MODULE I CHAPITE 9 Bam QST Eleves

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MODULE I : HB2021

Niveau : 1ère année du Bac


Activité : Etude de texte (Lecture et langue intégrée) extrait 4 du Chapitre IX de l’œuvre la BAM.
Durée : 1 heure /2 heures
Support : La BAM, p:178 182, de « Ma mère avait relevé la tête jusqu'à portes de l'Enfer ».
Objectifs : - Etudier et analyser méthodiquement un texte issu de la littérature maghrébine.
- Étudier l’événement perturbateur dans un roman autobiographique
- Étudier le rôle important du père dans la famille traditionnelle.
- Découvrir le vocabulaire se rapportant au choc émotif subit par les personnages
- Éclaircir la notion de point de vue
- Comprendre certaines figures de style et étude de leurs effets dans le texte.
Déroulement de la séance
• Lecture et découverte du texte : Lecture magistrale - Lecture individuelle -Explication du vocabulaire difficile
Ma mère se réveilla à son tour, prit la table et se dirigea vers sa cuisine. Elle revint, les mains chargées du plateau et des verres pour
le thé. Elle trouva mon père debout, se préparant déjà pour dormir.
- Tu ne prends pas de thé ? lui demanda ma mère.
- Non, et dorénavant, tu feras attention à ne pas trop gaspiller ton sucre.
- Suis-je une femme qui gaspille ?
- Telle n'est pas ma pensée. Je veux simplement te dire qu'à partir de demain, il nous sera difficile d'avoir du sucre et du thé tous les
Jours.
Ma mère devint toute pâle. J'ouvris grands mes yeux pour ne rien perdre de la scène. Elle posa le plateau, se redressa, regarda mon
père bien en face.
- Je pressens un grand malheur, dit-elle d'une voix brisée.
Mon père resta silencieux, les paupières baissées. Brusquement, un claquement sonore me fit sursauter dans mon lit, me tira un
gémissement de douleur. Ma mère s'était appliqué sur les joues ses deux mains avec la force du désespoir. Elle s'assit à même le
sol, s'acharna sur son visage, se griffa, se tira les cheveux sans proférer une parole. Mon père se précipita pour lui retenir les mains.
Ils luttèrent un bon moment. Ma mère s'écroula face contre terre.
- 0 femme! Ne crains-tu plus la colère de Dieu? dit doucement mon père. Aie confiance en sa miséricorde. Dieu ne nous
abandonnera pas. Ce qui nous arrive, arrive tous les jours à des milliers de musulmans. Le croyant est souvent éprouvé. J'ai perdu
dans la cohue des enchères aux haïks tout notre maigre capital.
J'avais mis l'argent dans un mouchoir. J'ai dû laisser le mouchoir tomber par terre, croyant le glisser dans ma sacoche.
Ma mère avait relevé la tête. Elle ne disait rien.
Mon père, de sa voix calme, continuait:
- Pourquoi se lamenter? Nous devons louer Dieu en toutes circonstances.
Enfin, ma mère sortit de son silence.
- Qu'allons-nous faire?
- Je vais travailler.
- Combien as-tu perdu?
-Tout mon fonds de roulement. Je n'ai pas même de quoi payer mon ouvrier qui n'a rien touché cette semaine. Je dois aussi un mois
de loyer au propriétaire de l'atelier. Je pensais régler toutes ces dettes et acheter du coton.
- Les marchands ne pourraient-ils pas te faire crédit? Tu es connu honorablement.
- Jamais je ne m'abaisserai jusqu'à mendier du coton à l'un de ces voleurs. Je ne veux pas non plus du misérable salaire d'un ouvrier.
Je suis un montagnard et un paysan. La saison de la moisson commence à peine, on embauche des moissonneurs. J'irai travailler
aux environs de Fès.
-Tu oserais m'abandonner avec un enfant malade ?
- Préférerais-tu mourir de faim ? Aimerais-tu devenir un objet de pitié pour tes amies et tes voisines? Je serai à deux jours de
marche de la ville. Sidi Mohammed ira mieux demain. Fais-lui une soupe à la menthe sauvage; couvre-le bien afin qu'il transpire
abondamment. Aujourd'hui, il a moins de fièvre que la nuit dernière.
- C'est un châtiment de Dieu qui nous accable. Ce sont ces maudits bracelets qui ont semé le malheur dans notre maison. Pourquoi
ne les vendrais-tu pas ?
- Je compte les vendre. Je vous laisserai cet argent pour vous nourrir pendant mon absence. Driss le
teigneux nous reste fidèle, il viendra tous les jours faire les courses. Donne-lui à manger, il n'a personne.
Mon père se recueillit un moment.
- Je vous laisserai seuls pendant un mois. Je tâcherai de ne rien dépenser de mon salaire, il me sera possible de remettre l'atelier en
marche dès mon retour.
Un grand silence s'établit, un silence lourd, moite, huileux et noir comme la suie. J'étouffais. Je désirais de toutes mes forces qu'une
porte claquât, qu’une voisine poussât un cri de joie ou un gémissement de douleur, que quelque événement extraordinaire survînt
pour rompre cette angoisse. Je voulais parler, dire n'importe quelle sottise mais ma gorge se serra et une plainte expira sur mes
lèvres.
Mes parents ne bougeaient pas, se transformaient peu à peu en personnages de cauchemar. Plus j'écarquillais les yeux pour les
voir, plus ils devenaient fluides, insaisissables, tantôt transparents, tantôt d'un noir agressif, mais sans contours précis. Pour la
première fois, j'eus la sensation du vide absolu, de la solitude sans miséricorde. Mon cœur se remplit de peine. Une boule dure se
forma dans ma poitrine, gênant ma respiration. Je fermai les yeux. Je priai avec ferveur. Je me sentais abandonné aux portes de
l'Enfer.
Non ! je n’ai pas encore oublié ces instants. Seigneur! Je me souviens. Je me souviens de cette solitude vaste comme les immenses
étendues des planètes mortes, de cette solitude où le son meurt sans écho, où les ombres se prolongent dans des profondeurs
d'angoisse et de mort. Et le cœur qui saigne ! Source intarissable de peine, torrent surchauffé par les feux de mes chagrins et de mes
douleurs ; cri de ma chair écrasée sous le poids de ta malédiction. Je n'étais qu'un enfant, Seigneur! Je ne savais pas que le jour
naissait de la nuit, qu'après le sommeil de l'hiver, la terre sous la caresse du soleil souriait de toutes ses fleurs, bourdonnait de tous
ses insectes, chantait par la voix de ses rossignols.
1. Situation de l'extrait
► Demander à situer le passage et rappel des événements importants précédents et suivants.
Chapitre 8:
- Le combat entre le père du narrateur avec le dellal rusé. (Le jour où il emmène Zoubida pour lui acheter des bracelets).
- Le remariage de Moulay Larbi.
Chapitre 9:
- Ruiné, après avoir perdu son capital, Abdesslam laisse sa famille pour aller travailler aux tau bourgs de Fès: afin de rétablir son atelier.
- La visite de Lalla Aicha: _Changement de celle-ci.
_Décision d'aller consulter le voyant Sidi El Arofi.
Chapitre 10:
- La visite de Sidi El Arofi: La voyant aveugle a pu remédier aux commentaires féminins.
- Le père, absent, parvient à ravir sa petite famille délaissée par l'envoi d'une somme d'argent.rtt

Ce passage est extrait de la BAM roman autobiographique d’Ahmed Sefioui, écrit en 1952. Il vient que Maalem
Abdeslam, le père du narrateur a acheté des bracelets à sa femme et la querelle de celui-ci avec le dellal . Dans ce
passage , il annonce à Lalla Zoubida ( la mère ) la perte de son capital dans la cohue des enchères aux haïks. Il est
obligé de quitter la famille pour aller travailler comme moissonneur dans les environs de Fès .
2. Identification et compréhension globale
► Quel est le type du texte ?
► Quels sont les personnages présents ?
► Où et quand se déroule la scène ?
► Quel est l'évènement principal dans cet extrait ?
► Quel est le sentiment dominant ?
► Pourquoi le père va quitter la maison ?
► Le père du narrateur va s'absenter de la maison pour combien de temps ?
► Comment Lalla Zoubida a considéré la perte de l'argent ? Relevez du texte ce qui le prouve.
3. Axes de lecture :
1. Premier axe : un choc émotif subit par le narrateur
Un vocabulaire de la tristesse : silence, solitude, souffrance, angoisse, étouffement…
► Quels sont les sentiments éprouvés par le narrateur après l'annonce du départ du père ?
► Relevez les adjectifs qualifiant le silence (symbole de la tristesse) ressenti par le narrateur.
►Comment a-t-il vécu le silence de ces parents ? Comme une : A- faiblesse. B- honte C- angoisse.
► Relevez le champ lexical du sens auditif.( ce qu’on entend)
►Pourquoi à votre avis le narrateur veut-il que le silence prenne fin ?
► Relevez les phrases où figure le mot solitude.
► Pourquoi le narrateur se sent-il abandonné ?
► Relevez le champ lexical de la souffrance et de l'angoisse.
► La tristesse du narrateur se reflète sur son cœur et sa respiration. Relevez ce qui le prouve.
► Qu'est-ce qui justifie la gravité du choc émotif subit par le narrateur ?
2. Deuxième axe : le rôle important du père
► Quel trait de caractère ( moral) de Maâlem Abdeslam se dégage de sa conversation :
a- l'indifférence ? b- l'inquiétude ? c- la responsabilité ? Justifiez votre réponse.
► Quel rôle joue, en général, le père dans la maison ?

Synthèse :
Cet extrait joue le rôle de l’élément perturbateur dans le schéma narratif de
l’œuvre, car la ruine du père ,à cause de la perte de son capital ,a troublé la joie de
toute la famille et perturbe l’équilibre et la routine vécu par le narrateur depuis le
début de l’intrigue . il montre aussi que Le rôle du père, dans une famille surtout
marocaine, est primordial. Cettea présence du père représente une protection, un
prestige moral, un équilibre et une assurance pour sa famille. C'est pourquoi lors de
l'annonce du père de son départ, le narrateur et sa mère sont sous un choc émotif
terrible envahi par des sentiments de souffrance et d'angoisse

A préparer pour une activité orale et une production écrite : Le rôle du père dans la famille
Sujet : Le départ du père de Sidi Mohamed laisse un grand vide dans la vie de la famille. Selon vous, quelle est la place
que doit occuper le père dans une famille ?
Identifier les différents points de vue
Voici trois versions d'une même scène. Lisez -les attentivement avant de passer à
l'analyse.
Version 1
Un couple est installé à la terrasse d'un café. Il fait beau. La femme a commandé
une boisson froide, une tasse de café est posée devant l'homme. Il semble agacé,
pressé tandis que la femme légèrement penchée vers lui paraît inquiète ; elle ne
cesse de lui parler et lui reste muet.
La femme s'agite, s'exclame, l'homme finit par se lever en jetant quelques pièces de monnaie sur la table : il part.
La femme, restée seule, laisse couler ses larmes silencieusement.
Version 2
Il faisait beau en cette fin d'après-midi. J’avais donné rendez-vous à Pierre, mon fiancé, à la terrasse d'un café.
Tandis que je buvais mon verre d'eau citronnée, je l'observais siroter son café :
il me semblait nerveux et pressé mais je me lançai tout de même. Je lui
demandai des explications : « pourquoi avait-tu décidé de ne plus me voir
soudainement, pourquoi tu ne réponds plus à mes appels téléphoniques,
pourquoi cette froideur ? Il ne voulait pas me répondre. Agacé il se leva, jeta le
montant de la note sur la table en me glissant un « J'te quitte » sarcastique et
partit. J’étais pétrifiée, je le regardai s'éloigner sans pouvoir réagir : je ressentais
une telle douleur dans la poitrine que je ne pus retenir ses larmes.
Version 3
Il faisait beau en cette fin d'après-midi du mois de septembre. Suzanne, jeune femme de vingt-cinq ans, avait
donné rendez-vous à son fiancé, Pierre, à la terrasse d'un café. Elle souhaitait avoir
des explications sur le brusque changement d'attitude de son compagnon qui
estompait ses visites, ne répondait plus à ses appels et affichait une réelle froideur.
Pierre était un jeune homme sans morale. Après avoir séduit la jeune étudiante et lui
avoir fait espérer plus, il s'était lassé très vite de cette petite « bourgeoise » bien sous
tout rapport : il n'était pas fait pour la vie de couple, il resterait éternellement un
séducteur au cœur dur. Sans daigner répondre à la jeune fille qui se faisait insistante,
il se leva, paya la note et lui lança un « J'te quitte » sarcastique avec une méchanceté
gratuite et inutile. C'était mieux pour elle, une autre histoire l'attendait, une véritable
histoire d'amour qui allait lui apporter le bonheur.
1. Questions concernant les trois versions
a) Quels sont les points communs aux trois versions ?
b) Quelles informations supplémentaires apparaissent entre la 1re et la 2e version ?
c) À travers quel regard la 2e version est-elle racontée ?
d) Relève les verbes de perception dans la version 2.
e) Quelles informations nouvelles la version 3 apporte-t-elle au lecteur ?
f) Quelle version te parait-elle la plus riche et intéressante ?
1. PHASE D'APPLICATION
Exercice n°1:
A partir des indices soulignés, précisez, pour chaque texte, le point de vue du narrateur:
a) Huit jours après son mariage, Camille déclara nettement à sa mère qu'il entendait quitter Vernon et aller vivre à Paris[...]
Madame Raquin ne dormit pas de la nuit. La décision de Camille bouleversait sa vie, et elle cherchait désespérément à se refaire
une existence. Peu à peu, le calme se fit en elle.
b) (...) elle s'est approchée le plus possible du fauteuil où est assis un jeune homme, tenant avec dans la main droite le verre qu'elle lui
destine. Elle (...) se penche vers lui. Il murmure quelques mots : un remerciement sans doute. .
c) Marie parle de sa mère...
A l'époque où j'étais très petite, elle m'emmenait avec elle chaque jour dans les fermes où elle travaillait. Je jouais un peu avec la terre,
avec les racines de chiendent, avec les herbes. Je la surveillais. J'avais peur qu'elle s'en aille.
d) " Le soldat a les yeux grands ouverts ; il continue de fixer la Lumière. Il a fini son verre. Les clients quittent la salle et le
patron va fermer la porte".
e) "Le soldat fixe la Lumière. Il pense à sa mère. Il se dit qu'elle aura peut-être pu s'enfuir avant l'arrivée des troupes et que son
petit frère pourra être sauvé."
f) « En entrant, une jeune femme vit un homme déjà installé près de la fenêtre, qui se tourna un instant pour la dévisager, puis
reprit sa lecture sans un mot ni un sourire. Elle ne montra aucune émotion, retira son manteau qu'elle plia soigneusement, puis
s'assit près de la fenêtre, face à l'autre voyageur…. La jeune femme sortit une revue de son sac et en parcourue le sommaire... »
g) « Le père Goriot, vieillard de soixante-neuf ans environ, s’était retiré chez madame Vauquer, en 1813, après avoir quitté les
affaires. Il y avait d’abord pris l’appartement occupé par madame Couture, et donnait alors douze cents francs de pension, [...] »
(Balzac, le Père Goriot)
h) « L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné
et sa cravate à la main. Le plus petit, vêtu d’ une veste marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue. Quand ils furent
arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent à la même minute, sur le même banc. » (Flaubert, Bouvard et Pécuchet)
A RETENIR :
On parle de focalisation zéro (ou point de vue omniscient) lorsque le narrateur sait
tout, voit tout, connaît tout. En un mot, il est comme Dieu. Il en sait tout. Un narrateur
omniscient est donc un narrateur qui connaît tout de ses personnages, de leur passé, de leurs
intentions, de leurs sentiments etc, voire même plus que tous ses personnages réunis.

0n parle de focalisation externe quand Le récitet les descriptions, sont opérés de


l'extérieur. Le narateur ne peut pas faire part des sentiments, impressions, réflexions,
intentions des personnages, sauf si on peut «les lire» sur leur visage, et les déduire de leurs
actions. La réalité est réduite à ses apparences extérieures. Le récit est dans ce cas plus
objectif (plus neutre) .La focalisation externe permet d'entretenir un certain
suspense, puisqu'on va s'interroger sur l'identité des personnages, sur le sens de leurs
actions etc.

Lorsqu'un récit est fait en focalisation interne, le point de vue est situé à l'intérieur
d'un personnage. C'est à partir de lui que se font les descriptions et le récit. Le narrateur fait
part de ses sentiments, ses impressions, ses réflexions.Le récit est dans ce cas subjectif,
contrairement à la focalisation externe. Dans cette situation, Le récit est raconté à la
première personne.

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