#Tchyvichev
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#Tchyvichev
1. Définition.
2. Premières propriétés.
3. Exercices divers.
4. Orthogonalité, développement en série de Tchebychev.
5. Caractérisation minimax.
6. Configurations entières.
7. Familles commutantes de polynômes.
8. Une équation de Fermat dans C[X].
9. Une caractérisation extrémale des zéros.
10. Polynômes de Dickson, puissances dans Gl2(Z).
Pierre-Jean Hormière
___________
Introduction
Ces formules suggèrent que cos(nθ) = Tn(cosθ) et sin(nθ) = sinθ.Un−1(cosθ), où Tn et Un sont des
fonctions polynomiales. Les Tn et Un, étudiés par François Viète vers 1593 pour les premières
valeurs de n, puis par Jakob Bernoulli vers 1702 pour n quelconque, s’appellent respectivement
polynômes de Tchebychev de 1ère et de 2ème espèce, car ce grand mathématicien russe fut sans doute
le premier à leur trouver des applications loin du cadre étroit de la trigonométrie.
Dans cet exposé, tous les polynômes considérés sont à coefficients réels ou complexes. On peut
donc sans danger confondre polynômes et fonctions polynomiales.
1
1. Définition des polynômes de Tchebychev.
2
Les fractions rationnelles réciproques forment un sous-corps de C(Z) (facile), isomorphe à C(Z)
via le morphisme de substitution G(Z) → G(X).
Une fraction F est dite antiréciproque si F(1/Z) = −F(Z). Toute fraction rationnelle F s’écrit de
façon unique comme somme d’une fraction réciproque et d’une fraction antiréciproque :
F(Z) = 1 .(F(Z)+ F( 1 )) + 1 .(F(Z)− F( 1 )) , l’unicité étant facile.
2 Z 2 Z
Et F est antiréciproque ssi elle peut s’écrire F(Z) = 1 .(Z − 1 ) .G(Z), où G est réciproque.
2 Z
Par suite, C(Z) = C(X) ⊕ 1 .(Z − 1 ) .C(X). cqfd.
2 Z
Application à la résolution d’équations polynomiales réciproques.
Voir chapitre sur les équations algébriques.
3
2.2. Etude des polynômes Tn(x) dans R.
Proposition 2 : ∀n ∈ N ∀θ ∈ R cos(nθ) = Tn(cos θ)
∀n ∈ N ∀θ ∈ R ch(nθ) = Tn(ch θ)
n
∀n ∈ N ∀θ ∈ R (−1) .ch(nθ) = Tn(− ch θ)
Preuve : La seconde formule découle par récurrence de ch((n+2)θ) = 2.ch(θ).ch((n+1)θ) − ch(nθ).
La troisième s’en déduit, via § 1, prop. 2.
N. B. : Les formules précédentes restent vraies pour θ ∈ C; cela permettrait de retrouver la prop. 1.
Corollaire : ∀n ∈ N ∀x ∈ [−1 +1] Tn(x) = cos(n.Arccos x)
∀n ∈ N ∀x ∈ [+1 +∞[ Tn(x) = ch(n.Argch x)
n
Proposition 3 : a) Valeurs en ±1 : Tn(1) = 1, Tn(−1) = (−1) .
b) Intervalles de stabilité : ∀x ∈ [−1, 1] Tn(x) ∈ [−1, 1] , ∀x ∈ [1, +∞[ Tn(x) ∈ [1, +∞[.
∏(X −cos(22kn−1π)) .
n
n−1
c) Factorisation : Tn(X) = 2
k =1
d) Localisation des racines. Les racines de Tn(x) sont toutes réelles, simples, appartenant à ]−1, 1[.
Les racines de Tn−1 s’intercalent entre celles de Tn.
Preuve : c) Il suffit de chercher les racines de Tn réelles et appartenant à [−1, 1], autrement dit de la
forme x = cos θ (0 ≤ θ ≤ π) . Tn(x) = 0 ⇔ cos(nθ) = 0 ⇔ θ = 2k −1π (1 ≤ k ≤ 2n) .
2n
Mais la parité du cosinus indique que x ne prend que n valeurs, pour 1 ≤ k ≤ n. Inutile de chercher
d’autres racines ailleurs ! d) L’intercalation des racines de Tn−1 et Tn se vérifie à la main.
2 3
Exercice 4 : Etudier les fonctions f(x) = Arccos( 2x − 1 ) , g(x) = Arccos( 4x − 3x ) ,
et plus généralement h(x) = Arccos Tn(x).
Exercice 5 : Répartition des zéros.
Soit −1 ≤ a ≤ b ≤ +1. Trouver la probabilité pour que Tn ait une racine dans [a, b], c’est-à-dire
1
limn→+∞ card { x ∈ [a, b] ; Tn(x) = 0 }. (cf. aussi § 4.3., ex. 1)
n
∏
n−1 n
3) Factorisation : Un−1(X) = 2
k =1 n k =1
Exercice 7 : Montrer que les fonctions θ → 1/2, θ → cos(nθ), θ → sin(nθ) (n ≥ 1) sont libres.
4
Exercice 8 : Montrer que pour n ≥ 2, Tn(X) = 1 [ Un(X) − Un−2(X) ] .
2
Les polynômes Tn et Un sont préprogrammés dans Maple : package orthopoly.
T1(X) = X U0(X) = 1
2
T2(X) = 2.X − 1 U1(X) = 2.X
3 2
T3(X) = 4.X − 3.X U2(X) = 4.X − 1
4 2 3
T4(X) = 8.X − 8.X + 1 U3(X) = 8.X − 4.X
5 3 4 2
T5(X) = 16.X − 20.X + 5.X U4(X) = 16.X − 12.X + 1
6 4 2 5 3
T6(X) = 32.X − 48.X + 18.X − 1 U5(X) = 32.X − 32.X + 6.X
5
• Si m1 ou n1 est pair, pgcd(Tm(X), Tn(X)) = 1.
Preuve : Les polynômes étant scindés à racines simples, il suffit de trouver leurs racines communes.
C’est facile pour les polynômes de 2ème espèce, un peu moins pour ceux de 1ère espèce.
m
pπ n
qπ
∏(X −cos ) et Un(X) = 2 ∏(X −cos ) .
m n
i) On a Um(X) = 2
p =1 m+1 q =1 n+1
Compte tenu de l’injectivité du cosinus sur [0, π], les racines communes correspondent à :
pπ qπ
= , i.e. à p (n + 1) = q (m + 1) , ou encore à p d.n1 = q d.m1 , ou pn1 = qm1
m+1 n+1
en posant m +1 = dm1 et n + 1 = dn1, Par Gauss, cela implique n1 divise q.
qπ kn π
Posons q = kn1. Alors cos = cos 1 = cos kπ
n+1 n+1 d
d −1
Au final, pgcd(Um(X), Un(X)) = C ∏(X −cos kdπ ) ) = Ud−1(X) à scalaire près.
k =1
m
2p−1 n
2q−1
∏(X −cos( 2m π)) et ∏(X −cos( π)) .
m−1 n−1
ii) On a Tm(X) = 2 Tn(X) = 2
p =1 q =1 2n
(2p−1)π (2q−1)π
Par injectivité du cosinus sur [0, π], les racines communes correspondent à = ,
2m 2n
i.e. à (2p – 1).n = (2q − 1).m , ou encore à (2p – 1).n1 = (2q – 1).m1 ,
en posant m = dm1 et n = dn1 où d = pgcd(m, n).
Par Gauss, cela implique n1 divise 2q − 1 et m1 divise 2p − 1.
• Si m1 ou n1 est pair, il n’y a pas de racine commune, et pgcd(Tm(X), Tn(X)) = 1.
• Si m1 et n1 sont impairs, pgcd(Tm(X), Tn(X)) = Td(X),
6
2 2
Du coup ( 1 − X ) Tn ''(X) − X. Tn '(X) + n Tn(X) a une infinité de racines…
La seconde équation s’obtient en dérivant deux fois la relation sin((n + 1)θ) = sin θ.Un(cos θ),
et en simplifiant par sin θ en se plaçant sur ]0, π[. Même conclusion…
Corollaire : expressions explicites de Tn et Un .
n n−2 n(n−3) n−4 n(n−4)(n−5) n−6 n(n−5)(n−6)(n−7) n−8
Tn = 2n −1 [ X − n X + X − X + X +…]
2² 4 2!.2 6 3!.2
8 4!.2
[n / 2]
(n−k −1)!
[n / 2]
(−1)k k
Autrement dit Tn(X) = n
2 ∑(−1)k
k =0 k!(n−2k)!
.(2X)n−2k = n
2 ∑
k =0
.C (2X)n−2k .
n−k n−k
(n−2)(n−3) n−4 (n−3)(n−4)(n−5) n−6
Un = 2n [ X − n−1 X
n n−2
+ X − X
2² 2!.24 3!.26
(n−4)(n−5)(n−6)(n−7) n−8
[n / 2]
+
4!.28
X +…] = ∑ (−1) .C
k =0
k k
n −k (2X)n−2k .
Ajoutons que l’équation différentielle linéaire du second ordre vérifiée par Tn s’intègre séparément
2
sur les intervalles où x − 1 ne s’annule pas. Si l’on cherche ses autres solutions sous la forme Y(x) =
z(x).Tn(x), nonobstant les problèmes que cela pose, on tombe sur les fonctions de Tchebychev de
seconde espèce.
2 2
Proposition 7 : L’équation différentielle ( 1 − x ) y’’(x) − x y’(x) + n y(x) = 0
a pour solutions sur ]−1, 1[ • si n = 0 y(x) = A + B. Arcsin x.
• si n ∈ N* y(x) = A Tn(x) + B 1− x².U n−1(x)
7
2.10. Décompositions en éléments simples.
Proposition 9 : On a les décompositions en éléments simples, si deg P < n :
(−1)k −1.sin 2k −1π
n
P(X) n sin( 2k −1π).P(cos 2k −1π)
1 = 1
Tn (X) n ∑k =1 X −cos 2 k
2n
−1 π T n (X )
= ∑(−1)
1
n k =1
k −1 2n
X −cos 2 k −1 π
2n
2n 2n
n −cos(
2k −1π) sin ²(2k −1π) n (−1) .sin ²
k −1 kπ
+1
Tn2(X) n² ∑ ∑
1 = 1 2n + 2 n 1 = 1 n
k =1 X −cos 2k −1π (X −cos 2 k −1π)² U n (X ) n +1 k =1 X −cos kπ
2n 2n n+1
2
Proposition 11 : On a les développements en série pour tout couple (r, θ) ∈ R tel que |r| < 1.
+∞ +∞
1−r.cosθ =
1−2r cosθ + r² ∑cos(nθ).r n =
n =0
∑T (cosθ).r
n =0
n
n
+∞ +∞
sinθ
1−2r cosθ + r²
= ∑sin((n+1)θ)).r
n =0
n = ∑sinθ.U (cosθ).r
n =0
n
n
3. Exercices divers.
8
1) Soit n ∈ N impair n = 2m+1. Montrer l’existence d’un polynôme Qn ∈ Z[X], de degré n, tel
que : (∀θ) 2.sin(nθ) = Qn(2.sinθ).
Relation de récurrence entre ces polynômes ? Cas où n = 3, 5, 15, 45.
Exprimer Qn en fonction des polynômes de Tchebychev.
2) Résoudre l’équation algébrique :
45 43 41 39 37 35 33
x − 45.x + 945.x − 12300.x + 111150.x − 740259.x + 3764565.x
31 29 27 25 23
− 14945040.x + 46955700.x − 117679100.x + 236030652.x − 378658800.x
21 19 17 15 13
+ 483841800.x − 488494125.x + 384942375.x − 232676280.x + 105306075.x
11 9 7 5 3
− 34512075.x + 7811375.x − 1138500.x + 95634.x − 3795.x + 45.x = 1.
NB : De Thou et Tallemant des Réaux rapportent qu’en 1593 le mathématicien belge Adrian van Roomen
(1561-1615), dit Romanus, mit au défi les mathématiciens d’Europe de résoudre cette équation algébrique. Le
français François Viète (1540-1603) la résolut aussitôt, observant qu’elle reposait sur une relation trigono-
métrique sous-jacente. Il publia sa solution en 1595, donnant les 23 solutions réelles positives. Romanus fut si
surpris qu’il partit sur-le-champ de Wurtzbourg et vint jusqu’en Poitou, à Fontenay-le-Comte, rencontrer
Viète. « Il demeura un mois entier avec lui, et pendant ce temps il lui proposa un grand nombre de questions
dont il avoit eu soin de se fournir avant son départ. Mais il trouva encore plus qu’il ne croyait dans Viète, qui
étoit un homme simple et sans ostentation, et il en étoit dans un étonnement qu’il ne pouvoit exprimer. Enfin,
après s’être embrassés et s’être dit avec regret le dernier adieu, Viète, voulant reconnoître l’honneur qu’il
avoit reçu de ce voyage de Romanus, le fit reconduire et le défraya jusqu’à la frontière. » (de Thou).
Exercice 4 : Polynômes de Fibonacci et de Lucas.
On définit les « polynômes de Fibonacci » par F0(X) = 0 , F1(X) = 1 , Fn+2(X) = X.Fn+1(X) + Fn(X).
1) Montrer que Fn(X) = ∑C k
n −1− k
0 ≤ k ≤ (n −1) / 2
.X n − 2k −1 . Cas où X = 1 ?
9
Exercice 8 : Montrer que, pour tout n ∈ N, il existe un unique polynôme Pn ∈ C[X] tel que :
n n
∀θ ∈ R cos θ + sin θ = Pn(cos θ + sin θ).
Formule de récurrence liant les polynômes Pn.
∏(4+cos² 2knπ+1) .
n
Exercice 9 : Calculer
k =1
2
Exercice 10 : Soit U = { (x, y) ∈ R ; cos x ≠ cos y }. Représenter U.
cos(nx)−cos(ny)
Pour tout n ∈ N, et tout (x, y) ∈ U, on définit Qn(x, y) = .
cos(x)−cos(y)
∞ 2
Montrer que Qn admet un prolongement C à R , noté encore Qn. Déterminer les extrema de Qn .
10
1) On munit R[X] de la norme N(P) = sup−1≤x≤1 | P(x) |.
Montrer que la forme linéaire εc : P → P(c) est continue si et seulement si |c| ≤ 1.
2) Soit 0 < a < b, A = [−b, −a] ∪ [a, b]. On munit R[X] de la norme NA(P) = supx∈A | P(x) |.
Montrer que la forme linéaire ε : P → P(0) est discontinue.
Exercice 16 : Trouver les polynômes complexes de degré 1 et 2 tels que :
∀z ∈ C z ∈ [−1, 1] ⇔ P(z) ∈ [−1, 1].
N. B. On peut montrer que les polynômes vérifiant cette propriété sont exactement les ±Tn (cf. RMS
4, 2001-2002, p. 298 et 310, RMS 2, 2004, p. 181).
.dx = 0 si n ≠ m , π si n = m = 0 , π si n = m ≥ 1.
+1 n
T (x).Tm (x)
∫
−1 1− x² 2
U n (x).U m(x). 1− x².dx = 0 si n ≠ m , π si n = m .
+1
∫
−1 2
Preuve : Le changement de variable x = cos θ, ou plutôt θ = Arccos x, ramène aussitôt au calcul des
π π
intégrales ∫ cos(nθ).cos(mθ).dθ et ∫ sin(nθ).sin(mθ).dθ .
0 0
La suite (Tn) est orthogonale pour ce produit scalaire, orthogonalisée au sens de Gram-Schmidt de la
2
base canonique ( 1, x, x , … ) .
(f Tn )
Définition 1 : Si f ∈ E, on appelle coefficients de Fourier-Tchebychev de f les ,
(Tn Tn )
+∞ (f Tn )
et série de Fourier-Tchebychev de f la série ∑ (T
n =0 n Tn )
.Tn .
L’allusion à Fourier est là pour souligner la parenté avec la théorie des séries de Fourier. En effet, la
somme partielle d’ordre n de la série de Tchebychev de f, notée Sn(f), est l’orthoprojection de f sur
Rn[X] ; c’est donc le polynôme de degré n le plus proche de f pour la norme || . ||2.
Théorème 2 : Pour toute f ∈ E, la série de Tchebychev de f converge vers f pour la norme || . ||2 .
Et on a les formules de Parseval-Tchebychev :
+1 +∞ (f Tn )² +1 +∞ (f Tn ).(g Tn )
f(x)² f(x).g(x)
∑ (T ∑
2
(∀f ∈ E) ∫−1 1− x²
.dx =
n =0 n Tn )²
et ∀( f, g ) ∈ E ∫ −1 1− x²
.dx =
n =0 (Tn Tn )²
.
11
Preuve : C’est une conséquence du théorème d’approximation polynomiale uniforme de Weierstrass.
∀f ∈ E ∀ε > 0 ∃P ∈ R[X] || f − P ||∞ ≤ ε . Alors || f − P ||2 ≤ ε π .
Soit N = deg P . On a : dN(f) = || f − SN(f) ||2 ≤ || f − P ||2 ≤ ε π .
La suite (dn(f)) des distances de f à Rn[X] tend en décroissant vers 0.
SN(f) tend vers f pour la norme ||.||2.
2 2 2
Par Pythagore, || f − SN(f) || = || f || − || SN(f) || , d’où la première formule de Parseval.
La seconde s’obtient en dédoublant les variables f et g.
Preuve : Ce résultat est plus difficile que le précédent. On commencera par montrer le :
Lemme : Pour toute f ∈ F et tout ε > 0, il existe g ∈ F, à support compact (c’est-à-dire nulle en
dehors d’un segment [a, b] ⊂ ]−1, 1|, telle que || f − g ||2 ≤ ε .
Puis on s’attaquera au théorème.
Remarque : Les Tchebychev de première et de seconde espèce sont, comme les Legendre, un cas
a b
particulier de polynômes de Jacobi, qui correspondent au poids p(x) = (1 − x) .(1 + x) sur ]−1, +1[.
4.3. Exercices.
π P(cos(2k −1π)) .
+1
n
P(x)
∫−1 1− x² n ∑
Exercice 1 : Montrer que, pour tout P ∈ R2n−1[X] . dx =
k =1 2n
1
Application : Soient [a , b] ⊂ [−1, 1]. Trouver limn→+∞ card { x ∈ [a, b] ; Tn(x) = 0 }.
n
Exercice 2 : Trouver des réels λ1, … , λn , x1, … xn tels que pour tout P ∈ R2n−1[X]
+1 P(x) n
∫
−1 1− x²
.dx = ∑λ .P(x ) .
i =1
i i
+1x k.T(x)
[ Indication : Soit T(x) = (x − x1) … (x − xn), noter que ∫−1 1− x² .dx = 0 pour 0 ≤ k ≤ n−1.]
+1
Exercice 3 : On munit E = C([−1, 1], R) du produit scalaire < f | g > = ∫−1
f(x).g(x). 1− x².dx .
12
Exercice 4 : Soit Fn l’ensemble des polynômes P ∈ R[X] unitaires de degré n.
+1 P²(x)
Montrer que inf { ∫−1 1− x²
.dx ; P ∈ Fn} est atteint pour un unique polynôme, que l’on caractérisera.
+1
Même question avec inf { ∫ −1
P²(x). 1− x².dx ; P ∈ Fn }.
Exercice 8 : Approfondir les liens entre séries de Fourier et séries de polynômes de Tchebychev.
5. Caractérisation minimax.
Solution
n
1) a) Fn = X + Rn−1[X] est un hyperplan affine de Rn[X], en tant que translaté de l’hyperplan
vectoriel Rn−1[X].
13
+
b) L’application f : Q ∈ Fn → ||Q|| ∈ R est continue car 1-lipschitzienne, et convexe.
Mais Fn n’est pas compact (sauf si n = 0). Soit m la borne inférieure de f.
K = { Q ∈ Fn ; m ≤ ||Q|| ≤ m + 1 } est un convexe fermé borné non vide de Fn, donc un compact.
f atteint son inf sur K : ∃P ∈ K ∀Q ∈ K ||P|| ≤ ||Q|| ≤ m + 1.
Comme ∀Q ∈ Fn−K m + 1 ≤ ||Q|| , on a : ∀Q ∈ Fn ||P|| ≤ ||Q||.
∏(X −cos(22kn−1π)) et
n
2) a) Il découle des § 1 et 2 que tn(X) = ||Tn|| = 1 ; d’où ||tn|| = 1 .
k =1 2n −1
b) Montrons ∀Q ∈ Fn || tn || ≤ || Q || par absurde.
S’il existait Q ∈ Fn || Q || < || tn || , le polynôme Q – tn serait de degré ≤ n−1.
(−1)k
Or tn(cos kπ ) = pour 0 ≤ k ≤ n ; donc Q – tn serait < 0 en 1, > 0 en cos π , < 0 en cos 2π ,
n 2n −1 n n
> 0 en cos 3π , etc. En vertu du théorème des valeurs intermédiaires, Q – tn s’annulerait sur chacun
n
(k −1)π
des n intervalles ]cos , cos kπ [. Il aurait n racines, donc serait nul : impossible, à cause des
n n
normes !
3) L’unicité du polynôme P = tn serait évidente si la norme uniforme é tait euclidienne : P serait
l’orthoprojection du polynôme nul sur l’hyperplan affine Fn.
Hélas ! la norme uniforme n’est pas euclidienne.
Nous allons reprendre en l’affinant le raisonnement de 2 b).
Soit P ∈ Fn tel que || tn || = || P ||. Le polynôme P – tn est de degré ≤ n−1.
∆ = P – tn serait ≤ 0 en 1, ≥ 0 en cos π , ≤ 0 en cos 2π , ≥ 0 en cos 3π , etc.
n n n
Par le TVI, ∆ aurait au moins une racine dans [cos π , 1], et au moins une dans [cos 2π , cos π ].
n n n
Cela en fait deux, sauf dans le cas où cos π est la seule racine de ∆ dans [cos 2π , 1]. Mais dans ce
n n
dernier cas, ∆ s’annulerait en cos π sans changer de signe, donc cos π serait racine double de ∆.
n n
Dans tous les cas, ∆ en a deux (comme papa) dans [cos 2π , 1].
n
En réitérant cet argument de proche en proche, ∆ aurait au moins n racines, et serait nul.
14
Preuve : Supposons x ∉ {ak}, sinon on peut choisir c quelconque, et introduisons la fonction auxi-
liaire : g(t) = f(t) − P(t) − K.( t − a1 ) … ( t − an ) , où K est choisi tel que g(x) = 0.
g s’annule en n+1 points distincts. Par applications échelonnées du théorème de Rolle,
(n) (n)
∃c ∈ ]a, b[ g (c) = 0 , donc f (c) − n!.K = 0. Cela donne le résultat. La majoration en découle.
Or on déduit du problème ci-dessus, au moyen du chgt de variable affine x = a+b + b−a t, que
2 2
2
( )
||Φ||∞ est minimum si et seulement si Φ(x) = b−a .tn (2x−a −b) = ∏[x− a +b − b−a .cos( 2k −1π)] ,
n
b−a k =1 2
n
2 2n
autrement dit si les ak sont les points de Tchebychev de [a, b].
6. Configurations entières.
Problème
Le plan affine euclidien orienté P est rapporté à un repère orthonormé direct R d’origine O, et
identifié à l’ensemble C des complexes, via l’application qui, à tout point M de coordonnées (x, y)
relativement à R associe son affixe z = x + i.y.
Un point M(x, y) est dit entier si ses coordonnées sont entières. L’ensemble de ces points est
appelé réseau et noté Z[i].
A. Préliminaires.
1) Soient θ réel, n un entier ≥ 1. Montrer que cos((n+1)θ) = 2cos(θ).cos(nθ) − cos((n−1)θ).
2) Montrer que, pour tout n ∈ N*, il existe un polynôme Pn ∈ Z[X] unitaire, de degré n, tel que :
(∀θ ∈ R) 2.cos(nθ) = Pn(2.cosθ).
3) Soit θ un réel tel que θ et cosθ soient rationnels.
π
a) Montrer que 2.cos θ est solution d’une équation de la forme
n n−1
x + a1.x + … + an = 0 , où a1, a2, …, an sont des entiers relatifs.
b) Montrer que 2.cosθ ∈ Z et conclure que cos θ ∈ {−1, − 1 , 0, 1 , 1}.
2 2
15
a) Un carré, un rectangle, un losange, peuvent-ils être des figures à distances entières ?
b) Soit ABC un triangle équilatéral de côté 112. Montrer qu’il existe un et un seul point D tel
que AD = 73, BD = 57, D et C étant d’un même côté de la droite (AB). Montrer que {A, B, C, D}
est une figure à distances entières. [On pourra choisir un repère orthonormé ayant pour origine le
milieu O’ de AB, les axes étant portés par les droites AB et O’C.]
2ipφ
2) Soit φ le réel défini par cos φ = 4 , 0 < φ < π. Pour tout p ∈ N, soit Mp le point d’affixe e .
5
a) Montrer que les points Mp, p ∈ N, sont deux à deux distincts.
b) Soient p, q deux entiers. Montrer que MpMq = 2 | sin(p − q)φ | et que MpMq est un rationnel.
c) Montrer que, pour tout entier n ≥ 3, il existe une figure à distances entières formée de n points
et contenue dans un cercle de centre O.
y 3 1 y
1) Soient D1 la droite d’équation x + = et D2 la droite d’équation x 3 − = 3.
2 2 6 2 2 6
Montrer qu’elles sont perpendiculaires, trouver leur point d’intersection et les tracer.
y 3 1 y
2) A tout point M de coordonnées (x, y), on associe f(M) = | x + − | + | x 3 − − 3 |.
2 2 6 2 2 6
Montrer que, pour tout a, {M ; f(M) ≤ a} est un carré dont les côtés sont parallèles aux deux droites.
3) Soient M(x, y) et M’(x’ , y’) deux points entiers tels que f(M) = f(M’).
a) Montrer qu’il existe quatre réels α, β, γ et δ ∈ {−1, +1} tels que :
γ −α δ −β
αx + βy − γx’ − δy’ + =0 et βx − αy − δx’ + γy’ + =0
3 3
b) Montrer que γ = α et δ = β, et conclure que M = M’.
4) En déduire qu’on peut ranger les points entiers en une suite (Pn)n≥1 telle que f(Pn) < f(Pn+1) pour
tout n ≥ 1.
5) Montrer qu’il existe un carré à l’intérieur duquel se trouvent exactement n points entiers.
16
3) Soit z = x + iy ∈ En. Montrer que (x, y) vérifie l’un des systèmes de relations
2x – y ≡ 0 (mod 5) 2x + y ≡ 0 (mod 5)
x + 2y ≡ 0 (mod 5) −x + 2y ≡ 0 (mod 5)
En déduire que l’un des deux complexes z ou z appartient à E .
2+i 2−i n−1
4) Montrer que l’application (ω, p) ∈ E0×{0, 1, …, n} → Z(ω, p) ∈ En est bijective. Quel est le
nombre d’éléments de En ?
5) Pour tout n ≥ 1, soient
An = { (x, y) ∈ En ; x pair, y impair } , Bn = { (x, y) ∈ En ; x impair, y pair }.
Montrer que An et Bn forment une partition de En en ensembles de même cardinal.
k −1
Combien le cercle de centre ( 1 , 0) et de rayon 1 5 2 contient-il de points entiers ?
2 2
Un rectangle entier, c’est-à-dire à côtés entiers m et n, est dit dominable si on peut le paver par
des dominos (rectangles de côtés 2 et 1).
1) Montrer qu’un rectangle entier de côtés m et n est dominable si et seulement si m ou n est pair.
2) Combien y a-t-il de façons de paver par des dominos un rectangle (2n)×1 ?
3) Montrer que le nombre de façons de paver par des dominos un rectangle (2n)×2 est lié aux
nombres de Fibonacci.
4) Montrer que le nombre de façons de paver par des dominos un rectangle (2n)×3 est g(n), où g(0)
= 1, g(1) = 3, g(2) = 11, g(n+1) = 4g(n) − g(n−1).
Remarque : On a montré en 1961 que le nombre de façons de paver par des dominos un rectangle
jπ
∏∏(cos² 2m+1+cos² 2knπ+1)
m n
mn
(2m)×(2n) est donné par 4 (Pour la Science, juillet 2006).
j =1 k =1
Le problème ci-dessous a pour but de décrire toutes les familles commutantes de C[X].
3) a) Soit ϕ(X) = aX + b (a ≠ 0). Si la suite (Qn)n∈N vérifie (*), montrer qu’il en est de même de la
−1
suite (ϕ oQnoϕ).
−1 2
b) Montrer qu’on peut déterminer ϕ de telle sorte que ϕ o Q2 o ϕ = X + α (α ∈ R).
−1
ϕ étant ainsi déterminée, on note dans la suite Qn* = ϕ o Qn o ϕ .
17
4) Soit α ∈ R. Montrer qu’il existe deux valeurs de α pour chacune desquelles existe un polynôme
2
Cα de degré 3 tel que Aα o Cα = Cα o Aα , où Aα = X + α .
n 2 2
5) Montrer que, pour tout n, pn(X) = X est le seul polynôme de degré n tel que pn(X ) = pn(X) .
6) Conclure de ce qui précède qu’il y a essentiellement deux suites (Qn) de polynômes vérifiant
n
(*), à savoir la suite (X ) et la suite (Tn) des polynômes de Tchebychev.
[ d’après ENSI Chimie 1976, et Centrale MP 2014 ]
Remarques galoisiennes
Les polynômes de Tchebychev sont à coefficients dans Z. Quel est leur corps de décomposition ?
Quand sont-ils irréductibles sur Q ? Quels sont leurs groupes de Galois sur le corps Q ?
Ces questions n’ont rien d’artificiel, car les polynômes de Tchebychev sont liés aux polynômes
cyclotomiques.
Notons Rn le plus petit sous-corps de C contenant ω = exp 2iπ . C’est le corps de décomposition
n
n
du polynôme X − 1. Il est de dimension ϕ(n) sur Q, où ϕ est l’indicateur d’Euler, car le polynôme
minimal de ω est Φn(X), n-ème polynôme cyclotomique.
Proposition 1 : Pour tout entier n ≥ 3 divisible par un impair, Tn(X) est réductible dans Q[X].
Preuve : T2k+1(X) est divisible par X ;
du coup, T2(2k+1)(X) = ( T2k+1 o T2 )(X) = T2k+1(T2(X)) est divisible par T2(X) ;
de même, T4(2k+1)(X) = ( T2k+1 o T4 )(X) = T2k+1(T4(X)) est divisible par T4(X) ; etc.
m
Il en résulte que les seuls Tchebychev irréductibles sont parmi ceux d’indice 2 . Nous allons voir
qu’il en est bien ainsi.
(2n−1)π
Notons α = cos π . Les racines de Tn sont α , cos 3π = T3(α) , …, cos = T2n−1(α).
2n 2n 2n
Ce sont des polynômes de α. Donc Tn est scindé dans Q[α], qui est son corps de décomposition.
Notons : Mn(X) le polynôme minimal de α sur Q ; on a Mn(X) | Tn(X) .
µn = deg Mn(X) = degQ α = dimQ Q[α] .
ω = exp 2iπ ; on a α = 1 ( ω + 1 ) , et R4n = Q[ω] .
4n 2 ω
2
Tout d’abord α ∈ R4n ; donc Q[α] ⊂ R4n ∩ R. D’autre part ω − 2αω + 1 = 0 ; donc ω appartient à
une extension quadratique de Q[α], à savoir Q[α][ α² −1 ].
Il en résulte que Q[ω] = Q[α][ α² −1 ], et que Q[α] = R4n ∩ R.
Proposition 2 : Pour tout n, le corps de décomposition de Tn(X) est exactement Q[α] = R4n ∩ R.
ϕ(4n)
C’est une extension de Q de degré µn = .
2
ϕ(4n)
Peut-on expliciter le polynôme Mn(X) ? Soit Φ4n(X) = ∑ a .X
k =0
k
k le polynôme minimal de ω.
ϕ(4n)
On a 0 = Φ4n(ω) = Φ4n( 1 ) = 1 [Φ4n(ω) + Φ4n( 1 )] =
ω 2 ω ∑a .T (α) .
k =0
k k
ϕ(4n)
Donc Mn(X) = ∑a .T (X ) .
k =0
k k
18
T:P= ∑a .X k
k → T(P) = ∑a .T (X). k k
Exercice
2 2 2 2
On cherche tous les couples (P, Q) ∈ C[X] tels que P + ( 1 − X ).Q = 1 (E)
Soient (P, Q) un tel couple, où P est non constant, n le degré de P.
1) Montrer que P et Q sont premiers entre eux, puis que Q divise P’, et enfin que Q = ± P' .
n
2 2
2) En déduire que ( 1 − X ).P’’ − X.P’ + n .P = 0.
3) En conclure que ( P, Q ) = (±1, 0) ou ( ± Tn , ± Un−1 ).
Solution
2 2 2 2 2
La formule cos (nθ) + sin (nθ) = 1, pour n ≥ 1, s’écrit Tn(cos θ) + sin θ.Un−1(cos θ) = 1,
2 2 2
c’est-à-dire Tn(cos θ) + ( 1 − cos θ ).Un−1(cos θ) = 1.
2 2 2
On en déduit que Tn(X) + ( 1 − X ).Un−1(X) = 1, la différence ayant une infinité de racines.
2 2 2 2
Ainsi, parmi les couples (P, Q) ∈ C[X] tels que P + ( 1 − X ).Q = 1
figurent les couples (± Tn , ± Un−1) , où n ≥ 1.
On se propose de démontrer que si on leur adjoint (±1, 0), on les a tous obtenus.
2 2 2 2
1) Soient (P, Q) ∈ C[X] un couple tel que P + ( 1 − X ).Q = 1 (E), n le degré de P.
2 2
Si n ≤ 0, P est constant, donc ( 1 − X ).Q est constant ; cela impose Q = 0, et alors P = ± 1.
Supposons désormais n ≥ 1. Alors deg Q = n – 1.
Il est clair que P ∧ Q = 1 par la partie facile de Bezout.
2 2 2
Dérivons (E) ; il vient : 2PP’ + ( 1 − X ).2QQ’ P − 2X.Q = 0.
Donc Q divise PP’. Comme Q est premier avec P, Q divise P’.
Comme ils ont même degré, Q = c.P’, où c est une constante.
2 2 2
Identifiant les termes de degré 2n de P + ( 1 − X ).Q = 1, il vient c = ± 1 , donc Q = ± P' .
n n
2 2
2) En reportant dans (E), il vient ( 1 − X ).P’’ − X.P’ + n .P = 0.
2 2
3) L’examen de l’équation différentielle ( 1 − x ).y’’ − x.y’ + n .y = 0
montre qu’elle a une seule solution polynomiale à coefficients près : y = a Tn .
2 2 2 2
Si P = a Tn , Q = ± a Tn−1 , donc P + ( 1 − X ).Q = a = 1, et a = ±1.
_________
19
2 2 2
Le problème suivant reprend la question sous un angle plus abstrait. L’équation P + ( 1 − X ).Q =
1 peut être considérée comme une équation diophantienne dans l’anneau euclidien C[X], analogue à
2 2
l’équation de Fermat x – 2y = 1 dans l’anneau euclidien Z.
Problème
2 2 2 2
On cherche tous les couples (P, Q) ∈ C[X] tels que P + ( 1 − X ).Q = 1 (E)
2
Dans ce but, on introduit le corps K = C(X), l’anneau A = C[X] et le polynôme D = X − 1.
2
1) Soit T une indéterminée sur K. Montrer que le polynôme f = T − D est irréductible dans K[T].
On note L l’extension quadratique de K obtenue en adjoignant à K une racine, notée δ, de f : ainsi
L = K[T]/(f) est une K-algèbre de dimension 2, dont (1, δ) est une base.
2
On note B = { z = P + δ.Q ; (P, Q) ∈ A }.
2 2 2
2) Soit z = F + δ.G ∈ L, (F, G) ∈ K ; on note N(z) = F − D.G , T(z) = 2F.
2
a) Montrer que T est C-linéaire L → K, et que ∀(z, z’) ∈ L N(z.z’) = N(z).N(z’)
b) Soit z ∈ L. Montrer que z ∈ B ⇔ T(z) ∈ A et N(z) ∈ A.
3) Montrer que B est un anneau intègre. Soit U le groupe multiplicatif des inversibles de B.
Montrer que U = { z ∈ B ; N(z) ∈ C* } et que U0 = { z ∈ B ; N(z) = 1 } est un sous-groupe de U.
−1
4) Soit ω = X + δ. Vérifier que ω ∈ U0 ; donner ω .
n 2
Pour n ∈ Z, on note ω = Pn + δ.Qn , (Pn, Qn) ∈ A . Prouver que (Pn, Qn) est solution de (E).
5) Soit (P, Q) une solution de (E), avec deg P ≥ 2.
Montrer qu’on peut choisir ε = ±1 tel que ( P + δ.Q ).( X + ε.δ ) = Π + δ.Θ , avec deg Π < deg P.
2
En déduire que l’ensemble des solutions de (E) est { (ε.Pn, ε’.Qn) ; (ε, ε’) ∈ {−1, +1} , n ∈ N }.
n
Montrer que l’application (λ, n) ∈ C*×Z → λ.ω ∈ U est un isomorphisme de groupes.
6) On se place dans la C-algèbre C[[T]] des séries formelles.
+∞ +∞
1− XT
a) Montrer que ∑Pn .T n =
n =0 1−2XT +T²
et ∑Q .T
n =0
n
n = T
1−2XT +T²
.
b) En déduire des formules de récurrence vérifiées par les suites (Pn) et (Qn).
c) Montrer que les solutions de (E) sont les couples (± Tn , ± Un−1).
Problème
n
Soient n un entier ≥ 2, E = { x = (x1, …, xn) ∈ R ; −1 ≤ x1 ≤ x2 ≤ … ≤ xn ≤ 1 } et
n
E’ = { x = (x1, …, xn) ∈ R ; −1 < x1 < x2 < … < xn< 1 }.
On se propose de maximiser la fonction :
L : x = (x1, …, xn) → ∏(x − x ). ∏(1− x )
1≤ r < s ≤ n
s r
1≤ k ≤ n
2 3/ 4
k sur l’ensemble E.
n
1) a) Montrer que E est un convexe compact de R , E’ un convexe ouvert, que E’ l’intérieur de E
et E l’adhérence de E’.
20
b) Montrer que L est continue de E dans R ; conséquences ? Quel est le minimum de L sur E ;
en quels points est-il atteint ?
c) Soit M = supx∈E L(x) ; montrer que M > 0 et M = supx∈E’ L(x).
2 λ 1−λ
2) a) Montrer que ∀(x, y) ∈ E’ x ≠ y ⇒ ∀λ ∈ ]0, 1[ L(x) .L(y) < L(λ.x + (1−λ).y).
b) En déduire ∃!a = (a1, …, an) ∈ E’ M = L(a).
3) a) Montrer que L est différentiable sur E’. Pour tout p ∈ [1, n] calculer 1 .∂L(x) .
L(x) ∂x p
b) En déduire n relations vérifiées par a1, …, an .
n
4) On note Ω(t) = ∏(t −a ) et
k =1
k ∆p(t) = ∏(t −a ).
1≤ k ≤ n, k ≠ p
k
8) Application.
n n n
On définit la fonction D : R → R par D(θ1 , …, θn) = ∏sinθ
k =1
k
.det(sin(j.θi))1≤ i , j ≤ n.
n
a) Montrer que ∆ = supRn | D(θ1 , …, θn) | existe et est atteint sur [−π, π] .
b) On pose xk = cos θk. Exprimer le déterminant ci-dessus comme produit de 2 déterminants, à
l’aide des polynômes Uk(x).
c) Calculer ∆ en fonction de n.
Les polynômes de L. E. Dickson (1897), redécouverts par Brewer en 1961, sont une variante avec
paramètre des polynômes de Tchebychev qui apparaissent classiquement dans l’arithmétique des
corps quadratiques réels. Mais on les rencontre aussi dans le cadre des corps finis, car ils fournissent
des exemples de « polynômes de permutation », c’est-à-dire tels que la fonction polynomiale
associée est une permutation. Nous nous limitons ici au cadre complexe.
21
10.1. Polynômes de Dickson.
Définition 1 : On nomme polynômes de Dickson de 1ère espèce les polynômes Dn(x, a) définis par :
D0(x, a) = 2 , D1(x, a) = x , ∀n ∈ N Dn+2(x, a) = x.Dn+1(x, a) – a.Dn(x, a).
On nomme polynômes de Dickson de 2ème espèce les polynômes En(x, a) définis par :
E0(x, a) = 1 , E1(x, a) = x , ∀n ∈ N En+2(x, a) = x.En+1(x, a) – a.En(x, a).
D0(x, a) = 2 E0(x, a) = 1
D1(x, a) = x E1(x, a) = x
2 2
D2(x, a) = x − 2a E2(x, a) = x −a
3 3
D3(x, a) = x − 3ax E3(x, a) = x − 2ax
4 2 2 4 2 2
D4(x, a) = x − 4ax + 2a E4(x, a) = x − 3ax + a
[n / 2]
∑ n−nk C
2 n
Preuve : Dn(x, a ) = 2a Tn( x ) = … = k
n− k (−a²)k xn−2k
2a k =0
2 2
en vertu de l’expression de Tn donnée précédemment. Reste à poser a = a. Idem pour En(x, a ).
Proposition 4 : Pour tout n ∈ N, et tout (x, a) ∈ C*×C
n an n+1 an+1
Dn( x + a , a ) = x + n et ( x − a ) En( x + a , a ) = x − n+1 .
x x x x x
Preuve, derechef, par récurrence sur n.
0 a0
Si n = 0, D0( x + a , a ) = 2 = x + 0 et ( x − a ) E0( x + a , a ) = x − a .
x x x x x
2 a2
Si n = 1, D1( x + a , a ) = x + a et ( x − a ) E1( x + a , a ) = ( x − a ) ( x + a ) = x − 2 .
x x x x x x x
Si les relations sont vraies aux rangs n et n + 1, alors :
Dn+2( x + a , a ) = ( x + a ) Dn+1( x + a , a ) − a Dn( x + a , a )
x x x x
22
n+1 an+1 n an n+2 a n+ 2
= (x+ a)(x + n+1 ) − a ( x + n ) = x + n+ 2 .
x x x x
( x − a ) En+2( x + a , a ) = ( x − a ) [ ( x + a ) En+1( x + a , a ) − a En( x + a , a ) ]
x x x x x x
a n + 2 a n +1 a n + 3
n+2 n+1 n+3
= (x+ a)(x − n+ 2 ) – a ( x − n+1 ) = x − n+3 .
x x x x
Proposition 5 : Expressions déterminantielles.
x 2a 0 ... 0 x a 0 ... 0
1 x a ... 0 1 x a ... 0
Dn(x, a) =
0 1 x ... ... et En(x, a) =
0 1 x ... ... .
... ... ... ... ... ... ... ... ... ...
... ... ... x a ... ... ... x a
0 0 ... 1 x 0 0 ... 1 x
Proposition 6 : Equations différentielles.
2 2
Le polynôme Dn(x, a) est solution de ( x – 4a ).y’’ + x y’ – n y = 0.
2
Le polynôme En(x, a) est solution de ( x – 4a ).y’’ + 3x y’ – n ( n + 2 ) y = 0.
Proposition 7 : Séries génératrices.
+∞ +∞
2− xT
∑Dn(x,a).T n =
n =0 1− xT +aT²
et ∑E (x,a).T
n =0
n
n = 1
1− xT +aT²
.
Proposition 8 : Soient M =
a b ∈ M (C), T = tr M , D = det M.
c d
2
n
Pour tout n ≥ 2, M = En−1(T, D).M – D.En−2(T, D).I2.
n
Et pour tout n ≥ 0, tr(M ) = Dn(T, D).
2
Preuve : Pour n = 2, M = T.M – D.I2 = E1(T, D).M – D.E0(T, D).I2.
3 2 2
Pour n = 3, M = T.M – D.M = ( T – D ).M – D.T.I2 = E2(T, D).M – D.E1(T, D).I2.
n n+1
Si l’on admet M = En−1(T, D).M – D.En−2(T, D).I2 et M = En(T, D).M – D.En−1(T, D).I2 ,
n+2 n+1 n
Alors M = T.M – D.M = T ( En(T, D).M – D.En−1(T, D).I2 )
– D.( En−1(T, D).M – D.En−2(T, D).I2
= ( T.En(T, D) – D.En−1(T, D) ).M – D.( T.En−1(T, D) – D.En−2(T, D) ).I2
= En+1(T, D).M – D.En(T, D).I2 .
L’expression donnant la trace se montre itou par récurrence.
Théorème : Soient A =
a b ∈ Gl (Z) , τ = tr A , δ = det A , n un entier ≥ 2.
c d
2
n
Pour qu’il existe une matrice B ∈ Gl2(Z) telle que A = B , il faut et il suffit qu’il existe σ ∈ Z et ν ∈
n
{−1, 1} tels que i) En−1(σ, ν) divise b, c et a – d ; ii) τ = Dn(σ, ν) et δ = ν .
Preuve :
1) Supposons qu’il existe B ∈ Gl2(Z) telle que A = B . Notons B = , σ = tr B et ν = det B.
n r s
t u
23
Tout d’abord, σ ∈ Z et ν ∈ {−1, 1}.
n n n
De plus, en vertu de la prop 8, τ = tr(B ) = Dn(σ, ν) et δ = det(B ) = ν .
Enfin, A =
a b = Bn = E (σ, ν).B – ν.E (σ, ν).I = E (σ, ν). r s – ν.E (σ, ν). 1 0 .
c d n−1 n−2 2 n−1 n−2
t u 0 1
En identifiant, il vient : b = En−1(σ, ν).s , c = En−1(σ, ν).t ,
a = En−1(σ, ν).r – ν.En−2(σ, ν) , d = En−1(σ, ν).u – ν.En−2(σ, ν).
Donc En−1(σ, ν) divise b, c et a – d .
2) Réciproquement, supposons qu’il existe σ ∈ Z et ν ∈ {−1, 1} vérifiant :
n
i) p = En−1(σ, ν) divise b , c et a – d ; ii) τ = Dn(σ, ν) et δ = ν .
Corollaire 1 : Soient A =
a b ∈ Gl (Z) , τ = tr A , δ = det A .
2
c d
2
Pour qu’il existe une matrice B ∈ Gl2(Z) telle que A = B , il faut et il suffit qu’il existe σ ∈ Z et ν ∈
2
{−1, 1} tels que i) σ divise b, c et a – d ; ii) τ = σ − 2ν et δ = 1.
Corollaire 2 : Soient A =
a b ∈ Gl (Z) , τ = tr A , δ = det A .
2
c d
24
3
Pour qu’il existe une matrice B ∈ Gl2(Z) telle que A = B , il faut et il suffit qu’il existe σ ∈ Z tel
2 3
que i) σ – δ divise b, c et a – d ; ii) τ = σ − 3σδ.
Exemple 1 : Soit A =
25631 9790 . Alors τ = 31682 , δ = 1.
15842 6051
2
Le pgcd de b, c et a – d est 178 . Posons σ = 178 ; on constate que τ = σ − 2.
Ainsi, A est un carré, c’est le carré de B = =
r s 144 55 .
t u 89 34
Exemple 2 : Soit A =
7 10 . Alors τ = 14 , δ = −1.
5 7
2 3
σ + 1 = 5 divise 10, 5 et 0 ; Prenons σ = 2 ; alors σ − 3σν = 8 + 6 = 14 = τ.
Ainsi, A est un cube, c’est le cube de B = = .
r s 12
t u 1 1
____________
____________
Bibliographie
25
Problèmes de concours :
ENSI Chimie, 1976
XM’ 1977, 1ère composition
ENSAE 1996, 3ème composition
Centrale 2002 MP, 1ère composition
CCP 2003 MP, 1ère composition
Inégalité de Markov : RMS juin 1997, ex. n° 373, p. 862
Oral Centrale MP 2012, RMS n° 709
Centrale MP 2014, 2ème épreuve
26