La Politique Monetaire en Mauritanie

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Direction Générale des Etudes

LA POLITIQUE MONETAIRE EN MAURITANIE

Par Mohamed-Lemine Ould-Raghani


Docteur Es Sciences Economiques
Directeur Général des Etudes

Mars 2009
Sommaire

INTRODUCTION ........................................................................................................ 3

I. LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE MONETAIRE .............................................. 3


A. Unicité ou pluralité des objectifs ? .................................................................................................................. 3

B. Le choix des objectifs........................................................................................................................................ 4


1. Objectif final, Objectifs intermédiaires et opérationnels ................................................................................ 4
2. Le choix des objectifs intermédiaires et opérationnels.................................................................................. 4
3. La détermination des objectifs........................................................................................................................ 5

II. LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONETAIRE ....................................... 6


A. Contrôle direct ou indirect .............................................................................................................................. 6
1. Le Contrôle direct........................................................................................................................................... 7
2. Le Contrôle indirect ....................................................................................................................................... 7

III. LES MECANISMES DE TRANSMISSION DE LA POLITIQUE MONETAIRE A


L’ECONOMIE........................................................................................................... 10
A. le canal du taux d’intérêt et des prix des actifs............................................................................................ 10
1. Le canal du taux d’intérêt............................................................................................................................. 10
2. Le canal des prix des actifs........................................................................................................................... 10

B. Le canal du crédit ........................................................................................................................................... 11

C. Le canal des anticipations et les effets d’annonce........................................................................................ 11

VI. LE CADRE INSTITUTIONNEL DE LA POLITIQUE MONETAIRE EN


MAURITANIE ........................................................................................................... 12
A. Rôle de la Banque Centrale en matière de politique monétaire................................................................. 12
1. Mission de la Banque Centrale de Mauritanie............................................................................................. 12
2. Organisation ................................................................................................................................................. 13

B. Coordination avec la politique budgétaire : les relations avec le Ministère des Finances........................ 14

CONCLUSION ......................................................................................................... 15

ANNEXES ................................................................................................................ 16

2
Introduction
La politique monétaire est le processus par lequel l’autorité monétaire
assure la régulation de l’offre de monnaie en vue d’atteindre des objectifs de
politique économique qui peuvent concerner la croissance, le plein emploi,
l’équilibre extérieur et/ou la stabilité des prix. Depuis la fin des années soixante
dix du siècle dernier, la fonction de régulation conjoncturelle
traditionnellement assignée à la politique monétaire, dans une perspective
keynésienne, est de plus en plus supplantée par une conception limitée à
l’objectif de stabilité des prix. En effet, le phénomène de stagflation
(coexistence de l’inflation et du chômage), a sonné le glas des politiques
économiques d’inspiration keynésienne inaugurant ainsi la prééminence du
monétarisme en tant que cadre théorique de référence des politiques
économiques. C’est ainsi que dans la plupart des pays, la politique monétaire
se voit assigner la stabilité des prix comme objectif principal. Cette évolution
de conception a été observée en Mauritanie où l’on a pu assister à un
recentrage de la politique monétaire vers l’objectif de stabilité des prix après
une période marquée par une orientation vers la réalisation des objectifs de
la politique économique en matière de croissance et d’équilibre extérieur.

Après avoir présenté les objectifs de la politique monétaire en


Mauritanie, nous examinerons ses instruments, ses mécanismes de transmission
et son cadre le cadre institutionnel de formulation et de mise en oeuvre.

I. Les objectifs de la politique monétaire


A. Unicité ou pluralité des objectifs ?

Depuis la création de l’Ouguiya en 1973 jusqu’au milieu des années


1980, la politique monétaire avait une multiplicité d’objectifs liés à ceux de la
politique économique du Gouvernement, à savoir promouvoir l’expansion, le
plein emploi, la stabilité des prix ou l’équilibre des paiements extérieurs . Elle
constituait à ce titre, dans une logique keynésienne, un levier
complémentaire aux autres composantes de la politique économique,
particulièrement la politique budgétaire. Avec la poursuite de politiques de
stabilisation macroéconomiques et de réformes structurelles d’inspiration
libérale, notamment dans le cadre des programmes économiques et
financiers soutenus par le FMI et la Banque mondiale, on assiste à un
recentrage de la politique monétaire vers l’objectif de stabilité des prix.

3
B. Le choix des objectifs
1. Objectif final, Objectifs intermédiaires et opérationnels

Etant donné que les autorités monétaires ne disposent pas, en pratique,


d’instruments permettant d’agir directement sur l’objectif final en pratique, et
compte tenu des difficultés de disposer dans les délais requis d’une mesure
de la grandeur ciblée, il est souvent fait recours à des objectifs intermédiaires
présentant un lien stable avec l’objectif final, contrôlables par l’autorité
monétaire et rapidement mesurables. Il s’agit en général de variables de prix
(taux d’intérêt ou de taux de change) ou de quantité (agrégat de monnaie
ou de crédit).

Les objectifs opérationnels sont ceux sur lesquels l’autorité monétaire


agit au quotidien afin d’atteindre les objectifs intermédiaires et finals. Ils ont la
particularité d’être plus sensibles aux instruments que les objectifs
intermédiaires. Il peut s’agir de taux du marché interbancaire, des réserves
obligatoires ou de la base monétaire.

2. Le choix des objectifs intermédiaires et opérationnels

Les nouveaux statuts de la Banque Centrale de Mauritanie ne laissent


plus d’ambiguïté quant à l’objectif de stabilité des prix assignés à la politique
monétaire 1 .

L’objectif de stabilité des prix est fixé à travers la définition d’un objectif
quantifiée concernant l’inflation 2 mesurée par l’Indice Harmonisé des prix à la
Consommation qui constitue l’objectif final de la politique monétaire.

La masse monétaire constitue le principal objectif intermédiaire retenu


par la Banque Centrale de Mauritanie pour les besoins de la politique
monétaire. Cet agrégat remplit les conditions énoncées précédemment pour
le choix d’un objectif intermédiaire en termes de lien avec l’objectif final (la
théorie quantitative de la monnaie, établit un lien entre le la quantité de
monnaie en circulation et le niveau général de prix), de contrôlabilité
(variable contrôlable par les instruments directs ou indirect de la politique
monétaire) et de mesurabilité (les statistiques monétaires établis
mensuellement permettent de mesurer cette grandeur).

En plus de la masse monétaire, le taux de change qui remplit


présentement les conditions requises sert également d’objectif intermédiaire.
Dans le cadre du système de flottement encadré de l’Ouguiya, la politique
de taux de change vise à renforcer la stabilité des prix et à maintenir la

1
Article 38 de l’ordonnance n° 2007/004 du 12 janvier 2007 portant Statut de la Banque Centrale de Mauritanie.
2
Il s’agit d’une étape vers le ciblage de l’inflation pour ancrer les anticipations des agents économiques. Une
telle politique implique que la politique monétaire poursuivi est suffisamment crédible pour assurer la réalisation
de l’objectif d’inflation.

4
compétitivité de l’économie nationale. L’introduction d’un marché de
change depuis janvier 2007 a permis d’améliorer la transparence du système
d’allocation des devises et de renforcer le statut du taux de change en tant
qu’objectif intermédiaire de la politique monétaire.

Tableau 1. La Masse monétaire et ses contreparties


(Chiffres en milliards UM)
Déc.2005 Déc.2006 Déc.2007
Masse monétaire (M2) 153,8 177,9 211,5
Monnaie (M1) 128,3 148,7 171,0
Monnaie fiduciaire 49,1 66,4 68,9
Dépôts à vue 79,2 82,3 102,1
Dépôts à terme et d’épargne 25,5 29,2 40,5
Contreparties de M2 153,8 177,9 211,5
Avoirs extérieurs nets -71 0,7 12
Crédit à l’Etat 159,7 112,3 121,9
Crédit à l’Economie 143,5 153,9 183,2
Autres postes nets -78,4 -89,1 -105
Source : BCM, Rapport annuel 2007

Les réserves des banques (liquidité bancaire) ont été adoptées comme
objectif opérationnel pour la mise en œuvre de la politique monétaire. Ils
correspondent aux critères définis pour le choix d’un tel objectif. En effet, le
suivi des facteurs de la liquidité permet de définir les types d’instruments de
politique monétaire approprié pour la régulation indirecte de la monnaie en
Mauritanie.

Tableau 2. La Base monétaire et ses contreparties


(Chiffres en milliards UM)
Déc.2005 Déc.2006 Déc.2007
Base monétaire 68,0 84,0 95,9
Billets et monnaie en circulation 128,3 148,7 171,0
Réserves des banques 49,1 66,4 68,9
Contreparties de la base 68,0 84,0 95,9
Avoirs extérieurs nets -38,9 4,6 12,4
Crédit net à l’Etat 112,6 85,4 87,7
Crédit net aux banques 0,0 0,3 3,6
Autres postes nets -5,7 -6,3 -7,8
Source : BCM, Rapport annuel 2007

3. La détermination des objectifs

L’établissement du programme monétaire permet à la Banque


centrale de définir ses objectifs quantitatifs, intermédiaires (masse monétaires)
et opérationnels (base monétaire ou réserves des banques). Ce programme
dérive du cadrage macroéconomique global fixant les objectifs de la
politique économique conjoncturelle, à savoir le niveau projeté de la
croissance, de l’inflation, du solde budgétaire et du compte extérieur.

Une programmation des facteurs de la liquidité bancaire est établie sur


un horizon suffisamment court (une à deux semaines) pour faciliter le suivi de

5
l’évolution des facteurs autonomes (sur lesquels la Banque Centrale n’a pas
d’emprise) et rendre plus efficace l’utilisation des instruments de politique
monétaire (facteurs discrétionnaires).

Encadré 1. Détermination de la valeur annuelle de l’objectif intermédiaire annuel


(programmation monétaire annuelle)

ƒ le niveau projeté de la masse monétaire est obtenu en tenant compte d’une relation
stable entre la masse monétaire et le Produit intérieur brut projeté (stabilité de la
vitesse de circulation de la monnaie).
ƒ Les projections des contreparties de la masse monétaire sont déclinées comme suit :
o Les avoirs extérieurs sont déterminés à partir des projections de la balance des
paiements (compte extérieur)
o Les crédits nets à l’Etat ou la position nette du Gouvernement sont obtenus à partir des
prévisions arrêtées dans le cadre de la Loi des Finances.
o Les autres postes : sont supposés constants
o Les crédits à l’Economie constituent un poste résiduel permettant d’assurer l’équilibre
entre la monnaie au sens large et ses contreparties.

Tableau 3. Quelques indicateurs de la politique économique conjoncturelle


2006 2007
Evolution en % sauf indication contraire
Croissance
PIB 11,4 1,0
PIB hors pétrole 4,1 5,9
Inflation
Indice des prix à la consommation (moyenne de la période) 6,2 7,3
Indice des prix à la consommation (fin de période) 8,9 7,4
Compte extérieur
Solde des transactions courantes (en % du PIB hors pétrole) -1,3 -11,4
Solde de la balance globale (en % du PIB hors pétrole) -3,7 -10,1
Opérations consolidées du Gouvernement
Solde global (en % du PIB hors pétrole) 35,3 -4,9
Masse monétaire 15,7 18,9
Source : BCM, Rapport annuel 2007

II. Les instruments de la politique monétaire


Il existe une panoplie d’instruments à la disposition de l’autorité
monétaire pour réguler le niveau de la liquidité de l’économie en fonction de
l’objectif de stabilité de prix arrêté dans le cadre de la politique économique
conjoncturelle. Le choix d’instrument varie d’un pays à l’autre étant donné la
diversité des systèmes financiers et le degré d’ouverture de l’économie.

A. Contrôle direct ou indirect

Depuis le début des années 1990, on assiste en Mauritanie, à l’instar de


la plupart des pays à faible revenu ayant opté pour des politiques de
stabilisation macroéconomique et de réformes structurelles appuyés par les

6
institutions de Bretton- woods, à un abandon progressif des instruments de
contrôle direct de la liquidité de l’économie, basés principalement sur
l'encadrement du crédit par voie réglementaire, du refinancement direct
auprès de la banque centrale par le taux de réescompte et de l’orientation
sélective des investissement dans un contexte de contrôle de change.

1. Le Contrôle direct

Le contrôle direct consiste essentiellement à réguler le niveau de la


masse monétaire en plafonnant la progression du Crédit à l’Economie, sa
principale contrepartie. Le plafond global arrêté sur la base d’une
programmation monétaire et financière annuelle, est réparti entre les
différents établissements bancaires. Dans un tel système, le taux d’intérêt joue
un rôle moins important en terme de régulation monétaire étant donné,
d’une part, l’absence d’un véritable marché monétaire et, d’autre part, le
fait que les banques disposent d’un plafond de réescompte auprès de la
BCM, fixé sur la base des réalisations passées, leur permettant de se
refinancer en cas de besoin. Un tel système fait peu de place à la
concurrence interbancaire.

2. Le Contrôle indirect

Le contrôle indirect met en jeu des instruments de régulation monétaire


tendant à agir sur le comportement des agents économiques, généralement
financiers, pour réguler le niveau de la quantité de monnaie. Ces instruments
font appel, le plus souvent, à des mécanismes de marché. Le principe d’un
tel système consiste à contrôler l’évolution de l’objectif intermédiaire par le
recours à des instruments agissant sur l’objectif opérationnel et ce compte
tenu de la stabilité de la relation entre les deux objectifs. Par exemple, on
peut indirectement contrôler la masse monétaire par action sur la base eu
égard à la stabilité de la relation entre les deux variable (constance du
multiplicateur de la base).

Les instruments de contrôle indirect vont agir sur l’offre et la demande


en monnaie centrale pour atteindre l’objectif intermédiaire de politique
monétaire. Les réserves obligatoires, les adjudications de bons du Trésor et le
taux d’intérêt constituent les instruments utilisés actuellement par la BCM dans
le cadre de la mise en œuvre de la politique monétaire. Le recours aux
interventions de la BCM sur le marché de capitaux ou open market est
envisagé dans le cadre de la réforme des instruments de la politique
monétaire

a. Les réserves obligatoires

En imposant aux banques de constituer, sous formes de dépôts auprès


d’elle ou d’encaisse en billets et monnaie, des réserves sur les dépôts de la
clientèle, la Banque centrale peut influencer les besoins de ces institutions en

7
monnaie centrale. Le taux de réserves obligatoires est actuellement fixé à
7% 3 . Le relèvement (la baisse) de ce taux est de nature à restreindre
(accroître) la capacité de création monétaire des banques et à tirer vers le
haut (le bas) le taux d’intérêt sur le marché monétaire.

Tableau. 4 Réserves obligatoires


Juillet. 1999 Sept. 2004 Janvier. 2006
Taux 4,5% 8% 7%
Source : BCM

b. L’open market et les adjudications des bons du Trésor

Parmi les instruments de contrôle indirect de la monnaie, l’intervention


sur le marché monétaire joue un rôle principal. En Mauritanie, la mise en
place d’un tel instrument, depuis 1994, n’est toujours pas totalement
achevée pour permettre une véritable autonomie opérationnelle de la
Banque Centrale en matière de conduite de la politique monétaire. Jusqu’à
présent, c’est toujours le recours au système d’adjudication des bons du
Trésor qui tient lieu d’instrument de gestion de régulation de la liquidité en
attendant que la BCM puisse émettre ses propres titres.

i) Les interventions de la Banque Centrale sur le marché des titres

L’intervention sur le marché ou open market, consiste pour la BCM


d’intervenir sur le marché monétaire pour ajuster le niveau de la liquidité
bancaire en cédant (retrait de liquidité) ou en achetant (injection de
liquidité) des titres, en général des bons du Trésor. Cette modalité
d’intervention exerce un double effet sur la quantité de monnaie centrale et
sur le niveau des taux d’intérêt. Par exemple, la vente de titres correspond à
un retrait de liquidités qui va réduire la quantité de monnaie disponible pour
les banques et renchérir le coût de l’argent sur le marché monétaire. A
l’inverse, le rachat de titres par la Banque centrale, exercera l’effet inverse, à
savoir un accroissement de la liquidité bancaire et entraînant une baisse du
taux sur le marché monétaire.

L’intervention de la Banque Centrale sur le marché à des fins de


régulation monétaire est prévue par l’article Article 42 de l’ordonnance
2007/004. Elle peut prendre la forme d’achat ou de vente ferme (au
comptant et à terme), de prise ou mise en pension, de prêt ou d’emprunt
des créances et des titres négociables.

Au stade de la réforme des instruments de la politique monétaire, les


interventions de la Banque centrale sur le marché monétaire ne peuvent
encore avoir lieu en dépit de la définition des procédures de fonctionnement
du marché monétaire, y compris les bons Banques centrales par la Circulaire
3/GR/2007 du 16 octobre 2007. Un certain nombre de mesures préalables

3
Instruction n° 016/GR/2007 du 12 juin 2007.

8
n’ont toujours pas été prises telles que la titrisations de créances de la Banque
Centrale sur l’Etat, pour rendre opérationnel un tel instrument.

ii) Les adjudications des bons du Trésor.


Le marché des bons du Trésor a été lancé en 1994 4 avec un double
objectif. D’abord améliorer le mécanisme de financement des besoins de
trésorerie de l’Etat en faisant moins recours au financement direct par la
Banque centrale. Ensuite, servir, à titre transitoire, d’instrument de politique
monétaire permettant d’assécher la liquidité excédentaire en attendant
l’opérationnalisation de l’instrument d’open market. L’échéance des bons du
Trésor est en général inférieure à un an. Les adjudications des bons du Trésor
ont lieu chaque semaine. Le taux d’intérêt arrêtés dans le cadre des
adjudications des bons du Trésor peut être assimilé à un taux directeur
plancher.
Tableau 5. la Base monétaire et ses contreparties
(Chiffres en milliards UM)
2005 2006 2007
Encours des bons du Trésor 55,4 40 39,4
Détenus par les banques 52,3 32,3 28,8
Autres 3,1 7,7 10,6
Source : BCM

d. Le taux d’intérêt

Le taux directeur de la Banque centrale ou taux de pension livrée


contre bons du Trésor ou bons BCM est le taux auquel les banques peuvent
se refinancer auprès de l’institut d’émission. A ce titre, il constitue un taux
plafond pour les opérations du marché monétaire. En le fixant à un niveau
donné, la Banque Centrale adresse un signal sur l’orientation de la politique
monétaire. Un relèvement du taux directeur signifie un durcissement de celle-
ci se traduisant par un renchérissement du coût de l’argent et partant celui
du crédit. Une évolution à la baisse du taux directeur produit un fléchissement
du taux du marché monétaire et celui du crédit.

Le taux directeur de la BCM est fixé actuellement à 12%. La faiblesse


de la profondeur financière en Mauritanie (étroitesse du marché des
Capitaux et celui du Crédit), conjuguée à une situation de surliquidité
structurelle des Banques, a eu tendance à diminuer l’efficacité du taux
d’intérêt en tant qu’instrument de politique monétaire. C’est ce qui explique
qu’il n’y fait pas souvent recours : depuis octobre 2001, le taux directeur a été
modifié été modifié quatre fois.

Tableau. 6 Evolution du taux directeur de la BCM


Oct. 2001 Fév. 2005 Oct. 2005 2007
Taux directeur 11% 13% 14% 12%
Source : BCM

4
Circulaire conjointe n° 003/MF-GRBCM/1994 du 20 juin 1994.

9
III. Les mécanismes de transmission de la politique
monétaire a l’économie
Les décisions de politique monétaire se transmettent à l’économie par
plusieurs voies appelées canaux de transmission. On distingues trois principaux
canaux de transmission de la politique monétaire : A) le canal du taux
d’intérêt et des prix des actifs ; B) le canal du crédit bancaire et C) le canal
des anticipations et les effets d’annonce

A. le canal du taux d’intérêt et des prix des actifs


1. Le canal du taux d’intérêt

Une politique monétaire expansive se traduisant par une baisse du taux


d’intérêt est de nature à stimuler la demande finale, à travers l’accroissement
du niveau de l’investissement et de la consommation, induisant ainsi des
pressions inflationnistes. Une hausse du taux d’intérêt produit l’effet inverse :
une diminution de la demande globale (investissement + consommation)
ayant pour conséquence une atténuation des pressions inflationnistes.

2. Le canal des prix des actifs

a. Le taux de change

Une hausse du taux d’intérêt rend les dépôts en monnaie nationale


plus attrayants que ceux libellés en devise étrangère dont le taux de
rémunération est resté inchangé. Ce qui peut entraîner, toutes choses étant
égales par ailleurs, une appréciation de la monnaie nationale sur le marché
de change, conduisant en particulier à une baisse de la demande extérieure
et par conséquent entraînant une contraction du niveau de l’activité
économique.

b. Le cours des actions

Dans un contexte de réduction des liquidités, faisant suite ²suite à une


politique monétaire restrictive, les détenteurs d’actions auront tendance à
vendre une partie de leurs titres pour se procurer les liquidités dont ils ont
besoin (encaisses désirées), entraînant de la sorte une baisse du cours des
actions pouvant produire deux conséquences : i) une moindre incitation des
entreprises à faire recours au marché financiers pour lever des fonds propres
nécessaires à de nouveaux investissements ; et ii) une baisse de la
consommation des détenteurs d’actions (baisse de la richesse imputable à la
baisse du cours des actions). Au total, la baisse des cours des actions
consécutive à une politique monétaire restrictive induit une réduction de la
demande intérieure (investissement + consommation) et un ralentissement de
l’activité économique susceptible de réduire les pressions inflationnistes.

10
B. Le canal du crédit

Une politique monétaire expansive entraîne un accroissement du


volume des crédits offert par les banques. L’accroissement de l’offre des
crédits a pour effet de relancer l’activité économique par la hausse des
dépenses de consommation et d’investissement. C’est l’effet inverse qui se
produit en cas de politique monétaire restrictive.

C. Le canal des anticipations et les effets d’annonce

L’action des autorités monétaires peut être perçu comme étant une
indication sur les intentions futures. Par exemple des variations du taux ’intérêt
constituent un signal adressé aux marchés sur les priorités conjoncturelles de
la politique monétaire (contenir les pressions inflationnistes, relancer l’activité
économique, etc.)

Politique Monétaire

Canal du taux Canal du taux Canal du prix Canal bancaire


d’intérêt de change des actifs

Produit Intérieur Brut (PIB)

11
VI. Le cadre institutionnel de la politique monétaire en
Mauritanie
En vertu de Loi, La Banque Centrale de Mauritanie et chargée de la
formulation et de la mise en œuvre de la politique monétaire. Afin d’assurer
une plus grande efficacité de la politique monétaire et une cohérence
globale de la politique économique conjoncturelle, la Banque Centrale
exécute cette mission en concertation avec le Ministères chargé des
Finances.

A. Rôle de la Banque Centrale en matière de politique monétaire


Suite à son retrait de la Zone Franc, la Mauritanie a crée sa propre
Banque Centrale en Mai 1973 5 dont la Mission, l’organisation et le
fonctionnement sont actuellement définis par l’Ordonnance n° 2007/004 du
12 janvier 2007. Les nouveaux Statuts ont renforcé l’indépendance de
l’institution, adapté ses instruments d’intervention à sa mission et clarifié
davantage ses relations avec le Gouvernement.

1. Mission de la Banque Centrale de Mauritanie

a. Mission générale

La mission principale de la Banque centrale est définie par l’article 38


de ses Statuts. Elle consiste principalement à : assurer la stabilité des prix,
veiller à la solidité du système financier et contribuer à la mise en œuvre de la
politique économique du Gouvernement.

Pour la réalisation de ces mission, les domaines de compétence de la


Banque Centrale, tels que fixés par l’article 39 des statuts, se déclinent
comme suit :

ƒ Définition et mise en œuvre de la politique monétaire,


ƒ Emettre et gérée pour le compte de l’Etat la monnaie fiduciaire,
ƒ Participer à la définition de la politique des changes et assurer sa
mise en œuvre 6 ,
ƒ Détenir et gérée les réserves de change,
ƒ Organiser surveiller et réglementer le marché des changes,
ƒ Surveiller et réglementer les banques et autres établissements
financiers 7 ,
ƒ Promouvoir la stabilité, la sécurité et l’efficience du système de
paiement,

5
Loi n° 73/118 du 30 mai 1973 modifiée par les lois 74/118 du 8 juin 1974 et 75/332 du 26 décembre 1975.
6
La BCM exerce ses attributions en matière de change dans le cadre de la Loi n° 042/2004 du 25 juillet 2004
fixant le régime applicable aux relations financières avec l’étranger et leur enregistrement statistique.
7
Cf. Ordonnance n°020/2007 du 13 mars 2007 relative aux établissements du crédit et Ordonnance n°005/2007
du 12 janvier 2007 portant réglementation des Etablissement de micro finance.

12
ƒ Contribuer à la stabilité du système financier,
ƒ Agir en qualité de caissier de l’Etat d’agent financier pour le
Gouvernement

b. Rôle en matière de politique monétaire

La Banque Centrale est chargée de la conduite de la politique


monétaire. Un Conseil de politique monétaire présidé par le Gouverneur est
l’organe chargé de la définition de la politique monétaire et du suivi de sa
mise en oeuvre. Le Conseil de Politique monétaire se réunit au moins une fois
par mois. Il comprend, outre le Gouverneur et le Gouverneur adjoint, 5
membres choisis sur la base de leur compétence et de leur expérience.

La mise en œuvre opérationnelle de la politique monétaire est assurée


par les services techniques de la Banque centrale, sous l’autorité du
Gouverneur.

Outre la consécration de l’objectif de stabilité des prix assigné à la


politique monétaire désormais inscrit dans la Loi 8 , la réforme des statuts,
intervenue en janvier 2007, a renforcé l’indépendance de la Banque
centrale. Cette indépendance couvre à la fois le statut de l’institution 9 , ses
organes de décision (mode de désignation et de révocation du
Gouverneur 10 , du Gouverneur adjoint 11 et des membres de Conseil de
politique monétaire et ceux du Conseil Général 12 ) ainsi que son personnel.
Elle vise essentiellement à la doter d’une autonomie institutionnelle et
financière nécessaire à la crédibilité de son action en matière de politique
monétaire et de régulation du système financier

2. Organisation

La Banque Centrale de Mauritanie est dirigé par un Gouverneur,


nommé pour un mandat de cinq ans renouvelables. Il est assisté par un
Gouverneur adjoint nommé également pour un mandat de cinq ans
renouvelables.

8
Article 38 de l’ordonnance n°2007/04 du 12 janvier 2007
9
Articles 2 et 3 de l’ordonnance précitée.
10
Article 9 de l’ordonnance n°2007/04 : […] Le Gouverneur est choisi en fonction de sa formation académique,
de sa compétence, de sa moralité et de son expérience avérée dans le domaine bancaire, économique ou
financier. Le Gouverneur ne peut être relevé de ses fonctions que par décret Présidentiel, moyennant
recommandation motivée prise à la majorité des deux tiers des membres du Conseil Général à l’exclusion de la
personne du Gouverneur.
11
Les mêmes dispositions de nomination et de révocation s’appliquent au Gouverneur adjoint.
12
Article 20 de l’ordonnance n°2007/04 : Les membres du Conseil de la Politique Monétaire […] sont nommés
par décret Présidentiel et ne peuvent être relevés que dans les mêmes formes. […].Ces membres sont choisis en
fonction de leur compétence et de leur expérience professionnelle avérée dans le domaine monétaire ou
économique. Article 21 : Les mandats des Conseillers ont une durée de cinq ans et sont renouvelables une ou
plusieurs fois.

13
Le Gouverneur exerce ses pouvoirs en toute autonomie conformément
aux Statuts. Il préside les Conseil de politique monétaire et le Conseil Général
de la Banque.

Le Conseil Général comprend, en plus du Gouverneur et du


Gouverneur adjoint, cinq membres nommés pour des mandats de cinq ans
renouvelables. Il a pour attributions principales de définir l’orientation
générale des affaires de la Banque et d’approuver ses budgets et ses
comptes.

Le Conseil de politique monétaire est l’organe de décision en matière


de politique monétaire et de surveillance du système financier.

La surveillance générale sur tous les services et opérations de la Banque


est assurée par un Censeur nommé pour Décret présidentiel.

La Banque centrale comprend :


- quatre directions Générales : Etudes, Gestion de la Liquidité et
Marchés, Supervision Bancaire et Financière, Administration et Logistique.
Chaque Direction Générale comprend deux ou trois Directions.
- trois Directions relevant du Gouverneur adjoint : la Caisse, la
Comptabilité et le Système d’information
- une direction de l’Audit rattaché au Gouverneur
- une Direction Régionale à Nouadhibou

B. Coordination avec la politique budgétaire : les relations avec le


Ministère des Finances

En tant que composante de la politique économique, la politique


monétaire ne peut être envisagée sans coordination avec la politique
budgétaire, qui est du ressort du Gouvernement. Les modalités de cette
coordination ont définies dans l’article 93 de l’Ordonnance portant statuts de
la Banque Centrale. En vertu de cet article, le Gouverneur organisera
régulièrement des réunions avec le Ministre des Finances en vue de discuter
des politiques budgétaires et monétaires ainsi que toute autre question
d'intérêt commun. Le Gouverneur et le Ministre des Finances se tiendront
mutuellement informés de toute matière qui concerne conjointement la
Banque et le Ministère.

Cette coordination au plan macro-économique est renforcée par des


liens étroits entre la Banque centrale et les services financiers publics
conformément à l’article 69 de l’Ordonnance précitée consacrant le statut
de conseiller et de d’agent financier de l’Etat pour ses opérations de caisse,
de banque et de crédit, reconnu à la Banque Centrale. En matière de
financement du Budget, l’article 73 a fixé les limites du découvert accordé au
Trésor à 5% des recettes ordinaires de l’Etat constatées au cours du
précèdent exercice budgétaire.

14
Conclusion
En tant composante de la politique économique conjoncturelle, la
politique monétaire en Mauritanie est de plus en plus orientée vers un objectif
de stabilité de prix. En dépit d’une réforme profonde de instruments dont
dispose la Banque centrale pour l’accomplissement de sa mission, la question
de l’autonomie opérationnelle demeure posée. En effet, les adjudications
des bons du Trésor, qui constituent le principal instrument dont la Banque
Centrale dispose aujourd’hui pour la régulation monétaire, en raison du
double objectif qui leur est assigné (financement du Trésor et réglage fin de la
liquidité), ne permettent pas d’assurer une autonomie opérationnelle
indispensable pour la mise en œuvre, en toute indépendance, d’une
politique monétaire efficace. La création récente des bons BCM constitue un
pas vers cette autonomie nécessaire qui devra être complété par la titrisation
des créances de la Banque centrale sur l’Etat.

En plus de disposer d’instruments adaptés à sa mission, l’autorité


monétaire devra envisager d’étudier de manière plus approfondie les
canaux de transmission de la politique monétaire. Cela permettra d’avoir une
connaissance plus précise de l’impact des décisions de politique monétaire,
de choisir des objectifs pertinents (intermédiaires et opérationnels) et d’utiliser
plus efficacement les instruments de régulation de la monnaie.

15
Annexes

Annexe 1. Indicateurs économiques et Financiers

Annexe 2. Ordonnance l’ordonnance n°2007/04 du 12 janvier 2007

16
Annexe 1. Indicateurs Economiques et Financiers 2003-2007

2007
2003 2004 2005 2006
Prélim.est.
(Evolution en pourcentage, sauf indication contraire)
Revenu national et prix
PIB à prix constants 5,6 5,2 5,4 11,4 1,0
PIB hors pétrole à prix constants 5,6 5,2 5,4 4,1 5,9
Déflateur du PIB 2,5 11,5 18,0 31,9 0,2
Déflateur du PIB hors pétrole 2,5 11,5 18,0 10,1 13,4
Indice des prix à la consommation (moyenne de la période) 5,3 10,4 12,1 6,2 7,3
Indice des prix à la consommation (fin de période) 2,9 16,1 5,8 8,9 7,4
Secteur externe
Exportations de biens, f.o.b. (taux de croissance, en dollars EU) -4,1 38,1 42,2 118,6 6,4
Dont: Exportations hors pétrole -4,1 38,1 42,2 15,9 54,0
Importations de biens, f.o.b. (taux de croissance, en dollars EU) 25,7 70,3 54,7 -18,3 22,7
Importations de biens, f.o.b. (taux de croissance, en dollars EU) 2/ 22,1 33,7 24,8 8,5 35,1
Transferts officiels (en pourcentage du PIB) 6,9 4,1 5,4 3,4 2,7
Solde de la balance des transactions courantes (en % du PIB) -13,7 -34,6 -47,2 -1,3 -11,4
Solde de la balance des transactions courantes (en % du PIB) 2/ -7,1 -12,0 -7,4 -3,7 -10,1
Balance globale (en pourcentage du PIB) -10,0 -7,3 -4,0 10,5 0,6
Réserves officielles
Réserves officielles brutes en millions de dollars EU ( fin de période) 3/ 32 39 70 194 209
Réserves officielles brutes (en mois d'importations de biens et services 0,7 0,6 1,1 2,6 1,9
Monnaie et crédit
Monnaie et quasi-monnaie 25,5 13,5 14,6 15,7 18,9
Billets et monnaie en circulation 47,5 -3,4 14,8 35,3 3,8
(en pourcentage du PIB hors pétrole, sauf indication contraire)
Monnaie et quasi-monnaie 34,3 51,7 61,5 25,0 22,4
Billets et monnaie en circulation 20,7 17,1 14,3 23,7 11,0
Opérations consolidées du gouvernement
Revenus et dons 35,4 32,9 26,6 82,5 30,1
Revenus et dons (hors pétrole) 35,4 32,9 26,6 71,8 27,2
Idem, hors dons 30,7 29,7 24,5 27,1 24,8
Recettes pétrolières 4/ 0,0 0,0 0,0 10,7 2,9
Dépenses et prêts nets 47,2 37,7 33,7 36,5 32,1
Solde global, dons compris -11,8 -4,8 -7,1 46,0 -2,0
Solde hors pétrole global, hors dons -16,5 -8,0 -9,2 -9,4 -7,3
Solde hors pétrole global, dons compris -11,8 -4,8 -7,1 35,3 -4,9
Dette externe
Dette Nominale externe (en millions de dollars EU) 2869,1 3151,1 3318,4 2540,9 2708,9
Dette Nominale externe (en pourcentage du PIB) 224,9 211,1 178,7 94,1 96,1
Pour mémoire:
Taux de change Ouguiya/US$ (fin de période) 265,6 256,2 268,6 268,6 252,0
Exportations de biens, f.o.b. (en millions de dollars EU) 318 440 625 1 367 1 454
Importations de biens, f.o.b. (en millions de dollars EU) 2/ 468 625 781 847 1 145
Imports, c.i.f. (in millions of U.S. dollars)
PIB nominal (en milliards d'ouguiyas) 338 397 493 725 734
PIB nominal hors pétrole (en milliards d'ouguiyas) 338 397 493 565 679
PIB nominal (en millions de dollars EU) 1 276 1 493 1 857 2 699 2 819
Population (en millions) 2,7 2,8 2,8 2,9 3,0
PIB par tête (en dollars EU) 474 541 658 933 952
Taux de change effectif réel (taux de croissance; fin de période) 3/ -8,6 -1,1 8,5 1,1 5,3
Taux de change effectif réel (taux de croissance; fin de période) -10,6 9,6 7,5 -1,3 -4,0
Prix du pétrole (US$/barril): prévisions PEM, 20 septembre 2007 28,9 37,8 53,4 64,3 71,1
Production annuelle de pétrole (en millions de barils) ... ... ... 11,2 5,5
Sources: Autorités mauritaniennes et services du Fonds.(d'après BCM, rapport annuel 2007)
1/ La baisse du déflateur en 2007 reflète la forte baisse de la part du secteur pétrolier dans le PIB total cette année la et le fait que, en
du choix des autorités d'utiliser 1998 (année durant laquelle les cours du pétrole étaient particulièrement bas) comme année de base
2/Hors exploration/production pétrolière et autres activités minières (or, cuivre), et activités financées par les IDEs ou
3/ Hors compte pétrolier.
4/ Y compris bonus de signature pétroliers.

17
Annexe 4. Ordonnance l’ordonnance n°2007/04 du 12 janvier 2007
portant statut de la Banque Centrale de Mauritanie

Le Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie a délibéré et adopté ;

Le Prédisent du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie, Chef de l’Etat promulgue


l’ordonnance dont la teneur suit :

ARTICLE PREMIER :

La Banque Centrale de Mauritanie créée par la Loi N° 73-118 du 30 Mai 1973 modifiée par les
lois 74-118 du 8 juin 1974 et 75-332 du 26 décembre 1975, est une personne morale dont
l’organisation, la direction, le contrôle, les attributions, les objectifs, les instruments et les
opérations sont déterminés par la présente Ordonnance ainsi que par les textes pris pour son
application.

TITRE – I : STRUCTURE ET ORGANISATION DE LA BANQUE

CHAPITRE – I : DISPOSITIONS GENERALES

Article 2 :

La Banque Centrale de Mauritanie, dénommée ci-après "La Banque", est la Banque Centrale
de la République Islamique de Mauritanie.

La Banque est un établissement public national, doté de la personnalité juridique ainsi que
de l’indépendance politique, administrative et financière.

La Banque est compétente pour exercer les fonctions décrites dans la présente
Ordonnance, dont elle s’acquittera au moyen des pouvoirs et instruments décrits dans la
présente Ordonnance.

Article 3 :
Dans la poursuite de ses objectifs et dans l’exercice de ses fonctions, la Banque est
indépendante et responsable conformément aux dispositions de cette ordonnance. Sauf
stipulation contraire dans la présente Ordonnance, ni la Banque, ni le Gouverneur, ni le
Gouverneur Adjoint, ni les membres du Conseil Général ou du Conseil de la Politique
Monétaire, ni les agents de la Banque ne peuvent solliciter ou accepter des instructions
d’aucune autre personne ou entité.
L’indépendance de la Banque doit être respectée en tout temps et aucune personne ou
entité ne doit chercher à influencer les membres des organes décisionnels ou les agents de
la Banque dans l’exécution de leurs fonctions ou interférer dans les activités de la Banque.

Article 4 :
Le siège de la Banque est à Nouakchott. La Banque établit des succursales ou agences en
Mauritanie dans toutes les localités où elle le juge utile. Elle peut avoir des correspondants ou
des représentants partout où elle le juge utile, en Mauritanie ou à l'étranger.

Article 5 :
La Banque est réputée commerçante dans ses relations avec les tiers. Ses opérations sont
régies par les dispositions de la législation commerciale dans la mesure où il n'y est pas
dérogé par la présente Ordonnance.

Article 6 :

18
Le capital initial de la Banque est entièrement souscrit par l' Etat Son montant est fixé par la
loi. Il peut être augmenté soit par incorporation de réserves sur délibération du Conseil
Général approuvée par décret, soit par une nouvelle dotation entièrement souscrite par
l'Etat et dont le montant est fixé par la loi.

Article 7 :
La Banque est autorisée à user des armoiries de la république.

CHAPITRE – II : DIRECTION, ADMINISTRATION ET SURVEILLANCE DE LA BANQUE

Article 8 :

Les organes décisionnels de la banque sont :

Le Gouverneur assisté d’un Gouverneur Adjoint;


Le Conseil Général;
Le Conseil de la Politique Monétaire.
La Banque a, en outre, un Censeur et un Auditeur.
SECTION – I : LE GOUVERNEUR

Article 9 :

Le Gouverneur est nommé par décret Présidentiel.

Le Gouverneur est choisi en fonction de sa formation académique, de sa compétence, de


sa moralité et de son expérience avérée dans le domaine bancaire, économique ou
financier.

Le Gouverneur ne peut être relevé de ses fonctions que par décret Présidentiel, moyennant
recommandation motivée prise à la majorité des deux tiers des membres du Conseil Général
à l’exclusion de la personne du Gouverneur, dans les circonstances suivantes :

s’il est devenu incapable de remplir ses fonctions ;


s’il ne remplit plus les conditions nécessaires à l’exercice de ses fonctions ;
s’il a été reconnu coupable d’une infraction emportant une peine de prison ;
s’il s’est rendu coupable d’activités illégales dans ou en dehors du cadre de ses fonctions.

Il prête serment devant le Président de la République de bien et fidèlement remplir ses


fonctions conformément aux lois et dans l’intérêt supérieur de la Nation.

Article10 :

Le Gouverneur est nommé pour un mandat de cinq ans renouvelable une ou plusieurs fois.

L’âge limite pour l’exercice de la fonction de Gouverneur est de 70 ans, au moment de sa


nomination.

Article 11 :

La fonction de Gouverneur est incompatible avec tout mandat législatif et toute charge
gouvernementale.

Le Gouverneur ne peut exercer aucune autre fonction publique ni aucune fonction privée ni
recevoir aucune rémunération pour travail ou conseil. sont exceptées de la présente
disposition la participation à des commissions administratives ou au fonctionnement
d'organismes internationaux et les tâches d'enseignement, si elles ne sont pas incompatibles

19
avec l'exercice régulier de ses fonctions, ainsi que la production d'œuvres scientifiques,
littéraires ou artistiques.

Pendant la durée de ses fonctions, il est interdit au Gouverneur de prendre ou de recevoir


(sauf dévolution héréditaire) une participation ou quelque intérêt que ce soit dans toute
entreprise publique ou privée. Le Gouverneur ne peut conserver de tels participations et/ou
intérêts similaires qu’il aurait acquis avant de rentrer dans ses fonctions que s’il les déclare au
préalable au Conseil Général et qu’il démontre que toute opération y relative est effectuée
aux conditions du marché.

Aucun engagement revêtu de la signature du Gouverneur ne peut être admis dans le


portefeuille de la Banque.

Article 12 :

Le traitement du Gouverneur est fixé par décret présidentiel. Il est à la charge de la Banque.

De même la banque pourvoit aux frais de logement (logement, ameublement, entretien,


réparation, produits d’entretien, personnel, gaz, eau, électricité, téléphone, etc.), soins
médicaux, frais d’hôtel, billets de vacances et autres accessoires du Gouverneur.

Le Conseil Général détermine les conditions dans lesquelles le Gouverneur reçoit une
indemnité de représentation et le remboursement de ses frais exceptionnels.

Article 13 :

Le Gouverneur qui cesse ses fonctions continue à recevoir son traitement (à l’exception des
indemnités de représentation attachée à sa fonction antérieure) pendant un an, à moins
qu’il ne soit désigné, pendant cette période, à d’autres fonctions de l’Etat n’entraînant
aucun conflit d’intérêt avec ses fonctions précédentes.

Au cours de cette période d’un an, il lui est interdit, sauf autorisation exprès du Président de
la République, de prêter son concours à toute entreprise publique ou privée nationale ou
étrangère et de recevoir d'elle des rémunérations pour travail ou conseil. Sont exceptées de
la présente disposition les tâches d'enseignement, ainsi que la production d'œuvres
scientifiques, littéraires ou artistiques.

Article 14 :

Le Gouverneur dispose des pouvoirs, énumérés ci-après :

Il assume la direction et l'administration courante des affaires de la Banque ;


Il fait appliquer les lois et règlements relatifs à la Banque ainsi que les délibérations des
Conseils ;
Il convoque et préside les réunions des Conseils et en arrête les ordres du jour ;
Il fait exécuter les politiques générales de la Banque, telles que définies par le Conseil
Général ;
Il représente la Banque vis-à-vis des tiers et il signe seul, au nom de la Banque, tous traités et
conventions ;
Il intente, poursuit et diligente les actions judiciaires ;
Il prend toutes mesures d'exécution et toutes mesures conservatoires qu'il juge utiles ;
Il fait établir les comptes annuels de la Banque ;
Il définit l’organisation des services de la Banque et en détermine les tâches ;
Dans les conditions prévues par le statut du personnel, il recrute, nomme à leur poste, fait
avancer en grade, révoque et destitue les agents de la Banque, tant au siège social que
dans les succursales ou représentations ;
Il désigne les représentants de la Banque au sein d'autres institutions.

20
Article 15:

Le Gouverneur peut déléguer l’exercice des pouvoirs énumérés à l’article 14 au Gouverneur


Adjoint et à des agents de la Banque, pour autant que ceux-ci présentent les mêmes
garanties de compétences, d’intégrité et de professionnalisme que les membres des organes
décisionnels de la Banque.

Il peut s'assurer, aux conditions arrêtées par le Conseil Général, la collaboration de conseillers
techniques n'appartenant pas aux cadres de la Banque et, avec l'autorisation du Conseil
Général, leur assigner des fonctions déterminées et leur donner délégation de signature.

SECTION – II : LE GOUVERNEUR ADJOINT

Article 16 :

Le Gouverneur Adjoint est nommé par décret Présidentiel, sur avis du Gouverneur, pour un
mandat de cinq ans. Il ne peut être relevé de ses fonctions que dans les mêmes formes et
aux mêmes conditions que celle décrites pour le Gouverneur à l’article 9 ci-dessus.

Il est choisi parmi le personnel d’encadrement supérieur de la Banque ayant une formation
académique et dont les compétences, la moralité et l’expérience sont confirmées.

Le mandat du Gouverneur Adjoint peut être renouvelé une ou plusieurs fois.

Article 17 :

Les dispositions des articles 11, 12 et 13, sont applicables au Gouverneur Adjoint sauf la
participation aux Conseils d’Administration d’Entreprises Publiques ou Parapubliques.

Article 18 :

Le Gouverneur Adjoint remplace le Gouverneur, en cas d’absence ou d’empêchement de


ce dernier.

Il dispose d’un droit de vote propre, qu’il exerce en toute indépendance, au Conseil de la
Politique Monétaire et au Conseil Général.

SECTION - III : LE CONSEIL DE LA POLITIQUE MONETAIRE

Article19 :

Le Conseil de la Politique Monétaire sera essentiellement chargé de la définition de la


politique monétaire.A ce titre il a pour missions de :

Préciser les modalités d’achat ou de vente, de prêt ou d’emprunt, d’escompte, de prise en


gage, de prise ou de mise en pension de créances et d’émission de bons portant intérêt,
ainsi que la nature et l’étendue des garanties dont sont assortis les prêts consentis par la
Banque Centrale ;
Etablir les normes et les conditions générales des opérations de la Banque et déterminer les
taux des intérêts et commissions ;

21
Agréer les banques et autres établissements financiers ;
Agréer les systèmes de paiement ou règlements de titres ;
Donner un avis au Conseil Général en cas de besoin ;
Décider de la politique de sanctions et des retraits d’agrément des banques et autres
établissements de crédit.

Article 20 :

Les membres du Conseil de la Politique Monétaire (ci-après dénommés ‘les Conseillers’) sont
nommés par décret Présidentiel et ne peuvent être relevés que dans les mêmes formes.
Outre les membres de droit que sont le Gouverneur et le Gouverneur Adjoint, le Conseil de la
Politique Monétaire comprend :

- Deux personnalités proposées par le Premier Ministre ;


- Une personnalité proposée par le Ministre des Finances ;
- Deux personnalités proposées par le Gouverneur.

Ces membres sont choisis en fonction de leur compétence et de leur expérience


professionnelle avérée dans le domaine monétaire ou économique.

Article 21 :

Les mandats des Conseillers ont une durée de cinq ans et sont renouvelables une ou
plusieurs fois. Il est pourvu au remplacement des Conseillers au moins un mois avant
l’expiration de leurs fonctions.

Si l’un des Conseillers ne peut exercer son mandat jusqu’à son terme, il est pourvu
immédiatement à son remplacement dans les conditions décrites à l’alinéa précédent. Dans
ce cas, le Conseiller nommé n’exerce ses fonctions que pour la durée restant à courir du
mandat de la personne qu’il remplace.

Article 22 :

Le Conseil de la Politique Monétaire se réunit au moins une fois par mois sur convocation du
Gouverneur qui en assume la présidence. Le Gouverneur est tenu de convoquer le Conseil
de la Politique Monétaire dans les quarante-huit heures sur la demande de la majorité de ses
membres.

La validité des délibérations du Conseil de la Politique Monétaire est subordonnée à la


présence d’au moins les deux tiers des membres en fonction. Si ce quorum n’est pas atteint,
le Conseil de la Politique Monétaire peut néanmoins se réunir et délibérer, sous réserve de
l’approbation de telles délibérations lors de la prochaine réunion du Conseil de la Politique
Monétaire, au cours de laquelle le quorum d’au moins cinq membres en fonction est atteint.

Les délibérations sont prises à la majorité des voix exprimées. En cas de partage, la voix du
président est prépondérante.

Le Conseil de la Politique Monétaire délibère en toute indépendance et conformément aux


règles de confidentialité.

Un Secrétariat désigné par le Gouverneur parmi le personnel d’encadrement de la Banque


assure la rédaction et la conservation des minutes retraçant l’ensemble des débats qui ont
eu lieu au cours des réunions.
Des procès verbaux reprenant les principales décisions prises sont extraites des minutes des
réunions du Conseil de la Politique Monétaire et sont publiées. Ces procès verbaux sont
signés par le Gouverneur.

22
Article 23 :

Le mandat de Conseiller est exclusif de tout concours, rémunéré ou non, à l’activité d’une
banque ou d’un établissement financier à l’exception des banques et établissements
financiers dont la Banque serait actionnaire.

Aucun engagement revêtu de la signature d’un Conseiller ne peut être admis dans le
portefeuille de la banque, à moins que la signature n’ait été donnée pour le compte d’une
entreprise publique ou contrôlée par l’Etat. Les Conseillers sont tenus au secret professionnel

Article 24 :

Les Conseillers exercent leurs fonctions en toute indépendance. Ils ne peuvent recevoir
solliciter ou accepter des instructions d’aucune autre personne, entités, y compris le
Gouvernement, ou le Gouverneur lui-même. Ils ne peuvent se faire représenter. Ils ne peuvent
subir aucun préjudice de carrière ou autre en raison des opinions ou avis qu’ils sont amenés à
émettre dans l’exercice de leurs fonctions.

Article 25

Les Conseillers perçoivent des indemnités dont les modalités et les montants sont fixés par
décret, dans le respect de l’article12, paragraphe 1.

L’article 11, paragraphe 3 s’applique aux Conseillers.

Article 26 :

Les Conseillers doivent posséder la nationalité mauritanienne depuis au moins dix ans, jouir de
leurs droits civils et politiques et présenter toute garantie de moralité et d’honorabilité.

SECTION – IV : LE CONSEIL GENERAL

Article 27 :

Le Conseil Général dispose de la compétence résiduelle et exerce tous les pouvoirs qui ne
sont pas dévolus au Gouverneur ou au Conseil de la Politique Monétaire.

Le Conseil Général assume, en particulier, les responsabilités suivantes :

Il définit l’orientation générale des affaires de la Banque et approuve ses budgets ;


Il établit les règlements d’ordre intérieur de la Banque ;
Il définit les politiques générales à suivre pour l’exécution des fonctions de la Banque ;
Il détermine les catégories d’actifs dans lesquelles les réserves officielles de change ainsi que
les ressources propres de la Banque peuvent être investies dans les mêmes conditions que ci-
haut;
Il détermine le régime comptable de la Banque ;
Il approuve les comptes annuels de la Banque ;
Il détermine les conditions d’octroi au Gouverneur d’indemnités de représentation et
de remboursement de ses frais exceptionnels ;
Il délibère sur l’organisation générale de la Banque et sur l’établissement ou la suppression de
toute succursale ou agence ;
Il autorise les acquisitions et aliénations immobilières, ainsi que les actions judiciaires à
engager par le gouverneur au nom de la banque ;
Il autorise les compromis et les transactions ;

23
Il fixe le statut du personnel ;
Il délibère sur les questions relatives à la gestion du personnel de la Banque ;
Il délibère sur tous traités et conventions ;
Il approuve les rapports, avis et consultations émis par la Banque.
Il pourra sur certains sujets, requérir l’avis du Conseil de la Politique Monétaire.

Article 28:

Le Conseil Général peut déléguer l’exercice une partie de ses pouvoirs énumérés à l’article
27 au Gouverneur.

Article 29 :

Les membres du Conseil Général sont nommés par décret Présidentiel pour un mandat de
cinq ans.

Le Conseil Général de la Banque comprend :

Le Gouverneur et le Gouverneur Adjoint;


Deux membres proposés par le Premier Ministre
Un membre proposé par le Ministre des Affaires Economiques et du Développement;
Un membre proposé par le Ministre des Finances;
Un membre proposé par le Personnel de la Banque;

Ces membres sont choisis en fonction de leur compétence et de leur expérience


professionnelle avérée dans le domaine monétaire, financier, bancaire ou économique.

Article 30 :

Les membres du Conseil Général exercent leurs fonctions en toute indépendance. Ils ne
peuvent recevoir solliciter ou accepter des instructions d’aucune autre personne, entité, et
ce compris le gouvernement, ou le Gouverneur lui-même. Ils ne peuvent se faire représenter.
Ils ne peuvent subir aucun préjudice de carrière ou autre en raison des opinions ou avis qu’ils
sont amenés à émettre dans l’exercice de leurs fonctions.

Les articles 23, 25 et 26 s’appliquent aux membres du Conseil Général.

Article 31 :

Le Conseil Général se réunit au moins une fois tous les deux mois à l’initiative de son Président.
La convocation est de droit lorsque deux membres en font la demande.
En outre, le Gouverneur peut, à tout moment, convoquer une réunion du Conseil Général
La validité des délibérations est subordonnée à la présence d’au moins cinq membres en
fonction.

Le Gouverneur arrête l'ordre du jour. L’inscription d'une question est de droit si un membre
en fait la demande. Les réunions sont présidées par le Gouverneur ou en son absence par le
Gouverneur Adjoint. Le Conseil Général ne peut se réunir sans la présence du Gouverneur ou
du Gouverneur Adjoint et, sauf lorsque la date de la réunion a été fixée par le Conseil
Général, sans que les membres aient été régulièrement convoqués. Les membres ne
peuvent se faire représenter.

Article 32 :

Les délibérations sont prises à la majorité des voix exprimées. En cas de partage, la voix du
président est prépondérante.

24
Article 33 :

Un Secrétariat désigné par le Gouverneur parmi le personnel d’encadrement de la Banque


assure la rédaction et la conservation des minutes retraçant l’ensemble des débats qui ont
eu lieu au cours des réunions.
Il établit un procès-verbal de chaque séance du Conseil Général. Ce procès-verbal est signé
par le Président et est transcrit sur le registre des délibérations du Conseil Général.

SECTION – V : LE CENSEUR

Article 34 :

Le Censeur est nommé par décret présidentiel. Il est choisi en fonction de son intégrité, de sa
compétence, de son expérience avérée dans le domaine financier et bancaire. Il ne peut
être relevé de ses fonctions que dans les mêmes formes. Un Censeur suppléant est nommé
dans les mêmes conditions pour exercer les fonctions de Censeur chaque fois que celui-ci est
absent ou empêché.

Article 35 :

Le Censeur et son suppléant perçoivent des indemnités fixées par décret, dans le respect de
l’article 12, paragraphe 1.
Article 36 :

Le Censeur exerce une surveillance générale sur tous les services et sur toutes les opérations
de la Banque. Il peut contrôler les caisses, les registres et les portefeuilles de la Banque et faire
toutes vérifications qu'il juge nécessaires. Il peut se faire assister par des agents de la Banque.

Il assiste aux séances du Conseil Général et à celles du Conseil de la Politique Monétaire


avec voix consultative. Il informe le Conseil Général du résultat des contrôles qu'il a effectués.
Il peut présenter au Conseil Général toutes propositions ou remarques qu'il juge utiles. Si ses
propositions ne sont pas adoptées, il peut requérir leur transcription sur le registre des
délibérations. Il en informe le Président de la République.

Le Président de la République ou le Ministre des Finances peut demander à tout moment au


Censeur un rapport sur une question déterminée intéressant la Banque, à l'exclusion de toute
affaire individuelle.

SECTION – VI : L’AUDITEUR

Article 37 :

Un Auditeur externe est nommé par le Conseil Général, pour un mandat de 3 ans non
renouvelable.

L’Auditeur est choisi parmi les personnes ou entités disposant d’une expérience
professionnelle approfondie en matière de comptabilité et d’audit. Il doit par ailleurs
présenter toutes les garanties de professionnalisme et d’honorabilité.

Le contrat de l’auditeur ne pourra être résilié que par une décision motivée du Conseil
Général s’il devient incapable d’exercer de telles fonctions ou s’il ne remplit plus les
conditions pour exercer de telles fonctions.

25
L’Auditeur certifiera les comptes, tels qu’établis par le Gouverneur, avant leur approbation
par le Conseil Général.

TITRE - II : ATTRIBUTIONS ET OPERATIONS DE LA BANQUE

CHAPITRE – I : GENERALITES

SECTION - I : OBJECTIFS

Article 38:

L’objectif principal de la Banque est de maintenir la stabilité des prix.

En outre, sans préjudice de l’objectif de stabilité des prix, la Banque poursuivra la stabilité du
système financier et contribuera à la mise en œuvre des politiques économiques générales
définies par le Gouvernement.

SECTION – II : FONCTIONS

Article 39 :

En vue de réaliser les objectifs décrits à l’article 38, la Banque exercera les fonctions
suivantes :

Définir et mettre en œuvre la politique monétaire de la République Islamique de Mauritanie ;


Émettre et gérer, pour le compte de l’Etat, la monnaie fiduciaire ;
Participer à la définition de la politique de change et assurer sa mise en œuvre ;
Détenir et gérer les réserves officielles de change;
Organiser, surveiller et réglementer le marché des changes ;
Surveiller et réglementer les banques et autres établissements financiers conformément aux
lois adoptées en cette matière ;
Promouvoir la stabilité,la sécurité et l’efficience du système de paiement mauritanien ;
Contribuer à la stabilité du système financier mauritanien ;
Agir en qualité de Caissier de l’Etat et d’agent financier pour le Gouvernement ;
Réaliser toute autre tâche que cette Ordonnance ou toute autre loi lui confierait

SECTION - III : INSTRUMENTS

Article 40 :

Afin d’atteindre ses objectifs et d’accomplir ses fonctions, la Banque peut :

1. Ouvrir dans ses livres des comptes espèces et des comptes titres au profit des
banques, établissements financiers, banques commerciales étrangères, banques centrales
étrangères, institutions financières internationales, gouvernements étrangers et des
organisations internationales ;

2. Ouvrir et conserver des comptes espèces et des comptes titres auprès de banques et
établissements financiers ;

3. Ouvrir et conserver des comptes espèces et des comptes titres auprès de banques
centrales étrangères, de banques commerciales étrangères, de dépositaires de titres et
d’institutions financières internationales.

26
Le Conseil Général déterminera les conditions pour l’ouverture de comptes dans les livres de
la Banque.

Article 41 :

La Banque peut, moyennant paiement d’une commission lui permettant de couvrir les frais
occasionnés par de tels services, offrir des services de garde aux institutions financières et au
public pour les titres ainsi que pour les billets et pièces libellés dans les monnaies qu’elle
détermine.

Le Conseil Général détermine les conditions pour la prestation de tels services de garde.

Article 42

Afin d’atteindre ses objectifs et d’accomplir ses fonctions, la Banque peut notamment :

intervenir sur les marchés de capitaux, soit en achetant, soit en vendant ferme (au comptant
et à terme), soit en prenant et en mettant en pension, soit en prêtant ou en empruntant des
créances et des titres négociables, libellés en monnaie que la Banque détermine, ainsi que
des métaux précieux,
effectuer des opérations de crédit avec les banques et établissements financiers et d’autres
institutions financières sur la base de sûretés appropriées pour les prêts.

La Banque peut également effectuer les opérations suivantes :

émettre et racheter ses propres titres d’emprunts ;


prendre en dépôt des titres et des métaux précieux, se charger de l'encaissement de titres et
intervenir pour compte d'autrui dans les opérations sur valeurs mobilières, autres instruments
financiers et métaux précieux ;
effectuer des opérations sur des instruments sur taux d'intérêt ;
effectuer des opérations sur des monnaies étrangères, sur or ou autres métaux précieux ;
effectuer des opérations en vue du placement et de la gestion financière de ses avoirs en
monnaies étrangères et en d'autres éléments de réserves externes ;
obtenir du crédit à l'étranger et à cette fin consentir des garanties ;
effectuer des opérations relevant de la coopération monétaire régionale ou internationale.

Le Conseil Général déterminera les types d’instruments et d’opérations pouvant être utilisés
dans le cadre d’opérations financières de la Banque, ainsi que les conditions auxquelles de
telles opérations pourront être réalisées.

Article 43:

La mise en garantie de valeurs mobilières, effets de commerce, métaux précieux, devises ou


espèces par les banques, établissements financiers et autres partenaires de la Banque au
profit de la Banque peut se faire par la voie d’un gage.

Dans leurs relations avec la Banque, les banques, établissements financiers et autres
contreparties de la Banque créent valablement un gage sur valeurs mobilières, effets de
commerce, métaux précieux, devises ou espèces si les conditions suivantes sont rencontrées :

La conclusion du contrat de gage doit être établie par écrit, en ce compris la forme
électronique ou tout autre support durable.
Les actifs faisant l’objet du gage doivent être mis en possession de la Banque. La mise en
possession suppose la livraison effective, le transfert, la détention, l'enregistrement ou tout
autre traitement ayant pour effet que la Banque ou la personne agissant pour son compte
acquiert la possession ou le contrôle des avoirs remis en garantie. La mise en possession de

27
valeurs mobilières inscrites en compte peut être établie notamment par leur inscription au
crédit d'un compte spécial ouvert au nom du constituant ou du bénéficiaire de la garantie
ou encore d'un tiers convenu.

La Banque dispose à l’égard des actifs mis en gage d’un privilège de premier rang, qui n’est
primé par aucun autre privilège général ou spécial.

Dans les relations entre la Banque et les banques, établissements financiers et autres
contreparties de la Banque, les contrats de gage sont valables et opposables aux tiers et
produisent pleinement leurs effets nonobstant l’existence de procédure d'insolvabilité ou de
saisie ou en cas de situation de concours, si la conclusion de ces contrats précède le
moment de l'ouverture d'une procédure d'insolvabilité, la survenance d'une saisie ou d'une
situation de concours, ou si ces conventions ont été conclues après ce moment, dans la
mesure où la Banque peut se prévaloir au moment où la convention a été conclue d'une
ignorance légitime de l'ouverture ou de la survenance antérieure d'une telle procédure ou
situation.

Article 44:

En cas de défaut d'exécution par la banque ou l’établissement financier de ses obligations


garanties par un contrat de gage et nonobstant une procédure d'insolvabilité, la saisie ou
toute situation de concours entre créanciers du débiteur ou du tiers constituant du gage, la
Banque est autorisée soit à réaliser, sans mise en demeure ni décision judiciaire préalable, les
actifs faisant l'objet du gage, dans les meilleurs délais possibles, soit à s'approprier, sans mise
en demeure ni décision judiciaire préalable, les actifs donnés en gage.

Le produit de la réalisation de ces actifs est imputé sur la créance en principal, intérêts et
frais, du créancier gagiste. Le solde éventuel revient au débiteur gagiste ou, selon le cas, au
tiers constituant du gage.

Article 45:

Dans les domaines relevant de cette loi ou d’autres textes, la Banque peut arrêter des
règlements, émettre des instructions et prendre de décisions.

Les règlements de la Banque ont une portée générale et sont obligatoires dans tous leurs
éléments.

Les instructions, les circulaires et les décisions de la Banque s’imposent à toute personne
physique ou morale qui entre dans leurs champs d’application.

Article 46:

Les règlements, instructions et décisions pris par la Banque sont considérés comme valables,
conformes à la loi et exécutoires et seront appliqués par les cours et tribunaux de la
République Islamique de la Mauritanie.

Leur non-conformité éventuelle avec la loi doit être positivement démontrée par toute
personne qui en conteste la validité.

Les recours contre les décisions de la Banque ne sont pas suspensifs

Article 47:

Les règlements émis par la Banque ne sont obligatoires qu’après leur publication
coformement aux procédures en vigueur.

28
Article 48:

Afin d’assurer l’exécution de ses fonctions, la Banque peut :

collecter, analyser et publier toutes informations statistiques nécessaires ;


définir, par instruction ou circulaires, les informations statistiques ainsi requises, la forme dans
laquelle de telles informations doivent être communiquées à la Banque, les personnes
physiques et morales tenues de communiquer de telles informations, le régime de
confidentialité applicable à de telles informations ainsi que les sanctions administratives
pouvant être prises à l’égard des entités manquant à de telles obligations ;
collaborer avec des départements gouvernementaux ou des agences en vue de collecter,
compiler ou publier des statistiques ou toute autres informations pertinentes ;
coordonner l’adoption de standards de dissémination internationale de données en vue
d’assurer une cohérence et une efficacité dans l’organisation des statistiques et des
informations.

CHAPITRE – II : POLITIQUE MONETAIRE

Article 49

En vue de poursuivre son objectif de la stabilité des prix, la Banque définit et exécute la
politique monétaire au moyen des instruments décrits dans la section III du chapitre 1er du
titre II.

Article 50:

La Banque est en outre habilitée à imposer aux banques et établissements financiers la


constitution de réserves obligatoires détenues sur des comptes ouverts auprès de la Banque.
De telles réserves seront identiquement calculées pour toutes les banques et établissements
financiers à partir des mêmes catégories d’engagements et pourront être rémunérées.

Le Conseil Général, sur proposition du Conseil de la Politique Monétaire, établit par règlement
les modalités de calcul et la détermination des réserves obligatoires décrites au paragraphe
précédent.

En cas de non respect des obligations décrites aux paragraphes précédents, la Banque sera
en droit, par voie de règlement, de prélever des intérêts à titre de pénalité ou d’imposer
d’autres sanctions ayant un effet analogue.

CHAPITRE – III : PRIVILEGE D’EMISSION

Article 51 :

La Banque exerce seule le privilège d'émettre des pièces de monnaie ou des billets de
banque. Ces pièces et billets ont seuls cours légal sur le territoire de la République Islamique
de Mauritanie.

Article 52 :

29
Les billets de banque ont un pouvoir libératoire illimité. Le pouvoir libératoire des pièces peut
être limité par la loi. Elles sont toutefois reçues sans limitation par la Banque, les caisses
publiques et les banques.

Article 53 :

La création, le retrait ou l'échange d'un type déterminé de billets ou de pièces ne peut être
décidé que par décret présidentiel, sur proposition du Gouverneur de la Banque.

Article 54 :

Lorsque le cours légal d'un type de billets ou de pièces à été supprimé, la Banque Centrale
de Mauritanie reste toujours tenue d'en assurer, dans la limite d'un délai fixé par décret,
l'échange à ses guichets contre d'autres types de billets ou de pièces ayant cours légal.

A l'expiration de ce délai, les billets et pièces non échangés sont considérés comme adirés et
leur contre-valeur est versée au Trésor par Banque Centrale de Mauritanie.

Article 55 :

Les dispositions légales relatives aux titres au porteur perdus ou volés ne sont pas applicables
aux billets de la Banque.

Article 56 :

Le remboursement d'un billet mutilé ou détérioré est accordé lorsque la coupure comporte la
totalité des indices et signes récognitifs. Dans les autres cas, le remboursement total ou partiel
relève de l'appréciation de la Banque.

Le remboursement d'une pièce dont l'identification est devenue impossible ou qui a fait
l'objet d'altérations ou de mutilations quelconques, n'est accordé que si les mutilations ou
altérations sont le résultat d'un accident.

CHAPITRE – IV : POLITIQUE DE CHANGE ET RESERVES OFFICIELLES DE CHANGE

Article 57 :

Sans préjudice de l’objectif principal de la Banque de stabilité des prix, le gouvernement


formule les orientations générales de politique de change, sur avis de la Banque.

Article 58 :

La Banque arrête les règlements régissant les opérations de change.

La Banque organise, surveille et règlemente le marché des changes.

Afin d’assurer le respect de ses règlements, la Banque dispose des pouvoirs énumérés dans
l’article 61 de la présente Ordonnance.

Article 59:

30
La Banque détient et gère les réserves officielles de changes de la République Islamique de
Mauritanie et conduit les opérations de change en vue d’exécuter les orientations générales
de la politique de change mentionnées à l’article 57.

La Banque inscrit ses réserves officielles de changes à l'actif de son bilan selon des modalités
précisées dans une convention qu'elle conclut avec l'Etat.

Article 60 :

La Banque peut détenir, au titre de réserves officielles de change, les catégories d’actifs
suivants :

l’or et des métaux précieux détenus par ou au nom de la Banque, en ce compris des
inscriptions en compte représentant cet or ou ces métaux précieux,
les billets de banques et des pièces de monnaie libellées en monnaies étrangères librement
convertibles, détenues par ou au nom de la Banque,
les inscriptions en compte et des dépôts interbancaires qui sont payables sur demande ou à
court terme, libellés en monnaies étrangères librement convertibles, que celles-ci soient
détenues dans les livres de la Banque, d’autres banques centrales ou commerciales
étrangères, ou d’institutions financières internationales,
les obligations négociables libellées dans des monnaies étrangères librement convertibles
émises par ou bénéficiant de la garantie de gouvernements étrangers, de banques centrales
étrangères, d’institutions financières internationales ou d’autres débiteurs de bonne qualité ;
les créances sur des institutions financières internationales résultant de contrats de
cession/rétrocession et pension livrée ainsi que de prêts de titres sur les obligations précitées,
les droits de tirage spéciaux détenus sur le compte de Mauritanie auprès du Fonds
Monétaire International, et
les positions de réserves de la Mauritanie détenues auprès du Fonds Monétaire
International.

CHAPITRE - V : SUPERVISION BANCAIRE

Article 61 :

La Banque est exclusivement compétente pour la réglementation, l’agrément,


l’enregistrement et la supervision des banques et établissements financiers tels que définis
par la Réglementation Bancaire, en ce compris, le cas échéant, la prise de mesures et
sanctions administratives.

Les agents de la Banque peuvent se rendre au siège des banques et établissements


financiers afin d’y prendre connaissance de tous comptes, livres, documents et autres
pièces, ou d’entreprendre toute autre démarche que la Banque estimera opportune.

Les banques et établissements financiers sont tenus à la Banque toute information


concernant leurs opérations ainsi que leur situation financière, que la Banque pourrait exiger.

Toutes ou partie des données et informations visées aux paragraphes précédents peuvent
être rendues publiques par la Banque sous forme agrégée pour des catégories d’institutions
financières créées compte tenu de la nature de leurs activités.

CHAPITRE - VI : LE SYSTEME DE PAIEMENT

Article 62 :

La Banque veille à la stabilité, la sécurité et l’efficience du système de paiement dans la


République Islamique de Mauritanie.

31
Article 63 :

La Banque peut accorder des facilités en vue d’assurer la stabilité, la sécurité et l’efficience
des systèmes de paiement et de règlement de titres ainsi que des chambres de
compensation.

A cette fin, la Banque peut également organiser, participer et opérer des systèmes de
paiement et de règlement de titres ainsi que des chambres de compensation.

Article 64 :

La Banque a une compétence exclusive pour la réglementation, l’autorisation et la


surveillance des systèmes de paiement et de règlement de titres ainsi que des chambres de
compensation.

La Banque peut adopter des règlements visant notamment à :

imposer l’enregistrement ou l’émission d’une licence de tout système de paiement ou de


règlement de titres, ainsi que de toute chambre de compensation ainsi que toute personne
opérant de tels systèmes ou de telles chambres,
imposer le respect par tout système de paiement ou de règlement de titres ainsi que
toute chambre de compensation de tout standard, recommandation ou norme en vue
d’assurer la sécurité et la stabilité de tels systèmes et de telles chambres,
organiser et surveiller l’émission ou la qualité des instruments de paiements.

La Banque peut émettre toute instruction et prendre toute décision qu’elle juge adéquate à
l’égard des systèmes de paiement et de règlement de titres ainsi que des chambres de
compensation.

Article 65 :

La Banque peut entreprendre toutes les démarches en vue de faciliter ;

l’intégration des systèmes de paiement et de règlement de titres ainsi que des chambres de
compensations avec des systèmes similaires ;
le développement de nouvelles méthodes et technologies pour les systèmes de paiement et
de règlement de titres ainsi que les chambres de compensation ;
l’élaboration ainsi que l’adaptation périodique d’un plan visant l’évolution du système de
paiement dans la République Islamique de Mauritanie.

La Banque peut adopter un règlement en vue de la création d’un Conseil National des
Paiements, qui assistera la Banque dans la définition de sa stratégie pour le développement
du système de paiement dans la République Islamique de Mauritanie.

CHAPITRE - VII : STABILITE FINANCIERE

Article 66 :

La Banque contribue à la stabilité du système financier.

Article 67 :

Dans des circonstances exceptionnelles, la Banque peut, selon les termes et aux conditions
qu’elle détermine, agir en qualité de prêteur de dernier ressort pour une banque dûment

32
autorisée à exercer ses activités. La Banque peut, dans ce contexte, prêter une assistance
financière à une telle banque (ou au profit de celle-ci) pour une période n’excédant pas
trois mois. Cette période peut néanmoins être renouvelée par la Banque sur la base d’un
programme identifiant les mesures spécifiques que la banque concernée prendra. La
Banque ne prendra, toutefois, de tels engagements que pour autant que ;

cette banque, dans l’opinion de la Banque, est solvable et fournit des sûretés appropriées, et
la demande d’assistance financière est fondée sur un besoin temporaire d’améliorer sa
liquidité, ou
l’assistance est nécessaire afin de contribuer à la stabilité du système financier et le Ministère
des Finances a émis au profit de la Banque une garantie écrite au nom du gouvernement
assurant le remboursement d’un tel crédit.

Le Conseil Général détermine le pourcentage maximum de la valeur des sûretés déposées


en vue d’assurer chacune des opérations de crédit décrites au paragraphe précédent.

Si la Banque découvre que la banque en question est incapable de se conformer au


programme décrit au paragraphe 1, elle prendra toutes les mesures appropriées. La durée
totale des prêts et facilités donnés dans le cadre de cet article ne pourra en aucun cas
dépasser 180 jours.

Dans l’exercice de sa fonction de prêteur de dernier ressort, la Banque peut assouplir les
critères d’éligibilité des actifs acceptés en garantie des engagements des banques et
établissements financiers, auxquels l’article 42 fait référence. La Banque peut également
accorder des crédits, faisant l’objet d’une couverture partielle au moyen d’actifs admis en
garantie.

La Banque communiquera l’existence ainsi que l’étendue de l’assistance financière


consentie dans le cadre de cet article, au moment qu’elle jugera opportun, de manière à ne
pas mettre en péril la stabilité du système financier.

Article 68 :

En cas de survenance d’une crise financière grave et si, selon l’appréciation de la Banque, il
n’existe pas d’autre moyen d’éviter une atteinte irrémédiable à la stabilité du système
financier de la République de Mauritanie, la Banque peut, par délibération du Conseil
Général prise en accord avec le Ministre des Finances, entreprendre des opérations directes
avec le public. Elle peut notamment recevoir, sous forme de dépôt ou autrement, des fonds
qu'elle emploie pour son propre compte en opération d'escompte ou autres opérations de
crédit ou en opérations financières.

CHAPITRE – VIII : SERVICES AU GOUVERNEMENT ET AUX COLLECTIVITES

Article 69 :

La Banque est l'agent et le conseiller financier de l'Etat pour toutes ses opérations de caisse,
de banque et de crédit, selon les termes d’une convention à conclure entre le Ministère des
Finances et la Banque.

La Banque peut, pour et au nom de l’Etat, recevoir des emprunts étrangers, gérer et
administrer ainsi qu’opérer tout paiement ou régler toute dette de l’Etat à l’égard de tiers.

La Banque peut également tenir le registre des titres émis par l’Etat.

Article 70 :

33
La Banque tient gratuitement dans ses écritures le compte courant du Trésor Public ainsi que,
moyennant l’autorisation du Ministre des Finances, de toute collectivité publique.

La Banque peut assurer la garde et la gestion des valeurs mobilières appartenant à l'Etat ou
aux collectivités publiques dont elle tient le compte courant. La nature et les modalités des
opérations enregistrées au compte desdites collectivités locales sont définies dans une
convention conclue entre ces dernières et la Banque. La Banque peut percevoir une
rémunération lui permettant de couvrir les coûts engendrés par les opérations décrites au
présent paragraphe.

Article 71 :

Les soldes créditeurs des comptes courants de collectivités publiques ne sont pas productifs
d’intérêts.

Article 72 :

La Banque participe à l'émission des rentes et valeurs du Trésor ou des collectivités publiques
dont elle tient le compte courant, ainsi qu'au paiement des arrérages y afférents. La Banque
perçoit, à cet égard, une rémunération lui permettant de couvrir les coûts engendrés par de
telles activités.

Article 73 :

La Banque ne peut en aucune manière consentir directement ou indirectement, des


découverts à l’Etat, aux établissements publics ou aux collectivités locales, sauf les ouvertures
de crédit intra-journalier en vue d’assurer le bon fonctionnement du système de paiement,
pour autant qu’elles soient remboursées le même jour.

Le paragraphe 1 de cet article ne s’applique pas aux établissements publics de crédit qui,
dans le cadre de la mise à disposition de liquidités par la Banque, bénéficient, de la part de
la Banque, du même traitement que les établissements de crédit privés.

Par dérogation au paragraphe 1 et uniquement dans des circonstances exceptionnelles, la


Banque peut consentir au Trésor et aux collectivités publiques des découverts en compte
courant ne pouvant à aucun moment dépasser 5% des recettes ordinaires de l'Etat
constatées au cours du précèdent exercice budgétaire. La durée totale de tels découverts
ne peut excéder 300 jours, consécutifs ou non, au cours d’une année civile. Une convention
arrêtée entre le Ministre des Finances et la Banque détermine le montant, le taux d’intérêt du
marché, le terme ainsi que toutes autres modalités de tels découverts. Ces découverts
doivent strictement être remboursés aux termes prescrits dans la convention.

Au cas où un crédit est consenti conformément à cet article, la Banque adresse un rapport
spécial au Président de la République.

En vue de calculer la limite précitée de 5%, il n’est pas tenu compte des titres émis ou
garantis par l'Etat acquis sur le marché secondaire.

CHAPITRE – X : AUTRES ATTRIBUTIONS ET OPERATIONS

34
Article 74 :

La Banque assiste les pouvoirs publics dans leurs relations avec les institutions financières
internationales. Elle peut représenter le gouvernement tant auprès de ces institutions qu'au
sein des conférences internationales.

Elle participe aux négociations de prêts ou emprunts extérieurs conclus pour le compte de
l'Etat. Elle participe à la négociation des accords internationaux de paiement, de change et
de compensation, et est chargée de leur exécution. Elle conclut tout arrangement
technique relatif aux modalités pratiques de réalisation desdits accords.

L'exécution de ces accords par la Banque s'effectue sous la responsabilité de l'Etat, qui en
assume les risques, frais, commissions, intérêts et charges quelconques et garantit à la
Banque le remboursement de toute perte ou autre coût qu'elle pourrait subir à cette
occasion, ainsi que le remboursement de tout découvert ou avance qu'elle serait amenée à
consentir en application de ces accords et dans les limites de ceux-ci.

Article 75:

La Banque participe à l'établissement des prévisions nationales de recettes et de dépenses


en devises.

Article 76 :

La Banque est chargée notamment d'assurer la centralisation des risques bancaires et des
renseignements relatifs aux chèques impayés et aux effets contestés.

Article 77 :

La Banque peut publier des bulletins contenant une documentation statistique et des études
d'ordre économique et monétaire.

Article 78 :

La Banque peut, pour ses besoins et ceux de son personnel, acquérir, faire construire, vendre
et échanger des immeubles. Les opérations sont subordonnées à l'autorisation du Conseil
Général. Les dépenses correspondantes ne peuvent dépasser le montant des fonds propres.

Article 79 :

La Banque peut faire tous actes conservatoires, d'administration ou de disposition nécessaires


à l'exercice de ses attributions.

TITRE III : DISPOSITIONS DIVERSES

CHAPITRE - I : DISPOSITIONS PENALES

Article 80 :

Toute personne concourant, même à titre occasionnel, aux activités de la Banque est tenue
au secret professionnel. Toute infraction aux dispositions du paragraphe précèdent hors le

35
cas où la loi oblige à déclaration ou à dénonciation sera punie d'un emprisonnement de 3
mois à 3 ans et d'une amende de Un (1) à Cinq (5) Millions d’Ouguiyas.

La Banque est néanmoins autorisée à partager des informations confidentielles avec les
banques centrales étrangères, les autorités de supervision étrangères, les régulateurs ainsi
que les institutions internationales, sous la condition toutefois que de telles informations soient
couvertes par le secret professionnel auxquels sont astreints de telles institutions.

Toutes informations confidentielles que la Banque recevrait de banques centrales étrangères,


d’autorités de supervision étrangères, de régulateurs ainsi que d’institutions internationales
seront couvertes par l’obligation au secret professionnel établie par cet article.

Article 81 :

Les agents de la Banque ne peuvent prendre ni recevoir aucune participation ou quelque


intérêt ou rémunération que ce soit pour travail ou conseil, dans une entreprise publique ou
privée, industrielle, commerciale ou financière, sauf dévolution successorale ou dérogation
accordée par le Gouverneur. Cette disposition ne s'applique pas à la production d’œuvres
scientifiques, littéraires ou artistiques.

Article 82 :

Les Conseillers, les membres du Conseil Général et le personnel de la Banque sont


considérés comme fonctionnaires publics pour l'application du livre III, Titre I, Chapitre IV,
section II, Paragraphes 1 à 4 du Code Pénal.

CHAPITRE – II : EXEMPTIONS ET PRIVILEGES

Article 83 :

La Banque, ses avoirs, ses biens, ses revenus et ses opérations sont exemptés de tous impôts,
droits, taxes, perceptions ou charges fiscales de quelque nature que ce soit.

Sont exemptés de droit de timbre et de droit d'enregistrement tous contrats, tous effets et
généralement toutes pièces et tous actes judiciaires ou extrajudiciaires se rapportant aux
opérations de la Banque.

Article 84 :

La Banque est dispensée, au cours de toute procédure judiciaire, de fournir caution et


avance dans tous les cas où la loi prévoit cette obligation à la charge des parties. Elle est
exonérée de tous frais judiciaires et taxes perçus au profit de l'Etat.

Article 85 :

L'Etat assure la sécurité et la protection des établissements de la Banque et fournit


gratuitement à celle-ci les escortes nécessaires à la sécurité des transferts de fonds ou de
valeurs.

CHAPITRE - III : COMPTES ANNUELS ET DISPOSITIONS FINANCIERES

Article 86 :

36
Le régime comptable de la Banque est déterminé par le Conseil Général conformément aux
standards de comptabilité reconnus comme internationalement applicables aux banques
centrales.
Article 87 :

Les comptes annuels de la Banque sont, chaque année, arrêtés par le Conseil Général et
publiés au Journal Officiel.

L’exercice social de la Banque commence le 1er janvier et se termine le 31 décembre de


l’année civile.

Article 88 :

Sur les bénéfices de l’année, il est prélevé 20% au profit de la réserve statutaire. Ce
prélèvement cesse d'être obligatoire dés que la réserve atteint la moitie du capital et il le
redevient si cette proportion n'est plus atteinte.

Après attribution des dotations jugées nécessaires par le Conseil Général à toutes autres
réserves générales ou spéciales, le solde est versé au Trésor. Cependant, les bénéfices ou les
pertes qui résultent de la réévaluation des avoirs ou des engagements internationaux de la
Banque ne peuvent pas être versés au Trésor.

Les réserves peuvent être affectées à des augmentations de capital dans les conditions
prévues à l'article 6.

Si les comptes annuels se soldent par une perte, celle-ci est amortie par imputation sur les
réserves générales puis spéciales et, s'il y a lieu, sur la réserve statutaire. Si l'ensemble de ces
réserves ne permet pas d'amortir intégralement la perte, le reliquat qui subsiste est couvert
par le Trésor sous forme de titres négociables de la dette publique au plus tard six mois après
la clôture de l’exercice.

Article 89 :

La Banque peut placer ses fonds propres représentés par ses comptes de capital, de
réserves, de provisions à caractère de réserves et d'amortissements :

soit en immeubles en conformité avec l’article 78 de la présente loi;


soit en titres émis ou garantis par l'Etat acquis sur le marché secondaire ;
soit après autorisation du Ministre des Finances, en titres émis par les organismes financiers
régis par les dispositions légales particulières ou placés sous le contrôle de l'Etat.

Le total des placements opérés en vertu des alinéas ci-dessus ne peut excéder 35% desdits
fonds propres.

CHAPITRE – IV : COOPERATION AVEC LES POUVOIRS PUBLICS

Article 90 :

Dans les six mois de la clôture de chaque exercice, le Gouverneur remet au Président de la
République et à l’Assemblée Nationale et au Sénat (ci-après, ‘les Chambres’) les comptes
annuels, ainsi qu'un compte rendu des activités et opérations de la Banque.

37
Ces documents sont publiés au Journal Officiel après leur transmission au Président de la
République.

Article 91 :

La Banque remet au Président de la République et aux Chambres un rapport annuel sur


l'évolution économique et monétaire du pays.

Article 92 :

Le Gouverneur peut, à la requête de l’Assemblée Nationale ou du Sénat ou sur sa propre


initiative, être entendu de manière régulière par les Chambres ou leurs comités, sur toutes les
questions intéressant la politique monétaire, le système financier ainsi que l'Etat de
l'économie.

Article 93 :

Dans le cadre de la poursuite de ses objectifs, la Banque coopérera avec le gouvernement


ainsi que toute autre autorité Etatique.

Le Gouverneur organisera régulièrement des réunions avec le Ministre des Finances en vue
de discuter des politiques budgétaires et monétaires ainsi que toute autre question d'intérêt
commun. Le Gouverneur et le Ministre des Finances se tiendront mutuellement informés de
toute matière qui concerne conjointement la Banque et le Ministère.

La Banque peut donner son avis au gouvernement sur toute matière qu'elle juge être de
nature à influencer la réalisation de ses objectifs.

A la requête du gouvernement, la Banque peut communiquer au gouvernement toute


information relative aux fonctions de la Banque, à l'exception toutefois des informations
relatives spécifiquement aux entités contrôlées.

A la requête de la Banque, le gouvernement communiquera à la Banque toute information


et document en vue de l'exécution des fonctions de la Banque.

La Banque sera consultée par le gouvernement sur tous projets de loi ou textes
règlementaires dans les matières relevant des objectifs de la Banque ou de son champ de
compétence, avant que de tels projets soient soumis aux Chambres ou approuvés par le
gouvernement. Le gouvernement soumettra aux Chambres l'avis de la Banque,
conjointement avec le projet de loi.

TITRE - IV : DISPOSITIONS TRANSITOIRES ET FINALES

Article 94 :

Le Protocole d’accord entre la BCM et le Ministère des Finances du 30 Décembre 2004 relatif
aux engagements de l’Etat vis-à-vis de la Banque Centrale n’est pas pris en compte dans
l’application de l’article 73.

Article 95 :

Sont abrogées toutes dispositions contraires à la présente ordonnance et notamment les lois
n° 73 118 du 30 Mai 1973, 74 118 du 08 Juin 1974 et 75 332 du 26 Décembre 1975 relatives aux
statuts de la Banque Centrale

Article 96 :

38
La présente ordonnance sera exécutée comme loi de l’Etat et publiée au journal officiel de
la République Islamique de Mauritanie.

Fait à Nouakchott, le ………………………

COLONEL ELY OULD MOHAMED VALL

LE PREMIER MINISTRE
SIDI MOHAMED OULD BOUBACAR

LE MINISTRE DES FINANCES


ABDALLAH OULD SOULEYMANE OULD CHEIKH SIDIYA

39
Instruction n° 016/GR/2007 du 12 juin 2007.

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