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TECHNOLOGIE

CHA P I TR E I V

MÉTHODES ET DISPOSITIFS
POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT
DES BOUES DE VIDANGE
Georges Mikhael, David M. Robbins, James E. Ramsay et Mbaye Mbéguéré

Objectifs pédagogiques
• Comprendre les aspects sociaux, les procédures et les techniques en jeu dans la collecte
et le transport des boues de vidange issues des dispositifs d’assainissement à la parcelle et
leur importance.
• Savoir quels types d’équipements peuvent être employés pour les différents dispositifs d’as-
sainissement utilisés par les ménages.
• Connaître les enjeux et les paramètres à prendre en compte pour le transport des boues de
vidange vers un site de traitement ou une station de transfert.
• Savoir ce qu’est une station de transfert des boues de vidange, comment ces stations sont
exploitées et comment choisir leur emplacement.
• Connaître les aspects sanitaires et sécuritaires liés à la collecte et au transport des boues
de vidange.
71

4.1 INTRODUCTION
Ce chapitre présente les bonnes pratiques pour la collecte et le transport des boues de vidange
pouvant être employées par une gamme de prestataires de services, allant du petit entrepreneur
qui utilise une charrette tractée par une bicyclette, aux grandes entreprises des zones urbaines
denses disposant de plusieurs camions (parfois des centaines). Une grande variété de tech-
niques existe, des méthodes de vidange manuelle les plus basiques à celles employées par les
camions de vidange les plus sophistiqués. Souvent, compte tenu de la grande diversité des
dispositifs d’assainissement utilisés par les ménages, des contextes économiques et des condi-
tions d’accès, différents types de prestataires peuvent opérer simultanément sur la même zone
géographique et, parfois même, au sein de la même entreprise.

Les personnes et les entreprises qui collectent et transportent les boues de vidange issues des
dispositifs d’assainissement des ménages (fosses septiques et latrines traditionnelles) assurent
un service essentiel pour les riverains, les quartiers et les villes (figure 4.1). Ils constituent un
maillon critique de la chaîne de services qui rend l’accès à l’assainissement possible. Sans ces
services de collecte et de transport pour évacuer les boues, les dispositifs d’assainissement à la
parcelle ne fonctionneraient pas correctement. Le présent chapitre est consacré aux procédures
et aux aspects techniques relatifs à la collecte des boues issues des dispositifs d’assainissement
des ménages, à leur transport vers un site de traitement et à la manière dont les vidangeurs ac-
complissent ces tâches.

L’objectif de ce chapitre est de mettre en évidence les caractéristiques d’un bon service de
vidange, sans risque et professionnel. Pour être efficaces, les prestataires de vidange doivent
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

employer un personnel formé, des équipements fonctionnels et des procédures permettant de


réaliser les opérations en toute sécurité et avec un impact minimal sur l’environnement. Il est
important que les autorités en charge de l’assainissement encouragent la formation et la certi-
fication des employés ainsi que l’agrément des véhicules de collecte des boues. Ces activités
doivent être adaptées au contexte local où les services sont fournis, tout en gardant ces objectifs
généraux à l’esprit.

4.2 TÂCHES ET RESPONSABILITÉS


Les tâches et les responsabilités habituelles des services de vidange intègrent la préparation de
la vidange, la vidange proprement dite et le transport des boues vers une station de traitement.
Comme expliqué au chapitre 12, les opérateurs de vidange peuvent être des entrepreneurs indi-
viduels, des entreprises de tailles diverses ou encore une municipalité.

Les opérations de vidange englobent un certain nombre de tâches à effectuer.

Idéalement, la réalisation d’un bon service de vidange demande :

• De discuter avec les clients avant d’extraire les boues, afin de convenir de la logistique et
d’informer ces derniers du déroulement de l’opération ;
• D’indiquer un tarif standard ou un prix négocié, selon son modèle commercial ;
• De repérer les ouvrages à vidanger ;
• D’ouvrir le dispositif pour faciliter sa vidange ;
72
• De collecter les boues de vidange ;
• D’évaluer l’état de l’ouvrage après la vidange ;
• De refermer et de sécuriser l’ouvrage une fois l’extraction des boues achevée ;
• De nettoyer une fois les opérations terminées ;
• De réaliser une inspection finale à l’issue de l’opération et de reporter au client tout dysfonc-
tionnement de son dispositif.

Ce paragraphe développe certaines de ces activités à conduire, dans l’idéal, avant toute opé-
ration de vidange. La collecte et le transport des boues seront exposés plus en détail dans les
paragraphes suivants.

Figure 4.1 : Vidange d’une fosse sep-


tique à l’aide d’un équipement d’as-
piration sous vide. La sécurité des
opérations serait meilleure avec des
équipements de protection mieux
adaptés (photo : David M. Robbins).
TECHNOLOGIE

4.2.1 Interaction avec les clients


Le vidangeur est souvent la seule personne avec laquelle les ménages vont pouvoir discuter
à propos de leur ouvrage d’assainissement. Ainsi, le vidangeur a la responsabilité de réaliser
convenablement les opérations de vidange proprement dites, mais aussi de bien connaître les
dispositifs d’assainissement et de pouvoir expliquer pourquoi la vidange est nécessaire et béné-
fique pour le client et son voisinage. L’opérateur est aussi la seule personne qui pourra examiner
le dispositif lorsqu’il est plein et lorsqu’il est vide. Aussi devrait-il mettre cette opportunité à profit
pour évaluer si le système fonctionne correctement, identifier les réparations nécessaires et véri-
fier tous les aspects garants d’un fonctionnement normal, pour une durée de vie optimale. Il est
aussi en mesure de dépanner et de donner des informations utiles à propos de la gestion des
boues de vidange dans le quartier où il intervient. Ce positionnement fait des opérateurs des relais
importants des administrations locales pour diffuser l’information, à travers des brochures, sur la
bonne façon d’entretenir les fosses septiques ou pour donner des conseils afin d’optimiser les
latrines non-améliorées en vue d’un meilleur niveau de service.

73

Figure 4.2 : Exemple d’une opération


de vidange à Dakar, Sénégal. La fosse
est située dans une cour intérieure
dont l’accès requiert la concertation
entre les résidents (photo : Linda
Strande).

Étude de cas 4.1 : L’interaction avec le client dans la ville de Marikina, Philippines.
La ville de Marikina aux Philippines a développé l’interaction avec les clients. En collaboration avec
le service public de l’eau, la ville a mis en place un calendrier des vidanges, quartier par quartier,
sur la base d’une périodicité des vidanges tous les 5 ans. Pour ce faire, ils s’associent avec le
secteur privé de la manière suivante :
• Quelques jours avant, les prestataires se rendent dans les quartiers, ils envoient un camion
équipé de haut-parleurs pour informer les résidents de la venue prochaine du service ;
• Le jour qui précède la vidange, les agents municipaux visitent les domiciles et distribuent des
brochures d’information ;
• Ces agents identifient les maisons qui nécessitent une assistance pour ouvrir leur fosse
septique et leur fournissent une liste de personnes pouvant leur rendre ce service à moindre
coût ;
• Le jour de la vidange, ces agents sont présents pour répondre aux questions, contrôler la
circulation et résoudre les différents problèmes qui se posent.
Grâce à ce dispositif, la réglementation locale est respectée à 95 %.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

Les vidangeurs se concertent avec les ménages pour localiser l’emplacement des ouvrages à
vidanger, pour repérer les orifices et les regards d’accès (s’il y en a), pour déterminer où placer le
matériel de vidange et pour répondre à toutes autres questions pertinentes. Souvent, les dispo-
sitifs d’assainissement sont directement situés sous la cuisine ou la salle de bain, ce qui oblige à
pénétrer dans la maison avec le matériel de vidange. Ainsi, la collaboration et la communication
avec les résidents sont essentielles et rendent le processus de vidange plus efficace. Un exemple
est illustré par la figure 4.2 avec un vidangeur qui doit entrer dans une cour intérieure pour accé-
der au système à vidanger.

Les règles générales que les vidangeurs doivent suivre lorsqu’ils interagissent avec les ménages
sont les suivantes :

• Rester courtois et toujours demander une autorisation formelle avant de réaliser le service ;
• Répondre au mieux aux questions posées en se référant aux autorités locales autant que
nécessaire ;
• Être soigneux lors de l’amenée des tuyaux et autres équipements dans les maisons et veiller
à protéger les sols, les murs et les meubles de tout dommage ;
• Communiquer les observations faites aux résidents (de préférence par un récapitulatif écrit du
service délivré et des problèmes relevés) ;
• Assurer la propreté pendant et après les opérations.

74
4.2.2 Repérage du système à vidanger
L’emplacement de l’ouvrage d’assainissement à vidanger est souvent difficile à repérer. Les
fosses septiques sont généralement enterrées et leur emplacement est inconnu. Lorsque les
latrines sont regroupées, il n’est pas toujours évident de savoir pour laquelle le service a été
mobilisé.

Entre autres, les méthodes suivantes permettent de repérer l’emplacement des fosses à vidanger :

• Demander au client où se situe la fosse ;


• Si le client ne sait pas, chercher des indices concrets tels que des regards, des couvercles de
fosse ou des dalles en béton apparentes, comme illustré dans la figure 4.3 ;
• Repérer des regards de nettoyage situés à l’extérieur ou sous le bâtiment. L’orientation du
regard peut indiquer l’emplacement de la fosse ;
• Marteler doucement le sol à l’aide d’une sonde métallique (ex. : un fer rond d’un centimètre
de diamètre) afin d’identifier les zones où le sol est plein et celles où se trouve un ouvrage
creux ;
• Observer les dépressions dans la cour, autour de la maison, qui peuvent correspondre à la
présence d’une fosse enfouie dans le sol ;
• Si la maison est construite sur poteaux, regarder en dessous pour inspecter la plomberie et
déterminer si les conduites d’égout où les évents sont enfouis (décaper le sol autour de ces
tuyaux doit permettre de trouver l’emplacement de la fosse) ;
• Si la maison est construite sur une dalle en béton, frapper doucement le sol à l’aide d’une
barre de fer pour repérer l’endroit où la dalle sonne creux.
TECHNOLOGIE

Figure 4.3 : Exemple de regard de visite d’une fosse septique conçue pour permettre un accès rapide, Vung Tau Province,
Vietnam (photo : Linda Strande).

4.2.3 Déterminer l’accessibilité


Déterminer l’accessibilité des fosses septiques ou simples requiert d’accéder au site lui-même,
puis d’évaluer si chaque compartiment de l’ouvrage est accessible au service de vidange. Voici
quelques paramètres typiques déterminant l’accessibilité d’un site :

75
Largeur de la route
Dans le cas d’une vidange par camion, les routes doivent être suffisamment larges pour per-
mettre le passage du camion ou de l’équipement de vidange.

Accès au site
• Est-il nécessaire de passer par la propriété du voisinage pour atteindre l’ouvrage à vidanger ?
• Y a-t-il des contraintes d’accès liées au climat, telles que des ruisseaux à traverser ou des
routes impraticables durant les fortes pluies ?

Localisation du site
• Lors d’une vidange par camion ou par charrette, l’ouvrage est-il situé suffisamment près de
la zone de stationnement du véhicule ?

• L’emplacement du client est-il suffisamment proche d’une station de traitement des boues de
vidange pour assurer le transport ?

Les questions suivantes peuvent être utilisées par le prestataire comme une check-list pour l’aider
à déterminer si le système est accessible pour la vidange :

• L’ouvrage peut-il être ouvert pour permettre l’introduction des équipements de vidange
(ex. : tuyaux) ?
• Y a-t-il des regards de visite pouvant être ouverts sur chaque compartiment ?
• De nouveaux orifices d’accès devront-ils être aménagés ? Si oui, les résidents ont-ils donné
leur accord pour ce service ?
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

• Les dalles, les sols ou les couvercles de la fosse septique vont-ils devoir être reconstruits
après la vidange ?
• La fosse risque-t-elle de s’effondrer si elle est vidangée ?

4.2.4 Outils de travail


Plusieurs outils, convenablement utilisés et entretenus, sont nécessaires pour réaliser correcte-
ment les opérations de vidange. La figure 4.4 illustre un cas où la maintenance est négligée. En
pratique, le choix des équipements à utiliser dépend de la technique de vidange employée et du
matériel disponible sur le marché local.

Parmi les outils constamment utilisés, on peut citer :

• Pelles, pieds-de-biche et barres à mine utilisés pour repérer les fosses et les regards de
visite ;
• Tournevis et autres outils manuels utilisés pour ouvrir les différents regards et couvercles ;
• Pelles à manche allongé et seaux utilisés pour racler les solides qui ne peuvent être extraits
autrement ;
• Crochets pour retirer les déchets solides non-biodégradables (sachets, textiles…) ;
• Tuyaux pour le pompage des boues ainsi que pour l’ajout d’eau dans les fosses le cas
échéant ;
• Équipements de sécurité :
76
- Cales pour bloquer les roues du véhicule lorsque celui-ci est à l’arrêt ;
- Équipements de protection individuelle tels que des casques de chantier, des visières ou
des lunettes de protection, des bottes et des gants ;
- Désinfectants, barrières, matériaux absorbants et sacs pour le nettoyage et l’évacuation
des déversements éventuels.

Il est essentiel que les employés des entreprises de vidange maintiennent leurs outils et équipe-
ments dans un bon état de fonctionnement et qu’ils signalent les réparations qui s’imposent à
leurs superviseurs.

Figure 4.4 : Les tuyaux et accouple-


ments doivent être régulièrement
contrôlés et changés. Sur cette pho-
tographie, des boues fuient car la
connexion n’est plus étanche (photo :
David M. Robbins).
TECHNOLOGIE

4.3 PROPRIÉTÉS DES BOUES POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT


Les boues de vidange peuvent être extraites des fosses uniques ou septiques par des techniques
manuelles ou mécanisées, en utilisant de simples outils, des camions de vidange, des pompes
ou des tarières motorisées. En pratique, la méthode employée dépendra du type de dispositif à
vidanger, des contraintes d’accès au site ainsi que du matériel et de l’expertise technique dont
dispose le vidangeur.

Il est important de préciser quelles sont les propriétés des boues de vidange, pour bien com-
prendre les défis que représentent leur collecte et leur transport. Ces propriétés sont principale-
ment liées à la teneur en eau des boues, à leur âge, à la présence d’éléments non-biodégradables
et à leur teneur en matières organiques. Dans une latrine à fosse unique par exemple, les boues
les plus récentes, déposées sur la partie haute du volume stocké, présentent des teneurs en eau
et en matières organiques supérieures à celles des boues accumulées au fond de la fosse et ont,
par conséquent, une densité moindre (Buckley et al., 2008). La fraction supérieure est ainsi moins
visqueuse et plus facile à extraire. L’absence d’eau et de matière organique dans la couche plus
profonde, plus ancienne, souvent qualifiée « d’épaisse » rend l’extraction des boues plus com-
plexe. En fonction des techniques d’extraction, les boues épaisses doivent souvent être mélan-
gées à de l’eau pour faciliter leur pompage. Il en résulte que la période d’accumulation des boues
constitue un indicateur de la facilité avec laquelle les boues de vidange peuvent être extraites. Les
caractéristiques des boues de vidange sont exposées plus en détail dans le chapitre 2.

4.4 MÉTHODES MANUELLES DE COLLECTE DES BOUES 77


Les vidangeurs manuels viennent généralement des communautés défavorisées installées dans
les quartiers informels. La population utilise souvent des termes péjoratifs pour les désigner,
comme : « charognards », vyura (« homme grenouille » en Swahili), baye pelle (« les piocheurs »)
ou kaka bailers (« les puiseurs d’excréments »). Dans certaines régions, ils appartiennent à des
groupes marginalisés, tels que les Dalit (« intouchables ») en Asie du Sud. Au-delà des préjugés
sociaux qu’ils subissent, les vidangeurs manuels sont souvent stigmatisés au sein même de leur
famille et de leur communauté du fait de leur travail.

On distingue deux méthodes pour la collecte manuelle des boues, à savoir « le ramassage de fûts
amovibles » et « l’extraction directe ». Ces deux méthodes peuvent être appliquées sans risque si
les vidangeurs utilisent des équipements de protection adaptés et suivent des protocoles sécu-
risés. En revanche, certaines pratiques sont à haut risque, comme le fait de descendre dans les
fosses ainsi que le font les vidangeurs manuels de certains pays subsahariens ou d’Asie du Sud.
Les boues doivent être systématiquement déversées dans des stations de transfert ou des sites
de traitement et non pas dans la nature, de manière incontrôlée.

Dans certains pays, comme le Ghana ou le Bangladesh, les autorités nationales et locales com-
mencent à prendre conscience des pratiques insalubres des vidangeurs manuels et adoptent
des mesures pour les interdire. En outre, les autorités locales peuvent faciliter la promotion des
services de vidange hygiénique en mettant en avant les bonnes pratiques, en imposant des res-
trictions aux pratiques à risques, en proposant aux vidangeurs des formations, des services de
renforcement de capacités, ou encore via l’octroi d’autorisations. La formalisation des vidangeurs
manuels fera évoluer la demande vers des services de vidange améliorés plus hygiéniques et
permettra aussi le développement d’entreprises et la création d’emplois.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

4.4.1 Dispositifs d’assainissement à fûts amovibles


Un exemple de ce type de dispositif est l’« Uniloo » (figure 4.5), technologie innovante conçue
pour permettre une collecte manuelle hygiénique des boues. Il s’agit de toilettes à diversion
d’urine modulaires et mobiles, équipées d’un fût amovible muni d’un couvercle hermétique (IDEO,
2012). D’une capacité de 20 litres environ, l’« Uniloo » protège les ménages et les vidangeurs
de tout contact direct avec les boues. Régulièrement, les vidangeurs viennent remplacer les fûts
pleins par des fûts propres. Les fûts pleins sont transportés par des moyens locaux et vidés au
niveau des stations de transfert ou de traitement par un personnel doté d’équipements de pro-
tection adaptés.

78

Figure 4.5 : Les toilettes portatives « Uniloo » développées par Unilever, Water and Sanitation for the Urban Poor (WSUP)
et IDEO au Ghana (photo : Nyani Quarmyne).

4.4.2 Extraction directe


L’extraction directe des boues de vidange de fosses septiques ou fosses simples est réalisée à
l’aide de seaux et de pelles fixées à de longs manches rigides. Une fois remplis, les seaux sont
hissés à la surface, vidés dans des cuves montées sur chariots, lesquels sont ensuite acheminés
vers les stations de transfert ou de traitement.

4.5 VIDANGE MANUELLE MÉCANISÉE


Les méthodes de vidange manuelle mécanisée permettent de vidanger les fosses septiques et
les latrines de manière plus rapide, sécurisée et efficace. Ce paragraphe présente quatre équi-
pements de pompage parmi les types de modèles les plus couramment développés et testés, à
savoir : la pompe Gulper, la pompe à diaphragme, le Nibbler et le MAPET (Manual Pit Emptying
Technology, « technologie manuelle de vidange de fosse »).

4.5.1 La pompe Gulper


Schématisée sur la figure 4.6, la pompe Gulper a été développée en 2007 par l’École d’hygiène
et de médecine tropicale de Londres (LSHTM). C’est une pompe manuelle à déplacement positif
à faible coût, dont le fonctionnement est identique à celui des pompes à eau à action directe.
TECHNOLOGIE

D’une conception très simple, la pompe Gulper peut être produite en recourant à des matériaux
et à une technicité généralement disponible dans les pays à revenu faible. La pompe se compose
d’un tuyau PVC contenant deux clapets anti-retour en acier inoxydable. Le clapet « de pied » est
fixé à la base du tuyau, tandis que le clapet « piston » est fixé à l’extrémité d’une tige actionnée
par une poignée. Au fur et à mesure que la poignée est actionnée, les clapets s’ouvrent et se
ferment successivement et les boues sont hissées dans le tuyau vertical jusqu’au bec de sortie
de la pompe, orienté vers le bas. Une crépine est placée à la base du tuyau PVC, pour empêcher
l’entrée de déchets solides qui risqueraient de bloquer le mécanisme de la pompe.

58 cm
35 cm

60 cm
70 cm

79
10 cm

Figure 4.6 : Schéma de la pompe Gulper (Tilley et al., 2014).

Depuis ses premières versions, la pompe Gulper a fait l’objet de plusieurs modifications visant à
la rendre plus maniable et mieux adaptée aux conditions locales. Ces modifications ont consisté,
entre autres, à l’ajout d’un levier sur la poignée afin de faciliter le pompage ou la mise en place
d’un tuyau télescopique pour pouvoir vidanger des fosses à différentes profondeurs. D’autres
modèles de pompe reposant sur les mêmes principes ont été développées, telles que la « poor
pump » ou la pompe manuelle de vidange (Manual Desludging Hand Pump, MDHP).

La pompe Gulper fonctionne bien avec les boues peu visqueuses et peut atteindre des débits
de l’ordre de 30 litres/min. La hauteur de refoulement est fixée par la configuration de la pompe.

Selon la conception et les matériaux utilisés, le coût d’investissement de la pompe Gulper varie
entre 40 et 1 400 USD (Boot, 2007 ; Godfrey, 2012 ; Still et Foxon, 2012).

Les problèmes suivants ont été relevés par les développeurs et les utilisateurs de la pompe :

• Difficultés pour l’installation et l’utilisation dans les toilettes présentant une superstructure de
faibles dimensions (Godfrey, 2012) ;
• Blocages de la pompe par des débris non-biodégradables présents dans les boues ;
• Fissurations du tuyau PVC à long terme ;
• Éclaboussures de boues lors des opérations (Godfrey, 2012).
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

De toutes les pompes manuelles de vidange présentées dans ce paragraphe, la pompe Gulper
est celle qui a été utilisée par le plus grand nombre de vidangeurs en Afrique et en Asie. Cepen-
dant, l’adoption ou la production de cette pompe par les vidangeurs n’ont été rapportées que
dans le cadre d’interventions appuyées par des organisations extérieures (ex. : financement,
formation, appui technique).

4.5.2 La pompe manuelle à diaphragme


Illustrées à la figure 4.7, les pompes manuelles à diaphragme sont des dispositifs simples et à
moindre coût, capables d’extraire des boues de faible viscosité contenant peu de débris non-
biodégradables. Elles se composent généralement d’un corps de pompe circulaire rigide, sur
lequel une membrane souple en caoutchouc, appelée « diaphragme », vient se fixer. La cavité
formée entre le diaphragme et le corps de pompe est fermée par un joint étanche. Lors du pom-
page, le diaphragme est compressé puis étiré, alternant ainsi des formes concaves et convexes
à la manière d’une ventouse utilisée pour déboucher les toilettes. Un filtre et un clapet anti-
retour fixés à l’extrémité du tuyau d’aspiration permettent, respectivement, d’empêcher l’entrée
de débris solides de gros diamètre et d’éviter le refoulement des boues vers la fosse pendant le
pompage.

80

Figure 4.7 : Pompe manuelle à diaphragme en cours d’uti-


lisation au Bangladesh (photo : Georges Mikhael).

Bien qu’elles puissent être portées par une ou deux personnes, ces pompes sont parfois mon-
tées sur des roulettes afin de faciliter leur transport. En fonction du modèle, le coût d’achat d’une
pompe varie entre 300 et 850 USD.

L’utilisation de ce type de pompe rencontre les problèmes suivants :

• Obstruction lors du pompage de boues contenant des débris solides non-organiques ;


• Difficultés à maintenir l’étanchéité des raccords, avec des entrées d’air réduisant l’efficacité
du pompage ;
• Fissurations du diaphragme en caoutchouc (Muller et Rijnsburger, 1992) ;
• Difficultés pour l’approvisionnement ou la production locale des pompes et de leurs pièces
détachées.
TECHNOLOGIE

4.5.3 Le Nibbler
Le Nibbler a été développée par l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres (LSHTM)
à la même période que la pompe Gulper. C’est une pompe à mouvement rotatif qui permet
d’extraire les boues de viscosité moyenne grâce à une chaîne à rouleaux, tournant en boucle
dans un tuyau PVC. Ce tuyau peut être introduit dans le regard d’accès d’une fosse ou le trou de
défécation d’une latrine sans endommager la structure.

La chaîne est entraînée par la rotation manuelle d’une double manivelle et d’un pignon, placés à
l’extrémité du tuyau. Fixés de manière lâche sur la chaîne, des demi-disques métalliques placés à
intervalles réguliers entraînent les déchets depuis le fond de la fosse jusqu’à la surface. À l’extré-
mité supérieure, les boues sont raclées au niveau d’un connecteur en forme de Y qui dirige celles-
ci vers le récipient de transport des boues. Une plaque verticale délimite les deux compartiments
entre lesquels la chaîne tourne. En raison de résultats mitigés à l’issue de la phase d’essai, le
développement du Nibbler a été suspendu.

4.5.4 Le système MAPET


En 1992, l’organisation non-gouvernementale WASTE a développé en Tanzanie un système ma-
nuel de vidange sous vide appelé « MAPET », acronyme anglais pour « technologie manuelle
de vidange de fosse ». Conçu pour extraire et transférer les boues de vidange sur une courte
distance, le MAPET a été la première, mais aussi la plus sophistiquée, de toutes les technologies
présentées dans ce chapitre. Le système comporte deux éléments : une pompe et un réservoir
sous vide de 200 litres, chacun étant monté sur son propre chariot. 81

Techniquement, les tests ont conclu au bon fonctionnement du MAPET ainsi qu’à sa capacité à
pomper des boues à 3 mètres de profondeur avec un débit de 10 à 40 L/min selon la profondeur
et la viscosité des boues (Brikké et Bredero, 2003). Les tests ont aussi conclu que le MAPET
avait permis à WASTE de résoudre la plupart des problématiques techniques ciblées lors de sa
conception. Cependant, seul l’un des huit MAPET introduits en Tanzanie était encore opérationnel
8 ans après, et plus aucun ne fonctionnait après 13 ans (BPD, 2005). On relève, parmi les raisons
à l’origine de ce manque de durabilité :

• Un arrêt de l’appui structurel auquel les vidangeurs utilisant le MAPET étaient très dépen-
dants ;
• Une dépendance à l’importation d’un élément clef (un segment de piston en cuir) qui n’était
pas disponible sur le marché local ;
• L’incapacité des vidangeurs utilisant le MAPET à couvrir les charges de maintenance et de
transport à l’aide de leurs revenus issus des vidanges (WASTE Consultants, 1993).

4.5.5 Comparatif des différents équipements


Le tableau 4.1 reprend les caractéristiques des 4 équipements de vidange manuelle mécanisée
présentés dans ce paragraphe.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

Tableau 4.1 : Tableau récapitulatif des équipements de vidange manuelle mécanisée.

COÛT INITIAL
TYPE / COÛT DE
PERFORMANCES DÉFIS
D’ÉQUIPEMENT FONCTIONNEMENT
(USD)

Pompe Gulper • Adaptée pour le • Coût initial : 40 à 1 400 • Accès difficile aux
pompage des boues (selon la conception). toilettes munies d’une
de faible viscosité. • Coût de superstructure de petite
• Débit moyen de 30 L/ fonctionnement : taille.
min. inconnu. • Blocage si les boues
• La hauteur de contiennent beaucoup
refoulement dépend de de débris non-
la configuration de la biodégradables.
pompe. • Le PVC utilisé pour le
corps de pompe tend à se
fissurer.
• Éclaboussures de boues
entre le goulot de la
pompe et le récipient de
collecte des boues.

Pompe à • Adaptée pour le • Coût initial : 300 • Blocage si les boues


diaphragme pompage des boues à 850 (en fonction contiennent beaucoup
manuelle de faible viscosité. du fabricant et du de débris non-
• Débit maximum de modèle). biodégradables.
82 100 L/min. • Coût de • Problèmes d’étanchéité
• Hauteur de refoulement fonctionnement : des raccords à l’entrée de
maximale de 3,5 m à inconnu. la pompe entraînant des
4,5 m. arrivées d’air.
• Pompes et pièces
détachées non-disponibles
à l’heure actuelle.

Nibbler • Potentiellement • Coût initial : inconnu. • A priori inadapté pour


adaptée pour le • Coût de les boues sèches à forte
pompage de boues de fonctionnement : teneur en débris non-
viscosité intermédiaire. inconnu. biodégradables.

MAPET • Débit maximum • Coût initial : 3 000 • Nécessite un fort appui


compris entre 10 et (1992). structurel des vidangeurs.
40 L/min selon la • Coût de • Le dispositif repose sur
viscosité des boues fonctionnement : 175 une pièce essentielle qui
et la hauteur de par an (maintenance doit être importée.
refoulement. seulement - 1992). • Incapacité des vidangeurs
• Hauteur de refoulement à couvrir les charges
maximale de 3 mètres. de maintenance et de
transport par leurs seuls
revenus.
TECHNOLOGIE

4.6 ÉQUIPEMENTS DE VIDANGE MOTORISÉS


Les technologies de vidange motorisées sont entraînées par des systèmes électriques, ther-
miques ou encore pneumatiques. Elles sont parfois montées sur chariot ou châssis, pour plus
de mobilité, ou directement sur des véhicules motorisés lorsqu’il s’agit de vider et de transpor-
ter d’importantes quantités de boues sur de longues distances. Ce paragraphe présente une
gamme de technologies motorisées. Il comprend des équipements largement répandus, tels
que les motopompes à membrane, les motopompes centrifuges à eaux chargées et certains
véhicules équipés de pompes à vide. Il présente également des équipements en cours de déve-
loppement, comme la tarière à boues motorisée, ou des équipements dont le développement a
été suspendu, comme le Gobbler.

4.6.1 Motopompe à membrane


Les motopompes à membrane fonctionnent selon le même principe que les pompes à dia-
phragme manuelles. De nombreuses marques et modèles existent, adaptés à diverses utilisa-
tions, dont le pompage des boues. Bien qu’elles puissent être alimentées hydrauliquement, élec-
triquement ou par air comprimé, le modèle thermique est le plus utilisé pour les opérations de
vidange. Les motopompes à membranes sont généralement montées sur châssis et portées soit
à la main, soit à l’aide d’un chariot.

La performance des modèles thermiques est fonction de la taille et du modèle de la motopompe.


Elles sont généralement conçues pour le pompage de boues liquides mais peuvent aussi admettre
des débris solides (MSF, 2010). En général, une pompe de 3 pouces de diamètre (76,2 mm) peut
83
pomper des débris solides présentant une taille comprise entre 40 et 60 mm, avec un débit maxi-
mum de 300 à 330 L/min, et une hauteur de refoulement maximum de 15 mètres.

Les motopompes à membrane ont été utilisées en Afrique du Sud pour la vidange de latrines à
fosse unique ventilée améliorée (VIP), mais la présence de débris non-biodégradables de gros
diamètres entraînait des blocages fréquents (O’Riordan, 2009). L’absence de pièces détachées
sur le marché local est aussi une contrainte pour l’utilisation de cet équipement dans les pays à
revenu faible.

Le coût initial d’une motopompe à membrane est de l’ordre de 2 000 USD.

4.6.2 Motopompe pour eaux chargées


Les motopompes pour eaux chargées sont identiques aux motopompes à eau centrifuges, à
certaines caractéristiques techniques près. La turbine des motopompes pour eaux chargées
présente généralement moins de lames et ces dernières sont parfois affûtées afin de pouvoir
broyer les particules solides contenues dans le fluide pompé. Par ailleurs, le logement des tur-
bines est généralement plus simple et plus facile à ouvrir, afin de permettre un déblocage rapide
si nécessaire (MSF, 2010).

Les motopompes à eaux chargées sont adaptées au pompage des boues présentant une
consistance très liquide. À l’instar des motopompes à membrane, la performance de ces pompes
dépend de la taille et du modèle. Les modèles de 3 pouces peuvent généralement pomper des
particules solides de 20 à 30 mm, avec un débit maximal d’environ 1 200 L/min, et une hauteur
de refoulement maximale de 25 à 30 mètres. Le prix d’achat approximatif d’une motopompe à
eaux chargées de 3 pouces est de 1 800 USD.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

4.6.3 Tarière à boues motorisée


Les tarières à boues sont des vis d’Archimède, utilisées pour la vidange des latrines. Les tests
conduits avec des tarières manuelles ont montré que ces dernières étaient trop lentes pour per-
mettre un travail efficace (Still et O’Riordan, 2012). Des tarières motorisées sont actuellement en
cours de développement avec des prototypes inspirés des tarières de forage. Elles se composent
d’une vis sans fin, placée à l’intérieur d’un tuyau vertical en plastique, dont elle dépasse la base
de 5 à 15 cm environ. Fixé à l’autre extrémité du tuyau, un moteur électrique actionne la vis sans
fin (figure 4.8).

Figure 4.8 : Tarière à boues motorisée


en Afrique du Sud (photo : David M.
Robbins).

Lors de la vidange, l’outil est introduit dans la couche de boues et les matières sont entraînées
84 par le mouvement circulaire des lames coupantes, placées à la base de la tarière. Elles sont en-
suite hissées le long du tube, par la vis sans fin, jusqu’à atteindre le coude de dérivation qui les
expulse vers un récipient collecteur placé au sol. Avec un poids de 20 à 40 kg, les tarières mo-
torisées peuvent être manipulées par un seul opérateur. Cet équipement permet de pomper des
boues présentant une consistance pâteuse à semi-solide et peut admettre de petites quantités
de débris solides non-biodégradables (De los Reyes, 2012). Les prototypes les plus récents sont
dotés d’une marche arrière pour faciliter l’évacuation des déchets en cas de blocage. Des coûts
de construction d’environ 700 USD sont relevés, mais aucune donnée n’est encore disponible
sur les coûts de fonctionnement.

Les difficultés suivantes ont été relevées lors de l’utilisation de tarières motorisées (Still et
O’Riordan, 2012 ; Still et Foxon, 2012) :

• Complexité du processus de vidange, du fait de la rigidité de la tarière et du tuyau ;


• Incapacité à vidanger les boues sèches ou de trop grandes quantités de débris non-
biodégradables ;
• Nettoyage compliqué à l’issue des opérations ;
• Difficultés à manœuvrer l’outil compte tenu de son poids et de sa taille.

4.6.4 Le Gobbler
Développé par la Commission de recherches sur l’eau sud-africaine (South African Water Re-
search Commission, WRC) en 2009, le Gobbler est une version motorisée du Nibbler, plus effi-
cace et plus robuste. Un moteur électrique entraîne une transmission à double chaîne qui anime
TECHNOLOGIE

une chaîne de plus gros calibre que celle du Nibbler. Les demi-disques métalliques utilisés par le
Nibbler pour entraîner les boues sont remplacés par des coupelles métalliques, et un racloir est
placé au point de décharge (Still et O’Riordan, 2012).

Pendant les tests, le blocage des chaînes de transmission est ressorti comme particulièrement
problématique (Still et O’Riordan, 2012 ; Still et Foxon, 2012). D’autres problèmes ont été relevés
pour la fabrication et l’utilisation de cet outil (Still et O’Riordan, 2012) :

• Un procédé de fabrication fastidieux, avec un grand nombre de pièces ;


• Transport et installation de la pompe compliqués, du fait de son poids élevé ;
• Difficultés à vidanger les fosses de différentes profondeurs, puisque la taille de l’outil n’est
pas ajustable.

Le coût estimatif du prototype du Gobbler était de 1 200 USD environ. À l’instar du Nibbler, son
développement n’a pas été poursuivi compte tenu des difficultés relevées au cours de la phase
de test (Still et Foxon, 2012).

4.6.5 Véhicules équipés de pompes à vide


Les pompes à vide sont des équipements de vidange largement éprouvés. Ces pompes peuvent
être montées sur des poids lourds, des remorques, des chariots légers ou encore sur des char-
rettes à bras lorsqu’il faut vidanger de faibles volumes ou desservir des zones urbaines denses
inaccessibles aux camions. Le plus souvent, les pompes à vide sont actionnées par l’arbre de
transmission d’un camion, mais il arrive aussi qu’elles soient reliées à un moteur auxiliaire indé- 85
pendant. Il existe des véhicules de tailles et modèles variés qui permettent de répondre aux dif-
férents besoins, avec des volumes de citerne allant de 200 L à 16 m3. Les paragraphes suivants
passent en revue plusieurs systèmes.

Camions de vidange classiques


Les pompes à vide sont dimensionnées en fonction de la hauteur d’aspiration, de la distance de
pompage, des volumes de boues à vidanger et du volume du réservoir. Lors de la conception des
services de vidange, les fabricants locaux devraient être consultés pour savoir quels équipements
sont disponibles. Les spécifications techniques des camions doivent être vérifiées pour confirmer
que le modèle proposé répond bien aux besoins.

Aspiration sous vide Aspiration pneumatique

Aspiration continue Aspiration avec buse Aspiration par flux d’air


en surface. d’injection d’air. saccadé.
Pa

Pa
Pa
Pa

- Pression élevée. - Pression faible. - Pression élevée. - Pression élevée.


- Débit d’air faible. - Débit d’air élevé. - Débit d’air moyen. - Débit d’air moyen.

Figure 4.9 : Quatre techniques d’aspiration des boues par le vide (adapté d’après Boesch et Schertenleib, 1985).
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

Généralement, les citernes des camions vidangeurs ont une capacité comprise entre 2 et 16 m3.
Plusieurs paramètres sont pris en compte par les vidangeurs pour choisir un camion, notamment :

• Le volume moyen des fosses septiques ou simples à vidanger ;


• Les contraintes d’accès à la voirie, en termes de largeur et de charge ;
• La distance jusqu’à l’unité de traitement ;
• La disponibilité ;
• Le prix d’achat ;
• Le niveau de technicité des opérateurs.

En général, les camions vidangeurs sont équipés soit de pompes à palettes de faible volume,
qui sont relativement bon marché, soit de pompes à anneau liquide qui sont plus coûteuses. Le
premier type de pompe est plus indiqué pour les camions de faible capacité, qui opèrent sous
un vide poussé mais avec un flux d’air faible. Les techniques d’aspiration sous vide fonctionnent
mieux pour pomper les boues de faible viscosité comme celles des fosses septiques (Boesch et
Schertenleib, 1985).

Les pompes à anneau liquide sont plus adaptées aux camions de grande capacité recourant à
des techniques d’aspiration pneumatique. Trois de ces techniques, à savoir l’aspiration continue
en surface, l’aspiration avec buse d’injection d’air et l’aspiration par flux d’air saccadé, sont
décrites brièvement par la figure 4.9. Ces techniques sont plus indiquées pour le pompage de
boues dont la viscosité est élevée, telles que celles accumulées au fond des fosses septiques ou
86
dans les latrines à fosse unique.

Certains camions vidangeurs sont également dotés d’équipements de déshydratation qui per-
mettent de réduire le volume des boues à transporter et d’accroître l’efficacité des opérations.
Pour fonctionner, ces engins nécessitent des points de déversement (un réseau d’assainissement
en général) afin de recueillir les fractions liquides non-traitées. L’inconvénient majeur de ce ma-
tériel sophistiqué est la complexité de sa maintenance, aussi bien en termes de technicité que
d’approvisionnement en pièces détachées.

BREVAC
En 1983 au Botswana, le Centre international de référence pour l’élimination des déchets (Inter-
national Reference Centre for Waste Disposal, IRCWD) a conduit une série d’essais de terrain
avec plusieurs modèles de camions vidangeurs, certains classiques et d’autres plus spécifiques,
ainsi que divers équipements de vidange mécaniques. Développé par l’Établissement de re-
cherches en bâtiment (Building Research Establishment, BRE), le BREVAC a fait partie des ca-
mions spécifiques testés (figure 4.10).

Le BREVAC dispose d’un réservoir divisé en deux compartiments. D’un volume de 4,3 m3, le
premier compartiment sert à stocker les boues, tandis que le second, d’un mètre cube, contient
l’eau pour l’opération (Boesch et Schertenleib, 1985). Le camion dispose d’une pompe à vide à
anneau liquide très performante, avec une capacité d’aspiration de 0,8 bar pour un débit d’air
de 26 m3/minute. Enfin, un vérin hydraulique permet d’incliner la citerne afin de faciliter son net-
toyage après déversement.
TECHNOLOGIE

9 13 8 7

14 15 15

10
12 11

12
4

2 1 3

1. Pompe à vide à anneau liquide. 9. Séparateur d’eau pour l’air évacué.


2. Rotor hydraulique. 10. Vanne de réglage de l’aspiration/refoulement.
3. Pompe pour l’eau de fluidification/nettoyage. 11. Roue de secours.
12. Boîte à outils.
4. Vanne d’aspiration et de refoulement.
13. Vérin de basculement de la cuve.
5. Porte arrière ouvrante. 14. Eau de travail (réservoir d’eau).
6. Volant d’ouverture de la porte arrière. 15. Réservoir de stockage des boues.
7. Trappe d’accès.
8. Soupape de sûreté.

Figure 4.10 : Représentation schématique du BREVAC (adapté de Boesch et Schertenleib, 1985).

Les essais ont conclu que le BREVAC permettait de vidanger les boues très visqueuses des
latrines à fosse simple, savait manœuvrer dans les espaces exigus et circuler sur des terrains
87
difficiles (Boesch et Schertenleib, 1985). Son jet d’eau sous pression lui permet aussi de dé-
sagréger les blocs de boues et d’éviter ainsi la descente des vidangeurs dans les fosses lors
des opérations. Certains éléments restent à améliorer (comme l’ajout d’une jauge à billes flot-
tante pour relever le niveau de boue) et des problèmes de colmatage des tuyaux par des débris
non-biodégradables ont également été relevés. Néanmoins, cette technologie a été jugée viable
et adaptée sur le plan technique.

En raison de sa conception hautement technique et des pièces très spécifiques nécessaires à


son bon fonctionnement, mais aussi à cause des coûts très élevés qui en découlent, le BREVAC
n’a pas réussi à maintenir une demande suffisante ni sa présence sur ce marché de niche.

Figure 4.11 : Les modèles BREVAC Mark III (à gauche) et Mark IV (à droite) conçus pour la collecte et le transport des
boues (photo : Peter Edwards).
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

Vacutug
En 1995, l’ONU-HABITAT a développé le Vacutug en tenant compte des leçons apprises à l’issue
des essais conduits par l’IRCWD sur le BREVAC et le MAPET. La première version, Mark I, a été
développée en Irlande par Manus Coffey et associés (MCA), puis testée au Kenya par l’Organi-
sation nationale pour l’eau et la santé (Kenya Water and Health Organisation, KWAHO). Depuis,
quatre autres versions ont été développées au Bangladesh et plusieurs unités de chacune ont été
vendues. Les exemples sont présentés dans la figure 4.11 et dans le tableau 4.2.

Tableau 4.2 : Caractéristiques générales des différentes versions du Vacutug.

COÛT (USD)
CAPACITÉ LARGEUR DISTANCE DE MONTAGE ET
VERSION (hors frais de
(litres) INDICATIVE TRANSPORT PROPULSION
transport)
Mark I Monté sur châssis
500 Très réduite Courte 10 000
et II motorisé.
Monté sur remorque
Mark III 1 900 Moyenne Longue et tracté par tracteur 20 000
ou pick-up.
Monté sur le
Mark IV 700 Réduite Intermédiaire châssis d’un tricycle 15 000
motorisé.
Monté sur le
Mark V 1 000 Réduite Intermédiaire châssis d’un tricycle 15 000
88 motorisé.

4.6.6 Étapes d’une vidange par véhicule équipé de pompe à vide


Les unités de pompage à vide utilisées pour la vidange sont des systèmes mécaniques com-
plexes, qui doivent être correctement utilisés non seulement pour bien réaliser les vidanges, mais
aussi afin de protéger les équipements et les vidangeurs.

Les opérations de vidange, à l’aide d’unités d’aspiration à vide, doivent suivre les étapes sui-
vantes :

1. Stationner le camion le plus près possible du dispositif à vidanger. La distance de pompage


maximale est déterminée d’une part par la longueur du tuyau, et d’autre part par la différence
de niveau entre le fond de la fosse à vidanger et l’entrée du réservoir. En général, la distance
de pompage doit être inférieure à 25 mètres linéaires, et la différence de niveau inférieure à
4 mètres. Au-delà, des pompes intermédiaires doivent être utilisées.
2. Informer les ménages de la venue prochaine du service et noter toutes difficultés ou pro-
blèmes éventuels.
3. Inspecter le site pour relever les aspects critiques à prendre en compte, tels que la nécessité
d’évacuer les personnes lors des opérations ou la présence d’une nappe d’eau affleurante
qui pourrait entraîner la flottation de la fosse une fois celle-ci vidée.
4. Bloquer les roues du camion avec des cales.
5. Dérouler, puis raccorder les tuyaux depuis le camion jusqu’à la fosse à vidanger.
6. Soulever les trappes d’accès ou les couvercles afin d’ouvrir la fosse.
TECHNOLOGIE

7. Démarrer l’unité de pompage sous vide avec la prise de force du camion.


8. Pousser le vide jusqu’à atteindre un bon niveau, en maintenant la vanne fermée tout en
vérifiant la jauge d’aspiration. Introduire ensuite l’extrémité du tuyau dans la fosse et ouvrir
suffisamment la vanne pour que les boues soient aspirées. La fermeture de la vanne permet
de rétablir le vide et de poursuivre le pompage des boues.
9. Continuer à procéder de la sorte jusqu’à ce que les opérations soient terminées.
10. Désagréger les boues agglomérées, soit à l’aide d’une pelle montée sur un manche allongé,
en ajoutant de l’eau si nécessaire pour réduire la viscosité des boues, soit en inversant le
flux de pompage depuis la cuve du camion pour mettre en suspension les boues décantées
en fond de fosse grâce à la pression du flux de boues déversées. Rétablir enfin l’aspiration
pour aspirer le contenu de la fosse. Les tuyaux flexibles doivent être en bon état et leurs
accouplements solidement fixés pour pouvoir recourir à cette méthode.
11. Les vidangeurs devraient pouvoir retirer entre 90 et 95 % du contenu initial de la fosse. Les
gestionnaires des services de vidange doivent procéder à des contrôles périodiques.
12. Relever toute anomalie, telle qu’une concentration élevée en déchets non-biodégradables,
d’huiles ou de graisses. La couleur et l’odeur des boues peuvent renseigner sur la façon
dont les ménages utilisent leur fosse, et indiquer si trop de produits chimiques sont déversés
dans les canalisations.
13. Si le dispositif vidangé est une fosse septique, les vérifications suivantes doivent être effec-
tuées par les vidangeurs :
89
a. Écouter si de l’eau remonte par les tuyaux de refoulement du dispositif. Cette observa-
tion peut indiquer que des canalisations sont bouchées ;
b. Vérifier que les tés d’entrée et de sortie sont bien installés. Ces accessoires sont sou-
vent détériorés et se retrouvent au fond de la fosse ;
c. Vérifier que la fosse ne présente pas de parties fissurées ou endommagées ;
d. Contrôler l’aération de la fosse ;
e. S’assurer que les couvercles de la fosse sont convenablement fermés et replacés à la
fin du pompage ;
f. Établir un rapport écrit mentionnant :
• la quantité de boues et de déchets vidangés ;
• l’état de fonctionnement de la fosse septique ou fosse unique ;
• les opérations de réparation ou de maintenance conseillées ;
• toute recommandation utile pour une bonne utilisation du dispositif.
14. Déconnecter et enrouler les tuyaux.
15. Nettoyer les déversements éventuels en utilisant un matériau absorbant.
16. Aviser le client que l’opération est terminée et lui remettre le rapport final. Dans certains cas,
le paiement est effectué dès la commande, mais il est fréquent que le vidangeur soit payé
après facturation. Au cours de ce dernier échange, l’opérateur partage ses observations et
recommandations avec le client.
17. Retirer les cales et se rendre chez le prochain client ou sur le site de déversement le plus
proche.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

4.6.7 Résumé des systèmes de vidange motorisés


Le tableau 4.3 synthétise les caractéristiques principales des différentes technologies de vidange
motorisées présentées dans ce paragraphe en indiquant, pour chacune, ses performances, ses
coûts et ses inconvénients.
Tableau 4.3 : Tableau récapitulatif pour les équipements de vidange motorisés.

TYPE COÛTS (USD)


PERFORMANCES DÉFIS
D’ÉQUIPEMENT Achat Fonctionnement
• Peut vidanger des boues
liquides contenant des
débris solides d’un • Blocages liés à la
diamètre 40 à 60 mm. présence de débris
Motopompe • Débit maximum compris non-biodégradables.
2 000 Inconnu
à membrane entre 300 et 330 L/min. • Absence de pièces
• Hauteur de refoulement détachées sur le
maximale de 15 m (peut marché local.
vidanger facilement à
diverses profondeurs).
• Peut vidanger des boues
liquides contenant des
débris solides d’un • Pièces détachées
diamètre 20 à 30 mm. difficiles à trouver.
Pompe
• Débit maximum de • Nécessite
centrifuge 500 à
1 200 L/min environ. Inconnu un dispositif
90 à eaux 2 000
• Hauteur de refoulement de stockage
chargées
comprise entre 25 et intermédiaire.
30 m (peut vidanger • Blocages potentiels.
facilement à diverses
profondeurs).
• Taille fixe de la
tarière et du tuyau
PVC.
• Peut vidanger des boues
• Inadapté si les
liquides et de petites
boues sont sèches
quantités de déchets
ou contiennent
non-biodégradables.
Tarière beaucoup de
• Débits supérieurs à 50 L/
à boues 700 Inconnu déchets non-
min.
motorisée biodégradables.
• Hauteur de refoulement
• Nettoyage difficile
de plus de 3 m (difficulté
après usage.
à pomper à différentes
• Manipulation
profondeurs).
difficile du fait de
l’encombrement et
du poids de l’outil.
• Blocage fréquents à • Fabrication
cause de l’accumulation complexe avec un
de boues dans les zones grand nombre de
en mouvement. pièces assemblées.
Gobbler 1 200 Inconnu
• Hauteur de refoulement • Poids élevé de la
de plus de 3 mètres. pompe.
• Difficulté à pomper à • Longueur non-
différentes profondeurs. ajustable.
TECHNOLOGIE

• Transport souvent
• Peut vidanger des boues lent.
de viscosité faible et • Difficulté à vidanger
de petites quantités les boues présentant
de déchets non- une forte viscosité.
25 USD
biodégradables. 10 000 à • Faibles volumes (500
Vacutug par
• Idéal pour les zones 20 000 à 1 900 litres).
voyage1
difficiles d’accès. • Non-viable
• La hauteur de financièrement
refoulement dépend du si les distances
modèle. de transport sont
importantes.
• Accède difficilement
• Peut vidanger facilement
aux zones
des boues de viscosité
densément
faible ainsi que
peuplées.
certains déchets non-
• Maintenance difficile
biodégradables.
Camion de dans les pays à
• Idéal pour le transport 10 000 à Très
vidange revenu faible du fait
de gros volumes de 100 0002 variable
classique de certaines pièces
boues sur de longues
spécifiques.
distances.
• Coût
• La hauteur de
d’investissement
refoulement dépend du
hors de portée pour
modèle de pompe utilisé.
certains vidangeurs.
1
Hypothèse de deux déversements par jour avec une distance de 10 km jusqu’au point de déversement et une vitesse de
91
transport moyenne de 10 km/h (Mikhael et Parkinson, 2011).
2
La gamme de prix des camions vidangeurs classiques est très variable selon que le véhicule est neuf ou déjà usagé, de
sa capacité, de ses équipements (ex. : jet à haute pression) et des coûts d’expédition.

Figure 4.12 (gauche) : Exemple de bonne pratique où l’assemblage des tuyaux flexibles est aisé et rapide (photo : Linda
Strande).
Figure 4.13 (droite) : Exemple d’un système mal entretenu avec des tuyaux assemblés à l’aide de ficelle et de sachets
plastiques.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

4.7 TRANSPORT DES BOUES DE VIDANGE


La plupart des petits équipements manuels de vidange décrits au paragraphe 4.5, tout comme
certains des équipements motorisés décrits au paragraphe 4.6, ne permettent pas de transporter
les boues de vidange. Ainsi, les vidangeurs utilisent souvent des moyens de transport à moindre
coût, standards ou spécifiques, pour évacuer les boues vers les stations de transfert ou de trai-
tement.

Parmi ces équipements, on peut distinguer ceux qui utilisent la traction/propulsion humaine ou
animale et ceux qui sont entraînés par des moteurs thermiques. Ce paragraphe décrit les diffé-
rents moyens actuellement utilisés, en précisant les avantages et les inconvénients de chacun.

Les aspects à prendre en compte pour le transport des boues de vidange incluent :

• Le type de véhicule à utiliser, en tenant compte de son état technique, de sa maintenance,


des licences et des permis nécessaires, ainsi que des points de stationnement quand il n’est
pas en service ;
• Le type d’équipement d’extraction des boues, y compris les tuyaux, les pompes, les tarières
et tous les autres outils de travail ;
• Le matériel de nettoyage, qui comprend les pelles, les désinfectants, les matériaux absor-
bants et les sacs poubelles ;
• Les compétences de l’opérateur, notamment les formations et les certifications potentielle-
ment requises pour exercer son activité ;
92
• Les procédures à suivre, y compris la réglementation de la circulation routière et les activités
au niveau du site de traitement ;
• Les autres aspects tels que l’utilisation des stations de transfert, la santé et la sécurité des
travailleurs, ainsi que les technologies émergentes.

4.7.1 Transport à propulsion humaine


Divers types de chariots sont utilisés, aussi bien pour le
transport de matériel que pour celui des boues de vi-
dange, comme illustré par la figure 4.14. Typique-
ment, les chariots se composent d’un plateau
monté sur un essieu, doté d’une ou de plu-
sieurs roues. Des récipients pouvant contenir
jusqu’à 200 litres de boues sont transportés
sur ces chariots qui sont tractés ou poussés
(Still et Foxon, 2012 ; Strauss et Montangero,
2002 ; Barreiro et al., 2003 ; Chowdhry et
Koné, 2012). Les chariots sont conçus pour
être manœuvrables dans des espaces étroits et
peuvent desservir les ménages de manière effi-
cace sur des distances pouvant aller jusqu’à 3 km.

Figure 4.14 : Schéma d’une technologie de transport à traction


humaine (figure : Research Triangle Institute).
TECHNOLOGIE

Du fait de leur faible capacité, de leur rayon d’action réduit et de leur vitesse limitée, ces équipe-
ments ne sont pas adaptés pour des transports sur de longues distances.

4.7.2 Transport motorisé


Les moyens de transport motorisés présentent des capacités de charge et des vitesses de dépla-
cement supérieures à celles des transports à propulsion humaine et peuvent donc desservir des
périmètres plus étendus (figure 4.15). Si l’exploitation et la maintenance de ces équipements sont
généralement plus complexes, leur utilisation est très répandue dans les pays à revenu faible.
Lors du choix de ce type d’équipement, il est important de vérifier que les connaissances et les
compétences techniques requises pour les réparations sont disponibles localement.

93

Figure 4.15 : Camion de vidange circulant dans les rues animées de Manille, aux Philippines (photo : David M. Robbins).

Les tricycles à moteur sont les plus petits équipements motorisés à faible coût utilisés par les
vidangeurs. Leurs petites dimensions leur permettent de circuler dans les rues étroites auxquelles
les véhicules de plus grande capacité ne peuvent accéder. Des modèles de différentes tailles
et puissances existent sur le marché, certains pouvant transporter des charges allant jusqu’à
1 000 kg. Les boues peuvent être conditionnées soit dans des fûts chargés sur le plateau du
tricycle (O’Riordan, 2009), soit dans un réservoir fixé à l’arrière (figure 4.14).

Des moyens plus coûteux sont également utilisés pour transporter les boues. Dans certains
cas, des pick-up pouvant transporter des charges allant de 2 000 à 5 000 kg sont utilisés, avec
parfois des systèmes de levage embarqués (Losai Management Limited, 2011). Cependant, ces
véhicules ne sont pas toujours à la portée des petits vidangeurs (McBride, 2012a ; Bhagwan et
al., 2012).
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

4.7.3 Déversement des boues en station


De plus en plus de stations de traitement des boues de grande capacité comprennent des unités
de dépotage mécanisées. La figure 4.16 montre un opérateur qui connecte le tuyau du camion
de vidange au dispositif de dépotage, avant de s’enregistrer électroniquement pour pouvoir dé-
verser ses boues. La station enregistrera alors l’heure et la date du déversement, le volume
de boues, le nom de l’opérateur et toute autre information pertinente. Les unités de dépotage
mécanisées permettent de réduire les erreurs de saisie, d’accroître la précision de l’exploitation
et de responsabiliser davantage les vidangeurs. Si ces unités mécanisées sont utilisées par les
opérateurs de grande envergure, les stations de traitement de petite capacité ou de transfert
recourent à des techniques manuelles lors des dépotages.

Quel que soit le mode d’amenée des boues à la station de transfert ou de traitement, les vidan-
geurs adopteront utilement les mesures de sécurité suivantes :

1. S’enregistrer auprès du gardien ou de l’exploitant.

2. Bien suivre les instructions données quant à l’échantillonnage des boues. Certaines stations
prévoient des filières différentes pour les boues des ménages et celles issues des établis-
sements commerciaux. Les exploitants de la station peuvent demander des échantillons
avant d’autoriser leur déversement s’ils veulent s’assurer que celles-ci ne contiennent pas
d’éléments susceptibles d’endommager la station.

3. Amener le camion au point de déversement, le stationner en veillant à maintenir les accès


94 libres, activer les freins de stationnement et bloquer les roues.

4. Connecter les tuyaux.

5. Activer le mécanisme de vidange de la cuve (prise de force ou autre) et déverser les boues.

6. Obtenir les autorisations et les droits d’accès nécessaires avant d’acheminer les boues
jusqu’à la station de transfert.

7. S’assurer que suffisamment d’eau est disponible pour le nettoyage des débris solides dans
le cas où la station comporte un ouvrage de dégrillage.

8. Disposer les refus du dégrillage dans un endroit sécurisé pour les égoutter et les sécher
avant leur stockage et/ou leur mise en décharge selon une procédure adaptée d’incinération
ou d’enfouissement.

9. Employer des techniques de lavage adaptées pour le déversement des fûts dans une sta-
tion de transfert. Veiller à opérer depuis une surface stable et à porter des équipements de
protection.

10. Nettoyer les déversements éventuels et bien refermer l’orifice d’admission des boues.

11. Utiliser des équipements de protection tels que des gants, un casque et ne pas fumer lors
des opérations de collecte et de déversement des boues.

12. Ranger les tuyaux et les équipements, veiller au respect de l’hygiène (ex. : lavage des mains)
et remplir les formalités administratives.
TECHNOLOGIE

Figure 4.16 : Unité de dépotage


mécanisée au niveau de la station
d’épuration South Septage de la
société Manila Water, à Manille, aux
Philippines (photo : WSUP, Sam
Parker).

4.8 STATIONS DE TRANSFERT DES BOUES

4.8.1 Introduction
Les paragraphes précédents ont présenté différentes technologies de collecte et de transport des
boues de vidange, notamment certains équipements légers utilisés dans les zones inaccessibles
aux camions de vidange de grand volume. Cependant, ces équipements ne peuvent être utilisés
que sur de courtes distances, leur vitesse étant trop faible pour permettre d’évacuer, de manière
économiquement viable, les boues de vidange vers un site de traitement ou de dépôt final.

Face à cette problématique, des approches décentralisées ont été développées pour fractionner
95
le processus de transport en deux étapes, respectivement qualifiées de « transport primaire » et
« transport secondaire ». Au niveau du transport primaire, des chariots ou des véhicules de faible
capacité acheminent les boues depuis le point de collecte jusqu’à une station de transfert de
proximité. Lors du transport secondaire, un équipement de grande capacité, tel qu’un camion de
vidange, est utilisé pour vidanger la station de transfert et évacuer les boues vers le site de dépôt
final. Ainsi, pour fonctionner convenablement, les stations de transfert doivent être accessibles à
l’ensemble des équipements utilisés pour les transports primaire et secondaire.

4.8.2 Les différents types de stations


On distingue deux types de stations de transfert : les stations « fixes » et les stations « mobiles »,
qui sont décrites dans les paragraphes suivants.

Stations de transfert fixes


On distingue quatre sous-catégories pour ce type de station. Les « cuves de stockage fixes »
sont des fosses en béton maçonné, conçues pour stocker les boues de vidange sur une courte
durée et sans les traiter. Les cuves enterrées décrites par Boot (2007) à Accra, au Ghana, font
partie de cette catégorie. Avec une capacité de 23 m3 environ, ces cuves étaient conçues pour
recueillir les boues des vidangeurs manuels (transport primaire) avant d’être vidangées par des
camions de vidange (transport secondaire). Cependant, les phénomènes naturels de décantation
et d’ensablement observés lorsque les périodes de stockage devenaient trop longues ont rendu
la gestion de ces ouvrages très complexe pour les autorités locales. Ainsi, un grand nombre de
ces cuves ont été abandonnées, car le coût et la durée des opérations de dessablage qu’elles
exigeaient s’avéraient prohibitifs.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

Pour pallier le problème d’ensablement, des stations de transfert modulaires ont été dévelop-
pées en utilisant des conteneurs mobiles à la place de la cuve bétonnée. La littérature relève les
gammes de capacité suivantes :

• Petite capacité (ex. : fûts métalliques de 200 litres - McBride, 2012b) ;


• Capacité moyenne (ex. : réceptacles en bâche plastique avec armature métallique, de 500 à
3 000 litres) ;
• Grande capacité (ex. : cuves ou bennes métalliques sur mesure > 2 000 m3 - Macleod, 2005 ;
Strauss et Montangero, 2002).

Les stations de transfert fixes servent essentiellement d’unités de stockage sécurisées. Leur
conception dépend des modèles de réservoirs utilisés pour le stockage. Dans un projet mené au
Ghana, les réservoirs étaient placés dans une fosse en béton, construite sur un site clôturé afin
de limiter les risques de dégradation, de submersion et de contamination. Une fois pleins, les
réservoirs étaient vidangés à l’aide d’un camion de vidange.

Un troisième type de station est le « réservoir fixe multifonction ». En plus du stockage, ces sta-
tions peuvent aussi admettre les boues fraîches issues de toilettes publiques et/ou assurer un
traitement partiel des boues. Dans ce dernier cas, des procédés de déshydratation (bassins de
décantation, lits de séchage, sacs géotextiles - ERE Consulting Group et Indah Water Konsor-
tium, 2012) ou de digestion anaérobie (ex. : fosses septiques, réacteurs anaérobies à chicanes,
réacteurs à biogaz) sont mis en place. Les stations qui combinent toilettes publiques et traitement
96 des boues de vidange présentent l’avantage d’être bien acceptées par les riverains et permettent
de réduire les charges de transport secondaire, grâce à la déshydratation des boues. De plus,
les sous-produits issus du traitement (ex. : digestat ou biogaz) peuvent être valorisés après trai-
tement complémentaire. L’étude de cas 4.2 présente un exemple de station pouvant admettre
des boues fraîches.

Le quatrième type de station de transfert fixe est le type « connecté au réseau d’égout ». Ces sta-
tions sont, directement ou indirectement, connectées au réseau d’égout existant, lequel assure
le transport secondaire des boues de vidange et/ou de leurs résidus liquides. Les services pu-
blics et les propriétaires de réseaux dissuadent à juste titre les vidangeurs de déverser les boues
dans les regards de visite. En effet, du fait de la faible teneur en eau des boues de vidange, ces
pratiques risquent de colmater le réseau, mais aussi d’entraîner des charges en DBO dépassant
les capacités des stations de traitement des eaux usées (voir chapitre 9). Néanmoins, le déver-
sement illégal dans les réseaux d’égouts est une pratique assez répandue du fait du manque
d’infrastructures adaptées ou de leur manque d’accessibilité.

Stations de transfert mobiles


Les stations de transfert mobiles sont des réservoirs facilement transportables qui permettent
le stockage des boues depuis n’importe quel point à proximité du dispositif vidangé. Ce sont,
essentiellement, des réservoirs montés sur un châssis roulant. Ces stations peuvent être des
véhicules motorisés ou bien des cuves montées sur des remorques tractées à l’aide d’un camion
ou d’un tracteur.

Les stations mobiles sont utilisées dans les zones qui nécessitent une multitude de transports
de petite capacité. L’avantage principal de ces stations est qu’elles permettent de contourner les
TECHNOLOGIE

procédures complexes et souvent longues que nécessite la construction de stations fixes dans
les quartiers de forte densité. Enfin, lorsque leurs cuves sont pleines, ces stations peuvent être
utilisées pour le transport secondaire des boues vers le site de mise en dépôt final.

Lorsque le système est tracté, le véhicule tracteur peut être utilisé pour d’autres services, liés ou
non à la gestion des boues de vidange. Ceci permet des économies et une amélioration poten-
tielle des revenus. L’utilisation de ce type de système a été documentée à Maseru, au Lesotho
(Strauss et Montangero, 2002).

4.8.3 Choix de l’emplacement des stations de transfert


La mise en place d’une filière de transport des boues de vidange segmentée requiert une im-
plantation des stations de transfert soigneusement planifiée. Le paragraphe suivant souligne les
principaux aspects à prendre en compte dans ce sens.

Optimiser la zone de couverture


La zone de couverture des stations de transfert doit être suffisante pour répondre aux besoins des
services de vidange de petite capacité, tout en permettant de minimiser les coûts de transport
primaire. En pratique, les coûts de transport primaire et secondaire doivent être pris en compte
pour établir convenablement la couverture des stations de transfert, leur dimensionnement et
leurs distances respectives. L’utilisation provisoire de stations mobiles peut aider à développer
une couverture optimale, en permettant d’évaluer l’adéquation des emplacements potentiels sur
une certaine durée, sans s’engager dans la construction d’une station fixe. 97

Disponibilité des terrains


Les démarches relatives à la recherche de terrains et à l’obtention des autorisations requises pour
implanter une station de transfert peuvent s’avérer longues et difficiles. Parfois, de longues né-
gociations avec de multiples organismes gouvernementaux et propriétaires fonciers sont néces-
saires, en particulier dans les quartiers informels. Du fait de leur caractère provisoire, les stations
de transfert mobiles peuvent, a priori, faciliter ces aspects. À défaut, des stations de transfert
modulaires minimisant l’impact vis-à-vis du voisinage peuvent être envisagées. Cependant, sans
les garanties juridiques requises, des propriétaires fonciers insatisfaits pourraient obliger les opé-
rateurs à déplacer ces stations.

Acceptation
Il n’est pas rare de voir les ménages s’opposer à l’implantation d’une station de transfert près de
leurs habitations. Désignée comme le syndrome du « pas à côté de chez moi », cette réaction
peut être particulièrement délicate dans les quartiers informels densément peuplés, où il existe
très peu de terrains disponibles, voire aucun. Ces types de refus ont été relevés à Dar es Salam
en Tanzanie (Muller et Rijnsburger, 1992), à Maputo au Mozambique (Godfrey, 2012) et à Free-
town en Sierra Leone. L’implication des communautés en amont du processus d’implantation
est nécessaire. Des mesures incitatives, telles que la combinaison de stations de transfert avec
d’autres installations, comme les toilettes et douches publiques, peuvent aider à améliorer le
niveau d’acceptation.
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

Accessibilité
Selon les cas, les stations de transfert doivent être accessibles aux véhicules de transport pri-
maire et secondaire ou au réseau d’égout pour pouvoir fonctionner. Par exemple, si l’aménage-
ment d’une station de transfert au milieu d’un quartier populaire dense permet de réduire les dis-
tances de transport primaire, il se peut que cet emplacement ne soit pas accessible aux véhicules
de plus grande capacité, utilisés pour le transport secondaire. Il faut donc veiller à sélectionner
des sites accessibles aux véhicules de transport secondaire.

Étude de cas 4.2 : Station de transfert modulaire multifonction de grande capacité.


En Sierra Leone, GOAL a construit une station de transfert composée d’un conteneur maritime de
6 m3 placé au-dessus d’un conteneur citerne récupéré de 6 m3 (figure 4.17). Après aménagement,
le conteneur supérieur dispose d’un point de déversement des boues de vidange, ainsi que de
deux toilettes publiques pour hommes et femmes. Les boues sont apportées dans des fûts scellés
de 60 L, puis déversées sur dégrilleur connecté au conteneur citerne. L’ensemble du dispositif est
mobile, les deux conteneurs pouvant, si nécessaire, être démontés, soulevés à l’aide d’une grue
et transportés par camion vers un autre endroit.
La station est alimentée en eau par le réseau via un réservoir de stockage en PVC afin de permettre
le nettoyage des fûts vidés, le fonctionnement de la chasse d’eau manuelle des toilettes ainsi que
celui des lave-mains. Les eaux noires issues des toilettes sont canalisées dans le réservoir de stoc-
kage, tandis que les eaux de lavage sont infiltrées au niveau d’un puisard situé à proximité. L’accès
aux installations se fait via un escalier et une passerelle, dispositifs qui limitent malheureusement
l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite.
98
Emplacement de la station
Un site approprié a été retenu sur un terrain privé, étant convenu que la station pourrait être dépla-
cée selon les nécessités. L’obtention des autorisations auprès des autorités locales s’est avérée
beaucoup plus simple que s’il s’était s’agit d’une station fixe, et ce grâce au caractère mobile de
l’équipement. Par ailleurs, l’acceptation de la station par le voisinage a été facilitée par l’intégration
de toilettes publiques, équipements très demandés dans la zone. Il n’a pas encore été indiqué si
l’emplacement était optimal ou non pour les vidangeurs et les opérations de transport secondaire.

Performances
En 2012, la station n’était pas encore fonctionnelle et son système de gestion encore en réflexion.
Aussi, s’il est difficile d’évaluer ses performances à ce stade, les défis potentiels suivants sont
identifiés :
• L’éventualité que le propriétaire du terrain demande que la station soit déplacée hors de son
terrain, ce qui nécessiterait de reprendre tout le processus d’implantation depuis le début ;
• Le risque sanitaire lié à l’exposition des usagers des toilettes publiques, compte tenu de la
proximité du point de déversement ;
• La difficulté de hisser les fûts de 60 litres en haut des escaliers menant au point de déver-
sement ;
• La vitesse d’ensablement et les besoins de curage y afférant ;
• L’impact financier, potentiellement important, du stockage des eaux noires de toilettes dans
le réservoir de boues.
Certaines de ces problématiques pourront être résolues par la mise en place d’une rampe per-
mettant de faire rouler les fûts jusqu’au point de déversement et en ajoutant des dispositifs de
déshydratation des boues.
TECHNOLOGIE

Figure 4.17 : Station de transfert modulaire multifonction de grande capacité et toilettes publiques (photo : GOAL).

4.9 SÉCURITÉ ET PROTECTION DE LA SANTÉ


La collecte, le transport et le déversement des boues de vidange présentent de nombreux risques
en matière de santé et de sécurité. Malheureusement, la majorité des vidangeurs s’en tiennent
à des pratiques à risques dans les pays à revenu faible, en particulier lors des vidanges effec-
tuées à la main ou avec très peu d’équipements. Les vidangeurs s’exposent alors à des risques
physiques, chimiques et biologiques élevés. Ce paragraphe présente un bref aperçu des prin-
cipaux risques liés aux opérations de vidange et de transport des boues ainsi que des mesures 99
permettant de les atténuer. D’autres informations sur la santé et la sécurité sont présentées au
chapitre 11.

4.9.1 Risques physiques


La manipulation des boues de vidange expose les vidangeurs aux risques physiques suivants :

• Éboulement des parois d’une fosse non-maçonnée lors de l’extraction des boues (en parti-
culier lors des vidanges manuelles) si la cohésion du sol est faible ;
• Glissades, trébuchements et chutes ;
• Exposition à des objets piquants ou tranchants contenus dans les boues (ex. : verre ou mé-
taux) ;
• Port de charges lourdes (ex. : couvercles des fosses ou fûts remplis de boues) ;
• Accidents de la route (notamment lors des transports).

4.9.2 Risques chimiques


Les risques chimiques suivants sont relevés :

• Exposition orale, nasale et cutanée directe ou indirecte à des produits chimiques (ex. : hydro-
carbures qui sont parfois déversés dans les fosses pour couvrir les odeurs, bien que cette
pratique ne soit pas recommandée) ;
• Travail dans des espaces confinés en présence de gaz nocifs (ex. : méthane, dioxyde de
soufre) ou dans des atmosphères appauvries en oxygène (en particulier lors des vidanges
manuelles).
IV - MÉTHODES ET DISPOSITIFS POUR LA COLLECTE ET LE TRANSPORT

4.9.3 Risques biologiques


Les risques biologiques suivants doivent être pris en compte : exposition orale, nasale et cutanée
directe ou indirecte à de multiples germes pathogènes contenus dans les boues (ex. : bactéries,
virus, protozoaires ou helminthes). Consulter le chapitre 2 pour plus d’informations.

4.9.4 Autres risques


Prise d’alcool très répandue chez les vidangeurs (Godfrey, 2012 ; Mikhael, 2011).

4.9.5 Réduction des risques


Des mesures de réduction des risques peuvent être adoptées de manière volontaire par les vi-
dangeurs ou via la mise en place d’une réglementation, en supposant que des mesures effectives
soient alors prises pour assurer leur mise en application.

Limiter l’exposition aux risques précédents est la plus importante des mesures à prendre. En
pratique, il s’agira de :

• Fournir et porter des équipements de protection individuelle adéquats pour éviter le contact
direct ou indirect avec les boues de vidange (ex. : gants, combinaisons, bottes en caout-
chouc avec semelles métalliques, lunettes de sécurité et masques respiratoires) ;
• Élaborer et dispenser des formations sur l’utilisation d’outils permettant d’éviter le contact
avec les boues, en tenant compte des conditions et des dispositifs d’assainissement rencon-
trés localement ;
100 • Dispenser des formations sur les procédures de vidange à suivre en indiquant bien quels sont
les équipements de protection individuelle, les outils et les équipements à utiliser.

Enfin, des traitements préventifs tels que la vaccination et le déparasitage des travailleurs sont
recommandés, tout particulièrement pour les vidangeurs manuels qui évoluent vers des pratiques
plus adéquates.

4.10 CONCLUSION
Si de nombreux progrès ont été réalisés dans l’amélioration des pratiques de collecte et de
transport des boues de vidange, des lacunes importantes persistent et soulignent la nécessité de
poursuivre le développement de solutions innovantes et pratiques.

Les difficultés rencontrées lors de la vidange des dispositifs d’assainissement des ménages
sont, en grande partie, liées ou influencées par la conception même de ces dispositifs. À titre
d’exemple, une fosse septique éloignée de la route, complique l’accès des camions de vidange.
On relève également que les dispositifs à chasse permettent une vidange plus simple et plus
efficace, puisqu’ils contiennent moins de débris non-biodégradables (tels que les ordures ména-
gères, les serviettes hygiéniques, les chiffons et les tissus), ce qui limite les risques de colmatage
lors de l’extraction des boues.

Pour rendre les services de vidange plus efficaces et performants, les innovations à développer
doivent intégrer des solutions permettant d’améliorer les fosses existantes et proposer de nou-
velles conceptions pour les modèles à venir. Pour réussir, la diffusion de nouvelles technologies
requiert une approche multidisciplinaire qui doit impliquer des spécialistes de l’assainissement,
des ingénieurs designers, des professionnels en promotion et marketing, ainsi que des maçons
et des juristes.
TECHNOLOGIE

Des recommandations techniques ont été formulées pour améliorer les dispositifs d’assainisse-
ment des ménages et faciliter leur vidange. L’une d’entre elles consiste à équiper les latrines d’un
tuyau pour pouvoir aspirer les boues depuis le fond de la fosse (Coffey, 2007). L’injection d’air et
d’eau à faibles pressions par ce tuyau permettra de fluidifier les boues avant de les extraire en
commençant par le fond, où s’accumulent les boues les plus denses, et d’achever par les boues
de surface, plus faciles à pomper. D’après les études de Hawkins (1982), un ajout d’eau de 2 %
aux boues permettrait d’augmenter de 30 à 300 fois leur fluidité. Bien que les premiers tests aient
enregistré des retours prometteurs, cette conception n’a encore jamais été promue ou adoptée
à grande échelle.

Une autre méthode innovante en cours de développement est l’« Omni Ingester », développé
avec l’appui de la Fondation Bill et Melinda Gates. Cette technologie devrait permettre de sé-
parer l’eau, les sables et les déchets contenus dans les boues de vidange et de désinfecter les
sous-produits obtenus, et ce directement dans le camion de vidange. Ceci permettra de réduire
la logistique de transport vers les stations de traitement, étape qui représente souvent l’essen-
tiel des charges de fonctionnement. Introduites dans le cadre de programmes communautaires
de gestion des boues de vidange, ces technologies ouvriront des perspectives nouvelles pour
améliorer l’assainissement à grande échelle, tout en tenant compte de la santé et de la sécurité
des vidangeurs.

4.11 BIBLIOGRAPHIE
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Salaam, Tanzania: WASTE Consultants.

Questions pour l’autoévaluation


1. Citer quatre techniques manuelles de collecte des boues et décrire leur fonctionnement.
2. Quels sont les problèmes techniques fréquemment relevés lors de l’utilisation de la pompe
Gulper ?
3. Expliquer ce qu’est une station de transfert et en décrire deux types différents.
4. Citer trois types de risques liés à la collecte et au transport des boues de vidange et indiquer
les dispositions à prendre pour les atténuer.

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