Acides Aminés, Peptides Et Proteines
Acides Aminés, Peptides Et Proteines
Acides Aminés, Peptides Et Proteines
Un acide aminé ou aminoacide est un composé comportant toujours une chaîne carbonée plus ou
moins longue, une fonction acide carboxylique (-COOH) et une amine qui, à une exception près est
une amine primaire (-NH2). Dans les AA naturels, qui constituent les peptides et protéines, ces
deux fonctions sont supportées par le même carbone, noté carbone α, d’où le terme d’acides α
aminés. La formule générale est donc :
Les 20 AA naturels se distinguent entre eux par la structure de R qui est nommé radical ou chaîne
latérale. R peut être un radical purement hydrocarboné ou comporter un groupement fonctionnel.
Les 20 AA sont symbolisés soit par un code à trois lettres (en général les trois premier du nom)
commençant par une majuscule, soit par un code à une seule lettre (voir tableau ). Il est important
de noter que 8 de ces acides aminés sont indispensables (Ind*) chez l’adulte et 9 chez l’enfant, ce
sont : histidine (enfant), leucine, isoleucine, lysine, méthionine, phénylalanine, thréonine,
tryptophane et valine.
I.1.2. Structure et classification des 20 acides aminés naturels
Suivant la nature du radical : R et les propriétés qui en découlent plusieurs critères de classification
des acides aminés (AA) peuvent être retenus :
1) Selon la structure linéaire ou cyclique de R
- AA aliphatiques (R non cyclique)
- AA aromatiques (R cyclique de type benzénique)
- AA hétérocycliques (R cyclique avec un atome autre que le carbone dans le cycle)
2) Selon la présence ou non dans R d’un groupement pouvant prendre une charge électrique
- AA neutres
- AA acides (charge potentielle négative)
- AA basiques (charge potentielle basique)
3) Selon la présence ou non dans R d’un groupement polaire
- AA polaires
- AA non polaires
4) Présence ou non d’un groupement fonctionnel dans R
- AA aliphatiques (pas de groupement fonctionnel dans R, chaîne aliphatique ou)
- AA aromatiques (R est un cycle aromatique)
- AA acides (présence d’un groupement acide carboxylique dans R)
- AA amidés (dérivent des précédents par amidification)
- AA hydroxyles (présence d’un groupement alcool ou phénol dans R)
- AA soufres (présence d’un groupement thiol ou thiol-éther dans R)
- AA basiques (présence d’un groupement azote, amine ou autre, dans R)
Cette dernière classification est basée sur la composition chimique et la nature du radical R. C’est
cette classification que nous retenons dans le cadre de notre cours
I.1.3 Propriétés physiques des acides amines
Solubilité et point de fusion
Les AA sous forme solide sont en général des poudres blanches cristallisées. Ils ont une solubilité
plus ou moindre dans l'eau et dans les solvants organiques selon la nature du radical R :
- Si R est polaire ou ionique la solubilité dans l’eau est importante,
- Si R est apolaire la solubilité dans l’eau est plus faible.
Les acides aminés ont un point de fusion élevé supérieur à 200 °C. Ce qui nécessite une somme
d’énergie importante pour rompre les liaisons ioniques du réseau cristallin.
Propriétés optiques : le pouvoir rotatoire
A l'exception de la glycine, le carbone α porte quatre substituants différents : c'est donc un centre
chiral dont la conformation définira les stéréo-isomères, isomères optiques à pouvoir rotatoire
spécifique opposé. Les deux énantiomères sont définis de la même manière que pour les oses en
prenant le glycéraldéhyde comme référence dans la représentation de Fischer :
Les acides aminés des protéines appartiennent tous à la série L.
Les énantiomères possèdent une activité optique: C’est la propriété de dévier la lumière polarisée;
Placés dans le faisceau dune lumière polarisée plane, ils provoquent la rotation du plan de
polarisation.
Si la rotation s’effectue dans le sens des aiguilles d’une montre, on dit que la molécule est
dextrogyre (+). Si la rotation s’effectue dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, on dit que
la molécule est lévogyre (-).
L’appartenance à la série ne définit pas le sens du pouvoir rotatoire (acide L glutamique + 12°et
acide D glutamique – 12°; L-Leucine -11° et D-Leucine +11 ; L-Alanine +1,8° et D-Alanine -1,8°).
L’importance et le sens de rotation dépendent de la nature de la chaîne latérale, la
température, la longueur d’onde de la lumière polarisée utilisée pour la mesure et le pH de la
solution.
Quand le pH du milieu est inferieur au pKA d'un couple A/B, la forme majoritaire est la forme
acide conjugee A+.
=> Qd pH = pKA <=> A = B <=> A+/-
=> Qd pH > pKA <=> majoritaire = A-
=> Qd pH = pHi, la solution est globalement neutre.
• Titration : neutralisation des groupements fonctionnels par une base forte et notion de pH i
Exemple de l’Alanine
L’Alanine est un AA mono-carboxylique, mono-amine. C’est donc un diacide dans sa forme
entièrement protonisée. Il peut libérer 2 protons durant sa titration complète avec une base. Cette
titration en deux étapes est représentée par les équations suivantes :
La titration de l’Alanine par la soude (NaOH) montre un tracé de segments de courbes séparés
(Figure ). Chaque segment correspond à une modification minimale de pH lorsque des petites
quantités de NaOH sont ajoutées.
c. Formation d’un alcool aminé : elle se fait par réduction de la fonction carboxylique en utilisant
le borohydrure de sodium NaBH4 ou le borohydrure de lithium LiBH4, elle aboutit à la formation
d’un alcool α-aminé.
d. Désamination
C’est une réaction importante d’un point de vue analytique (titration des AA). L’acide nitreux réagit
sur les acides aminés en libérant du diazote qui peut être dosé. C’est la méthode gazométrique de
VANSLYKE. L’azote dégage provient a volume égal de l’AA et de l’acide nitreux.
Chromatographie
Il s'agit d'une technique de séparation utilisant deux phases: une phase fixe (= stationnaire) et une
phase mobile.
La phase mobile peut-être liquide ou gazeuse; la phase fixe peut-être liquide ou solide. Des
interactions physico-chimiques s'établissent entre la phase fixe et les molécules a séparer. Ces
réactions dépendent de la nature des AA.
Lors de la chromatographie, chaque molécule sera soumise a une force de rétention vis-à-vis de la
phase fixe, et d'une force d'entrainement vis-à-vis de la phase mobile. La résultante de ces deux
forces varie d'un AA à l'autre. Chacun migrera donc a une vitesse qui lui est propre. On parle de ≪
migration différentielle ≫.
Une liaison covalente (pont S-S) intra-chaîne est présente et réalisée par l'oxydation de deux
fonctions thiol de deux cystéines
- peptide formé de plusieurs chaînes (polycaténaire)
Une liaison covalente (pont S-S) inter-chaînes est présente et réalisée par l'oxydation de deux
fonctions thiol de deux cystéines appartenant à deux chaînes peptidiques différentes.
Ionisation des peptides
Les groupes ionisables d'un peptide sont :
- le groupe α - NH3
+ de l'aminoacide N-terminal
- le groupe α-COOH de l'aminoacide C-terminal
- les groupes ionisables des chaînes latérales des différents aminoacides du peptide, à l'exception
toutefois des thiols (cystéine) ayant subi une oxydation et qui sont engagés dans une liaison S-S.
Exemple 1
Peptide Ala-Lys-Leu-Met-Asp-Ile (AKLMDI)
- Ileα-COOH pK1 = 2, 6
- Asp R-COOH pK2 = 3, 9
- Alaα-NH3+ pK3 = 9, 8
- Lys R-NH2 + pK4 = 10, 5
- soit par un agent réducteur, le 2-mercaptoéthanol qui transforme la cystine en deux cystéines :
La deuxième étape consiste à faire une hydrolyse chimique ou enzymatique pour couper les liaisons
peptidiques.
a. Hydrolyse chimique acide
Elle est conduite avec l’HCl 6N (mol/l) pendant 24 h à 72 h en chauffant jusqu’a 120°C et présente
les inconvénients suivants :
- elle est lente car elle nécessite plusieurs jours pour hydrolyser totalement les polypeptides ;
- conduit à la destruction totale du tryptophane ;
- la glutamine et l’asparagine sont transformées en acide glutamique et acide aspartique.
b. Hydrolyse basique
Elle est conduite avec le KOH 4N à 100°C pendant 6 à 10 heures.
c. Hydrolyse enzymatique (protéases ou encore peptidases)
Elle utilise deux types de peptidases :
- les exopeptidases qui s’attaquent aux extrémités de la chaine pour la raccourcir. Il existe :
- les carboxypolypeptidases qui attaquent la chaine par le bout –COOH ;
- les aminopolypeptidases qui attaquent par le bout –NH2.
- les endopeptidases qui rompent les liaisons peptidiques situées à l’intérieur de la chaine.
Après ces hydrolyses, les AA sont séparés et identifiés par chromatographie ionique.
Détermination des extrémités N et C terminales d’un peptide
Le principe consiste par des méthodes chimiques à faire fixer sur le COOH ou le NH2 terminal libre
un réactif, puis on réalise une hydrolyse du produit qui permet de donner un mélange d’AA et une
dérive réactive acide aminée terminale.
a. Détermination du COOH terminal d’un peptide
a.1. Méthodes enzymatiques
Les carboxypolypeptidases (exopeptidases) rompent les liaisons de l’AA terminal COOH ; il existe
deux enzymes : la carboxypolypeptidase A (rompt toutes les liaisons sauf celles du glycocolle et
celle, des AA basiques) et la carboxypolupeptidases B (qui rompt les liaisons de la glycine et des
AA et basiques) l’action de ces enzymes est récurrentes, en effet l’enzyme peut continuer a attaquer
un nouvel AA devenu COOH terminal. Il convient donc de mesurer le temps d’hydrolyse.
Le composé formé se cyclise spontanément en un cycle à 5 éléments, cela entraîne la rupture d'une
seule liaison peptidique pour donner une phénylthiodantoine et permet ainsi de réitérer l'opération
sur la partie restante. Ce procédé a pu être automatisé et autorise en routine des séquençages de 50
acides aminés.
b.2. Méthodes enzymatiques
Il s’agit des aminopolyeptidases qui attaquent aux liaisons NH2 terminal. Leur fonctionnement est,
récurrent donc pour libérer seulement le premier AA, l’enzyme doit agir pendant un temps très
court.
L’AA libère est identifie par chromatographie.
IV.2.5.3. Fragmentation de la chaine
Si le peptide à étudier comporte plus de 50 AA il sera réduit en peptides plus courts par coupures
spécifiques avant d’être séquence par la méthode d’EDMAN. Des endopeptidases ou des composés
chimiques possédant des sites de coupure spécifique seront alors employés :
- la trypsine est une endopeptidase qui hydrolyse les liaisons peptidiques dans lesquelles un acide
aminé basique (Lys, Arg) engage sa fonction acide
- la chymotrypsine qui est une endopeptidase qui hydrolyse les liaisons peptidiques dans lesquelles
un acide aminé aromatique (Tyr, Trp, Phe ainsi que Met) engage sa fonction acide.
- la pepsine qui est une endopeptidase qui hydrolyse les liaisons peptidiques dans lesquelles un
acide aminé aromatique (Tyr, Trp, Phe) engage sa fonction amine.
Certains réactifs hydrolysent une liaison peptidique avec une spécificité sur un des aminoacides
participant à la liaison :
- le bromure de cyanogène (BrCN) hydrolyse la liaison peptidique du côté carboxyle de la
méthionine : cette dernière devient alors un résidu C-terminal transformé en résidu homosérine
lactone.
- le 2-nitro-5-thiocyanobenzoate (NTCB) hydrolyse la liaison peptidique du côté amine de la
cystéine.
Quelques peptides d’intérêt biologique ou alimentaire
Peptides hormonaux
De nombreuses hormones synthétisées par diverses glandes sont de nature peptidique, voici
quelques
Exemples :
- La Vasopressine : synthétisée par l’hypophyse, est une hormone diurétique, dont l'extrémité se
termine par une fonction amide -CO-NH2 sur la glycine et non par un acide libre -COOH.
- L’angiotensine II : une hormone du sang d’origine hépatique qui régule la pression sanguine :
Asp-Arg-Val-Tyr-Ile-His-Pro-Phe
- Le glucagon : une hormone pancréatique hyperglycémiante comportant 29 AA.
- L’insuline : une hormone pancréatique hypoglycémiante comportant 51 AA en deux chaînes
unies par deux ponts disulfures (5A-5B et 20A-19B).
I. 3. Les Protéines
L'étude des protéines et de leurs fonctions est la partie la plus importante de l'enseignement de
biochimie dans le second cycle. Aussi, nous nous limiterons à quelques notions structurales qui
vous seront développées ultérieurement.
Les protéines, peptides de plus de 50-100 aminoacides, sont classées en deux groupes principaux :
- les holoprotéines qui ne sont constituées que d'aminoacides
- les hétéroprotéines qui contiennent :
- un groupe prosthétique minéral, métallique ou organique
- une partie glucidique liée de manière covalente : glycoprotéines
- une partie lipidique liée de manière covalente : lipoprotéines
Les caractéristiques spatiales des protéines sont la clé de leurs fonctions. La structure des protéines
est définie à plusieurs niveaux :
- structure primaire : composition et séquence des aminoacides
- structure secondaire : c'est une structure locale qui rend compte de l'organisation spécifique d'un
fragment d'aminoacides consécutifs dans l'espace
- structure tertiaire : c'est l'organisation spatiale complète des structures locales de la molécule
- structure quaternaire : c'est l'organisation de protéines oligomériques qui sont des assemblages
non covalents de sous-unités (protomères)
3.1 Structure des protéines
On définit quatre niveaux d’organisation : primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire (dans le cas
de protéines à plusieurs sous-unités).
Structure primaire
L’enchainement successif des acides aminés reliés entre eux par une liaison peptidique constitue la
structure primaire ou séquence de la protéine. Dans cette structure chaque acide aminé prend le nom
de résidu.
Structure secondaire
C’est l’organisation de la chaîne polypeptidique dans l’espace par intervention des liaisons
Hydrogène entre éléments constitutifs proches. Cette structure due à la répétition d’un motif
structural de base.
On distingue en générale deux types principaux de structure secondaire : l’état étiré (feuillets plissés
β) et l’état hélicoïdal (hélice α).
a. ETAT étiré ou structure en feuillets plissés β
Les protéines fibreuses possèdent ce type de conformation, schématisé à la figure 14. On voit deux
chaînes polypeptidiques antiparallèles, unies par des liaisons hydrogène interchaînes. Les atomes de
la liaison peptidique sont situés dans un même plan, mais les carbones α appartiennent
simultanément à deux plans différents.
Structure tertiaire
C’est une structure tridimensionnelle compacte due au repliement et à l’enroulement de la chaîne
polypeptidique sur elle-même par suite d’interactions ioniques, de liaisons hydrogène, hydrophobes
ou covalentes (ponts disulfures). Les chaînes latérales polaires des acides aminés se trouveront à la
surface et hydratées, alors que les chaînes latérales non polaires (hydrophobes) seront dirigées vers
l’intérieur, protégées du contact de l’eau. La figure 16 schématise la structure tridimensionnelle de
la myoglobine d’après des études effectuées par diffraction aux rayons X.