Séquence 1 Droit Civil
Séquence 1 Droit Civil
Séquence 1 Droit Civil
Section 1 : le contrat
Le droit des contrats fait partie du droit des obligations tout comme le droit de la responsabilité.
Il est défini à l’article 1101 du Code civil : « le contrat est un accord de volonté entre deux ou plusieurs
personnes, destiné à créer, modifier, transmettre ou éteindre des obligations ».
En résumé, le droit des contrats c’est un accord de volonté entre deux ou plusieurs personnes s’engageant à
exécuter des obligations : obligation de faire, de ne pas faire, de donner quelque chose.
Ce n’est rien d’autre que la mise en forme juridique des rapports entre les hommes.
Exemple : vous vous rendez dans un magasin pour acheter un vêtement. Au moment de payer cet achat, vous
passez un contrat avec votre vendeur dont l’obligation est de vous remettre un article conforme à ce que vous lui
avez demandé, et vous d’en payer le prix.
Le droit des contrats est donc la base sur laquelle repose la vie économique et sociale d’un pays.
Ainsi, la seule rencontre des volontés, sans écrit, suffit, si telle est la volonté des parties, même si cela est peu
recommandé, pour des raisons de preuve.
Les tiers, l’Etat et les juges ne peuvent intervenir dans les contrats : seules les parties peuvent défaire ce qu’elles
ont voulu.
Le juge n’intervient que pour corriger les déséquilibres dû au poids économique, au poids des connaissances de
l’une des parties.
Article 1103 : « les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faits ».
C’est précisément parce qu’il a force obligatoire, qu’en cas de manquement il peut être sanctionné.
Elle est exigée lors de la formation mais aussi lors de l’exécution du contrat. Ainsi « les contrats doivent être
négociés, formés et exécutés de bonne foi » article 1104.
C’est précisément parce qu’il y a cette exigence de bonne foi que les vices du consentement sont sanctionnés.
Ceux qui sont librement négociés ou ceux qui imposent des clauses :
- Contrat de gré à gré : toutes les clauses du contrat sont librement négociées
EX-contrat de travail
- Contrat d’adhésion : dans ce cas, les clauses essentielles du contrat sont déterminées par une seule
partie.
Ex : billet de transport, contrat d’assurance.
Ceux qui s’exécutent en une seule fois ou qui s’étalent dans le temps :
- Contrat à exécution instantanée : il donne naissance à des obligations qui s’exécutent en une seule fois.
Ex : achat dans un commerce.
- Contrat à exécution successive : les obligations s’étalent dans le temps
Ex : le bail qu’il soit professionnel, d’habitation, ou commercial ; le prêt d’argent.
La caducité d’un contrat, d’une offre : l’acte (contrat ou offre) est valable mais il ne produit pas d’effet en raison
de la survenance d’un fait qui est souvent indépendant de la volonté des parties, exemple : le décès d’une partie
au contrat.
L’annulation du contrat : le contrat est entaché d’un vice (du consentement) dès son origine. L’acte est annulé
car il est censé n’avoir jamais existé. Exemple : la rupture conventionnelle d’un contrat de travail est nulle, dès
lors que le salarié démontre que son accord a été arraché par le biais de pressions de la part de son ex-employeur,
qui s’assimilent à des violences morales.
La résolution du contrat : le contrat est valable, mais sa résolution tient au fait de la survenance d’une
circonstance postérieure la formation de l’acte. Cette circonstance postérieure relève, soit de l’inexécution
fautive, soit de la mauvaise exécution de l’obligation. Ex : je demande la résolution de l’acte d’achat de ma
maison à la suite de la découverte d’un vice caché : une humidité excessive.
La résolution a un effet rétroactif en ce que le contrat est censé n’avoir jamais existé. C’est la raison pour
laquelle dans l’exemple donné l’acheteur, si sa procédure prospère, rendra la maison au vendeur, tandis que ce
dernier restituera les fonds l’acheteur.
Le principe est celui de la rencontre des consentements : c’est ce qu’on appelle le principe du consensualisme.
En pratique cette phase peut être soit quasi instantanée (j’achète une baguette de pain) soit précédée de
discussions en vue de la rédaction d’un contrat (ex : le contrat de travail).
L’article 1113 stipule que le contrat est formé par la rencontre d’une offre et d’une acceptation par lesquelles les
parties manifestent leur volonté de s’engager.
1. L’offre
a. La notion d’offre
L’offre est la manifestation de volonté par laquelle une personne propose à un tiers de conclure un contrat.
Cette offre doit présenter certains caractères : elle doit être ferme, précise et extériorisée.
Cela signifie qu’elle doit contenir les éléments essentiels du contrat envisagé.
« L’offre faite à une personne déterminée ou pas comprend les éléments essentiels du contrat envisagé et exprime
la volonté de son auteur d’être lié en cas d’acceptation ».
Exemple : dans une offre de vente vous devez indiquer les caractéristiques de la chose vendue et son prix.
Toutefois, certaines offres comportent des réserves : elles peuvent être objectives (ex : sous réserve des stocks
disponibles) ou subjectives (ex : offre sous réserve de confirmation).
La deuxième réserve, dite subjective, n’est pas une offre car elle ne contient aucun engagement ferme et définitif,
le vendeur se réservant le choix d’agréer ou pas le contractant.
Il faut bien distinguer offre et invitation à entrer en pourparlers : l’offre doit être précise et indiquer les
caractéristiques de la chose vendue, à l’inverse de l’invitation à entrer en pourparlers qui n’est qu’une
proposition assez vague.
L’offre ne peut être retractée avant l’expiration du délai fixé par l’offrant ou à l’issue d’un délai raisonnable.
L’article 1116 précise que la rétractation de l’offre en violation de cette interdiction empêche la conclusion du
contrat.
Cela signifie que si l’offrant retire son offre avant l’expiration du délai, le bénéficiaire ne pourra pas l’obliger à
conclure. Il ne pourra prétendre qu’à des dommages et intérêts.
Une fois le délai expiré, l’offre devient caduque : elle ne peut plus produire aucun effet.
L’offre peut également être librement rétractée, tant qu’elle n’est parvenue à son destinataire (art 1115).
2. L’acceptation : elle conduit à la formation du contrat
L’acceptation est l’acte unilatéral par lequel le destinataire manifeste sa volonté de conclure le contrat aux
conditions indiquées dans l’offre.
Elle peut prendre différentes formes : écrite, verbale ou encore résulter du comportement de son auteur.
Exceptions : dans certains usages ou relations d’affaires, il peut être d’usage que le silence soit synonyme
d’acceptation, ou lorsque l’offre est faite dans l’intérêt exclusif du destinataire, le silence peut là encore valoir
acceptation.
Exemple : dans cette dernière hypothèse : l’administration vous propose une remise de dette. Dans ce cas-là,
votre silence peut valoir acceptation.
Cette acceptation doit également être pure et simple. Le bénéficiaire de l’offre l’accepte, sans en modifier le
contenu, ce qui signifie qu’une contre-proposition ne peut être valablement considérée comme une acceptation.
L’acceptant peut librement retirer son acceptation tant qu’elle n’est pas parvenue à l’offrant.
De la même manière, le contrat n’est valablement formé qu’à partir du moment où l’offrant reçoit l’acceptation :
c’est la théorie de la réception.
Définition : ce sont des échanges écrits ou verbaux entre une ou plusieurs personnes, formulés au cours d’une
période pré contractuelle.
Ils doivent être libres et impérativement satisfaire aux exigences de la loyauté et de la bonne foi.
« Celle des parties qui connaît une information dont l’importance est déterminante pour le consentement de
l’autre, doit l’en informer dès lors que, légitimement, cette dernière ignore cette information ou fait confiance à
son contractant ».
Par suite, la rupture de pourparlers faite de mauvaise foi est considérée comme fautive.
Le fondement juridique destiné à faire constater la responsabilité de l’auteur de la rupture fautive est de nature
délictuelle et non contractuelle puisqu’on se situe dans la période pré contractuelle (voir section 2 la
responsabilité).
Les pourparlers peuvent aboutir directement à la conclusion du contrat définitif mais les parties peuvent aussi
décider d’établir des contrats qu’on peut qualifier de préparatoires aux contrats définitifs : ce sont les avants
contrats.
Il y en a deux principaux : le pacte de préférence (article 1123) et les promesses (article 1124)
a. Le pacte de préférence
Comme son nom l’indique, l’une des deux parties s’engagent à donner une priorité à son contractant, si le contrat
se forme.
Exemple : je suis propriétaire de ma maison et quelqu’une se propose de l’acheter. Je m’engage alors à lui
donner la priorité si je vends.
En cas de violation de ce pacte, le bénéficiaire peut demander réparation du préjudice subi ou l’annulation du
contrat conclu en violation du pacte de préférence et, la substitution du bénéficiaire du pacte dans les droits du
tiers acquéreur.
Exemple : les fondateurs d’une société s’engagent en cas de vente d’actions, à les proposer au préalable aux co-
associés.
b. Les promesses
La promesse unilatérale
C’est le contrat par lequel une partie (le promettant) accorde à l’autre (le bénéficiaire), le droit d’opter pour la
conclusion d’un contrat, dont les éléments essentiels sont déterminés et, pour la formation duquel ne manque que
le consentement du bénéficiaire.
C’est donc un contrat unilatéral puisqu’une seule personne, le promettant, s’engage et l’autre (le bénéficiaire)
dispose d’une option qu’il doit lever dans un délai pré déterminé.
Le contrat ne sera alors conclu qu’en cas de levée de l’option dont dispose le bénéficiaire.
Exemple : un propriétaire s’engage à vendre à son voisin moyennant la somme de 200 000 euros sa maison dans
un délai donné.
Le bénéficiaire, soit le voisin, est libre d’acheter ou pas dans les délais pré déterminés.
La promesse synallagmatique
L’article 1589 du Code civil stipule que la promesse de vente vaut vente.
Ces promesses sont prévues dans les contrats nécessitant la réalisation de formalités ou la prise de
renseignement.
On les trouve, par exemple, en matière de vente immobilière (attente du permis de construire). Dans ce cas, le
propriétaire d’une maison (le promettant), qui lui promet de la lui acheter, promet de la vendre à un prix
déterminé à une personne (le bénéficiaire), mais sous réserve de la réalisation de conditions suspensives :
obtention du permis de construire ou d’un prêt.
L’article 1128, énumère deux conditions pour que le contrat soit valide.
Toute personne physique peut contracter, sauf en cas d’incapacité prévue par la loi. Ces incapacités concernent :
Les personnes morales peuvent également contracter, mais leur capacité est limitée aux actes utiles à la
réalisation de leur objet statutaire et aux actes qui leur sont accessoires.
II. Le consentement doit être libre et éclairé (art 1130)
Le consentement doit être libre et donc exempt de vice, mais également éclairé.
C’est une notion relativement complexe ayant donné lieu à beaucoup de JP.
Elle doit porter sur les qualités essentielles de la prestation expressément ou tacitement prévu entre les parties.
Elle doit, par ailleurs être déterminante : sans l’erreur le contrat n’aurait pas été conclu.
Pour reprendre l’exemple de l’œuvre d’art : si l’acheteur avait su que celle-ci n’était pas authentique, il ne
l’aurait pas achetée.
Ce caractère excusable est apprécié in concreto par les juges, cad en fonction des circonstances, de l’âge, de
l’expérience professionnelle du demandeur en nullité.
Un élément matériel
Il s’agit de manœuvres, voire de mise en scène tel que, produire de faux documents.
Le dol peut également résulter du silence gardé sur une information déterminante.
Un élément intentionnel
Les manœuvres doivent être faites volontairement dans le seul but d’amener l’autre à contracter.
Le dol impliquant toujours une faute (art 1240), de celui qui l’a commis, la victime peut en plus demander des
dommages et intérêts.
Il y a violence lorsqu’une personne s’engage sous la pression d’une contrainte qui lui inspire la crainte d’exposer
sa personne, sa fortune ou celle de ses proches, à un mal considérable.
Cette violence peut être physique ou bien morale, elle doit être déterminante et illégitime et injuste et exposer sa
personne « à un mal considérable » (art 1140).
Exemple : harcèlement moral pour contraindre son salarié à accepter une rupture conventionnelle.
Le harcèlement moral est bien constitutif de la violence car dans ce cas-là, une partie abuse de l’état de
dépendance dans lequel se trouve son cocontractant à son égard pour obtenir de lui un engagement qu’il n’aurait
pas souscrit en l’absence d’une telle contrainte et en tire avantage.
L’évolution de la JP a amené la Cour de cassation a considéré que la contrainte économique pouvait être
rattachée à la violence.
Enfin la violence est une cause de nullité de contrat même lorsqu’elle émane d’un tiers.
La réforme de 2016 a introduit dans le Code civil, une notion qui avait été largement initiée jusque-là par la JP :
l’obligation générale d’information qui pèse essentiellement sur les professionnels et sur les professions
libérales.
Le contenu du contrat doit être licite, cad conforme à l’OP et aux bonnes mœurs.
Il est par nature équilibré, puisqu’il a été librement négocié par les parties.
Cependant cette liberté a été mise à mal par le législateur qui a considéré que, dans bien des cas, l’équilibre était
souvent battu en brèche, certaines parties disposant de pouvoir économique notamment, leur permettant
d’imposer leur vision des choses.
C’est donc ainsi que certaines clauses ont été qualifiées d’abusives.
Une clause est abusive quand elle a pour effet de créer un déséquilibre significatif au détriment par exemple, du
non professionnel.
Exemple : le professionnel se réserve seul le droit modifier les clauses du contrat relatives à sa durée, aux
caractéristiques ou au prix du bien à livrer ou de la prestation à effectuer.
C’est l’article L.212-1 du Code de la consommation qui régit cela, en droit de la consommation.
Les parties peuvent, si elles sont d’accord, modifier leur contrat, soit y mettre fin.
Exemple : un boulanger a un contrat de livraison de viennoiserie avec une école. Les prix sont déterminés. Une
hausse brutale du prix de la farine intervient en cours d’exécution du contrat. Le boulanger subit une perte de
chiffre d’affaires important. Il essaie de renégocier le contrat avec l’école qui peut accepter ou refuser. Si elle
refuse le boulanger peut demander au juge de réviser le contrat.
En règle générale, il est préférable de favoriser la négociation pouvant donner lieu à un avenant ou, à la
résolution du contrat, le juge n’intervenant pour réviser le contrat, qu’en cas d’échec des négociations.
Elle est prévue notamment dans les contrats qui peuvent être de longue durée.
Exemple : dans les baux commerciaux, il existe des dispositifs de renégociation des loyers en fonction de
certains éléments comme l’environnement commercial qui a changé et qui peut entrainer une hausse des loyers.
L’exception d’inexécution, c’est le droit pour chacune des parties de ne pas exécuter son obligation tant que
l’autre n’a pas exécuté la sienne.
Il faut donc être en présence d’un contrat qui implique des obligations réciproques : un contrat synallagmatique.
Elle ne peut être mise en œuvre que si la défaillance du débiteur est suffisamment grave.
Exemple : dans le contrat de bail il y a deux obligations principales, le locataire doit payer le loyer et le
propriétaire doit fournir et entretenir le logement.
Le locataire peut refuser de payer le loyer si le local est inhabitable. Mais le locataire ne peut pas suspendre le
paiement des loyers tant que le bailleur n’a pas réparé une fuite d’eau.
Ses effets : l’exception d’inexécution suspend temporairement l’exécution de celui qui la met en œuvre. Cette
sanction n’a pas d’effet sur la validité du contrat qui doit retrouver ses effets, une fois que le débiteur aura
exécuté sa prestation.
Si le contractant estime l’inexécution injustifiée, il peut alors engager la responsabilité de l’autre partie et
demander la résolution du contrat au tort de l’autre, ainsi que des dommages et intérêts.
Pour pouvoir prétendre à une exécution forcée, le créancier doit avoir au préalable mis en demeure son débiteur.
Pour des raisons de preuve, il est préférable de l’adresser en recommandé avec accusé de réception.
Si cette mise en demeure reste infructueuse, alors le créancier pourra saisir les tribunaux pour demander la
condamnation du débiteur à exécuter sa prestation.
Le créancier peut, après mise en demeure, accepter une exécution imparfaite du contrat et, solliciter une
diminution proportionnelle du prix.
Exemple : j’ai commandé une piscine auprès d’un professionnel et ce dernier m’a livré un modèle qui ne
correspond pas à celui que j’avais commandé et qui est moins qualitatif. Le professionnel m’explique alors que
le modèle que j’ai choisi est en rupture de stock. Je peux solliciter en dédommagement, une réduction du prix.
4. La résolution du contrat
La résolution d’un contrat relève soit de l’inexécution fautive, soit de la mauvaise exécution de l’obligation mise
à la charge des parties.
La résolution du contrat a un effet rétroactif cad qu’il est censé n’avoir jamais ce qui a pour conséquence de
remettre les parties dans l’état où elles se trouvaient au moment de la conclusion de celui-ci.
Exemple : en cas de licenciement, le contrat de travail est rompu mais les clauses de confidentialité et de non-
concurrence survivent et demeurent actives.
La loi octroie une alternative au créancier en lui permettant, au lieu de poursuivre l’exécution forcée de
l’obligation concernée, de faire exécuter lui-même l’obligation ou détruire ce qui a été mal exécuté, après mise
en demeure du débiteur, et de solliciter ensuite du débiteur le remboursement des sommes exposées pour ce
faire.
Cette faculté de remplacement conférée au créancier de l’obligation (en règle générale le client) lui permet de
solliciter les services d’un tiers aux fins qu’il exécute lui-même l’obligation de faire qui incombait au débiteur
défaillant.
Exemple : l’entreprise de peinture avec qui j’ai contractée a fait la moitié du chantier prévu, alors que je lui ai
payé 50% des travaux.
Informée, celle-ci ne répond plus à mes relances. Dans ces conditions et après mise en demeure préalable
adressée à l’entreprise défaillante, j’ai la possibilité de m’adresser à une autre entreprise de peinture qui finira le
chantier.
Si j’avais payé la totalité des travaux à l’entreprise défaillante, je serais en droit après mise en demeure à cette
dernière, de me faire rembourser les frais supplémentaires exposés.
Si elle ne paie pas, il faudra l’assigner en paiement sur le fondement de la responsabilité contractuelle.
Normalement le contrat n’a d’effet qu’entre les parties qui l’ont librement conclu.
Toutefois, le contrat peut parfois produire effet vis-à-vis de tiers, lorsque l’un des contractant décède, par
exemple.
Dans cette hypothèse, tous les contrats passés par le défunt continueront de produire effet, en la personne de ses
héritiers.
Les héritiers deviennent donc créanciers ou débiteurs, là où le défunt était lui-même créancier ou débiteur.
Toutefois, tous les contrats n’engagent pas forcément les héritiers : ceux qui sont conclus intuitu personae cad en
fonction de la considération de la personne, n’engagent pas forcément l’héritier.
Exemple : j’ai conclu avec tel architecte en considération de sa renommée et il est décédé.
Les tiers étrangers à un contrat ne peuvent en principe pas subir les effets.
Le tiers étranger ne peut devenir créancier ou débiteur en vertu d’un contrat dans lequel il n’était pas partie.
Toutefois, certains contrats très courants peuvent avoir un impact sur les tiers : c’est le cas du contrat de mariage
et notamment, celui de la séparation des biens, dont l’effet est de créer entre les époux une situation juridique
qu’ils pourront opposer à tout le monde et, notamment à leurs créanciers.
Exemple : l’artisan dont les créanciers ne pourront saisir la maison familiale mise au nom de Madame, son
épouse, après adoption d’un contrat de séparation des biens.
Ces deux types de contrat donnés en exemple, bénéficient d’une certaine publicité, ce qui permet de les rendre
opposable aux tiers étrangers.
A l’issu de cette section on devra être en mesure de distinguer la responsabilité délictuelle de la responsabilité
contractuelle et d’identifier leur point commun et leur différence.
La responsabilité civile s’oppose à la responsabilité pénale dont l’objectif est de sanctionner l’auteur de
l’infraction.
Ainsi, donc la responsabilité pénale a pour but de punir un coupable qui a commis un acte interdit par la loi : on
parle d’infraction, tandis que la responsabilité civile a pour finalité de réparer un dommage subi par une victime,
par l’allocation de dommages et intérêts, par exemple.
Le droit de la responsabilité civile est régi par les articles 1240 et suivants du Code civil.
« Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage, oblige celui par qui la faute duquel il est
arrivé à le réparer ».
- La responsabilité contractuelle qui consiste en la réparation d’un dommage résultant d’un contrat mal
ou non exécuté.
Exemple : vous avez confié votre chien à une clinique vétérinaire pour le faire soigner, et pour cause de
défaut de soins, ce dernier décède. Vous pouvez engager la responsabilité contractuelle du vétérinaire.
- La responsabilité délictuelle qui s’applique à la suite d’un fait volontaire ou non et en l’absence de
contrat.
Exemple : vous tombez dans la rue sur qqn qui dans sa chute se casse la jambe. Ce dernier peut engager
votre responsabilité délictuelle.
En vertu du principe du non-cumul des responsabilités : lorsque les conditions de la responsabilité contractuelle
sont réunies, la victime ne peut, quand bien même elle y aurait intérêt, invoquer les règles de la responsabilité
délictuelle.
Si le fait générateur obéit à des règles différentes (contrat ou faute), les règles concernant le lien de causalité et le
préjudice sont quasi identiques.
Leçon 1 : les points communs entre les responsabilités délictuelles et contractuelles
I. Le préjudice
1. Les différents préjudices
Le préjudice matériel
Il est évaluable en argent. Il peut découler soit d’une perte : ce peut être la destruction d’un bien, perte de
chiffre d’affaires. Il peut aussi découler d’un manque à gagner : ce peut être une absence de revenus en
raison d’une incapacité de travail.
a. Le préjudice moral
Exemple : le préjudice d’affection cad la douleur de perdre un être cher ou de la vue de ses souffrances.
Il peut être constitué par les blessures subies, par les séquelles à venir.
a) Caractère personnel
Ce principe est toutefois étendu aux héritiers de la victime décédée qui agissent en son nom, ou poursuivent
l’action entreprise par elle.
Le droit à réparation du dommage figurant dans le patrimoine de la victime se transmet donc à ses héritiers.
Seule exception : l’action visant à réparer une atteinte à la vie privée qui ne peut être exercée que par la victime
directe.
Ce principe peut être étendu également aux victimes par ricochet : ce sera essentiellement le concubin, à qui la
JP reconnaît depuis longtemps le droit de faire valoir un préjudice moral et d’affection, mais aussi économique,
lié aux frais engendrés par le dommage subi par la victime directe.
Le concubin devra démontrer alors que sa relation avec la victime directe était stable.
b) Caractère direct
c) Caractère certain
Le préjudice certain c’est celui qui ne fait aucun doute, soit qu’il est déjà réalisé, soit que sa réalisation future ne
manquera pas de se produire.
Le seul assouplissement à ce principe est la possibilité d’être indemnisé de « la perte de chance » de réaliser un
profit ou d’éviter une perte.
Exemple : perte de chance caractérisée, par l’impossibilité, du fait d’un accident de la route ayant laissé des
séquelles, de participer à un tournoi de tennis et de remporter un gain.
Pour cela, les juges sont amenés à apprécier la réalité de la chance perdue invoquée par la victime et, seule la
perte d’une chance réelle et sérieuse que l’événement favorable se réalise, est indemnisable.
Toutefois, l’indemnisation obtenue ne peut être égale à l’avantage qu’elle aurait procuré si elle s’était réalisée :
ainsi les DI ne prennent en compte qu’une partie de l’avantage espéré et la Cour de cassation casse
systématiquement toutes les décisions qui indemnisent la totalité du gain espéré.
En effet, les juges prennent en compte l’aléa d’une manière plus ou moins importante selon les chances de
succès qu’avait la victime.
En matière contractuelle, on s’appuie sur le contrat et le montant des DI seront ceux qui étaient prévues dans le
contrat.
Il est commun à toutes les responsabilités civiles. Il relie le fait générateur au préjudice de la victime.
1) La notion de causalité
Sa mise en œuvre peut être complexe : quel fait retenir parmi toutes les causes qui ont concouru à la survenance
du dommage ?
Exemple de succession de causes : Dupont fait ses courses dans un supermarché. Un client Monsieur Y, glisse
sur une flaque d’eau et tombe sur lui. Dupont se casse la jambe. Emmené à l’hôpital, il attrape une infection
nosocomiale nécessitant l’amputation de sa jambe. Qui est responsable ?
2 théories coexistent :
Tout évènement qui a été indispensable à la réalisation du dommage en est la cause. On tient compte dans cette
théorie de toutes les causes sans lesquelles, le dommage ne se serait pas produit.
Cette théorie ne retient parmi la multitude de cause, que celle qui a joué un rôle majeur dans la réalisation du
préjudice.
Son choix se portera sur l’une ou l’autre théorie selon le résultat recherché.
Quand elle souhaite trouver un responsable à tout prix, elle retiendra une conception large de la causalité, celle
de l’équivalence des conditions.
Quand elle souhaite écarter la responsabilité d’un agent, si elle juge qu’il n’a pas joué un rôle prépondérant, elle
adoptera la conception plus restrictive : celle de la causalité adéquate.
La charge de la preuve pèse sur la victime du dommage. Cette preuve peut être apportée par tous moyens :
attestations, indices.
Si la preuve du lien de causalité n’est pas rapportée, la demande en réparation du préjudice sera rejetée.
Pour se défendre le présumé responsable peut invoquer une cause étrangère, soit :
La force majeure (ou cas fortuit)
L’épidémie de Covid à son apparition a pu constituer un cas de force majeure (ce qui n’est plus le cas
actuellement).
Le fait du tiers
La faute de la victime
Exemple : un salarié s’est blessé pendant son travail alors qu’il conduisait son tracteur qui s’est renversé sur une
pente, alors que son employeur lui avait déconseillé d’utiliser ce type d’engin, trop lourd sur un terrain pentu.
Le salarié a commis une faute qui limitera probablement son indemnisation et la responsabilité de son
employeur.
L’article 1231-1 :
« Le débiteur est condamné s’il y a lieu, au paiement de DI, soit à raison de l’inexécution de l’obligation, soit à
raison du retard dans l’exécution, s’il ne justifie pas que l’exécution a été empêchée par la force majeure ».
La responsabilité contractuelle n’est engagée que lorsque le dommage résulte d’un manquement à une
obligation, née du contrat.
a. Sont incontestablement des obligations contractuelles, celles qui sont librement consenties et explicitées par
les parties.
b. Sont également des obligations contractuelles, celles qui sont dégagées par la JP et qui s’imposent dans les
contrats : sont ainsi apparues par exemple à la charge des professionnels, des obligations d’information, de
conseils, de surveillance des personnes (colonies de vacances, établissements scolaires), de sécurité.
Le débiteur de cette obligation contractuelle était-il lié à une obligation de moyens ou de résultat ?
Ainsi, le médecin met tout en œuvre pour vous soigner, mais il ne peut s’engager à vous guérir.
Si vous voulez engager la responsabilité du médecin, il faudra démontrer une imprudence ou une négligence de
ce dernier.
c) L’intérêt de la distinction
Dans le cadre de l’obligation de moyens c’est au demandeur à la procédure, celui qui a subi le dommage, de
rapporter la preuve de la mauvaise exécution du contrat.
Le patient mécontent de l’issue de son opération devra pour engager la responsabilité du chirurgien démontrer
qu’il a commis une faute professionnelle.
Dans le cadre de l’obligation de résultat, le demandeur n’a pas à rapporter la preuve d’une mauvaise exécution
du contrat car la faute est présumée.
C’est au défendeur de rapporter la preuve qu’il a été victime du fait d’un tiers ou d’un cas de force majeure qui
pourraient l’exonérer de sa responsabilité.
La force majeure évènement imprévisible et irrésistible (ex : un ouragan) est très rarement retenue par les juges.
II. En matière délictuelle : le fait générateur est soit la faute, mais aussi le fait de la chose ou le
fait d’autrui
« On est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est
causé par le fait des personnes dont on doit répondre ou, des choses que l’on a sous sa garde ».
Ainsi, peu à peu, la JP a développé un principe général de responsabilité du fait des choses que l’on a sous sa
garde qui est une responsabilité sans faute.
« Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faite duquel il est arrivé à
le réparer » article 1240.
Aucun degré de gravité de faute n’est exigé, puisque « chacun est responsable du dommage qu’il a causé non
seulement par son fait mais aussi, par sa négligence ou son imprudence ».
Cette faute n’est pas nécessairement empreinte d’une intention de nuire et, son auteur n’est pas obligatoirement
doté d’une faculté de discernement.
Ainsi un jeune enfant ou un dément peuvent voir leur responsabilité délictuelle engagée, dès lors qu’il y a eu
transgression d’une loi, d’un règlement.
Si c’est le cas, l’un comme l’autre sera condamné à réparer le dommage qu’il a causé.
A la transgression d’une loi, d’un règlement vient également se rajouter celle de devoirs généraux de
comportement.
Pour analyser le comportement de la personne possiblement mise en cause, les juges utilisent la méthode de
l’appréciation « in abstracto » en comparant cette personne avec une personne normalement prudente, diligente,
soigneuse.
Le juge est donc pleinement libre d’apprécier si telle ou telle personne a fait preuve de suffisamment de prudence
pour ne pas engager sa responsabilité délictuelle.
2) La responsabilité du fait des choses
Petit à petit, l’évolution de la société (accidents dus à des machines notamment) a fait apparaître à côté de la
notion de faute, une responsabilité dite « sans faute » basée sur le risque.
Une personne qui développe une activité doit en supporter les risques et notamment les accidents.
La JP a trouvé ici un principe général de responsabilité sans faute du fait des choses.
« On est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait mais encore de celui qui est
causé par le fait des personnes dont on doit répondre ou des choses que l’on a sous garde ».
Ainsi, toutes choses animées (les animaux) ou inanimées (objets) entrent dans le domaine de la responsabilité
sans faute.
Il suffit que cette chose ait joué un rôle actif dans la production du dommage.
Si la chose était en mouvement et est entré en contact avec la victime : le rôle actif de la chose dans la
survenance du préjudice, est présumé.
Si la chose est inerte, ou en mouvement mais sans être entrée en contact avec la victime, alors cette dernière
devra prouver le rôle actif de la chose.
La responsabilité sans faute repose sur le gardien de la chose qui exerce les pouvoirs d’usage, de direction et de
contrôle sur la chose.
Le gardien sera en règle générale le propriétaire de la chose, sauf s’il prouve que la garde a été transférée à une
autre personne par l’effet d’un contrat, prêt, location, ou par l’effet d’une dépossession involontaire : vol,
détournement.
La responsabilité du fait des choses est une responsabilité de plein droit, ce qui signifie que le gardien de la
chose, ne peut s’en exonérer qu’en invoquant, la force majeure ou la faute de la victime.
- Un dommage,
- Une chose : toutes les choses qu’elles soient meubles ou immeubles peuvent être source de
responsabilité,
- Un fait actif de la chose : la chose doit avoir eu un rôle actif et non inertie et doit être entrée en contact
avec la victime.
- La garde de la chose : c’est le pouvoir de fait exercé sur la chose. Le gardien est celui qui a la garde
matérielle de la chose, cad l’usage, la direction, le contrôle de la chose.
Exemple : je suis en train de tailler ma haie et je blesse mon voisin avec le sécateur.
Il y a des cas où une personne non fautive peut être tenue d’indemniser la victime d’un dommage causé à autrui.
Les pères et mères qui exercent l’autorité parentale, sont solidairement responsables du dommage causé par leur
enfant mineur habitant avec eux.
La faute de l’enfant n’est pas nécessaire : il suffit que son fait dommageable ait été la cause directe du dommage.
Là encore, seule la force majeure ou la faute de la victime peut exonérer les parents de leur responsabilité.
Exemple : il s’agit d’Associations ayant des actions éducatives, d’établissements médicaux sociologique,
d’Associations de rééducation de personnes handicapées mentales, qui ont la garde d’autrui cad les pouvoirs de
contrôle, de direction du mode de vie des personnes qui leur sont confiées.
c) Responsabilité des personnes qui encadrent l’activité d’autrui
Il s’agit essentiellement d’association sportives qui peuvent voir leur responsabilité engagée au cours
d’entrainements ou de compétition.
Exemple : un joueur a commis une faute de règle de jeu et ce faisant a blessé un joueur : dans ce cas-là,
l’association sportive sera tenue pour responsable et c’est sa propre assurance qui indemnisera la victime.