LDP Hg4 Chap8

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Chapitre 8 Les conditions féminines au

e
XIX siècle

La logique du chapitre
Ce chapitre portant sur les « Conditions féminines dans une société en mutation » conclut le thème 3 « Société, culture et politique dans
la France du XIXe siècle ». Les neuf doubles pages renvoient à l’histoire des revendications féminines et de leurs conditions de vie au
XIXe siècle et permettent l’acquisition progressive de compétences à partir de pratiques pédagogiques en accord avec les nouveaux
programmes (de l’étude de cas à la tâche complexe), tout en respectant l’autonomie pédagogique des enseignants.
Plusieurs axes structurent le chapitre : le statut et la place des femmes (pp. 174-175), le travail des femmes (pp. 176-177), les
revendications féministes (pp. 178-179). Une tâche complexe à partir de l’exemple de Marie Curie (pp. 180-181). Les pages 182-183
proposent une leçon synthétique de ce dernier chapitre de la classe de quatrième. Les pages 184-185 proposent des exercices par
compétences. La page 186 propose deux exercices de type brevet dans la perspective de l’examen (une analyse de document et un
développement construit). Enfin, un EPI à partir d’une exposition sur les femmes conclut ce chapitre (pp. 188-189).
À travers celui-ci, les élèves pourront acquérir les compétences suivantes : « Je raisonne » en justifiant des affirmations sur le statut et la
place des femmes et en choisissant une démarche pour rédiger une biographie de Marie Curie ; « J’analyse un document » à partir d’une
représentation du travail féminin au XIXe siècle ; « Je pratique différents langages » en réalisant une carte mentale sur les féministes.

Pour aller plus loin

Bibliographie

Pour les enseignants


 Maïté Albistur et Daniel Armogathe, Histoire du féminisme français du Moyen Âge à nos jours, Éditions des femmes, 1977.
 Joan W. Scott, La Citoyenne paradoxale : les féministes françaises et les droits de l’homme, Albin Michel, 1998.
 Sylvie Schweitzer, Les Femmes ont toujours travaillé : une histoire de leurs métiers, XIXe et XXe siècles, Odile Jacob, 2002.
 Christine Bard, Frédérique El-Amrani, Bibia Pavard, Histoire des Femmes dans la France des XIXe et XXe siècles, Ellipses, 2013.

Pour les élèves (pour une approche scientifique et illustrée)


 Michèle Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2008.
 Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu, Le Féminisme, collection « La petite bédéthèque des savoirs », Le Lombard (à paraître en
octobre 2016).

Sitographie

 Le féminisme raconté aux enfants, dossier 1jour1actu : http://www.1jour1actu.com/grand-dossier/femmes-celebre/


 L’histoire par les femmes : https://histoireparlesfemmes.com
 « La Fabrique de l’histoire », des podcasts en quatre épisodes : http://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/les-
feminismes-14-lundi-actualite-camille-froidevaux-et-marie
 Un site personnel très documenté sur le féminisme : https://cafaitgenre.org

P . 1 7 2 -1 7 3 O U V E R T U R E
Cette double page permet aux élèves d’entrer au cœur du sujet à l’aide des principaux repères chronologiques (frise sur la page de
gauche). Le tableau de gauche (doc. 1) présente une représentation d’une famille bourgeoise au XIXe siècle, l’autre tableau de droite
(doc. 2) des femmes en grève au Creusot à la fin du XIXe siècle. Ces deux représentations ont deux statuts différents. La bourgeoisie se
fait représenter dans le modèle familial idéal qu’elle promeut. L’œuvre représentant le prolétariat émane d’artistes qui ont travaillé
à partir de la réalité sociale. Le bloc de compétences (en haut à droite) permet à l’enseignant de construire sa progression
pédagogique et à l’élève de comprendre ce que le professeur attend de lui.

P . 1 7 4 -1 7 5 É T U D E L E S T A T U T E T L A P L A C E D E S F E M M E S
Cette double page sur les différents statuts de la femme permet de comprendre que leur position est largement inférieure à celle de
l’homme. Si la Révolution française et son principe d’égalité peuvent laisser espérer une amélioration et un changement de statut, il
n’en est rien. Les femmes ont une personnalité civile, mais le droit de vote n’est toujours pas institué. Le combat pour ce dernier
s’avère long et difficile. Cette double page est l’occasion de travailler la compétence « Je raisonne » et de justifier des affirmations sur
1
le statut et la place des femmes. Le document 1 montre que l’établissement sous l’Empire du Code civil (1804) ne permet pas
d’amélioration quant au statut de la femme. Au contraire, elles n’ont pas de droits politiques ou civils. La femme est un être mineur
placé sous la coupe de son mari ou de son père lorsqu’elle n’a pas accédé au rang d’épouse. Le document 2 donne une chronologie
des combats des femmes tout au long du XIXe siècle et ce qu’elles ont pu obtenir. Les femmes vont progressivement accéder à plus
d’autonomie. Avec l’âge industriel ans la seconde moitié du XIXe siècle, les femmes sont largement confinées dans l’espace
domestique ou dans le rôle de « cocotte » (doc. 4 et 5). Leur éducation est centrée sur les fonctions ménagères comme le montre le
doc. 3 où l’on apprend aux jeunes filles à coudre.

ACTIVITÉS

1. Le Code civil inscrit l’infériorité féminine dans la loi. La femme est avant tout une épouse et une mère. La femme est un être mineur
placé sous la coupe de son mari (articles 213 et 214) ou bien encore de son père (article 373 et 1124) lorsqu’elle n’a pas accédé au
rang d’épouse. « La femme est donnée à l’homme pour qu’elle lui fasse des enfants », déclare Napoléon Bonaparte. Une femme perd,
lorsqu’elle se marie, une partie de ses droits et ne peut agir sans le consentement de son mari dans de nombreux domaines. Le mari
était ainsi le tuteur de la femme.
2. L’ensemble des documents montre les femmes dans leurs rôles de mère et d’épouse. La procréation et la charge des enfants
doivent être l’une de leurs principales préoccupations (doc. 5). Si les femmes des élites peuvent s’intéresser à la mode et à la lecture,
à l’éducation des futures mères (doc. 5), l’éducation des jeunes filles doit rester concentrée sur les tâches propres au foyer (cuisine,
ménage, couture…).
3. Une hiérarchie naturelle, destinée à penser l’infériorité des femmes, impose une sexuation des rôles pour le respect de l’ordre social
et politique.
4. La femme va progressivement accéder à plus d’autonomie. Le document 2 montre que les femmes obtiennent de nouveaux droits
(salaires, éducation) et libertés (divorce) même si ces derniers restent limités.
5. a. Le Code civil (doc. 1) donne aux femmes un statut discriminatoire : non mariée, elle est un être de second rang, un être mineur et
incapable si elle est mariée. Elles n’ont aucun droit politique ou civil. Ce Code institutionnalise en droit l’infériorité de la femme. Ainsi,
les femmes n’avaient que des devoirs. Elles obtiennent que très progressivement une amélioration de leur condition (doc. 2).
b. Les documents 3 à 5 montrent comment est perçu l’idéal féminin au XIXe siècle. Dans les milieux bourgeois, la jeune fille est
protégée des influences extérieures néfastes en restant chez elle. Puis en tant qu’épouse, elle se doit de rester à l’intérieur du foyer
souvent aidée d’un ou plusieurs domestiques (doc. 5). Dans cet environnement, la femme se conforme à ce que l’on attend d’elle,
c’est-à-dire la tenue de son ménage. Elle se doit de plus de servir au mieux son mari et l’avenir de sa progéniture (doc. 4). Toute
contestation de cet ordre des choses est perçue comme une atteinte à l’idéal familial (doc. 6).
c. Au XIXe siècle, les femmes commencent à s’exprimer et à gagner en autonomie, en particulier grâce à l’éducation. En 1850, la loi
Falloux fait obligation pour les communes de plus de 800 habitants d’ouvrir et d’entretenir une école publique de garçons comme de
filles. La scolarité n’est cependant pas encore ni gratuite ni obligatoire. En 1861, Julie-Victoire Daubié est la première bachelière
française. En 1881, l’enseignement primaire est désormais obligatoire, public et laïc pour tous les enfants (filles et garçons). Elles
n’acquièrent aucun nouveau droit avant le milieu du siècle (doc. 2). La loi Naquet rétablit le divorce, pour faute seulement, pas par
consentement mutuel. Au début du XXe siècle, les femmes peuvent désormais plaider comme avocates.

P . 1 7 6 -1 7 7 É T U D E L E T R A V A I L D E S F E M M E S
Le XIXe siècle n’a pas inventé la « femme au travail ». Depuis longtemps existaient outre les paysannes, des fileuses, couturières,
dentellières, femmes de chambre, commerçantes… Au XIXe siècle, leur travail fait réagir, car il devient plus visible. La visibilité du
travail des femmes introduit une rupture, car il entre en contradiction avec la conception dominante de la féminité et des archétypes
féminins qui en résultent. On peut même observer une volonté d’occulter le travail féminin. Cette double page propose une analyse
du travail féminin en usant de différentes stratégies visuelles. Au travers d’images d’archives (photographies, doc. 1 et 3) et de
textes (doc. 2 et 5) et d’un graphique (doc. 4), on peut proposer une situation d’apprentissage où l’élève consulte et critique les
informations en les comparant (compétence « J’analyse un document).

ACTIVITÉS

e
1. a. Le document représente les emplois dévolus aux femmes au XIX siècle. Il donne une conception extrêmement traditionaliste de
la femme.
b. Il y a place pour elles dans presque tous les domaines, jusque dans les mines. Cependant, le document s’arrête sur les métiers
traditionnellement assimilés aux femmes : marchande, paysanne, ouvrière textile… L’industrialisation amène en effet les employeurs à
proposer des emplois qui comptent sur les qualités « naturelles » des femmes (adresse, endurance), qui sont de fait des qualifications
acquises.
c. Dans cette curieuse hiérarchie sociale des femmes, au sommet, la marchande : « des femmes avec habileté, j’augmente la parure
et la beauté ».
d. Ensuite, à égalité, la servante « je couds, blanchis et sers à table, aussi je suis indispensable » et la maîtresse d’école « aux filles
pendant leur jeunesse, j’enseigne vertu et sagesse » ; plus bas, l’ouvrière « à tous les travaux je m’applique, dans l’usine ou la
fabrique » et la sage-femme « je sais soigner avec expérience au moment de votre naissance » et enfin, tout en bas, la paysanne

2
« Croyez en Dieu qui, par ma main, à tous donnera du pain » et la sœur de charité « misères et douleurs, je soulage ; Dieu me
soutient et m’encourage ». Les femmes travaillent surtout à la maison avec des activités telles que la couture. L’industrialisation et
l’entrée des femmes dans l’industrie vont créer des inégalités salariales. Les femmes sont considérées comme des personnes très
dociles et qui sont très compétentes en ce qui concerne le travail de précision.
2. La première branche d’emplois féminins demeure l’agriculture (40,2 %). L’industrie textile réunit 27,3 % des femmes actives
(doc. 4). Si les femmes pénètrent difficilement dans les secteurs virils de la métallurgie, de la verrerie ou des constructions
mécaniques (il y faudra l’effraction de la Première Guerre mondiale), elles occupent, aux côtés d’étrangers, les fabriques de produits
chimiques, ou alimentaires (sucreries, biscuiteries, conserveries...) dont elles recherchent l’apport saisonnier (en Bretagne, par
exemple). Mais pour la plupart, elles travaillent dans des ateliers de petite taille (couture, confection : doc. 3) dont la gestion est plus
familiale et moins réglementée. Le métier textile dans ces tâches les plus basiques est souvent considéré comme peu viril. Tous les
âges étaient au travail : de la fillette de 9 ans à la grand-mère de 74 ans et elles œuvraient surtout à domicile, du moins jusqu’à ce que
le processus de mécanisation et de concentration fût inéluctable, pour la filature d’abord, puis, après 1840, pour le tissage, plus
longtemps resté domestique. L’activité féminine la plus représentée au XIXe siècle fut la couture. Elle permettait par exemple d’éviter
toute polémique sur les différences sociales et économiques comme sur le travail industriel. C’est un modèle consensuel.
3. La double journée de travail (travail à domicile plus la famille) rend les conditions de travail des femmes particulièrement difficiles
(doc. 2). La plupart du temps, une usine textile, est composé de filles très jeunes (doc. 3), d’une minorité de femmes plus âgées,
souvent veuves, d’adolescents et d’hommes (techniciens et contremaîtres) . C’est un lieu clos, quadrillé par les machines que servent
les ouvrières, dépourvu d’espaces « neutres », sans vestiaires et avec de rares lavabos dont l’usage est réglementé. Il y règne une
discipline stricte : il est interdit de parler, de chanter, de manger, de quitter sa place, de sortir sans permission et sans remplaçante, de
subtiliser des matières premières ou du savon, sous peine d’amende ou de renvoi. L’absentéisme et les retards sont sévèrement
punis.
4. Les femmes ont des salaires très faibles. Le cumul du travail avec les tâches domestiques n’est pas simple : « Une femme qui
travaille n’est plus une femme » (Jules Simon). Le salaire de l’homme est l’essentiel pour les familles, celui des femmes un simple
appoint. Le point de vue, communément admis, est que celles-ci ne peuvent pas être aussi productives que les hommes, et elles ont
donc moins de besoins. Les femmes n’ont ni carrières, ni professions, ni métiers, mais plutôt des occupations ou des travaux.

P . 1 7 8 -1 7 9 É T U D E L E S R E V E N D I C A T I O N S F É M I N I S T E S
En France, les premières revendications politiques des femmes apparaissent durant la Révolution de 1848 avec la mise en place du
suffrage universel (doc. 1). Celui-ci demeure réservé aux hommes, car conservateurs et Républicains redoutent encore la voix des
femmes, sujettes selon eux à l’influence de l’église. Les enjeux changent au XIXe siècle et ouvrent la voie au féminisme. La femme
s’affranchit progressivement jusqu’à la moitié du XXe siècle pour devenir une citoyenne avec ses droits et pas seulement des devoirs
(doc. 2). Terme d’origine médicale, le féminisme désigne tout d’abord un homme manquant de virilité. Les dernières années du
Second Empire permettent une résurgence du féminisme, dans son sens moderne. Dans les années 1880, le féminisme réunit des
groupes aux revendications plus ou moins radicales (doc. 3, 4 et 5).

ACTIVITÉS

1. Le Code civil, dit aussi Code Napoléon, enferme les femmes dans une spécificité biologique et les tient à l’écart de la sphère
publique. Les premières féministes revendiquent d’abord droits sociaux et droits civils : l’accès des femmes à l’éducation (ouverture
des lycées aux filles en 1880), réforme du Code civil (le divorce est rétabli en 1884), conquête de nouveaux métiers (les infirmières
remplacent peu à peu les religieuses, les institutrices cantonnées aux classes de filles, vendeuses de magasin et employées de
bureau, « demoiselles des postes et du téléphone »). Les féministes refusent que les femmes mariées soient assimilées aux mineurs,
aux fous et aux délinquants, que le mari ait tout pouvoir sur l’argent de son épouse (doc. 4), qu’il faille l’autorisation du mari pour tout
acte concernant l’état civil. Prétendre le réformer passait pour une audace sans nom. L’éducation est un des axes majeurs du projet
féministe. Seule l’instruction publique permettrait aux filles de prendre la mesure de leur potentiel et les aiderait à s’affranchir. À la fin
du XIXe siècle, le processus est engagé : les filles sont de plus en plus nombreuses à recevoir une instruction secondaire laïque et ne
veulent vite plus en rester là. Les exemples de Louise Michel ou encore d’Hubertine Auclert en témoignent (doc. 3 et 4). Elles forcent
les portes des universités, soutenues par les groupes et journaux féministes qui font campagne pour leur droit à étudier puis à
pratiquer leur profession (1897, la fondation de la Fronde). Les institutrices et les professeures sont de plus en plus nombreuses
(doc. 3).
2. Conférences, journaux, manifestations, autodafés du Code civil… En France, les revendications féministes resurgissent avec les
Trois Glorieuses. Sous la monarchie de Juillet, sous la Deuxième République ou le Second Empire, aucun droit n’est accordé aux
femmes. Certains auteurs leur refusent même le droit à la moindre éducation. La IIIe République, issue de la chute de Napoléon III en
septembre 1870, rétablit le suffrage « universel », mais sans y inclure les femmes. Victor Hugo, qui est un temps président d’honneur
de la Ligue française pour le droit des femmes, le déplore : « Il y a des citoyens, il n’y a pas de citoyennes. C’est là un état violent, il
faut qu’il cesse ». Un mouvement suffragiste fait alors son apparition. Des militantes radicales, comme la socialiste Hubertine Auclert
(doc. 2), multiplient les épreuves de force : refus de payer l’impôt (« Je ne vote pas, je ne paie pas », doc. 4), manifestation contre le
14 juillet, attaques d’urnes (doc. 5), candidature électorale. La presse parle alors de « suffragette », comme en Angleterre.
3. Hubertine Auclert dénonce la base juridique de l’oppression des femmes. Elle établit un lien entre le refus des hommes de partager
le pouvoir politique et leur volonté de limiter l’autonomie économique des femmes. Elle fait une sorte de « parité politique » et « parité
domestique » pour réunir les conditions d’une société réellement démocratique.

3
4. Hubertine Auclert (doc. 4 et 5) souhaite que les femmes investissent en force les structures du pouvoir pour être à même d’y faire
prévaloir une autre manière de gouverner et envisager de nouveaux programmes d’action. Les richesses ne doivent plus être
concentrées entre les mains d’une minorité masculine. Dans cet esprit, elle demande que les hommes et les femmes aient les mêmes
devoirs, les mêmes droits. Louise Michel (doc. 3) conduit des actions plus violentes encore. Son surnom de « vierge rouge » souligne
son caractère révolutionnaire. Elle rejoint les mouvements anarchistes qui prennent la destruction du système et non sa réforme
comme Hubertine Auclert.
5. Les avancées pour les droits des femmes restent modestes tout au long du XIXe siècle. Elles n’obtiennent pas le droit de vote et
demeurent limitées dans leurs droits civiques. Malgré quelques modifications sous la IIIe République, les femmes demeurent soumises
aux hommes.
6. Revendications : sociales, politiques. Avancées : éducation, liberté d’expression. Moyens d’action : actions violentes ou
spectaculaires, journalisme. Arguments féministes : égalité hommes/femmes en rapport avec la Déclaration des droits del’homme et
du citoyen, compétences égales aux hommes.

P . 1 8 0 -1 8 1 L’ H I S T O I R E A U T R E M E N T M A R I E C U R I E , U N E F E M M E D E S C I E N C E S
Cette double page permet à l’élève de s’exercer à la réalisation d’une tâche complexe avec le dernier chapitre d’histoire de l’année de
4e. Chaque élève peut travailler la compétence « Raisonner » en choisissant une démarche lui permettant de réaliser son projet. Le
scénario se veut concret. Il s’agit de mettre en perspective les connaissances scientifiques acquises grâce aux pages précédentes
dans une démarche synthétique. Les enseignants pourront donc constituer des groupes de travail de 3 à 4 élèves en prenant bien
soin de placer des élèves de niveau variable dans chaque groupe. Ces groupes auront comme objectif de construire leur savoir en
autonomie. Les documents proposés dans cette double page sont un point de départ pour réaliser une courte biographie. Les élèves
devront chercher par eux-mêmes des ressources externes sur Internet en particulier. La forme prise par la production finale est un
texte synthétique et structuré. L’objectif est leur réussite par l’autonomie. Toutefois, les rubriques « Coup de pouce » et « Boîte à
outils », disponibles dans cette page, permettent de placer l’élève initialement en difficulté sur de bons rails tout en lui laissant une
part importante d’autonomie. Grâce aux documents proposés (doc. 1 : Marie Curie dans son laboratoire, doc. 2 : une description du
laboratoire, doc. 3 : photographie des scientifiques au congrès de Solvay en 1911, doc. 4 : discours de François Mitterrand lors de la
panthéonisation des cendres de Pierre et Marie Curie, courte fiche biographique de Marie Curie, les élèves pourront construire un
texte argumenté sur la place particulière de Marie Curie dans l’histoire des conditions féminines.

Proposition de texte argumenté


Marie Curie est la première grande femme de sciences en France. Maria Sklodowska, de son nom polonais, est née le 7 novembre
1867 à Varsovie. Très bonne élève, elle est fascinée par la physique et les sciences. Elle termine brillamment ses études secondaires
en 1883. À une époque où les femmes n’ont pas le droit d’aller à l’Université, elle rejoint un mouvement étudiant clandestin polonais
où elle assiste en secret à des cours d’anatomie, de sociologie, d’histoire naturelle. Elle devient institutrice pour gagner de l’argent, et
pour pouvoir aider ma sœur Bronia qui s’installe à Paris pour suivre des études de médecine. En 1891, elle quitte son travail et part à
Paris pour rejoindre sa sœur. Elle s’inscrit en licence de physique et de mathématiques à la faculté de la Sorbonne. Elle en sort
diplômée en 1893. Elle devient alors chercheuse et professeure. Elle va alors consacrer toute sa vie à la recherche scientifique. Son
mari, Pierre Curie, est aussi un grand chercheur. Ils travaillent ensemble. Elle achève une thèse de doctorat en 1903. Au cours de ses
recherches, elle découvre un élément, le polonium, qui émet des rayons. Elle invente alors le mot « radioactivité ». En 1903, son mari
Pierre et elle reçoivent le prix Nobel de physique pour leurs recherches sur la radioactivité. Leurs recherches permettent de mettre en
place des traitements du cancer, qui sont encore utilisés aujourd’hui. Première femme à enseigner à l’université de la Sorbonne, elle
reçoit en 1911 un deuxième prix Nobel, celui de chimie. Elle meurt en 1934. À la fin du septennat de François Mitterrand, ses cendres
sont transférées, avec celles de son mari, au Panthéon. Ce transfert arrive 89 ans et 61 ans après les décès respectifs de ces deux
prix Nobel de physique et de chimie. Marie Curie s’est ainsi imposée au monde scientifique comme dans l’imagerie populaire.
François Mitterrand lui a ouvert les portes du Panthéon pour « respecter enfin [...] l’égalité des femmes et des hommes dans le droit
comme dans les faits ». Marie Curie est ainsi la première femme à entrer dans le monument qui honore les grands personnages de la
République pour ses mérites propres.

P . 1 8 4 -1 8 5 JE M’ E XE RC E P A R C OMP É TE NCE

P. 184  1) Comprendre le sens général d’un document


1. George Sand, née Amantine Aurore Lucile Dupin, est romancière, auteure dramatique, critique littéraire française, journaliste…
George Sand prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d’une société
conservatrice.
2. La femme n’a pas les mêmes capacités physiques et intellectuelles que l’homme. Elle est placée en position d’infériorité par rapport
à lui.
3. La femme ne possède rien et reste sous la domination sociale de son mari.
4. La femme n’a pas de droits civiques et à l’éducation au même titre que les hommes. George Sand en déduit que la femme est
comme le pauvre, elle ne possède rien et ne peut sortir de son statut inférieur.

4
P. 184  2) Approfondir ses connaissances sur George Sand
1. Le site a été crée pour le bicentenaire de la naissance de George Sand.
2. George Sand mène des combats pour les libertés des femmes et leurs droits politiques. Elle cherche à conquérir son indépendance
et refuse l’infériorité civique de la femme. À la fin des années 1830, George Sand s’intéresse aux pensées socialistes et
démocratiques. Elle se réjouit des événements de février 1848. Elle soutient le régime républicain à la fin du XIXe siècle même si elle
s’en méfie, car ce dernier n’a toujours pas donné aux femmes des droits.
3. Sur le plan personnel, elle refuse la tutelle de son mari. Sans liberté de la femme au sein du couple, la femme ne peut s’émanciper.
Cette « condition de mineures civiles » des femmes mariées doit disparaître et elle est un préalable à l’exercice de tout droit politique :
« La femme étant sous la tutelle et dans la dépendance de l’homme par le mariage, il est absolument impossible qu’elle présente des
garanties d’indépendance politique, à moins de briser individuellement et au mépris des lois et des mœurs, cette tutelle que les
mœurs et les lois consacrent. […] ».
4. Pour George Sand, le statut de la femme mariée est inacceptable, car elle n’a aucun droit de regard sur ses biens propres.
5. Mariée à Casimir Dudevant, un républicain avec qui les points communs sont nombreux, son mariage est un échec. Malgré une
première séparation amiable, George Sand « souffrait de n’avoir aucun droit sur sa maison et l’éducation de ses enfants ». Elle
cherche alors à obtenir une séparation légale, la garde de ses enfants. Son mari demande une séparation judiciaire devant le tribunal
de La Châtre. Son mari refuse les décisions du tribunal favorables à George Sand. Plusieurs années de combats judiciaires s’en
suivent. Se disputant par la suite un héritage, les deux anciens époux en obtiendront chacun une part.

P. 185  3) Un texte engagé


1. La Voix des femmes est un journal féministe édité à Paris. C’est aussi une organisation dédiée à l’éducation et à l’émancipation de
la femme. Il est créé le 20 mars 1848 par Eugénie Niboyet.
2. La révolution de 1848 suscite un nouvel espoir pour les femmes. Elles attendent en effet la fin de la restriction des droits de réunion
des groupes qui militent pour les droits des femmes.
3. Eugénie Niboyet défend des réformes favorables aux femmes, tant dans le domaine domestique que celui de la politique. Elle
demande en particulier l’extension du droit de vote aux femmes. Elle propose même la candidature de George Sand à l’Assemblée
constituante.
e
4. Il y a eu bien d’autres femmes qui ont des revendications du même type au XIX siècle (doc. 1 p. 182) : Floran Tristan, Maria
Deraismes, Louise Michel, Hubertine Auclert…

P. 185  4) Expliquer les influences d’une affiche


1. Cette affiche est réalisée au moment de la Journée des droits des femmes. Cette journée trouve son origine dans les luttes des
ouvrières et suffragettes du début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. C’est une journée de
manifestations à travers le monde et l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes.
2. Hubertine Auclert a été choisie, car c’est une républicaine qui a milité pour la conquête de la liberté pour les femmes par la révision
des lois du Code civil.
3. L’affiche est composée de deux parties qui permettent de faire un lien entre le passé (arrière-plan) et le présent (premier plan et
illustré par un chiffre sur la place des femmes en politique). L’égalité entre les hommes et les femmes, la parité en politique ne sont
toujours pas atteintes : 14 % des femmes sont maires en France. Hubertine Auclert est représentée au travers d’une photographie
militante où elle affiche un slogan pour le droit de vote des femmes (non visible sur l’affiche). Elle est considérée comme une pionnière
des droits politiques des femmes. Surnommée aussi « la suffragette française », Hubertine Auclert poursuit son militantisme féministe
jusqu’à sa mort en 1914.
4. Les luttes d’Hubertine Auclert sont toujours d’actualité. Les écarts sont toujours importants en ce qui concerne les salaires entre
hommes et femmes, les fermetures de centres IVG…

P . 1 8 4 -1 8 5 JE P RÉ P A RE L E B R EV E T
Le nouveau brevet des collèges, à partir de 2017, sur les programmes d’histoire-géographie-enseignement moral et civique. Une
première partie est consacrée aux compétences d’analyse et de compréhension de documents et de maîtrise de différents langages.
Une seconde partie est dédiée à la capacité de rédiger. Des questions identifiées pour chaque discipline font l’objet d’un travail de
rédaction en mode narratif ou argumentatif.

Exercice 1 Analyser un document


1. Maria Deraismes (1828-1894) est une femme cultivée qui entre dans le combat féministe à la fin du Second Empire. En 1881, elle
refuse de participer aux élections législatives d’octobre, car les femmes n’ont pas encore obtenu suffisamment de droits. Un
groupement politique important veut alors couronner la brillante carrière de cette femme qui s’était révélée tout à la fois philosophe,
politicienne et moraliste. Maria Deraismes explique dans une lettre au journal « Le Rappel » ce qui motive son refus.

5
2. La révolution de 1848, qui met en place une République, donne aux femmes, pour la première fois, la possibilité d’intervenir sur la
scène publique : au travers de journaux, pétitions, associations… Mais cette libération est de courte durée pour les femmes : les
hommes leur confisquent la parole révolutionnaire, le suffrage est certes universel, mais masculin.
3. Maria Deraismes entend d’abord mener un combat pour l’égalité juridique des hommes et des femmes. Elle vise leur égalité
politique en changeant la loi. Elle se bat pour l’obtention du droit de vote en le reliant à l’acquisition d’une éducation politique.
4. Maria Deraismes explique que la loi est faite au masculin, pour les hommes. Les femmes sont ignorées par la loi. Elle fait ainsi
référence au statut de citoyenne qui doit avoir les mêmes droits politiques que les hommes.
5. Les femmes n’ayant pas de droits civiques, elles ne peuvent être éligibles. Maria Deraismes montre que sa candidature ne pourrait
donc être validée, car non prévue par la loi. Avec la IIIe République, elle croit que le temps de la libération de la femme est arrivé.
Cependant, ses amis républicains, parvenus au pouvoir en 1870, sont aussi peu enclins à faire progresser la cause de
l’affranchissement des femmes.

Exercice 1 Maîtriser différents langages pour raisonner


Exemple de rédaction possible (les titres des parties sont donnés à titre indicatif).
Introduction
Au XIXe siècle, les femmes ont des vies très différentes selon le milieu social auquel elles appartiennent. Elles ont cependant en
commun de ne pas avoir les mêmes droits ni la même place que les hommes dans la société.
Quelles sont les conditions féminines et comment évolue la place de la femme dans la société ?
Partie I : Les femmes ont moins de droits que les hommes
Sous le consulat et l’Empire, il existe une hiérarchie des sexes. La femme est naturellement inférieure à l’homme. Le Code civil (1804)
inscrit l’infériorité féminine dans la loi. Les femmes sont exclues de la vie politique. Malgré les espoirs de liberté de la Révolution de
1848, les femmes ont toujours peu de droits et sont exclues du suffrage universel. Sous le Second Empire et la IIIe République, les
femmes ont toujours un statut inférieur aux hommes. L’instruction des femmes n’est pas non plus une priorité au XIXe siècle. C’est à
l’Église, aux familles et surtout aux mères qu’est confiée l’éducation des filles qui doivent apprendre à être de bonnes ménagères,
épouses et mères. À partir des lois de Jules Ferry (1881), l’enseignement des filles est obligatoire jusque 13 ans. Malgré cela,
l’éducation des femmes reste discutée.
Partie II : La condition des femmes est très variée
L’industrialisation amène les employeurs à proposer, pour de très faibles salaires, des emplois qui comptent sur les qualités
« naturelles » des femmes (adresse, endurance), qui sont de fait des qualifications acquises. Il y a place pour elles dans presque tous
les domaines, jusque dans les mines. Le cumul du travail avec les tâches domestiques n’est pas simple. La ménagère représente un
idéal de respectabilité plutôt que la femme qui travaille. Les usines textiles emploient de nombreuses femmes : elles sont composées
de filles très jeunes, d’une minorité de femmes plus âgées, d’adolescents et d’hommes (techniciens et contremaîtres). C’est un lieu
clos, quadrillé par les machines que servent les ouvrières, les règles sont strictes et les conditions de travail difficiles.
Partie III : À partir de 1848, des féministes luttent pour l’égalité des droits avec les hommes
Avec la Révolution de 1830, des femmes investissent la sphère politique aux côtés des hommes en participant aux combats pour les
libertés. Elles ont alors l’espoir d’améliorer leur condition. La question du droit de vote des femmes devient le centre des combats des
femmes. Avec la IIIe République, des femmes comme Hubertine Auclert (1848-1914) réclament l’égalité entre les sexes et le droit de
vote des femmes. Leurs voix sont peu entendues. L’action du mouvement féministe de la Ligue française pour le droit des femmes
(fondée en 1882), plus modérée, permet des évolutions très progressives : droit des femmes mariées de disposer de leurs biens
propres, le droit de vote dans certaines élections mineures, le droit de faire partie du conseil d’administration d’une école.
Conclusion
La situation des femmes évolue, mais leur situation reste encore très inférieure à celle des hommes en 1914.

P . 1 8 7 J E CONS TR U I S MON B I L A N

1 Je connais les grandes dates


Julie-Victoire Daubié, première bachelière française  1861
Code civil napoléonien  1804
Accès des femmes aux universités  1911
Les femmes sont exclues du suffrage universel  1848
Droit au divorce  1884
L’enseignement primaire est désormais obligatoire, public et laïc pour tous les enfants : filles et garçons (lois Jules Ferry)  1881

2 Je comprends et j’apprends à partir d’une carte mentale

6
La carte mentale est un schéma arborescent qui offre une représentation visuelle personnelle et donne une vue synthétique d’un
sujet complexe. Les élèves peuvent tout à fait construire la leur en s’inspirant de celle du livre.

3 Je connais les mots importants


A : Féminisme
B : Code civil
C : Suffragettes
D : Militantisme

P . 1 8 8 -1 8 9 E P I U N E E X P O S I T I O N S U R L E S F E M M E S D U X I X E S I È C L E
Cet EPI s’adresse aux élèves de 4e. Mobilisant ici au moins trois disciplines, il permet de construire et d’approfondir des
connaissances et des compétences inscrites dans le programme sur les conditions féminines. Ils s’appuient ici sur une démarche de
projet : la réalisation de l’affiche. La réalisation est concrète, individuelle ou collective. L’exemple d’affiche donnée par le livre peut
aider les élèves plus en difficulté à prendre appui sur celle-ci pour créer leur propre affiche.

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