Chapitre 3 Notions
Chapitre 3 Notions
Chapitre 3 Notions
CHAPITRE 3
Du pourparlers au contrat
Introduction
Le droit des contrats intervient pour fournir un cadre aux entreprises afin qu’elles puissent
construire des relations équilibrées et sécurisées avec leurs partenaires.
De nombreux contrats entre entreprises sont précédés d’une phase précontractuelle débouchant
soit sur un avant-contrat, soit sur un contrat.
Pour être valable, le contrat formé doit respecter plusieurs conditions. Si tel est le cas, il a force
de loi pour les parties.
L’ordonnance du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats et des obligations est
entrée en vigueur le 1er octobre 2016. Cette réforme résulte d’un long dialogue entre législateur,
praticiens et universitaires, et vise à concilier au mieux sécurité juridique, efficacité économique
et justice contractuelle au moyen d’un droit plus moderne, plus attractif, plus accessible et plus
compréhensible.
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2. Le pacte de préférence
Le pacte de préférence est l’engagement pris par une personne (l’offrant potentiel) de proposer
prioritairement à une autre personne (le bénéficiaire du pacte) de traiter avec elle pour le cas où
elle déciderait de passer le contrat envisagé. Seul l’offrant potentiel est engagé par le pacte de
préférence. Rien n’oblige le bénéficiaire à donner une suite à cet avant-contrat.
Le non-respect du pacte de préférence, qui se traduit par la conclusion du contrat entre l’offrant
et une autre partie que le bénéficiaire, est sanctionné.
3. La promesse unilatérale de contrat
La promesse unilatérale de contrat est une convention par laquelle une personne (le promettant)
s’engage à conclure un contrat avec une autre personne (le bénéficiaire) qui accepte cette offre.
Le prix, la date de livraison, les conditions générales et particulières du contrat définitif sont
réglées. Cette promesse est plus qu’une offre : il s’agit d’un contrat né de la rencontre de deux
volontés, mais d’un contrat unilatéral faisant naître des obligations seulement à la charge du
promettant. Le bénéficiaire se voit offrir une option et il dispose d’un temps convenu pour
donner suite ou non et conclure ou non le contrat définitif.
Le promettant qui ne donne pas suite à la volonté du bénéficiaire de conclure le contrat projeté
engage sa responsabilité.
Pour pallier le déséquilibre entre l’engagement ferme du promettant et la liberté totale du
bénéficiaire, le promettant peut demander à l’autre partie de déposer « indemnité
d’immobilisation », qui est perdue pour elle si le contrat n’est pas conclu.
4. La promesse bilatérale (synallagmatique) de contrat
Dans la promesse bilatérale de contrat, les deux parties consentent au contrat définitif et à ses
conditions. Cet avant-contrat pourrait presque se confondre avec le contrat définitif puisque
chacun des cocontractants s’oblige définitivement : le prix, la date d’exécution et les modalités
du contrat sont arrêtés. En fait, la promesse bilatérale intervient lorsque la conclusion du contrat
dépend de certaines conditions qui doivent être réalisées (obtention d’un permis de construire,
accord de la banque pour un prêt…) ou de certaines formalités (acte authentique).
L’engagement des parties est ferme et définitif. Seule est admise l’impossibilité de conclure
indépendante de leur volonté, notamment la non-réalisation de la condition suspensive.
B. Le contrat
1. Définition
Un contrat est un accord de volontés entre deux ou plusieurs personnes, appelées « parties »,
destiné à créer des obligations.
2. Les principes contractuels
Selon l’article 1102 du Code civil, « chacun est libre de contracter ou de ne pas contracter, de
choisir son cocontractant et de déterminer le contenu et la forme du contrat dans les limites
fixées par la loi ».
Ce principe dit « de la liberté contractuelle » recouvre donc quatre composantes : la liberté de
contracter ou non, la liberté de choisir son contractant, la liberté de fixer le contenu du contrat
et la liberté de choisir la forme du contrat.
En effet, la forme des contrats est libre. Tous les modes d’expression de l’accord des volontés
sont donc admis : écrit, bien sûr, mais aussi parole et même geste (poignée de main, bras
levé…). Ce principe souffre néanmoins plusieurs exceptions (exemple : les statuts d’une société
sont obligatoirement consignés par écrit).
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De même, les autres composantes de la liberté contractuelle sont limitées par des dispositions
légales ou réglementaires. Le contenu du contrat est librement fixé dans la limite de ce que la
loi autorise (exemple : un contrat prévoyant la vente d’organes est illicite).
3. L’obligation d’information
La jurisprudence le disait : l’obligation de loyauté aux professionnels est un facteur de
rééquilibrage entre les parties, en particulier lorsque les intérêts de l’un sont soumis à la
compétence de l’autre. Le banquier, l’expert, l’assureur, qui doivent renseigner loyalement et
coopérer avec leurs clients, ne doivent pas élaborer un contrat déséquilibré en profitant de leur
supériorité professionnelle.
L’article 1112-1 du Code civil, dans sa rédaction issue de l’ordonnance du 10 février 2016,
étend l’obligation d’information à tous les cas où une partie connaît une information dont
l’importance est déterminante pour le consentement de l’autre partie, qui ignore cette
information ou qui fait confiance à son cocontractant.
B. La capacité
La capacité juridique peut se définir comme l’aptitude à être titulaire de droits et à les exercer.
1. Le cas des mineurs et des majeurs protégés
Pour s’engager valablement dans un contrat, il faut disposer de la capacité juridique. Il s’agit
de l’aptitude à être titulaire de droits et à les exercer. Si la loi en fait une condition de validité,
c’est pour pouvoir remettre en cause les obligations contractées par ceux que l’incapacité
protège, comme les mineurs (personnes âgées de moins de 18 ans) et certains majeures victimes
d’une altération de leurs facultés personnelles (mentales ou corporelles). En effet, les mineurs
et les majeurs protégés peuvent prendre des risques inconsidérés dans la vie des affaires.
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C. Le contenu du contrat
1. Le contenu licite du contrat
L’article 1162 du Code civil vise de façon expresse deux éléments du contenu du contrat : ses
stipulations et son but.
• La licéité des stipulations
Le contenu du contrat désigne ici son objet : la prestation promise par chaque partie doit être
licite. Elle ne doit donc pas être contraire à l’ordre public.
Ainsi, les contrats ayant pour objet le corps humain sont en principe contraires à l’ordre public :
les contrats de vente d’organes sont nuls (le don d’organes est cependant autorisé).
• La licéité du but
L’objectif poursuivi par les parties représente la cause du contrat pour chacun.
Pour déterminer la licéité du contenu du contrat, il faut donc aussi rechercher les mobiles qui
animent les contractants lors de la conclusion du contrat. Ainsi, dans l’achat d’un entrepôt, le
but est illicite si l’entreprise acheteuse a acquis cet immeuble afin d’y installer une maison de
jeux.
La loi précise que le contrat est nul même si une seule des parties poursuit un but illicite, même
si ce but est inconnu de son cocontractant. Tel est le cas si un bailleur ignore que la destination
des lieux par le preneur n’est pas celle qu’il croit (par exemple, stocker des produits stupéfiants
et non des produits alimentaires bio).
2. Le contenu certain du contrat
Pour être certain, le contenu du contrat doit présenter plusieurs caractéristiques :
– il doit exister. Sera donc annulé un contrat portant sur une chose qui était détruite au moment
de la conclusion du contrat sans que les parties le sachent ;
– la prestation peut être actuelle ou future (par exemple, la vente d’un appartement sur plan) ;
– la prestation doit être possible. Le contrat sera annulé si elle est impossible (il doit s’agir d’une
impossibilité absolue comme le fait, par exemple, pour une agence de voyages, de proposer à
ses clients un voyage sur Mercure) ;
– la prestation doit être déterminée ou déterminable, c’est-à-dire qu’elle doit pouvoir « être
déduite du contrat ou par référence aux usages ou aux relations antérieures des parties, sans
qu’un nouvel accord des parties soit nécessaire » (article 1163 du Code civil).
Si l’obligation consiste en un service ou une abstention, le contrat doit préciser à quoi s’engage
la partie.
D. La nullité du contrat
Si l’une des conditions de validité du contrat fait défaut, la sanction est la nullité du contrat.
La nullité entraîne la disparition de tous les effets du contrat avec, si possible, les restitutions
qui en découlent.
Dans tous les cas où l’action en nullité n’est pas limitée à un moindre temps par une loi
particulière, le délai pour agir en nullité est de 5 ans.
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C. La clause pénale
La clause pénale fixe d’avance le montant précis de la réparation due par le débiteur en cas
d’inexécution. Elle est donc plus efficace encore que la clause limitative de responsabilité
puisqu’elle empêche toute contestation sur l’importance du préjudice à réparer. Son rôle
préventif peut faciliter la conclusion du contrat si le créancier estime que le montant des
dommages-intérêts envisagés est raisonnable.
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ATTENTION
1. À propos de la rupture des pourparlers
Le Code civil distingue deux situations :
– si le tiers ignorait le pacte de bonne foi : le contrat conclu n’est pas remis en cause mais le
bénéficiaire peut réclamer des dommages-intérêts au promettant ;
– si le tiers, de mauvaise foi, connaissait l’existence du pacte de préférence et la volonté du
bénéficiaire de s’en prévaloir, ce dernier peut obtenir des dommages-intérêts et même demander
en justice la nullité du contrat ou solliciter du juge de le substituer au tiers dans le contrat.
2. À propos de l’incapacité juridique
D’autres personnes que les personnes protégées sont frappées d’incapacité ; c’est alors dans un
but de sanction. Il s’agit des personnes qui ont été condamnées à une peine d’emprisonnement
pour des infractions graves et les dirigeants d’entreprises qui ont été liquidées à la suite de
fraudes qu’ils ont commises.
3. À propos du contenu licite du contrat
L’ordre public est une notion souple dont le contenu évolue avec le temps. On distingue
généralement l’ordre public classique et l’ordre public économique (voir thème 2, chapitre 8).
L’ordre public classique vise à défendre les piliers de la société (État, famille, individu) et, à ce
titre, impose des interdictions.
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