Objectif:: Système Politique Contemporain Faraj Adil Semestre 3

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil

Semestre 3

Objectif :

Tout d’abord le savoir-être : il correspond à la capacité d’agir et de


réagir de façon adaptée à notre environnement, Dans le monde politique c’est
donc savoir trouver le bon comportement , avec des acteurs , avec des
institutions ou ses concurrents politique . On parle également de savoir-faire
relationnel ou encore de qualités personnelles.
Il est important de noter que le savoir-être est indissociable des savoirs et
du savoir-faire. Ce sont en effet trois notions qui se complètent. Le savoir c’est
ce que nous savons, nos compétences théoriques ; le savoir-faire c’est ce que
nous savons faire, nos compétences pratiques, opérationnelles ; enfin, le savoir-
être correspond à ce que nous sommes, à nos compétences relationnelles. Ces
notions se complètent et ont une influence les unes sur les autres.

Ce cours a pour objectif de (d’) :

- Prendre connaissance des éléments de base de l’activité politique et


constitutionnelle;
- Développer chez l’étudiant des capacités de compréhension et d’analyse
des problèmes politiques auxquels il pourrait être confronté en pratique ;
- Fournir une vue d’ensemble, complète et à jour, des caractéristiques et des
problèmes de la vie constitutionnelle et politique ;
- Participer et comprendre la nature des débats constitutionnels et
politiques;

Le savoir : domaine des connaissances

Tout être humain détient un savoir. C’est l’ensemble des connaissances


acquises par l’apprentissage (les études) ou l’expérience. Ce savoir tend à
s’enrichir, mais il peut aussi se dégrader, et il possède surtout la précieuse
qualité d’être utilisable et communicable.
On peut dire que le savoir est une source de pouvoir et d’enrichissement
pour son détenteur. La savoir ne prend sa pleine valeur que lorsqu’il conduit à
une action.

Objectif :

- Décrire les acteurs et les institutions du monde politique ;


- Se familiariser avec les concepts, les principes et les méthodes de la
science politique ;
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- Analyser les interventions des acteurs politiques ;

Le savoir-faire : domaine des habilités

La fragilité des savoir-faire empiriques développés par les acteurs de la


sphère publique apparaît lorsqu'ils ne disposent pas d'une compréhension
approfondie du processus qu'ils ont appris à maîtriser essentiellement par la
pratique. Leur vulnérabilité est alors grande face à une évolution des besoins
sociaux et à un changement des contraintes autour desquelles ils ont construit
leur savoir-faire empirique.

Objectif :

- Comprendre le fonctionnement et la logique des activités


institutionnelles;
- Suivre la conjoncture politique et constitutionnelle;
- Elaborer un cadre fonctionnel d’analyse ;
- Développer des habilités d’observation ;
- Développer des habilités propres à la démarche politique ;
- Visualiser les inter-relations : acteurs, institutions, phénomènes,
structures ;
- Appréhender le monde politique ;
- Appliquer ces connaissances et ses habilités dans la réalité ;

Le savoir-être : domaine des attitudes

Cette capacité s'acquiert en partie par la connaissance de savoirs


comportementaux spécifiques en situation d'acteur social.
Les recherches en éducation relatives au savoir-être ont pour objectif de
trouver tous les moyens pédagogiques permettant aux apprenants d'acquérir au
mieux la maîtrise d'actions et de réactions adaptées à leur organisme et à leur
environnement.

Objectif :

- Intégrer ces connaissances à son vécu;


- Développer son esprit critique;
- Développer son esprit scientifique;
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Méthodologie:

Renforcer chez l’étudiant:

- L’esprit de l’observation scientifique;


- L’esprit de description;
- L’esprit de typologie et de classification;
- L’esprit d’expérimentation d’hypothèse;
- L’esprit de théorisation de l’analyse comparative ;

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Introduction

Un système politique est formé d'un ensemble d'institutions « pouvoirs


publics, partis politiques, groupes d’intérêts », de règles et de comportements
politiques des acteurs, qui agissent en interaction pour accéder et exercer le
pouvoir politique.
Un système est un ensemble d’éléments interdépendants, c’est-à-dire liés
entre eux par des relations telles que si l’une d’elle est modifiée, les autres le
sont aussi et par conséquent, tout l’ensemble est modifié.
Un système politique est donc une combinaison variable d’autorité
légitime « recours au consensus » et de puissance publique « recours à la
coercition » qui rend certaines personnes capables de décider pour la société
globale et de se faire obéir. Il est en relation avec la structure économique et
l’organisation sociale et comprend un régime politique.
Un régime politique correspond à un mode d’organisation et de
gouvernement d’un Etat. Lorsqu’on analyse un régime politique, on s’intéresse :
aux fondements du pouvoir : de qui émane l'autorité des gouvernants « principe
de la légitimité » ? Au choix des gouvernants : comment ont-ils été sélectionnés
« principe de la représentativité » ? A la répartition des pouvoirs : quels sont les
rapports entre les trois pouvoirs « l'indépendance » ? Au contrôle des pouvoirs :
quelles sont les limites imposées aux gouvernants ? Les régimes politiques sont
le fruit du jeu des forces politiques dans le cadre institutionnel défini par la
constitution ou par la coutume. S’ajoutent d’autres facteurs, historiques,
idéologiques, culturels, qui déterminent la nature des régimes politiques.
Le régime politique est souvent codifié dans une Constitution qui est la loi
fondamentale d'une nation. De ce fait, on peut distinguer régime constitutionnel
et régime politique. Le premier se déduit uniquement de la Constitution ou des
textes qui la remplacent « il n’y a pas de Constitution à proprement parler au
Royaume-Uni » ; le second se fonde aussi sur des usages politiques. Par
exemple l’Angleterre a pour régime constitutionnel une monarchie traditionnelle
et pour régime politique une monarchie parlementaire.
Au cours de l’histoire, on peut distinguer plusieurs régimes politiques :
Le monarchisme : forme de gouvernement dans laquelle l'État est dirigé
par une seule personne qui représente ou exerce l'ensemble des pouvoirs .Le
mode de désignation du monarque n'est pas nécessairement héréditaire : il peut
aussi être élu, comme c'était le cas pour les empereurs du Saint Empire Romain
Germanique ou les doges de la République de Venise. Dans la monarchie de
droit divin, le monarque est le représentant de Dieu sur terre « Egypte ». Dieu
lui a donné le pouvoir. Dans la monarchie absolue, le roi détient tous les
pouvoirs sans réels contre-pouvoirs. Dans la monarchie constitutionnelle, les
pouvoirs du roi sont encadrés par la constitution.
L’oligarchie : forme de gouvernement dans laquelle l'État est dirigé par un

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petit nombre de personnes uni par des liens familiaux, des liens claniques ou des
intérêts communs « exemple : caste militaire, oligarchie terrienne » Ces
personnes forment une classe dominante. L’oligarchie peut être constituée des
meilleurs « aristocratie » au sens étymologique, des plus riches « ploutocratie »,
des scientifiques et techniciens « technocratie », des Anciens « gérontocratie »,
de ceux qui bénéficient de la force ou de tout autre pouvoir de fait. L’existence
d’élections régulières ne suffit pas à interdire une tendance au régime
oligarchique.
Les sociétés contemporaines du monde occidental sont elles aussi
concernées par une dynamique oligarchique. Ainsi, Hervé Kempf,1, met en avant
la concentration croissante du pouvoir décisionnel par une élite restreinte de
dirigeants politiques, de grands chefs d'entreprises, d'acteurs financiers, de
journalistes influents, Ceci a favorisé une collusion croissante entre les
représentants politiques et les élites économiques ou financières afin de
satisfaire des intérêts de plus en plus convergents, au détriment du « bien
commun ».2
La démocratie est le régime politique par lequel le pouvoir est détenu ou
contrôlé par le peuple souverain. Selon Périclès repris par Abraham Lincoln, « le
gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Cette définition simple
pose une série de questions complexes : Qui est le peuple ? Toute la population
? Une catégorie de la population ? Les citoyens ? Qui a droit à la citoyenneté ?
Selon quels critères ? Ainsi, dans la démocratie Athénienne, les femmes, les
esclaves et les métèques ne sont pas considérés comme des citoyens ce qui
réserve la citoyenneté à une minorité de la population. De même, dans la
démocratie française et dans la démocratie américaine, il aura fallu plus d’un
siècle pour que les femmes et les noirs accèdent à la citoyenneté. A quel âge
devient-on un citoyen3 ?
Enfin, de nos jours, la question de la participation, à certaines élections
« régionale, parlementaire ». Comment le peuple exerce-t-il son pouvoir ? Doit-
il participer directement aux prises de décision ? Doit-il se faire représenter ?
Comment peut-il contrôler les décisions de ses représentants ? Quelles formes
peuvent prendre sa participation à la politique ? Ainsi, dans la démocratie
Athénienne, les citoyens peuvent prendre la parole et voter au sein de l’Ecclésia.
Ils peuvent aussi se faire représenter à l’assemblée. Le degré de participation
aux assemblées est inégal. Il dépend souvent du degré de richesse. La rédaction
des lois est confiée à la Boulé constituée de citoyens tirés au sort. De nos jours,
le peuple élit des représentants qu’il contrôle en les interpellant de façon
quotidienne et en leur renouvelant ou non leur mandat au moment des élections

1
Hervé (K) :« L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie ». Édition Sirey. Paris ,2011,p45
2
Ainsi le traité européen de Lisbonne a été adopté en 2008 alors que les peuples français, néerlandais et
irlandais s'étaient prononcés contre celui-ci, lors de référendums censés incarner une souveraineté populaire.
3
En France, il aura fallu attendre 1974 pour que la majorité soit abaissée de 21 à 18 ans.

5
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qui se tiennent à échéance régulière. Mais, la démocratie peut-elle se limiter à la


démocratie représentative ? N’existe-t-il pas d’autres formes de participation du
peuple aux prises de décisions politiques ? Comment savoir ce que veulent les
citoyens ? Le peuple est-il capable d’exprimer ce qu’il veut ? N’est-il pas
influençable ? Doit-on toujours faire ce que le peuple veut ? Les dirigeants
politiques peuvent-ils avoir raison contre le peuple ? L’intérêt supérieur de l’Etat
correspond-t-il à l’intérêt général ? Ainsi, l’existence formelle d’un vote
démocratique ne saurait garantir pour autant le caractère réel de la démocratie,
dans la mesure où tout pouvoir peut s’affranchir par la force ou par des pratiques
plus discrètes des limites qui lui sont fixées, dès lors que l’opinion publique ne
parvient plus à faire entendre sa voix. Ainsi la démocratie semble toujours
enfermée dans le dilemme qu’a souligné au XIXe siècle l’un de ses plus
éminents analystes, Tocqueville : « favorisant l’égalité de tous plutôt que la
liberté de chacun ».

Partie1 : Le système politique

L'État exige des éléments préalables qui sont : un certain nombre


d'hommes liés entre eux, un territoire plus ou moins étendu et une organisation
de l'autorité des gouvernants sur les gouvernés. C'est en fonction de ce dernier
élément que se pose le problème des régimes4 politiques ou des formes de
gouvernement. Comme on l'a écrit, tout régime politique est un ensemble de
réponses apportées à chacune des questions que posent l'existence et
l'organisation des gouvernants au sein d'un groupe social. Comment sont choisis
les gouvernants ? Quelle est la structure de chacun d'eux ? Comment se
répartissent entre eux les fonctions gouvernementales ? Y a-t-il une limite à
leurs pouvoirs vis-à-vis des gouvernés ? Faire la théorie générale des régimes
politiques consiste à examiner ces problèmes l'un après l'autre et les diverses
solutions qui peuvent leur être apportées, Les régimes politiques diffèrent par les
institutions politiques, c'est-à-dire les lois fondamentales qui leur permettent de
fonctionner en présidant aux rapports de l'État avec les citoyens. Ces institutions
sont en quelque sorte la concrétisation du pouvoir politique.

Chapitre 1 : La sphère du pouvoir


L’Etat
Selon Louis Duguit , l’Etat est un pur produit de la force, un fait de
5

domination dont le Droit ne peut que constater l’existence mais en aucune façon
le créer6.
Selon Max Weber, l’Etat est un groupement politique et non pas une

4
Bonenfant (J) : « Les régimes politiques » in Education des Adultes, cahier No 11, Montréal, 1962,p 5-19.
5
Duguit(L) : « Leçon du droit public général ». Edition de Bocard. Paris, 1926, p45.
6
Blanquer (J) : « L’invention de l’État ». Edition Odile Jacob, 2015, p394.

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personne juridique mais qu’il faut malgré tout distinguer des autres groupements
politiques par le moyen spécifique à l’Etat c'est à dire la violence physique7.
Machiavel définit l’État comme le pouvoir central souverain qui soustrait
l’action politique des considérations morales et religieuses8.
Jean Bodin constate pour sa part l’existence d’un pouvoir public jouant le
rôle d’unificateur de l’ordre social : il conçoit l’État comme le siège de la
puissance souveraine et, à ce titre, il le différencie de la société9.
Cela signifie que l’Etat est l’unique source du droit à la violence et que
les autres groupements n’ont le droit de faire appel à la violence que dans la
mesure où l’Etat le tolère10.
L’Etat va donc se définir sociologiquement comme le groupe politique qui
revendique avec succès le monopole de la violence physique légitime c'est à dire
reconnue comme telle par les gouvernés11.

Section 1 : Théorie sur l’origine de l’Etat


La forme d'organisation des sociétés humaines est passée par trois stades
qui correspondent à une forme du pouvoir.
A- Les groupements
Les groupements sont les premiers ensembles humains12, ils peuvent
être des clans, des tribus, qui vivent ensemble pour assurer la défense contre les
autres « la nature, les autres groupements », apporter de la nourriture au groupe,
assurer la procréation…
Il n'y a pas de différenciation, et les liens de parentés entre les individus
sont étroits.
Il existe donc un pouvoir diffus, les décisions reposent sur l'accord du
groupe et des croyances ; coutumes. Ce pouvoir diffus est suffisant13.
B- Les sociétés
Ces groupements s'élargissent, une certaine spécialisation apparaît. Il y a
moins de liens familiaux et une séparation des individus14.
Contacts avec les voisins. Apparaissent des problèmes nouveaux, d'où la
nécessité d'une prise de décision. Un homme ou un petit groupe reçoit la
capacité de décider : le pouvoir. Il est choisi pour sa ou ses qualités propres. Par
exemple, cela peut être le plus vieux, le plus fort, le plus courageux, le plus
habile, etc15.

7
Weber (M) : « Le savant et le politique». Édition La Découverte Paris, 2003, p321.
8
Bodin (J) : « Les six livres de la République». Édition de la Librairie générale française. Paris, 1993. Le livre
de poche, LP17, n° 4619. Classiques de la philosophie, p 607.
9
Bodin (J) : op-cit 608.
10
Malberg (C) : « Contribution générale à la théorie de l’Etat ». Édition Sirey. Paris, 1978, p65.
11
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
12
Davy (G) : « L’homme, le fait social et le fait politique ». Édition Mouton. Paris, 1982, p97.
13
Weber (M): « Le savant et la politic ». Édition La Découverte. Paris, 2003, p56.
14
Rouvier (C) : « Sociologie politique ». Édition Litec. Paris, 1998, p89.
15
Weber (M): « Le savant et la politic ». Édition La Découverte. Paris, 2003, p92.

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Il y a alors un risque de compétition, donc d'instabilité, menaçant la


sécurité du groupe16. Le pouvoir est individualisé : on sait qui commande sans
être pour autant sûr que c'est le bon. Il n'y a pas de règles d'attribution du
pouvoir, d'où des conflits possibles.
C- L’ETAT
On veut créer un support stable, permanent, abstrait « On meurt et l’Etat
demeure17».sur lequel repose le pouvoir18, la formule « Le roi est mort, vive le
roi19 ».Le pouvoir est institutionnalisé « L’Etat c’est le pouvoir institutionnalisé»
20
La continuité est assurée. Le problème reste la définition des règles
d'attribution du pouvoir. Ces règles une fois définies sont en quelques sortes les
premières règles de droit, elles sont générales et impersonnelles.
Le pouvoir21, ou en tout cas son attribution, s'organise dans l'Etat. « On a
construit l’Etat et doté de qualités morales».
Pour les philosophes du 17ème siècle, sans connaissance anthropologique
ou Historique, subsiste un mystère22 : pourquoi les hommes ont-ils créés cette
institution qu'est l'Etat ?
La Réponse « c'est la volonté divine »23. Dès lors que l'on ne croit plus à
l'origine divine, apparaissent des théories classables en trois groupes24 :

Sous-section 1 : La théorie du contrat


Le contrat social est une solution proposée au problème de
la justification de la société civile, et non la description d’un type de
gouvernement particulier.
L’idée de contrat est empruntée au domaine juridique. Du latin
« societas », le mot société désigne initialement un contrat par lequel des
individus mettent en commun des biens et des activités et tel que les associés
s'engagent à partager toute perte ou tout bénéfice qui découlerait de cette
association. Recherchant un fondement du pouvoir moins discutable que le droit
divin « Saint Bonaventure » et moins arbitraire que la force « Machiavel », les
penseurs politiques se sont tournés vers le concept juridique d'accord contractuel
fondé sur le consentement mutuel.

16
Ségur(PH) : « Le politique ». Édition Ellipses,1996,p34.
17
Jean-Christian Petitfils est historien, auteur notamment d'une biographie de Louis XIV, aux Éditions Perrin-
Tempus. Vient de paraître un ouvrage collectif sous sa direction, Le Siècle de Louis XIV, Perrin-Le Figaro
Histoire.
18
Louis XIV : « Je m'en vais, mais l'État demeurera toujours ; soyez-y fidèlement attachés »..
19
L'origine de cette bizarrerie remonte à la mort d'Henri III, en 1272. Son fils, Édouard Ier, était à plusieurs
lieues de l'Angleterre, participant à une croisade. Pour éviter toute guerre de succession, le Conseil royal
prononça la phrase énoncée plus haut qui obligea les crieurs à proclamer : « Le Roi est mort, vive le Roi ! »
20
Burdeau (G): « Traité de science politique ». 3e éd., T.I et vol.II, T. II. In: Revue internationale de droit
comparé. Vol. 35 N°3, Juillet-septembre 1983, p. 643-647.
21
Birnbaum (f): « Le pouvoir politique ». Édition Seuil.Paris , 1975, 200,p 45.
22
Braud (P) : « Sociologie politique». Édition LGDJ, Paris :1994 ? 2e édition, p159.
23
Balandier (G) : «Anthropologie politique ». Édition PUF, coll. Quadrige, Paris : 1984, p34.
24
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.

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La conception contractuelle de l'Etat est le produit d’une culture qui


définit l’être humain comme un être rationnel,c’est-à-dire non
seulement raisonnable, donc intelligent et moral, mais aussi intéressé, donc
capable de calculer.
Au fondement de toute théorie du contrat social, il y a cette idée que la
société civile n’est pas un accident fortuit mais le fruit d’un calcul utilitaire des
individus pour déterminer ce qui vaut mieux pour le plus grand bien du plus
grand nombre d’individus.
Les théories du contrat social sont donc liées à une
idéologie individualiste et utilitariste de la nature humaine25 :
- Les individus préexistent à la société qu’ils fondent d’un commun
accord. Conception « artificialiste » de la société.
- Les individus sont naturellement égaux.
- Les individus sont naturellement compétitifs.
- Les individus sont naturellement portés à rechercher la sécurité.
- Les individus sont naturellement calculateurs. « Capables de se
représenter les avantages respectifs de différentes situations ».

Paragraphe 1 : La théorie du contrat politique


Formulée par John Locke, dans son Essai sur le gouvernement civil, 1690.
L'Etat naît d'un accord entre les puissants et des groupes déjà constitués qui
maîtrisent un territoire. Ces territoires s'unissent et les puissants s'allient entre
eux26.
NB: Contrat entre puissants.
Mais ces entités qui s'agrègent entre-elles ne sont-elles pas déjà des
Etats ?

Paragraphe 2 : La théorie du contrat social


Formulée par Hobbes dans le Léviathan en 1651, reprise et exposée par
Rousseau dans le Contrat social en 1762.
Pour Rousseau, l'homme vit dans un état de nature. Les hommes décident
de se réunir pour former un Etat par un accord : un contrat social. Ils cherchent
quelle est la volonté de cet ensemble dans lequel ils entendent vivre. Ils
abandonnent une part de liberté pour les céder à l'Etat27.
NB: Perte d'autonomie.
Critique de la théorie : il n'existe aucune trace de tels accords. Cet acte de
volonté ne s'est pas passé ainsi28. Cette idée de contrat social est pourtant forte :

25
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
26
Le Traité du gouvernement civil : « Two Treatises of Government ».Essai philosophique rédigé par le
philosophe anglais John Locke, publié en 1690, consacré à l’origine, à la légitimité et aux problèmes posés par
tout politique, p189.
27
Rousseau (J) : « Du contrat social ou principes du Droit politique ». Édition Gallimard, Paris,1978,p145.
28
Schwartzenbzerg (G) : « Sociologie politique ». Édition Montchrestien, Paris ,1988,p45.

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l'idée que l'Etat est là pour assurer l'intérêt général et mettre en œuvre la volonté
générale. Ce mythe est celui sur lequel nous vivons29.

Sous-section 2 : La théorie du conflit


La théorie du conflit postule que la société ou l'organisation fonctionne de
manière antagoniste du fait que chaque participant et ses groupes d'individus
luttent pour maximiser leurs avantages. Ceci contribue aux changements
sociaux comme les évolutions politiques ou les révolutions
Cette théorie est la plupart du temps appliquée en vue d'expliquer le
conflit entre les classes sociales, la lutte des classes du prolétariat contre
la bourgeoisie ainsi que, pour les idéologies, capitalisme contre socialisme. La
théorie essaie de réfuter le fonctionnalisme. En effet, il n'est pas question de
considérer que les sociétés et les organismes fonctionnent de sorte que chaque
individu et groupe joue un rôle spécifique, comme des organes dans le corps30.
Il y a des hypothèses de base radicale « la société est éternellement en
conflit, ce qui pourrait expliquer le changement social », ou de base modérée
« la coutume et le conflit sont toujours mélangés ». La version modérée tient
compte du fonctionnalisme puisqu'elle accepterait ce même jeu négatif
d'institutions sociales par partie dans l'individu-Beibehaltung de la société.
L'essence de la théorie du conflit est mieux résumée par la structure de
pyramide classique dans ce qu'une élite dicte des limites aux masses plus
grandes. Toutes les positions, lois, et traditions principales dans la société sont
conçues pour soutenir ceux qui ont traditionnellement été dans la puissance, ou
les groupes qui sont perçus pour être supérieurs dans la société selon cette
théorie. Ceci peut également être augmenté pour inclure la moralité de n'importe
quelle société et par prolongation leur définition de déviance. Quelque chose qui
défie la commande de l'élite sera probablement considéré déviante ou
moralement répréhensible31.
La théorie peut être appliquée à grande échelle, comme le gouvernement
des États-Unis ou la Russie soviétique, historiquement, ou à petite échelle à
l'instar d'un club d'organisation, d'une école ou d'une église.
En résumé, la théorie de conflit cherche à cataloguer les manières dont
ceux dans la recherche de puissance travaillent à rester dans la puissance. Dans
la théorie de conflit d'arrangement, la classe sociale concurrente joue un rôle
principal.

Paragraphe 1 : Conflit physique


Idée qu'un groupe humain accroît sa domination sur un autre groupe par

29
Crozier (M) : « L’État modeste, État moderne ». Édition La Fayard, 3eéd.1997, p64.
30
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
31
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189

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conquête et s'efforce de la maintenir32.


Ex : l'Angleterre conquiert la Normandie en 1066.
Cependant, la décolonisation dans les années 1960 est le
phénomène inverse « naissance d'Etat à partir de la perte de conquêtes
coloniales »33.

Paragraphe 2 : Conflit économique


Dans une société humaine, la différenciation est économique et se fait en
fonction du mode de production34. L'Etat est donc pour Marx l'instrument qui
maintient cette situation en place et permet à une classe de dominer l'autre 35.
C'est vrai au 19ème siècle36, mais discutable au 20ème siècle : la volonté de
supprimer les classes et la mise en pratique de cette volonté ne s'est pas traduite
par une diminution de l'autorité de l'Etat37 .

Sous-section 3 : La théorie de la fondation-adhésion


Due à Maurice Hauriou38 en 1920. C'est l'idée qu'un certain nombre de
puissants décident de se réunir dans un Etat avec un consensus de la population
autour de ce nouvel agrégat. Le pouvoir apparaît donc légitime, puisque accepté
par tous. Cette théorie s'applique aux niveaux des Etats nouveaux nés de la
décolonisation après 1960.Un pouvoir exercé par un groupe qui ne l'accepte pas
fini tôt ou tard par disparaître. L'Etat est l'instrument qui contient les différences
en le dépassant.

Section 2 : Signification contemporaine de la Notion d’Etat


Avec une majuscule, l'Etat désigne la personne morale de droit
public qui, sur le plan juridique, représente une collectivité, un peuple ou
une nation, à l'intérieur ou à l'extérieur d'un territoire déterminé, sur lequel elle
exerce le pouvoir suprême, la souveraineté.
L'Etat est la forme la plus élaborée de la vie commune d'une société
humaine. Il exerce son pouvoir par le biais du gouvernement. L'Etat dispose d'un
certain nombre de monopole comme l'utilisation légitimée de la contrainte

32
La théorie du conflit postule que la société ou l'organisation fonctionne de manière antagoniste du fait que
chaque participant et ses groupes d'individus luttent pour maximiser leurs avantages. Ceci contribue
aux changements sociaux comme les évolutions politiques ou les révolutions.
33
Duguit (L) : « La théorie générale de l’État ». Édition de Boccard, Paris, 1928, p253.
34
Freund (J) : « Sociologie du conflit ». Édition PUF, Paris, 1983, p100.
35
Freund (J) : « L’essence du politique ». Édition Sirey, Paris,1956, p 264.
36
Carre (M) : « Contribution à la théorie générale de l’Etat ».Spécialement d’après les données Fournies par le
Droit constitutionnel français (1920). Paris : Édition du CNRS, 2 vol.., 1985, Tome 1 :p 237.
37
Exemple, l'ex-URSS.
38
Hauriou (M) : « Droit constitutionnel ». Édition Sirey, 1929 Il est considéré comme l'un des pères du droit
administratif français, en ayant fait du critère de la puissance publique son fondement. A l'image de Léon
Duguit et de « l'École de Bordeaux », et même de Raymond Carré de Malberg et de « l'École de Strasbourg », il
a attaché son nom à une ville, Toulouse, et une école à son nom ː « l'École de Toulouse ».

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physique39 « pour faire respecter la loi, la collecte des impôts... ».40


Par extension, l'Etat désigne l'ensemble des institutions et des
services qui permettent de gouverner et d'administrer un pays : ministères,
direction, administration…41

Sous-section 1 :L’Etat au sens juridique


La caractéristique essentielle de l’Etat est de constituer une collectivité
irréductible aux autres collectivités, qu’elles appartiennent à l’ordre interne ou à
l’ordre international. Toujours, on constate une rupture, une solution de
continuité au niveau de l’Etat. Il faut donc en rechercher l’explication, ce qui
revient à essayer de déterminer les critères de l’Etat. Une première condition,
nécessaire mais non suffisante, se rapporte à la personnalité juridique de l’Etat.
La seconde condition, déterminante, concerne la souveraineté de l’Etat.

Paragraphe 1 : La personnalité juridique de l’Etat


Création humaine, l’Etat apparaît comme une entité et, en terme
juridiques, une institution, une personne morale, détachée de la personne
physique des gouvernants. Le progrès qui a marqué l’évolution des sociétés a en
effet, consisté à institutionnaliser le pouvoir politique42, c’est-à-dire à le
dissocier progressivement de la personne de ceux qui commandent pour le
confier à l’Etat. C’est de l’Etat que les gouvernants reçoivent leurs compétences,
c’est en son nom qu’ils les exercent. Le pouvoir est attaché à leur fonction, non
à leur être. Ainsi l’Etat, symbole de la communauté nationale, qui survit à ses
membres et titulaire du pouvoir politique, dont les gouvernants ne sont que les
dépositaires provisoires et les agents d’exercice, est-il nécessairement érigé en
personne morale « ou juridique » de droit public, seules solution susceptible
d’assurer sa continuité et d’en faire un centre de décisions.
Il va de soi que si l’Etat est une personne juridique, la première et la
plus importante de toutes, ce n’est pas la seule, tant s’en faut. Il existe,
précisément dans le cadre de l’Etat et par la volonté de son organisation
politique et juridique, un grand nombre d’autres collectivités de divers ordres et
d’importance variable, qui sont érigées en personnes morales, qu’il s’agisse, de
personnes morales de droit public « régions, départements, communes,
établissements publics » ou de droit privé « associations, sociétés ». C’est
pourquoi on ne peut suffisamment caractériser l’Etat par sa personnalité morale,
qui constitue un élément du critère mais non pas le critère unique43.

Paragraphe 2 : La souveraineté et le critère de l’Etat.


39
Jouvenel (B) : « La souveraineté ». Edition Genin , 1955,p92.
40
Burdeau (G) : « L’Etat ». Edition, Seuil, 1970, p114.
41
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
42
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p43.
43
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p44.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Si on veut déterminer le critère juridique de l’Etat, il faut ajouter à sa


personnalité un élément qui n’appartienne qu’à lui et qui affecte de manière
spécifique son organisation politique et juridique.
Pour la doctrine classique, cet élément ne serait autre que sa
souveraineté44.
Elle part de cette constatation que l’Etat détermine lui-même ses propres
compétences et ses propres règles fondamentales, normalement inscrites dans la
constitution, lesquelles conditionnent toutes les autres règles applicables sur son
territoire, sans exception, et pour l’observation desquelles il peut seul mettre en
mouvement la force publique puisqu’il dispose du monopole de la contrainte
armée. En d’autres termes, l’Etat fonde et délimite l’ordre juridique national,
c’est-à-dire l’ensemble des règles qu’il se donne et des règles qui en procèdent.
C’est ce que les auteurs allemands traduisent en disant que seul l’Etat a la
compétence de ses compétences « notamment Jellinek ». C’est ce que l’on
exprime plus couramment en parlant de la souveraineté de l’Etat45.
Celle-ci peut alors être définie comme un pouvoir de droit « il ne s’agit
pas d’une situation de force mais d’un pouvoir s’inscrivant dans l’ordre
juridique qu’il onde », initial « parce qu’il est à la source de cet ordre
juridique », inconditionné « parce qu’il ne procède d’aucune norme extérieure
ou antérieure » et suprême « parce qu’il n’existe aucune norme supérieure ». Si
l’Etat est ainsi à la source du droit, il n’en constitue pas pour autant la fin, sauf
dans les conceptions totalitaires. Les conceptions libérales ou démocratiques
assignent pour finalité à l’Etat de bien commun des individus46.
La souveraineté a le grand mérite de bien faire comprendre ce qu’il y a,
dans l’Etat d’irréductible aux autres groupements et collectivités. Les données et
base dont elle part, et qui rendent un compte assez exact de ce que l’observation
fait découvrir de plus courant dans la vie nationale et internationale, permettent,
en effet, de dégager une notion suffisamment claire et précise de l’Etat. Mais
elle a le tort d’adopter une formulation trop systématique et trop tranchée,
inacceptable parce qu’elle ne rend pas compte de toute la réalité. Notamment,
cette formulation n’est guère compatible avec les limitations dont les
compétences de l’Etat peuvent être l’objet dans des hypothèses qui tendent à
devenir de plus en plus nombreuses.
C’est ainsi qu’elle ne permet pas d’expliquer la subordination de l’Etat
aux règles du droit public international, pourtant admise par presque tous les
Etats, quand bien même, en fait, ils ne la respectent pas toujours. La
souveraineté explique encore moins des situations assez fréquentes, comme celle
de l’Etat fédéral et des Etats membres, car on considère traditionnellement que
44
On doit distinguer entre la souveraineté de l’Etat dans ses rapports avec les autres puissances qui est la
notion étudiée dans ce chapitre) et la souveraineté dans l’Etat, qui concerne la détermination de l’autorité
disposant à l’intérieur des frontières du pouvoir initial .
45
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p44-45.
46
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p44-45.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

les uns et les autres constituent des Etats et on ne peut pas admettre qu’ils soient
également souverains, si on se réfère à la définition précédente.
Existe-t-il un critère de l’Etat ?
Compte tenu des observations qui précèdent, nombre d’auteurs
considèrent qu’il n’existe pas de critère juridique satisfaisant de l’Etat, qui ne
peut être véritablement caractérisé que par ses éléments historiques et
politiques47.Cette conception présente le grand avantage de souligner
l’importance décisive du fait dans le domaine étatique, qui n’est que
partiellement juridique. Elle comporte certainement une grande part de vérité
mais il n’en faut pas moins rechercher si, à défaut de critère absolu, une
explication de la situation juridique de l’Etat peut être proposée. A cet égard,
deux explications peuvent être suggérées48.
Une première tendance consiste à réintégrer la collectivité étatique dans la
société internationale et à faire de l’Etat une collectivité intermédiaire « ou un
ordre juridique » se situant au-dessus des collectivités « ou des ordres
juridiques » infra-étatiques, qui tiennent d’elle leurs compétences, et au-dessous
des collectivités supra-étatiques ou plus spécialement de l’ordre juridique
international, dont elle reçoit les siennes. Cette conception présente l’intérêt de
rétablir l’unité d’un monde juridiquement cohérent mais à un degré d’abstraction
trop élevé49.
C’est pourquoi une seconde tendance plus pragmatique, est proposée par
les spécialistes du droit international, qui sont d’autant plus concernés par cette
difficulté que la mise en cause de la souveraineté est essentiellement due à
l’existence de nombreuses normes internationales contraignantes, générales ou
conventionnelles, et à la création d’une organisation mondiale comme les
Nations Unies ou encore d’organisation inter-régionales comme l’Union
européenne, dotées de permanence et du pouvoir d’obliger les Etats membres en
dépits de leur vote contraire -s’ils sont minoritaires- au sein des institutions
communes. Elle consiste à substituer au concept de souveraineté, dont la
connotation historique est globale et absolutiste, la notion beaucoup plus neutre
du « faisceau de compétences » pour désigner les pouvoirs dont disposent, au
nom du peuple, les gouvernants d’un Etat. Au contraire de la souveraineté, ces
compétences peuvent être dissociées, comme le terme faisceau l’indique fort
bien. Dès lors, il devient compréhensible qu’elles fassent l’objet de limitations
diverses et que les Etats puissent d’eux-mêmes en transférer un certain nombre à
des organismes fédéraux ou supra-nationaux, qui pourront ensuite imposer
unilatéralement leur volonté.
Pour autant cette présentation ne peut être considérée comme totalement
satisfaisante. D’abord parce que de très nombreux Etats, et notamment les plus

47
Colliard (C.A) : « Institutions des relations internationales ». Edition Dalloz, 1978, n° 79.
48
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p44-45.
49
Kelsen (H) : « Théorie pure du droit ». Edition Dalloz, 1962, p 178.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

nouveaux, sont très attachés au concept de souveraineté, qui ne peut donc être
considéré comme dépassé50. Ils inscrivent la souveraineté dans leur constitution
et y veillent jalousement, sans doute pour en avoir été longtemps privés. Ensuite
parce que même si la notion du faisceau de compétences est à bien des égards
mieux adaptée au cas des Etats membres de l’Union européenne et des Etats
candidats à l’adhésion, ou ne saurait lui reconnaître une véritable valeur
explicative51.
En effet, si elle permet de constater l’Etat de droit existant, ce qui est déjà
beaucoup, elle ne permet nullement de préciser la spécificité de l’Etat par
rapport aux autres collectivités, qui disposent toutes d’un faisceau de
compétences. Or il existe bien une spécificité au moins historique de l’Etat, doté
originellement-même s’il peut ensuite s’auto-limiter- du pouvoir de
commandement et du monopole de l’édiction des règles de droit.
L’autolimitation pose aussi un problème de seuil car il paraît très difficile
de déterminer quelles sont les prérogatives d’ou l’Etat peut se démunir sans
renoncer à la maîtrise de son destin. On peut craindre qu’il n’y ait pas de
réponse satisfaisante. C’est pourquoi les Etats sont pour l’essentiel ce que
l’histoire les faits.

Sous-section 2 :L’état au sens politique


Un Etat est un territoire délimité par des frontières et régi par des lois qui
lui sont propres. Par extension, il désigne également une personne morale de
droit public instituant ces lois et garant du bien-être de ses habitants.

L'Etat peut agir sur le plan économique au travers de différents leviers


dont les deux principaux sont la politique budgétaire et la politique monétaire.
Le gouvernement se base alors sur l'observation d'outils statistiques « taux de
chômage, taux de croissance du PIB, taux d'inflation... ».Pour établir des
diagnostics et mettre en place la politique qu'il juge la plus adéquate au besoin
de la société.

Paragraphe 1 : L'Etat-Providence
L'Etat-Providence est une conception de l'État où celui-ci étend son
champ d'intervention et de régulation dans les domaines économiques et
sociaux. Elle se traduit par un ensemble de mesures ayant pour but

50
Beaud (Cf) : « Le souverain ».Revue Pouvoirs, 1993, n°67, p. 33 ; « La souveraineté dans la contribution à la
théorie générale de l’Etat » Carré de Malberg, RDP, 1994, p. 251 : « Fédéralisme et souveraineté » notes pour
une théorie constitutionnelle de la Fédération, RDP, 1998, p. 83. V. également : Troper (M) : « Le titulaire de la
souveraineté » RDP, 1996, p. 1504 ; David (M) : « Positivisme juridique et souveraineté du peuple selon M.
Troper », RDP, 1997, p. 165. A propos de la souveraineté : deux relectures de Carl Schmitt, RDP 1999, p. 660 ;
F. Luchaire, « La souveraineté », RFDC, 2000, p. 451.
51
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p44-45.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

de redistribuer les richesses et de prendre en charge différents risques


sociaux comme la maladie, l'indigence, la vieillesse, l'emploi, la famille...
L'Etat-Providence est fondé sur la solidarité entre les différentes classes
sociales et la recherche de la justice sociale.
Les premiers systèmes d'assurances maladie et vieillesse ont été mis en
place à la fin du XIXème siècle dans l'Allemagne de Bismarck, avec l'objectif
d'éviter la propagation des idées révolutionnaires dans la classe ouvrière.
Dans les années 1930, après la grande crise de 1929, l'Etat-Providence,
sous le nom de « Welfare State », s'est développé au Royaume-Uni, aux Etats-
Unis et dans les pays scandinaves afin d'éviter l'implosion du capitalisme, par
l'instauration d'un système de redistribution des richesses vers les plus pauvres.
Les économistes keynésiens présentent l'Etat-Providence comme un
système efficace car l'augmentation des revenus des plus démunis se traduit
automatiquement par une augmentation équivalente de la consommation et donc
de la demande, facteur de croissance engendrant un cercle vertueux. Le principe
de l'Etat-Providence a été remis en question au début des années 1980 à cause du
niveau élevé des prélèvements obligatoires qu'il implique et de son effet néfaste
sur l'initiative.

Paragraphe 2 :L’Etat interventionniste


L’Etat interventionniste peut prendre deux formes :
A- L'interventionnisme politique
L'interventionnisme politique est la tendance d'un Etat à intervenir
politiquement ou militairement dans les affaires d'un autre Etat.
« Ex : interventionnisme des Etats-Unis en Amérique du Sud »
Dans le domaine international, l'interventionnisme est la théorie selon
laquelle des Etats tiers ou des organisations internationales « Ex: ONU » doivent
intervenir militairement dans des conflits entre deux Etats ou au sein d'un même
Etat.
B- L'interventionnisme économique
L'interventionnisme économique désigne la politique qui conduit
les pouvoirs publics à participer à l'économie du pays et imposer leurs
règles chaque fois que cela leur paraît nécessaire pour protéger les intérêts
des citoyens ou développer des secteurs d'activité qu'ils considèrent
comme stratégiques ou prioritaires.

C'est aussi la théorie ou la doctrine politique selon laquelle l'Etat doit


intervenir dans le secteur de l'économie. Apparu avec l'avènement des Etats
modernes, l'interventionnisme s'est nettement effacé au cours du XIXème siècle
face au libéralisme, pour se développer à nouveau au cours du XXème siècle, se
situant à un niveau intermédiaire entre le socialisme et le libéralisme.
L'interventionnisme économique est en net recul depuis la fin du XXème siècle

16
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

avec le développement de l'ultra libéralisme et après la chute de l'URSS.


L'interventionnisme économique peut prendre plusieurs formes :

État-Providence avec la redistribution des richesses et des revenus,


politique industrielle, aide à l'investissement ou à la création d'entreprises,
protectionnisme défensif « barrières à l'importation » ou offensif « subventions à
l'exportation »
Il veut égaliser les conditions de vie52. Il dépasse certaines fonctions
régaliennes53. Il oriente ou exerce ces fonctions: par le pied des services publics.
Exemple : les nationalisations de 1945 en France, et la marocanisation de
1981au Maroc.

Paragraphe 3 : Définition de l'Etat gendarme54


L'expression « Etat gendarme » désigne une forme de l'Etat qui limite ses
interventions aux fonctions régaliennes :
Armée « défense du territoire », police « maintien de l'ordre », justice.
Pour le sociologue Max Weber, l'Etat revendique le « monopole de la violence
légitime » « Le Savant et le politique ». Ses prérogatives fondamentales sont
celles où l'usage de la violence est présenté comme justifié. Au cours de la
première moitié du XXème siècle, avec l'avènement de l'Etat moderne, celui-ci
étend ses domaines d'intervention à l'économie et au social. C'est la transition de
l'Etat gendarme à l'Etat-Providence.
Le positionnement minimal de l'Etat sur ses fonctions régaliennes est
défendu par les libéraux de l'école classique et néo-classique et
les libertariens monarchistes. Exemple : l’URSS, est un état totalitaire, de
l’arrivée de Staline au pouvoir en 1927 à sa mort en 1953. C’est une dictature où
il n’y a qu’un seul chef, qu’un seul parti politique un contrôle de l’économie,
une police politique ainsi qu’un culte de la personnalité et l’utilisation de la
propagande55.

Section 3 : Les éléments constitutifs de l’Etat


Les quatre éléments constitutifs de l'Etat56 sont, dans l'ordre :
- Un territoire
- Un groupement humain.
- Une organisation sociale.
- Un pouvoir.

52
Denquin (M) : « Introduction à la science politique». Édition Hachette, Paris, 1997, p203.
53
Chevallier (J): « Eléments d’analyse politique». Édition PUF ,Paris , 1986, p 288.
54
Beneton(P): « Introduction à la politique moderne : démocratie libérale et totalitarisme ».Édition Hachette,
Paris , 1987, p 490.
55
Cohen (L): « Le droit sans l État» Édition. P.U.F, 1985, p67.
56
Boutet (D) : «Vers L’Etat de droit .la théorie de l’Etat et du droit ». Édition L’Harmattan, 1978, p133.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Sous-section 1 : Un territoire et un groupement humain


Sur le plan sociologique, l'État est un ensemble de personnes vivant sur un
territoire déterminé et soumis à un gouvernement donné. Cette définition rejoint
celle de la première édition du dictionnaire de l’Académie française de 1696qui
définit l'État comme le « gouvernement d’un peuple vivant sous la domination
d’un prince ou en république », ou bien le pays lui-même, c'est-à-dire l'État
entendu « pour le pays même qui est sous une telle domination ».
Du point de vue organisationnel, c'est une forme d'organisation que la
société utilise pour s'orienter et se gérer. L'État désigne également un ensemble
de personnes qui acceptent de s'imposer un ordre57.
Sur le plan juridique, « l'État peut être considéré comme l'ensemble des
pouvoirs d'autorité et de contrainte collective que la nation possède sur les
citoyens et les individus en vue de faire prévaloir ce qu'on appelle l'intérêt
général, et avec une nuance éthique le bien public ou le bien commun » .

Paragraphe 1 : Un groupement humain


La population est attachée à un avenir commun58, elle partage ainsi des
objectifs communs59. Deux conceptions sont possibles :
A- La conception Allemand
Conceptualisée par Gobineau dans L'inégalité des races humaines en
1855. Elle possède une forte fonction idéologique et présente le groupe comme
une structure très fermée.
L'idée est que la nation est organisée par ceux qui sont les descendants des
premiers hommes de cette nation60.
NB: Nation « par le sang ».
B- La conception française
La conception française, conceptualisée par Ernest Renan dans les
Histoires des origines du christianisme publiées de 1863 à 1881.
C'est l'idée de la « Nation volonté » : le facteur de cohésion est la volonté
de vivre ensemble61, de réaliser son destin personnel dans ce groupe-là et pas
dans un autre.
La nation62 ainsi n'est pas un groupe fermé 63, on peut y adhérer et aussi en
sortir pour se réaliser à l'intérieur d'un autre groupe. On veut adhérer à un certain
nombre de valeurs pour réaliser ces fins supérieures communes 64.

57
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
58
Davy (R) : « L’homme, le fait social et le fait politique».Édition Mouton, Paris , 1973, p124.
59
Bpuvier (M) : « L’Etat sans politique, tradition et modernité ». Édition LGDJ, 1986, p20.
60
Jouvnel (B) : « La politique pure ». Édition Calman Lévy 1963, p28.
61
Carrer (R) : « Contribution à la théorie générale de l État ». Édition Sirey.1962, p70.
62
Collier (C.A) : « État et nation ». Édition Économica ,1982 p111.
63
Baguenard (J) : « L’Etat une aventure incertaine ». Édition Ellipses 1998, p129.
64
Beaud (O) : « La puissance de L’État ». Édition PUF.1992, p58.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Paragraphe 2: Un territoire
C'est l'espace sur lequel vit le groupe, Un territoire est une étendue de
terre limitée par des frontières, naturelles …….
Le territoire est la circonscription d'action de l'Etat, il est le lieu exclusif
de son pouvoir.
De cette définition découle deux sens : Le territoire est le seul lieu où
l'Etat peut intervenir65, réciproquement, il est le seul à pouvoir exercer son
pouvoir sur son territoire ; En principe, il n'y a pas d'Etat sans territoire66. Des
cas particuliers existent dans le Droit International Public, comme les
gouvernements en exil par exemple: le gouvernement espagnol exilé au
Mexique jusqu'en 1970.
En revanche, la communauté internationale peut reconnaître des territoires
sans Etats. Ex : l'Antarctique.Ces territoires ont été réputés « patrimoines
communs de l'humanité »67.

Sous-section 2 :L’organisation sociale


L'organisation est provisoire68, mais elle est le cadre pour la réalisation du
souhaitable69.
Ses fonctions:
- Assurer le maintien de la paix intérieure et extérieure
- Favoriser la création d'une mentalité et d'une culture commune autour
d'un certain nombre de symboles « drapeau, langue…. »
- Déterminer le but commun à atteindre, qu'il soit national ou
international.
Cette organisation sociale repose sur la mise en place d'institutions,
ou services publics70, destinés à couvrir les besoins publics, qu'ils soient
régaliens, industriels ou commerciaux71.
Elle cherche à maintenir un ordre juridique qui régit les rapports des
individus avec l'Etat et entre eux par le moyen du pouvoir72.
Exemple : l’organisation sociale de la France est constituée de la
population, des administrations, d’un gouvernement central ,de structures
décentralisées de décision et d’exécution ainsi que d’un ensemble de service
publique ,d’association et d’organisation non gouvernementale constituant la
société civile73.

65
Beaud (O) : « La puissance de l’Etat». Édition PUF.1992, p59.
66
Crozier(M) : « L’État modeste, État moderne ». Édition Fayard, 3eéd 1997,p34.
67
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
68
Engles (F) : « L’origine de la famille, de la propriété et de l’Etat». Édition Sociales, Paris, 1884, p197.
69
Badie (b) et Birnbaum (P) : « Sociologie de l’Etat ». Édition Grasset, Paris ,1982, p 250.
70
Charlier (RE) : « L’Etat et son droit, leur logique et leurs inconséquences». Édition Eco ,Paris,1984, p 56.
71
Dabin (J) : « L’État ou le politique ». Édition Dalloz, 1975, p40.
72
Boutet (D) : «Vers l’État de droit la théorie de l’État et du droit ». Édition L’Harmattan, 1991, p51.
73
Manin (B) : « Principes du gouvernement représentatif ». Édition Calmant Lévy, 1995, p99.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Sous-section 3 : La légitimité du pouvoir


Selon Burdeau la légitimité du pouvoir est la capacité d'un individu à
obtenir d'un autre un comportement donné qu'il n'aurait pas spontanément
adopté.

Paragraphe 1 : L’origine divine du pouvoir


Tout groupe a une idée de sa propre origine74. Elle peut être un mythe qui
lui permet de se glorifier. L'idée, donc, est que le pouvoir est rattaché à cet
ancêtre mystique. C’est lui qui a le pouvoir est le représentant de Dieu sur terre
et exerce l'autorité sur terre au nom de ce dernier75.
Longtemps la religion a été une sorte de pilier de la politique, et
inversement. Chaque Etat a voulu contenir sa religion, d'où des schismes
religieux.
Cette conception a beaucoup régressé aujourd'hui. En France, la
séparation s'est faite en 1905, alors que l'Eglise n'a reconnu la 3 ème République
qu'en 1892.
Il existe des liens forts entre politique et religion, notamment dans les
comportements électoraux. Même si le lien institutionnel entre politique et
religion est tranché, il reste un lien instinctif. En fait, l'un et l'autre sont la
représentation de deux futurs possibles.
Exemple : un avenir terrestre et un avenir supraterrestre.
C’est une tentation permanente d'associer l'un à l'autre et de justifier l'un
par l'autre76.

Paragraphe 2: L’origine populaire


Apparaît en réaction au 18ème siècle par Rousseau. Elle consiste en
l'abandon d'une partie de leur autonomie et le fait d'admettre que dans ces
domaines-là, c'est l'Etat qui gèrera. L'origine du pouvoir est donc dans le peuple,
par sa volonté. L'idée du pouvoir dans le peuple n'est plus discutée aujourd'hui.

Paragraphe 3 : La légitimité du pouvoir


C'est l'acceptation ou le consentement des gouvernés qui délègue le
pouvoir77. L'acceptation rend normal ce pouvoir78. C'est possible quel que soit
l'origine du pouvoir « divine ou populaire ». La légitimité est le fait de croire en
cette origine du pouvoir.
Il existe trois types de légitimité selon WEBER :
- La légitimité traditionnelle : c'est l'idée du gouvernement du prince, du
roi, fondée sur les traditions, l'hérédité, et l'origine divine.
74
Freund (J) : « L’essence du politique ». Édition Sirey 1965, p78.
75
Dabin (J) : « Théorie générale du droit ». Édition Dalloz, 1969, p22.
76
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
77
Chantebout (B) : « De L’État ». Édition Consortium de la librairie1975, p27.
78
Bouvier (M) : « L’État sans politique, Tradition et modernité ». Édition L.G.D.J.1986, p2.

20
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

- La légitimité charismatique : le gouvernement d'un chef qualifié par


son prestige, son pouvoir sera reconnu même en l'absence de règles.
- La légitimité rationnelle : c'est la légitimité d'autorité investie par
l'établissement des règles de droit choisies par tous. Elle se traduit par
les élections. Ces distinctions sont canoniques et recevables, ce sont
des « idéaux-Types »79
Exemples:
- De Gaulle, sa légitimité est charismatique et rationnelle
- Juan Carlos : sa légitimité est rationnelle « par Franco » et aussi
traditionnelle « monarchie ».
Tout gouvernant rationnel tente de conforter les règles qui le soutiennent
en choisissant un appui auprès des masses,en suscitant une relation de type
charismatique pour conforter leur légitimité rationnelle80.
Exemples : importance des sondages popularité. Par extension, le culte de
la personnalité vient à l'appui de cette légitimité.
Le consensus vient de l'adhésion massive de la nation81. S'il n'y a pas de
consensus, cela provoque une rupture, qui peut se traduire par une révolution
dans sa forme la plus extrême82. Le problème du consentement au pouvoir est
une question d'accord des forces collectives83. L'accord des grandes forces entre
elles l'accord de l'opinion, qui fait qu'elle accepte le régime en place. Ces forces
politiques s'intègrent pour critique ou approuver le pouvoir.

Sous-section 4 : L’exercice du pouvoir


La grande question de la répartition du pouvoir de l'Etat sera vue
ultérieurement. Ici, il s'agit des notions de base pour l’exercice du pouvoir :

Paragraphe1 : La compétence
Les gouvernants n'ont pas un pouvoir absolu. Ils ont des compétences 84 : il
leur est reconnu des capacités d'agir. Hors de ce domaine, ils n'ont pas de
possibilité d'agir. Ces compétences sont définies par la Constitution pour tous les
agents du pouvoir ou par les lois qui l'accompagnent.
Deux expressions caractérisent ces compétences, en raison du lieu et du
temps.
Ces compétences sont limitées à une matière particulière 85 « ex :
l'éducation, L’économie, la défense…. ».Et le périmètre « ex : l'ensemble du
territoire, la région, le département ». L'agent est défini par la matière qui lui

79
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
80
Lesuyer (G): « Histoire des idées politiques». Edition Dalloz, 1990, p34.
81
Halbec(Q): « L'Etat, son autorité, son pouvoir ». Edition LGDJ, Paris, 1964, p39.
82
Passerin (AD) : « La notion de l’État ». Édition Sirey, 1969, p192.
83
Maritain( J) : « L’homme et l’Etat, Paris ». Edition PUF, 1953,p69.
84
Burdeau (G) : « Traiter de science politique ». Édition LGDJ, 1980, p90.
85
Fleiner (TG) : « Théorie général de l’État ». Edition Dalloz, 1986, p68.

21
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

revient et en fonction de la circonscription d'action qui lui est reconnue.


Il faut distinguer la compétence au sens juridique du terme et la
compétence en tant que qualité intellectuelles86. La compétence est la délégation
de l'Etat pour agir en son nom87.

Paragraphe 2 : La légalité
Le pouvoir doit respecter lui-même la règle de droit qu'il a posée. L'Etat
« les gouvernants » peuvent modifier les règles mais ne peuvent pas les
transgresser. L'action que l'Etat mène doit être conforme à la légalité88.
Les gouvernements doivent respecter l'ensemble des lois, que ce soit la loi
elle-même ou d'autres sources de droit. Sans cela89, il y a un recourt possible du
citoyen pour faire annuler un texte de l'exécutif. Tous ces contrôles qui amènent
les gouvernements à agir selon le droit deviennent l'expression d' « Etat de
droit ».
La distinction avec les pouvoirs de fait ou bien autoritaires se fait d'elle-
90
même .

Paragraphe 3 : La Responsabilité
Les gouvernants agissent au nom de la souveraineté91, ils doivent donc
rendre des comptes. Les gouvernants sont responsables92.
Il y a aussi une responsabilité générale au sens plus étroitement juridique
du terme. Si un acte est à l'origine de dommage, son auteur « généralement
l'Etat » est responsable de ce dommage et a l'obligation de le réparer « remettre
en état ou indemniser ».
L'essentiel est la responsabilité politique, c'est-à-dire le contrôle de
l'exercice du pouvoir par le peuple « élections » ou bien l'idée de la
responsabilité devant le parlement.

Section 3 : Forme et modalités de gestion étatique


L'Etat unitaire centralisé assure et garantit à tous
les citoyens une loi identique sur l'ensemble du territoire par la centralisation du
pouvoir en un seul échelon. L’autonomie des collectivités territoriales est très
réduite. Du point de vue juridique, il n'existe qu'une seule personne
morale de droit public, l'Etat. Dans un Etat centralisé, la déconcentration

86
Rueda (F) : « Le contrôle de l'activité du pouvoir exécutif par le juge constitutionnel. Les exemples français,
allemand et espagnol». Édition LGDJ, 2000, p53.
87
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
88
Favoreu (L) : « Légalité et constitutionnalité ». Édition n°3, Dalloz, 1997, p98.
89
Troper (M) : « Pour une théorie juridique de l’État». Édition P.U.F, 1994, p67.
90
Chevallier (J) : « L'État de droit». Édition Montchrestien, 1994, p51.
91
David (M) : « La souveraineté du peuple ». Édition PUF, 1996, p23.
92
Kelsen (H) : « Théorie pure du droit ». Édition Dalloz, 1962, p23.

22
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

correspond à un découpage du territoire en circonscriptions administratives où


sont nommés des représentants de l'Etat « préfets » qui disposent de
compétences et de pouvoirs au nom de l'Etat.
Cette organisation de l'Etat a été celle de la France jusqu'au mouvement
de décentralisation engagé depuis 1982.

Sous-section 1 : Forme
Les différentes relations qui s’exercent entre l’Etat et les collectivités
territoriales déterminent, selon leur degré de rapprochement, la forme juridique
d’un Etat.

Paragraphe1 : Etat unitaire


En fonction compétences attribuées aux collectivités et de la nature des
contrôles effectués par le pouvoir central, l’Etat unitaire peut ainsi revêtir
plusieurs formes :

A- Etat unitaire concentré


Ce type d’Etat est en réalité inenvisageable, à l’exception peut-être dans
de micros Etats. En effet, les collectivités n’y détiennent aucun pouvoir et les
agents sont directement nommés par le gouvernement central. Il n’y existe donc
aucun relais susceptible d’assurer une bonne administration en périphérie93.

B- Etat unitaire déconcentré


Dans ce type d'Etat, l’autorité centrale dispose d’un grand pouvoir sur le
territoire national. Le pouvoir y est cependant en partie délégué aux autorités
déconcentrées, qui sont des relais périphériques destinés à faire appliquer les
grandes orientations politiques aux instances hiérarchiquement inférieures.
La mise en place d’autorités déconcentrées permet à l'Etat d'être plus
efficace à l’échelon local.94 Il est en effet plus aisé d’agir directement au sein
d’une localité que d’œuvrer au seul niveau de l’Etat sans être en lien direct avec
les problèmes locaux.
Ex : le type de ces autorités déconcentrées, les préfets se soumettent à
l’autorité hiérarchique des autorités supérieures et appliquent les grandes
décisions du pouvoir central au niveau local. Ainsi, les autres autorités
déconcentrées ne peuvent aller au-delà des attributions octroyées par les
instances centrales et de leur territoire d'application95.

C- Etat unitaire décentralisé


Le pouvoir juridique de l’Etat y est en partie attribué à des collectivités

93
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
94
Burdeau (G) : « L’État ». Édition Seuil, 1970, p34.
95
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

indépendantes96, nommées, et soumises à l’autorité centrale. Ces collectivités


disposent d’une réelle autonomie : elles bénéficient d’un pouvoir normatif, mais
non constituant, et de larges compétences, principe de « libre-administration ».
Exemple : Par un long processus de décentralisation, le Maroc, qui était
un État unitaire très centralisé, est aujourd’hui déconcentré et décentralisé

Paragraphe 2 : Etat fédéral


Un Etat fédéral se compose de différents Etats fédéraux « les Etats
membres » qui bénéficient d’une large autonomie et d'une grande liberté
d'action97.
Les Etats fédérés disposent en effet d’attributions administratives et
juridictionnelles 98; ils ont également leurs propres lois et leur propre
Constitution. Ainsi aux Etats-Unis, les 50 Etats ont chacun leur propre
constitution. De ce fait, ils ont un Parlement « qui comprend deux assemblées :
l'une représente la nation, l'autre l'Etat fédéré » ainsi qu'un système
juridictionnel qui leur est propre99. Les Etats fédérés participent néanmoins à
l'exercice de l'Etat fédéral : législation, participation au pouvoir exécutif, etc. De
plus, la liberté constitutionnelle et législative des Etats fédérés est limitée car
leurs lois et constitutions doivent respecter la Constitution de l’Etat fédéral.
Aussi, seul l'Etat fédéral a une existence au niveau international100.
Ce partage du pouvoir politique de l’Etat fédéral avec les collectivités
existe dans de nombreuses régions du monde, sous des appellations différentes
« cantons en Suisse, Etats aux Etats-Unis ».
Le premier système fédéral est né aux Etats-Unis. Il est aujourd’hui
appliqué en Allemagne et en Russie. Si chacun de ces systèmes a ses propres
règles101, tous ont des caractéristiques communes, et notamment le principe
d’autonomie102.
Exemples: Les Etats-Unis, l'Allemagne, la Suisse, la Belgique, la Russie,
l'Inde, le Brésil, l'Australie, etc.

Sous-section 2: Les modalités de gestion étatique


La décentralisation est une politique de transfert des attributions de
l'Etat vers des collectivités territoriales ou des institutions publiques pour
qu'elles disposent d'un pouvoir juridique et d'une autonomie financière. Le
transfert de ces attributions, qui restent néanmoins sous la surveillance de l'Etat,
96
Rials (S) : « Destin du fédéralisme ».Institut La Boétie,Edition LGDJ, Paris , 1986, p 78.
97
Durand (C) : « Confédération d’Etats et Etat fédéral. Réalisations acquises et perspectives nouvelles».
Edition, Marcel Rivière, Paris , 1955, p 180.
98
Croisat (M) : « Le fédéralisme dans les démocraties contemporaines». Édition Montchrestien, Paris,1992,p
152.
99
Le fur (L) : « Etat fédéral et Confédération d'Etats ». Édition Maréchal et Billard, Paris ,1896,p34
100
Bouvvie (PR) et Frederich (CJ) : « Études sur le fédéralisme ». Édition Seuil, 2 vol, 1962, p56.
101
Meuheut (M) : « Le fédéralisme est-il pensable pour l'Europe prochaine ? ». Op-cit 200.
102
Croisat (M) : « Le fédéralisme dans les démocraties contemporaines ». Édition Montchrestien, 1995,p67.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

permet à ce dernier de décharger ses administrations centrales et de confier


les responsabilités au niveau le plus adapté.

Paragraphe1 : La centralisation
Le verbe centraliser signifie concentrer, réunir dans un même centre, sous
une autorité unique. Dans une organisation hiérarchisée, on appelle
centralisation le processus qui consiste à transférer un pouvoir de prise de
décision à un niveau plus élevé.
La centralisation est un mode d'organisation de l’Etat dans lequel
une autorité centrale détient l'ensemble des pouvoirs de décision « politique,
administratif, financier » et des attributions de la puissance publique. Le niveau
local est totalement dépendant du niveau central103. La centralisation se traduit
par une volonté unique qui est celle du sommet de l'Etat et qui se transmet
jusqu'aux extrémités du pays, avec une administration unifiée et hiérarchisée. La
centralisation104 .

Paragraphe 2 : La décentralisation
La décentralisation est une politique de transfert des attributions de
l’Etat vers des collectivités territoriales ou des institutions publiques pour
qu'elles disposent d'un pouvoir juridique et d'une autonomie financière. Le
transfert de ces attributions, qui restent néanmoins sous la surveillance de l'Etat,
permet à ce dernier de décharger ses administrations centrales et de confier les
responsabilités au niveau le plus adapté105.
La décentralisation vise à donner aux collectivités locales des
compétences propres, distinctes de celles de l'État, à faire élire leurs autorités par
la population et à assurer ainsi un meilleur équilibre des pouvoirs sur l'ensemble
du territoire. La décentralisation rapproche le processus de décision des
citoyens, favorisant l'émergence d'une démocratie de proximité.
La déconcentration est une notion bien distincte ; elle vise à améliorer
l’efficacité de l'action de l'Etat en transférant certaines attributions de l'échelon
administratif central aux fonctionnaires locaux, c'est à dire aux préfets, aux
directeurs départementaux des services de l'Etat ou à leurs subordonnés.

Paragraphe 3 : La déconcentration
La déconcentration désigne un mode d'organisation de l’administration
dans lequel certains pouvoir sont délégués ou transférés d'une administration
centrale vers des services répartis sur le territoire, dits services déconcentrés ou
services extérieurs. Le but est d'améliorer l’efficacité de l'Etat en
décongestionnant l'administration centrale et en accélérant les prises de

103
Baguenard (J) :« L’Etat une aventure incertaine ». Édition Ellipses, 1998, p78.
104
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
105
Baguenard (J) : « La décentralisation territoriale ». Édition PUF, Que sais-je ?, n°1879, p42.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

décisions au niveau local.


A la différence de la décentralisation, les services déconcentrés
dépendent directement du pouvoir central et font partie de la même personne
morale que celui-ci considéré comme un aménagement technique de
la centralisation, la déconcentration a été jugée insuffisante pour mener à bien la
modernisation de l'Etat. En conséquence, le législateur a développé la
décentralisation vers les collectivités territoriales qui, elles, disposent de leur
propre personnalité morale.

Chapitre 2 : La gestion rationnelle du pouvoir


La Constitution

Une constitution est la loi fondamentale d'un Etat qui définit les droits et
les libertés des citoyens ainsi que l'organisation et les séparations du
pouvoir politique « législatif, exécutif, judiciaire ». Elle précise l'articulation et
le fonctionnement des différentes institutions qui composent l'Etat « Conseil
constitutionnel, Parlement, gouvernement, administration »106.
La constitution se situe au sommet du système juridique de l'Etat dont elle
est le principe suprême. Toutes les lois, décrets, arrêtés et traités
internationaux doivent être conformes aux règles qu'elle définit. Elle peut
prendre la forme d'un texte unique ou d'un ensemble de lois. Le Royaume-Uni
qui dispose d'une constitution « coutumière » « pas nécessairement écrite » est
une exception. Une constitution est en général élaborée par une assemblée
nationale « pouvoir constituant originaire » réunie spécialement pour cet
objectif. Elle est révisée par le pouvoir constituant dérivé ou institué « prévu par
la Constitution »107.

Section 1 : Constitution une nouvelle conception contre l’arbitrage ?


La première question à se poser : qu'est-ce qu'une constitution ? C'est le
texte dont la vocation, la raison d'être, est d'organiser le lien fondamental entre
l'individu et l'Etat108, qui, autrement dit, déterminer le statut du pouvoir au sein
de l'Etat109.
De Gaulle : « Une constitution c'est un esprit, des institutions, une
pratique ». Formule tirée de l'allocution du 31 janvier 1964, parfois appelée
« allocation constituante » par dérision110.
Pour affirmer l'importance de la place du citoyen, et donc de son statut

106
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
107
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
108
Auby (J.M) : « Sur l’étude de la hiérarchie des normes en droit public. Eléments des problématiques » in
Mélanges Pelloux 1980,p,21.
109
Rials (S) et Baranger (D) : « Textes constitutionnels étrangers ». Édition P.U.F, Que sais-je ? n °2060, p52.
110
Klein (C) : «Théorie et pratique du pouvoir constituant ». Édition PUF, 1996, p123.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

juridique, des règles qui le protègent dans sa vie et dans sa liberté111, c'est une
pratique assez générale que d'affirmer les droits du citoyen en tête dans le texte
des constitutions ou bien par un texte qui accompagne ou qui précède celle-ci112.
Les formes peuvent être différentes113, mais elles ont une fonction
équivalente114. On peut distinguer les déclarations, avec une série d'articles en
forme volontariste, mais aussi les préambules littéraires expliquant les finalités
de la constitution, ou bien des garanties des droits avec des règles plus
contraignantes. Tout ça a un peu vieilli, tous ces textes « préambules,
déclaration, garanties » ont en fait la même signification115.
Bien sûr, on peut remonter très loin. La plus ancienne garantie des droits
qu'on connaisse est la magna carta « la grande charte », octroyée par Jean Sans
Terre au barreau d'Angleterre en 1275. Après cette grande charte, les premiers
textes qui correspondent à notre conception moderne sont des textes anglais,
dont l'habeas corpus « tu as un corps ». C'est un texte qui en 1679 établi la
« sûreté », c'est-à-dire le fait que la liberté physique de l'individu est proclamée
et qu'on ne peut être détenu sans un jugement. Le fait qu'un individu a un corps
amène à ce principe de liberté.
Les déclarations des droits, on les trouvera au moment de la révolution
américaine , on les trouve à la naissance des USA 1776 , à la déclaration
d'indépendance, 1791 toujours en vigueur et une série de 10 amendements à la
constitution de 1787 votée et ratifiés en 1791. Ils constituent le bill of rights, « la
loi sur les droits »116.

Sous-section 1: L’aspect matériel de la constitution


Une constitution peut se définir de deux manières : au sens matériel, par
son objet, c'est le texte qui contient l'ensemble des règles principales relatives à
l'exercice du pouvoir, ou au sens formel, par le fait que c'est le texte originaire,
la norme principale, fondamentale, le texte issu de la volonté nationale, et que ce
texte doit être respecté par tous y compris par les organes qu'il institue117.
Il faut insister sur l'aspect formel : la constitution est adoptée selon une
procédure spéciale. On va donner à la constitution un statut supérieur à la loi, et
c'est tout simplement l'idée de supra-légalité qui entraîne le contrôle de
constitutionnalité, c'est-à-dire le contrôle du fait que la loi est bien conforme à la
constitution118.
La loi étant antérieure à la constitution, il serait logique de dire que la loi
111
Colliard (C) : « Libertés publiques». 7e édition, Dalloz, Paris 1989, 915 p
112
Friedrich (J) : « La démocratie constitutionnelle». Édition PUF, 1958,op-cit34
113
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
114
Bastid (P) : « L'idée de constitution ». Édition, Economica, 1985, p 190.
115
Luchaire (F) : « La protection constitutionnelle des droits set libertés». Édition Economica, . Paris,
1987,p60.
116
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189
117
Fromont(M): « La justice constitutionnelle dans le monde». Édition Dalloz,1996.p34.
118
Goyard (C): « Unité du droit et justice constitutionnelle». Édition Économica, 1996, p 27.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

est « infra constitutionnelle ». Conséquence de la supra-légalité : les dispositions


constitutionnelles ne peuvent être modifiées selon la procédure ordinaire du
parlement.

Sous-section 2:L’aspect formel de la constitution


La naissance ou l’établissement de la constitution demande des règles, des
procédures, et un organe qualifier pour la réalisation de son objectif « le pouvoir
limite le pouvoir »119 .
Exemple 1: l’Amérique du Nord
- Etape1: chaque Etat à sa propre constitution écrite.
- Etape 2: à partir de 1787 la constitution fédérale de PHILADELPHIE.
Exemple 2 : La constitution française de 1791 est la première
constitution écrite en Europe.
Exemple 3 : Angleterre constitution coutumier cela n’empêche pas qu’il y
a des textes écrits.La magna carta « la grande charte », 1275

Paragraphe 1 : Le rôle de la coutume au sein des Etat à constitution


écrite
Parfois la constitution ne répond pas à tous les défit et circonstances des
pratiques politiques120, la coutume constitutionnelle peux présenter une solution.
Exemple la troisième république française 1875 la notion de « Président
du conseil » ne subsiste pas au niveau constitutionnel.
La coutume ne peut jamais modifier ou abroger une disposition
constitutionnelle écrite et précise .cette dernière ne perd jamais sa valeur même
si elle n’est pas utilisée121.
La coutume peut dans certaines conditions ajouter à la constitution écrite
en cas de silence, et surtout permettre son interprétation en cas d’incertitude, elle
est alors supplétive ou interprétative.

Paragraphe 2 : La pratique politique et la coutume constitutionnelle


La pratique politique : c’est un fait, La coutume constitutionnelle elle est
contraignante.
La répétition de la coutume pour une longue durée, sous l’existence d’un
très large consensus.
La coutume constitutionnelle elle a seulement une définition matérielle122.
Exemple : Constitution du Royaume de la France.

Paragraphe 3 : La constitution écrite rigide et la constitution souple

119
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
120
Leine (B) : « Le système constitutionnel». Édition RDP, 1994, p353.
121
Lavigne (M) : « Regards sur la constitution». Édition Économica, 1978, p34.
122
Draganu(T): « Structures et institutions constitutionnelles ».Édition Dalloz, 1981,p145.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Une Constitution est rigide lorsque la procédure prévue pour sa révision


est peu aisée à mettre en œuvre. Une Constitution est souple lorsque sa révision
est techniquement plus simple.
La première grande constitution ayant été établie est celle des Etats-Unis
en 1787. Jusqu'alors, les monarchies étaient presque entièrement régies par
le droit coutumier. Cette forme coutumière a quasiment disparu en même temps
que les monarchies absolues123.

A- La constitution écrite souple124


Absence de hiérarchie, c’est-à-dire les lois se trouvent au même niveau
que la constitution.
Il n’y a pas de suprématie de la règle constitutionnelle. Le pouvoir
législative à la même condition de vote des lois peut modifier, annuler, un texte
constitutionnel.
Exemple: 1950 l’organisation du conseil des Lords était faite seulement
par un texte de lois.
Résultat: pas de définition formelle de la constitution. Et pas de réelle
limitation du pouvoir.
Exemple : La Grande Bretagne est dotée d’une constitution souple.

B- La constitution écrite rigide


Le respect obligatoire des conditions suivantes :
- Règle spécifique.
- Organe compétant.
- Procédure obligatoire.
- La reconnaissance de la de hiérarchie.
C'est là qu'intervient la distinction souple/rigide :
Dans le cas d'une constitution souple125, il y a le critère matériel « des
textes relatifs à l'exercice du pouvoir », mais il n'y a pas de critère formels : ces
textes sont votés comme les autres et on la même valeur juridique que la loi
ordinaire, et peuvent être modifiés par la loi ordinaire126. Et une loi qui contredit
la constitution est en réalité une loi qui modifie la constitution. Dans cette phase,
il n'y a pas de contrôle de constitutionnalité possible. Ainsi une loi postérieure
modifie une loi antérieure127.
Dans l'hypothèse d'une constitution rigide, c'est l'idée que la loi doit la
respecter, qu'une loi ordinaire « qui n'est pas votée dans les conditions exigées
pour réviser la constitution » ne saurait modifier la constitution, et donc que s'il

123
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
124
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
125
Adrian(T) : « Institutions politiques et droit constitutionnel».Édition LGDJ, Paris, 1995, p80.
126
Burdeau (G) : « Droit constitutionnel et science politique ».Édition LGDJ, Pais, 1995, p 232.
127
Starck(C) : « La constitution cadre et mesure du droit ».Édition Économica, 1994, p90.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

y a une loi ordinaire contraire à la constitution128, elle ne la modifie pas, et il faut


annuler cette loi et la déclarer non conforme, faire en sorte qu'elle ne soit pas
applicable. C'est la formule qui existe aujourd'hui un peu partout.
Aujourd'hui, à peu près partout dans le monde existe soit une cours
constitutionnelle, soit un organe équivalent, soit une cours suprême qui joue à
peu près le même rôle. On s'oriente souvent vers la constitution rigide
considérée comme plus protectrice du pacte fondamental initial129.
Exemple: la France est dotée d’une constitution rigide.

C- Les constitutions écrites ou forme solennelle


Il s'agit là de textes qui normalement présentent les deux caractères que
l'on vient d'évoquer : le caractère matériel « règles relatives à l'exercice du
pouvoir » et le caractère formel « mode d'élaboration particulier faisant
intervenir le pouvoir constituant ». A partir de là il y a une grande variété
« constitutions plus ou moins longues et sommaires », tout cela dépend des
périodes et des normes, des modes de l'idéologie, du degré de description qu'on
veut donner de ce fameux ordre social désirable130.
On peut voir la constitution comme soit un texte très technique, soit un
texte doctrinal, idéologique, définissant la société. Napoléon : « une constitution
doit être courte et obscure ». Courte, parce que c'est le manuel d'exercice du
pouvoir131, et obscure parce que c'est bien que celui qui au pouvoir puisse
l'interpréter comme il le veut. Cette idée marque un peu l'avantage et
l'inconvénient d'une constitution132.

Section 2 : L’élaboration de la constitution


Le pouvoir constituant originaire est le pouvoir d’établir les règles
fondamentales relatives à la dévolution et à l’exercice du pouvoir politique133.
L'indépendance américaine134 et la révolution française 1787-1793, où l'on
fait les textes fondateurs « déclaration des droits » et les premières constitutions.
Ceci inspirera une série de disposition en Europe135 jusque 1825, tout cela autour
de deux grandes idées :
- L'affirmation des libertés individuelles.
- La liberté de l'individu garantie par la modération du pouvoir, laquelle
s'obtenant par la séparation de ses branches136.
Les révolutions libérales137 de 1830 et 1848 en France et en Europe138, qui
128
Adriant (P) : « Les institutions de la Ve République».Édition Hachette Education, Paris, 1996, p45.
129
Cadoux (C) : « Droit constitutionnel et institutions politiques».Édition. Cujas, Paris, 1997,p67.
130
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
131
Chalvidan (PH) :« Droit constitutionnel : Institutions et régimes politiques ».Édition Nathan,1996, p392.
132
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
133
Chantebout (B) :« Droit constitutionnel et science politique ». Édition Armand Colin,Paris, 1995, p331.
134
Knapp (B) :« La révision de la constitution fédérale».Édition RFDC, Paris, 2000, p 405.
135
Massias (J.P) :« Chronique constitutionnelle des états d’Europe de l’est ».Édition RDP, Paris 2000, p134.
136
Duhamel (O):« Droit constitutionnel et politique ».Édition Seuil, Paris, 1994, p123.

30
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

achèvent cette première phase en insistant surtout sur l'architecture


constitutionnelle. C'est le moment où apparaissent le régime parlementaire et
l'affirmation du rôle du parlement.
1830, c'est l'affirmation de l'équilibre entre le roi déclinant et la nation
montante139. A un moment l'équilibre se fait entre les deux « l'orléanisme ».
1848, c'est en France le triomphe du principe démocratique « affirmation
du suffrage universel » et ailleurs la montée du suffrage, même si les monarchies
sont conservées voire même établies « par les unités allemande et italienne ».
Ces monarchies résultent de la volonté populaire : le principe de légitimité est
dans le peuple140.
La première guerre mondiale. Bouleversement des états, une carte
politique nouvelle : « l'effondrement des empires centraux », c'est-à-dire la
disparition de l'Autriche-Hongrie, le fait que l'Allemagne ne domine plus
l'Europe centrale141. C'est l'apparition de pays qui trouvent une indépendance
nouvelle, et qui doivent faire une constitution. D'où l'apparition de forces
constitutionnelles nouvelles142. L'effondrement des empires centraux donne
naissance à la république de Weimar143, et puis une série de régimes
parlementaires en Europe centrale « Autriche, Pologne,Tchécoslovaquie », avec
déjà un regard un peu plus moderne et l'apparition du parlementarisme
rationalisé144.
La révolution russe de 1917, c'est-à-dire une série de présupposés
idéologiques très différents de l'idéologie libérale sur laquelle fonctionne le reste
de l'Europe145. Les russes cherchent une vraie démocratie face à celle considérée
comme formelle, bourgeoise. On cherche à se rattacher à un modèle existant, et
notamment le système jacobin. Cette ligne constitutionnelle est affirmée dans
une série de constitution successive : 1918 en Russie, puis 1924 et 1936 pour
l'URSS, puis celle de 1967 « dernière de l'ère soviétique classique ».
La seconde guerre mondiale, est un peu la même chose. Là aussi, une
carte politique nouvelle, des régimes emportés par la guerre et la défaite « Italie,
Allemagne, et France aussi d'une manière différente »146.
D'abord les pays où se manifeste l'effondrement des régimes fascistes et
qui reviennent à un parlementarisme classique « Italie, Allemagne » et la
4ème république qui ressemble à 3ème république, puis le japon qui impose un
137
Duverger (M) :« Les grands systèmes politiques ».Édition PUF, coll. Thémis, Paris, 1990, p145.
138
Milacic (S) :« La démocratie constitutionnelle en Europe centrale et orientale».Édition Bruyant, 1998, p23.
139
Debbasch (C) : « Droit constitutionnel et Institutions politiques ».Édition Economica,Paris, 1990,p320.
140
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
141
Lesage (M) : « Constitutions d’Europe centrale, orientale et baltique».La documentation française, 1995,
p56.
142
Autexter (C) : « Introduction au droit public allemand».Édition PUF, 1997, p96.
143
Beguin (J) : « Le contrôle de la constitutionnalité des lois République Fédérale d’Allemagne».Édition
Economica, 1991, p91.
144
Meny (Y) : « Politique comparée .Les démocraties».Édition Montchrestien, 1996, p37.
145
Barry (F) et Lesage(M) : «URSS, la dislocation du pouvoir».La documentation française, 1991, p34.
146
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.

31
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

régime parlementaire147.
L'autre ligne, ce sont les pays avec une prise de pouvoir des partis
communistes148, donc une construction sur le modèle communiste149.
Le grand mouvement de décolonisation150 : les Etats nouveaux nés dans
les années 1960, et notamment en Afrique noire ; on importe plus ou moins les
constitutions des anciens empire. Les règles fonctionnent mal, d'où d'autres
recherches constitutionnelles151.
La sortie des dictatures, c'est-à-dire qu'à la fin du 20ème siècle disparaissent
les dernières séquelles de la seconde guerre mondiale et la carte politique qui en
étaient issue :
D'abord les dictatures d'extrême droite du Portugal et d'Espagne qui
avaient échappé à la guerre bien que plus ou moins alliées à l'Allemagne152. Ces
trois pays rejoignent très vite le modèle de la démocratie libérale. On voit là le
passage de régimes autoritaires de droite à des formes parlementaires
classiques153, et un parlementarisme moderne avec des constitutions qui tiennent
compte des expériences passées. S'accompagne du rétablissement de la
monarchie à l'anglaise en Espagne : le roi est un symbole et n'a que peu de
pouvoir politique154.
L’effondrement des régimes communistes en Europe de l'est et en Europe
centrale. Difficultés de l'URSS dans les 1980,difficultés économiques.
Changement institutionnel voulu par Gorbatchev en 1989/90. Créa l’agitation
dans les autres pays155.

Sous-section 1: Les modalités démocratiques d’établissement de la


constitution
Une assemblée constituante est un pouvoir constituant. Elle prend la
forme d'une assemblée de représentants d'un pays qui a pour mission
de rédiger ou d'adopter une constitution ou une modification de celle-ci, texte
fondamental d'un Etat organisant les pouvoirs publics. Dans le cas où
l'assemblée constituante n'est chargée que de la rédaction d'un projet, celui-ci est
entériné par le détenteur du pouvoir ou par référendum.
Suivant les circonstances, les membres de cette assemblée peuvent avoir
d'autres fonctions institutionnelles ou avoir été désignés expressément pour cette
147
Wojtyczek (K) : «Un nouveau régime parlementaire rationalisé : la Pologne». RDP, 1994, p. 379.
148
Fraissex (P) : «La constitution russe du 12 décembre 1993 : vers un nouvel Etat de droit».Édition R.D.P. ,
1994, p1769.
149
Soulet (JF) : « Histoire comparée des Etats communistes de 1945 à nos jours».Édition Colin, 1996.et Wirth
(N) : « Histoire de l’Union soviétique». P.U.F, 2e éd, 1992, p345.
150
Conac (G) : « L’Afrique noire en transition vers le pluralisme».Édition Économica, 1993, p39.
151
Roy (M) : « Les régimes politiques du Tiers Monde».Édition LGDJ, 1991, p122.
152
Grewe (C) : « Le système politique ouest-allemand».Édition PUF, Que sais –je ? n°2275, 1986, p59.
153
Capitant (R) : « Les régimes parlementaires ». In Mélanges Carré de Malberg. Édition Sirey, 1933.et
Colliard (JC) : « Les Régimes parlementaires». Presses de la FNSP, 1978,p89.
154
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
155
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.

32
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

mission. L'assemblée peut aussi être autoproclamée constituante, notamment


lors d'une crise : guerre civile, coup d'Etat, invasion... Elle peut aussi détenir ses
pouvoirs en vertu de la précédente Constitution ; dans ce cas, on parle plutôt de
révision constitutionnelle.

Paragraphe 1 : Assemble constituante:


Assemble constituante: élue par l’ensemble des citoyens, et lui confère le
soin de préparer la constitution, et même d’orienter l’élaboration de la
constitution.
Exemple:
- Constitution française 1791
- Constitution française 1875
- Constitution française 1946
- Constitution française 1848
Paragraphe 2 : Référendum constituant
Référendum constituant : Élaboré par l’assemblée constituante élu et voté
par le peuple156.
Exemple:
- Constitution française 1793
- Constitution française 1795
- Constitution française 1799

Sous-section 2: Les modalités non démocratiques d’établissement de


la constitution
Tout d'abord, selon les procédés non démocratiques, la constitution sera
établie par le souverain ou par le chef d'État. En effet, en l'établissant lui-même,
il consent à réglementer l'exercice de son pouvoir157.
Pour ce faire, il pourra opter pour la procédure de l'octroi, c'est le cas où le
souverain établit lui-même la constitution qu'il accorde au peuple. Mais il pourra
aussi opter pour la procédure du plébiscite. Dans cette dernière hypothèse, le
peuple n'exerce la souveraineté qu'en apparence. En outre, on va lui demander
de valider le coup d'état ou d'approuver telle ou telle réforme constitutionnelle.

Paragraphe 1 : La charte octroyée


Tel est le cas de la charte octroyée française de 1814 qui excluent toute
intervention du peuple158.
C'est un écrit regroupant un ensemble d'articles qui définissent les
responsabilités des acteurs de l'État français « le Roi et les deux Chambres ».

156
Quermonne (JL) : « Le référendum : essai de typologie prospective ».Édition RDP, 1985, p577.
157
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
158
Hamon(F) : « Le référendum. Etude comparative ».Édition LGDJ, 1995,p34.

33
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Dans ses Souvenirs de 1814, Louis-Philippe affirme que Louis XVIII ne


concevait pas la Charte comme une nouvelle loi fondamentale du royaume afin
qu'elle ne soit considérée comme une dérogation aux anciennes lois
fondamentales toujours en vigueur : c'est la raison pour laquelle la Charte ne
contenait rien de relatif à la succession à la Couronne ou à la régence. Louis
XVIII ne concevait pas la Charte comme un contrat synallagmatique entre le roi
et la nation mais comme un acte émané de lui-même, substituant simplement
deux Chambres aux anciens États-Généraux et aux Parlements, définissant les
attributions diverses que le roi leur conférait, réglant leur composition et leurs
rapports avec l'autorité royale.

Paragraphe 2 : La charte contractée ou Pacte


Tel est le cas en France de la constitution de 1830 « LOUIS PHILIPPE et
le parlement.
La place et le rôle du roi constituent, entre 1830 et 1840, le principal sujet
de discorde. Avec Thiers, la gauche du parti du mouvement voudrait faire
évoluer le régime vers un système nettement parlementaire dans lequel le
ministère est l'émanation des Chambres et « le roi règne mais ne gouverne pas ».
Selon Thiers, c'est parce qu'il a voulu gouverner contre la Chambre que Charles
X est sorti de la Charte et a été renversé, et c'est l'objet même du nouveau
régime que d'éviter que cette situation se reproduise : « Il fallait un nouveau roi
qui se considérât comme partie liée au contrat, qui admît le grand principe de
déférence aux vœux de la majorité ». Mais, les modérés du parti de la
résistance ne l'entendent pas ainsi et considèrent qu'au moins dans les premiers
temps du règne, la priorité absolue doit aller au rétablissement de l'ordre,
perpétuellement menacé par l'émeute et qu'il convient donc, selon la formule
du duc de Broglie, « de ne pas se presser de jouer en règle au gouvernement
parlementaire ».
L'avis de la droite rejoint l'inclination profonde de Louis-Philippe :
refusant d'être « un roi soliveau », il veut exercer une influence prépondérante
sur la direction du gouvernement, et ne pas se laisser imposer ses ministres.
Comme l'explique Pellegrino Rossi, porte-parole officieux du roi au sein de
l'Université :
« La royauté, dans notre système constitutionnel, est le centre autour
duquel tous les pouvoirs viennent se coordonner pour former un seul tout « ...
C'est dans l'élément monarchique qu'est posé le principe d'unité qui tient
ensemble les trois parties de la machine gouvernementale : la monarchie a une
part dans les trois branches du pouvoir , Elle n'est complètement étrangère à
aucun des grands pouvoirs de l'État ».« Le trône, déclare Guizot, n'est pas un
fauteuil vide , La couronne repose sur la tête d'une personne intelligente et libre,
elle n'est pas une simple et inerte machine ». Pour Louis-Philippe, les ministres
doivent être des exécutants dociles de la volonté royale : « Ils ont beau faire,

34
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

aime-t-il à dire, ils ne m'empêcheront pas de mener mon fiacre ». « Un


ministère, dit-il souvent, est un relais de poste. J'ai quelquefois de bons chevaux,
et le voyage est commode ; mais j'arrive à un relais où je suis obligé de prendre
des chevaux fringants et rétifs ; il faut bien faire la route, et, après tout, ce n'est
qu'un relais ».
Il admet le régime représentatif, c'est-à-dire une participation d'une élite
censitaire au gouvernement royal, participation qu'il juge inévitable compte tenu
de l'esprit du temps, mais il n'accepte pas le régime parlementaire, dans lequel
c'est le ministère qui endosse la responsabilité politique, le rôle de la couronne
devenant, dans le meilleur des cas, d'influence et, dans le pire des cas, se
réduisant à rien. Au contraire, Louis-Philippe, qui aime la popularité, veut
pouvoir s'attribuer le mérite de ce qui se fait de populaire. Lorsque Casimir
Perier meurt du choléra en mai 1832, il a ce mot significatif : « J'avais beau
faire, tout ce qui se faisait de bon était attribué à Casimir Perier, et les incidents
malheureux retombaient à ma charge ; aujourd'hui, au moins, on verra que c'est
moi qui règne seul, tout seul ».
Si l'on s'en tient à la lettre de la Charte de 1830, la lecture de Louis-
Philippe est certainement la plus conforme à l'esprit du texte constitutionnel.
Celui-ci n'a pas institué un régime parlementaire : la Chambre des députés ne
dispose pas du pouvoir de renverser le gouvernement, qui ne procède que du roi.
Néanmoins, l'esprit du temps ne peut se satisfaire d'une pratique trop
monarchique des institutions :
D'une part, les hommes nouveaux qui arrivent aux responsabilités
politiques ne sont pas disposés à supporter une configuration dans laquelle le roi
s'attribue toute la gloire de ce qui se fait de populaire, et laisse ses ministres
supporter le blâme de tout ce qui s'accomplit d'impopulaire.
D'autre part, la classe moyenne aspire à être associée de manière réelle et
étroite, par le biais de ses représentants, à la conduite des affaires du pays. Les
députés vont donc s'efforcer de démontrer leur capacité à obtenir la nomination
d'un ministère conforme aux vues de la majorité de la Chambre et à renvoyer
celui qui ne trouve pas, en leur sein, de majorité. La coalition formée pour
renverser le premier ministère Molé témoigne d'une tentative minutieusement
organisée pour écarter un gouvernement considéré comme l'émanation directe
du palais des Tuileries ; de manière paradoxale, elle aboutit en effet à un
changement de ministère, mais c'est Molé que Louis-Philippe désigne pour se
succéder à lui-même !
Ce conflit entre les députés et le roi occupe les dix premières années du
règne. Il est attisé par le tempérament de Louis-Philippe, habile manœuvrier, qui
veut gouverner et préserver ses marges d’initiative, notamment en matière de
politique étrangère et de défense, deux matières qu'il considère comme son
« domaine réservé ». Il a pour conséquence une très grande instabilité
ministérielle : sur les dix premières années du règne on compte quatorze

35
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

ministères, dont certains fort éphémères, comme le ministère Maret, surnommé


« le ministère des trois jours ». Louis-Philippe use et abuse du droit de
dissolution : il dissout sept fois la Chambre des députés , aucune chambre ne va
jusqu'au bout de son mandat , la plus courte ne va pas au-delà de 10 mois, la
plus longue n'excède pas 4 ans. Pour manipuler la majorité de la Chambre des
pairs, le roi use aussi de la technique dite des « fournées de pairs ». À cela
s'ajoute la faiblesse de nombre de ministères, avec à leur tête une « glorieuse
épée », c'est-à-dire un maréchal de France décoratif mais qui ne dirige pas
véritablement le cabinet et laisse le roi agir à sa guise.
Les présidents du Conseil forts , Jacques Laffitte, Casimir Perier, le duc
de Broglie , n'ont pas la confiance du roi, qui les soupçonne de vouloir le
déposséder de ses prérogatives.
Le conflit sur le rôle de la Couronne est mis en sourdine à partir de 1840.
C'est alors François Guizot qui devient le véritable chef du ministère et forme
avec Louis-Philippe un tandem efficace. Le gouvernement bénéficie du soutien
solide de la Chambre des députés, et de l'approbation des électeurs, qui
confortent sa majorité aux élections de 1846 par rapport à celles de 1842. Mais
cette stabilité ministérielle contrastant avec l'instabilité des dix premières années
et qui réalise, selon la formule de Prévost-Paradol, « une soudure dangereuse
entre l'élément fixe et l'élément mobile du régime parlementaire », ne peut
dissimuler une contestation grandissante de la légitimité même du régime, qui se
cristallise autour de la question de l'élargissement du suffrage, et qui finira par
emporter la monarchie de Juillet en 1848.

Paragraphe 3 : L’autorisation préalable

Tel est le cas de la constitution française de 1852.Louis-Napoléon met fin


à la Deuxième République par le Coup d'État du 2 décembre 1851. Ce même
jour, il fait afficher à destination des Français un Appel au peuple dans lequel il
explique son intention de restaurer « le système créé par le Premier consul ». Il
fait ratifier son coup d'État par plébiscite les 21 et 22 décembre 1851. Fort de ce
succès, il presse ses conseillers Rouher, Baroche, Troplong et Mesnard1 qui
rédigent extrêmement rapidement la nouvelle Constitution qui est promulguée le
14 janvier 1852.La Constitution est modifiée par sénatus-consulte le 7
novembre 1852 pour rétablir la dignité impériale en faveur de Louis-Napoléon.
L'Empire est proclamé le 2 décembre et une Constitution impériale est
promulguée le 25 décembre 1852 sans modifications importantes du texte du 14
janvier.

Sous-section 3: La révision de la constitution ou pouvoir constituant


dérivé ou institué
La révision de la constitution sa veux pas dire la remise en cause du

36
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

système politique159. Les révisions sont destinées à corriger les lacunes et les
imperfections techniques que peut révèlent le fonctionnement des institutions160.
Exemple: La constitution française 1958.
Il y a ensuite les révisions qui marquent un tournant ou un changement
important dans l’orientation politique du régime161.
Exemple: le passage de la Belgique de l’Etat unitaire à un Etat fédéral,
constitution 1994162.

Paragraphe 1 : La mise en œuvre des révisions


La première est celle de l’initiative du projet ou de la proposition de
révision elle appartient le plus souvent aux organes exécutifs et aux
parlementaires163.plus rarement, elle peut être reconnue à une fraction du peuple,
c’est ainsi qu’en suisse une pétition revêtue de 100000 signatures au moins suffit
à déclencher le processus de la révision sur le plan fédéral.
La seconde est celle de la discussion et de la décision soit par une
convention spécialement élue, soit par les assemblées parlementaires siégeant en
commun. Souvent selon une procédure plus solennelle et se prononçant à une
majorité qualifiée, qui peut être des deux tiers ou des trois cinquième des
membres composant ces assemblées164.
Enfin il peut parfois exister une troisième phase, qui est celle de la
ratification par le peuple ou par les états165 membres, comme on l’a vu « l’art .5
de la constitution des états unis exige une ratification par les trois quarts des
états ».

Paragraphe 2 : Les interdictions et limitations


La constitution peut contenir des dispositions prévoyant certaines
interdictions « par exemple qu’il ne pourra être porté atteinte à la forme
républicaine du gouvernement,art 2 de la loi constitutionnelle du 14 aout 1884,
art .89.5 de la constitution de 1958 » ou certaines limitations « par exemple qu’il
ne pourra être procédé à une révision pendant l’intérim de la présidence de la
république,art7 de la constitution de 1958.

Section 3 : Contrôle Constitutionnel

159
Starck (C) : « La constitution cadre et mesure du droit».Édition Économica, P.U.A.M, 1994, p37.
160
Verdel (G) : « Manuel élémentaire de droit constitutionnel ».Édition Sirey, 1984, p69.
161
Société française pour le droit international. l’État souverain à l’aube du XXI e siécle, colloque de Nancy
,1994.Troper (M) : « Pour une théorie juridique de l’État ».Édition PUF, 1994, p70.
162
Deleprée (F) : « Le droit constitutionnelle de la Belgique ».Édition Bruylant et LGDJ, 2000, p39.
163
Knapp (B) : « La révision de la constitution fédérale».Édition RFDC, 2000, p405.
164
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
165
Zoller (E) : «Splendeurs et misères de constitutionnalisme : les enseignements de l’exemple
américain».Édition RDP, 1994, p157.

37
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Le contrôle constitutionnel est un contrôle juridictionnel166. Il est destiné à


assurer que les normes de droit : lois, règlements, traités, respectent la
constitution qui est placée au sommet de la hiérarchie des normes.
Ce contrôle est une procédure dont le but est de garantir la suprématie de
la constitution en annulant tout acte qui lui serait contraire. La question qui se
pose et qui s'impose,alors, qu'est-il le sort d'une loi qui s'avère
anticonstitutionnelle ? Pour mieux comprendre et trouver une réponse à la
question précédemment posée, il est important de connaître les méthodes avec
lesquelles on procède à ce contrôle.
Exemple : Contrôle de constitutionnalité en France peuvent être ,et ont
été , contestées pour trois raisons167 :
- le Conseil constitutionnel ne peut être saisi que par des autorités
politiques : le Président de la République, le Premier Ministre, les Présidents des
deux Assemblées et, depuis la révision constitutionnelle de 1974, 60 députés ou
60 sénateurs, c'est-à-dire un ou plusieurs groupes de l'opposition, qui sont
aujourd'hui à l’origine de la quasi-totalité des saisines168 ;
- il s'agit d'un contrôle a priori : le Conseil constitutionnel peut être saisi
entre le vote définitif de la loi et sa promulgation. Une fois la loi promulguée, sa
constitutionnalité ne peut plus être mise en cause à l'occasion de l'application qui
en est faite aux citoyens ;
- il s'agit, enfin, d'un contrôle abstrait : le contrôle exercé par le Conseil
constitutionnel, avant l'entrée en vigueur de la loi, est un contrôle abstrait par
opposition au contrôle concret que peut exercer le juge constitutionnel lorsqu'il
est saisi, par voie d'exception, à l'occasion de l'application qui est faite d'une loi
à un citoyen.

Sous-section 1:Le contrôle par organisme politique


Dans le cas suivant, le contrôle constitutionnel est confié à un organisme
politique, ce dernier est habilité à rejeter la loi169 si elle est considérée
anticonstitutionnelle170.
Et ce après avoir voté la loi en question de la part du pouvoir législatif.
Alors ce type intervient avant que la loi ne soit promulguée171, donc le but
recherché est non de voir le degré de conformité des lois avec la loi suprême
mais d'empêcher l'adoption de telle ou telle loi qui semble anticonstitutionnelle.
166
Rueda (F) : « Le contrôle de l'activité du pouvoir exécutif par le juge constitutionnel. Les exemples français,
allemand et espagnol ».Édition LGDJ,2000, p45.
167
Favoreu (L) : « Les cours constitutionnelles».Édition Que sais-je?, n°2293, p39.
168
Beguin(C) : « Le contrôle de la constitutionnalité des lois République Fédérale d’Allemagne».Édition
Economica, 1991.
169
Favoreau (L) : « Recueil de jurisprudence constitutionnelle ».Édition LITEC, Paris, p227.
170
Favoreu (L) : « Les cours constitutionnelles».Edition, Que sais-je, Paris, n°2293,p56.
171
Ferstenbert (J) : « Le contrôle par le Conseil constitutionnel de la régularité des lois promulguées ».Édition
RDP 1991, p.339.

38
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Exemple :
Ce système a été adopté en France172, et spécifiquement dans la
constitution de l'année 1852 pendant le règne de Napoléon 1 er et Napoléon 3er, et
il était confié au Sénat. Or ceci n'était pas fiable, vu que le Senat était soumis à
l'appareil exécutif, d'où la violation du principe de séparation des pouvoirs.
Ajoutant à cela, ce type de contrôle se contente du côté politique
seulement or le contrôle constitutionnel173 est une affaire juridique174,qui rentre
dans le domaine des compétences des juges, d'où la nécessité d'un contrôle
judiciaire.

Sous-section 2:Le contrôle par un organisme judiciaire :


Le contrôle constitutionnel est confié à un tribunal, deux méthodes
différentes se présentent :

Paragraphe 1 : Contrôle par voie action


L'idée générale de ce contrôle est d'attribuer à tout citoyen le droit
d'annuler la loi anticonstitutionnelle par le biais d'un juge. Ce contrôle autorise
au juge d'abroger la loi qui semble anticonstitutionnel et faire en sorte qu'elle n'a
jamais existé175, d'où sa disparition définitive. Généralement, ce contrôle est
confié à une cour suprême ou spécialiser176.
Pour mieux concrétiser ce modèle, nous prenons à titre d'exemple la
constitution Espagnole de l'année 1931, qui a permis à toute personne physique
ou morale le recours vers le tribunal afin de protéger ses droits individuels et ses
libertés177. Pourtant, l'adoption d'un tel modèle rencontre plusieurs limites et
obstacles, car ce dernier peut faire objet de conflit entre l'appareil judiciaire et
les conseils politiques connus aussi par « Le parlement ».
La raison pour laquelle un conflit peut avoir lieu178, est que dans un pays
démocrate il est difficile d'accepter le fait de soumettre la loi traduisant la
volonté du peuple au contrôle judiciaire. Sans oublier que cette autorisation aux
citoyens ne fera que d'encombrer les tribunaux avec les procès.

Exemple :
En Allemagne: le contrôle par voie d’action « contrôle abstrait ».
Saisine du Tribunal constitutionnel par :

172
Frank (CI) : « Les fonctions juridictionnelles du Conseil constitutionnel et du Conseil d'Etat dans l'ordre
constitutionnel».Édition, LGDJ, Paris, 1974, p123.
173
Hamon (L) : « Les juges de la loi. Naissance et rôle d'un contre-pouvoir, le Conseil constitutionnel».Édition
Fayard, Paris , 1987, p45.
174
Genevois (B) : « La jurisprudence du Conseil constitutionnel. Principes directeurs».Édition, Que sais-je,
Paris, p344.
175
Favoreu (L) : « Les cours constitutionnelles».Edition, Que sais-je?, n°2293, p81.
176
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
177
Bastid (P) : « L'idée de constitution ».Édition Economica, 1985, p190.
178
Boudant (J) : « Le président du conseil constitutionnel ».Édition RDP 1987, p 589.

39
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

- Le gouvernement fédéral
- Le gouvernement d'un Land,
- Un tiers des députés du Bundestag
- Toute personne privée titulaire d'un droit fondamental pour violation de
ce droit « traité, loi, acte administratif, jugement » .
Délai : un an à compter de la publication pour les particuliers, aucun
délai pour les autorités politiques.

Paragraphe 2 : Le contrôle constitutionnel des lois par voie


d’exception :
Contrairement au contrôle constitutionnel179 qui se fait par voie d’action et
qui consiste que la loi jugée anticonstitutionnelle180 doit être présentée devant le
sommet judiciaire181 dans un état donné, le contrôle constitutionnel par voie
d’exception est un contrôle effectué devant un juge ordinaire182, non spécialisé à
l’occasion d’une quelconque action en justice183.
Il suffit que le justiciable invoque le non-respect de la constitution par la
loi appliqué contre lui, pour que le juge vérifie par la suite si cette loi est
conforme ou non à la constitution.
C'est-à-dire, les juges ordinaires ont habilités à examiner le non-respect
des lois par rapport à la constitution d’un Etat fédéré ou par rapport à la
constitution fédérale184. La Cour suprême n’intervient qu’en dernier recours
comme juge d’appel185.
Exemple:Le contrôle par voie d’exeption d’Allemagne :
Le Tribunal constitutionnel saisi soit par :
- Les juridictions « question préjudicielle ».
- Une partie au procès en contestation du jugement qui a tranché cette
question.

Paragraphe 3 : le contrôle constitutionnel des lois par la procédure


d’injonction :
Permet de faire un recours concernant la constitutionnalité d’une loi avant
qu’elle ne soit appliquée.
Donc, si une personne trouve qu’une loi nuit à ses intérêts et elle est aussi
anticonstitutionnelle, il a le droit de faire une demande au juge, lui sollicitant de

179
Deswarte (MP) : « L'intérêt général dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel ».Édition RFDC 1993,
n° 13, p23.
180
Drago (G) : « L'exécution des décisions du conseil constitutionnel : l'effectivité du contrôle de
constitutionnalité des lois ».Édition Economica, Paris : 1991, p234.
181
Burdeau(A) : « Droit constitutionnel ».Édition LGDJ, op-cit 67.
182
Beaud (O) : « Les nouvelles méthodes du conseil constitutionnel ». Op-cit 59 .
183
Cherot (GY) : « L'exception d'inconstitutionnalité devant le Conseil constitutionnel ».Op-cit59.
184
Lauvaux(P) : « Les grandes démocraties contemporaines».Édition Montchrestien, 1996, p60.
185
Pantelis (A) : « Les décisions essentielles du Conseil constitutionnel des origines à nos jours».Édition
l'Harmattan 1994, Paris , p 199.

40
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

faire une procédure d’injonction. Si le juge considère que cette demande est
tangible, il émit une injonction qui exhorte les fonctionnaires de s’abstenir de
suivre cette loi lors d’une action juridique identique186.

Paragraphe 4 : Le contrôle constitutionnel des lois par jugement


déclaratoire :
Ce mécanisme est utilisé dans le cas où les particuliers ou les personnes
publiques trouvent une ambiguïté187 au cours de l’explication de leurs droits ou
obligations réciproques et par conséquent s’opposent188.
Le juge dans ce cas va interpréter et expliquer l’objectif de la regèle son
l’annule189.
Exemple :
Le juge constate alors le fait que les conditions d'existence de ce droit
sont réunies190. C'est le cas par exemple d'un jugement de divorce ou
d'une adoption. Un jugement constitutif est nécessairement opposable à tous191.

Section 4:Le contrôle constitutionnel des lois


Le contrôle de constitutionnalité est un contrôle juridictionnel exercé afin
de s'assurer que les normes de droit « lois,règlements,traités » d'un Etat, respectent
la constitution. Celle-ci est en effet, placée au sommet de la hiérarchie des
normes.
Pour Michel de Villiers, professeur de droit constitutionnel, le contrôle de
constitutionnalité est une « Procédure ou ensemble de procédures ayant pour
objet de garantir la suprématie de la constitution en annulant, ou en paralysant
l'application de tout acte généralement une loi, qui lui serait contraire »

Sous-section 1: Le contrôle constitutionnel des lois en France


En France, la Constitution de 1958 a créé le Conseil Constitutionnel qui
est le garant de la constitutionnalité des lois. Initialement le Conseil
Constitutionnel ne pouvait être saisi qu'a priori, dans un délai d'un mois avant la
promulgation de la loi, uniquement par le Président de la République, le Premier
ministre, le Président de l'Assemblée nationale ou le Président du Sénat « article
61 de la Constitution de la Cinquième République ».

186
Aubert (J-F) : « De la constitution, Études en l'honneur de Helbing et Lichtenhan ».Édition
Montchrestien,1996,p67.
187
Favoreau (L) : « Le Conseil constitutionnel, organe régulateur de l'activité normative des pouvoirs
publics».Édition RDP 1967,p5.
188
Favoreau (L) : « Actualité de légitimité du contrôle juridictionnel des lois en Europe occidentale».Édition
RDP 1984, p147.
189
Keller (JT) : « Le Conseil constitutionnel face au gouvernement socialiste comparé à la Cour suprême face
au New Deal».Édition de la revue Pouvoirs ,n°35, 1985,p56.
190
Leben (Ch) : « Le Conseil constitutionnel et le principe d'égalité devant la loi ».Édition RDP, 1982, p185.
191
Lebreton (J) : « Les particularités de la juridiction constitutionnelle».Édition RDP,1983, p219.

41
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

A partir de 1971, Le Conseil Constitutionnel exerce un contrôle de


constitutionnalité de la loi non pas uniquement par rapport à la Constitution mais
par rapport à un ensemble de principes appelé « bloc de constitutionnalité ».
Depuis 1974, la saisine du Conseil Constitutionnel peut être faite par
un collège de 60 députés ou 60 sénateurs, ce qui, en ouvrant cette possibilité à
l'opposition, favorise un meilleur contrôle de la constitutionnalité des lois.
La réforme de la Constitution du 23 juillet 2008 permet désormais un
contrôle de constitutionnalité a posteriori, par voie d'exception, pour une loi déjà
promulguée.

Paragraphe 1: Le contrôle constitutionnel des lois en France : Sous la


ème
3 république
Il n'existait pas de contrôle à proprement dit Si ce n'est une appréciation
souveraine par les deux chambres du parlement exercée à égalité de droits sur
l'opportunité de discuter de tel ou tel texte192.

Paragraphe 2: Le contrôle constitutionnel des lois en France : Sous la


ème
4 république
Avec la constitution du 1946 Art 91, la France admet un contrôle
constitutionnel des lois assurées par le comité constitutionnel193, son rôle était
principalement de faire ménageant une phase de conciliation avec l'assemblé
national mais ce contrôle portait uniquement sur la régularité formelle des
lois194. Il ne pouvait pas conduire à annuler des lois anticonstitutionnelles, mais
seulement à retarder leur promulgation jusqu'à l'éventuelle révision de la
constitution195.

Paragraphe 3: Le contrôle constitutionnel des lois en France sous la 5


République: le conseil constitutionnel
Composition : neufs membres nommés pour 9 ans non renouvelables,
trois sont désignés par le président de la république, trois par le président du
sénat et trois par le président de l'assemblée Nationale196. Le conseil se
renouvelle par tiers tous les 3 ans, en outre les anciens présidents de la
république font partie aussi du conseil constitutionnel pour toute la vie.
L’intervention du conseil obligatoire, ou facultative.

A- L’intervention Obligatoire du conseil:

192
Rivero (J) : « Le Conseil constitutionnel et les libertés».Édition Economica, Paris, 1987, p192.
193
Pinto (R) : « Les techniques de contrôles de constitutionnalité».Édition RDP 1991, p527, et Poulain (B) : «La
pratique française de la justice constitutionnelle ».Aix-en-Provence - P.U. d'Aix-Marseille, Paris, Édition
Economica 1990, 309 p.
194
Renoux (Th) : « Le Conseil constitutionnel et l'autorité judiciaire ».Édition Economica, Paris, 1984, p206.
195
Rivero (J) : « Le Conseil constitutionnel et les libertés».Édition Economica, Paris, 1987, p192.
196
Robert (J) : « Conseil d'Etat et Conseil constitutionnel. Propos et variations».Édition RDP 1987, p151.

42
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Lorsque ça concerne les lois organiques liée aux articles constitutionnels,


ainsi les règlements intérieurs du conseil législatifs, ou on trouve la loi interne
de l'Assemblée Nationale et enfin la loi interne du Sénat197.

B- L’intervention facultative du conseil.

Les lois ordinaires : en 1958 seules les plus hautes autorités de l'état
avaient été autorisées à saisir le conseil constitutionnel, Président de la
république, le Premier ministre, le président du sénat198, et le président de
l’assemblée nationale, la révision constitutionnelle du 29 octobre 1974, en
entendant cette saisine à soixante députés et soixante sénateurs a changé la
portée du contrôle de constitutionnalité.
Elle a permis à l'opposition parlementaire d'agir juridiquement et au
conseil d'assurer une meilleure protection des droits et libertés des citoyens
garantis par la constitution.
Engagement International : le conseil décide en 1992 que l'autorisation
de ratifier en vertu d'une loi le traité dit « Maastricht » portant sur l'Union
européenne ne pouvait intervenir qu'après la révision de la constitution.
Suite à l’article 41 : Le conseil peut intervenir à la demande du
gouvernement, ou le demande de l’un des présidents des deux chambres en cas
de conflit herméneutique sur des textes législatifs ou organiques.

Sous-section 2: Le contrôle constitutionnel des lois au Maroc


Au Maroc, l’institution de la justice constitutionnelle est un fait ancien qui
s'est produit à l'aube de l'indépendance. C’est en effet dans le cadre de la
première Constitution, promulguée en décembre 1962 que fut créée au sein de la
plus haute juridiction du pays, la Cour suprême, une nouvelle Chambre, la
Chambre constitutionnelle chargée notamment du contrôle de
la constitutionnalité des lois.

Paragraphe 1 : Le contrôle constitutionnel des lois au Maroc


constitution de 1962 : Une chambre constitutionnelle
A- Composition :
Article 100.
Il est institué au sein de la Cour suprême une chambre constitutionnelle.

197
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
198
Revue Pouvoirs n°13 : « Le Conseil constitutionnel». Nouvelle édition, 1991, p324.

43
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Cette chambre est présidée par le premier président de la Cour suprême.


Article 101.
Elle comprend, en outre : Un magistrat de la chambre administrative de la
Cour suprême et un professeur des facultés de droit, nommés par décret royal
pour une durée de six ans ;
Deux membres nommés respectivement par le président de la Chambre
des représentants et le président de la Chambre des conseillers, au début de
chaque législature, ou après chaque renouvellement partiel.
B- Attributions:
L’article 103 de la constitution de1962 lui attribuait la charge de
statuer « sur la régularité de l’élection des membres du Parlement et des
opérations de référendum ».
En plus de ses compétences relatives au contrôle de la
constitutionnalité des lois organiques avant leur promulgation, celle des
Règlements intérieurs du Parlement avant leur mise en application.

Paragraphe 2 : Le contrôle constitutionnel des lois au Maroc


constitution de 1992 : Le conseil constitutionnel
A- Composition:
D’après l’article 77 de la constitution de 1992 la conseil constitutionnel
est composé de 9 membres dont 4 membres désignés par le Roi pour une durée
de six ans et 4 membres désignés par le président de la chambre des représentant
après consultation du groupe ainsi que le président du conseil constitutionnel qui
aussi désigné par Sa Majesté le Roi. Chaque catégorie de membres du Conseil
constitutionnel est renouvelable par moitié tous les trois ans.
Après l’avènement de la constitution de 1996 Art79, le conseil
constitutionnel était désormais composé de 12 membres, sa majesté le roi en
désigne 6 pour une durée de 9 ans, trois membres nommés par le président de la
chambre des représentants et 3 membres nommés par le président de la chambre
des conseillers. Chaque catégorie de membres est renouvelable par tiers tous les
trois ans.
B- Attributions:
Le conseil est habilité à constater la régularité des élections des membres
du Parlement et des opérations de référendum, à examiner la conformité des lois
organiques et du Règlement intérieur des Chambres du Parlement au texte de la
Constitution, ainsi qu’à se prononcer, sur demande des autorités désignées à cet
effet en vertu de l’article 81 de la Constitution, sur la conformité des lois à la
Constitution, préalablement à leur promulgation.
Les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun
recours ; elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités
administratives et juridictionnelles.
C- Décision:

44
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Les décisions sont au nom de sa Majesté le Roi à la majorité des 2 tiers


des membres du conseil constitutionnel. Elles comportent les articles justifiants
ces décisions et les visas des textes de références. Ces décisions sont signées par
les membres qui étaient présents lors de la séance ou elles ont été rendues. Elles
sont publiées au Bulletin officiel dans un délai n’excédant pas trente jours à
compter de la date où elles ont été rendues.
Remarque :
Selon l’article 81 de la Constitution : « les décisions du Conseil
constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours, elles s’imposent aux
pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles » .

Paragraphe 3 : Le contrôle constitutionnel des lois au Maroc


constitution de 2011 : La cour constitutionnelle :
A- Composition:
Selon l’article 130 de la constitution de 2011 la cour constitutionnelle est
composée de 12 membres dont le président de la cour, nommé pour un mandat
de 9 ans non renouvelable. 6 membre sont nommés par le Roi, 3 par le président
de la chambre des conseillers et 3 par le président de la chambre des
représentants. Chaque catégorie de membres est renouvelable par tiers tous les
trois ans.
B- Attributions:
La cour constitutionnelle a pour attributions toutes les attributions du
conseil constitutionnel à l’exception qu’elle est désormais selon l’article 133 de
la constitution de 2011 « compétente pour connaitre l’inconstitutionnalité
soulevée au cours d’un procès, lorsqu’il est soutenu par l’une des parties que la
loi dont dépend l’issue du litige porte atteinte aux droits et libertés garantis par
la Constitution».

Chapitre 3 : Le management du pouvoir


Séparation du pouvoir

Définition de la Rousse : « Principe de droit public, selon lequel les


pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire sont indépendants les uns des autres ».
Au sens juridique, La séparation des pouvoirs consiste à ne pas donner
toutes les fonctions d'un Etat à une seule entité. Ce principe distingue
généralement les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire respectivement
confiés au parlement, au gouvernement et aux juridictions199.

Section 1 : Le fondement de la théorie de séparation du pouvoir :


Ce principe nous vient directement des Britanniques200. C’est avec les
199
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
200
Dubourg(S) : « Pour une constitutionnalisation des droits et libertés en Grande-Bretagne».Édition Litec,

45
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Anglais, qu’à partir du 17éme siècle, ils ont commencés à le mettre en œuvre et a
le pratiqué201.
Ce sont aussi les premiers à avoir divisé le pouvoir politique qui était
détenus par une seule personne, le roi202. Le monarque anglais détenait ainsi le
pouvoir d’élaborer la loi, de l’exécuter et d’exercer la justice203.
Mais c’est au cours de la moitié du 18éme siècle que les penseurs politiques
français « comme Montesquieu » et Américain ont donnés un tout autre concept
qu’ils ont par la suite popularisé avec succès, on peut l’énoncer ainsi : « Une
même autorité ne doit pas cumuler entre ses mains tous les pouvoirs au sein de
l’état » .
On pourrait alors dire que la séparation du pouvoir devient à la fois un
« dogme » et un « lieu commun » de la pensé. Un « dogme » on pourrait dire
que toute société qui ne respecte pas le principe de séparation du pouvoir est
inévitablement despotique ou tyrannique. Du coup sa constitution n’est
considérée que du papier.Un « lieu commun » ce principe n’est ni constaté ni
critiqué par les partisans des lumières204.

Sous-section 1 : Le principe de séparation du pouvoir selon


Montesquieu :
Montesquieu élabore son système après avoir observé le système
britannique au court du 18éme siècle205, caractérisée d'après lui par « la liberté
des honnêtes gens à l'abri des lois », car il a déterminé que l’Angleterre était un
pays unique en s’en genre, ou les citoyens anglais pouvaient exercés leurs
libérés de la façon la plus normale qui soit. Et il pensait que tout cela est dû peut
être au climat politique qui régnait sur le principe de séparation du pouvoir.

Sous-section 2 : La justification du principe :


Montesquieu part du constat, que toute personne qui détient des pouvoirs
aura tendance à en abuser206. Autrement dit, il les utilisera sans respecter aucune
limite207, notamment le droit. Et Montesquieu fessait allusion à la monarchie
absolutiste qui était sans aucun doute présente à cette époque.
Donc il fallait selon lui instauré un « gouvernement modéré », idéal pour
instaurer les libertés et la sureté qui n’était pas garantie ou plus tôt
inexistantes208.

1991, Paris ,p234.


201
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
202
Dutheil (R) : « Le Royaume-Uni ».Édition, LGDJ, Paris, 1979, p118.
203
Frison, B) : « Civilisation Britannique ».Édition Ellipses, Paris, 1993, p30.
204
Evans (M) : « Democracy, the State and Civil Society ».Édition Dartmouth Publishing co., 1995, p 100.
205
Fitfoot (C) : « History and Sources of the Common Law - Tort and contract».Édition Londres : Stevens and
Sons, 1949, p 146.
206
Charlot (M) : « Le pouvoir politique en Grande-Bretagne».Édition PUF, Paris, 1990, p 190.
207
Keir (D) : « Cases in Constitutional Law».Édition Londres: Oxford University Press, 1967,p 159.
208
Gough (J) : « L'idée de la loi fondamentale dans l'histoire constitutionnelle anglaise».Édition PUF, Paris,

46
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Selon lui c’était de diviser le pouvoir, puis ne pas le confier dans son
entier à un seul titulaire, quel qui soit « Roi, Prince »209.
S’il est distribué à différents organes, individus, alors la puissance de
l’état sera mieux répartie, freinée et d’une autre façon la tyrannie sera évitée210.

Sous-section 3 : La fonction du principe


La fonction législative, éditer des lois : « Faire des lois pour un temps, ou
pour toujours, la corriger ou l’abroger ».
La fonction exécutrice, exécuter les lois et au sens large gouverner :
« Faire la paix ou la guerre, envoyer ou recevoir des ambassades, établir la
sureté et prévenir les invasions ».
La fonction juridique : punir les crimes ou juger les différends des
particulier.
Outre cela, nous dit Montesquieu, « tout serait perdu si le même homme
ou le même corps de principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces
trois pouvoirs ».211

Sous-section 4 : L’originalité du principe


Or ce principe maintenant est indiscutable, même banale mais il faut voir
qu’à cette époque c’était contradictoire. Il s'opposait en effet à des siècles de
pensée politique ; une pensée politique qui depuis les grecs « Platon, Aristote »
en passant par le Moyen-âge « Saint Thomas saint Augustin » admettait au
contraire les bienfaits du régime déconfisions des pouvoirs. Autrement dit, un
régime de monocratie « le pouvoir aux mains d’une seule personne » .
La monarchie. Ce régime ne tournera pas en anarchie car le roi devait
respecter les préceptes fournie par sa conscience ou sa religion qui seront le
guidé212.
Mais ni Montesquieu ni pas mal d’autres penseurs politique trouvaient
cette idée absurde et ils étaient convaincu que « la religion et la conscience »
étaient deux paramètres insuffisant voir même trop fragile213.
Il faut opposer au pouvoir du pouvoir et ne pas faire confiance à un seul
homme214. Autrement, il n’y aurait en aucun cas l’existence d’un état de
droit215.
Il pose à la base le principe de non-cumul des options : « Dans un régime
politique donné, il faut une fonction et une fonction seulement par organe » .

1992, p 224.
209
Jones (G.-W) : « Lettre de Londres».Édition in Revue Pouvoirs no 36, 1986,p23.
210
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
211
Journes (A) : « L’Etat Britannique».Édition Publisud, Paris, 1985, p 267.
212
Jowell (J): « The Changing Constitution ».Edition Oxford University Press, 1994,p342.
213
Lauvaux (Ph) : « Les grandes démocraties contemporaines ».Édition PUF, Paris, 1990, p513.
214
Leruez (J) : « La Grande Bretagne à la fin du XXe siècle. L’héritage du thatchérisme ».Édition de
documentation française, Paris, 1994, p161.
215
Kinder(G) : « Droit anglais, les institutions britanniques».Édition PUF, Que sais-je? Paris, 1995, p98.

47
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Le Roi aurait le pouvoir exécutif et le Parlement, le pouvoir législatif.


Mais, il ne s’agit pas de neutraliser les organes, mais d’en empêcher les abus,
ceci par la recherche d’un équilibre entre ces pouvoirs séparés216, dans un but de
les forcer à collaborer217. Pour les équilibrer, on va mettre en place un système
de poids et de contrepoids juridiques institutionnels, qu’il faut poursuivre par
deux objectifs :
« Il faut que le pouvoir arrête le pouvoir » : pour atteindre cet idéal218,
cela suppose que chaque pouvoir soit doté de deux facultés :
- De statuer : c’est une capacité reconnue à chaque pouvoir d’action
politique, matérialisée par l’édiction de normes juridiques c’est une capacité
décisionnelle.
- D’empêcher : c’est une capacité de remise en cause de l’action politique
menée par d’autres organes.

Section 2 : La relation entre les pouvoirs219


Il y a trois sortes de relations entre les pouvoirs :
- La relation entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
- La relation entre le pouvoir législatif et le pouvoir juridique.
- La relation entre le pouvoir exécutif et le pouvoir juridique.

Sous-section 1 : La relation entre le pouvoir législatif et le pouvoir


exécutif.
La répartition des gouvernements et des régimes politiques contemporains
fonctionnent220, suivant une relation entre le pouvoir législatif et le pouvoir
exécutif, tout en gardant de côté les relations concernant le pouvoir juridique221.
Les liens entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif sont de trois
222
types:
S’il y a une relation d’indépendance cela donne lieu à un régime
présidentiel : c’est un régime ayant adopté une séparation stricte des pouvoirs ;
dans la mesure où le Parlement et l’exécutif sont séparés, théoriquement sans
prise l’une sur l’autre, représenté par les Etats-Unis.
S’il y a une relation caractérisée par l'assujettissement de l'exécutif au
législatif223. Alors on aura un régime d'assemblée ou conventionnel qui est un
système institutionnel dans lequel une assemblée, unique et souveraine, élue au

216
Leruez (J) : « Les institutions de la Grande-Bretagne».Édition Dollaz, Paris, 1989, p422.
217
Laski (H) : « Le gouvernement parlementaire en Grande-Bretagne».Édition PUF, Paris, 1950, p200.
218
Lamoine (G) : « Histoire constitutionnelle anglaise».Édition PUF, Paris, 1995, p128.
219
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
220
Meny (Y) : « Politique comparée. Les démocraties».Édition Paris : Montchrestien, 1991, 3e éd. 479 p.
221
Punnett (R): « British government and politics, Aldershot (Hampshire, England): Dartmouth Pushing
Company, 1994, 6e éd. p608.
222
Lurbe (P) : « Le Royaume-Uni aujourd’hui».Édition Hachette, Paris, 1996, p154.
223
Mathiot (A) : « Le régime politique britannique».Édition Colin, Paris, 1955, p336.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

suffrage universel, détient tous les pouvoirs224.

Quand le Gouvernement incarne le pouvoir exécutif, peut être renversé


par le Parlement devant lequel il est politiquement responsable, alors la on parle
de régime parlementaire : qui est un régime politique fondé sur une séparation
souple des pouvoirs c’est-à-dire que l'organisation d'un Etat dans lequel les
différents pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire, collaborent et dialoguent
afin de garantir un fonctionnement régulier des pouvoirs publics225.
Exemple: le Royaume-Uni et la plupart des régimes parlementaires

Sous-section 2 : La relation entre le pouvoir législatif et le pouvoir


juridique
Pour le régime américain : Le principe de séparation du pouvoir a permis
le contrôle de constitutionnalité des lois c’est-à-dire226, qu’aux États-Unis, le
contrôle constitutionnel se fait par voie d'exception227, ceci dit il ne se fait pas de
droit mais c'est la Cour Suprême qui décide de se saisir d'une affaire qui
l'intéresse et c’est elle qui décide si les lois des États-Unis ou celles des
différents États, sont conformes à la constitution. Lorsqu'une loi est déclarée
inconstitutionnelle228, elle n'est pas directement « annulée » mais plutôt «
suspendue » dans son exécution229.
Explication :
Pour être un peu plus claire il y a un contrôle direct du Congrès envers le
juge en ce qui concerne sa conformité à la constitutionnalité des lois ou sa non-
conformité à cette dernière. C’est-à-dire savoir si le juge suit tout ce qui se
trouve dans la constitution ou pas.
Par contre en France et au Maroc, il y a une indépendance directe entre le
parlement et le juge. Le parlement n’intervient pas dans l’application des lois,
mais c’est au juge de tranché, il est libre dans son application des lois.

Sous-section 3 : La relation entre le pouvoir exécutif et le pouvoir


juridique.
Elle se définit sur deux points essentiels230 :
Premièrement dans le choix des juges231 : suivant des élections « modèle

224
Heymann(A) : « Les régimes politiques ».Édition LGD, 1998, p78.
225
Troper (M) : « La séparation des pouvoirs et l'histoire constitutionnelle française ».Édition LGDJ, 1980, p93.
226
Lerat (C) : « La cour suprême des Etats-Unis : pouvoirs et évolution historique ».Édition Bordeaux,
Bordeaux , Presses Universitaires de Bordeaux, 1987, p130.
227
Levasseur (A) : « Droit des Etats-Unis ».Édition Dalloz, Paris, 1994, p188.
228
Lockhart (W): « The American Constitution Cases – Comments – Questions».American Casebook Series; St
Paul (Minnesota) : West Publishing Company, 1992, 7e éd., p300.
229
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
230
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
231
Brege (A) : « Les fondements de la démocratie américainex».Édition , Presse de l’IEP de Toulouse, 1991,
p182.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

américain »232.
- Suivant le contrôle du conseil supérieur de magistrature « modèle
français ».
- Suivant l’article 51 de la procédure pénale de 2003 le ministre de la
justice est le seule responsable de la politique criminel, donc c’est lui
qui nomme les juges.
- Suivant une nomination approuvée par le Lord Chancelier , ministre de
la Justice « modèle anglais ».
Deuxièmement : dans le contrôle de l’administration : tribunal selon le
modèle américain : les administrations sont condamnées et sanctionnées selon
les mêmes lois que subit un citoyen ordinaire, il n y a aucune différence entre
eux.
En France ou au Maroc : il y a l’institution d’une juridiction
administrative ou les actes de l’administration ont pu être contestés, mais devant
une juridiction distincte de l’autorité judiciaire. « Tribunaux administratifs ».

Paragraphe 1 : Le régime présidentiel


On désigne par régime politique le mode d’organisation des pouvoirs
publics : mode de désignation, compétences, définition des rapports entre les
différents pouvoirs.
Les Etats Unis d’Amérique sont considéré comme un exemple concret au
régime présidentiel. Or, ce régime intègre une séparation stricte des pouvoirs, ou
les trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire233, sont spécialisés et
organiquement séparés234. Aucun d'entre eux ne peut empiéter sur les
prérogatives des autres. Ils sont indépendants à la fois dans leur mode de
désignation et dans leur fonctionnement avec une absence d'interférences
réciproques235.
Mais en réalité, on ne peut pas proclamer qu’il y a réellement une
séparation rigides des pouvoirs, dans la vie politique, elle exige une certaine
souplesse et une fluidité qui permette une collaboration entre eux236, sinon on
assistera a des lois qui condamnent a la destruction d’un état de droit237.

A- Le pouvoir législatif ?
Le congrès est composé de deux chambres :
Le Sénat, chaque Etat est représenté par deux délégués, soit 100 sénateurs

232
Brown (B) : « L’Etat et la politique aux Etats-Unis, Paris ».Édition PUF, Thémis, Paris, 1994, p278.
233
Closkey (R) : « La cour suprême des Etats-Unis ».Édition Seghers, Paris, 1965, p 319.
234
Closkey (R) : « La cour suprême des Etats-Unis ».Op-cit311.
235
Dans le même esprit, on doit signaler l’ouvrage très complet mais ancien de Tunc (AS) : « Le système
constitutionnel des Etats-Unis d’Amérique ».Édition Montchrestien ,1953-1954, p45.
236
Juillard (P) : « Vers un New Deal en matière constitutionnelle aux Etats-Unis ».Édition Pouvoirs n° 9, 1979,
p183.
237
Neustadt (R) : « Les pouvoirs de la Maison-Blanche ».Édition Montchrestien, 1968, p46.

50
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

.Qui sont élus aux suffrages universels238 .


La Chambre des représentants,ou leurs nombres proportionnels à la
population, s’élève actuellement à 435. Le nombre total de représentants est
déterminé par le Congrès.
I- Comment se déroule les élections présidentielles aux états
unis239
En Amérique Il y a 50 états. Avec seulement deux parties Les républicains
et Les démocrates,Pour désigner le candidat qui représentera chacun des deux
parties aux élections, il faut choisir des délégués de partie240 :
- Soit par le caucus : réunion internes au partie.
- Soit par un primaire : vote ouvert à tous ou réservé au seul membre de
la partie.
Une fois Les délégués choisis, ils se rendent à la convention nationale de
la partie pour élire officiellement leur candidat241.
1- Principale fonction du président:
Veiller sur le respect de la Constitution et assurer l’application des lois
votées par le Congrès242.
2- Autres fonctions du président :
- Recommander au Congrès l’adoption de lois ;
- Convoquer le Congrès en session extraordinaire ;
- Transmettre des messages au Congrès ;
- Signer la promulgation des lois ou leur opposer son veto ;
- Nommer les juges fédéraux, nommé les dirigeants des départements
« ministères » et des agences ainsi que les principaux fonctionnaires
fédéraux, nommer des représentants auprès de gouvernements
étrangers.
- Entretenir des relations officielles avec les Etats étrangers ;
- Exercer la fonction de commandant en chef des forces armées ;
- Accorder le droit de grâce pour les crimes et délits commis à
l’encontre des Etats-Unis.
Le président est privée de d’autres fonctions 243 : il n’est pas responsable
politiquement devant le congrès, et en application de la théorie de la séparation
des pouvoirs la constitution ne donne aucune compétence législative au
président244.
Le président ne peut pas dissoudre le congrès.il n’intervient pas ni dans
l’organisation ni la date de réunion du parlement.

238
Jefferson (T) : « La liberté et l’Etat».Édition Seghers, Paris, 1970, p30.
239
Gerard (P) : « L’élection américaine de 1984 ». Édition LGDJ, Paris, p310.
240
Kaspi (A) : « Les Américains. Les Etats-Unis de 1607 à nos jours ». Édition Le Seuil, Paris : 1986, p45.
241
Gerard (P) : « Le président des Etats-Unis». Édition PUF, Que sais-je ? n° 2585, 1994, p231.
242
Toinet (MF) : « Le système politique des États-Unis».Édition PUF, Paris, 1990, p45.
243
Gerard (P) : « L’élection présidentielle américaine de 1984 ».Édition LGDJ, 1987, p89.
244
Toinet (MF) : « La présidence américaine ».Édition Montchrestien, 1992, p78.

51
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Le président dispose d’un pouvoir exécutif et il n’intervient pas dans


l’élaboration de la loi245. Et il ne peut pas être membre du parlement246.

II- Les pouvoirs de la Chambre et du Sénat (congrès) :


Les deux chambres du Congrès ont le pouvoir de présenter des
propositions de loi sur n’importe quel sujet247, à l’exception des lois fiscales,
privilège de la Chambre des représentants.
Les pouvoirs du Congrès des Etats-Unis, qui sont étendus, sont énumérés
dans la section 8 de l’article premier de la Constitution248
- Lever et percevoir les impôts ;
- Lancer des emprunts pour le Trésor public ;
- Établir des lois et des règlements régissant le commerce entre Etats et
avec les pays étrangers 249;
- Élaborer des règlements uniformes pour la naturalisation des étrangers;
- Battre la monnaie, en arrêter la valeur et punir les faussaires ;
- Fixer les étalons des poids et mesures ;
- Établir des lois uniformes en matière de faillite pour toute l’étendue du
territoire national ;
- Accorder des brevets et des droits d’auteur ;
- Constituer un système de tribunaux fédéraux250 ;
- Punir les actes de piraterie ;
- Déclarer la guerre ;
- Lever et entretenir des armées ;
- Créer et entretenir une marine de guerre ;
- Faire appel aux milices pour assurer l’application des lois fédérales251;
- Réprimer les troubles et repousser les invasions de forces étrangères;
- Élaborer toutes les lois pour le gouvernement fédéral, à Washington ;
- Élaborer toutes les lois nécessaires pour appliquer la Constitution252;

B - Les caractéristiques du régime présidentiel :


L’équilibre entre les deux pouvoirs : l'exécutif et le législatif sont élus au
suffrage universel et sont donc également légitimes.
Le monocéphalisme de l’exécutif. En régime présidentiel, l’exécutif est
tout entier confié au Président253, qui endosse donc à la fois les fonctions de chef

245
Neustadt (R) : « Les pouvoirs de la Maison Blanche ».Édition Economica, Paris, 1980, p 29.
246
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
247
Ogg (A) : « Le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique ».Édition PUF, Paris ,1958, p 36.
248
Orban (E) : « Fédéralisme et cours suprêmes».Édition Bruylant, Bruxelles, 1991, p 140.
249
Pierre (H) : « La vie quotidienne à la Maison Blanche au temps de Reagan et de Bush ».Édition Hachette,
1990,p67.
250
Orban (E) : « La cour suprême aux Etats-Unis et le processus démocratique ».Édition RDP, 1990, p 23.
251
Toinet (M) : « La présidence américaine».Édition Montchrestien, Paris, 1987, p 129.
252
Tunc (A) : « Les Etats-Unis».Édition LGDJ, Paris, 1973, p 26.
253
Tunc (A) : « Le système constitutionnel des Etats-Unis d’Amérique».Édition Domat, Paris, 1983, p179.

52
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

de l’Etat et de chef du « gouvernement », ceci dit, le président et en même temps


chef d’état et chef du gouvernement254.
Le président n’intervient pas dans l’élaboration de la loi, il peut seulement
s’opposer à une loi votée par le congrès en opposant son droit de veto255.
L’absence de moyens de révocabilité mutuelle. L’indépendance des
organes signifie aussi qu’ils ne peuvent se démettre mutuellement. Le Président
n'est pas responsable devant le Parlement. Il ne peut être renversé. Le Parlement
ne peut être dissous par le Président256.

C- Les quelques exceptions qui existe entre les deux pouvoirs :


Le Sénat possède aussi des pouvoirs exclusifs comme l’approbation des
nominations présidentielles de hauts fonctionnaires fédéraux ainsi que la
ratification de tous les traités à la majorité des deux tiers. Un vote défavorable
dans l’un ou l’autre cas annule l’action de l’exécutif257.
Dans le cas de mise en accusation des hauts fonctionnaires fédéraux 258, la
chambre des représentants est la seule qualifiée pour réunir les charges qui
peuvent conduire à un jugement259.
Le président, principal responsable de la politique publique, joue un rôle
important en matière de législation. Il peut opposer son veto à toute proposition
de loi adoptée par le Congrès260.
Le président peut émettre des ordonnances, des règlements et des décrets
lois « exécutive ordres » qui n’exigent pas l’assentiment du Congrès.
En sa qualité de commandant en chef des forces armées des Etats-Unis, le
président peut même placer sous commandement fédéral les unités de la Garde
nationale des différents Etats.
En temps de guerre ou dans une situation d’urgence nationale, le Congrès
peut accorder au président des pouvoirs plus étendus pour administrer
l’économie nationale et assurer la sécurité des Etats-Unis.

D- Le pouvoir judiciaire
Qui peut se trouver à arbitrer les différents entre l'exécutif et le législatif, a
donc une place particulièrement importante.

Paragraphe 2 : Le régime d’assemblée ou conventionnelle


Le régime d’assemblé est une classification des régimes politiques, c’est
un système institutionnel dans lequel tous les pouvoirs procèdent d’une

254
Brown (E) : « L’Etat et la politique aux Etats-Unis ».Édition PUF, Paris, 1994, p67.
255
Gerard (P) : « Le Président des Etats-Unis ».Édition PUF, n°2585, 1991.p123.
256
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
257
Tushnet (M) : « Constitutional law».Édition Dartmouth Publishing co. 1992, p 242.
258
Brown (E) : « L’Etat et la politique aux Etats-Unis ».Édition PUF, 1994, p67.
259
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
260
Gerard (P): « Georges Bush President. Histoire d’une élection ».Édition Presses univers. Nancy, 1989,67.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

assemblée élue au suffrage universel direct.

A- Les caractéristiques des régimes d’assemblée :


La complète subordination de l’exécutif par rapport au législatif.
La forme collégiale de cet exécutif dépendant, et donc l’absence d’un chef
de l’état.
La confusion des pouvoirs au profit de l'assemblée qui ne peut être
dissoute.
Le régime parlementaire se distingue du régime d’assemblée par une plus
grande séparation des différents pouvoirs, et par l’existence de mécanismes de
régulation en cas de désaccord entre l’exécutif et les assemblées parlementaires.
La principale caractéristique du régime parlementaires réside dans
la nécessité pour le gouvernement de disposer de la confiance de la majorité
parlementaire : il est donc responsable devant elle et doit remettre sa démission
s’il ne dispose plus d’une majorité261.
Par contre dans les régimes d’assemblée le gouvernement, révocable à
tout moment, ne dispose d'aucune indépendance262.

B- L’application du régime d’assemblé:


Le régime d’assemblé n’est le plus souvent pratiqué qu’à titre transitoire
par des assemblées chargées d’élaborer une Constitution. Tel fut notamment le
cas, en France, de la Convention 1792-1795 : on parle pour cette raison de
régime conventionnel.
Actuellement, peu de pays mettent en pratique ce régime politique. La
Suisse est un des rares États.

Paragraphe 3 : Le régime parlementaire


Un régime parlementaire est un régime politique fondé sur
la collaboration des pouvoirs entre le corps législatif « le Parlement » et le corps
exécutif « le gouvernement ». Dans un régime parlementaire, le premier ministre
est le chef du parti politique qui, à l’issue des élections générales, a réussi à faire
élire le plus grand nombre de députés. C’est le cas, par exepmle, pour la Grande-
Bretagn
Le parlementarisme vise à limiter le pouvoir royal ; le régime
parlementaire est ainsi avant tout un produit de l'histoire européenne263.

A- Caractéristiques du régime parlementaire:


La doctrine classique affirme que le « vrai » régime parlementaire est
caractérisé par l'équilibre des pouvoirs. Chaque pouvoir « législatif, exécutif »

261
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
262
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
263
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

dispose de moyens d'action à l'égard de l'autre : le parlement contrôle l'activité


du gouvernement et peut le révoquer en mettant en jeu sa responsabilité
politique ; en contrepartie, le gouvernement ouvre et clôture les sessions
parlementaires, il a un droit d'entrée et de parole devant les chambres, il dissout
le parlement, « tout au moins la chambre basse »264.
À l'intérieur même de chaque grand organe, il existe un dualisme et un
équilibre : au sein du parlement, une chambre basse élue au suffrage universel et
une chambre haute désignée soit par cooptation, soit par voie de suffrage
indirect ; au sein de l'exécutif, un chef d'État « monarque ou président de la
République » irresponsable et un cabinet ministériel responsable devant le
parlement265.
L’instabilité politique qui avait marqué les dernières années de la 3éme
République s’est maintenue et accrue sous l’IVème République, malgré les efforts
pour introduire dans la Constitution de 1946 certains éléments rationalisant les
rapports entre l’exécutif et le législatif.
Sous la Vème République266, la restauration de l’autorité et de la stabilité
de l’exécutif s’est appuyée sur deux éléments essentiels : les pouvoirs confiés au
président de la République et son élection au suffrage universel, d’une part, et
l’adaptation des rapports entre le Parlement et le Gouvernement au monde
moderne, d’autre part. Cette adaptation est appelée « parlementarisme
rationalisé ». Peut-on dire aujourd’hui que les objectifs que s’étaient assignés les
constituants de 1958 ont été atteints dans ce domaine?
Le parlementarisme rationalisé vise à protéger l’exécutif contre le
Parlement, mais on peut se demander si cet objectif n’a pas été dépassé et si on
n’a pas abouti à un excès de mise en tutelle du Parlement.
L’objectif du parlementarisme rationalisé est de rétablir l’équilibre entre
les pouvoirs du gouvernement et ceux du Parlement267.
Cela se traduit par une affirmation de la prééminence de l’exécutif et par
un développement des moyens dont il dispose pour défendre ses prérogatives
contre les empiétements du Parlement.
Le parlementarisme moniste se définit par le fait que le gouvernement
n'est responsable politiquement que devant le Parlement et non devant le chef de
l'État « qui peut être un monarque ou un Président ».
À l'inverse, dans le cadre d'un régime parlementaire dualiste, le
gouvernement est responsable politiquement à la fois devant le Parlement et
devant le chef de la nation.

1- Le régime dualiste:
264
Turpin (D) : « Le régime parlementaire ».Édition Dalloz, 1997, p45.
265
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
266
Venezia (J). : « Sur l’exercice de la fonction exécutive par le parlement de la V e République ». in Mélanges
Burdeau, p81.
267
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Le régime parlementaire dualiste était initialement le seul régime


parlementaire pratiqué. Apparu dans des monarchies européennes, en
Angleterre de 1792 à 1834, en France de 1830 à 1848 et en Belgique à partir de
1831, il marque une étape majeure entre l’absolutisme royal et la souveraineté
du peuple.

2- Le régime moniste :
Sous un régime parlementaire moniste ou classique, le chef de l’État ne
joue un rôle politique que très minime, son statut est avant tout honorifique et il
est principalement le symbole et le garant de l’unité nationale.
Le gouvernement n’est responsable que devant le Parlement, d’où le nom
de parlementarisme moniste, et le chef du gouvernement généralement appelé
Premier ministre, ne peut être révoqué par le chef de l’État même si dans
certains pays, le pouvoir de nomination est formellement entre ses mains.
Exemples : Angleterre, Japon, Inde, Canada...

B- L'analyse juridique du régime parlementaire :


Le régime parlementaire se base sur trois principes :
- L’équilibre entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
- La coopération entre les deux pouvoirs.
- L’existence des moyens de pression mutuelle dans les mains de chacun
des deux pouvoirs268.
Et de ces trois principes on peut déduire les règles suivantes : un régime
parlementaire est dit « dualiste », lorsque le gouvernement est politiquement
responsable à la fois devant le parlement et devant le chef de l'Etat. Ce dernier,
qui joue un rôle politique actif est l'héritier des anciens monarques absolus, qu'il
soit le roi ou le président. La responsabilité de l'exécutif devant le pouvoir
législatif et devant le chef d'Etat est fondé sur les principes d'égalité et de
collaboration de ces deux pouvoirs, ainsi qu'un équilibre entre responsabilité
ministérielle et droit de dissolution.

Section 3 : Collaborations du pouvoir exécutif et législatif


Le pouvoir réglementaire est défini comme le pouvoir dont disposent les
autorités exécutives et administratives de prendre unilatéralement « c’est-à-dire
sans l’accord des destinataires » des actes exécutoires comportant des
dispositions générales et impersonnelles269.
Le pouvoir réglementaire a connu en 1958 une évolution importante. En
effet, contrairement à ce qui existait auparavant, les normes réglementaires ne
sont plus seulement des textes d’application des lois. Aux termes de l’article 37
de la Constitution du 4 octobre 1958, il existe un pouvoir réglementaire
268
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
269
Colliard (J) : « Les régimes parlementaires contemporains». Presses de la FNSP, Paris, 1978, p 168.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

autonome, intervenant dans des domaines où la loi n’a pas sa place270.

Sous-section1 : Le régime parlementaire anglais :


Le système britannique garantit la légitimité du gouvernement 271 , où on
peut trouver que l’autorité n’est pas médiatisée : elle est attribuée dans son
entier, au moment des élections législatives, toute l’autorité découle de ces
élections et où la responsabilité est diffusé, tant que le parti du gouvernement
détient la majorité politique, il reste et quand il ne l’a plus, il quitte le
gouvernement, et il entre dans l’opposition, c’est ce qu’on appelle l’alternance et
la cohabitation.
Il garantit également l’existence des contrepoids réels où l’importance des
juridictions enracinées dans la vie locale et gardiennes de l’Etat de droit, les
mécanismes parlementaires de contrôle du gouvernement et enfin nulle part
ailleurs, l’opposition ne joue un tel rôle qu’en Grande-Bretagne puisque
l’opposition est institutionnalisée.

Sous-section 2 : Le régime parlementaire français:


La Révolution de 1830 provoque l'abdication de Charles X qui avait
essayé de museler l'opposition en prenant des ordonnances qui suspendaient
notamment la liberté de la presse, l'élimination de la branche ainée des Bourbons
au profit de Louis-Philippe, Duc d'Orléans. Celui-ci contrairement à ses
prédécesseurs, va passer un véritable compromis avec la révolution et va
admettre l'implantation d'un parlementarisme qui a cependant le défaut d'être
dualiste et de ne pas avoir de base populaire.

Chapitre 4 : La compétition pour le pouvoir


Election et modes de scrutin

Le mode de scrutin permet le passage du décompte des voix à la


désignation des élus. Le système électoral recouvre, lui, l’ensemble des
déterminants de l’élection et des conséquences des modes de scrutin « effets sur
l’organisation des partis, les alternances ».
Alors que, après de longues luttes pour l’établissement de ses règles et
l’extension de son champ, le principe de l’élection au suffrage universel fait
aujourd’hui l’unanimité dans les démocraties représentatives, il n’en va pas de
même pour le choix du mode de scrutin. Ce dernier apparaît comme un savant

270
Naimi (M) : «Droit constitutionnel et Grand système politique».op-cit10-189.
271
Bukke (F): « Party Parliament and American crisis 1729-1797». Édition Oxford: Clarendon , Press,
1981,p34.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

mélange où interviennent notamment l’histoire politique nationale, les besoins


de représentativité, l’opinion des partis. Les modes de scrutin peuvent aussi
varier dans le temps.

Section 1 : L’élection et sa nature :


En étymologie, le mot élection provient du verbe latin « eligere » et du
substantif « choix ».
L’élection272 est un choix réalisé au moyen d'un suffrage « vote,
approbation » auquel toutes les personnes disposant du droit de vote, le corps
électoral, sont appelées à participer pour désigner ses représentants qui se
chargent, en son nom, et à sa place, de décider des affaires publiques. Son
objectif est la désignation d'une ou plusieurs personnes pour exercer un mandat
électoral « politique, économique, associatif, syndical, social » durant lequel elle
représente leurs électeurs. Par son vote, le corps électoral leur transfère la
légitimité nécessaire pour exercer le pouvoir attribué à la fonction objet de
l'élection273.
Les élections peuvent être géographiquement274, soient locales,
régionales, provinciales, municipales, et du point de vue des statuts, soient
sénatoriales, législatives et présidentielles.

Sous-section 1 : L’élection
Le système électoral, mode de scrutin ou régime électoral, désigne tout
type de processus permettant l'expression du choix d'un corps électoral donné,
souvent la désignation d'élus pour exercer un mandat en tant que représentants
de ce corps « élection », ou moins souvent le choix direct « référendum » d'une
option parmi plusieurs.
Dans le cadre d'élections, les systèmes électoraux sont soit des scrutins
utilisant la règle de la majorité, dits scrutins majoritaires, soit des systèmes
cherchant à représenter plus ou moins fidèlement le vote des électeurs via le
principe de la représentation proportionnelle, soit des systèmes mixtes alliant ces
deux types de système. Différents modes de scrutin peuvent donner des résultats
très différents, en particulier dans les cas où il n'y a pas de préférence clairement
majoritaire en faveur d’une seule et même option. À ce jour, plusieurs systèmes
sont en vigueur ou proposés.
Un système électoral est une méthode de transformation des suffrages en
élus qui n'est pas sans influence sur la façon de « faire de la politique » par les
parties en présence, les systèmes d'alliances, l'organisation des campagnes

272
Cadart (J) : «Régime électoral et régime parlementaire en Grande-Bretagne». Édition A.Colin, Paris, 1948,
p124.
273
Amor (A),Ardant(Ph), Roussillon (H) : « Le suffrage universel ». Édition Presse de l'Université des Sciences
de Toulouse, 1994,p51.
274
Masclet (J) : « Droit électoral ». Édition PUF, 1989, p 245.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

électorales, ou le résultat. « Il constitue aussi un facteur important d'orientation


positive du vote populaire, puisque sa logique et sa dynamique, influencent de
façon souvent déterminante le choix de l'électeur ». L'importance que revêt cet
aspect du vote dans un système politique justifie que de nombreux théoriciens se
soient penchés sur les modes de scrutin, leurs effets et leur fonctionnement. Leur
étude, qualifiée de théorie du vote dans le jargon anglophone, est une discipline
du droit constitutionnel qui entre en relation avec la science politique et
les mathématiques.
Des aspects indépendants du fonctionnement des modes de scrutin mais
entrant fatalement en relation avec lui, tels la procédure électorale , le corps
électoral, l'éligibilité et le poids attribué à chaque vote3 sont traités par ailleurs.

Paragraphe 1: La loi du vote:


Ensemble de règles déterminant le statut du citoyen et distinguant entre
les différents types d’élection et organisant le scrutin qui est l'ensemble des
opérations qui constituent une élection ainsi que la méthode par laquelle les
représentants d'un peuple ou d'un ensemble de personnes « membres d'une
association, d'un syndicat » sont désignés. Il peut être uninominal ou à listes,
majoritaire ou proportionnel, à un tour ou à plusieurs tours.
Il est la source du pouvoir exécutif et législatif275, car il désigne et révoque
par son vote les gouvernants et les législateurs.

Paragraphe 2 : L’électorat:
Désigne l'ensemble des électeurs, des citoyens disposant du droit de vote
pour une élection donnée « nationale, locale, professionnelle ». Et on distingue
entre deux types d’électorat différents276 :
• L’électorat-droit : si l'élection était un droit, elle sera donc un choix ;
l'électeur peut voter ou ne pas voter.
• L'électorat-fonction : si l'élection était une fonction, l'électeur qui ne
vote pas sera sanctionné en payant des amendes comme en Belgique ou en
Italie.277

Sous-section 2 : L’évolution de l’élection :


L’élection est passée par plusieurs étapes historiques. Au début et avec la
révolution française de 1789, l’élection était un suffrage censitaire qui est

275
Lauvaux (P) : « La décision Sécurité et liberté des 19 et 20 Janvier 1980 relative à la loi de finances». pour
1981. «Le contentieux électoral de 1981».RDP,1982, p.127 : « le développement du contrôle de
constitutionnalité et l'accroissement des pouvoirs du juge constitutionnel». , RDP 1983, p. 401 ; « Les
attributions et le rôle du Conseil constitutionnel en matière d'élections et de référendum». RDP 1962, p. 46; «
La constitutionnalité de la loi de finances pour 1985" , RDP 1985, p.651.
276
Masclet (J) : « Droit électoral». PUF, Paris ,1989, p 95. «Le droit des élections politiques ».Édition PUF,
Paris : 1992, 126 p ., coll ; Que sais-je ?
277
Cotteret (JM)et Emeri (CI) : « Les systèmes électoraux ».Édition PUF, Que sais-je ?, n° 1382,1994,p99.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

restreint aux personnes qui acquittent un certain niveau du cens « l'impôt ».


Au 19ème siècle les choses ont changées petit à petit jusqu’au 20 ème siècle,
le suffrage censitaire est devenu un suffrage universel où le droit de vote est
accordé à tous les citoyens qui ont la capacité électorale.

Section 2 :L’élection dans la législation contemporaine


Les points en communs entre les différentes lois d’élections:

Sous-section 1 : Les tableaux des élections:


Pour que l’électeur utilise son droit d’élection, il faut qu’il soit inscrit sur
la liste électorale .Et celui que son nom ne figure pas dans la liste ne pourra pas
bénéficier de ce droit278.

Sous-section 2 : Les conditions de l’élection


La nationalité : Dans certains pays, le droit de vote et d’éligibilité est
conditionné par la possession de la nationalité du pays en question279.
L’âge : Cette condition-là, on la trouve dans tous les systèmes d’élection
mais elle diffère du pays à l’autre. En France par exemple, l’âge que doit avoir
un électeur pour pouvoir bénéficier du droit d’élection est de 18ans tandis qu’au
Maroc il est de 23ans.

Paragraphe 1 : Les droits civils et politiques


Les personnes condamnées par la justice peuvent être privées de leur droit
de vote de façon temporaire280, pour une durée fixée par le jugement de
condamnation.

Paragraphe 2 : Le découpage électoral


Le mécanisme par lequel le territoire national est subdivisé en
circonscriptions électorales, destinées à permettre et favoriser l'expression des
citoyens par le vote281.
Du fait de l'évolution de la population dans le temps et dans l'espace282, le
découpage électoral doit être revu régulièrement de façon à maintenir un nombre
d'électeurs par représentant identique dans toutes les circonscriptions283.

Section 3 : Les modes de scrutin


Qu'est-ce qu'un mode de scrutin ? On peut le définir comme un
ensemble de règles de droit visant à traduire, dans le cadre d'une élection, les

278
Delperee (F) : « Le contentieux électoral ».Édition PUF, que sais-je ?, n°3334, 1998, p91.
279
Masclet(JC) : « Droit électoral ».Édition PUF, Droit fondamental,1989, p122.
280
Burdeau (G) : « Traité de science politique ».Édition LGDJ, Paris,1982 , p 45.
281
Burdeau (G) : « Droit Constitutionnel».Édition LGDJ, Paris,1988,p 202.
282
Burdeau (G) : « L’Etat ».Édition, Seuil, Paris ,1970, p190.
283
Burdeau (G) : « Traité de science politique».Édition LGDJ, Paris,1982,p145.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

suffrages obtenus par les différents candidats ou listes en présence en sièges à


pourvoir284. Ces règles figurent dans des textes de loi ou dans les constitutions
nationales. Le choix d'un mode de scrutin n'est jamais neutre au regard des luttes
politiques et des positions de pouvoir occupées par les acteurs en mesure
d'influencer ce choix. C'est pourquoi les controverses sur les modes de scrutin
peuvent prendre tant d'ampleur285, comme c'est le cas de manière récurrente à
propos de la représentation proportionnelle en France. Traduction académique
de ces controverses politiques, la question de l'influence des modes de scrutin
sur les systèmes électoraux n'a cessé, depuis les premiers travaux de Maurice
Duverger dans les années 1950, de passionner les spécialistes de science
politique286.
Dans les développements qui vont suivre, nous présenterons de manière
synthétique les différents modes de scrutin existants en distinguant les scrutins
de type uninominal, de listes, majoritaires et proportionnelles avant de conclure
sur quelques expérimentations récentes287.

Sous-section 1 : Scrutin uninominal


Un scrutin est uninominal lorsque l'on vote pour une seule personne
« élections présidentielle, législatives, cantonales »288. Le bulletin de vote ne
comporte qu'un seul nom et éventuellement, le nom d'un suppléant. Le candidat
qui obtient le plus grand nombre de suffrages exprimés est élu289. Lorsqu'une
élection prévoit deux tours il faut, pour être élu au premier tour de scrutin, que le
candidat obtienne la majorité absolue, c'est-à-dire la moitié des suffrages
exprimés plus un, si ce n'est pas le cas, il y a ballottage. Au second tour, pour
être élu, la majorité relative suffit « c'est-à-dire obtenir le plus grand nombre de
suffrages exprimés »290.

Sous-section 2 : Scrutin de liste


Un scrutin est un scrutin plurinominal ou scrutin de liste lorsque l'on
vote pour une liste de plusieurs candidats « élections régionales, élections
municipales ».
Ces listes sont dites « bloquées » lorsque le nombre de candidats par
liste est égal au nombre de sièges à pourvoir dans la circonscription, sans
possibilité pour l'électeur d'en modifier le nombre et l'ordre de présentation.
Dans le cas d'un scrutin à listes bloquées, ce système fonctionne exactement de

284
Debbasch (C) : « Introduction à la politique».Édition Dalloz, Paris , 1995,p67.
285
Denquin (J) : « Introduction à la science politique».Édition Hachette, Paris, 1992, p139.
286
Denquin (J) : « Science politique».Édition PUF, Paris , 1985, p415.
287
Passelecq (O) : « Modes de scrutin et systèmes électoraux ».Édition de la documentation française,1995,p34.
288
Pantelis (A) et Koutsoubinas (S) : « Les régimes électoraux des pays de l'Union européenne ».Édition Esperia
Publications , 1998,p94.
289
Guverger (M) : « Sociologie de la politique. Eléments de science politique ».Édition PUF, Paris , 1973, p152.
290
Duguit (L) : « Traité de droit constitutionnel».Édition Boccard,Paris ,1984,p98.

61
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

la même manière que les scrutins uninominaux à un ou deux tours, à ceci près
que ça n'est pas un, mais plusieurs sièges que remporte la formation politique
ayant obtenu le plus de voix291. Par exemple, dans une circonscription où 15
sièges sont à pourvoir, la formation politique arrivée en tête au terme d'un
premier ou d'un second tour de scrutin remporte tous les sièges, quel que soit
son score.
Dans le cas où il y a « panachage », les électeurs peuvent remplacer un
candidat par un autre candidat figurant sur une autre liste. Le vote est
« préférentiel » lorsque les électeurs ont la liberté de classer les candidats dans
l'ordre de leur choix. Les candidats élus sont ceux qui ont recueilli le plus grand
nombre de suffrages. Il est possible d'organiser un second tour avec ce mode de
scrutin : tout dépend en fait des conditions à remplir par un candidat pour être
directement élu. Généralement, on permet à l'électeur de rayer, sur une liste
composée à l'avance292.
Les noms des candidats qu'il ne souhaite pas voir élus, et d'ajouter les
noms de candidats extérieurs à cette liste.
A la frontière du scrutin de liste et du scrutin uninominal, existe le vote
préférentiel. L’acte de vote résulte du classement des candidats par ordre de
préférence. Lors du dépouillement, si un candidat a obtenu la majorité absolue,
il est élu293. Dans le cas inverse, le plus mauvais candidat est éliminé et ses
suffrages sont répartis selon les seconds choix de ses électeurs294. Si on a voté
pour le candidat éliminé, notre voix est reportée sur notre second choix. La
méthode est appliquée jusqu’à ce qu’un candidat obtienne la majorité absolue.
Les électeurs votent donc pour une liste qu’ils établissent eux-mêmes, mais un
seul candidat sera déclaré vainqueur295.
Le vote préférentiel comporte des avantages non-négligeables comme le
fait de favoriser les partis politiques de moindre dimension. Les électeurs sont
moins réticents à voter pour des « petits » candidats , ils peuvent toujours avoir
un vote « utile » en deuxième préférence296. Ce mode de scrutin peut aussi
favoriser les alliances politiques. Deux partis peuvent présenter chacun un
candidat297, tout en donnant pour consigne de vote de placer l’autre candidat en
deuxième choix. Ainsi, les alliances politiques sont respectées malgré les
ambitions de chacun. De même, il arrive qu’un parti soit divisé en plusieurs
tendances et que plusieurs candidats souhaitent alors se présenter à une élection.
Le vote préférentiel permet alors de respecter ces divergences tout en assurant

291
Mounier (J) : « Pour une sociologie Politique».Édition du Seuil, Paris , 1974,p93.
292
Easton (D) : « Analyse du système politique».Édition Armand Colin, Paris, 1974, p194.
293
Kelsen (H) : « Théorie pure du Droit».Édition Dalloz, Paris,1999,p67.
294
Laubier (P) : « Introduction à la sociologie politique».Édition Masson, Paris,1983, p196.
295
Pactet (P) : « Institutions politiques -Droit constitutionnel».Édition Masson, Paris ,1994, p 272.
296
Prelot (M) : « Histoire des idées politiques».Édition Dalloz, Paris ,1990,p45.
297
Romilly (J) : « Problèmes de la démocratie grecque».Édition Agora, Paris ,1986, p288.

62
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

l’unité du parti au travers des deuxièmes choix298.

Sous-section 3 : Les scrutins majoritaires


Ils constituent le mode le plus ancien de désignation des élus. Il s’agit
d’attribuer un siège « scrutin uninominal » ou plusieurs sièges « scrutin
plurinominal » à celui ou ceux qui ont obtenu le plus de voix.
Dans le scrutin uninominal à un tour « ex : en Grande-Bretagne », celui
qui obtient le plus de voix emporte le siège. Cela a l’avantage de la simplicité.
Au plan global, il résulte souvent pour le parti arrivé en deuxième position une
sous-représentation par rapport à son total de voix. Quant aux autres partis, ils
n’obtiennent presque aucun élu. Par ailleurs, la représentation géographique des
partis influence beaucoup le résultat final dans la mesure où un petit parti très
bien implanté peut être représenté, mais aussi où le parti ayant obtenu le plus de
voix au plan national peut se voir privé de sa victoire car ses suffrages sont trop
dispersés.
Dans le scrutin uninominal à deux tours « ex : en France », la réussite au
premier tour est conditionnée par l’obtention d’une majorité absolue des voix,
avec parfois l’obligation de réunir un nombre minimal d’électeurs inscrits. Faute
d’avoir atteint ce seuil, un second tour est organisé. Son accès est réglementé :
les deux candidats les mieux placés au premier tour « scrutin présidentiel
français » ; nombre minimum de voix ou pourcentage des inscrits « scrutin
législatif français ». Par rapport au scrutin à un tour, la possibilité de conclure
des alliances pour le second tour lisse.
Les distorsions : les petits partis peuvent s’entendre avec d’autres pour
obtenir des élus là où ils sont forts, en échange d’un report de voix ailleurs. En
revanche, ceux qui ne souscrivent pas d’alliance sont souvent privés de toute
représentation.

Sous-section4 : Les scrutins proportionnels


Le mode de scrutin proportionnel est simple dans son principe, les
sièges sont attribués selon le nombre de voix, mais compliqué dans sa mise en
œuvre. Il s’est développé avec le rôle des partis politiques : il s’agit moins de
voter pour un homme que pour un parti ou un programme.
Plusieurs méthodes existent pour répartir les voix. La méthode du
quotient fixe le nombre de voix à obtenir pour avoir un siège « quotient
électoral ». Le nombre de sièges attribués à chaque liste est ensuite défini en
divisant le total des voix obtenu par chaque liste par le quotient électoral. La
première répartition effectuée, les restes sont répartis, soit selon la méthode du
plus fort reste qui favorise les petits partis « une fois déduites les voix ayant
permis la première attribution, les listes ayant le plus de restes l’emportent »,
298
Burdeau (G) : « Traité de science politique».Édition LGDJ, Paris ,1980p58.

63
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

soit selon celle de la plus forte moyenne qui favorise les grands « rapport entre
les voix restantes et le nombre de sièges restant à pourvoir ». Cette dernière est
utilisée pour les sénatoriales françaises dans les départements élisant au moins
quatre sénateurs.
L’attribution du nombre de sièges en fonction du résultat obtenu dépend
de la modalité qui a été choisie pour calculer la répartition.
Dans le cas de la représentation proportionnelle intégrale, un quotient
électoral est déterminé en divisant le nombre de suffrages exprimés par le
nombre de siège à attribuer. Chaque liste reçoit autant de sièges qu’elle a obtenu
de fois ce quotient. Afin de limiter l’influence des petites organisations
politiques et d’éviter la fragmentation de l’assemblée en une multitude de
composantes politiques, un seuil minimum de suffrages exprimés est souvent
fixé « 5% pour les élections municipales ».
La représentation proportionnelle approchée repose sur le fait que
le quotient électoral puisse être supérieur au total des voix obtenues par les
listes, ou qu’il subsiste de nombreux sièges à pourvoir après la première
répartition en raison d’un nombre de suffrages exprimés peu élevé. La question
porte alors de savoir comment répartir les sièges non attribués à la
proportionnelle intégrale.
Pour simplifier, trois méthodes existent pour déterminer cette deuxième
répartition :
La méthode du plus fort reste. On procède en deux temps. Les sièges
sont d'abord répartis en divisant, par circonscription, les voix obtenues par le
quotient électoral qui est le nombre de voix nécessaires à l'obtention d'un siège
sièges dits « de quotient ». Les sièges restant à pourvoir sont ensuite attribués
aux listes en présence en fonction des voix non encore utilisées pour la
répartition des sièges de quotient le « reste » dans l'ordre décroissant.
La méthode de la plus forte moyenne. Là encore, on procède en deux
temps. Après l'attribution des sièges de quotient comme précédemment, les
sièges restant à pourvoir sont attribués aux listes en présence en fonction de leur
moyenne. Cette moyenne est calculée en divisant le nombre total de voix
obtenues par chaque liste par le nombre de sièges de quotient déjà attribués plus
un siège dit « fictif ».
Les sièges restant à pourvoir sont alors attribués dans l'ordre décroissant
de la moyenne.
La méthode d'Hondt « du nom du mathématicien belge qui en est
l'inventeur » : Pour répartir les sièges, on réalise un tableau croisé avec pour
chaque liste en présence le nombre de voix divisé par 1, 2, 3, 4, etc. La
répartition se fait alors en fonction des quotients les plus élevés obtenus, qui
apparaissent dans les cases du tableau, dans l'ordre décroissant.

Section 4 : Les Effets des formes de scrutin :

64
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

La doctrine constitutionnelle stipule que l’application d’un mode de


scrutin ou d’un autre, affecte la vie politique et surtout les partis politiques dans
les systèmes pluralistes et les démocraties libérales.
Ainsi que plusieurs études ont été menées pour identifier les effets de
l’application de chaque système électoral.
Pour les supporteurs du scrutin majoritaire, ils défendent leur point de
vue à ce que ce même système permet la création des gouvernements forts,
homogènes, émanant d’une majorité parlementaire, Au même temps où les
supporteurs du scrutin par la représentation proportionnelle affirment que ce
dernier assure une représentation pour l’ensemble des partis et constituantes
politiques.

Sous-section 1 : Le scrutin proportionnel


Conduit vers la création d’un grand nombre de partis autonomes : et ce
résulte de la façon de la représentation proportionnelle des listes tout en
répartissant le reste sur le niveau national299. Sachant toujours que ce type de
scrutin sauvegarde la diversité de partis malgré les alliances, et cela parce que
chaque parti essaie de tenter la chance.

Sous-section 2 : Le scrutin majoritaire à double sections

Ses conséquences s’articulent autour la création de plusieurs partis


rattachés les uns des autres300, Et on peut dire qu’après le premier tour, les
alliances commencent à avoir lieu ainsi que les retirations et donc les relations
entre les partis deviennent de plus en plus fortes selon les différentes idéologies.

Sous-section 3 : Le scrutin majoritaire à uni-section


Guide vers l’installation du système des deux partis et en guise d’exemple
on trouve le royaume uni et les Etats unis.
D’autre part, on peut trouver plusieurs critique qui ont été faites en la
matière et ce principalement parce que le mode de scrutin n’est qu’un seul
facteur parmi d’autres affectant la vie politique comme ceux sociaux et
économiques en plus des conflits idéologiques301.
Sachant que les études qui ont été menées indiquent que soit qu’il y a un
système de dualisme politique302 parfait où les deux grands partis ne laissent
qu’une représentation très médiocre pour les autres organisations politiques ou
le contraire intitulé sous le nom système de dualisme politique imparfait.
299
Masclet (JC) :« Le droit des élections politiques ».Édition PUF, Que sais-je ?, n° 2613, 1992, p34.
300
Duguit (L) : « Traité de Droit constitutionnel ».Tome 1, Encyclopedie Francaise, Tome X : L’Etat. 1964, p45.
301
Fleiner(G) : « Théorie générale de l’Etat. Genève ».Édition, Genève, 1986, p59.
302
Esmein (A) : « Eléments de droit constitutionnel français et comparé ».Édition Larose et Tenin, 1906, 4 e éd.
Revue et augmentée, p 72.

65
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Ainsi, on trouve Douglas Raye, qui affirme que ce n’est pas au scrutin
seul la détermination des types du système des parts mais c’est encore les lois et
les décrets ainsi que les arrêtés qui réglementent les domaines électoraux.

Section 5 : L’utilité des modes des scrutins


L’incidence des modes de scrutin sur le processus politique et l’intérêt des
citoyens quant à leur participation est un sujet important.
En effet, le mode de scrutin, qu’il soit majoritaire, semi-proportionnel ou
proportionnel, a une incidence sur la représentation des différentes minorités.
L’Assemblée suggère par conséquent que les parlements des pays
membres étudient les incidences des différents modes de scrutin et prennent les
mesures nécessaires pour stimuler la participation des citoyens au processus
politique.

Sous-section 1 : Les scrutins majoritaires


Ils constituent le mode le plus ancien de désignation des élus303. Il s’agit
d’attribuer un siège « scrutin uninominal » ou plusieurs sièges « scrutin
plurinominal » à celui ou ceux qui ont obtenu le plus de voix.
Dans le scrutin uninominal à un tour « ex : en Grande-Bretagne », celui
qui obtient le plus de voix emporte le siège304. Cela a l’avantage de la simplicité.
Au plan global, il résulte souvent pour le parti arrivé en deuxième position une
sous-représentassions par rapport à son total de voix. Quant aux autres partis, ils
n’obtiennent presque aucun élu. Par ailleurs, la représentation géographique des
partis influence beaucoup le résultat final dans la mesure où un petit parti très
bien implanté peut être représenté, mais aussi où le parti ayant obtenu le plus de
voix au plan national peut se voir privé de sa victoire car ses suffrages sont trop
dispersés.
Dans le scrutin uninominal à deux tours « ex : en France », la réussite au
premier tour est conditionnée par l’obtention d’une majorité absolue des voix,
avec parfois l’obligation de réunir un nombre minimal d’électeurs inscrits. Faute
d’avoir atteint ce seuil, un second tour est organisé. Son accès est réglementé :
les deux candidats les mieux placés au premier tour « scrutin présidentiel
français » ; nombre minimum de voix ou pourcentage des inscrits « scrutin
législatif français ». Par rapport au scrutin à un tour, la possibilité de conclure
des alliances pour le second tour lisse les distorsions : les petits partis peuvent
s’entendre avec d’autres pour obtenir des élus là où ils sont forts, en échange
d’un report de voix ailleurs. En revanche, ceux qui ne souscrivent pas d’alliance

303
Ihl (O) : « Le vote ». Édition Montchrestien, 2éme éd, 2000, p46.
304
Beneton (P) : « Introduction à la politique moderne : démocratie libérale et totalitarisme ».Édition Hachette,
Paris, 1987, p 490.

66
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

sont souvent privés de toute représentation305.


Les scrutins de liste, à un ou deux tours, attribuent à la liste arrivée en tête
tous les sièges « désignation des grands électeurs pour la présidentielle
américaine ». L’amplification de la victoire est alors très forte, même si des
injustices peuvent exister « majorité des sièges mais minorité des voix ». Si le
panachage des listes est autorisé, sont élus ceux qui obtiennent le plus de voix306.

Sous-section 2 : Les scrutins proportionnels


Le mode de scrutin proportionnel est simple dans son principe ,les sièges
sont attribués selon le nombre de voix , mais compliqué dans sa mise en œuvre.
Il s’est développé avec le rôle des partis politiques : il s’agit moins de voter pour
un homme que pour un parti ou un programme307.
Plusieurs méthodes existent pour répartir les voix. La méthode du quotient
fixe le nombre de voix à obtenir pour avoir un siège « quotient électoral ». Le
nombre de sièges attribués à chaque liste est ensuite défini en divisant le total
des voix obtenu par chaque liste par le quotient électoral. La première répartition
effectuée, les restes sont répartis, soit selon la méthode du plus fort reste qui
favorise les petits partis « une fois déduites les voix ayant permis la première
attribution, les listes ayant le plus de restes l’emportent », soit selon celle de la
plus forte moyenne qui favorise les grands « rapport entre les voix restantes et le
nombre de sièges restant à pourvoir ». Cette dernière est utilisée pour les
sénatoriales françaises dans les départements élisant au moins quatre
sénateurs308.
Il existe d’autres méthodes de répartition des restes, comme les systèmes
de compensation utilisés en Allemagne. Les sièges sont répartis au sein de la
liste selon l’ordre de présentation le plus souvent, mais aussi parfois selon
l’indication de préférences donnée par les électeurs.
Dans les scrutins proportionnels, le seuil fixé pour obtenir le droit à la
répartition des sièges et la taille de la circonscription constituent des variables
déterminantes. Plus le seuil est élevé et plus le nombre de circonscriptions
important, plus l’accès des petits partis aux sièges est difficile. Certains pays
« ex : Israël pour les législatives » font le choix de n’avoir qu’une seule
circonscription au niveau du pays. Le niveau du seuil dépend des
caractéristiques de chaque pays : fixé à 5% comme en Allemagne ou en France,
il écarte peu de partis nationaux, alors que dans des jeunes démocraties avec de
très nombreux partis, il pourrait priver de représentation une frange importante
de la population309.

305
Jellinek (G) : « L'Etat moderne et son droit».Op-cit 89.
306
Bonnard(J) : « Le droit et l’Etat dans la doctrine national-socialiste».Édition , LGDJ, Paris , 1939,p45.
307
Cotteret (J) : « Les systèmes électeurs ». Édition PUF, Paris, 1994, p45.
308
D’arcy (F) : « : La représentation ». Op-cit45.
309
Duverger (M) : « L’influence des systèmes électoraux sur la vie politique ». Édition Paris : A. Colin 1950,
Coll. Les cahiers de la FNSP : Echec au Roi, éd. Albin Michel1978 ; Les partis politiques. 10e édition. Paris :

67
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Sous-section 3 : Les scrutins mixtes


Enfin, les scrutins mixtes empruntent des éléments aux systèmes
majoritaire et proportionnel. Ils combinent donc, mais avec une grande diversité,
les deux mécanismes. Il s’agit de cumuler les avantages des deux méthodes et
d’en limiter les inconvénients.
Par exemple, le mode de scrutin utilisé en France pour les élections
municipales dans les communes de plus de 1 000 habitants a pour but d’assurer
une majorité au vainqueur, de permettre des alliances entre les deux tours et de
donner une représentation aux minoritaires. Ainsi, à l’issue du deuxième tour, la
liste en tête obtient la moitié des sièges, l’autre moitié étant répartie à la
proportionnelle entre toutes les listes ayant rassemblé au moins 5% des
suffrages.
Les débats autour des modes de scrutin s’expliquent souvent par la
difficulté de concilier plusieurs buts et par des contingences politiques. Pour les
proportionnalistes, un système électoral doit donner une image fidèle de la
situation politique et du corps électoral ; pour les majoritaires, il vise à désigner
une majorité d’élus capable de gouverner. Au-delà de la répartition des sièges, le
choix du mode de scrutin correspond à une conception de la vie politique, qu’il
influence forcément.
Les scrutins proportionnels conduisent souvent à un dysfonctionnement
du système politique ; ils favorisent le multipartisme et donnent un rôle
important aux petits partis charnières, souvent partenaires indispensables des
majorités « cas de la IVème République en France ou de l’Italie ». Le scrutin
majoritaire à un tour favorise, lui, les alternances, mais entre seulement deux
partis « au Royaume-Uni, par exemple ». Le scrutin majoritaire à deux tours,
celui de la Vème République, a la souplesse de l’alternance et incite plus de partis
à conclure des alliances pour le second tour.
Les scrutins proportionnels rendent difficile l’émergence d’une majorité
stable et cohérente, faisant primer une logique de coopération des partis « les
partis se partagent le pouvoir comme les sièges ». À l’inverse, les scrutins
majoritaires conduisent le plus souvent à l’apparition de majorités stables,
fondées sur un affrontement avec l’opposition « la coalition qui l’emporte
gouverne seule » et au prix d’une injustice dans la représentation.

Chapitre 5 : La concrétisation du pouvoir rationnel


La démocratie

La démocratie peut être considérée, selon la définition adoptée, comme le

Edition du Seuil 1981, 566 p.

68
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

pouvoir du plus grand nombre ou le gouvernement du peuple, par le peuple et


pour le peuple ou encore comme le régime qui assure l’identification des
gouvernés aux gouvernants. Actuellement, la plupart des Etats se réclament de
la démocratie sans toujours la pratiquer véritablement et c’est pourquoi il faut
commencer par examiner les principes de base qui en conditionnent
l’application. Mais comme, concrètement, la démocratie signifie avant tout et
toujours élections, au suffrage universel, il faut aussi étudier celles-ci d’une part,
telles qu’elles organisent les rapports des gouvernants et des gouvernés, d’autre
part, à travers leurs principales modalités, c’est-à-dire à travers les différents
modes de scrutin.

Section 1 : Les conditions de la démocratie


Il faut entendre la démocratie dans la seule version qui soit désormais
reconnue, à savoir la démocratie pluraliste et libérale310. Pourtant, au cours du
XXème siècle, cette exclusivité lui avait été contestée par les tenants de
l’idéologie socialiste, qui en proposaient une autre version311, marquée par le
totalitarisme. L’effondrement récent de cette idéologie a fait justice de cette
prétention312.
Héritière de la philosophie des Lumières, la démocratie pluraliste et
libérale est la forme classique pratiquée à partir de la seconde moitié du XIXème
siècle dans toutes les grandes sociétés industrielles occidentales et depuis lors
largement diffusée dans le monde. On distinguera les conditions nécessaires et
les conditions favorables313.

Sous-section 1 : Les conditions indispensables.


Situant la source du pouvoir dans le peuple, la démocratie s’efforce de
faire prévaloir la volonté des plus nombreux314. Elle repose donc sur le suffrage
universel et implique à la fois le pluralisme des formations politiques et la
liberté des citoyens et des groupes315. A partir de ces données, la règle
majoritaire peut s’appliquer316.

Paragraphe 1 : Le pluralisme politique.


La démocratie317 suppose que le peuple - tout le peuple - puisse choisir ses
gouvernants. Or il n’y a de choix véritable que si l’électeur peut se prononcer
entre plusieurs possibilités, ce qui implique d’une part, qu’il n’existe pas
310
Gaxie (D) : « La démocratie représentative». Édition Montchrestien, Paris, 1996, p159.
311
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
312
Milacic (S) : « La démocratie constitutionnelle en Europe centrale et orientale ». Édition Bruyant, 1998, p56.
313
Cohen (L) : « Le droit sans l’État. Essai sur la démocratie en France et en Amérique ». Édition PUF, Paris,
1985, p51.
314
Burdeau(G) : «La démocratie». Édition Seuil, Paris, 1966, p56.
315
Burdeau(G) : «Les façades institutionnelles de la démocratie gouvernante». Édition LGDJ, 1976, Paris, p60
316
Burdeau(G) : « Le libéralisme». Édition Seuil, Paris, 1979, p96.
317
Burdeau(G) : « la démocratie gouvernante ». Édition LGDJ, Paris, 1973, p39.

69
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

d’orthodoxie idéologique, d’autre part, que les parties puissent se former et agir
librement318.
Le rejet de toute orthodoxie idéologique est fondamental dans une
démocratie pluraliste, il ne doit pas et il ne peut pas y avoir de vérité officielle,
prétendument démontrée ou délibérément imposée, concernant l’avenir du pays,
la nécessité du changement ou le sens de l’histoire, et qui échapperait en tant
que telle aux critiques. Au contraire, celles-ci doivent toujours pouvoir
s’exprimer librement, de même que chaque courant d’opinion doit pouvoir
exposer les mesures qu’il préconise.
Le pluralisme des partis n’est pas moins essentiel. En effet, c’est leur rôle
de définir des objectifs, d’élaborer des programmes faction et de les proposer
aux électeurs. Ils doivent donc bénéficier de la plus grande liberté. Toutefois il
faut signaler que certains partis à savoir les partis d’opposition au régime ,ceux
préconisant un changement total et irréversible mettant en cause la démocratie
elle-même , posent un problème difficile car il n’y a pas d’autre alternative que
de les interdite, contrairement aux principes, ou de les laisser agir, en faisant
courir des risques à la démocratie319 .

Paragraphe 2 : Le libéralisme politique.


Il est indissociable du pluralisme et les développements précédents valent
aussi pour lui. Le libéralisme ne peut s’accommoder d’une vérité imposée ou
pseudo-scientifique. Bien entendu, il recouvre à la fois les libertés individuelles
et celles des partis et groupements susceptibles d’éclairer ou d’influencer
l’opinion. A cet égard, la liberté de la presse et celle de la communication
audiovisuelle sont tout aussi essentielles que celle des individus et des partis ,
pour que l’opposition ait une chance d’accéder au pouvoir, il faut qu’elle puisse
convaincre les citoyens en exposant librement et publiquement ses critiques.
C’est à cette condition que l’alternance peut être réalisée : en démocratie, la
minorité d’aujourd’hui peut devenir la majorité de demain320.

Paragraphe 3 : Le principe majoritaire.


Lors des élections et des votations, chaque citoyen se détermine dans le
secret de sa conscience et selon ses lumières. Bien entendu tous les citoyens
doivent pouvoir voter, selon des conditions minimales d’Age de nationalité,
d’absence de toute incapacité ou indignité321. Il reste ensuite à additionner les
volontés individuelles. Ce sont les électeurs qui font la majorité et c’est celle-ci
qui l’emporte.
Il va de soi qu’en droit toute majorité suffit, serait-elle d’une voix. Mais

318
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
319
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
320
Burdeau (G) : « La démocratie ».Édition La Baconniére, Paris, 1956, p90.
321
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.

70
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

dans la pratique politique il est évident qu’un élu - ou un courant - disposera


d’une bien plus grande autorité s’il devance nettement ses concurrents.

Sous-section 2 : Les conditions favorables.


Ce sont celles qui facilitent le bon fonctionnement de la démocratie. On
retiendra d’abord que. Le pluralisme est indispensable, un trop grand nombre de
partis en compétitions brouille le jeu et nuit au choix des électeurs : il suffit de
deux ou trois partis? Ajoutons, en complément d’observations déjà présentées,
que l’absence de partis d’opposition au régime doit être regardée comme
particulièrement favorable322. Dans leur ensemble, les régimes anglo-saxons
satisfont à ces deux conditions et c’est sans doute une des raisons qui font que la
démocratie y fonctionne dans de très bonnes conditions323.
La démocratie suppose par ailleurs une éducation et une information 324.
Un choix ne peut être éclairé que s’il est le fait d’un citoyen conscient, apte à
confronter les programmes et les raisonnements, ayant par conséquent un acquis
culturel et informé de manière suffisamment objective par les moyens habituels
de communication. On devine ces conditions ne sont pas toujours réunies325.
C’est sans doute pourquoi la démocratie pluraliste et libérale, bien que
désormais pratiquée dans un grand nombre de pays326, est souvent présentée, au
même titre que la liberté, comme un luxe de régimes prospères. Et il faut
reconnaître, en effet, qu’un certain niveau de bien-être économique ne nuit
certainement pas au bon fonctionnement de la démocratie327.

Section 2 : Les gouvernés et les gouvernants


La démocratie implique que le peuple participe à l’exercice du pouvoir.
Nous étudierons et situerons les diverses formes possibles de participation avant
de retenir la principale d’entre elles, qui consiste pour le peuple à désigner les
gouvernants.
Elle pose un double problème de souveraineté. Il s’agit d’abord de savoir
qui est titulaire de la souveraineté car selon qu’on l’attribue à la nation ou aux
citoyens, ce qui correspond à la distinction classique de la souveraineté nationale
et de la souveraineté populaire, les conséquences quant à la participation des
gouvernés seront assez différentes. Il s’agit ensuite de savoir comment la
souveraineté est exercée car cet exercice peut être direct ou indirect, ce qui
correspond à la distinction également classique de la démocratie directe et de la
démocratie représentative328. Il s’agit enfin de savoir si une formule mixte ne

322
Rousseau(D) :« La démocratie continue ». Édition LGDJ,Paris, 1995, p203.
323
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
324
Sartori(G) : «Théorie de la démocratie ». Édition Colin-trad, Paris, 1973, p119.
325
Burdeau (G) : «La démocratie ». Édition La Baconniére, Paris, 1956, p112.
326
Burdeau(G) : « Le libéralisme ». Édition Seuil, Paris, 1979, p67.
327
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
328
Lauvaux (Ph) :«Les grandes démocraties contemporaines ».Édition PUF, Droit fondamental, Paris, 1998,

71
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

peut être adoptée, que l’on qualifie habituellement de démocratie semi-


directe329.

Sous-section 1 : Souveraineté nationale et souveraineté populaire.


Ces deux notions, qui prennent leur origine dans la philosophie des
Lumières, ont été souvent opposées l’une à l’autre. Mais la distinction a
actuellement beaucoup perdu de sa netteté initiale.

Paragraphe1 : La souveraineté nationale


Dans cette première formule, la souveraineté est confiée à la Nation, être
collectif et indivisible, distinct des individus qui le composent. C’est là une
conception très ancienne, qui vient des monarchomaques de la Renaissance et
qui est reprise au XVIIIème siècle par nombre d’auteurs, dont Siéyès. Son succès
est tel qu’elle fait figure de véritable dogme, ainsi qu’en témoigne l’article 3 de
la Déclaration des droits de 1789 : « Le principe de toute souveraineté réside
essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer
d’autorité qui n’en émane expressément.»330.
Elle comporte un certain nombre de conséquences. La Nation, être
collectif et unique, a une volonté et une seule : elle peut donc déléguer sa
souveraineté mais elle doit alors la déléguer tout entière à ses représentants élus,
c’est-à-dire aux assemblées parlementaires « la souveraineté est indivisible » et
elle ne peut le faire que de maniéré temporaire, pour une durée limitée « la
souveraineté est inaliénable »331, sans qu’aucune délégation d’exercice, aussi
longue soit elle, puisse l’empêcher de s’en ressaisir au moment de son choix « la
souveraineté est imprescriptible ». C’est d’ailleurs peu de dire que la Nation
peut déléguer sa souveraineté332.
En réalité, elle y est obligée car une entité doit nécessairement, pour
exercer sa souveraineté, passer par l’intermédiaire de représentants ; en ce sens,
la souveraineté nationale postule un régime représentatif. Les électeurs exercent
non pas un droit mais une fonction qui leur est conférée par la Nation et que
celle-ci est libre de ne pas accorder à tous les citoyens, ce qui revient à dire que
la souveraineté nationale peut s’accommoder du suffrage censitaire aussi bien
que du suffrage universel. Les élus représentent non pas les électeurs qui les ont
choisis mais la Nation tout entière, ce qui fait qu’ils ne peuvent être assujettis à
aucun mandat impératif: l’élection une fois acquise, ils ne relèvent que de leur
conscience et votent selon leur intime conviction333. L’interdiction du mandat

p26.
329
Verdel (G) :«Manuel élémentaire de droit constitutionnel ».Édition Sirey, 1949, p98.
330
Meny (Y) : « Politique comparée. Les démocraties ».Édition Montchrestien, Paris, 1996, p78.
331
Manin (B) : « Principes du gouvernement représentatif ».Édition Calmann Lévy, 1995.
332
333
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

impératif figure dans les constitutions de nombre d’Etats pluralistes 334. Enfin la
Nation étant considérée dans sa permanence - la chaîne des générations - les
institutions peuvent comporter des organes représentatifs de la continuité
nationale.

Paragraphe 2 : La souveraineté populaire


Dans cette seconde formule, la souveraineté appartient aux citoyens ou, si
l’on veut, au peuple mais elle est partageable entre tous les individus qui le
composent. On la trouve exposée chez Rousseau, dont la pensée, complexe et
parfois contradictoire, est à la source des deux notions335. Mais elle a eu, en tout
cas en France, un succès moindre. En effet, elle n’a guère inspiré que.la
constitution de 1793336.
La souveraineté populaire emporte des conséquences différentes de celles
impliquées par la souveraineté nationale. Certes, elle est toujours inaliénable et
imprescriptible mais elle ne postule plus nécessairement des institutions
représentatives et même, bien au contraire, s’accommode mieux des procédures
de la démocratie directe ou semi-directe. Aussi bien, chaque citoyen, lorsqu’il
vote, exerce non pas une fonction mais un droit qui lui appartient en propre en
tant détenteur d’une parcelle de la souveraineté337. Il va de soi qu’aucun d’eux ne
saurait être privé de ce droit et la souveraineté populaire exige logiquement le
suffrage universel. Elle peut admettre le mandat impératif et les procédures de
révocation des élus par ceux-ci sont les mandataires des électeurs de leurs
circonscriptions tout autant que leurs représentants. Enfin la souveraineté
populaire exprimant la volonté du peuple au moment où celui-ci l’émet, il est
clair se concilie mal avec les institutions représentatives de la durée.

Paragraphe3 : La jonction de fait


En réalité, il n’y a aucun État qui ait tiré toutes ses conséquences logiques
de l’une et de l’autre notion. Celles-ci sont le plus souvent Etroitement
imbriquées, même si l’une d’elles peut apparaitre dominante, telle la
souveraineté nationale dans les démocraties pluralistes et spécialement en
France.
En France, la confusion a commencé très tôt, au moins au plan de la
terminologie. C’est ainsi que la constitution de 1793, inspirée par l’idée de
souveraineté populaire, interdit dans son article 29 le mandat impératif,
334
En France : const. 1791, titre III, ch. 1, sect. 3, art. 7; const. 1793, art. 29; const II, art. 52 ; const. 1848, art.
34 ; const. 1958, art. 27. A l’étranger : const. Allemagne fédérale de 1949, art. 39 ; const. Italie de 1947, art. 67.
335
Rousseau (JJ) : « Contrat Social » (1762) liv. III. ch. 1. : « Supposons que l’État soit composé de dix mille
citoyens. Le souverain ne peut être considéré que collectivement et en corps. Mais chaque particulier, en qualité
de sujet, est considéré comme individu. Ainsi le souverain est au sujet comme dix mille est à un, c’est-à-dire que
chaque membre de l'État n’a pour sa part que la dix-millième partie de l’autorité souveraine. Quoiqu’il lui soit
soumis tout entier. ».
336
Ihl (O) : « Le vote».Édition Montchrestien, 2 Édition, 2000, p90.
337
Rousseau (D) : « La démocratie continue». Édition Bruylant, LGDJ, 1995, p81.

73
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

cependant que la constitution de l’an III, qui se rattache à la notion de


souveraineté nationale, proclame dans son article 2 que « l’universalité des
citoyens français est le souverain ». Cette confusion s’est perpétuée puisque la
constitution de 1946 dans son article 3 et celle de 1958 dans son article 2
emploient la même formule ambiguë : « la souveraineté nationale appartient au
peuple »338. C’est pourquoi, si on peut considérer que la notion de souveraineté
nationale est toujours prééminente, conformément à l’article 3 de la Déclaration
de 1789, il faut immédiatement ajouter que son principal intérêt réside
désormais dans le maintien de l’interdiction traditionnelle du mandat impératif.
Chaque élu continue de représenter la Nation tout entière. Mais, pour le reste, on
est bien obligé de constater que l’institution du suffrage universel en 1848 a
substitué l’électorat-droit à l’électorat-fonction et que les procédures de
démocratie semi-directe n’ont cessé de gagner du terrain alors que les
institutions représentatives de la durée n’ont fait qu’en perdre339.

Sous-section 2 : Démocratie directe et démocratie représentative


La première n’est en ce qui concerne les États, qu’une curiosité politique
et institutionnelle. Le second est, en revanche, universellement répandue.

Paragraphe1 : La démocratie directe.


C’est le régime dans lequel le peuple exerce directement le pouvoir. Bien
entendu, un tel régime ne peut s’appliquer qu’à de très petites unités. C’est
pourquoi on le conçoit mieux au niveau communal qu’au niveau de l’État, à
moins qu’il ne s’agisse d’un État exigu, ne comportant qu’une très faible
population340. Cela a été, il y a encore deux décennies, le cas de quelques
cantons suisses parmi les plus anciens et les moins peuplés. Ils ont presque tous
fini par renoncer à un système certes démocratique mais aussi incommode et peu
adapté à la vie contemporaine341.
L’institution principale de la démocrate directe, dans ces cantons, était
celle de la « Landsgemeinde ». Elle consistait à convoquer les citoyens pour
participer à une assemblée populaire qui se tenait chaque année fin avril ou
début mai, en principe en plein air. Au cours de cette session de la
« Landsgemeinde », les citoyens élisaient leurs représentants, réglaient les
difficultés constitutionnelles342, discutaient et votaient les lois, se prononçaient
sur certains problèmes administratifs majeurs. Le caractère très démocratique du
système était évident mais il était tout de même atténué par le fait que les votes

338
Lauvaux (P) : « Les grandes démocraties européennes ».Édition PUF, Paris,1990, p93.
339
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
340
Grisel. (E) : « Initiative et référendum populaires. Traité de la démocratie semi-directe en Suisse ».Édition
Derigny, Institut de droit public de l’Université de Lausanne 1987, p 230.
341
Meny (Y) :« Politique comparée. Les démocraties ».Édition Montchrestien,Paris, 1996, p29.
342
Lefort (C) : « L’invention démocratique. Les limites de la domination totalitaire ».Édition Fayard, Paris,
1981, p 31.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

avaient lieu à main levée et que la session était très brève, ce qui laissait aux
organes élus la charge principale de la gestion des cantons au cours de l’année.
Ce système, véritable curiosité historique et constitutionnelle, a presque
complètement disparu343.

Paragraphe2 : La démocratie représentative


L’exercice du pouvoir y est confié à des représentants élus au suffrage
universel et chargés de décider au nom de la Nation ou de l’ensemble du
peuple344. La démocratie représentative implique évidemment que tous les
citoyens puissent participer à l’élection des représentants345, ce qui revient à dire
qu’elle exige le suffrage universel, de préférence direct346.
Mais il va de soi qu’un régime peut être représentatif sans être
démocratique, ce qui a été le cas des régimes censitaires « par ex : Grande-
Bretagne avant 1918, France entre 1814 et 1848 »347.
Il y a deux modalités principales de démocratie représentative. Dans la
première modalité, qui constitue la forme pure ou ultra-représentative, les
gouvernés n’élisent au suffrage universel direct ou indirect que les seuls
parlementaires, c’est-à-dire les membres des assemblées législatives, ceux-ci
désignant à leur tour directement ou indirectement les organes exécutifs que,
d’autre part, ils contrôlent. Un tel système médiatise le pouvoir exécutif en le
faisant procéder du législatif et en l’éloignant des sources populaires. Comme
les parlementaires peuvent seuls prétendre à la qualité de représentants du
peuple, ils en tirent un prestige incontestable, dont ne bénéficient pas au même
degré les organes exécutifs, qui apparaissent par rapport à eux comme des
organes commis et seconds. Dans la seconde modalité, les gouvernés élisent au
suffrage universel non seulement les parlementaires mais aussi le Chef de l’État
« États-Unis, France depuis 1962 ». La prééminence traditionnelle du législatif
se trouve alors contrebalancée, et au-delà par le prestige plus personnalisé du
Chef de l’État348.
La démocratie représentative349, en faisant des élus l’élément moteur
exclusif du système politique entraîne à plus ou moins longue échéance la
constitution d’une classe politique au sein de laquelle se recrutent les
représentants et qui est sociologiquement dissociée du peuple. Ce type de régime
n’en a pas moins été longtemps considéré comme particulièrement favorable aux
intérêts du plus grand nombre. Et en effet, il faut reconnaître que si la masse est
343
Kriesi (H) : « Le système politique suisse ».Édition Economica , Paris .1995, p 87.
344
Lauvaux (R) : «Les grandes démocraties contemporaines ».Édition PUF, Droit fondamental,Paris , 1998,
p34.
345
Duverger (M) : «Les régimes semi-présidentiels ». Actes du colloque des 20-21 janvier 1983, Paris : PUF,
1984.
346
Gilson (B) : «La découverte de régime présidentiel ».Édition LGDJ ,Paris,1982, p40.
347
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
348 348
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
349
Prelot (M) : «Histoire des idées politiques».Édition Dalloz, 1990, p123.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

mal informée et peu éclairée, le pouvoir pourra la manipuler et l’influencer plus


facilement qu’il ne pourrait le faire à l’égard des notables de la classe politique
et parlementaire350.
Il va de soi que la démocratie représentative peut connaître des déviations
sensibles qui s’analysent toutes en un transfert de souveraineté au détriment des
gouvernés. Une première déviation consiste à passer de la souveraineté nationale
à la souveraineté parlementaire. Il risque d’en être ainsi si les représentants, une
fois élus, peuvent ne pas tenir compte de la volonté de leurs électeurs et
s’affranchir en fait de tout contrôle. Tel peut être le cas, dans certains régimes
multipartis, lorsque les élections n’ayant pas donné d’indications bien nettes, de
nombreuses combinaisons demeurent possibles, donnant lieu en cours de
législature à des infléchissements et même à des renversements de majorité « par
ex., en France, sous la Troisième République »351.
On peut craindre dans ce cas que les représentants perdent le contact avec
l’opinion, surtout si leur mandat est long. Au point d’aboutissement, le
Parlement devient le véritable souverain. Une seconde déviation et prolonge
souvent la première. Elle consiste dans le dessaisissement des parlementaires par
les états-majors des partis. En effet, dans les systèmes contemporains de partis
structurés, centralisés, hiérarchisés, il est logique que les représentants se
conforment, pour les votes importants, aux directives et aux nés données par
leurs dirigeants « par ex : en France, sous la Quatrième République ». Mais si
ceux-ci se montrent, comme il arrive souvent, plus sensibles aux pressions de
leurs adhérents et militants qu’à celles de l’opinion, le système n’a plus de
démocratique que l’appellation et on aboutit à la République des partis. Il faut
rappeler que s’il est normal que les partis jouent un rôle très important, il
n’appartient pas à des comités directeurs irresponsables devant les citoyens de se
situer au-dessus du Parlement et de s’attribuer la souveraineté réelle.

Sous-section 3 : La démocratie semi-directe.


Elle implique la coexistence d’organes représentatifs et de procédures
d’interventions populaires directes, étant bien entendu que ce sont ces dernières
qui sont spécifique de cette forme de régime. Longtemps la démocratie semi-
directe n’a été pratiquée que par quelques pays dans la tradition constitutionnelle
et politique desquels elle s’intégrait « Confédération helvétique, Cantons
suisses, Etats membres des Etats-Unis ». Mais elle ne cesse de se développer et
les procédures d’intervention populaire directes sont désormais inscrites dans les
constitutions de nombreux États « par exemple, outre ceux déjà cites, France
des Quatrième et Cinquième Républiques, Autriche, Lânder de la République

350
On retrouve des traces de cet attachement à la démocratie purement représentative dans la méfiance
manifestée par les partis de gauche en 1962 à l’égard non seulement de la procédure référendaire mais aussi de
l’élection du Président de la République au suffrage universel direct.
351

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

fédérale allemande, Italie, Suède»352. La Grande-Bretagne elle-même, prototype


de la démocratie représentative, a eu recours au référendum en 1975. Il faut
ajouter que de plus en plus souvent ces procédures s’appliquent non seulement
en matière de révision constitutionnelle mais aussi en matière législative
ordinaire353.
Paragraphe1 : Les techniques d'interventions populaires.
Les techniques utilisées sont très diversifiées. Il y a d’abord le veto
populaire, qui permet au peuple, par le dépôt d’une pétition revêtue du nombre
requis de signatures et suivie d’une consultation référendaire, de s’opposer à la
mise en œuvre ou plus fréquemment - compte tenu du délai nécessaire pour
recueillir les signatures - d’obtenir l’abrogation totale ou partielle d’une loi
pourtant adoptée dans les conditions que fixe la constitution par les organes
représentatifs et par conséquent parfaite et définitive.
Exemple : Art. 75 de la constitution italienne.
Une technique très proche est celle de la révocation populaire, qui permet
aux électeurs d’une circonscription, toujours par le dépôt d’une pétition donnant
lieu à référendum, de mettre fin avant le terme normal à un mandat électif. La
révocation populaire, individuelle ou collective, d’une pratique courante dans les
démocraties socialistes, est rarement prévue par les textes constitutionnels
pluralistes, qui dans l’ensemble proscrivent le mandat impératif.
Une troisième technique est celle de l'initiative populaire qui permet au
peuple de proposer l’adoption d'une disposition constitutionnelle ou législative.
La procédure commence là encore par le dépôt d’une pétition. Ensuite le
principe, de la révision constitutionnelle ou de la modification législative est
soumis aux par un référendum de consultation. Il reste ensuite élaborer et faire
ratifier le projet de révision ou de modification
Exemple : Art 192 à 195 de là constitution helvétique, art. 71 de la
constitution italienne.
La quatrième et principale technique demeure tout de même dans le
référendum, c’est-à-dire la consultation des électeurs sur une question ou sur un
texte qui ne deviendra alors parfait et définitif qu’en cas de réponse positive.Il
peut s’agir d’un texte constitutionnel ou législatif. Le référendum peut être
obligatoire, s’il est imposé par la constitution dans quelques cas précis, par
exemple à la fin du processus de révision, ou facultatif, s’il est laissé à la
discrétion d’un organe exécutif ou législatif
Exemple : sur ces deux points, art. 89 et 11 de la constitution française de

352
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
353
En matière constitutionnelle, la technique référendaire peut être utilisé non seulement pour réviser la
constitution mais aussi pour fonder un nouvel ordre démocratique. C'est ainsi qu’en Espagne le référendum du
15 décembre 1976 a posé le principe, après près de 40 ans de Franquisme, de l’élection des Cortès au suffrage
universel. Cf. dans le même sens, le référendum du 8 décembre 1974 en Grèce, après la dictature des colonels, a
permis au peuple de se prononcer pour la République et à la Chambre des députés d’adopter le 7 juin 1975 une
constitution républicaine.

77
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

1958.

Paragraphe2 : Référendum et plébiscite.


La procédure référendaire peut devenir rien moins que démocratique et
présenter les plus graves dangers si elle dégénère en plébiscite354. En théorie, la
distinction est claire car on peut dire qu’il y a référendum si la réponse populaire
est donnée en fonction de la question posée et qu’il y a plébiscite si elle est
donnée en fonction de la personnalité de l’auteur de la question. En fait, le
glissement est presque insensible car il est souvent difficile de séparer la
question de son auteur355, surtout si celui-ci est un individu, par exemple le
Président de la République « art 11 constitution de 1958 », et non pas un organe
collégial ou une assemblée « art. 27 de la constitution de l’Eire »356.
D’une manière générale, on peut considérer que ce glissement sera très
facilité par la réunion de quelques éléments caractéristiques, le plus important
étant certainement le chantage au départ : il y a plébiscite si l’auteur de la
question fait d’une réponse positive la condition de son maintien en fonction car
il invite alors lui-même les citoyens à répondre en considération de sa personne
et non de la question357.
Les autres éléments favorables concernent la concentration et la
personnalisation du pouvoir au profit de l’auteur de la question, la trop grande
complexité de la question posée, l’exigence d’une réponse unique alors qu’il y a
en réalité deux questions et la manipulation de l’opinion par la propagande
officielle. Le plébiscite constitue, dans une démocratie, une pression choquante
sur l’ensemble des citoyens358.

Paragraphe 3 : Une illustration de la démocratie semi-directe :


l’exemple de la Suisse.
La Suisse a toujours été la terre d’élection de la démocratie semi-
directe359. La constitution actuelle du 18 avril 1999, qui procède d’une révision
totale de la constitution précédente de 1874 « avec mise à jour et en ordre,
retraits, ajouts, innovations » maintient intégralement ce caractère.
En matière constitutionnelle, il faut distinguer entre la révision totale et
les révisions partielles360.
S’agissant de la révision totale, elle peut être proposée par l’Assemblée
fédérale « c’est le cas le plus logique et celui qui a abouti à la révision du 18

354
Guillaume (M) : « Le référendum ».Édition PUF, que sais-je ?, Paris, n° 2329, 1994, p70.
355
Sur (S) : « Un bilan du référendum en France ».Édition RDP, Paris, 1985, p 91.
356
Hamon (F) : « Le référendum. Etude comparative ».Édition LGDJ, Paris, 1995, p56.
357
Hamon (F) : « Le référendum en Europe, Bilan et perspectives ». Édition L'Harmattan, Paris, 2001, p80
358
Quermonne (JL) : « Le référendum : essai de typologie prospective ».Édition RDP, Paris, 1985, p77.
359
Rohr (J): « La démocratie en Suisse ».Édition Économica, Paris, 1987, p45.
360
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

avril 1999 », ou par l’un des deux Conseils ou par le peuple. Dans cette dernière
hypothèse, l'initiative populaire s’exprime par le dépôt d’une pétition revêtue de
100 000 signatures de citoyens et citoyennes ayant le droit de vote « art. 138 ».
Cette initiative ne fait que déclencher le processus, elle ne suffit
évidemment pas361. Il est ensuite procédé à un référendum pour que le peuple
décide s’il y a lieu ou non à procéder à une révision totale. Dans l’affirmative,
les deux Conseils sont renouvelés et élaborent le projet de constitution. La
même procédure serait observée si l’initiative venant d’un Conseil, l’autre
Conseil se déclarait en désaccord « Art.103 ». Bien entendu le projet établi et
adopté par l’Assemblée fédérale est dans tous les cas, y compris lorsque
l’’initiative a été prise par cette assemblée, soumis au vote du peuple et des
cantons, étant observé que le résultat au vote populaire dans un canon représente
le voie de celui-ci « Art. 142 ». Ainsi le peuple doit-il être consulté au moins
une fois si la révision totale a été décrétée par l’Assemblée fédérale « il
intervient alors pour approuver ou rejeter » et parfois trois fois « dans les autres
cas, une fois pour décider qu’il y a lieu à révision totale, une fois pour
renouveler les Conseils, une fois pour approuver ou non ». A noter que la
participation populaire peut être un peu décevante, comme cela s’est produit lors
de la ratification le 18 avril 1999 de la constitution actuelle. Il n’y a eu, en effet,
que 36 pour cent de votants « soit 64 pour cent d’abstentions, pourcentage
supérieur aux pourcentages habituels, pourtant assez élevés, cf. tableau »362.
S’agissant des révisions partielles, elles peuvent être demandées par le
peuple ou décrétées par l’Assemblée fédérale « Art. 194 ». Ce même article
prévoie qu’elles doivent respecter « l’unité de la matière », afin d’éviter la
dispersion des objectifs qui ne permettrait pas une réponse claire et significative.
L’initiative populaire se concrétise par le dépôt d’une pétition revêtue de
100 000 signatures. Elle peut être conçue en termes généraux ou prendre la
forme d’un projet rédigé mais de toute manière l’Assemblée fédérale vérifie si
elle satisfait aux conditions requises et notamment à « l’unité de la matière »363.
S’il s’agit d'une initiative rédigée en termes généraux, il appartient à
l’Assemblée d’élaborer le projet qui sera soumis au vote du peuple et des
cantons364. Si elle rejette l’initiative, celle-ci est soumise au vote du peuple et si
ce vote est positif, l’Assemblée a l’obligation d'établir un projet qui sera soumis
au vote du peuple et des cantons. S’il s’agit d’un projet rédigé contenu dans
l’initiative populaire, l’Assemblée prend position à son sujet : elle peut en
recommander l’acceptation ou le rejet et dans ce cas lui opposer un contre-
projet. Le peuple et les cantons ont ensuite à voter pour la décision finale365.
En matière non constitutionnelle, ce qui recouvre les lois fédérales et les
361
Capitant (R) : « Les régimes parlementaires ». In Mélanges Carré de Malberg, Édition Sirey, 1933, p123.
362
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
363
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.
364
Colliard (JC) : « Les Régimes parlementaires ». Édition Presses de la F.N.S.P, 1978, p34.
365
Manin (B) : « Principes du gouvernement représentatif ». Édition Calmann-Lévy, Paris, 1995, p49.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

traités les plus importants, ainsi que certains arrêtés fédéraux , l’intervention
populaire se manifeste sous la forme du référendum dit facultatif366. Le
processus peut être déclenché soit par le dépôt d’une pétition revêtue de 50 000
signatures, soit par huit cantons « Art.141 ». Dans le cas où l’une ou l’autre de
ces hypothèses se réalise, le texte visé , parmi ceux précités , doit être soumis au
vote du peuple. Le référendum devient obligatoire, comme en matière
constitutionnelle, lorsqu’il s’agit de traités portant adhésion à des organisations
de sécurité collective ou à des communautés supranationales ou encore de lois
fédérales déclarées urgentes et dépourvues de bases constitutionnelles367.
Il est clair que l’on ne peut guère concevoir de système plus
démocratique. Cependant, il n’est pas sans inconvénient car la fréquence des
consultations populaires « d’autant qu’il faut aussi tenir compte des
consultations organisées par les cantons, entraîne un très fort abstentionnisme368.

Partie 2 : Le système politique contemporain

Etymologie : du latin « regimen », action de diriger, de conduire.


Un régime est un mode d'organisation d'un Etat. C'est aussi la manière de
gouverner et d'administrer un Etat.
Depuis l'Antiquité s'est posée la question de distinguer les différentes
formes de gouvernement. Platon et Aristote ont établi une classification des
gouvernements selon l'origine de la souveraineté. Aristote définit ainsi trois
types de gouvernement : royauté, aristocratie et démocratie et trois formes
corrompues de ces régimes : tyrannie, oligarchie et démagogie.
Les nombreuses typologies ou classification des régimes développés à
partir du XVIIIème siècle sont plutôt fondées sur la manière dont le pouvoir est
exercé. S'appuyant sur les idées de Montesquieu

Chapitre 1: Le système politique britannique

Le système politique du Royaume-Uni est considéré comme l’un des


grands modèles de régime parlementaire. Plus connu sous le nom de Système de
Westminster, il a inspiré de nombreux autres pays, dont bon nombre d’anciens
pays du Commonwealth, tels que le Canada, l’Australie, l’Inde ou la Nouvelle-
Zélande. Le système politique britannique, pourtant basé sur aucune constitution
écrite, s’est révélé extrêmement stable et le Royaume-Uni est l’un des rares pays
européen à ne pas avoir connu d’épisode autoritaire au vingtième siècle.

366
Lauvaux(Ph) : « Les grandes démocraties contemporaines ».Édition PUF, Paris, Droit fondamental, 2e éd.,
1998, p251.
367
Heymann(D) : «Les régimes politiques ».Édition Économica,Paris, 1998, p56.
368
Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 ,p85-98.

80
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Section 1 : L’évolution historique de l’organisation Constitutionnelle


anglaise369
Le Royaume-Uni est un État unitaire et une monarchie parlementaire au
sein de laquelle le monarque est le chef d'État et le Premier ministre est le chef
du gouvernement responsable devant la Chambre des Communes.
Le pouvoir exécutif est exercé par le Gouvernement de Sa Majesté au
nom de la Reine. Le pouvoir législatif est exercé par le Parlement qui comprend
la Reine, la Chambre des Communes élue et de la Chambre des lords non élue.
Les membres du Gouvernement sont en même temps membres d'une des
chambres du Parlement et les plus importants d'entre eux forment
le Cabinet présidé par le Premier ministre.
Ce système de gouvernement, connu sous le nom de système de
Westminster du nom du lieu où siège le Parlement, est souvent considéré
comme le principal modèle de système parlementaire. Il a inspiré de nombreux
pays, notamment ceux du Commonwealth370.
La Constitution du Royaume-Uni a la particularité de ne pas être
codifiée : elle comprend des lois ordinaires et des conventions non écrites mais à
valeur constitutionnelle.
Depuis les années 1990, le Royaume-Uni a engagé un processus
de dévolution des pouvoirs dans ses nations constitutives : un Parlement
écossais, une Assemblée nationale du pays de Galles et une Assemblée d'Irlande
du Nord ont été créés.
Le Royaume-Uni est un pays multipartiste dans lequel il existe deux partis
principaux qui alternent généralement au pouvoir depuis 1920 : le Parti
conservateur et le Parti travailliste. Les gouvernements minoritaires ou
de coalition sont rares, le scrutin uninominal majoritaire à un tour tendant à
donner de fortes majorités à l'un ou l'autre des principaux partis. Les élections
générales ont lieu au maximum tous les cinq ans.

Sous-section 1 : Le parlement
Le régime politique britannique se présente comme une démocratie
parlementaire représentative ayant forme de monarchie constitutionnelle. Il
fonctionne dans le cadre d’un bipartisme qui donne lieu à une alternance au
pouvoir des deux grands partis371, ce qui signifie le partage du pouvoir entre les
institutions de la majorité et de l’opposition372.
L’organisation des pouvoirs publics obéit à des règles constitutionnelles

369
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Édition Dar attakafa,1986,p10-32.
370
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Édition Dar attakafa,1986,p10-32.
371
Charlot (M) : «Le pouvoir politique en Grande-Bretagne ». Édition PUF, Paris, 2e éd, 1998, p89.
372
Cadart (J) : «Régime électoral et régime parlementaire en Grande-Bretagne».Édition FNSP, Colin, Paris,
1948,p189.

81
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

essentiellement non écrites tirées de coutumes373, de décisions de justice et


d’usages tout aussi respectés ou conventions constitutionnelles, mais aussi à des
lois écrites374.
Historiquement, c’est en 1066 que fut établie la monarchie absolue en
Grande-Bretagne, à la suite de la conquête normande qui avait imposé une
monarchie étrangère qui exerça, dans le cadre d’un régime féodal, la totalité des
pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire375.
Cette monarchie convoquait périodiquement au cours du 12ème siècle des
assemblées consultatives pour recueillir avis et, surtout376, subsides des
représentants de la noblesse, des propriétaires fonciers, du clergé, et des
bénéficiaires de la féodalité. A ces catégories allaient s’adjoindre, par la suite,
les représentants de la bourgeoisie.
Les assemblées finirent377, au même siècle, par donner naissance à un
conseil appelé Chambre des Communes « de la reine » « Magnum Consillum ».
Au début du XIIIème siècle, le roi Jean Sans Terre fut contraint, sous la
pression des membres de la Chambre des Communes, de libéraliser son régime
et d’édicter en conséquence la Grande Charte du 15 juin 1215.
Les dispositions de ce texte accordèrent ainsi un ensemble de libertés et
de droits fondamentaux aux soutiens du régime, les barons et les sujets libres et
confièrent au Magnum Consillum deux attributions importantes : le droit, d’une
part, de donner son approbation à tous les impôts préalablement à la décision
royale concernant leur édiction et leur recouvrement et celui, d’autre part, de
présenter au roi - seul disposant du pouvoir législatif - des éditions et des
motions exprimant les désirs du conseil en matière législative378.

Paragraphe 1 : La formation du parlement


Quarante ans après l’annonce de la grande charte, le 20 janvier 1267
apparut le premier noyau du parlement britannique. A la chambre des
Communes siégeront, désormais, des représentants des comtés et des bourgs.
En 1295, le roi Edward 1er convoqua officiellement le parlement; cette
institution sera, depuis, connue sous le titre de parlement modèle.
Au XlVème siècle, les représentants des comtés et des bourgs ne siègent
plus à côté des nobles et des barons, ce qui donne naissance au bicamérisme
« chambre des Lords et chambre des Communes »379.

Paragraphe 2 : La législation

373
Leruez (J) : «Le système politique britannique depuis 1945». Édition, A. Colin, Paris, 1994, p91.
374
Laski, (H) : «Le gouvernement parlementaire en Angleterre».Édition PUF, Paris, 1950, p78.
375
Cadart(J) : «Régime électoral et régime parlementaire en Grande-Bretagne».Édition Colin, Paris, 1948, p69.
376
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Édition Dar attakafa,1986,p10-32
377
Laski (H): « Le gouvernement parlementaire en Angleterre ».Édition PUF, Paris, 1950, p56.
378
Leruez (J) : «Gouvernement et politique en Grande-Bretagne ».Édition Presses de la FNSP, 1989, p92.
379
Capitant (R) : «Les Régimes parlementaires ».Op-cit36.

82
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Au XVème siècle, le parlement a pu exercer les compétences qui lui sont


dévolues par la Grande charte. L’approbation des impôts royaux lui permit
notamment de contraindre le roi à lui reconnaître les compétences législatives
qu’il convoitait380.
Ceci ne signifie pas, bien entendu, le transfert du pouvoir législatif au
parlement381. Il signifie, tout au plus, l’acceptation des requêtes parlementaires
par le roi, qui, en contrepartie de l’approbation des impôts par le parlement, ne
fait plus obstacle aux textes proposés à la promulgation382.
Cette promulgation était facilitée par le fait que le parlement tenait à
établir des «Parliamant Acts» , appellation, d’ailleurs toujours en vigueur , c’est-
à-dire à formuler ses propositions sous forme de lois, avant de les transmettre au
roi383.
Aussi a-t-on nommé Act of Parliamant ces textes et les appelle-t-on
encore ainsi, de nos jours384.
Ce fut le point de départ d’un partage du pouvoir législatif entre le roi et le
parlement, sinon le début de l’exercice de ce pouvoir par le parlement, le
souverain conservant le pouvoir de promulgation et le droit de veto385.
Cette pratique, qui a pu continuer jusqu’au XVIIème siècle386, a permis de
consacrer le partage387 : un pouvoir législatif exclusif et limité à certaines
attributions au profit du roi, sans l’approbation du parlement exigée auparavant,
et un début de pouvoir législatif au profit du parlement avec approbation du roi,
ce qui aboutit à une collaboration initiale entre les deux institutions388.

Sous-section 2 : Roi
Le monarque, actuellement la reine Élisabeth II, est le chef
d'État du Royaume-Uni. On dit souvent de la reine qu'« elle règne mais ne
gouverne pas » : bien qu'elle prenne très peu part au gouvernement du pays,
l'ensemble des pouvoirs provient théoriquement de son autorité.
Les pouvoirs exécutifs du monarque font partie de ce qu'on appelle
la prérogative royale, c'est-à-dire qu'ils peuvent être exercés sans le
consentement du Parlement. De nos jours l'ensemble des pouvoirs n'est exercé
par la reine que sur la recommandation du Gouvernement ou par délégation à un
des ministres de la Couronne. Le Premier ministre rencontre la reine une fois par
semaine. Au cours de ces rencontres confidentielles, la reine est tenue informée

380
Charlot (M) : «Le pouvoir politique en Grande-Bretagne ».Édition PUF, 1998, p67.
381
Leruez (J) : « La Grande-Bretagne à la fin du XXe siècle ».Édition la Documentation française, 1994, p51.
382
Malberg (C) : «Contribution à la théorie générale de l’Etat » Op-cit 98.
383
Pactet (P) : « Les institutions politiques de la Grande-Bretagne».Édition La documentation française, 1960,
p116
384
Bell (J) : «La révolution constitutionnelle au Royaume-Uni ».Édition RDP, Paris, 2000, p213.
385
Leruez (J) : «Gouvernement et politique en Grande-Bretagne».Édition Presses de la FNSP, Paris, 1989, p90.
386
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Édition Dar attakafa,1986,p10-32.
387
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
388
Bell (J) : «La réforme de la chambre des Lords ».Édition RFDC, Paris, 2000, p170.

83
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

des affaires de l'État et peut faire part de ses sentiments, avertissement ou


conseil au chef du gouvernement.
Les pouvoirs du monarque sont les suivants389 :

-Nommer et démettre le Premier ministre et les autres ministres


-Convoquer, proroger et dissoudre le Parlement
-Donner ou refuser la sanction royale aux projets de loi
-nommer les officiers des Forces armées, commander les Forces armées
et les déployer outre-mer
- Nommer les membres du Conseil privé
- Délivrer les passeports
- Accorder la grâce
- Accorder des honneurs
- Créer des sociétés par charte royale
- Ratifier et faire les traités
- Déclarer la guerre et la paix
- Reconnaitre les États
- Accréditer et recevoir les diplomates
Le Conseil privé est l'organe formel de conseillers par lequel la reine
exerce ses pouvoirs mais de nos jours ses compétences sont exercées par l'un de
ses omîtes, le Cabinet, composé des principaux ministres et présidé par
le Premier ministre390.

Paragraphe 1 : La monarchie limitée


De graves événements mirent fin, au XVIIème siècle, à la collaboration des
deux institutions. C’est la dynastie des Stewart qui avait porté atteinte aux
attributions du parlement en se permettant de monopoliser le pouvoir législatif et
de revenir à la monarchie absolue. Les souverains de cette dynastie ordonnèrent
ainsi de nouveaux impôts sans l’accord du parlement et suspendirent les libertés
énoncées dans la Grande Charte et confirmées par la pratique antérieure. Cette
situation provoqua une guerre civile au cours de laquelle le roi Charles 1 er fut
décapité 1649. Par la suite, la dictature de Cromwell fut instaurée, dura jusqu’en
1658 et fut une grande épreuve pour le peuple d’Angleterre qui ne put qu’aspirer
au retour de la précédente monarchie391.
Effectivement, la monarchie fut restaurée, à partir de 1660, avec deux
monarques qui ont beaucoup déçu : Charles II et Jacques II. Celui-ci abdiqua et
se réfugia en France en 1688.
Guillaume d’Orange fut proclamé roi par le parlement en 1689, mais
accepta le Bill of Rights, qui allait permettre au parlement d’avoir l’initiative en

389
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Édition Dar attakafa,1986,p10-32
390
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
391
Leruez (J) : «Le système politique britannique depuis 1945».Édition Colin, Paris, 1994, p56.

84
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

matière législative et le droit de voter les lois qui ne deviennent, cependant,


définitives qu’après promulgation par le roi392.
Se dessina ainsi une répartition des compétences qui confia au roi le veto
législatif, le pouvoir de nomination aux fonctions civiles et militaires, le droit de
dissolution du parlement ainsi que l’exercice du pouvoir réglementaire, qui
devait se conformer aux lois. Quant au domaine législatif, qui incluait
notamment la loi de finances, la législation fiscale et le vote du budget de
l’armée, il était du ressort du parlement393.
Ces dispositions indiquent que l’ère commencée en 1689 était celle de la
monarchie limitée. Les historiens considèrent, en général, cette ère comme
marquant les prémisses du courant constitutionnel libéral en Occident394.
C’est, en effet, la monarchie limitée qui avait inspiré les révolutionnaires
américains lorsqu’ils établirent le régime présidentiel par la constitution de
1787.
La monarchie limitée et les pratiques constitutionnelles qui en découlèrent
avaient ainsi ouvert la voie à l’établissement progressif du régime parlementaire,
devenu, en 1782, le signe distinctif de la vie politique anglaise.

Paragraphe 2 : Cabinet et bipartisme « two-party system »


L’explication précédemment énoncée de la naissance du parlement et de
l’évolution de la législation, faits historiques, règles coutumières, peut être
reprise ici à propos d’une autre institution, le Cabinet, et du système bipartisan.
C’est, en effet, la dynastie des Stewart, qui avait œuvré à la restauration
de la monarchie absolue, qui fut à l’origine de l’institution du Cabinet : les
conseillers privés du roi se réunissaient dans une petite salle, leur réunion fut
appelée Cabinet.
Quant accéda au trône, avec l’assentiment du parlement, le prince
Guillaume d’Orange, il prit l’habitude de nommer ses conseillers et ministres
parmi la majorité des deux chambres395, afin de préserver ses relations avec le
parlement et d’avoir ainsi l’appui de celui-ci. La majorité396 reflétait deux
tendances politiques également représentatives des forces engagées dans la
guerre civile397, survenue sous le règne des Stewart et qui avait donné lieu à une
confrontation entre partisans et adversaires du roi. Ce fut là le début du
bipartisme et du gouvernement majoritaire, du choix des membres du
gouvernement dans la majorité parlementaire. Cette pratique va demeurer la
principale caractéristique du régime parlementaire, ce qui le démarque des

392
Bell (J) : « La révolution constitutionnelle au Royaume-Uni ».Édition, RDP, Paris, 2000, p413.
393
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
394
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
395
Lenoir (N) : « La Chambre Des Lords ».Édition Dalloz, Paris, n° 3, 1997, p 37.
396
Dubourg (SL) : « Le nouveau Parlement écossais ».Édition RFDC, Paris, 2001, p583.
397
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

85
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

autres régimes politiques398.


Un autre événement vint consacrer l’autorité du Cabinet : le trône anglais
fut, en 1717, de nouveau vacant, et il n’y avait pas de successeur dans la famille
royale de Guillaume d’Orange. Le parlement se vit alors contraint de trouver un
successeur parmi les princes éloignés de cette dynastie. Il le choisit dans une
famille royale allemande qui régnait à Hanovre, et c’est ainsi que Georges 1 er fut
proclamé roi d’Angleterre. Ce souverain, ignorant la langue anglaise, n’assistait
pas aux délibérations du Cabinet399. Son fils, le roi Georges II, ne connaissant
pas davantage l’anglais, fut contraint à la même abstention; le roi ne présidait
pas le conseil des ministres et n’exerçait pas ses attributions et prérogatives qu’il
abandonnait au gouvernement. Celui-ci échappait ainsi au contrôle du souverain.
Cette situation dura cinquante ans, jusqu’à 1760.

Paragraphe 3 : Le premier ministre


La personne désignée par le roi voit se développer progressivement sa
fonction et ses attributions, ce qui donnera bientôt naissance à l’institution de
Premier ministre. Celui-ci jouera alors simultanément les rôles d’homme de
confiance du roi, interlocuteur du parlement et intermédiaire entre le parlement
et le roi400.

Section 2 : Le parachèvement, en 1782, du régime parlementaire


Georges 1er avait pris l’habitude, depuis son couronnement en 1714, de
nommer comme Premier ministre une personnalité représentant la majorité. Le
véritable régime parlementaire ne prit, cependant, forme qu’après le
renversement par le parlement, en 1782, du gouvernement du Premier ministre
Lord North. Le fait est très significatif en ce qu’il dégage l’élément de
responsabilité politique, collective et solidaire, du gouvernement, devant
l’institution parlementaire401.
Cette responsabilité politique a dû, cependant, être précédée et préparée
par un mécanisme de responsabilité pénale individuelle. Les ministres
pouvaient, en effet, être inculpés par la chambre des Communes et jugés par la
Chambre des lords, ce qui constitue ce qu’on appelle l’«impeachment».
La conséquence de cet état de choses fut que les ministres préférèrent
présenter leur démission plutôt que de s’exposer à un «impeachment» : la
responsabilité politique individuelle prit alors la place de la responsabilité pénale
et se transforma bientôt en responsabilité collective, avec le renversement du
gouvernement North402.

398
Bell (J) : « La réforme de la chambre des Lords ».Édition RFDC, Paris, 2000, p170.
399
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
400
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
401
Pactet (P) : « Les institutions politiques de la Grande-Bretagne ».La documentation française,
Paris,1960,p34.
402
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

86
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

On peut dire que c’est par l’institution de la responsabilité politique


collective en 1782 que le régime parlementaire put prendre sa forme achevée car
la dissolution du parlement, autre élément essentiel dans la définition de ce
régime, avait joué bien antérieurement à cette date. La dissolution constituait
constamment, en effet, un droit que le roi utilisait normalement chaque fois que
l’assemblée, convoquée par ses soins, avait terminé ses délibérations. Mais, en
1782, ce droit cessa d’être exclusivement exercé par le roi et le gouvernement
pouvait, désormais, y recourir. Aujourd’hui, la dissolution relève de sa
compétence exclusive, de même que d’autres prérogatives que détenait le roi,
comme il sera précisé ultérieurement403.

Sous-section 1 : Les reformes électorales


Le régime parlementaire ne devint pleinement démocratique qu’au XIXème
siècle et, surtout, vers la moitié du XXème, lorsque le suffrage cessa d’être
restreint pour devenir universel. Cette transformation est passée par les étapes
suivantes404 :
- La réforme électorale de 1932 attribua aux grandes villes davantage de
sièges à la chambre des Communes et augmenta le nombre des
électeurs de plus de cinquante pour cent405;
- La réforme de 1867 réduisit le cens électoral, ce qui aboutit à
augmenter la liste électorale d’un million de nouveaux électeurs;
- La réforme de 1884, révisa le découpage électoral, ce qui permit
d’avoir un représentant à la chambre des Communes pour 50.000
habitants;
- Une loi de 1918 établit le suffrage universel au profit des électeurs de
sexe masculin;
- Une loi de 1928 accorda le droit de vote aux femmes;
- Une loi de 1948 supprima le vote multiple;
- Une loi de 1958 permit aux femmes d’accéder à la chambre des Lords;
- En 1970, l’âge électoral fut abaissé de 21 ans à 18.

Sous-section 2 : Les sources du droit constitutionnel anglais


Cet exposé sur l’évolution historique ayant abouti à la prise de forme du
régime britannique permet de mesurer l’impact des pratiques coutumières sur les
institutions politiques de ce régime406. Le rôle de ces pratiques est tellement
évident dans la naissance et le développement de ces institutions qu’on n’a pas
hésité à qualifier l’Angleterre d’«Etat sans constitution». La plupart des
institutions britanniques ne trouvent pas, en effet, leur origine dans une
403
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
404
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
405
Govoroff (M) : « Le débat sur la réforme électorale en Grande-Bretagne depuis 1974 ».Édition RDP,Paris,
1986, p43.
406
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

87
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

constitution au sens formel407.


Le droit constitutionnel coutumier se trouve donc à la base des institutions
politiques408: gouvernement, premier ministre issu obligatoirement de la
majorité élue, opposition, parlement, et régit les rapports entre ces institutions :
responsabilité politique du gouvernement et dissolution du parlement409.
Outre ces règles générales, on peut citer des règles particulières qui, elles
aussi, relèvent de l’organisation constitutionnelle coutumière. Signalons, à cet
égard, les voies et moyens dégagés par les parlements successifs en vue
d’assurer l’organisation et le fonctionnement de l’institution parlementaire, tels
le speaker, les commissions parlementaires, les questions orales ou écrites,
l’interpellation du gouvernement, le mode de scrutin410, etc.
La plupart des règles constitutionnelles, auxquelles tout le monde est resté
attaché, constituent donc un ensemble coutumier enraciné dans la pratique de la
société politique. Elles ont acquis force de loi mais restent faciles à réviser, car
la constitution anglaise au sens matériel , est une constitution souple.
Si la plupart des règles constitutionnelles ne sont pas écrites, en revanche
il existe, dans l’histoire politique anglaise, une série de règles constitutionnelles
écrites, notamment celles relatives aux droits et libertés d’une catégorie sociale,
comme c’est le cas de la Grande Charte, établie en 1215411.
Sont écrites également les bill of right, édictés en 1688 et qui reçurent leur
début d’application sous le règne de Guillaume d’Orange, l’acte d’établissement
de 1701, relatif à la succession au trône412, les Parliament acts de 1911 et de
1949, qui réduisirent considérablement les pouvoirs de la chambre des Lords et
le parliament act de 1958, qui créa des pairs à vie et qui permit, en même temps,
aux femmes de siéger à la chambre des Lords413.
Hauriou considère que seules les règles relatives aux institutions
politiques forment constitution coutumière, alors que les lois afférentes aux
droits et libertés correspondent à une sorte de constitution écrite.

Paragraphe 1 : Le roi ou la couronne


Les deux termes désignent la première et la plus ancienne institution de la
vie politique anglaise.
La couronne symbolise l’unité de la nation, en tant que communauté
407
Roland (M) :«Histoire de la Grande-Bretagne du Ve siècle à nos jours ».Édition A. Colin, Paris, 1993, 3 e éd.
p 90.
408
Dubourg(S) :«Pour une constitutionnalisation des droits et libertés en Grande-Bretagne ».Édition RFDC,
Paris, 1993, p279.
409
Leruez (J) :«La Grande-Bretagne à la fin du XXe siècle » ».Édition. La Documentation française,Paris,
1994, p56.
410
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
411
Bovin (J.P) :« L’épopée du parti social-démocrate britannique : un rendez-vous manqué avec l’Histoire ?
».Édition RDP, Paris, 1983, p339.
412
Govoroff (M):«Le débat sur la réforme électorale en Grande-Bretagne depuis 1974».Édition RDP, Paris,
1986, p,104.
413
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

88
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

humaine et historique. Quant au roi, ou à la reine, c’est lui qui, comme


propriétaire du trône exerce, en vertu de la succession, les prérogatives de la
couronne414.
L’histoire anglaise mentionne l’existence de cette institution au IXème
siècle. La reine Elisabeth est en effet de la lignée du roi Egebert qui unifia le
pays en 829415.
L’accession au trône fut limitée à la famille royale de Hanovre qui prit
successivement le nom des « WINDSOR » après la grande guerre et celui des
«WINDSOR MONTBATTEN» après 1959. Dans l’ordre de succession, les
femmes prennent place après les hommes416.
Actuellement, Elizabeth II est la septième à avoir été intronisée reine
d’Angleterre417.
Ne sont toutefois intronisées que les personnes appartenant à l’Eglise
anglicane, ce qui signifie l’exclusion de la succession au trône des catholiques et
des personnes mariées à des catholiques418.
Le roi intronisé bénéficie d’une immunité de juridiction totale et absolue
en vertu du principe «le roi ne peut mal faire»; une personne plaignante ne peut
que lui adresser un recours gracieux, la coutume voulant que le roi y accède
favorablement419.
Les ministres sont considérés, en conséquence, responsables à la place du
roi. Avec beaucoup d’humour les Anglais précisent : « si le roi commet un
meurtre, c’est le Premier ministre qui en est responsable ; si le roi tue son
Premier ministre, plus personne dans le pays n’est responsable »420.
Ce qu’il faut comprendre par-là, c’est la substitution des ministres au roi
dans la responsabilité politique, en raison du rôle symbolique de la couronne : le
monarque anglais règne, en effet, et ne gouverne point421.

Paragraphe 2 : Les pouvoirs de la couronne


Théoriquement, sinon juridiquement, le roi exerce un certain nombre de
pouvoirs, ce qui se manifeste par le fait qu’il appose sa signature sur certaines
décisions prises par le gouvernement. Le roi est assisté d’un conseil privé qui est
supposé lui donner des avis422. Cet organe consultatif est composé de tous les
conseillers personnels du monarque : civils, militaires et ecclésiastiques soit plus

414
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
415
Dubourg(L):«Pour une constitutionnalisation des droits et libertés en Grande-Bretagne».Édition
RFDC,Paris, 1993, p79.
416
Dubourg(L):«Le nouveau Parlement écossais».Édition RFDC,Paris, 2001, p283.
417
Lenoir(N):«La Chambre Des Lords, à propos des projets actuels de réformes constitutionnelles ».Édition
Dalloz , Cahiers du Conseil constitutionnel,Paris,n° 3 , 1997,p37.
418
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
419
Grewe(C):«Droits constitutionnels européens ».Édition P.U.F.Droit Fondamental,Paris,1995, p56.
420
Lauvaux (P) : «Les grandes démocraties contemporaines».Édition Montchrestien, Paris, 5e éd, 1996, p45.
421
Meny (Y) : « Politique comparée .Les démocraties».Édition Montchrestien, Paris,5e éd,1996,p145.
422
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

de 300 membres. Les attributions politiques du conseil sont multiples mais elles
sont en fait exercées par les seuls membres du cabinet.
C’est en principe le roi qui nomme le leader de la majorité élue au poste
de Premier ministre, le président de la chambre des Communes pour la durée de
la législature. C’est lui qui sanctionne et promulgue les lois et signe le décret de
dissolution de la chambre. Il est le chef suprême de l’armée, exerce le droit de
grâce, préside l’ouverture des sessions du parlement et, lors de cette ouverture,
prononce le discours du trône, qui expose la politique du gouvernement.
Il est également compétent pour la création de pairs, la distribution des
titres et des décorations423.
En matière diplomatique, il accrédite les ambassadeurs et les
ambassadeurs étrangers sont accrédités auprès de lui, exerce le droit de guerre et
de paix, le droit de reconnaître les gouvernements424.
Mais il s’agit, en fait, de pouvoirs qui n’appartiennent au roi que
nominalement. Pratiquement, il s’agit de décisions qui lui sont présentées par le
Premier ministre au nom du gouvernement et qu’il ne peut refuser425.
La nomination par le roi du Premier ministre n’est que la consécration des
résultats du vote de la majorité du corps électoral en faveur d’un des deux partis
: c’est même une procédure imposée par la coutume constitutionnelle. C’est ce
qui a fait dire à certains que le Premier ministre est élu à son poste par le
suffrage universel direct426.
De même, la nomination par le souverain du président de la chambre des
Communes est une simple formalité : qui ne fait que corroborer la volonté de la
chambre dans le choix de son président.
Le droit de veto, qui résulte du pouvoir du roi de promulguer les lois, est
un simple droit théorique, inutilisé depuis plus de deux siècles427.
Notons également que le décret de dissolution n’est signé par le roi
qu’après délibération du Cabinet et proposition par le Premier ministre. Celui-ci
est considéré, par certains auteurs comme celui qui exerce véritablement le droit
de dissolution.
Le discours du trône lu par le roi est rédigé par le gouvernement 428; il
contient, au reste, le programme d’action de celui-ci et c’est par le biais de ce
discours que le gouvernement expose sa politique aux deux chambres et à la
Nation429.
Même en procédant à des nominations aux fonctions de la magistrature,
423
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
424
Goyard(C) : « Unité du droit et justice constitutionnelle».Édition Économica, Paris, 1996, p78.
425
Paciet(P) : « Brèves remarques sur le pouvoir de dernier mot en droit constitutionnel ».Édition Lichtenhan,
1996,p67.
426
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
427
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
428
Klein (C) : «Théorie et pratique du pouvoir constituant».Édition P.U.F,1996, p90.
429
Rueda (F) : «Le contrôle de l'activité du pouvoir exécutif par le juge constitutionnel. Les exemples français,
allemand et espagnol ».Édition LGDJ, Paris, 2000, p45.

90
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

de l’armée430, de la diplomatie et de membres de la chambre des Lords, le roi ne


fait qu’entériner les propositions qui lui sont faites par le gouvernement.
Ainsi le pouvoir du roi s’avère, en définitive, une approbation
automatique des décisions de son gouvernement et une exécution de la volonté
des représentants de la Nation431.
Mais le roi assume, chaque fois que le besoin s’en fait sentir, un rôle
d’arbitre432. Ainsi en est-il lorsque l’équilibre bipartisan se trouve rompu et que
les élections ne parviennent pas à dégager un parti majoritaire; dans ce cas, le roi
use de son pouvoir discrétionnaire et, après consultation des leaders des forces
politiques, désigne une personnalité au poste de Premier ministre en vue de
diriger un gouvernement de coalition nationale : ce qui est effectivement arrivé
en 1923 et en 1932.
Le fait que les prérogatives du roi soient si restreintes confère à
l’institution de la couronne son immunité et son caractère sacré 433. Le roi doit
être placé au-dessus des institutions politiques et se situer en dehors des luttes et
rivalités partisanes, afin d’être le souverain de tous les Britanniques, sans aucune
contestation et que la monarchie ne soit pas objet de discussion434.
Le rôle ainsi joué par la monarchie confère à la Couronne le caractère
d’une institution respectée, vénérée; elle est ainsi au-dessus de la mêlée aussi
bien institutionnelle que partisane. C’est ce qui fait du roi le monarque de tous,
et de la monarchie, l’institution de l’unanimité435.
On devine pourquoi, dès lors, elle se présente comme étant le symbole de
l’unité de la nation436, le lien spirituel qui cimente les différentes parties de
l’empire britannique. L’attachement à l’institution est inséparable de
l’attachement à la nation437.
Ainsi certains Etats indépendants, liés à la Couronne britannique ,les
«dominions» du Canada, d’Australie et de Nouvelle-Zélande , n’ont pas de chef
d’Etat, mais seulement un Premier ministre, leur chef d’Etat étant le souverain
britannique438.

Sous-section 3 : Le parlement
Depuis que le parlement anglais s’est scindé, au XlVème siècle en deux
chambres, la Grande-Bretagne vit sous le régime du bicamérisme : chambre des

430
Starck (Ch) : « La constitution cadre et mesure du droit ».Édition Économica, Paris, 1994, p89.
431
Chevalier (J) : « L’Etat-nation monarchique : vers le déclin ».Édition PUF, Paris, 1983, p149.
432
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
433
Dabin (J) : « L’Etat ou la politique. Essai de définition ».Édition Dalloz, coll. Philosophie du droit, Paris,
1957, 304 p.
434
Dabin (J) : « Doctrines générale de l’Etat ».Édition Sirey, Bruxelles, 1939, p 507.
435
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
436
Guchet (Y) : « Histoire des idées politiques ».Édition A. Colin, Paris, 2 vol, 1991, p52.
437
Chevalier (J) : « La grande transition ».Édition Sirey, Paris, 1984, p193.
438
Denquin (J) : « Science politique ».Édition PUF, coll. Droit fondamental, Paris, 1992, 4 e éd, p180.

91
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Communes et chambre des Lords439.


Mais les deux chambres n’ont ni les mêmes prérogatives ni la même
importance. Seule la chambre des Communes a compétence pour contrôler le
gouvernement, pour trancher en matière de pouvoir législatif, et pour être
l’organe du dialogue entre les pouvoirs exécutif et législatif, ce qui amena
certains juristes à considérer qu’il s’agit, en fait, de monocamérisme440.
Sans aller jusqu’à adopter pareille conclusion, on peut dire que la chambre
Des Lords n’exerce que des attributions limitées, l’évolution - marquée, surtout,
par l’adoption du régime parlementaire représentatif ayant abouti, depuis 1911
notamment, à la priver de ses prérogatives les plus importantes. Mais la chambre
des Lords a conservé en tant qu’institution historique441, certaines fonctions
symboliques et de prestiges, soumis, néanmoins, aux exigences du régime
démocratique442.
Toutefois, la chambre des Lords apparaît désormais comme une chambre
de réflexion donnant des avis consultatifs à la chambre des Communes 443.
C’est un tel style, qui allie conservatisme et modernisme, qui a fait dire à
un observateur que le Français, lorsqu’il veut changer sa vieille maison, la
démolit entièrement et construit sur ses ruines une nouvelle demeure, alors que
l’Anglais tient à restaurer sa vieille maison de l’intérieur en la modifiant
radicalement444; il en conserve cependant les façades et la porte extérieure
comme pour indiquer que la vieille bâtisse reste ce qu’elle a toujours été. En
somme si le Français est un contestataire, l’Anglais est plutôt un conservateur et
un réformiste pondéré445.

Paragraphe 1 : La chambre des communes


La chambre des Communes se compose de 650 députés, élus pour cinq
ans au suffrage universel direct par un électorat d’hommes et de femmes de 18
ans et plus; les candidats aux élections à la chambre doivent avoir au moins 21
ans révolus446.Le vote se fait au scrutin majoritaire uninominal, à un tour.
Le nombre des circonscriptions électorales correspond à celui des sièges à
pourvoir. Si dans une circonscription il n’y a qu’un candidat, il est proclamé élu
sans qu’il y ait lieu à vote; ce cas, toutefois, est rare, les deux grands partis
tenant à participer partout à la compétition électorale dans des conditions
d'équilibre447.

439
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
440
Braud (P) : « Histoire des idées politiques depuis la Révolution ».Édition Montchrestien, coll. Domat-
Politique, Paris, 1992,2e éd, p190.
441
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
442
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
443
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
444
Châtelet (F) : « Histoire des idées politiques ».Édition PUF, coll. Mémentos Thémis, Paris, 1993,p52.
445
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
446
Châtelet (F) : « Dictionnaire des œuvres politiques ».Édition PUF, Paris, 1995, 3e éd, p180.
447
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

92
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Le plus souvent le gouvernement procède à la dissolution au cours de la


dernière année de la législature, ce qui ne permet pas de «boucler» les cinq ans
que doit durer en principe cette dernière448.

A- Le «speaker»
C’est le nom que porte toujours le président de la chambre des Communes
qui avait pour rôle d’être l’émissaire de la chambre auprès du roi à qui il
s’adressait au nom des députés449, lui soumettant leurs requêtes. Il est le porte-
parole de la chambre qui l’élit pour la durée de la législature. C’est le roi qui
signe le décret de sa nomination comme consécration de son élection.
De par sa personne, et vu le prestige dont il est traditionnellement entouré,
le speaker est une institution particulière. Son pouvoir dépasse ceux des autres
présidents des chambres dans d’autres régimes450.
Ce qu’il faut souligner, c’est qu’il est élu au début de chaque législature
après accord préalable entre la majorité et l’opposition. La coutume veut que
l’accord se fasse sur le nom d’une personnalité éminente, jouissant d’une
certaine popularité et d’un grand prestige451, acquis à la suite de son élection
régulière dans sa circonscription. Aussi demeure-t-il, durant plusieurs
législatures, à la tête de la chambre452.
Pour lui conserver la confiance de la chambre et maintenir la différence
attachée à sa fonction, qui doit rester à l’écart des tendances qui s’affrontent, la
tradition a voulu qu’il ne participe au vote qu’en cas d’égalité des voix
nécessitant le départage par sa voix prépondérante453. En raison du vote
majoritaire, un tel cas est plutôt rare454.
En bonne tradition consacrée, les députés, dans leurs interventions,
s’adressent spécifiquement au speaker plutôt qu’à leurs collègues ou aux
ministres car c’était à lui qu’on confiait le soin de communiquer au roi leurs
opinions, propositions et requêtes455.
A son tour, le président s’adresse à l’«honorable député», ne l’appelant
par son nom qu’en cas de perturbation grave de la bonne marche des séances, à
laquelle il a la charge de veiller.
Ce rôle exercé par le speaker se manifeste clairement dans deux domaines
importants : c’est lui seul qui a compétence pour différencier une loi financière
« Money bill » d’une loi ordinaire, car seule cette dernière est transmise à la

448
Dabin (J) : « L’État ou le politique ».Édition Dalloz, Paris, 1975,p78.
449
David (M) : « La souveraineté du peuple ».Édition PUF, Paris, 1996,p94.
450
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
451
Passerin (A) : « La notion de l’État».Édition Sirey, Paris, 1969, p20.
452
Dabin (J) : « Théorie générale du droit ».Édition Dalloz, Paris, 1989, p121.
453
Fleiner (T) : « Théorie général de l’État ». Edition, A. Colin, Paris, 1986, p201.
454
Kelsen (H) : « Théorie pure du droit ».Édition, Dalloz, Paris, 1962, p90.
455
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

93
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

chambre des Lords comme on verra plus loin; ensuite, c’est lui qui a le pouvoir
discrétionnaire pour écarter certains amendements du débat parlementaire.
Des implications politiques ne peuvent donc que découler de ces deux
prérogatives456.

B- Les attributions de la chambre des communes


Depuis le XVIIIème siècle, on avait pris l’habitude de dire que « le
parlement anglais peut tout faire sauf transformer l’homme en femme et vice
versa». Il ne faut cependant pas prendre cette appréciation au pied de la lettre : la
chambre des Lords n’exerce plus, en effet, que des attributions limitées et la
chambre des Communes, malgré ses compétences, est loin d’accaparer tout le
pouvoir et d’exercer une souveraineté parlementaire semblable à celle qui était
détenue, dans le cadre de la démocratie représentative, par quelques parlements
européens, dont le parlement français.
Certains auteurs ont même qualifié le Parlement britannique de simple
chambre d’enregistrement, se basant en cela sur la confusion des pouvoirs aux
mains du parti majoritaire ou plus exactement de ses chefs qui monopolisent
l’initiative législative457.
Il convient, à cet égard, de démarquer le «parliament», version anglaise du
concept de parlement, de la signification attribuée à ce dernier parliament dans
les autres langues. Chez les Anglais, le mot Parliament ne désigne pas seulement
les instances représentatives mais aussi l’ensemble des institutions du pays : le
roi, le gouvernement, les deux chambres, les électeurs et même l’opinion
publique458.
La principale chambre, la chambre des Communes, n’exerce ainsi que des
pouvoirs relativement limités, à l’instar des assemblées représentatives des
régimes démocratiques.

C- Le contrôle
Dans le domaine du contrôle, la chambre des Communes dispose du droit
d’initiative par le biais de la motion de censure, en application de la
responsabilité politique gouvernementale. Ce moyen d’action fait face « ou
contrepoids » à la mesure de dissolution de la chambre. Celle-ci n’a recours à la
motion de censure que rarement, étant donnée l’existence d’une majorité
gouvernementale au parlement.
La chambre exerce également son contrôle par le biais des questions
orales, chaque jour, pendant une heure, de lundi à jeudi à l’ouverture de chaque
séance parlementaire. Par ce biais, tout député peut s’enquérir de toutes les
questions et dans tous les domaines possibles, avec obligation pour les ministres

456
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
457
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
458
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

de répondre. L’opinion publique suit ce dialogue fructueux que les media


transmettent fidèlement et en toute objectivité. Pour enrichir ce dialogue et le
rendre efficace, le gouvernement comprend un grand nombre de ministres
appelés «Parliamentary Secretary», qui suivent les débats et y assistent
régulièrement, intervenant chaque fois qu’ils doivent le faire.

D- Le pouvoir législatif
En principe, le domaine de la loi n’est pas limité - comme c’est le cas
dans les systèmes français et marocain - mais il n’est pas, pour autant illimité.
Le gouvernement britannique exerce, en effet, un pouvoir réglementaire de plus
en plus étendu. Les Britanniques n’échappent pas ainsi à la tendance, prévalant
dans tous les régimes démocratiques, à savoir le renforcement du pouvoir
exécutif au détriment du pouvoir législatif459; en plus des compétences
traditionnelles importantes du gouvernement qui lui reviennent en sa qualité de
gouvernement issu de la majorité460.
Il faut noter461, en outre, que la faculté du gouvernement de participer à la
fonction législative a abouti à renforcer le nombre des projets de loi par rapport
à celui des propositions de loi, l’occasion étant la présentation de son
programme pour obtenir l’investiture et le moyen étant l’administration qui lui
permet de déposer des textes en bonne et due forme462.
Statistiquement, quatre-vingt-dix pour cent des débats parlementaires
portent sur des projets de loi qui finissent par être votés en raison de la majorité
dont dispose le gouvernement à la chambre. Quant à l’opposition manifestée par
la minorité, elle n’aboutit en fait qu’à les enrichir, à les rendre plus conformes
aux conditions de forme et de fond463.
Le gouvernement peut, d’un autre côté, exercer le pouvoir législatif par
habilitation du parlement; ce procédé a vite gagné du terrain et est de plus en
plus utilisé464.
Forts de ces données, certains commentateurs ont conclu que même la
législation est soumise au gouvernement.

E- Le domaine financier
Depuis 1949, la chambre des Communes est seule compétente pour
adopter les lois de finance, la chambre des Lords ayant perdu toute compétence
en la matière.
Dans ce domaine également, la politique du gouvernement est planifiée et
exposée dans le discours du trône.

459
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
460
Favoreu (L) :«Recueil de jurisprudence constitutionnelle ».Édition Litec , Paris,1995, p133.
461
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
462
Favoreu (L) : «Le Conseil constitutionnel ».Édition Que sais-je ? n° 1724, Paris, 1995, p128.
463
Franck (C) : «Droit constitutionnel - Les grandes décisions ». Édition PUF, Paris, 1978, p376.
464
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

95
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Les projets préparés sont alors soumis à l’avis de la chambre des


Communes pour approbation465.
Afin qu’il soit permis au gouvernement d’être doté des moyens financiers
nécessaires à sa politique, la chambre des Communes est tenue d’achever les
débats sur la loi de finances au plus tard au terme de la vingt-sixième séance, ce
qui correspond au délai de soixante-dix jours que la constitution française
prévoit pour la discussion du budget. Pour sa part, la constitution marocaine fixe
comme délai fin décembre466.
Néanmoins l’autorité de la chambre réside dans le fait qu’elle est le
détenteur légal du droit de décision sur tous projets entrant dans sa compétence.
Ce qui n’est possible que dans la mesure où le gouvernement dispose d’une
majorité et où l’opposition participe de façon constructive au jeu politique.

F- Les débats
La chambre des Communes tient ses séances tous les jours, sauf samedi et
dimanche. Les réunions ont lieu de lundi à jeudi de 14 à 23 heures et le vendredi
de 11 h 30 à 16 h 30. Au début de chaque séance, après de courtes prières dites
par les députés, sont abordées les questions orales « sauf vendredi »; puis sont
débattus les points inscrits à l’ordre du jour467.
L’adoption des projets et propositions de lois intervient après la procédure
progressive suivante:
- Première lecture du texte soumis à discussion, dans sa formulation
même;
- Deuxième lecture, suivie d’une discussion générale;
- Discussion en commission, pour examen et formulation
d’amendements;
- Examen par la chambre du rapport de la commission;
- Troisième et dernière lecture, après laquelle les députés, n’ayant plus
le droit d’intervenir que sur la forme du texte, procèdent au vote.
Depuis 1887, il est de la compétence du président de la chambre, en vertu
de son pouvoir discrétionnaire, de réserver un temps limité à la discussion du
texte et de fixer le temps de parole de chaque député : c’est ce qu’on appela le
système de la «guillotine».
Le vote a lieu soit par assis ou levé, soit par «division», c’est à dire sortie
des députés par un couloir à gauche du speaker, ou sortie par le couloir de
droite, ce qui correspond successivement et respectivement au non et au oui.

Paragraphe 2 : La chambre des lords


Elle incarne l’aristocratie de la société britannique dont elle fait revivre la

465
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
466
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
467
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

passé et les anciennes traditions que les Britanniques considèrent comme partie
du patrimoine national.
La chambre des Lords comprend actuellement plus de mille membres,
dont huit cents pairs héréditaires, créés par le roi. Le titre de lord est transmis à
l’aîné mâle, héritier du lord décédé.
Les huit cents pairs représentent des degrés différents de titres de
noblesse, de rang et d’honneur, suivant ce qui leur vient de leurs familles. Trois
lords sont des pairs de sang royal468.
A côté des huit cents pairs héréditaires, l’Ecosse est représentée par seize
lords; quant à l’Irlande, avant la sécession en 1922 et son retrait du Royaume-
Uni, elle était représentée par 28 lords : comme ils étaient désignés à la chambre
à vie, on a les maintenus même après la sécession; toutefois, ceux qui décédaient
ne furent pas remplacés; aussi, n’y a-t-il plus à la chambre que six lords
irlandais469.
La loi parlementaire de 1958 attribue au roi le .droit de désigner un certain
nombre de lords - qui sont, actuellement, au nombre de cent; parmi ceux des
lords qui sont désignés par le monarque, le gouvernement lui propose de choisir
certaines personnalités marquantes du monde politique, scientifique ou
artistique, ce qui contribue à diversifier la composition de la chambre et à lui
donner un sang nouveau. Vingt-six évêques représentent l’Eglise anglicane à la
chambre, qui compte également neuf hauts-magistrats, les law-Lords; également
nommés à vie, ces juges assument les tâches judiciaires qui relèvent de la
compétence de la chambre et y sont assistés par des experts. D’un autre côté, la
loi de 1958 a permis l’admission de femmes à la chambre470.
La même loi de 1958 a institué «des pairs à vie» par le «life perage act» et
à partir de 1963 il est devenu possible pour un lord de renoncer à son titre
héréditaire, ce qu’une pratique interdisait depuis 1678. En revanche, l’abolition
de pairs héréditaires, proposée en 1968 par le gouvernement travailliste n’a pu
être obtenue.
Le président de la chambre se nomme Lord Conseiller; dans le passé, il
tenait la première place, parmi les ministres du roi. A l’heure l’actuelle il détient
le poste de ministre de la justice et le Premier ministre le choisit à la fonction de
président de la chambre. Le président de la chambre des Lords est loin de
disposer des prérogatives que détient le «speaker» de la chambre des
Communes471.

A- Les attributions de la chambre des lords


Nous avons déjà souligné qu’il s’agit d’attributions peu importantes. On

468
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
469
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
470
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
471
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

97
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

relève notamment que, dans le domaine législatif, la chambre haute n’a plus
aucune compétence en ce qui concerne les projets de lois de finances et qu’en ce
qui concerne les projets de lois en général, elle ne dispose que d’un veto
suspensif, dont l’effet ne peut bloquer l’application de la loi que pendant une
année.
En matière de contrôle, la chambre a été dépossédée de ses prérogatives
par les lois de 1911 et 1949. La chambre des Lords n’interpelle pas en effet les
ministres, et le gouvernement n’est pas responsable devant elle.
Conformément aux traditions, cependant, la chambre des Lords constitue
le cadre honorifique où se prononce le discours du trône, où se fait l’investiture
du gouvernement et où se déroule l’élection du président de la chambre des
Communes.
Jadis, la chambre des Lords remplissait la fonction de haute-cour de
justice, instance judiciaire suprême du royaume. Elle perdit cette prérogative.
Toutefois, les neuf magistrats qui y sont nommés à vie «Law Lords», exercent
les compétences judiciaires de la chambre, assistés par une commission de
juristes spécialisés472.
Actuellement, un rôle politique est joué au sein de la chambre par
certaines personnalités politiques qui ont pu progressivement se faire une place à
côté de membres anciens et dont les interventions ont souvent un impact non
négligeable sur l’opinion publique.

B- Les commissions parlementaires


En principe, les deux chambres comportent des commissions qui
apportent leur contribution technique au travail des parlementaires. Leur
fonctionnement est, cependant, particulier par comparaison à ce qui se passe
dans les parlements occidentaux473.
Pratiquement, la chambre des Lords ne dispose pas de commissions en
raison de l’absentéisme qui a conduit finalement à s’en passer. L’absentéisme
mérite d’être relevé, d’autant plus que sur les mille lords qui composent la
chambre,à peine la moitié assiste aux séances plénières elles-mêmes. La
présence est surtout usitée dans les séances solennelles et publiques sont le
calendrier est fixé constitutionnellement.
Pour sa part, la chambre des Communes dispose de commissions mais,
contrairement à ce qui se passe en France, en Belgique et au Maroc, par
exemple, elles ne correspondent pas à des secteurs ministériels, car on a voulu
éviter toute confusion qui pourrait conduire à donner à ces commissions un
pouvoir de contrôle du gouvernement. La chambre des Communes comporte les
commissions suivantes :
La commission de la chambre entière ou « Committee of the whole
472
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
473
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

98
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

house ». Elle est constituée quand la chambre, réunie au complet, engage le


débat sur un sujet important et urgent. L’importance du sujet exige qu’il soit
examiné par la chambre entière. Le caractère d’urgence implique que soit
écartée, lors des séances réservées à sa discussion, la procédure en usage lors
des séances solennelles et publiques de la chambre. Dans ces conditions, le
speaker n’a pas à présider lui-même la commission de la chambre entière474.

C- Les commissions permanentes restreintes


N’étant pas chargées de contrôler les ministères, ces commissions ne sont
pas désignées par la spécialité mais par les simples lettres de l’alphabet
« Commission A, commission B »475 .

D- Les commissions spéciales


Ce sont les commissions constituées par la chambre pour l’examen d’un
problème imprévu ou d’une question particulière. Elles n’existent que pour le
temps de la mission qui leur est dévolue.
Dans le but de renforcer le pouvoir de contrôle des commissions
parlementaires, le projet de réforme de 1979 a envisagé la spécialisation des
commissions par département ministériel.

Sous-section 4 : Le cabinet et le premier ministre


Le ministère britannique est une institution particulière. Sa composition
est complexe en raison du nombre considérable des ministres, dépassant parfois
cent, avec des niveaux différents de responsabilité et aussi de sa structure
organique diversifiée et spécialisée476.
Le gouvernement est dirigé par le Cabinet, formation restreinte, qui
comprend les ministres qui collaborent directement avec le Premier ministre.
Représentant les dirigeants du parti vainqueur aux élections, ces ministres sont
nommés et révoqués par le Premier ministre, la révocation les touchant,
cependant, rarement en raison de leur place dans le parti ou en raison de la
solidarité et de la discipline qui les lient à leur chef.
Le choix des membres du Cabinet et la détermination de leur nombre,
compris généralement entre six et vingt, relèvent de la compétence exclusive du
Premier ministre. Les postes les plus en vue sont ceux de ministre des affaires
étrangères, Lord chancelier, ministre de la justice, qui préside en même temps la
chambre des Lords, et ministre des finances, ou Chancelier de l’Echiquier.
Une formation davantage restreinte issue du Cabinet est constituée par le
Cabinet intérieur « Inner Cabinet ». Comprenant les personnages-clés du
cabinet, cette institution participe, aux côtés du Premier ministre, à l’élaboration

474
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
475
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
476
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

99
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

de la politique générale.
Les ministres portent le nom de secrétaires. Quant aux ministères, une
distinction est faite entre les départements ministériels anciens, appelés toujours
«offices» « Foreign office, Home office » et les départements nouveaux,
qualifiés de ministères.
Une autre catégorie de ministres est constituée par les secrétaires
parlementaires « Parliamentary Secretary » qui n’ont pas le rang de ministres du
Cabinet. Leur rôle est d’assurer la liaison entre les ministères dont ils dépendent
et le parlement ; ils répondent à leur place aux questions orales, et se chargent de
faire, en quelque sorte, un parlementarisme de couloirs477.
S’agissant des ministres d’Etat, l’appellation n’a pas la même
signification qu’au Maroc ou en France, par exemple. Ils sont l’équivalent des
secrétaires d’Etat dans ces deux pays. A titre d’exemple, le ministre d’Etat aux
affaires étrangères n’est que l’adjoint du Secrétaire d’Etat au Foreign office.
De rang plus élevé, sont les ministres chargés de la coordination au sein
des «comités interministériels». D’autres comités de nature technique se voient
confier la préparation des projets de lois et, d’une façon générale, la préparation
technique du travail du gouvernement. Un rôle décisif, dans l’influence exercée
sur les options politiques fondamentales, est à reconnaître à ces comités qui
fournissent au Cabinet, et notamment au Cabinet intérieur, les données
nécessaires à la prise des décisions.
Il existe de même des conseils ministériels restreints, tenus
périodiquement et dont la présidence revient au Premier ministre ou à celui qui
le remplace. On peut citer comme exemples les conseils de défense, les comités
politiques, économiques et des Affaires administratives478.

Paragraphe 1 : Ministres et parlement


Traditionnellement, tous les membres de l’équipe gouvernementale sont
choisis parmi les parlementaires des deux chambres. Il n’est pas, en effet, permis
à un ministre non parlementaire d’accéder au parlement et de participer à ses
travaux, ce qui ne lui permet pas de mener à bien sa tâche ministérielle. Lorsque
le Premier ministre désigne comme ministre une personnalité non parlementaire,
celle-ci s’empresse de «se mettre en règle», soit en se présentant à la première
élection partielle, soit en se faisant nommer membre de la chambre des Lords.
La plupart des secrétaires et ministres sont membres de la chambre des
Communes. C’est le Premier ministre qui fixe le nombre des ministres pris dans
chacune des chambres. Cependant, il est devenu impératif que le gouvernement
comprenne au minimum trois membres de la chambre des Lords en plus du Lord
conseiller, président de la chambre et Ministre de la Justice.

477
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
478
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

100
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Paragraphe 2 : Les attributions du premier ministre


Mises à part les tâches dévolues à chacun des ministres à la tête du
département qui lui est confié, les pouvoirs exécutif et réglementaire sont, en
fait, exercés par le Cabinet, sous la conduite du Premier ministre. On peut même
dire que ces pouvoirs sont, en fait, exercés par le Premier ministre assisté du
Cabinet479.
Nous avons fait ressortir plus-haut l’importance du pouvoir dévolu dans
ce système au Premier ministre. En réalité, le roi règne mais, en fait c’est le
Premier ministre qui gouverne. Celui-ci apparaît à l’abri du contrôle
parlementaire du fait que c’est son parti qui a la majorité au sein de l’institution
législative, il met en œuvre tous les voies et moyens déjà mentionnés. En
théorie, le Premier ministre n’exerce la plupart de ses prérogatives qu’avec
l’approbation royale mais, pratiquement celle-ci ne lui fait jamais défaut480.
Etant donné que le Premier ministre est issu de la majorité de la chambre
des Communes, son autorité croît grâce au soutien de cette majorité. Certains
ont cru alors devoir parler d’une dictature du Premier ministre qui
correspondrait à une dictature du parti majoritaire sur le parti minoritaire.
Dans ce système, le Premier ministre n’exerce pas son pouvoir d’une
façon totalement libre. Il a constamment besoin de la collaboration et du soutien
de ses collègues du Cabinet pour s’assurer le leadership et la confiance de l’état-
major du parti. Il a également besoin, pour se maintenir au pouvoir, de l’appui
de la majorité de la chambre. Il se doit, de surcroît, de coopérer sincèrement
avec l’opposition au contrôle de laquelle il est soumis. Il a encore besoin, et de
façon continue, de conserver la confiance tant de son parti que de l’opinion
publique, qui dans le régime britannique, constitue le pouvoir numéro un, sinon
l’unique pouvoir, en fait, c’est le peuple qui, ayant donné la victoire à son parti,
a désigné le Premier ministre. Certains juristes ont décrit la nomination du
Premier ministre et du gouvernement comme étant une désignation par élection,
estimant qu’en réalité, le Premier ministre a été désigné par le suffrage universel
direct481.

Sous-section 5 : Le bipartisme « the two-party system»


L’analyse des institutions politiques montre que c’est bien le bipartisme
qui détermine le fonctionnement du parlement et du gouvernement sur la base
d’un équilibre électoral entre les deux partis permettant de dégager
régulièrement, et dans des proportions d’écart modérées, un parti majoritaire et
un parti minoritaire.
En dégageant le rôle du bipartisme, on discerne la véritable nature du
régime britannique et sa spécificité.

479
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
480
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
481
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

101
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Les règles constitutionnelles qui ordonnent la vie politique de ce régime


n’auraient pu en effet se maintenir sans le bipartisme qui est né et a évolué avec
elles. L’existence de deux partis quasi-égaux en importance politique et en
représentativité populaire permet leur alternance au pouvoir, ce qui assure un
partage régulier des responsabilités.
Majorité et minorité, qui sont ainsi numériquement proches l’une de
l’autre, coexistent, coopèrent et sont complémentaires.
Comme toutes les institutions qui se caractérisent par leur ancienneté et
leur continuité, le partage de l’opinion publique en deux courants est un
phénomène consacré par l’évolution historique482.
Dès le XVIIème siècle, les deux courants ont revêtu un caractère religieux
au début et politique par la suite et s’étaient opposés en partisans de l’Eglise
réformiste anglicane et partisans de l’Eglise catholique orthodoxe; les premiers
étaient hostiles à la monarchie absolue et partisans du parlement et les seconds
favorables à la monarchie absolue et opposés à la tendance parlementariste.
Les premiers étaient connus sous le nom des Whigs « libéraux », lesquels
avaient donné, par dédain, le nom de Tories « conservateurs » à leurs
adversaires, partisans de l’Eglise catholique.
Avec l’élargissement du scrutin, les deux tendances avaient pris la forme
de deux forces politiques préoccupées par l’encadrement et l’organisation de
leur base en vue de gagner l’élection et d’accéder au pouvoir.
Ainsi, il apparaît, dans l’histoire politique anglaise, un phénomène
d’alternance au pouvoir, d’abord entre conservateurs et libéraux au XIX ème
siècle, ensuite, au début du XXème siècle, entre le parti conservateur et le parti
travailliste483.
Au début du siècle, en effet, et à partir de 1906 notamment, le parti
travailliste se donna une base populaire et syndicaliste avec un programme
socialiste, ce qui lui permit de gagner, au détriment du parti conservateur, un
nombre de sièges à la chambre des Communes qui n’a pas cessé d’augmenter au
fil des scrutins.
Parti conservateur et parti travailliste deviennent, à partir de la seconde
guerre mondiale, deux partis à force égale, condamnés à coexister et consacrant
par le bipartisme et l’alternance au pouvoir des deux institutions le
gouvernement et l’opposition.
D’un autre côté, le bipartisme reçoit sa consolidation de la nature du
scrutin adopté. Le scrutin majoritaire uninominal à un tour va, en effet, obliger
chacun des deux partis à affermir ses rangs et à préserver sa cohésion intérieure
pour bien affronter la campagne électorale, qui n’a lieu, en principe, que tous les
cinq ans. L’affaiblissement de la troisième force « le parti libéral » résulte bien
évidemment de cette situation qui ne lui laisse, en fin de compte, que quelques
482
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
483
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

102
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

sièges à la chambre des Communes. Toute autre force ne peut, bien entendu,
évoluer dans un milieu politique aussi hostile.
Pour toutes ces raisons, il devint impératif pour les deux partis de se doter
d’une organisation ferme, à bases de discipline, de dévouement et d’engagement
envers la doctrine du parti. Se ressemblant à ce niveau, les deux partis adoptent,
quand même, deux styles spécifiques dans l’aménagement de leurs structures.
Dans son organisation, le parti travailliste apparaît plus préoccupé de
démocratie; il compte, en effet, sur la base populaire qui en élit l’instance
suprême; celle-ci adopte le programme du parti et fixe chaque année son action
politique, au cours d’une conférence nationale484.
L’organisation implique que le groupe parlementaire du parti est
l’instance qui désigne le cabinet fantôme formé par l’opposition, en prévision de
l’exercice du pouvoir à l’issue d’un succès aux élections.
Le parti compte à sa base, outre les adhérents, des formations syndicales
qui élisent leurs représentants à tous les niveaux de la hiérarchie, notamment au
congrès général du parti et à sa conférence nationale annuelle. Toutes ces
données justifient que la formation porte le nom de parti travailliste et suive,
dans son action, les orientations tracées par les syndicats, lesquels en constituent
la composante essentielle avec, à côté, les représentants d’autres catégories
sociales.
Le parti conservateur, de son côté, fonde son organisation sur des cellules
locales ayant des origines variées et aboutissant à des structures régionales et à
une conférence nationale. La direction du parti exerce, cependant, des pouvoirs
souverains, ce qui confère au président de la formation une responsabilité et des
prérogatives plus hautes que celles de son homologue travailliste.
Comparativement, son élection est assurée par les notabilités du parti sans
intervention directe de la base. Le choix du président résulte ainsi beaucoup plus
de ses qualités personnelles que d’une consécration de popularité.
La continuité du bipartisme, permise grâce au tempérament anglais, enclin
à la discipline, soucieux des libertés d’autrui et très attaché au fond plutôt qu’à
la forme des choses, donne ainsi lieu à une plus grande cohésion nationale; c’est
bien elle qui a permis aux institutions politiques britanniques de fonctionner
sans aucune consécration écrite485.
L’équilibre nouveau repose sur le consensus autour des institutions,
l’existence d’une opposition structurée et l’alternance des partis au pouvoir.
Néanmoins, le système politique dénote un certain conformisme, voire un
certain immobilisme, en l’absence de divergences idéologiques fondamentales
entre partis. Le principe du bipartisme lui-même subit à l’époque contemporaine
des altérations qui permettent de s’interroger sur son avenir et sa continuité. Le
recul du bipartisme à la suite de la scission intervenue au sein du parti
484
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
485
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

103
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

travailliste et la constitution d’un parti social démocrate en mars 1981, ont


semblé préparer un retour au tripartisme.
Le nouveau parti bénéficiant rapidement de soutien et formant une
alliance politique avec les libéraux, a remporté d’importants succès lors des
élections partielles de 1981 et 1982.
Toutefois, les élections générales de juin 1983 ont démenti cette poussée,
l’alliance « sociaux-démocrates/libéraux » n’occupe que moins de 4% à7% des
sièges malgré les 25,4 % des votes obtenus.
Ces élections ont permis par ailleurs au parti conservateur d’avoir une
forte majorité à la chambre des communes : 297 sièges en dépit du pourcentage
réduit obtenu, 42,4 % des votes.
Par contre, le parti travailliste, supportant mal la désunion intervenue dans
ses rangs, n’a réussi à obtenir qu’un faible pourcentage : 27,6 % des votes contre
36,9 % en 1979. Sa représentation parlementaire s’en est trouvée ainsi affaiblie
et par conséquent le rôle de l’opposition est devenu limité. Il faut noter enfin que
les autres formations politiques ne disposent que d’une faible représentation486.

Section 3 : La nature du régime britannique


Les juristes semblent s’accorder à considérer le régime britannique
comme le modèle idéal du régime parlementaire représentatif dont les
caractéristiques sont la collaboration égalitaire entre les pouvoirs, et,
notamment, l’existence de moyens d’action réciproques « droit de dissolution
de la chambre entre les mains de l’exécutif, et mise en cause de la responsabilité
de gouvernement par le parlement » Le roi reste à l’écart de cette situation
conflictuelle car étant irresponsable.

Sous-section 1 : Qui gouverne ?


D’aucun se sont interrogés : quelle est l’institution qui dans ce régime,
exerce effectivement le pouvoir ? Quel genre d’équilibre en ordonne-t-il le
fonctionnement ? Si tous s’accordent à admettre que l’institution de la Couronne
a dû renoncer à ses prérogatives et n’est plus qu’un organe symbolique réduit à
accorder son approbation aux décisions de l’organe qui gouverne
effectivement « ce qui est, d’ailleurs, l’une des caractéristiques du régime
parlementaire » en revanche, le désaccord est net entre ceux qui tiennent la
chambre des Communes pour l’institution qui détient le pouvoir et ceux qui
estiment que c’est le Cabinet qui constitue l’organe véritablement gouvernant.
D’autres soutiennent que c’est plutôt le Premier ministre qui détient l’exclusivité
du pouvoir.
Pour faire prévaloir la prééminence de la chambre des Communes, on
souligne volontiers le processus historique ayant conduit au recul de la
486
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

104
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Couronne et au transfert de ses compétences à l’institution parlementaire,


notamment le pouvoir de mettre le gouvernement en minorité et de l’obliger à
démissionner.
Cette manière de voir est corrigée par ceux qui tiennent à mettre en
évidence la puissance du Cabinet. On insiste ainsi sur les possibilités dont
dispose le gouvernement pour élaborer et exécuter la politique générale du pays,
sur la faculté qui lui est reconnue dans le domaine de la loi allant jusqu’à
l’accaparement de l’initiative législative, et sur la stabilité de l’institution
gouvernementale, que ne perturbe aucunement sa responsabilité politique devant
la chambre. C’est cette dernière qui se trouve plutôt sous la coupe du Cabinet,
qui a la possibilité de recourir au pouvoir de dissolution, chaque fois qu’il
l’estime opportun. Sa formation à partir de la majorité parlementaire ne fait que
conforter la prééminence du Cabinet, ce qui a été assimilé à une dictature de
l’exécutif487.
Certains considèrent la prééminence du Cabinet comme étant, en fait,
celle du Premier ministre. Celui-ci, en effet, nomme et révoque les membres du
cabinet, se présente comme le véritable détenteur des anciens pouvoirs du
monarque; il est le véritable chef de l’Etat, notamment dans les domaines des
affaires étrangères et de la défense nationale : c’est le Premier ministre, non le
roi, qui assure la représentation de l’Etat dans les conférences «au sommet».

Sous-section 2 : L’équilibre des pouvoirs


On a alors estimé qu’un tel régime ne se caractérise pas par l’équilibre
attaché habituellement au régime parlementaire représentatif, étant donné que la
chambre semble dans ce régime, comme dépendant du gouvernement et que les
pouvoirs qu’elle détient légalement ne sont pas effectivement exercés par elle,
du fait de l’existence de la majorité fidèle au cabinet et au Premier ministre.
L’équilibre ne peut plutôt s’établir qu’entre deux forces antinomiques ayant la
même origine et les mêmes buts et orientations488.
Si l’on analyse en profondeur le fonctionnement des institutions de ce
régime, on arrive à cette conclusion qu’aucune des institutions traditionnelles ni
leur totalité n’exerce le pouvoir. Celui-ci se trouve plutôt partagé entre deux
institutions : le gouvernement et l’opposition. Le pouvoir gouvernemental est
exercé par le parti qui a remporté les élections. Le pouvoir électoral permet ainsi
au parti vainqueur d’avoir la majorité à la chambre des Communes, l’appui
constant et discipliné de cette majorité au gouvernement constitué et la
consolidation du pouvoir des leaders du gouvernement. Le Premier ministre,
choisi parce qu’il est le chef de la majorité, se présente alors, nécessairement,
comme l’institution effective du pouvoir.
D’un autre côté, la tradition a fait de l’opposition une institution
487
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
488
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.

105
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

constitutionnelle et lui a donné compétence en matière de contrôle du pouvoir :


ainsi l’équilibre du régime réside non dans le rapport entre les pouvoirs exécutif
et législatif mais dans celui qui s’établit entre les deux pouvoirs, ceux du
gouvernement et de l’opposition.
Le régime britannique considère l’opposition comme «opposition de Sa
Majesté» et le gouvernement comme «gouvernement de Sa Majesté». Il accorde
une place prestigieuse au leader de l’opposition, qui à ce titre reçoit une
rémunération, prélevée sur le budget de l’Etat489.
La tradition veut que le Premier Ministre consulte le leader de
l’opposition, autant que possible, tienne compte de ses avis et conseils, voire les
adopte lorsque s’impose sur une question l’unanimité nationale. Les hommes
politiques anglais ont toujours, en effet, dans l’esprit, que le gouvernement en
fonction deviendra un jour l’opposition et inversement. Aussi l’opposition est-
elle toujours prête à exercer le pouvoir par le moyen de son «cabinet fantôme»,
qui s’occupe, au sein du parti et de la chambre et devant la nation, des affaires
publiques avec un sens aigu des responsabilités, loin de toute démagogie comme
de toute propension à gêner gratuitement l’action du gouvernement en place.
L’opposition britannique est une opposition constructive et responsable :
c’est ce qui explique que l’alternance au pouvoir s’opère dans les conditions
favorables du bipartisme, sans jamais constituer une coupure entre deux ères.
Dans le cadre de l’équilibre entre les deux institutions « gouvernement et
opposition », l’opinion publique joue le rôle d’arbitre à chaque consultation
électorale. C’est elle qui choisit l’autorité qui doit gouverner et celle à qui est
dévolue la mission d’opposition et de contrôle.
Vedel a donné de ce régime cette appréciation globale pertinente : « Dans
le régime britannique, le parti majoritaire gouverne sous le contrôle de
l’opposition et l’arbitrage des électeurs».

Chapitre 2 : Le système politique des Etats-Unis d’Amérique


La plupart des régimes contemporains ont pris le régime parlementaire
britannique comme modèle, soit en adoptant ses fondements, soit en s’en
inspirant, au moins pour l’aménagement de quelques-unes de leurs institutions.
C’est que le régime britannique a constitué le premier régime de portée
générale, en même temps qu’il a prouvé son adaptabilité490.
Les pays qui furent intimement liés à l’Angleterre ou soumis à son
influence, les Etats du Commonwealth et les «dominions», et qui appartiennent
aux trois continents d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, ont ainsi adopté dans sa
forme et dans son fond, le régime anglais, au point que leurs régimes politiques
sont apparus comme des copies conformes de ce régime. Cette situation a été

489
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
490
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

106
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

favorisée, en outre, par la présence dans ces Etats d’une population d’origine
britannique, très imprégnée des traditions politiques du Royaume-Uni.
Excepté les régimes des Etats-Unis d’Amérique, de Suisse, des Etats
d’Amérique latine, des pays socialistes « l’U.R.S.S. et les Etats d’Europe
orientale », les régimes dictatoriaux de l’Espagne de Franco et du Portugal de
Salazar, le régime national-socialiste de l’Allemagne, le régime fasciste italien,
le régime du maréchal Pétain en France et, enfin, le régime des colonels en
Grèce, tous les Etats occidentaux tirent leurs les fondements du régime politique
de Grande-Bretagne, à toutes les étapes de leur vie politique, en les modifiant
légèrement : quelques périodes échappent à la règle mais elles n’entament guère
sa constance491.
Les Etats d’Europe ont préféré ainsi s’inspirer du régime britannique
plutôt que du régime présidentiel nord-américain, deuxième régime de portée
mondiale. Il ne connut point, cependant, le succès du régime parlementaire
britannique, car seuls les Etats d’Amérique latine en suivirent l’exemple, en le
marquant, toutefois, du sceau de leur instabilité.
La victoire de l’Angleterre et de la France à la première guerre mondiale a
permis une plus grande extension de ce régime, qui sera adopté, considéré
comme meilleure forme de gouvernement et ce malgré l’apparition sur la scène
politique du régime soviétique, en 1917. Le régime parlementaire a ainsi
fonctionné en Yougoslavie, Tchécoslovaquie et Pologne jusqu’à la fin de la
deuxième guerre mondiale date à laquelle ces Etats se sont ralliés au régime
communiste, vu l’adhésion des pays de l’Europe de l’est au camp soviétique492.
L’instauration du régime soviétique et l’apparition, par la suite, du
nazisme et du fascisme causèrent un certain déclin du régime parlementaire.
Celui-ci ne tarda pas, cependant, à reprendre sa place dès le lendemain de la
guerre, malgré la consolidation du régime soviétique par ses nouveaux alliés493.
Actuellement, il fonctionne au Japon et dans les autres pays d’Extrême-
Orient, il est bien implanté dans les Etats du Commonwealth dans des contextes
variés , et il est en vigueur dans les pays Scandinaves et d’Europe occidentale.
Mais l’application qui peut être considérée comme la plus fidèle est celle
qui a lieu dans les pays qui se rapprochent d’une situation de bipartisme ou qui
ont adopté le régime électoral anglais, favorable à l’apparition d’une telle
situation.

Section1 : Le système des Etats-Unis d’Amérique


Nous introduirons à l’étude de ce régime par un aperçu historique sur les
Etats-Unis d’Amérique.
Nous étudierons la constitution américaine à travers les institutions

491
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit10-32.
492
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
493
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

107
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

suivantes : le Président494 « mode d’élection, pouvoirs », les Congrès


« attributions respectives du Sénat et de la chambre des Représentants », la Cour
suprême, nous passerons en revue les institutions des Etats particuliers495.
Nous réserverons une section à l’étude de la nature du régime américain,
généralement qualifié de « régime présidentiel » ou de « régime de séparation
des pouvoirs »496.
Nous nous demanderons s’il convient, à propos de ce régime, de parler de
pouvoir du président, de pouvoir du congrès, ou de pouvoir des juges « comme
on l’a prétendu »497.
Nous conclurons qu’il s’agit d’un régime de collaboration équilibrée des
pouvoirs.
Nous analyserons les domaines de collaboration du président et du
congrès et essaierons de montrer que cette collaboration est rendue possible par
les mesures et techniques que la constitution a prévues498, et qu’il y faut voir
également une contribution du pouvoir judiciaire499, une exigence du
fédéralisme ainsi qu’une donnée du bipartisme , dont le caractère souple permet
de dégager des solutions moyennes vite entérinées par l’opinion publique.
L’influence anglaise s’est étendue, à la fin du seizième siècle, à
l’Amérique du Nord, à la faveur de l’exode des colons anglo-saxons qui
affluèrent dans le nouveau-monde, y formant la majorité des émigrés, aux côtés
des minorités représentées par les colons français, allemands, hollandais et
irlandais.
La France disputait à l’Angleterre l’influence sur cette partie du monde
mais elle finit par y renoncer en signant le traité de Paris du 10 février 1763500.
Malgré les liens tissés entre les « colonies américaines » et la Couronne
anglaise, ces « colonies » continuèrent à exercer des pouvoirs limités qui leur
permettaient d’administrer leurs affaires locales, tout en dépendant de la
législation arrêtée par le parlement anglais et en payant impôts et taxes élevés,
exigés par l’administration anglaise et destinés à couvrir les besoins sans cesse
croissants de la trésorerie britannique, du fait de l’extension de la guerre
coloniale501.
Les colonies américaines, excédées par la lourde fiscalité, se révoltèrent
contre la politique anglaise imposée par un parlement où elles n’avaient droit à
aucune représentation.
C’est ainsi que fut déclenché, au milieu du XVIIIème siècle et notamment
494
Gerard (G ) :«Bush Président. Histoire d’une élection».Édition Presses univers. Nancy, 1989, p39.
495
Lassale (J) :«Les partis politiques aux Etats-Unis».Édition P.U.F, Paris, 1987, p111.
496
Meny (Y) :« Politique comparée. Les démocraties».Édition Montchrestien, 5éme éd, Paris, 1996, p201
497
Nouailhat (Y) :«Les Etats-Unis et le monde au XXème siècle».Édition A. Colin, Paris, 1997, p78
498
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
499
Zoller (E) :«Grands arrêts de la cour suprême des Etats-Unis».Édition P.U.F., Droit fondamental,
Paris,2000,p55
500
Toinet (M) :«Le système politique des États-Unis».Édition P.U.F., Thémis, 2éme éd, Paris, 1990, p123.
501
Toinet (M) :«La présidence américaine».Édition Montchrestien, Paris, 1992, p51.

108
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

aux années soixante-dix, le mouvement de sécession qui fut, en fait, une guerre
d’indépendance, dont l’Angleterre ne put venir à bout502.
Cette période vit le soulèvement de ces régions qui, l’une après l’autre,
devinrent des Etats séparés établissant, par l’intermédiaire de leurs chambres,
leurs propres législations et se donnant des institutions particulières.
L’action des mouvements de sécession fut couronnée par la réunion en
congrès spécial, à Philadephie des représentants des treize colonies et la
proclamation par eux, le 4 juillet 1776, de la déclaration d’indépendance des
Etats-Unis.
L’Angleterre tenta en vain de s’opposer à cette situation. Elle fit le siège
des ports américains sans résultat et œuvra à démolir le nouveau régime sans
succès.Le 30 novembre 1782, elle dut reconnaître celui-ci et conclure avec lui
l’accord de paix de 1783, connu sous le nom d’accord de Paris ou accord de
Versailles503.
Au lendemain de la proclamation de l’indépendance, les treize Etats
étaient partagés entre le souci de sauvegarder leurs liens de solidarité et le désir
de garantir l’autonomie politique à chacun d’eux. Certains Etats ambitionnaient
même un exercice de souveraineté allant au-delà de l’autonomie504.
Les liens entre les Etats particuliers prirent, au départ, la forme d’une
alliance collective, point de convergence minimale des volontés de ces Etats.
Aussi se limita-t-on à l’institution d’un seul organe505 : le congrès national, qui
s’établit à Philadelphie; il fut composé des représentants des Etats indépendants
qui adoptèrent506, en conséquence, un régime confédéral préservant leurs
souverainetés et dotant chacune d’elles de larges compétences. Ce régime fut
consacré par le traité du 14 novembre 1777.
En théorie, le congrès commença à exercer certains des pouvoirs de la
Couronne et du parlement, mais il était loin de constituer un véritable pouvoir
central, c’est-à-dire un pouvoir politique dominant.
Le congrès ne pouvait ainsi exercer que les attributions diplomatiques, de
la défense et de la monnaie nationales. Les matières fiscale et législative lui
échappaient totalement507.
Devant la division de l’opinion dans les divers Etats entre partisans du
pouvoir central et partisans du pouvoir étatique indépendant, soit entre
fédéralistes et anti-fédéralistes, les dirigeants politiques représentant les Etats au
congrès se trouvèrent confrontés à un problème politique aigu, car ils

502
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
503
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
504
Gerard (P) :«Le Président des Etats-Unis».Édition P.U.F., Que sais-je ?, Paris, n°2585, 1991, p67.
505
Lauvaux (P) :«Les grandes démocraties contemporaines».Édition P UF, Droit fondamental, 2éme éd, 1998,
p32.
506
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
507
Lassale (JP) :« L’élection présidentielle de 1996 aux Etats-Unis».Édition RDP, 1998, p .123.

109
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

appartenaient eux-mêmes à l’une ou l’autre tendance508.


La division apparut plus nettement quand ces représentants s’attelèrent à
l’élaboration de la constitution nationale509, dont la discussion du projet a duré
cinq mois, au-delà de ce qui était prévu510. Ils étaient convaincus que
l’expérience de la confédération ne répondait pas à leurs aspirations. Mais sans
aller jusqu’à conclure à son échec, ils déclarèrent que l’expérience avait atteint
ses objectifs comme étape et qu’il fallait la dépasser dans la foulée même des
deux courants opposés511.
George Washington prit la tête des fédéralistes512, soutenu par les
représentants des grands Etats, mais tous durent faire face à l’hésitation des
petits Etats qui redoutaient le danger que l’établissement d’une organisation
constitutionnelle fédérale ferait courir à leurs existences autonomes513.
La discussion, qui dura de mai à septembre 1787, aboutit à faire prévaloir
le point de vue des fédéralistes; toutefois, la constitution fédérale adoptée ne fut,
en fait, qu’un compromis qui fit place aux garanties demandées par chacune des
deux tendances514.
En juillet 1788, onze Etats ratifièrent la constitution fédérale qui, ainsi, fut
mise en vigueur.
G. Washington fut élu, le 30 avril 1789, premier président des Etats-Unis.
Il fit une entrée officielle à New-York qui lui réserva, en signe d’attachement au
nouveau régime, un accueil enthousiaste.

Sous-section 1 : Une constitution écrite et rigide


Le processus historique ne pouvait qu’aboutir à une constitution formelle
et écrite dont les dispositions, obligatoires pour tous, déterminent clairement les
conditions du lien fédéral. La gravité de l’engagement souscrit apparaît alors
dans la complexité des procédures exigées pour la révision du texte
constitutionnel. Une telle rigidité constitue la base des garanties que les parties
n’ont pu s’assurer qu’après des mois de discussions laborieuses515.
L’application de la constitution n’empêcha pas, cependant, l’apparition
d’autres dispositions juridiques venues suppléer à ses lacunes ou la compléter et
prendre, par la voie des amendements notamment, le caractère de dispositions
constitutionnelles516.
508
Zoller (E) :«Splendeurs et misères de constitutionnalisme : les enseignements de l’exemple
américain».Édition RDP, 1994, p157.
509
Scoffoni (G) :« Le Congrès des États-Unis et la remise en cause des interprétations constitutionnelles de la
Cour suprême».Édition RFDC, 1993, p275.
510
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
511
Rosenfeld (M ) :« Les décisions constitutionnelles de La Cour suprême américaine pour la session 1998-
1999».Édition RDP, 2000, p129.
512
Prelot (P) :« Le fédéralisme devant la Cour suprême».Édition RDP, 1996, p259.
513
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
514
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
515
Pinto(R) :« La Cour suprême américaine et l’avortement».Édition RDP, 1993, p97.
516
Orban(E) :« La Cour suprême des Etats-Unis et le processus démocratique ».Édition RDP, 1990, p23.

110
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

La constitution américaine, à la différence de la constitution anglaise,


couvre ainsi la plus grande partie des règles afférentes aux institutions
politiques517.
Il était normal, aussi, que la constitution l’emportât sur les autres règles
juridiques, tant fédérales que fédérées. Le fait qu’elle soit élaborée par une sorte
de volonté populaire supérieure qu’est cette élite choisie par les populations des
Etats, qu’elle soit ratifié par les parlements fédérés518, justifie une telle
suprématie.
Le pouvoir judiciaire américain, si redouté, n’a cessé en conséquence,
dans ses arrêts et jugements, de faire ressortir la suprématie de la constitution
par-apport aux autres règles juridiques519.

Sous-section 2 : Les institutions constitutionnelles


Il convient de préciser que les États-Unis ne sont pas comparables à des
pays ou à des États-nations, puisqu'il s'agit d'une fédération d'États ayant chacun
gardé une large autonomie législative et exécutive. Ceux-ci ne sont pas dirigés
par un président mais par un gouverneur, lui aussi élu au suffrage universel, et
ils ont chacun une assemblée législative.
Alors que le modèle présidentiel théorique les ignore ou en minimise la
portée, la constitution américaine établit d'importantes interactions entre les
pouvoirs. C'est le cas pour le véto présidentiel aux lois votées par le Congrès, la
ratification obligatoire par le Sénat de la nomination des ministres, ou encore la
mise en accusation du président et des ministres par la Chambre des
Représentants et leur jugement par le Sénat,procédure dite de
l'« impeachment »520.
Considérant tous ces mécanismes comme des sources potentielles de
conflits, Émile Boutmy, s'étonnait en termes imagés du bon fonctionnement d'un
système qu'il jugeait trop rudimentaire : « accoutumés comme nous le sommes,
en France, à concevoir une constitution comme une œuvre où tout se déduit d'un
principe, comme une œuvre d'art dont la symétrie et l'ordonnance doivent être
parfaites, comme une machine savante dont l'épure doit être exacte, l'acier si fin
et si résistant que les moindres heurts ne semblent pas possibles, nous restons
confondus devant cette ébauche où les disparates et les incorrections abondent,
devant ce mécanisme grossier et taillé au couteau en quelque sorte, ... »521.
Compte tenu de l'existence de ces moyens de pression réciproques, les
intentions des auteurs de la constitution des États-Unis quant à la place du
président dans le système institutionnel ont été diversement interprétées. Pour
certains analystes, tel James Bryce, les constituants de 1787 avaient entendu
517
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
518
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
519
Nedjar (D) :« Initiative et référendum aux Etats-Unis ».Édition, RDP, 1993, p85.
520
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
521
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

tailler une présidence forte à la mesure de George Washington.


À l'inverse, Tocqueville, en qui on a vu un observateur avisé du système
américain, optait pour la volonté de l'affaiblir, puisque « dans tout ce qu'il fait
d'essentiel, on le soumet directement ou indirectement à la législature... ».
Les États-Unis peuvent donc connaître, selon les époques et les rapports
de forces, des pratiques institutionnelles s'éloignant sensiblement du concept de
régime présidentiel dont ils sont le modèle de référence. Ainsi, bien avant de
jouer un rôle déterminant dans l'histoire après son élection à la présidence en
1913, Woodrow Wilson avait pu comme universitaire dénoncer en 1885 le
« gouvernement congressionnel » résultant des abus de pouvoir des chambres.
De même, l'obstruction systématique pratiquée par la Cour Suprême tant à
l'égard de l'exécutif que du législatif a pu être qualifiée par Édouard Lambert de
« gouvernement des juges »522.

Paragraphe 1 : Le président
Le président des Etats-Unis est élu juridiquement par l’intermédiaire d’un
collège élu par le peuple à cet effet523, mais le mode de son élection revêt un
caractère particulier qui fait que pratiquement524, il est élu au suffrage universel
direct525.
L’élection du président se déroule en trois phases. La première correspond
la sélection à l’intérieur de chacun des deux grands partis, du candidat à la
présidence, à la suite de quoi, le parti désigne la personne qui se présentera, avec
le candidat sus-mentionné, à l’élection concernant la vice-présidence526.

A- Les «primaires»
Les deux partis assument depuis 1831 leur rôle dans cette phase. Chacun
d’eux organise des conventions locales puis une grande convention au niveau
national, élue pour désigner le candidat jugé le plus apte à briguer la
magistrature suprême.
La Convention nationale de chaque parti se compose d’environ 2.000
délégués pour le parti républicain et 3.000 pour le parti démocrate, qui
représente les populations acquises à chacun d’eux; ils constituent leurs
éléments les plus représentatifs et les plus dynamiques qui sont élus, ou désignés
dans certains Etats, soit par les membres, les électeurs et les sympathisants du
parti, soit par ses comités nationaux comprenant militants et responsables des
divers organes politiques.
Dans les Etats où elles sont pratiquées, les élections primaires sont
précédées d’une campagne électorale de longue haleine opposant dans chaque
522
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
523
Stone (A) :« Qu’y a-t-il de concert dans le contrôle abstrait aux Etats-Unis ? ».Édition RFDC, 1998, p27.
524
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
525
Lassale (JP) : « L’élection présidentielle de 1996 aux Etats-Unis ».Édition RDP,1998, p123.
526
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

parti les postulants à la candidature présidentielle et permettant aux électeurs de


comparer les différents programmes présentés. Il peut arriver qu’au cours de la
campagne, soit annoncée la candidature d’une personnalité non inscrite à un
parti, qui tente ainsi directement sa chance devant le peuple et qui peut trouver
dans les Etats des partisans neutres ou même parmi ceux d’un des deux partis.
La campagne se poursuit jusqu’au moment où chacun des deux partis, au
terme des élections des délégués, réunit sa convention, au plus tard avant le mois
de novembre527.
Les élections primaires remplissent trois fonctions essentielles pour les
élections présidentielles proprement dites :
Elles permettent, au départ, de connaître, dans les deux partis, les noms
des candidats qui détiennent le maximum de chances d’être élus. Les électeurs,
délégués à la convention, ne sont élus, en effet, qu’en considération de l’appui
qu’ils accorderont à l’un des candidats de leur parti. Les voix obtenues par
chacun d’eux sont autant de suffrages exprimés pour soutenir un candidat contre
son rival528.
Le climat de ces élections facilite la candidature de ceux qui ne
bénéficient pas de l’appui de l’un des deux grands partis. Une personnalité
neutre peut ainsi se frayer un chemin, se porter candidate en mobilisant une
partie de l’opinion publique autour d’elle et de son programme, et s’imposer
finalement à l’un des deux partis529.
C’est de cette manière que le président Jimmy Carter parvint à s’imposer
comme candidat du parti démocrate, après avoir obtenu ses premiers succès lors
des élections primaires de 1976 dans les Etats du New Hamphire et de Floride.
Ces élections conduisent au choix des délégués à la convention nationale
qui, à la majorité absolue, décident en matière de candidature, pour ne retenir
finalement qu’un seul candidat que l’appareil du parti se mobilise pour soutenir
aux élections présidentielles qui constituent la seconde phase de ce processus
électoral. Juridiquement, c’est une phase qui entame effectivement l’élection
proprement dite du président : le peuple élit un collège électoral appelé à élire le
président : ce sont les électeurs présidentiels ou grands-électeurs530.

B- Les électeurs présidentiels


Chaque Etat élit, au suffrage universel direct, un nombre de grands-
électeurs, égal à celui de ses élus à la chambre des représentants et au sénat. Le
nombre des membres du collège appelés à élire le président est ainsi de 435
« c’est le nombre des représentants » plus 100 « nombre des sénateurs », soit
535 électeurs présidentiels531.
527
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
528
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
529
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
530
Rossiter (C) : « Démocrates et républicains ».Édition Seghers, Paris, 1965, p 188.
531
Portes (J) : « L’Histoire des Etats-Unis depuis 1945 ».Édition La découverte, Paris, 1992, p128.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

En 1961, le 23ème amendement porta le nombre des électeurs présidentiels


à 538, en ajoutant au collège électoral présidentiel trois membres pour la
représentation du district de Columbia, où se trouve Washington, siège du
pouvoir central532.
Le scrutin adopté pour l’élection de ce collège est un scrutin de liste
majoritaire. Il a lieu tous les quatre ans, le second mardi de novembre. La
troisième phase n’a lieu que lorsque se réunit le collège le deuxième mardi de
janvier, réservé à la proclamation du résultat de l’élection du président des Etats-
Unis, qui se fait au scrutin majoritaire à un tour. A la vérité, les résultats de
l’élection du président sont connus dès l’annonce des résultats de l’élection du
collège des électeurs présidentiels en novembre, soit au terme de la deuxième
phase. Les voix obtenues lors de ces élections constituent, en effet, des
suffrages533.
Le candidat à l’élection du président s’engage devant ses électeurs à élire
un des candidats à la présidence et c’est dans ce but que les voix se portent sur
lui.
Un juriste a pu ainsi considérer que l’élection du président se fait par une
sorte de mandat impératif, délivré par le peuple aux électeurs présidentiels534.
L’élection qui se fait formellement à deux degrés est en réalité une élection au
suffrage universel535.
Les Américains ne comprennent pas autrement l’élection de leur
président. Or sont persuadés qu’ils l’élisent directement.
Le candidat, pour être élu président, doit donc obtenir la majorité absolue
des voix des électeurs au niveau national qui donnent mandat, pour les
représenter, aux électeurs présidentiels; il doit ensuite obtenir la majorité
absolue ces voix exprimées par ces électeurs qui votent, en janvier, pour
confirmer les résultats déjà proclamés à l’issue du scrutin de novembre 536.
La proclamation des résultats définitifs, est suivie, le 20 janvier, de la
cérémonie d’installation du président, au cours de laquelle celui-ci prête
serment, au Capitole, à Washington. Cette cérémonie est connue sous le nom de
« l’inauguration »537.
Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue, cas qui se présente quand
demeurent en compétition plus de deux candidats, la chambre des représentants
à le droit de choisir le président parmi les trois candidats ayant obtenu le plus
grand nombre de voix. Dans ce cas, les représentants votent à raison d’une DLX
pour chaque représentant d’un Etat. Le candidat ayant obtenu la majorité

532
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
533
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
534
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
535
Rehnquist (W) : « The Supreme Court: How it was, how it is».Édition New York: William Morrow and co,
1987,p67.
536
Seurin (J.L) : « La structure interne des partis politiques américains».Édition A. Colin, Paris, 1953, p 72.
537
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

absolue devient président. En d’autres termes, dans ce cas, qui est rare, l’élection
eu président se fait à la majorité absolue des voix des Etats représentés à la
chambre. Notons que c’est le douzième amendement, entré en application en
1803 qui a organisé ainsi dans ce cas la procédure de l’élection du président par
la chambre. Ce cas n’a été enregistré dans l’histoire des Etats-Unis que deux
fois, pour l’élection, en 1800, du président Thomas Jefferson et pour celle, en
1825, du président John Adams. Le phénomène peut difficilement se renouveler,
du fait que le mécanisme électoral est devenu celui de deux grands partis, qui
grâce à leur force numérique et à leurs énormes possibilités matérielles, écartent
une troisième candidature538.
Ceci permet de déduire que le bipartisme sert de base essentielle au
régime américain et constitue un facteur décisif de sa continuité.
Le président est élu pour quatre ans. Il en est de même du vice-président,
qui le remplace en cas d’incapacité, de démission ou de décès. Le vice-président
est, en même temps, le président du sénat539.
Le président peut être réélu à un second mandat non renouvelable. Dans la
formule originaire de la constitution, la possibilité était ouverte au président de
se présenter indéfiniment540. C’est G. Washington, qui avait refusé de briguer un
troisième mandat, qui donna le coup d’envoi à une sorte de coutume
constitutionnelle consistant pour les présidents qui lui ont succédé à ne pas
prétendre à plus de deux mandats. Seul F.D. Rooservelt osa enfreindre cette
règle en briguant quatre mandats successifs de 1933 à 1945. A la mort de ce
dernier lors de son quatrième mandat, la coutume fut.de nouveau respectée, mais
le 22ème amendement du 26 février 1951 en fit une règle constitutionnelle et,
désormais, le président ne pouvait être réélu qu’une fois541.
Cet amendement régla le cas de vacance de la présidence; il disposa qu’en
remplaçant le président, le vice-président ne peut être élu qu’une fois si sa
suppléance a duré plus de deux ans.
D’un autre côté, le vingt-cinquième amendement adopté en 1967 est venu
régler la vacance du poste de président et celle des postes de président et de
vice-président, survenues simultanément542.
Cette dernière hypothèse n’a pas eu lieu jusqu’à présent. Quant à la
première, elle se présenta à deux reprises; une première fois, à la démission, en
octobre 1973, du vice-président Agnew, le président Richard Nixon désigna
comme vice-président Gerald Ford après accord du sénat « ainsi qu’en dispose
le vingt-cinquième amendement »; une seconde fois, ce fut lors du mandat du
président Gerald Ford qui remplaça, le 10 août 1974, le président Nixon,
démissionnaire, et qui désigna au poste de vice-président Wilson Rockefeller,
538
Toinet (M) : « La présidence américaine».Édition Montchrestien, Paris, 1991, p45.
539
Tunc (A) : « Le système constitutionnel des Etats-Unis d’Amérique».Édition Domat. Paris, 1954, p59.
540
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
541
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
542
Tunc (A) : « Les Etats-Unis».Édition LGDJ, Paris, 1973, p 126.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

avec l’accord du sénat, obtenu après une hésitation de quatre mois.

Paragraphe 2 : Les pouvoirs du président


Le vice-président n’a pas d’autres pouvoirs que celui de présider le sénat,
bien que certains présidents investissent leurs vice-présidents de quelques tâches
protocolaires ou les chargent de missions à l’étranger. C’est le président seul, en
effet, qui exerce les larges pouvoirs qui lui sont accordés par la constitution543, et
qui, en fait, vont au-delà de ce que prévoient les dispositions constitutionnelles,
sans, toutefois, dépasser ce que peuvent être les attributions d’un président dans
un régime présidentiel544.
La constitution fait du président l’institution qui exerce tous les pouvoirs
de gouvernement. Les ministres, appelés secrétaires, ne sont que ses
collaborateurs, tenus de suivre ses instructions; c’est lui qui les nomme et peut
mettre fin à leurs fonctions; ils se réunissent sous sa présidence mais c’est lui qui
dispose du pouvoir de décision545.
Dans ce sens, on peut se référer à la sentence d’A. Lincoln qui, en
constatant l’opposition de ses sept ministres, a pu déclarer : «Sept personnes
dans cette assemblée disent non et une dit oui (il parle de lui-même). Le oui,
donc, l’emporte sur le non»546.
La nomination à leurs postes ministériels des secrétaires est
constitutionnellement subordonnée à l’accord du sénat, en vertu des pouvoirs
qui sont conférés à cette chambre547. Cet accord est généralement consenti afin
que le président dispose de collaborateurs qu’il a choisis en vue d’appliquer sa
politique548.
Le président n’est pas politiquement responsable devant le congrès ni, les
membres de son gouvernement qui doivent être choisis parmi les non
parlementaires ou, le cas échéant, démissionner s’ils sont membres d’une des
deux chambres, le mandat de parlementaire étant incompatible avec la fonction
de secrétaire549.
Le président et les membres du gouvernement n’assistent pas aux débats
parlementaires.
Les membres du gouvernement sont cependant convoqués pour être
écoutés par les Commissions, de même qu’un exposé ministériel peut être fait
devant la commission intéressée, mais avec l’assentiment préalable du président.
En conséquence, les ministres ne sont pas interpellés et le pouvoir
543
Vialle (P) : « La cour suprême et la représentation politique aux Etats-Unis. Nouvel essai sur le
gouvernement des juges».Édition LGDJ, Paris, 1972, p143.
544
Tushnet (M) : « Constitutional law ».Edition Dartmouth Publishing ,1992, p 42.
545
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
546
Tocqueville(A) : « De la démocratie en Amérique».Édition Flammarion, Paris, 1991, p70.
547
Zoller (E) : « Splendeurs et misères du constitutionnalisme : les enseignements de l’exemple américain »
.Édition RDP 1994, p157.
548
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
549
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

exécutif ne peut être l’objet d’une motion de censure.


En vertu de ses pouvoirs gouvernementaux550, le président est le chef de
'administration fédérale, dont il nomme, après accord du sénat, tous les hauts-
fonctionnaires551.
Pour les autres nominations, et en vue de faciliter le travail
gouvernemental: alléger les tâches du sénat, l’accord de celui-ci n’est pas
nécessaire.
La tradition voulait que fussent remplacés la plupart des fonctionnaires de
l’administration américaine à chaque changement de président, généralement
accompagné de changement de parti. Une large épuration suivait au sein des
fonctionnaires et le nouveau régime traitait l’administration, après son succès
aux élections, comme étant un fief.
Cette manière de faire fut volontairement qualifiée de spoil System
« système des dépouilles » par ses adversaires. En fin de compte, on se borna à
remplacer c’est responsables au sommet en tenant compte des compétences :
c’est le mérite-system552. Comme le président est le véritable exécutif, c’est lui
qui exerce le pouvoir réglementaire, assure le commandement suprême des
forces armées et conduit les opérations militaires553.
Il peut, à ce titre, et sans en référer au congrès554, prendre des décisions
d’ordre militaire, comme le firent les présidents Truman, qui décida d’envoyer
une expédition militaire en Corée, Kennedy qui décréta le blocus de Cuba,
Johnson, qui ordonna les bombardements du Viêt-Nam, Nixon, qui prit
l’initiative de intervention militaire au Cambodge et Carter, qui organisa
l’opération destinée à libérer les otages américains détenus en Iran555.
A cet égard, depuis 1973, le président ne peut plus engager les forces
armées dans un conflit sans l’accord des chambres, si l’intervention dépasse
soixante jours.
Dans le domaine de la diplomatie, c’est le président qui est le premier
responsable des affaires étrangères; il conclue les conventions et traités
internationaux. L’accord des deux tiers du sénat est néanmoins nécessaire à la
ratification des traités.
Quant à l’accord nécessaire du sénat à la nomination des ambassadeurs, il
relève du même principe qui a présidé à la règle de la nécessité de l’accord des
sénateurs, pour la désignation des hauts-fonctionnaires556.
Dans les situations de crise, le président peut exercer des pouvoirs

550
Ogg (A) : « Le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique».Édition PUF, Paris , 1958, p 36.
551
Neustadt (R): « Les pouvoirs de la Maison Blanche».Édition Economica, Paris ,1980,p129.
552
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
553
Orban (E) : « Fédéralisme et cours suprêmes ».Édition Bruylant, Bruxelles, 1991, p 40.
554
Pierre(H):« La vie quotidienne à la Maison Blanche au temps de Reagan et de Bush » Édition Hachette,
1990,p61.
555
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
556
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

exceptionnels lui permettant de prendre les mesures qu’il juge utiles et


nécessaires.
En matière législative, le président n’a pas l’initiative des lois. Il dispose
seulement de la possibilité d’appeler, par voie de messages, l’attention du
Congrès sur les mesures législatives nécessaires à la marche des affaires
publiques. Il dispose, cependant, du veto législatif, et le congrès ne peut passer
outre que si la loi est votée, après une deuxième lecture, à la majorité des deux
tiers.
L’irresponsabilité politique du président devant le congrès n’exclut pas sa
responsabilité pénale557. Le congrès peut décider la destitution du président pour
haute trahison, corruption, crime ou délit. On a alors recours à «l’impeachment»,
procédure par laquelle la chambre des représentants inculpe le président au vu
du rapport établi par sa commission de la justice, qui l’adopte à la majorité et y
recommande l’inculpation et la poursuite du président. Quand la chambre des
représentants approuve l’acte d’accusation, elle prépare une décision, motivée,
d’inculpation et de poursuite, qu’elle transmet au sénat dont les membres se
réunissent, après prestation du serment, sous la présidence, non du vice-
président, président en titre du sénat, mais sous celle du président de la cour
suprême, pour étudier l’inculpation558.
La mise en accusation du président, pour être effective, doit avoir été
sanctionnée par les deux tiers des sénateurs présents. La sanction du sénat se
limite à la déclaration de destitution du président, qui implique également qu’il
se voit interdire l’exercice de toute fonction, même protocolaire; le président
devient, dès lors, un simple citoyen soumis aux lois, autrement dit responsable
de ses actes et passible de poursuites judiciaires559.
Cette procédure fut appliquée en 1868 à l’encontre du président Andrew
Johnson qui échappa à la destitution, une voix ayant manqué à la majorité
requise.
En 1842-43, la chambre des représentants avait entamé cette procédure
contre le président John Tyler, mais sans aboutir à son accusation.
Après l’affaire du Watergate, déclenchée par la presse américaine, niée
puis reconnue par le président R. Nixon, la commission de la justice de la
chambre des représentants décida d’inculper le chef de l’Etat. Nixon
démissionna et demanda d’être gracié le 8 août 1974 avant que pût se réunir,
pour examen du rapport de la commission, la chambre des représentants qui
classa le rapport, considérant - apparemment - que Nixon s’est accusé et jugé
lui-même et qu’il n’y avait donc pas lieu à appliquer une procédure qui de toute
manière, l’eût simplement éloigné de la responsabilité, but réalisé par la

557
Orban (E) : « La cour suprême aux Etats-Unis et le processus démocratique ». Édition RDP 1990,p 23.
558
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
559
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

démission560.

Paragraphe 3 : Le Congrès
Cette institution se compose de la chambre des représentants et du sénat.
La première représente l’ensemble des populations des Etats-Unis, soit le peuple
américain. Le second représente les Etats fédérés, à raison de deux sénateurs par
Etat. La composition de la chambre des représentants répond à l’unité nationale.
Celle du sénat satisfait aux objectifs du fédéralisme, impliquant l’association des
Etats au pouvoir central561.

A- La chambre des représentants


Elle se compose actuellement de 435 membres en plus d’un délégué de
Columbia « siège du pouvoir central, où se trouve Washington » qui n’a pas le
droit de vote. Les membres de la chambre sont élus au suffrage universel direct
pour deux ans, proportionnellement au nombre d’habitants. Les candidats
doivent être de nationalité américaine depuis sept ans au moins et avoir, au
moins, vingt-cinq ans révolus562.
Les spécialistes américains critiquent épisodiquement la limitation à deux
ans du mandat de représentant, l’estimant trop court pour garantir la stabilité à la
chambre et défavorisé par rapport au mandat du président, qui est de quatre
ans563, de surcroît, ils constatent que bien qu’il soit renouvelé au tiers tous les
deux ans, le sénat est élu pour six ans564. Le décalage entre les mandats
représentatifs aux niveaux fédéral et fédéré fait des Etats-Unis un pays où les
élections sont presque ininterrompues : la campagne électorale y est donc
permanente565.
En 1966, le président Johnson tenta, sans y parvenir, d’apporter un
amendement à la constitution pour augmenter la durée du mandat des
représentants566.

B- Le sénat
Les Etats-Unis sont actuellement formés de cinquante Etats dont chacun
est représenté par deux membres au sénat, qui comprend donc cent sénateurs
élus pour six ans et dont le tiers se renouvelle tous les deux ans. Pour être
candidat à cette chambre, il faut avoir, depuis au moins neuf ans, la nationalité
américaine et trente ans révolus567.
560
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
561
Scoffoni (G) : « Le Congrès des Etats-Unis et la remise en cause des interprétations constitutionnelles de la
cour suprême ». Édition RFDC 1993, p 75.
562
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
563
Kaspi (A) : « Les Etats-Unis de 1607 à nos jours». Édition Seuil, Paris, 1986, p90.
564 564
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
565
Lassalle (J) : « partis politiques aux Etats-Unis». Édition PUF, Paris ,1987, p 125.
566
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
567
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Depuis l’établissement de la constitution et durant cent-vingt années, le


sénat fut élu parmi les membres des Sénats des Etats. Par la suite, chaque Etat
fut appelé à élire deux membres au suffrage universel direct. Ainsi les Etats sont
assurés d’une représentation égale qui compense les petits Etats de leur
insuffisante représentation à la chambre des représentants. L’Etat de New-York,
16 millions d’habitants, dispose de deux sénateurs, tout comme l’Etat du
Nevada, 300.000 habitants.

C- Les pouvoirs du congrès


Les deux chambres ont les mêmes compétences en matière législative, y
compris pour la loi de finances, dont le projet est préparé, depuis quelque temps,
par le président568.
Le pouvoir financier du sénat s’est renforcé en 1974, car à partir de cette
date, l’exécutif n’a plus le droit de bloquer les crédits votés par le congrès569.
La cour suprême avait interdit en 1937 la délégation législative et le
président n’a plus ainsi la possibilité de légiférer par décrets-lois à la place du
congrès. C’est à celui-ci donc que revient la totalité du pouvoir législatif, y
compris le droit de modifier le projet de loi de finances que lui présente le
président pour approbation. En matière d’impôts, cependant, l’initiative revient à
la chambre des représentants seule. Le sénat participe, toutefois, à la
modification des lois dans ce domaine570.
La «Commission de Conciliation», composée des représentants des deux
chambres, se réunit, en cas de divergence entre elles, pour élaborer un texte
acceptable pour l’une et l’autre, sinon il est renoncé à l’examen d’un texte sur
lequel aucun accord n’a pu être obtenu. On n’assiste pas dès lors, à une
«navette» telle qu’elle est pratiquée, dans le domaine législatif, par certains
régimes politiques571.
Le sénat dispose de compétences propres : c’est ainsi qu’il donne son
approbation ou s’oppose aux nominations faites aux hautes fonctions par le
président et qu’il est nécessaire au président d’obtenir l’accord de la majorité de
deux tiers des sénateurs pour les traités internationaux. Aussi l’accord du sénat
est-il désormais nécessaire pour rompre un accord de défense avec un pays allié,
et ce à partir de 1979572.
Les deux disposent en commun de certaines attributions. Elles ont un
pouvoir constituant. Tout projet d’amendement de la constitution doit être voté à
la majorité des deux tiers de chacune des deux chambres, avant d’être soumis
aux parlements des Etats pour approbation à la majorité des trois quarts. Il leur

568
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
569
Kaspi (A) : « La vie politique aux Etats-Unis». Édition A. Colin, Paris , 1970, p 97.
570
Lassalle (J) : « La Cour suprême et le problème communiste aux Etats-Unis ». Édition , A. Colin ,Paris ,
1960 ,p123.
571
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73
572
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73

120
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

échoit de se substituer aux électeurs.


Au cas où le président n’obtient pas, ainsi qu’évoqué précédemment, la
majorité du collège chargé de l’élire, les deux chambres se partagent également
la procédure de mise en accusation et de jugement du président et celle, de
même forme, de mise en accusation et jugement des fonctionnaires fédéraux.
La session du congrès est tenue chaque année, de janvier à juillet. Le
président ne dispose ni du droit de clore une session, ni de celui de convoquer le
congrès573.

Paragraphe 4: La cour suprême


C’est l’institution fédérale judiciaire la plus élevée. Elle exerce de larges
pouvoirs, indépendamment du congrès et du président574.
Elle est composée.de neuf juges, nommés à vie par le président, avec
l’accord du congrès. Bien qu’ils puissent faire valoir, à soixante-dix ans, leur
droit à la retraite, la plupart des membres de la Cour suprême préfèrent garder
leurs fonctions jusqu’à la fin de leurs jours. Un adage forgé par l’opinion
publique dit : « un juge de la Cour suprême ne démissionne jamais et meurt
rarement »575.
La Cour suprême est juge de la constitutionnalité des lois. Elle est
l’institution qui prend, à cet égard, les décisions en dernière instance, ce contrôle
étant, par ailleurs, exercé par les tribunaux, à tous leurs niveaux. Les décisions
de la Cour suprême ont assez souvent des retombées politiques. La Cour
suprême s’est ainsi opposée au président Franklin Roosevelt qui dut s’incliner
devant ses décisions allant à contre-courant de ses orientations politiques576.
Elle s’est opposée également et d’une façon notoire à la discrimination
entre blancs et noirs et a pris position en faveur d’un certain nombre de citoyens
« des fonctionnaires notamment », qui avaient été persécutés pour crypto-
communisme dans une campagne conduite par Mac Carthy. La Cour suprême,
de même, a largement contribué à imposer la démission au président Nixon, en
rendant son arrêt du 24 juillet 1974, aux termes duquel «le président n’a pas le
droit de s’abriter derrière les soi-disant privilèges du pouvoir exécutif pour
garder au secret les éléments d’information qui doivent être tenus à la
disposition de la commission d’enquête en vue de la poursuite de l’enquête sur
les accusations portées contre lui»577.
Nixon avait, en effet, refusé de livrer les enregistrements qui confirmaient
son implication dans le scandale du Watergate.

573
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73
574
Rosenfeld (M) : « Les décisions constitutionnelles de La Cour suprême américaine pour la session 1998-
1999 ».Édition RDP, 2000, p1329.
575
Orban (E) : « La Cour suprême des Etats-Unis et le processus démocratique ».Édition RDP, 1990, p23.
576
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73
577
Zoller (E) : « Présentation de la Cour suprême des Etats-Unis ».Cahiers de Conseil constitutionnel, n°5,
1998, p34.

121
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Le rôle politique extrêmement important dévolu à la Cour suprême est


confirmé par la place éminente réservée à son président qui, protocolairement,
vient immédiatement après le président des Etats-Unis, devant le vice-président,
président du sénat.

Section 2 : Les institutions des états


Pour une claire analyse du régime fédéral, dont les cinquante Etats
constituent la base essentielle, il convient d’évoquer tout d’abord les institutions
de ces Etats, qui jouissent de toutes les attributions de droit commun, hormis
celles qui, en vertu de la constitution, échoient au pouvoir central.
Ils ont, en effet, leurs propres constitutions, gouvernements, présidents,
chambres et institutions judiciaires. L’existence de ces institutions, eu égard à la
forme pyramidale de la fédération, s’avère une inéluctable nécessité et donne au
régime une parure démocratique originale, tant il est vrai que les institutions
établies à la base permettent d’associer politiquement les Etats au pouvoir
central578.
Notons que les Etats disposent toujours de compétences propres qui leur
permettent de jouir de leur autonomie, malgré l’élargissement des compétences
de l’Etat fédéral en raison du besoin de la fédération de disposer d’un
gouvernement fort , et de la nécessité d’assurer une coordination globale dans
les affaires économiques de plus en plus abandonnées à l’Etat Central par des
Etats dont certains font même pression sur le pouvoir central579.
Chacun de ces Etats a entière liberté de se doter de la constitution de son
choix, à la condition qu’elle soit conforme aux dispositions de la constitution
fédérale et aux options fondamentales du régime.
Aussi est-il constaté l’absence de différences notables entre les
constitutions des Etats.
Au sommet de chaque Etat, se trouve le président, élu par les habitants au
suffrage universel direct, pour un mandat de quatre ans, non renouvelable. Ce
président et appelé gouverneur. Tous ses ministres sont également élus. Le
gouvernement local n’a pas l’initiative des lois. Toutefois les lois ne sont
promulguées qu’avec l’accord du gouverneur qui a le droit d’y opposer son veto.
Les Etats ont deux chambres : chambre des représentants et sénat, sauf
l’Etat du « Nebrasca » qui est monocaméral580.
Dans la plupart des Etats, les chambres se réunissent en sessions
extraordinaires à la convocation du gouverneur, et dans certains Etats, elles se
réunissent, au moins une fois, tous les deux ans.
La plupart des juges des Etats sont élus, soit directement par le peuple,

578
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73
579
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73
580
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

soit par les juges des tribunaux, selon la procédure adoptée par chaque Etat581.

Sous-section 1 : Nature du régime


Les constituants américains étaient bien au courant des développements
de l’organisation constitutionnelle anglaise, qui fut leur source unique. Il se
trouvait sûrement parmi eux des hommes qui avaient également pris
connaissance des idées de théoriciens anglais tels que Lock et de penseurs de la
révolution française comme Charles De Montesquieu, qui défendirent le régime
de la séparation des pouvoirs. Les rédacteurs de la constitution de 1787 ont de
même vécu l’expérience constitutionnelle anglaise qui aboutit en 1689, au
régime de monarchie limitée, établie jusqu’en 1782, soit cinq années avant la
proclamation de la constitution américaine.
La constitution américaine adoptée en 1878 apparaît aujourd’hui très
ancienne et accuse un vieillissement de son vocabulaire et de quelques
dispositions techniques582.

Paragraphe 1 : Un régime fonde sur la séparation des pouvoirs


Politologues et spécialistes de droit constitutionnel s’accordent à dire que
le régime américain est un régime présidentiel fondé sur la séparation des
pouvoirs. Le président des Etats-Unis d’Amérique est le pouvoir exécutif
suprême et aucun pouvoir ne peut intervenir dans ses attributions ni n’a les
moyens de mettre un terme à sa mission. On considère de même que, dans ce
régime, les pouvoirs agissent et fonctionnent séparément, parfois dans
l’isolement total, et que le secret de la réussite d’un tel régime réside dans le fait
que chaque pouvoir dispose d’une arme face aux autres pouvois583 : ainsi si le
président ne dispose pas du droit de dissoudre le congrès, celui-ci n’a aucun
moyen de renverser l’exécutif; si le congrès a seul l’initiative des lois qu’il vote,
en contrepartie, le président dispose du droit de veto législatif. Aussi bien le
président que le congrès sont directement élus par le peuple. Toutes les
techniques de la constitution concourent apparemment à entretenir un climat
d’isolement des pouvoirs584.
Une telle analyse mériterait, selon nous, d’être corrigée. Des pouvoirs
isolés, agissant chacun dans sa sphère propre, ne peuvent bien fonctionner. Un
blocage en résulterait nécessairement585.

Paragraphe 2 : Un régime de collaboration et d’équilibre des


pouvoirs
581
Pinto (R) : « La Cour suprême américaine et l’avortement ».Édition RDP, 1993, p97.
582
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
583
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
584
Lassalle (J) : « La démocratie américaine-Anatomie d’un marché politique».Édition A. Colin, Paris , 1991,
p76 .
585
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Ce régime a veillé certainement à préserver l’équilibre des pouvoirs mais


il n’a pas pour autant, écarter leur collaboration. La constitution américaine
comporte des mesures et des techniques qui créent les conditions d’une
collaboration des pouvoirs.
Les organes fonctionnant dans le cadre de la constitution n’agissent pas
séparément, les uns isolés des autres. Ils ont tenu plutôt à établir entre eux une
collaboration constructive qui garantit leur équilibre : tel est le secret de la
réussite et de la permanence de ce régime.
Cette collaboration n’est pas nécessairement celle prévue et pratiquée en
régime parlementaire. Il s’agit d’une forme de collaboration développée par le
régime présidentiel américain lui-même et faite de concessions réciproques et de
dialogue permanent entre les différents organes, en vue d’assurer le maximum
d’efficacité au fonctionnement des institutions586.
Ce résultat a été obtenu, d’une part, grâce au fédéralisme et au bipartisme
et, d’autre part, grâce à la mentalité du citoyen américain qui repousse la
négativité et s’attache aux résultats concrets.

Paragraphe 3 : Qui gouverne les Etats-Unis ?


Les réponses se partagent entre le président, le congrès et les juges de la
Cour suprême, en général on considère que le pouvoir s’est déplacé entre ces
trois institutions587.
C’est ce qui fut soutenu notamment par Woodrow Wilson, professeur de
droit constitutionnel et d’économie politique, qui fut président des Etats-Unis de
1913 à 1923. Dans son étude du régime américain, il a bien montré qu’au lieu
d’une séparation des pouvoirs, il s’agit, en l’occurrence, plutôt d’une rotation du
pouvoir entre les deux principales institutions : le président et le congrès588.
Quand la personnalité du président est forte ou quand le pays traverse une
crise qui exige des mesures radicales prises par un président énergique et,
surtout, quand un tel président bénéficie du soutien de l’opinion et jouit d’une
grande popularité, le congrès ne peut faire autrement que de laisser les rênes du
pouvoir au président589.
Le pouvoir fort du président a été connu par les Etats-Unis avec George
Washington, Abraham Lincoln, Théodore Roosevelt, Woodrow Wilson,
Franklin D. Roosevelt, Harry Truman, John F. Kennedy,L. Johnson et Richard
Nixon. Le congrès ne pouvait, durant les mandats de ces présidents, s’opposer à
la politique présidentielle et les représentants et sénateurs furent plutôt de
véritables collaborateurs du président.
Le pouvoir échoit tout naturellement au congrès quand à la tête de l’Etat,
586
Scoffoni (G) : « Le Congrès des États-Unis et la remise en cause des interprétations constitutionnelles de la
Cour suprême ».Édition RFDC, 1993, p175.
587
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73
588
Kleber (PA) : « La délimitation des pouvoirs entre l’Etat fédéral et les Etats fédérés » .Éd RFDC,1998, p 277.
589
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

124
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

se trouve un homme faible, ou qui ne bénéficie pas, dans les deux chambres,
d’une majorité de soutien, ou encore qui ne parvient pas à compenser l’absence
de soutien parlementaire par un appui populaire. Dans tels cas, le président et
ses ministres sont soumis au pouvoir du congrès et les collaborateurs mêmes du
président sont tenus d’appliquer les directives du congrès, surtout celles du sénat
et de ses commissions, le sénat exerçant alors sur le président un pouvoir de
contrôle.Le régime s’affirme dans ces conditions comme un régime
d’assemblée, où le président et son gouvernement ne sont que l’instrument de la
politique du congrès.
A l’ère du congrès, ne peut briller aucun nom de président. L’histoire ne
retient pas les noms des présidents soumis au congrès et qui ne purent réaliser
aucune œuvre digne d’être signalée. Comme exemples de cette catégorie de
présidents, il y eut H. Cooleedge, Hoover, Taft, Eisenhower plus célèbre comme
commandant en chef des forces alliées que comme président des Etats-Unis
d’Amérique et Gerald Ford. Tous ces présidents étaient à la Maison-Blanche
pendant le pouvoir fort du congrès590.
En ce qui concerne les périodes marquées par le pouvoir ou gouvernement
des juges, on relève les larges attributions conférées par la constitution aux juges
des différents tribunaux, notamment le contrôle de la constitutionnalité des lois;
cette dernière attribution permet aux juges, d’une manière générale, d’exercer
leur contrôle sur les pouvoirs exécutif et législatif et aux juges de la cour
suprême, en particulier, d’annuler les lois votées par les deux chambres, les
décrets du président et les lois et décrets pris au niveau des Etats particuliers.
Les Etats-Unis ont vécu ainsi une période durant laquelle le pouvoir des
juges était tout puissant. Les juges de la cour suprême s’opposèrent vivement à
la politique de Franklin D. Roosevelt et l’acculèrent à l’échec, bien que ce
président eût une personnalité de premier ordre et l’appui du congrès591.
D’une façon générale, le pouvoir des juges était marqué par la
pondération. Mais, en certaines occasions, il y eut abus en matière
d’interventions dans le domaines politique et social, ce qui avait valu au pouvoir
des juges la désapprobation de l’opinion publique, incapable, toutefois, de
l’infléchir592.
Récemment, avec l’arrivée au pouvoir d’une « nouvelle droite »
américaine, depuis 1980, se dessine une orientation politique réformiste et basée
sur une moindre ingérence gouvernementale dans la vie politique, s’élevant ainsi
contre le dirigisme gouvernemental inaugurépar F.D. Roosevelt et qui devait
durer une cinquantaine d’années.
La réalité constante indique que les Etats-Unis n’optèrent pas
définitivement pour l’une des formes de pouvoir jusque-là exposées. La

590
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
591
Prelot (P) et Mrogof (F) : « Le fédéralisme devant la Cour suprême ».Édition, 1996, p159.
592
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

125
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

prédominance d’un des pouvoirs à une époque et des circonstances données


n’implique pas que le régime accorde constitutionnellement le pouvoir à
l’institution qui prévant pour un temps. Aussi n’est-il pas adéquat d’affirmer que
ce régime reflète la mainmise exclusive d’un des pouvoirs. Les pouvoirs
collaborent, du fait de l’équilibre réel existant entre eux, en vertu des
dispositions de la constitution, demeurée à l’abri des altérations et, aussi, grâce
au bipartisme, favorable à l’instauration de ce climat de collaboration593.
Le régime fédéral a également concouru à établir un tel climat, au
demeurant conforme au tempérament américain qui considère, en effet,
l’opinion publique comme un quatrième pouvoir, qu’on se doit de prendre
nécessairement en considération. Les hommes politiques s’inclinent alors devant
ce pouvoir, quelle que soit l’étendue de leur influence. Le président, le congrès
et le juges tiennent leurs pouvoirs du peuple, qui les a librement choisis et leur a
confié leurs éminentes responsabilités.
Nous traiterons donc des divers facteurs qui font de ce régime un régime
de collaboration plutôt que de séparation des divers pouvoirs594.

Sous-section 2 : La collaboration dans le cadre de la constitution


Bon nombre d’attributions conférées aux institutions qui gouvernent en
vertu des dispositions de la constitution peuvent apparaître comme consacrant
l’isolement des pouvoirs; or, la constitution laisse à ces pouvoirs un vaste champ
de collaboration, disponible grâce à certaines dispositions de la loi
fondamentale595.
En vertu de la constitution, il n’existe pas de responsabilité politique
partagée entre le président et le congrès; en d’autres termes, ni responsabilité
gouvernementale ni dissolution de l’institution parlementaire ne sont
expressément prévues par la loi fondamentale. Toutefois le président peut être
destitué par le congrès, au cas où celui-ci applique à son encontre la procédure
de mise en accusation. De son côté, le congrès risque d’être paralysé dans son
action si le président use constamment à son endroit de son pouvoir de veto.
L’une et l’autre procédure sont tout à fait constitutionnelles596.
D’un autre côté, la constitution protège le parlement des empiètements du
président, dans la mesure où elle n’accorde pas à celui-ci l’initiative en matière
de projets de lois. Elle la lui accorde, cependant, d’une autre façon, par le biais
des «messages» que le président adresse périodiquement au congrès et qui sont
portés à la connaissance de l’opinion. Par ces messages, il est donné au président
l’occasion de présenter des projets de lois sous forme d’idées non encore
élaborées ou, parfois, de lois techniquement formulées597.
593
Lassalle (J) : « Les Institutions des Etats-Unis ».Édition de La documentation française, 1993, p45.
594
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
595
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
596
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
597
Lassalle (J) : « La campagne présidentielle de 1984 aux Etats-Unis ».Édition RDP, 1986, p 87.

126
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Le président annexe à ses messages les projets de textes législatifs qu’il


soumet à l’examen du congrès, et tient à s’appuyer sur un groupe d’élus chargés
d’expliquer et de défendre ces textes. Le président engage, à propos de ces
textes, un dialogue continu avec les membres des deux chambres et requiert,
pour les soutenir et faire adopter, l’adhésion militante de ses partisans et de son
parti. Par cette technique constitutionnelle, le président aboutit ainsi à avoir
l’initiative en matière de projets de lois. Pour peu que son appareil soit fort et
dynamique, il sera en mesure de prendre une série ininterrompue d’initiatives
qui, par leur grand nombre et leur technicité habile comme par leur opportunité
politique, peuvent mobiliser pour une longue période l’attention du congrès598.
Le président dispose d’au moins trois occasions annuelles d’adresser des
messages au congrès. Au mois de janvier, il adresse au congrès son «message
sur l’état de l’Union». Le projet de loi de finances fait également l’objet d’un
message. Un troisième message est prononcé pour permettre au président de
faire le point de la situation économique et sociale. En plus de ces messages,
pour ainsi dire traditionnels, le président peut, à chaque fois qu’il le juge utile ou
nécessaire, adresser d’autres messages au congrès. La constitution lui fait, au
reste, obligation de faire prendre conscience au congrès de l’étendue des moyens
et mesures qu’exige la conduite de sa politique.
Depuis 1911, la constitution a régi la collaboration du président et du
congrès en matière financière, en confiant au président la compétence de
préparer le projet de loi de finances, tâche qui revenait auparavant à la chambre
des représentants599.
Disposant de cette initiative, le président a pu naturellement orienter la
politique financière, en fixer les priorités et y mettre en œuvre les moyens
appropriés. L’usage veut que celui qui dispose du droit de présenter un projet
soit à même d’en maîtriser les contours beaucoup mieux que ne pourrait le faire
le pouvoir appelé à l’entériner.
Lors de la discussion du projet de loi de finances, il s’établit entre les deux
pouvoirs un dialogue qui leur permet d’approfondir l’étude des problèmes et
entreprendre la recherche des solutions appropriées. Le débat suscite également
des occasions propres à mettre un terme à des problèmes à caractère secondaire,
à prévenir les crises et à s’en prémunir. Le président n’obtient ainsi l’accord du
pouvoir législatif sur le contenu du budget, qui lui donne les moyens de sa
politique, qu’après avoir accepté certains amendements proposés en faveur d’un
ou de quelques Etats donnés, en matière de crédits ou d’investissements. Ainsi
s’instaure un climat d’échange d’intérêt et même de marchandages et de
concessions, climat propice à une collaboration fructueuse que rien dans la lettre
et l’esprit de la constitution n’exclut, les techniques d’une telle collaboration ont

598
Cater (D) : « Qui gouverne à Washington ».Édition Seuil, Paris, 1964, p178.
599
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

127
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

même été prévues par la constitution600.


S’il est vrai que la constitution dote chacun des pouvoirs des armes qu’il
peut brandir pour préserver son indépendance à l’égard des autres, il convient de
préciser encore que l’existence de ces armes incline chaque pouvoir à collaborer
avec les autres sans que cela donne lieu à des empiètements; dans chacun des
domaines601, les pouvoirs disposent de moyens de pression réciproques qui, en
lien de compte, facilitent leur collaboration dans l’équilibre602.
Le président, par exemple, a toujours besoin, dans le domaine législatif,
d’une série de mesures financières, fiscales et économiques pour pouvoir
appliquer sa politique. Il peut obtenir que de telles mesures soient adoptées si, en
contrepartie, il fait preuve de souplesse et de disposition à collaborer en matière
de candidatures aux différentes nominations, pour lesquelles l’accord du sénat
est indispensable603. Bien des projets de lois ont été adoptés par cette chambre en
contrepartie de nominations accordées par le président conformément au vœu
d’un groupe de sénateurs, ou tenues à l’écart par lui jusqu’à obtenir l'assentiment
et l’appui de sénateurs hostiles. Ainsi, de même que la loi est édictée par accord
des deux parties, les nominations se font après l’accord du président et du
sénat604.
Le sénat sait bien qu’un refus opposé aux demandes du président et aux
candidatures qu’il propose ne peut qu’engendrer un climat de tension qui
incitera le président à utiliser son veto législatif. Aussi les deux institutions
veillent-elles a la collaboration constructive plutôt qu’à susciter des impasses.
Bien qu’en droit, il ne soit pas prévu de contrôle du congrès sur le
président et ses collaborateurs, les secrétaires « ministres » sont invités à
s’exprimer devant les commissions parlementaires permanentes, procédure
permettant aux membres des chambres d’être informés des aspects, même les
plus délicats, des orientations politiques du gouvernement605. Généralement, la
chambre ne ratifie un traité qu’après avoir invité et entendu, au sein de la
commission intéressée, le ministre concerné qui doit, à cet effet, expliquer et
convaincre. Pour permettre le dialogue, le président tient à associer, dès le
départ, aux négociations des sénateurs, qui assistent ainsi, aux côtés de ses
ministres, lors de signature des traités qu’ils défendront ensuite devant leur
chambre pour obtenir la ratification.
Le président, soulignons-le, a constamment besoin du soutien des élus de
la nation au congrès, notamment des sénateurs, surtout durant son premier

600
Bensaid (J) : « La procédure budgétaire aux Etats-Unis – Le budget fédéral ».Les Notes Bleues de Bercy,
n° 79, 1996
601
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
602
Bloom (S) : « The story of the constitution »..Édition National Archives and Records Administration,
1986, p 191.
603
Brown (B) : « L’Etat et la politique aux Etats-Unis»..Édition PUF, Paris ,1994, p94.
604
Brege (A) : « Les fondements de la démocratie américaine».Édition Presse de l’IEP de Toulouse, 1991, p182
605
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

mandat, il lui serait très difficile d’en briguer un second sans l’appui du congrès
aux élections suivantes.
Il résulte de cette analyse que le régime fonctionne, dans le cadre des
techniques de la constitution, dans un climat de dialogue permanent et de
gestion collective des affaires exécutives et législatives, sauf circonstances rares
durant lesquelles règne une tension entre les deux pouvoirs.
On a pu estimer que, dans ce régime, le pouvoir est partagé entre le
président et les hautes personnalités du sénat, soixante au plus, qui réussissent à
rallier les quarante autres sénateurs. Mais ce sont les techniques aménagées par
la constitution, en vue d’empêcher la domination d’un pouvoir par un autre, qui
ont imposé à toutes les institutions de faire de leur collaboration équilibrée le
moyen de fonctionner efficacement.
Les politiques interne et externe, sans doute, sont définies et dirigées pour
l’essentiel, par le président. Mais lorsque le congrès ne le suit pas, le président
est obligé de modifier sa politique, souvent de manière considérable. Le
président se trouve dans une situation encore plus délicate lorsque, au cours de
son mandat, les majorités changent au congrès à l’occasion des élections du tiers
des membres du Sénat, et de l’ensemble des membres de la chambre des
représentants.

Section 3 : Le rôle du pouvoir judiciaire


La constitution accorde compétence en matière de contrôle des pouvoirs
du président et du congrès à un troisième pouvoir 606: le pouvoir de l’institution
judiciaire, notamment, la Cour suprême qui s’est avéré une instance assez
redoutable. La constitution incite ainsi à la collaboration, les pouvoirs exécutif et
législatif qui recourent au troisième pouvoir pour tout litige les opposants, pour
être en mesure de continuer leur collaboration féconde607.
Le contrôle de la constitutionnalité des lois et de la légalité des actes
administratifs et l’annulation de certaines lois, qui, tantôt satisfait un pouvoir,
tantôt répond au désir d’un autre pouvoir, ne constituent pas, comme il risque de
paraître, des compétences négatives destinées à corriger des abus, mais le rôle
d’arbitre dévolu à l’institution judiciaire conduit à ce que chaque pouvoir s’en
tienne à des limites précises, pour que se poursuivent la collaboration et
l’équilibre des pouvoirs608.

Sous-section 1 : Fédéralisme et collaboration


L’organisation fédérale concourt, elle aussi, à instaurer la collaboration
comme règle de fonctionnement du régime. Les pouvoirs toujours exercés par

606
Closkey (R) : « La cour suprême des Etats-Unis».Édition Seghers, Paris, 1965, p19.
607
Lerat (C) : « La cour suprême des Etats-Unis : pouvoirs et évolution historique »..Édition Bordeaux,
Presses Universitaires de Bordeaux, 1987, p30.
608
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

les gouvernements et les assemblées des Etats fédérés limitent en raison de leur
importance, à la fois les pouvoirs du président et ceux du congrès.
Contrairement à certaines apparences, le président des Etats-Unis et le
parlement fédéral exercent des compétences beaucoup moins larges que celles
dévolues aux gouverneurs et aux parlements des Etats, étant donné que les
chambres et les gouvernements locaux n’ont cédé au pouvoir central que les
attributions prévues par la constitution609.
Quels que soient les choix opérés par le président et le congrès, quelle que
soit l’étendue de leurs pouvoirs, les limites sont celles imposées par les choix
des pouvoirs fédérés. Aussi le fédéralisme aboutit-il à instaurer une
collaboration bipartite, qui ordonne l’exercice simultané des pouvoirs du
président, du congrès ; les instances législatives et exécutives des Etats. La
collaboration de deux parties entraîne celle de la troisième partie610.
Un président, dont les choix et positions sont soutenus par les Etats de
l'Union, est nécessairement écouté du congrès. Un congrès appuyé par ces Etats
bénéficié aussitôt de la compréhension du président. On a alors estimé que ce
régime a réussi essentiellement parce que c’est un régime fédéraliste et, comme
tel, il paraît difficilement «exportable»611.

Sous-section 2: Le rôle du bipartisme


Le bipartisme est l’une des caractéristiques du régime américain. Les
partis démocrate et républicain dominent la vie politique et exercent le pouvoir
par le jeu de l’alternance. Ils se partagent toujours les centres de décision. Les
autres formations, toutes de moindre importance, paraissent puis tôt
disparaissent de ce fait, n’exercent aucune influence notable sur la vie
politique612.
La souplesse qui les caractérise a permis aux deux grands partis de durer
et ce préservés des crises de scission et de liquidation, des partis qui se ne
laissent pas guider par trop de rigidité doctrinale et idéologique et fonctionner
dans un cadre d’une organisation extrêmement complexe.
Chacun des deux partis s’ouvre à des tendances, des intérêts et de
orientations qui sont parfois contradictoires, mais leur insertion correspond bien
à l’idée particulière qu’ont les Américains du rôle, de la mission et de la finalité
du parti613.
Les deux partis américains ne sont, en effet, que des appareils voués avant
de mener la bataille électorale; leur dénominateur commun est l’espoir de
l'emporter. Aussi est-il courant de voir les partisans de chaque parti dépasser les
divergences d’ordre doctrinal - quand elles existent - afin de se mobiliser pour la
609
Levasseur (A) : « Droit des Etats-Unis».Édition Dalloz, Paris, 1994, p88.
610
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
611
Mmeny (Y) : « Politique comparée».Édition Montchrestien, Paris, 1987, p76.
612
Manasta (F) : « Pouvoir, société et politique au Etats-Unis».Édition Payot, Paris, 1970, p44.
613
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

conquête du pouvoir.
Cette souplesse a été rendue possible grâce à l’accord des responsables
des deux partis sur ce qui est considéré comme les fondements et déterminants
de la politique nationale, qu’ils mettent, délibérément, à l’abri de toute
discussion ou contestation. C’est ce qui permet de minimiser les clivages
idéologiques, qui ne sont d’ailleurs pas de grande importance, et de réaliser
facilement l’accord dans les objectifs et moyens dans un cadre de tolérance et
dans la modération614.
Au demeurant, la plupart des adhésions à l’un ou l’autre parti procèdent
moins de la conviction doctrinale que du jeu des relations personnelles ou
d’intérêts. Parfois l’affiliation à un parti est essentiellement dictée par le souci
de l’adhérent de perpétuer une tradition familiale, en renouvelant la confiance
qui a été constamment placée dans ce parti615.
Dans la mesure où il a été constaté que deux grands partis sont formés
d’éléments que n’attache aucun lien solide de doctrine, de classe ou de niveau
social, on a pu dire que les deux partis américains ne sont qu’un paravent qui
dissimule un véritable multipartisme. On est même allé jusqu’à affirmer que
chacun des deux partis en compte cinquante, autant que le nombre des Etats et
qu’ainsi le régime américain compte en réalité cent partis.
Aussi la souplesse caractérise-t-elle aussi bien la conduite des partisans au
sein de chaque formation que les rapports entre les deux partis. Chaque parti
s'abstient d’enfermer ses adhérents dans un étant de discipline rigide; il n’attend
d’eux que leur engagement à voter pour ses candidats et leur contribution
financière quand ils sont nantis, pour soutenir la campagne électorale. Les élus
ont alors l’entière liberté de vote dans les deux chambres et n’ont chacun pour
juge que sa propre conscience616.
Il n’existe pas, dès lors de groupes parlementaires organisés, ni de
majorité ou de minorité institutionnalisées. Majorité et minorité se forment à
l’occasion de chaque vote et les partisans des deux partis peuvent interférer.
L’absence de discipline dans les deux partis constitue la règle qui assure
leur unité et partant, la rencontre durable entre leurs partisans respectifs; elle est
aussi le lien qui attache, en dépit de leurs divergences les élus de l’un ou l’autre
parti. Une telle souplesse aboutit à la collaboration des institutions du régime et
à l’équilibre des pouvoirs617.
La nature des rapports entre les pouvoirs impose d’ailleurs cette
souplesse. Les partisans des deux partis et leurs représentants dans les chambres
sont dispensés d’une discipline que ne justifie nullement l’absence de
responsabilité politique mutuelle des pouvoirs exécutif et législatif.
614
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
615
Juillard (P) : « Vers un New Deal en matière constitutionnelle aux Etats-Unis».Édition Pouvoirs n° 9 1979,
p183.
616
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
617
Stone (A) : « Qu’y a-t-il de concert dans le contrôle abstrait aux Etats-Unis ? ».Édition RFDC, 1998, p27.

131
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Le président « le gouvernement » ne craint pas la coalition d’une majorité,


dont la discipline conduirait à sa destitution. De leur côté, les élus du congrès
n’ont pas besoin de former une coalition en vue de s’opposer au pouvoir du
président, car ils n’ont pas à craindre de mesure de dissolution618.
On peut même dire qu’il n’existe pas, à proprement parler, de parti de
gouvernement et de parti d’opposition : dès son élection, le président devient le
président de la nation tout entière. Il n’y a pas, en face de lui, comme dans le
régime parlementaire anglais, de chef de l’opposition et le pays n’a pas pour
l’opposition les égards dont celle-ci est l’objet, de par la constitution, en Grande-
Bretagne.
Aux Etats-Unis, il arrive que le président doive son élection à un parti où
il n’a jamais exercé une activité notable; il ne devient, dans ce cas, leader du
parti qu’une fois élu et uniquement pour la durée de son mandat. Le président
Jimmy Carter constitue, à cet égard, la meilleure illustration : n’était-il pas
inconnu des démocrates ?
En résumé, les diverses structures de ce régime fonctionnent selon des
mesures et des techniques qui facilitent l’instauration d’un climat de
collaboration, utilement équilibrée et qui ne fait défaut que lors de circonstances
optionnelles passagères. En temps normal, président et congrès se partagent, et
lorsqu’ il s’agit de déterminer les options à suivre, ils choisissent le compromis
qui résulte de concessions réciproques619.
Aussi ce régime se caractérise-t-il par un dialogue patient et permanent,
dans lequel l’opinion publique joue le rôle d’arbitre entre les pouvoirs.
Dans ce régime, le pouvoir du président n’apparaît comme prééminent
que parce qu’il devient chef et leader de la nation qui l’a élu et que la
constitution lui a assigné le rôle moteur dans le fonctionnement du
gouvernement620. C’est lui, en effet, l’organisateur du pouvoir, le coordinateur
des décisions. Il détient donc le même pouvoir que les chefs d’Etat dans les
autres régimes démocratiques. Toutefois, ce rôle prédominant, il ne peut
l’assumer qu’avec le soutien et la participation du congrès et il ne peut l’exercer
en dehors de l’appui de l’opinion public621.

Chapitre 3 : système politique Russe

La Russie est une république fédérale. Le chef de l’État s'appelle le


président et est élu au suffrage universel direct pour un mandat de 6 ans,

618
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
619
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.
620
Ogg (A) : « Le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique ».Édition PUF, 1958, p45.
621
Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Op-cit52-73.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

renouvelable une fois. Le pouvoir législatif est représenté par l'Assemblée


fédérale composée de la Douma ou plus précisément, Douma d'État, formée par
450 députés élus au suffrage universel direct pour 5 ans et du Conseil de la
Fédération ,formé de 166 représentants des Sujets de la
622
Fédération « collectivités locales », appelés souvent « sénateurs » .

Section 1:L’évolution du système politique russe


La Deuxième Guerre mondiale cause de lourdes pertes humaines et
matérielles à l'Union des républiques socialistes soviétiques URSS. En cumulant
les pertes civiles et les pertes militaires, la guerre provoque la mort de 20
millions de personnes en URSS, soit 10% de la population.
Un régime autoritaire, impitoyable pour l'opposition, entreprend la
reconstruction du pays à l'aide de plans quinquennaux. La mort de
Joseph Staline, en 1953, marque un virage important. Le nouvel homme fort du
pays, Nikita Khrouchtchev, dénonce l'héritage stalinien lors de l'historique
XXème congrès du Parti communiste PC qui se déroule en 1956.
Sous Khrouchtchev et sous Leonid Brejnev, qui lui succède en 1964,
l'URSS, une des deux superpuissances du globe avec les États-Unis, continue de
progresser sur le plan technologique et économique. L'arrivée au poste de
secrétaire général du PC de Mikhaïl Gorbatchev, en 1985, bouleverse la vie
politique de l'URSS qui est secouée par des réformes économiques
« perestroïka » et démocratiques « glasnost » d'envergure. Ce vent de
changement, qui s'étend sur l'ensemble du bloc communiste, entraîne
l'éclatement de l'URSS, en 1991. Dirigée par Boris Elstine 1991-1999, puis
Vladimir Poutine, la Russie, la plus importante des républiques de l'ex-URSS,
continue son passage vers une économie de marché.
Le processus démocratique fait toutefois l'objet de critiques à l'intérieur et
à l'extérieur, particulièrement sous le règne de Poutine qui dirige le pays avec
fermeté

Sous-section 1: Le droit traditionnel russe


L’idée selon laquelle il y aurait un « esprit » du droit ou un « sens » du
droit plus répandu en France qu’en Russie vient de ce que l’on pourrait appeler
un stéréotype récurrent dans la littérature russe. L’esprit russe aurait « le sens de
la justice », de cette justice immanente, de cette justice d’origine quasi-divine
qui se situerait moralement bien au-dessus d’un « sens du droit » volontiers
mesquin, géométrique et chicanier. L’on retrouve en Russie cet usage péjoratif
du terme « droit » ou de l’adjectif « juridique » à propos de l’opposition entre
une religion catholique qualifiée de « juridique » en ce qu’elle se voit reprocher
d’établir une sorte de comptabilité des péchés et une religion orthodoxe plus

622
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».11Edition, Dalloz , p34-198.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

imprégnée d’amour et moins chiche de son pardon. Le péché serait, dans la


première, un manquement à des règles et, dans la seconde, un manquement à
l’amour. Dans un modèle russe traditionnel, les relations sociales devraient être
façonnées à l’image des relations familiales et les normes juridiques seraient
trop rigides et contraires à la vie même. C’est ce que certains auteurs appelaient
« la haine des formes » et « la crainte du droit »623.

Paragraphe 1: La Russie de Kiev


Les temps historiques commencent en Russie à la fin du IXème siècle,
lorsqu’une tribu venue apparemment de Scandinavie, les Varègues, dirigée par
son chef Riourik, établit en 862 sa domination sur la Russie de Kiev. L’État
ainsi créé durera jusqu’à 1236, où il sera détruit par les Mongols. L’événement
le plus important de son histoire est, en 989, sa conversion au christianisme,
sous le règne de saint Vladimir. Comme dans l’Occident on éprouve à ce
moment le besoin de rédiger par écrit les coutumes, en vue principalement de
faire pénétrer dans ces coutumes, par la puissance magique de l’écrit, l’influence
de l’Église. Les coutumes russes de la région de Kiev sont rédigées dans la
première moitié du XIème siècle ; les recueils, comportant de nombreuses
variantes, qui les exposent de cette date au XIVème siècle, portent un nom
générique, celui de Rousskaïa Pravda « le droit russe » Rédigés en slavon, ils
nous dépeignent une société plus évoluée, de façon générale, que celle des tribus
germaniques ou Scandinaves à l’époque de la rédaction des « lois barbares ».
Le droit qui est décrit a un caractère territorial, et non tribal, et les
dispositions qu’il comporte annoncent, sur bien des points, le régime féodal.
À côté du droit coutumier indigène, exposé dans la Rousskaïa Pravda, le
droit byzantin joue un grand rôle dans la Russie de Kiev. L’Église, qui vit en
Occident selon la loi romaine, vit en Russie sous le droit byzantin, représenté
par des Nomocanons qui unissent, dans leur réglementation, droit civil « de la
société civile » et droit canonique624. Le droit byzantin a de ce fait dans la Russie
de Kiev une très grande importance : l’Église l’applique directement aux clercs,
et dans les domaines fonciers étendus qui lui appartiennent et où elle exerce sa
juridiction ; elle en étend l’application d’autre part par la voie de l’arbitrage, et
par diverses infiltrations dans la rédaction des coutumiers625.

Paragraphe 2 : La domination mongole


Une seconde période s’ouvre dans l’histoire de la Russie avec
l’établissement de la domination mongole « la Horde d’Or » en 1236. Cette
domination ne prendra fin que sous Ivan IIIème en 1480, après une guerre de
623
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».11Edition, Dalloz, p34-198.
624
Ces nomocanons, traduits en slavon au XIIIe siècle, sont connus sous le nom générique de Kormcaia (Guide).
Sur les nomocanons byzantin*cf.j MORTREUIL « Histoire du droit byzantin ou du droit romain dans l'Empire
d’Orient, depuis la mort de Justinien jusqu’à la prise de Constantinople en 1453 » (8 vol. 1843-1846).
625
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».11Edition, Dalloz, p34-198.

134
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

libération de cent ans. Ses conséquences politiques n’ont pas cessé de se faire
sentir jusqu’à nos jours. Ces conséquences sont d’une part l’élévation de
Moscou, qui prend la succession de Kiev. C’est d’autre part, surtout, l’isolement
de la Russie de l’Occident; cet isolement ne sera pas rompu lorsque la Russie
aura reconquis son indépendance, la Russie étant alors séparée par sa foi
orthodoxe de ses voisins occidentaux. Le schisme avec Rome est consommé
depuis 1056. L’Empire de Byzance a cessé d'exister. La Russie ayant recouvré
son indépendance, se trouvera isolée, et se considérera comme « la troisième
Rome », héritière de Byzance dans la croisade pour la vraie foi626.
Du point de vue strictement juridique la domination mongole, quelle
qu’en ait été la durée, a eu une influence plus négative que positive. Le droit
russe a été très peu influencé par la coutume mongole « yassak », qui n’a jamais
été imposée aux Russes. La domination des Mongols a été seulement une cause
de stagnation du droit et, par le regroupement des fidèles autour de leurs
pasteurs, une cause de développement de l’influence du clergé et du droit
byzantin.

Paragraphe 3: Le code de 1649


Une troisième période, dans l’histoire de la Russie et du droit russe, va
de la fin de la domination mongole à l’avènement de Pierre le Grand en1689.
La Russie, repliée sur elle-même se soumet au régime despotique des
tsars pour échapper à l’anarchie et préserver son indépendance contre les
agressions venant de l’Ouest ; le servage est établi en 1591. L’Église elle-même,
privée de tout appui extérieur, est subordonnée au tsar. Le sentiment s’établit de
la toute-puissance des gouvernants, dont la fantaisie fait la loi. Police, justice et
administration sont mal distinguées dans un régime que domine une adhésion de
routine à la coutume, sous réserve de l’arbitraire occasionnel du tsar ou des
seigneurs ou administrateurs locaux. Nul effort systématique n’est fait, de la part
des tsars, pour réformer la société, tout au plus peut-on citer à ce sujet un effort
de réorganisation de la justice, manifesté par les Livres de justice « Soudebnik »
de 1497 et de 1550. Les monuments les plus intéressants pour l’histoire du droit
de cette période sont des compilations qui tendent à établir de nouvelles
éditions, à jour, de la Rousskaïa Pravda et du droit byzantin « Kormtchaïa »627.
Particulièrement importante est à cet égard l’œuvre accomplie sous le
deuxième tsar de la dynastie des Romanov, Alexis Mikhaïlovitch. Sur l’initiative
de ce souverain une œuvre de consolidation est accomplie, tant pour le droit laïc
que pour le droit canonique de la Russie. Le premier trouve son expression dans
le code d’Alexis Mikhaïlovitch « Sobomoé Oulojenie » de 1649, en 25 chapitres
et 903 articles. Le second est exposé dans une édition officielle de la Kormtchaïa
en 1653, qui remplace une œuvre précédemment accomplie dans les Cent
626
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».11Edition, Dalloz , p34-198.
627
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

135
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Chapitres « Stoglav » d’Ivan le Terrible en 1551.

Paragraphe 4: Pierre le Grand et ses successeurs


La quatrième période de l’histoire du droit russe va de l’avènement de
Pierre le Grand en 1689 à la Révolution bolchevik de 1917. La Russie reprend
alors contact avec l’Occident. Pierre le Grand et ses successeurs la dotent d’une
administration de modèle occidental; mais leurs efforts ne touchent pas le droit
privé et de ce fait ne pénètrent pas en profondeur. Le peuple russe continue à
vivre selon ses coutumes, dominé seulement par une administration plus
efficace, aux volontés de laquelle il est habitué à se soumettre. Les deux grands
souverains russes du XVème IIIème siècle, Pierre Ier et Catherine II échouent l’un
et l’autre dans le projet qu’ils forment de réviser le code d’Alexis II pour
adopter, le premier un code de modèle suédois, la seconde un code inspiré des
doctrines de l’École du droit naturel628.

Paragraphe 5: Un mouvement de modernisation (1832)


Un mouvement de modernisation du droit russe, inspiré par l’exemple
français, ne sera entrepris qu’au début du XIXème siècle, sous Alexandre Ier, avec
son ministre Speranski. Mais la rupture avec Napoléon et la réaction qui s’ensuit
feront qu’on n’aboutira, sous Nicolas Ier, qu’à une nouvelle « consolidation »,
plutôt qu’à une codification et une modernisation du droit russe. Le Corps des
lois russes alors établi en 1832 est connu sous le nom de Svod Zakonov. Il
comporte, en huit sections constituant 15 volumes, 42 000 articles, qui seront
portés à plus de 100 000 dans les éditions successives ; les deux-tiers de ces
articles ont trait à des matières de droit public. Le Svod Zakonov s’apparente
davantage, par son contenu éclectique, par sa méthode casuistique et par son
esprit, à l’Allgemeines Landrecht prussien de 1794 qu’à la codification
napoléonienne. Nicolas Ier avait prescrit de mettre en ordre et de présenter sous
une forme systématique les lois russes, sans rien changer au contenu de ces
lois629.
Ces instructions n’ont sans doute pas été suivies à la lettre par le comte
Speranski à qui revient le mérite de cette compilation. Néanmoins on peut dire
que de façon générale, de la Rousskaïa Pravda au code de 1649, et du code de
1649 au Svod Zakonov de 1832, c’est toujours une œuvre de consolidation,
d’exposition, qui a été accomplie, jamais une œuvre d’ensemble de réforme et
de modernisation630.
Un mouvement libéral et de réforme ne se développe que dans la
deuxième moitié du XIXème siècle, sous le règne d’Alexandre I Ce mouvement,
marqué principalement par l’abolition du servage en 1861 et par une réforme de

628
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
629
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
630
Drenaud (N): «The legal force of the 1832 svod zakonov ,sudebnik ».1997,p 83-124

136
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

l’organisation judiciaire en 1864, donne à la Russie un code pénal en 1855 -


révisé en 1903, mais il n’aboutira jamais à un code civil, dont le projet
seulement sera établi.
Telle était la situation en 1917, lorsque s’établit le régime bolchevik. Elle
comporte certains éléments qu’il est utile de souligner.

Paragraphe 6: Appartenance de la Russie à la famille romano-


germanique
En premier lieu la science du droit, que l’on trouve en Russie, a pris ses
modèles dans le droit byzantin, - c’est-à-dire dans le droit romain - et dans les
pays, appartenant au système romaniste, de l’Europe continentale. Il existe des
coutumes et ordonnances russes, mais, de même qu’en France et en Allemagne
au XVIIème siècle, il n’y a pas en Russie d’autre science du droit que la science
des romanistes631.
Les catégories du droit russe sont en conséquence celles des droits
romanistes. La conception du droit que l’on a dans les universités et chez les
juristes est la conception romaniste. Le droit russe peut bien se trouver dans un
recueil de type casuistique , le juriste russe ne conçoit pas le droit comme étant
de nature jurisprudentielle , la règle de droit lui apparaît, ainsi qu’au juriste
allemand ou français, comme étant par sa nature une règle de conduite, prescrite
aux individus, et qu’il appartient à la doctrine ou au législateur, non au juge, de
formuler. La Russie n’est pas dotée de codes aussi complètement que les autres
pays de l’Europe continentale ; elle est prête à avoir des codes632.

Paragraphe 7: Faiblesse de la tradition juridique russe


Un autre point, qu’il importe de mettre en relief, est la faiblesse de la
tradition juridique et du sentiment du droit en Russie633. La chose grave n’est pas
le retard, du point de vue technique, du droit russe, ni le fait qu’il n’ait encore
été qu’incomplètement codifié , ce qui compte est la différence d’attitude qu’une
histoire différente a engendrée, en ce qui concerne le droit, chez le peuple russe
par contraste avec les autres peuples européens634.
Dans toute l’Europe continentale, aussi bien qu’en Angleterre, le droit est
venu à être considéré comme un complément naturel de la morale et comme une
des assises fondamentales de la société. Ce sentiment ne s’est pas établi en
Russie. Jusqu’à une époque récente, il n’y a pas eu de juristes en Russie : la
première université russe, celle de Moscou, n’est créée qu’en 1755, l’université
de Petersbourg est créée en 1802 , une littérature juridique russe n’apparaît que
dans la seconde moitié du XIXème siècle , un barreau professionnel n’est
631
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
632
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
633
Kucherov (S): «Courts , Lawyers abd trials under the last three tsars,1953». Berman (H):,Justice Russia,an
Interpretation of soviet law,1950.W.E.BUTLER, Russian law,1999,p28.
634
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

organisé et la carrière de magistrat n’est séparée des carrières administratives


qu’avec la réforme judiciaire de 1864 , la confusion règne jusque-là entre la
police, la justice et l’administration.
Le droit écrit russe est, d’autre part, étranger à la conscience populaire. Ce
droit est essentiellement un droit administratif , la partie de droit privé qu’il
comporte est un « droit des villes » fait pour les commerçants et pour la
bourgeoisie. La masse paysanne l’ignore et continue à vivre selon ses coutumes
seule existe pour elle, par exemple, une propriété familiale « dvor » ou
communale « mir » à l’exclusion de la propriété individuelle qui est réglée dans
la loi , la justice est représentée pour les paysans par l’équité, telle qu’elle est
administrée par le tribunal du « volost », composé de juges élus qui ne sont pas
des juristes , le tribunal du « volost » dépend du ministère de l’Intérieur non du
ministère de la Justice635.
Le droit des juristes n’a pas son fondement, comme il arrive dans les
autres pays d’Europe, dans la conscience populaire ni dans la tradition ,
constitué par des dispositions législatives, il apparaît très largement comme étant
l’œuvre arbitraire d’un souverain autocrate, ou un privilège de la bourgeoisie. Il
est incontesté que le souverain lui-même est au-dessus de la loi, identifiée avec
son bon plaisir : princeps « legibus solutus ». Les juristes sont des serviteurs du
Tsar et de l’État plutôt que ceux du Droit ; il n’existe chez eux aucun esprit de
corps.
L’unité du peuple russe n’est pas fondée sur le droit. Les auteurs des pays
occidentaux peuvent bien railler la justice et les hommes de loi, tourner en
dérision leurs travers , aucun d’eux n’imagine que la société puisse vivre sans
tribunaux et sans droit. « Ubi societas ibi jus ». L’attitude inverse ne choque
nullement en Russie. Comme Saint-Augustin, Léon Tolstoï souhaite la
disparition du droit et l’avènement d’une société fondée sur la charité chrétienne
et sur l’amour. L’idéal marxiste d’une société communiste fraternelle trouve des
racines profondes dans le sentiment moral et religieux du peuple russe.
On pouvait avant 1991 se demander si la tradition juridique russe du
ème
XIX siècle avait encore une valeur, même seulement intellectuelle?
Aujourd’hui il semble qu’il faille répondre par l’affirmative. En tout cas il
y a une volonté des rédacteurs des nouveaux codes de se référer à l’ancienne
tradition russe. Boris Eltsin, dans son discours d’ouverture de la Conférence
constitutionnelle, a résumé la conception de la nouvelle Constitution : « Nous
avons tenté d’éviter de copier le modèle américain, le modèle français ou tout
autre modèle. Nous nous sommes retournés vers nos vieilles racines russes en
tenant compte des expériences, les plus avancées faites dans le monde »636.

Sous-section 2: L’ordre soviétique


635
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
636
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Le 7 novembre 1917 « 25 octobre selon le calendrier julien alors en


vigueur en Russie » une révolution victorieuse amène au pouvoir la fraction
majoritaire « bolchevik » du parti communiste. À dater de ce jour commence
une époque nouvelle dans l’histoire de la Russie.
Les bolcheviks ont le ferme dessein d’édifier au plus vite la société
communiste annoncée par Engels et Marx. Bien des points demeurent cependant
obscurs, et la doctrine marxiste demande à être complétée, maintenant qu'un
parti communiste s’est emparé du pouvoir. Marx et Engels ont dégagé les lois de
l’évolution de la société, ils ont annoncé le stade final auquel on trouverait le
bonheur et la paix, ils ont étudié la technique à suivre pour s’emparer du
pouvoir637.
La doctrine marxiste est déficiente en revanche lorsqu’il s’agit de savoir
ce qu’il faudra faire après avoir saisi le pouvoir, comment il conviendra
d’organiser la société à ce moment et en attendant que s’établisse dans tout
l’univers une société communiste. Marx a cru que la Révolution triompherait
d’abord dans un pays sur-industrialisé, elle a eu lieu dans un pays rural par
excellence.
On a espéré que la révolution s’étendrait rapidement au monde entier ou
du moins à toute l’Europe , la Russie demeure seule à porter les communistes au
pouvoir. Comment concevoir dans de telles conditions l’étape intermédiaire,
celle de l’État socialiste, qui est reconnue nécessaire ? Pas plus que Marx et
Engels, leurs disciples n’ont élucidé cette question. L’attention des marxistes
s’est portée sur l’analyse des contradictions capitalistes, sur la manière de
conquérir le pouvoir, sur la description de la société communiste, en vue de
donner des directives aux forces agissantes du parti, un idéal aux prolétaires.
L’étape intermédiaire, celle du socialisme, a été délaissée et son étude,
spécialement sur le plan des institutions et du droit, a été négligée. On est
d’accord pour admettre que doive régner, à cette époque, la dictature du
prolétariat. Mais faut-il appeler prolétariat la seule classe ouvrière, après que la
révolution a triomphé dans un pays où elle est si peu nombreuse ? Et de quelle
manière surtout, en prenant quelles mesures, en organisant quel type
d’institutions le prolétariat va-t-il exercer sa dictature ?
Riche en études philosophiques, historiques, économiques et politiques, la
doctrine marxiste est pauvre en études juridiques ; les études sur le « droit
socialiste », dans la mesure où il en existe, sont suspectes, elles sont
généralement l’œuvre d’auteurs qui ne sont pas des communistes bolcheviks, et
qui ont eu en vue l’édification du socialisme par un processus d’évolution et en
dehors de la dictature du prolétariat638.
Une doctrine va devoir, dans ces circonstances, être établie, de façon
assez empirique, avec la collaboration de juristes, mais sous l’impulsion
637
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
638
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

139
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

principale des dirigeants politiques, et au premier chef de Lénine.


Le développement du droit soviétique, depuis 1917, comporte 2 phases
principales. La première va de la Révolution d’octobre 1917 à 1936 : c’est la
période d’édification du socialisme. La seconde phase, de 1936 à 1985 aurait dû
être celle de la marche vers le communisme mais elle a été bien plutôt une
période de stagnation.

Paragraphe1 : De l’état bourgeois a l’état socialiste


La première phase de l’histoire du droit soviétique se divise elle-même en
trois périodes: la période dite du communisme révolutionnaire 1917- 1921, la
période de la Nouvelle Politique Économique 1921-1928, la période de la pleine
collectivisation des biens de production 1928-1936.

A-Période du communisme révolutionnaire


La période du communisme révolutionnaire, ou du communisme de
guerre, s’étend de la Révolution d’octobre à la fin de la guerre civile et au
triomphe définitif du parti communiste bolchevik en Russie, en 1921.
L’œuvre accomplie dans cette période est marquée par les circonstances
exceptionnelles dans lesquelles elle est accomplie. La Russie est en proie à la
guerre civile et étrangère, sa désorganisation est totale, les bolcheviks ne sont
nullement assurés de se maintenir au pouvoir. L’essentiel n’est pas pour eux de
faire une œuvre pratique, adaptée aux possibilités du moment , ce qui importe
est de vaincre leurs ennemis, de se maintenir au pouvoir, de rétablir la paix, et
s’ils doivent être vaincus, d’avoir au moins héroïquement proclamé les principes
pour lesquels ils se battent. « Il est sans importance, déclare Lénine en 1917, que
beaucoup de dispositions de nos décrets ne soient jamais mises à exécution.
Leur but est d’apprendre aux masses comment réellement progresser... Nous ne
les considérons pas comme des règles absolues à appliquer en toutes
circonstances ». Et de même Trotski: « Les décrets, dans les premiers temps,
avaient plus d’importance comme articles de propagande que comme textes
administratifs639»640.
L’œuvre accomplie dans la période du communisme révolutionnaire
manque en apparence de réalisme, il semble que l’on veuille, dans l’immédiat,
construire une société communiste en brûlant l’étape, prévue par Marx, du
socialisme, le mot même d’État est évité dans la première Constitution que se
donne la Russie en 1918. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes est
proclamé « Déclaration des droits des peuples de Russie » ainsi qu’une
Déclaration des droits du peuple travailleur et exploité, un message est adressé à
tous les travailleurs musulmans de Russie et de l’Est. L’Église est séparée de
l’État, et un code du mariage promulgué.
639
Trotski (L): «Ma vie»op-cit89.
640
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

La terre, les mines, les établissements industriels ayant quelque


importance, les banques sont nationalisées, le commerce privé est interdit. Il
semble que la monnaie même doive disparaître, et qu’un système de répartition
des produits doive être substitué au jeu des contrats. L’héritage est supprimé.
On se méfie des juristes, classe suspecte ; les tribunaux anciens et la
procédure sont abolis. Toute annonce le passage immédiat, sans transition, à la
société communiste. Les tribunaux nouveaux qui sont instaurés sont invités à
statuer, en dehors de toute procédure formaliste, conformément à la conscience
révolutionnaire, au sentiment socialiste de la justice, aux intérêts du
gouvernement des ouvriers et paysans641.
Les mesures prises alors sont très intéressantes car elles révèlent, dans un
dessein de propagande, ce qui est l’objectif final du communisme, les vues
d’avenir des dirigeants russes. Réaliser ce programme d’un trait de plume,
cependant, n’était pas possible. Certains rêveurs, dans l’U.R.S.S. même,
conserveront la nostalgie de ce qui a été fait dans ces premières années, et
s’efforceront de hâter le retour aux conceptions alors proclamées. Les dirigeants,
plus réalistes, repousseront à plus tard l’avènement de la société communiste, et
appliqueront leurs efforts à l’édification, puis à l’affermissement, d’un État
socialiste, très différent de cet idéal, dans l’U.R.S.S.
Le retour au réel et le souci de faire œuvre pratique se manifestent dès le
moment où la guerre civile et les interventions étrangères prennent fin, et où les
communistes, maîtres incontestés du pouvoir, se trouvent en face de la tâche
gigantesque qui les attend : la reconstruction du pays et l’édification du
socialisme642.

B-La Nouvelle Politique Économique (N.E.P.)


La remise sur pied du pays, dévasté par la guerre, est la chose la plus
urgente. Sept années lui seront consacrées, au cours desquelles l’édification du
socialisme passera, en apparence au moins, au second plan. Ces sept années, de
l’été 1921 à 1928, sont celles de la N.E.P643.
La N.E.P. se caractérise par un certain repli par rapport aux positions
prises dans la période précédente. Des concessions sont faites pour stimuler au
travail par l’appât du gain les paysans et pour attirer d’autre part les capitaux
étrangers. L’impression est donnée que les outrances de la période précédente
sont répudiées, que le régime « s’assagit » et va cesser d’être révolutionnaire,
qu’il va se « libéraliser » en reconnaissant les valeurs traditionnelles que
représentent la propriété et l’initiative privées et en renonçant à la chimère d’une
société non fondée sur le droit644.

641
Hazard (J.N): «Setling Disputes in soviet society.the formative era of legal institution »1960.
642
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
643
Novaja Ekonomiceskaja politika
644
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

À vrai dire les concessions qui sont faites sur le plan économique n’ont
qu’une portée limitée. L’État conserve les leviers de commande de l’industrie et
du commerce ,c’est en ce qui concerne l’agriculture seulement que des entorses
graves sont faites aux principes, le régime s’accommodant de l’existence d’une
classe de paysans aisés, les koulaks, qui emploient le travail d’autrui.
Le sentiment que les bolcheviks reviennent à la raison du monde
bourgeois est donné d’un autre côté, bien à tort, par ce qui est précisément le
retour à la vraie doctrine marxiste. Les dirigeants de l’U.R.S.S. abandonnent,- à
supposer qu’ils l’aient jamais eue,- l’illusion que l’on puisse immédiatement
établir le communisme, et ils s’engagent dans la voie de l’édification du
socialisme, mettant de l’ordre dans l’Etat et reconnaissant l’importance du droit.

C- Retour à la légalité
La période de la N.E.P. est à cet égard marquée par plusieurs événements.
Le plus apparent, qui paraît rassurant à l’étranger, est la promulgation de codes :
code civil, code de procédure civile, code pénal, code de procédure pénale, code
de la famille, code agraire. Le régime renonce pour l’immédiat à l’idéal d’une
société fondée sur la simple équité et sur le seul sentiment de la justice d’une
communauté fraternelle645.
En même temps le système d’administration de la justice est réorganisé,
un principe nouveau de légalité socialiste est posé et une institution nouvelle, la
« Prokouratoura », est créée pour veiller, de la part de l’administration comme
de la part des citoyens, à la stricte observation de ce principe. L’administration
elle-même est disciplinée , les entreprises d’État seront désormais dirigées par
une seule personne, qui en sera le directeur responsable, et non par des comités
d’usine , elles se voient d’autre part reconnaître une autonomie comptable et de
gestion , elles sont soumises au « principe de la comptabilité économique » et
obligées à se tenir dans les cadres d’un bilan, en même temps qu’intéressées à
une bonne gestion646.

D- Abandon de la N.E.P.
La N.E.P. a obtenu le succès qui était escompté. L’économie russe,
désorganisée par la guerre, a été grâce à elle « réamorcée », et l’ordre rétabli sur
le territoire de l’U.R.S.S. Il allait de soi, pourtant, que cette pause n’aurait qu’un
temps , le programme du parti communiste n’avait été ni abandonné ni modifié
il continuait à exiger la collectivisation totale de l’économie, l’élimination totale
de l’exploitation de l’homme par l’homme. L’abandon de la N.E.P. apparut
nécessaire d’un point de vue pratique, dès que les dirigeants s’engagèrent dans
la voie de la planification, en vue de développer la puissance économique russe.
Il devint clair très rapidement que tout était lié dans ce plan de
645
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
646
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

développement économique, l’industrialisation du pays en particulier exigeait un


nouvel aménagement de la production agricole, la mécanisation et la
collectivisation de l’économie rurale. La tension internationale subsistant faisait
paraître dangereuse d’un autre côté la classe des koulaks, en qui des puissances
étrangères « bourgeoises » risquaient de trouver des alliés pour
l’accomplissement de leurs desseins hostiles à l’U.R.S.S.

E- Collectivisation intégrale de l'économie


En même temps que l’on mettait en application le premier plan
quinquennal pour le développement économique de la nation, embrassant les
années 1928 à 1932, on abandonna en conséquence la N.E.P. Cet abandon fut
marqué d’abord par la pleine collectivisation de l’industrie et du commerce et
par la suppression des concessions accordées à des particuliers pour exploiter
certaines industries647.
Il fut marqué surtout, à partir de 1930, par la liquidation sans pitié des
koulaks et par la pleine collectivisation de l’agriculture, les paysans étant
invités, en fait obligés, à regrouper leurs exploitations dans des coopératives
agricoles, les kolkhozes. Ce mouvement sera achevé en 1937 , à cette époque
243 000 kolkhozes, mettant en valeur 93 % du sol soviétique exploité, ont pris la
place de 18 500 000 exploitations familiales648.
Avec cette collectivisation de l’agriculture, l’U.R.S.S. a réalisé
l’infrastructure économique exigée par la doctrine marxiste. Tous les biens et
instruments de production ont été dans l’U.R.S.S. «collectivisés», s’ils
n’appartiennent pas à la nation ou à l’État, ils appartiennent à des coopératives
qui les exploitent conformément à un plan dressé par les dirigeants et approuvé
par le Parlement soviétique. Les exceptions admises au principe sont de portée
limitée ; elles concernent spécialement certaines activités artisanales 649, et
surtout l’économie complémentaire des enclos dans lesquels les membres des
kolkhozes peuvent cultiver quelques légumes, élever quelques animaux dans une
mesure strictement limitée par la loi650. Le commerce a été depuis 1935 étatisé
dans les villes , il était dans les campagnes exploité principalement par des
coopératives651.Tout commerce est interdit aux particuliers,faire le commerce
constitue le délit pénal de spéculation. La propriété privée des biens a été
rebaptisée « propriété personnelle » pour bien marquer que, dans la mesure où
elle est admise, elle doit servir à satisfaire les besoins personnels du propriétaire

647
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
648
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
649
Sur ces activités, Hasard (J.N), Butler (W.E) et Maggs (P,B), The Soviet Légal System, 1977, p. 167 et s. Les
coopératives artisanales ont été étatisées en I960.
650
L'importance de cette économie complémentaire a été considérable ; “50 % des produits alimentaires
directement affectés à la consommation venaient des exploitations familiales, selon les statistiques officielles. A.
MOVE, L’économie soviétique, 1981 ; B.H. KFRBLAY, Les marches paysans en URSS, 1968.
651
Chambre(M), Wronski (H)et Lasserre (G), Les coopératives de consommation cri URSS, 1969.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

et ne peut être utilisée afin d’en tirer un revenu652.

F- Maintien du droit
L’abandon de la N.E.P. est caractérisé par cette collectivisation de
l’économie soviétique. Il n’a pas comporté un retour au communisme de la
période précédente. La période des plans quinquennaux est marquée bien au
contraire par un renforcement de l’État dont les fonctions sont accrues, par le
développement de l’autorité, de la discipline et de la contrainte sous toutes ses
formes, par l’affirmation sans cesse plus nette du principe de légalité socialiste.
Les codes promulgués dans la période de la N.E.P. vont rester pendant 30 ans
encore en vigueur. Une masse de dispositions, de nature diverse, est venue peu à
peu les modifier, les compléter surtout en réglant les aspects nouveaux de la vie
soviétique. Loin de s’étioler, le droit soviétique est devenu sans cesse plus riche
et plus complet. Les dirigeants de l’U.R.S.S. ont entrepris de réaliser par la
contrainte, en dehors de toute concertation avec les citoyens, une transformation
totale de la société dans tous les secteurs de la vie « économique, sociale et
culturelle ». La disparition de l’État et du droit annoncée pour lère du
communisme, a été préparée de la sorte, conformément à la dialectique marxiste,
par un développement et une exaltation sans précédent de l’Etat et du droit653.
Le bilan de vingt années d’efforts est dressé en décembre 1936, où une
Constitution nouvelle se présente comme un bulletin de victoire : l’exploitation
de l’homme par l’homme a cessé dans l’U.R.S.S., les forces de la production ont
été mises à la disposition de la collectivité et sont exploitées dans l’intérêt de
tous, un État multinational a résolu les conflits entre nationalités, un État et un
droit socialistes ont pour la première fois dans le monde été édifiés, la voie est
ouverte à un progrès ultérieur et à l’avènement du communisme. Mais y a-t-il eu
progrès ?

Paragraphe 2 : Une période de stagnation


De 1936, année où fut promulguée la deuxième Constitution soviétique, à
1990, cinquante ans ont passé. Quel a été pendant ce temps l’avancée de la
marche vers le communisme ?

A- Maintien de l’Etat
Un premier point est hors de doute : on n’est pas parvenu dans l’union
soviétique au stade communiste, où le pouvoir sera exercé par les soviets
syndicats, les coopératives et autres organisations de masse. On a dépassé le
stade de la « dictature du prolétariat » , il est demeuré un État, et cet Etat, loin de
dépérir, était fort et puissant. Le droit soviétique ne s’est pas non plus étiolé, il

652
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
653
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

était plus impératif que jamais654.


Une autre constatation s’impose : depuis 1936 à nos jours peu de progrès
avaient été réalisés vers la réalisation d’une société communiste. De multiples
expériences ont été traités, en vue notamment de mieux gérer l’économie
collectivisée du pays, mais l’on n’est pas parvenu à créer la société libre et
prospère que l’on avait espéré voir s’épanouir. En fait il y a eu stagnation.

B- Puissance de l’U.R.S.S.
En dépit d’une guerre cruelle qui a causé à ses citoyens des épreuves
infinies et fait subir à son économie des pertes considérables.L’Union soviétique
était devenue, sur le plan international une nation puissante. Des pays comme la
Chine, la Corée du Nord, le Vietnam et Cuba se sont inspirés de son modèle.
L’URSS avait participé à la conquête de l’espace et était devenue une
puissance nucléaire de premier ordre, mais la situation intérieure n’avait pas
suivi la même voie. Des progrès ont été réalisés en certains domaines :
notamment en matière d’éducation et de santé. Sur le plan politique et sur le
plan économique en revanche on ne pouvait qu'enregistrer une grande
déception655.

C- Stagnation politique
Sur le plan politique la liquidation des classes favorisées n'a pas été
suivie, comme on aurait pu espérer, de la remise du pouvoir au peuple. En
l’absence de toute tradition démocratique on a confié celui-ci au parti
communiste, censé regrouper les citoyens éclairés, et le parti communiste,
soumis à un principe dit de centralisme démocratique, n’a fait lui-même
qu’enregistrer la volonté tyrannique de son bureau politique « Politburo » et
d’un secrétaire général tout-puissant.
Les assemblées « conseils » de citoyens élus aux différents échelons de
l’organisation politique « soviets de villes et d’arrondissements, de provinces, de
Républiques, et de l’Union » , n’ont pas joué le rôle majeur que l’appellation
même de l’État - Union soviétique - paraissait leur attribuer , elles ont été en fait
soumises au parti communiste, qui les encadrait et dont nul n’osait contester les
décisions656.
Le Soviet suprême de l’U.R.S.S. lui-même n’a fait que voter - toujours à
l’unanimité - dans deux sessions annuelles ne durant pas plus de trois jours les
lois à lui présentées par un gouvernement qui se confondait, dans une large
mesure, avec les instances dirigeantes du parti communiste. Tout semblant de
démocratie a de la sorte disparu dans l’indifférence des citoyens, ceux-ci étant
appelés seulement à venir périodiquement ratifier, dans des élections sans

654
Introduction au droit soviétique .Dir .Koudriavtsev (V) Koudriavtsev (M) et V.A Toumanov 1987, p.5 et s.
655
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
656
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

surprise, le choix de candidats désignés par le parti657.


Les rapports entre secrétaire général du parti et Politburo avaient changé
après la mort de Staline en 1953 et une certaine dose de collégialité avait été
admise, limitant le pouvoir absolu que le secrétaire général avait jusqu’alors
exercé. Nul changement profond pourtant ne s’était opéré , l’U.R.S.S. est
demeurée gouvernée par un groupe d’hommes très restreint, dirigeant le parti
communiste, sans aucun contact avec le peuple, que le régime tsariste avait du
reste habitué à se voir ignoré par ses maîtres658.
De bonnes raisons, il faut le reconnaître, expliquaient que l’on eût adopté,
sinon perpétué, un régime de dictature. avait été nécessaire dans les premières
années lorsque le parti communiste avait à faire face à des ennemis et des
dangers multiples. La volonté de collectiviser l’agriculture, puis la menace de
l’Allemagne national-socialiste et la guerre, enfin les problèmes se posant après
la guerre à un pays dévasté expliquent que l’on ait voulu à l’origine avoir un
gouvernement fort, indépendant de citoyens dépourvus de maturité politique et
qui, par surcroît, ne constituaient pas une nation homogène. Rien ne pouvait
cependant justifier les excès qui, principalement à l’époque de Staline, avaient
été commis dans un mépris total des droits élémentaires de l’homme659.
Les temps ayant changé la même rigueur n’était plus nécessaire. Un essai
courageux a été fait lorsqu’un des successeurs de Staline, N.S. Khrouchtchev, a
dénoncé ces abus , l’on a pu penser alors qu’un régime plus soucieux des droits
de l’homme allait être établi. Cependant rien n'a été fait pour instituer quelque
contre-pouvoir qui offrirait aux citoyens une garantie. Il était demeuré
dangereux de critiquer le parti communiste et ses dirigeants ; l’absence totale
d’une opposition et d’une presse et de médias libres avait permis de perpétuer un
régime d’arbitraire trop souvent enclin au mensonge. En ce sens on peut dire
qu’il y a eu stagnation. La nouvelle Constitution promulguée en 1977 n’avait
marqué aucun progrès substantiel par rapport à celle de 1936.

D- Stagnation économique
Le mérite auquel peuvent prétendre les régimes totalitaires est l’efficacité.
Le régime soviétique en a fait la démonstration dans certains secteurs privilégiés
: forces armées et exploration de l’espace notamment. Ces secteurs cependant ne
représentent qu’une très importante exception. Dans l’ensemble on n'était pas
parvenu à gérer l’économie aussi bien que dans les pays capitalistes, et l’on était
arrivé, en maints domaines, à une pénurie inquiétante.
Collectiviser les biens de production, comme on a fait dans l’U.R.S.S.,
était une entreprise audacieuse. La doctrine marxiste le préconisait, mais elle ne
disait pas comment les biens collectivisés devraient être gérés. Ce problème, à

657
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
658
Lesage (M) : « Les institutions soviétiques, 1983, et le système politique de l’URSS, 1987 ».Op-cit34.
659
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

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l’échelle de l’U.R.S.S., s’est révélé être d’une difficulté extrême 660.


Il était relativement facile de déterminer à l’échelon central, certaines
options fondamentales : privilégier l’industrie lourde, l’équipement agricole, le
bâtiment, la chimie, les transports, l’éducation. Mais la tâche de l’État ne
pouvait s’arrêter là. L’on ne pouvait plus compter sur l’initiative des particuliers
pour organiser la production en tenant compte des grandes options faites par le
gouvernement et des perspectives de profit qu’elles leur ouvraient. Il n’y avait
plus dans l’U.R.S.S. d’entreprises privées , l’État devait en conséquence mettre
en place des entreprises d’un type nouveau, en fixer le nombre, l’emplacement,
l’importance, les tâches, le statut. Il devait coordonner l’activité des unes et des
autres, leur ouvrir les crédits nécessaires, s’assurer qu’elles fonctionnaient bien,
et en conformité du plan de développement économique qui avait été établi.
La doctrine marxiste n’était ici d’aucun secours. Elle exigeait que les
biens de production fussent « collectivisés », mais elle ne disait pas comment
serait fixée la tâche de chaque entreprise, comment ses dirigeants seraient
désignés, quelle dose de liberté serait concédée aux entreprises collectivisées
dans la gestion de leurs biens ,et que signifiait même cette notion de
collectivisation, impliquait-elle une nationalisation ou autorisait-elle la
recherche de solutions différentes et plus souples ?
Le pouvoir soviétique n’a pu dans ces conditions faire autre chose que
s’engager dans un processus continuel d’expérimentation, des méthodes
nouvelles étant employées quand celles auxquelles on avait tout d’abord recouru
se révélaient inadéquates ou perverses. Fallait-il organiser la planification dans
le cadre des divers secteurs de la production « métallurgie, construction, textiles,
industrie chimique » ou dans un cadre fonctionnel « travail, crédits,
approvisionnements » ? Devait-elle être entièrement centralisée ou être faite
dans le cadre de régions économiques ? Devait-on pour l’agriculture l’organiser
dans le cadre de fermes d'État « sovkhozes » ou dans celui de coopératives
paysannes « kolkhozes » ? Le commerce devait-il être confié à des coopératives
locales ou régionales ou être nationalisé ? Devait-on conférer un certain degré
d’autonomie à chaque entreprise, ou à des combinats groupant un certain
nombre d’entreprises ? Quelle place serait laissée à des activités privées telles
que celles des artisans ?661
La réponse donnée à toutes ces questions a varié, des erreurs ont été
commises. Un constat s’impose : les expériences qui ont été faites n’ont créé ni
le climat social ni l’abondance qui étaient les conditions requises pour
l’avènement d’une société communiste. On ne s’est pas rapproché d'un régime
où l’État n’aurait plus à intervenir et où régnerait l’abondance.
Le moment était alors venu de penser à restructurer la société soviétique.
Une période de restructuration « perestroïka » précédera la fin du régime
660
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
661
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soviétique662.

Sous-section 3 : La période de la perestroïka «1989-1991»


Le 11 mars 1985, la direction vieillissante du Parti communiste de l'Union
soviétique, consciente du danger, porte alors au pouvoir Mikhaïl Gorbatchev, le
jeune représentant de la nouvelle génération de dirigeants, pur produit du régime
soviétique, qui n'a alors que 54 ans.
Le nouveau secrétaire général du Parti communiste s'efforce de sauver le
système par des réformes de structure très profondes soutenu par des instituts de
recherche tel l'Institut d'études des États-Unis et du Canada par rapport aux
principes léninistes classiques663 :
- Restitution « mais pas la vente » de la terre aux paysans, qui
bénéficient de baux à très long terme «50 ans», pour des
exploitations personnelles ;
- Autorisation pour les particuliers de créer des entreprises
unipersonnelles ou des coopératives «restaurants, salons de
coiffure, petit artisanat, petites entreprises de vente, etc. » ;
- Tentative de libéralisation de l'activité économique des
grandes entreprises d'État, en responsabilisant le personnel «sur la
qualité des produits fournis en lien avec les prix de vente et les
revenus des employés, élection des directeurs, autonomie
financière» ;
- Diminution du rôle du Parti à partir de 1988-89 par une
libéralisation réelle et l'instauration d'un pluralisme politique
«libération du dissident politique Andreï Sakharov, nouvelle loi sur
la Presse écrite : glasnost» ;
- Réforme de la Constitution de 1977 «instauration d’une fonction
présidentielle, élections « libres » avec des candidatures multiples
pour les soviets - mais ces candidats multiples appartiennent
toujours au parti communiste… -, etc. ».
Gorbatchev a comme but de transformer l'économie inefficace et
stagnante de l'URSS en une économie de marché décentralisée, mais toujours
sous l'égide du Parti communiste. Néanmoins, cette politique de réformes socio-
économiques, combinée avec la glasnost «transparence, liberté de paroles » dans
les médias, n'a aucunement en vue de remettre en question les dogmes
communistes : il s'agit bel et bien de consolider le régime communiste, affaibli
par l'immobilisme de la gérontocratie des dernières décennies « Léonid
Brejnev, Youri Andropov, Konstantin Tchernenko » en s'appuyant sur une
relance de la croissance et la hausse de productivité. Pour Gorbatchev, cette

662
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
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politique doit permettre de donner un second souffle au socialisme soviétique,


en l'adaptant aux évolutions de la société russe et du monde en général664.

Paragraphe1 : La politique de perestroïka


Les dirigeants de l’Union soviétique qui ont succédé à Staline n’ont pas
opéré les réformes qui auraient mis fin à cette période de stagnation.
Khrouchtchev seul a pu avoir quelque velléité de le faire, mais il s’est contenté
en définitive de dénoncer le régime de terreur qui avait prévalu au temps de
Staline , un parti communiste effrayé par cette audace ne lui a pas permis d’aller
plus loin et toute perspective de renouveau a été exclue sous les règnes
tranquillisants pour les gens en place, de Leonid Brejnev et des deux membres
de l'appareil qui lui ont, pour de brèves périodes succédé.
Les choses ont changé avec l’arrivée au pouvoir de S. Gorbatchev, élu
secrétaire général du parti communiste en 1985. Frappé par le marasme dans
lequel se trouvait l’économie soviétique, celui-ci a tenté de s’engager dans une
politique délibérée de transformation de la société soviétique, c’est la politique
dite de la perestroïka665.
La restructuration de l’URSS devait comporter trois volets. Le besoin
apparaissait avant tout de réorganiser l’économie soviétique, de manière à
insuffler aux entreprises de toutes sortes un esprit nouveau d’initiative et de
responsabilité, sans craindre d’avoir recours à des incitations pécuniaires et de
remettre en valeur l’idée de profit.
Pour que les réformes faites dans cet esprit aient quelque chance de
réussite, il fallait affranchir les entreprises de la dépendance excessive où elles
se trouvaient d’une bureaucratie trop centralisée et trop souvent corrompue,
dominée par le parti communiste, la restructuration économique supposait un
contre-pouvoir constitué par des assemblées librement élues par les citoyens. Il y
avait là un deuxième volet, indispensable pour assurer le succès du premier. Le
multipartisme est apparu. Mais si la Constitution a été modifiée, ne
reconnaissant plus au parti communiste une place prépondérante, la
Nomenklatura avait conservé tout son pouvoir.
On a voulu redonner la parole aux citoyens qui en avaient été privés
pendant trop longtemps. Le temps était venu de confier le pouvoir au peuple tout
entier, selon la formule que, dès 1961, Khrouchtchev avait déjà proposée sans en
tirer les conclusions qu’elles comportaient666.
Mais pour que les citoyens puissent retrouver le pouvoir, et avec lui un
sens nouveau de leur responsabilité, et le goût de l’initiative, il fallait leur
permettre d’être correctement informés et éclairés, en renonçant aux pratiques
de censure et de mensonge dont les gouvernements avaient trouvé

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Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
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Collignon (J.G) : « La théorie de l’Etat du peuple tout entier en Union soviétique ».Op-cit133.

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Semestre 3

L’héritage dans une longue tradition de la Russie. La restructuration tant


politique qu’économique devait avoir à sa base un développement des libertés
de toutes sortes sans lesquelles l’homme ne peut être un véritable citoyen. Elle
exigeait la « glasnost » « transparence », c’est à dire la possibilité de mettre en
lumière tout ce qui intéresse la chose politique, de façon que puissent être prises,
sur un fondement de vérité, les décisions opportunes667.
La restructuration de la société soviétique, ainsi comprise était une œuvre
de longue haleine et Gorbatchev lui-même avait prévu qu’il faudrait un
minimum de quinze ans pour lui voir produire ses effets. Des mesures ont été
prises, d’ordre politique et constitutionnel avec leur fondement de «
transparence », puis des réformes d’ordre économique sont intervenues.

Paragraphe2 : Restructuration politique


Les transferts du pouvoir au peuple tout entier supposait que les citoyens
fussent dotés d’une large information, qui ne livrerait plus au public les seuls
éléments qu’il plairait au pouvoir de lui communiquer.
Le monde s’est étonnés de voir avec quelle promptitude la presse et les
médias soviétique ont reçu et exploité une liberté que l’on n’avait jamais connue
en Russie. Il n’a pas été moins surpris de voir le monolithisme du parti
communiste disparaître668.
Des réformes constitutionnelles importantes ont vu le jour. Un congrès
des députés du peuple a été institué à côté du Soviet suprême, en qui étaient
jusque-là concentrés, théoriquement, tous les pouvoirs. Le rôle du Soviet
suprême a été transformé. En mars 1990, l’article 6 de la Constitution modifiée a
admis qu’une pluralité de partis pourrait participer à la vie politique du pays, le
parti communiste perdant le rôle de dirigeant que lui conférait la Constitution,
dans sa rédaction de 1977669. Il était prévu la mise en place d’un régime
présidentiel à la française, avec l’institution, à côté du Soviet suprême, d’un
président de l’Union soviétique, investi de larges pouvoirs. Le président de
l’URSS devait être élu au suffrage universel et il ne pourrait accomplir que deux
mandats de cinq années670.
Les dirigeants soviétiques auraient sans doute aimé sur le plan politique se
borner à cette double tâche: la revalorisation des assemblées élues par le peuple
« et corrélativement la diminution du rôle du parti communiste » et la mise en
place d’un pouvoir exécutif fort avec un régime présidentiel. Mais la liberté
nouvelle donnée au citoyen de s’exprimer a entraîné une réforme de la structure
fédérale de l’URSS. Profitant du nouveau climat de liberté, les Baltes, les
Moldaves, les peuples du Caucase et de l’Asie centrale ont élevé des

667
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
668
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
669
Sente (C) : « L’émergence du multipartisme en ressue ».Op-cit56.
670
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

150
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

revendications d’autonomie. Presque toutes les Républiques fédérées ont


réclamé leur indépendance. La mise en place d’un nouveau contrat fédéral a
commencé par la création de la Communauté des États Indépendants en
décembre 1991671.

Paragraphe3 : Restructuration économique


L’attention du monde occidental s’est concentré sur cette restructuration
politique et sur l’éveil des libertés dans l’U.R.S.S. Mais non moins importante
devait être la restructuration économique destinée à mettre à flot l’économie
défaillante.
L’œuvre à accomplir était immense. Passer d’une économie centralement
planifiée à une économie de marché impliquait une difficile transition et une
toute autre manière de concevoir les problèmes.
Le principe à la base de la restructuration économique est le même que
dans le cas de la restructuration politique. Il fallait faire appel aux citoyens pour
qu’ils participent au gouvernement du pays. Il fallait, dans cet esprit, passer
d’une économie excessivement centralisée à une économie décentralisée. Les
entreprises industrielles soviétiques s’apparentaient beaucoup plus à des
départements d’une gigantesque administration qu’aux entreprises, même
nationalisés que l’on connaît en Occident. Il fallait modifier de tout au tout ce
système en donnant à l’entreprise une beaucoup plus grande autonomie, lui
permettant de décider de sa production, de ses moyens et de ses prix. Il fallait
substituer au diktat de l’administration la pression du client et faire dépendre les
salaires des résultats financiers de l’entreprise. Desserrer la contrainte de l’État
devait être aussi la règle dans le domaine de l’agriculture et dans celui des
activités artisanales. Il fut permis pendant la période de la perestroïka aux
kolkhozes et sovkhozes de commercialiser sur les marchés urbains jusqu’à 50 %
de leur production planifiée et la totalité de leur surplus. Le principe de propriété
d’Etat a été remis en cause par l’apparition de nouvelles formes de propriétés
non étatiques. Une loi du 24 décembre 1990 a reconnu la propriété privée672.

Paragraphe 4 : La dissolution du parti communiste


Le parti communiste, fort de ses 19 millions de membres a été
omniprésent dans l’U.R.S.S., dans les entreprises aussi bien que dans les
administrations. La Nomenklatoura a toujours joué un rôle très important. La
dissolution du parti communiste, survenu en 1991 a entraîné des changements
importants car il n’existait, en dehors de lui, aucune force organisée. Il fallait
renouveler graduellement les cadres. qui ne pouvait se faire en un jour.
Il était difficile de transformer la mentalité qui régnait chez l’ensemble
des citoyens. Ceux-ci avaient toujours vécu à l’écart de la politique, se
671
Delcourt (B) : « Les problèmes juridiques de l’éclatement de l’URSS ».Op-cit 89.
672
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

151
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

soumettant aux décrets de ceux qui les gouvernaient comme ils se soumettaient
aux décrets de la Providence. Il en été déjà ainsi au temps de la domination
mongole, et à l’époque des tsars autocrates ; les peuples de l’Union soviétique
ont accepté sans se révolter la terreur de l’époque stalinienne, puis les
souffrances de la guerre. Une attitude de passivité et de résignation a ainsi
prévalu. La démocratie est une forme de gouvernement qui leur était étrangère.
Mais les choses devaient changer et elles ont changé. Les masses,
précédées par une intelligentsia, séduite par l’exemple de l’Occident, ont
manifesté leur volonté. La démocratie est aujourd’hui en marche. Mais il faudra
sans doute des années pour que les peuples de l’ex U.R.S.S. se pénètrent d’un
esprit démocratique, étranger à leur tradition673.
Les réformes entreprises pendant la période de la perestroïka n’ont pas eu
le temps de se réaliser. Les événements ont très vite entraîné la disparition de
l’U.R.S.S. Un nouvel État est apparu : la Russie un nouveau droit a été élaboré,
remplaçant le droit soviétique jusqu’alors appliqué, droit qui se rapproche des
droits de la famille romano-germanique, mais qui se souvient encore de son
passé soviétique. Un rapide rappel du droit soviétique est donc nécessaire pour
comprendre le droit actuel.

Section 2: La constitution de la fédération de Russie


La Constitution de la Fédération de Russie actuelle a été adoptée par
référendum national le 12 décembre 1993. Elle remplaça, après la crise
constitutionnelle russe de 1993, la constitution soviétique de 1977 .
La constitution russe est amendée en 2008 de sorte qu'à compter des
élections présidentielles de 2012, la longueur du mandat du président est portée
de 4 à 6 ans. Celle des élus de la Douma est quant à elle portée de 4 à 5 ans. Par
la même occasion, un amendement impose au gouvernement de répondre au
moins une fois par année de ses activités à la Douma674.
En 2009, des modifications sont apportées à la Cour constitutionnelle,
instaurant un mode de destitution d'un juge par un vote secret des deux tiers de
ses pairs. De plus, les juges perdent au profit du président de la République le
pouvoir de nomination du président de la Cour et des vice-présidents
« nominations soumises à l'approbation du Conseil de la Fédération ». La durée
des mandats de ces trois postes est fixée à 6 ans.
Selon les articles 65 et 137 de la Constitution, les modifications aux
dispositions fixant la composition de la Fédération de Russie sont présentées sur
la base de la loi constitutionnelle fédérale sur l'admission dans la Fédération de
Russie et la formation en son sein d'un nouveau sujet de la Fédération de Russie
et sur la modification du statut juridique-constitutionnel du sujet de la
Fédération de Russie. Ainsi, selon la loi constitutionnelle fédérale du 21 mars
673
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
674
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

152
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

2014 deux nouveaux sujets ont été admis dans la Fédération de Russie, à savoir
la République de Crimée et Sébastopol, devenue la troisième ville d'importance
fédérale après Moscou et Saint-Pétersbourg675.

Sous-section 1 : Une Constitution nouvelle


La dernière Constitution de lère soviétique datait de 1977. Elle avait été
plusieurs fois amendée, notamment pendant la période de la Perestroïka. Mais le
nouvel ordre que voulait se donner la Russie, exigeait que soient inscrits dans
une Constitution les principes qui devaient régir dorénavant la société russe. Dès
que la Russie s’était déclarée État souverain, la rédaction d’une nouvelle
Constitution avait été envisagée. Une commission, de 102 membres, présidée
par Boris Eltsin avait été chargée d’élaborer un projet. La Constitution de la
Fédération de Russie a été adoptée le 12 décembre 1993 et est entrée en vigueur
le 25 décembre 1993.
Elle rompt définitivement avec les dispositions idéologiques de la
Constitution du 4 novembre 1977 fondées sur les principes du centralisme
démocratique et sur le monopole du parti communiste. Le nouveau texte
constitutionnel a été adopté sans grandes difficultés malgré la forte hostilité
affichée par le parti communiste et le parti agraire. La volonté de la stabilité de
cette Constitution est concrétisée par la difficulté pour la mise en œuvre de sa
révision. Trois modes de révision sont prévus dans le chapitre 9 qui tous posent
des conditions strictes qui ne seraient pas aisées à réunir.
La Constitution est inspirée par des modèles étrangers. Elle établit un
régime présidentiel influencé par la Constitution américaine et la Constitution
française. Le fédéralisme allemand aurait servi de modèle pour la structure
fédéraliste de la Russie. Mais ces modèles ont été envisagés à la manière russe.
La tradition russe est loin d’être absente. Boris Eltsin dans son discours
d’ouverture de la conférence constitutionnelle a résumé la conception de la
Constitution. « Nous avons tenté d’éviter de copier le modèle américain, le
modèle français ou tout autre modèle. Nous nous sommes retournés vers nos
vieilles racines russes en tenant compte des expériences, les plus avancées, faites
dans le monde »676.
Composée d’un court préambule, de deux titres, neuf chapitres, cent
trente-sept articles et neuf dispositions provisoires, la Constitution de 1993
consacre des principes d’une entière nouveauté en droit russe. Il est ainsi affirmé
que « La Fédération de Russie est un État démocratique, fédéral, un État de
droit, ayant une forme républicaine de gouvernement » « art. 1 al.1 » que « La
reconnaissance, le respect et la protection des droits et libertés de l’homme et du
citoyen sont une obligation de l’État » « art. 2 ». Il est proclamé la force
juridique supérieure de la Constitution « art. 15».
675
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
676
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

153
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

L’ensemble des dispositions constitutionnelles semble attester du


ralliement de la Russie à la notion d’État de droit, reconnue par les démocraties
occidentales. Les droits octroyés à tout citoyen russe ne figurent plus dans le
préambule de la Constitution mais sont énumérés dans les deux premiers
chapitres, et, à la différence des Constitutions précédentes, les libertés
individuelles, telle la liberté de pensée, de parole, d’information, la liberté
d’association, la liberté de réunions pacifiques sont énumérées avant les droits
matériels. En élevant la reconnaissance de toutes ces libertés en principes
constitutionnels, la Constitution a voulu poser les fondements nécessaires pour
assurer les droits individuels dans la société677.
La Constitution marque l’abandon du système de la propriété socialiste.
Le droit à la propriété privée assorti d’une indemnité préalable et équitable et de
l’intervention du juge en cas de dépossession, est affirmé. Sont également
consacrés le droit à la propriété de la terre, le droit au logement, le droit de
succession, la liberté d’entreprise. La rédaction de certains articles relatifs à la
garantie des droits des citoyens semble directement inspirée de la Constitution
allemande.
La Constitution prend aussi en compte les droits sociaux puisqu’il est
affirmé que « La Fédération de Russie est un État social, dont la politique vise à
établir des conditions permettant une vie digne et un libre développement de
l’homme ». S’inspirant de la protection judiciaire assurée par les Constitutions
des États de tradition libérale « l’influence des pays romanistes se mêlant à
certaines règles de common law» la constitution garantit la protection des droits
de l’homme lors du procès. Est ainsi proclamée la présomption d’innocence, le
droit à l’examen de sa cause par un tribunal, le droit à la présence d’un avocat
pendant la garde à vue, dès l’arrestation, la dispense de témoigner contre soi-
même et ses proches, la protection judiciaire contre les abus de
l’administration678.

Sous-section 2 : Le fédéralisme
Le chapitre III de la Constitution est consacré au caractère fédéral de
l’État de Russie. La Fédération de Russie est un État composé de « sujets de la
Fédération ». Ces sujets ne peuvent décider unilatéralement de sortir de la
Fédération. Une telle séparation n’est possible qu’avec l’accord de la Fédération
de Russie.
Alors que l’URSS comptait 15 républiques fédérales, le nouvel État
comprend désormais 89 « sujets »,21 républiques fédérées, 6 territoires, 49
régions, 2 villes d’importance fédérale « Moscou et Saint-Pétersbourg », la
région autonome juive et 10 districts autonomes. Le principe de la primauté de
la Constitution fédérale sur tout le territoire est affirmé « art.4-4». La conception
677
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
678
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

154
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

du fédéralisme est en principe égalitaire, toutefois, les républiques se sont vu


reconnaître le droit d’avoir leur propre Constitution, alors que les régions
jouissent d’un statut. Les républiques ont aussi le droit de disposer d’une langue
nationale, à égalité avec la langue russe. De plus les républiques ont le statut
d’États indépendants, même si elles ne peuvent unilatéralement se séparer de la
Fédération.
Si certains domaines relèvent de la compétence exclusive de la Fédération
de Russie « monnaie, relations extérieures, douanes, défense, organisation
judiciaire, droits et libertés », la Constitution reconnaît une compétence
particulièrement étendue aux différents « sujets », d’autant plus que les limites
d’intervention de la Fédération ne sont pas précisées679.
Aussi, depuis 1993 les sujets de la Fédération ont conclu des traités avec
la Fédération de Russie destinés à préciser ce partage de compétence. Chaque
accord bilatéral est particulier et ne reconnaît pas les mêmes compétences aux
différentes régions. À la fin de 1999, deux cents accords environ avaient été
signés avec une quarantaine de sujets fédérés680. Sur la base de ces accords,
certaines régions se sont attribué dans leur Constitution des pouvoirs importants,
parfois en contrariété avec la constitution fédérale.
Des réformes adoptées en 2000 ont redonné au pouvoir fédéral une grande
partie des compétences que s’étaient accordées les sujets de la Fédération. La
législation des régions est aujourd’hui presque totalement conforme aux textes
fédéraux. De nouveaux accords pris en 2002 ont mis fin aux premiers accords de
répartition des compétences. Dans certains domaines, il y a compétence
conjointe de la Fédération et de ses sujets « art. 72 », c’est le cas pour le droit
administratif, le droit du travail, le droit de la famille, le droit au logement, le
droit foncier. Il faut cependant noter le caractère encore très centralisé du nouvel
ordre juridique, qui se manifeste notamment par le contrôle exercé par le
Président « art. 82 »681.
L’article 11 de la Constitution dispose : « Le Président de la Fédération de
Russie, l’Assemblée fédérale « Conseil de la Fédération et Douma d’État », le
Gouvernement de la Fédération de Russie et les tribunaux de la Fédération de
Russie exercent le pouvoir d’État dans la Fédération de Russie.

Sous-section 3 : Le Président de la Fédération


La Constitution consacre un système de gouvernement présidentiel682. Le
Président de la Fédération est chef de l’État et de l'exécutif. Il est élu au suffrage
universel direct pour une durée de 4 ans. Le mandat est renouvelable une fois. Il

679
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
680
Berges (N) : « Les contrats entre les personnes publiques russes et tes entreprises privées ». Thèse Paris II,
2002. p. 135-136.
681
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
682
Bejaev (S): « Le statut, les compétences et le mode d'élection du Président de la Fédération de Russie ». RID
comp. 1997, p47.

155
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

peut être destitué dans deux cas seulement : pour haute trahison ou en cas de
commission d’infractions pénales graves. La procédure de destitution est imitée
de la procédure américaine de l’impeachment.683
Les pouvoirs dont dispose le Président assurent sa suprématie sur le
pouvoir exécutif, voir sur l’ensemble des institutions. Il est « le chef de l’État, le
garant de la Constitution de la Fédération de Russie et des droits et libertés de
l’homme et du citoyen » « art. 80 ». La nouvelle Constitution semble avoir
repris les aspects les plus présidentialistes du régime américain et du régime
français auquel s’ajoutent la tradition russe et soviétique. Selon le modèle
américain, le Président dispose d’un pouvoir très étendu en matière de
nomination, il jouit d’un droit de veto pour l’élaboration des lois, et il détermine
la politique de la nation. Comme le Président français, il nomme le chef du
Gouvernement, il peut dissoudre la Douma et il a le droit de recourir au
référendum. Il peut proposer des projets de lois. L’influence russe et soviétique
est affirmée par la possibilité qui lui est reconnu, d’adopter des ordonnances ou
des décrets « oukases » en l’absence de loi ou pour l’exécution des lois. Ces
actes ont une force égale aux lois fédérales.
Les pouvoirs accordés au Président dans le nouveau régime, sont tels que
l’institution présidentielle a pu être perçue comme un « quatrième pouvoir »684.
L’équilibre des pouvoirs ne serait donc pas réalisé, la prédominance du
Président serait plus accentuée qu’aux États-Unis. Cependant la doctrine russe
semble partagée, certains auteurs voyant une parfaite correspondance entre le
statut du Président et les principes de la séparation des pouvoirs. Mais toutes les
analyses théoriques russes restent, semble-t-il, éloignées de la situation concrète
et de la difficulté actuelle du système étatique à répondre aux besoins du pays685.

Sous-section 4 : Le Gouvernement
La Constitution ne consacre que 7 articles au Gouvernement de la
Fédération de Russie. Il est considéré comme étant le détenteur du pouvoir
exécutif « art. 110 », mais c’est le Président de la Fédération qui détermine la
politique de la nation et non le Gouvernement. Il n’y a pas d’équilibre des
pouvoirs entre le Président et le Gouvernement. Le Président a une supériorité
incontestable. Le Président du Gouvernement est nommé par le Président de la
Fédération avec l’accord de la Douma. Les membres du Gouvernement sont
nommés par le Président sur proposition du Président du gouvernement. Il
adopte les arrêtés et les ordonnances sur la base et en exécution de la
Constitution, des lois fédérales et des décrets normatifs du Président « art. 115
al. 1» .

683
Lesage(A):« La crise du fédéralisme soviétique».La documentation française, 1990, p45.
684
Belia(V):« Le statut, les compétences et le mode d'élection du Président de la Fédération de Russie».RID
comp. 1997, p96.
685
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.

156
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Sous-section 5 : L’Assemblée fédérale


Le pouvoir législatif est dévolu à l’assemblée fédérale qui a remplacé le
soviet suprême. Sa composition en deux chambres est typique d’un système
fédéral, une chambre basse, la Douma d’État, et une chambre haute, le Conseil
de la Fédération. Les deux chambres siègent séparément, sauf cas exceptionnel,
et leurs membres sont élus pour 4 ans.
La Douma d’État est composée de 450 députés élus à la représentation
proportionnelle et au scrutin majoritaire à un tour, selon le modèle allemand. Le
Conseil de la Fédération comprend 178 membres « un représentant du pouvoir
législatif et un représentant du pouvoir exécutif par sujet de la Fédération », élus
au suffrage universel majoritaire à un tour686.
L’Assemblée Fédérale, contrairement au Soviet suprême de l’URSS qui
ne siégeait que deux ou trois fois par an et pour des sessions extrêmement brèves
de quelques jours, est organisée comme une assemblée permanente, même si
elle travaille lors de sessions parlementaires.
Les membres du Conseil de la Fédération et les députés de la Douma
peuvent déposer des projets ou des propositions de lois. Les deux chambres
participent au vote de la loi, mais la Douma a en ce domaine, un rôle
prépondérant. Dans le principe les lois sont adoptées par un vote majoritaire des
membres de la Douma, le Conseil de la Fédération se bornant à approuver
tacitement les lois votées par la Chambre basse. Cependant dans certains cas,
l’accord du Conseil de la Fédération est requis et si cet accord n’est pas obtenu,
la loi devra être votée par la majorité des deux tiers des deux chambres. Si le
Président exerce son droit de veto, l’Assemblée fédérale peut surmonter
l’opposition du Président, si dans chacune des deux chambres, le projet ou la
proposition de loi est voté à la majorité des deux tiers. Il faut rappeler que dans
le système parlementaire russe, il n’y a aucune discipline de vote687.
Chaque chambre siège séparément « sauf dans deux cas précis », dans des
lieux différents et élit son propre président. Chacune dispose en outre de
pouvoirs propres. Ainsi la Douma d’État approuve le choix du Président du
Gouvernement de la Fédération, elle accorde ou refuse la confiance au
Gouvernement, elle peut mettre en cause la responsabilité du Gouvernement par
une motion de censure requérant la majorité absolue de ses membres. Certaines
attributions sont réservées au Conseil de la fédération, il autorise ainsi le
Président en cas d’urgence, à avoir recours aux forces armées688.
La Douma peut être dissoute par le Président de la Fédération, mais
seulement dans deux cas : si la Douma a refusé trois fois de suite d’approuver le

686
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-ci34-198.
687
Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».Op-cit34-198.
688
Lesage (M) : « La constitution russe du 12 décembre 1993 et les six premiers mois du système politique »
.RDP, 1994, p35.

157
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

choix du Président du Gouvernement « art. 117 » ou si un vote de défiance a été


émis deux fois de suite, dans un délai de trois mois, à l’encontre du
Gouvernement.

Sous-section 6 : Le pouvoir judiciaire


L’indépendance du pouvoir judiciaire est consacrée dans le chapitre 7 de
la Constitution. Trois cours supérieures avec des compétences particulières ont
été organisées : La Cour constitutionnelle, la Cour suprême, juridiction statuant
en dernier ressort dans les affaires civiles, pénale et administratives et la Cour
supérieure d’arbitrage, décidant en dernier ressort dans toutes les instances
relatives à des conflits économiques. Le Président nomme les juges de ces trois
cours, selon une procédure spécifique. Il nomme également tous les juges
fédéraux « art.128 »689.

Chapitre 4 : Système politique en Inde


L'Inde est le deuxième pays le plus peuplé et le septième pays le plus
grand du monde. Le littoral indien s'étend sur plus de sept mille kilomètres. Le
pays a des frontières communes avec le Pakistan à l'ouest, la Chine, le Népal, et
le Bhoutan au nord et au nord-est, le Bangladesh et la Birmanie à l'est690.
Sur l'océan Indien, l'Inde est à proximité des Maldives au sud-ouest,
du Sri Lanka et de l'Indonésie au sud-est. L'Inde revendique également une
frontière avec l'Afghanistan au nord-ouest691.
L'Inde est un foyer de civilisations parmi les plus anciens du monde,
la civilisation de la vallée de l'Indus s'y est développée dès 3000 av.J.C. Le sous-
continent indien a abrité de vastes empires et est présent sur les routes
commerciales dès l'Antiquité692. L'Inde est la terre de naissance de quatre
religions majeures-l'hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme-alors
que le zoroastrisme, le christianisme et l'islam s'y sont implantés durant le Ier
millénaire693.
Le pays a été graduellement annexé par la Compagnie anglaise des
Indes avant de passer sous le contrôle du Royaume-Uni au XIXème siècle. L'Inde
devient indépendante en 1947 après une lutte marquée par la résistance non-
violente du Mahatma Gandhi.
Le pays est depuis 1950 une république parlementaire fédérale considérée
comme la démocratie la plus peuplée au monde.

689
Gazier (A) : « Justice constitutionnelle et fédéralisme en Russie ». RDP, 1999, p59.
690
Jaffrelot (C) : « Géopolitique de l'Inde : un État-continent en quête de puissance ».Edition Areion, Paris,
2014, p82.
691
Assayag (J) : « L'Inde, désir de nation ».Edition Odile Jacob, 2001, p34.
692
Jaffrelot (C) : « L'Inde contemporaine. De 1950 à nos jours».Edition Fayard, 1997, p122.
693
Bardot (C) : « L'Inde au miroir du monde démocratie, géopolitique et développement de 1947 à nos
jours ».Edition Ellipses, 2007, p89.

158
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Section1: l’évolution historique du système politique en Inde


Après la rébellion de 1857, la Couronne britannique prend directement en
main la gestion de l'Inde britannique, jusqu'alors soumise à la Compagnie
britannique des Indes orientales694.
Le Parlement britannique adopte le Government of India Act de 1858 qui
met en place une nouvelle structure de gouvernement : un Secrétaire d'État pour
l'Inde, assisté d'un Conseil de l'Inde, sont créés à Londres alors
qu'un Gouverneur général et un Conseil exécutif de l'Inde, composé de hauts
fonctionnaires britanniques, s'installent à Calcutta695.
En 1861, le Indian Councils Act prévoit la création d'un Conseil législatif.
Le Indian Councils Act de 1862 crée des législatures provinciales et accroit les
pouvoirs du Conseil législatif. Ces lois, avec le Indian Councils Act de 1909 et
le Government of India Act de 1919, accroissent la participation des Indiens au
gouvernement, mais leur pouvoir reste limité696.

Sous-section1: Government of India act 1935:


Les dispositions du Government of India Act de 1935, bien que jamais
entièrement appliquées, ont grandement influencé la Constitution de l'Inde. On y
trouve notamment : la structure fédérale du gouvernement, l'autonomie
provinciale, un parlement bicaméral composé d'une Assemblée fédérale et
d'un Conseil des États

Sous-section 2 : La mission ministérielle de 1946 :


En 1946, le Premier ministre britannique Clement Attlee crée une mission
ministérielle en Inde pour discuter et finaliser les dispositions du transfert de
pouvoir de l'Empire britannique aux dirigeants indiens et accorder à l'Inde son
indépendance sous statut de dominion au sein du Commonwealth des Nations697.
La mission examine le cadre de la constitution et fixe la procédure pour la
rédaction de la future constitution698. Les élections pour les 296 sièges attribués
aux provinces sont terminées en août 1946 et l'Assemblée constituante se réunit
et commence ses travaux le 9 décembre 1946699.

Sous-section 3 : Indian Independence act 1947


L’Indian Independence Act, entre en vigueur le 18 juillet 1947 et divise le
694
Jaffrelot (C) : « L'Inde contemporaine. De 1950 à nos jours».Edition Fayard, 1997, p56.
695
Bardot (C) : « L'Inde au miroir du monde démocratie, géopolitique et développement de 1947 à nos
jours ».Edition Ellipses, 2007, p62.
696
Jaffrelot (C) : « Géopolitique de l'Inde : un État-continent en quête de puissance ».Edition Areion, Paris,
2014, 72p.
697
Jaffrelot (C) : « L'Inde contemporaine. De 1950 à nos jours».Edition Fayard, 1997, p91.
698
Jaffrelot (C) : « Géopolitique de l'Inde : un État-continent en quête de puissance ».Edition Areion, Paris,
2014, p18.
699
Assayag (J) : « L'Inde, désir de nation ».Edition Odile Jacob, 2001, p22.

159
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

territoire de l'Empire des Indes en deux États nouveaux : l'Inde et


le Pakistan, dominions du Commonwealth des nations jusqu'à ce que leurs
constitutions respectives entrent en vigueur700. L'Assemblée constituante est
divisée en deux. La loi relève le Parlement britannique de tout droit ou
obligation envers l'Inde et le Pakistan et accorde la souveraineté sur ces pays à
leurs Assemblées constituantes respectives. Lorsque la Constitution de l'Inde
entre en vigueur le 26 janvier 1950, elle abroge l’Indian Independence Act :
l'Inde cesse d'être un dominion de la Couronne britannique et devint une
république démocratique souveraine701.

Sous-section 4 : L’assemblé constituante


La Constitution a été rédigée par l'Assemblée constituante élue par les
membres élus des assemblées provinciales. Plus de trente membres
représentaient les classes répertoriées « Scheduled Classes »702.
Le premier président de l'Assemblée constituante était Sinha Sachidanand,
plus tard remplacé par Rajendra Prasad. Les membres de l'Assemblée
constituante se sont réunis pour la première fois le 9 décembre 1946703.

Sous-section 5 : Rédaction de la constitution


Lors de la séance du 14 août 1947, une proposition est adoptée pour la
formation de divers comités. Sont ainsi créés un Comité pour les Droits
fondamentaux, un Comité sur les Pouvoirs de l'Union, etc. Le 29 août 1947 est
nommé le Comité de Rédaction dont Ambedkar devient le président. Un projet
de constitution est adopté par le comité et soumis à l'Assemblée en novembre
1947704.
Les architectes de la Constitution indienne, bien que puisant leur
inspiration parmi de nombreuses sources, ont surtout été influencés par le
modèle britannique du système de Westminster. Ils se sont également inspirés de
la Constitution des États-Unis, notamment en ce qui concerne la séparation des
pouvoirs, la création d'une Cour suprême et l'adoption d'un système fédéral dans
lequel les pouvoirs sont divisés entre le gouvernement central et les
gouvernements des États705.

700
Bardot (C) : « L'Inde au miroir du monde démocratie, géopolitique et développement de 1947 à nos
jours ».Edition Ellipses, 2007, p62.
701
Assayag (J) : « L'Inde, désir de nation ».Edition Odile Jacob, 2001,p78.
702
Jaffrelot (C) : « Géopolitique de l'Inde : un État-continent en quête de puissance ».Edition Areion, Paris,
2014, 43 p.
703
Bardot (C) : « L'Inde au miroir du monde démocratie, géopolitique et développement de 1947 à nos
jours ».Edition Ellipses, 2007, p38.
704
Jaffrelot (C) : « L'Inde contemporaine. De 1950 à nos jours».Edition Fayard, 1997, p167.
705
Bardot (C) : « L'Inde au miroir du monde démocratie, géopolitique et développement de 1947 à nos
jours ».Edition Ellipses, 2007, p59.

160
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

L'Assemblée s'est réunie en sessions ouvertes au public pendant 166 jours,


répartis sur une période de 2 ans, 11 mois et 18 jours. Après de nombreuses
délibérations et quelques modifications, les 308 membres de l'Assemblée ont
signé deux copies du document « une en hindi et une en anglais » le 24
janvier 1950. La version originale de la Constitution a été écrite à la main avec
une calligraphie magnifique, chaque page étant décorée par des artistes
de Santiniketan. Le 26 janvier 1950, la Constitution de l'Inde est devenue la loi
suprême du pays706.

Section2 : Système politique en Inde


La Constitution répartit le pouvoir entre l'Union « le gouvernement
central » et les États. Elle énumère les compétences de chacun dans trois listes :
La liste de l'Union liste les domaines de compétences réservés
au Parlement indien, par exemple la défense nationale, les affaires étrangères, la
monnaie…
La liste des États donne les domaines réservés aux législatures des États,
comme l'ordre public, les collectivités locales, certaines taxes. Le Parlement
central ne peut pas légiférer dans ces domaines, sauf circonstances
exceptionnelles707.
La liste concurrente liste les domaines de compétences pour lesquels à la
fois l'Union et les États peuvent légiférer.
Les compétences non présentes dans une de ces listes sont attribuées à
l'Union.
La chambre haute du Parlement, « la Rajya Sabha », dans laquelle les
États sont représentés, est un autre exemple du fédéralisme indien708.

Sous-section1 : Parlementarisme
Le Président de l'Inde est élu au suffrage indirect par les membres
du Parlement et ceux des Assemblées législatives des États. Il est le chef
d'État de la république indienne et les pouvoirs exécutifs et législatifs sont
exercés en son nom. Cependant, son pouvoir n'est que symbolique et il ne peut
agir que sur la recommandation du Premier ministre ou du Conseil des
ministres709.
Le Premier ministre et le Conseil des ministres restent en fonction tant
qu'ils jouissent de la confiance de la « Lok Sabha », la chambre basse du
Parlement qui est élue au suffrage universel direct. Les ministres doivent
également être membres de l'une des deux chambres. Ainsi, le Parlement exerce

706
Assayag (J) : « L'Inde, désir de nation ».Edition Odile Jacob, 2001, p143.
707
Jaffrelot (C) : « Géopolitique de l'Inde : un État-continent en quête de puissance ».Edition Areion, Paris,
2014, p98.
708
Bardot (C) : « L'Inde au miroir du monde démocratie, géopolitique et développement de 1947 à nos
jours ».Edition Ellipses, 2007, p90.
709
Jaffrelot (C) : « L'Inde contemporaine. De 1950 à nos jours».Edition Fayard, 1997, 176.

161
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

le contrôle sur l'exécutif.


Une structure parlementaire similaire exerce au niveau des États, où
l'Assemblée législative élue au suffrage universel exerce un contrôle sur
le ministre en chef et son Conseil des ministres710.

Sous-section 2 : Indépendance de la justice :


La justice indienne n'est pas soumise au contrôle de l'exécutif ou du
législatif. Le pouvoir judiciaire agit comme un interprète de la Constitution et
comme un intermédiaire en cas de litige entre deux États ou entre un État et
l'Union711. Une loi adoptée par le Parlement ou une assemblée législative est
soumise au contrôle judiciaire, et peut être déclarée inconstitutionnelle par le
pouvoir judiciaire si celui-ci estime que le texte viole les dispositions de la
constitution712.
Sous-section 3: Contrôle constitutionnelle des lois:
Le contrôle de la constitutionnalité des lois est traité dans l'article 13 de la
constitution. Cet article fait de la constitution la loi suprême de l'Inde et fait en
sorte que toutes les lois doivent s'y conformer. L'article prévoit ainsi que:
Les lois adoptées avant l'entrée en vigueur de la constitution qui
contiennent des dispositions contraires à la constitution continuent de s'appliquer
sauf les dispositions anticonstitutionnelles pour lesquelles la constitution prévaut
et ce jusqu'à ce que la constitution soit modifiée pour rendre ces dispositions
compatibles713.
Les lois adoptées après l'entrée en vigueur de la constitution doivent être
compatible avec celle-ci et, si ce n'est pas le cas, les dispositions qui entrent en
conflit avec la constitution sont nulles.
Dans ces situations, c'est le rôle de la Cour suprême et des Hautes Cours
d'interpréter la loi pour déterminer si, et en quoi, elle n'est pas conforme à la
Constitution714.

Section 3 : Procédure de modification


Les modifications de la constitution sont adoptées par le Parlement selon
la procédure décrite à l'article 368. Une proposition de loi constitutionnelle doit
être adoptée par les deux chambres du Parlement à la majorité des deux-tiers.
Certaines modifications qui touchent à la nature fédérale de la Constitution

710
Bardot (C) : « L'Inde au miroir du monde démocratie, géopolitique et développement de 1947 à nos
jours ».Edition Ellipses, 2007, p13.
711
Jaffrelot (C) : « Géopolitique de l'Inde : un État-continent en quête de puissance ».Edition Areion, Paris,
2014, 34 p.
712
Assayag (J) : « L'Inde, désir de nation ».Edition Odile Jacob, 2001, p122.
713
Bardot (C) : « L'Inde au miroir du monde démocratie, géopolitique et développement de 1947 à nos
jours ».Edition Ellipses, 2007, p172.

714
Jaffrelot (C) : « L'Inde contemporaine. De 1950 à nos jours».Edition Fayard, 1997, p134.

162
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

doivent être ratifiées par la majorité des législatures des États715.


La plupart des modifications à la constitution indienne concernent des
sujets qui relèvent de la simple loi dans la plupart des autres démocraties. En
effet, la Constitution indienne est si détaillée dans sa description du
fonctionnement du gouvernement que beaucoup de changements ne peuvent être
ratifiés que par une modification constitutionnelle. Ainsi, la constitution est
amendée environ deux fois par an.La Cour suprême de l'Inde a, dans son
jugement « Kesavananda Bharati vs. State of Kerala », déclaré que les
modifications de la Constitution devaient en respecter la « structure
fondamentale » qui est immuable716. Ainsi, le Parlement indien ne peut pas
modifier la Constitution à sa guise. La justice indienne a utilisé cette doctrine
notamment pour rendre nuls certains amendements adoptés sous le
gouvernement d'Indira Gandhi pendant l'état d'urgence de 1975 à 1977717.

Chapitre 5 : Système politique en Chine


En tant que système politique fondamental du pays, le système
d'assemblée populaire a pour contenu principal ce qui suit : Tout le pouvoir du
pays appartient à son peuple et ce dernier exerce ses droits à travers l'Assemblée
populaire nationale ou les assemblées populaires locales aux divers échelons ,
constituées par élection démocratique, les assemblées populaires aux différents
échelons sont responsables envers le peuple et sont placés sous son contrôle
,émanant des assemblées populaires aux divers échelons, les organismes
administratifs d'Etat, les tribunaux et les parquets sont censés assumer leurs
responsabilités envers celles-ci et faire l'objet de leur contrôle , la répartition des
attributions entre les organismes d'Etat centraux et locaux doit se conformer au
principe dit « mettre pleinement en œuvre l'initiative des instances locales sous
la direction unifiée des autorités centrales » , dans les régions peuplées d'ethnies
minoritaires, on pratique l'autonomie régionale et met en place des organes
d'administration autonome pour l'exercice du droit d'autonomie718.
Toutes les régions autonomes d'ethnies minoritaires font partie intégrante
de la République populaire de Chine. Cinquante années d’expérience prouvent
que le système d’assemblée populaire s’accorde parfaitement avec la situation
chinoise. Il assure à toute la population l’exercice unifié de son pouvoir d’État,
met pleinement en jeu l’initiative du peuple en tant que maître du pays, et

715
Bardot (C) : « L'Inde au miroir du monde démocratie, géopolitique et développement de 1947 à nos
jours ».Edition Ellipses, 2007, p99.
716
Jaffrelot (C) : « Géopolitique de l'Inde : un État-continent en quête de puissance ».Edition Areion, Paris,
2014, 88 p.
717
Assayag (J) : « L'Inde, désir de nation ».Edition Odile Jacob, 2001,p34.
718
Cabestan (J) : « Le système politique chinois : un nouvel équilibre autoritaire».Edition Presses de
Sciences po, Paris, 2014, p70.

163
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

permet aux organes d’État de coopérer étroitement à la construction socialiste en


se répartissant la besogne719.

Section1 : Election des députés à l'Assemblée populaire nationale


En Chine, les assemblées populaires sont divisées en 5 niveaux :
l'Assemblée populaire nationale , les assemblées populaires à l'échelon des
provinces, des régions autonomes et des municipalités relevant directement de
l'autorité centrale , les assemblées populaires des municipalités et des
départements autonomes divisés en arrondissements , les assemblées populaires
des municipalité non divisées en arrondissements, des arrondissements
municipaux, des districts et des districts autonomes , enfin les assemblées de
canton, de canton habité par des populations d'ethnies minoritaires et de bourg.
Les assemblées populaires aux divers échelons du pays sont composées en tout
de quelque 2 894 000 députés et l'Assemblée populaire nationale, d'environ
3 000 députés720.
Les députés des assemblées populaires aux divers échelons sont élus au
suffrage direct ou indirect. Les députés à l'Assemblée populaire nationale, ainsi
que ceux des assemblées populaires au niveau des provinces, des régions
autonomes et des municipalités relevant directement de l'autorité centrale et des
assemblées des municipalités et des départements autonomes divisés en
arrondissements sont élus au suffrage indirect par les assemblées populaires de
l'échelon directement inférieur721.
Les députés aux assemblées populaires au niveau des municipalité non
divisées en arrondissements, des arrondissements municipaux, des districts et
des districts autonomes et ceux des assemblées populaires au niveau du canton,
des cantons habités par des populations d'ethnies minoritaires et des bourgs sont
élus directement par les électeurs des régions concernées. En Chine, tout citoyen
de nationalité chinoise âgé de 18 ans ou plus a le droit, sans distinction d'ethnie,
de race, de sexe, de profession, d'origine familiale, de croyance religieuse, de
niveau d'instruction, de situation de fortune et de durée de séjour, d'élire et d'être
élu.
Dans les élections à suffrage direct ou indirect, les partis politiques et les
groupements populaires divers ont le droit de proposer conjointement ou
séparément des candidats députés à l'assemblée populaire. Ces derniers peuvent
aussi être proposés conjointement par plus de 10 électeurs au suffrage direct ou
par plus de 10 députés au suffrage indirect.
La Chine a adopté de façon générale un système électoral dans lequel le

719
Guillermaz (J) : « Histoire du parti communiste chinois : Des origines à la conquête du pouvoir».Edition
Payot, 2004, p13.
720
Cabestan (J) : « Le système politique chinois : un nouvel équilibre autoritaire».Edition Presses de Sciences po,
Paris, 2014 p161.
721
Guillermaz (J) : « Histoire du parti communiste chinois : Des origines à la conquête du pouvoir».Edition
Payot, 2004, p13.

164
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

nombre des candidats dépasse celui des élus. Selon les dispositions de la loi, aux
élections des assemblées populaires aux divers échelons, le nombre des
candidats doit obligatoirement être supérieur à celui des députés à élire, cela
pour permettre aux électeurs ou aux députés votants de jouir pleinement de leur
droit de choix dans les élections.
Les élections se déroulent au scrutin secret. Les électeurs peuvent choisir
de voter pour ou contre des candidats, de porter leur voix sur n'importe quel
autre électeur, ou encore de s'abstenir de voter. Les dépenses pour les élections
sont assurées par la trésorerie de l'Etat.
Les députés à l'Assemblée populaire nationale sont censés jouir d'une
large représentativité, car il y en a un pour 430 000 habitants. L'ensemble des
régions, ethnies et secteurs ont le droit de se faire représenter à l'Assemblée
populaire nationale par un nombre approprié de députés. Même les petites
ethnies minoritaires ont le droit d'y être représentées par un député au moins.
Durant les sessions de l'Assemblée populaire nationale, les députés ont
pour tâche d'examiner les motions et les rapports et de participer au vote et à la
décision du choix des responsables des organismes administratifs centraux. Ils
ont aussi le droit de déposer eux-mêmes des motions. Dans l'intervalle des
sessions de l'Assemblée populaire nationale, les députés doivent maintenir, sous
diverses formes, des liens étroits avec les collèges électoraux dont ils sont issus
et avec les masses populaires, prêtant l'oreille aux opinions et réclamations du
peuple et se faisant son interprète. Pour leur permettre de mieux remplir leurs
obligations, les députés à l'Assemblée populaire nationale ne sont pas censés
faire l'objet de poursuites judiciaires à cause des propos tenus lors des réunions
de l'Assemblée ou de leur choix de vote. Ils ne peuvent pas non plus être arrêtés
ni traduits en justice sans l'autorisation du présidium de l'Assemblée populaire
nationale pendant les sessions ou sans la permission de son comité permanent
dans l'intervalle des sessions. Les députés sont placés sous le contrôle des
collèges électoraux qui les ont élus et ces derniers ont le pouvoir de révoquer
ceux-ci conformément aux modalités de la loi722.

Section 2 :L'organisation et les attributions de l'Assemblée populaire


nationale
L'Assemblée populaire nationale constitue l'organe suprême du pouvoir
d'Etat en Chine, est élue pour un mandat de cinq ans et doit normalement
organisé chaque année une session. Si son comité permanent en éprouve le
besoin ou qu'un cinquième ou plus de ses députés le proposent, elle peut
convoquer une session extraordinaire.
Les attributions de l'Assemblée populaire nationale sont définies par la

722
Guillermaz (J) : « Histoire du parti communiste chinois : Des origines à la conquête du pouvoir».Edition
Payot, 2004, p 183.

165
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Constitution. On note parmi celles-ci723 :


La révision de la Constitution et le contrôle de son application.
L'élaboration et la modification du code pénal, du code civil, de la loi
régissant les activités des organes administratifs d'Etat, ainsi que des autres lois
et règlements fondamentaux.
Il appartient aussi à l'Assemblée populaire nationale d'élire la
présidence, le secrétaire général et les autres membres de son comité permanent,
d'élire le président et le vice-président de la République populaire de Chine, de
décider du choix du premier ministre sur proposition du président de la
République, de décider du choix des autres membres du Conseil des Affaires
d'Etat sur proposition du premier ministre, d'élire le président de la Commission
militaire centrale de la République, de décider du choix des autres membres de
cette commission sur proposition de son président, ainsi que d'élire le président
de la Cour populaire suprême et celui du Parquet populaire suprême.
L'Assemblée populaire nationale a également le pouvoir de relever ces derniers
de leurs fonctions724.
L'Assemblée populaire nationale est en outre chargée d'examiner et
ratifier le plan du développement économique et du progrès social, d'examiner et
ratifier le projet du budget de l'Etat, de sanctionner l'institution des provinces,
régions autonomes et municipalités relevant directement de l'autorité centrale, de
décider de l'institution des régions administratives spéciales et du système
qu'elles ont à adopter, ainsi que de statuer sur les problèmes relatifs à la guerre et
à la paix.
L'Assemblée populaire nationale a pour organe permanent son comité
permanent, ce qui est l'une des caractéristiques les plus importantes du système
de l'assemblée populaire de la Chine. Composé de sa présidence, de son
secrétaire général et d'autres membres, ce comité permanent est élu pour la
même durée de mandat que son Assemblée : 5 ans. Le Comité permanent de la
Xème Assemblée populaire nationale de Chine est constitué en tout de 175
membres725.
Le Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale est censé
assumer ses responsabilités envers cette dernière, lui rendre compte de ses
activités et se placer sous son contrôle. L'Assemblée populaire nationale a le
pouvoir de modifier et d'abroger les décisions inadéquates prises par son comité
permanent.
Il n'est pas permis aux membres du Comité permanent de l'Assemblée
populaire nationale de cumuler des fonctions dans les organismes administratifs

723
Cabestan (J) : « Le système politique chinois : un nouvel équilibre autoritaire».Edition Presses de Sciences
po, Paris, 2014 p39.
724
Guillermaz (J) : « Histoire du parti communiste chinois : Des origines à la conquête du pouvoir».Edition
Payot, 2004, p13.
725
Cabestan (J) : « Le système politique chinois : un nouvel équilibre autoritaire».Edition Presses de Sciences po,
Paris, 2014,p90.

166
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

d'Etat, les organes judiciaires et les parquets. Le mandat du président et des vice-
présidents de ce comité ne peut être renouvelé qu'une seule fois.Définis dans la
Constitution, les fonctions et pouvoirs du Comité permanent de l'Assemblée
populaire nationale consistent essentiellement à:
- Interpréter la Constitution et superviser son application.
- Elaborer et réviser les lois autres que celles dont l'élaboration revient à
l'Assemblée populaire nationale, compléter et réviser partiellement,
pendant les intervalles des sessions de l'Assemblée populaire nationale,
les lois élaborées par celle-ci mais sous réserve de ne pas contrecarrer
les principes de ces lois, interpréter les lois726.
Durant les intervalles des sessions de l'Assemblée populaire nationale,
examiner et ratifier les projets de réajustement partiel du Plan de développement
économique et de progrès social qui s'avèrent nécessaires au cours de
l'application de celui-ci, examiner et ratifier les projets de réajustement partiel
du budget d'Etat qui s'avèrent nécessaires au cours de l'application de celui-ci ,
décider de la ratification et de l'annulation des traités et des accords importants
conclus avec les pays étrangers , décider des amnisties spéciales727.
Superviser l'activité du Conseil des Affaires d'Etat, de la Commission
militaire centrale, de la Cour suprême et du Parquet suprême , annuler les
réglementations administratives, les décisions et les décrets élaborés par le
Conseil des Affaires d'Etat qui contredisent la Constitution et les lois , annuler
les réglementations locales et les résolutions élaborées par les organes du
pouvoir d'Etat des provinces, des régions autonomes et des municipalités
relevant directement des autorités centrales contradictoires à la Constitution, aux
lois et à la réglementations administrative.
Décider, durant les intervalles des sessions de l'Assemblée populaire
nationale et sur proposition du premier ministre du Conseil des Affaires d'Etat,
du choix des ministres et des présidents des comités relevant de celui-ci, du
président de la Banque populaire de Chine, du président de la Cour des comptes
et du secrétaire général du Conseil des Affaires d'Etat , décider, sur proposition
du président de la Commission militaire centrale, du choix des autres membres
de ladite Commission , décider, sur proposition du président de la Cour
suprême, de la nomination et de la destitution des vice-présidents, des juges et
des membres du comité de jugement de la Cour suprême , décider, sur
proposition du procureur général du Parquet suprême, de la nomination et de la
destitution des procureurs généraux adjoints, des procureurs et des membres du
comité des procureurs du Parquet suprême, et ratifier la nomination des
procureurs généraux des parquets populaires des provinces, des régions
726
Guillermaz (J) : « Histoire du parti communiste chinois : Des origines à la conquête du pouvoir».Edition
Payot, 2004, p 83.
727
Cabestan (J) : « Le système politique chinois : un nouvel équilibre autoritaire».Edition Presses de Sciences po,
Paris, 2014, p34.

167
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

autonomes et des municipalités relevant directement des autorités centrales ;


décider de la nomination et de la destitution des représentants plénipotentiaires à
l'étranger.
L'Assemblée populaire nationale a sous sa direction des commissions
spéciales. Elles sont subordonnées au comité permanent de l'Assemblée
populaire nationale durant les intervalles des sessions de celle-ci. Sous la
direction de l'Assemblée populaire nationale et de son Comité permanent, elles
étudient, examinent et rédigent des résolutions728.
Les membres des commissions spéciales sont issus des députés à
l'Assemblée populaire nationale. Ils sont pour la plupart des experts dans leurs
domaines respectifs, des savants et des hommes ayant une solide expérience.
Les commissions spéciales mènent une activité permanente ; elles continuent à
travailler durant les intervalles des sessions de l'Assemblée populaire nationale
et de son comité permanent729.
L'Assemblée populaire nationale a créé jusqu'ici neuf commissions : la
Commission des ethnies, la Commission de la loi, la Commission des affaires
intérieures et juridiques, la Commission des finances et de l'économie, la
Commission de l'éducation, des sciences, de la culture et de la santé publique, la
Commission des affaires étrangères, la Commission des ressortissants chinois, la
Commission de l'environnement et de la protection des ressources et la
Commission de l'agriculture et des régions rurales.
Le comité permanent de l'Assemblée populaire nationale a sous sa
direction un Cabinet de travail, un Comité de la légalité, un Comité du budget,
un Comité de la loi fondamentale de la zone administrative spéciale de
Hongkong et un Comité de la loi fondamentale de la zone administrative
spéciale de Macao.
Le comité permanent de l'Assemblée populaire nationale a aussi sous sa
direction le comité d'examen des qualifications des députés.

Section 3 : Fonctionnement de l'Assemblée populaire nationale


La session de l'Assemblée populaire nationale a lieu lors du premier
trimestre de chaque année. Les députés composent des délégations par unité
électorale avant l'ouverture de la session. Durant la session sont convoquées des
séances plénières de l'Assemblée, des séances plénières des délégations et des
réunions de groupe de députés.
Les députés siègent aux séances plénières de l'Assemblée pour écouter les
rapports sur l'activité gouvernementale, sur le travail du Comité permanent de
l'Assemblée populaire nationale, sur le travail de la Cour suprême, sur le travail

728
Cabestan (J) : « Le système politique chinois : un nouvel équilibre autoritaire».Edition Presses de Sciences
po, Paris, 2014 p49.
729
Guillermaz (J) : « Histoire du parti communiste chinois : Des origines à la conquête du pouvoir».Edition
Payot, 2004, p138.

168
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

du Parquet suprême, sur le projet de Plan de développement économique et de


progrès social et sur le budget d'Etat, ainsi que les explications sur les projets de
résolution soumises à l'examen de l'Assemblée ; par ailleurs les députés votent
les projets de résolution et prennent des décisions en conséquence; ils élisent les
membres des organismes du pouvoir central et décident de leur nomination ou
de leur destitution. Les séances plénières des délégations et les réunions de
groupe de députés examinent des rapports et des projets de résolutions730.
Sont qualifiés pour présenter des projets de résolution à l'Assemblée : le
présidium de l'Assemblée, son Comité permanent, ses commissions spéciales, le
Conseil des Affaires d'Etat, la Commission militaire centrale, la Cour suprême et
le Parquet suprême, ainsi que les délégations ou plus de 30 députés ayant
conjointement signé une pétition. Les projets de révision de la Constitution
doivent être présentés par le comité permanent de l'Assemblée ou plus d'un
cinquième des députés ayant conjointement signé une pétition731.
Pour les projets de loi figurant à l'ordre du jour de l'Assemblée, il faut
écouter les explications données par celui qui les présente avant de passer à leur
examen. Les projets de loi sont votés avec un nombre de voix supérieur à la
moitié du nombre total de députés, et publiés sous forme de décret signé par le
président de la République populaire de Chine. Les projets de révision de la
Constitution sont votés avec un nombre de voix supérieur aux deux tiers du
nombre total de députés, et publiés par le présidium de l'Assemblée populaire
nationale.
Les séances de l'Assemblée populaire nationale sont ouvertes. Des
tribunes du public sont prévues, les représentants diplomatiques étrangers en
Chine peuvent assister aux séances plénières de l'Assemblée. Des conférences
de presse sont organisées pour communiquer des informations et répondre aux
questions des journalistes chinois et étranger.
Convoquée et présidée par son président, la session du comité
permanent de l'Assemblée populaire nationale a lieu tous les deux mois. Durant
la session sont convoquées des séances plénières, par groupe séparé ou par
groupes réunis. Les séances plénières écoutent les explications sur les projets de
loi et les autres projets de résolution, les rapports présentés sur leur travail par le
Conseil des Affaires d'Etat et ses organismes, ainsi que par la Cour suprême et le
Parquet suprême, et votent les projets de résolution. Les séances par groupe
examinent les projets de résolutions et les rapports, tandis que les organismes
qui les présentent sont invités à y assister pour écouter les commentaires et
répondre aux questions. Sur la base des séances par groupe, les séances de

730
Cabestan (J) : « Le système politique chinois : un nouvel équilibre autoritaire».Edition Presses de Sciences
po,Paris, 2014, p56.
731
Guillermaz (J) : « Histoire du parti communiste chinois : Des origines à la conquête du pouvoir».Edition
Payot, 2004, p33.

169
Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

groupes réunis débattent le contenu principal des projets de loi732.


Sont qualifiés pour présenter des projets de résolution au Comité
permanent de l'Assemblée populaire nationale : la réunion du président et des
vice-présidents du Comité permanent, le Conseil des Affaires d'Etat, la
Commission militaire centrale, la Cour suprême et le Parquet suprême, les
commissions spéciales de l'Assemblée, ainsi que plus de 10 membres du Comité
permanent apposant conjointement leurs signatures.
Le Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale ne vote un
projet de loi qu'après l'avoir examiné en trois séances. Les projets de loi sont
approuvés avec un nombre de voix supérieur aux deux tiers des membres du
comité permanent, et publiés sous forme de décret signé par le président de la
République populaire de Chine733.
Attentif à ce que la loi reflète pleinement les aspirations et les exigences
de la population, le Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale
organise des forums, des discussions et des auditions de témoins pour obtenir les
avis des différents départements, des différentes régions et des experts quant aux
projets de loi à débattre. Avant d'être débattus, les projets de loi importants et
touchants aux intérêts immédiats de la population sont généralement rendus
publics, de manière à connaître l'opinion de toute la société.
Les sessions du Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale
sont ouvertes aux médias journalistiques nationaux.
Produit de conditions sociales et historiques déterminées, tout système
politique est lié à une étape déterminée dans le développement de la société qui
l'a produit. Depuis plus de vingt ans, avec l'approfondissement de la réforme et
l'élargissement de l'ouverture sur l'extérieur et accompagnant le développement
économique et le progrès social dans tous les domaines, le système de
l'assemblée populaire nationale n'a cessé de se développer et de s'améliorer pour
jouer un rôle toujours plus important dans la vie de l'Etat.
Durant cette période la Chine a élaboré plus de 200 lois en vigueur, plus
de 650 réglementations administratives en vigueur et prés de dix mille
réglementations locales, ébauchant ainsi un système légal adapté au socialisme à
la chinoise. Les connaissances juridiques ayant été généralisées parmi la
population, le respect de la loi et de la légalité a sensiblement progressé. La
réforme du système électoral a permis d'élargir la démocratie à la base et de
stimuler plus que jamais l'enthousiasme des citoyens pour la vie politique. En
fin, en sauvegardant les droits fondamentaux des citoyens et l'équité sociale, la
réforme continue du système administratif et juridique a incité fortement les
administrations à travailler selon la loi et les organes juridiques à maintenir une
732
Guillermaz (J) : « Histoire du parti communiste chinois : Des origines à la conquête du pouvoir».Edition
Payot, 2004, p123.
733
Cabestan (J) : « Le système politique chinois : un nouvel équilibre autoritaire».Edition Presses de Sciences
po, Paris, 2014, p63.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

stricte impartialité. Nous avons toutes les raisons de croire que, grâce au
développement continu de notre économie et de notre société, le système de
l'assemblée populaire nationale en Chine ne cessera de s'améliorer.

Section 4 : Un État et deux systèmes


« Un État, deux systèmes », cela signifie qu’au sein de la République
populaire de Chine, la partie continentale pratique le régime socialiste tandis que
Hongkong, Macao et Taiwan sont régis par un système capitaliste, dans le but de
réaliser la réunification pacifique de la patrie et de maintenir la stabilité et la
prospérité de Hongkong, de Macao et de Taiwan. « Un État » est la condition
préalable. Pour reconnaître « deux systèmes », il faut d’abord reconnaître « un
État », soit la République populaire de Chine qui applique le régime socialiste à
la chinoise dont le concept « un État, deux systèmes » fait partie734.
Étant donné le statut particulier de Taiwan, le gouvernement chinois
poursuit le principe fondamental de « réunification pacifique » et d’« un État,
deux systèmes » dans la recherche d’une solution à la question de Taiwan. Cela
signifie qu’après la réunification des deux rives du détroit, Taiwan maintiendra
son régime économique et social, son mode de vie et ses relations économiques
et culturelles avec d’autres pays. Différente des provinces ordinaires, Taiwan
deviendra une région administrative spéciale et jouira d’une grande autonomie
dans les domaines administratifs, législatif, judiciaire et de jugement final. Elle
gèrera elle-même ses affaires politiques, militaires, économiques, financières et
de parti et jouira d’un certain pouvoir aux affaires étrangères dont la conclusion
d’accords commerciaux et culturels avec l’étranger. Elle pourra garder son
armée. La partie continentale n’y enverra pas d’armée ni fonctionnaires
administratifs. Les représentants au sein des organes de la RAS et de divers
milieux de Taiwan pourront occuper les postes dirigeants des organes du
pouvoir du pays et participer à la gestion des affaires d’État735.
Le retour de Hongkong et de Macao à la patrie a beaucoup enrichi le
concept d’« un État, deux systèmes », et témoigné de sa vitalité736.

Biographie
- Bell (J) : « La réforme de la chambre des Lords ».Édition RFDC, Paris, 2000.
- Bell (J) : « La révolution constitutionnelle au Royaume-Uni ».Édition, RDP, Paris, 2000.
- Boutaleb(A) : «Les régimes politiques contemporaines ».Édition Dar attakafa,1986,.
- Burdeau (G) : « Traité de science politique».Édition LGDJ, Paris,1982.

734
Guillermaz (J) : « Histoire du parti communiste chinois : Des origines à la conquête du pouvoir».Edition
Payot, 2004, p 177.
735
Cabestan (J) : « Le système politique chinois : un nouvel équilibre autoritaire».Edition Presses de Sciences
po,Paris, 2014 ,p59.
736
Guillermaz (J) : « Histoire du parti communiste chinois : Des origines à la conquête du pouvoir».Edition
Payot, 2004, p29.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

- Burdeau (G) : «La démocratie ». Édition La Baconniére, Paris, 1956.


- Charlot (M) : «Le pouvoir politique en Grande-Bretagne ».Édition PUF, 1998.
- Châtelet (F) : « Dictionnaire des œuvres politiques ».Édition PUF, Paris, 1995, 3e éd.
- Chevalier (J) : « La grande transition ».Édition Sirey, Paris, 1984.
- Dabin (J) : « Doctrines générale de l’Etat ».Édition Sirey, Bruxelles, 1939.
- Dabin (J) : « L’État ou le politique ».Édition Dalloz, Paris, 1975.
- Dabin (J) : « Théorie générale du droit ».Édition Dalloz, Paris, 1989.
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- Debbasch (C) : « Introduction à la politique».Édition Dalloz, Paris , 1995.
- Delcourt (B) : « Les problèmes juridiques de l’éclatement de l’URSS ».Op-cit 89.
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- Kelsen (H) : « Théorie pure du Droit».Édition Dalloz, Paris,1999.
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- Meny (Y) : « Politique comparée .Les démocraties».Édition Montchrestien, Paris,5e éd,1996.
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- Mounier (J) : « Pour une sociologie Politique».Édition du Seuil, Paris , 1974.
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- Pactet (P) : « Institution politiques, Droit constitutionnel». Editon Armand Colin,2011 .

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

- Pinto (R) : « La Cour suprême américaine et l’avortement ».Édition RDP, 1993.


- Portes (J) : « L’Histoire des Etats-Unis depuis 1945 ».Édition La découverte, Paris, 1992.
- Prelot (M) : «Histoire des idées politiques».Édition Dalloz, 1990.
- Prelot (P) :« Le fédéralisme devant la Cour suprême».Édition RDP, 1996.
- Quermonne (JL) : « Le référendum : essai de typologie prospective ».Édition RDP, Paris, 1985.
- Réné (D) : « Les grands systèmes de droit contemporains ».11Edition, Dalloz
- Romilly (J) : « Problèmes de la démocratie grecque».Édition Agora, Paris ,1986.
- Rousseau (D) : « La démocratie continue». Édition Bruylant, LGDJ, 1995.
- Rousseau(D) :« La démocratie continue ». Édition LGDJ,Paris, 1995.
- Sartori(G) : «Théorie de la démocratie ». Édition Colin-trad, Paris, 1973.
- Starck (Ch) : « La constitution cadre et mesure du droit ».Édition Économica, Paris, 1994.
- Tocqueville(A) : « De la démocratie en Amérique».Édition Flammarion, Paris, 1991.
- Toinet (M) :«La présidence américaine».Édition Montchrestien, Paris, 1992.
- Tunc (A) : « Les Etats-Unis».Édition LGDJ, Paris, 1973.
- Tushnet (M) : « Constitutional law ».Edition Dartmouth Publishing ,1992.
- Verdel (G) :«Manuel élémentaire de droit constitutionnel ».Édition Sirey, 1949.
- Bonnard(J) : « Le droit et l’Etat dans la doctrine national-socialiste».Édition , LGDJ, Paris , 1939.
- Brown (B) : « L’Etat et la politique aux Etats-Unis».Édition PUF, Paris ,1994.
- Burdeau (G) : « La démocratie ».Édition La Baconniére, Paris, 1956.
- Burdeau (G) : « Traité de science politique».Édition LGDJ, Paris ,1980.
- Burdeau (G) : « L’Etat ».Édition, Seuil, Paris ,1970.
- Burdeau(G) : « la démocratie gouvernante ». Édition LGDJ, Paris, 1973.
- Burdeau(G) : « Le libéralisme ». Édition Seuil, Paris, 1979.
- Cater (D) : « Qui gouverne à Washington ».Édition Seuil, Paris, 1964.
- Chambre(M), Wronski (H)et Lasserre (G), Les coopératives de consommation cri URSS, 1969.
- Charlot (M) : «Le pouvoir politique en Grande-Bretagne ». Édition PUF, Paris, 2e éd, 1998.
- Closkey (R) : « La cour suprême des Etats-Unis».Édition Seghers, Paris, 1965.
- Colliard (JC) : « Les Régimes parlementaires ». Édition Presses de la F.N.S.P, 1978.
- Cotteret (J) : « Les systèmes électeurs ». Édition PUF, Paris, 1994.
- Denquin (J) : « Introduction à la science politique».Édition Hachette, Paris,1996.
- Denquin (J) : « Science politique».Édition PUF, Paris , 1985.
- Dubourg (SL) : « Le nouveau Parlement écossais ».Édition RFDC, Paris, 2001.
- Easton (D) : « Analyse du système politique».Édition Armand Colin, Paris, 1974.
- Gaxie (D) : « La démocratie représentative». Édition Montchrestien, Paris, 1996.
- Gazier (A) : « Justice constitutionnelle et fédéralisme en Russie ». RDP, 1999.
- Gerard (G ) :«Bush Président. Histoire d’une élection».Édition Presses univers. Nancy, 1989.
- Gilson (B) : «La découverte de régime présidentiel ».Édition LGDJ ,Paris,1982.
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- Hamon (F) : « Le référendum. Etude comparative ».Édition LGDJ, Paris, 1995.
- Hevalier (J) : « L’Etat-nation monarchique : vers le déclin ».Édition PUF, Paris, 1983.
- Ihl (O) : « Le vote».Édition Montchrestien, 2 Édition, 2000.
- Klein (C) : «Théorie et pratique du pouvoir constituant».Édition P.U.F,1996.
- Laski, (H) : «Le gouvernement parlementaire en Angleterre».Édition PUF, Paris, 1950.
- Lassale (JP) :« L’élection présidentielle de 1996 aux Etats-Unis».Édition RDP, 1998.
- Lesage(A):« La crise du fédéralisme soviétique».La documentation française, 1990.
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- Prelot (P) et Mrogof (F) : « Le fédéralisme devant la Cour suprême ».Édition, 1996.

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Semestre 3

- Rossiter (C) : « Démocrates et républicains ».Édition Seghers, Paris, 1965.


- Sur (S) : « Un bilan du référendum en France ».Édition RDP, Paris, 1985.

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

Table des matières


Introduction ………………………………………………………………. 1
Partie1 : Le système politique ……………………………………………. 3
Chapitre 1 : La sphère du pouvoir : l’Etat ………………………………... 3
Section 1 : Théorie sur l’origine de l’Etat ………………………….. 4
Sous-section 1 : La théorie du contrat ………………………... 5
Sous-section 2 : La théorie du conflit ………………………... 6
Sous-section 3 : La théorie de la fondation-adhésion ………... 8
Section 2 : Signification contemporaine de la Notion d’Etat ………. 8
Sous-section 1 :L’Etat au sens juridique ……………………... 8
Sous-section 2 :L’état au sens politique ……………………… 12
Section 3 : Les éléments constitutifs de l’Etat ……………………… 14
Sous-section 1 : Un territoire et un groupement humain …….. 14
Sous-section 2 :L’organisation sociale ………………………. 15
Sous-section 3 : La légitimité du pouvoir …………………… 16
Sous-section 4 : L’exercice du pouvoir ……………………… 18
Section 3 : Forme et modalités de gestion étatique ………………… 19
Sous-section 1 : Forme ………………………………………. 19
Sous-section 2: Les modalités de gestion étatique …………… 21
Chapitre 2 : La gestion rationnelle du pouvoir : la Constitution …………. 22
Section 1: Constitution une nouvelle conception contre l’arbitrage ? 23
Sous-section 1: L’aspect matériel de la constitution ………… 24
Sous-section 2:L’aspect formel de la constitution …………… 24
Section 2 : L’élaboration de la constitution ………………………… 26
Sous-section1: Les modalités démocratiques d’établissement
de la constitution ……………………………………………... 29
Sous-section2 : Les modalités non démocratiques
d’établissement de la constitution…………………………….. 29
Sous-section3: La révision de la constitution ou pouvoir
constituant dérivé ou institué ………………………………… 33
Section 3 : Contrôle Constitutionnel ……………………………….. 34
Sous-section 1:Le contrôle par organisme politique …………. 34
Sous-section 2:Le contrôle par un organisme judiciaire ……... 35
Section 4: Le contrôle constitutionnel des lois ……………………... 37
Sous-section1: Le contrôle constitutionnel des lois en France . 37
Sous-section2: Le contrôle constitutionnel des lois au Maroc .. 39
Chapitre 3 : Le management du pouvoir : la séparation du pouvoir ……... 41
Section1 : Le fondement de la théorie de séparation du pouvoir …... 41
Sous-section 1 : Le principe de séparation du pouvoir selon 42

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Semestre 3

Montesquieu ………………………………………………….
Sous-section 2 : La justification du principe ………………… 42
Sous-section 3 : La fonction du principe …………………… 43
Sous-section 4 : L’originalité du principe …………………… 43
Section 2 : La relation entre les pouvoirs …………………………... 44
Sous-section 1 : La relation entre le pouvoir législatif et le
pouvoir exécutif ……………………………………………… 44
Sous-section 2 : La relation entre le pouvoir législatif et le
pouvoir juridique …………………………………………….. 45
Sous-section 3 : La relation entre le pouvoir exécutif et le
pouvoir juridique ……………………………………………... 45
Section 3 : Collaborations du pouvoir exécutif et législatif ………... 52
Sous-section1 : Le régime parlementaire anglais ……………. 52
Sous-section 2 : Le régime parlementaire français ………… 53
Chapitre 4 : La compétition pour le pouvoir : Election et modes de scrutin 53
Section 1 : L’élection et sa nature ………………………………….. 53
Sous-section 1 : L’élection …………………………………… 54
Sous-section 2 : L’évolution de l’élection …………………… 54
Section 2 :L’élection dans la législation contemporaine …………… 54
Sous-section 1 : Les tableaux des élections ………………….. 55
Sous-section 2 : Les conditions de l’élection ………………... 55
Section 3 : Les modes de scrutin …………………………………… 56
Sous-section 1 : Scrutin uninominal …………………………. 56
Sous-section 2 : Scrutin de liste ……………………………… 57
Sous-section 3 : Les scrutins majoritaires ……………………. 58
Sous-section4 : Les scrutins proportionnels …………………. 58
Section 4 : Les Effets des formes de scrutin ………………………. 60
Sous-section 1 : Le scrutin proportionnel …………………… 60
Sous-section 2 : Le scrutin majoritaire à double sections …… 60
Sous-section 3 : Le scrutin majoritaire à uni-section ………… 60
Section 5 : L’utilité des modes des scrutins ………………………... 61
Sous-section 1 : Les scrutins majoritaires ……………………. 61
Sous-section 2 : Les scrutins proportionnels ………………… 62
Sous-section 3 : Les scrutins mixtes …………………………. 63
Chapitre 5 : La concrétisation du pouvoir rationnel : La démocratie …….. 64
Section 1 : Les conditions de la démocratie ………………………... 64
Sous-section 1 : Les conditions indispensables ……………… 64
Sous-section 2 : Les conditions favorables …………………... 66
Section 2 : Les gouvernés et les gouvernants ………………………. 66
Sous-section1 : Souveraineté nationale et souveraineté
populaire ……………………………………………………... 67
Sous-section 2 : Démocratie directe et démocratie 69

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Système Politique Contemporain FARAJ Adil
Semestre 3

représentative …………………………………………………
Sous-section 3 : La démocratie semi-directe ………………… 71
Partie 2 : Le système politique contemporain ……………………………. 75
Chapitre1 : Le système politique britannique …………………………….. 76
Section1 : L’évolution historique de l’organisation Constitutionnelle
anglaise ……………………………………………………………... 76
Sous-section 1 : Le parlement ……………………………….. 77
Sous-section 2 : Le Roi ………………………………………. 79
Section 2 : Le parachèvement, en 1782, du régime parlementaire …. 81
Sous-section 1 : Les reformes électorales ……………………. 82
Sous-section 2 : Les sources du droit constitutionnel anglais ... 83
Sous-section 3 : Le parlement ………………………………... 87
Sous-section 4 : Le cabinet et le premier ministre …………… 94
Sous-section 5 : Le bipartisme « the two-party system» …….. 96
Section 3 : La nature du régime britannique ……………………….. 99
Sous-section 1 : Qui gouverne ? ……………………………... 99
Sous-section 2 : L’équilibre des pouvoirs …………………… 100
Chapitre 2 : Le système politique des Etats-Unis d’Amérique …………... 101
Section1 : Le système des Etats-Unis d’Amérique ………………… 102
Sous-section 1 : Une constitution écrite et rigide ……………. 105
Sous-section 2 : Les institutions constitutionnelles ………….. 106
Section 2 : Les institutions des états ………………………………... 116
Sous-section 1 : Nature du régime …………………………… 117
Sous-section 2: La collaboration dans le cadre de la
constitution …………………………………………………… 120
Section 3 : Le rôle du pouvoir judiciaire …………………………… 123
Sous-section 1 : Fédéralisme et collaboration ……………….. 124
Sous-section 2: Le rôle du bipartisme ………………………... 124
Chapitre 3 : Le système politique russe ………………………………….. 127
Section 1:L’évolution du système politique russe ………………….. 127
Sous-section 1: Le droit traditionnel russe …………………… 128
Sous-section 2: L’ordre soviétique ………………………….. 133
Sous-section 3 : La période de la perestroïka (1989-1991) ….. 145
Section 2: La constitution de la fédération de Russie ………………. 146
Sous-section 1 : Une Constitution nouvelle ………………….. 146
Sous-section 2 : Le fédéralisme ……………………………… 148
Sous-section 3 : Le Président de la Fédération ………………. 149
Sous-section 4 : Le Gouvernement …………………………... 150
Sous-section 5 : L’Assemblée fédérale ………………………. 150
Sous-section 6 : Le pouvoir judiciaire ……………………….. 151
Chapitre 4 : Système politique en Inde …………………………………… 151
Section1 : l’évolution historique du système politique en Inde …… 152

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Semestre 3

Sous-section 1: Government of India act 1935 ……………… 152


Sous-section 2 : La mission ministérielle de 1946 …………… 153
Sous-section 3: Indian Independence act 1947 ……………… 153
Sous-section 4: L’assemblé constituent ……………………. 153
Sous-section 5 : Rédaction de la constitution ………………... 154
Section 2 : Système politique en Inde ……………………………… 154
Sous-section1: Parlementarisme …………………………….. 155
Sous-section2 : Indépendance de la justice …………………... 155
Sous-section3 : Contrôle constitutionnelle des lois ………….. 155
Section 3: Procédure de modification ……………………….. 156
Chapitre5 : Système politique en Chine ………………………………….. 157
Section1 : Election des députés à l'Assemblée populaire nationale … 157
Section 2: L'organisation et les attributions de l'Assemblée populaire
nationale …………………………………………………………….. 159
Section 3: Fonctionnement de l'Assemblée populaire nationale ……. 162
Section4 : Un État et deux systèmes ………………………………... 164

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