Communication Et Développement Local
Communication Et Développement Local
Communication Et Développement Local
Communication en Question
www.comenquestion.com
nº 12, Novembre / Décembre 2019
Résumé
Abstract
The policy of decentralization remains one the important methods that the
Ivorian state has always used, since its birth, for the management of its
domestic affairs. This way of managing has earned it, as the years go by,
many political and administrative modifications. Whatever the
modifications, local authorities remain a crucial link of them. So these public
administrations are invested with many missions among which the main
one is this of assuring the development of their territories. To that affect,
they lean on some responsibilities they are been given by the Ivorian state.
Among those ones, there is communication- a tool and a function that was
a little silent at its beginnings- but to which local authorities attach more
and more importance. Henceforth, each Ivorian local authority, whatever
small or big, rural or urban, communicates for promoting, selling or
positioning itself on the regional and/or the national scene: communication
strategies are designed, local councilors are involved, budgets are
Communication et développement local dans les collectivités
ivoiriennes : entre multiplicité de moyens et diversité d’acteurs.
Expérience de la commune de Divo.
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Introduction
passée désormais aux mains des nationaux, la gestion des affaires publiques
reste uniquement l’apanage de l’Etat, qui essaie depuis le sommet de
coordonner toutes les actions de développement. Le pouvoir reste centralisé,
alors que la Constitution de 1960 prévoit, en son article 68, la création de
collectivités territoriales. Il faut donc attendre jusqu’en 1978 pour voir
effectivement les prémices d’une telle volonté. Le vote de la loi n° 78- 07 du
09 janvier 1978 fut le premier acte de la nouvelle politique de décentralisation
qui visait le développement de collectivités territoriales cohérentes, solidaires
et détenant des bases économiques solides, fruits de la participation volontaire
et active des populations. C’est dans cette visée que les premières élections
municipales ivoiriennes se tiennent en novembre 1980 donnant la possibilité à
des autorités élues de gérer désormais, au plus près des populations dont elles
vivent les réalités, les affaires locales.
1 Courant politique qui était caractérisé par la centralisation du pouvoir politique entre les mains
d’un seul parti et qui n’autorisait pas l’existence ou la création d’autres partis, groupements ou
associations politiques.
Pour cette étude, le choix de cette théorie est important. En effet, elle
nous permet d’étudier la fonction que remplit la communication au sein de la
politique de développement local menée par la mairie de Divo. Ici, il sera
question de s’intéresser à l’institution qu’est la mairie de la commune de Divo,
mais l’étude sera beaucoup plus axée sur sa communication à l’endroit des
populations afin de susciter leur adhésion à la politique de développement
local. Nous verrons donc, à la lumière de cette théorie, comment est-ce-que la
communication aide la mairie de la commune de Divo à atteindre ses objectifs
en termes de développement local.
Communication et développement local dans les collectivités
ivoiriennes : entre multiplicité de moyens et diversité d’acteurs.
Expérience de la commune de Divo.
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Appelée aussi collectivité locale, la collectivité territoriale est une
circonscription administrative ayant la personnalité morale. C’est donc une
partie du territoire d’un État, qui jouit d’une certaine autonomie. La collectivité
territoriale représente toute division administrative, telle que le territoire, au-
dessous du niveau de l’État, à condition que celle-ci soit dirigée par une
assemblée délibérante élue distincte de l’État (Kra, 2013). Trois caractéristiques
définissent les collectivités territoriales ou administrations décentralisées :
diversité des activités, principe hiérarchique, dualité administration-élus
(Bessières, 1999). Sa conception peut légèrement différer d’un État à un autre
sans toutefois perdre son essence. En France, par exemple, les collectivités
territoriales sont définies par trois critères2 :
En Côte d’Ivoire, les collectivités territoriales sont gérées par des organes
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délibérants élus. Elles sont dotées de la personnalité morale, de l’autonomie
financière et de compétences qu’elles gèrent librement sur le ressort territorial
qui est le leur3. Sont appelées collectivités territoriales4 :
territoriale
4-. Méthodologie
6Ce sont les chefs des communautés de Dougako, de Bada et de Boudoukou, villages de la
commune de Divo.
Communication et développement local dans les collectivités
ivoiriennes : entre multiplicité de moyens et diversité d’acteurs.
Expérience de la commune de Divo.
d’avoir un regard sur ce service, parce que ses actions engagent non seulement
l’institution toute entière, mais aussi sa personne en tant que premier
responsable de la commune. Cela pourrait aussi voiler la volonté du maire
d’avoir un contrôle sur ce service, vue sa sensibilité et son importance.
27,87% 28,96%
19,67%
15,85%
6,56%
1,09%
Aucun Bouche à oreille Médias Chefs de Réunions Autres
communautés et
de quartiers
leur localité. L’implication d’acteurs comme les crieurs publics et les griots dans
certains quartiers et villages de la commune ayant conservé des traits
traditionnels est également à relever. La dernière catégorie d’acteurs identifiée
est représentée par de simples citoyens, c’est-à-dire par le canal du « bouche à
oreille ». En effet, l’étude montre que la majeure partie des populations
s’informent à partir de citoyens lambda détenant, eux, des informations
relatives au développement de la commune. Il en ressort même que les
derniers acteurs cités détiennent le pourcentage d’implication dans les actions
d’information et de communication de la commune en termes de
développement local le plus élevé.
7 Il faut préciser que des enquêtés affirment être informés des actions de développement de la
commune par cette institution, bien avant la fin de sa mission en Côte D’Ivoire, par le
truchement de sa radio « ONUCI FM ».
sont l’apanage d’une diversité d’acteurs, que l’on pourrait classer en acteurs
officiels et acteurs officieux.
41,58%
31,46%
21,91%
5,05%
368
Au regard des données de l’étude relatives aux moyens et aux acteurs
impliqués dans les actions d’information et de communication de la commune
en matière de développement local, l’on pourrait penser que la communication
locale émise par l’institution n’aie pas un grand impact sur les populations. En
effet, les moyens ou canaux « officiels » que sont les réunions et les médias
représentent respectivement 01,09% et 19,67%. Au niveau des médias, le
service de communication s’appuie, au total, sur trois médias, à savoir la radio
(le média le plus utilisé des trois), la presse écrite et les médias sociaux. Pour ce
qui est de ces médias, singulièrement la radio, il faut noter que seulement
15,34% des individus enquêtés y perçoivent des messages de développement
local de façon continue, alors que 39,34% d’entre eux n’y ont jamais perçu de
messages de développement local, malgré les émissions quotidiennes sur les
deux radios de proximité qui couvrent la commune. La radio, en tant que média
de masse, n’arrive donc pas à impacter l’ensemble des populations. Ce constat
laisse émerger deux situations : la première pourrait s’expliquer par un
Communication et développement local dans les collectivités
ivoiriennes : entre multiplicité de moyens et diversité d’acteurs.
Expérience de la commune de Divo.
Par contre, les moyens les plus importants par lesquels les populations
ont généralement écho des actions de développement de la commune sont
l’information de visu (28,96%) et le canal de « bouche à oreille » (27,87%), qui
sont en réalité des moyens ou des canaux « officieux » ou « informels ». Il en
va de même pour les acteurs. A ce niveau, il faut relever que les acteurs les plus 369
influents dans les actions d’information et de communication à l’endroit des
populations restent de « simples citoyens » (41,58%), qui dament à la fois le
pion aux chefs de communautés et quartiers (31,46%) ainsi qu’aux institutions
(21,91%). Ce constat amène plus d’un à se demander si la communication
« officieuse ou informelle » ne prend pas le pas sur la communication officielle
de l’institution sur son propre ressort territoriale ? Cette situation pourrait donc
pousser à un recadrage ou un repositionnement de la communication locale de
la commune en vue d’un plus grand impact sur les cibles.
15,34%
Conclusion
Bibliographie
Lorant, G. (2005). Les collectivités locales face aux défis de la communication. Paris :
L’Harmattan.
Pecqueur, B. (2000). Le développement local : pour une économie des territoires. Paris,
France : Syros (Coll. : Alternatives économiques). 2e éd.