De La Revolution Francaise A Lempire
De La Revolution Francaise A Lempire
De La Revolution Francaise A Lempire
I
La Révolution française de 1789 à 1791 : une nouvelle
conception de la nation
A L'année 1789
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COURS
De la Révolution française à l'Empire
Le 20 juin 1789, les députés de l'Assemblée nationale, rejoints par quelques députés progressistes de la
noblesse et du clergé, transgressent de nouveau l'autorité royale en se réunissant dans la salle du Jeu de
paume. C'est un symbole fort : la nation existe partout où ses représentants sont réunis, indépendamment de la
volonté du roi. C'est dans cette salle que les députés prêtent le « serment du Jeu de paume » par lequel ils se
promettent de rester unis pour rédiger une constitution définissant les nouvelles règles du royaume.
Léopold Morice, Le Serment du Jeu de paume, haut-relief en bronze du monument de la République, 1883
© Wikimedia Commons
Devant la détermination des députés du tiers état et le nombre croissant de députés de la noblesse et du clergé
qui rejoignent l'Assemblée nationale, Louis XVI cède. Le 9 juillet 1789, il accepte l'Assemblée nationale. Les
députés la rebaptisent « Assemblée nationale constituante ». La monarchie absolue n'existe plus et la transition
vers une autre forme de monarchie, la monarchie constitutionnelle, commence.
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COURS
De la Révolution française à l'Empire
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De la Révolution française à l'Empire
Le 3 septembre 1791, la première Constitution française donne naissance à une monarchie constitutionnelle.
Dans ce régime politique, la souveraineté nationale est permise par l'existence d'une Assemblée législative élue
qui a le pouvoir de voter les lois, le budget et la guerre. Rebaptisé « roi des Français », Louis XVI voit ses
pouvoirs considérablement limités.
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De la Révolution française à l'Empire
La Constitution de 1791 a des limites. Le droit de vote dépend du niveau de richesse de chaque
citoyen. Seuls les Français qui payent une certaine somme d'impôt, le cens, peuvent voter.
REMARQUE
II
La Ire République de 1792 à 1799
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COURS
De la Révolution française à l'Empire
A La proclamation de la république
1. La patrie en danger
Une question divise l'Assemblée : « Faut-il déclarer la guerre à l'Autriche ? » Le roi y est favorable : il espère la
défaite des armées révolutionnaires qui faciliterait le rétablissement de l'absolutisme. Les députés sont
divisés. Finalement, la France déclare la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792, mais elle est battue. Le 11 juillet
1792, l'Assemblée législative décide de réagir par un décret qui proclame « la patrie en danger » : tous les
citoyens sont encouragés à défendre la France.
Si le roi veut la guerre, les députés de l'Assemblée, eux, sont partagés :
À droite, les députés « modérés » pensent qu'une guerre victorieuse pourrait consolider les acquis de la
révolution et même assurer leur diffusion dans toute l'Europe.
À gauche, les députés « radicaux » craignent que la guerre fragilise la révolution par son coût financier et
humain.
La France déclare la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792. Peu nombreuse, mal équipée et désorganisée, l'armée
française est rapidement mise en échec. Les troupes étrangères envahissent le Nord-Est et la capitale
parisienne est menacée.
Le 11 juillet 1792, l'Assemblée législative décide de réagir par un décret qui proclame « la patrie en danger ».
Concrètement, il s'agit d'une sorte d'état d'urgence qui fait de la défense du territoire l'objectif prioritaire. Tous
les citoyens sont appelés à s'engager volontairement dans l'armée. Les Gardes nationaux et les troupes de
volontaires vont vers Paris.
Parmi les troupes volontaires, on trouve les volontaires marseillais qui popularisent « le chant de
guerre pour l'armée du Rhin », surnommé La Marseillaise. Ce chant a été composé à Strasbourg
REMARQUE par l'officier Rouget de Lisle le 26 avril 1792.
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De la Révolution française à l'Empire
Dans Paris, le climat tourne bientôt à l'insurrection. Le peuple se méfie de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Pour les révolutionnaires parisiens les plus radicaux, surnommés les « sans-culottes », le « roi des Français »
complote contre la nation et organise la contre-révolution depuis son palais des Tuileries. Ils décident alors
d'assiéger ce palais. Louis XVI est destitué : il n'est plus roi.
Le 1er août 1792, les Parisiens ont connaissance du « manifeste de Brunswick ». Dans ce texte, écrit par un
noble émigré à la demande de Marie-Antoinette le 25 juillet 1792, les monarques européens menacent de
détruire Paris si Louis XVI n'est pas rapidement rétabli dans ses fonctions de monarque absolu de droit divin. En
réaction, le peuple réalise un nouveau coup de force le 10 août 1792 avec la prise des Tuileries, où vit la famille
royale.
Le 10 août 1792, avec l'aide des Gardes nationaux dont fait partie le jeune officier Napoléon Bonaparte, les
sans-culottes assiègent les Tuileries défendues par les Gardes suisses qui sont massacrés. La famille royale se
réfugie dans l'Assemblée législative. Sous la pression des sans-culottes qui l'envahissent, les députés votent la
suspension du roi. Le 13 août, la famille royale est incarcérée à la prison du Temple où Louis XVI est rebaptisé «
Louis le dernier ». La nation se sépare du roi.
Sur les bancs de droite, les députés Girondins ont pour chef de file Brissot. Révolutionnaires modérés, ils
souhaitent conserver le suffrage censitaire car ils se méfient de la violence des sans-culottes. Soucieux de
maintenir l'ordre, ils veulent avant tout respecter les lois et protéger les libertés.
En haut des bancs de gauche, les députés Montagnards sont dirigés par Danton, Marat et Robespierre.
Révolutionnaires radicaux, ils souhaitent l'adoption du suffrage universel car ils sont soutenus par les sans-
culottes. Ils veulent avant tout établir l'égalité politique et sociale, quitte à limiter les libertés.
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De la Révolution française à l'Empire
Le 20 septembre 1792, la France remporte la victoire de Valmy. Stoppées à 200 kilomètres de Paris, les armées
étrangères et les nobles émigrés se replient. À Paris, cette victoire crée un climat d'euphorie qui débouche sur le
vote de deux décisions majeures par la Convention :
La république est sauvée : le territoire est entièrement libéré grâce à une nouvelle « levée en masse » qui
enrôle tous les hommes célibataires de 18 à 25 ans encadrés par de jeunes généraux patriotes et
charismatiques, dont le jeune Corse Napoléon Bonaparte. Les armées républicaines partent à la conquête de
l'Europe et remportent la bataille de Fleurus, en Belgique, en juin 1794. Les ennemis intérieurs sont écrasés
comme c'est le cas des contre-révolutionnaires en Vendée.
Cependant, la république s'est transformée en État « terroriste » : 500 000 suspects sont arrêtés dont 40 000
sont guillotinés, soit plus de 120 personnes par jour. La guerre de Vendée fait quant à elle 200 000 morts. De
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De la Révolution française à l'Empire
nombreux massacres entachent la première expérience républicaine. Des révolutionnaires renommés ont été
guillotinés.
Robespierre est condamné pour ses crimes : il est guillotiné.
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De la Révolution française à l'Empire
Le Directoire est contesté et fragilisé par la multiplication des tentatives de coup d'État. Le 9 novembre 1799,
Emmanuel-Joseph Sieyès, l'un des cinq directeurs, organise un coup d'État avec l'aide du général Napoléon
Bonaparte : c'est la fin du Directoire.
III
Le Consulat et l'Empire napoléonien de 1799 à 1815
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De la Révolution française à l'Empire
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De la Révolution française à l'Empire
En faisant le choix du suffrage universel masculin, la Constitution de 1799 applique le principe révolutionnaire
de la souveraineté nationale, c'est-à-dire qu'elle permet aux Français de rester des citoyens acteurs de la vie
politique grâce au vote. Toutefois, si tous les hommes peuvent voter quel que soit leur niveau de richesse, ils ne
peuvent élire que des « listes de notables », c'est-à-dire des riches propriétaires, industriels ou fonctionnaires.
C'est le Premier consul qui, dans ces listes de notables, désigne les membres des assemblées qui discutent et
votent les lois. Le Consulat instaure donc une illusion de république : c'est Napoléon Bonaparte qui décide de
tout.
Napoléon Bonaparte demande directement l'avis des citoyens français en organisant un plébiscite (vote où la
réponse est oui ou non) pour instaurer la nouvelle Constitution. L'organisation de ce scrutin ne permet pas aux
opposants de s'exprimer librement. En effet, voter non, c'est prendre le risque de subir les représailles du régime
puisque le vote est fait sans isoloir : on signe sur un registre devant tout le monde.
L'une d'elles consiste à recréer une élite de notables fidèles et obéissants chargés de prendre en main le
fonctionnement quotidien de l'État. Ainsi, sans rétablir officiellement les privilèges, le Consulat instaure une
société à deux vitesses où des notables avantagés et protégés par le régime détiennent les responsabilités et
les richesses alors que la majorité de la population n'a d'autre choix que de travailler et d'obéir.
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De la Révolution française à l'Empire
Pour accélérer la réconciliation nationale, Napoléon Bonaparte a une stratégie : donner à tous les ennemis du
régime impérial une bonne raison de l'apprécier. Il envoie un signal d'apaisement aux chrétiens français et
étrangers en signant le Concordat, synonyme de paix, avec le pape Pie VII en 1801. Ce texte met un terme à la
déchristianisation menée par la république depuis 1793 et redéfinit les relations entre l'État et l'Église. Les
chrétiens se voient accorder la liberté de culte mais les membres du clergé deviennent des fonctionnaires
payés par l'État et contraints de prêter serment de fidélité au Premier consul. Napoléon Bonaparte monnaye
aussi le retour des nobles royalistes et chrétiens qui avaient émigré en leur confiant des postes de
fonctionnaires.
La famille, cellule de base de la société, est placée sous l'autorité absolue du père.
Dans le monde du travail, les déplacements des ouvriers sont surveillés et les grèves sont interdites.
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De la Révolution française à l'Empire
Napoléon Ier contrôle la population française. Il peut compter sur les préfets et les maires qui surveillent la
population dans le but de prévenir toute forme de contestation. Dirigée par Joseph Fouché, la police est toute-
puissante. Elle est renseignée par des indicateurs qui rapportent les propos anti-napoléoniens tenus dans les
lieux publics, et arrête tous les opposants. Le courrier est contrôlé par un « cabinet noir » qui ouvre les lettres
des citoyens suspectés d'être royalistes ou républicains.
En 1802, Napoléon Ier resserre l'autorité de l'État dans les colonies où l'esclavage et la traite négrière, pourtant
abolis par la république en 1794, sont rétablis à la demande des colons.
En 1810, l'empereur rétablit même la censure contre la presse. Il n'hésite pas à interdire les journaux qui
publient des articles émettant des doutes ou des critiques à l'encontre de sa politique. Il limite la presse à un
journal par département et seulement quatre à Paris.
Napoléon Ier se protège aussi d'un réveil des idées révolutionnaires en permettant aux bourgeois de s'enrichir et
en contrôlant les ouvriers grâce au « livret ouvrier » sur lequel leurs déplacements doivent être consignés dans
le but d'éviter tout regroupement donc toute tentative d'insurrection.
Napoléon Ier s'appuie sur la propagande, l'Église et l'université :
La propagande impériale instaure un culte de la personnalité qui est véhiculé par les images, les pièces de
monnaies, les tableaux, les sculptures et les monuments qui glorifient Napoléon Ier. À partir de 1806, tous les
15 août, les Français fêtent un nouveau saint du calendrier : « saint Napoléon ».
L'empereur s'appuie sur l'Église dont les prêtres fonctionnaires sont tenus d'enseigner aux enfants et aux
croyants le « catéchisme impérial » qui proclame que « les chrétiens doivent à l'empereur amour, respect,
obéissance et fidélité car il a été fait souverain par Dieu ».
Instituées en 1808, les universités ont le monopole de l'enseignement et sont chargées de transmettre les
connaissances et les valeurs validées par l'empereur. Premier diplôme de l'université, le baccalauréat est
obtenu pour la première fois par 31 garçons en 1809 après un « grand oral » de 45 minutes en latin, grec,
français et philosophie.
Pour donner plus d'éclat au régime impérial, Napoléon Ier crée une cour qui reprend tous les codes de celle de
Versailles avant la révolution : soutien inconditionnel à l'empereur, concurrence pour obtenir ses faveurs et
organisation de fêtes grandioses aux châteaux des Tuileries, de Compiègne et de Fontainebleau. En 1808,
Napoléon Ier restaure une noblesse baptisée « la noblesse impériale » composée majoritairement de bourgeois
militaires ou fonctionnaires.
2. Un régime impéraliste
Une fois devenu empereur, Napoléon Ier se lance dans une politique impérialiste qui fait de l'Europe un champ
de batailles. Entre 1805 et 1813, Napoléon vole de victoire en victoire avec sa « Grande Armée ». Il jouit d'une
grande popularité en France grâce à ses victoires militaires. Napoléon Ier met en place un nouvel ordre
européen, il contrôle de plus en plus de territoires et redessine les frontières de l'Europe.
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De la Révolution française à l'Empire
Les victoires napoléoniennes sont remportées par l'armée impériale baptisée « la Grande Armée ». D'abord
armée nationale composée uniquement de conscrits (soldats français professionnels incorporés dans l'armée
après avoir effectué le service militaire obligatoire pour tous les hommes de 20 à 25 ans) l'armée
napoléonienne s'ouvre progressivement aux soldats étrangers. En 1812, avec 700 000 soldats dont moins de 50
% de Français, c'est la plus grande armée d'Europe.
Fort de sa supériorité militaire, Napoléon Ier va de victoire en victoire. Après chaque victoire, il fait signer au
perdant un « traité de paix » qui l'oblige à soutenir la France ou à rester neutre. Grâce à cette stratégie, la France
isole progressivement l'Angleterre en la privant d'alliés sur le continent européen. C'est aussi le but du « blocus
continental » que Napoléon Ier met en place à partir de 1806. En effet, depuis la bataille perdue par la France à
Trafalgar en 1805, l'empereur cherche à affaiblir l'Angleterre par tous les moyens. Avec le blocus, il veut ruiner
l'Angleterre en interdisant tous les États européens qui sont sous son influence de faire du commerce avec elle.
Entre 1804 et 1815, la politique impérialiste de Napoléon Ier fait reculer les frontières au nord-est et au sud-est :
la France s'agrandit. Après ses conquêtes, Napoléon met en place un nouvel ordre européen :
Les « États vassaux » comme les royaumes d'Espagne et de Naples sont contrôlés par la France : l'empereur y
impose des membres de sa famille. Ses frères Joseph et Jérôme Bonaparte deviennent respectivement rois
d'Espagne et de Westphalie.
Les « protectorats » sont des États soumis qui ont délégué à Napoléon la gestion de leur politique extérieure,
comme les États membres de la confédération du Rhin créée par l'empereur en 1806.
Les « États alliés » comme l'empire d'Autriche et l'empire de Russie conservent leur indépendance à la
condition de respecter le blocus continental, c'est-à-dire de ne pas faire de commerce avec l'ennemi de
l'Empire français : l'Angleterre.
Dans cette Europe napoléonienne, les valeurs et les principes du régime impérial se diffusent.
EXEMPLE
Napoléon impose les idéaux révolutionnaires comme la rédaction d'une constitution, l'abolition des
privilèges, le principe d'égalité devant la loi. Il exporte aussi son Code civil qui est traduit en italien, en
allemand et en polonais.
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C La chute de l'Empire
L'impérialisme napoléonien est très vite remis en cause par les régions conquises. Les peuples soumis paient
toujours plus d'impôts et donnent toujours plus de soldats pour gonfler les rangs la Grande Armée de
Napoléon. Ainsi, l'occupation française est de plus en plus mal perçue. Un sentiment anti-français se
développe en Europe. Napoléon se lance bientôt à la conquête de la Russie, mais cette campagne est une
véritable défaite. L'armée française subit une terrible défaite qui conduit à la capitulation de Napoléon et à la
chute de l'Empire.
Un sentiment national s'éveille dans les régions occupées :
Les Espagnols, à partir de 1808, prennent les armes et mènent une guerre de harcèlement contre les troupes
napoléoniennes : c'est la « guérilla » d'indépendance espagnole.
En Allemagne, pays alors divisé en une multitude d'États, les révoltes se multiplient.
La campagne de Russie est un échec pour l'armée française. Le contexte militaire, jusqu'ici très favorable à
Napoléon Ier, bascule en 1812 : l'armée napoléonienne fait demi-tour et commence sa retraite en novembre
1812. Cette retraite se fait dans des conditions catastrophiques. Les marches interminables, le froid glacial, le
manque de nourriture et les attaques incessantes des cavaliers russes déciment la Grande Armée : 450 000
hommes meurent en quelques semaines. L'épisode de la traversée du fleuve glacé « Bérézina », le 26 novembre
1812, entame le moral des 75 000 survivants.
Profitant de la débâcle de la Grande Armée, l'Angleterre organise une nouvelle coalition contre la France. Pour la
première fois, toutes les grandes puissances européennes se liguent contre la France. La défaite de Napoléon à
la bataille de Leipzig en octobre 1813 s'accompagne de la chute de l'Empire.
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De la Révolution française à l'Empire
Chassés de Prusse, d'Autriche et d'Espagne, les Français se replient et les États occupés se libèrent les uns
après les autres de l'impérialisme français. Pour vaincre Napoléon, les armées coalisées passent à l'offensive
en janvier 1814. Après avoir franchi le Rhin, les Russes, les Prussiens et les Autrichiens envahissent la France et
prennent Paris.
Napoléon abdique à Fontainebleau le 6 avril 1814 : c'est la fin du Premier Empire. Napoléon est condamné à
l'exil sur l'île d'Elbe en Méditerranée.
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