GBV - Chap 4
GBV - Chap 4
CHA P I TR E I V
MÉTHODES ET DISPOSITIFS
POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
DES BOUES DE VIDANGE
Georges Mikhael, David M. Robbins, James E. Ramsay et Mbaye Mbéguéré
Objectifs pédagogiques
• Comprendre les aspects sociaux, les procédures et les techniques en jeu dans la collecte
et le transport des boues de vidange issues des dispositifs d’assainissement à la parcelle et
leur importance.
• Savoir quels types d’équipements peuvent être employés pour les différents dispositifs d’as-
sainissement utilisés par les ménages.
• Connaître les enjeux et les paramètres à prendre en compte pour le transport des boues de
vidange vers un site de traitement ou une station de transfert.
• Savoir ce qu’est une station de transfert des boues de vidange, comment ces stations sont
exploitées et comment choisir leur emplacement.
• Connaître les aspects sanitaires et sécuritaires liés à la collecte et au transport des boues
de vidange.
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4.1 INTRODUCTION
Ce chapitre présente les bonnes pratiques pour la collecte et le transport des boues de vidange
pouvant être employées par une gamme de prestataires de services, allant du petit entrepreneur
qui utilise une charrette tractée par une bicyclette, aux grandes entreprises des zones urbaines
denses disposant de plusieurs camions (parfois des centaines). Une grande variété de tech-
niques existe, des méthodes de vidange manuelle les plus basiques à celles employées par les
camions de vidange les plus sophistiqués. Souvent, compte tenu de la grande diversité des
dispositifs d’assainissement utilisés par les ménages, des contextes économiques et des condi-
tions d’accès, différents types de prestataires peuvent opérer simultanément sur la même zone
géographique et, parfois même, au sein de la même entreprise.
Les personnes et les entreprises qui collectent et transportent les boues de vidange issues des
dispositifs d’assainissement des ménages (fosses septiques et latrines traditionnelles) assurent
un service essentiel pour les riverains, les quartiers et les villes (figure 4.1). Ils constituent un
maillon critique de la chaîne de services qui rend l’accès à l’assainissement possible. Sans ces
services de collecte et de transport pour évacuer les boues, les dispositifs d’assainissement à la
parcelle ne fonctionneraient pas correctement. Le présent chapitre est consacré aux procédures
et aux aspects techniques relatifs à la collecte des boues issues des dispositifs d’assainissement
des ménages, à leur transport vers un site de traitement et à la manière dont les vidangeurs ac-
complissent ces tâches.
L’objectif de ce chapitre est de mettre en évidence les caractéristiques d’un bon service de
vidange, sans risque et professionnel. Pour être efficaces, les prestataires de vidange doivent
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
• De discuter avec les clients avant d’extraire les boues, afin de convenir de la logistique et
d’informer ces derniers du déroulement de l’opération ;
• D’indiquer un tarif standard ou un prix négocié, selon son modèle commercial ;
• De repérer les ouvrages à vidanger ;
• D’ouvrir le dispositif pour faciliter sa vidange ;
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• De collecter les boues de vidange ;
• D’évaluer l’état de l’ouvrage après la vidange ;
• De refermer et de sécuriser l’ouvrage une fois l’extraction des boues achevée ;
• De nettoyer une fois les opérations terminées ;
• De réaliser une inspection finale à l’issue de l’opération et de reporter au client tout dysfonc-
tionnement de son dispositif.
Ce paragraphe développe certaines de ces activités à conduire, dans l’idéal, avant toute opé-
ration de vidange. La collecte et le transport des boues seront exposés plus en détail dans les
paragraphes suivants.
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Étude de cas 4.1 : L’interaction avec le client dans la ville de Marikina, Philippines.
La ville de Marikina aux Philippines a développé l’interaction avec les clients. En collaboration avec
le service public de l’eau, la ville a mis en place un calendrier des vidanges, quartier par quartier,
sur la base d’une périodicité des vidanges tous les 5 ans. Pour ce faire, ils s’associent avec le
secteur privé de la manière suivante :
• Quelques jours avant, les prestataires se rendent dans les quartiers, ils envoient un camion
équipé de haut-parleurs pour informer les résidents de la venue prochaine du service ;
• Le jour qui précède la vidange, les agents municipaux visitent les domiciles et distribuent des
brochures d’information ;
• Ces agents identifient les maisons qui nécessitent une assistance pour ouvrir leur fosse
septique et leur fournissent une liste de personnes pouvant leur rendre ce service à moindre
coût ;
• Le jour de la vidange, ces agents sont présents pour répondre aux questions, contrôler la
circulation et résoudre les différents problèmes qui se posent.
Grâce à ce dispositif, la réglementation locale est respectée à 95 %.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
Les vidangeurs se concertent avec les ménages pour localiser l’emplacement des ouvrages à
vidanger, pour repérer les orifices et les regards d’accès (s’il y en a), pour déterminer où placer le
matériel de vidange et pour répondre à toutes autres questions pertinentes. Souvent, les dispo-
sitifs d’assainissement sont directement situés sous la cuisine ou la salle de bain, ce qui oblige à
pénétrer dans la maison avec le matériel de vidange. Ainsi, la collaboration et la communication
avec les résidents sont essentielles et rendent le processus de vidange plus efficace. Un exemple
est illustré par la figure 4.2 avec un vidangeur qui doit entrer dans une cour intérieure pour accé-
der au système à vidanger.
Les règles générales que les vidangeurs doivent suivre lorsqu’ils interagissent avec les ménages
sont les suivantes :
• Rester courtois et toujours demander une autorisation formelle avant de réaliser le service ;
• Répondre au mieux aux questions posées en se référant aux autorités locales autant que
nécessaire ;
• Être soigneux lors de l’amenée des tuyaux et autres équipements dans les maisons et veiller
à protéger les sols, les murs et les meubles de tout dommage ;
• Communiquer les observations faites aux résidents (de préférence par un récapitulatif écrit du
service délivré et des problèmes relevés) ;
• Assurer la propreté pendant et après les opérations.
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4.2.2 Repérage du système à vidanger
L’emplacement de l’ouvrage d’assainissement à vidanger est souvent difficile à repérer. Les
fosses septiques sont généralement enterrées et leur emplacement est inconnu. Lorsque les
latrines sont regroupées, il n’est pas toujours évident de savoir pour laquelle le service a été
mobilisé.
Entre autres, les méthodes suivantes permettent de repérer l’emplacement des fosses à vidanger :
Figure 4.3 : Exemple de regard de visite d’une fosse septique conçue pour permettre un accès rapide, Vung Tau Province,
Vietnam (photo : Linda Strande).
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Largeur de la route
Dans le cas d’une vidange par camion, les routes doivent être suffisamment larges pour per-
mettre le passage du camion ou de l’équipement de vidange.
Accès au site
• Est-il nécessaire de passer par la propriété du voisinage pour atteindre l’ouvrage à vidanger ?
• Y a-t-il des contraintes d’accès liées au climat, telles que des ruisseaux à traverser ou des
routes impraticables durant les fortes pluies ?
Localisation du site
• Lors d’une vidange par camion ou par charrette, l’ouvrage est-il situé suffisamment près de
la zone de stationnement du véhicule ?
• L’emplacement du client est-il suffisamment proche d’une station de traitement des boues de
vidange pour assurer le transport ?
Les questions suivantes peuvent être utilisées par le prestataire comme une check-list pour l’aider
à déterminer si le système est accessible pour la vidange :
• L’ouvrage peut-il être ouvert pour permettre l’introduction des équipements de vidange
(ex. : tuyaux) ?
• Y a-t-il des regards de visite pouvant être ouverts sur chaque compartiment ?
• De nouveaux orifices d’accès devront-ils être aménagés ? Si oui, les résidents ont-ils donné
leur accord pour ce service ?
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
• Les dalles, les sols ou les couvercles de la fosse septique vont-ils devoir être reconstruits
après la vidange ?
• La fosse risque-t-elle de s’effondrer si elle est vidangée ?
• Pelles, pieds-de-biche et barres à mine utilisés pour repérer les fosses et les regards de
visite ;
• Tournevis et autres outils manuels utilisés pour ouvrir les différents regards et couvercles ;
• Pelles à manche allongé et seaux utilisés pour racler les solides qui ne peuvent être extraits
autrement ;
• Crochets pour retirer les déchets solides non-biodégradables (sachets, textiles…) ;
• Tuyaux pour le pompage des boues ainsi que pour l’ajout d’eau dans les fosses le cas
échéant ;
• Équipements de sécurité :
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- Cales pour bloquer les roues du véhicule lorsque celui-ci est à l’arrêt ;
- Équipements de protection individuelle tels que des casques de chantier, des visières ou
des lunettes de protection, des bottes et des gants ;
- Désinfectants, barrières, matériaux absorbants et sacs pour le nettoyage et l’évacuation
des déversements éventuels.
Il est essentiel que les employés des entreprises de vidange maintiennent leurs outils et équipe-
ments dans un bon état de fonctionnement et qu’ils signalent les réparations qui s’imposent à
leurs superviseurs.
Il est important de préciser quelles sont les propriétés des boues de vidange, pour bien com-
prendre les défis que représentent leur collecte et leur transport. Ces propriétés sont principale-
ment liées à la teneur en eau des boues, à leur âge, à la présence d’éléments non-biodégradables
et à leur teneur en matières organiques. Dans une latrine à fosse unique par exemple, les boues
les plus récentes, déposées sur la partie haute du volume stocké, présentent des teneurs en eau
et en matières organiques supérieures à celles des boues accumulées au fond de la fosse et ont,
par conséquent, une densité moindre (Buckley et al., 2008). La fraction supérieure est ainsi moins
visqueuse et plus facile à extraire. L’absence d’eau et de matière organique dans la couche plus
profonde, plus ancienne, souvent qualifiée « d’épaisse » rend l’extraction des boues plus com-
plexe. En fonction des techniques d’extraction, les boues épaisses doivent souvent être mélan-
gées à de l’eau pour faciliter leur pompage. Il en résulte que la période d’accumulation des boues
constitue un indicateur de la facilité avec laquelle les boues de vidange peuvent être extraites. Les
caractéristiques des boues de vidange sont exposées plus en détail dans le chapitre 2.
On distingue deux méthodes pour la collecte manuelle des boues, à savoir « le ramassage de fûts
amovibles » et « l’extraction directe ». Ces deux méthodes peuvent être appliquées sans risque si
les vidangeurs utilisent des équipements de protection adaptés et suivent des protocoles sécu-
risés. En revanche, certaines pratiques sont à haut risque, comme le fait de descendre dans les
fosses ainsi que le font les vidangeurs manuels de certains pays subsahariens ou d’Asie du Sud.
Les boues doivent être systématiquement déversées dans des stations de transfert ou des sites
de traitement et non pas dans la nature, de manière incontrôlée.
Dans certains pays, comme le Ghana ou le Bangladesh, les autorités nationales et locales com-
mencent à prendre conscience des pratiques insalubres des vidangeurs manuels et adoptent
des mesures pour les interdire. En outre, les autorités locales peuvent faciliter la promotion des
services de vidange hygiénique en mettant en avant les bonnes pratiques, en imposant des res-
trictions aux pratiques à risques, en proposant aux vidangeurs des formations, des services de
renforcement de capacités, ou encore via l’octroi d’autorisations. La formalisation des vidangeurs
manuels fera évoluer la demande vers des services de vidange améliorés plus hygiéniques et
permettra aussi le développement d’entreprises et la création d’emplois.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
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Figure 4.5 : Les toilettes portatives « Uniloo » développées par Unilever, Water and Sanitation for the Urban Poor (WSUP)
et IDEO au Ghana (photo : Nyani Quarmyne).
D’une conception très simple, la pompe Gulper peut être produite en recourant à des matériaux
et à une technicité généralement disponible dans les pays à revenu faible. La pompe se compose
d’un tuyau PVC contenant deux clapets anti-retour en acier inoxydable. Le clapet « de pied » est
fixé à la base du tuyau, tandis que le clapet « piston » est fixé à l’extrémité d’une tige actionnée
par une poignée. Au fur et à mesure que la poignée est actionnée, les clapets s’ouvrent et se
ferment successivement et les boues sont hissées dans le tuyau vertical jusqu’au bec de sortie
de la pompe, orienté vers le bas. Une crépine est placée à la base du tuyau PVC, pour empêcher
l’entrée de déchets solides qui risqueraient de bloquer le mécanisme de la pompe.
58 cm
35 cm
60 cm
70 cm
79
10 cm
Depuis ses premières versions, la pompe Gulper a fait l’objet de plusieurs modifications visant à
la rendre plus maniable et mieux adaptée aux conditions locales. Ces modifications ont consisté,
entre autres, à l’ajout d’un levier sur la poignée afin de faciliter le pompage ou la mise en place
d’un tuyau télescopique pour pouvoir vidanger des fosses à différentes profondeurs. D’autres
modèles de pompe reposant sur les mêmes principes ont été développées, telles que la « poor
pump » ou la pompe manuelle de vidange (Manual Desludging Hand Pump, MDHP).
La pompe Gulper fonctionne bien avec les boues peu visqueuses et peut atteindre des débits
de l’ordre de 30 litres/min. La hauteur de refoulement est fixée par la configuration de la pompe.
Selon la conception et les matériaux utilisés, le coût d’investissement de la pompe Gulper varie
entre 40 et 1 400 USD (Boot, 2007 ; Godfrey, 2012 ; Still et Foxon, 2012).
Les problèmes suivants ont été relevés par les développeurs et les utilisateurs de la pompe :
• Difficultés pour l’installation et l’utilisation dans les toilettes présentant une superstructure de
faibles dimensions (Godfrey, 2012) ;
• Blocages de la pompe par des débris non-biodégradables présents dans les boues ;
• Fissurations du tuyau PVC à long terme ;
• Éclaboussures de boues lors des opérations (Godfrey, 2012).
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
De toutes les pompes manuelles de vidange présentées dans ce paragraphe, la pompe Gulper
est celle qui a été utilisée par le plus grand nombre de vidangeurs en Afrique et en Asie. Cepen-
dant, l’adoption ou la production de cette pompe par les vidangeurs n’ont été rapportées que
dans le cadre d’interventions appuyées par des organisations extérieures (ex. : financement,
formation, appui technique).
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Bien qu’elles puissent être portées par une ou deux personnes, ces pompes sont parfois mon-
tées sur des roulettes afin de faciliter leur transport. En fonction du modèle, le coût d’achat d’une
pompe varie entre 300 et 850 USD.
4.5.3 Le Nibbler
Le Nibbler a été développée par l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (LSHTM)
à la même période que la pompe Gulper. C’est une pompe à mouvement rotatif qui permet
d’extraire les boues de viscosité moyenne grâce à une chaîne à rouleaux, tournant en boucle
dans un tuyau PVC. Ce tuyau peut être introduit dans le regard d’accès d’une fosse ou le trou de
défécation d’une latrine sans endommager la structure.
La chaîne est entraînée par la rotation manuelle d’une double manivelle et d’un pignon, placés à
l’extrémité du tuyau. Fixés de manière lâche sur la chaîne, des demi-disques métalliques placés à
intervalles réguliers entraînent les déchets depuis le fond de la fosse jusqu’à la surface. À l’extré-
mité supérieure, les boues sont raclées au niveau d’un connecteur en forme de Y qui dirige celles-
ci vers le récipient de transport des boues. Une plaque verticale délimite les deux compartiments
entre lesquels la chaîne tourne. En raison de résultats mitigés à l’issue de la phase d’essai, le
développement du Nibbler a été suspendu.
Techniquement, les tests ont conclu au bon fonctionnement du MAPET ainsi qu’à sa capacité à
pomper des boues à 3 mètres de profondeur avec un débit de 10 à 40 L/min selon la profondeur
et la viscosité des boues (Brikké et Bredero, 2003). Les tests ont aussi conclu que le MAPET
avait permis à WASTE de résoudre la plupart des problématiques techniques ciblées lors de sa
conception. Cependant, seul l’un des huit MAPET introduits en Tanzanie était encore opérationnel
8 ans après, et plus aucun ne fonctionnait après 13 ans (BPD, 2005). On relève, parmi les raisons
à l’origine de ce manque de durabilité :
• Un arrêt de l’appui structurel auquel les vidangeurs utilisant le MAPET étaient très dépen-
dants ;
• Une dépendance à l’importation d’un élément clef (un segment de piston en cuir) qui n’était
pas disponible sur le marché local ;
• L’incapacité des vidangeurs utilisant le MAPET à couvrir les charges de maintenance et de
transport à l’aide de leurs revenus issus des vidanges (WASTE Consultants, 1993).
COÛT INITIAL
TYPE / COÛT DE
PERFORMANCES DÉFIS
D’ÉQUIPEMENT FONCTIONNEMENT
(USD)
Pompe Gulper • Adaptée pour le • Coût initial : 40 à 1 400 • Accès difficile aux
pompage des boues (selon la conception). toilettes munies d’une
de faible viscosité. • Coût de superstructure de petite
• Débit moyen de 30 L/ fonctionnement : taille.
min. inconnu. • Blocage si les boues
• La hauteur de contiennent beaucoup
refoulement dépend de de débris non-
la configuration de la biodégradables.
pompe. • Le PVC utilisé pour le
corps de pompe tend à se
fissurer.
• Éclaboussures de boues
entre le goulot de la
pompe et le récipient de
collecte des boues.
Les motopompes à membrane ont été utilisées en Afrique du Sud pour la vidange de latrines à
fosse unique ventilée améliorée (VIP), mais la présence de débris non-biodégradables de gros
diamètres entraînait des blocages fréquents (O’Riordan, 2009). L’absence de pièces détachées
sur le marché local est aussi une contrainte pour l’utilisation de cet équipement dans les pays à
revenu faible.
Les motopompes à eaux chargées sont adaptées au pompage des boues présentant une
consistance très liquide. À l’instar des motopompes à membrane, la performance de ces pompes
dépend de la taille et du modèle. Les modèles de 3 pouces peuvent généralement pomper des
particules solides de 20 à 30 mm, avec un débit maximal d’environ 1 200 L/min, et une hauteur
de refoulement maximale de 25 à 30 mètres. Le prix d’achat approximatif d’une motopompe à
eaux chargées de 3 pouces est de 1 800 USD.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
Lors de la vidange, l’outil est introduit dans la couche de boues et les matières sont entraînées
84 par le mouvement circulaire des lames coupantes, placées à la base de la tarière. Elles sont en-
suite hissées le long du tube, par la vis sans fin, jusqu’à atteindre le coude de dérivation qui les
expulse vers un récipient collecteur placé au sol. Avec un poids de 20 à 40 kg, les tarières mo-
torisées peuvent être manipulées par un seul opérateur. Cet équipement permet de pomper des
boues présentant une consistance pâteuse à semi-solide et peut admettre de petites quantités
de débris solides non-biodégradables (De los Reyes, 2012). Les prototypes les plus récents sont
dotés d’une marche arrière pour faciliter l’évacuation des déchets en cas de blocage. Des coûts
de construction d’environ 700 USD sont relevés, mais aucune donnée n’est encore disponible
sur les coûts de fonctionnement.
Les difficultés suivantes ont été relevées lors de l’utilisation de tarières motorisées (Still et
O’Riordan, 2012 ; Still et Foxon, 2012) :
4.6.4 Le Gobbler
Développé par la Commission de recherches sur l’eau sud-africaine (South African Water Re-
search Commission, WRC) en 2009, le Gobbler est une version motorisée du Nibbler, plus effi-
cace et plus robuste. Un moteur électrique entraîne une transmission à double chaîne qui anime
TECHNOLOGIE
une chaîne de plus gros calibre que celle du Nibbler. Les demi-disques métalliques utilisés par le
Nibbler pour entraîner les boues sont remplacés par des coupelles métalliques, et un racloir est
placé au point de décharge (Still et O’Riordan, 2012).
Pendant les tests, le blocage des chaînes de transmission est ressorti comme particulièrement
problématique (Still et O’Riordan, 2012 ; Still et Foxon, 2012). D’autres problèmes ont été relevés
pour la fabrication et l’utilisation de cet outil (Still et O’Riordan, 2012) :
Le coût estimatif du prototype du Gobbler était de 1 200 USD environ. À l’instar du Nibbler, son
développement n’a pas été poursuivi compte tenu des difficultés relevées au cours de la phase
de test (Still et Foxon, 2012).
Pa
Pa
Pa
Figure 4.9 : Quatre techniques d’aspiration des boues par le vide (adapté d’après Boesch et Schertenleib, 1985).
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
Généralement, les citernes des camions vidangeurs ont une capacité comprise entre 2 et 16 m3.
Plusieurs paramètres sont pris en compte par les vidangeurs pour choisir un camion, notamment :
En général, les camions vidangeurs sont équipés soit de pompes à palettes de faible volume,
qui sont relativement bon marché, soit de pompes à anneau liquide qui sont plus coûteuses. Le
premier type de pompe est plus indiqué pour les camions de faible capacité, qui opèrent sous
un vide poussé mais avec un flux d’air faible. Les techniques d’aspiration sous vide fonctionnent
mieux pour pomper les boues de faible viscosité comme celles des fosses septiques (Boesch et
Schertenleib, 1985).
Les pompes à anneau liquide sont plus adaptées aux camions de grande capacité recourant à
des techniques d’aspiration pneumatique. Trois de ces techniques, à savoir l’aspiration continue
en surface, l’aspiration avec buse d’injection d’air et l’aspiration par flux d’air saccadé, sont
décrites brièvement par la figure 4.9. Ces techniques sont plus indiquées pour le pompage de
boues dont la viscosité est élevée, telles que celles accumulées au fond des fosses septiques ou
86
dans les latrines à fosse unique.
Certains camions vidangeurs sont également dotés d’équipements de déshydratation qui per-
mettent de réduire le volume des boues à transporter et d’accroître l’efficacité des opérations.
Pour fonctionner, ces engins nécessitent des points de déversement (un réseau d’assainissement
en général) afin de recueillir les fractions liquides non-traitées. L’inconvénient majeur de ce ma-
tériel sophistiqué est la complexité de sa maintenance, aussi bien en termes de technicité que
d’approvisionnement en pièces détachées.
BREVAC
En 1983 au Botswana, le Centre international de référence pour l’élimination des déchets (Inter-
national Reference Centre for Waste Disposal, IRCWD) a conduit une série d’essais de terrain
avec plusieurs modèles de camions vidangeurs, certains classiques et d’autres plus spécifiques,
ainsi que divers équipements de vidange mécaniques. Développé par l’Établissement de re-
cherches en bâtiment (Building Research Establishment, BRE), le BREVAC a fait partie des ca-
mions spécifiques testés (figure 4.10).
Le BREVAC dispose d’un réservoir divisé en deux compartiments. D’un volume de 4,3 m3, le
premier compartiment sert à stocker les boues, tandis que le second, d’un mètre cube, contient
l’eau pour l’opération (Boesch et Schertenleib, 1985). Le camion dispose d’une pompe à vide à
anneau liquide très performante, avec une capacité d’aspiration de 0,8 bar pour un débit d’air
de 26 m3/minute. Enfin, un vérin hydraulique permet d’incliner la citerne afin de faciliter son net-
toyage après déversement.
TECHNOLOGIE
9 13 8 7
14 15 15
10
12 11
12
4
2 1 3
Les essais ont conclu que le BREVAC permettait de vidanger les boues très visqueuses des
latrines à fosse simple, savait manœuvrer dans les espaces exigus et circuler sur des terrains
87
difficiles (Boesch et Schertenleib, 1985). Son jet d’eau sous pression lui permet aussi de dé-
sagréger les blocs de boues et d’éviter ainsi la descente des vidangeurs dans les fosses lors
des opérations. Certains éléments restent à améliorer (comme l’ajout d’une jauge à billes flot-
tante pour relever le niveau de boue) et des problèmes de colmatage des tuyaux par des débris
non-biodégradables ont également été relevés. Néanmoins, cette technologie a été jugée viable
et adaptée sur le plan technique.
Figure 4.11 : Les modèles BREVAC Mark III (à gauche) et Mark IV (à droite) conçus pour la collecte et le transport des
boues (photo : Peter Edwards).
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
Vacutug
En 1995, l’ONU-HABITAT a développé le Vacutug en tenant compte des leçons apprises à l’issue
des essais conduits par l’IRCWD sur le BREVAC et le MAPET. La première version, Mark I, a été
développée en Irlande par Manus Coffey et associés (MCA), puis testée au Kenya par l’Organi-
sation nationale pour l’eau et la santé (Kenya Water and Health Organisation, KWAHO). Depuis,
quatre autres versions ont été développées au Bangladesh et plusieurs unités de chacune ont été
vendues. Les exemples sont présentés dans la figure 4.11 et dans le tableau 4.2.
COÛT (USD)
CAPACITÉ LARGEUR DISTANCE DE MONTAGE ET
VERSION (hors frais de
(litres) INDICATIVE TRANSPORT PROPULSION
transport)
Mark I Monté sur châssis
500 Très réduite Courte 10 000
et II motorisé.
Monté sur remorque
Mark III 1 900 Moyenne Longue et tracté par tracteur 20 000
ou pick-up.
Monté sur le
Mark IV 700 Réduite Intermédiaire châssis d’un tricycle 15 000
motorisé.
Monté sur le
Mark V 1 000 Réduite Intermédiaire châssis d’un tricycle 15 000
88 motorisé.
Les opérations de vidange, à l’aide d’unités d’aspiration à vide, doivent suivre les étapes sui-
vantes :
• Transport souvent
• Peut vidanger des boues lent.
de viscosité faible et • Difficulté à vidanger
de petites quantités les boues présentant
de déchets non- une forte viscosité.
25 USD
biodégradables. 10 000 à • Faibles volumes (500
Vacutug par
• Idéal pour les zones 20 000 à 1 900 litres).
voyage1
difficiles d’accès. • Non-viable
• La hauteur de financièrement
refoulement dépend du si les distances
modèle. de transport sont
importantes.
• Accède difficilement
• Peut vidanger facilement
aux zones
des boues de viscosité
densément
faible ainsi que
peuplées.
certains déchets non-
• Maintenance difficile
biodégradables.
Camion de dans les pays à
• Idéal pour le transport 10 000 à Très
vidange revenu faible du fait
de gros volumes de 100 0002 variable
classique de certaines pièces
boues sur de longues
spécifiques.
distances.
• Coût
• La hauteur de
d’investissement
refoulement dépend du
hors de portée pour
modèle de pompe utilisé.
certains vidangeurs.
1
Hypothèse de deux déversements par jour avec une distance de 10 km jusqu’au point de déversement et une vitesse de
91
transport moyenne de 10 km/h (Mikhael et Parkinson, 2011).
2
La gamme de prix des camions vidangeurs classiques est très variable selon que le véhicule est neuf ou déjà usagé, de
sa capacité, de ses équipements (ex. : jet à haute pression) et des coûts d’expédition.
Figure 4.12 (gauche) : Exemple de bonne pratique où l’assemblage des tuyaux flexibles est aisé et rapide (photo : Linda
Strande).
Figure 4.13 (droite) : Exemple d’un système mal entretenu avec des tuyaux assemblés à l’aide de ficelle et de sachets
plastiques.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
Parmi ces équipements, on peut distinguer ceux qui utilisent la traction/propulsion humaine ou
animale et ceux qui sont entraînés par des moteurs thermiques. Ce paragraphe décrit les diffé-
rents moyens actuellement utilisés, en précisant les avantages et les inconvénients de chacun.
Les aspects à prendre en compte pour le transport des boues de vidange incluent :
Du fait de leur faible capacité, de leur rayon d’action réduit et de leur vitesse limitée, ces équipe-
ments ne sont pas adaptés pour des transports sur de longues distances.
93
Figure 4.15 : Camion de vidange circulant dans les rues animées de Manille, aux Philippines (photo : David M. Robbins).
Les tricycles à moteur sont les plus petits équipements motorisés à faible coût utilisés par les
vidangeurs. Leurs petites dimensions leur permettent de circuler dans les rues étroites auxquelles
les véhicules de plus grande capacité ne peuvent accéder. Des modèles de différentes tailles
et puissances existent sur le marché, certains pouvant transporter des charges allant jusqu’à
1 000 kg. Les boues peuvent être conditionnées soit dans des fûts chargés sur le plateau du
tricycle (O’Riordan, 2009), soit dans un réservoir fixé à l’arrière (figure 4.14).
Des moyens plus coûteux sont également utilisés pour transporter les boues. Dans certains
cas, des pick-up pouvant transporter des charges allant de 2 000 à 5 000 kg sont utilisés, avec
parfois des systèmes de levage embarqués (Losai Management Limited, 2011). Cependant, ces
véhicules ne sont pas toujours à la portée des petits vidangeurs (McBride, 2012a ; Bhagwan et
al., 2012).
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
Quel que soit le mode d’amenée des boues à la station de transfert ou de traitement, les vidan-
geurs adopteront utilement les mesures de sécurité suivantes :
2. Bien suivre les instructions données quant à l’échantillonnage des boues. Certaines stations
prévoient des filières différentes pour les boues des ménages et celles issues des établis-
sements commerciaux. Les exploitants de la station peuvent demander des échantillons
avant d’autoriser leur déversement s’ils veulent s’assurer que celles-ci ne contiennent pas
d’éléments susceptibles d’endommager la station.
5. Activer le mécanisme de vidange de la cuve (prise de force ou autre) et déverser les boues.
6. Obtenir les autorisations et les droits d’accès nécessaires avant d’acheminer les boues
jusqu’à la station de transfert.
7. S’assurer que suffisamment d’eau est disponible pour le nettoyage des débris solides dans
le cas où la station comporte un ouvrage de dégrillage.
8. Disposer les refus du dégrillage dans un endroit sécurisé pour les égoutter et les sécher
avant leur stockage et/ou leur mise en décharge selon une procédure adaptée d’incinération
ou d’enfouissement.
9. Employer des techniques de lavage adaptées pour le déversement des fûts dans une sta-
tion de transfert. Veiller à opérer depuis une surface stable et à porter des équipements de
protection.
10. Nettoyer les déversements éventuels et bien refermer l’orifice d’admission des boues.
11. Utiliser des équipements de protection tels que des gants, un casque et ne pas fumer lors
des opérations de collecte et de déversement des boues.
12. Ranger les tuyaux et les équipements, veiller au respect de l’hygiène (ex. : lavage des mains)
et remplir les formalités administratives.
TECHNOLOGIE
4.8.1 Introduction
Les paragraphes précédents ont présenté différentes technologies de collecte et de transport des
boues de vidange, notamment certains équipements légers utilisés dans les zones inaccessibles
aux camions de vidange de grand volume. Cependant, ces équipements ne peuvent être utilisés
que sur de courtes distances, leur vitesse étant trop faible pour permettre d’évacuer, de manière
économiquement viable, les boues de vidange vers un site de traitement ou de dépôt final.
Face à cette problématique, des approches décentralisées ont été développées pour fractionner
95
le processus de transport en deux étapes, respectivement qualifiées de « transport primaire » et
« transport secondaire ». Au niveau du transport primaire, des chariots ou des véhicules de faible
capacité acheminent les boues depuis le point de collecte jusqu’à une station de transfert de
proximité. Lors du transport secondaire, un équipement de grande capacité, tel qu’un camion de
vidange, est utilisé pour vidanger la station de transfert et évacuer les boues vers le site de dépôt
final. Ainsi, pour fonctionner convenablement, les stations de transfert doivent être accessibles à
l’ensemble des équipements utilisés pour les transports primaire et secondaire.
Pour pallier le problème d’ensablement, des stations de transfert modulaires ont été dévelop-
pées en utilisant des conteneurs mobiles à la place de la cuve bétonnée. La littérature relève les
gammes de capacité suivantes :
Les stations de transfert fixes servent essentiellement d’unités de stockage sécurisées. Leur
conception dépend des modèles de réservoirs utilisés pour le stockage. Dans un projet mené au
Ghana, les réservoirs étaient placés dans une fosse en béton, construite sur un site clôturé afin
de limiter les risques de dégradation, de submersion et de contamination. Une fois pleins, les
réservoirs étaient vidangés à l’aide d’un camion de vidange.
Un troisième type de station est le « réservoir fixe multifonction ». En plus du stockage, ces sta-
tions peuvent aussi admettre les boues fraîches issues de toilettes publiques et/ou assurer un
traitement partiel des boues. Dans ce dernier cas, des procédés de déshydratation (bassins de
décantation, lits de séchage, sacs géotextiles - ERE Consulting Group et Indah Water Konsor-
tium, 2012) ou de digestion anaérobie (ex. : fosses septiques, réacteurs anaérobies à chicanes,
réacteurs à biogaz) sont mis en place. Les stations qui combinent toilettes publiques et traitement
96 des boues de vidange présentent l’avantage d’être bien acceptées par les riverains et permettent
de réduire les charges de transport secondaire, grâce à la déshydratation des boues. De plus,
les sous-produits issus du traitement (ex. : digestat ou biogaz) peuvent être valorisés après trai-
tement complémentaire. L’étude de cas 4.2 présente un exemple de station pouvant admettre
des boues fraîches.
Le quatrième type de station de transfert fixe est le type « connecté au réseau d’égout ». Ces sta-
tions sont, directement ou indirectement, connectées au réseau d’égout existant, lequel assure
le transport secondaire des boues de vidange et/ou de leurs résidus liquides. Les services pu-
blics et les propriétaires de réseaux dissuadent à juste titre les vidangeurs de déverser les boues
dans les regards de visite. En effet, du fait de la faible teneur en eau des boues de vidange, ces
pratiques risquent de colmater le réseau, mais aussi d’entraîner des charges en DBO dépassant
les capacités des stations de traitement des eaux usées (voir chapitre 9). Néanmoins, le déver-
sement illégal dans les réseaux d’égouts est une pratique assez répandue du fait du manque
d’infrastructures adaptées ou de leur manque d’accessibilité.
Les stations mobiles sont utilisées dans les zones qui nécessitent une multitude de transports
de petite capacité. L’avantage principal de ces stations est qu’elles permettent de contourner les
TECHNOLOGIE
procédures complexes et souvent longues que nécessite la construction de stations fixes dans
les quartiers de forte densité. Enfin, lorsque leurs cuves sont pleines, ces stations peuvent être
utilisées pour le transport secondaire des boues vers le site de mise en dépôt final.
Lorsque le système est tracté, le véhicule tracteur peut être utilisé pour d’autres services, liés ou
non à la gestion des boues de vidange. Ceci permet des économies et une amélioration poten-
tielle des revenus. L’utilisation de ce type de système a été documentée à Maseru, au Lesotho
(Strauss et Montangero, 2002).
Acceptation
Il n’est pas rare de voir les ménages s’opposer à l’implantation d’une station de transfert près de
leurs habitations. Désignée comme le syndrome du « pas à côté de chez moi », cette réaction
peut être particulièrement délicate dans les quartiers informels densément peuplés, où il existe
très peu de terrains disponibles, voire aucun. Ces types de refus ont été relevés à Dar es Salam
en Tanzanie (Muller et Rijnsburger, 1992), à Maputo au Mozambique (Godfrey, 2012) et à Free-
town en Sierra Leone. L’implication des communautés en amont du processus d’implantation
est nécessaire. Des mesures incitatives, telles que la combinaison de stations de transfert avec
d’autres installations, comme les toilettes et douches publiques, peuvent aider à améliorer le
niveau d’acceptation.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
Accessibilité
Selon les cas, les stations de transfert doivent être accessibles aux véhicules de transport pri-
maire et secondaire ou au réseau d’égout pour pouvoir fonctionner. Par exemple, si l’aménage-
ment d’une station de transfert au milieu d’un quartier populaire dense permet de réduire les dis-
tances de transport primaire, il se peut que cet emplacement ne soit pas accessible aux véhicules
de plus grande capacité, utilisés pour le transport secondaire. Il faut donc veiller à sélectionner
des sites accessibles aux véhicules de transport secondaire.
Performances
En 2012, la station n’était pas encore fonctionnelle et son système de gestion encore en réflexion.
Aussi, s’il est difficile d’évaluer ses performances à ce stade, les défis potentiels suivants sont
identifiés :
• L’éventualité que le propriétaire du terrain demande que la station soit déplacée hors de son
terrain, ce qui nécessiterait de reprendre tout le processus d’implantation depuis le début ;
• Le risque sanitaire lié à l’exposition des usagers des toilettes publiques, compte tenu de la
proximité du point de déversement ;
• La difficulté de hisser les fûts de 60 litres en haut des escaliers menant au point de déver-
sement ;
• La vitesse d’ensablement et les besoins de curage y afférant ;
• L’impact financier, potentiellement important, du stockage des eaux noires de toilettes dans
le réservoir de boues.
Certaines de ces problématiques pourront être résolues par la mise en place d’une rampe per-
mettant de faire rouler les fûts jusqu’au point de déversement et en ajoutant des dispositifs de
déshydratation des boues.
TECHNOLOGIE
Figure 4.17 : Station de transfert modulaire multifonction de grande capacité et toilettes publiques (photo : GOAL).
• Éboulement des parois d’une fosse non-maçonnée lors de l’extraction des boues (en parti-
culier lors des vidanges manuelles) si la cohésion du sol est faible ;
• Glissades, trébuchements et chutes ;
• Exposition à des objets piquants ou tranchants contenus dans les boues (ex. : verre ou mé-
taux) ;
• Port de charges lourdes (ex. : couvercles des fosses ou fûts remplis de boues) ;
• Accidents de la route (notamment lors des transports).
• Exposition orale, nasale et cutanée directe ou indirecte à des produits chimiques (ex. : hydro-
carbures qui sont parfois déversés dans les fosses pour couvrir les odeurs, bien que cette
pratique ne soit pas recommandée) ;
• Travail dans des espaces confinés en présence de gaz nocifs (ex. : méthane, dioxyde de
soufre) ou dans des atmosphères appauvries en oxygène (en particulier lors des vidanges
manuelles).
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
Limiter l’exposition aux risques précédents est la plus importante des mesures à prendre. En
pratique, il s’agira de :
• Fournir et porter des équipements de protection individuelle adéquats pour éviter le contact
direct ou indirect avec les boues de vidange (ex. : gants, combinaisons, bottes en caout-
chouc avec semelles métalliques, lunettes de sécurité et masques respiratoires) ;
• Élaborer et dispenser des formations sur l’utilisation d’outils permettant d’éviter le contact
avec les boues, en tenant compte des conditions et des dispositifs d’assainissement rencon-
trés localement ;
100 • Dispenser des formations sur les procédures de vidange à suivre en indiquant bien quels sont
les équipements de protection individuelle, les outils et les équipements à utiliser.
Enfin, des traitements préventifs tels que la vaccination et le déparasitage des travailleurs sont
recommandés, tout particulièrement pour les vidangeurs manuels qui évoluent vers des pratiques
plus adéquates.
4.10 CONCLUSION
Si de nombreux progrès ont été réalisés dans l’amélioration des pratiques de collecte et de
transport des boues de vidange, des lacunes importantes persistent et soulignent la nécessité de
poursuivre le développement de solutions innovantes et pratiques.
Les difficultés rencontrées lors de la vidange des dispositifs d’assainissement des ménages
sont, en grande partie, liées ou influencées par la conception même de ces dispositifs. À titre
d’exemple, une fosse septique éloignée de la route, complique l’accès des camions de vidange.
On relève également que les dispositifs à chasse permettent une vidange plus simple et plus
efficace, puisqu’ils contiennent moins de débris non-biodégradables (tels que les ordures ména-
gères, les serviettes hygiéniques, les chiffons et les tissus), ce qui limite les risques de colmatage
lors de l’extraction des boues.
Pour rendre les services de vidange plus efficaces et performants, les innovations à développer
doivent intégrer des solutions permettant d’améliorer les fosses existantes et proposer de nou-
velles conceptions pour les modèles à venir. Pour réussir, la diffusion de nouvelles technologies
requiert une approche multidisciplinaire qui doit impliquer des spécialistes de l’assainissement,
des ingénieurs designers, des professionnels en promotion et marketing, ainsi que des maçons
et des juristes.
TECHNOLOGIE
Des recommandations techniques ont été formulées pour améliorer les dispositifs d’assainisse-
ment des ménages et faciliter leur vidange. L’une d’entre elles consiste à équiper les latrines d’un
tuyau pour pouvoir aspirer les boues depuis le fond de la fosse (Coffey, 2007). L’injection d’air et
d’eau à faibles pressions par ce tuyau permettra de fluidifier les boues avant de les extraire en
commençant par le fond, où s’accumulent les boues les plus denses, et d’achever par les boues
de surface, plus faciles à pomper. D’après les études de Hawkins (1982), un ajout d’eau de 2 %
aux boues permettrait d’augmenter de 30 à 300 fois leur fluidité. Bien que les premiers tests aient
enregistré des retours prometteurs, cette conception n’a encore jamais été promue ou adoptée
à grande échelle.
Une autre méthode innovante en cours de développement est l’« Omni Ingester », développé
avec l’appui de la Fondation Bill et Melinda Gates. Cette technologie devrait permettre de sé-
parer l’eau, les sables et les déchets contenus dans les boues de vidange et de désinfecter les
sous-produits obtenus, et ce directement dans le camion de vidange. Ceci permettra de réduire
la logistique de transport vers les stations de traitement, étape qui représente souvent l’essen-
tiel des charges de fonctionnement. Introduites dans le cadre de programmes communautaires
de gestion des boues de vidange, ces technologies ouvriront des perspectives nouvelles pour
améliorer l’assainissement à grande échelle, tout en tenant compte de la santé et de la sécurité
des vidangeurs.
4.11 BIBLIOGRAPHIE
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