La Sociologie Au XXe
La Sociologie Au XXe
La Sociologie Au XXe
Des
débuts de l’internationalisation à
l’émergence de la mondialisation
7La sociologie du XXe siècle s’est d’abord autonomisée par rapport aux
sciences sociales et humaines préexistantes comme l’histoire, l’économie,
la psychologie et l’ethnologie, puis elle s’est rapprochée de celles-ci une
fois son identité disciplinaire bien établie. Elle s’est développée en Europe
(France, Allemagne, Angleterre, Italie, Russie, Pologne) et
particulièrement aux États-Unis, où elle a pris un essor remarquable, en
centrant son attention sur la société étatsunienne elle-même. À ses
débuts, la sociologie était donc avant tout une discipline dont les horizons
dépassaient rarement les frontières nationales. L’École de Chicago, par
exemple, fixait son regard sur des phénomènes, et surtout sur des
problèmes sociaux, qui se déroulaient dans la ville même de Chicago ou
alors ailleurs aux États-Unis. De rares exceptions existent, comme Thomas
et Znaniecki (1918), qui étudièrent les paysans polonais émigrés aux États-
Unis, en se basant sur leur correspondance avec des membres de leurs
familles restés en Pologne.
Internationalisation et
mondialisation en sociologie de la
religion et en écosociologie
16Il serait long et fastidieux de retracer le cheminement de
l’internationalisation et de la mondialisation de la sociologie au sein de la
cinquantaine de domaines bien établis de la sociologie. Je me contenterai
de mentionner ici quelques-uns des domaines que j’ai fréquentés
davantage durant mes années d’études, d’enseignement et de recherche,
à savoir la sociologie des religions, la sociologie des mouvements sociaux
et l’écosociologie. Le même exercice pourrait être aussi fait avec d’autres
domaines comme la sociologie de l’art et de la culture, la sociologie de
l’éducation, la sociologie du travail et des organisations, la sociologie de la
guerre et de la paix, la sociologie des classes sociales, la sociologie des
relations ethniques, la sociologie économique, ou la sociologie politique
et des relations internationales, mais les exemples que j’apporterai
suffiront, je l’espère, à illustrer le fait qu’une bonne partie de la sociologie
du XXe siècle s’est graduellement internationalisée pour en arriver
finalement à adopter des perspectives nettement mondialistes.
20En fait, à ses débuts, dans les années 1920, l’écologie humaine
s’intéressait surtout à l’espace urbain et à des problèmes locaux. Avec
l’émergence de la sociologie environnementale dans les années 1970,
l’intérêt s’est déplacé de façon significative vers les problèmes
environnementaux urbains et nationaux, vers les groupes verts et la
gouvernance, et vers la réglementation de la pollution sur le plan des
sociétés nationales. Durant les années 1980, la sociologie de
l’environnement est entrée dans une troisième phase, celle de
l’écosociologie globale, qui s’intéresse aux problèmes internationaux et
globaux, comme les pluies acides, la pollution transfrontalière, la
surpêche océanique, la couche d’ozone, la déforestation-désertification, le
réchauffement climatique, la santé mondiale, la perte de la biodiversité
mondiale et les inégalités Nord-Sud (Wilenius, 1999). Les phénomènes et
les groupes les plus souvent analysés sont, par exemple, les Sommets de
la Terre de Stockholm (1972), de Rio (1992) et de Johannesburg (2002), et
les ententes internationales qui en ont découlé, mais aussi les groupes
internationaux comme Greenpeace (Guilbeault et Vaillancourt 2003 ;
2004), l’Union internationale pour la conservation de la nature, le Groupe
international d’experts sur le climat, les Amis de la Terre et le Réseau
Action Climat. Le concept de « développement durable » qui a été conçu à
partir d’une vision planétaire des enjeux environnementaux, de même
que ceux de « commerce équitable » et de « société civile mondiale », sont
des concepts centraux de la nouvelle écosociologie globale (Buttel 1986 ;
Guay 2004).