Droit Pénal Spécial

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Droit pénal

Filière : Droit en français


Semestre : 4

Pr : Lamyae SAHRANE

Année universitaire 2022-2023


Introduction générale

A- Définition du droit pénal spécial


B- Evolution du DPS
C- Caractères dti DPS
D- Intérêts du DPS
E- Comparaison du DPS avec les autres disciplines voisines
F- Sources du DPS
1 ” Partie : Les infractions contre les biens

Titre 1 : Les appropriations frauduleuses


Chapitre 1 : Le vol

Chapitre 2 : L’escroquerie
Chapitre 3 : L’abus de confiance

F/ •r 2 : Les autres atteintes aux biens


Chapitre 1 : Le recel des choses

Chapitre 2 : Le blanchiment d’argent ou de capitaux


2“ e Partie : Les infractions portant atteinte aux personnes

Titre 1 : Les infractions portant aneirite à la vie


Chapitre l : Le meurtre (Homicide volontaire)
Chapitre 2 : L’homicide involontaire
Chapitre 3 : L’empoisonnement
Titre 2 .• Les infractions portant atteinte à l’intégrité physique
Chapitre 1 : Les violences ou coups et blessures
titre 3 : Les atteintes de mise en danger de la personne
Chapitre 1 : Les menaces,
Chapitre 2 : L’omission de porter secours à une personne en péril

3“' Partie : Les infractions contre la confiance publique


Chapitre1 : Falsification de monnaie ou titres
Chapitre 2 : Faux- contrefaçon et usurpation en écriture publique
Chapitre3 : Faux-contrefaçon des écritures privées, de commerce ou de banque
Introduction générale:
Dans le cadre du droit criminel, on regroupe plusieurs disciplines que sont : la procédure
pénale (qui est le processus, la manière de poursuivre et de juger l'auteur d'une infraction), la
criminologie (qui étudie le phénomène criminel dans sa réalité sociale et individuelle), la
pénologie (qui est l'étude des sanctions encourues, leur mode d'exécution et d'extinction) et
enfin le droit pénal dont on distingue en son sein le droit pénal général et le droit pénal
spécial.

Le droit pénal général est défini comme “l’ensemble des règles juridiques qui organisent la
réaction de l'Etat vis-à-vis des infractions et des délinquants”'. Il s'agit de la théorie générale
du droit pénal qui a pour objet de fixer les règles relatives à la classification des infractions, à
leurs éléments constitutifs (matériel et moral), à l’interprétation de la loi pénale, à son
application dans le temps et l’espace2. 11 détermine également les conditions de la
responsabilité pénale : auteur principal, coauteur, complice, tentative, et responsabilité pénale
des personnes morales. Il s’attache aussi à la mation des peines.

Les enseignements du droit pénal général doivent être repris et employés pour comprendre le
droit pénal spécial. Par exemple, pour savoir reconnaitre une tentative de meurtre on doit
connaître la notion de tentative. De la même manière pour imputer la responsabilité d’une
infraction définie par le droit pénal spécial on doit connaître les règles de la responsabilité
pénale.

Tout Code pénal comporte, habituellement une partie générale qui traite des questions
intéressant toutes les infractions ou certaines d’entre elles (la tentative, les causes de non
responsabilité, la complicité, la théorie générales des peines, etc.) ainsi qu’une partie spéciale
qui comprend toutes les infractions et les traite séparément, chacune avec ses propres
éléments constitutifs et peines. La partie spéciale constitue ainsi le Droit pénal spécial. Ce
dernier est constitué de règles particulières à chaque infraction. 11 applique et adapte aux
différentes infractions les règles et principes prévus par le droit pénal général.

' Selon LEVASSEUR et CHA P'ANNE : « Le droit pénal, ou droit criminel, entendu au sens large. est uzie
branche du droit positifayant pour objet l’étude de la répression par l’Etat des agissements de nature à créer un
trouble dans la société ».

'- Annie BEZ4Z-AYACHE, Magali RAVIT, Fiches de criminologie, éd., Ellypses, 2021, p. 39.
Autrement dit c’est une branche du droit pénal qui se rattache naturellement au droit pénal
général’.

Puisqu’il se concentre sur l’étude de l’infraction, le DPS appartient, tout comme le droit pénal
général, au droit pénal de fond par opposition à la procédure pénale ou droit pénal de forme.
Un grand lien existe entre les deun droits et l’application de l’un ne peut être dissocié de
l’autre: Dmit pénal général et droit pénal spécial sont les deux branches du droit pénal de
fond, ce qui explique les liens nécessaires entre ces deux matières. En effet, il est difficile
d’aborder l’étude des règles générales de la responsabilité pénale sans se référer aux
infractions elles-mëmes.

Les deux branches du droit pénal de fond sont donc complémentaires voire indissociables tout
en s’opposant sur leurs particularités : au caractère général et abstrait du droit pénal général
peut en effet etre opposé le caractère concret et casuistique (subäle) du droit pénal spécial.

A- Définition du droit pénal spécial

ROBERT NO U2N définit le droit pènal spécial comme étant « la branche du droit criminel
qui, traitant indistinctement les injections pènbles, defintt chaewie d’elles tant dans ses
elé:ments constitutifs que dans les modalités de sa répression ».

Pour ANDRE P2TU « le droit pénal spé:cial consiste en l’étude analytique des diverses
infractions envisagées une à une dans leurs ifêments particuliers et dans les modalités de leur
represcion ».

Dono, l» droit pénal spécial peut Etre définit comme étant la branche de roit p nal qui
s’izitéregge sus f8itB îŒcz"îŒtŒéa p8E’ I& IOP ea le ftai»saat, e R* 1e*'z é16'æe ts,

D’une maniRe générale, le Droit Pénal Spécial a pour objectif l’étude des incriminations
détemiinées par le législateur dès lors que celui-ci estime que certains agissements sont
susceptibles de troubler l’ordre publio. Le Droit Pénal Spécial prend donc chaque
incrimination du catalogue législatif de façon particulière, individuelle pour en préciser: la

3- Harald RENOUT, Droit penal general, 18 éd., Larcie r , 2013 s P- -


Valérie Malabat , droit pùtlal •;›n ial, dallo2 , 6ed, 2013
nattlre; les éléments con§titutifsi le régime juridique du point de vue: de la procédure; de la
peine applicable.
Le droit pénal spécial fournit la liste des comportements effectivement punis et donne è
certain égards l’image de la société dont il relève. En effet, les comportements interdits et
sanctionnées par le droit pénal demeurent influencée par l’évolution des mœurs et de l’ètat des
rapports sociaux. Ces actes sont sanctionnés par la majorité des ordres juridiques
contemporains qui leur réservent une réponse identique voir toute proche.
Malgré les variations que connaissent les systèmes répressifs contemporains quant à la nature
et la gravité des sanctions applicables, l’accord se fait sur l’incrimination des atteintes à la vie,
à l’intégrité physique, à la propriété.
Selon la doctrine, les infractions naturelles présentent un élément puissant de rapprochement,
d’unifonnitë entre les systèmes comparés de droit pénal.

B- Evolution du droit pénal spécial

L’histoire nous enseigne que le DPS est la première discipline pénale qui fut son apparition ;
c’est sans doute la partie la plus ancienne du droit pénal; on a commencé par établir les
incriminations et les peines, et les théories générales n’ont été édifiées que plus tard.

Concernant l’évolution du tDZ•@ , on distingue quatre(4) phases :

4U Rf f fAf J Us TOutuÎnes et les usages étaient appliquées. Seuls les éthologues ont étudié

p++“o l’i ntroducfïöu de f’Jrfam : le droit pénal musulman a été adopté. Désormais,
1 infraction ou l'omission est une atteinte à l’ordre public musulman, il puise ses sources du
Coran, la Sunna, la traduction du Prophète, la doctrine, la jurisprudence et les valeurs
fondamentales de la société sont protégés (La vie, les biens, la religion...), toute atteinte è ces
valeurs été sanctionné. Il existait trois(3) catégories de sanction : Alhodoud ; Attaâzir ;
Alkiasse.

Alhod0'ud i Fixés p8r le Coran et la traduction. Par cx : L’adulaire, lapidatio». ( J›)

**°!*’$ •‘ D’origine humains. 11 est adopté selon la situaäon concrète (Droit positif).
Alkiasse • Appliqué a une situation nouvelle, la solution d’une situation préexisté parce
qu’elle présente des similitudes.

P#nJonf le protectorat • le Maroc ëté divisé entre trois(3) régions, Française, Espagnole et
Inteniationale. Chacune obéissait au droit du pays protecteur. Le premier Code pénal
marocain est entré en vigueur en 1913, sous le protectorat français.

Depitis l’indépendance • Un Code pénal marocain est entré en vigueur le 17 juin 1963 pour
remplacer le Code pénal de 1913. Promulgué par le dahir n° 413-59-1 et amendé à plusieurs
reprises en vue de l'aligner aux conventions internationales ratifiées par le Royaume, il a fait
l'objet d'une réforme importante en 2004 puis en 2015

Avec l’évolution tœhnique, économique et sociale, le nombre d’infractions ne cesse de


s’accroître. En effet, ä cñté « d’un droit pénal spécial général » où se regroupent les
infractions classiques comme les atteintes à la personne, à la famille, aux mœurs, aux biens et
à l’Etat, a surgi, surtout depuis le milieu du 20ème siècle, un droit pénal spécial « très
spécial». Les infractions classiques ou naturelles constituent le noyau dur des infractions,
comparées aux infractions artificielles, plus récentes, qui touchent notamment aux affaires,
aux relations du travail, à la circulation routière, à fienvironnement, etc.

Ainsi, l’évolution du DPS a fait qu’en son sein, des spécialités sont apparues:
comme le droit pénal des affaires; le droit pénal économique; le droit pénal du travail; le droit
pénal des sociétés.

C- Caractères du droit pénal spécial

Le droit pénal spécial a, essentiellement, trois caractères principaux : c’est un droit


léealiste, d’interprétation stricte, dans lequel la qualification tient une place déterminante.

En 2015, l< »:notre de la J»tice Musta$ha Ramid triste un nouveau projet de Code pénal. Les principaux

• l'introduction de ylusieun •ouvelle• dispositions r• -•*•• •• • discriæioatioo, " '° ' o*

• lo renforcement dea sancäons contre le harcèlement n xuc ® * i


• i'introducaon des peineB alternatives (amendes journalières, tfaVflun d’intèrëts généraux) ;
» l'intrpduetion d'un article rèprimant « Ge quÎ porte $ffI $$ ® *°1'g'°ns, **K prophùtns, ou à Dieu » et
d'un article sur les crimes d'hoti•M.
— Le caractère légaliste résulte de l’application au droit pénal spécial du principe de la légalité
des délits et des peines. Ainsi, les infractions et les sanctions doivent-elles étre définies par la
loi avec la plus grande précision. Et le juge, lorsqu’il applique les incriminations, doit-il être
très attentif à ne pas étendre ou, au contraire, restreindre, leur domaine d’application. Mais
c’est déjà évoquer les questions de l’interprétation stricte et de la qualification.

— L’interprétation stricte produit cette conséquence que le juge pénal doit appliquer le texte,
tout le texte, mais rien que le texte ; qu’il ne peut y faire entrer des comportements non
incriminés pour ne pas porter atteinte aux libertés individuelles. Au fil des infractions, nous
constaterons cependant que le principe d’interprétation stricte n’est pas toujours observé
strictement par nos juridictions. ..

— La qualification est un mécanisme intellectuel de comparaison des faits commis par l’agent
avec les faits incriminés par la loi. En droit pénal spécial, la qualification joue un rôle central :
le magistrat du parquet lorsqu’il reçoit un appel à la permanence ou lorsqu’il reçoit une
procédure par courrier se pose immédiatement la question de savoir quelle qualification
pénale correspond aux faits qui lui sont présentés. De la même façon, l’avocat de la victime
qui envisage de porter plainte s’interroge sur la qualification. Cœi suppose une connaissance
parfaite des différentes infractions pénales, tant dans leurs éléments constitutifs que dans les
principes qui guident leur répression.

D- Intérêts du DPS

-Le premier intérêt est de connaître les actes prohibés et les valeurs protégées par le Droit
Pénal Spécial, car ce dernier vise en premier et dernier lieu de protéger les valeurs
essentielles fondamentales, axiologiques de l’homme et non le contraire.

- Le second intérêt consiste à délimiter la part de liberté de chacun et de définir ce qui


est permis ou non pour que la vie en société soit possible. L’étude du droit pénal spécial a
une valeur pédagogique6.

-L’étude du droit pénal spécial, permet également, de montrer que son principal rôle
réside dans la protection des droits de l’homme. Le droit pënal était pendant longtemps au

D’après André Vitu, le Code pénal est ri le code du comportement du parfait citoyen: il constitue pour lui la
charte de S’interdit ou du permis, du licite et de l’illicite, et de choisir son comportement en
conséquence.

5
service de l’Etat, il intervenait souvent pour ultime et seul objectif, le maintien de
l’ordre public au détriment des droits de l’homme. Actuellement, avec la tendance
humaniste du droit pénal, celui-oi vise par ses sanctions à prévenir avant de sanctionner.

-Le droit p’eïïal spécial s’efforce de trouver un équilibre entre l’intërét de l'individu et
celui du groupe, c'est-à-dire garantir les libertés individuelles et établir l’ordre public. Il
condamne toute tentative visant è porter atteinte ä l’individu, qu’il s’agisse de menaces sa vie,
sa liberté, sa dignité ou ses biens, que cette menace ëmane d’autres individus ou des autorités

E- Com araison du DPS avec les autres disei lines voisines


C’est un droit qui a des liens avec d’autres branches de droit pénal telles que :
La Politique crimineffe : Si nous prenons la définition de Mireille Delmas-Marty , que la
politique criminelle comprend l’ensemble des procédés par lesquels le corps social organise
les réponses è la criminalité, son but essentiel est le maintien de l’ordre social.
La politique criminelle consiste en des mesures préventives et des mesures répressives. C’est
un art difficile, qui recherche l’équilibre entre l’efficacité de ces mesures et les effets pervers
causés par elles, en particulier les atteintes aux droits et libertés fondamentaux des citoyens.
M Poliâque pénofe: Si la politique criminelle suppose une réflexion sur le discours pénal, et
elle est le fruit d’un travail doctrinal, qui relève du dhamp universitaire, la politique pénale è
l’inverse est considérée comme une politique de l’action, de l’élaboration de la nomie pénale,
qui relève du législateur et du juge pènal. Ces derniers se sont des principaux acteurs d’une
poliäque pénale efficace, qui vise la recherche des auteurs des infractions, la poursuite des
auteurs de ces infractions, le jugement des délinquants et enfin l’exécution de la peine.
2m criminologie . essaie d’expliquer le comportement des délinquants, afin d’éclairer le
législateur sur les mesures les plus adéquates ä pren‹lr• en vue de provoquer la diminution de
la criminalité dans tel ou tel domaine : elle contribue par là au perfectionnement du droit
pJg) $pJjg}. pg g¡p e gye d’en expliquer les causes de la crimin8lité.

Wiminofiîtigur: regroupe les divers arts et sciences permettant de faire la lumière sur « les
circonstances dans lesquelles une infection a été commise et facilitant l’idenäfication de ses
auteurs.»
3f edecine /r,g«fr: est la branche spéciale de la médecine qui a pour objet d'aider la justice soit
pénale soit civile dans la découverte de la vérité notamment en matière d'homicide,

Mireille DELMAS MARTY, op.cit, «Modèles et mouvements de politique crifoine1}e ÖeVue Î2ltTfD8tÎODfllO d0
criminologie et de police technique, année t983, p. 145

6
d'accidents du travail,... c’est une branche della médecine qui se consacre aux problèmes de
droit civil et criminel, plus particulièrement à l'expertise mëdico-légale.
La penologie: v pour objet l’étude de l’exécution des sanctions pénales, s’intéresse aux
modalités d’individualisation des peines infligées aux délinquants par 1e juge.
F- Les sources du droit pénal spéçigJ

a) Les sources internationales

Le préambule de la constitution marocaine de 2011 consacre le principe de la primauté des


conventions internationales sur le droit interne du pays ainsi que l’harmonisation en
conséquence des dispositions pertinentes de la législation nationale'.

L’article 55, al.2 de la constitution marocaine précise que le Roi signe et ratifie les traités.
Concernant les traités de commerce ou ceux engageant les finances de l’Etat ou dont
l’application nécessite des mesures législatives, ainsi que les traités relatifs aux droits et
libertés individuelles ou collectives des citoyens, ne peuvent ètre ratifiés qu’après avoir été
préalablement approuvés par la loi.

A ce titre, l’on peut donner l’exemple de la convention des nations unies contre la criminalité
transnationale organisée à Palemie le 12 décembre 2000 suite à la résolution 55/25 de
l’Assemblée générale du 15 Novembre 2000ᵉ.

Concernant ces sources nationales, le droit pénal les puise principalement de la constitution et
de la législation nationale.

*La consdtudon :

La constitution marocaine de 2011 prévoit plusieurs dispositions quant au droit pénal. Il s’agit
des éléments suivants :

Le préambule de la constitution marocaine de 2011 dispose qu’ en « Se fondant sur ces valeurs et cos principes
immuables, et fort de sa ferme volonté de rafferinir les liens de fraternité, de coopération, de solidarité et de
partenariat constructif avec les autres Ëtats, et d’œuvrer pour le progrès commun, le Royaume du Maroc, État
uni, totalement souverain, appartenant au Grand Maghreb, rèaEïrme ce qui suit et s'y engage : ( )- accorder
aux conventions intemaäonales dtlment ratifiées par lui, dans le cadre des dispositions de la Constitution et des
lois du Royaume, dans le respect de aon idenäté nationale immuable, et dès la publication de ces convenöoos, lu
primauté sur le droit interne du pays, et harmoniser en conséquence les disposiäoos pertinentes de sa législation
nationale.
Dahir ri° 132.02.1 rendu le 9 Chaoual 1424 ( 4 décembre 2003) publiant la dite convention des Nations Uaies.
B.O n°5186 du 12/02/2004, p 494-519

”7
L’article 22 de la constitution précise les él ents suivants : ^ -

- Il ne peut être porté atteinte à l'intégrité physique ou morale de quiconque, en quelque


circonstance que ce soit et par quelque personne que ce soit, privée ou publique.

- Nul ne doit infliger à autrui, sous quelque prétexte que ce soit, des traitements cruels,
inhumains, dégradants ou portant atteinte à la dignité.

La pratique de la torture, sous toutes ses fonnes et par quiconque, est un crime pmi
par la loi

L’article 23 de la constitution énumère également ce qui suit :

Nul ne peut être arrêté, d’etenu, poursuivi ou condamné en dehors des cas et des formes
prévus par la loi.

- La détÙtion arbitraire ou secrète et la disparition forcée sont des crimes de la plus


grande gravité et exposent leurs auteurs aux punitions les plus sévères.

- Toute personne détenue doit ‘etre infomiée immédiatement, d'une façon qui lui soit
compréhensible, des motifs de sa détention et de ses droits, dont celui de garder le
silence. Elle doit bénéficier, au plus tôt, d'une assistance juridique et de la possibilité
de communication avec ses proches, conformément è la loi.

- La présomption d’innocence et le droit à un procès équitable sont garantis. Toute


personne détenue jouit de droits fondamentaux et de conditions de détention
humaines. Elle peut bénéficier de programmes de fonnation et de réinsertion.
- Est proscrite toute incitation au racisme, à la haine et à la ViolerleC.

- Le gënooide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et toutes les violations
graves et systématiques des droits de l’Homme sont punis par la loi.

Portalis écrivait : « En matière criminelle, il faut des lois et point de jurisprudence ». Le droit
pénal spécial est la terre d’élection du principe de la légalité. Chaque infraction n’existe
qu’autant qu’elle a èté prévue par une loi précise. Un comportement n’est punissable que s’il
a Qté incriminé
Le Code pénal est la sourcejarincipale du DPS ; il englobe la grande majorité des infractiöns,
surtout celles que l’on peut décrire de classiques. Mais il ne faHt pas croire que le Code pénal
convienne toutes les incriminations. Un nombre considérable d’infractions est prévu par des
textes spÛiaux. Dans ce contexte, la multiplicité des sources législatives pose le problème dö
regroupement de toutes les inäactions dans le Code pénal. Ce serait un travail de longue
haleine, car il faudrait, dans la même occasion, éliminer des doublons (une inbaction prévue
par différents textes).

Le Code pénal marocain du 26 novembre 1962 comprend une partie générale et une partie
spéciale beaucoup plus consistante (les articles 163 à 612). Il comporte trois livres. Un
premier livre qui traite des peines et mesures de sûreté ; un second livre qui traite de
l’infraction et de la responsabilité de l’auteur ; et un troisième livre inhérent aux diverses
infractions et leurs sanctions respectives.

À cóté du code pénal, il existé une multitude de textes spécifiques qui ont une nature pénale
qui traitent les infractions particulières, on peut signaler dans cc sens le code de la route, le
code de commerce, le code des douanes et des impóts, le code de la p6che marítims.

La jurisprudence :

La jurisprudence fait des constructions qui peuvent être prises en compte par la loi. Aussi, la
fonction interprétative de la jurisprudence pemiet de cerner 1e sens d’une disposition pénale —
le sens voulu par le législateur-lorsque celle-ci est vague ou porte è ambiguïté. La
jurisprudence peut même donner parfois naissance à un délit spécial de par la loi.

Ainsi, en France, les décisions déprimant « les agressions téléphoniques » ont donné naissance
è un délit spécial, celui des appels téléphoniques malveillants. La jurisprudence reste utile
pour ramener de la clarté è un texte vague ou équivoque.

Elle opère son travail habituel d’interprétation et de synthèse. Il fattt noter cependant, que la
doctrine de DPS a toujours été moins riohe que 1e DPG. En France, moins qu’au Maroc, les
$$ g on / madëre restent en volume très inférieure ä celle des autres disciplme$
répressives.
Ceci étant, si le droit pénal spécial touche ainsi toutes les briinches du droit, il est toutefois
impossible de prétendre connaître toutes les incriminations et d’en dresser l’inventaire
complet dans un cours.

Ce dernier se contentera donc de traiter des infractions les plus communes, contenues dans le
code pénal. D’ailleurs, cet objœtif raisonnable n’est pas particulièrement aisé 1 atteindre au
motif que le nombre d’infractions pénales contenues' dans le seul code pénal est déjè
considérable et implique de faire des choix, d’accorder plus d’importance à certaines
infractions en raison par exemple de leur gravité.

L’étude du droit pénal spécial consiste donc ä aborder les spécificités de chaque infraction
pénale tant dans ses éléments constitutifs que dans sa sanction ou dans les modalités de sa
répression.

Dans cette perspective, notre cours portera sur les incriminations qui protègent la personne et
ses droits particuliers et notamment le droit à la vie (les atteintes aux personnes) et les
incriminations qui protègent le droit à la propriété (Les atteintes aux biens).

10
1 e Partie : Lés infracûons contre les biens
(aacles sos sao7 da c.r)

La doctrine distingue classiquement deux sortes d’atteintes aux biens : les atteintes matérielles
qui s’attaquent ä la substance mëme de la chose (par dégradation ou destruction) et les
atteintes juridiques, qui sans porter atteinte à la substance de la chose, tendent à faire passer
illégitimement sa propriété des mains du propriétaire à celles de l’usurpateur. (Vol,
escroquerie, recel, abus de confiance, etc.) Il s’agit d’appropriations frauduleuses.

Avant, le Code pénal connaissait pour l’essentiel la tétralogie traditionnelle du vol, de


l’escroquerie, de l’abus de confiance et du recel. Toute l’évolution législative a consisté en la
création de nouvelles infracäons venant s’ajouter aux vieilles, en raison des nécessités
sociales et du principe de l'interprétation stricte des lois d’incrimination. Aujourd’hui, il
existe un grand nombre d'infractions qui ne sont pas toutes dans le Code pénal.

Les trois infractions fondamentales sont le vol, l’escroquerie et l’abus de confiance. Elles
sont considérées comme des atteintes au droit de piopri’eté. Elles sont qualifiées ainsi par le
législateur comme des incriminations fondamentales sanctionnées par les dispositions
pénales du droit commun, cela veut dire qu’il existe d’autres infractions contre les biens
prévues et sanctionnées dans des contextes particuliers et principalement dans le domaine
commercial ou financier. Ex.: la banqueroute, l’émission des chèques sans provisions, recel
frauduleux (fait de s’approprier une chose par hasard, trouver une chose par haeard

Chapitre 1 : le vol
Selon l’article 505 CPM, le vol peut étre définit comme le fait de soustraire
frauduleusement une chose qui appartient à autrui. Ou bien priver autnii de sa
propriété d’une manière abusive. -

Pour le droit pénal français, le vol est une infraction d'atteinte aux biens qui consiste en «
la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui » art 311-1 CPF' 0.

Secûon I : Les éléments constituëfs du vol


L’article All-3 du codo pénal fiÑnçaiB dispose que : « Le vol est puni de mois @@s d’eæ risono ment et de
45.00 C d’amende ».

11
Les éléments constitutifs de l’infraction du vol, se décomposent en un élément légal, un
élément matériel et un élément moral.

§1- L’élément légal :

Le vol est définit et déprimé par les dispositions de l’article 505 qui dispose : « Quiconque
soustrait frauduleusement une choce appartenant à autrui est coupable de vol et puni de
d’emprisonnement d’un à cinq arc et d’une amende de UO à $00 dinhamc »

Le même article détermine les éléments constitutifs de cette infraction d’une manière
détaillée. Donc on peut dire que le législateur ä bel et bien respœté le principe de la.légalité
des délits et des peines par sa qualification au fait de soustraction frauduleuse d’une chose qui
appartient à autrui cömme vol.

Le législateur a incriminé le vol dans toutes les circonstanfes, il a tenu compte de la


personnalité des délinquants, des petits voleurs occasionnels, è la bande organisée, spécialisée
dans les cambriolages et attaques à mains armées. Cëci explique la complexité de la
répression du vol, la diversité des qualifications du (crime, délit et contravention), selon les
circonstances.

§2- L’élément matériel :

L’élément matériel du vol est une soustraction (B) accomplie sur une chose appartenant è
autrui (A).
A- La chose appartenant ä autrui
1. Une chose
Il a ’eté admis (par la doctrine pénaliste) que seuls les objets mobiliers corporels peuvent faire
l’objet d’un vol ; eux seuls peuvent être déplacés. En effet, il faut pour voler, pouvoir déplacer
la chose, ce qui s’oppose au vol des immeubles et des biens incorporels insusceptibles de ce
déplacement.
fl y a vol, pour le droit pénal, dès qu’un objet peut être détaché et enlevé de son support,
mëme si l’ensemble auquel il appartient est immobilier.
En oubn, le législateur a, dans l’article 521 du code pénal, appréhendé le vol d’énergie
électrique ou de toute autre énergie de valeur économique.7
Cette appropriation clandestine s’opère généralement au moyen de branchement effectué
avant le compteur.
2. Une chose appartenant à autrui

12
Parmi les conditions du vol, l’une des plus importantes est que laWose soustraite appartienne.
à autrui, que le propriétaire en question soit une personne publique ou privée, et mëme si la
personne en question n’est pas évidemment d’etenninée.
11 suffit, pour condamner pour vol, de constater que la chose ne pouvait appartenir à celui qui
l’a prise et il importe peu qu’on ne connaisse pas l’idenäté du propriétaire.
Toutefois, il n’y a pas vol ä prendre in resnullis, chose qui n’appartient à personne. Il n’y a
pas vol non plus, à s’approprier une chose qui a appartenue à quelqu’un mais qui a été
abandonnée par lui.
De même, il n’y a pas vol è prendre sa propre chose, mëme si autrui a des droits sur elle et si,
donc, l’acte nuit à quelqu’un. Toutefois, cette absence de possibilité de punir trouve ses
limites dans deux situations :
-La première est relative ä l’article 523 du code pénal qui appréhende le cas de la chose
commune (cohéritiers ou associés).
-La seconde est relative à la chose n’appartenant pas encore au voleur (propriété future ex :
testament).
B -l'acte de soustraction
Il est de principe qu’il n’y a vol que lorsque la chose, objet du délit, passe de la possession du
légitime d’etenteur dans celle de l’auteurdu délit, à l’insu et contre le gré du premier. Pour
soustraire, il faut prendre, enlever'' ou mvir. Le vol suppose une sorte d’arrachement de la
chose, l’exercice d’une certaine violence physique è l’encontre du propriétaire.
§3- Élément moral

Le vol est une infraction volontaire par définition, on ne peut pas voler par erreur. C’est au
ministère public d’apporter la preuve de ces allégaäons.

11 doit y avoir soustraction frauduleuse : l’objet du vol passe de la main du propriétaire,


légitime à l’auteur du délit et à l’insu et contre le grt du premier. 11 faut le déplacement
(transfert de la possession).
En cas de remise volontaire de la chose, il n’y a pas vol. Par contre, si la victime a été
contrainte de donner la chose sans son consentement libre et éclairé, il y a vol. C’est le cas en
cas de remise sous la violence, la menace, ëtat d’inconscience (vulnérabilité)
L’élément intentionnel se décompose en dol général et dol spécial:

” harald RZNOIJ'T, op. ciL, p. 89


Dol général : le voleur doit avoir commis son acte accompagnéfi’une ’intention criminelle et
volontaire et qu’il sache que la chose appartient ä autrui.
Dol spécial : celui qui soustrait un bien d’autrui dans le but du lucre et la volonté
d’appropriation qui est différente du mobile d’enrichissement. (C’est ainsi que le créancier
authentique qui s’approprié la chose du débiteur est poursuivi pour vol mëme s’il n’a pas
récupérer que sa créance, il s’est quand même approprié la chose d’autrui.)
Le dol général est ëtabli (élément moral) mëme si le voleur avait l’intention de rendre la chose
plus tard. Le simple fait de prendre au propriétaire sa chose est un vol; car ce propriétaire a
connu un préjudice. Celui qui prend le véhicule d’un autre pour ensuite le lui rendre commet
un vol.

Section 2 : La répression du vol (vol simple/ vols aggravés)


§1 : Les sanctions du vol
2
Le vol peut ëtre un crime, un délit, voire une contravention'

MLelarGo:(sN506,aI1)déhtdepoûes

Le vol simple (ordinaire) est puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de
120 à 500 dirhams.

Par dérogation ä ces dispositions, est qualifié larcin et puni de l’emprisonnement d’un mois à
deux ans et d’une amende de 200 à 250 dirhams, to zousti•actîon fr duleuce d’une chose de
faible valeur appartenant à autruL

La difficulté d’application de ce texte résulte de l’appréciation de cette « faible valeur »,


laquelle est laissée à l’appréciation du juge. Mais, peutmn estimer que cette faible valeur
échappe à l’arbitraire dès lors qu’elle est appréciée par rapport au préjudice commis, lequel
doit ‘etre estimé en fonction de la situaäon du propriétaire dépossédé. Ex : peut “etre qualifié de
lamin et puni des peines atténuées de l’art 506, le vol d’un mouton commis au prÿudice d’un
grand propriétaire, alors que le même fait doit ûtre sanctionné des peines d’Ull Vol lorsque le
propriétaire dépossédé est une pauvre femme dont l’animal était le seul bien.

“ Il S’agit de vols d’une it itttp ijjtpptjgttpp sont qualiftJs contravention (iziaraudage : oreillette et consommation
sur place des fruits d’autrei) art 518-519
14
NB : l’intérvention des circonstances aggravantes énumérées aux arts 507 à 510 transforment
le délit de police en crime.

B/ de vol sîœple : (azt 505) délit correctiozuzel

Le vol est ordinairement un délit correctionnel puni de d’emprisonnement de un à cinq ans et


d’une amende de 120 à 500 dirhams, ainsi que l’interdiction de certains droits prévue par l’art
40 du CP.

C/ Les vols aggravés : les vols criminels (dits qualifiés)

Art 507 : la peine est la réclusion perpétuelle.

Il s’agit du vol avec port d’arme (port apparent ou caché), ou le port d’arme dans le véhicule
ayant servi à la fuite. (Définition de ce qu’est une arme à l’art 303 du CP).

L’on parle de « vol à main armée ». L’article suscité rëprime le vol le plus dangereux au
regard du législateur marocain qui débouche trop souvent sur un crime de sang au cas où la
victime résiste ou crie pour provoquer l’intervention des tiers. C’est le cas classique de dualité
de crimes prévu par l’art 392 al 2.

,Les éléments constitutifs de ce vol qualifié :

• Une soustraction frauduleuse ;

• Une chose appartenant è autrui ;

• L’intention criminelle ;

• La circonstance aggravante de port d’arme par les auteurs du vol ou l’un d’eux, de manière
apparente ou cachée.

Art 508 : la peine est la réclusion de 20 è 30 ans.

Il s’agit du vol commis sur les chemins publics ou dans les véhicules servant au transport des
voyageurs, des correspondances, des bagages, ou dans l’enceinte des voies ferrées, gares,

15
ports, aéroports, quais de débarquement ou d’embarquement, lorsijue le vol a ’eté commis avec
l’une au moins des circonstances" visées à l’article 509.

La notion ‘de chemin public : il est défini par l’art 5l6du CP comme étant le chemin se
trouvant hors des agglomérations. La notion a été précisée dans un arrêt de la Cour de
cassation française du IO mars 1949 : « la circonstance aggravante de chemin public ne
s’applique pas aux rues, places et promenades intérieures des villes. En conséquence, la
constatation par la Cour que le vol a été commis daas une ville exclut la circonstance
aggravante de chemin public ›i.

Cela s’explique par le fait que l’aggravation est destinée è protéger les personnes qui circulent
hors des lieux habités et se trouvent de la sorte privés de possibilités de secours.

Art 509 : la peine est la réclusion de 10 à 20 ans.


L’article 509 du code pénal punit de la rêclusion de 10 à 20 ans les individus coupables de
vol commis avec deux au moins des circonstances suivantes :

*si le vol a été commis avec violences, ou menaces de violences, ou port illégal d’uniforme,
ou usurpation d’une fonction d’autorité ;

*ai le vol a été commis la nuit ;

*si le vol a ëtf commis en réunion par deux ou plusieurs personnes ;

*si le vol a été commis à l’aide d’escalade, d’effraction extérieure ou intérieure, d’ouverture
souterraine, de fausses clés, ou de bris de scellés, dans une maison, appartement, chambre ou
logement, habités ou servant è l’habitation ou leurs dépendances (Mëme circonstance que
celle prëvue par l’article 510 avec une différence ou niveau du lieu) i

*si les auteurs du vo1 se sont assurés la disposition d'un véhicule motorisé en vue de faciliter
leur entreprise ou de favoriser leur fuite ;

*si l’auteur est un domestique ou serviteur à gages mème lorsqu’il a connais le vol envers des
personnes qu’il ne servait pas, mais qui se trouvaient soit dans la maison de son employeur,
soit dans celle où il l’accompagnait ;

*si le voleur est un ouwier ou apprenti, dans la maison, l’atelier ou magasin de son employeur
ou s’il est un individu travaillant habituellement dans l’habitation oiï il a volé.

" Yves MAYAUD, Carole GAYET, op. cit., p.68.


16
Art 510 :’ la sanction est la réclusion de 5 à 10 ans.
L’article 510 du code pénal punit de 5 à 10 ans les individus auteurs de vol commis avec une
seule des circonstances suivantes :

*si le vol a été commis avœ violences, ou menaces de violences, ou port illégal d’uniforme,
ou usurpation d’une fonction d’autorité ;

• Si le vola été commis la nuit ; “

*Si le vol a été commis en réunion, par deux ou plusieurs personnes ;

*Si le vola été commis à l’aide d’escalade;

* si le vol a été commis au cours d’un incendie ou après une explosion, un effondrement, une
inondation, un naufrage, une révolte, une émeute ou tout autre trouble ;

* si le vol a porté sur un objet qui assurait la sécurité d’un moyen de transport quelconque,
public ou privé.

§2 Les obstacles ä la répression

L’immunitë familiale peut faire obstacle à la poursuite de l’ infraction de vol. Cette


immunité est réservée à des infractions ne mettant en jeu que des intérêts matériels.

Le jeu de cette immunité est strictement encadré. Elle ne joue qu’au bënëfice des personnes
visées par la loi.

En effet, n’est pas punissable :

*le vol commis par des maris au préjudice de leurs femmes et par des femmes au préjudice de
leurs maris (article 534 du code pënal).

* le vol commis par des ascendants au préjudice de leurs descendants (article 534 du code pénal).
* Le vol commis par les descendants au préjudice de leurs ascendants n’est pas incriminé (article
535 du code pénal).

17
Chapitre 2 : L*escroquerie
C’est la 2 ' catégorie d’appropriation frauduleuse punit par le CPM ; sa caractéristique
principale est d’ètre dépourvue de toutes violences et donne lieu à la remise volontaire d’un
bien par autrui sous l’effet d’une tromperie. Ce qui rend la transmission du bien punissable.

L’escroquerie suppose selon André Vitu et R, Merle l’emploi de la ruse, pour dépouiller la
victime. L’escroc fait appel à l’ingéniosité, à l’habilité, à la ruse la plupart de temps, les
escrocs sont des gens âgées, qui inspirent confiance, ...
Section I : Les Eléments consütuûfs de l’escroquerie
Les éléments constitutifs de l’infraction de l’escroquerie, se décomposent en un élément légal,
un élément matériel et un élément moral.

§1- L’élément légal :

Le fait de l’escroquerie ne peut “etre punit par le juge que si la loi au sens large du terne l’a
incriminés. Autrement dit, l’on exige la préexistence du texte par rapport au comportement".

Le législateur marocain a respecté ce principe en incriminant l’acte de l’escroquerie dans les


articles 540, 541, 542 et 546.

§2- L’éldœ ont matériel :

Pour que l’infraction de l’escroquerie soit punit, elle nécessite un élément matériel qui
selon l’article 540 CPM se compose de trols parties distinctes et strictement définies par la
loi les moyens de tromperie, la remise d’une chose du fait de ses manœuvres, un lien de
causalité entre préjudice et les moyens de tromperie utilisés.

Des eléments spécifiques ressortent de la définition du délit d’escroquerie:


'* qp¡ g été coafîrinè par le juriste allemand Feurbach par son célübfe citation « nutlmen crimen nullmen

i8
A- l’emploi de moyens frauduleux

L'emploi de moyens frauduleux englobe toute manœuvre pouvant induire en erreur une
personne, soit par :
* des affirmations fallacieuses : E s’agit des mensonges, il faut qu’il s’agisse d’un mensonge
déterminant (vraisemblable). L’exemple le plus fréquent des affirmations fallacieuses est
L’usage d’un faux nom (le fait de prendre un nom ou un prénom qui n’est pas le sien ) et
d’une fausse qualité (L’usage de fausses qualités peut porter sur l’état sur le travail que la
personne
exerce ou sur les titres qu’elle prétend porter. Exemple: Celui qui se fait passer pour un
policier ou un gendæme, en portant l’uniforme du métier et négocie avec la famille d’un
présumé coupable pour obtenir l’innocence en contrepartie d’une somme d’argent. Ou encore
celui qui fait croire a autrui qu’il travail dans une commune urbaine et peut lui faciliter
l’obtention d’un permis de construction

*soit par la dissimulation de fofts vrafs, Elle prend alors la forme d’un comportement
actif qui tend à dissimuler un fait. Cela suppose que l’auteur affirme fallacieuseinent
une contrevérité.»
Exp: celui qui achète un terrain pour y construire une maison, alors que le terrain est
inconstructible (mesure administrative etc).
Exp: celui qui dissimule la situation financière désastreuse engendrant une procédure de
liquidation et incitant une personne à s’associer avec lui.
En définitive, nous pensons que le fait de décider si la dissimulation constitue une escroquerie
ou pas doit ‘etre laissé au pouvoir discrétionnaire du juge.

* soit enfin le fait d’exploiter osïucieusement l’erreur osti se trouvait une pemunne : le
législateur que ce soit dans le texte français ou marocain vise par l’utilisation des termes
erreur ou faute le fait de profiter d’une manière trompeuse, kauduleuse de l’erreur spontanée
de la victime. L’escroc va uniquement s’intégrer pour profiter de cette erreur.

B- La remise d’une chose, du fait de ses manœuvres (le résultat de l’escroquerie)

Le résultat de l’infraction est la remise par la victime de fonds, valeurs ou biens quelconques
(somme d'argent, qu'il s'agisse d'espèces, de chèque, d'ordre de virement..), mais aussi tout
objet de valeur (tableaux, bijoux, pièces de collection...), ou toute chose mobilière ayant une
valeur vénale même faible (marchandises, outillage...).
Le bien n'est pas nécessairement corporel du moment qu'il est exploitable matériellement
(exemple : filer clientèle, scénario d'un roman...)., cette remise étant faite au préjudice de la
victime ou d’un tiers.
En France, l’escroquerie peut porter indifféremment sur un bien ou sur un service (art 3 13-1)
mais aussi sur un engagement (acte opérant obligation, c’est-à-dire contrat par lequel la
victime s’engage à donner, faire ou ne pas faire quelque chose au profit de l’escroc)

C- Préjudice (lien de causalité)

Pour que l’infraction de l'escroquerie abouösse, il faut que les moyens utilisés par l’escroc
résultent en elles même des actes préjudiciables aun intérêts pécuniaires de la victime ou à
ceux d’un tiers.
L’escroc peut agir personnellement ou indirectement par le moyen d’une personne opérant
pour son compte pour arriver au résultat visé dans l’article 540 CPM : de se procurer ou de
procurer ä un tiers, un profit pécuniaire illégitime, de menacer les intérêts pécuniaires de la
victime et ceux d’un tiers.
Un préjudice est donc indispensable à l’existence de l’infraction. Par contre, il faut que ce
préjudice è été bel et bien causé par les moyens frauduleux utilisés par l’escroc, c’est-à-dire un
lien de causalité entre l’acte de tromperie et l’opération de l’escroquerie.
Notons que la d’etermination de ce lien de causalité en cas d’escroquerie est laissée au
pouvoir d’appréciation de juge.
§3- Élément moral :
L'escroquerie est une infraction intentionnelle. L’intention coupable est déduite des
manœuvres kauduleuses employées. L'escroc doit agir de mauvaise foi et tromper
volontairement dans le but d'obtenir un résultat quelconque. La mauvaise foi se déduit
souvent des moyens employés.
Section 2 : La répression de l’escroquerie
L’escroquerie est sanctionnée qu’elle ait été consommée ou seulement tentée (art.546). Les
peines prévues étant identiques. Les personnes qui se sont rendues coupables d’escroqueri e
encourent aussi bien des peines principales (A) que complémentaires (B).
A- Les peines principales

20
1) L’escroquerie simple
Les peines principales prévues pour l’escroquerie ordinaire figurent à l’alinéa 1 de l’article
540 du code pénal. Ce sont l’emprisonnement d’un ä 5 ans et d’une amende de 500 è 5000
dirhams. L’escroquerie est donc ordinairement un délit correctionnel.

2) L’escroquerie commise avec des circonstances aggravantes

L’escroquerie commise avec des circonstances aggravantes est appréhendée par l’alinéa 2 de
l’article 540 du code pénal. Celui-ci punit de 2 à 10 ans d’emprisonnement et d’une amende
pouvant aller jusqu’à 100.000 DH « (....)une personne ayant fait appel au public en vue de
1’émission d’actions, obligations, bons (de trevor), parts ou titres quelconques, soit d’une
société, soit d’une entreprise commerciale ou indwtrielle ».
L’aggravation des pénalités est attachée è la circonstance que l’infraction a été réalisée par le
moyen de l’appel au public. La sévérité du législateur s’explique par le fait que cette
escroquerie a des conséquences graves pour le pays dans la mesure où elle détourne l’épargne
de l’investissement productif.

B- Les pelnes complémentaires


Au sens de l’article 546 du code pënal, les coupables du délit d’escroquerie peuvent étre
frappés pour 5 ans au moins et 10 aas au plus de l’interdiction d’exercice de l’ùü ou de
plusieurs des droits civiques, civils ou de famille ou de l’interdiction de séjour.

: °°*°rnant J^ Positive d'escroquerie en droit marocain, elle est déprimée des mêmes
peines que l'infraction consommée par l'article 546 du code pénal.
* Les tmmunltés et restrictions è l'exercice de l'action publique édictées par les articles 534 à
536 de l’infraction du vol sont applicables au délit d'escroquerie prévu au premier alinéa de
l’article 540. L’escroquerie comme le vol, commis dans le cadre de la famille, ne pourront
donner lieu qu'è des réparations civiles.
*Circonstances atténuantes : laissées à l’appréciation du juge

21
Chñpitre 3 : l’abus de confiance
L’abus de confiance est une infraction moins grave que le vol et l’escroquerie car l’auteur
n’utilise ni la violence ni la ruse. Elle suppose la violation de la confiance, c’esfune infraction
de trahison. Par opposition du vol et de l’escroquerie, le bien dans le cas de l’abus de
confiance 1 été remis au délinquant au temie d’un accord écrit ou verbal, mais è condition
qu’il le restituer au légitime propriétaire.
Section I : Les éléments constiNäfs de l’abus de confiance
Les éléments constitutifs de 1 action de l’abus de confiance, se décomposent en un
élément légal, un élément matériel et un élément moral.

§1-L'€Iémeotlégal:

L’article 547 du code pénal prévoit que « Quiconque de mauvaise foi détourne ou dissipe
au préjudice des propriétaires, posaesseurs ou détenteurs, soit des effets, des deniers ou
marchandises, sott des falre usage ou un emploi détermlné, est coupable d’abus de
confiance et punl de l'emprisonnement de six mois à trots ans et d’une amende de 200 ä
2000 dlrhams ».

On peut dire que il y’a abus de confiance quand une personne s’approprie un bien que lui a
remis sa victime (propriétaire légitime). Ce bien peut ëtre une somme d’argent, une
marchandise, un effet de commerce (document bancaire ou commercial tel que chèque,
traite...). Ex : C’est aussi le cas pour les données infomiatiques, par exemple si le commercial
uälise le fichier clients de son entreprise pour la concurrencer illégalement.

Dans le cas d’abus de confiance le délinquant adopte un comportement incompatible avec son
engagement. C'est-à-dire que cette personne veut se comporter comme le véritable
propriétaire alors qu’il ne dispose que d’un titre temporaire et précaire. Alors qu’il devait se
comporter sur cette chose comme un mandataire ou un dépositaire mais, à un moment donné,
il s’est comporté en propriétaire de la chose.

L'abus de confiance est, en France, « le fait par une personne de détourner, au préjudice
d'autrui, des fonds, des valeum ou un bien quelconque qui lvi ont ëté remis et qu'elle a
acceptés à charge de les rendre, de les représenter oR d'en faire un usage déterminé ».
L’article 314-1 du Code pénal français punit ce délit d’une peine pouvant aller jusqu'à
375 000 C d’amende et 3 ans d'emprisonnement.
22
§2- L’élément matériel:

D’après les dispositions de l’article 547 CPM, nous pouvons constater que, le législateur
marocain vise pour la constitution de l’infraction de l’abus de confiance, deux actes positifs,
le détournement et la dissipation de la chose. Mais au préalable, cette infraction nécessite une
remise de la chose.

A- La remise :
En fait, la remise ne peut pas être analysée colonne un véritable élément matériel de l’abus de
confiance car il ne s’agit pas d’un acte incriminé en tant que te1. En effet, celle-ci est
nullement répréhensible. C’est la taison poiir laquelle cette remise n’est jamais un élément
matériel.
La liste des biens ou objets pouvant étre remis est fixée par l’article 547 du code pénal. Par
ces termes, il faut entendre : le numéraire, les obJets mobiliers s usceptibles de faire l’objet
d’un commerce et tous les écrits contenant ou opérant obligation ou dJeharge, les
valeurs zaobi1ières, les effets de cotomerce, soit tous les papiers représeataat pour îa
vicöme, une valeur appréciable en argent.

La remise du bien doit présenter 3 caractères :

*Elle est d’abord nécessaire

*Elle est ensulte volontaire

*Elle est, enfin, précaire

B- Le détournement ou la dissipation de la chose


Détourner consiste à affecter l’objet confié à une desônation autre que cette prévue lors de
remise. L’acte de détournement peut résulter soit, de la non restitution de la chose, soit de son
utilisation à des fins étrangères è celles qui avaient été säpulées. Il consiste en un usage abusif
de la chose remise è titre précaire, c’est-à-dire d’un usage différent de celui qui avait été
convenu par le titre de remise
Dlsslner c’est faire disparaître la chose, soit par un acte matériel tel une destruction de la
chose, soit par un acte juridique tel la vente, la donation ou l’abandon de la chose qui avait été
confiée à oharge de la restituer, de la représenter ou d’en faire un usage déterminé.
Exemple : le cas d’un commerçant qui a déjè vendu un bien à un acheteur et qui détient
désormais ce bien uniquement à titre de dépôt, le vend à un tiers au lieu de le restituer.
Il faut que les actes matériels de détournement et de dissipation soient commis au préjudice
d’autrui (propriétaires, possesseurs ou détenteurs).
C-Le préjudice

En principe, le détournement n'est donc punissable que i’il a effectivement porté préjudice ä
autrui, c’est-à-dire au propriétaire ou au possesseur du bien détourné. Le préjudice peut être
réel ou éventuel mëme si l’agent peut le réparer.
§3- L’élément moral de l’abus de confiance

L’abus de confiance est une infraction intentionnelle : il faut donc prouver que l’agent s’est
volontairement comporter en maître de la chose en sachant très bien que la détenaon précaire
qu’il avait sur la chose ne lui permettait pas de réaliser un tel acte. Peu importe que le prévenu
n’ait pas bénéficié lui-mëme du détournement ou qu’il l’ait réalisé au profit d’un tiers.
La simple négligence ne suffit donc pas : il faut Etablir la volonté du prévenu de se comporter
en marde de la chose et sa conscience du caractère précaire de la détention.
Enfin, pour en finir avec l’élément moral de l’abus de confiance, la bonne foi du prévenu
empêche de retenir la qualification d’abus de confiance.
Section 2 : La répression de l’abus de confiance
L’abus de confiance n’est sanctionné que si l’infraction ait été consommée. La simple
tentative n’est pas punissable (art.555).

A- Les peines principales

1) L'abus de confiance simple

Les peines principales prévues pour l’abus de confiance figurent è l’article 547 du code pénal.
Ce sont l’emprisonnement de 6 mois ä trois ans et d’une amende de 120 ä t 000 dirhams.

2) L'abus de confiance commis avec des circonstances aggravantTi

Le législateur, souvent inspirées par l’observation criminologique, a prévu certaines


circonstances aggravantes dans les articles 549 et 550 du code pénal.

a- l’article 549 prévoit une peine d’emprisonnement de 1 ä 5 ans et d’une amende de 120 ä
5 000 dirhams si l’abus de confiance a été commis :

24
*soit par un adel, séquestre, curateur, admlnlstrateur judiciaire agissant dens l’exereiee
ou à l’occasion de leurs £onctions. 11 est done nécessaire que le détournement art été commís
dans l’exercice des fonctions ou à l’occasion de cet exercise.

*soit par un admlnistrateur, employé on gardien d’une fondatiox pieuse, an préjudice de


la fondation. Il en est ainsi d’un employé des Habous par exemple.

*Soit par un satarié on préposé an pré]udiee de son employeur ou comniettant. Le salaríé


ou préposé’ est celui qui travaille directement pour l’employeur ou le commettant, sous sa
surveillance constante et génćrale, moyennant une rémunération.

b- l’article 550 du code pénal prévoit que la peine de l’emprisonnement pour l’abus de
confiance simple est portée au double soit de 1 à d acs et le maximum de l’amende à 100 000
dirhams si « l’abuc de confmnce a Ltd cominis par u•• perS onn• ł a’uant apP e * an public
ofîn d’obtenir, sort poor son p ropre compte, unit comme directeur odministrateur on agent
d’une société on d’une entreprise commerciaie or industrielle la remise de foods on
vafeurs à titre de dépât, de mandat or de nantis8ement ».

Cette disposition conceme non seulement les personnes gut par profession, pratiquent
habituellement des placements ou des opérations boursières, tels que les banquiers, mais aussi
Jes représentants d’entreprises commerciales on industrielles qui s’adressent au public pour se
proourer des fonds dans l’intërêt de ces entreprises.

B- Let peines complémențaires

Au serie de l’article 555 dn code pénal, les coupables de délit d'abus de confiance simple on
avec des circonstances aggravantes peuvent être frappés pour 5 ans au morns ct 10 ans au plus
de l’interdiction d’exercice de l’un ou de plusieurs des droits civiques, civils ou de famille ou
de l’interdiction de séjour.

N.B :
*Si le préjudice subi est de faible valeur, la durée de la peine d'emprisonnement sera d'un
mois à deux ans et l'amende de 200 ã 250 dirhams sous réserve de l'application des causes
d'aggravation pNvues aux articles 549 ct 550 CPM.
*Les immunités restrictions è l'exercice de l'action publique édict8es par les articles 534
536 sont applicables as délit d'abus de contraries prévu è l'article 547.
Titre 2 : Les autres aaeintes aux biens
Il existe des délits de conséquence. II y a délit de conséquence lorsque la définition légale d'une
infraction comporte parmi ses éléments constitutifs l'exigence d’un crime antérieurement commis ou
tenté. En effet, tel est bien le cas du recel et le blanchiment de capitaux.

Chapitre 1 : Le recel des choses


Le recel est une infraction de conséquence qui suppose l'existence d'une infraction préalable.
En effet, la loi prévoit que le recel doit être caractérisé par le fait que l'auteur du recel sait "
que cette chose provient d’un crime ou d'un délit " ou de bénéficier en connaissance de cause "
du produit d'un crime ou d’un délit "

Secûon I : Les éléments eonsûNtifs du recel


Les éléments constitutifs de l’infraction du recel, se décomposent en un élément légal, un
élément matériel et un élément moral.

§1- L’élément légal :

L’article 571 du code pénal dispose que « Quiconque, sciemment, recèle en tout ou en partie
des choses soustraites, détoumées ou obtenues à l’aide d’un crime ou d’un délit, est puni de
d’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 120 à 2000 dirhams ( ) ».

§2- L’élément matériel du recel

A- La condltlon préalable au délit de recel : La chose recelée doit être entaehée d un


délit ou d’un crime

Toute chose peut faire l’objet d’un recel. La chose doit, ensuite provenir d’un crime ou d’un
délit. 11 faut noter que les contraventions ne sont pas visées par le texte.

Pour remplir cette condition, il faut que le crime ou délit aient été effectivement ou réellement
commis. La commission de ce crime ou délit doit être antérieure au fait de recel et doit être le
fait d’une autre personne. 11 est, en revanche, indifférent que l’on connaisse l’auteur de
l’infraction antérieure.

De même, il n’est pas nécessaire que l’auteur de l’infraction d’origine ait étë effectivement
sanctionnée ou poursuivie ni que l’auteur en soit punissable.

26
B- L'acte de çecel

L’article 571 du code pénal parle de recel de choses obtenues par une infraction délictuelle ou
criminelle, mais sans définir le recel. Dès lors, il est revenu à la doctrine et à la jurisprudence
de définir cette notion.

Ainsi, il a été décidé que l’acte de recel peut être réalisé de différentes façons c omme le fait
de dissimuler, détenir, transmettre, faire office d’interin‹ fiaire ou profiter par tout moyen.

§3- L'élément moral du recel


Le recel est une infraction intentionnelle. Celle-ci consiste en la double connaissance :
*de l’acte matériel de recel
*de la provenance criminelle ou délictuelle de l’objet.
aussi, il n’est pas nécessaire que la personne ait tiré un profit personnel du recel.
Si l’intéressé prouve sa bonne foi en démontrant qu’il ignorait la d’etenäon ou la provenance
délictueuse de la chose, l’infracäon ne peut être retenue.

Il convient de constater que la jurisprudence montre une certaine sévérité quant à l’élément
intentionnel : à défaut de rapporter une preuve positive de la mauvaise fois de l’auteur, sa
culpabilité est suffisamment établie par le constat que, compte tenu des circonstances, le
receleur n’avait aucune doute ou ne pouvait avoir de doute eur l’origine fmuduleuse des
choses qu’on lui proposait ou qu’il utilisait.

Section 2 : La répression du recel


La tentative de recel n’est pas réprimée par le législateur. Ainsi, l’inbaction de recel doit étre
consommée pour être sancäoonée. A ce titre, les personnes qui se sont rendues coupables de
rœel encourent aussi bien des peines principales (§l) que complémentaires (§2).

§1. Lee peines principales


L’alinéa 1 de l’article 571 du code pénal punit, en général, le receleur d’une chose obtenue à
l’aide d’un crime ou d’un délit d'une peine « d'emprisonnement d'un à cinq ans et d’une
amende de 120 è 2000 dirhams à moins que le fait ne soit punissable d’une peine criminelle
comme constituant un acte de complicité de crime ».

Pour sa part, l’alinéa 2 du mëme article permet au receleur de bénéficier de la peine prescrite
pour l’infraction d’origine lorsque celle-ci est inférieure à la peine prévue à l’alinéa précédent.

:27
Par ailleurs, lorsque l’infraction d’origine est un crime par elle-même ou le devient en raison de
circonstances aggravantes qui l’entourent, le receleur encourt les mêmes peines criminelles que
l’auteur de l’infraction d’origine.

"Toutefois, dans cette dernière hypothèse, le receleur n’encourt les mêmes peines criminelles
que l’auteur de l’infraction d’origine que s’il ait eu connaissance des circonstances auxquelles
la loi attache oette peine criminelle.

En toute hypothèse, la peine de mort est remplacée à l’égard du receleur par celle de la
réclusion perpétuelle.

§2. Les peines complémentaires

Au sens de l’article 573 du code pénal, 4es coupables de recel ayant été condamnés ä une
peine délictuelle peuvent étre frappés pour 5 ans au moins et10 ans au plus de l’interdiction
d’exercice de l’un ou de plusieurs des droits civiques, civils ou de famille. (pas d’interdiction
de séjour).

N.B
Circonstances atténuantes : elles sont laissées à l’appréciation du juge.
Immunltés : les immunités du vol s’appliquent au recel
Recels spéciaux :
• Le recel de cadavre (article 272 du Code Pénal).
• Le recel de malfaiteur (article 297 du Code Pénal).
Le recel d’enfant (article 470 du Code Pénal).
• Le recel de déserteur (article 151 du code de justice militaire).
Chapitre 2 : Le blancmment d’argent ou de capitaux
Le blanchiment de capitaux est le processus servant à dissimuler ou à déguiser
l’existence, la sou(ce illégale, le mouvement ou l’acquisition illégale de biens ou de fonds
à provenance illicite pour leur donner une apparence légitime

C’est un délit de conséquence à rapprocher du recel, qui suppose une infraction primaire dans
le champ duquel il va se commettre.

Cette notion de blanchiment est récente apparue dans les années 80 avec l’internationalisation
croissante des opérations financières et des circuits financiers.

Le blanchiment est en effet presque le seul moyen de profiter pleinement et en toute sécurité
des immenses profits des activités criminelles, d’où la volonté de donner une forme
dématérialisée à ces espèces pour en profiter. C’est pourquoi dès les années 80 la
communauté internationale à pris conscience de l’ampleur du phénomène et a entrepris de
bâtir un dispositif de lutte contre le blanchiment.

Secûon 1 : Les éléments consûtutifs de l’abus de confiance


Les éléments constitutifs de l’infraction de l’abus de confiance, se décomposent en un
élément légal, un élément matériel et un élément moral.

§1-Lecadre1éga1:

Le blanchiment est une opération qui consiste à masquer l’origine frauduleuse de sommes
d’argent. L’incrimination du blanchiment de capitaux a été introduite dans notre dispositif
interne pour satisfaire aux engagements internationaux du Maroc et est prévue par l’article
574-1 à 574-7.

* En 2007: La nouvelle loi 43-05 promulguée par dahir n° 1-07-79 du 17 awil 2007 et
publiée au BO N°5522 du 3 mai 2007 relative à la lutte contre le blanchiment d’argent.

*En 2011: une autre loi n°13-10 promulguée par dahir n°l-11-02 du 20 janvier 2011 {BO
n°5911 bis du 24 janvier 2011)

*En 2013 loi n° 145-12, promulguée par le Dahir n° 1.13.54 du 2 mai 2013, publiée au
Bulletin Officiel n° 6152 du 16 mai 2013, modifiant et complétant le code pénal et la loi n°
43-05. Ces deux lois ont été introduites au CP articles 574-1 à 574-7

29
* En 2021 : La Loi n°12-18 ' 5modifiant et complétant le Code pénal et la loi ri° 43-05"
relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux promulguée par le Dahir nO 1-21 -56 du 27
chaoual 1442 (8 juin 2021). (80 n“7018 du 24 moharrem 1443 du 02 septembre 2021).

§2-L’élément matériel :

L’infraction de blanchiment étant une infraction de conséquence, elle consiste d’abord, à


faciliter, par tout moyen, la justification mensongère de 1’origine des biens ou revenus de
l’auteur d’infractions ayant procuré à celui-ci un profit direct ou indirect (fausses factures,
faux contrats de travail, faux bulletin de paie ) ensuite, à intégrer le produit de l’infraction
originaire, dans un circuit financier licite ou à faire perdre la trace de son origine illicite et ce
par le biais des actes énumérés par l’art 574-1 Code Pénal Marocain

L’élément matériel exige la réunion de deux composantes


A- les actes de blanchiment de produits ou biens illicites issues d’infractions
Ces actes sont énumérés par l’article 574-1 du code pénal:
• le fait d’acquérir, de détenir ou d’utiliser des biens ou leurs produits dans l’intérêt de
l’auteur ou d’autrui, sachant qu’ils sont le produit de l’une des infractions prévues à l’article
574-2 ci-dessous ;
• le fait de convertir, de transférer ou de transporter des biens ou leurs produits dans l’intérêt
de l’auteur ou d’autrui sachant qu’ils sont les produits de l’une des infractions prévues à
l’article 574-2 ci-dessous ;
• le fait de dissimuler ou de déguiser la nature véritable, l’origine, l’emplacement, la
disposition, le mouvement ou la propriété des biens ou des droits y relatifs dans l’intérêt de
l’auteur ou d’autrui, sachant qu’ils sont les produits de l’une des infractions prévues à l’article
574-2 ci-dessous ;
• le fait d’aider toute personne impliquée dans la commission de l’une des infractions prévues
à l’article 574-2 ci-dessous ä échapper aux conséquences juridiques de ses actes ;

" Les principaux apports de ce texte concernent la révision du cadre institutionnel et le statut de l’Unité de
Traitement du Renseignement Financier (UTRF), la consolidation du cadre de supervision des entreprises et
professions non financières désignées (EPNFD), l’institutionnalisation du registre central des bénéficiaires
effectifs des personnes morales et constructions juridiques, l’adopüon d'un cadre juridique et procédural pour la
mise en œuvre des sanctions financières ciblées prononcées par le Conseil de Sécurité des Nations Unies
relatives à la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive ainsi que leur
financement.
" Cette loi a èté modifiée et complétée par la loi n°12-18, publiée en date du 2 septembre 2021, au Bulletin
Officiel et qui a permis le renforcement du dispositif national de LBC-FT aussi bien sur le plan préventif que
dissuasif.

•le fait de faciliter,‘ par tout moyen, la j tificatiori mensongère de l’origine des biens ou des
produits de l’auteur de l’une des infractions visées à l’article 574-2 ci-dessous, ayant procuré
à celui-ci un profit direct ou indirect ;
• le fait d’apporter un concours ou de donner des conseils è une opération de garde, de
placement, de dissimulation de convenion, de transfert du produit direct ou indirect, de l’une
des infractions prévues à l’article 574-2 ci-dessous.
• le fait de tenter de commettre les actes prévus au présent article.

B- la préexlstence d’infractions
Le blanchiment est un délit de conséquence qui suppose la commission préalable d’une
infraction. L’article 57W2 énumère de façon limitative des infractions variées:
• le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes ;
• le trafic d’etres humains ;
• le trafic d’immigrants ;
• le trafic illicite d’armes et de munitions ;
• la comiption, la coneussion, le trafic d’influence et le détournement de biens publics et

• les infractions de terrorisme ;


• la contrefaçon ou la falsification dea monnaies ou effets de crédit public ou d'autres moyens
de paiement ;
• l’app6ftenance à une bande organisée, fomiée on etablie dans le but de préparer ou de
commettre un ou plusieurs actes de terrorisme ;
• l’exploitaäoti sexuelle ;
• le recel de choses provenant d'un crime ou d’un délit ;
• l’abus de confiance ;
• l’escroquerie ;
• les infractions portant atteinte è la propriété industrielle ;
° ** $ d n Portant atteinte aux droits d’auteur et aux droits voisins ;
• la infractions r.outre l’envifonnefnent ;
• l'homicide volontaire, les violences et voies de fait volontaires ;
• l’enlèvement, la séquestration et la prise d’otages ;
• le vol et l’extorsion ;
• la contrebande ;
• la fraude sur les marchandises et sur les detirëes alimentaires ;

31
• le faux, l’usage de faux et l’usurpation ou l’usage irrégulier de fonctions, de titres ou de
noms ;
• le détournement, la dégradation d’aéronefs ou des navires ou de tout autre moyen de
transport, la dégradation des installations de navigation aérienne, maritime et terrestre ou la
destruction, la dégradation ou la détérioration des moyens de communication ;
• le fait de disposer dans l’exercice d’une profession ou d’une fonction, d’informations
privilégiées en les utilisant pour réaliser ou permettre sciemment de réaliser sur le marché une
ou plusieurs opérations ;
•l’atteinte aux systèmes de traitement automatisé des données ;
• la diffusion d’informations fausses ou trompeuses sur les instruments financiers et les
perspectives de leur évolution ;
• le recours à des manœuvres sur le marché des instruments financiers ayant pour objet d’agir
sur les cours ;
• la vente ou la fourniture de services de façon pyramidale ou par toute autre méthode
similaire.

§3-L’élément moral :

Le blanchiment de capitaux est une infraction intentionnelle. L’art 574-1 précise que ‹
constituent un blanchiment de capitaux, les aGtes oi-aprèS, lorsqu’ils sont commis
intentionnellement et en connaissance de cause ».

Pour la première forme, l’auteur doit connaître l’existence d’un crime ou du délit commis par
la personne dont il justifie les fonds ou les revenus de manière mensongère.

Pour la seconde forme, l’auteur du blanchiment sait que l’opération qu’il est en train de
réaliser porte sur des fonds provenant d’infractions.

Section 2 : La répression du blanchiment de capitaux


L’article 574-3 prévoit deux sanctions :

Peine principale:

• Pour les personnes physiques d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de
50 000 à 500 000 dirhams ;

32
• Pour les personnes morales, d’une ar;iende de 500 000 à 3 000 000 de dirhams, sans
préjudice des peines qui pourraient être prononcées à l'encontre de leurs dirigeants et agents
impliqués dans les infractions.
Pelnes complémentaires :

L’article 574-5 prévoit ä l’encontre des personnes coupables de blanchiment une ou plusieurs
des peines complémentaires :

-COIIÎÎSTBtÎOll ;

-Dissolution de la personne morale ;

- La publication, par tous moyens appropriés, des décisions de condamnation ayant acquis la
force de la chose jugée et ce, aux frais du condamné.
- L’interdiction temporaire ou définitive d’exercer, directement ou indirectement, une ou
plusietirs professions, activités ou arts à l’occasion de l'exercice desquels l'infraction a été
conunise.
Circonstances aggravantes :

Les peines d’emprisonnement et les amendes sont portées au double :


• Lorsque les infractions sont commises en utilisant les facilités que procure l’exercice d’une
activité professionnelle ;
• Lorsque la personne se livre de façon habituelle aux opérations de blanchiment de capitaux ;
• Lorsque les infractions sont commises en bande organisée ;
• En cas de récidive. Est en état de récidive l’auteur qui commet les faits dans les .cinq ans
suivant une décision ayant acquis la force de la chose jugée pour l’une des infracäons prévues
à l’article 574-1
e
2" Paräe : Les infracäons portant aHeinte auz personnes
Il est tout à fait normal que le législateur pénal dans toute société incrimine toute forme de
violence, toute agrœsion contre le corps d'une autre personne; C'est parce que l'intégrité
physique est le premier droit de l'homme consacré par les chartes internationales, et c'est
pourquoi l’intégrité physique a été protégée pénalement depuis le for.
Aujourd'hui, les infractions contre les personnes, restent les plus visibles, ces inñactions
occupent une place majeure dans le contentieux pénal.

Fi/re 1 : Les infracüons ponasit axeinte à la vie


L’incrimination de ces infractions réside dans la valeur qu’elles protègent (l’élément
axiologique) qui est la vie ou plus précisément le droit à la vie, qu’est un droit fondamental
protégé par la religion, la constitution marocaine, les conventions et déclaration des dmits de
l’homme ainsi que par la législation interne.
Nous allons aborder les atteintes volontaires ä la vie : Le meurtre et l’empoisonnement

Chapitre 1 : Le meurtre
Le terme homicide à deux sens, un sens générale qui est le fait de donner la mort ä autrui et le
sens juridique restreint du terme qu’on peut le diviser en deux « L’homicide commis avec
l’intention de donner la mort est qualifié meurtre » (art. 392 CPM). Et « Le meurtre commis
avec prëméditation est qualifié d’assassinat » (art.393 CPM).
Sur le plan répressif, on constate que toutes législations pénales modernes prêtent en
considération l'état d'esprit d'un auteur, d'un dommage corporel. Autrement dit, le législateur
distingue l’homicide volontaire et l’homicide involon

Secëon 1- meurtre volontaire @omicide volontaire)


Le meurtre est définit comme étant le fait de donner volontairement (c'est-ä-dire
consciemment) la mort ä autrui (article 392 CPM), la même définition est donnée par le
législateur fraiiçais dans l’article 221-1 CPF.
§1- Les éléments constitutifs du meurtre volontaire :
A- L él#ment légal
L’article 392 du code pénal dispose « Quirnnq«e donne intenfionaeffeme»2 Je worf ‹
est coupable de meurtre et puni de la reclusion perpé:tuelle ».

34
A travers la lecture ăítentive de l’article 392 CPM, le légíslateur ä bel ct bien respecté l’adage
en langue latin qui dit : « nullum crimen, nulla poena sine lege » « pas de crime, pas de peine
saris loi »). Cette règle, héritée du pénaliste italien Cesare Beccaria, est fondamentale dans le
droit marocain. Elle fut introduite dans le Code pénal , dans l’article 3 qui dispose que :« Nul
ne peut être condamné pour un fart qui n’est pas expressément prévu comme infracńon par la
loi, ni punt de pęines que la loi n’a pas édictées». Elle est d'ailleurs reprise par l’article 392.
B- L’élément matériel

En vertu de l’article 392, l’infraction de meurtre consiste dans la suppression de la vie d’une
personne. Elle implique un acte d’homicide ct une victitne.
*L'acte d’homicide (Le fart de donnar la mort)
L’acte d’homicide est une composante essentielle de l’élénient matériel. ß consists en tout
acte posiäf donnant la mort à la victims eipar niígaú/(omission ou abstentioa), car i1 ne peut
y avoir de meurtre par omission, example : (laisser mourir une personne en restant inactif, ct
alors que l’on n’a pas participé à la situation qui 1’ misc en danger, sera qualifié comme
infraction d’omission de porter secours, ou du délaissement d’une personne hors d’état de se
protéger. Ex : la célèbre affairs dite « sòquestrée de Poiäers » où une jeune femme privée de
soins par sa famille avait ïini par décédor, la qualification dv meurtre n’a pu ëtre retinue en
raison de l’absence d’actes posiäfs".
Peu impocte le moyen utilisé pour donner la mort. Pen imports en effet, le nornbre, la nature
ou l’instrument du geste. Qu’il s’agisse d’un coup de poing, de fen ou de poignard ; il doit y
avoir contact entre l’agent ct la victims ct que de ce contact se produise l’acte, c'est-à-dire le
résultat homicide.
*La vietime
La notion de victims est entendue largement. Le code pénal donne une indication sur la
victims qui doit étre une personne différente de l'auteur c.à.d « autrui ».Il importe pen que son
identité soit connue ct qu’elIe n’ait pas été retrouvëe. II faut seuleinent prouver que la
personne art ’eté vivante au moment où le geste homicide a été fart.
La victime doit étre une personne humaine, pas un animal car dans le cas du meurtre d’un
animal on n’applique pas l’article 392 CPM, mais les dispositions des articles 601 jusqu’au
604 CPM.

° d’°PP° ° « • 2d niv. 1901, DP 1902. 2, p. 81, notø 1e poittevin, S. 1902.2, p. 305, note húmørd ; J.
BMdtl c2 A. VadnarÕs Ž•ÆS gi8ads arr6ts du droitpńod géańral, Dałloz, 6 čd. 2007, n° 28, p. 360.

35
Le fait de tuer une personne n’est pas encore né ou bien un fœtus ne constitue pas une
infraction du meurtre mais l’infraction de l’avortement article (449 à 458 CPM).
c)- L’élément moral

L’ élément moral du meurtre consiste dans la volonté et l’intention de causer la mort.


Dans la tentative de meurtre, elle consiste à agir croyant donner la mort. Par ailleurs,
l’intention est constituée même si l’auteur a commis une erreur sur la personne de la victime
suite à une maladresse c.à.d. il tue une personne différente de celle visée.
En l’absence de cet élément intentionnel, la qualification va changer et on peut se trouver soit
en présence d’un homicide involontaire, soit en présence de coups et violences volontaires
ayant entrainé la mort sans intention de la donner, article 432 à 435 C.P.
Prouver l’intention est particulièrement difficile. La preuve doit normalement être Etablie par
le ministère public. Les aveux sont rares et ils ne prouvent pas nécessairement la volonté de
tuer. C’est ainsi que les magistrats vont devoir le plus souvent se contenter de déduire
l’intention des circonstances ayant entrainées l’acte.
Les mobiles n’ont aucune importance pour la qualification ou la requalification du meurtre, ex
(tuer par amour, jalousé, haine, vengeance, idéologie, le meurtre reste qualifié meurtre). L’un
de ses mobiles peut entrer en ligne comme circonstances atténuantes et des fois même
aggravantes de la peine.
A noter aussi que, le consentement de la victime est sans conséquence sur le meurtre, la même
chose pour l’assistance actrice au suicide et l’euthanasie".
§2- La répression du meurtre volontaire
En vertu de 1’ article 392 du code pénal, 1’ auteur d’un meurtre encourt la réclusion perpétuelle.
Toutefois, le législateur a prévu des circonstances aggravantes où l’auteur encourt la peine de

- En premier lieu, il s’agit des circonstances prévues dans l’alinéa 2 de l’article 392 et qui

*le meurtre ayant précédé, accompagné ou suivi un autre crime. Le meurtre, dans cette
hypothèse, doit avoir des liens de connexité avec une autre infraction qui ne peut être qu un
crime ou un vol qualifié par exemple ;

" Concernant l’euthanasie, cette pratique n'existe pas au Maroc, en France et après de lonBues débats, la loi 22
avril 2005 ne parle plus de l’euthanasie mais de l’accompagnement de fin de vie, lorsqu’une personne, en phase
avancée ou terminale d'une affection grave incurable, décide de limiter ou d’arrêter tout traitement, le médecin
respecte sa volonté après l’avoir informée des conséquences de son choix et procède aux soins palliatifs,
interrompre les soins ( c'est l’euthanasie passive).

36
*le meurtre ayant pour objet soit de préparer, faciliter ou exécuter un autre crime ou un délit,
soit de favoriser la fuite ou d’assurer l’impunité des auteurs ou complices de ce crime ou de ce
délit ;
- En deuxième lieu, il s’agit du meurtre commls avec prémédltation. Celle-ci fait du
meurtre un assassinat. Elle est définit dans 1’ article 394 « la prêmèditation consiste dans le
decsein @ro]et) forme avant l’action, d’orienter à la personne d’un individu déterminé, ou
même de celui qui sera trent ou rencontré', qttand même ce dessein dèpendrait de quelque
circonstance ou de quelque condition ›. '
- En troisième lieu, il s’agit du meurtre commis avec guet-apens“. Celui-ci fait du meurtre
un assassinat. Il est définit dans l’article 395 « le guet-apens consiste à attendre plus ou
moins de temPs dans un univers ou divers liea;r un individu, soit poll y lei donnPF la mort,
soit pour exercer sur lui des actes de violences ».
- En quatrième lieu, il s’agit du parricide. h est définit dans l’article 396 « qui“conque donne
intenfi onneffemrni la mort à son père, à sa mère, ou tout au •e ascendant est coupable de
parricide et puni de la peine de mort ›. L’énumération du texte est limitative
Par ailleurs, le législateur a appréhendé l’infraction d'infanticide c’est-à-dire le meurŒe
d’un nouveau-né. Cette infraction est punie de la réclusion perpétuelle, et en cas de
préméditation ou guet-apens de la peine de mort.
Toutefois, si la mère est auteur principal ou complice du meurtre ou de l’assassinat de son
enfant nouveau-né, elle encourt seulement une peine de réclusion de 5 è 10 ans. Les motifs de
cette relative indulgence tiennent à un élément moral. En effet, le crime d’ infanticide
lorsqu’il est commis par la mère l’est souvent sous l’empire de l’affolement comme est le cas
d’une mère célibataire.
Cette atténuation de la peine est réservée uniquement à la mère quel que soit son rôle dans
l’homicide. Les co-auteurs et complices (amants, parents de la fille), ne bénéficient pas de
cette faveur légale.
Secëon 2- Homicide involontaire
L’homicide involontaire peut èoe définit selon l’article 432 CPM comme tel : « Le fait de
causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l'article 432 CPM, par

" Yves MAYAUD, Carole GAYET, Code pénal aonotf, èd., 2021, p. 68.

' 0 Camille DE JACOB ET DE NOMBEL, « L’originalité de la circonstance aggrsvante de quei-apens », Revue


de science criminelle et de droit pënal comparé, n°3, 2010.

37
maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements, la mort à
autrui ». La même définition a été donnée par le législateur français (art 221-6 CPF)
La mort dans l’homicide involontaire est le résultat non recherché par des coups et blessures
faites volontairement. Il s’agit des lésions corporelles volontaires ayant entraîné une
conséquence non recherchée par l’auteur.
§1- Les éléments constitutifs du meurtre involontaire
A- L élément légal
Prévu par l’article 432 qui dispose que : « Quiconque, par maladresse, imprudence,
inattention, négligence ou inobservation des règlements, commet involontairement un
homicide ou en est involontalrement la cause est puni de l'emprisonnement de trois mois
à cinq ans et d'une amende de 250 à 1.000 dirhams.
Quant en France, aux termes de l’article 221-6 du code pénal, l’homicide involontaire est le
fait de causer par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une
obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement, la mort d’au trui 2'
L’ élément légal est très important pour la sanction de l’homicide involontaire, à défaut de cet
élément, l’auteur des fautes peut s’échapper de la répression.
B- L’élément matériel de l’homicide involontaire
L’agent doit avoir commis une faute et il n’est pas exigé que cette faute soit intentionnelle,
c'est-à-dire il n’est pas requis que l’agent ait voulu ou prévu le résultat ni même le fait
générateur de celui-ci.
La faute peut consister dans une action positive (par exemple une maladresse) ou une
abstention (par ex une inattention, une négligence, d’inobservation des règlements.)
Le législateur marocain n’a pas définit la faute mais il a délimité ses aspects ,mais en
générale, la faute pénale peut être définie comme une erreur de conduite qui permet d’imputer
à un agent une conséquence dommageable d’un fait qu’il n’a pas voulu provoquer.
L’article 432 du code pénal prévoit limitativement les aspects de la faute, qui peut l’ être sous
forme de défaut de prévoyance ou de précaution, par maladresse (Ex: un ouvrier qui laisse
tomber une pierre et tue un passant, ou Gelui d’un chasseur qui atteint mortellement une
personne humaine en visant un gibier.) , imprudence( Ex L’imprudence sera coupablement
établie à l’égard de celui qui confie sa voiture à une personne qui n’a pas de permis de
conduire ou qui se trouve dans un état apparent de fatigue ou d’ébriété), défaut de prévoyance

2'- Jean PRADEL, Droil péna1 gen é'ral , 22" n ’ éd. , Cujas, 201 9, p. 48.

38
ayant provoqué un accident mortel, inattention( Ex :C’est le cas pour un médecin de prescrire
par inattention à un malade un produit toxique qui provoque sa mort), négligence(Ex : le fait
pour un infirmier de négliger de prévenir le médecin de la gravité de l’état de santé d’un
malade, négligence ayant entraîné la mort du patient )ou inobservation des règlements, qui
causent involontairement un homicide.
D’une manière générale, il y a lieu de retenir toutes les fautes que l’agent pouvait éviter avec
plus de prévoyance, d’attention, de soins, d’habilité, de diligence.

c- L’élément moral :
On dit souvent que pour qu’une infraction soit déprimée, il faut qu’elle réunisse ses éléments
constitutifs, qui sont bien évidement l’élément légale (indispensable), l’élément matériel ainsi
l’élément moral. Mais dans ce genre d’infraction involontaire, l’élément moral est quasi
inexistant.
L’article 133 du code pénal était claire lorsqu’il dispose que : « les crimes et les délits ne sont
punissables que lorsqu’ils ont été commis intentionnellement, les délits commis par
imprudence sont exceptionnellement punissables que dans les cas prévus par la loi.».
D’après les dispositions de l’article 133 CPM, l’homicide involontaire ne doit pas d’être
pénalisé par l’absence de l’élément moral ou bien de la volonté ferme de transgresser la loi
(dol général), et d’atteindre un résultat criminel (dol spécial).
Donc après ce qui précède on doit se mettre d'accord, que dans les incriminations
involontaires nous ne cherchons pas le dol spécial ou général, il suffit de l’existence de
l’erreur pour que l’infraction sera sanctionnée. Sauf que, dans certains cas l’erreur peut être
accompagnée du dol général (transgresser la Ioi). Ex l’automobiliste qui double à un endroit
interdit (à commis l’erreur), mais n’a pas voulu blesser les passagers ou les tuer, mais il a
volontairement doublé dans un endroit interdit.
Ces incriminations et notamment l’homicide involontaire, sont commises, par défaut de
prévoyance ou de précaution. L'élément moral de l’intention ici ne consiste pas dans
l’intention coupable (faute intentionnelle) mais plutôt en une faute non intentionnelle.

La faute non intentionnelle doit être distinguée de l’erreur de diagnostic. Le principe est que
l’erreur simple de diagnostic ne constitue pas une faute pënale non intentionnelle.
Cependant dans des cas particuliers, cette erreur peut devenir fautive, et par conséquent,
entraîner la responsabilité pënale de son auteur lorsqu’elle est le résultat d’une ignorance

39
manifeste ou d’une négligence caractérisée de la part des praticiens (Absence de tout examen
ou examen sommaire et hâtif, ignorance des données élémentaires de la science médicale,
absence de recours aux moyens d’exploration).
Dans ces conditions, la faute résulte d’une erreur qui est dite « qualifiée », c’est-à-dire d’une «
erreur grossière ».
La jurisprudence française des cours et tribunaux a en effet sanctionné une telle erreur
révélant une ignorance ou une négligence inadmissib1e°2 , un médecin qui a fait preuve d’une
méconnaissance grossière de son art23, une erreur inexcusable24.

§2- La sanction de l’homicide involontaire :

L’auteur de la faute qui commet involontairement un homicide ou en est involontairement la


cause est puni de d'emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende de 250 à 1.000
dirhams.
Le tentaâve est établie en cas des infractions volontaires prévues et punies par les dispositions
des articles 114 à 117 CPM. £ complicite est établie en cas des infractions volontaires
prévues et punies par les dispositions des articles 130 CPM.
On peut imaginer en principe, les circonstances aggravantes dans le cas de l’homicide
involontaire, qu’en deux cas exceptionnel prévues par le législateur marocain dans l’article
434 CPM. Les peines prévues aux deux articles précédents sont portées au double lorsque
l'auteur du délit a agi en état d’ivresse, ou a tenté, soit en prenant la fuite, soit en modifiant
l'état des lieux, soit par tout autre moyen, d'échapper à la responsabilité pénale ou civile qu'il
pouvait encourir.

Chapitre 2 : l’empoisonnement
L’empoisonnement est un homicide volontaire qui se distingue du meurtre par le moyen
employé afin de commettre l’infraction. La circonstance de préméditation étant évidemment
inhérente ä ce crime.
§1- Les éléments constitutifs de l’infraction

’2 - Trib. Civ. de Lille, 30 juillet 1952, D, 1953, sotnm. P. 32.


"- Tnfi. Civ. de Seine, 27 mai 1958, D, 1959, Somm. P.7 ; Cass. Civ. lère , 21 février 1984 ; Cass. Crim., 20
awil 1982, D, 1983, Somm. P. 379.
2’- TGI Paris, 19 mars 1974, J.C.P. 1975.

40
Selon l’article 398 du code pénal, l’infraction d’empoisonnement ne peut être constituée que
si deux éléments sont réunis : un élément matériel et un élément moral.
A- L’élément légal
Le législateur marocain à définit l’enipoisonnenient dans l’article 398 CPM « Quiconque
aaeote à M vie d'une personne par l’effet de substances qut’ peuvent donner la mortpfus »u
moins promptement, de quelque manière que ces subMances aient é'te employées ou
adminiMréec, et quelles qu’en aient été les suites est coupable d’empof s onnement et périr‘ de

La mëme définition a été donnée par le législateur français à l’article 221-5 CPF. « Le fait
d’attenter à la vie d’autrui par l’emploi ou l’administratioñ de substances de nature à entraîner
la mort constitue un empoisonnement ».
B- L’élément matériel
Au sens de la loi, l’acte d’empoisonnement nécessite l’existence de deux conditions :
*une substance pouvant donner la mort : La substance doit avoir en elle même un caractère
mortifère. Elle peut étre animale comme le venin, végétale comme la cigue ou minérale
comme l’arsenic2
Toutefois, le problème s’est posé concernant le caractère mortifère du virus du sida.
*un emploi ou une admlnlstradon : l’administration est nécessaire. Sans administration,
point d’enipoisonnement.
La substance peut étre administrée à plusieurs reprises et même pendant une période assez “
longue. Il y a crime d’empoisonnement même si chaque dose prise isolément ne peut
provoquer la mot‘.
D’une manière générale, on entend par emploi ou administration tout procédé ou moyen
aboutissant à l’absorption, par voie digestive, respiratoire, sanguine ou autre par la victime du
produit mortel (présentation de mets ou breuvages empoisonnées, ouverture d’un robinet de
gaz, dégagement de gaz d’échappement dans un lieu clos, remise de médicaments. ).
ö est nécessaire, selon l’article 398, que ces substances soient de nature ä entrainer une
atteinte à la vie de la victime. C’est à dire qu’elles puissent aboutir à un résultat. Le produit
doit ‘etre objectivement mortifère, ou bien selon ph. Conté « intrinsèquement nocif ». À
défaut, la qualification de l’acte sera tout simplement des substances nuisibles ä la santé (art
413 CPM).

Hurtado POZO, Joel GODEL, Droit pénal général, éd., Schulihess Verlag, 2019, p. 34.
” Camille DE JA.COBET DE NOMBEL, op. cit., p. 49.

41
Le crime d'empoisoùnenient n’exige par que la victime soit décédée de suites de
l’administration dont elle a fait l’objet. Selon l’article 398 du CPM, le fait d’attenter à la vie
d’autrui par l’emploi de substance de nature à donner la mort constitue un empoisonnement ».
Il n’exige pas la mort, ce qui est puni, c’est le simple acte de donner des substances de nature
à donner la mort. L’infraction est consommée pleinement par l’acte d’administration.

C- L’élément moral

Il est acquis que cette infraction est « intentionnelle » au sens où il est impératif que l’auteur
ait agi volontairement, c’est-à-dire en connaissance du caractère mortel des substances qu’il
administrait. A défaut, c’est un comportement involontaire qui ne peut pas être poursuivie du
chef de ces infractions2’.
A noter que, la connaissance de la nature mortelle de la substance est très déterminante pour
la qualification de l’infraction car, Si la personne igaore le caractère mortifère de la substance,
il ne peut pas y avoir emprisonnement.

§2- La répression de l’empoisonnement


L’article 398 du code pénal réprime le crime d’empoisonnement de la pelne de mort.
Il s’agit d’une infraction facile à commettre et partiouliërement déloyale et l$che (sans
engagement physique de l’auteur). En plus, c’est une infraction vachement perfide (abus de
confiance). Pour ces raisons là, le législateur marocain puni le crime d’empoisonnement de la
peine de mort (art 398 CPM), alors qu’en France ce crime est puni de trente aàs de réclusion.

" La doctrine constatant le c•ractùre formel du crime d’empoiso»ncment en a conclu que l’élément intentionnel
de ce crime se su&sait du carac‘here volontairc du comporem°nt exiger fl<* 1 auteur ait P
mort de la vicäme par son geste (Selon Mr Mayot). °n° W de la consätuäon matérielle ducñœo
d’eæpoisoonement. Il faut uavoir S’il voulait ter > subatanc mortelles {Dans les affàires du sang
contaminé en France).
42
Les atteintes volontaires à l’intégrité physique se distinguent du meurtre en ce qu’elles
n’impliquent pas la volonté de tuer la victime mais celle de la blesser, de porter atteinte a son
intégrité physique.
Il faut reconnaître que le code pénal apprëhende diflërentes atteintes à l’intégrité de la
personne. Toutefois, notre étude se limitera à l’examen du mode gén“éral de porter atteinte ä
l’intégrité de la personne que sont les violences incriminées aux articles 400, 401, 402, 403 et
404.
Chapitre 1 les violences ou coups et blessures
Elles constituent des infractions de résultat en ce que la qualification de l’infraction et la
sancüon encourue dépendent du résultat effectivement provoqué sur l’intégrité de la personne.
§1. Les éléments constitutifs des violences

Ces éléments sont de deux ordres : un élément matériel et un elément moral.


A) L’élément légal
À travers l'article 400 et suivant du C.P, le législateur puni quiconque volontairement, porte
des coups, cause des blessures, provoque une maladie.è autrui ou une incapacité de travail,
par autres violences ou par de voies de fait. La peine encourue est fixée en fonction de
l'intensité ou l'importance du dommage causé et la gravité sur le dommage causé.
Selon le système français, cette infraction es9prévue par le code pénal aux articles 222-7 et

Il s’agit d’une infraction pouvant avoir plusieurs niveaux de gravité et pouvant par conséquent
revêtir la qualité de contravention, de délit ou de crime.

B) L’élément matériel

Le législateur a donné au juge toute une gamme de qualification pour réprimer des actes
violents. En effet, il parle de « blessures, coups et votes de falt ».
Les violences peuvent consister aussi bien si un acte unique qu’en deux ou plusieurs actes.
En revanche, elles doivent nécessairement consister en un acte positif d’une certaine brutalité.
Selon la définition légale, cet élément matériel se manifeste à travers quatre modèles qui ont
un point commun, se sont tous des actes gestuels concrets, ce qui exclue du ohamp de cette
agression, et exclue l’abstention et l'omission.

43
- Les Coups: Ce terne suppose qu'il y a une agression à un contact physique entre l'agresseur
et sa victime, ou bien l'agresseur a utilisé ses coups de mains, de tête, ou il a utilisé un moyen
o un objet média, en général une pierre, un béton, une barre de fer ou autre particularité. Le
temie de coups suppose”une infusion de sang, la conséquence physiologique des coups
apparait à travers une intonative intérieur par des traces, des marques qui apparaissent sur la
surface extérieure de la peau de la victime (des contusions, ecchymoses..)
- Les blessures: Renvoie à une altération de la peau, des muscles, des mains, des os. Les
blessures suppose toujours lësion de la peau avec écoulement du sang (une plaie, une lésion
profonde) et comme fracture de brulure, une hémorragie interne ou parfois une lésion
superficielle (ëcorchure, égratignures).
Les blessures supposent un contact entre le corps de la victime d'une part et le corps de
l'agresseur d’autre par, par l'instrument utilisé par l'agresseur.
- Autres violences: Par ce temie, le législateur vise un sens étroit c'est-à-dire une fourre de
violence en l'absence de tout contact entre la victime et l'agresseur. C'est l'hypothèse où
l'agresseur va agir de façon à impressionner suffisamment sa victime, lui provoque une
émission, un trou, qui va aboutir à un dommage physiologique, comme évanouissement,
hémorragie interne, et cela pour faire peur à la victime et la choquer, comme foncer sur un
personne avec une voiture, se présenter en plusieurs fois è une personne*
- Yoies de fait: Veut dire autres les moyens d'agir, ou procédés utilisés pour pouvoir englobés
la liste limitative de l’agression, exemple de voie de fait: Secouef une personne par échelle, le
faite de jeter un engin électrique dans une baignoire.
C- L’élément moral
Les violences sont volontaires ce qui ünplique non seulement qHe l’acte accompli l’ait été
volontairement mais aussi qu’il y ait eu volonté de porter atteinte ä l’intégrité physique de la
victime et de lui infliger une souffrance physique.

§2. La répression des violences


Les peines encourues en cas de violences sont loin d’‘etre uniques. En effet, en fonction de
certains éléments accompagnant le geste de violence, la qualification peut étre criminelle ou
délictuelle. Ces éléments sont, d’abord, l’étendue du préjudice éprouvé par la victime et
ensuite un nombre élevé de circonstances aggravantes.
*lorsque les violences portées è la victime opt soit cauaé aucune maladie ou incapacité
soit entraîné une maladie ou incapacité de travail inférieure ä 20 jours, le coupable
encourt les peines suivantes :
- une peine d’emprisonnement de lmois à 1 an et d’une amende de 120 ä 500 dirhams ou
l’une de ces deux peines seulement. Toutefois, ces peines sont doublées lorsque Üctime est un
des ascendants de l’auteur, son kafil ou l’époux de ce dernier ;
- une peine d’emprisonnement de 6 mois à 2 ans et l'amende de 120 à 1000 dirhams en cas de
préméditation, guet-aliens ou emploi d’me arme. Ces peines sont doublées lorsque victime est
un des ascendants de l’auteur, son kafil ou l’époux de ce dernier ;
•loraque les violences ont eausd une incapacité de travail supérieure ä 20 jours, le
coupable encourt les peines suivantes :
- une peine d’emprisonnement d’un è 3 ans et d’une amende de 120 à 1000 dirhams.
Toutefois, ces peines sont doublées lorsque la victime est un des ascendants de l’auteur, son
r
kafil ou l’époux de ce dernier ;
- une peine d’emprisonnement de deux à 5 ans et d’une amende de 250 à
2000 dirhams en cas de pr4mëditaäon, guet-apens ou emploi d’une amie. CE peines sont
doublées lorsque la victime est un des ascendants de l’auteur, son kafil ou l’époux de ce
dernier ;
*lozsqne les violences oat occasîoané mae ænti1s@oa, aæpataôoa ou pztvattoa de î°ussge
d'un membre cécité, perte d’un œil ou toutes autres infirmltés permanentes, le coupable
encourt les peines suivantes :
-la réclusion de 5 à 10 ans. Toutefois, la réclusion est de 10 à 20 ans lorsque la victime est un
des ascendants de l’auteur, son kafil ou l’époux de ce dernier ;
-la réclusion de 10 è 20 ans lorsqu’il y a eu préinéditation ou guet-apeas, ou emploi d’une
arme. Toutefois, la réclusion est de 20 à 30 ans lorsque la victime est un des ascendants de
l’auteur, son kafil ou l’époux de ce dernier ;
*lorsque les vloleneei ont occasionné la mort de la victime sans intention de le donner, le
coupable encowt les peines suivantes :
- la réclusion de 10 à 20 ans. Toutefois, la réclusion est de 20 à 30 ans lonque la victime est
un des ascendants de l’auteur, son kafil ou l’époux de ce dernier ;
- la réclusion perpétuelle en oas de préméditation ou guet-apens ou emploi d'une arme. La
mème peine est prévue lorsque la victime est un des ascendants de l’auteur, son khafil ou
l’époux de ce dernier.

45
Titre 3 : Les atteintes de miae en danger de la personne
L’individu, et notamment son corps, a pris une telle importance que la loi protège les atteintes
éventuelles portées à autrui. Ces atteintes peuvent être classées en deux catégories : d’une
part, la mise en danger commise par un acte positif (les menaces) et, d’autre part, celle
commise par voie d’abstention (l’omission de porter secours à une personne en péril)
Chapitre 1 : Les menaces
Pour bien cerner ces inôactions, il convient d’examiner leurs éléments constitutifs (Section I)
avant de voir leur répression (Sœtion II).
Section I : Les éléments constitutifs des menaces
§1. L’élément légal
@s menaces sont apptéhendées par les articles 425, 426, 427, 429 et suivants du code pénal.
§1. L’élément matériel
De la lecture des articles 425, 426, 427, 429 du CPM, il ressort que les menaces peuvent être
classées en trois catégories :
*lei menaces écrites de crime commises sans ordre ou condition : Pour qu’une menace
soit punissable, elle doit présenter certains caractères à savoir :
-avoir pour objet la commission d’un crime ou d’un délit contre les personnes ou les biens ;
-‘etre nette et impressionnée la victime ;
-‘etre adressée ä une personne déterminée ou aisément déterminable ;
-se réaliser selon certains moyens ou procédés énumérés par le législateur. fl s’agit
principalement de :
*l’écrit anonyme ou signé
*l’image :
*le symbole :
*l’emblème :
*lea menaces écrites de crime commises avec ordre de remplir une condiäon, il est à
noter que ces menaces nécessitent, en plus des éléments constitutifs des infractions de l’article
425, d’être commises avec un ordre. Il s’agit aussi bien d’un ordre de faire (déposer une
somme d’argent) que de celui de ne pas faire.
*les menaces verbales de crime , quant à elles, sont commises è visage découvert. Ainsi,
elles ne posent pas de problème particulier au niveau de leurs éléments constitutifs par rapport
è celles écrites. Elles exigent seulement un ordre pour être sanctionnées.

46
-les menaces écrites ou v bales de délits contre les personnes ou les biens ne sont
sanctionnées que si elles sont accompagnées d’un ordre.
§2-L’eémextmoral
Il résulte du procédé employé par l’auteur et manifeste la volonté de ce dernier de causer uir
trouble affectif ou une souffrance morale à la victime.
En général, il est è noter que les menaces sont réprimées en elles mêmes, è titre autonome.
Section II : La répression des menaces
Sous-section I : Les menaces de crlme

§1. Les pelnes principales


En vertu de l'article 425 du code pénal, l’auteur des menaces écrites de commettre un crime
contre les personnes ou les propriétés encourt une peine d'eniprisonnement d’un à tröis ans et
d’une amende de 120 à 500 dirhams.
Toutefois, le législateur prévoit une”aggravation des sanctions longue ces menaces ont été
réalisées avec ordre de remplir une condition. En effet, dans cette hypothèse, l’auteur encourt
une peine d’emprisonnement de deux à cinq ans et d’amende de 250 à 1000 dirhams (article
426).
Si la menace d’un crime faite avec ordre, a tté verbale, la peine d’emprisonnement est de six
mois à deux ans et d'une amende de 120 ii 250 dirhams (article 427).
§2. Les peines complèmentalrec
L’article 428 prévoit, en outre, des peines complémentaires à l’encontre de l’auteur des
menaces de crime commises avec ordre, de celles commises sans ordre et enfin de celles qui
sont verbales (art. 425, 426 et 427). En effet, celui-ci peut être frappé pour 5 ans au moina et
10 ans au plus de l’interdiction d’exercice de l’un ou de plusieurs des droits civiques, civils ou
de famille ou de l’interdicäon de séjour.

Sous-section II : Les menaces de délits (se référer à l’article 429 du CP)

Chapitre 2 : LA MISE EN DANGER COMMISE PAR VOIE


D’ABSTENTION
11 s’agit principalement des délits de non-obstacle à la commission d'une inbaction et de la
non-assistance ä personne en péril.
Section I : Le délit de non-obstacle ä Ia•commission d’une infraction
L’article 430 du code pénal prévoit que « Quiconque pouvant› sanc nique p our foi ou pour
des tiers, empêcher par con action immédiate, soit un fait qualifu! crime, soit un delit contre
l’inté rïf4 corporelle d’une personne, s’abstient volontairement de fa faire, est puni de
d’emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une amende de 120 à 1000 dirhams ou
l’une de ccc deux peines salement ».
D’après le code pénal français l’article 223-6, quiconque pouvant empêcher par son action
immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité
corporelle de la personne s'abstient volontairement de le faire est puni de cinq ans
d’emprisonnement et de 75 000 euros d'amende2’.

Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en
péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter spit par son
action personnelle, soit en provoquant un secours.

Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende lorsque le
crime ou le délit contre l’intégrité corporelle de la personne mentionnée au premier alinéa est
commis sur un mineur de quinze ans ou lorsque la personne en péril mentionnée au deuxième
alinéa est un mineur de quinze ans.

§1. Les éléments constitutifs du délit


1- L’élément matériel
Le délit de non-obstacle comporte trois conditions d’existence : un risque d’infraction, une
absence de réaction et une absence de risque pour l’auteur ou des äers.
Concernant le risque d’infraction, il est à noter que selon la loi, l’infraction doit Etre soit un
crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne. Les infractions conbn les biens
et les contraventions &happent donc aux prévisions de la loi.
En outre, puisque la loi vise à empêcher la consommaäon d’une infraction, l’intervention doit
se situer avant ou pendant cette consommation
Concernant l’absence de réaction, il est à noter que cette condition est essentielle pout la
constitution du délit. Il s’agit d’un défaut d’action ou de l’adoption d’une attitude passive.

"- Modifié par la loi n°20l8-703 du 3 ao‘ut20l8 - art. 5.

48
Ainsi, pour éviter la répression, l’individu doit (tellement intervenir directement (avertir la
victime) ou indirectement (dénoncer le projet à la police).
Concernant l’absence de risque pour l’auteur ou des tiers Le législateur prévoit un fait
justificatif spécial. En effet, pour que l’abstention soit punissable, elle 4oit être non risquée.

2- L’élément moral
L’élément moral consiste dans l’abstention volontaire de l’auteur malgré sa connaissance de
tous ces éléments. Notons qu’elle n’implique aucune idée de nuire à autrui.

§2. La répression du déllt


En vertu de l’article 430 du code pénal, l’auteur du délit de non-obstacle à la commission
d’une infraction encourt une peine d’emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une
arr ende de 120 ä 1000 dirhams ou de l’une de ces deux peines Seulement.
aucune peine complémentaire n’est prévue à l’encontre de l’auteur du délit.

Section II : le délit de non-assistance à une personne en péril

Selon l’article 431 du code pénal « Quiconque s’absäent volontairement de porter à une
personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui, si pour les tiers, il pouvait lui
prëter, soit par action personnelle, soit en provoquant un secours, est puni de
l’emprlsonnement de trois mois è cinq ans et d’une amende de 120 à lti00 dirhams ou
l’une de ces deux peines seulement ».

§1. Les éléments constitutifs du délit


1 L’élément matérlel
Au sens de la loi, deux conditions doivent être réunies pour que l’infraction soit répréhensible.
11 s’agit d’une part, des conditions relatives au créancier de l’assistance et, d’autre part, de
celles relatives au débiteur de l’assistance.
Concernant les condiäons relatives au créancier, le législateur exige que celui-ci soit en
péril. Le péril doit être rëel. Un danger seulement éventuel, hypothétique ou imaginaire dans
l’esprit du prévenu ne suffit pas. En outre, le përil doit être corporel. Le péril doit, aussi, être
immédiat c'est-’a-dire que l’état de la victime doit requérir une intervention d’urgence.

49
Concernant les conditions relatives au débiteur, ce dernier ne peut être puni que s’il était
au courant de l’état de péril. 11 n’y a guère de difficultés pour le témoin direct. Ainsi, celui qui
assiste personnellement à l’accident ou plus généralement à l’événement périlleux en a
connaissance de façon incontestable.
En outre, l’abstention du débiteur, pour être répréhensible, doit être non risquée. Dès qu’il
existe un risque sérieux pour le débiteur de l’assistance, celui-ci est en droit de ne rien faire.
Par ailleurs, le défaut d’assistance n’est punissable que s’il est volontaire.
L’agent doit avoir la volonté de ne pas secourir. L’intention est en pratique déduite des
circonstances.
§2. La répression du délit
En vertu de l’article 431 du code pénal, l’auteur du délit de non assistance à une personne en
péril encourt une peine d’emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une amende de 120 à
1000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement.
Aucune peine complémentaire n’est prévue à l’encontre de l’auteur du délit.

SO
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S2

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