes obtiennent des
résultats similaires. Cependant, ces dernières ne prenant en compte que les ondes réfractées
(de par la nature de la résolution des équations dans un seul sens), leur domaine d’application
se restreint aux cas ne présentant pas de variations trop fortes et trop nombreuses. Ce n’est
pas le cas des séries de Bremmer, qui prennent également en compte les ondes réfléchies. Ainsi,
même lorsque les variations sont importantes, le résultat obtenu reste très précis, à convergence,
et se rapproche donc d’une résolution directe du problème. Une discussion sur une méthode
d’échantillonnage du modèle de propagation a ensuite été faite. Cette méthode permet de
diminuer le nombre de matrices à construire, diminuant d’autant le coût de calcul nécessaire.
Cette méthode est en particulier efficace dans le cadre des séries de Bremmer.
4. BILAN 123

Enfin, une méthode de prise en compte des variations discontinues a été développée. Cette
méthode utilise les matrices formées dans le cadre des équations one-way afin d’appliquer une
décomposition de domaine au niveau des discontinuités. En effet, ces matrices permettent la
projection des ondes en fonction de leur sens de propagation afin de déterminer les parties
transmises et réfléchies. Couplée à une résolution itérative dans les différents sous-domaines et
dans les deux sens, la décomposition de domaine permet de retrouver un résultat prenant en
compte à la fois les ondes se propageant vers la droite et vers la gauche. Ainsi, cette méthode
se rapproche, dans sa philosophie, des séries de Bremmer et elle peut donc être comparée aux
méthodes de résolution directe.
124 CHAPITRE IV. PRISE EN COMPTE DES VARIATIONS
Chapitre V

Application aux écoulements non


uniformes

Sommaire
1 Les équations d’Euler linéarisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
1.1 Linéarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
1.2 Mise en forme one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
2 Variations de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
2.1 Code de référence 2D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
2.2 Variations localisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
2.3 Variation globale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
3 Conduit à section variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
3.1 Projection sur un maillage de référence . . . . . . . . . . . . . . . . 139
3.2 Cas sans écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
3.3 Cas avec écoulement non-uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

Ce premier chapitre d’application présente les résultats obtenus avec les différentes méthodes
présentées dans la Section IV.2 sur différents cas d’études. Tout d’abord, la dérivation des
équations d’Euler sous leur forme linéarisée puis sous la forme one-way est abordée dans la
Section V.1. Dans la Section V.2, l’application des différentes méthodes est faite dans plusieurs
cas où seul l’écoulement (et non les conditions limites) est à l’origine des variations du milieu de
propagation et donc des réflexions et réfractions d’ondes. Une méthode de calcul directe en 2D
a été développée pour l’occasion afin de valider les résultats obtenus. Par la suite, la Section V.3
se penche sur l’effet d’une variation de section sur la propagation des ondes dans un conduit.
Un premier cas où seule cette variation est présente est étudié, sans écoulement. Un second
cas présentant à la fois des variations de la section du conduit et de l’écoulement est ensuite
abordé. Enfin, un bilan reprenant les conclusions de ce chapitre est fait dans la Section V.4.

125
126 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

1 Les équations d’Euler linéarisées


Les équations d’Euler linéarisées sont fréquemment utilisées dans le cadre de l’aéroacoustique
[Schoder et Kaltenbacher, 2019; Williamschen et Gabard, 2020] pour de nombreuses applications.
En effet, la linéarisation des équations autour d’un écoulement de base est licite tant que l’on
considère de petites perturbations, ce qui est le cas en acoustique en dessous de 130 dB environ.
Cette linéarité en fait un outil efficace capable de prendre en compte, dans le domaine temporel
ou fréquentiel, la propagation et les réflexions d’ondes ainsi que l’instabilité de certaines ondes.
La méthode de linéarisation de ces équations est présentée dans la Section V.1.1, tandis que
leur transformation en forme one-way est discutée dans la Section V.1.2.

1.1 Linéarisation
Pour effectuer la linéarisation des équations d’Euler, première étape avant la mise en forme
one-way, on se place dans le cadre d’un écoulement 2D isentropique pour un fluide parfait. Sous
ces conditions, les équations d’Euler s’écrivent alors :
d


 ρ = −ρ∇ · U
dt





 d
ρ U = −∇p , (V.1)


 dt
d



 s=0

dt
avec ρ la masse volumique du gaz, p la pression, s l’entropie et U le vecteur vitesse avec les
composantes u et v dans les directions x et y. L’opérateur dtd correspond à la dérivée particulaire

∂t
+ U · ∇. Une équation d’état est nécessaire afin de supprimer une inconnue des équations.
Pour cela, on relie la pression à la masse volumique et à l’entropie. Ainsi, en cherchant une loi
sous la forme p = f (ρ, s) et en différenciant cette relation, on obtient :

∂f ∂ρ
dp = dρ + ds. (V.2)
∂ρ s ∂s ρ
De plus, pour un gaz parfait, la vitesse du son a est définie par :

∂f γp
a2 = = . (V.3)
∂ρ s
ρ
On obtient alors :
d d
p = a2 ρ . (V.4)
dt dt
Afin de linéariser ces équations, on décompose les variables autour d’un écoulement de base
stationnaire auquel on ajoute des perturbations de petite amplitude. Les variables deviennent
donc :

U = U0 + εU0 ; ρ = ρ0 + ερ0 ; p = p0 + εp0 ; s = s0 + εs0 , (V.5)


où les variables avec un indice 0 correspondent à l’écoulement de base et ε  1 entraîne
que les variables U0 , ρ0 , p0 et s0 correspondent aux petites perturbations. En appliquant cette
décomposition dans l’équation (V.1), on obtient à l’ordre 0 :

∇ · (U0 γp0 ) = 0

1 . (V.6)
U0 · ∇U0 +
 ∇p0 = 0
ρ0
1. LES ÉQUATIONS D’EULER LINÉARISÉES 127

Ces équations sont celles respectées par l’écoulement de base qui est stationnaire. La relation
sur l’entropie disparaît dans le cas d’un écoulement homentropique (s0 est constante partout).
Dans cette hypothèse, les termes à l’ordre ε donnent les équations suivantes :

∂ 0

p + U0 · ∇p0 + U0 · ∇ρ0 a2 + ρ0 a2 ∇ · U0 + γp0 ∇ · U0 = 0



∂t




0
∂ 1 (U0 · ∇U0 ) p


U0 + U · ∇U0 + U0 · ∇U +
0 0 ∇p0 + =0 , (V.7)


 ∂t ρ0 ρ 0 a2



 s0 + U0 · ∇s0 + U0 · ∇s0 = 0



∂t
qui correspondent aux équations des petites perturbations et qui sont linéaires. Le fait que s0
soit constant partout entraîne que sont gradient est nul. On obtient alors que :

d 0
s =0. (V.8)
dt
On peut alors remarquer que dans le cas où s0 est nul à l’infini amont, cette relation dit que
c’est aussi le cas partout.
Afin d’obtenir l’expression finale à partir de laquelle les équations one-way seront déclinées,
les équations sont passées dans le domaine fréquentiel en supposant que les perturbations se
décomposent sous la forme :

q 0 (x, y, t) = q(x,
e y)e−iωt , (V.9)
avec ω le nombre d’onde et la variable duale du temps. De ce fait, les équations d’Euler linéarisées
utilisées pour la construction des équations one-way prennent la forme :

2 2
 − iω p + U0 · ∇p + U · ∇ρ0 a + ρ0 a ∇ · U + γ p ∇ · U0 = fp

 e e f f e

f · ∇u + 1 ∂ p + (U0 · ∇u0 ) p = f


 e e
− iω ue + U0 · ∇ue + U

0 2 u , (V.10)
 ρ0 ∂x ρ0 a

f · ∇v + 1 ∂ p + (U0 · ∇v0 ) p = f

 e e
 − iω ve + U0 · ∇v
e+U


 0 2 v
ρ0 ∂y ρ0 a
avec fp , fu et fv les termes sources imposés respectivement sur les équations de la pression et
de la vitesse axiale et transverse, respectivement. Dans le reste du développement, pour des
questions de simplicité, les variables qe correspondant aux perturbations harmoniques seront
notées simplement q.

1.2 Mise en forme one-way


Maintenant que les équations d’Euler ont été linéarisées et passées dans le domaine fréquentiel,
il est possible d’appliquer la méthode de construction des équations one-way telle qu’elle est
expliquée dans la Section II.2.1. L’objectif est d’obtenir l’opérateur de propagation discrétisé
M afin de pouvoir lui appliquer la factorisation numérique développée dans la Section III.1.
La première étape pour construire les équations d’Euler one-way consiste à mettre l’équation
(V.10) sous la forme d’un système générique s’écrivant :

∂q ∂q
A(x, y) = B(x, y) + C(x, y)q , (V.11)
∂x ∂y
 t
avec q le vecteur contenant les perturbations q = p u v . Chacune des matrices A, B et C
est donc de dimension 3 × 3 et elles sont définies :
128 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

u0 a2 ρ0 0 0 −a2 ρ0
   
−v0
1
 0 −v0 0 
  
A= u0 0 ; B=  ;
 ρ0  1

− 0 −v0
 
0 0 u0 ρ0
  (V.12)
iω − γu0,x − γv0,y −p0,x −p0,y
 1 

iω − u 0,x −u 0,y

C=

ρ 2
0 a 2  ,


1 
−v iω − v
 
2 2 0,x 0,y
ρ0 a

avec le second indice qui indique la direction selon laquelle la grandeur est dérivée (i.e. wy = ∂w
∂y
).
L’étape suivante consiste alors à diagonaliser la matrice A à l’aide de matrices de transformation
T et T −1 . Cette diagonalisation correspond au premier changement de variables afin d’obtenir
les équations en fonction des variables caractéristiques. Cette transformation est définie par :
!
−1 Ae+ 0
T AT = Ae = . (V.13)
0 Ae−
Il est aisé d’obtenir les différentes expressions des termes impliqués dans cette transformation.
Ainsi, les valeurs propres de A sont organisées de la façon suivante :
!
u +a 0
Ae + = 0 et Ae− = u0 − a . (V.14)
0 u0
Tandis que les matrices de transformation s’écrivent :
1 1
 
  0
ρ0 a 0 −ρ0 a  2ρ0 a

2 
−1
T = 1 0 1   et T = 0 0 1
 . (V.15)
 

0 1 0

1 1 
− 0
 
2ρ0 a 2
Il est possible, à partir de ces matrices, de construire l’opérateur de propagation (équation
(II.44)). Il existe cependant deux façons de le faire. La première consiste à discrétiser directement
les matrices qui composent M puis les multiplier entre elles afin d’obtenir le résultat voulu. La
seconde consiste à déterminer par un calcul analytique les termes de M et discrétiser l’équation
obtenue ensuite. Cette dernière méthode n’est applicable que dans des cas simplifiés (notamment
pour les équations d’Euler) où des hypothèses sur l’écoulement viennent simplifier les expressions.
Si ce n’est pas le cas, un important effort de calcul analytique et de discrétisation est nécessaire
afin de former M. Cela est néanmoins possible avec l’utilisation de logiciels de calcul symbolique
comme MAPLE. Enfin, les conditions limites peuvent être intégrées directement dans les
matrices discrétisées, exprimées en variables physiques ou caractéristiques (directement dans
M).
Enfin, les différentes méthodes de résolution des équations one-way seront nommées à
partir d’un acronyme (mais pas seulement) à l’aide de la prochaine section. Ainsi, l’application
de ces équations se faisant en particulier sur les équations d’Euler, leur résolution par une
simple méthode one-way (équation (III.68)) sera appelée méthode OWE (One-Way Euler).
Les équations one-way true amplitude (équation (IV.29)) seront dénommées TAOWE (True
Amplitude One-Way Euler). Enfin, la méthode des séries de Bremmer (équations (IV.51) et
(IV.52)) sera définie comme la méthode OWE Bremmer, lorsque ε = 0 et que l’itération se fera
sur les équations OWE, et TAOWE Bremmer lorsque ε = 1 et que l’itération se fera sur les
équations TAOWE.
2. VARIATIONS DE L’ÉCOULEMENT 129

2 Variations de l’écoulement
Dans cette section sont abordés des cas présentant seulement des variations continues de
l’écoulement. Ces écoulements ne sont pas physiques mais ils permettent de mettre en lumière
le comportement des différentes méthodes pour prendre en compte de telles variations avec une
méthode one-way. Afin de permettre une bonne compréhension de ce comportement, un code
de résolution directe 2D a été développé dans le but de fournir des résultats de référence. Les
détails de cette façon de résoudre sont présentés dans la Section V.2.1. Un premier cas d’étude
est ensuite abordé dans la Section V.2.2. Les variations selon le sens de propagation dans ce
problème restent cependant localisées tandis que le cas présenté dans la Section V.2.3 implique
des variations plus étendues au sein du domaine de calcul.

2.1 Code de référence 2D


Le code de résolution directe en 2D qui servira de référence est basé sur une méthode
d’éléments finis spectraux d’ordre élevé [Cohen et Pernet, 2018]. La description de cette méthode
est faite dans la Section V.2.1.1. Le développement n’est pas fait de manière exhaustive, l’objectif
de cette section étant de donner les informations principales sur la méthode de résolution utilisée
comme référence. Afin de résoudre de façon correcte les équations, des conditions limites
permettant la bonne sortie des ondes du domaine de calcul sans que cela n’engendre la réflexion
d’ondes parasites sont nécessaires. Cette question est abordée dans la Section V.2.1.2 avec la
présentation des couches parfaitement adaptées (PML pour Perfectly Matched Layers) [Berenger,
1994]. La définition du terme source utilisé dans les simulations suivantes est également faite
dans cette section. Enfin, un cas permettant de valider le code de calcul est présenté dans la
Section V.2.1.3. Ce cas fait également l’objet d’une comparaison avec la méthode one-way.

2.1.1 Formulation variationnelle


La méthode des éléments finis pour la résolution des équations d’Euler linéarisées nécessite
la mise en forme de ces dernières sous leur formulation variationnelle, afin de les résoudre. Pour
cela, on se place dans le domaine Ω présenté dans la Figure V.1. Ce domaine de calcul est borné
en x = 0 et en x = Lx par deux zones de PML dont la définition sera abordée dans la Section
V.2.1.2. Ainsi, le développement en formulation variationnelle présenté dans cette section ne
tient pas compte de ces conditions aux limites. Ces PML sont là pour garantir la bonne sortie
des ondes sans réflexion et ainsi sans parasiter le résultat à l’intérieur du domaine. Les frontières
du domaine sur lesquelles une condition de paroi rigide sera appliquée constituent l’ensemble Γ :

U · n = 0 sur Γ , (V.16)
avec n la normale sortante à Ω. La condition de glissement sur les frontières délimitant les bords
gauche et droit du domaine ne sont pas physique (l’écoulement de base entrant par la gauche et
sortant par la droite) et ne sont ici nécessaires que dans le but d’appliquer une condition en
accord avec les PML (voir Section V.2.1.2). Ce code 2D ne visant qu’à servir de référence pour
les résultats one-way dans le cas d’étude où seul l’écoulement de base présente des variations, le
maillage utilisé, noté τ , est cartésien et offre la possibilité d’être raffiner en x et en y lorsque
cela est nécessaire.
Dans le but d’alléger au maximum les expressions impliquées dans la formulation variation-
nelle, les hypothèses faites pour les simulations numériques comparant ce code de référence avec
la méthode one-way sont appliquées. Ainsi, l’écoulement de base possède une vitesse uniquement
selon x et la masse volumique ainsi que la vitesse du son sont considérées comme constantes.
Les expressions suivantes viennent donc simplifier l’équation (V.10) :
130 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

Figure V.1 – Domaine de calcul utilisé pour la résolution directe

!
u (x, y)
U0 = 0 ; ρ0 = 1 ; a = 1 . (V.17)
0
Une fonction test w : Ω → C est appliquée aux équations avant de les intégrer sur Ω. On
obtient ainsi pour l’équation de continuité :

Z Z Z
2
−iω p w dxdy + u0 ∂x p w dxdy + ρ0 a (∂x u + ∂y v) w dxdy
Ω Ω Ω
Z Z (V.18)
+γ u0,x p w dxdy = fp w dxdy .
Ω Ω

On peut faire la même démarche pour construire la formulation faible de l’équation



de
t
conservation de quantité de mouvement en prenant une fonction test vectorielle w = w1 w2
et on obtient alors :

Z Z
1 Z Z
−iω u w1 dxdy + u0 ∂x u w1 dxdy + u0 u0,x p w1 dxdy + u0,x u w1 dxdy
Ω Ω ρ 0 a2 Ω Ω
, (V.19)
Z Z
1 Z
+ u0,y v w1 dxdy + ∂x p w1 dxdy = fu w1 dxdy
Ω Ω ρ0 Ω

et pour celle de quantité de mouvement selon y :

Z Z Z
1 Z
− iω v w2 dxdy + u0 ∂x v w2 dxdy + ∂y p w2 dxdy = fv w2 dxdy . (V.20)
Ω Ω Ω ρ0 Ω

Pour tenir compte de la condition aux limites de paroi rigide, nous effectuons une intégration
par parties sur le terme divergence de l’équation V.18 :
Z Z Z Z
∇Uw dxdy = − U · ∇w dxdy + U · ndγ = − U · ∇w dxdy . (V.21)
Ω Ω Γ Ω

Pour discrétiser le problème, nous utilisons une approche de Galerkin qui est construite
à partir du maillage cartésien éventuellement non-uniforme τ . Pour la pression, qui a une
régularité H 1 , nous avons choisi pour ph et wh l’espace :
n o
Whk = wh ∈ C 0 | ∀ C ∈ τ, wh|C ∈ Qk ⊂ H 1 (Ω) , (V.22)
où k ∈ N et Qk est l’espace polynomial de degré maximal k défini dans Ω. Pour toutes les
simulations directes présentées dans ce manuscrit, l’ordre polynomial choisi est k = 3. La vitesse
a, quant à elle, une régularité H(div) et elle sera cherchée dans l’espace éléments finis suivant :
n o\
Vhk = vh : Ω → R2 | ∀C ∈ τ, vh|C ∈ Qk+1,k × Qk,k+1 H0 (div, Ω) , (V.23)
2. VARIATIONS DE L’ÉCOULEMENT 131

avec :
n o
H0 (div, Ω) = w ∈ L2 (Ω)2 | ∇ · w ∈ L2 (Ω) et w · n = 0 . (V.24)
Les simulations se font dans un format creux, permettant de limiter l’espace mémoire utilisé
tandis qu’une parallélisation utilisant une implémentation MPI et OpenMP a été faite afin
d’accélérer le temps de restitution.

2.1.2 Implémentation des PML et du terme source


À l’origine développées pour la résolution d’équation en électromagnétisme [Berenger, 1994],
les PML ont rapidement été appliquées à la mécanique des fluides [Hu, 1996]. Le principe
consiste à utiliser une zone "éponge" dans laquelle les ondes se propageant dans un sens sont
absorbées. Pour cela, les PML se basent sur un changement de variable complexe de la forme :
i Zx
x→x+ σ(x)dx , (V.25)
ω xi
où σ(x) > 0 est le coefficient d’absorption, pouvant dépendre de x et xi la position de l’interface
entre les PML et le domaine de calcul. De cette façon, en imaginant une onde se propageant
vers la droite de la forme q = ei(−ωt+αx) , l’application de ce changement de variable donne :
  Rx  Rx
i −ωt+α x+ ωi σ(x)dx α
−ω σ(x)dx
xi
qe = e = qe xi
. (V.26)
L’onde décrite par q devient alors pondérée par un terme exponentiel. L’amplitude de cette
onde se propageant vers la droite diminue alors si :
αZ x
σdx > 0 , (V.27)
ω xj
avec xj un point à l’intérieur de la zone PML. Au final, l’application des PML se traduit dans
les équations par l’ajout d’un coefficient devant la dérivée spatiale en x de la forme suivante :
∂ 1 ∂
→ iσ(x)
, (V.28)
∂x 1 + ω ∂x
avec :

iσmax x − xi 2
 
σ(x) = 1 + . (V.29)
ω LPML
De cette façon, la zone PML absorbe les ondes se propageant vers la droite. Cependant,
des instabilités peuvent apparaître dans le cas d’écoulements non-uniformes. L’utilisation de
PML demande alors des développements supplémentaires [Hu, 2005] qui ne sont pas nécessaires
dans les cas d’études présentés dans les Sections V.2.2 et V.2.3. Le même genre de zone PML
est appliqué à gauche du domaine de calcul afin d’absorber les ondes sortantes à gauche en
inversant le signe de σ(x). Les simulations one-way n’ayant pas besoin de ces dernières, ces
zones PML seront seulement utilisées pour la résolution directe.
Enfin, le terme source imposé en terme de pression dans le domaine de calcul prend la forme
d’une gaussienne. Des ondes se propageant vers la droite et vers la gauche sont alors engendrées.
Il est défini par la relation suivante :
2 2
(x−x0 ) +(y−y0 )
fp (x, y) = Ae− 2σ 2 , (V.30)
avec A = 2.1 et σ = 0.1 pour toutes les simulations. Les coordonnées du centre de la gaussienne,
x0 et y0 , dépendront du cas étudié et seront rappelées dans chaque section.
132 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

2.1.3 Validation du code


Afin de valider le code éléments finis par rapport à la méthode one-way, le même cas
simple est simulé avec les deux méthodes. Ainsi, le terme source prenant la forme d’une
gaussienne et introduit par l’équation (V.30) est appliqué à l’intérieur du domaine de calcul
en x0 = 15 et y0 = 0.5. L’écoulement de base est uniforme avec une vitesse axiale u0 = 0.5
(en particulier, v0 = 0). Deux simulations directes sont faites sur ce cas. La première avec
un maillage extrêmement fin, afin d’obtenir un résultat de référence, auquel sera comparée
la méthode one-way. La seconde sera faite avec un maillage plus grossier, afin d’obtenir une
erreur équivalente au modèle one-way dans le but de comparer les temps de restitution à erreur
équivalente.
Pour la simulation one-way, une résolution vers la droite et vers la gauche est faite afin de
prendre en compte les ondes créées par le terme source se propageant en aval et en amont. Un
nombre de coefficients Nβ = 7 a été utilisé afin d’obtenir une erreur moyenne et maximale sur
le spectre de l’opérateur de 3.6 × 10−8 et de 3 × 10−6 , respectivement. Afin de suffisamment
discrétiser le terme source, 50 points ont été utilisés selon l’axe y ainsi que 200 stations dans
la direction axiale avec un raffinement local autour de x0 et de y0 . Le résultat obtenu avec la
méthode one-way présente une erreur relative en norme euclidienne de 8.4 × 10−4 par rapport
à la solution de référence. Le temps de restitution de la résolution one-way est de 3.3 s sans
utiliser la méthode d’échantillonnage (voir Section IV.2.5) tandis que seulement 0.98 s sont
nécessaires lorsque cette dernière est appliquée.

OWE
0.10 Right OWE
Left OWE
Full wave
0.05
Axial velocity

0.00

−0.05

−0.10

−0.15
Source

−0.20
0 5 10 15 20 25 30
x

Figure V.2 – Partie réelle des perturbations de vitesse axiale le long de l’axe x à y = 0.5 selon
le sens de propagation

Concernant la résolution directe avec le code 2D, le maillage est composé de 17 points en y
et de 200 points en x en utilisant le même raffinement autour de x0 et de y0 . Cette simulation
présente une erreur relative de 3 × 10−4 par rapport à la solution de référence. Le temps de
restitution est alors de 4.4 s, ce qui correspond à une augmentation de 45% par rapport à la
résolution one-way complète et représente 4 fois le temps de restitution de la méthode one-way
échantillonnée.
Une extraction linéaire de la partie réelle des perturbations de vitesse axiale le long de l’axe
x et au milieu du domaine (i.e. y = 0.5) est tracée dans la Figure V.2. Cela permet de montrer
le résultat de la méthode one-way directement dans l’axe de propagation privilégié du terme
source. Or, c’est selon cet axe que la solution one-way est la plus précise. Ainsi, le résultat de
référence est comparé à la solution de la méthode one-way et des composantes se propageant
vers la gauche et vers la droite. Chacune de ces contributions donne, séparément, un résultat
2. VARIATIONS DE L’ÉCOULEMENT 133

précis de la solution de chaque côté du terme source. Ainsi, même si leur initialisation se fait par
un vecteur nul (sur le bord gauche pour la résolution à droite et le bord droit pour la résolution
à gauche), il existe une zone de chevauchement autour de x0 où les deux solutions ne sont pas
nulles. Leur somme permet de retrouver de façon précise le résultat de référence dans tout le
domaine, permettant de valider ce dernier. De plus, le calcul des valeurs propres fait lors de
la mise en forme one-way des équations d’Euler nous apprend que, dans ce cas, les ondes se
propagent vers la gauche avec une vitesse c = ū − a = −0.5 tandis qu’elles se propagent vers
la droite avec une vitesse c = ū + a = 1.5. Cela mène alors à une longueur d’onde de π et de
3π, respectivement. Ces valeurs de longueur d’onde sont directement retrouvées par la solution
directe et la solution one-way, permettant de conclure sur la validité du résultat.

ℜ(u) | OWE
ℑ(u) | OWE
0.10 ℜ(u) | Full wave
ℑ(u) | Full wave
0.05
Axial velocity

0.00

−0.05

−0.10
Source

0 5 10 15 20 25 30
x

Figure V.3 – Parties réelle et imaginaire des perturbations de vitesse axiale le long de l’axe x
ày=0

La Figure V.3 représente la même extraction linéaire pour la partie réelle et imaginaire
des perturbations de vitesse axiale en y = 0 (en bas du domaine) cette fois-ci. Cela permet
de comparer les résultats en dessous du terme source, là où les ondes se propagent de façon
quasiment perpendiculaire à l’axe privilégié (l’écoulement de base a tendance à dévier ces ondes).
Le bon accord entre la solution one-way et la solution directe est un indice sur l’approximation
grand angle de la méthode one-way.

Figure V.4 – Comparaison des perturba- Figure V.5 – Décomposition du résul-


tions de pression (partie réelle) entre une tat one-way en ses contributions gauche
résolution directe et one-way et droite

La comparaison du champ de pression 2D (partie réelle) entre la solution directe et la


solution one-way est présentée dans la Figure V.4. Encore une fois, le caractère d’approximation
à grand angle de la méthode one-way est visible ici puisque cette dernière fournit un résultat
134 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

proche de celui du code 2D partout dans le domaine de calcul. De la même façon, la Figure V.5
montre la décomposition de ce même champ de perturbations de pression 2D (partie réelle)
selon ses contributions vers la gauche et vers la droite. Cela permet de clairement déterminer
l’effet de l’écoulement de base sur les ondes selon qu’elles se propagent vers la gauche ou vers la
droite.

2.2 Variations localisées


Le cas présenté dans cette section est basé sur un écoulement non physique qui présente des
variations importantes. Bien qu’il ne soit pas physique, cela permet d’étudier le comportement
des équations one-way true amplitude et des séries de Bremmer dans un milieu de propagation
maîtrisé et bien connu. De plus, les conclusions tirées ici restent tout de même valables pour
une application sur un écoulement réel. Ce premier écoulement de base est composé de deux
parties où la vitesse est uniforme en entrée et en sortie de domaine. Ces deux parties entourent
une zone où un écoulement cisaillé prend forme avant de disparaître. Ces trois parties distinctes
de l’écoulement sont reliées entre elles par une fonction C ∞ qui est responsable des variations en
x. L’utilisation d’un tel écoulement permet, de plus, l’application d’une méthode de résolution
directe, par l’intermédiaire du code présenté dans la Section V.2.1, afin d’obtenir facilement
un résultat de référence. Cela permet de comparer qualitativement les différentes solutions
one-way. Au final, l’écoulement de base n’est défini que par sa vitesse axiale, donnée par la
formule suivante :

!
x − x1 x − x2 y − y1
    
u0 (x, y) = τ 0.5 tanh − 0.5 tanh tanh + Vm , (V.31)
dx dx dy

avec τ = 0.1, dx = 0.2, dy = 0.1 et x1 = 20, x2 = 30 et y1 = 0.5. Le champ 2D de vitesse axiale


est montré dans la Figure V.6. Le terme source utilisé pour initialiser ces simulations est le
même que celui présenté dans l’équation (V.30) et son centre se trouve en x0 = 10 et y0 = 0.5.
L’erreur relative moyenne en norme euclidienne du spectre de l’opérateur est de 1.7 × 10−9
tandis que l’erreur maximale est de 1.3 × 10−6 . Ces valeurs sont obtenues grâce à un ensemble
de Nβ = 8 coefficients. Le maillage utilisé pour les simulations one-way compte 75 points en y,
avec un raffinement autour de y1 = y0 , et 500 points en x, où les raffinements sont faits en x1 et
en x2 , à l’endroit des variations.

0.3 Bremmer
TAOWE
OWE
0.2 Full wave

0.1
Axial velocity

0.0

−0.1

−0.2
Source

−0.3
0 5 10 15 20 25 30 35 40
x

Figure V.6 – Vitesse axiale de l’écoule- Figure V.7 – Partie réelle des perturba-
ment de base utilisé pour les simulations tions de vitesse axiale le long de l’axe x en
y = 0.5

La Figure V.7 montre une extraction des perturbations de vitesse axiale (partie réelle) le
long de l’axe privilégié, en y = 0.5. Les résultats obtenus grâce à une résolution des équations
2. VARIATIONS DE L’ÉCOULEMENT 135

one-way sous leur forme simple et true amplitude sont représentés, de même que les résultats des
séries de Bremmer après convergence. Toutes ces solutions peuvent être directement comparées
à la solution directe 2D, qui prend naturellement en compte les ondes réfléchies. Il est visible
que la méthode one-way simple fournit une solution présentant un décalage notable en terme
de longueur d’onde et d’amplitude par rapport à la solution de référence. Cette différence est
d’autant plus prononcée à droite du terme source, où sont situées les variations, tandis que
du côté gauche (x ≤ 20), le résultat est bien plus précis. Cela est dû au fait que les ondes
réfléchies sont, dans ce cas, d’une faible importance. C’est également pour cette raison que la
méthode TAOWE donne un résultat similaire aux séries de Bremmer. En effet, la formulation
des équations TAOWE ne prend pas en compte ces ondes négligeables mais, au contraire,
capture bien le phénomène de réfraction de l’onde incidente qui est à l’origine des variations
de longueur d’onde et d’amplitude. Au final, les résultats des équations true amplitude et des
séries de Bremmer sont tous les deux superposés à la solution directe de référence, dans tout le
domaine de calcul.

OWE Bremmer
TAOWE Bremmer
10−1
relative error

10−2

10−3

0 5 10 15 20 25
Number of iterations

Figure V.8 – Erreur relative en norme euclidienne en fonction du nombre d’itérations des
séries de Bremmer, en utilisant deux normalisations différentes

Dans la Figure V.8, l’erreur relative en norme euclidienne par rapport à la solution de
référence est tracée en fonction du nombre d’itérations faites sur les séries de Bremmer. Cette
convergence en erreur a été faite deux fois avec deux ensembles différents de coefficients β± . Ainsi,
même en présentant une erreur similaire sur le spectre de l’opérateur, les deux normalisations
induites par ces choix de coefficients β± (voir Section III.3.3) fournissent des approximations
différentes du modèle de propagation. En effet, ces normalisations permettent d’obtenir deux
solutions différentes pour la première résolution des équations one-way simples avec une erreur
relative de 0.2 pour la première et de 0.16 pour la seconde. Cette différence est bien moins
importante dans le cas des équations one-way true amplitude avec une erreur de 6.1 × 10−3
pour la première normalisation et de 5.9 × 10−3 pour la seconde. Cela provient du fait que
l’information négligée, dépendant du choix de normalisation, est bien moins importante dans ce
cas grâce à l’ajout des termes correctifs W f
++ et W−− .
f
L’utilisation de deux normalisations différentes entraîne également une variation dans la
façon de converger de la méthode. En effet, cette convergence se fait plus lente avec la première
normalisation des séries de Bremmer OWE qu’avec la seconde. Encore une fois, lorsqu’il s’agit
des équations TAOWE, la convergence est très peu modifiée par ce choix de coefficients. En effet,
les deux versions des séries de Bremmer TAOWE peuvent être considérées comme convergées
en seulement 4 itérations contre 17 et 25 itérations pour les deux normalisations des séries de
Bremmer OWE. Au final, peu importe la valeur de ε, les séries de Bremmer convergent vers le
même résultat qui dépendra du degré d’approximation du spectre de l’opérateur et non pas de
la façon de l’approcher.
136 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

Il peut être noté que les résultats de la première itération des séries de Bremmer OWE
et TAOWE, en utilisant la première normalisation, sont utilisés pour illustrer le résultat des
méthodes OWE et TAOWE dans la Figure V.7.
Les séries de Bremmer convergées avec seulement 4 itérations ont pris 21.9 s à résoudre en
formant toutes les matrices Z et 7.53 GB afin de les garder en mémoire. Une première façon
simple de réduire ces chiffres est d’utiliser la méthode d’échantillonnage lorsque l’écoulement de
base ne varie pas (ou très peu). De cette façon, le nombre de matrices à construire peut être
diminué sans dégrader la précision du modèle de propagation. Dans le cas présent, cela représente
une partie non négligeable du domaine et la résolution des séries de Bremmer ne demande alors
que 517 matrices à construire contre 999 précédemment. De plus, le temps de restitution passe
à 15.11 s pour un usage mémoire de 4.37 GB. Il est ensuite possible d’échantillonner encore
plus le modèle de propagation en dégradant l’erreur relative de la solution. Ainsi, en conservant
une erreur de 1.8 × 10−3 par rapport au résultat de référence, 258 matrices doivent être formées
et les séries sont convergées en 11.4 s avec seulement 2.65 GB de mémoire. Pour toutes ces
simulations, l’algorithme de marche en espace a seulement pris 7.2 s pour résoudre itérativement
les quatre équations one-way dans chaque direction.

Figure V.9 – Comparaison de la partie Figure V.10 – Décomposition du résul-


réelle des perturbations de vitesse axiale tat one-way en ses contributions gauche et
entre la résolution directe (full wave) et les droite
séries de Bremmer

Le champ 2D de la partie réelle des perturbations de vitesse axiale est représenté dans la
Figure V.9 avec les séries de Bremmer ou avec la résolution directe 2D. La présence du terme
source en x = 10 est facilement reconnaissable du fait de la différence de longueur d’onde de part
et d’autre de ce dernier. Les ondes se propageant vers la droite voient leur amplitude augmenter
du fait de la zone de cisaillement comprise entre x1 = 20 et x2 = 30. En effet, le spectre de
l’opérateur dans cette partie de l’écoulement présente la particularité de contenir des modes
instables de Kelvin-Helmholtz qui sont à l’origine de ces structures caractéristiques apparaissant
avec une longueur d’onde plus faible. Lorsque ces ondes dépassent cette zone d’instabilité,
l’écoulement redevient uniforme et donc sans modes instables. Cela a pour effet d’arrêter la
croissance de l’amplitude des ondes qui sont alors simplement convectées par l’écoulement. Tous
ces phénomènes, la réflexion et la réfraction d’ondes, l’apparition et la disparition de modes
instables sont naturellement bien capturés par la résolution directe mais également par les séries
de Bremmer, qui fournissent un résultat équivalent dans tout le domaine de calcul. Finalement,
la Figure V.10 montre la décomposition du résultat obtenu avec les séries de Bremmer en
fonction de ses contributions vers la gauche et vers la droite. Ce genre de décomposition ne
peut être effectué sur une simulation directe, où les ondes sont couplées. Il est ainsi possible de
voir que, comme prévu, les ondes se propageant vers la droite prennent naissance au niveau du
terme source avant d’augmenter en amplitude dans la zone de cisaillement. Cette amplitude est
bien plus importante que celle des ondes réfléchies en x1 et x2 se propageant vers la gauche qui
2. VARIATIONS DE L’ÉCOULEMENT 137

sont, ici, non visibles. C’est une raison de plus expliquant la bonne résolution des équations
TAOWE dans ce cas.

2.3 Variation globale


Un autre cas d’application basé sur le même principe que le cas précédent est ici étudié.
L’écoulement de base utilise une version modifiée de l’équation (V.31) qui permet d’obtenir
un écoulement bien plus hétérogène. En effet, plusieurs écoulements cisaillés se succèdent ici
sur des distances variant pour chacun d’eux. Une fois encore, cet écoulement de base n’est pas
physique et son objectif est de permettre une étude approfondie du comportement des méthodes
one-way dans des cas où le milieu de propagation présente des variations plus fortes et mieux
réparties. L’expression d’un tel écoulement de base peut être écrite de la façon suivante :

!
x − x1 x − x2 y − y1
    
u0 (x, y) = τ sin (x) 0.5 tanh − 0.5 tanh tanh + Vm , (V.32)
dx dx dy

avec les mêmes valeurs pour les coefficients τ , dx , y1 et dy que dans la Section V.2.2 et avec
x1 = x0 = 10 et x2 = 35. Il peut être remarqué que le centre du terme source x0 est situé au
milieu d’une variation en x. Or l’expression du terme source en variables one-way dépendant de
la matrice V,
f ce cas permettra de déterminer la précision de la méthode one-way dans ce cas de
figure. La Figure V.11 représente le champ 2D de la vitesse axiale de l’écoulement de base. Pour
ce cas, l’erreur relative moyenne en norme euclidienne sur le spectre est de 2.3 × 10−9 tandis
que sa valeur maximale est de 3.1 × 10−6 avec Nβ = 8. Le maillage utilisé pour la résolution des
équations one-way est composé du même nombre de points que dans le cas précédent, avec une
distribution différente en x puisque les variations sont ici présentes partout entre x1 et x2 .

Bremmer
0.12 TAOWE
Full wave
0.10

0.08
Axial velocity

0.06

0.04

0.02
Source

0.00
0 5 10 15 20 25 30 35 40
x

Figure V.11 – Vitesse axiale de l’écoule- Figure V.12 – Module des perturbations
ment de base utilisée pour les simulations de vitesse axiale le long de l’axe x en y = 0

La Figure V.12 montre le module des perturbations de la vitesse axiale le long de l’axe x
sur la limite basse du domaine de calcul (y = 0). Les résultats de la méthode TAOWE et des
séries de Bremmer sont comparés au résultat de référence provenant de la résolution directe. La
solution de la méthode OWE n’est pas représentée ici puisque les valeurs obtenues sont trop
éloignées des autres pour rendre facilement visible l’ensemble des résultats. La comparaison
montre un bon accord entre les séries de Bremmer et la simulation directe depuis l’entrée jusqu’à
la sortie du domaine. Cependant, même si la méthode TAOWE fournit un résultat proche de
la solution de référence, les amplitudes des ondes commencent à diverger lorsque les multiples
variations en x donnent de plus en plus d’importance aux ondes réfléchies.
L’erreur relative en norme euclidienne entre la résolution one-way et la simulation de référence
est tracée dans la Figure V.13. Dans ce cas, la convergence des séries de Bremmer OWE n’a
138 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

OWE Bremmer
10−1 TAOWE Bremmer

relative error
10−2

10−3
0 5 10 15 20 25
Number of iterations

Figure V.13 – Erreur relative en norme euclidienne en fonction du nombre d’itérations des
séries de Bremmer

pas été affichée car même si à la première itération, la méthode OWE donne une erreur de
seulement 0.25, nous n’avons pas réussi à faire converger les séries de Bremmer avec ε = 0, que
ce soit avec différents ensembles de coefficients β± ou avec différents maillages. Cependant les
séries de Bremmer TAOWE (i.e. ε = 1) ne semblent pas être affectées puisque dès la première
itération, l’erreur n’est plus que de 5 × 10−2 avant de rapidement diminuer. Ainsi, de façon
similaire au cas précédent présentant des variations en x plus faibles, l’erreur n’est déjà plus
que de 8.3 × 10−4 dès la quatrième itération.
Encore une fois, l’erreur de la première itération des séries de Bremmer TAOWE présentée
ici correspond à la simulation TAOWE de la Figure V.12.
La même méthode d’échantillonnage que précédemment peut être utilisée ici, même si les
variations en x de l’écoulement sont présentes sur une partie plus importante du domaine. Ainsi,
la résolution de référence des séries de Bremmer a également pris 21.9 s, étant donné qu’on a
utilisé le même nombre de points de discrétisation (en x et en y) que dans le cas précédent. Le
nombre de matrices à former et de points à résoudre est donc exactement le même. En utilisant
la méthode d’échantillonnage afin d’éviter le calcul de plusieurs matrices identiques lorsque
l’écoulement ne varie pas, un jeu de matrices est nécessaire pour 854 stations. La résolution
d’un tel problème se fait alors en 19.9 s avec une utilisation mémoire de 6.46 GB. Finalement,
en dégradant la solution afin d’obtenir une erreur relative de 2.3 × 10−3 , seules 681 stations en
x requièrent la construction d’un jeu de matrices tandis que la résolution se fait en 17.4 s tout
en prenant une mémoire de 5.43 GB.

Figure V.14 – Comparaison de la partie Figure V.15 – Décomposition du résul-


réelle des perturbations de vitesse axiale tat one-way en ses contributions gauche et
entre la résolution directe (Full wave) et les droite
séries de Bremmer

Le champ 2D de la partie réelle des perturbations de vitesse axiale est présenté dans la
3. CONDUIT À SECTION VARIABLE 139

Figure V.14. De nouveau, la comparaison entre le résultat de référence et les séries de Bremmer
permet de déterminer que les séries de Bremmer donnent une solution précise, très proche de
la résolution directe, partout dans le domaine de calcul. Cela veut dire que la réfraction et
la réflexion d’ondes ainsi que leur propagation sont bien décrites par la méthode one-way et
le processus itératif. La décomposition des contributions vers la droite et vers la gauche est
représentée dans la Figure V.15. On peut voir que même si le terme source se trouve dans une
zone où il existe des variations selon x, le résultat ne semble pas avoir été affecté. Cette fois-ci,
bien que les ondes réfléchies soient faibles par rapport aux ondes incidentes, les négliger entraîne
des variations dans la solution TAOWE, qui s’éloigne du résultat de référence.

3 Conduit à section variable


L’application des séries de Bremmer pour prendre en compte l’effet de la variation de section
(et de l’écoulement de base) sur la propagation des ondes est faite dans cette partie. Ainsi, la
Section V.3.1 présente la méthode de projection du conduit à section variable sur un maillage
cartésien de référence, permettant l’application des équations one-way. Cette méthode est ensuite
appliquée dans un cas de conduit à section variable sans écoulement de base dans la Section
V.3.2. De plus, le résultat obtenu par les séries de Bremmer est comparé à celui obtenu par la
méthode de résolution directe 2D, présentée précédemment, dans un but de validation. Enfin,
un cas différent, présentant un écoulement de base cisaillé et variant selon x, est étudié dans la
Section V.3.3. Cette partie a seulement pour objectif d’illustrer une potentielle application de la
méthode one-way, qui est l’étude de l’évolution et de l’interaction des modes entre eux dans un
conduit à section variable. En effet, ce domaine très actif [Nielsen et Peake, 2016; Rienstra, 2021;
Kessemtini et al., 2022], présente encore de nos jours de nombreuses questions sans réponses.
Les phénomènes impliqués étant très complexes, de nombreuses zones d’ombre persistent encore
et la méthode one-way pourrait être un outil supplémentaire permettant d’explorer encore plus
ces problématiques. Ainsi, seule une analyse très superficielle des résultats est fournie ici à titre
d’ouverture. Le lecteur intéressé est invité à se référer à [Ovenden et al., 2004; Smith et al.,
2012] pour plus d’informations sur le sujet.

3.1 Projection sur un maillage de référence


Les simulations faites pour les conduits à section variable nécessitent, dans le cas des
équations one-way, l’utilisation d’un maillage dépendant à la fois de x et de y (la répartition
des points en y dépend de x). Ainsi, résoudre les équations one-way directement selon x avec
ce maillage impliquerait que les points de discrétisation à chaque station de x ne soient pas
forcément alignés avec les précédents. Cela demande alors un traitement supplémentaire afin de
garantir la bonne résolution des équations selon x seulement. Pour éviter cette complexification
de l’algorithme de résolution en espace, le choix a été fait de projeter le maillage de base dans
un repère généralisé. Ainsi, la résolution se fait alors sur un maillage cartésien similaire à ceux
utilisés jusqu’ici. Cependant, cette méthode nécessite de modifier les équations résolues afin de
prendre en compte ce changement de repère. Les conduits étudiés dans les Sections V.3.2 et
V.3.3 présentant des variations de section dues à la seule variation de la hauteur du conduit (la
paroi du bas est rectiligne), le changement de repère est défini de la façon suivante :

s = x

hi , (V.33)
t =
 y
h(x)
140 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

avec s et t les coordonnées dans le repère de référence, h(x) la fonction décrivant la hauteur du
conduit en fonction de x (et donc la position y de la paroi du haut) et hi la hauteur initiale
du conduit. La propagation des ondes calculée par la méthode one-way se fera alors le long
de l’abscisse curviligne s tandis que la discrétisation se fera selon la direction transverse t. Ce
changement de repère entraîne une modification de la définition des gradients sous la forme :

yhi h0 (x)
 
1 −
h2 (x) 

∇x,y q(x, y) = 

hi  ∇s,t q(s,
e t) , (V.34)
0
 
h(x)
avec q une variable scalaire dans le repère de base et qe son équivalent dans le repère de référence
et h0 (x) la dérivée selon x de la fonction h(x). Une transformation de Piola [Rognes et al., 2010]
est ensuite appliquée sur les variables vectorielles des équations, dans notre cas les perturbations
de la vitesse. Cette transformation s’écrit de la façon suivante :
hi
 
! 0 !
u  h(x)

 u
e
(x, y) =  yh h0 (x)  (s, t) . (V.35)
v  i  v
1
e
h2 (x)
Grâce à cette transformation, le caractère normal à la paroi de la variable ve est garanti. Ainsi,
les conditions aux limites de glissement, auparavant appliquées sur v, le sont maintenant sur ve
de la même façon. Cela permet au changement de repère d’être invisible pour le code de calcul.
Seuls les coefficients rajoutés (h(x) et h0 (x)) sont responsables des variations selon s. Les séries
de Bremmer sont alors utilisées de la même façon que précédemment et un pré/post-traitement
permet de passer du maillage dans le repère de base au maillage dans le repère de référence
et inversement. De plus, les coefficients provenant de l’écoulement de base sont, quant à eux,
exprimés dans le repère de base.

Figure V.16 – Maillage du conduit à sec- Figure V.17 – Maillage du conduit à sec-
tion variable dans le repère de base tion variable dans le repère de référence (de
calcul)

La Figure V.16 représente un exemple de maillage obtenu dans le repère de base pour un
conduit de section variable. La projection de ce maillage dans le repère de référence (qui est
utilisé pour la résolution) est affichée dans la Figure V.17. Dans ce cas, c’est une réduction de
la section qui est représentée. Cependant, cette méthode peut également s’appliquer lorsque la
section du conduit augmente, du moment que la variation s’applique de façon continue. En effet,
ce genre de méthode peut également s’appliquer dans le cas de variations de l’écoulement où un
raffinement transverse local est nécessaire afin de bien capturer les phénomènes apparaissant
localement. C’est par exemple le cas dans le cadre de l’étude de stabilité de couche limite lorsque
cette dernière présente une croissance non négligeable en x. Bien que cela ne soit pas le cas dans
3. CONDUIT À SECTION VARIABLE 141

le Chapitre VII, l’utilisation de ce changement de repère peut également être intéressante pour
l’étude du bruit de jet. En effet, du fait des fortes variations de l’écoulement selon y présentes
en sortie de tuyère et qui vont ensuite s’évaser le long de x, l’utilisation d’un maillage suivant
cet évasement permettrait une réduction du nombre de points de discrétisation et donc du coût
de calcul.

3.2 Cas sans écoulement


Un premier résultat est montré dans cette section sur un cas de conduit non-uniforme ne
présentant pas d’écoulement. Ainsi, la seule origine de la variation dans le milieu de propagation
(et donc de la réflexion des ondes) provient de la condition aux limites haute. Ce cas, purement
acoustique, est simulé dans un conduit présentant une variation de section en son milieu. Cette
variation n’affecte que la paroi du haut, dont la hauteur est donnée par la fonction suivante :

(x − xc )2

h(x) = 1 + ∆h e 2d2 , (V.36)
avec ∆h = 0.075 la hauteur de la déformation, xc = 5 son centre et d = 0.4 un paramètre
définissant sa largeur. Ce cas est repris, avec certaines modifications de [Doc, 2012]. Ainsi, le
conduit, avec une longueur de 10 (toutes les grandeurs ont été adimensionnées par une longueur
de référence et la vitesse du son), possède une hauteur de 1 au niveau de l’entrée et de la sortie.
Un terme source, similaire à celui présenté dans l’équation (V.30), est imposé sur la pression en
x0 = 1.5 et y0 = 0.5. Le nombre d’onde ω est imposé à 14. Les simulations one-way utilisent un
maillage de référence composé de 50 points uniformément répartis en y et une répartition de
500 points en x avec un raffinement au niveau de la déformation. L’utilisation de 12 coefficients
β± a été nécessaire afin de garantir une erreur moyenne en norme euclidienne du spectre de
propagation de l’ordre de 1 × 10−9 et une erreur maximale de l’ordre de 1 × 10−8 . Afin de
permettre la validation des résultats des séries de Bremmer, la même méthode de projection
que celle présentée dans la Section V.3.1 a été appliquée au code de résolution directe 2D.

2.5
Déformation

2
Module

1.5

0.5

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
x

Figure V.18 – Module des perturbations de pression le long de x au centre du conduit pour la
résolution directe ( ) et les séries de Bremmer ( )

La Figure V.18 montre le module de la pression obtenue grâce à une extraction le long d’une
ligne de maillage en x au milieu du conduit. Il est ainsi possible de voir que le résultat fourni
par les séries de Bremmer se trouve être très proche du résultat obtenu par la résolution directe
qui prend naturellement en compte les réflexions de l’onde dues à la déformation de la paroi du
142 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

haut. La seule différence notable provient d’un décalage minime dans les variations du module
après la déformation du conduit, sans que cela n’ait d’effet sur la forme du signal qui reste très
proche du calcul de référence.

Figure V.19 – Partie réelle des perturbations de vitesse axiale dans le conduit. Comparaison
(de haut en bas) de la résolution directe avec les séries de Bremmer et ses composantes droite
et gauche

Le champ 2D de la partie réelle des perturbations de vitesse axiale est représenté dans la
Figure V.19 pour la résolution directe ainsi que pour les séries de Bremmer et sa décomposition
selon le sens de propagation de l’onde. Encore une fois, il est possible de voir que les résultats
obtenus avec la méthode directe et les séries de Bremmer sont très proches l’un de l’autre dans
la totalité du domaine de calcul. De plus, il est à noter que la structure de l’onde entre le
terme source et la déformation (i.e. entre x = 1.5 et x = 4) et après cette dernière (i.e. entre
x = 6 et x = 10) n’est pas la même. Cela suggère que le mélange de modes excités avant cette
déformation est différent de celui prenant le dessus après, le conduit ayant la même hauteur
avant et après. Cette différence peut aussi bien venir d’un mélange de modes différent que d’un
déphasage de certains modes par rapport à d’autres après la déformation. Ainsi, la méthode
one-way semble bien capturer les interactions entre ces modes au niveau de la déformation (i.e.
entre x = 4 et x = 6). La décomposition du résultat total en ses composantes se propageant
vers la droite et vers la gauche montre que les ondes se propageant dans la première direction
présentent une amplitude plus grande de deux ordres de grandeur que celles se propageant
dans le sens opposé. En effet, l’échelle de la dernière figure a été imposée de façon à pouvoir
distinguer la naissance de ces dernières. Ainsi, la création des ondes réfléchies prend place
jusqu’à x = 6 avec une amplitude plus importante au niveau de la déformation du conduit. Ces
ondes avec une amplitude importante suggèrent que ce sont les modes évanescents qui sont
principalement excités au niveau de cette déformation, du fait qu’ils ne sont pas propagés dans
le reste du domaine. Ce sont donc les ondes acoustiques, avec une amplitude bien inférieure, qui
se propagent ensuite vers la gauche. À partir de x = 1.5, ce sont ensuite les ondes provenant de
3. CONDUIT À SECTION VARIABLE 143

la partie du terme source se propageant vers la gauche qui prennent le dessus.


Les mélanges de modes obtenus avec cette simulation peuvent faire l’objet d’un traitement
supplémentaire utilisant une formulation réduite des équations one-way. En effet, comme il le
sera montré dans la Section VII.2.2, il est possible d’isoler un mode ou un ensemble de modes et
de projeter le résultat complet selon ce dernier seulement. Cette projection, grâce aux opérateurs
obtenus avec la factorisation numérique, permettrait alors de déterminer l’importance de chaque
mode le long du conduit et d’en apprendre plus sur leur évolution et sur les échanges d’énergie
apparaissant au niveau de la déformation. Cette application est laissée en perspective et n’est
pas développée plus en détail dans ce manuscrit.

3.3 Cas avec écoulement non-uniforme


Le cas d’un conduit présentant une réduction de section ainsi qu’un écoulement cisaillé
est étudié dans cette section. Cette variation de section entraîne donc une modification de
l’écoulement en x et en y. L’origine des ondes réfléchies est donc ici partagée entre la variation
de la géométrie et du milieu de propagation. À nouveau, c’est la paroi haute du conduit qui
suit une fonction décrivant sa hauteur par rapport à la paroi du bas, imposée en y = 0. Cette
fonction prend la forme suivante :
1
h(x) = 1 − (1 + tanh(x)) . (V.37)
8
Ce conduit 2D présente un écoulement cisaillé en entrée. Bien que non physique (le ci-
saillement est ici linéaire), ce cas permet d’obtenir un modèle simplifié des conduits annulaires
présents dans les turboréacteurs à fort taux de dilution. En effet, la section par laquelle passe
l’air pour s’écouler à l’intérieur du moteur étant petite par rapport au diamètre de l’anneau,
une simplification en 2D du cas reste valide pour les modes se propageant le long de l’axe. Un
écoulement cisaillé en entrée est ici choisi afin de simuler la couche limite se développant le long
de la paroi intérieure de l’entrée d’air du turboréacteur. Cet écoulement de base est imposé sur
les deux composantes de la vitesse, sur la pression et sur la masse volumique. Cette évolution
suit le développement présenté dans [Rienstra, 2021]. Ainsi, la masse volumique de l’écoulement
de base respecte la relation suivante :
!2
1 F 1 1 γ−1
− λρ0 (x, y)h(x) + ρ (x, y) − E = 0 , (V.38)
2 ρ0 (x, y)h(x) 2 γ−1 0
avec F = 0.4496, λ = 0.5, γ = 1.4 et E = 2.52. Cette première relation permet, en imposant
ρ0 (x, y) = 1 en entrée, d’obtenir l’évolution de la masse volumique de l’écoulement de base tout
le long du conduit. Pour cela, il suffit de chercher la solution de l’équation en chaque point de x
qui soit la plus proche de la solution prise au point précédent. La pression dans le conduit est,
quant à elle, obtenue à partir de la masse volumique grâce à la relation suivante :

ρ0 (x, y)γ−1
p0 (x, y) = . (V.39)
γ
Comme il l’a été dit, l’écoulement de base prend la forme d’un écoulement cisaillé de manière
linéaire. Le profil de vitesse axiale choisi suit donc la fonction :

u0 (x, y) = τ + σy , (V.40)
avec τ et σ des coefficients variant selon la valeur de masse volumique et de l’évolution de la
paroi supérieure du conduit. Le coefficient σ est défini de la façon suivante :

σ = λρ0 (x, y) , (V.41)


144 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

tandis que τ s’écrit :


F 1
τ= − σh(x) . (V.42)
ρ0 (x, y)h(x) 2
Enfin, le champ de vitesse verticale peut être déterminé à partir de ces grandeurs sous la
forme :

a2 − τ u0 (x, y) hx (x)
v0 (x, y) = u0 (x, h(x)) y. (V.43)
a2 − τ u0 (x, h(x)) h(x)
Il est à noter que dans cette section, deux cas seront étudiés. Le premier correspond au
même développement que celui effectué par Rienstra dans [Rienstra, 2021] avec un coefficient
η = 0.1 pondérant la vitesse verticale de l’écoulement de base. Ce coefficient est appliqué afin
de réduire l’impact de cette vitesse sur le cas. En effet, la méthode utilisée par Rienstra a pour
vocation de décrire l’évolution des différents modes le long du conduit. Ainsi, l’écoulement
de base se rapproche d’un écoulement potentiel permettant une application valide de cette
méthode. Un autre cas sera calculé avec le coefficient η = 1 afin de voir l’effet de cette vitesse
verticale sur la propagation des ondes. Le module de la vitesse de l’écoulement de base ainsi
que les lignes de courant sont présentés, pour le second cas, dans la Figure V.20.

Figure V.20 – Module de la vitesse de l’écoulement de base et lignes de courant (en noir) dans
le conduit convergent

Il est ainsi possible de voir la présence de l’écoulement cisaillé à l’entrée du conduit avec une
vitesse plus importante au niveau de la paroi haute que de la paroi basse. Ce cisaillement reste
présent tout le long du domaine, tout en augmentant en valeur lorsque le conduit se réduit,
comme cela est attendu. De plus, la présence des lignes de courant parallèles aux parois en haut
et en bas indique que le glissement du fluide sur les parois est bien imposé. Lorsque η = 0.1,
cette condition n’est pas respectée, menant certaines lignes de courant à disparaître dans la
paroi supérieure.
Pour les deux cas, la pulsation est fixée à ω = 15. Une telle fréquence, couplée avec cet
écoulement de base, entraîne la présence de plusieurs modes acoustiques propagatifs (jusqu’à 6).
Deux de ces modes sont propagés dans le conduit grâce à la méthode des séries de Bremmer, un
pour chaque valeur de η, et les résultats obtenus sont comparés à ceux présentés dans [Rienstra,
2021] par la méthode des échelles multiples [Rienstra et Eversman, 2001]. Un nombre Nβ = 20 a
été choisi dans les deux cas pour garantir une erreur moyenne sur le spectre approché de l’ordre
de 10−8 et une erreur maximale de l’ordre de 10−5 .
Le résultat du premier cas, avec un mode acoustique (d’ordre 0 en y) plan ayant un nombre
d’onde axial variant entre 11.47 et 9.33, est représenté par l’intermédiaire de la partie réelle des
perturbations de pression dans la Figure V.21. Pour ce cas, présentant un coefficient η = 0.1, on
compare la méthode des échelles multiples et les séries de Bremmer. Il est ainsi possible de voir
que le mode imposé en entrée est propagé dans le conduit sur une bonne partie de sa longueur.
La méthode des échelles multiples impose la propagation de ce mode uniquement, expliquant
de ce fait que ce dernier reste prédominant jusqu’à la sortie du conduit. Ce n’est pas le cas des
3. CONDUIT À SECTION VARIABLE 145

Figure V.21 – Partie réelle des perturbations de pression dans le conduit. Comparaison de la
propagation du mode 1 directement tirée de [Rienstra, 2021] (haut gauche) avec les séries de
Bremmer (bas gauche) et ses composantes droite (haut droite) et gauche (bas droite)

séries de Bremmer où tous les modes sont propagés vers la droite et vers la gauche. Ainsi, la
proximité des résultats entre les deux méthodes suggère qu’il y a très peu d’échanges d’énergie
entre ce mode et les modes voisins sur toute la longueur du conduit. Le côté droit de la figure
présente la même grandeur en fonction du sens de propagation de l’onde. Il est ainsi possible de
voir que c’est la partie se propageant vers la droite qui prend le dessus sur le résultat final avec
trois ordres de grandeur de plus en terme d’amplitude. Cependant, on peut voir au niveau de
x = 0 que la variation de section entraîne l’apparition d’onde se propageant vers la gauche. On
peut distinguer deux types d’ondes. Une première qui apparaît et disparaît entre x = −1 et
x = 1 en proche paroi et une seconde, d’amplitude plus faible, qui est générée autour de x = 1.5
et devient complètement amortie vers x = −2. Contrairement à la première, cette deuxième
onde se propage sur toute la hauteur du conduit.

Figure V.22 – Partie réelle des perturbations de pression dans le conduit. Comparaison de la
propagation du mode 3 directement tirée de [Rienstra, 2021] (haut gauche) avec les séries de
Bremmer (bas gauche) et ses composantes droite (haut droite) et gauche (bas droite)

La Figure V.22 reprend les mêmes données, dans le même agencement, mais pour la
propagation d’un mode différent d’ordre 2 en y avec η = 1. Le nombre d’onde de ce mode varie
cette fois entre 8.77 et 6.63. De la même façon que précédemment, le mode imposé en entrée est
propagé dans le conduit sur une grande partie de la longueur. Cependant, le mode est, dans
ce cas, déformé en sortie de conduit. En effet, par rapport au résultat présenté par Rienstra,
l’onde propagée par les séries de Bremmer présente des variations de longueur d’onde. De plus,
des fusions entre les lobes de l’onde apparaissent, ce qui n’est pas le cas dans la simulation aux
échelles multiples qui propage uniquement ce mode. Cela pourrait indiquer que, bien que le
mode imposé reste dominant, il existe un couplage entre ce dernier et un ou plusieurs autres
modes présentant des longueurs d’onde et des formes différentes. La partie droite de la figure
représente à nouveau la décomposition des séries de Bremmer selon le sens de propagation. Ces
146 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES

variations sont comparables entre le cas η = 1 et η = 0.1 (non montré pour ce mode) bien que
légèrement plus élevé dans le premier cas. La présence d’une vitesse verticale non négligeable
ne semble donc affecter le résultat que de manière marginale. Encore une fois, pour ce cas,
la partie se propageant vers la droite est bien plus importante que celle se propageant dans
la direction opposée. En effet, deux ordres de grandeur séparent à nouveau leurs amplitudes
maximales, traduisant un faible niveau de réflexion des ondes. Cependant, la nature des ondes
propagées vers la gauche est ici différente. Le mode dominant correspond à celui déjà observé
dans le cas précédent sur toute la hauteur du conduit, avec une amplitude plus importante
cependant. Au vu des déformations, ce mode paraît couplé avec une deuxième onde au niveau
de la paroi du bas, entre x = 1 et x = −1. C’est également le cas pour la paroi du haut avec
l’apparition d’un mode acoustique [Rienstra, 2021] autour de x = 0.5 qui se propage jusqu’à
l’entrée du conduit. Au final, tous ces modes se développent au niveau de la variation de section
avant d’être amortis, voire de complètement disparaître, lorsque le conduit redevient uniforme.
Il est rappelé ici que les résultats présentés dans cette section n’ont pas pour vocation à
être définitifs et ne sont qu’un moyen d’illustrer les potentielles applications de la méthode
one-way et en particulier des séries de Bremmer. En effet, une étude plus approfondie de ces
cas est nécessaire afin de déterminer la bonne capture des échanges d’énergie entre les modes
[Ovenden et al., 2004] ou encore de la bonne prise en compte des points tournants (changement
de nature d’un ou de plusieurs modes) [Smith et al., 2012] dont l’un d’entre eux est présent
dans ce cas [Rienstra, 2021]. En effet, la méthode des échelles multiples étant, dans ce cas, une
approximation faite sur un seul mode, la comparaison des séries de Bremmer à une solution
obtenue par résolution directe permettrait de valider leur précision.

4 Bilan
Différentes applications des méthodes développées dans le Chapitre IV ont été présentées
dans le cadre de variations continues du milieu de propagation. Tout d’abord, la dérivation des
équations d’Euler sous leur forme linéarisée puis sous leur forme one-way a été faite. Ce sont
donc directement ces équations qui ont ensuite été résolues dans les cas d’étude suivants.
Tout d’abord, la présentation du code de référence a été faite. Ce code de résolution 2D
directe, basé sur une méthode d’éléments finis, utilise des conditions PML afin de permettre aux
ondes de quitter le domaine de calcul sans que des ondes parasites soient réfléchies à l’intérieur
de ce dernier. L’application de ces conditions limites n’est pas nécessaire dans le cadre des
équations one-way. Ce code a été développé dans le but de fournir des résultats servant de
référence et permettant une comparaison avec les méthodes one-way détaillées dans le cadre de
ce manuscrit.
Ainsi, un cas possédant des variations localisées a d’abord été étudié. Il a été montré que
dans ce cas là, présentant une importance relativement faible des ondes réfléchies, les équations
one-way true amplitude, comme les séries de Bremmer, permettent d’obtenir une solution bien
plus précise que la résolution de simples équations one-way. En particulier, une convergence en
erreur des séries de Bremmer utilisant différents paramètres de résolution a été faite. Ainsi, il
est montré que l’utilisation d’équations one-way true amplitude pour l’itération des séries de
Bremmer présente le double avantage d’offrir une convergence plus rapide et une dépendance
moins importante au choix des coefficients β± choisis. De la même façon, le coût de calcul induit
par la méthode des séries de Bremmer ainsi que l’effet de la méthode d’échantillonnage sur
celui-ci sont évoqués. Un second cas dans lequel les variations se font globales et plus importantes
est ensuite étudié. Dans ce cas, la limitation des équations one-way true amplitude est mise
en lumière du fait de la part importante que prennent les ondes réfléchies. Une convergence
en erreur est à nouveau faite pour les approches par séries de Bremmer en utilisant le code de
4. BILAN 147

référence, permettant de montrer un nouvel avantage à l’utilisation des équations one-way true
amplitude pour la résolution itérative par rapport aux simples équations one-way. En effet, dans
ce cas présentant des variations importantes du milieu de propagation, la convergence des séries
de Bremmer s’est avérée compliquée, voire impossible avec l’utilisation des OWE. Au contraire,
la convergence de la série avec les TAOWE s’est faite de manière similaire au cas précédent
avec des variations bien moins importantes. Des valeurs pour le coût de calcul avec et sans
échantillonnage sont à nouveau données.
Enfin, l’application des séries de Bremmer à la propagation d’ondes dans un conduit de section
non-uniforme a fait l’objet d’un développement. Ainsi, la méthode de projection du maillage sur
un maillage de calcul de référence a d’abord été présentée. Par l’intermédiaire de cette méthode,
la variation de section du conduit prend la forme d’une variation de coefficients à l’intérieur des
équations, permettant leur résolution par les séries de Bremmer. Ainsi, contrairement au cas
précédents, la résolution de la propagation des ondes ne se fait plus selon x uniquement mais
selon les lignes axiales de maillage. Un premier cas dans le cadre de l’acoustique (sans écoulement
de base) est d’abord étudié. Ce dernier a été simulé par des séries de Bremmer et par la méthode
2D directe précédemment présentée. Les résultats obtenus par l’intermédiaire des séries de
Bremmer montrent une bonne précision par rapport aux résultats de référence, indiquant une
bonne prise en compte des phénomènes de réflexion et réfraction liés à la déformation du conduit.
Le second cas basé sur un conduit de section variable présente quant à lui un écoulement cisaillé
variant en fonction des déformations. Cette partie permet de discuter de l’application des séries
de Bremmer à ce genre d’applications, qui restent aujourd’hui encore d’actualité. Ainsi, les
résultats obtenus sont comparés à ceux d’une méthode d’échelles multiples. Il est ainsi possible
de voir que les séries de Bremmer permettent de prendre en compte les échanges d’énergie
entre les différents modes de propagation le long de variations. Cependant, cette partie reste
exploratoire et nécessite encore de nombreuses études afin de confirmer la bonne résolution de
ces phénomènes par les équations one-way.
148 CHAPITRE V. APPLICATION AUX ÉCOULEMENTS NON UNIFORMES
Chapitre VI

Application aux matériaux absorbants


acoustiques

Sommaire
1 Caractéristiques du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
1.1 Configuration du conduit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
1.2 Simplification du système one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
1.3 Conditions aux limites transverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
2 Séries de Bremmer et discontinuités . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
2.1 Prise en compte des discontinuités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
2.2 Régularisation de la discontinuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
3 Analyse du liner CT73 sur une gamme de fréquence . . . . . . . . 157
4 Effet du profil de vitesse sur l’absorption du liner CT57 . . . . . . 160
4.1 Cas sans écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
4.2 Cas avec écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
5 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

L’utilisation de matériaux absorbants, également appelés liners acoustiques, fait, encore de


nos jours, l’objet de nombreuses études dans le but d’améliorer leurs effets pour la réduction de
bruit. En effet, la compréhension et la prise en compte des nombreux mécanismes impliqués
dans la réflexion et la réfraction des ondes dans un conduit partiellement traité reste un sujet
complexe. C’est pourquoi les équations one-way sont ici proposées pour simuler ce genre de
configurations de manière efficace. La Section VI.1 présente les différentes particularités et
caractéristiques de ces configurations. La Section VI.2 montre qu’il est possible, même dans le cas
de discontinuités, d’utiliser les séries de Bremmer et que ces dernières peuvent converger vers un
cas totalement discontinu. Cela nécessite néanmoins un traitement particulier des discontinuités.
Dans la Section VI.3, les équations one-way, associées à la méthode de décomposition de domaine,
sont appliquées à l’étude d’un conduit avec liner et écoulement sur une gamme de fréquence
assez large. Ensuite, la Section VI.4 reprend les résultats des équations one-way sur un conduit
avec ou sans écoulement et sur une gamme de fréquence inférieure à 3000 Hz. Cela permet aussi
une discussion sur la propriété de décomposition du champ d’ondes en fonction de leur sens de
propagation, pouvant permettre une compréhension plus approfondie des mécanismes mis en
jeu. La Section VI.5 reprend les différentes conclusions faites durant ce chapitre sous la forme
d’un bilan.

149
150 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

1 Caractéristiques du problème
Les caractéristiques des simulations one-way dans un conduit partiellement traité avec un
liner acoustique sont présentées dans cette section. La configuration du conduit, comprenant
ses dimensions et ses spécificités, est expliquée dans la Section VI.1.1. Les simplifications du
système d’équations one-way résolu, provenant des hypothèses prises pour l’écoulement de base,
sont évoquées dans la Section VI.1.2. Enfin, les différentes conditions limites impliquées dans
les simulations sont développées dans la Section VI.1.3.

1.1 Configuration du conduit


La configuration dans laquelle se font les simulations one-way est présentée dans cette
section. Le cas d’un conduit à section constante partiellement traité avec des liners acoustiques,
est donc étudié ici. En particulier, deux configurations seront évoquées. Elles se basent sur
des installations expérimentales [Jones et al., 2005; Özyörük et Long, 2000] qui servent à la
validation de nombreuses méthodes pour la simulation de propagation d’ondes [Richter et al.,
2007; Burak et al., 2009]. Bien que légèrement différentes, ces deux installations présentent une
disposition similaire représentée dans la Figure VI.1. La partie recouverte d’un liner acoustique
est comprise entre x1 et x2 sur le bas du conduit seulement. C’est au niveau de ces deux positions
(le bord d’attaque et le bord de fuite du liner) que la réflexion et la réfraction des ondes auront
lieu. Une onde plane est imposée à l’entrée du domaine et se propage vers l’aval en traversant
la section du liner. Cette onde plane est obtenue grâce à une analyse locale faite à l’entrée du
conduit (x = x0 ). À l’opposé, à moins d’une mention contraire, aucune onde se propageant vers
l’amont n’est imposée en sortie de domaine car les installations expérimentales débouchant dans
des chambres anéchoïques, les ondes réfléchies au delà de x = x3 sont négligées.

Figure VI.1 – Configuration du conduit

Les différences entre les deux installations expérimentales, portant sur leurs dimensions
uniquement, sont reprises dans le tableau VI.1. Ainsi, la première configuration, provenant
de [Jones et al., 2005], sera dénommée configuration A tandis que la seconde, provenant de
[Özyörük et al., 1998], sera nommée configuration B.

Configuration A [Jones et al., 2005] Configuration B [Özyörük et Long, 2000]


y1 0.051 m 0.0508 m
x1 0.203 m 0.210 m
x2 0.609 m 0.597 m
x3 0.812 m 0.840 m
Liner CT57 CT73

Table VI.1 – Dimensions des deux configurations


1. CARACTÉRISTIQUES DU PROBLÈME 151

Pour une raison de simplification des notations, le domaine de calcul situé entre x0 et x1
sera noté Ω1 tandis que le domaine du liner entre x1 et x2 sera noté Ω2 et le dernier domaine
entre x2 et x3 sera noté Ω3 .
Lorsqu’un écoulement de base est présent dans le conduit, il est supposé invariant en x et il
reste donc parallèle tout le long du conduit, n’entraînant de fait, aucune réflexion ou réfraction
d’onde. En effet, c’est la rupture d’impédance qui est la seule origine de ces phénomènes dans
ce cas là. Ainsi, l’écoulement de base prend la forme d’un écoulement de Poiseuille pleinement
développé et avec un nombre de Mach maximal Mmax dépendant du cas étudié. Seule la vitesse
axiale de cet écoulement est imposée dans les équations, suivant la relation suivante [Özyörük
et Long, 2000] :
!
y y
u0 (y) = 4Mmax a 1− . (VI.1)
Ly Ly
La pression et la masse volumique de l’écoulement de base p0 et ρ0 sont supposées constantes
partout dans le conduit. La vitesse verticale v0 est quant à elle supposée nulle. La comparaison
avec un autre type d’écoulement, présentant des couches limites plus fines, sera faite dans la
Section VI.4.2.1 afin de déterminer l’effet de ces dernières dans les simulations one-way.

1.2 Simplification du système one-way


L’utilisation d’un écoulement de base simplifié possédant seulement une vitesse axiale ne
dépendant que de y permet de simplifier les équations d’Euler linéarisées introduites dans la
Section V.1. De ce fait, leur mise en forme one-way peut se faire en obtenant directement
les expressions en terme de variables caractéristiques. Cela permet alors une discrétisation
transverse du problème après le premier changement de variable, permettant de réduire le temps
de calcul. Ainsi, en prenant en compte les spécificités de l’écoulement de base, le système V.11
est composé des matrices d’opérateurs suivantes :

ū a2 ρ̄ 0 0 0 −a2 ρ̄
     
iω 0 0
1
A =  ρ̄ ū 0  ; B =  0 0 0  ; C = 0 iω −ū y . (VI.2)
   
 
0 0 ū − ρ̄1 0 0 0 0 iω

À partir de ces matrices, il est possible de suivre les mêmes étapes que celle présentées dans
la Section V.1.2. Le premier changement de variable, en diagonalisant la matrice A, se fait de la
même façon, avec des matrices A, e T et T −1 similaires à celles définies dans les relations V.14 et
V.15. Ce changement de variables q = T φ, avec φ défini par deux composantes φ+ et φ− selon
le signe des valeurs propres de Ae associées, mène aux variables caractéristiques suivantes :
!
φ1
φ+ = ; φ− = φ3 . (VI.3)
φ2
Le terme φ+ possède deux composantes tandis que φ− n’en possède qu’une car le cas étudié ici
présente un écoulement de base subsonique s’écoulant vers la droite. L’expression de l’opérateur
de propagation peut alors, dans ce cas simplifié, être obtenue sous la forme suivante :
2 ūy
iω − ρ̄a2 ∂y −
 
1 0

ū+a
0 0 2aρ̄
 ∂y
1
− ∂ρ̄y 

M (x, y) =  0 0  − ρ̄ iω  , (VI.4)

ū 
1 ρ̄a2
0 0 ū−a 0 − 2 ∂y + ūy

2aρ̄

avec :
152 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

!
1 1

φ1 = p+u






 2 ρ0 a

φ =v
2 . (VI.5)

 !
1 1




φ3 = p+u


2 ρ0 a
Il ne reste ensuite plus qu’à discrétiser transversalement ce dernier afin d’obtenir la même
expression de l’équation one-way que dans la relation II.45. Les étapes suivantes sont alors les
mêmes, sans modification. Il est tout de même nécessaire de noter que les conditions aux limites
peuvent être introduites lors de la discrétisation de cet opérateur (voir Section VI.1.3). De plus,
l’écoulement de base s’annulant sur les bords du conduit, la méthode de gestion des singularités,
présentée dans la Section III.1.4, doit être appliquée. Les détails de cette méthode, dans ce cas
particulier, sont présentés en Annexe A.

1.3 Conditions aux limites transverses


Les conditions aux limites imposées en haut et en bas du conduit sont développées dans les
sections suivantes. La condition de paroi rigide est développée dans la Section VI.1.3.1 tandis
que la condition d’impédance modélisant une paroi absorbante est expliquée dans la Section
VI.1.3.2. C’est l’application alternée de ces deux conditions sur la paroi du bas du conduit qui
est à l’origine de la discontinuité provoquant la réflexion des ondes.

1.3.1 Paroi rigide


Une condition aux limites de paroi rigide est appliquée sur le haut du conduit ainsi qu’en bas,
de part et d’autre du liner. Cette condition permet aux particules de glisser tangentiellement à
la paroi toute en imposant une vitesse normale (v) nulle afin de garantir la conservation de la
masse. De plus, cette condition de glissement est équivalente à la modélisation d’une couche
limite acoustique infiniment fine [Nayfeh et al., 1975; Özyörük et Long, 2000] et satisfait le
système d’équations suivant :
 !
∂p ∂u ∂v ∂p
+ ρ0 a2

− iωp + u + + Sa =0

0





 ∂x ∂x ∂y ∂y

∂u 1 ∂p

− iωu + u0 + =0 , (VI.6)



 ∂x ρ0 ∂x
∂v



 − iωv + u0 =0


∂x
avec S = 1 ou S = −1 pour la paroi du haut ou du bas, respectivement. Dans ce cas, les
équations one-way peuvent être formées à partir des variables caractéristiques. Ce système
d’équations ne modifiant rien à la diagonalisation de la matrice A, les matrices de transformation
T et T −1 restent les mêmes. Il en est de même pour la matrice Ae contenant les valeurs propres
de A. Ainsi, au niveau des parois transverses du conduit, on obtient un opérateur de propagation
modifié, noté Mf , défini de la façon suivante :

1  2

0 0 iω + Sa ∂ − ρ02a ∂y Sa

u0 +a 2 y

2 y
1  
M  0
f (x, y) = 
u0
0   0 iω 0  .
 (VI.7)
1 ρ a2
0 0 Sa Sa
u0 −a 2
∂y − 0
2
∂y iω + 2
∂ y

Cet opérateur de propagation modifié ne vient remplacer la matrice M qu’au niveau des
variables φ représentant le comportement des conditions aux limites de paroi rigide.
2. SÉRIES DE BREMMER ET DISCONTINUITÉS 153

1.3.2 Condition d’impédance


La présence du liner acoustique sur le bas du conduit est modélisée par une condition
aux limites d’impédance qui vient coupler la perturbation de pression avec celles de la vitesse
normale à la paroi. De ce fait, le liner est considéré comme poreux, contrairement à la paroi
rigide. La façon classique d’appliquer cette condition est d’utiliser la relation suivante :

p = Z(ω)u · n = −Z(ω)v , (VI.8)


avec n le vecteur normal à la paroi pointant vers l’extérieur du domaine et Z(ω) l’impédance
complexe dépendant de la fréquence. Cela veut dire que pour chaque valeur de fréquence simulée,
l’impédance doit être calculée. Pour cela, de nombreux modèles existent afin d’obtenir cette
impédance à partir des caractéristiques physiques du liner [Richter et al., 2010; Spillere et al.,
2016]. Certains utilisent une analogie avec un système masse-ressort-amortisseur ou encore avec
un résonateur λ/4 [Ko, 1971]. Un des modèles fréquemment utilisés en aéroacoustique est celui
de l’Extended Helmholtz Resonator (EHR) [Rienstra, 2006]. D’après ce modèle, l’impédance
suit une évolution en fréquence selon une relation de ce type :
!
ξ
Z(ω) = R − imω + i σ cotan ωh + i , (VI.9)
2
avec R la résistance de la plaque, mω la réactance de la plaque, h la profondeur des cavités, ξ
correspond à l’amortissement des ondes dans les cavités et σ est en lien avec la porosité de la
plaque. Le moyen d’obtenir ces valeurs est abordé dans [Richter et al., 2011] par exemple. Il
existe certaines variantes de cette relation selon la gamme de fréquence visée. Pour chacune des
applications sur le conduit avec liner présentées dans la suite, une référence sera donnée pour
indiquer le modèle utilisé.
Remarque 34. Les modèles de Z(ω) correspondent souvent à la convention eiωt dans la
littérature alors que c’est la convention e−iωt qui est utilisée ici.
L’application de la condition aux limites d’impédance afin de modéliser l’effet du liner
acoustique (équation VI.8), peut également être exprimée en terme de variables caractéristiques
sous la forme suivante :

φ1 + φ3 = Z(ω)φ2 . (VI.10)
Le choix a été fait d’imposer cette condition sur la variable φ2 , laissant de ce fait les deux
autres équations inchangées.
Il est à noter que l’équation (VI.8) peut être appliquée dans notre cas car la vitesse de
l’écoulement de base s’annule au niveau des parois. Si cet écoulement est uniforme, ce qui
est une simplification courante dans ce genre de simulations, l’application d’une condition
d’Ingard-Myers [Ingard, 1959; Myers, 1980] devient nécessaire. Cependant, cette condition
possède comme inconvénient d’être mal posée, engendrant de ce fait la présence de modes
numériques instables pouvant parasiter la solution. Plusieurs reformulations de cette condition
aux limites ont cependant été proposées [Brambley, 2011; Renou et Aurégan, 2011; Gabard,
2013; Mathews et al., 2018] permettant de passer outre cet inconvénient.

2 Séries de Bremmer et discontinuités


Les séries de Bremmer et la méthode de décomposition de domaine, présentées dans le
Chapitre IV, ont pour but de capturer l’effet des variations du milieu de propagation sur les
ondes. Cependant, la première méthode a vocation à être utilisée sur des variations continues
154 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

du milieu tandis que la deuxième se concentre sur la prise en compte de discontinuité. Il est
néanmoins possible de montrer que ces deux méthodes convergent l’une vers l’autre lorsque les
variations continues deviennent localement de plus en plus raides et convergent elles-mêmes vers
la même discontinuité. La Section VI.2.1 présente le cas étudié avec le résultat de la méthode
de décomposition de domaine servant de résultat de référence pour la suite. La Section VI.2.2
détaille la méthode de régularisation de la discontinuité avant de comparer les résultats des
séries de Bremmer et de la décomposition de domaine.

2.1 Prise en compte des discontinuités


Tous les résultats numériques présentés dans ce chapitre font appel à la notion de Sound
Pressure Level (SPL). Ce dernier est ici définit de la façon suivante :
!
|p|
SP L = 20 log , (VI.11)
pref
avec pref = 2 × 10−5 P a la pression de référence du son. Le SPL est exprimé en décibels (dB).
Le premier résultat numérique se base, pour la comparaison, sur ceux figurant dans [Pascal
et al., 2015] tandis que les résultats expérimentaux sont présentés dans [Jones et al., 2005].
Ainsi, les simulations one-way s’inscrivent dans le cadre de la configuration A. L’écoulement de
base prend la forme d’un écoulement de Poiseuille défini par l’équation VI.1 avec un nombre de
Mach maximal Mmax = 0.5. De plus, une seule fréquence de 2000 Hz sera simulée ici. La valeur
de l’impédance utilisée est de Z = 5.21 − 1.07i. Il est à noter que, contrairement aux simulations
présentées dans les chapitres précédents, le résultat de référence de Pascal et al. a été obtenu
grâce à une simulation 2D temporelle prenant naturellement en compte les réflexions d’ondes.
La simulation one-way présentée dans cette section utilise la méthode de décomposition de
domaine permettant de prendre en compte les discontinuités de conditions aux limites dues
aux frontières du liner acoustique. Ce résultat servira de résultat de référence dans la section
suivante afin de montrer que la méthode Bremmer converge bien vers le même résultat.

132

130
SPL (dB)

128

126

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8


x (m)

Figure VI.2 – SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration A). Com-
paraison entre les données expérimentales ( ) de [Jones et al., 2005], la simulation temporelle
( ) de [Pascal et al., 2015] et la méthode one-way utilisant une décomposition de domaine
( )

La figure VI.2 montre le SPL obtenu au niveau de la paroi haute, opposée au liner acoustique.
Il est directement visible que le résultat one-way fournit une solution extrêmement proche de la
solution de référence partout dans le domaine de calcul. Le fait que ces valeurs de SPL se trouvent
aussi proches indique que les réflexions et les réfractions des ondes sont capturées de façon très
2. SÉRIES DE BREMMER ET DISCONTINUITÉS 155

précises par la méthode de décomposition de domaine mais sont également propagées de façon
toute aussi précise par la méthode one-way. En terme de coût de calcul, cette simulation one-way
a été faite en 5 s avec 5 itérations de résolutions one-way afin d’atteindre une convergence
satisfaisante.
La simulation one-way a été initialisée par une onde plane en entrée avec une mise à l’échelle
de son amplitude afin de correspondre au SPL de l’expérimentation. Cette onde plane a été
obtenue par une analyse de stabilité locale faite à l’entrée du domaine.

2.2 Régularisation de la discontinuité


Les séries de Bremmer ne sont pas naturellement applicables à ce genre de cas présentant
des discontinuités. En effet, cette dernière nécessite une discrétisation suffisamment fine des
variations afin d’approcher le terme W de manière précise, ce qu’il n’est pas possible de faire avec
une discontinuité. Ainsi, la méthode de décomposition de domaine est, de part sa construction,
bien plus adaptée à ce genre de cas. Cependant, il est possible de régulariser cette discontinuité
afin d’appliquer la méthode de Bremmer à une variation continue d’impédance. Afin de faire
cela, il est nécessaire d’introduire une fonction continue χ(x), définie de la façon suivante :

x − x1 x − x2
   
χ(x) = −0.5 tanh tanh + 0.5 , (VI.12)
d d
avec d (en mètres) le facteur contrôlant l’étendue de la variation du coefficient χ qui est sans
dimension. Cette fonction a été construite pour approcher 1 entre x1 et x2 et 0 de part et
d’autre. Ainsi, plus d est grand, plus la variation est douce et donc étendue. Au contraire, plus
d est petit, plus la variation est forte et plus le cas se rapproche de la discontinuité. À partir de
cette fonction, il est possible de définir une nouvelle impédance régulière, dépendant de x et de
la valeur de l’impédance voulue, dont l’expression est la suivante :

Z(x) = χ(x) (Z − 1) + 1 . (VI.13)


La partie réelle de l’impédance le long du domaine de calcul est présentée dans la Figure
VI.3. Cette dernière est donc environ égale à 1 en dehors de [x1 , x2 ] et prend une valeur proche
de 5.21 sinon. Les trois courbes représentées correspondent aux trois valeurs de d choisies
pour les simulations. La valeur de 1 de part et d’autre du liner est nécessaire afin de garantir
l’application d’une condition aux limites de glissement sur ces zones.
< (Z(x))

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8


x (m)

Figure VI.3 – Partie réelle de l’impédance le long de x pour un coefficient d = 0.0051 m ( ),


d = 0.0255 m ( ) et d = 0.051 m ( )

La condition d’impédance VI.10 devient alors dans ce cas :

χ(x) (φ1 + φ3 ) = Z(x)φ2 . (VI.14)


156 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

De cette façon, lorsque χ(x) ≈ 0, la condition aux limites devient alors v = 0 correspondant
à la condition de glissement de la paroi rigide. Au contraire, lorsque χ(x) ≈ 1, on retrouve bien
la condition d’impédance classique.

131

SPL (dB) 130

129

128

127

0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8


x (m)

Figure VI.4 – SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration A). Com-
paraison entre la simulation one-way utilisant la méthode de décomposition de domaine ( )
et les simulations one-way utilisant un coefficient d = 0.051 m ( ), d = 0.0255 m ( ) et
d = 0.0051 m ( ) pour la régularisation des discontinuités

Trois valeurs de d ont été utilisées pour les différentes simulations one-way afin de visualiser
la convergence de la méthode. Les résultats obtenus par les séries de Bremmer dans les cas où
d = 0.0051 m, d = 0.0255 m et d = 0.051 m sont représentés dans la Figure VI.4 et comparés
au résultat de la méthode one-way couplée à une décomposition de domaine. Encore une fois,
c’est la valeur du SPL sur la paroi opposée au liner qui est montrée ici. On peut voir que plus
la valeur de d est petite, menant à une variation de l’impédance se rapprochant de plus en
plus de la discontinuité, plus le résultat des séries de Bremmer se rapproche de la méthode
one-way prenant en compte la discontinuité. Cela permet de déterminer que les méthodes des
séries de Bremmer et de décomposition de domaine agissent de la même façon sur le système
one-way dans des cadres différents. De plus, même avec la plus grande valeur de d présentée ici,
la valeur de SPL obtenue en sortie de domaine (qui est la grandeur recherchée dans ce genre
d’applications) est très proche du cas de référence. L’effet le plus notable de l’augmentation de
la pente des variations dans ce cas là semble être l’importance des ondes réfléchies. En effet, les
oscillations de SPL proviennent directement du déphasage entre les ondes se propageant vers la
droite et celles se propageant vers la gauche. Ainsi, ces dernières se font plus importantes lorsque
d diminue, indiquant que l’amplitude des ondes réfléchies se fait de plus en plus grande. Il est à
noter que l’utilisation des séries de Bremmer n’est tout de même pas conseillée pour ce genre
d’applications car cela nécessite un nombre important de points de maillage en x pour bien
approcher la variation qui devient très importante au niveau de x1 et de x2 . Cela mène alors à
un temps de restitution bien plus important que dans le cas de la méthode de décomposition
de domaine. La méthode d’échantillonnage peut cependant être utilisée dans ce cas. En effet,
un critère peut être imposé sur l’échantillonnage à partir de la fonction χ(x). Ainsi, lorsque ce
dernier présente deux fois la même valeur, la construction d’un nouveau jeu de matrices n’est
pas nécessaire. Cependant, bien que cela diminue fortement le nombre de matrices à former
pour les cas présentés ici, le calcul se fait tout de même en une trentaine de secondes contre
seulement 5 s avec la décomposition de domaine, pour un même nombre de processeurs.
3. ANALYSE DU LINER CT73 SUR UNE GAMME DE FRÉQUENCE 157

3 Analyse du liner CT73 sur une gamme de fréquence


Le deuxième cas d’étude sur le conduit avec liner acoustique se base sur la Configuration
B présentée dans la Section VI.1.1. En particulier, le nombre de Mach maximal est imposé à
0.3, soit plus faible que dans le cas précédent. De plus, les simulations one-way ont été faites
sur une plage de fréquence allant de 500 à 3000 Hz, tous les 500 Hz. Cela permet d’explorer
un peu plus le domaine de validité d’une telle méthode pour ce genre d’application. Au-delà
de 3000 Hz, les ondes impliquées ont tendance à devenir 3D, expliquant de fait la plage de
fréquence choisie pour ces simulations 2D. Toutes les données expérimentales et numériques
utilisées pour la comparaison avec la méthode one-way sont tirées de [Özyörük et Long, 2000].
Une fois de plus, ces résultats numériques de référence sont obtenus grâce à des simulations
numériques 2D dans le domaine temporel. De plus, les valeurs d’impédance utilisées pour ces
simulations sont accessibles dans [Özyörük et al., 1998]. Le même maillage a été utilisé pour
toutes les simulations avec 50 points espacés de façon régulière en y et 500 points en x avec une
répartition suivant une loi exponentielle. Cela a pour but de raffiner la discrétisation autour des
discontinuités, afin de prendre en compte de la manière la plus précise possible les phénomènes
apparaissant dans leur voisinage. Cette répartition de points a été faite dans l’optique d’être
suffisante pour le cas à 3000 Hz, qui est le cas à plus haute fréquence étudié ici.
Le SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique est présenté dans la Figure VI.5. Les
données expérimentales, les résultats numériques de référence et les simulations one-way sont
directement comparables sur l’entièreté de la gamme de fréquence choisie. On peut ainsi voir que
dans tous les cas, les résultats one-way sont très proches de ceux obtenus grâce aux simulations
temporelles. En particulier, dans le cas f = 1500 Hz où la différence entre les simulations
numériques et les données expérimentales se fait la plus importante, la même différence apparaît
avec le résultat one-way. La présence d’effets 3D ou non linéaires, ne pouvant pas être pris
en compte par ce genre de simulations, pourrait être à l’origine d’une telle différence, sans
que cela ne soit vérifié [Özyörük et Long, 2000]. Au contraire, cette même différence observée
avec les résultats de référence se fait moins importante avec la méthode one-way pour le cas
f = 3000 Hz. Tout comme dans le cas précédent, la bonne précision des résultats one-way
tout le long du domaine de calcul indique une bonne prise en compte des ondes réfléchies et
réfractées ainsi qu’une bonne propagation de ces dernières. Le temps de restitution de chacun
de ces calculs est d’environ 4 secondes pour seulement 5 itérations. Cependant, pour le cas
avec une fréquence f = 1000 Hz, un maillage transverse non-uniforme avec des raffinements
sur les parois a été nécessaire. En effet, sans cela, des oscillations apparaissent dans le SPL en
sortie de domaine. Ainsi, avec ce raffinement local et un nombre de points de discrétisation
augmenté à 100, ces dernières disparaissent mais le temps de restitution passe à environ 35
secondes. L’origine de cette nécessité semble être, à notre avis, la même que dans le cas qui sera
présenté dans la Section VI.4.2. En effet, la Configuration B restant relativement proche de
la Configuration A, le même phénomène d’instabilité physique pourrait apparaître au niveau
du liner, sans que cela ne soit évoqué par l’auteur dans ce cas. Ainsi, cette instabilité, reliée à
une onde de surface instable, prend de plus en plus d’ampleur lorsque l’épaisseur de la couche
limite diminue. Cette couche limite étant relativement épaisse dans cette simulation, ce serait
les premières manifestations de cette instabilité qui seraient à l’origine de telles oscillations.
Une des particularités de la méthode one-way est qu’il est possible de décomposer le
résultat obtenu selon les contributions vers la droite et vers la gauche. De la même façon que
précédemment, la Figure VI.6 montre le SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique pour
le cas f = 3000 Hz avec sa décomposition en composantes gauche et droite. On peut ainsi voir
que les ondes réfléchies avec un SPL maximum de 120 dB ne sont pas négligeables par rapport
au SPL maximal des ondes se propageant vers la droite (133 dB). De plus, les oscillations
présentes en amont et au niveau du liner proviennent du fait que des ondes se propageant
158 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

f = 3.0 kHz
130

120

110

100

90

130 f = 2.5 kHz


120
SPL (dB)

130 f = 2.0 kHz

130 f = 1.5 kHz


120

130 f = 1.0 kHz

120

110

100

90

80
130 f = 0.5 kHz

120
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8
x (m)

Figure VI.5 – SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration B). Compa-
raison entre les données expérimentales ( ), les résultats numériques multi-fréquence ( ) et
mono-fréquence ( ) de [Özyörük et Long, 2000] et les simulations one-way avec décomposition
de domaine ( )
3. ANALYSE DU LINER CT73 SUR UNE GAMME DE FRÉQUENCE 159

130

120

SPL (dB)
110

100

90

80

70
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8
x (m)

Figure VI.6 – SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration B) à f = 3000
Hz. Décomposition des contributions totales ( ) en ses contributions vers la droite ( ) et
vers la gauche ( )

vers la gauche et vers la droite coexistent. En effet, ces dernières ne sont pas observées sur les
composantes à gauche et à droite séparément. L’effet du liner acoustique sur les ondes semble
être identique dans le cas de l’onde se propageant vers la droite ou vers la gauche, avec une
perte de SPL d’environ 20 dB. Au final, le SPL de l’onde se propageant vers l’aval est de 103
dB en quittant le domaine de calcul tandis que l’onde se propageant vers l’amont présente un
SPL de 104 dB au niveau de l’entrée du domaine. Il peut être remarqué que le SPL à droite
du liner est nul pour l’onde se propageant vers la gauche car une condition initiale nulle est
imposée à la sortie tandis qu’aucune réflexion ne peut apparaître après la seconde discontinuité.

Le SPL total et sa décomposition suivant le sens de propagation des ondes dans le domaine
de calcul entier sont représentés dans la Figure VI.7. Comme l’on pouvait s’y attendre, le SPL
de la partie se propageant vers la droite est homogène à une valeur fixe avant le liner. Cette
dernière subit ensuite l’effet de la discontinuité, créant une variation selon y. La valeur la plus
faible se trouve en bas du conduit, où se trouve le liner. Cette valeur de SPL diminue ensuite
au fur et à mesure de la propagation au dessus du liner et se stabilise alors après la seconde
discontinuité. Concernant la partie se propageant vers la gauche, le SPL est nul avant le liner
acoustique et présente de fortes variations à l’arrivée sur ce dernier. Le SPL diminue ensuite de
façon similaire à la contribution à droite lorsque l’onde se propage au dessus du liner. Ces ondes
proviennent exclusivement de la réflexion de l’onde se propageant vers la droite au niveau du
bord de fuite du liner. Entre l’entrée du domaine de calcul et le bord d’attaque du liner, les
valeurs de SPL de l’onde se propageant vers la gauche sont bien plus importantes du fait que
l’onde incidente possède elle-même un SPL bien plus important (≈ 130 dB) au niveau de la
première discontinuité qu’au niveau de la seconde (≈ 104 dB). Tout comme dans la Figure VI.6,
la chute brusque de SPL peut être observée mais de façon locale. En effet, cette dernière n’est
pas présente dans toute la hauteur du domaine. Enfin, des discontinuités peuvent être observées
pour chacune des composantes avant de disparaître lorsque qu’elles sont sommées ensemble.
Cela est dû au fait que la continuité de la solution n’est garantie que pour le résultat total.
160 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

Figure VI.7 – Décomposition du champ 2D de SPL selon le sens de propagation des ondes
pour la Configuration B à f = 3000 Hz

4 Effet du profil de vitesse sur l’absorption du liner


CT57
L’exploration du domaine de validité des équations one-way associées à une méthode de
décomposition de domaine est étendue dans cette section. En effet, un cas ne présentant pas
d’écoulement de base dans le conduit est étudié sur une gamme de fréquence dans la Section
VI.4.1. De la même façon, la question de l’effet qu’a la forme de l’écoulement de base sur le
résultat est abordée dans la Section VI.4.2.

4
<(Z), =(Z)

−2

500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000


Frequency (Hz)

Figure VI.8 – Partie réelle et imaginaire de l’impédance pour les cas où Mmoy = 0 ( et
) et Mmoy = 0.335 ( et )

Ces deux cas de figure sont différenciés par leur nombre de Mach moyen Mmoy = 0 et
4. EFFET DU PROFIL DE VITESSE SUR L’ABSORPTION DU LINER CT57 161

Mmoy = 0.335. Le choix a été fait de suivre le modèle proposé dans [Deng et al., 2019] afin
d’obtenir la valeur de l’impédance pour chaque valeur de fréquence. De plus, la particularité de
ce modèle est qu’il a été modifié afin de coller au mieux aux valeurs expérimentales en fonction
de la vitesse de l’écoulement de base bien que, en théorie, ce dernier n’intervienne pas dans la
valeur de l’impédance. Ainsi, les différentes valeurs d’impédance utilisées pour les cas présentés
dans les deux prochaines sections sont représentées dans la Figure VI.8.

4.1 Cas sans écoulement


Dans cette section, la propagation des ondes à l’intérieur du conduit présentant une section
traitée acoustiquement est simulée dans un environnement au repos. Les méthodes numériques
utilisées sont les mêmes que dans les cas précédents avec la résolution des équations d’Euler
linéarisées par une méthode de différences finies en y et une méthode de GD en x. La particularité
de ce cas d’étude est que le milieu de propagation ne présentant pas de variation dans la direction
transverse et qu’une onde plane est imposée en entrée, seulement 15 points sont nécessaires
en y tandis que 300 points sont utilisés en x. Ce maillage a été adapté pour le cas présentant
la plus haute fréquence mais il est utilisé pour toutes les autres fréquences. La même gamme
de fréquence que dans le cas précédent (de 500 à 3000 Hz tous les 500 Hz) est utilisée dans
ce cas pour les mêmes raisons. Les caractéristiques du conduit correspondent à celles de la
Configuration A.
Le nombre de coefficients β± est de 8, ce qui est suffisant pour obtenir une erreur moyenne
relative, en norme euclidienne, de 1 × 10−9 sur le spectre approché de l’opérateur de propagation.
L’erreur relative maximale est, quant à elle, plus grande de deux ordres de grandeur avec une
valeur de 1 × 10−7 .
La Figure VI.9 montre les valeurs de SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique. Les
valeurs de SPL obtenues grâce aux simulations one-way peuvent être directement comparées aux
données expérimentales de [Jones et al., 2005] et une bonne précision pour toutes les fréquences
peut être observée. Il en va de même pour la comparaison avec les résultats numériques tirés de
[Monteghetti et al., 2018] qui ont été obtenus grâce à une simulation 2D temporelle. Encore une
fois, les variations de SPL avant et dans le domaine du liner (i.e. x ≤ 0.609 m) proviennent du
fait que deux types d’ondes coexistent. En effet, l’onde incidente se propageant vers la droite et
l’onde réfléchie au niveau des discontinuités se propageant vers la gauche sont additionnées ici.
Il est possible de remarquer que dans le domaine du liner ces oscillations se font plus faibles que
dans le cas précédent présentant un écoulement. En particulier, avant le liner (i.e. x ≤ 0.203
m), ce phénomène oscillatoire est particulièrement visible à f = 500 Hz et f = 1000 Hz. Cela
indique que la réflexion des ondes est correctement capturée par les simulations one-way par
rapport à la résolution temporelle, qui les prend naturellement en compte. Concernant le coût
de calcul, chaque cas est simulé avec 5 itérations et avec un temps de restitution de 0.60 s. Les
simulations sont ici faites sur deux processeurs Intel Xeon E5-2690V4 cadencés à 2.60 GHz avec
une parallélisation en MPI (la bibliothèque OpenMP n’est pas utilisée ici). Le même maillage
et le même nombre de coefficients β± ayant été utilisés pour les six simulations, ce temps de
restitution reste indépendant de la fréquence étudiée.
La question de la convergence de la méthode de décomposition de domaine en fonction
du nombre d’itérations est abordée dans la Figure VI.10. La norme relative L2 de la solution
one-way dans chaque domaine et pour chaque sens de résolution est montrée pour 20 itérations.
C’est le cas f = 3000 Hz qui est représenté ici. La norme de la solution dans chaque domaine
est relative à la solution de la première itération pour laquelle elle n’est pas nulle dans le sens
droit ou gauche. En effet, pour la première itération, seul le domaine Ω1 est initialisé pour une
résolution vers la droite. Les normes relatives dans les autres domaines et les autres directions
apparaissent avec des valeurs de 1 lorsque les résolutions one-way sont initialisées pour la
162 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

f = 3.0 kHz
130

120

110

100

130 f = 2.5 kHz


120

110
SPL (dB)

130 f = 2.0 kHz

130 f = 1.5 kHz


120
f = 1.0 kHz
130

120

110

100

90

80

70

130 f = 0.5 kHz

120
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8
x (m)

Figure VI.9 – SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration A) sans
écoulement de base. Comparaison entre les données expérimentales ( ) de [Jones et al., 2005],
la résolution temporelle ( ) de [Monteghetti et al., 2018] et les simulations one-way avec
décomposition de domaine ( )
4. EFFET DU PROFIL DE VITESSE SUR L’ABSORPTION DU LINER CT57 163

1.0000

Norme relative L2
0.9995

0.9990

0.9985

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Itération

Figure VI.10 – Norme relative L2 des solutions one-way vers la droite et vers la gauche dans
chaque domaine en fonction du nombre d’itérations à f = 3000 Hz. les itérations vers la droite
sont représentées par tandis que les itérations vers la gauche le sont par . Le domaine Ω1
est associé aux symboles , le domaine Ω2 est associé à et le domaine Ω3 est associé à

première fois. C’est la raison pour laquelle les normes de la résolution vers la gauche dans le
domaine Ω1 et vers la droite dans Ω2 apparaissent à la deuxième itération. De la même façon, la
résolution vers la gauche dans le domaine Ω2 et vers la droite dans Ω3 ne présentent une norme
non nulle qu’à la troisième itération. Pour la résolution vers la gauche dans ce dernier domaine,
sa norme n’apparaît pas du tout car la simulation n’est pas initialisée au niveau de la sortie de
domaine. De la même façon, la norme de la résolution one-way vers la droite dans le domaine
Ω1 reste la même tout au long de la simulation car l’initialisation reste identique du début à
la fin. Cette initialisation est faite, dans ce cas, par une onde plane obtenue par une analyse
de stabilité locale. Finalement, il est possible de voir que la norme L2 relative change avec des
ajustements mineurs après la première apparition avant de se stabiliser. C’est le cas pour tous
les domaines et toutes les directions de résolution après seulement 5 itérations. Cela indique
qu’aucune modification des ondes réfléchies et réfractées n’est faite au delà, indiquant que la
simulation est bien convergée. Cette conclusion pouvant être appliquée aux six simulations
présentées ici, tous les résultats montrés sont donc obtenus après cinq itérations.

4.2 Cas avec écoulement


Le même cas que dans la section précédente est ici étudié à la différence près qu’un écoulement
de base est présent. Cet écoulement, avec un nombre de Mach moyen de 0.335, est modélisé de
deux façons différentes afin de déterminer l’impact de l’épaisseur des couches limites sur les
résultats one-way obtenus. Cette problématique est abordée par la Section VI.4.2.1. La Section
VI.4.2.2 s’intéresse, quant à elle, à la construction de la matrice de diffusion du conduit grâce à
la méthode one-way qui permet de décomposer les ondes selon leur sens de propagation. Cela
permet alors un accès direct aux informations nécessaires à la construction d’une telle matrice
partout dans le domaine.

4.2.1 Différentes épaisseurs de couche limite


Tout comme dans les cas précédents, l’écoulement de base n’est décrit que par sa vitesse
axiale dépendant seulement de y. Deux de ces écoulements sont ici étudiés. Le premier reprend
l’expression (V.31) et respecte donc un profil parabolique modélisant un écoulement dont les
164 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

couches limites, épaisses, prennent l’entièreté du conduit. Notée Cas 1, cette configuration sera
comparée à un autre écoulement de base présentant des couches limites plus fines, appelé Cas 2.
En effet, dans ce cas là, les couches limites ne sont pas développées dans tout le conduit, ce qui
entraîne un plateau de vitesse au centre ainsi que des gradients de vitesse bien plus forts près
des parois. Cet écoulement est défini par la relation suivante :
my !
my + 1 2y
u0 (y) = M a 1− 1− , (VI.15)
my Ly
où, dans notre cas, my = 5 est le coefficient paramétrant l’épaisseur des couches limites et
M = 0.336. Cette expression est tirée de [Deng et al., 2019] où la troisième composante selon
z a été supprimée. En effet, les simulations restent, ici, en 2D. La valeur de M a été choisie
afin de garantir un même nombre de Mach moyen de 0.335 que dans le cas de l’écoulement de
Poiseuille parabolique (Mmax = 0.505). Les deux profils de vitesse étudiés ici sont comparés aux
valeurs expérimentales dans la Figure VI.11.

·10−2
5

3
y (m)

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5
Vitesse axiale

Figure VI.11 – Vitesse axiale sans dimension de l’écoulement de base pour le Cas 1 ( ) et
le Cas 2 ( ) comparée aux valeurs expérimentales ( )

La présence d’un mode instable autour de la fréquence 1000 Hz avec des vitesses d’écoulement
équivalentes a déjà été rapportée dans plusieurs études [Marx, 2015; Deng et al., 2019; Dai
et Aurégan, 2018]. Cette instabilité est due à l’émergence d’un mode de surface au niveau du
liner acoustique lorsque le cisaillement de l’écoulement près de la paroi, provenant des couches
limites, devient important. Cette instabilité, globale dans le cas des équations d’Euler, devient
convective et est donc bien plus facile à capturer numériquement lorsque la viscosité du fluide
est prise en compte [Marx et Aurégan, 2013]. C’est la raison pour laquelle les écoulements de
base étudiés ici possèdent des couches limites suffisamment épaisses pour éviter l’apparition
de ce mode instable dans le spectre de l’opérateur de propagation. Malgré cela, des effets
pouvant trahir la proximité de cette instabilité peuvent être observés. En effet, la simulation
à la fréquence 1000 Hz a nécessité un maillage raffiné au niveau des parois afin d’obtenir un
résultat convergé. Cela s’accompagne de variations fortes du SPL à proximité de la condition
d’impédance et qui augmentent en amplitude avant d’être convectées lorsqu’elles repassent dans
une partie stable du domaine de calcul (Ω3 ). Ce phénomène semble être très local, étant donné
que toutes les autres simulations faites avec d’autres valeurs de la fréquence ne montrent aucun
signe d’instabilité.
Toutes les autres simulations ont été faites avec le même schéma aux différences finies
4. EFFET DU PROFIL DE VITESSE SUR L’ABSORPTION DU LINER CT57 165

compactes que précédemment dans la direction transverse. La résolution le long de x a été


faite grâce à une méthode DG utilisant un ordre polynomial de deux. Concernant les points de
discrétisation, la plupart des cas ont utilisé un maillage composé de 75 points en y avec des
raffinements près de la paroi. Le long de l’axe x, ce sont 300 points qui ont été utilisés pour
l’algorithme de marche. Le cas présentant une fréquence de 1000 Hz a requis une augmentation
du nombre de points de discrétisation en y jusqu’à 200 avec un raffinement similaire aux autre
fréquences au niveau des parois, dans le but de capturer correctement les ondes de surface.
Le nombre de coefficients β± requis pour ces simulations est de 9, à l’exception encore une
fois du cas 1000 Hz où un nombre de 15 a été utilisé, du fait de sa complexité supérieure. Ces
ensembles de coefficients ont été choisis afin de garantir une erreur relative moyenne, en norme
euclidienne, de l’ordre de 1 × 10−9 pour le spectre approché et avec une erreur relative maximale
d’environ 1 × 10−7 sur un seul mode.
Les valeurs de SPL obtenues grâce à une extraction linéaire sur la paroi opposée au liner
acoustique sont reprises dans la Figure VI.12. Ces valeurs de SPL ont été tracées pour les
Cas 1 et 2 et sont directement comparables aux résultats numériques de [Deng et al., 2019],
obtenus à l’aide d’une méthode de mode matching également basée sur les équations d’Euler
linéarisées. Il est à noter que ces résultats numériques ont été obtenus avec un écoulement de
base légèrement différent de celui utilisé dans le Cas 2. En effet, l’expression reste la même
mais le coefficient utilisé pour l’épaisseur de couche limite est de my = 24 contre 5 dans notre
cas. Cela a pour effet la création de couches limites encore plus fines au niveau des parois
faisant apparaître une instabilité lorsque f = 1000 Hz. Dans les six simulations, les résultats
one-way sont très proches les uns des autres, peu importe la forme de l’écoulement de base. La
même conclusion peut être tirée avec la méthode de mode matching qui fournit des résultats
similaires pour toutes les fréquences étudiées ici. De la même façon, les résultats one-way
sont très proches des données expérimentales à l’exception des cas à 1000 et 3000 Hz où des
différences d’environ 10 dB peuvent être remarquées. Cette divergence dans les résultats fournis
peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Tout d’abord, pour le cas f = 3000 Hz, la présence
d’un mécanisme non linéaire ou l’apparition d’ondes 3D pourraient être à l’origine d’une telle
différence. Ensuite, cette configuration du conduit avec liner acoustique présente une fréquence
de résonance autour de f = 1000 Hz avec ces valeurs d’écoulement de base. Cela mène à une
sensibilité importante sur la valeur d’impédance utilisée, qui provient d’un modèle basé sur des
relevés expérimentaux, créant de ce fait des approximations. Cela peut également expliquer
pourquoi à la fois les simulations one-way et la méthode de mode matching se trouvent aussi loin
des résultats expérimentaux. Enfin, une autre raison à une telle différence, et la plus importante
à nos yeux, est que l’instabilité générée par le liner n’est pas totalement, voire pas du tout, prise
en compte par les simulations one-way à cause du choix de l’écoulement de base. Ainsi, négliger
ce mécanisme d’instabilité entraîne un amortissement des ondes bien plus important que ce qui
a été observé expérimentalement. Le même constat s’applique à la méthode de mode matching
de [Deng et al., 2019], qui ne prend pas en compte les modes instables. Il est à noter que dans
le même article, une simulation 2D fréquentielle des équations d’Euler a été faite dans ce cas,
entraînant une instabilité du calcul ne permettant pas d’obtenir un résultat satisfaisant. Ainsi,
les différences observées entre la méthode one-way et les résultats expérimentaux s’expliquent,
à notre avis, par les limitations du modèle d’équations utilisé. Appliquer la méthode one-way
aux équations de Navier-Stokes linéarisées (faisant passer cette instabilité d’un état absolu à
convectif) fait actuellement l’objet d’une thèse et pourrait permettre de répondre définitivement
à cette question. Au final, dans le reste des cas, les simulations one-way permettent d’obtenir
des résultats relativement précis pour un temps de calcul contenu.
Toutes les simulations one-way ont été faites sur les mêmes processeurs que précédemment
et deux d’entre eux sont utilisés en MPI avec 4 threads chacun en OpenMP. Les simulations ont
été menées à bien en 7 secondes environ, à l’exception, encore une fois, du cas à 1000 Hz. Cela
166 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

f = 3.0 kHz
130

120

110

100

90

130 f = 2.5 kHz


120
SPL (dB)

130 f = 2.0 kHz

130 f = 1.5 kHz

130 f = 1.0 kHz

120

110

100

90

80
130 f = 0.5 kHz

120
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8
x (m)

Figure VI.12 – SPL le long de la paroi opposée au liner acoustique (Configuration A).
Comparaison entre les données expérimentales ( ) de Jones et al. [2005], la méthode de mode
matching ( ) de Deng et al. [2019] et les simulations one-way avec décomposition de domaine
dans le Cas 1 ( ) et le Cas 2 ( )
4. EFFET DU PROFIL DE VITESSE SUR L’ABSORPTION DU LINER CT57 167

est dû au nombre bien plus important de points de discrétisation dans la direction transverse.
Ce cas particulier a été résolu en 53.43 secondes avec toujours deux processeurs en MPI et avec
8 threads en OpenMP.

4.2.2 Analyse de la performance des liners par la construction de la matrice de


diffusion
Une des particularités des équations one-way est qu’il est possible de naturellement décom-
poser le résultat obtenu selon que les ondes se propagent vers la droite ou vers la gauche. De
plus, cela est possible dans tout le domaine de calcul et pour toutes les variables sans traitement
supplémentaire. Ainsi, la partie réelle de la perturbation de vitesse verticale (v)est décomposée
dans la Figure VI.13 pour le Cas 2 avec une fréquence de 2500 Hz. La partie se propageant vers la
droite est affichée en premier. Dans le domaine d’entrée (Ω1 ), l’onde plane imposée en entrée est
propagée sans variation jusqu’à la première discontinuité. Les conditions aux limites transverses
sont bien respectées avec v = 0. Au delà de cette première interface, la condition d’impédance
est imposée en bas, laissant la vitesse transverse à la paroi évoluer en relation avec la pression.
Ainsi, la paroi du liner n’est pas imperméable et on peut voir que le fluide est successivement
aspiré en dehors et injecté à l’intérieur du conduit sur toute la longueur du liner. Après la
seconde interface, les parois rigides sont à nouveau imposées, mettant fin à la perméabilité de
la paroi. Une onde plane est à nouveau propagée jusqu’à sa sortie du domaine. Concernant la
partie se propageant vers la gauche, l’échelle de couleur utilisée est plus restreinte que celles des
deux autres champs. Comme prévu, rien ne se passe dans le domaine Ω3 étant donné qu’aucune
onde n’est imposée au niveau de la sortie. Ainsi, les perturbations apparaissant au niveau de la
seconde discontinuité proviennent exclusivement de la réflexion de l’onde incidente. On peut
voir que le même profil de vitesse transverse apparaît avec des aspirations et des injections
successives au niveau du liner avec une atténuation très rapide des amplitudes. Au niveau de la
première discontinuité, les perturbations proviennent principalement de la réflexion de l’onde
incidente ainsi que de la transmission de l’onde provenant de Ω2 (de façon très minoritaire).
Une onde se propageant vers la gauche apparaît alors dans le domaine Ω1 . Au final, la somme
de ces deux contributions est présentée dans le troisième champ 2D et la solution ne présente
aucune discontinuité au niveau des interfaces. Cette absence de discontinuité est un argument
supplémentaire de la bonne approximation des matrices de pseudo-vecteurs propres utilisées
pour la projection des ondes et de la bonne convergence du processus itératif utilisé avec la
méthode de décomposition de domaine.
L’obtention de cette décomposition en composantes vers la droite et vers la gauche de façon
naturelle et sur tout le domaine de calcul permet un accès direct à la matrice de diffusion, notée
S, partout dans le conduit. Cette matrice est fréquemment utilisée dans le but d’évaluer les
performances des liners acoustiques [Åbom, 1991; Taktak et al., 2008] mais également d’autres
configurations [Félix et Pagneux, 2002; Merk et al., 2018]. Cette matrice de diffusion peut, dans
notre cas, être exprimée de la façon suivante :
! ! !
p3+ S++ S+− p1+
1 = , (VI.16)
p− S−+ S−− p3−
où p1+ et p1− sont, respectivement, les valeurs des perturbations de pression des ondes se
propageant vers la droite et vers la gauche au niveau de l’entrée du domaine. De façon similaire,
p3+ et p3− correspondent aux valeurs des perturbations de pression entraînées par les ondes se
propageant vers la droite et vers la gauche au niveau de la sortie du domaine. Les coefficients
S++ et S−− peuvent être vus comme des coefficients de transmission des ondes se propageant
vers la droite et vers la gauche à travers ce conduit. Les coefficients S−+ et S+− correspondent,
quant à eux, à des coefficients de réflexion de l’onde incidente provenant de l’entrée ou de la
168 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

Figure VI.13 – Décomposition de la fluctuation instantanée de vitesse transverse en ses


contributions vers la droite et vers gauche pour le Cas 2 pour une fréquence de 2500 Hz

sortie du conduit.
Les modules de ces coefficients de diffusion sont montrés dans la Figure VI.14 en fonction de
la fréquence, pour ce conduit et ce liner particulier et pour les deux profils de vitesse. Les valeurs
obtenues pour S++ et S−+ proviennent directement des simulations présentées précédemment
avec l’ajout de simulations supplémentaires entre elles. Ces simulations ont été faites avec les
mêmes paramètres que ceux utilisés dans les cas précédents avec une onde plane de 130 dB
imposée en entrée de domaine (source gauche). Cependant, pour obtenir les valeurs de S−− et
S+− , un autre ensemble de simulations a été réalisé avec une onde plane se propageant vers la
gauche utilisée pour l’initialisation et imposée au niveau de la sortie du conduit (source droite)
avec le même SPL de 130 dB. La valeur des perturbations de pression des ondes se propageant
vers la droite et vers la gauche en entrée et en sortie de domaine a été moyennée sur toute la
hauteur du conduit pour le calcul des coefficients de diffusion.
Concernant les ondes incidentes se propageant vers la droite (Figure VI.14a), comme prévu,
on peut voir que la transmission de l’onde est très faible autour de 1000 Hz et de 3000 Hz.
Cependant, il est nécessaire de rappeler que l’amortissement des ondes a été, respectivement,
sur et sous-estimé dans le cas d’une source à gauche pour ces deux fréquences. En particulier,
pour le cas à 1000 Hz, cette surestimation peut être expliquée par la non prise en compte de
l’instabilité, comme expliqué précédemment. À cette même fréquence, le coefficient S−+ montre
un pic, indiquant qu’une partie importante de l’onde incidente est réfléchie en arrière, à travers
l’entrée du conduit. Ce phénomène ne semble pas apparaître dans le cas à plus haute fréquence
(3000 Hz) lorsque la transmission diminue à nouveau. De plus, le profil de vitesse utilisé pour les
différentes simulations semble avoir un effet minime sur les coefficients de diffusion, à l’exception
du cas à 1250 Hz où le coefficient S++ est deux fois plus grand dans le Cas 2 que dans le Cas 1
(les courbes restent cependant très proches).
Lorsqu’une onde est propagée vers la gauche à travers cette section de liner (Figure VI.14b), le
coefficient de diffusion (S−− ) se comporte de la même façon que l’autre coefficient de transmission
S++ mais avec des valeurs plus faibles et un décalage vers les fréquences plus basses pour les
pics d’amortissement. De plus, la gamme de fréquence pour laquelle la transmission est faible
4. EFFET DU PROFIL DE VITESSE SUR L’ABSORPTION DU LINER CT57 169

0.8 0.8

0.6 0.6
|S++ |

|S+− |
0.4 0.4

0.2 0.2

0 0
500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000
Fréquence (Hz) Fréquence (Hz)
0.8 0.8

0.6 0.6
|S−+ |

|S−− |

0.4 0.4

0.2 0.2

0 0
500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000
Fréquence (Hz) Fréquence (Hz)
(a) Source gauche (b) Source droite

Figure VI.14 – Module des coefficients de la matrice de diffusion du conduit partiellement


traité acoustiquement pour le Cas 1 ( ) et le Cas 2 ( )

est plus large que pour son équivalent dans le sens opposé. L’évolution du coefficient de réflexion
en fonction de la fréquence ressemble, encore une fois, fortement à celle de son pendant dans
l’autre direction. La principale différence est la valeur maximale prise qui est bien plus petite
dans ce cas-là sans que le pic ne soit pour autant décalé (autour de 1000 Hz). Le fait que les
coefficients de diffusion soient plus petits dans cette direction que dans l’autre peut indiquer
que le liner acoustique agit de façon plus efficace sur les ondes se propageant vers l’amont que
vers l’aval.
La possibilité de décomposer les ondes suivant leur sens de propagation avec les équations
one-way permet de déterminer plus précisément les effets du liner acoustique sur ces deux
ensembles en laissant de côté l’effet des discontinuités. La réduction des perturbations de
pression à l’intérieur du domaine du liner en fonction de la fréquence étudiée pour les ondes
se propageant vers la droite et vers la gauche est représentée dans la Figure VI.15a. Cette
réduction est tracée à la fois pour le Cas 1 et pour le Cas 2. Les valeurs des perturbations de
pression sont toujours moyennées sur toute la hauteur du conduit et sont prises au niveau des
interfaces à l’intérieur du domaine Ω2 . La différence de l’écoulement de base, une fois de plus,
n’a qu’un effet mineur sur l’évolution de l’amortissement des ondes en fonction de la fréquence.
170 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES

100 100

80 80
Réduction (%)

Réduction (%)
60 60

40 40

20 20
500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000
Fréquence (Hz) Fréquence (Hz)
(a) Source gauche (b) Source droite

Figure VI.15 – Réduction du module des perturbations de pression dans le domaine du liner
(Ω2 ). La réduction des ondes se propageant vers la droite est tracée en continu ( ) tandis que
celle des ondes se propageant vers la droite est tracée en pointillés ( ). Le Cas 1 est en bleu
( ) tandis que le Cas 2 est en orange ( )

En revanche, la présence d’un écoulement de base affecte ce mécanisme d’amortissement en


fonction du sens de propagation de l’onde. En effet, les ondes se propageant vers l’aval sont bien
plus transmises à travers le domaine du liner que ne le sont les ondes se propageant vers l’amont.
Cela est vrai en dehors de la fréquence f = 1000 Hz et autour des 3000 Hz. Cette différence
de réduction pourrait être expliquée par la différence de longueur d’onde des ondes propagées
mais également par la nature même de ces dernières. Les ondes se propageant vers la gauche et
vers la droite peuvent contenir des modes acoustiques. Cependant, les modes convectifs ne se
propageant que vers l’aval de l’écoulement, ces derniers peuvent s’ajouter pour la partie droite
[Rienstra, 2003]. Ces ondes convectées semblent moins affectées par le liner que les autres ondes
acoustiques (du fait de l’amortissement inférieur). Le bon amortissement de l’onde incidente à
certaines fréquences pourrait être expliqué par le fait que les ondes convectées sont alors moins
excitées par la rupture d’impédance que pour d’autres fréquences.
Les mêmes données sont tracées dans la Figure VI.15b mais pour le cas où l’initialisation
du calcul s’est faite par la droite au niveau de la sortie du domaine. Même si, encore une
fois, aucune différence notable n’apparaît entre les deux écoulements de base étudiés pour une
fréquence de plus de 1500 Hz, ce n’est pas le cas pour les fréquences plus basses. En effet, le
pic de réduction aux alentours de f = 1000 Hz est plus bas dans le Cas 1 que dans le Cas
2. Le fait que l’amortissement des ondes se propageant vers la droite soit moins important
pourrait indiquer que les modes excités par la réflexion au niveau de la première discontinuité
soient différents de ceux excités dans le Cas 1. Cette différence de réduction est ici visible car
les ondes entrantes dans le domaine du liner, au niveau de son bord d’attaque, proviennent
uniquement de la réflexion de l’onde incidente se propageant vers la gauche. Or cette onde
réfléchie est, dans le cas précédent (source gauche), noyée au milieu de la transmission de l’onde
incidente se propageant vers la droite. Ainsi, dans le cas où l’écoulement de base présente des
couches limites extrêmement fines et où l’impédance du liner crée un mode instable (comme
dans le modèle expérimental), l’onde transmise et l’onde réfléchie pourraient exciter cette onde
de surface hydrodynamique. Cela mènerait alors à un amortissement de l’onde moins efficace de
la part du liner. De plus, les valeurs plus importantes de réduction pour les ondes réfléchies
vers la droite (Figure VI.15b) par rapport aux ondes incidentes vers la droite (Figure VI.15a)
5. BILAN 171

pourraient indiquer que les modes excités par la réflexion ne sont pas les mêmes que ceux excités
par la réfraction. C’est pourquoi l’effet du liner sur ces derniers ne serait alors pas le même. Au
final, la réduction vers la gauche possède, ici, des valeurs bien plus importantes que la réduction
vers la droite, à partir d’une source à gauche. Ce phénomène confirme pourquoi les coefficients
de transmission et de réflexion S−− et S+− possèdent des valeurs plus faibles que S++ et S−+ ,
respectivement.
Il est cependant nécessaire de garder en mémoire que ces explications restent pour le moment
des suppositions. En effet, afin de les confirmer ou de les infirmer, des études plus approfondies
doivent être menées et la méthode des équations one-way pourrait se révéler un bon outil
permettant de décomposer et d’extraire ces phénomènes complexes.

5 Bilan
L’application des équations one-way dans le cadre de la caractérisation des liners acoustiques
a fait l’objet d’un développement dans ce chapitre. Ainsi, une présentation du cas étudié a été
faite. Un conduit 2D présentant une partie de sa paroi inférieure traitée avec un liner acoustique
sert de base aux différentes simulations faites dans ce chapitre. C’est la discontinuité dans cette
condition aux limites qui donne naissance à la réflexion et la réfraction d’ondes, menant à la
décomposition de domaine. Une condition d’impédance reliant la pression à la vitesse normale
à la paroi est utilisée. De plus, les particularités du cas, présentant un écoulement parallèle,
simplifient les équations one-way. Ces simplifications font donc l’objet d’une discussion et
permettent l’expression des équations OWE sous leur forme caractéristique avant discrétisation.
Tout d’abord, une première application est faite dans le conduit avec la méthode de
décomposition de domaine. Les résultats obtenus se montrent en accord avec ceux obtenus dans
le cadre d’une résolution temporelle directe sur toute la longueur du domaine. Cela indique la
bonne prise en compte des ondes réfléchies et des ondes réfractées au niveau des discontinuités
ainsi que la bonne application de la condition d’impédance. Une comparaison entre cette
méthode et les séries de Bremmer utilisant une condition aux limites régularisée est faite. Cette
dernière montre une bonne convergence des séries vers la méthode de décomposition de domaine
lorsque les variations se font de plus en plus fortes.
D’autres applications sur cette configuration sont ensuite faites. Tout d’abord, la méthode
de décomposition de domaine est appliquée à toute une gamme de fréquence. Les résultats
montrent une nouvelle fois un bon accord avec les résultats numériques de référence et les
données expérimentales. D’autres simulations sont faites sur la même gamme de fréquence
avec et sans écoulement de base ainsi qu’avec des épaisseurs de couches limites différentes. La
question du coût de calcul est également abordée pour chacun de ces cas.
Enfin, la décomposition des ondes selon leur sens de propagation sur l’ensemble de domaine
de calcul est utilisée dans le but de former les matrices de diffusion, fréquemment utilisées pour
la caractérisation des liners. Ainsi, cette méthode est proposée comme un outil supplémentaire
permettant d’en apprendre plus sur les différents mécanismes impliqués dans ce genre d’appli-
cations. En effet, cette décomposition naturelle des ondes permet d’obtenir des informations
supplémentaires sur le comportement des ondes réfléchies et transmises à travers les disconti-
nuités. Cependant, l’analyse faite dans cette partie nécessite un travail supplémentaire afin de
confirmer la pertinence des phénomènes observés et elle ne sert ici que de moyen d’illustration
des possibilités de cette méthode.
172 CHAPITRE VI. APPLICATION AUX MATÉRIAUX ABSORBANTS ACOUSTIQUES
Chapitre VII

Application au bruit de jet

Sommaire
1 Équations d’Euler axisymétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
1.1 Projection dans le repère cylindrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
1.2 Mise en forme one-way . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
1.3 Conditions aux limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
2 Jet en conduit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
2.1 Stabilité de l’écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
2.2 Propagation des modes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
3 Jet chaud subsonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
3.1 Caractéristiques du jet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
3.2 Résultats numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

Ce chapitre se concentre sur l’application des équations one-way au cas de la propagation


d’onde dans les jets axisymétriques et subsoniques. La dérivation des équations d’Euler et
leur mise en forme one-way dans le cas particulier du repère cylindrique est faite dans la
Section VII.1. Un premier cas d’application est étudié par l’intermédiaire des équations one-way
simples du fait du caractère parallèle de l’écoulement dans la Section VII.2. En particulier, la
question de l’isolation de certains modes est abordée. Enfin, une seconde application, basée sur
un cas physique, est faite grâce aux séries de Bremmer sur un jet chaud subsonique dans la
Section VII.3. Une comparaison des simulations one-way avec des données expérimentales, une
simulation LES et les PSE est faite. Enfin, un bilan est dressé sur l’application de ce genre de
méthode pour les jets avec la Section VII.4.

173
174 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

1 Équations d’Euler axisymétriques


Pour l’étude du bruit de jet, une simplification fréquemment faite est de considérer que
l’écoulement de base est axisymétrique. Cela permet l’utilisation de systèmes d’équations
utilisant cette caractéristique afin de réduire le problème à résoudre. En effet, en moyennant
les grandeurs selon la direction azimutale, il est possible de passer d’un système d’équations
3D à un système 2D. Pour cela, il est nécessaire de procéder à un changement de repère et
d’appliquer une décomposition modale dans la direction azimutale afin de prendre en compte
la structure des modes dans cette direction. Les détails de cette transformation des équations
sont présentés dans la Section VII.1.1. Les particularités de la transformation du système sous
la forme d’équations one-way sont quant à elles expliquées dans la Section VII.1.2. Enfin, les
conditions aux limites appliquées pour les différents cas présentés par la suite sont dérivées
dans la Section VII.1.3.

1.1 Projection dans le repère cylindrique


Dans les applications de jet, de par la nature même de l’écoulement, il est fréquent d’assimiler
le problème à résoudre à un problème axisymétrique. En effet, Cela permet d’alléger la résolution
des équations, qui ne se fait plus que sur un domaine 2D tout en prenant en compte de certains
phénomènes 3D. Pour cela, il est tout d’abord nécessaire de projeter les équations du repère
cartésien classique (x, y, z) dans le repère cylindrique (x, r, θ). Dans ce repère, l’axe ex se trouve
le long de l’axe du jet étudié, dans le sens de l’écoulement. L’axe er représente la direction
radiale tandis que eθ décrit la direction azimutale. Le changement de coordonnées effectué
s’écrit alors de la façon suivante :




x=x
y = r cos(θ) . (VII.1)



z = r sin(θ)
Le problème étudié étant un problème 3D, le nombre d’équations, dans le cas des équations
d’Euler, passe au nombre de cinq. Les équations d’Euler, en prenant l’équation d’énergie en
fonction de l’enthalpie spécifique, s’écrivent :



= −ρ∇ · U






 dt

 dU ∇p
=− , (VII.2)


 dt ρ
dh 1 dp





 =
dt ρ dt
avec ρ la masse volumique du fluide, U le vecteur vitesse dont les composantes sont u, v et w
selon x, y et z, p la pression et enfin h l’enthalpie spécifique. De façon similaire à la linéarisation
des équations d’Euler dans le cadre 2D (Section V.1), une décomposition du vecteur de variables
q est faite selon les échelles de variation (équation (V.5)). Ainsi, le terme des perturbations q0 ,
utilisé dans le cadre des équations one-way, s’écrit cette fois-ci sous la forme :

q0 (x, r, θ, t) = q
e (x, r)e−iωt+imθ , (VII.3)
avec ω la pulsation temporelle comme précédemment et m le nombre d’onde azimutal. Cette
décomposition en modes normaux permet de décrire la structure d’un mode le long de la
direction azimutale [Herbert, 1997]. Cette apparition du nombre d’onde m provient directement
1. ÉQUATIONS D’EULER AXISYMÉTRIQUES 175

de l’hypothèse de problème axisymétrique utilisée ici. De plus, dans ce cas-là, l’écoulement de


base n’est plus isentropique ce qui entraîne que s0 6= 0 et s0 6= 0. Il est ainsi possible d’écrire :

p0 = ρ0 a2 + ks0 , (VII.4)
avec k la constante de Boltzmann.
L’application de cette décomposition et du changement de repère sur les équations d’Euler
(VII.2) mène aux équations d’Euler linéarisées axisymétriques. Ainsi, l’équation de continuité,
passée en pression devient :

!
∂ pe ∂ pe imw0 ∂p0 ∂p0 ∂ ue ∂ ve imwe ve
−iω pe + u0 + v0 + pe + ue + ve + γp0 + + +
∂x ∂r r ∂x ∂r ∂x ∂r r r
! ! ! .
∂u0 ∂v0 v0 γp0 v0 ∂v0 ∂u0 e 1 ∂p0 ∂p0 e
+γ + + pe − + + h− u0 + v0 h=0
∂x ∂r r h0 r ∂r ∂x h0 ∂x ∂r
(VII.5)
De la même façon, l’équation de conservation de quantité de mouvement selon x s’écrit :

∂ ue ∂ ue imw0 ∂u0 ∂u0 1 ∂ pe 1 ∂p0 1 ∂p0 e


− iω ue + u0 + v0 + ue + ue + ve + − pe + h=0 ,
∂x ∂r r ∂x ∂r ρ0 ∂x ρ0 p0 ∂x ρ0 h0 ∂x
(VII.6)
tandis que celle selon r s’exprime :

∂ ve ∂ ve imw0 ∂v0 ∂v0 2w0 1 ∂ pe 1 ∂p0


−iω ve + u0 + v0 + ve + ue + ve − we + − pe
∂x ∂r r ∂x ∂r r ρ0 ∂r ρ0 p0 ∂r
,
1 ∂p0 e
+ h=0
ρ0 h0 ∂r
(VII.7)
et que celle selon θ peut s’écrire :

∂ we ∂ we imw0 ∂w0 ∂w0 v0 w0 im


−iω we + u0 + v0 + we + ue + ve + we + ve + pe = 0 . (VII.8)
∂x ∂r r ∂x ∂r r r ρ0 r
Enfin, l’équation de l’énergie, exprimée en fonction de l’enthalpie spécifique devient :

! !
e − pe ∂h ∂h imw0 e pe ∂h0 ∂h0
e e
−iω h + u0 + v0 + h− + ue + ve
ρ0 ∂x ∂r r ρ0 ∂x ∂r
! !
1 ∂ pe ∂ pe ∂p0 ∂p0 1 ∂p0 ∂p0
− u0 + v0 + ue + ve + u0 + v0 pe .
ρ0 ∂x ∂r ∂x ∂r ρ0 p0 ∂x ∂r
!
1 ∂p0 ∂p0 e
− u0 + v0 h=0
h0 p0 ∂x ∂r
(VII.9)
Il est ensuite aisé d’isoler les termes contenant une dérivée en x afin d’appliquer les différentes
étapes nécessaires à la formation d’un système one-way.

1.2 Mise en forme one-way


La mise en forme one-way des équations se fait de la même manière que pour les équations
d’Euler présentées dans la Section V.1.2. En effet, les termes impliqués dans les équations d’Euler
176 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

axisymétriques sont suffisamment complexes pour rendre leur expression difficile à obtenir en
termes de variables caractéristiques. Le choix a donc été fait de discrétiser les équations en
variables physiques et d’appliquer la transformation en équations one-way de façon numérique.
Pour cela, le vecteur de variables q
e a été défini de la façon suivante :
 
pe
u
 e
 
e v
q= e  . (VII.10)
w 
 e
h
e

En mettant les équations sous la forme du système (V.11), il vient que la matrice A, contenant
tous les coefficients pondérant les dérivées des variables selon x, doit être diagonalisée selon
A = T ATe −1 . Ici, T et T −1 sont les matrices de transformation tandis que la matrice diagonale
Ae est composée des valeurs propres de A. Ces matrices peuvent être obtenues explicitement.
Ainsi, la matrice Ae s’écrit :
 
u0 + a 0 0 0 0
 0 u0 0 0 0 
 
 
 0
Ae =  0 u0 0 0   , (VII.11)
 0 0 0 u0 0 


0 0 0 0 u0 − a
avec a la vitesse du son définie par :
s
γp0
a= . (VII.12)
ρ0
Ces valeurs propres sont à nouveau classées selon leur signe. Dans le cas d’un écoulement
subsonique, il y a donc quatre valeurs propres positives pour une seule négative. Ainsi, les
variables sont rassemblées en deux ensembles distincts, indicés par + et −, selon le sens de
propagation des modes. Le premier ensemble regroupe quatre variables tandis que le second est
composé d’une seule variable. Les matrices de transformation s’écrivent quant à elle s :
   1 1 
γp0 0 0 0 −γp0 2γp0 2
0 0 0
 1 0 0 0 1   0 0 1 0 0
   
−1
   
 0
T = 1 0 0 0   ; T  0
= 0 0 1 0
 . (VII.13)
 0 0 1 0 0  0 u 0 0 1
 
  0 
1 1
−u0 0 0 1 −u0 − 2γp 0 2
0 0 0
Le changement de variable, nécessaire à l’obtention des équations sous leur forme carac-
téristique, dépend directement des matrices T et T −1 , responsables de cette transformation.
On obtient les variables caractéristiques grâce au changement de variables q = T φ. De plus,
la décomposition des termes φ selon le signe des valeurs propres de A entraîne, pour les jets
subsoniques étudiés ici :

φ1
 
φ   
2
  ; φ− = φ5 .
φ+ =  (VII.14)
φ3 
φ4
En discrétisant ces matrices et en les appliquant au reste des termes des équations d’Euler,
il est possible d’obtenir l’opérateur de propagation discrétisé M auquel le reste des étapes
menant aux équations one-way doit être appliqué. Il est cependant nécessaire d’imposer les
1. ÉQUATIONS D’EULER AXISYMÉTRIQUES 177

conditions aux limites transverses sur les variables concernées, juste avant ou juste après ce
premier changement de variables.

1.3 Conditions aux limites


L’utilisation des équations d’Euler axisymétriques impose l’implémentation de conditions
aux limites particulière. Ainsi, dans le cadre des équations one-way, la conditions d’entrée et celle
de sortie sont naturellement prises en compte (selon l’axe). Des conditions transverses (selon r)
doivent être dérivées, en particulier au niveau de l’axe. En effet, du fait de la présence de termes
en 1r dans les équations, ces dernières ont tendance à dégénérer lorsque r → 0. C’est pourquoi
l’utilisation d’une condition sur l’axe est nécessaire afin de garantir la continuité et la cohérence
de la solution. Ce type de condition, dépendant du mode azimutal étudié est dérivé dans la
Section VII.1.3.1. Du côté opposé, l’écoulement du jet se faisant dans un environnement libre,
une condition aux limites doit être imposée afin de limiter la réflexion des ondes sortantes dans
le domaine d’intérêt. L’application de telles conditions est discutée dans la Section VII.1.3.2.

1.3.1 Conditions sur l’axe


La présence de terme en 1r dans les équations d’Euler linéarisées et axisymétriques entraîne
une singularité proche de l’axe (i.e. r → 0). Afin de traiter cette singularité, il est possible de
multiplier les équations par r et d’étudier leur comportement en faisant tendre r vers 0 [Léon,
2012]. Cependant, il existe des méthodes qui permettent d’imposer une condition sur l’axe de
façon plus générale [Khorrami et al., 1989]. En particulier, cette méthode peut être utilisée dans
le cadre des équations non-linéaires où cette problématique de singularité devient bien plus
importante. La première condition imposée vise à ce que toutes les variables soient continues et
bornées au niveau de l’axe mais également indépendantes de θ. Cela est également valable pour
leurs dérivées radiales. Ainsi, la dérivée selon θ des variables scalaires et vectorielles est imposée
à 0 lorsque r → 0. On obtient donc pour la vitesse :

∂U0
lim = imu0 ex + (imv 0 − w0 ) er + (v 0 + imw0 ) eθ = 0 . (VII.15)
r→0 ∂θ

De la même façon, la relation pour la pression s’écrit :

∂p0
lim = imp0 = 0 , (VII.16)
r→0 ∂θ

et pour l’enthalpie spécifique :

∂h0
lim = imh0 = 0 . (VII.17)
r→0 ∂θ

Ainsi, selon que m = 0 ou |m| = 1, les conditions obtenues ne sont pas les mêmes. En
effet, dans le premier cas, les conditions obtenues portent sur v 0 et w0 qui sont tous les deux
imposés à 0. Au contraire, dans le second cas, ce sont u0 , p0 et h0 qui sont imposés à 0 tandis
que v 0 + imw0 = 0. Cependant, il reste une indétermination dans les deux cas. Pour palier cela,
une seconde condition est imposée, visant à garantir la continuité de la solution à travers deux
plans symétriquement opposés. Ainsi, dans le repère cartésien, on cherche à avoir :

∂q0 ∂q0
lim = lim . (VII.18)
r→0 ∂y r→0 ∂y
θ=0 θ=π
∂ ∂
Or, on obtient en θ = 0, avec ∂y
= ∂r
, er = ey et eθ = ez :
178 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

∂U0
!
∂ ue ∂ ve ∂ we
lim = ex + ey + ez em0 , (VII.19)
r→0 ∂y ∂r ∂r ∂r
θ=0

∂p0 ∂ pe m0
lim = e , (VII.20)
r→0 ∂y ∂r
θ=0

∂h0 ∂h
em0 .
e
lim = (VII.21)
r→0 ∂y ∂r
θ=0

∂ ∂
De la même façon, on obtient en θ = π, avec ∂y
= − ∂r , er = −ey et eθ = −ez :

∂U0
!
∂ ue ∂ ve ∂ we
lim =− ex − ey − ez emπ , (VII.22)
r→0 ∂y ∂r ∂r ∂r
θ=π

∂p0 ∂ pe
lim = − emπ , (VII.23)
r→0 ∂y ∂r
θ=π

∂h0 ∂h
= − emπ .
e
lim (VII.24)
r→0 ∂y ∂r
θ=π

Il est ainsi possible de compléter le système de la façon suivante pour m = 0 :

∂ ue

=0



∂r








 ve =0

 w =0

e
, (VII.25)
 ∂ pe


 =0
∂r







 ∂he
=0



∂r
et pour |m| = 1 :


 ue = 0

∂ ve



=0




 ∂r
ve + imwe = 0 . (VII.26)


pe = 0







 e =0
h
Bien que cette condition soit ici exprimée sous la forme de variables physiques, il est tout
à fait possible de l’imposer sous sa forme caractéristique. C’est d’ailleurs ce qui est fait dans
les simulations one-way présentées dans la suite. Le détail de ces expressions est présenté dans
l’annexe B. Il est à noter que les relations impliquées dans l’imposition de cette condition
aux limites n’utilisent pas de dérivée selon x. Cela entraîne alors l’apparition de valeurs nulles
au niveau des relations remplacées dans la matrice A, e la rendant non-inversible. Il est donc
nécessaire de traiter ces équations comme des singularités et d’utiliser la méthode de réduction
du système comme présentée dans la Section III.1.4 et l’annexe A.
2. JET EN CONDUIT 179

1.3.2 Conditions en champ lointain


L’écoulement du jet se faisant en milieu libre et le domaine de calcul n’étant pas infini, les
conditions aux limites pour r = Rmax doivent atténuer au mieux la troncature du milieu de
propagation afin de diminuer l’impact de cette contrainte sur la solution. En particulier, dans le
cadre des équations one-way, l’entrée et la sortie du domaine sont gérées par l’approximation
one-way elle-même. Ainsi la condition située sur l’axe ayant déjà été définie, c’est la dernière
condition aux limites transverse qui est concernée ici. La méthode employée dans ce manuscrit
est bien plus rudimentaire. Une simple condition de glissement (ve = 0) a été imposée sur
cette paroi. Cette condition a été suffisamment éloignée de la zone d’intérêt (le cœur du jet
et ses alentours directs) afin que les ondes réfléchies n’affectent pas directement, ou très peu,
la solution. Il existe cependant de nombreuses autres méthodes permettant de faire sortir les
ondes transverses du domaine de calcul en minimisant voir en supprimant toute onde réfléchie
dans le domaine. Bien que ces méthodes ne soient pas appliquées ici, une discussion sur les
différentes possibilités offertes est faite dans la suite de cette section.
La construction de conditions non-réfléchissantes est un domaine actif de la recherche dont
les équations one-way présentées dans ce manuscrit sont elles-mêmes issues [Higdon, 1986; Givoli
et Neta, 2003; Hagstrom et al., 2008]. Cependant, leur mise en place peut s’avérer complexe.
En effet, ces conditions étant appliquées sur l’entièreté de la condition aux limites (sur toute
la longueur du domaine), il est nécessaire de prendre en compte l’application de la condition
non-réfléchissante en entrée et en sortie de domaine. Cela mène alors à des problématiques de
prise en compte de la non-réflexion dans les angles. Bien que cela soit possible [Hagstrom et
Warburton, 2009], cette contrainte vient encore complexifier la mise en place de telles conditions
aux limites. Une autre piste pourrait être de négliger l’évolution en x du milieu de propagation
afin d’appliquer localement (en 1D selon r) ces mêmes conditions non-réfléchissantes. Dans le
cadre des jets, de telles hypothèses peuvent être considérées comme acceptables en éloignant
suffisamment la condition du cœur du jet, où apparaissent les plus fortes variations. De la même
façon, il serait possible de remplacer ces conditions d’ordre élevé par des PML.
Une autre façon de procéder serait d’utiliser des conditions de radiation comme cela est
fréquemment fait dans le cadre des PSE [Piot et al., 2006]. En effet, en utilisant ces conditions
[Thompson, 1987], il est possible de laisser sortir du domaine de calcul les modes correspondant
à un nombre d’onde donné. Ainsi, dans le cadre des PSE, qui ont pour particularité de propager
le mode dominant seulement, ces formulations sont particulièrement appropriées. Cependant,
dans le cas des équations one-way, où un ensemble de modes peut être propagé, cette solution
risque d’être moins efficace. En effet, même en appliquant cette méthode pour absorber le
mode dominant, d’autres ondes de moindre importance seront plus ou moins réfléchies dans le
domaine de calcul, pouvant de ce fait polluer de façon plus ou moins importante la solution dans
la zone d’intérêt. Il est important de rappeler que ces conclusions ne sont que des suppositions,
provenant seulement de notre connaissance actuelle de telles équations one-way. En effet, aucune
tentative d’application de telles méthodes n’a été effectuée durant la thèse, de par la complexité
du sujet.

2 Jet en conduit
Un premier cas de jet est ici étudié. Ce jet étant invariant en x, l’étude des modes et de leur
stabilité est facilitée et constitue le sujet de la Section VII.2.1. En particulier, la présence d’un
mode instable est détectée, permettant de mettre en lumière le problème qu’ont les équations
one-way à ne propager qu’un seul mode. Cette problématique est abordée dans la Section
VII.2.2. Une solution est donc proposée qui permet également de démontrer une application
supplémentaire des équations one-way pour la propagation de modes isolés et la décomposition
180 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

de solutions complètes selon les contributions des modes voulus uniquement.

2.1 Stabilité de l’écoulement


Classiquement, les configurations utilisées dans le cadre de l’étude du bruit de jet sont
caractérisées par la valeur d’un nombre adimensionnel : le nombre de Strouhal. Ce nombre
détermine l’importance du phénomène instationnaire sur l’écoulement de base. Ainsi, plus ce
dernier devient grand, plus l’écoulement étudié peut être considéré comme instationnaire. La
définition de ce nombre se fait de la façon suivante :

fL
St = , (VII.27)
U
avec f la fréquence, L et U la longueur et la vitesse caractéristique du problème. Dans les cas
présentés plus loin, la longueur caractéristique correspond au diamètre d de la tuyère tandis
que la vitesse caractéristique correspond à la vitesse d’éjection du jet au centre de la tuyère Uj .
Ce sont également ces grandeurs caractéristiques qui sont utilisées dans le but d’adimensionner
les équations. Leurs valeurs sont imposées à d = 0.1 m, Uj = 238 m.s−1 , ρref = 1.23 kg.m−3 et
γ = 1.4. Le nombre de Strouhal associé à ce cas est donc de 0.42.
Le cas étudié dans cette section est celui d’un jet parallèle (aucune variation selon l’axe)
permettant de faciliter l’étude de propagation des modes. En effet, l’absence de variation
de l’écoulement de base induit naturellement la non-variation du spectre de l’opérateur de
propagation. De ce fait, une simple analyse de stabilité locale en un point x donné permet de
connaître l’ensemble des modes propagés sur tout l’axe. Il est à noter que l’écoulement étant
parallèle et que l’onde imposée en entrée se propageant axialement uniquement, toutes les ondes
modélisées se propagent également uniquement selon l’axe. La simplification faite au niveau
des conditions aux limites de champ lointain n’entraîne donc pas de réflexion à l’intérieur du
domaine de calcul. Ainsi, ce cas de jet parallèle est modélisé par un écoulement de base dont la
vitesse axiale est définie comme suit :

d
!
y− 2
u0 (y) = −τ tanh + Um , (VII.28)
δ
avec τ = 0.4, δ = 0.05 et Um = 0.6. La particularité de cet écoulement est qu’il présente un point
d’inflexion autour de y = d2 . Cela entraîne l’apparition d’une instabilité de Kelvin-Helmholtz
(KH) pour certaines valeurs de Strouhal. En particulier pour la valeur choisie, une analyse de
stabilité locale permet d’obtenir le spectre de l’opérateur dont une partie est représentée dans
la Figure VII.1.
Il est ainsi possible de voir que les modes KH sont bien présents de part et d’autre des
modes convectifs (stables). Ces modes sont symétriques par rapport à l’axe des réels (αKH =
2.849 ± 1.972i) et l’un des deux possède donc une partie imaginaire négative. Or, ce dernier étant
associé à une onde se propageant vers la droite, cela entraîne une augmentation exponentielle
des amplitudes de cette dernière le long de l’axe de propagation. La présence de deux modes
acoustiques est également à noter avec le mode plan (αOP = 1.548) et un mode oblique
(αO = 0.699). Leur présence est uniquement due à la présence d’une condition de glissement
en r = Rmax = 2 et sont des modes de conduit. Ces deux autres modes sont, quant à eux,
stables. Les modes évanescents sont facilement reconnaissables avec une petite partie réelle
et une grande partie imaginaire. Ces derniers étant également stables, le signe de leur partie
imaginaire dépend de leur sens de propagation. Ainsi, dans ce cas là, c’est le mode KH instable
qui prendra le dessus sur tous les autres modes, au fur et à mesure de la propagation, du fait de
sa croissance exponentielle. Il peut cependant être utile, dans certaines conditions, d’étudier la
2. JET EN CONDUIT 181

10

Partie imaginaire
5

−5

−10
0 2 4 6 8 10 12
Partie réelle

Figure VII.1 – Spectre de l’opérateur pour m = 0 et St = 0.42

propagation des autres modes comme les modes acoustiques. La capacité des équations one-way
à permettre cela est discutée dans la section suivante.

2.2 Propagation des modes


Pour l’étude du bruit de jet, il peut être intéressant de déterminer le comportement des
différents modes lorsqu’ils sont propagés. En effet, bien que le mode KH instable soit ici
prédominant par rapport aux autres, d’autres modes peuvent avoir leur importance, notamment
dans le cadre d’écoulements variant selon le sens de propagation. En effet, lors de ces variations
(évasement du jet), le mode instable peut avoir tendance à disparaître, laissant les différents
modes, minoritaires jusque là, reprendre le dessus. L’évolution de ces modes et la décomposition
du résultat selon les contributions de chaque mode sont des sujets d’étude permettant d’améliorer
la compréhension du bruit à l’intérieur des jets. Ce genre d’applications ne fait cependant
pas l’objet d’une étude dans ce manuscrit. La possibilité d’une telle application des équations
one-way est ici démontrée dans le cas d’un jet parallèle où ce mode instable ne disparaît pas.

Figure VII.2 – Partie réelle des perturbations de pression normalisées avec le mode KH imposé
en entrée

Afin de mieux discerner le mode instable de Kelvin-Helmholtz, ce dernier est imposé en


entrée de domaine par l’intermédiaire de l’analyse de stabilité locale du jet. Il est ensuite propagé
par la résolution des équations one-way. La Figure VII.2 montre la partie réelle des perturbations
de pression normalisées dans l’entièreté du domaine de calcul. Ces valeurs doivent subir une
normalisation du fait de l’augmentation exponentielle des amplitudes de l’onde retranscrite,
182 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

rendant la visualisation de la structure de l’onde impossible autrement. En effet, les grandeurs


affichées dans cette section sont normalisées en chaque station x de calcul par le module
maximum présent sur la direction transverse. Cela permet donc de gommer artificiellement
la croissance exponentielle du module dans le cas d’un mode instable. Il est donc possible de
voir que les perturbations provoquées par ce mode sont très localisées. En effet, l’amplitude
maximale des perturbations se trouve au niveau de yd = 0.5, soit à l’endroit où le gradient
transverse de vitesse axiale se fait le plus fort (i.e. au niveau du point d’inflexion). Au contraire,
l’amplitude des perturbations diminue très rapidement lorsque l’on s’éloigne de la couche de
mélange et que l’écoulement devient uniforme.

Figure VII.3 – Partie réelle des perturbations de pression normalisées avec le mode acoustique
imposé en entrée pour un spectre approché présentant une erreur moyenne de 1 × 10−7 (en
haut) et de 1 × 10−9 (en bas)

Une autre simulation est faite en imposant cette fois-ci le mode correspondant à une onde
plane en entrée de domaine. La Figure VII.3 reprend la partie réelle des perturbations de
pression normalisées de la même façon que précédemment pour deux simulations one-way
utilisant une approximation du spectre de l’opérateur de propagation plus ou moins précise.
Cette normalisation est à nouveau appliquée afin que la croissance exponentielle du mode
instable ne vienne pas rendre le résultat obtenu illisible. En effet, dans ce cas, la croissance
importante du mode KH instable lui permet de prendre le pas sur les autres modes au fur et à
mesure de la propagation, même lorsque ce dernier n’est pas imposé en entrée. Cela provient
du fait que dans ce cas là, même si c’est bien le mode acoustique qui est imposé en entrée,
l’ensemble des modes sont propagés par les équations one-way. Ainsi, l’approximation faite par la
factorisation numérique et par la discrétisation du modèle est à l’origine d’une erreur numérique.
Cette dernière, bien qu’infime, est suffisante pour exciter le mode instable au moment de la
projection de la condition initiale. Ainsi, cette petite onde propagée par le mode instable croît
de manière exponentielle jusqu’à prendre le dessus sur le mode initial. Il est cependant à noter
que ce mode initial reste tout de même propagé sur la totalité du domaine de calcul mais
son amplitude reste bien trop faible par rapport à celle du mode KH. La première simulation
est faite avec une erreur moyenne euclidienne du spectre de l’ordre de 1 × 10−7 et une erreur
maximale de l’ordre de 1 × 10−5 . Le seconde simulation est quant à elle faite avec une erreur
moyenne de 1 × 10−9 et une valeur maximale de l’ordre de 1 × 10−8 . Il est ainsi possible de voir
qu’en améliorant l’approximation faite du spectre de propagation, l’erreur faite par la projection
du mode d’entrée est réduite, retardant d’autant l’apparition de ce mode instable.
3. JET CHAUD SUBSONIQUE 183

Figure VII.4 – Partie réelle des perturbations de pression normalisées avec le mode acoustique
imposé en entrée pour un spectre réduit ne prenant en compte que les modes acoustiques

Il est cependant possible de contourner cette limitation. En effet, le mode acoustique étant
le seul qui nous intéresse dans ce cas-ci, il est possible de réduire le modèle de propagation
en sélectionnant le mode ou l’ensemble de modes à propager. En connaissant au préalable
l’emplacement du ou des modes voulus (se propageant vers la droite ici) dans le plan complexe,
il est possible d’utiliser une famille de coefficients β± permettant, avec une réduction artificielle
du nombre N+ , de ne sélectionner que ces derniers et de les propager avec l’approximation
one-way. C’est ainsi que le résultat présenté dans la Figure VII.4 a été obtenu. Pour cette
simulation, seul le mode plan et le mode oblique ont été conservés. Cependant, le mode oblique
étant stable, son amplitude n’augmente pas au fur et à mesure de sa propagation et ne prend
donc pas le dessus sur l’onde plane qui est imposée en entrée.
La réduction du modèle de propagation permet de calculer la seule contribution d’un mode
ou d’un ensemble de modes dans un écoulement. De la même façon, à partir d’un résultat
contenant les contributions d’un ensemble de modes, il est possible de projeter ce dernier grâce
aux matrices de transformation U f et Vf selon les modes choisis. Cela permet alors de décomposer
ce résultat et d’en déduire les contributions de chacun des modes séparément.

3 Jet chaud subsonique


La méthodes des équations one-way est ici couplée aux séries de Bremmer dans le cas d’un
jet chaud subsonique. Ce cas physique, étudié de nombreuses fois par l’intermédiaire de plusieurs
approches différentes, permet de comparer les résultats obtenus par la méthode one-way dans
une configuration réelle avec des méthodes déjà éprouvées. Ainsi, la description du cas d’étude
est faite dans la Section VII.3.1. Les résultats des simulations dans deux cas différents sont
ensuite présentés dans la Section VII.3.2.

3.1 Caractéristiques du jet


Le jet étudié dans cette section est un jet chaud subsonique dont les résultats expérimentaux
ont été obtenus au sein de l’installation CEPRA19 de l’ONERA [Mouton et al., 2021]. Dans
ces installations, de nombreuses études ont été menées qui servent également de moyen de
comparaison et de validation aux méthodes numériques [Muller et al., 2006; Piot et al., 2006;
Huet, 2013; Lorteau et al., 2013, 2015; Vuillot et al., 2016]. En particulier, le jet étudié ici est
un jet turbulent possédant un nombre de Reynolds élevé (Re = 4 × 105 basé sur le diamètre de
la tuyère d). La particularité de ce jet est qu’il est fortement chauffé. Cela entraîne de fortes
variations de la vitesse du son entre le cœur du jet et l’air ambiant. Ainsi, bien que l’écoulement
soit subsonique avec un nombre de Mach Mj = Uajj = 0.7 en sortie de tuyère, ce dernier est
184 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

supersonique vis-à-vis du milieu ambiant avec un nombre de Mach M∞ = aU∞j = 1.2. Cela a pour
conséquence la présence d’ondes de Mach en partie responsables du rayonnement acoustique du
jet aux basses fréquences.

d (m) Uj (m.s−1 ) U∞ (m.s−1 ) Tj (K) T∞ (K) ρj (kg.m−3 ) ρ∞ (kg.m−3 )


0.08 410 5 830 280.4 0.4252 1.2588

Table VII.1 – Configuration du jet

Les caractéristiques du jet sont reprises dans le Tableau VII.1. Une première campagne
d’essai sur ce jet a été menée en 2006 [Muller et al., 2006]. Ainsi, [Piot et al., 2006] ont
montré que les approches LES et PSE sont relativement précises par rapport aux résultats
expérimentaux en sortie de tuyère. Cependant, ces deux approches divergent en aval du cône
potentiel, dans la zone d’amortissement avec un amortissement bien plus important pour les
PSE que pour la LES. Les données expérimentales n’étant pas disponibles dans cette zone, une
seconde campagne d’essai a été menée en 2010 avec des améliorations (non déviation du jet)
dans le but de déterminer quelle approche permet une meilleure retranscription des phénomènes
observés. Il a donc été montré par [Lorteau et al., 2015] que c’est bien l’approche LES qui
capture le mieux cette zone d’amortissement. Ce sont les résultats expérimentaux de cette
seconde campagne d’essais qui sont ici utilisés à titre de comparaison.

Figure VII.5 – Vitesse axiale de l’écoulement de base du jet, tiré de [Lorteau et al., 2015]
adimensionnée par Uj

L’écoulement de base utilisé dans les simulations one-way présentées dans la suite est illustré
par sa vitesse axiale dans la Figure VII.5. Cet écoulement est directement repris d’une simulation
LES étudiée dans [Lorteau et al., 2015]. Ce champ de base a été obtenu par une simulation
effectuée avec le code CEDRE développé par l’ONERA. La simulation 3D a été faite par la
rotation d’une grille 2D et contient environ 240 millions de cellules au total. Les grandeurs
utilisées sur le plan 2D axisymétrique servant d’écoulement de base aux équations one-way
ont été moyennées azimutalement. Cependant, le domaine de calcul des équations one-way ne
débutant qu’en xd = 0.3 afin d’éviter des problèmes numériques dus à la recirculation présente
au niveau des lèvres de la tuyère, l’écoulement de base ne débute lui aussi qu’à cette abscisse.
Le maillage de la simulation LES étant bien plus fin que celui nécessaire à la bonne résolution
des équations one-way, une interpolation des données a été faite par une méthode de polynômes
de Bézier d’ordre trois [Farin, 1986].
Il est à noter que la vitesse radiale n’a pas été prise en compte dans l’écoulement de
base servant aux simulations one-way. En effet, cette dernière entraîne de fortes variations du
3. JET CHAUD SUBSONIQUE 185

spectre de l’opérateur de propagation, demandant qu’un effort supplémentaire soit fait sur la
sélection des coefficients β± afin de bien capturer l’évolution des différentes valeurs propres.
Enfin, l’initialisation de la résolution one-way se fait à partir d’un mode propre obtenu par
l’intermédiaire d’une analyse locale de stabilité. Cependant, cette façon de faire implique qu’une
hypothèse d’écoulement parallèle soit faite au niveau de l’entrée du domaine de calcul. Ainsi, le
mode imposé est projeté par la méthode one-way afin de correspondre aux équations présentant
des variations en x, entraînant un bruit important de la solution en entrée. La méthode pourrait
donc gagner en précision par l’utilisation d’une initialisation prenant en compte les variations
suivant x et la vitesse radiale.

3.2 Résultats numériques


Il a été choisi d’étudier le cas présentant un nombre de Strouhal St = 0.36. En effet, c’est
avec cette valeur que les modes propagés se trouvent être les plus amplifiés [Itasse, 2015], en
particulier pour m = 0. Cependant, deux simulations sont faites ici. La première avec m = 0 et la
seconde avec m = 1. Ces dernières sont faites grâce aux séries de Bremmer jusqu’à convergence
afin de prendre en compte les ondes réfléchies remontant l’écoulement.
Le domaine de calcul utilisé s’étend de xd = 0.3 jusqu’à xd = 10 axialement et sur 15 longueurs
de référence transversalement. Cette extension importante du domaine selon r est nécessaire
afin de limiter l’effet des ondes réfléchies par la condition de glissement en r = Rmax (sur la
solution au niveau du jet). Le cisaillement de l’écoulement de base étant important au niveau
de l’entrée du domaine, le mode instable de Kelvin-Helmholtz a été imposé pour initialiser le
calcul. Aucun mode remontant l’écoulement n’a été imposé au niveau de la sortie du domaine,
négligeant de ce fait tout effet des ondes réfléchies au-delà de xd = 10. L’erreur euclidienne
moyenne sur le spectre de propagation est de l’ordre de 1 × 10−8 tandis que l’erreur maximale
est quant à elle de l’ordre de 1 × 10−5 sur toute la longueur du domaine. Pour obtenir cela, il a
été nécessaire d’utiliser un ensemble de 16 coefficients β± .

Figure VII.6 – Module des perturbations Figure VII.7 – Partie réelle des perturba-
de pression dans le jet à St = 0.36 et pour tions de pression dans le jet à St = 0.36 et
m=0 pour m = 0

Le module des perturbations de pression sur une partie du domaine de calcul est représenté
par la Figure VII.6. Le long de l’axe, il est ainsi possible de voir que ce module augmente au
niveau de la couche de mélange (vers yd = 0.5) avant de diminuer lorsque cette dernière s’évase,
faisant disparaître le mode instable. Un phénomène de rayonnement des ondes de pression peut
également se voir, partant du cœur du jet, où le module est le plus important, et se propageant
avec un angle d’environ 40◦ par rapport à l’axe privilégié. Ces ondes de pression rayonnées
186 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

sont un phénomène important à capturer, car responsable d’une partie non négligeable du
bruit engendré par un tel jet. De plus, ce genre de phénomènes peut provenir directement de
certaines interactions entre les modes propagés, rendant difficile sa bonne prise en compte. En
effet, des méthodes comme les PSE ne sont pas capables de les capturer dans le cas des jets
subsoniques, comme cela a été montré pour ce cas particulier de jet [Itasse, 2015] car les PSE ne
propagent que le mode dominant à travers l’écoulement. La Figure VII.7 représente quant à elle
la partie réelle des perturbations de pression dans ce même cas. Le rayonnement des ondes est
ici particulièrement visible et prend naissance très tôt dans l’écoulement avec la déformation du
mode KH. Il prend ensuite de l’ampleur, de la même façon que le mode KH, avant de lentement
se dissiper en s’éloignant du cœur du jet jusqu’à atteindre un état stable. Le mode azimutal
étant caractérisé par m = 0, c’est un mode axisymétrique qui est représenté. En d’autre termes,
aucune évolution des perturbations selon θ n’est présente dans ce cas.

Figure VII.8 – Partie réelle des perturba- Figure VII.9 – Partie réelle des perturba-
tions de pression dans le jet à St = 0.36 et tions de pression dans le jet à St = 0.36 et
pour m = 0 (partie droite) pour m = 0 (partie gauche)

L’utilisation des séries de Bremmer permet la décomposition du résultat complet en ses


contributions droite et gauche (i.e. les ondes se propageant vers la droite et vers la gauche).
Ainsi, les figures VII.8 et VII.9 montrent, respectivement, la partie réelle des perturbations de
pression rattachées aux ondes se propageant vers la droite et vers la gauche. Comme cela était
prévisible, la majorité des contributions proviennent des ondes se propageant vers la droite.
C’est notamment le cas des ondes de pression rayonnées. Cependant, l’effet des ondes réfléchies
se propageant vers l’amont de l’écoulement est loin d’être négligeable dans ce cas. En effet, on
peut voir la présence d’ondes se propageant vers la gauche avec une amplitude importante au
niveau de l’entrée du domaine. En particulier, à ce niveau là, ces ondes possèdent des amplitudes
plus importantes encore que les ondes se propageant vers la droite. Cela provient du fait que
des variations de l’écoulement de base étant présentes tout le long du domaine, la réflexion des
ondes incidentes se fait sur tout l’axe x. De plus, les variations les plus importantes prennent
place dès l’entrée du domaine, où la couche de mélange est la plus fine et s’évase rapidement.
La réflexion des ondes se fait donc d’autant plus importante à cet endroit.
Le SPL le long de l’axe x en yd = 1.5 est tracé dans la Figure VII.10. Le résultat obtenu par la
résolution itérative des équations one-way est directement comparé aux données expérimentales
et aux résultats d’une simulation LES de [Lorteau et al., 2015] ainsi qu’au résultat d’une
simulation utilisant les PSE provenant de [Itasse, 2015]. Toutes les méthodes fournissent des
résultats proches des données expérimentales jusqu’à xd = 5 environ, en décrivant une bonne
croissance du SPL due à l’instabilité de l’écoulement cisaillé. Cependant, au-delà, la zone
d’amortissement présente des solutions diverses. Ainsi, la simulation LES reste la plus précise
3. JET CHAUD SUBSONIQUE 187

100

SPL (dB)
80

60

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
x
d

Figure VII.10 – SPL à dr = 1.5 pour m = 0 avec St = 0.36. Comparaison entre les données
expérimentales ( ) et les résultats LES ( ), PSE ( ) et one-way ( )

par rapport aux résultats expérimentaux tandis que les PSE surestiment l’amortissement de
l’onde avec un SPL diminuant très rapidement et très fortement. Au final, les équations one-way
prédisent également un amortissement trop important, bien que plus proche des résultats de
référence que les PSE. Deux possibilités peuvent, à notre avis, expliquer cette différence et
doivent faire l’objet d’une étude approfondie dans le futur. La première raison pourrait provenir
de la non-prise en compte de la vitesse verticale dans l’écoulement de base, pouvant affecter les
modes de propagation et leur évolution selon l’axe. La seconde raison pourrait être la présence
de phénomènes non-linéaires qui ne sont pas pris en compte par les équations one-way.
Il est à noter la présence de deux phénomènes en entrée de domaine sur les résultats des
séries de Bremmer. Le premier est l’apparition d’oscillations dans le SPL qui ne sont pas visibles
sur le résultat des PSE. Cela provient de la prise en compte des ondes réfléchies, qui ont une
longueur d’onde différente de celle des ondes incidentes se propageant dans la direction opposée.
C’est ce déphasage qui est à l’origine de telles fluctuations. Le second phénomène est la présence
d’un signal parasite très proche de l’entrée du domaine. La raison de l’existence de ce dernier est
que l’initialisation du calcul se fait par une analyse de stabilité locale utilisant l’hypothèse d’un
écoulement parallèle. Or, dans cette zone de forts gradients, le mode sélectionné ne correspond
alors pas exactement à une onde se propageant vers la droite. Cette dernière doit donc être
projetée par les équations one-way et cela entraîne l’excitation de certains modes numériques
disparaissant rapidement en aval.
La seconde simulation présentée ici est basé sur la même configuration avec, cette fois-ci,
un nombre d’onde azimutal m = 1. L’erreur euclidienne moyenne faite sur le spectre approché
est de l’ordre de 10−10 tandis que l’erreur maximale est de l’ordre de 10−7 sur l’ensemble de
l’axe de propagation. Cette approximation a été permise avec un ensemble de 20 couples de
coefficients β± .
La solution obtenue est représentée, respectivement, par le module et la partie réelle des
perturbations de pression dans les figures VII.11 et VII.12. De façon similaire au résultat
précédent, le module des perturbations se fait le plus important une fois que le mode instable
s’est développé au maximum, au niveau de la couche de mélange. Au delà de xd = 4.5, le module
décroît, du fait de l’évasement important de cette couche de mélange. Cependant, contrairement
au cas m = 0, cette zone où le module est élevé se trouve morcelée, entraînant une extension
moins importante. De la même façon, bien que présent, le phénomène de rayonnement se fait
également moins important dans ce cas. Cela est confirmé par la partie réelle des perturbations
où l’on peut voir que ces ondes rayonnées possèdent une amplitude relativement faible par
rapport aux ondes instables. De plus, ces ondes sont propagées avec un angle plus faible et
188 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

Figure VII.11 – Module des perturbations Figure VII.12 – Partie réelle des pertur-
de pression dans le jet à St = 0.36 et pour bations de pression dans le jet à St = 0.36
m=1 et pour m = 1

proche des 30◦ par rapport à l’axe x.


La simulation étant faite sur un cas avec un nombre d’onde azimutal m = 1, c’est un
mode hélicoïdal qui est décrit ici. Ainsi, les perturbations subissent une propagation selon
la direction azimutale, au contraire du cas précédent. La partie réelle des perturbations de
pression est représentée pour les contributions vers la droite et vers la gauche selon les deux
axes transversaux à différentes abscisses xd dans la Figure VII.13. La partie gauche montre
la contribution des ondes se propageant vers la droite tandis que la partie droite présente la
contribution des ondes se propageant vers la gauche. En xd = 0.3, le mode imposé en entrée de
domaine est affiché sur la gauche tandis que l’onde se propageant en dehors du domaine de
calcul en remontant l’écoulement de base est représentée à droite. Ainsi, les ondes réfléchies
quittent le domaine avec des amplitudes bien plus importantes que celles des ondes incidentes
imposées. Concernant les ondes se propageant vers la droite, il est possible de voir que les
amplitudes de ces dernières augmentent au niveau du centre du jet au fur et à mesure de leur
propagation. En effet, la structure du mode se modifie rapidement, donnant naissance à un cœur
possédant une amplitude plus importante qui a tendance à s’étendre et qui donne naissance
aux ondes rayonnées vues précédemment. Les ondes se propageant vers l’amont présentent
une structure similaire avec un cœur possédant des amplitudes bien plus grandes que le reste.
Cependant, des différences existent, notamment avec la forme des perturbations périphériques,
pouvant indiquer que la déformation des ondes se fait également le long de l’axe de façon non
négligeable. De façon similaire, l’amplitude de l’onde augmente avec sa propagation avant de
diminuer à nouveau en se rapprochant de l’entrée du domaine où les gradients de l’écoulement
de base sont les plus forts. Au final, il est possible de remarquer que les ondes, quel que soit leur
sens de propagation, subissent une rotation autour de l’axe du jet, leur donnant le caractère
hélicoïdal évoqué plus tôt et provenant du déphasage en x.
La structure hélicoïdale des modes est d’autant plus visible lorsque le résultat est représenté
en 3D. La Figure VII.14 représente des iso-surface de la partie réelle des perturbations de
pression pour une valeur de +0.5 (en rouge) et de −0.5 (en bleu). Ces perturbations proviennent
exclusivement des ondes se propageant dans le sens de l’écoulement. Il est ainsi possible de
retrouver les zones de forte et de faible pression au centre du jet qui évoluent en s’enroulant
l’une autour de l’autre. De façon similaire, la Figure VII.15 présente les iso-surfaces de la partie
réelle des perturbations de pression pour les ondes remontant l’écoulement vers l’amont. Elle
sont tracées pour une valeur de +0.15 (en rouge) et de −0.15 (en bleu). Il est ainsi possible de
voir qu’il existe plusieurs zone de haute et de basse pression s’enroulant les unes autour des
autres avec des vitesses de rotation différentes. En effet, le pas de la structure hélicoïdale proche
3. JET CHAUD SUBSONIQUE 189

Figure VII.13 – Partie réelle des perturbations de pression des contributions vers la droite
(à gauche) et vers la gauche (à droite) en xd = 0.3, xd = 1.5, xd = 3 et xd = 4.5 pour le jet à
St = 0.36 et m = 1
190 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

Figure VII.14 – Iso-surfaces de la partie Figure VII.15 – Iso-surfaces de la partie


réelle des perturbations de pression dans réelle des perturbations de pression dans
le jet à St = 0.36 et pour m = 1 (partie le jet à St = 0.36 et pour m = 1 (partie
droite) gauche)

du cœur du jet est plus important que celui de la structure extérieure. Cette différence provient
de la vitesse de l’écoulement qui est bien inférieur à l’extérieur du jet qu’à l’intérieur.

100
SPL (dB)

90
80
70
60
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
x
d

Figure VII.16 – SPL à dr = 1.5 pour m = 1 avec St = 0.36. Comparaison entre les données
expérimentales ( ) et les résultats LES ( ), PSE ( ) et one-way ( )

Une fois de plus, le résultat obtenu grâce aux séries de Bremmer est comparé aux données
expérimentales et au résultat d’une simulation LES provenant de [Lorteau et al., 2015] et à la
solution des PSE issue de [Itasse, 2015] dans la Figure VII.16. Il est ainsi possible de voir que la
méthode one-way fournit une solution plus précise que les LES avec un amortissement moins
important au delà d’une certaine valeur de x. Cette prévision reste tout de même moins précise
que celle fournie par une simulation LES qui reste très proche des données expérimentales tout
le long de l’axe. Il reste à noter que la croissance du SPL reste bien capturée par cette méthode.
Les possibles raisons d’un tel écart entre la simulation et les résultats de référence restent les
mêmes que dans le cas précédent, à savoir, le non prise en compte de la vitesse verticale de
l’écoulement de base et de potentiels effets non-linéaires.

4 Bilan
Les équations one-way simples ainsi que leur couplage avec les séries de Bremmer ont fait
l’objet d’une application dans le cadre de la propagation à l’intérieur d’un jet dans ce chapitre.
C’est d’abord la dérivation des équations d’Euler dans ce référentiel cylindrique et leur mise en
4. BILAN 191

forme one-way qui ont été développées. La présentation des conditions aux limites particulières
requises pour ces cas a ensuite été faite.
Une première application a été montrée sur un jet en conduit, facilitant la compréhension
des spécificités de la méthode one-way. Ainsi, ce premier jet présentant un mode de Kelvin-
Helmholtz particulièrement instable, il a été montré que sans modification des équations one-way,
propageant l’intégralité des modes présents, il était impossible de propager un autre mode seul
sans ce mode instable. En effet, même avec une faible erreur numérique provoquée par une très
bonne approximation du spectre de propagation, cette dernière était suffisante pour exciter ce
mode instable qui, au fur et à mesure de sa propagation, croît en amplitude jusqu’à prendre
le dessus sur tout autre mode. Ce phénomène peut cependant être retardé en améliorant la
qualité de l’approximation faite sur le spectre de l’opérateur de propagation, sans pour autant
le faire complètement disparaître. Néanmoins, il a été démontré qu’en réduisant le modèle
de propagation, il est possible de ne propager qu’un seul mode ou un ensemble de modes le
long de l’axe, permettant ainsi d’éviter la présence non voulue de certains modes prenant trop
d’importance dans certains cas. De plus, cette façon de faire fournit un outil supplémentaire
pour la compréhension des interactions entre modes et de leur évolution. En effet, de cette
façon, il est possible de propager un mode unique ou un ensemble de modes choisis au sein d’un
écoulement présentant des variations, afin d’étudier leur comportement. De la même façon, il est
possible de projeter un résultat complet grâce aux matrices formées pendant la construction des
équations one-way, afin de déterminer la contribution du ou des modes voulus sur la solution
complète. L’utilisation d’une telle méthode requiert cependant une connaissance au préalable
du ou des modes recherchés (leur position dans le plan complexe).
Une seconde application des séries de Bremmer a ensuite été faite sur un jet chaud subsonique
dans le cadre d’un mode axisymétrique puis hélicoïdal. L’écoulement de base utilisé pour ces
simulation est lui-même issu d’une simulation LES, fournissant un niveau de détail important.
Les résultats one-way obtenus ont montré une bonne capture du rayonnement des ondes, ce qui
n’est pas le cas des PSE dans ce cas particulier du jet subsonique. L’utilisation des séries de
Bremmer permettant une décomposition du résultat selon le sens de propagation des ondes,
une rapide présentation des différentes caractéristiques de ces ondes a été faite. En particulier,
il peut être noté qu’au niveau de l’entrée du domaine de calcul, ce sont les ondes se propageant
vers la gauche qui présentent les amplitudes les importantes, bien plus que celles du mode
imposé en entrée. Enfin, les résultats de la méthode one-way sont comparés aux données
expérimentales, à une simulation LES et aux PSE. Ainsi, la solution one-way fournit un meilleur
accord avec les données expérimentales que les PSE. C’est en particulier le cas au niveau de la
zone d’amortissement. Cependant, les prévisions fournies ne sont pas du niveau de précision
d’une simulation LES. Cette différence pourrait provenir de deux raisons. La première pourrait
être l’absence de vitesse radiale dans l’écoulement de base. En effet, les gradients de vitesse
radiale étant particulièrement forts dans ce genre d’écoulements, l’évolution des modes le long de
l’axe est elle aussi fortement perturbée par ces derniers. Dans ce cas, un travail supplémentaire
est donc nécessaire dans le choix des coefficients β± afin de fournir une approximation précise
des équations one-way. La deuxième raison pourrait être la non prise en compte des phénomènes
non-linéaires pouvant apparaître dans ce genre de cas. Cette limitation provient directement du
modèle des équations linéaires utilisé pour la construction des équations one-way.
192 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET
Conclusions et perspectives

Conclusions
Les travaux conduits lors de cette thèse s’inscrivent dans un contexte aéroacoustique dans
lequel la demande d’outils rapides et efficaces pour calculer la propagation d’ondes se fait de
plus en plus importante. L’objectif poursuivi a donc été de développer une méthode de calcul
relativement peu coûteuse tout en permettant l’obtention de résultats précis mais amenant
également une capacité d’analyse supplémentaire des résultats. En particulier, dans le domaine
de l’aéroacoustique, la présence d’un écoulement entraîne la présence d’une direction privilégiée
pour la propagation des ondes étudiées. Ainsi, l’utilisation des équations one-way, rendue possible
pour ce genre d’applications depuis quelques années par [Towne et Colonius, 2015], s’est vue
être un choix naturel. En effet, le principe de cette méthode consiste à factoriser l’opérateur de
propagation afin de découpler le calcul de l’évolution des ondes selon leur sens de propagation.
Il suffit ensuite de résoudre localement les équations obtenues dans le domaine fréquentiel selon
la direction privilégiée pour obtenir la solution voulue. Bien connues depuis de nombreuses
années dans les domaines de l’acoustique, de la géophysique ou encore de l’électromagnétisme
(méthode microlocale), ce n’est que récemment qu’elles ont été dérivées pour des équations
complexes comme celles d’Euler ou de Navier-Stokes. Bien que donnant des résultats précis pour
un coût de calcul limité [Kamal et al., 2020; Zhu et Towne, 2021], cette méthode, sous sa forme
classique, fait l’objet d’une limitation importante. Sa précision se dégrade rapidement dès que
le cas étudié présente un écoulement de base variant selon l’axe de propagation de l’onde. Cette
dégradation de la précision provient du fait que lorsque de telles variations apparaissent, des
phénomènes de réflexion et de réfraction se manifestent. Cela entraîne la modification des ondes
incidentes et la naissance d’ondes réfléchies se propageant dans la direction opposée. De par
leur nature même, ces ondes réfléchies se trouvent être impossibles à capturer par la méthode
one-way classique. De plus, le modèle de propagation des ondes perdant son unicité dans ces
circonstances, la réfraction des ondes est également prise en compte de façon erronée dans ce
cas. Une modification importante du modèle des équations one-way a donc été nécessaire dans
le but d’augmenter le domaine de validité de ce type de méthodes aux écoulements variant selon
l’axe de propagation.
Sous leur forme antérieure dite de l’approche outflow, les équations one-way ne permettent
pas l’application de méthodes plus évoluées permettant de prendre en compte des phénomènes
aussi complexes que la réflexion et la réfraction d’ondes. En effet, la factorisation de l’opérateur
de propagation se faisant de manière implicite, la résolution des équations ne se fait pas
par l’intermédiaire des variables one-way, nécessaires à la bonne dérivation de modèles plus
complets. Une première contribution a donc été de permettre une factorisation de l’opérateur de
propagation de façon purement numérique, afin de ne pas perdre l’aspect général de la méthode
précédente. Pour cela, la même condition non réfléchissante que celle utilisée dans l’approche
outflow a été utilisée. Une application de cette dernière dans les deux sens de propagation permet
cependant d’obtenir plus d’informations sur l’opérateur de propagation. Cette factorisation,
bien qu’elle ne soit pas aussi complète qu’une diagonalisation, permet ainsi de garantir la

193
194 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

séparation des espaces invariants de l’opérateur selon le sens de propagation des modes associés.
Cette méthode permet alors, lorsqu’elle est appliquée au formalisme one-way, d’avoir accès
aux variables one-way de façon totalement numérique, sans qu’un développement analytique
complexe et dépendant du cas étudié ne soit nécessaire. Cette nouvelle formulation des équations
one-way, bien que présentant des différences notables dans sa philosophie de résolution avec
l’approche outflow, permet une résolution des mêmes cas avec une bonne précision et pour un
coût de calcul accessible.
L’utilisation de cette factorisation numérique de l’opérateur de propagation permet alors
d’avoir accès aux variables one-way. Il est ainsi possible d’appliquer des méthodes plus complexes
permettant de prendre en compte les phénomènes de réfraction et de réflexion des ondes. Une
seconde contribution a donc été de sélectionner quatre solutions différentes et de les appliquer
aux particularités de la formulation numérique des équations one-way. La première solution
proposée se base sur une normalisation particulière des vecteurs propres de l’opérateur. Cette
normalisation, développée à la base pour la méthode microlocale [Stolk, 2004] permet de diminuer
l’importance du terme de réflexion/réfraction, négligé dans le cas des équations one-way, d’un
ordre de grandeur en terme d’opérateur pseudo-différentiel. Cette technique prend la forme
d’une équation différentielle ordinaire supplémentaire à résoudre en plus de la marche en espace.
Cependant, bien que fonctionnant très bien dans le cas des systèmes à deux équations, les
limites de cette méthode apparaissent dès lors que le nombre d’équations augmente. En effet, la
factorisation numérique n’étant pas assez complète dans ce cas, l’information fournie sur les
vecteurs propres n’est pas assez précise pour rendre leur normalisation efficace.
Une deuxième solution a été proposée, dite des équations one-way true amplitude. Cette
méthode consiste à ajouter un terme correctif aux équations one-way classiques permettant
de prendre en compte la réfraction des ondes lorsqu’elles se propagent à travers une variation
du milieu. La construction du candidat pour ce terme correctif, dans le cadre des équations
one-way numériques, se fait aisément à partir des matrices de pseudo-vecteurs propres déjà
formées pour l’obtention des équations en variables one-way. Les résultats obtenus grâce à
cette méthode sur l’équation des ondes et sur les équations d’Euler sont très précis en sortie de
domaine. Ce n’est cependant pas le cas dans la totalité du domaine de calcul, du fait que les
ondes réfléchies ne sont toujours pas prises en compte. C’est l’origine de la limitation de cette
méthode qui ne fournit des résultats précis que dans les cas où ces ondes réfléchies ne prennent
qu’une importance minime.
La troisième solution proposée a vocation à appliquer les séries de Bremmer aux équations
one-way numériques. Pour cela, le résultat complet est décomposé en une somme de termes
calculés à partir de la résolution successive d’équations one-way dans les deux directions
opposées de propagation. Ces résolutions sont couplées par l’intermédiaire d’un terme de
réflexion/réfraction obtenu de la même façon que pour les équations one-way true amplitude.
Cette façon de résoudre les équations permet alors de prendre en compte à la fois les ondes
réfractées et les ondes réfléchies. En particulier, il a été constaté que cette méthode, bien qu’il
n’y ait pas d’argument théorique pour le prouver, converge vers une solution dans tous les
cas présentés dans cette thèse. Cette convergence est d’ailleurs d’autant plus stable et rapide
lorsque les séries de Bremmer sont itérées à partir des équations one-way true amplitude et
non des équations one-way classiques. Les solutions fournies par cette méthode permettent une
bonne approximation de la méthode sur l’ensemble du domaine de calcul, du fait de la prise en
compte de la réflexion et de la réfraction des ondes.
Enfin, la quatrième et dernière méthode proposée se concentre sur la prise en compte de
discontinuités au sein du domaine de calcul. Afin de prendre en compte les réflexions et les
réfractions d’ondes au niveau de ces discontinuités, une méthode de décomposition de domaine
est proposée, couplée à une résolution itérative des équations dans chaque sous-domaine. En
particulier, cette méthode de décomposition est directement dérivée des différentes matrices
4. BILAN 195

formées pour la résolution des équations one-way. Cependant, l’application de cette méthode de
décomposition de domaine se basant sur le tri des ondes entrantes et sortantes de l’interface à
partir des variables physiques, cette méthode n’est pas restreinte à une résolution one-way dans
chaque domaine et peut être couplée avec d’autres résolutions, directes ou non.

Différentes applications de ces méthodes, dans le cadre des équations d’Euler, sont ensuite
faites dans plusieurs environnements afin d’évaluer leur capacité de prédiction. Concernant les
variations continues du milieu, les équations one-way true amplitude et les séries de Bremmer
sont comparées sur plusieurs cas avec une résolution directe des équations. Les équations one-way
true amplitude offrent une précision supérieure par rapport aux équations one-way classiques. Il
en va de même lorsque les variations deviennent fortes et que les ondes réfléchies deviennent
importantes. Cependant, la précision des séries de Bremmer reste bien supérieure dans tous les
cas en fournissant un résultat très proche de la solution directe. Cette méthode de résolution est
également appliquée à différents cas de conduits à section variable avec et sans écoulement. Dans
le cas sans écoulement, la propagation des ondes reste bien retranscrite avec la prise en compte
des ondes se propageant dans les deux directions. Pour le cas présentant un écoulement cisaillé,
les séries de Bremmer sont comparées à une méthode aux échelles multiples. Un bon accord est
trouvé entre les deux méthodes. Cependant, les ondes propagées par les équations one-way se
trouvent déformées en sortie de conduit du fait de l’interaction entre les modes propagés. En
effet, la méthode des échelles multiples ne propageant qu’un seul mode, les interactions entre
les modes propagés par les équations one-way devraient faire l’objet d’une étude approfondie
(comparaison à une solution directe) afin de déterminer si leur propagation est correcte.

La caractérisation des liners acoustiques est ensuite étudiée à l’aide de la méthode de


décomposition de domaine. La bonne convergence des séries de Bremmer sur cette dernière
est tout d’abord vérifiée numériquement. La résolution dans chaque sous-domaine est faite par
l’intermédiaire des équations one-way. De nombreuses configurations sont étudiées sur une large
bande de fréquence, avec et sans écoulement et avec des écoulements de formes différentes. Dans
tous les cas, la méthode montre une bonne précision par rapport aux données expérimentales et
aux résultats numériques d’autres méthodes pour un coût de calcul faible. De plus, l’utilisation
des équations one-way permet la décomposition du résultat selon le sens de propagation des
ondes propagées, permettant une meilleure compréhension des mécanismes de réflexion et de
réfraction des ondes.

Enfin, l’application des séries de Bremmer est faite dans le cadre des jets. Les équations
d’Euler linéarisées en axisymétrique sont alors dérivées sous leur forme one-way. Une première
application sur un jet en conduit a permis de montrer qu’il était possible de ne propager qu’un
seul mode ou un ensemble déterminé de modes. L’isolation de ce mode permet, dans le cas
de ce jet, de ne propager que ce dernier, évitant au mode instable de prendre le dessus sur la
solution lorsque la propagation se fait sur une longue distance. Les séries de Bremmer sont
ensuite appliquées au cas plus physique d’un jet chaud subsonique. Il est ainsi possible, grâce à
l’application des équations one-way, de retrouver le phénomène de rayonnement des ondes. Ce
rayonnement consiste en la propagation d’ondes avec un angle par rapport à l’axe du jet. Ce
genre de phénomène, difficile à capturer par les PSE par exemple, est ici naturellement pris
en compte du fait de la propagation de l’ensemble des modes du spectre de l’opérateur. Les
résultats obtenus, comparés aux solutions PSE et LES ainsi qu’à des données expérimentales,
montrent une meilleure prise en compte de l’amortissement des ondes que les PSE, sans pour
autant se situer au niveau de la précision d’une simulation LES. Plusieurs pistes sont néanmoins
évoquées dans le but d’améliorer la précision de la méthode one-way.
196 CHAPITRE VII. APPLICATION AU BRUIT DE JET

Perspectives
Plusieurs perspectives ont déjà été évoquées au fur et à mesure des applications développées
dans cette thèse. En effet, la particularité des équations one-way et des différentes méthodes
couplées à ces dernières qui ont été développées durant cette thèse est qu’il est possible de
décomposer un résultat complet selon la contribution des ondes se propageant dans un sens ou
dans l’autre. Ainsi, que ce soit pour une application visant le bruit de jet ou la caractérisation
de liners acoustiques, la méthode one-way peut s’avérer être un outil intéressant permettant
d’en apprendre plus sur les mécanismes de réflexion et de réfraction. En particulier, comme
cela a pu être montré, les opérateurs matriciels formés permettent le calcul de la propagation
de certains modes seulement, de façon complètement isolée. Cependant, ces mêmes opérateurs
peuvent également être vus comme un outil de traitement pour un résultat complet. En
effet, ces matrices peuvent projeter une solution complète sur un mode ou un ensemble de
modes particulier, permettant de ce fait d’en apprendre davantage sur son évolution et sur les
interactions apparaissant avec les autres modes du spectre de propagation.
Au delà de ces applications déjà mentionnées, une extension de la méthode one-way, utilisant
une factorisation numérique, aux équations de Navier-Stokes permettrait encore d’agrandir son
domaine d’application. En effet, l’étude de stabilité de couches limites par exemple, nécessite
que la viscosité du fluide étudié soit prise en compte, ce qui n’est pas le cas avec les équations
d’Euler. Un autre exemple d’application pourrait être l’instabilité absolue rencontrée durant
l’étude des liners acoustiques dans la Section VI.4.2.1. En effet, cette dernière rend le calcul
compliqué avec les équations d’Euler du fait de son caractère absolu. Cependant, il a été montré
que cette instabilité change d’état pour devenir une instabilité convective, bien plus simple à
capturer, lorsque la viscosité est prise en compte [Marx et Aurégan, 2013]. Le coût relativement
abordable de cette méthode pourrait également la conduire a être utilisée dans le cadre de la
recherche de perturbation optimale, qui est un domaine de forte activité. Il s’agirait alors de
résoudre un problème d’optimisation en utilisant les équations one-way pour gérer l’algorithme
de descente de façon efficace. Les équations one-way pourraient également être vues comme
un bon moyen de construire des préconditionneurs en balayant le domaine de calcul selon les
différentes directions de propagation.
Enfin, un travail d’un point de vue algorithmique sur la méthode (plus grande parallélisation,
optimisation...) pourrait encore réduire grandement le coût de calcul induit, notamment en terme
de mémoire utilisée. En ce qui concerne la mémoire, une approche de compression algébrique des
matrices de pseudo-vecteurs propres pourrait être appliquée. En effet, ces dernières étant issues
d’opérateurs pseudo-différentiels non locaux, elles sont a priori bien adaptées pour ce type
d’approche. De la même façon, le développement d’une méthodologie de choix des coefficients β±
plus évoluée serait un ajout non négligeable à la méthode. En effet, cela permettrait d’optimiser
encore plus les calculs en baissant leur nombre et de faciliter l’application de la méthode lorsque
les écoulements présentent de fortes variations selon l’axe privilégié. Pour cela, l’utilisation de
méthodes plus poussées d’analyse de spectre ou de l’intelligence artificielle pourrait fournir des
solutions dans l’optique de mieux automatiser le choix de ces coefficients.
Annexe A

Gestion des singularités : équations


d’Euler

Des singularités peuvent appariaitre dans le système one-way à résoudre à cause, par exemple,
d’une vitesse axiale qui s’annule (écoulement de Poiseuille au niveau des parois) ce qui rend la
matrice A de rang faible et donc non-inversible. Ce problème a déjà été étudié dans la Section
III.1.4 et une méthode pour passer outre a été présentée. Cette méthode est ici appliqué pour le
cas particulier des équations d’Euler.
Ainsi, dans le cas ou u0 (x, y) = 0, on obtient la matrice A suivante :

0 ρ̄a2 0
 
1
A =  ρ̄ 0 0 , (A.1)
0 0 0
qui est non-inversible mais peut être diagonalisée de la même façon que précédemment. Cela
mène à la formation des matrices T et T −1 identiques mais avec une matrice diagonale Ae de
rang faible exprimée de la façon suivante :
 
a 0 0
A = 0 0 0 
e 
 . (A.2)
0 0 −a
Le fait que la valeur propre λ = u0 est maintenant nulle empêche l’inversion de A,
e nécessaire
à l’obtention de l’opérateur de propagation M . Ainsi, la nouvelle version du système (II.43)
s’écrit :
2 u0,y
iω − ρ02a ∂y −
 
0
    
a 0 0 φ1 2aρ0 φ
  1
∂y
− ∂ρy0 

− ρ0
0 0 0  ∂x φ2  =  iω  φ2  . (A.3)
   

2
0 0 −a φ3 ρ a
0 − 02 ∂y + u0,y
iω φ3
2aρ0

Puisqu’il n’y a pas de terme de dérivée en x de φ2 dans le système, φ2 peut facilement


être remplacé dans les deux autres équations. Afin d’éviter l’utilisation d’opérateurs pseudo-
différentiels, les équations peuvent être discrétisées sous cette forme tandis que le remplacement
peut se faire numériquement. Ainsi, le système (A.3) peut s’écrire :
      
Af
11 0 0 φ1 M11 M12 0 φ1
 0 0 0  ∂x φ2  = M21 M22 M32  φ2  . (A.4)
      

0 0 A f
33 φ3 0 M32 M33 φ3
En supposant que M22 est inversible et facilement déterminable étant donné que son
expression est iω, le système peut être réduit en éliminant le terme φ2 et prend la forme :

197
198 ANNEXE A. GESTION DES SINGULARITÉS : ÉQUATIONS D’EULER

M11 + M−1 M−1


 ! ! ! !
 A11 0 φ1 22 M21 22 M23 φ1
 f

∂ = −1
0 A33
f x
φ3 M22 M21 M33 + M−122 M23 φ3 . (A.5)

M−1


φ2 = 22 (M21 φ1 + M23 φ3 )
Le système d’équations réduit est maintenant dans la même configuration que dans l’équation
(II.45). Ainsi, la même méthode peut être appliquée dans le but de le diagonaliser.
Annexe B

Condition d’axe en variables


caractéristiques

Bien qu’il soit compliquer d’obtenir l’expression de l’opérateur de propagation M dans le


cadre des équations d’Euler axisymétriques linéarisées, il est toute fois possible d’appliquer les
conditions limites en termes de variables caractéristiques. En effet, les matrices T et T −1 étant
facilement explicitées, les relations entre les variables physiques et caractéristiques sont connues.
Ainsi, les conditions aux limites sur l’axe deviennent pour m = 0 :



 (φ1 − φ5 ) = 0
∂r






 ∂
(φ1 + φ5 ) = 0



∂r


φ2 = 0 , (B.1)







 φ3 = 0

 ∂u0 ∂φ4



 (φ5 − φ1 ) + =0
∂r ∂r
et pour le cas m = 1 :

(φ1 − φ5 ) = 0



(φ1 + φ5 ) = 0







 ∂φ2
=0 .

∂r (B.2)

∂φ3



=0






 ∂r
φ4 = 0

199
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Équations one-way pour la propagation d’ondes en écoulements
complexes
Dans une optique de réduction du bruit engendré par les avions, de nombreux phénomènes
restent encore à mieux comprendre et de nombreuses configurations sont à étudier. Un besoin en
outils de simulation précis et efficaces se fait donc ressentir pour répondre à ces problématiques de
propagation d’ondes. Une approche envisageable est celle des équations one-way. En effet, cette
méthode permet de décomposer la résolution des équations en fonction du sens de propagation
des ondes le long d’un axe. Ainsi, au sein d’un écoulement, cet axe est naturellement celui
de l’écoulement principal. Cependant, l’application des équations one-way dans le cadre de la
mécanique des fluides souffre d’une limitation majeure. La complexité des équations résolues
(équations d’Euler ou de Navier-Stokes) impose une hypothèse d’écoulement faiblement variable,
limitant de ce fait le domaine d’application d’une telle méthode. Le premier objectif a donc été
de développer une reformulation de ces équations one-way, dans le but de pouvoir appliquer
certaines méthodes permettant la levée d’une telle hypothèse. Pour cela, l’exploitation de
deux conditions aux limites non-réfléchissantes a permis la construction d’une factorisation
purement numérique de l’opérateur de propagation. À partir de cette méthode, il est ensuite
possible d’appliquer des formalismes comme les équations one-way true amplitude ou les séries
de Bremmer, permettant de prendre en compte les ondes réfractées et/ou réfléchies. Le second
objectif a été de mettre à l’épreuve ces méthodes sur différentes applications. Ces dernières
sont constituées d’écoulements variant le long de l’axe de propagation, de conduits à section
variable ou partiellement traités acoustiquement (liners acoustiques) ou encore d’un jet chaud
subsonique. Dans tous ces cas, les résultats fournis par les approches one-way montrent un bon
accord avec les données expérimentales et avec différentes méthodes numériques plus coûteuses.
mots-clés : aéroacoustique, équations one-way, équations d’Euler, propagation d’ondes, conduits,
jets.

One-way equations for wave propagation in complex flows


Reducing the noise emitted by aircrafts requires a deeper understanding of several phenomena
while many configurations are left to be studied. In order to respond to these problems, there is a
need of precise and cost-effective simulation tools for wave propagation. The one-way equations
seem to be fit for this usage. Indeed, this method allows the decomposition of the resolution of
the equations depending on the waves’ propagation direction along an axis. Therefore, inside a
flow, this privileged axis appears to be the flow main direction. However, the application of the
one-way equations for fluid mechanics suffers from a major limitation. The complexity of the
solved equations (Euler or Navier-Stokes) enforces a hypothesis of slowly varying flow, limiting
the scope of such a method. The first objective has been to develop a new formulation of the
one-way equations, in order to apply other methods allowing the removal of this hypothesis.
The application of two non reflective boundary conditions (already used in the classical one-way
equations) allowed for a fully numerical factorisation of the propagation operator. From this
formulation, it is possible to use formalisms such as the true amplitude one-way equations or
the Bremmer series. They allow to take into account the refracted and/or reflected waves. The
second objective has been to assess the behavior of this method with several applications. These
applications are composed of flows varying along the propagation axis, ducts with variable
section or acoustically treated (with liners) and a hot subsonic jet. In all cases, the one-way
approach showed to be in good agreement with the experimental data and with costlier numerical
methods.
keywords : aeroacoustics, one-way equations, Euler equations, wave propagation, ducts, jets.

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