Déclaration Jomtien Cadre Action 1990 FR

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Original: anglais

DÉCLARATION MONDIALE
SUR L'ÉDUCATION
POUR TOUS

et

CADRE D'ACTION
POUR RÉPONDRE
AUX BESOINS ÉDUCATIFS
FONDAMENTAUX

adoptés par

la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous


Répondre aux besoins éducatifs fondamentaux

Jomtien, Thaïlande
5-9 mars 1990
Publié par
l'UNESCO
pour
le Secrétariat du Forum consultatif international
sur l'éducation pour tous

7, place de Fontenoy
75352 PARIS 07 SP

Première impression: New York, avril 1990


Deuxième impression: Paris, novembre 1992
Troisième impression: Paris, février 1996

Cette publication ne peut être citée et reproduite


sans autorisation préalable.
Préface à la première impression

On trouvera ci-après le texte des deux documents adoptés par la Conférence


mondiale sur l'éducation pour tous (Jomtiem Thaïlande. 5-9 mars 1990), convoquée
conjointement par les chefs de secrétariat du Fonds des Nations Unies pour l'enfance
(UNICEF), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de
l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO)
et de la Banque mondiale. La Conférence, qui était coparrainée en outre par 18 gou-
vernements et autres organisations, s'est tenue en Thaïlande à I'invitation du gouver-
nement de ce pays.
La Déclaration mondiale sur l'éducation pour tous et le Cadre d'action pour
répondre aux besoins éducatifs fondamentaux sont l'aboutissement d'un vaste pro-
cessus de consultation systématique qui s'est déroulé d'octobre 1989 à janvier 1990
sous les auspices de la Commission inter-institutions ch a rgée d'organiser la
Conférence. Les premières versions de ces documents ont été examinées au cours de
neuf consultations régionales et trois consultations internationales qui ont rassemblé
un large éventail de spécialistes et de représentants de divers ministères, organisations
intergouvernementales et non gouvernementales, institutions multilatérales et bilaté-
rales de développement et instituts de recherche. Les rapporteurs élus des consulta-
tions régionales se sont réunis en groupe de travail pour conseiller la Commission
inter-institutions sur la révision des deux projets à soumettre à la Conférence mon-
diale.
Les quelque 1 500 participants qui se sont rencontrés à Jomtien comprenaient
des délégués de 155 gouvernements, parmi lesquels des décideurs et des spécialistes
du secteur de l'éducation et d'autres grands secteurs, ainsi que des fonctionnaires et
des spécialistes représentant une vingtaine d'organismes intergouvernementaux et
environ 150 organisations non gouvernementales. Il ont, ensemble, discuté des prin-
cipaux aspects de l'Éducation pour tous au sein de 48 tables rondes et d'une com-
mission plénière. Un comité de rédaction élu par la Conférence a examiné les deux
documents révisés, ainsi que les amendements à ceux-ci présentés par les délégués.
Le texte des deux documents, tel que modifié par le comité de rédaction, a été adop-
té par acclamation à la séance plénière de clôture de la Conférence, le 9 mars 1990.
Ces documents sont donc l'expression d'un consensus mondial reflétant une
vision élargie de l'éducation fondamentale et la détermination renouvelée d'apporter
une réponse effective aux besoins éducatifs fondamentaux de tous, entants, jeunes et
adultes, dans tous les pays. J'invite instamment Ies Iecteurs qui n'ont pu participer à
la Conférence mondiale à adhérer à ce consensus et à s'employer, dans leurs domaines
de responsabilité respectifs, à faire en sorte que les objectifs de la Déclaration mon-
diale et du Cadre d'action deviennent une réalité.

Wadi D. Haddad
Secrétaire exécutif
Commission inter-institutions
Conférence mondiale sur l'éducation pour tous
P r é face à la troisième impre s s i o n

Que ce petit liv re fasse toujours l'objet d'une demande montre bien que les
i n a d é q u ations des systèmes d'enseignement suscitent des préoccupations large-
ment part agées à trave rs le monde et que l'on prend de plus en plus conscience
de l'importance vitale de l'éducation de base pour le progrès social. La
D é cl a ration mondiale sur l'éducation pour tous et son complément le C a d re
d'action pour répondre aux besoins éducatifs fo n d a m e n t a u x , qui ont été adoptés
à la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous (Jo m t i e n , Th a ï l a n d e, m a rs
1 9 9 ( ) ) , se sont avérés des rep è res utiles pour les go u ve rn e m e n t s , les orga n i s a-
tions intern ationales et les spécialistes de l'éducation ou du développement lors-
qu'ils conçoivent et appliquent des politiques ou strat é gies visant à améliorer les
s e rvices d'éducation de base.
Il est clair que la conférence de Jomtien a marqué un tournant dans le dialog u e
i n t e rn ational sur le rôle de l'éducation dans les politiques de déve l o p p e m e n t
humain; le consensus réalisé à cette occasion a relancé le combat mené part o u t
dans le monde pour unive rsaliser l'enseignement pri m a i re et éliminer
l ' a n a l p h abétisme des adultes. Il a également incité à s'effo rcer d'améliorer la
qualité de l'éducation de base et à tro u ver des méthodes d'un meilleur rap p o rt
c o û t / e fficacité pour répondre aux besoins éducatifs fondamentaux de dive rs e s
c at é go ries défavo ri s é e s .
On tro u ve ra rep roduite ci-après la préface à la pre m i è re édition qui contient des
renseignements supplémentaires sur l'historique de la Conférence de Jomtien et
des deux textes qu'elle a adoptés. Ceux-ci ont été publiés une pre m i è re fois en
un seul volume par la Commission inter-institutions qui avait organisé la
C o n f é re n c e. Plus tard, l'UNESCO a pris la re l è ve pour le compte du FORU M
C O N S U LTATIF INTERNAT I O NAL SUR L'ÉDUCATION POUR TO U S, m é c a-
nisme mondial mis en place afin de favo riser la réalisation des objectifs de
Jomtien et de suiv re les progrès dans ce domaine.
Cinq ans se sont écoulés et le temps est ve nu de fa i re le point du chemin par-
c o u ru , des obstacles rencontrés et des pers p e c t ives de nouvelles avancées ve rs
l ' é d u c ation pour tous. A cet éga rd, les deux textes publiés dans le présent vo l u-
me serv i ront de référence majeure pour évaluer les progrès et prévoir des
actions complémentaire s .
A fin de fa i re mieux connaître la D é cl a rat i o n et le C a d re d'action de sort e
qu'ils fassent l'objet d'un débat plus large, j ' i nvite les lecteurs à prêter ce vo l u-
me à leurs collègues, à leurs élèves ou étudiants ou à toute autre personne inté-
ressée et à le citer librement dans leurs pro p res écrits. Le secrétari at du Fo ru m
installé au Siège de l'UNESCO à Pa ris en fo u rn i ra sur demande des exe m p l a i re s
s u p p l é m e n t a i re s .

M i chael Lakin
S e c r é t a i re ex é c u t i f
Fo rum consultatif intern at i o n a l
sur l'éducation pour tous
F é v rier 1996
Déclaration mondiale
sur l'éducation pour tous

Répondre aux besoins éducatifs fondamentaux

PREAMBULE

Il y a plus de quarante ans, les nations du monde affirmaient, dans la


Déclaration universelle des droits de l'homme, que "toute personne a droit à
l'éducation". Aujourd'hui pourtant, malgré les efforts considérables déployés
par les pays du monde entier pour garantir ce droit de tous à l'éducation, la réa-
lité reste celle-ci :
• plus de l00 millions d'enfants, dont au moins 60 millions de filles,
n'ont pas accès à l'enseignement primaire;
• plus de 960 millions d'adultes, dont deux tiers de femmes, sont
analphabètes, et tous les pays, tant industrialisés qu'en développe-
ment, connaissent un grave problème d'analphabétisme fonction-
nel;
• plus du tiers des adultes du monde n'ont pas accès au savoir impri-
mé, aux nouveaux savoir-faire et aux technologies qui pourraient
améliorer la qualité de leur vie et les aider à façonner le change-
ment social et culturel et à s'y adapter; et
• plus de l00 millions d'enfants et d'innombrables adultes n'achèvent
pas le cycle éducatif de base qu'ils ont entamé; des millions d'autres
le poursuivent jusqu'à son terme sans acquérir le niveau de connais-
sances et de compétences indispensable.
En même temps, le monde se trouve aux prises avec des problèmes écra-
sants, notamment le fardeau grandissant de la dette, la menace de stagnation et
de déclin économiques, une croissance démographique rapide, l'accentuation
des disparités économiques entre les nations et au sein des nations, la guerre,
l'occupation, les conflits civils, la criminalité violente, la mort évitable de mil-
lions d'enfants et la dégradation généralisée de l'environnement. Ces pro-
blèmes constituent un frein aux efforts entrepris pour répondre aux besoins
éducatifs de base, et le manque de connaissances fondamentales dont souffre
une fraction notable de la population empêche les sociétés de s'y attaquer avec
la vigueur et la détermination voulues.
Ces problèmes ont été la cause, au cours des années 80, d'un important
recul de l'éducation de base dans bon nombre des pays les moins avancés. Dans
d'autres pays, la croissance économique a permis de financer l'expansion de
l'éducation, mais ceux qui restent pauvres et non scolarisés ou illettrés se
2 Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous

comptent encore par millions. Dans certains pays industrialisés aussi, des
réductions opérées dans les dépenses publiques tout au long des années 80 ont
abouti à une dégradation de l'éducation.
Cependant, le monde se trouve au seuil d'un siècle neuf, riche de pro-
messes et de possibilités. On observe aujourd'hui un progrès authentique vers
une détente pacifique et une plus grande coopération entre les nations. Les
droits et facultés essentiels des femmes deviennent effectifs. Les réalisations
scientifiques et culturelles utiles à l'humanité se multiplient. Le volume même
d'informations disponible aujourd'hui dans le monde - dont une bonne part pré-
sente un intérêt pour la survie de l'être humain et son bien-être élémentaire -
est sans commune mesure avec celui dont on disposait il y a quelques années
à peine, et il augmente à une vitesse exponentielle. Ces informations portent
notamment sur les moyens d'acquérir de nouvelles connaissances qui seront
source de mieux-être, c'est-à-dire d' "apprendre à apprendre". L'association
entre une information importante et notre nouvelle capacité de communiquer -
autre acquis du monde moderne - crée un effet de synergie.
Ces forces nouvelles, conjuguées à l'expérience accumulée en matière de
réformes, d'innovation et de recherche et aux progrès remarquables accomplis
par de nombreux pays dans le domaine de l'éducation, font que pour la pre-
mière fois dans l'histoire l'éducation fondamentale pour tous apparaît comme
un but accessible.

En conséquence, nous, participants à la Conférence mondiale sur l'édu-


cation pour tous, réunis à Jomtien (Thaïlande) du 5 au 9 mars l990 :

Rappelant que l'éducation est un droit fondamental pour tous,


femmes et hommes, à tout âge et dans le monde entier,

Ayant conscience que l'éducation peut contribuer à améliorer la


sécurité, la santé, la prospérité et l'équilibre écologique dans le
monde, en même temps qu'elle favorise le progrès social, écono-
mique et culturel, la tolérance et la coopération internationale,

Sachant que l'éducation est une condition indispensable, sinon


suffisante, du développement de l'individu et de la société,

Reconnaissant que le savoir traditionnel et le patrimoine culturel


autochtone ont une valeur et une validité propres et peuvent servir
aussi bien à définir qu'à promouvoir le développement,

C o n s t at a n t que, dans l'ensembl e, l ' é d u c ation actuellement dis-


pensée présente de graves insuffisances et qu'il importe d'en
Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous 3

améliorer la pertinence et la qualité tout en en rendant l'accès uni-


versel,

Reconnaissant qu'une éducation fondamentale solide est indispen-


sable au renforcement des niveaux d'éducation plus élevés ainsi
que de la culture et du potentiel scientifiques et technologiques, et
par là à un développement autonome,

Reconnaissant la nécessité, pour relever ce défi dans toute son


ampleur et sa complexité, d'offrir aux générations présentes et
futures une vision élargie de l'éducation fondamentale et un enga-
gement renouvelé en faveur de celle-ci,

proclamons la présente :

Déclaration mondiale sur l'éducation pour tous :


Répondre aux besoins éducatifs fondamentaux.

L'EDUCATION POUR TOUS : LES OBJECTIFS

ARTICLE I - REPONDRE AUX BESOINS EDUCATIFS


FONDAMENTAUX

1. Toute personne - enfant, adolescent ou adulte - doit pouvoir bénéfi-


cier d'une formation conçue pour répondre à ses besoins éducatifs fonda-
mentaux. Ces besoins concernent aussi bien les outils d'apprentissage essen-
tiels (lecture, écriture, expression orale, calcul, résolution de problèmes) que
les contenus éducatifs fondamentaux (connaissances, aptitudes, valeurs, atti-
tudes) dont l'être humain a besoin pour survivre, pour développer toutes ses
facultés, pour vivre et travailler dans la dignité, pour participer pleinement au
développement, pour améliorer la qualité de son existence, pour prendre des
décisions éclairées et pour continuer à apprendre. Le champ des besoins édu-
catifs fondamentaux et la manière dont il convient d'y répondre varient selon
les pays et les cultures et évoluent inévitablement au fil du temps.

2. En pourvoyant à ces besoins, on confère aux membres de toute société


la capacité - ainsi que la responsabilité correspondante - de respecter et faire
fructifier leur patrimoine culturel, linguistique et spirituel commun, de pro-
mouvoir l'éducation d'autrui, de défendre la cause de la justice sociale, de pro-
téger l'environnement, de se montrer tolérants envers les systèmes sociaux,
politiques ou religieux différents du leur, en veillant à ce que les valeurs
4 Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous

humanistes communément admises et les droits de l'homme soient sauvegar-


dés, et d'oeuvrer pour la paix et la solidarité internationales dans un monde
caractérisé par l'interdépendance.

3. Un autre but, non moins fondamental, du développement de l'éducation est


la transmission et l'enrichissement des valeurs culturelles et morales communes.
C'est en elles que l'individu et la société trouvent leur identité et leur valeur.

4. L'éducation fondamentale n'est pas seulement une fin en soi. Elle est l'as-
sise d'une formation permanente et d'un développement de l'être humain, sur
laquelle les pays peuvent édifier de façon systématique d'autres niveaux et
d'autres types d'éducation et de formation.

L'EDUCATION POUR TOUS : UNE VISION


PLUS LARGE ET UN ENGAGEMENT RENOUVELÉ

ARTICLE II - ELARGIR NOTRE VISION

1. S'employer à répondre aux besoins éducatifs fondamentaux de tous


ne saurait se réduire à réinvestir dans l'éducation fondamentale telle
qu'elle existe actuellement. Une vision plus large s'impose, afin d'aller au-
delà des moyens présentement mis en oeuvre, des structures institution-
nelles, des programmes d'enseignement et des systèmes classiques de for-
mation, tout en s'appuyant sur ce qu'il y a de meilleur dans la pratique
actuelle. L'accroissement quantitatif de l'information et la capacité de com-
munication sans précédent avec laquelle il se conjugue engendrent aujourd'hui
des possibilités inédites, dont nous devons tirer parti avec inventivité et avec la
volonté de parvenir à une plus grande efficacité.

2. Cette approche élargie implique les orientations ci-après, développées


dans les articles III à VII :
• Universaliser l'accès et promouvoir l'équité ;
• Mettre l'accent sur la réussite de l'apprentissage ;
• Elargir les moyens et le champ de l'éducation fondamentale ;
• Améliorer le contexte de l'apprentissage ;
• Renforcer les partenariats.
3. Les individus ne pourront réaliser leurs potentialités considérables et ne
seront à même de contribuer au progrès de l'humanité que si on leur donne les
moyens d'acquérir l'instruction et les bases dont ils ont besoin pour puiser dans
la masse toujours croissante de connaissances susceptibles de leur être utiles et
pour mettre à profit les nouveaux moyens de transmission de ce savoir.
Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous 5

ARTICLE III - UNIVERSALISER L'ACCES ET PROMOUVOIR


L'EQUITE

1. Tous les enfants, tous les adolescents et tous les adultes devraient
avoir accès à l'éducation fondamentale. A cette fin, il convient de dévelop-
per les services éducatifs de qualité et de prendre des mesures systématiques
pour réduire les disparités.

2. Pour être équitable, l'éducation fondamentale doit offrir à tous les


enfants, tous les adolescents et tous les adultes la possibilité d'atteindre un
niveau d'instruction satisfaisant et de s'y maintenir.

3. La priorité absolue devrait être d'assurer l'accès des filles et des femmes
à l'éducation et d'améliorer la qualité de la formation qui leur est dispensée,
ainsi que de lever tous les obstacles à leur participation active. Tous les sté-
réotypes sexuels sont à bannir de l'éducation.

4. Il faut s'attacher activement à éliminer les disparités éducatives qui peu-


vent exister au détriment de certains groupes. Les pauvres, les enfants des rues
et les enfants qui travaillent, les populations des zones rurales ou reculées, les
nomades et les travailleurs migrants, les populations autochtones, les minori-
tés ethniques, raciales et linguistiques, les réfugiés, les personnes déplacées
par la guerre, les populations sous régime d'occupation, ne doivent subir aucu-
ne discrimination dans l'accès aux formations.

5. Les besoins éducatifs des handicapés exigent une attention spéciale. Il est
nécessaire de prendre des mesures pour assurer, dans le cadre même du systè-
me éducatif, l'égalité d'accès à l'éducation de toutes les catégories de personnes
handicapées.

ARTICLE IV - METTRE L'ACCENT SUR LA REUSSITE


DE L'APPRENTISSAGE

L'élargissement des possibilités de fo rm ation ne peut aboutir, en dernière


analyse, au développement véritable de l'individu ou de la société que si les
fo rm ations offertes se traduisent par des apprentissages effectifs, c'est-à-dire
par l'acquisition des connaissances, de la capacité de raisonnement, des
savoir-faire et des valeurs utiles. L'éducation fondamentale doit donc être
axée sur l'acquisition effective et les résultats de l'apprentissage, et non pas
sur le seul fait de s'inscrire à une formation, de la suivre jusqu'à son terme et
d'obtenir le certificat qui la sanctionne. Les méthodes actives, fondées sur la
6 Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous

participation, sont particulièrement aptes à assurer cette acquisition et à per-


mettre à ceux qui apprennent de réaliser pleinement leurs potentialités. Il est
nécessaire de définir pour chaque programme éducatif des niveaux d'acquisition
satisfaisants et d'appliquer des systèmes améliorés d'évaluation des résultats.

ARTICLE V - ELARGIR LES MOYENS ET LE CHAMP


DE FONDAMENTALE

La diversité et la complexité des besoins d'apprentissage fondamentaux des


enfants, des adolescents et des adultes, ainsi que l'évolution de ces besoins,
nécessitent d'élargir et de constamment redéfinir le champ de l'éducation
fondamentale, afin de prendre en compte les éléments suivants :
• L'apprentissage commence dès la naissance. Cela implique que l'on
accorde l'attention voulue aux soins aux enfants et à leur éducation ini-
tiale, qui peuvent être dispensés dans le cadre d'arrangements faisant
intervenir les familles, la communauté ou des structures institution-
nelles, selon les besoins.
• Le principal système de formation assurant l'éducation fondamentale
des enfants en dehors de la famille est l'école pri m a i re.
L'enseignement primaire doit être universel, apporter une réponse aux
besoins éducatifs fondamentaux de tous les enfants et tenir compte de
la culture et des besoins de la communauté ainsi que des possibilités
offertes par celle-ci. Des formations supplémentaires de substitution
peuvent être mises en place pour contribuer à répondre aux besoins des
enfants qui n'ont pas accès à l'enseignement scolaire ou n'y ont qu'un
accès limité, à condition qu'elles respectent les normes pédagogiques
appliquées à l'enseignement scolaire et bénéficient d'un financement
suffisant.
• Les besoins d'apprentissage fondamentaux des adolescents et des
adultes sont variés et il convient pour les satisfaire de recourir à des
systèmes de formation divers. Des programmes d'alphabétisation sont
indispensables car l'alphabétisation est un apprentissage nécessaire en
soi qui se trouve à la source des autres compétences essentielles de
l'existence. L'alphabétisation dans la langue maternelle renforce
l'identité culturelle et la prise de conscience du patrimoine culturel.
D'autres besoins pourront être satisfaits par une formation profession-
nelle, par l'apprentissage d'un métier et par des programmes d'éduca-
tion formelle et non formelle concernant la santé, la nutrition, la popu-
lation, les techniques agricoles, l'environnement, la science, la techno-
logie, la vie familiale - y compris une information en matière de fécon-
dité - et d'autres problèmes de société.
Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous 7

• Tous les instruments et canaux d'information, de communication et


d'action disponibles pourraient être mis à contribution pour aider à
transmettre les connaissances essentielles et pour informer et éduquer
le public dans le domaine social. A côté des supports traditionnelle-
ment utilisés, il convient d'exploiter le potentiel qu'offrent les biblio-
thèques, la télévision, la radio et les autres moyens d'information pour
répondre aux besoins éducatifs fondamentaux de tous.
Ces divers éléments devraient constituer un système intégré, c'est-à-dire
être complémentaires, se renforcer mutuellement et répondre à des normes
comparables, et ils devraient contribuer à la mise en place et au développement
de possibilités d'éducation permanente.

ARTICLE VI - AMELIORER LE CONTEXTE DE L'APPRENTISSAGE

L'apprentissage ne peut être conçu isolément. C'est pourquoi la société


doit assurer à tous les apprenants l'alimentation, les soins de santé et,
d'une manière générale, le soutien physique et affectif dont ils ont besoin
pour participer activement à leur propre éducation et en tirer bénéfice.
Les programmes éducatifs communautaires destinés aux adultes devraient
inculquer à ceux-ci les connaissances et les savoir-faire requis pour améliorer
les conditions d'apprentissage des enfants. L'éducation des enfants et celle de
leurs parents ou des autres personnes qui en ont la garde se renforcent récipro-
quement et cette interaction devrait être mise à profit pour que l'apprentissage
de tous s'effectue dans un climat stimulant et chaleureux.

ARTICLE VII - RENFORCER LES PARTENARIATS

C'est aux autorités nat i o n a l e s , r é gionales et locales re s p o n s ables de


l'enseignement qu'il incombe plus part i c u l i è rement de mettre en place
des services éducatifs de base pour tous, mais on ne saurait at t e n d re
d'elles qu'elles fournissent toutes les re s s o u rces humaines, fi n a n c i è re s
ou institutionnelles requises pour cette tâch e. Des part e n a ri ats nou-
veaux et plus actifs doivent se constituer à tous les nive a u x : p a rt e n a ri at s
entre les divers sous-secteurs et les dive rses fo rmes de l'éducat i o n , t e n a n t
compte du rôle spécifique des enseignants et de celui des administrat e u rs
et autres personnels de l'éducat i o n ; part e n a ri ats entre l'éducation et
d'autres départements ministéri e l s , notamment ceux du Plan, des fi n a n c e s ,
de la santé, du trava i l , de la commu n i c ation et d'autres secteurs sociaux ;
p a rt e n a ri ats entre l'Etat et les orga n i s ations non go u ve rn e m e n t a l e s , le sec-
teur priv é , les collectivités locales, les groupes re l i gieux et les fa m i l l e s .
Il est part i c u l i è rement important de re c o n n a î t re le rôle crucial joué
8 Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous

par les familles comme par les enseignants. A cet égard, il est urgent que les
conditions de service et le statut des enseignants, qui constituent un facteur
déterminant de la mise en oeuvre de l'éducation pour tous, soient améliorés
dans tous les pays conformément à la Recommandation OIT/Unesco concer-
nant la condition du personnel enseignant (l966). Des partenariats authen-
tiques facilitent la planification, la mise en oeuvre, la gestion et l'évaluation des
programmes d'éducation fondamentale. La "vision élargie" et l' "engagement
renouvelé" que nous prônons reposent sur de tels partenariats.

L'EDUCATION POUR TOUS :


LES CONDITIONS REQUISES

ARTICLE VIII - METTRE EN PLACE DES POLITIQUES


D'ACCOMPAGNEMENT

1. Il est indispensable, pour assurer pleinement l'éducation fondamen-


tale et son utilisation efficace aux fins du développement individuel et
social, de prévoir des politiques d'accompagnement dans les secteurs
social, culturel et économique. L'éducation fondamentale pour tous suppose
un engagement et une volonté politiques étayés par des mesures budgétaires et
allant de pair avec une réforme de l'enseignement et un renforcement des ins-
titutions. Une politique économique et commerciale et une politique du tra-
vail, de l'emploi et de la santé judicieuses amélioreront la motivation des
apprenants et leur permettront d'apporter une contribution plus positive au
développement de la société.

2. Les sociétés devraient aussi offrir à l'éducation fondamentale le bénéfice


d'un solide environnement intellectuel et scientifique. Cela implique une amé-
lioration de l'enseignement supérieur et le développement de la recherche
scientifique. D'étroits contacts avec le savoir technologique et scientifique
contemporain devraient pouvoir exister à tous les niveaux d'éducation.

ARTICLE IX - MOBILISER DES RESSOURCES

1. Pour pouvoir satisfaire les besoins éducatifs fondamentaux de tous, en


élargissant notablement le champ de l'action menée, il est indispensable de
mobiliser de nouvelles ressources financières et humaines, publiques, pri-
vées et volontaires, outre celles qui existent déjà. C'est la société tout entiè-
re qui doit être mise à contribution, si l'on considère que le temps, l'énergie
Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous 9

et l'argent consacrés à l'éducation fondamentale constituent peut-être l'inves-


tissement humain le plus déterminant pour l'avenir d'un pays.

2. L'élargissement du financement public implique des prélèvements sur les


ressources de toutes les administrations de l'Etat responsables du développe-
ment humain, par une augmentation en valeur absolue comme en valeur relati-
ve des crédits alloués aux services d'éducation fondamentale, sans toutefois
perdre de vue que, dans la répartition des ressources nationales, l'éducation est
certes un secteur important, mais au même titre que d'autres. S'attacher sérieu-
sement à mieux tirer parti des ressources disponibles pour l'éducation et à amé-
liorer l'efficacité des programmes éducatifs permettra non seulement de pro-
duire davantage mais aussi, sans doute, d'attirer de nouvelles ressources.
L'urgence qu'il y a à répondre aux besoins éducatifs fondamentaux pourra
nécessiter une redistribution des ressources entre les secteurs, par exemple une
réaffectation de crédits militaires en faveur des dépenses d'éducation. Mais
surtout, les pays engagés dans un processus d'ajustement structurel et ployant
sous le fardeau de la dette extérieure devront veiller à ce que l'éducation fon-
damentale bénéficie d'une protection spéciale. Aujourd'hui plus que jamais, il
faut voir dans l'éducation une dimension fondamentale de tout projet social,
culturel et économique.

ARTICLE X - RENFORCER LA SOLIDARITE INTERNATIONALE

1. Satisfaire les besoins éducatifs fondamentaux constitue une respon-


sabilité commune et universelle de l'humanité, qui exige la solidarité inter-
nationale et des relations économiques équitables et justes afin de corriger
les disparités économiques existantes. Toutes les nations ont à offrir des
connaissances et des expériences utiles pour la conception de politiques et pro-
grammes d'éducation efficaces.

2. Une augmentation substantielle et de longue durée des ressources consa-


crées à l'éducation fondamentale sera indispensable. Il incombe à la commu-
nauté mondiale, y compris les organisations et institutions intergouvernemen-
tales, de pallier d'urgence les contraintes qui empêchent certains pays de réali-
ser l'éducation pour tous. Cela suppose l'adoption de mesures visant à aug-
menter le budget national des pays les plus pauvres ou à alléger un endettement
trop lourd. Créanciers et débiteurs doivent trouver des formules novatrices et
équitables pour réduire cette charge, car la capacité de nombreux pays en déve-
loppement de répondre effectivement à leurs besoins d'éducation et autres
besoins essentiels serait grandement améliorée par le règlement du problème
de la dette.
10 Déclaration mondiale sur l’éducation pour tous

3. Il convient de se préoccuper des besoins d'éducation fondamentale des


adultes et des enfants partout où ces besoins existent. Les pays les moins avan-
cés et les pays à faible revenu ont des besoins spéciaux et devront bénéficier en
priorité de l'appui international accordé à l'éducation fondamentale pendant les
années 90.

4. Toutes les nations doivent aussi unir leurs efforts pour résoudre les
conflits et les dissensions, mettre fin aux occupations militaires et installer les
populations déplacées ou faciliter leur retour dans leur pays d'origine, en
veillant à répondre à leurs besoins éducatifs fondamentaux. Seul un environ-
nement stable et pacifique peut offrir des conditions qui permettent à chaque
être humain, enfant ou adulte, de tirer bénéfice des objectifs de la présente
Déclaration.

Nous, participants à la Conférence mondiale sur l'éducation pour


tous, réaffirmons le droit de toute personne à l'éducation. Tel est le
fondement de notre détermination individuelle et collective à assurer
l'éducation pour tous.
Nous nous engageons à agir conjointement dans les domaines de res-
ponsabilité qui sont les nôtres, et à prendre toutes les mesures néces-
saires pour atteindre les objectifs de l'éducation pour tous. Ensemble,
nous faisons appel aux gouvernements, aux organisations concernées et
aux individus pour qu'ils s'associent à cette entreprise d'une urgente
nécessité.
Les besoins éducatifs fondamentaux de tous peuvent, et doivent, être
satisfaits. Il ne saurait y avoir façon plus valable de commencer l'Année
internationale de l'alphabétisation et de progresser dans la voie des
objectifs de la Décennie internationale des personnes handicapées
(l983-l992), de la Décennie mondiale du développement culturel (l988-
l997), de la quatrième Décennie des Nations Unies pour le développe-
ment (l990-l999), de la Convention sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination à l'égard des femmes et des Stratégies pros-
pectives d'action pour la promotion de la femme, ainsi que de la
Convention sur les droits de l'enfant. Jamais le moment n'a été plus pro-
pice pour nous engager à assurer à tous, partout dans le monde, la pos-
sibilité d'acquérir les apprentissages fondamentaux.
En conséquence, nous adoptons la présente Déclaration mondiale sur
l'éducation pour tous : Répondre aux besoins éducatifs fondamentaux,
et nous convenons d'un Cadre d'action pour répondre aux besoins édu -
catifs fondamentaux, qui doit permettre de réaliser les objectifs énoncés
dans cette Déclaration.
Cadre d’action pour répondre
aux besoins éducatifs de base
Principes directeurs pour l'application
de
la Déclaration mondiale sur l'éducation pour tous

Introduction 1
Buts et objectifs 2
Principes d'action 4

1. Les priorités d'action au niveau national 6

1.1 Déterminer les besoins et planifier l'action 7


1.2 Mettre en place des politiques d'accompagnement 8
1.3 Élaborer des politiques visant à améliorer
l'éducation fondamentale 9
1.4 Améliorer les capacités de gestion et d'analyse
et les moyens technologiques 11
1.5 Mobiliser les canaux d'information et de communication 12
1.6 Constituer des partenariats et mobiliser les ressources 13

2. Les priorités d'action au niveau régional 15

2.1 Procéder à des échanges d'information, d'expérience


et de compétences spécialisées 16
2.2 Mener des activités conjointes 17

3. Les priorités d'action au niveau mondial 18

3.1 Coopérer dans le contexte international 18


3.2 Renforcer les capacités nationales 19
3.3 Apporter un appui soutenu à long terme
aux actions nationales et régionales 19
3.4 Procéder à des consultations de politique générale 22

Calendrier indicatif des phases de l'action à déployer


dans les années 90 23
C a d re d’action 1

INTRODUCTION

1. Le présent Cadre d'action pour répondre aux besoins éducatifs fon-


damentaux découle de la Déclaration mondiale sur l'éducation pour tous,
adoptée par la Conférence mondiale sur l'éducation pour tous, qui a réuni les
représentants de gouvernements, d'institutions internationales et bilatérales de
développement et d'organisations non gouvernementales. Reposant sur les
connaissances les plus avancées et l'engagement de l'ensemble de ces parte-
naires, le Cadre d'action est destiné à servir d'instrument de référence et de
guide aux gouvernements, aux organisations internationales, aux institutions
d'aide bilatérales, aux organisations non gouvernementales (ONG) et à tous
ceux qui oeuvrent en faveur de l'éducation pour tous, en les aidant à formuler
leurs propres plans d'action pour donner suite à la Déclaration mondiale. Il
envisage trois niveaux principaux d'action concertée : (i) l'action directe à l'in-
térieur des différents pays ; (ii) la coopération entre groupes de pays partageant
certaines caractéristiques et préoccupations communes; (iii) la coopération
multilatérale et bilatérale au sein de la communauté mondiale.

2. Les pays et groupes de pays, ainsi que les organisations internationales,


régionales et nationales, pourront s'appuyer sur ce Cadre pour élaborer leurs
propres plans d'action et leurs propres programmes, en fonction de leurs objec-
tifs et de leur mission spécifiques ainsi que du public qu'ils servent. Tel est
d'ailleurs, depuis dix ans, le mode de fonctionnement du Projet majeur de
l'Unesco dans le domaine de l'éducation en Amérique latine et dans les
Caraïbes; on peut citer aussi, comme autres exemples d'initiatives de ce genre,
le Plan d'action pour éliminer l'analphabétisme d'ici à l'an 2000 adopté par la
Conférence générale à sa vingt-cinquième session (l989), le Programme spé-
cial de l'ISESCO (l990), l'examen actuel par la Banque mondiale de sa poli-
tique en matière d'éducation primaire, et le programme de l'USAID pour
l'avancement de l'éducation de base et de l'alphabétisation. Dans la mesure où
les plans d'action, les politiques et les programmes mentionnés ci-dessus s'ins-
criront dans le présent Cadre, il y aura convergence des efforts déployés par-
tout dans le monde pour répondre aux besoins éducatifs fondamentaux et la
coopération en sera facilitée.

3. Dans leur effort pour répondre ainsi aux besoins éducatifs fondamentaux
de leur population, les pays sont mus par de nombreuses préoccupations com-
munes, mais il est évident que le caractère et l'intensité de ces préoccupations
peuvent varier d'un pays à l'autre selon la situation effective de l'éducation
fondamentale dans chacun et le contexte culturel et socio-économique. En
l'an 2000, si les taux de scolarisation demeurent aux niveaux actuels, plus
2 Cadre d’action

de l60 millions d'enfants se trouveront, dans l'ensemble du monde, privés d'ac-


cès à l'enseignement primaire du seul fait de l'accroissement démographique.
Dans une grande partie de l'Afrique subsaharienne, comme ailleurs dans beau-
coup de pays à faible revenu, où le nombre des enfants s'accroît rapidement,
l'éducation primaire universelle demeure un pari à échéance lointaine. Malgré
les progrès de l'alphabétisation des adultes, la plupart de ces pays ont toujours
un taux d'analphabétisme élevé, cependant que l'analphabétisme fonctionnel
continue à s'étendre parmi la population adulte d'une bonne partie de l'Asie et
des Etats arabes ainsi qu'en Europe et en Amérique du Nord, où il pose un pro-
blème social majeur. De nombreuses personnes se voient dénier l'égalité d'ac-
cès en raison de leur race, de leur sexe, de leur langue, de leur handicap, de leur
origine ethnique ou de leurs convictions politiques. En outre, les taux élevés
d'abandon scolaire et le médiocre degré de réussite des apprentissages sont
dans le monde entier des problèmes communément reconnus. Ces constata-
tions très générales illustrent la nécessité d'une action résolue de grande enver-
gure, visant des buts et des objectifs clairement définis.

BUTS ET OBJECTIFS

4. La finalité d'une telle action doit être, selon la Déclaration mondiale


sur l'éducation pour tous, d'apporter une réponse aux besoins éducatifs fonda-
mentaux de tous, enfants, adolescents et adultes. Afin de mieux soutenir l'ef-
fort de longue durée nécessaire pour atteindre ce but, il est bon de fixer des
objectifs intermédiaires et de mesurer les progrès accomplis dans la voie de leur
réalisation. Les autorités compétentes aux niveaux national et infranational
pourront fixer ces objectifs intermédiaires en tenant compte des objectifs de
la Déclaration ainsi que des buts et des priorités d'ensemble assignés au déve-
loppement national.

5. Les objectifs intermédiaires peuvent être utilement traduits en termes spé-


cifiques dans les plans nationaux et infranationaux de développement de l'édu-
cation. Généralement, les objectifs spécifiques ainsi formulés : (i) indiquent
avec précision, par référence à des critères de performance terminale, les
niveaux et les résultats à atteindre dans un laps de temps déterminé, (ii) préci-
sent les catégories prioritairement concernées (par exemple les pauvres, les
handicapés), et (iii) sont exprimés en des termes qui permettent l'observation et
la mesure des progrès accomplis. Ils représentent un "plancher" (et en aucun
cas un "plafond") pour la poursuite du développement des programmes et ser-
vices éducatifs.
C a d re d’action 3

6. Ces objectifs spécifiques assortis de délais ont l'avantage de faire naître


un sentiment d'urgence et de servir de référence pour établir des comparaisons
à partir d'indicateurs de mise en oeuvre et d'exécution. Au fur et à mesure de
l'évolution de la situation sociale, les plans et objectifs peuvent être revus et
actualisés. Lorsque l'effort d'éducation fondamentale doit être centré sur les
besoins de groupes sociaux ou de catégories de population déterminés, l'éta-
blissement de liens entre les objectifs spécifiques et les groupes prioritaires
aide le planificateur, le praticien et l'évaluateur à ne pas perdre de vue les
besoins de ces catégories d'apprenants. La formulation d'objectifs qui se prê-
tent à l'observation et à la mesure facilite l'évaluation objective des progrès réa-
lisés.

7. Les objectifs spécifiques ne doivent pas nécessairement être fixés sur la


seule base des tendances et des ressources du moment. Les objectifs initiaux
peuvent refléter une appréciation réaliste des possibilités offertes par la
Déclaration de mobiliser des moyens humains, institutionnels et financiers
supplémentaires, dans la perspective d'un effort commun de développement du
potentiel humain. Les pays qui ont de faibles taux d'alphabétisation et de sco-
larisation et dont les ressources nationales sont très limitées se verront
contraints à des choix difficiles pour fixer des objectifs spécifiques de portée
nationale, assortis d'un calendrier réaliste.

8. Les pays voudront peut-être fixer leurs objectifs spécifiques pour les
années 90 en les rapportant à chacun des aspects proposés ci-après :

(1) Expansion des activités de protection et d'éveil de la petite


enfance, y compris les interventions au niveau de la famille
ou de la communauté, particulièrement en faveur des enfants
pauvres, défavorisés et handicapés;

(2) Universalisation de l'éducation primaire (ou de tout autre


niveau d'éducation plus élevé considéré comme "fondamen-
tal" d'ici à l'an 2000;

(3) Amélioration des résultats de l'apprentissage, telle qu'un


pourcentage convenu d'une classe d'âge déterminée (par
exemple 80% des jeunes de 14 ans) atteigne ou dépasse un
certain niveau d'acquisitions jugé nécessaire;
4 Cadre d’ action

(4) Réduction du taux d'analphabétisme des adultes (le groupe


d'âge à prendre en considération étant fixé par chaque pays),
par exemple à la moitié de son niveau de l990 en l'an 2000,
en mettant suffisamment l'accent sur l'alphabétisation des
femmes pour réduire de façon significative la disparité
actuelle entre les taux d'analphabétisme masculin et féminin;

(5) Expansion des services d'éducation fondamentale et des for-


mations à d'autres compétences essentielles destinés aux ado-
lescents et aux adultes, l'efficacité des actions étant appré-
ciée en fonction de la modification des comportements et de
l'impact sur la santé, l'emploi et la productivité;

(6) Acquisition accrue par les individus et les familles, grâce au


concours de tous les canaux d'éducation - y compris les médias,
les autres formes de communication modernes et traditionnelles
et l'action sociale -, des connaissances, compétences et valeurs
nécessaires à une vie meilleure et un développement rationnel et
durable, l'efficacité de ces interventions étant appréciée en fonc-
tion de la modification des comportements.

9. Pour ces différents aspects, il conviendrait de définir autant que possible


des niveaux de perfo rm a n c e, qui répondent aux deux préoccupations
conjointes et indissociables sur lesquelles l'éducation fondamentale doit être
centrée : l'universalisation de l'accès et l'acquisition des apprentissages. Dans
tous les cas, les objectifs de performance tiendront compte de la nécessaire
égalité entre les sexes. Cependant, il appartient à chaque pays, pour telle ou
telle formation, de fixer de façon autonome ce niveau de performance et la pro-
portion des effectifs inscrits qui est censée l'atteindre.

PRINCIPES D'ACTION

10. La première étape consiste à identifier, de préférence par un processus


faisant appel à la participation active des groupes concernés et de la commu-
nauté, les systèmes traditionnels d'apprentissage qui existent dans la société
C a d re d’action 5

et la demande effective de services d'éducation fondamentale, qu'il s'agisse d'en-


seignement scolaire ou de formations extrascolaires. Répondre aux besoins édu-
catifs fondamentaux de tous suppose: des moyens de protection et d'éveil pour la
petite enfance; un enseignement scolaire primaire pertinent et de qualité ou une
éducation extrascolaire équivalente pour les enfants; et, pour les adolescents et
les adultes, des programmes d'alphabétisation et de formation ayant pour objet
de leur dispenser les savoirs fondamentaux et les compétences de la vie couran-
te. Cela implique aussi que l'on mette à profit les moyens et techniques d'infor-
mation modernes et traditionnels pour éduquer le public sur des questions d'in-
térêt social et pour renforcer les formations de base. Ces différentes compo-
santes de l'éducation fondamentale, complémentaires les unes des autres,devront
être conçues de manière à assurer un accès équitable, une fréquentation suivie et
des acquisitions effectives. Répondre aux besoins éducatifs fondamentaux sup-
pose en outre que l'on s'efforce d'améliorer l'environnement familial et social de
l'apprentissage et que la démarche éducative s'insère dans un contexte socio-éco-
nomique plus large. Il importe de reconnaître la complémentarité et la synergie
qui existent entre l'action éducative et les investissements connexes en faveur du
développement des ressources humaines faits dans les domaines de la popula-
tion, de la santé et de la nutrition.

11. Les besoins éducatifs fondamentaux étant complexes et variés, il faut,


pour y répondre, des stratégies et une action multisectorielles, qui soient inté-
grées à l'effort de développement global. Si l'on veut que l'éducation fonda-
mentale soit de nouveau perçue comme la responsabilité de la société tout
entière, de nombreux partenaires doivent associer leurs efforts à ceux que les
autorités de l'enseignement, les maîtres et les autres personnels de l'enseigne-
ment font pour la développer. Cela suppose que des partenaires très variés -
familles, enseignants, communautés locales, entreprises privées (notamment
celles du secteur de l'info rm ation et de la communication), organisations gou-
vernementales et non gouvernementales, etc. - participent activement à la pla-
nification, à la gestion et à l'évaluation des multiples formes que revêt l'éduca-
tion fondamentale.

12. Avant de créer des institutions ou des mécanismes nouveaux, il convient


d'évaluer soigneusement les pratiques et les dispositifs institutionnels actuels
de l'éducation fondamentale, ainsi que les mécanismes de coopération déjà en
place dans ce domaine. Il est sans doute plus rentable et d'un rapport plus
immédiat de rénover les bâtiments scolaires délabrés et d'améliorer la forma-
tion et les conditions de travail des enseignants et des alphabétiseurs, en s'ap-
puyant sur les structures éducatives existantes, que d'essayer de tout recom-
mencer à partir de zéro.
6 Cadre d’ action

13. De grandes possibilités sont offertes par d'éventuelles actions communes,


à tous les niveaux, avec les organisations non gouvernementales. Ces orga-
nismes autonomes pourraient, tout en exprimant publiquement des opinions
indépendantes et critiques, jouer un rôle en matière de suivi, de recherche, de
formation et de production de matériel au bénéfice d'activités d'éducation non
formelle et d'éducation permanente.

14. Conçue dans l'optique d'un véritable partenariat, la coopération bilatérale


et multilatérale en matière d'éducation fondamentale devrait avoir pour principal
objectif non pas de transplanter des modèles familiers, mais de contribuer à
développer la capacité endogène qu'ont les autorités nationales et leurs parte-
naires dans les pays de répondre efficacement aux besoins dans ce domaine.
L'action et les ressources devraient servir à renforcer les éléments essentiels des
services éducatifs, en s'attachant particulièrement aux capacités de gestion et
d'analyse, qui peuvent stimuler de nouveaux progrès. La coopération internatio-
nale et le financement international peuvent être particulièrement précieux pour
favoriser des réformes importantes ou des ajustements sectoriels et faciliter la
conception et l'expérimentation d'approches novatrices de l'enseignement et de la
gestion, lorsque cela implique la mise à l'essai de nouvelles méthodes et/ou des
dépenses exceptionnellement élevées, et dans le cas fréquent où la connaissance
des expériences pertinentes réalisées ailleurs peut être utile.

15. La coopération internationale devrait bénéficier en priorité aux pays qui


sont actuellement le moins à même de satisfaire les besoins éducatifs fonda-
mentaux de leur population. Elle devrait également aider les pays à remédier
à la disparité des chances éducatives offertes à la population. Parce que les
deux tiers des adultes analphabètes et des enfants non scolarisés sont du sexe
féminin, une des priorités les plus urgentes, en présence de telles inégalités,
doit être d'améliorer l'accès des filles et des femmes à l'éducation et de lever
tous les obstacles qui les empêchent d'y participer activement.

1. LES PRIORITES D'ACTION


AU NIVEAU NATIONAL

1 6 . Les résultats de l'action visant à répondre aux besoins éducatifs fo n-


damentaux de tous dépendro n t , en dern i è re analy s e, des mesures pri s e s
par chaque pays. Une coopération et une aide fi n a n c i è re régionales et
i n t e rn ationales peuvent soutenir et faciliter ces mesure s , mais ce sont les
p o u vo i rs publ i c s , les collectivités et leurs dive rs part e n a i res dans les pay s
C a d re d’action 7

mêmes qui détiennent la clef des améliorations, le soin de coordonner les


financements intérieurs et extérieurs et de veiller à l'emploi efficace des res-
sources incombant au premier chef aux gouvernements nationaux. Comme la
situation, les moyens, ainsi que les buts et les plans de développement, diffè-
rent selon les pays, le présent Cadre d'action ne peut que suggérer certains
domaines qui appellent une attention prioritaire. Il appartiendra à chaque pays
de déterminer lui-même quelles sont, au-delà des efforts déjà en cours, les
mesures spécifiques à prendre, le cas échéant, dans chacun des domaines ci-
après.

1.1 DÉTERMINER LES BESOINS


ET PLANIFIER L'ACTION

17. Pour atteindre les objectifs spécifiques qu'il s'est fixés, chaque pays est
invité à élaborer à tous les niveaux (du niveau local au niveau national) des
plans d'action détaillés à long terme visant à satisfaire les besoins éducatifs
qu'il a définis comme "fondamentaux", ou à actualiser les plans qui existent
déjà. Dans le contexte du développement de l'éducation en particulier, et des
plans et stratégies de développement en général, les plans d'action en faveur de
l'éducation fondamentale pour tous seront nécessairement multisectoriels, afin
de guider les activités dans les différents secteurs concernés (éducation, infor-
mation, communication/médias, travail, agriculture, santé, etc.). Les modèles
de planification stratégique varient, par définition. Cependant, la plupart
impliquent de constants ajustements entre les objectifs, les ressources, les
actions et les contraintes. C'est généralement au niveau national que les objec-
tifs sont fixés dans leurs grandes lignes et que l'on détermine les ressources à
la disposition du pouvoir central, tandis que les actions sont menées au niveau
local. Il est donc naturel que, dans un contexte national donné, les plans
locaux diffèrent non seulement par leur ampleur, mais aussi par leur contenu.
Les cadres d'action élaborés au niveau national et infranational, comme les
plans locaux, devront permettre de tenir compte de l'évolution des circons-
tances et des situations. Ils pourraient donc porter sur les points suivants :

• les études nécessaires à l'évaluation des systèmes existants (analyse


des problèmes, échecs, réussites);

• les apprentissages fondamentaux requis : compétences cognitives,


valeurs, attitudes, aussi bien que connaissances dans les différentes
matières;
8 Cadre d’action

• les langues à utiliser pour l'enseignement;

• les moyens de stimuler la demande d'éducation fondamentale et une


participation de grande ampleur aux formations correspondantes;

• les modes de mobilisation des concours de la famille et de la commu-


nauté locale;

• les cibles et les objectifs spécifiques;

• les investissements et les ressources renouvelables nécessaires,


dûment chiffrés, ainsi que les moyens possibles de mesurer leur renta-
bilité;

• les indicateurs et les procédures à appliquer pour suivre les progrès


réalisés dans la voie des objectifs fixés;

• les priorités d'emploi des ressources et de développement des services


et des programmes dans le temps;

• les groupes prioritaires appelant des mesures spéciales;

• les compétences spécialisées requises pour mettre en oeuvre le plan;

• les dispositifs institutionnels et administratifs nécessaires;

• les mécanismes de mise en commun de l'information entre les services


scolaires et autres d'éducation fondamentale;

• la stratégie et le calendrier d'application.

1.2 METTRE EN PLACE DES POLITIQUES


D'ACCOMPAGNEMENT

18. Un plan d'action mu l t i s e c t o riel implique un ajustement des politiques


sectorielles pour favo riser une interaction et un soutien mutuellement béné-
fiques entre les secteurs , dans la ligne des objectifs de déve l o p p e m e n t
généraux du pays. Les actions destinées à répondre aux besoins éducat i f s
fondamentaux devraient s'intégrer à la strat é gie nationale et aux strat é gi e s
infranationales de développement du pay s , qui dev raient re fléter la pri o rité
C a d re d’action 9

accordée à la mise en valeur des ressources humaines. Il pourra être nécessai-


re de prendre des dispositions législatives ou autres pour promouvoir et facili-
ter la coopération entre les différents partenaires concernés. Les prises de
position en faveur de l'éducation fondamentale ainsi que l'information du
public à ce sujet sont importantes, parce qu'elles contribuent à l'adoption aux
niveaux national, infranational et local de mesures créant un environnement
favorable.

19. Les initiatives concrètes à envisager sont de quatre sortes: (i) lancer au
niveau national et infranational des activités propres à susciter un nouvel et
vaste engagement public en faveur de l'éducation pour tous ; (ii) réduire les
inefficacités dans le secteur public et l'exploitation dans le secteur privé ; (iii)
améliorer la formation des administrateurs des services publics et offrir des
incitations de nature à retenir dans la fonction publique les femmes et les
hommes qualifiés ; (iv) prendre des mesures tendant à favoriser une participa-
tion plus large à la conception et à l'exécution des programmes d'éducation
fondamentale.

1.3 ELABORER DES POLITIQUES


VISANT À AMÉLIORER L'ÉDUCATION FONDAMENTALE

20. Les conditions préalables de la qualité, de l'équité et de l'efficacité de l'édu-


cation étant établies au stade de la petite enfance, l'attention portée à la protec-
tion et à l'éveil des jeunes enfants constitue un facteur essentiel de la réalisation
des objectifs de l'éducation fondamentale. Celle-ci doit répondre aux besoins,
intérêts et problèmes réels de ceux qui apprennent. On peut rendre les pro-
grammes d'études plus pertinents en reliant l'enseignement de la lecture, de
l'écriture, du calcul et des concepts scientifiques aux préoccupations des appre-
nants et à leur expérience vécue dans les domaines de la santé, de la nutrition ou
de l'emploi, par exemple. Certes, les besoins varient souvent considérablement
d'un pays à l'autre et à l'intérieur d'un même pays,et il importe donc que le conte-
nu de l'enseignement soit largement adapté au contexte local; mais il existe aussi
beaucoup de besoins universels et de préoccupations communes qui ne doivent
pas être oubliés dans les programmes d'études et les messages éducatifs : la pro-
tection de l'environnement, la réalisation d'un équilibre entre la population et les
ressources, les moyens de ralentir la propagation du sida, la prévention de la
consommation de drogue, sont des questions qui concernent chacun.

21. Les stratégies visant spécifiquement à améliorer les conditions de


l ' ap p re n t i s s age scolaire pourront être centrées sur les aspects suivants : l e s
10 Cadre d’ac tion

apprenants et le processus d'apprentissage, les personnels (enseignants, admi-


nistrateurs et autres agents de l'éducation), les programmes scolaires et l'éva-
luation des apprentissages, les matériels didactiques et les équipements. Il fau-
drait appliquer ces stratégies de façon intégrée; leur conception, leur gestion et
leur évaluation devraient prendre en compte l'acquisition des connaissances et
des techniques de résolution de problèmes ainsi que les dimensions sociales,
culturelles et ethniques du développement humain. En fonction des résultats
souhaités, il faut donner aux enseignants la formation initiale appropriée, tout
en leur offrant ensuite des possibilités de formation continue et d'autres incita-
tions professionnelles liées à l'obtention desdits résultats ; les programmes sco-
laires et l'évaluation doivent faire référence à des critères divers, et il convient
d'adapter dans le même sens les matériels didactiques, voire les bâtiments et
les équipements. Dans certains pays, la stratégie pourra inclure des moyens
d'améliorer les conditions d'enseignement et d'apprentissage de manière à
réduire l'absentéisme et à augmenter le temps consacré à apprendre. Pour
répondre aux besoins éducatifs des groupes qui ne bénéficient pas de l'ensei-
gnement scolaire, il faudra prévoir des stratégies appropriées d'éducation non
formelle. Celles-ci comprendront les éléments déjà mentionnés mais iront
bien au-delà, et pourront s'attacher plus particulièrement aux aspects suivants:
coordination requise avec d'autres formes d'éducation, concours de tous les
partenaires concernés, nécessité d'un financement suivi et participation active
de la collectivité. On trouve un exemple d'une telle approche, appliquée à l'al-
phabétisation, dans le Plan d'action de l'Unesco pour éliminer l'analphabétisme
d'ici à l'an 2000. D'autres stratégies encore pourront faire appel aux médias
pour répondre aux besoins éducatifs plus larges de l'ensemble de la société.
Un lien devra être établi entre ces stratégies et l'enseignement scolaire, l'édu-
cation extrascolaire ou une combinaison des deux. L'utilisation des médias
offre d'immenses possibilités d'éducation du public et de partage de l'informa-
tion importante entre ceux qui ont besoin de savoir.

22. Elargir l'accès à une éducation fondamentale de qualité est un moyen effi-
cace de promouvoir l'équité. On peut amener les femmes et les filles à pour-
suivre une formation de base au moins jusqu'au niveau d'instruction que l'on
s'accorde à juger indispensable en prévoyant des mesures spéciales d'encoura-
gement, conçues autant que possible en consultation avec les intéressées. Des
modes d'approche analogues s'imposent pour élargir les possibilités d'appren-
tissage offertes à divers groupes défavorisés.

23. Une éducation fondamentale efficace ne signifie pas une éducation au


moindre coût, mais l'utilisation optimale de toutes les ressources (humaines,
institutionnelles et financières) pour porter l'accès à l'apprentissage et la
C a d re d’action 11

réussite de celui-ci aux niveaux voulus. Les considérations précédemment


évoquées de pertinence, de qualité et d'équité ne sont pas censées suppléer à
l'efficacité : ce sont les conditions spécifiques dans lesquelles l'efficacité doit
être atteinte. Dans le cas de certains programmes, l'efficacité ne pourra être
obtenue qu'au prix d'une augmentation des ressources. Néanmoins, si les res-
sources existantes peuvent être utilisées par un plus grand nombre d'appre-
nants, ou si les mêmes objectifs pédagogiques peuvent être atteints à un
moindre coût par apprenant, l'aptitude de l'éducation fondamentale à réaliser
les objectifs spécifiques d'accès et d'acquisition dans le cas des groupes actuel-
lement désavantagés s'en trouvera augmentée.

1.4 AMÉLIORER LES CAPACITÉS DE GESTION ET D'ANALYSE


ET LES MOYENS TECHNOLOGIQUES

24. De multiples compétences spécialisées et savoir-faire seront nécessaires


pour mener à bien ces initiatives. Toute stratégie visant à améliorer l'éducation
fondamentale a besoin du concours de gestionnaires et d'inspecteurs, mais
aussi de planificateurs, d'architectes scolaires, de professeurs d'école normale,
de spécialistes de l'élaboration des programmes scolaires, de chercheurs, d'ana-
lystes, etc. Or, nombreux sont les pays qui n'offrent pas les formations spé-
cialisées nécessaires pour préparer ces personnels à l'exercice de leurs respon-
sabilités, notamment dans le cas de l'alphabétisation et des autres modalités
extrascolaires de l'éducation fondamentale. Une optique plus large de l'éduca-
tion fondamentale est le préalable indispensable à une coordination efficace
des efforts de ces multiples intervenants et, dans bien des pays, il faudra ren-
forcer et développer les capacités de planification et de gestion aux niveaux
régional et local, en favorisant un plus large partage des responsabilités. Il
importe de mettre en place des programmes de formation initiale et continue
du personnel clé, ou de renforcer ceux qui existent déjà. Ces formations peu-
vent être particulièrement propices à l'introduction de réformes administratives
et de techniques novatrices de gestion et de contrôle.

25. Dans tous les pays, les services et procédures techniques de collecte, de
traitement et d'analyse des données sur l'éducation fondamentale peuvent uti-
lement être améliorés. La tâche est urgente dans beaucoup de pays où font
défaut des info rm ations et/ou des travaux de recherche fiables sur les besoins
éducatifs fondamentaux de la population et sur les formations de base exis-
tantes. Un pays doit impérativement pouvoir s'appuyer sur un fonds d'infor-
mations et de connaissances pour être à même d'élaborer et d'appliquer un
plan d'action. Dès lors qu'on met l'accent sur les acquisitions, il devient
12 Cadre d’action

nécessaire d'élaborer des systèmes permettant d'évaluer la performance de cha-


cun des apprenants et des mécanismes de formation, ou d'améliorer les sys-
tèmes déjà en place à cet effet. Les données provenant de l'évaluation des pro-
cessus et des résultats devraient constituer l'assise d'un système d'information
intégré de gestion de l'éducation fondamentale.

26. La qualité et les modalités de l'éducation fondamentale peuvent être amé-


liorées par une utilisation judicieuse des technologies éducatives. Là où l'usa-
ge de ces technologies est encore peu répandu, leur introduction exigera le
choix et/ou l'élaboration de technologies adéquates, l'acquisition des matériels
nécessaires et des systèmes permettant de les exploiter, ainsi que le recrute-
ment ou la formation d'enseignants et d'autres personnels capables de collabo-
rer avec eux. Les choix technologiques à faire varieront selon les caractéris-
tiques de la société concernée et sont appelés à évoluer rapidement à mesure
que les technologies nouvelles (radio et télévision éducatives, ordinateurs,
auxiliaires audiovisuels divers) deviendront moins coûteuses et plus facilement
adaptables à différents environnements. L'utilisation des technologies
modernes peut également contribuer à améliorer la gestion de l'éducation fon-
damentale. Chaque pays pourra procéder périodiquement à un réexamen de sa
capacité et de son potentiel technologiques au regard de ses besoins éducatifs
fondamentaux et de ses ressources.

1.5 MOBILISER LES CANAUX D'INFORMATION


ET DE COMMUNICATION

27. On assiste à l'émergence de nouveaux moyens qui d'ores et déjà contri-


buent puissamment à la satisfaction des besoins d'apprentissage fondamentaux
mais dont le potentiel éducatif, de toute évidence, commence à peine à être
exploité. Ces nouvelles possibilités tiennent essentiellement à la convergence
de deux forces nouvelles qui sont l'une et l'autre la conséquence du processus
général de développement. Tout d'abord, le volume même d'informations dis-
ponible dans le monde - dont une bonne part présente un intérêt pour la survie
de l'être humain et son bien-être élémentaire - est sans commune mesure avec
celui dont on disposait il y a quelques années à peine, et il augmente à une
vitesse exponentielle. D'autre part, l'association entre une information impor-
tante et la nouvelle capacité de communiquer des populations du monde - autre
acquis de la société moderne - crée un effet de synergie. La possibilité existe
de mobiliser cette force et de l'exploiter de façon positive et méthodique pour
répondre à des besoins éducatifs bien définis.
C a d re d’action 13

1.6 CONSTITUER DES PARTENARIATS


ET MOBILISER LES RESSOURCES

28. Pour élaborer le plan d'action et mettre en place des politiques d'ac-
compagnement qui créent un environnement favorable au développement de
l'éducation fondamentale, il faudrait envisager d'exploiter au maximum les
possibilités qui s'offrent d'élargir les collaborations existantes et d'instaurer
une concertation entre de nouveaux partenaires : organismes familiaux et
communautaires, organisations non gouvernementales et autres associations
vo l o n t a i re s , s y n d i c ats d'enseignants, a u t res groupes pro fe s s i o n n e l s ,
employeurs, médias, partis politiques, coopératives, universités, institutions
de recherche, organismes religieux, etc. - outre les autorités responsables de
l'éducation et d'autres départements ministériels et administrations (travail,
agriculture, santé, information, commerce, d é fe n se, etc.). Les ressources
humaines et institutionnelles qu'ont à offrir ces partenaires nationaux
devraient être mobilisées efficacement pour jouer leur rôle dans la mise en
oeuvre du plan d'action. Il convient d'encourager les partenariats au niveau
des communautés locales ainsi qu'au niveau intermédiaire et au niveau natio-
nal, car ils peuvent contribuer à l'harmonisation des activités, à l'utilisation
plus efficace des ressources et, s'il y a lieu, à la mobilisation de ressources
financières et humaines supplémentaires.

29. Les gouvernements et leurs partenaires pourront analyser la manière


dont les ressources financières et autres consacrées à l'éducation et à la for-
mation dans les différents secteurs sont actuellement réparties et utilisées,
afin de déterminer s'il est possible de faire bénéficier l'éducation fondamen-
tale d'un soutien accru: i) en améliorant l'efficacité; ii) en mobilisant des res-
sources financières additionnelles à l'intérieur et en dehors du budget de
l'Etat; iii) en dégageant des crédits à l'intérieur des budgets actuels d'éduca-
tion et de formation, compte tenu des préoccupations d'efficacité et d'équité.
Les pays où le montant total des ressources budgétaires consacrées au finan-
cement de l'éducation est faible auront à examiner la possibilité de réaffecter
à l'éducation fondamentale certains fonds publics employés jusque là à
d'autres fins.

30. L'estimation des ressources effectivement ou potentiellement dispo-


nibles pour l'éducation fondamentale, comparée au budget requis pour l'exé-
cution du plan d'action, permettra de déceler d'éventuelles insuffisances de
ressources risquant d'avoir une incidence sur le calendrier des activités envi-
sagées ou d'imposer des choix. Les pays ayant besoin d'une aide extérieure
14 Cadre d’ac tion

pour répondre aux besoins éducatifs fondamentaux de leur population pourront


se fonder sur cette estimation des ressources et sur le plan d'action dans leurs
discussions avec leurs partenaires internationaux et pour la coordination des
financements extérieurs.

31. Ceux qui apprennent constituent eux-mêmes une ressource humaine


essentielle qu'il importe de mobiliser. La demande d'éducation et la participa-
tion aux activités de formation ne sauraient être tenues pour acquises, mais
doivent être encouragées activement. Le candidat potentiel à l'apprentissage
doit comprendre que les bénéfices à attendre de l'éducation fondamentale l'em-
portent sur les coûts qu'elle peut lui imposer, tels le manque à gagner et la
réduction du temps disponible pour les activités communautaires ou familiales
et pour les loisirs. Les femmes et les filles, en particulier, ont parfois tendan-
ce à ne pas profiter pleinement des possibilités d'éducation offertes, en raison
de facteurs propres à chaque culture. Il est possible de lever ces obstacles à la
participation en ayant recours à des incitations et en adaptant les formations au
contexte local de telle façon que les apprenants, leur famille et la communau-
té y voient des "activités productives". Par ailleurs, ceux qui apprennent tirent
généralement plus de profit de l'éducation quand ils sont associés au processus
pédagogique comme partenaires, au lieu d'être considérés comme de simples
"intrants" ou "bénéficiaires". En veillant à stimuler la demande et la partici-
pation, on favorisera une mobilisation plus efficace des aptitudes personnelles
des apprenants.

32. Les ressources qu'apporte la famille, en temps et en soutien mutuel


notamment, sont vitales pour le succès des activités d'éducation fondamentale.
Des incitations et des aides peuvent être offertes aux familles pour les encou-
rager à consentir un investissement qui permette à tous leurs membres de pro-
fiter de manière aussi complète et équitable que possible des moyens d'éduca-
tion fondamentale à leur disposition.

33. La qualité de l'éducation fondamentale repose avant tout sur les ensei-
gnants et les autres personnels de l'éducation : il importe de reconnaître leur
rôle primordial et de le développer, en cherchant à optimiser leurs apports.
Cela doit se traduire par l'adoption de dispositions destinées à garantir les
droits syndicaux des enseignants et leurs libertés professionnelles et à amé-
liorer leur statut et leurs conditions de travail, en ce qui concerne notamment
leur recrutement, leur fo rm ation initiale et continue, leur rémunération et
leurs perspectives de carrière, ainsi qu'à leur permettre de satisfaire leurs
aspirations et d'assumer leurs obligations sociales et leurs responsabilités
éthiques.
C a d re d’action 15

34. Dans le cadre de partenariats avec les écoles et les communautés, les
bibliothèques doivent devenir des organes vitaux pour la fourniture de res-
sources éducatives à tous les apprenants - du niveau préscolaire à l'âge adulte
-, en milieu scolaire et non scolaire. Il est donc nécessaire de reconnaître
qu'elles constituent en matière d'information une ressource d'une valeur inesti-
mable.

35. Les associations populaires, les coopératives, les organismes religieux et


d'autres organisations non gouvernementales jouent aussi un rôle important, en
soutenant ou dispensant eux-mêmes des formations de base. Leur expérience,
leurs compétences particulières, leur dynamisme et les relations directes que
ces organisations entretiennent avec divers groupes de population sont d'un
grand secours pour identifier et satisfaire les besoins en apprentissages fonda-
mentaux. Il convient, en élaborant des politiques et des mécanismes qui ren-
forcent leurs moyens d'action et préservent leur autonomie, de les encourager
à s'impliquer activement dans des partenariats au service de l'éducation pour
tous.

2. LES PRIORITES D'ACTION


AU NIVEAU REGIONAL

36. Les besoins éducatifs fondamentaux doivent être satisfaits par des colla-
borations au sein de chaque pays, mais il peut exister et il existe déjà, entre
pays ayant des situations et des préoccupations similaires, beaucoup de formes
de coopération de nature à faciliter cette entreprise. Les régions ont déjà éta-
bli des plans tels que le Plan d'action de Djakarta pour les ressources humaines
adopté par la CESAP en l988. En échangeant des informations et des données
d'expérience, en mettant en commun leurs compétences spécialisées, en parta-
geant certains moyens matériels et en entreprenant des activités conjointes,
plusieurs pays peuvent, ensemble, accroître les ressources dont ils disposent et
abaisser les coûts à leur avantage mutuel. De tels arrangements sont souvent
conclus entre pays voisins (niveau sous-régional) ou entre tous les pays d'une
même grande région géoculturelle, ou encore entre des pays ayant une langue
commune ou liés par des relations culturelles et commerciales. Les organisa-
tions régionales et internationales jouent souvent un rôle important en facili-
tant cette coopération entre pays. Dans l'exposé qui suit, tous les arrangements
de ce type sont englobés sous le qualificatif "régionaux". D'une façon généra-
le, les partenariats régionaux existants auront besoin d'être renforcés et d'être
dotés des ressources nécessaires pour pouvoir aider efficacement les pays à
faire face aux besoins éducatifs fondamentaux de leurs populations.
16 Cadre d’action

2.1 PROCÉDER À DES ÉCHANGES D'INFORMATION,


D'EXPÉRIENCE ET DE COMPÉTENCES SPÉCIALISÉES

37. Divers mécanismes institutionnels, tant intergouvernementaux que non


gouvernementaux, favorisent au niveau régional la coopération en matière
d'éducation et de formation, de santé, de développement agricole, de recherche
et d'information et de communication, ainsi que dans d'autres domaines qui
concourent à la satisfaction des besoins éducatifs fondamentaux. Il est pos-
sible de développer encore ces mécanismes pour répondre à l'évolution des
besoins des publics concernés. On peut citer, entre autres exemples, les quatre
programmes régionaux mis en place sous l'égide de l'Unesco dans les années
80 pour soutenir les efforts nationaux visant à réaliser l'éducation primaire
universelle et à éliminer l'analphabétisme des adultes :

• Projet majeur dans le domaine de l'éducation en Amérique latine et


dans les Caraïbes ;

• Programme régional d'élimination de l'analphabétisme en Afrique ;

• Programme d'éducation pour tous en Asie et dans le Pacifique


(APPEAL) ;

• Programme régional de généralisation et de rénovation de l'ensei-


gnement primaire et d'élimination de l'analphabétisme dans la
région des Etats arabes (ARABUPEAL).

38. Outre les consultations techniques et de politique générale organisées au


titre de ces programmes, il existe d'autres mécanismes institutionnels pouvant ser-
vir de cadre à des consultations de politique générale relatives à l'éducation fon-
damentale. Les conférences des ministres de l'éducation organisées par l'Unesco
et par plusieurs organisations régionales, les sessions régulières des commissions
régionales des Nations Unies, ainsi que certaines conférences transrégionales
organisées par le Secrétariat du Commonwealth, la Conférence des ministres de
l'éducation des Etats d'expression française (CONFEMEN), l'Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) et l'Organisation isla-
mique pour l'éducation, les sciences et la culture (ISESCO), pourraient, en tant
que de besoin, être utilisées à cet effet. De plus, de nombreuses conférences
et réunions organisées par des organismes non gouvernementaux offrent à
des spécialistes l'occasion d'échanger info rm ations et points de vue sur des
questions techniques et des questions de politique générale. Les organisa-
teurs de ces diverses conférences et réunions pourraient examiner les moyens
C a d re d’action 17

d'en étendre la part i c i p at i o n , le cas éch é a n t , à des représentants d'autre s


secteurs qui s'emploient également à sat i s fa i re des besoins éducatifs fo n-
damentaux.

39. Il faudrait exploiter pleinement les possibilités de mise en commun, par


les médias de différents pays, de messages ou programmes qui se prêtent à des
échanges ou à une réalisation conjointe, surtout lorsqu'il s'agit de communau-
tés de langue et de culture qui débordent les frontières politiques.

2.2 MENER DES ACTIVITÉS CONJOINTES

40. Nombreuses sont les activités que les pays peuvent mener conjointement
à l'appui des efforts qu'ils déploient au niveau national pour mettre en oeuvre
leurs plans d'action en faveur de l'éducation fondamentale. Ces activités
conjointes devraient être conçues de manière à offrir la possibilité de tirer parti
des économies d'échelle et de l'avantage comparatif des différents pays parti-
cipants. Cette forme de collaboration régionale semble particulièrement
appropriée dans six domaines (i) la formation du personnel clé : planificateurs,
gestionnaires, formateurs d'enseignants, chercheurs, etc.; (ii) l'amélioration de
la collecte et de l'analyse de l'information (iii) la recherche; (iv) la production
de matériels pédagogiques (v) l'utilisation des moyens de communication pour
répondre aux besoins éducatifs fondamentaux ; (vi) la gestion et l'utilisation
des services d'enseignement à distance. Là encore, il existe plusieurs méca-
nismes institutionnels qui pourraient être utilisés pour favoriser ces activités,
notamment l'Institut international de planification de l'éducation de l'Unesco et
ses réseaux de stagiaires et de chercheurs ainsi que le réseau d'information du
Bureau international d'éducation et l'Institut de l'Unesco pour l'éducation, les
cinq réseaux d'innovation éducative qui fonctionnent sous les auspices de
l'Unesco, les groupes consultatifs de recherche et d'étude (RRAG) associés au
Centre international de recherche pour le développement, le Commonwealth of
Learning, le Centre culturel asiatique pour l'Unesco, le réseau interactif créé
par le Conseil international d'éducation des adultes, et l'Association internatio-
nale pour l'évaluation du rendement scolaire, qui fait le lien entre les princi-
paux instituts de recherche nationaux de quelque 35 pays. Certains organismes
multilatéraux et bilatéraux de développement qui ont accumulé une expérien-
ce précieuse dans un ou plusieurs de ces domaines pourraient être intéressés
par une participation à des activités conjointes. Les cinq commissions régio-
nales des Nations Unies pourraient également apporter leur soutien à cette col-
laboration régionale, notamment en incitant les responsables des politiques à
prendre des mesures appropriées.
18 Cadre d’action

3. LES PRIORITES D'ACTION AU NIVEAU MONDIAL

41. La coopération en matière d'éducation et de développement est bien établie


au sein de la communauté mondiale. Cependant, le financement international de
l'éducation a stagné au début des années 80 ; en même temps, beaucoup de pays
se sont trouvés handicapés par une dette de plus en plus lourde et par des rela-
tions économiques dont l'effet est de canaliser leurs ressources financières et
humaines vers des pays plus riches. L'éducation fondamentale étant un souci
commun des pays industrialisés et des pays en développement, la coopération
internationale peut apporter un soutien précieux aux efforts nationaux et aux ini-
tiatives régionales tendant à concrétiser la vision élargie de l'éducation pour tous.
Le temps, l'énergie et l'argent consacrés à l'éducation fondamentale constituent
sans doute l'investissement humain le plus déterminant pour l'avenir d'un pays ;
il existe donc un besoin évident et des arguments de nature morale et écono-
mique très forts en faveur d'une solidarité internationale qui permette aux pays
n'ayant pas les moyens de répondre aux besoins éducatifs fondamentaux de leur
population de bénéficier d'une coopération technique et d'une aide financière.

3.1 COOPÉRER DANS LE CONTEXTE INTERNATIONAL

42. Satisfaire les besoins éducatifs fondamentaux constitue une responsabili-


té commune et universelle de l'humanité. La possibilité de répondre à ces
besoins dans l'ensemble du monde est en partie déterminée par la dynamique
des relations internationales et du commerce international. Dans le climat
actuel de détente des relations, et avec la diminution du nombre des conflits
armés, il existe un réel espoir d'arriver à réduire le gigantesque gaspillage que
représentent les dépenses militaires et à reporter ces ressources vers des
domaines socialement utiles, dont celui de l'éducation fo n d a m e n t a l e.
L'urgence qu'il y a à pourvoir aux besoins éducatifs fondamentaux pourra
nécessiter une telle redistribution de ressources entre les secteurs ; la commu-
nauté mondiale et les différents Etats devront faire preuve à cet égard de cou-
rage et d'imagination et planifier de façon attentive et réfléchie cette reconver-
sion des ressources à des fins pacifiques. Parallèlement, il faudra prendre au
niveau international des mesures visant à réduire ou supprimer les déséqui-
libres actuels des relations commerciales et à alléger le fardeau de la dette exté-
rieure pour aider de nombreux pays à faible revenu à reconstruire leur écono-
mie, en leur permettant à la fois de dégager et de conserver les ressources
humaines et financières nécessaires pour le développement et pour la forma-
tion de base de leur population. Les politiques d'ajustement structurel devraient
garantir à l'éducation un niveau de financement approprié.
C a d re d’action 19

3.2 RENFORCER LES CAPACITÉS NATIONALES

43. Il faudrait, sur leur demande, accorder un soutien international aux pays
qui s'efforcent de développer leurs capacités nationales de planification et de ges-
tion des programmes et services d'éducation fondamentale (voir section 1.4).
C'est à chaque nation qu'il appartient, en dernière analyse, de mettre au point et
de gérer ses propres programmes pour répondre aux besoins éducatifs de l'en-
semble de sa population. Le soutien international pourrait concerner la forma-
tion et le développement institutionnel dans les domaines de la collecte de don-
nées, de l'analyse et de la recherche, de l'innovation technologique et des
méthodes pédagogiques. Il pourrait aussi faciliter la mise en place de systèmes
informatiques de gestion, ainsi que d'autres méthodes de gestion modernes, l'ac-
cent étant mis sur la formation de cadres subalternes et intermédiaires. Le besoin
de tels moyens se fera encore plus sentir pour améliorer la qualité de l'enseigne-
ment primaire et mettre en place des formations extrascolaires novatrices. En
plus du soutien direct aux pays et aux institutions, l'aide internationale pourra
aussi être orientée utilement vers le soutien des activités des organismes interna-
tionaux et régionaux et autres structures inter-pays qui organisent conjointement
des recherches, des activités de formation et des échanges d'information. Ces
initiatives devraient s'appuyer sur les institutions et les programmes existants,
améliorés et renforcés s'il y a lieu, plutôt que sur la mise en place de structures
nouvelles. Un appui particulièrement utile est celui qui sera fourni à la coopéra-
tion technique entre pays en développement, pays dans lesquels les situations et
les ressources disponibles pour y faire face sont souvent comparables.

3.3 APPORTER UN APPUI SOUTENU À LONG TERME


AUX ACTIONS NATIONALES ET RÉGIONALES

44. Répondre aux besoins éducatifs fondamentaux de tous, dans tous les
pays, est à l'évidence une entreprise de longue haleine. Le présent Cadre
d'action propose des principes directeurs pour l'établissement de plans d'ac-
tion nationaux et infranationaux de développement de l'éducation fondamen-
tale qui s'appuieront sur un engagement durable des gouvernements et de
leurs partenaires nationaux, résolus à travailler ensemble pour atteindre les
objectifs qu'ils se seront fixés. Les organismes et institutions internationaux,
dont bon nombre parra i n e n t , à titre principal ou associé, la Confére n c e
mondiale sur l'éducation pour tous, d ev raient s'employer activement à pla-
nifier de concert et soutenir dans le long terme leur appui aux actions nat i o-
nales et régionales décrites dans les sections qui précèdent. En part i c u l i e r,
les principaux promo t e u rs de l'initiat ive en faveur de l'éducation pour tous
20 Cadre d’action

(PNUD, Unesco, Unicef, Banque mondiale) déclarent s'engager à apporter leur


concours dans les domaines d'action internationale prioritaires présentés ci-
dessous et à prendre des dispositions appropriées pour répondre aux objectifs
de l'éducation pour tous, chacun agissant dans le cadre de son mandat, de ses
responsabilités propres et des décisions de ses organes directeurs. L'Unesco
étant l'institution des Nations Unies à laquelle incombe plus particulièrement
la responsabilité de l'éducation, elle s'emploiera en priorité à mettre en oeuvre
le Cadre d'action et à faciliter l'apport des services nécessaires pour renforcer
la coordination et la coopération internationales.

45. Un financement international accru est indispensable pour aider les pays
les moins avancés à appliquer les plans d'action autonomes qu'ils auront eux-
mêmes définis selon la perspective élargie de l'éducation fondamentale pour
tous. Des partenariats authentiques caractérisés par la coopération et par des
engagements conjoints à long terme permettront de faire davantage et seront à
l'origine d'une augmentation substantielle des ressources financières globales
consacrées à ce domaine important de l'éducation. Les institutions multilaté-
rales et bilatérales devraient s'attacher à soutenir, lorsque les gouvernements en
font la demande, les initiatives de caractère prioritaire prises, notamment au
niveau des pays (voir section 1), dans des domaines tels que ceux-ci :

(a) Elaboration de plans d'action multisectoriels, nationaux et infra -


nationaux, ou actualisation des plans existants (voir section 1.1),
dès le début des années 90. Beaucoup de pays en développement
ont besoin à la fois d'une aide financière et d'une aide technique, en
particulier pour la collecte et l'analyse de données et pour l'organi-
sation de consultations internes.

(b) Efforts nationaux et coopération entre pays pour porter à un


niveau satisfaisant la qualité et la pertinence de l'éducation pri -
maire (cf. sections 1.3 et 2 supra). Les expériences associant les
familles, les communautés locales et des organisations non gou-
vernementales à cette amélioration de la qualité et de la pertinence
de l'éducation pourraient utilement faire l'objet d'une communica-
tion entre les pays.

(c) Universal i s ation de l'éducation pri m a i re dans les pays écono -


miquement fa i bl e s . Les organismes intern ationaux de fi n a n c e-
ment devraient env i s ager de négo c i e r, cas par cas, des arra n ge-
ments prévoyant l'ap p o rt d'un soutien à long terme pour aider
les pays à progresser ve rs l'éducation pri m a i re unive rselle selon
C a d re d’action 21

le calendrier qu'ils se seront fixé. Les organisations extérieures


devraient examiner les modalités d'aide actuelles, afin de trouver des
moyens d'appuyer efficacement les actions d'éducation fondamenta-
le qui ne nécessitent pas un apport considérable de capitaux et de
technologie mais, en revanche, requièrent souvent un soutien budgé-
taire de plus longue durée. A cet égard, il faudrait accorder plus d'at-
tention aux critères de la coopération pour le développement en
matière d'éducation, qui devraient aller au-delà de simples considé-
rations d'ordre économique.

(d) Programmes destinés à répondre aux besoins éducatifs fondamen -


taux des groupes défavorisés, des jeunes non scolarisés et des
adultes n'ayant pas ou ayant difficilement accès à des services d'édu -
cation fondamentale. Tous les partenaires pourront mettre en com-
mun leur expérience et leurs compétences spécialisées pour conce-
voir et appliquer des mesures et des activités novatrices et concentrer
leur financement sur certaines catégories et certains groupes (par
exemple les femmes, les pauvres des zones rurales, les handicapés)
de manière à améliorer de façon significative les possibilités éduca-
tives et les conditions d'apprentissage qui leur sont offertes.

(e) Programmes d'éducation à l'intention des femmes et des jeunes


filles. Ces programmes devraient être conçus en vue d'éliminer les
obstacles sociaux et culturels qui découragent les femmes et les
jeunes filles de suivre les programmes réguliers d'éducation ou
même les en excluent, ainsi que de leur assurer des chances égales
dans tous les aspects de leur existence.

(f) Programmes d'éducation à l'intention des réfugiés. Les pro-


grammes administrés par des organismes tels que le Haut
Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Office
de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de
Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) doivent pouvoir compter
sur un soutien financier à long terme plus substantiel et plus sûr
pour l'accomplissement de leur mission internationale. Lorsque les
pays d'accueil ont besoin d'une aide financière et technique interna-
tionale pour faire face aux besoins essentiels des réfugiés, y com-
pris leurs besoins éducatifs, la communauté internationale pourrait
assumer une part du fardeau en offrant un concours accru. La
communauté mondiale s'efforcera aussi de faire en sorte que les
populations soumises à un régime d'occupation ou déplacées par
22 Cadre d’action

la guerre ou d'autres calamités continuent d'avoir accès à des pro-


grammes d'éducation fondamentale préservant leur identité cultu-
relle.

(g) Programmes d'éducation fondamentale de toute sorte dans les


pays où le taux d'analphabétisme (dans l'Afrique subsaharienne,
par exemple) ou le nombre d'analphabètes (en Asie du Sud, par
exemple) sont élevés. Une aide substantielle sera nécessaire pour
réduire de façon significative le nombre considérable d'adultes
analphabètes dans le monde.

(h) Renforcement des capacités de recherche, de planification et d'expé -


rimentation d'innovations à petite échelle. Le succès des actions en
faveur de l'éducation pour tous dépendra en dernière analyse de la
capacité qu'aura chaque pays de concevoir et mettre en oeuvre des
programmes adaptés au contexte national. Dans cette perspective, il
est indispensable que les pays puissent s'appuyer sur une base de
connaissances renforcée, alimentée par les résultats de recherches et
les leçons tirées d'expérimentations ou d'innovations, et disposent de
spécialistes compétents de la planification de l'éducation.

46. La coordination du financement extérieur de l'éducation est un domaine de


responsabilité partagée au niveau des pays, dans lequel c'est le gouvernement
bénéficiaire qui doit assumer le rôle directeur pour veiller à une utilisation effi-
cace des ressources en fonction des priorités nationales. Les organismes de
financement du développement devraient étudier, de concert avec les gouverne-
ments et les institutions avec lesquels ils travaillent, des modalités de coopéra-
tion novatrices et plus souples et apporter leur concours à des initiatives régio-
nales,comme celle de la "Task Force" des donateurs pour l'éducation en Afrique.
Il est nécessaire de mettre en place de nouvelles instances où les organismes de
financement et les pays en développement puissent collaborer à la conception de
projets inter-pays et discuter de questions générales relatives à l'aide financière.

3.4 PROCÉDER À DES CONSULTATIONS


DE POLITIQUE GÉNÉRALE

47. Au cours des années 90, les multiples partenaires de l'éducation fonda-
mentale devront utiliser pleinement les canaux de communication et instances
de consultation à leur disposition pour maintenir et développer le consensus
international sur lequel repose le présent Cadre d'action. Certains de ces
C a d re d’action 23

canaux et instances se situent au niveau mondial, par exemple la Conférence


internationale de l'éducation, qui a lieu tous les deux ans, alors que d'autres inté-
ressent plus particulièrement telle région,tel groupe de pays ou telle catégorie de
partenaires. Dans la mesure du possible, les organisateurs devraient s'efforcer de
coordonner ces consultations et d'en mettre en commun les résultats.

48. En outre, afin de maintenir et développer l'initiative de l'éducation pour


tous, la communauté internationale devra prendre des dispositions appropriées
assurant une coopération entre les organismes concernés, si possible dans le
cadre des mécanismes institutionnels existants, pour : (i) continuer à promou-
voir la cause de l'éducation fondamentale pour tous, en profitant de la dyna-
mique engendrée par la Conférence mondiale ; (ii) faciliter la mise en commun
des informations sur les progrès réalisés par les pays dans la voie de leurs
objectifs spécifiques en ce domaine ainsi que sur les ressources et structures
nécessaires au succès des initiatives ; (iii) encourager de nouveaux partenaires
à se joindre à cet effort global ; (iv) bien faire comprendre à tous les partenaires
combien il est important que leur soutien à l'éducation fondamentale ne fai-
blisse pas.

CALENDRIER INDICATIF DES PHASES DE L'ACTION


A DEPLOYER DANS LES ANNEES 90

49. Chaque pays, en se fixant des objectifs intermédiaires et des objectifs


spécifiques, et en élaborant son plan d'action pour les atteindre, établira un
calendrier afin de coordonner et d'échelonner dans le temps les différentes acti-
vités. De même, l'action régionale et internationale devra être programmée de
manière à aider les pays à atteindre en temps voulu les objectifs spécifiques
fixés. Le calendrier général ci-après suggère à titre indicatif quelles pourraient
être les phases successives de l'action au cours des années 90 ; bien entendu,
certaines de ces phases pourront éventuellement se chevaucher et les dates
indiquées devront être ajustées selon le contexte propre à chaque pays et à
chaque organisation.

1) Les gouvernements et les organisations fixent des objectifs spéci-


fiques et mettent au point ou actualisent leurs plans d'action pour
répondre aux besoins éducatifs fondamentaux (cf. section 1.1), met-
tent en place les politiques d'accompagnement nécessaires (1.2),
24 Cadre d’action

élaborent des politiques destinées à améliorer la pertinence, la qua-


lité, l'équité et l'efficacité des services et programmes d'éducation
fondamentale (1.3), étudient les moyens d'utiliser les organes d'in-
formation et de communication au service des besoins éducatifs
fondamentaux (1.5), mobilisent des ressources et mettent en place
des partenariats opérationnels (1.6). Les partenaires internatio-
naux aident les pays, en leur apportant un soutien direct et par le
biais de la coopération régionale, à mener à bien cette étape prépa-
ratoire. (l990-l99l)

2) Les organismes de développement arrêtent pour les années 90 des


politiques et des plans conformes à leur engagement d'apporter un
appui soutenu à long terme aux initiatives nationales et régionales
et accroissent en conséquence leur aide financière et technique à
l'éducation fondamentale (3.3). Tous les partenaires renforcent et
utilisent les mécanismes appropriés existants de consultation et de
coopération et établissent des procédures de suivi des progrès
accomplis aux niveaux régional et international. (l990-l993)

3) Première étape de la mise en oeuvre des plans d'action: des organes


de coordination nationaux assurent le suivi de l'exécution et pro-
posent les ajustements appropriés. Des actions de soutien sont
mises en oeuvre aux niveaux régional et international. (l990-l995)

4) Les gouvernements et les organisations procèdent à une évaluation


à mi-parcours de la mise en oeuvre de leurs plans respectifs, aux-
quels ils apportent les ajustements éventuellement nécessaires.
Les gouvernements, les organisations et les organismes de déve-
loppement procèdent à un examen d'ensemble des politiques aux
niveaux régional et mondial. (l995-l996)

5) Deuxième étape de la mise en oeuvre des plans d'action et des


actions de soutien régionales et internationales. Les organismes de
développement ajustent leurs plans si nécessaire et augmentent en
conséquence leur aide à l'éducation fondamentale. (l996-2000)

6) Les gouvernements, les organisations et les organismes de déve-


loppement évaluent les résultats obtenus et procèdent à un exa-
men d'ensemble des politiques aux niveaux régional et mondial.
(2000-200l)
C a d re d’action 25

50. Jamais le moment ne sera plus propice pour prendre l'engagement


renouvelé de consentir l'effort de longue durée indispensable pour
répondre aux besoins éducatifs fondamentaux de tous, enfants, adoles-
cents et adultes. Cet effort exigera un investissement de ressources
beaucoup plus considérable et plus judicieux qu'il ne le fut jamais en
faveur de l'éducation et des formations de base, mais il commencera
immédiatement à porter ses fruits et continuera d'en produire dans l'ave-
nir, jusqu'au moment où les grands problèmes mondiaux de l'heure se
trouveront en bonne partie résolus grâce à la détermination de la com-
munauté mondiale et à sa persévérance dans la poursuite du but qu'elle
s'est fixé : l'éducation pour tous.
Dessin et présentation par Michael Alloy • Columbia, Maryland U.S.A.
POUR TOUT RENSElGNEMENT OU EXEMPLAIRE
SUPPLÉMENTAIRE VEUILLEZ CONTACTER :

EFA Forum Secrétariat


UNESCO
7, place de Fontenoy
75352 PARIS 07 SP
France
Fax: (33-1) 40 65 94 06
E-mail: [email protected]

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