Communication Et Développement Local

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Communication et développement local dans les collectivités

ivoiriennes : entre multiplicité de moyens et diversité d’acteurs.


Expérience de la commune de Divo.

Communication en Question
www.comenquestion.com
nº 12, Novembre / Décembre 2019

ISSN : 2306 - 5184

Communication et développement local


dans les collectivités ivoiriennes : entre
multiplicité de moyens et diversité
d’acteurs. Experience de la commune de
Divo.

Communication and local development in Ivorian local


349
authorities: between a multiplicity of means and a diversity of
actors. The experience of the commune of Divo.

Olive-Martial Kokoi ASSEU


Doctorant
Université Félix Houphouët-Boigny (Cote d’Ivoire)
[email protected]

Communication en Question, nº12, Nov. / Déc. 2019 - ISSN : 2306 - 5184


Olive-Martial Kokoi ASSEU

Résumé

La politique de décentralisation demeure l’une des modalités importantes


dont s’est toujours servi l’État de Côte d’Ivoire, depuis sa naissance, pour
sa gestion des affaires internes. Cette façon de procéder lui a valu, au fil
des années, de nombreuses modifications politiques et administratives.
Qu’elles que soient ces modifications, les collectivités territoriales en
demeurent un maillon crucial. Ainsi, ces administrations publiques sont
investies de plusieurs missions dont la principale demeure celle d’assurer le
développement de leur ressort territorial. Á cet effet, elles s’appuient sur
certaines compétences que leur a octroyées l’État, afin d’y parvenir. Au
nombre de celles-ci se trouve la communication, un outil et une fonction
restée quelque peu muette à ses débuts, mais à qui du crédit semble de
plus en plus accordé par les autorités locales. Désormais, chaque
collectivité territoriale ivoirienne, qu’elle soit petite ou grande, rurale ou
urbaine, communique afin de se promouvoir, se vendre ou se positionner
sur l’échiquier régional et/ou national : Des stratégies de communication
sont élaborées, des élus locaux impliqués, des budgets votés, du personnel
engagé… Toutefois, l’expérience de la commune de Divo donne de
constater la réalité selon laquelle les moyens dont disposent ces
institutions, malgré leur multiplicité, et le rôle des acteurs impliqués dans
les actions d’information et de communication en termes de développement
local, malgré leur diversité, semblent, parfois, insuffisants. De nouvelles
350 mesures doivent donc être mises en place afin de donner un souffle
nouveau aux politiques de communication existantes, pour qu’elles
accompagnent efficacement le développement local desdites collectivités
territoriales.

Mots-clés : Communication, développement, collectivité, décentralisation

Abstract

The policy of decentralization remains one the important methods that the
Ivorian state has always used, since its birth, for the management of its
domestic affairs. This way of managing has earned it, as the years go by,
many political and administrative modifications. Whatever the
modifications, local authorities remain a crucial link of them. So these public
administrations are invested with many missions among which the main
one is this of assuring the development of their territories. To that affect,
they lean on some responsibilities they are been given by the Ivorian state.
Among those ones, there is communication- a tool and a function that was
a little silent at its beginnings- but to which local authorities attach more
and more importance. Henceforth, each Ivorian local authority, whatever
small or big, rural or urban, communicates for promoting, selling or
positioning itself on the regional and/or the national scene: communication
strategies are designed, local councilors are involved, budgets are
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Expérience de la commune de Divo.

approved, staffs are hired... However, the experience of the commune of


Divo permits to notice the reality according to which the means at the
disposal of those institutions, despite their multiplicity, and the role of
actors involved in the actions of information and communication in terms
of local development, despite their diversity, are sometimes insufficient.
New measures must been set up in order to get a new lease of life for the
existing communication policies so that they accompany efficiently the local
development of the aforesaid local authorities.

Keywords: communication, development, local authorities,


decentralization

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Communication en Question, nº12, Nov. / Déc. 2019 - ISSN : 2306 - 5184


Olive-Martial Kokoi ASSEU

Introduction

Devenue colonie française le 10 mars 1893, la Côte d’Ivoire était, sur le


plan administratif, gérée par le gouvernement français. Cette administration
coloniale était fortement centralisée et marquée par une concentration du
pouvoir entre les mains des nouvelles autorités représentées par un
Gouverneur. Dans l’exercice de leurs fonctions et dans le souci d’exploitation
des ressources locales, les colons ne se souciaient des populations locales que
dans la mesure où leurs efforts étaient sollicités. Les populations locales
n’étaient donc pas associées à la gestion des affaires locales, car toutes les
décisions étaient prises depuis le sommet ; c’est-à-dire par le colonisateur.
Pendant la période coloniale, la Côte d’Ivoire comptait à la fois des
circonscriptions primaires, appelées cercles et des circonscriptions secondaires,
appelées subdivisions. Les premières, qui étaient au nombre de dix-et- neuf
(19), étaient administrées par des commandants de cercle ; tandis que la gestion
352 des secondes, dont le nombre s’élevait à quarante-et- huit (48), incombait à des
administrateurs de subdivision. Malgré cette nouvelle ère et cette nouvelle
organisation, l’administration demeure toujours centralisée. La preuve était la
concentration des pouvoirs administratifs et judiciaires entre les mains de
l’Administrateur colonial.

L’administration municipale restait, pour sa part, rudimentaire. En


1914, un type de communes voit le jour : ce sont les communes mixtes, que
sont Abidjan et Grand- Bassam. Puis s’ensuit, par le vote de la loi du 09
novembre 1955 portant réorganisation de l’administration coloniale, la création
de communes de moyen et de plein exercice. Malgré l’introduction de pareilles
modifications et de nouveautés sur le plan administratif, l’armature coloniale
restait rigide et centralisée, n’entrevoyant aucune association des populations
locales aux prises de décisions et aucune promotion effective de celles-ci. Au
lendemain des indépendances, la jeune nation ivoirienne voit encore son
organisation administrative basée sur le modèle colonial. Bien qu’elle soit
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passée désormais aux mains des nationaux, la gestion des affaires publiques
reste uniquement l’apanage de l’Etat, qui essaie depuis le sommet de
coordonner toutes les actions de développement. Le pouvoir reste centralisé,
alors que la Constitution de 1960 prévoit, en son article 68, la création de
collectivités territoriales. Il faut donc attendre jusqu’en 1978 pour voir
effectivement les prémices d’une telle volonté. Le vote de la loi n° 78- 07 du
09 janvier 1978 fut le premier acte de la nouvelle politique de décentralisation
qui visait le développement de collectivités territoriales cohérentes, solidaires
et détenant des bases économiques solides, fruits de la participation volontaire
et active des populations. C’est dans cette visée que les premières élections
municipales ivoiriennes se tiennent en novembre 1980 donnant la possibilité à
des autorités élues de gérer désormais, au plus près des populations dont elles
vivent les réalités, les affaires locales.

À partir de 1990, l’introduction du multipartisme en Afrique marque la 353

fin d’une ère postindépendance de trois décennies caractérisée par l’émergence


du Parti unique1. Les chefs d’Etat africains sont contraints au partage du
pouvoir et à une association plus effective et significative des populations à la
gestion des affaires publiques, principe de base de la démocratie. C’est en cela
que la Déclaration universelle sur la démocratie, adoptée par l’Union
interparlementaire (1998) lors de sa 161e session, stipule, au nombre des
principes de démocratie, que :
« L'état de démocratie garantit que les processus
d'accession au pouvoir et d'exercice et d'alternance
du pouvoir permettent une libre concurrence
politique et émanent d'une participation populaire
ouverte, libre et non discriminatoire, exercée en
accord avec la règle de droit, tant dans son esprit que
dans sa lettre ».

1 Courant politique qui était caractérisé par la centralisation du pouvoir politique entre les mains
d’un seul parti et qui n’autorisait pas l’existence ou la création d’autres partis, groupements ou
associations politiques.

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En Côte d’Ivoire, la cohabitation entre les deux grandes modalités de


gestion que sont la déconcentration et la décentralisation se renforce
davantage. Les autorités gouvernementales deviennent de plus en plus
soucieuses du développement économique du pays et donnent une impulsion
à la politique de décentralisation déjà en cours. Celle- ci va passer, au milieu des
années 1990, à sa phase de consolidation avec la création de soixante et une
(61) nouvelles communes en 1995. Le nombre de communes va être plus tard
porté à cent quatre-vingt-dix-sept (197), élargissant ainsi le paysage communal
ivoirien. Il faut noter que la décentralisation en Côte d’ivoire va faire son
chemin et, au début des années 2000, elle connait une autre phase cruciale de
son histoire avec la création d’un nouveau type de collectivités que sont les
départements gérés par des organes délibérants tels que les conseils généraux.
La quête perpétuelle d’un idéal de politiques capables d’amener le pays à mieux
propulser son développement économique national à partir des collectivités
locales amène l’État de Côte d’Ivoire, par la prise d’une ordonnance le 28
354 septembre 2011, à créer un nouveau type de collectivités territoriales
décentralisées que sont les régions, gérées par des conseils régionaux, en lieu et
place des conseils généraux. C’est dans un cadre de mutations perpétuelles que
s’inscrit la politique de décentralisation en Côte d’Ivoire. En dépit de tous ces
réaménagements et ajustements en matière de décentralisation, il faut noter que
cette politique de gestion est toujours d’actualité, car « elle est considérée
comme un indicateur de bonne gouvernance » (Blundo, 2001, p.83).

Toutefois, il parait judicieux de se demander si les collectivités


territoriales mises en place sont véritablement capables d’impulser le
développement du pays à partir de la base? Ces collectivités disposent-elles de
ressources adéquates et suffisantes pour mener à bien cette mission ? Répondre
à ces préoccupations amène à rappeler l’existence d’une compétence cruciale
dévolue aux collectivités territoriales en Côte d’Ivoire: C’est celle de la
communication. En effet, la communication est une fonction à laquelle
s’intéressent de plus en plus les collectivités décentralisées ivoiriennes,
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notamment les communes. Certaines communes ivoiriennes dotent, dans ce


sens, leurs mairies de structures formelles de communication ou s’attachent
les services de chargés de communication en vue de gérer les communications
(interne et externe) desdites institutions. Tel est le cas de la commune de Divo
dont la mairie s’est doté, depuis le mois de juin 2014, d’un service de
communication. Ses missions sont, entre autres, d’informer les populations et
autres acteurs de développement du fonctionnement de l’institution, de ses
ambitions, des décisions prises en vue de favoriser une bonne amorce du
développement local. Il lui revient, dans le même temps, de susciter l’adhésion
et la participation des populations locales aux politiques élaborées et recueillir
l’avis et les réactions de celles-ci sur les questions importantes concernant
directement leur cadre de vie. Cependant, en dépit des efforts consentis par
l’institution dans l’optique de propulser le développement du territoire, force
est de constater que les populations semblent, parfois, rester en marge des
actions initiées en leur faveur.
355
Face à de telles attentes, certaines questions nous interpellent et
constituent les axes de réflexion qui ont motivé le présent article : quelles sont
les moyens dont disposent les collectivités territoriales ivoiriennes dans leur
mission d’accompagnement des actions de développement local ? Quels sont
les acteurs en réalité impliqués dans les actions d’information et de
communication en termes de développement dans les collectivités
territoriales ?

Le problème que pose le présent article est celui de l’accompagnement


de la politique de développement local de la commune de Divo par la fonction
communication. Son objectif principal est de faire un état des lieux de la
communication locale dans les collectivités ivoiriennes à travers l’expérience
de la commune de Divo, à partir de l’identification, dans un premier temps, des
moyens mis à la disposition du service de communication de la mairie et, dans

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un second temps, des acteurs impliqués dans actions d’information et de


communication en termes de développement dans la commune.

1.- Positionnement théorique

Toute démarche doit, au préalable, s’inscrire dans un cadre de référence


théorique, qui permet au chercheur de baliser son problème en lui fournissant
un contexte bien défini dans lequel il pourra mieux l’aborder. Dans le cadre de
cet article, nous convoquons le fonctionnalisme. Initié par Bronislaw
Malinowski et Radcliffe Brown, le fonctionnalisme se définit comme un
ensemble d’idées qui consiste à saisir un fait par rapport à la fonction que celui-
ci a dans la société ou par rapport à son utilité. Il cherche à expliquer les
phénomènes sociaux à partir des fonctions que remplissent les institutions
sociales, les structures des organisations et les comportements individuels ou
collectifs (Asseu, 2014). Relayé par R. K. MERTON, qui lui a donné sa forme
356 modernisée, le fonctionnalisme est une théorie des sciences sociales, qui
permet l’observation de phénomènes ou d’institutions, la prise en compte de
l’interdépendance de ces phénomènes ou de ces institutions et leur lien avec la
société toute entière.

Pour cette étude, le choix de cette théorie est important. En effet, elle
nous permet d’étudier la fonction que remplit la communication au sein de la
politique de développement local menée par la mairie de Divo. Ici, il sera
question de s’intéresser à l’institution qu’est la mairie de la commune de Divo,
mais l’étude sera beaucoup plus axée sur sa communication à l’endroit des
populations afin de susciter leur adhésion à la politique de développement
local. Nous verrons donc, à la lumière de cette théorie, comment est-ce-que la
communication aide la mairie de la commune de Divo à atteindre ses objectifs
en termes de développement local.
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2.- Approche conceptuelle

2.1.- Communication publique et locale

Pour comprendre les notions de communication publique et locale, il


parait judicieux de se référer aux définitions de certains auteurs qui paraissent
pertinentes. La communication publique, selon Mégard (2012, p.7-8), est : « la
plus grande part de communication non marchande émise par l’État, les
collectivités territoriales, les services et les institutions publics ».

Pasquier (2011, p.43), pour sa part, la conçoit comme :

«l’ensemble des activités d’institutions et


d’organisations publiques visant à transmettre et à
échanger des informations dans le but principal de
présenter et d’expliquer des décisions et les actions
publiques, d’en promouvoir la légitimité, de
défendre des valeurs reconnues et d’aider au 357
maintien du lien social».

La communication locale, quant à elle, émerge comme un


démembrement de la communication publique. Elle s’adresse au citoyen en
tant qu’individu responsable de son comportement et suscite l’adhésion du
plus grand nombre pour l’accomplissement de l’action collective (Leyval-
Granger, 1999).

2.2.- Développement local

Pecqueur (2000, p. 15) possède une conception du développement


local qu’il inscrit d’emblée dans le courant principal de l’économie. Il voit le
développement local comme marqué par le territoire cet : « espace […] de
coopération entre différents acteurs avec un ancrage géographique pour
engendrer des ressources particulières et des solutions inédites ».

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Le Groupe de travail du sommet de Montréal (2002), portant sur la


promotion du développement local, voit dans le développement local un
processus dans lequel la communauté participe au façonnement de son propre
environnement, dans le but d’améliorer la qualité de vie de ses résidents.

On pourrait conclure, avec Piveteau (2005), que le développement local


est nourrie par l’idée d’un développement « par le bas », « par et pour les
populations », opposée à un développement « par le haut », du ressort de
l’État… Plus qu’à un ensemble composite de stratégies, le développement local
renvoie ici à des dynamiques endogènes de développement économiques
observées sur des territoires ou dans des régions.

2.3.- Collectivité territoriale

358
Appelée aussi collectivité locale, la collectivité territoriale est une
circonscription administrative ayant la personnalité morale. C’est donc une
partie du territoire d’un État, qui jouit d’une certaine autonomie. La collectivité
territoriale représente toute division administrative, telle que le territoire, au-
dessous du niveau de l’État, à condition que celle-ci soit dirigée par une
assemblée délibérante élue distincte de l’État (Kra, 2013). Trois caractéristiques
définissent les collectivités territoriales ou administrations décentralisées :
diversité des activités, principe hiérarchique, dualité administration-élus
(Bessières, 1999). Sa conception peut légèrement différer d’un État à un autre
sans toutefois perdre son essence. En France, par exemple, les collectivités
territoriales sont définies par trois critères2 :

 Elles sont dotées de la personnalité morale, qui leur permet d’agir en


justice. Elles bénéficient de l’autonomie administrative et disposent

2 http://www.vie-publique.fr, « Qu’est-ce qu’une collectivité territoriale ? », consulté le 26 mai 2014


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ainsi de leur propre personnel et de leur propre budget. Au contraire,


les ministères, les services de l’État au niveau local, ne sont pas des
personnes morales. Il s’agit seulement d’administrations émanant de
l’État ;
 Elles détiennent des compétences propres, qui leur sont attribuées par
un législateur ;
 Elles exercent un pouvoir de décision, qui s’exerce par délibération au
sein d’un conseil de représentants élus. Les décisions sont ensuite
appliquées par les pouvoirs exécutifs locaux. Depuis la révision
constitutionnelle du 28 mars 2003, les collectivités se voient
reconnaître un pouvoir réglementaire pour l’exercice de leurs
compétences.

En Côte d’Ivoire, les collectivités territoriales sont gérées par des organes
359
délibérants élus. Elles sont dotées de la personnalité morale, de l’autonomie
financière et de compétences qu’elles gèrent librement sur le ressort territorial
qui est le leur3. Sont appelées collectivités territoriales4 :

 les régions, au nombre de trente-et-un (31) ;


 les communes (de plein exercice), au nombre de vingt-sept (27).

3-. Revue de littérature

Les écrits sur la communication des collectivités territoriales sont


nombreux. Toutefois, pour le présent article, nous n’en citerons que quelques-
uns.

3 Loi n° 2001- 476 du 09 août d’orientation sur l’organisation générale de l’administration


territoriale en Côte d’Ivoire
4 Selon l’ordonnance du 28 septembre 2011, portant réorganisation de l’administration

territoriale

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Il convient de rappeler que le développement local impliquant une


conjugaison des efforts des autorités administratives et celles des populations
locales, ainsi qu’une étroite collaboration entre ces deux acteurs, il parait
judicieux que les premiers communiquent en direction des seconds sur les
politiques mises en place, les projets et les réalisations ; les autorités locales
doivent, dans le même temps, tenir compte de leurs opinions. Pour ce faire, les
autorités locales doivent accorder une place de choix à la communication au
cœur de leurs politiques locales ; cela signifie que la communication doit être
une réalité au cœur des politiques locales. Cet état de fait est souligné par Kra
(2013). En effet, il met en lumière l’existence de la communication dans les
collectivités locales en Côte d’Ivoire. Il montre que les collectivités locales
ivoiriennes communiquent en direction de leurs populations, afin de les
informer des actions de développement en cours, celles déjà réalisées ainsi que
les projets. Toutefois, il relève le fait que leur communication est
conjoncturelle. En effet, selon l’auteur, la communication des collectivités
360 locales ivoiriennes est spontanée, improvisée et circonstancielle ; ce qui signifie
qu’elle n’est pas pensée sur le long terme.

Les collectivités territoriales devraient davantage s’intéresser à la


fonction communication, car elle permet d’accompagner les actions des élus
locaux. Cette idée est soutenue par Lorant (2005), qui confine le fondement de
la communication des collectivités locales dans l’exercice des fonctions des élus
locaux. En effet, selon l’auteur, les autorités locales désignées par les
populations locales donnent un sens à la communication en informant, tout au
long de leur mandat, les populations sur le fonctionnement de leurs
institutions, les politiques mises en place, leurs projets et les actions de
développement qu’elles mènent. La communication locale trouve ici et ainsi
son essence. En plus de cela, cet auteur affirme que les autorités locales
recourent à la communication afin de traduire en actes concrets ce qu’elles
entendent réaliser pour leurs collectivités.
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Dagenais (1994) présente, quant à lui, un autre pan de la


communication locale, en la rapportant à la ville. Il affirme que les autorités
publiques conçoivent la ville comme un lieu de sociabilité où les individus se
côtoient, échangent et essaient de trouver un cadre de vie adéquat et apte à leur
garantir tranquillité et sécurité. La ville leur apparait aussi comme un endroit
où se heurtent divers intérêts et diverses idéologies sociales et politiques en
des occasions telles que les débats, les rencontres de conseils municipaux, les
élections, etc. La communication émerge à cet effet comme un outil fédérateur
dont se servent, d’une part, les autorités locales pour aller à la rencontre de
leurs concitoyens, et ces derniers, d’autre part pour souligner aux élus locaux
leurs préoccupations et leurs besoins.

Pour Pasquier (2011), la communication des organisations publiques se


trouve au croisement d’un constat, d’une nécessité, d’une exigence, d’un moyen
et d’une difficulté. 361

Nous retenons, de ces écrits, que la communication est une réalité au


sein des collectivités locales, quelques soient les pays. Apparaissant sous
plusieurs formes et utilisant des moyens multiples et diversifiés, la
communication des collectivités locales reste par moment improvisée par les
autorités locales ; ce qui pourrait, dans certains cas de figure, la laisser à désirer
et agir par conséquent sur son efficacité.

4-. Méthodologie

La présente étude a été réalisée dans la commune de Divo, localité


d’environ 134 687 habitants5 située au sud-ouest de la Côte d’Ivoire. La
population d’étude a englobé les individus résidant sur le ressort territorial de

5 Ces données sont issues du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) en


Côte d’Ivoire du 15 mai 2014. Cette population est composée de 69 667 hommes et 65 020
femmes.

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la commune de Divo, impliqués ou censés participés au développement local


de la commune et aussi capables de donner leurs avis sur la gestion communale.
Pour ce faire, nous nous sommes intéressés aux individus appartenant aux deux
sexes (c’est-à-dire hommes et femmes) vivant en ville, c’est-à-dire habitant les
quartiers urbains de la commune. Le choix de ces caractéristiques obéit
respectivement à un souci de prendre en compte la question du genre, ainsi
qu’au besoin de circonscrire la commune vue la grandeur de sa superficie.
L’étude s’est appuyée sur une méthode mixte, c’est-à-dire qualitative et
quantitative. Pour ce qui est de la méthode qualitative, l’enquête a été réalisée
grâce à un guide d’entretien, qui a permis d’entrer en contact avec les
responsables de la mairie de Divo, notamment le chef de cabinet du maire et
le responsable du service de communication ; et les chefs de communautés6 au
nombre de trois (03). Pour le compte de la méthode quantitative, un
questionnaire administré sur le terrain a permis la collecte des données auprès
362 des 150 individus, qui composent l’échantillon. L’identification de ceux-ci a
été rendu possible grâce à la technique probabiliste.

5.- Les moyens mis à la disposition du service de communication


de la mairie de Divo dans l’accompagnement des actions de
développement local de la comme

Les collectivités territoriales ivoiriennes bénéficient, pour la plupart, de


certains moyens dans leur stratégie de communication afin d’accompagner et
de promouvoir leur développement. L’exemple de la commune de Divo nous
en révèle quelques-uns. Tout d’abord, il faut relever que le service de
communication de la mairie de Divo dispose d’infrastructure. En effet, les
autorités municipales ont doté ce service d’une salle à partir de laquelle il
travaille et remplit ses tâches. Ce service est directement rattaché au cabinet du
maire et partage la même salle que ce cabinet. Cela traduit la volonté du maire

6Ce sont les chefs des communautés de Dougako, de Bada et de Boudoukou, villages de la
commune de Divo.
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d’avoir un regard sur ce service, parce que ses actions engagent non seulement
l’institution toute entière, mais aussi sa personne en tant que premier
responsable de la commune. Cela pourrait aussi voiler la volonté du maire
d’avoir un contrôle sur ce service, vue sa sensibilité et son importance.

Le service de communication dispose, ensuite, de moyens humains. Il


est dirigé, en réalité, par un seul individu, aidé dans sa tâche par le chef de
cabinet du maire avec qui il partage le même bureau, comme mentionné tantôt.
Il est donc chargé de la gestion de la communication communale ainsi que de
celle au sein de la mairie. Il participe, également, à tous les évènements où
interviennent le maire et la mairie, afin de les immortaliser à travers des
reportages, des prises de vues, d’images, de son, etc.

Ce service possède, par ailleurs, des moyens matériels, techniques et


numériques. Ce sont, entre autres exemples, un ordinateur portable et
ordinateur de bureau, qui permettent la saisie de documents, la planification de 363
stratégies de communication, le stockage de données relatives à toutes les
actions menées par le service, etc. Il existe une imprimante, qui permet
l’impression de documents numériques en support papier. Une tablette
numérique est aussi à la disposition du service. Elle lui permet de couvrir les
différents évènements auxquels participe la mairie ou le maire, en faisant des
prises d’images, de sons, de vidéos, pour plus tard en faire l’écho auprès des
populations locales et des autres cibles. A cette liste s’ajoute un
vidéoprojecteur. L’ensemble de ces moyens représente le matériel de travail
dudit service. Ces moyens lui sont donc accordés pour faciliter sa tâche, vue
l’envergure de sa mission au cœur de la politique de développement local de la
commune.

De même, le service de communication s’appuie sur des moyens


d’information et de communication à partir desquels il va à la rencontre des
populations et permet, par la même occasion, un retour de celles-ci vers leur

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institution. Ces moyens sont majoritairement constitués des médias de masse


(19,67%). Ce sont, entre autres exemples, la radio. A ce niveau, le service de
communication s’appuie sur les deux radios de proximité qui couvrent la
commune. Il s’agit de Sud- Bandama FM et de Radio Fraternité Divo. La mairie
y possèdent des émissions, telles que « la mairie est à vous », diffusée tous les
vendredis à 17 heures sur Radio Fraternité Divo et « Espace municipalité », diffusée
tous les samedis de 09 heures à 10 heures 30 minutes sur la radio régionale Sud-
Bandama FM. Ces émissions sont des tribunes d’échanges entre la mairie et les
populations locales, permettant à la mairie de présenter les différentes actions
de développement local qu’elle mène. A côté de ces émissions, il en existe
d’autres, telles que Le grognon diffusé tous les jours, du lundi au vendredi, de 06
heures à 06 heures 30 minutes sur Radio Fraternité Divo et « Sous l’arbre à palabre »
diffusée sur les ondes de Sud- Bandama FM, du lundi au samedi, de 06 heures
15 minutes à 06 heures 35 minutes. Ces émissions sont des plateformes à partir
desquelles les populations soulignent leurs impressions et donnent leurs
364 opinions sur les actions de la mairie.

En termes de médias, il faut aussi noter le recours du service de


communication de la mairie de Divo à la presse écrite. A ce niveau, la mairie
informe souvent les populations de Divo des actions de développement local
qu’elle mène à partir de journaux nationaux, tels que le Mandat, le Nouveau Réveil,
l’Arc-en-ciel ainsi que l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP) à travers ses dépêches
(Asseu, 2014).

Un autre moyen auquel recourt le service de communication de la


mairie de Divo, dans sa mission d’accompagnement des actions de
développement local de la commune, c’est internet, notamment avec l’usage
des réseaux sociaux. Il faut noter ici que la mairie possède une page sur le
réseau social Facebook, qui lui permet de promouvoir ses actions de
développement en direction de ses cibles.
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Expérience de la commune de Divo.

L’usage de tous ces médias de masse, au nombre des moyens


d’informations et de communication dont dispose le service de communication
de la mairie de Divo, affiche la volonté de l’institution de toucher l’ensemble
des populations de la commune et même celles en dehors des limites
territoriales de la collectivité dans sa stratégie en vue d’accompagner les actions
de développement local qu’elle initie.

Il faut également relever que d’autres moyens sont utilisés afin


d’accompagner les actions de développement local de la commune et susciter
l’adhésion et la participation des populations locales. Il s’agit des réunions du
Conseil municipal et des réunions de quartiers (1,09%). Ces réunions sont, dans
un premier temps, l’occasion pour la mairie de rencontrer, de consulter et de
recueillir l’avis des populations sur des questions relatives au développement
de la commune et, dans un second temps, l’occasion pour les chefs de
communautés et de quartiers, en tant qu’ « émissaires » de l’institution, de
rencontrer et d’échanger avec les membres de leurs communautés sur les 365
questions relatives à leur quotidien. En somme, nous pouvons affirmer que le
service de communication de la mairie de Divo dispose d’une diversité de
moyens en vue d’informer et de communiquer avec les populations dans le
cadre de sa politique de développement local.

Histogramme 1 : Moyens de connaissance des actions de développement


local réalisées par la mairie

27,87% 28,96%
19,67%
15,85%
6,56%
1,09%
Aucun Bouche à oreille Médias Chefs de Réunions Autres
communautés et
de quartiers

(Source : Asseu, 2014)

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6.- Les acteurs impliqués dans les actions d’information et de


communication de la commune en matière de développement
local

Le développement local requiert la conjugaison des efforts des


institutions et des populations locales. La communication, dans cette optique,
assure le lien entre ces deux positions. Cette communication peut émaner d’un
ou de plusieurs acteurs impliqués dans le processus de développement local. A
Divo, l’étude nous donnent d’identifier un certain nombre d’acteurs impliqués
dans les actions de communication en faveur du développement local de la
commune. Nous pouvons citer, d’entrée de jeu, la mairie de la commune. En
effet, en tant qu’initiatrice de la politique de développement de la commune, la
mairie se donne les moyens de soutien et d’accompagnement des actions
menées à cet effet, d’abord dans un souci d’information des populations et
ensuite dans un souci d’association et de consultation de celles-ci en vue d’y
366 susciter leur adhésion et leur participation. Pour réussir ce pari, l’institution
s’est dotée d’un service de communication dirigé, comme mentionné tantôt,
par un spécialiste, titulaire d’un Brevet de Technicien Supérieur (BTS) et d’une
licence professionnelle en communication. Ce profil met en évidence l’intérêt
que portent les autorités municipales à ce service. Elles ont conscience de
l’importance et du rôle de la fonction communication dans la politique de
développement local de la commune. C’est donc la raison pour laquelle elles
l’ont confiée à un sachant.

À la suite du service de communication de la mairie, nous identifions,


comme acteurs impliqués dans les actions d’information et de communication
de la commune en matière de développement local, les chefs de communautés
et de quartiers. En fait, les chefs de communautés et de quartiers contribuent
à l’information et à la communication avec les populations. Les trois chefs de
communautés et de quartiers interrogés sont unanimes sur le fait que la mairie
les sollicite pour informer leurs communautés. Ils assurent le relais de
Communication et développement local dans les collectivités
ivoiriennes : entre multiplicité de moyens et diversité d’acteurs.
Expérience de la commune de Divo.

l’information de la mairie en direction des populations locales. Ils remontent,


par la même occasion, les difficultés et les besoins de leurs communautés vers
la mairie, par écrit ou de vive voix dans une communication de face à face avec
les autorités municipales. Le choix ou l’implication des chefs de communautés
dans les actions d’information et de communication de la commune en matière
de développement local obéit à un désir de rapprochement entre l’institution
et ses administrés. La mairie reconnait la place et l’importance des chefs de
communautés auprès de leurs communautés. C’est l’une des raisons pour
lesquelles ils demeurent des acteurs-clés impliqués dans actions d’information
et de communication de la commune en matière du développement local.

À cette liste, il faut ajouter des institutions, notamment le Conseil


régional du Lôh Djiboua et l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire
(ONUCI)7, qui sont présents sur le ressort territorial de la commune et qui bien
souvent informent les populations des actions de développement menées dans 367

leur localité. L’implication d’acteurs comme les crieurs publics et les griots dans
certains quartiers et villages de la commune ayant conservé des traits
traditionnels est également à relever. La dernière catégorie d’acteurs identifiée
est représentée par de simples citoyens, c’est-à-dire par le canal du « bouche à
oreille ». En effet, l’étude montre que la majeure partie des populations
s’informent à partir de citoyens lambda détenant, eux, des informations
relatives au développement de la commune. Il en ressort même que les
derniers acteurs cités détiennent le pourcentage d’implication dans les actions
d’information et de communication de la commune en termes de
développement local le plus élevé.

En somme, nous retenons que les actions d’information et de


communication en faveur du développement local dans la commune de Divo

7 Il faut préciser que des enquêtés affirment être informés des actions de développement de la
commune par cette institution, bien avant la fin de sa mission en Côte D’Ivoire, par le
truchement de sa radio « ONUCI FM ».

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sont l’apanage d’une diversité d’acteurs, que l’on pourrait classer en acteurs
officiels et acteurs officieux.

Histogramme 2 : Identification des acteurs impliqués dans les actions d’information


et de communication de la commune en dehors de la mairie

41,58%
31,46%
21,91%

5,05%

Chefs de Institutions (Conseil Crieurs publics et Autres


communautés et de régional, ONUCI, etc,) griots
quartiers

(Source : Asseu, 2014)

7.- une communication locale insuffisante ?

368
Au regard des données de l’étude relatives aux moyens et aux acteurs
impliqués dans les actions d’information et de communication de la commune
en matière de développement local, l’on pourrait penser que la communication
locale émise par l’institution n’aie pas un grand impact sur les populations. En
effet, les moyens ou canaux « officiels » que sont les réunions et les médias
représentent respectivement 01,09% et 19,67%. Au niveau des médias, le
service de communication s’appuie, au total, sur trois médias, à savoir la radio
(le média le plus utilisé des trois), la presse écrite et les médias sociaux. Pour ce
qui est de ces médias, singulièrement la radio, il faut noter que seulement
15,34% des individus enquêtés y perçoivent des messages de développement
local de façon continue, alors que 39,34% d’entre eux n’y ont jamais perçu de
messages de développement local, malgré les émissions quotidiennes sur les
deux radios de proximité qui couvrent la commune. La radio, en tant que média
de masse, n’arrive donc pas à impacter l’ensemble des populations. Ce constat
laisse émerger deux situations : la première pourrait s’expliquer par un
Communication et développement local dans les collectivités
ivoiriennes : entre multiplicité de moyens et diversité d’acteurs.
Expérience de la commune de Divo.

désintérêt des populations et la seconde pourrait être une méconnaissance de


l’existence d’émissions dédiées aux actions de développement à la radio locale,
ce qui traduirait un manque de vulgarisation et de promotion de telles initiatives
via ce canal. Cela montre qu’une partie très importante de la population n’est
pas touchée par les messages de développement local véhiculés via ce canal.
Ce fait met en exergue l’insuffisance de la radio en tant qu’outil d’information
et de communication utilisé par la mairie en matière de développement local.
Cette situation est pareille pour les autres médias de masse, tels que la presse
écrite et les réseaux sociaux, qui n’ont presque jamais été mentionnés par les
enquêtés.

Par contre, les moyens les plus importants par lesquels les populations
ont généralement écho des actions de développement de la commune sont
l’information de visu (28,96%) et le canal de « bouche à oreille » (27,87%), qui
sont en réalité des moyens ou des canaux « officieux » ou « informels ». Il en
va de même pour les acteurs. A ce niveau, il faut relever que les acteurs les plus 369
influents dans les actions d’information et de communication à l’endroit des
populations restent de « simples citoyens » (41,58%), qui dament à la fois le
pion aux chefs de communautés et quartiers (31,46%) ainsi qu’aux institutions
(21,91%). Ce constat amène plus d’un à se demander si la communication
« officieuse ou informelle » ne prend pas le pas sur la communication officielle
de l’institution sur son propre ressort territoriale ? Cette situation pourrait donc
pousser à un recadrage ou un repositionnement de la communication locale de
la commune en vue d’un plus grand impact sur les cibles.

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Histogramme 3 : Audience de la radio locale en matière de messages de


développement local
45,33%
39,33%

15,34%

Toujours Occasionnelement Jamais

(Source : Asseu, 2014)

8.- Repenser la communication publique et locale de la commune

Le modèle que présente la communication publique et locale dans la


commune de Divo donne la possibilité de l’améliorer et de la renforcer à
travers certaines recommandations qui, selon nous, semblent pertinentes. Pour
370 ce qui est des moyens d’information et de communication à partir desquels la
mairie va vers les populations, un renforcement s’impose. Au vu de l’audience
de la radio, il serait bien séant qu’une vulgarisation des émissions de
développement soit faite. En effet, la mairie doit davantage informer les
populations de l’existence et du bien-fondé de telles émissions où elles en
sauront plus sur le développement de leur commune mais surtout où elles
pourront donner leurs avis sur la gestion communale.

La mairie peut également recourir à l’affichage. A ce niveau, des


affiches à travers les différentes artères de la commune, présentant les
différents projets et actions de développement réalisées ou en cours, seraient
bien accueillies par les populations, composées à la fois de citadins et de
populations rurales. Ces affiches pourraient aussi être utilisées pour sensibiliser
lesdites populations sur des problèmes de développement, tels que l’insalubrité,
l’hygiène et la santé publique, le mauvais usage de biens publics, etc.
Communication et développement local dans les collectivités
ivoiriennes : entre multiplicité de moyens et diversité d’acteurs.
Expérience de la commune de Divo.

Ces moyens d’information et de communication peuvent être renforcés par des


actions telles que des campagnes de proximité. Les médias de masse, tels que
la radio, la presse écrite et les réseaux sociaux, n’arrivant pas à impacter toute
la population, il serait judicieux pour l’institution de se déplacer elle-même vers
les populations locales dans les quartiers et villages de la commune à travers
des journées d’information et de sensibilisation. Ces campagnes, qui viendront
en appui aux médias, devraient être établies selon un calendrier bien précis et
être à la fois fréquentes et tournantes.

En ce qui concerne les acteurs, il serait souhaitable que les chefs de


communautés et de quartiers partent davantage à la rencontre de leurs
communautés, en initiant, par exemple, des tournées d’information au sein de
leurs quartiers et des villages. Ces tournées d’information leur permettront de
toucher un plus grand nombre de citoyens, vue l’envergure des quartiers de la
commune. De petites campagnes d’information et de sensibilisation peuvent
être menées dans plusieurs secteurs d’un même quartier plutôt que d’attendre 371
que les habitants convergent toujours tous vers le même lieu de rassemblement.
Ce rapprochement des chefs pourrait traduire l’intérêt qu’ils portent aux
membres de leurs communautés et cela pourrait intéresser et attirer les plus
réticents.

Conclusion

En somme, nous pouvons retenir que la communication est une réalité


dans les collectivités territoriales ivoiriennes, et singulièrement dans la
commune de Divo. Cette fonction est de plus en plus prisée par les autorités
locales ivoiriennes qui se dotent, à cet effet, de moyens. L’expérience de la
commune de Divo laisse entrevoir, dans un premier temps, l’existence d’une
multiplicité de moyens à la disposition de la mairie. Le service de
communication de la mairie de Divo dispose à cet effet d’un certain nombre
de moyens, que nous avons classés en quatre catégories ; à savoir une salle, des

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moyens matériels et techniques, des moyens d’information et de


communication et des moyens humains. Malgré cette multiplicité des moyens,
ce service n’arrive pas efficacement à accompagner les actions de
développement de la mairie, dans la mesure où ils restent insuffisants. De
l’autre côté, l’étude nous a conduits à la découverte d’une diversité d’acteurs
impliqués dans les actions d’information et de communication de la commune
en matière de développement local. Ce sont, par exemple, la mairie à travers
son service de communication, les chefs de communautés et de quartiers, les
institutions, mais aussi des individus isolés. Malgré cette diversité d’acteurs, au
nombre desquels figurent des acteurs officiels, l’ensemble de la population de
la commune s’informe de façon informelle ou officieuse, ce qui démontre que
les acteurs officiels ne jouent pas pleinement leur rôle et ne peuvent, par
conséquent, pas accompagner efficacement les actions de développement de la
commune et susciter l’adhésion et la participation des populations à cette
politique.
372
Au-delà de notre démarche scientifique, il faut relever le fait que cette
étude apporte de nouvelles connaissances, notamment le fait que des acteurs
non officiels puissent fortement influencer des actions d’information et de
communication initiées par des institutions en matière de politique locale.
L’« informel » peut donc supplanter le « formel » sur son propre terrain
d’action. Cela exige donc une amélioration et un renforcement de la
communication publique et locale, comme c’est le cas de la commune de Divo.

Bibliographie

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de Divo (Mémoire de Master en sciences de l’information et de la
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